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UNIVERSITE DE ------

FACULTE DES LETTRES ET DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES

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DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

CONTRIBUTION A L’ETUDE GEOGRAPHIQUE DES CULTURES A L’EMBOUCHURE DU FIHERENANA .

Mémoire de Maîtrise

Présenté par: DJAMALDINE Anli

Sous la direction de Monsieur NAPETOKE Marcel.

Maître de Conférences à l’Université de Toliara.

Date de soutenance : 03 Mai 2011

Année universitaire : 2009-2010 2

REMERCIEMENT

Ce mémoire est le résultat d’une longue période de recherche. Nous affirmons aujourd’hui que durant nos enquêtes sur terrain, nous avions rencontré quelques problèmes linguistiques. Mais l’hospitalité de soutien indéfectible offerte par les responsables régional et local ainsi que les communautés paysannes nous ont permis d’accomplir toutes nos tâches. Nous ne pouvions pas donc oublier cette générosité de soutien moral, financier et idéologique de tous ceux qui, de près ou de loin, ont pris part à la réalisation de ce travail.

Nos remerciements s’adressent d’abord à Monsieur NAPETOKE Marcel, Maître de Conférences à l’Université de Toliara et Directeur de cette recherche. Nous nous adressons nos remerciements également aux responsables et enseignants du Département de la Géographie. C’est grâce à leur part de contribution que nous sommes arrivé à mener notre travail à terme.

Nous ne saurions pas finir ces lignes sans évoquer les apports moral et financier de notre famille. Cette dernière nous a fortement soutenu en manifestant une grande affection. Nous avons réservé pour elle, toute notre gratitude spécialement à notre père ANLI Houmadi et à notre mère ECHAT Abdou Bacar qui ont accepté notre décision de revenir à Tuléar pour continuer nos études. Ce mémoire doit énormément à nos frères, sœurs, cousins et oncles (ANLI Abdou Bacar et ANRIFIDINE Adbou Bacar) qui nous ont apporté leur soutien. Enfin, nous exprimons nos remerciements d’une part à l’Association Bandranienne qui a fourni son soutien à la réalisation de cette aventure, et d’autre part aux amis Comoriano- Malgaches qui, de loin ou de près, ont manifesté leur encouragement pour ce travail.

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INTRODUCTION

La région ATSIMO-ANDREFANA, qui a pour capitale la ville de Tuléar, est une des contrées de l’île qui jouissent de leur grandeur. L’ensemble s’étale sur le Sud-ouest de qui est traversé par le tropique du capricorne. La région est dominée par un climat sec de type semi-aride. La sécheresse est de plus en plus marquée des zones intérieures vers les zones côtières.

L’embouchure du fleuve Fiherenana est une région qui appartient à ce domaine littoral. Les rives droite et gauche de cette embouchure ne bénéficient pas quantitativement des mêmes apports alluvionnaires et supportent une végétation typiquement liée au milieu physique des sols. La structure du sol formée de sables dunaires dans l’extrémité Nord est favorable à une couverture végétale xérophile tandis que dans la partie Sud, longeant la rive gauche du fleuve, l’accumulation des sédiments constitue une zone à sols alluvionnaires qui profitent de chaque ruissellement fluvial. Ici, les mélanges d’argiles et d’alluvions font apparaître un type particulier de terre dans ces zones appelé “baiboho“. A cet endroit, le développement floristique s’oppose catégoriquement à celui de l’autre rive.

Le climat de type semi-aride qui sévit la région exerce son influence sur cette zone littorale. Les phénomènes météorologiques qui l’accompagnent contribuent énormément à l’assèchement plutôt qu’à l’humidité locale, ce qui impose des conditions difficiles au développement de la végétation régionale. Dans cette contrée, habite une population multiethnique dont la vie en place est basée sur une mosaïque d’activités économiques à dominance traditionnelle : activités de pêches (maritimes ou d’eau douce), agriculture, l’élevage et autres…. C’est à cette zone située à proximité de la capitale régionale que nous nous sommes intéressé à examiner les réalités d’une vie rurale. Pour cela, nous avons fait notre choix sur un thème intitulé « Contribution à l’étude géographique des cultures à l’embouchure du Fiherenana ».

L’objet de notre travail consiste à découvrir les pratiques systématiques de l’agriculture paysanne dans ce milieu. Les problèmes que rencontrent les agriculteurs durant la campagne culturale donnent lieu à des observations importantes pour l’avenir de cette branche, ce qui nous permettra d’énumérer les solutions envisageables pour ce métier.

Pour mieux cerner notre sujet, nous avons débuté par une bibliographie sommaire ayant rapport avec le thème. Cette première phase avait comme but de regrouper des ressources écrites. En ce sens, nous avons fréquenté des services concernées le service météorologique, le projet FRDA (Fond Régional de Développement Agricole : région atsimo andrefana), Direction 4

Régionale du Développement Rural (DRDR), Tany sy Fapandrosoana(TAFA), mais aussi les différentes bibliothèques universitaires : TSIEBO Calvin, de l’aumônerie catholique universitaire, et autres...

