15 histoire et civilisations études d’égyptologie du Soudande la préhistoire à nos jours Grande Enceinte de Musawwarat, Pyramide de la reine Amanitoré fragment de mur en forme d’éléphant et vue panoramique de Begrawwiya Nord (voir p. 219 sq. et chapitre 7, « des temples (voir p. 202 sq. et chapitre 7, « des temples dans la savane », p. 190 sq). dans la savane », p. 190 sq). Cet ouvrage n’aurait pu être publié sans l’aide généreuse de Guy G. Bittar, de Reem al-Hilou et de Pierre et Denise Cabon. Il a été réalisé grâce à des contributions déterminantes de la fondation Michela-Schiff-Giorgini, de la section française de la direction des Antiquités du Soudan (Sfdas) et de l’université Sorbonne-Paris iv. La fondation Michela-Schiff-Giorgini lui a attribué le prix « À la mémoire de Jean Leclant » pour l’année 2017. Le prix Jean-Leclant pour l’année 2017 a été décerné par l’Académie des inscriptions et belles-lettres à Claude Rilly, coauteur de cet ouvrage, en soutien à la mission archéologique de Sedeinga. Cet ouvrage, publié avec le concours du centre national de la Recherche scientifique (Cnrs), laboratoire « Orient et Méditerranée », a bénéficié du soutien du ministère des Affaires étrangères, de la National Corporation for Antiquities and Museums (Ncam) et du musée national du Soudan, du Collège de France, de l’université centrale de Floride, de l’institut du Monde arabe, de l’ambassade de France à Khartoum et de l’institut français du Soudan. Il a reçu une aide appréciée du musée du Louvre, de l’Ägyptisches Museum und Papyrussammlung de Berlin, du Staatliches Museum Ägyptischer Kunst de Munich et du Muzeum Narodowe w Warszawie. Nous remercions vivement pour leur aide constante Abdelrahman Ali Mohamed, directeur de la National Corporation for Antiquities and Museums (Ncam) et Ghalia Gar el-Nabi, directrice du musée national du Soudan. Michela Schiff-Giorgini, telle que le ghafir de Soleb en a gardé la mémoire. histoire et civilisations du Soudande la préhistoire à nos jours Olivier Cabon Vincent Francigny Bernard François Marc Maillot Mohamed Musa Ibrahim Odile Nicoloso Claude Rilly Olivier Rolin En souvenir de Babikir Badri et de Mahmoud Mohamed Taha. Babikir Badri, fondateur d’une école Mahmoud Mohamed Taha (« le Gandhi pour filles en 1907, qui deviendra plus soudanais »), religieux ouvert et tolérant, tard l’université Ahfad pour les femmes. osa s’élever contre l’islamisme et fut pendu D’abord disciple du Mahdi, il prit pour cette raison en 1984. conscience des effets positifs de l’éducation des femmes et des filles. histoire et civilisations du SoudanÀ la mémoire de Michel Baud. carnets soudanais Olivier Rolin 8 sommaire avant-propos Olivier Cabon 18 5 histoire du Soudan Claude Rilly des origines à la chute du sultanat Fung 26 Nil Blanc, Nil Bleu, Nil Jaune 36 les peuples pasteurs 48 la Terre de l’Arc 59 les fils royaux de Koush 85 « C’est Amon qui m’a fait ! » 115 l’autre Terre des pharaons 156 des temples dans la savane 190 hiéroglyphes africains 330 batailles sur les ruines de Méroé 374 des « rois grecs » à la peau sombre 393 la victoire de l’islam 422 bibliographie 440 un siècle de fouilles archéologiques Marc Maillot 446 le royaume de Méroé, un monde urbain 472 bibliographie 505 l’île de Saï, joyau archéologique Vincent Francigny 520 6 le Soudan de 1820 à nos jours Bernard François 540 le Soudan oriental au début du xixe siècle 544 la création du Soudan moderne (1820-1885, Turkiyya) 551 la période mahdiste (1885-1898, Mahdiyya) 612 le royaume du Darfour 633 le condominium anglo-égyptien (1899-1955) 638 le Soudan indépendant 723 le Soudan du Sud, cinq ans après l’indépendance 734 bibliographie 746 au Soudan aujourd’hui Odile Nicoloso au Soudan d’aujourd’hui 752 Khartoum 776 la campagne soudanaise 794 7 la population 822 les réfugiés 826 la condition féminine 830 rites du mariage et rites funéraires 840 la religion 848 la nourriture 856 les artistes 864 avec Mohamed Musa Ibrahim et Olivier Cabon petite bibliothèque subjective 895 Olivier Cabon à nos amis Olivier Cabon 896 indices Olivier Cabon 907 8 carnets soudanais J’ai quelques souvenirs forts du Soudan. Je les ravive en feuilletant de vieux carnets de notes écrits au crayon, à demi effacés. Sur les premières pages, j’avais recopié quelques versets particulièrement bien sentis du Coran, que j’avais lu à bord du Djoudi, un ferry saoudien faisant la ligne Suez-Djeddah- Souakin (« Vos femmes sont pour vous un champ de labour » ; « Tuez les incrédules, partout où vous les trouverez » ; « Tranchez la main du voleur et de la voleuse » ; « Nous jetterons bientôt dans le feu ceux qui ne croient pas à nos signes, chaque fois que leur peau sera consumée nous leur en donnerons une autre », etc.). Ces citations, qui incidemment peuvent