N° 52 D'aguesseau

N° 52 D'aguesseau

n° 52 D’Aguesseau PUBLIEE AVEC LE CONCOURS DU CNL ET DE L’UNIVERSITE DE PARIS X NANTERRE N° ISSN : 0296-8916 299 n° 52 D’Aguesseau mis en œuvre par Isabelle Storez-Brancourt © Centre d’Études d’Histoire de la Philosophie Moderne et Contemporaine Université Paris X, 2007 N° ISSN : 0296-8916 299 TABLE DES MATIÈRES Avant-propos par Isabelle Storez-Brancourt D’Aguesseau* le penseur........................................................ 5 Chronologie sommaire ........................................................ 13 Bibliographie d’Aguesseau.................................................. 15 Christophe Blanquie, Toujours célèbre, souvent méconnu ..................................... 35 Françoise Hildesheimer Du Trésor des chartes au Cabinet des chartes : Daguesseau* et les archives............................................. 55 Patrick Latour Bibliothèque(s). Les livres et les lectures d’Henri-François d’Aguesseau ..... 65 Louis de Carbonnières Une correspondance inédite du chancelier d’Aguesseau et de Pierre Gilbert de Voisins, avocat général au Parlement de Paris ...................................................... 95 Agnès Ravel Alliance des Daguesseau et des Noailles : une autre approche de la « religion » de d’Aguesseau ......... 127 Laurent Fedi La pédagogie du chancelier d’Aguesseau............................. 165 Christiane Frémont La méthode des idées : démonstration ou rhétorique ?.......... 195 Claude Polin Les Méditations métaphysiques de d’Aguesseau ou la naissance du modernisme chrétien........................... 225 Liste des sommaires : voir notre site http://www.revuecorpus.com * Sur l’orthographe de ce nom, voir note 1 page 5. 1 CORPUS, revue de philosophie 2 D’AGUESSEAU PENSEUR AVANT-PROPOS Les trente dernières années semblent révéler un courant favorable au renouvellement de l’historiographie sur le chancelier Daguesseau — ou d’Aguesseau1. Au contraire du siècle précédent où le magistrat jurisconsulte paraît confiné dans les palais de justice et les facultés de Droit, le chancelier d’Aguesseau connaît depuis quelques années un regain relatif de faveur et son per- sonnage prend figure d’homme public. Successivement deux biographies lui furent consacrées2 tandis qu’en 1975 on procé- dait au reprint de la plus volumineuse — et sans doute la plus scientifique — des histoires de sa vie et de son œuvre qu’ait pro- duit le XIXe siècle3. 1 Toute cacophonie est malsonnante. Je laisse à chaque auteur le choix de l’orthographe du nom du chancelier de façon à ne pas ouvrir un dé- bat superflu : l’absence d’apostrophe isolant la particule du nom patro- nymique d’origine, adoptée par une grande part de l’historiographie, a le mérite de l’esthétique et du respect de la signature dudit Daguesseau ; le maintien de ladite apostrophe correspond au souci d’isoler le patro- nyme d’origine attesté par tous les papiers et titres antérieurs à l’anoblissement par lettres des d’Aguesseau , en 1594. 2 Jean-Luc Chartier, De Colbert à l’Encyclopédie, t. II : Henri-François Daguesseau, chancelier de France, Presses Universitaires du Languedoc, Montpellier, 1989, 350 p. ; Isabelle Storez, Le chancelier Henri François d’Aguesseau (1668-1751). Monarchiste et libéral, Publisud, Paris, 1996, 635 p. 3 Francis Monnier (1824-1875), Le Chancelier d’Aguesseau, sa conduite et ses idées politiques, et son influence sur le mouvement des esprits pen- dant la première moitié du XVIIIe siècle ; avec des documents nouveaux et plusieurs ouvrages inédits du chancelier, Paris : Didier, 1860, réédité en 1863 et reprint Genève : Slatkine [Paris : diffusion Champion], 1975, 507 p. Corpus, revue de philosophie, n° 52, 2007. 5 CORPUS, revue de philosophie De son temps, l’austère, intègre et acharné travailleur que fut d’Aguesseau n’a pas défrayé la chronique, mais comme il appartenait à une lignée de magistrats qui, de Louis XIII à Louis XVI, peuplèrent les cours et le conseil du roi pour l’honneur de la Justice et de l’État, son nom est partout : dans les archives publiques et dans les correspondances privées, dans les mémoires et chroniques, on retrouve disséminées les traces de sa personne, de sa pensée et de ses actions. L’historien ren- contrera donc d’abord l’obstacle de cette extrême dispersion des sources : les manuscrits du chancelier, pour des raisons mysté- rieuses, n’ont pas été conservés groupés comme le furent, par exemple, la correspondance du chancelier de Pontchartrain4 ou les archives des Joly de Fleury5 ou des d’Argenson6. Publiées précocement, ses œuvres subirent paradoxalement une destruc- tion des originaux qui est préjudiciable à la compréhension de l’élaboration, de la datation, même de l’identification des travaux. Ce que la Bibliothèque nationale de France conserve des « pa- piers d’Aguesseau » se limite à six recueils ou