La deuxième phase de notre travail fut l’approche sur terrain. Nous nous sommes rendus maintes fois sur la zone de l’embouchure du Fihérenana ou nous avions eu des nombreux entretiens avec les autochtones des différentes localités de cette zone d’étude. Là, les sources orales des indigènes nous ont permis de comprendre et de chercher à répondre à la problématique posée.

En fin, la troisième phase est basée sur le traitement des données et de la rédaction proprement dite. Cette phase, nous l’avions débutée par une esquisse de plan provisoire Ce dernier, nous l’avions structuré pour nous servir de base lors de la rédaction.

Ainsi, pour ce faire, nous mettons en relief la présentation de la zone d’étude. Le but de l’étude est avant tout de montrer la générosité du milieu géographique, allant des types de sols jusqu’au climat zonal. L’étude de la population face aux activités locales sera menée pour compléter cette première partie de notre travail.

La deuxième partie comporte uniquement l’activité agricole. Elle réunit le mode d’exploitation initiale, les types de cultures jusqu’à la commercialisation des denrées alimentaires. Ici, nous exposons la façon dont le paysan met son terroir en valeur agraire et participe à l’approvisionnement sur des marchés urbains.

Enfin, nous allons étudier les avantages et les difficultés inhérents à cette agriculture restée traditionnelle. L’analyse de ces problèmes et l’ensemble des solutions proposées pour y faire face fera donc l’objet de la troisième et dernière partie de notre travail. 5

PREMIERE PARTIE

PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE 6

Chapitre I : Milieu naturel

Le milieu naturel regroupe l’ensemble de la biomasse et la condition physique du sol de la zone d’étude. La biomasse dont il est ici question caractérise le monde végétal. Son étude permet de découvrir les qualités écologiques de la flore. Elle permet également de comprendre le développement de celle-ci, qui est toujours lié aux conditions physiques du sol ainsi qu’aux conditions climatiques du milieu. Ces deux conditions sont donc responsables du comportement floristique, et partant du développement des cultures.

I. 1. La situation de la zone d’étude

Le Fiherenana est un fleuve du Sud-ouest de Madagascar qui est compris entre le fleuve Mangoky au Nord et le fleuve Onilahy au Sud. Il prend sa source à l’intérieur des terres et se jette dans le canal de Mozambique. Son embouchure se trouve entre la capitale régionale de Tuléar et la commune rurale de quand on prend la route nationale neuf (RN9) qui mène vers le Nord, vers et Morondava. Ce fleuve qui a une histoire particulière datant du temps des royaumes, est issu du massif du grès de l’Isalo et a une longueur d’environ 1100 km. Il occupe une superficie importante et divise la commune de Belalanda en deux parties inégales : - le Nord renferme 10 villages (Fokontany) dont les habitants se lancent à la pêche en majorité ; - le Sud qui n’a que deux Fokontany pratique l’agriculture. Quant à la zone d’étude, elle est plutôt comprise selon les limites suivantes : + L’Est est limité par les communes rurales de et de Maromiandra, + L’Ouest par le canal de Mozambique, + Le Sud par la bordure Nord de la ville urbaine de Tuléar, + Le Nord par les villages de Belitsake Tanindraza et Belitsake Tanmbao audela du chef-lieu de la commune rurale de Belalanda. Traversée par la RN9, la zone d’étude constitue un pôle productif situé près de la périphérie urbaine. Elle est aussi reliée à la commune de Miary par la route joignant à la RN9 qui borde la rive gauche du fleuve menant vers son chef-lieu. Cette route commence à quelques pas du bord du pont qui traverse le Fiherenana. Nous avons signalé que la zone d’étude longe les deux rives du Fiherenana. 7

La rive droite comporte le village d’Antsonoabo, de la commune urbaine de Tuléar. Il se situe à une petite distance du bord du pont de Belalanda. Cette rive droite a un sol à dominance dunaire que plane. C’est dans cette rive que se trouve le chef-lieu de la commune de Belalanda. Vu la contexture du relief, cette rive possède une végétation variée et elle est rebelle à l’aménagement agricole. La rive gauche, propice à tout aménagement des terres, renferme des terrains des cultures qui couvrent la plaine de Miary vers la zone littorale. Ici, se localisent deux villages, Tsinjoriake (Ankilifolo) et Bekoake. Ils appartiennent à la commune rurale de Belalanda. On trouve Tsinjoriake (Ankilifolo) puis Bekoake à des distances respectives de 1,2 km à peine et 0,5 km de plus en prenant départ du pont de Belalanda vers Miary. Avec sa superficie plane, la rive gauche bénéficie annuellement d’un renouvellement de ses terres par l’apport des eaux d’irrigation ou des inondations, ce qui favorise le développement des cultures. Ainsi, le relief des deux rives du fleuve Fiherenana ne présente pas du tout le même comportement physique. Plus élevé au nord et de forme plane au sud, ce relief est alors de surface opposée.

