Gouvernement de campagne en action L’Algérie post-88 a collectionné les gouvernements auxquels on se plaisait à attribuer des épithètes à l’emporte-pièce, souvent sans justification avérée. De Hamrouche à Ouyahia, en passant par Sid-Ahmed Ghozali, Belaïd Abdeslem, Rédha Malek, Mokdad Sifi, Smaïl Hamdani, Ahmed Benbitour, Ali Benflis et Abdelaziz Belkhadem, on a eu droit, tantôt à des gouvernements de technocrates, tantôt à des gouvernements de dossiers et, quelquefois, des gouvernements de terrain. Et, même, à l’occasion, des gouvernements qualifiés, par dérision, de souterrains ou de sous-marins, tant ils manquaient de visibilité et de transparence. Voici donc arrivé, en ce début d’automne 2012, un gouvernement qui, comme ses devanciers, ne lésine pas sur les promesses mais qui, surtout, s’emploie à afficher ce qu’il semble concevoir comme sa marque de fabrique : une détermination à passer à l’action. Le cabinet Sellal serait-il, quant à lui, un gouvernement d’action ? S’agissant d’un Exécutif qui en est encore à la présentation de son plan… d’action, il lui faudra du temps pour convaincre car, pour ce faire, il lui faudra d’abord passer à… l’action. Pour l’heure, il est moins aléatoire de parler de gouvernement de campagne. Il en a tous les attributs et, surtout, il a un nouveau chef, à la réputation intacte. Sauf qu’il a organisé l’élection de 1999 qui a porté Bouteflika au pouvoir et qu’il a été son directeur de campagne en 2004 puis en 2009. Ce qui n’est pas dénué de signification quant à sa mission présente qui ne pouvait pas être confiée à son prédécesseur, Ahmed Ouyahia. Dans la foulée du Printemps arabe, ce dernier s’était prononcé contre un quatrième mandat de Bouteflika, avant de porter l’estocade, quelques semaines avant son limogeage, lorsqu’il avouait l’échec du gouvernement et son incapacité face aux lobbies maffieux. Il n’y prêtait sans doute pas attention mais une telle sentence confortait le discours de l’opposition et de la contestation et, dans la bouche d’Ouyahia, elle équivalait aux slogans scandés à la place du 1er-Mai un an auparavant. L’actuel Premier ministre sait qu’il butera sur les mêmes obstacles systémiques qui ont été à l’origine de tous les échecs passés, mais il s’engage et promet jusqu’à la démesure, campagne oblige. Pour une reconduction de Bouteflika ou pour une succession convenue ou à convenir, l’opération de charme a commencé. Le cabinet Sellal est-il un gouvernement de campagne ou un gouvernement d’action ? Plutôt un gouvernement de campagne en action..
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