Université d’Aix-Marseille Master Histoire et Humanités Spécialité 5 Recherche : Le monde moderne et contemporain : Méditerranée, Europe, Afrique Mémoire de Master 2 Département d’histoire Les bordiguistes sans Bordiga Contribution à une histoire des héritiers de la Gauche Communiste Italienne en France. Des racines de Mai 68 à l'explosion du PCI (1967-1982) Benjamin Lalbat Mémoire préparé sous la direction de Mme Isabelle Renaudet, professeur des Universités. Année 2013-2014 Mes plus sincères remerciements vont à tous ceux qui ont accepté de collaborer à ce travail par leurs témoignages ou le partage de sources importantes. Merci également à Claude Pennetier qui a continué de me donner gracieusement accès au « Maitron en ligne ». Mais surtout à Lucie qui a intensément participé à l’expurgation des fautes et coquilles qui étaient présentes en grand nombre dans ce manuscrit. Enfin, mes remerciements vont à Isabelle Renaudet pour ses conseils bibliographiques, pour avoir effectué un suivi actif, ainsi que m’avoir aidé à déterminer les cadres pour ce sujet. Par ses relectures critiques, elle m’a permis de choisir l’orientation de ce travail. 2 3 Index des sigles et acronymes récurrents AAUD : Allgemeiner ArbeiterUnion Deutschlands (Union Générale des travailleurs d’Allemagne) AAUD-E : Allgemeiner ArbeiterUnion Deutschlands – Einheitsorganisatio (Union Générale des travailleurs d’Allemagne – Organisation unitaire) ADGB : Allgemeiner Deutscher Gewerkschafsbund (Confédération Générale Syndicale Allemande) ARJ : Armée Rouge Japonaise CCI : Courant Communiste International CFDT : Confédération Française Démocratique du Travail CGIL: Confederazione Generale del Lavaro (Confédération Générale du Travail) CGT : Confédération Générale du Travail CouC : Communisme ou Civilisation CISL : Confederazione Italiana Sindacati Lavoratori ETA : Eustaki ta Askatasuna FB : Fraction Belge FEN : Fédération de l’Education Nationale FFGC : Fraction Française de la Gauche Communiste (Internationale) groupe de Suzanne Voute et Albert Maso. FDPLP : Front Démocratique pour la Libération de la Palestine FPLP : Front Populaire de Libération de la Palestine FI : Fraction Italienne FIGC : Fraction Internationale de la Gauche Communiste GCF : Gauche Communiste de France GCI : Gauche Communiste Internationaliste (scission de 1979 du CCI) GCM : Groupe Communiste Mondial 4 GP : Gauche Prolétarienne IC : Internationale Communiste (IIIème internationale ou Komintern) ICO : Information et Correspondances Ouvrières IRA : Irish Republican Army JC : Jeunesse Communiste JEC : Jeunesse Etudiante Chrétienne KAPD : Kommunistische Arbeiterpartei Deutschlands (Parti Communiste des Ouvriers d’Allemagne). KPD : Kommunistische Partei Deutchlands (Parit Communiste d’Allemagne) LC : Ligue Communiste LCR : Ligue Communiste Révolutionnaire LO : Lutte Ouvrière MC : Mouvement Communiste MSI : Movimento Sociale Italiano (Mouvement Social Italien) MTA : Mouvement des Travailleurs Arabes NEP : Nouvelle Politique Economique OCF (ml) : Organisation Communiste de France (marxiste-léniniste) OCI : Organisation Communiste Internationaliste trotskyste (1965-1970) : Lambertiste. OLP : Organisation de Libération de la Palestine ORJ : Nom donné au rassemblement des militants parisiens qui quittent le PCI en 1966. Jacques Camatte (Oscar), Roger Dangeville et Jacques Angot. PCC : Parti Communiste Chinois PCd’I : Parti Communiste d’Italie PCF : Parti Communiste Français PCI : Parti Communiste International. Changement de nom du PCInt-PC en 1964. 5 PCI-Il Partito : Scission florentine du PCI de 1974. PCI-T : Parti Communiste Internationaliste - Trotskyste. Section française de la IVe Internationale (1944 - 1968) PCIt : Parti Communiste Italien PCInt : Partito Comunista Internazionalista (Parti Communiste Internationaliste) de 1943 à 1952. PCInt-BC : Partito Comunista Internazionalista, publiant la revue Battaglia Comunista. Parti dameniste depuis 1952 PCInt-PC : Partito Comunista Internazionalista, Programma Comunista (Parti Communiste Internationaliste) puis Partito Comunista Internazionale (Parti Communiste International). Souvent abrégé PCInt dans un contexte ne prêtant pas à confusion. PCInt-RC : Partito Comunista Internazionalista publiant la revue Rivoluzione Comunista PCML (HR) : Parti Communiste Marxiste-Léniniste (Humanité Rouge) PCUS : Parti Communiste d’Union Soviétique PSDI : Partito Socialiste Democratico Italiano PSU : Parti Socialiste Unifié PO : Pouvoir Ouvrier PotOp : Potere Operaio RI : Révolution Internationale RKD : Revolutionären Kommunisten Deutschlands (Communistes Révolutionnaires d’Allemagne) SONACOTRA : SOciété NAtionale de COnstruction de logement pour les TRavailleurs Algériens SouB : Socialisme ou Barbarie UEC : Union des Etudiants Communistes UCF (m-l) : Union des Communistes de France (marxiste-léniniste) UIL : Unione Italiana del Lavaro (Union Italienne du Travail) 6 VLR : Vive le Révolution ! (maoïste) VT1 : Vieille Taupe (1re génération) 7 8 Introduction : Lorsque l’on souhaite aborder un sujet tel que l’histoire du courant bordiguiste en France, la première question qui vient à l’esprit est de se demander la raison de cette étude. Ce courant dont l’ampleur a été relativement faible, est aujourd’hui plutôt méconnu, plus encore dans le milieu universitaire. Pourtant plusieurs arguments militent en faveur de la défense de ce choix. L’un d’entre eux tient prosaïquement à l’influence postérieure des thèses bordiguistes qui donne une légitimité aux recherches menées sur ce sujet dans le cadre d’un mémoire universitaire. L’apport des militants bordiguistes aux traductions des oeuvres de Marx et des marxistes, confère en outre un réel intérêt à un travail de recherche souhaitant reconstituer leur histoire. Enfin, l’absence totale d’historiographie antérieure sur le sujet, rend utile ce travail de recherche sur la gauche communiste italienne après la Seconde Guerre mondiale et l’influence qu’elle a exercée en France. La question de la légitimité Au-delà de la particularité du sujet, cette question de la légitimité de travaux universitaires portant sur de petits groupes d’extrême et d’ultra gauche, se pose de manière spécifique pour tout chercheur abordant ces questions. Cette caractéristique est largement soulignée par Yannick Beaulieu, analysant pour l’exemple, le cas de la 1 revue universitaire et engagée Dissidence . Il affirme que « l’aspect militant reste une donnée 2 constante » de ces travaux de recherche et que cette caractéristique pousse les chercheurs à justifier l’importance d’un sujet qui prendrait un sens au-delà de l’analyse d’un 1 Yannick Beaulieu, « sociohistoire des extrêmes-gauches et Dissidences : invariants et mutations des rapports entre un champ d’études et un collectif de recherche » in Compte rendu des travaux du colloque international : « les sciences sociales et leurs publics, engagements et distanciations », université Alexandre Ioan Cuza à Iasi, Roumanie, 22-23 septembre 2011, 2 Ibid p.2. 9 courant ou d'un groupe ne comprenant qu’un très faible nombre de militants. Pourtant cette illégitimité supposée du sujet d’étude ne se retrouve pas nécessairement dans d’autres travaux universitaires qui peuvent pourtant aborder des thèmes parfois confidentiels. Pour souligner cet état de fait, Yannick Beaulieu prend l’exemple d’une thèse intitulée « la préposition pro dans le discours et la jurisprudence classique : outil linguistique au service de l’ars boni et aequi »3 sujet dont la pertinence n’est pas discutée malgré sa confidentialité. Finalement, il semble que cette remise en question relative de la légitimité d’un sujet abordant des groupes politiques d’extrême gauche, relève d’un double rapport de l’auteur à son sujet dans le cadre de l’université. Dans un premier temps, nous pouvons constater que les chercheurs abordant ces thèmes sont presque tous militants. C’est souvent dans une démarche militante de compréhension des évolutions et questionnements des groupes politiques sur lesquels ils travaillent, que sont abordées ces thématiques. Si la question de la légitimité du travail de recherche se pose, c’est que ces thématiques étant relativement peu valorisées dans les universités françaises, seuls les militants en écrivent l’histoire. Si certains organismes participant au financement de la recherche peuvent être prompts, notamment en science politique, à financer l’histoire de partis institutionnels, ils le sont beaucoup moins dès que les organisations deviennent extra-parlementaires. L’étude des différents groupes d’extrême gauche s’inscrit donc généralement dans une démarche individuelle de chercheur construisant son objet de façon relativement autonome. Cet isolement relatif, inhérent à l’étude de groupes confidentiels, renforce le sentiment d’illégitimité du sujet de recherche. 3 Ibid p.25 10 Mais cette problématique cache souvent la question de la neutralité d’approche du sujet. L’impossible confrontation avec des chercheurs non militants qui aborderaient également ces questions, limite les retours non partisans sur les différentes études produites. Seuls les militants et les chercheurs-militants lisent les travaux de recherche sur des organisations politiques dont la majorité de la communauté universitaire ignore l’existence. Sans retour extérieur, cette question de la légitimité reflète en réalité l’angoisse du chercheur d’être accusé par la communauté universitaire, d’avoir abdiqué son objectivité pour satisfaire les attentes de ce public bien particulier. En réalité, il y a bien souvent confusion entre les concepts d’honnêteté intellectuelle
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