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Carte n° 1 : LIMITE DE LA ZONE D’ETUDE. 9

I. 2. Le relief Formé de l’ensemble des inégalités de la surface terrestre, de celle d’un pays ou d’une région, le relief peut s’exprimer en une surface plane avec toutes ses formes ou montagneuse avec différents comportements selon les plis et l’action érosive du sol. Dans notre travail, nous nous sommes contenté de faire des observations relatives au façonnement du relief. Ce dernier va être couplé avec les différents types de sol qui le composent. 10

Carte n° 2 : LES DIFFERENTES DUNES DU DELTA DE FIHERENANA

Source : MICHELLE Sourdat 11

I. 2. 1. Le comportement physique du relief Le relief est façonné de la sorte que l’on peut observer des éléments variés de la nature suivant le milieu évoqué. Sur la partie Nord, depuis la rive droite du fleuve, le relief est élevé par rapport à celui de l’autre rive. Dans cette partie, on trouve des formations dunaires qui dominent avec des altitudes variées du côté de Belalanda. « Leur altitude maximale jouxte 35 m. »1 En partant de la zone du rivage vers l’intérieur du pays, on peut observer en premier abord le village de ″Belitsake Tsimifindra ″ à côté des dunes peu élevées dans la partie Nord. Ici, la formation végétale est à l’état total de sa disparition. Il ne reste plus que quelques arbres qui continuent à être la proie humaine car nous constatons des troncs d’arbres qui restent témoins de cette attaque. En continuant le trajet, on arrive à Belalanda, qui est le chef-lieu de la commune. Ce village est bâti sur des dunes dont les versants sont couverts d’une végétation xérophile et de la lande (terme duquel est dérivé le nom du village de Belalanda). Dans les terrasses du bas fond, les champs des cultures sont très limités par l’absence de tout aménagement dans ces zones de la rive droite situées au Sud de Belalanda. Il y a également la localité du village d’Antsonoabo tout près du pont de Belalanda. Plus on se dirige vers l’intérieur, plus les altitudes deviennent plus importantes. C’est le cas d’Abriha (Fosy mena). C’est l’endroit où les habitants de cette zone de l’embouchure viennent s’abriter lors des grandes crues (Safodrano) du fleuve. C’est sur cette zone que se trouve la frontière des deux communes rurales de Belalanda et Maromiandra. Sur la rive gauche du fleuve, le relief reste plan, sauf dans une petite zone proche du rivage. Ici, existent des petites dunes sableuses de faible altitude à une distance proche du delta. Cette rive gauche reçoit annuellement des apports fluviatiles amenés par les crues ou par les canaux d’irrigation. Ces nouvelles terres permettent aux végétations locales d’avoir une forme normale et très opposée à celle de la rive droite. Avec une superficie plane, les aménagements sont faciles et les cultures se développent bien à partir des champs de Belitsake Tsimifindra à l’Ouest de la RN9 jusqu’à ceux de Bekoake à l’Est. C’est dans cette zone que l’activité agricole est la plus dynamique avec un aménagement facile vu la forme plane des surfaces et les types des terres que la zone possède.

1 NOURDINE Mirhane : Essai d’Analyse éco géographique de la végétation sectorielle du Fiherenana . (Mémoire de Maîtrise 2006-2007). 12

La végétation de cette rive est catégoriquement opposée à celle de l’autre rive. La différence des végétations est due aux qualités des sols qui constituent ce domaine de l’embouchure.

I. 2. 2. Les types des sols Comme les éléments du relief sont variés, les sols du delta du Fiherenana se différencient selon les types des formations localisées. Suivant le type du relief, on découvre un type de sol originaire de la décomposition de la roche mère. Dans cette zone de l’embouchure on peut distinguer du Nord au Sud : a) Les sols des formations dunaires Composés par des différents types de sable (roux rouge, foncés ou clairs), les sols des dunes de Belalanda comportent des sables mixtes. Allant des sables roux rouge, aux clairs, ces types de sols couvrent presque la rive droite du fleuve à partir de Maromiandra vers Belalanda. Ils sont occupés par une formation végétale des DIDIEREACEA. Sous l’action éolienne, ces dunes restent mobiles. Cependant, les plantations des sisals et autres plantes permettent de lutter contre cette mobilité dunaire menaçant l’écologie zonale. De fait, les dunes de Belalanda n’ont ni les mêmes altitudes ni les mêmes formations. Battistini et ses compagnons (1961) ont distingué les systèmes dunaires suivants : « - Les dunes anciennes (Q 1) : Elles portent des sables très rubéfiés avec des horizons d’accumulation de calcaires consolidés. Ces sables se rencontrent au Nord du Fiherenana. C’est-à-dire la partie comportant la rive droite du fleuve. - Les dunes moyennes (Q 2) : Elles renferment des sols décarbonatés, plus ou moins rubéfiés. Elles se repartissent en dunes paraboliques (Q 22) possédant des sables roux rouge claire et en dune au modelé plus oblitéré (Q 21) portant des sables roux foncés. - Les dunes récentes (Q.) : Elles portent des sables beiges flandriens dont le lessivage du calcaire est très partiel. »2 b) Les sols des colluvions