registres factices dont la manipulation et la compréhension ne sont pas si aisées7. Cité éperdument pour des propos passés en maximes8, d’Aguesseau demande à son historien un important et délicat travail de « ravalement » d’une statue par trop éloignée sans doute de la stature réelle du personnage. L’actuelle planétarisation de l’information par les moyens d’Internet et de ses moteurs de recherche multiplie les occasions de découvertes curieuses, mais aussi d’un égarement dans des peccadilles et des redondances, et 4 BnF., Cabinet des manuscrits, ms fr. 21 111-21 142. Cf. Erwan Barraud, Le chancelier de Pontchartrain et la magistrature (1699-1714), thèse dactylographiée, Université de Paris II-Panthéon-Assas, 10 déc. 2005. 5 BnF., Cabinet des manuscrits, fonds Joly de Fleury. 6 Poitiers, Bibliothèque universitaire, fonds privé d’Argenson. 7 BnF. Cabinet des manuscrits, ms. fr. 6820-6825. 8 « L’homme n’est jamais plus libre que lorsqu’il assujettit ses passions à la raison, et sa raison à la justice » (sur www.evene.fr). 6 Isabelle Storez-Brancourt étend considérablement le temps d’une recherche scrupuleuse9. Il fallait donc faire la synthèse de cette surinformation et tenter le bilan de l’influence réelle de cette célébrité. C’est à quoi s’emploie avec succès M. Christophe Blanquie dans la première contribution à ce recueil : « Toujours célèbre, souvent méconnu ». Il fallait également tenter une approche renouvelée de ces archives du chancelier alors même qu’elles semblaient échapper. Longtemps, on a déploré que la Révolution française ait détruit et vandalisé les archives de la Chancellerie de France. On peut na- turellement continuer à le faire, parce que les témoignages de ces arbitraires destructions ne sont que trop assurés, mais Mme Françoise Hildesheimer vient relativiser l’ampleur des pertes en tentant une innovante reconstitution du processus d’archivage des chartes à l’époque de d’Aguesseau dans son article : « Du Trésor des chartes au Cabinet des chartes : Daguesseau et les archives ». Il paraît bien certain que l’essentiel de l’activité minis- térielle du chancelier trouvait ses traces ailleurs, dans le fonds des parlements, par exemple, des procureurs généraux et des parquets des tribunaux, en particulier. La correspondance iné- dite de d’Aguesseau conservée par les Gilbert de Voisins — avocat général, conseiller d’État, greffier en chef ou président de cour — donne une illustration de cette dispersion : M. Louis de Carbon- nières, en travaillant cette correspondance, en transcrivant cer- taine de ces lettres, en démontre la richesse et applique son investigation au thème inépuisable des rapports entre le pouvoir et le jansénisme dans le deuxième tiers du XVIIIe siècle. « Dis-moi qui tu hantes (ce que tu lis, aussi), je te dirai qui tu es »… Après la question des archives et des sources, on était obligé de déplorer la dispersion par vente de la bibliothèque du chancelier d’Aguesseau. Ce « monument » dont de nombreux contem- 9 Au 6 février 2007, Google affiche 101 000 occurrences à « d’Aguesseau » : le chancelier a ses rues (un peu partout), ses sociétés savantes, sa fondation, son horoscope, ses bons mots, son école, même un célèbre Calvados ! On pourrait multiplier les exemples de cette notoriété. 7 CORPUS, revue de philosophie porains (comme l’avocat Mathieu Marais et le Président Bouhier) connaissaient l’inestimable valeur, méritait une reconstitution : c’est à quoi M. Patrick Latour s’est attaqué, en spécialiste, dans « Bibliothèques(s) : les livres et les lectures d’Henri-François d’Aguesseau ». On entre déjà dans l’intimité de d’Aguesseau et, prudemment, dans les ressorts de sa pensée. L’admirable culture de cet homme « éclairé », bien qu’adversaire des « Lumières », apparaît ici dans toute sa diversité et sa richesse, dans toute sa profondeur aussi puisque d’Aguesseau ne concevait pas ses li- vres, même rares, comme objet de satisfaction sociale, mais comme instrument de savoir et de pensée. Son œuvre enfin, si diverse et profuse, le classe parmi les grands auteurs, non pas de ceux, attrayants, de la littérature et des salons des Lumières, mais de ces maîtres d’œuvre et bâtis- seurs discrets, connus seulement des ouvriers de la Loi. Sa car- rière l’a conduit d’abord au parquet du Châtelet (1690), puis du parlement de Paris (1691). Comme avocat général, il plaide pour le Roi, le Public et la Loi, défend les droits de l’Église, des mi- neurs et des communautés : on a conservé et publié de lui ses plaidoyers les plus appréciés. Devenu en 1700 chef de la « magis- trature debout », il pose alors, à travers la part de son œuvre qui résulte de son ministère10, les questions essentielles de la compé- tence, de la responsabilité du magistrat, celles de la conscience du juge et de son indépendance.

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