« À mon drapeau : je jure d’être fidèle » : le mouvement des Sociétés Saint-Jean-Baptiste, 1947-1984 by Marc-André Gagnon A Thesis presented to The University of Guelph In partial fulfilment of requirements for the degree of Doctor of Philosophy in History Guelph, Ontario, Canada © Marc-André Gagnon, May, 2017 ABSTRACT « À MON DRAPEAU : JE JURE D’ÊTRE FIDÈLE » : LE MOUVEMENT DES SOCIÉTÉS SAINT-JEAN-BAPTISTE, 1947-1984 Marc-André Gagnon Advisor: University of Guelph, 2017 Professor Matthew Hayday This thesis explores the role played by the Sociétés Saint-Jean-Baptiste (SSJB) in Quebec as a political lobby group between 1947 and 1984. One of the oldest civil society organizations still active in Canada, the SSJB helped build a sense of belonging to the French-Canadian nation by promoting the history, symbols and national myths of French-speaking Canadians. Initially rooted in clerical nationalism and around the pillars of language, traditional institutions and the Catholic faith, the Society went through a period of profound changes starting in the late 1950s. Under the influence of neo-nationalism, it gradually abandoned these references in order to adopt a territorial and secular definition of nationalism. In parallel with these changes, the SSJB in Quebec adopted a political program focused on strengthening the province’s constitutional, linguistic, cultural, and economic sovereignty and autonomy. In addition, the organization’s structures were modified to reflect changes with regard of gender, class, and religion. As consequence, the relationship between the SSJB in Quebec and Ontario deteriorated as the two branches of the Society increasingly promoted different, and divergent, political projects for French-Canadians. In 1972, the Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec became the Mouvement national des Québécois . Drawing on social movement theory, the thesis explores how the SSJB’s leaders and their network mobilized their resources and used their symbolic capital to influence public decision-makers on constitutional and linguistic policies. It also demonstrates the contributions made by the SSJB by looking at their critique of Canadian federalism, and the promotion of the sovereigntist project. The study also investigates how public policies, and militancy influenced the organization’s identity. RÉSUMÉ « À MON DRAPEAU : JE JURE D’ÊTRE FIDÈLE » : LE MOUVEMENT DES SOCIÉTÉS SAINT-JEAN-BAPTISTE, 1947-1984 Marc-André Gagnon Directeur : University of Guelph, 2017 Professeur Matthew Hayday Cette thèse propose une analyse du rôle joué par les Sociétés Saint-Jean-Baptiste (SSJB) du Québec au chapitre de la représentativité politique entre 1947 et 1984. Une des plus ancienne organisation de la société civile active à ce jour en Amérique française, elle tire ses origines d’une association patriotique fondée en 1834 par Ludger Duvernay. Présentes à un certain moment sur l’ensemble du continent, ces Sociétés ont contribué à forger le sentiment d’appartenance à la nation canadienne-française en promouvant les mythes, les symboles et l’histoire des francophones d’Amérique. Centrée sur le clérico-nationalisme et l’idéologie de la survivance autour des piliers que sont la langue, les institutions et la foi catholique, la Société traverse une période de profonds changements dès la fin des années 1950. Sous l’influence du néonationalisme, elle délaisse ces références afin d’épouser un nationalisme territorialisé et laïque. Elles adoptent un programme politique appelant au renforcement de l’État québécois en matière constitutionnelle, linguistique, scolaire, culturelle et économique. De plus, elles adaptent leurs structures pour refléter les nouveaux contextes de genre, de classe et de religion. Cela n’est pas sans conséquence pour la SSJB en Ontario alors que les deux organismes provinciaux proposent des projets politiques divergeants pour les Canadiens français. En 1972, la Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec devient le Mouvement national des Québécois afin de refléter ces changements. En s’appuyant sur la théorie des mouvements sociaux, la thèse explore comment les dirigeants du réseau des sociétés nationales mobilisèrent leurs ressources et utilisèrent leurs capitaux symboliques afin d’influencer les décideurs publics dans la politique constitutionnelle, linguistique, et plus largement, sur le rôle de l’État. Elle démontre également l’apport de ces Sociétés dans la critique du fédéralisme canadien et la promotion du projet souverainiste. vi À Sophie, tout simplement vii REMERCIEMENTS Plus de cinq ans se sont écoulés depuis la première mouture du projet alors que je sollicitais différentes universités dans l’espoir de poursuivre des études doctorales. Fruit d’une recherche minutieuse, la thèse que vous avez entre les mains (ou à l’écran) est la résultante d’un cheminement de longue haleine. Le texte a été mainte fois remanié à la suite de discussions entre collègues et amis. De nouvelles perspectives ont émergé en dépouillant des mètres et des mètres d’archives. Le tout n’aurait pas été possible sans l’apport d’une multitude