2 NOURDINE Mirhane : Essai d’Analyse éco géographique de la végétation sectorielle du Fiherenana . (Mémoire de Maîtrise 2006-2007) p 28. 13

Après les formations dunaires, vers le Sud de la zone, apparaissent les sols des colluvions. Ils sont issus du mélange des terres et des débris organiques arrachés des pentes des versants. Ces sols colonisent les zones des bas-fonds et constituent des endroits favorables aux développements des végétaux. La végétation des colluvions, à espèces variées, est très riche par rapport à celle qui occupe les versants. c) Les sols alluvionnaires Il s’agit des sols formés par les dépôts sédimentaires abandonnés par les eaux du fleuve. Ces sols constituent un mélange d’éléments hétérogènes composés d’argiles, de sables et des débris organiques qui, par l’action des micro-organismes vivants, sont transformés en sols propices aux développements de toute végétation locale. Ils sont également les sols des baiboho ou des terrains de cultures. Ils recouvrent l’ensemble de la plaine de Miary vers le littoral et la plaine de Tuléar jusqu’à Ankilibe. Les sédiments de ces sols se sont déposés peu à peu et les mélanges y sont parfaitement constitués sur l’ensemble de la rive gauche, qui bénéficie de ces éléments déposés. La contexture de la rive droite ne permet pas à la zone de profiter des sédiments du fleuve Fiherenana dans cette embouchure sauf dans la région du bas-fond de la commune de Maromiandra, dans les ″baiboho ″. Lapaire (1976) « définit les ″baiboho ″ comme étant des sols alluvionnaires récents plus ou moins menacés, profonds, humides et productif qui peuvent être régulièrement inondés par les crues pendant les saisons des pluies et dans lesquels se maintient, en saison sèche, une nappe phréatique peu profonde. »3 Pour J. M. Hoerner, les « ″baiboho ″ sont des sols peu évolués qui se reconstituent en partie chaque année le long des grands cours d’eau sujets à des crues importantes. »4 Les alluvions sont donc des sols propices aux cultures et qui se renouvellent pendant la saison des pluies. Selon leur support en cultures, les sols de ″baiboho ″ se nomment ainsi : C-1.Tany vilo : c’est un mélange des terres, de sable ainsi que des sédiments. Il est toujours imbibé d’eau dans sa profondeur et se divise en deux couches : + Une couche superficielle de 8 à 10 cm de profondeur convient aux cultures du kabaro (pois du cap) et peut supporter beaucoup d’autres cultures (manioc, maïs…). + Une seconde couche allant de 10 à 14 cm de profondeur est favorable à la culture de la patate douce ( belè ).

3 NOURDINE Mirhane : Ibid. 4 J. M. Hoerner. Géographie du sud-ouest malgache . 14

C-2 Tany hentra ou konka ( Tany mahery ) Ces types de sols supportent des cultures uniquement pendant la période des pluies. Durant cette période, ces sols deviennent boueux et pendant la saison sèche, ils changent et restent très durs. Toutes les cultures qui s’y rencontrent ne résistent pas et meurent à la fin de la saison. C-3 Tany bariaho Ces types de terre sont très favorables à la culture des patates. Elles sont constituées de sable ( fasy ), d’argile ( fotake ) et des sédiments et elles sont aérées. C-4 Tany varake Ce sont des sols recouverts de sels après une tombée des pluies. Ils se localisent entre Tsinjoriake-Bekoake et Tanandava-Misinjo. Elles n’occupent que de petites parcelles des terrains et supportent les cultures. C-5 Tany hanka Ces sols ne supportent aucune culture car la terre s’y comporte comme une véritable éponge où l’eau s’infiltre vers la nappe phréatique ; les cultures ne résistent pas à une telle infiltration. d) Les marécages littéraux (sol du littéral) Ils sont toujours imbibés par les eaux marines du littoral. Ils sont colonisés par la végétation des mangroves, qui supportent ces eaux contenant des chlorures de sodium.

Tableau n° 1 : Classification récapitulative des sols

Unité physique. Type de sols Plateau calcaire Sols à sesquioxyde, sols jaunes ou bruns Bas de pentes Sols d’apport et colluvions Anciennes terrasses Sables roux alluviaux. Formation dunaires Sables roux rouge, roux foncés, roux claires, beiges Berges et lit du fleuve Sols peu évolués limono-argileux, sables fins… Bas fond de Maromiandra Sols à pseudogley et à Gley en condition d’engorgement saisonnière. Sols hydro morphes moyennement organique et organique en engorgement permanent Mangroves Marécage Sols salés ou sols à Gley salé. littoraux Source : NOURDINE Mirhane

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Ce tableau comporte des types d’unités physiques et les types des sols qu’ils contiennent. Ces sols sont bien différenciés et appropriés selon les formations liées aux zones indiquées dans l’embouchure. Tous subsistent dans cette région et chacun d’entre eux comprend une végétation spécifique dont le développement dépend de la localité occupée.