contribuer à éclai- rer certaines controverses actuelles, me furent d’un grand secours lors d’une interview que je fis pour LeNouvel Observateur du cheikh Hassan al-Tourabi, 9 un vieux filou corrompu qui faisait alors office de chef spirituel du Soudan, et me soutenait que la charia était l’avenir radieux du monde. carnets soudanais C’était pendant l’été 1994. J’avais écrit un roman dont j’avais situé l’action dans un Port-Soudan complètement imaginaire, et l’envie m’avait pris d’aller, juste avant qu’il ne paraisse, voir si la ville réelle res- semblait tant soit peu à la ville fictive, et plutôt infernale, que j’avais décrite. (Je m’apercevrai sans surprise que, si on ne saurait la recomman- der pour une lune de miel, par exemple, elle était tout de même nettement moins atroce que son double de papier.) Le Djoudi avançait vers un rivage bas. Au loin, on apercevait les hauteurs, aussi diaphanes que des nuages dans l’air brûlant, des Red Sea Hills. Debout sur un récif corallien, des hommes frappaient la mer avec de longs bâtons, comme Xerxès le fit sur l’Hellespont, mais probablement pour d’autres raisons. Les manœuvres d’accostage, sans l’aide d’un remorqueur, durèrent plus d’une heure. Des tortues nageaient dans les eaux vertes du bassin. Accoudé au bastingage en compagnie d’un marin indien mélancolique qui, m’ayant demandé mon nom, avait compris « Gulliver » en place d’« Oliver », j’eus tout loisir d’observer, reflétant ses minarets et ses maisons de corail dans l’eau lisse, hérissée, dentelée comme une ville bombardée, d’un blanc teinté de rose, l’antique Souakin sur sa presqu’île. le Soudan Les formalités d’immigration accomplies (mon passeport objet 10 d’une curiosité multiplement minutieuse de la part de militaires lents et histoire et tatillons, et au demeurant fort polis, dans un hangar que le tournoiement civilisations de nombreux ventilateurs ne parvenait pas à rafraîchir), j’étais allé visiter les ruines de Souakin. Au-dessus de blocs de corail amoncelés, des porches ouvragés, des ogives brisées, des pans de mur portant encore des châssis de fenêtres, des souvenirs de persiennes, s’élançaient vers le ciel ardent. Des colonnes couchées miroitaient sous les friselis de l’eau. Des chèvres, des chats prenaient l’ombre sous des pans de murailles crénelées. Des milans per- chaient sur le squelette d’une véranda. Des volées de petits oiseaux piaillards s’ébattaient autour du minbar d’une mosquée ouverte à tous vents. Un type charmant avait essayé de me vendre une mâchoire de requin qui semblait un piège à loups d’ivoire. Des silhouettes drapées d’indigo ou de pourpre glis- saient silencieuses dans la blancheur incandescente, des barques effilées, sur l’émeraude de la mer. Mon premier contact avec le Soudan fut le spectacle, d’une beauté éclatante et funèbre, de ce Pompéi africain. Ce ne fut pas le seul émerveillement, ni au cours de ce voyage ni au cours de deux autres que je fis ensuite. Car si on a compris sans doute que j’éprouve peu d’inclination pour le régime du Soudan et son idéolo- gie islamiste, je dois dire que ce pays m’a prodigué des émotions qui me donnent parfois — en ce moment par exemple, tandis que je déchiffre mes vieux carnets — envie d’y retourner. Et ce ne sont pas seulement des lieux 11 qu’il m’arrive d’avoir une nostalgie, mais des hommes aussi, certains en tout cas. Le chauffeur originaire des monts Nouba (qu’est-il devenu aujourd’hui, carnets soudanais dans ce pandemonium sanglant qu’est l’histoire récente de la région ?), qui conduisait à toute vitesse sa Land Cruiser à travers le désert, s’arrêtant pour faire ses ablutions et sa prière, mais estimant qu’aller à la mosquée, à l’église ou encore rester à la maison, c’était une affaire entre Dieu et soi dont le gou- vernement n’avait pas à se mêler. Passant, à la sortie de Khartoum, devant une ancienne brasserie industrielle transformée en caserne, il me racontait le temps où, dans des guinguettes au bord du Nil, on mangeait de la friture en buvant de la bière : et Dieu, disait-il, n’y voyait rien de mal. (Comme on aimerait que ces vues soient plus universellement partagées !) Ou bien le vieux gardien à tête de chat ou de Chinois noir des ruines d’Old Dongola, à travers lesquelles volaient de grandes chauves-souris, cependant que nous devisions, assis sur des angarebs dans le soir qui tombait, salué par le roucou- lement des tourterelles et le coassement des grenouilles. Ou bien encore cette femme soldat vêtue de vert olive, dont un léger voile noir cernait le beau visage, qui me fit par la grâce enjouée de son sourire trouver légère l’attente dans un des nombreux bureaux voués au contrôle des étrangers, et qui m’ins- pira un personnage de Méroé.
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