de personnes à qui je dois humblement rendre hommage. Tout d’abord, je me dois de souligner la précieuse collaboration de mon directeur Matthew Hayday. Sa connaissance intime de l’historiographie canadienne, son engagement envers l’histoire politique et nos intérêts de recherches complémentaires (sur les fêtes nationales, les politiques linguistiques) ont agrémenté mon séjour à Guelph. La thèse est aujourd’hui meilleure grâce à nos échanges. Je dois aussi beaucoup à Alan Gordon et à Cynthia Comacchio. En plus de siéger à mon comité, ils ont su m’accompagner dans mes démarches en insistant sur l’importance des trajectoires militantes et les questions sociales. Un merci particulier aux évaluateurs, Harold Bérubé et Stéphanie Nutting, qui ont fait un travail remarquable. Nous remercions le personnel de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, en particulier Carole Melançon à la Direction de la recherche et de l’édition. Merci également à Monique Voyer de la division de la gestion des documents et des archives à l’Université de Montréal. Je m’en voudrais de passer sous silence le travail précieux et l’accueil du personnel du Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa. Un merci viii spécial à Alice Cocunubovà qui a su m’aider à naviguer à travers les divers fonds du Centre. Je remercie également Gilles Grondin à la direction du Mouvement national des Québécoises et des Québécois pour m’avoir permis de fouiller dans les archives privées du Mouvement. La recherche doctorale étant ce qu’elle est, le soutien financier est d’une importance capitale. Le projet a bénéficié du programme des bourses d’études supérieures de l’Ontario, du programme de soutien à la recherche de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et de l’aide financière du Département d’histoire et de la Faculté des Arts de l’Université de Guelph. Je remercie également Yves Frenette, Raymond Mougeon, Nicole St-Onge et Catherine Carstairs d’avoir bien voulu m’inclure dans leurs équipes de recherche comme assistant. Je suis reconnaissant d’avoir pu échanger avec des collègues et des professeurs au cours des dernières années en particulier Marcel Martel, Serge Miville et François-Olivier Dorais. Merci à Olivier LeBlanc-Roy et Myriam St-Hilaire de m’avoir accueilli lors de mes nombreux séjours de recherche à Montréal et à Geneviève Goulet et Guillaume Vachon d’avoir fait de même à Québec. À ma famille et à ma belle-famille (Pat et Diane), je suis reconnaissant de leurs encouragements. Cette thèse n’existerait pas sans le support moral de ma mère, Monique, et de mon grand-père, André. Finalement, je désire remercier mon épouse, Sophie Blais-Gagnon, pour sa grande patience, son écoute et son amour. Sans elle, je n’aurais pas eu le courage de poursuivre mon cheminement doctoral. Cette thèse lui est dédiée. ix TABLE DES MATIÈRES Abstract ii Résumé iv Remerciements vii Liste des sigles x Introduction 1 Chapitre 1 : 27 « En bref, nous avons la conviction d’exprimer l’opinion de la majorité des Canadiens français » : Les SSJB, l’État et le projet national du Canada français, 1947-1960 Chapitre 2 : 85 « Tuons Saint-Jean-Baptiste » : les SSJB et la Révolution tranquille Chapitre 3 139 Du « visage français » au « Québec français » : la question linguistique et l’action politique, 1960-1977 Chapitre 4 182 Être artisan de son avenir : la SSJB face à la question constitutionnelle, 1960-1969 Chapitre 5 239 Libération nationale, question sociale et militantisme, 1968-1976 Chapitre 6 279 « Prends ton pays en main » : le MNQ et le moment référendaire, 1976-1980 Chapitre 7 320 « Le nationalisme n’est pas mort, il est latent et nous allons le raviver » : le MNQ et les lendemains du référendum, 1980-1984 Conclusion 370 Bibliographie 377 Annexe 388 x LISTE DES SIGLES CPQ – Conseil provincial du Québec, Ordre de Jacques-Cartier CPO – Conseil provincial de l’Ontario, Ordre de Jacques-Cartier CVF – Conseil de la vie française en Amérique CMELF – Conférence des minorités ethniques de langue française CSN – Confédération des syndicats nationaux FSSJBQ – Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste du Québec FSSJBO – Fédération des Sociétés Saint-Jean-Baptiste de l’Ontario FTQ – Fédération des travailleurs du Québec MQF – Mouvement Québec français MNQ – Mouvement national des Québécois SSJB-M – Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal SSJB-Q – Société Saint-Jean-Baptiste de Québec SNQ – Société nationale des Québécois OJC – Ordre de Jacques-Cartier SCFOF – Service du Canada français d’outre frontière 1 INTRODUCTION S’adressant au congrès annuel de 1958 de la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) du diocèse de Valleyfield, Lionel Groulx enjoint la société nationale à s’occuper des problèmes politiques ; au premier rang cel ui de l’autonomie provinciale. Appelant les congressistes à tenir « l ’opinion en éveil », l ’historien les invite à faire œuvre d’éducation afin de protéger la démocratie contre les puissances étrangères qui cherchent à dicter la conduite des affaires politiques à la nation 1.
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