I. 3. La formation végétale Elle constitue l’ensemble de la couverture végétale qui occupe un espace donné, une région ou un pays. Dans la région de l’embouchure du Fiherenana, la couverture végétale est très caractéristique. Elle varie selon le sol support où elle se développe. Cette végétation est généralement de type xérophile de forme dégradée de la zone du Sud-ouest malgache. Selon Hubert (1927), « cette formation est l’un des types les plus remarquables de la végétation xérophile qui soit au monde, tant par la richesse de ses espèces que par la diversité des modes d’adaptation des végétaux au climat sec de cette contrée. »5

I. 3. 1. Le domaine dunaire Le domaine dunaire de Belalanda est couvert des landes, végétation composée généralement des bruyères, de genets et d’ajoncs. C’est d’ailleurs à partir du nom de cette végétation qu’est apparu le nom du village de Belalanda. Comme nous l’avons vu précédemment à propos de la végétation, les landes sont touchées aussi par les activités de l’homme. Quant aux autres formations xérophiles, elles continuent à recouvrir la zone vers l’intérieur des terres. Elles subissent dans l’ensemble le même sort qui les rend de plus en plus espacées à cause de la diminution. Toutes ces espèces sont généralement à feuillage caduque et épineuse. Elles peuvent atteindre 1 à 4 m de hauteur et ont perdu leur forme primaire.

I. 3.2. Le domaine vaseux

Il est plutôt envahi par des végétations hydrophiles en permanence. Il s’agit des zones marécageuses du littoral et celles des lacs. Ces lieux sont en fait bourbeux et très humides. C’est-à-dire que le mélange d’eau salée ou douce avec argile crée de la boue en permanence sous ces eaux qui trempent toujours cette couverture végétale. C’est le cas par exemple des mangroves, forêt des palétuviers occupant les littoraux et des ″vondro ″, ″boboke ″. Ces derniers sont respectivement des typhas augustifolia et des fragmites mauritianus couvrant les régions des lacs. Ces espèces du domaine sont exploitées à des fins économiques. Le vondro et boboke sont utilisés pour la construction des cases de joncs.

5 Sitraka Rajaonarivelo (p16). « Exploitation d’un milieu forestier et pratique paysanne ; le cas de l’activité charbonnière dans la fourrée xérophile de la région cotère d’Ifaty » 16

I. 3. 3. Le domaine de Baiboho

Dans les ″Baiboho ″, la flore primaire est totalement inexistante malgré le type de sol qu’ils renferment. Elle est remplacée par une formation secondaire et une autre remplaçable annuellement, les cultures. Dans la formation secondaire, nous pouvons signaler les végétaux envahisseurs les parois des canaux d’irrigation et ceux qui sont plantés par l’homme. Il s’agit surtout des manguiers, des cocotiers et des arbustes plantés par les habitants locaux et qui peuvent atteindre une hauteur d’une dizaine de mètres. Les cultures constituent la forme secondaire remplaçable annuellement. Des types très variés allant des légumineuses aux tubercules et aux graminées, les cultures restent toujours une végétation dont la longévité se limite avec leur maturité. Celle-ci peut être mensuelle ou annuelle.

I. 3. 4. Le domaine du lit du Fiherenana

Il existe un type de végétation qui se loge sur le lit du fleuve Fiherenana. Cette végétation est généralement herbeuse et pousse au moment où l’écoulement superficiel reste quasi-inexistant. Le phénomène endoréique existe et permet le ravitaillement en eau des populations locales. Pendant cette période, les habitants profitent de l’absence de l’aréisme pour planter des pois du cap, patate douce et autres cultures de courte longévité dans les berges du Fiherenana. Toutes ces végétations de l’embouchure du Fiherenana ont perdu leur forme primaire et ont du mal à se reconstituer à cause des diverses activités des occupants locaux. La luxuriance de cette flore n’est pas du tout primaire et beaucoup de superficies sont dénudées malgré l’existence des lois protectrices de ces écosystèmes naturels. Ces derniers sont appauvris et ont du mal à se reconstituer rapidement suite aux activités humaines incessantes et aux types mêmes des sols dans ces endroits, ainsi qu’à l’action du climat.

I. 4. Le climat

Ce terme désigne l’ensemble des phénomènes météorologiques (températures, vents, pressions et précipitations) qui caractérisent l’état moyen de l’atmosphère et son évolution en une échelle donnée. Il joue un rôle de maintien de l’équilibre atmosphérique et de la stabilité de l’écosystème, donc de toute vie. 17

Avec une pluviométrie située en une courte période de l’année (3 à 4 mois au maximum) et tournant autour de 400 mm d’eau par an, la région du Sud-ouest de Madagascar est définie comme semi-aride. Les précipitations sont réduites, variées et liées à l’été austral (passage du soleil dans l’hémisphère Sud) tandis qu’une longue durée de l’année (8 à 9 mois) reste sèche. Une quantité importante d’eau s’infiltre vers la nappe phréatique et une petite partie reste superficielle. 18

Carte n° 3 : CLIMAT DU SUD-OUEST DE MADAGASCAR

Source : J. M. Hoerner. 19

I. 4. 1. Les températures

Définies comme semi-aride, les températures y restent très élevées pendant une longue période de l’année. Cela exprime la longue durée de la sécheresse et la limitation des pluies dans cette zone. Ces températures élevées jusqu’à un grand niveau dans l’atmosphère empêchent la condensation et la formation des nuages, donc des pluies. De plus, les vents (effet de foehn, tsiokantimo) contribuent à l’assèchement zonal. L’anticyclone du canal de Mozambique provoque une accélération des vents sur la côte Ouest malgache vers l’intérieur. Et faute de l’absence orographique dans cette zone littorale, la sècheresse est prédominante. Il est évident que ces températures varient en fonction des saisons (Eté et Hiver) : - au cours de l’été austral, elles peuvent atteindre des moyennes de 31°C (octobre à mars). - pendant l’hiver, elles peuvent rester plus bas, en dessous mêmes de 20°C en moyenne. Pour mieux comprendre ces températures, observons le tableau suivant.

Tableau n° 2 : Températures moyennes et amplitudes diurnes de la région de Tuléar

Mois J F M A M J JT AO S O N D Année. 1999 27 ,83 28,295 28,75 25,35 22,95 21,925 21,295 22,51 23,59 24,92 26,55 27,9 2000 28,2 28,55 26,35 27,95 24,55 23,2 21,85 22,55 23,8 23,85 26,9 27,5 2001 28,25 28,4 27,8 26,2 23,85 21,25 21,45 22,05 22,9 24,6 27,3 27,95 2002 27,3 28,2 28,05 28,25 24,15 21,55 21,35 23,15 23,1 25,3 26,4 27,5 2003 28,45 28,9 28,3 25,65 24,1 22,35 20,85 21,6 24,1 25,05 27,05 27,65 2004 28,45 27,25 28,4 27,05 24 22,65 21,2 22,45 23,85 25 26,75 28,25 2005 27,94 28,07 27,92 24,70 24,24 22,44 21,22 21,93 23,93 25,39 26,11 27,91 2006 28,83 28,75 26,55 26,7 23,23 22,15 22,23 22,38 22,49 25,23 27,3 28,79 2007 28,05 27,9 27,25 29,25 24,1 21,5 21,5 21,15 23,52 24,4 22,15 27,55 2008 27,02 27,50 24,33 23,08 20,80 20,73 21,49 23,36 25,49 26,70 26,55 27,4 Source : Service météorologique de Tuléar

A partir de ce tableau, nous constatons que les moyennes des températures sont très élevées du mois de janvier à celui d’avril et du mois d’octobre à décembre, tandis qu’elles deviennent légères au mois de mai jusqu’en juillet pour reprendre de nouveau en septembre. Les températures les plus basses se situent aux mois de juin et juillet. Leurs moyennes des températures sont faibles par rapport à celles des autres mois de l’année 20

I. 4. 2. Les vents et autres facteurs climatiques

En fait, le vent est une masse d’air mobile suivant une direction donnée, animée d’une vitesse qui détermine sa force et l’on peut parler des vents faibles ou modérés, violents ou cycloniques… Ainsi, le Sud-ouest malgache est frappé d’une multitude de vents variés. On peut évoquer : a) Le Tsiokantimo (vent du Sud) Il s’agit d’un vent sectoriel de direction générale Sud-Nord. Ce vent qui souffle en permanence, ne change de direction que lors des perturbations atmosphériques qui sont de courte durée dans la zone pendant l’année. Suite à « une étude faite en 1950, sur 20 000 observations, 14 000 cas de vents soufflent du Sud. Ces vents varient entre 3 et 50 km/h. »6 Hors des ″Tsiokantimo ″, d’autres vents soufflent dans la zone. Il s’agit ainsi : b) Des brises Ce sont des vents modérés et réguliers en général soufflant de la mer vers la terre et de la terre vers la mer dans un jour. Ce sont donc des vents quotidiens qui se succèdent et se situent pendant la journée et la nuit. La brise de mer a lieu pendant la journée. Elle souffle de la mer vers la terre aux heures de l’après- midi et permet une régularisation thermique. Pendant la journée, la terre se chauffe très vite par rapport aux eaux marines grâce au rayonnement solaire. Alors, des déplacements des masses d’air marines se déclenchent vers la terre pour établir un certain équilibre thermique. Ce sont les brises de mer. La brise de terre a lieu au coucher du soleil, des vents contraires, de direction terre - mer, se produisent. La mer qui se chauffe lentement pendant la journée, garde encore sa chaleur tandis que la terre se refroidit très vite à la tombée de la nuit. Des masses d’air naissent de la terre vers la mer. c) L’effet de Foehn Après avoir abandonné leur humidité sur le versant Est de l’île, ces vents franchissent la barrière orographique de position méridionale. Et vers l’Ouest, ils descendent sur l’autre

6 Colloque international organisé par l’Université de Tuléar : « Dialogue des sciences et des lettres : la civilisation de la mer » 27 juin-01 juillet 2006. 21 versant. Cette descente est accompagnée d’une augmentation des températures et ils deviennent secs, ce qui augmente la sécheresse régionale du Sud-ouest malgache.

I. 4. 3. La pluviométrie

A cause de la sécheresse qui sévit dans le Sud-ouest malgache, les précipitations restent occasionnelles pendant l’été austral. Elles sont très insuffisantes, très irrégulières, très variables dans le temps et dans l’espace et couvrent une courte période de l’année (3 à 4 mois) alors que la sécheresse dure de 8 à 9 mois (avril à novembre). Elles oscillent entre 350 à 600 mm d’eau par an ; la plupart de ces pluies ont lieu durant l’été austral accompagnées par des dépressions tropicales alors que l’hiver reste sec. L’écoulement, qui n’est qu’un excès d’eau, se trouve conditionné par ces deux périodes que comporte l’année. Il exerce son impact sur l’activité agricole. a) Les pluies Après des différents phénomènes météorologiques, les gouttelettes en suspension dans l’atmosphère s’associent avec des noyaux hygroscopiques ou des cristaux de glace atmosphériques. Ces derniers se constituent en catalyseurs permettant le groupement des gouttelettes dans l’atmosphère. Atteignant le poids d’environ 0,5 mm (5 à 25 µ m gouttelettes des nuages), elles deviennent capables d’effectuer la chute car avec un tel pois, elles n’arrivent pas à se mettre en suspension. Elles sont donc attirées par la terre et effectuent une chute libre, donc des pluies. D’une manière générale, le Sud-ouest malgache est une région semi-aride. « Les pluies sont très insuffisantes et très irrégulières et encore très males reparties dans le temps et dans l’espace. »7 Elles oscillent entre 350 à 600 mm d’eau par an. Elles sont toujours liées à l’été austral, période pendant laquelle les centres d’action migrent vers le Sud (hémisphère sud). Durant cette période, il y a déclenchement des pluies qui sont souvent accompagnées par des dépressions tropicales. Ces dernières sont donc responsables des grandes pluies qui apportent beaucoup d’eaux. Elles causent partout des inondations et changent les totaux mensuels et annuels lors de leur passage. Et les crues des rivières sont très élevées mais cela ne dure qu’en une courte période (décembre-mars). Le reste des mois de l’année est sec et caractérisé par une sècheresse qui dure de 8 à 9 mois (avril à novembre). Ce phénomène est dû au fait que l’humidité relative se situe en dessous de la normale (100%) alors que la pluie est un accès de

7 Marcel NAPETOKE : cours de climatologie 3 e année. 22 l’humidité contenue dans l’atmosphère. C’est ce qui explique l’insuffisance pluviométrique dans la zone. Pour comprendre ce phénomène, il est bon d’introduire la notion d’humidité relative de l’air (HR). Soit R, la quantité de vapeur d’eau que l’atmosphère contient réellement et RW, la quantité de vapeur d’eau que l’air peut contenir.

HR

Si R=RW, alors l’air est saturé d’humidité à 100%. Si RRW, là, il y a un surplus qui se transforme en pluies.

Le tableau suivant obtenu à la station de Toliara donne la moyenne de l’humidité dans cette ville.

Tableau n° 3 : Moyenne mensuelle de l’humidité relative à Toliara et ses environs (dans un rayon de 60 km et exprimée en pourcentage : %)

période jan fev mars avr mai juin juil août sept oct nov déc 2001 80 81 77 82 78 74 78 77 80 79 79 80 2002 77 79 82 83 76 77 88 77 79 76 82 79 2003 82 80 81 77 81 78 72 74 72 79 79 77 2004 75 82 83 76 72 81 83 78 78 78 83 78 2005 85 78 77 86 78 76 73 73 74 76 78 68 Source : ANLI Ahamadi Oili. P23

Le problème le plus grave du Sud-ouest est la mauvaise répartition des pluies qui tombent en une très courte période de l’année, alors que beaucoup des mois de l’année sont couverts par une sécheresse prolongée. De plus, ces pluies varient des zones du littorale vers l’intérieur des terres et même du Sud vers le Nord. 23

Tableau n° 4 Précipitations mensuelles de Tuléar (exprimées en mm) Mois J F M A M J JT AO S O N D T. Année. 1999 227 ,5 183,2 66,1 27 70 20,5 37 0 53 0 0 235 1106,8 2000 126,4 77,1 30 0 8,5 0 0 0 3,7 0 81,5 81,4 408,6 2001 77,2 26,2 103,8 4,1 14,3 0 1,9 24,4 0 9,1 4,3 156,2 421,5 2002 172,8 99,6 1,2 0,5 0 0 17,1 0 25,2 0 10,1 3,4 329,9 2003 138 35,6 19,8 19,8 3 2,5 1,6 0,2 0 0,4 6,5 13,4 241,2 2004 33,6 55,1 32,9 6,6 2,6 4,2 9 0 17,9 0,2 37,4 91,1 290,6 2005 510 9 58,7 6,2 4,9 0,2 27,5 2 12 0 5,6 32 667,7 2006 68,7 70 6,2 0 0,7 9,8 3,4 3,8 2,4 0 0,2 24,2 189,2 2007 298,8 109,4 3,6 63,2 43,7 1,2 0 0,2 0 0 0,7 24,2 555 2008 135,4 102,6 48,9 1,5 9,9 31 0 0 0 0,6 1,9 0,8 332,6 Source : Service météorologique de Tuléar .

A partir de ce tableau, nous remarquons que les précipitations se concentrent en grande quantité au début et en fin d’année (plus précisément de décembre et janvier à mars). Ce sont des précipitations liées à l’été austral, période pendant laquelle les centres d’actions (CIT) migrent dans l’hémisphère Sud. Il y a alors déclenchement des pluies, parfois avec des dépressions tropicales. Ces dernières sont responsables des inondations zonales et des grandes crues des rivières dans le Sud-ouest. C’est durant cette période là que la station météorologique de Tuléar enregistre des quantités importantes de millimètres d’eau.

Pendant les autres mois de l’année (avril à novembre), les pluies deviennent de plus en plus rares, jusqu’à devenir parfois quasi inexistantes, pour se relever en novembre. C’est le cas par exemple du mois d’octobre. Ce mois reste le plus sec durant cette décennie. Ceci explique les variations mensuelles de cette pluviométrie et la sécheresse du Sud-ouest malgache. b) La rosée ou ″″″Ando ″″″ C’est une précipitation qualifiée de nocturne. Elle est, en effet, l’ensemble des fines gouttelettes produites par la condensation des vapeurs d’eau atmosphérique, à la fin de la nuit, sur les objets en plein air. Au cours de l’hiver, l’humidité atmosphérique se condense pendant la nuit dans le Sud- ouest malgache et les gouttelettes d’eau contenues dans la fraîcheur imbibent tout objet exposé, « Ce qui explique l’importance de la rosée qui compense énormément le déficit 24 pluviométrique. »8 C’est pour cela d’ailleurs que J. N. Salomon (1987) s’est exprimé ainsi : « malgré la faiblesse des précipitations, l’importance des rosées en saison sèche contribue significativement à l’atténuation du déficit pluviométrique du début de la saison sèche car leur effet limite l’évapotranspiration. »9 Faute de moyens capables de les enregistrer, on ne fait recours qu’à des estimations. Ainsi, les précipitations du Sud-ouest malgache sont généralement liées à l’été austral, plus particulièrement de décembre à mars. C’est une période où des précipitations peuvent être accompagnées par des dépressions tropicales ayant effet sur les totaux pluviométriques ; une longue période est dominée par la sécheresse.

I. 5 Le bilan hydrologique

Le Sud-ouest malgache est caractérisé par une hydrologie liée au rythme pluviométrique zonal. La courte durée des pluies, accompagnée parfois des cyclones tropicaux, est source d’écoulement superficiel des eaux; alors qu’une longue période de l’année, dominée par la sécheresse, se caractérise par un assèchement des rivières. De la sorte, la plupart des rivières du Sud-ouest restent sans écoulement. Pour éclaircir ce phénomène, on peut observer le schéma de la formule suivante : Soit P, les précipitations zonales, D, le débit (écoulement des eaux superficielles), ETR, la perte par évapotranspiration Et ∆r, les eaux infiltrés dans le sol (réserve en eau du sol). On tire la formule : P = ETR+ ∆r+ D En dégageant le débit, on a : P = ETR+ ∆r+ D ⇒ D = P-(ETR+ ∆r) 10 En négligeant ∆r, réserve en eau du sol, on a : D = P-ETR Or dans le Sud-ouest malgache, l’évapotranspiration (favorisée par le vent, la température…) est beaucoup plus importante que l’apport pluviométrique. On a donc: ETR > P

8 Cours de climatologie 3 e année. 9 Monographie de la commune rurale de Belalanda ’12 p). 10 Cours de climatologie 3 e année. 25

Si ETR > P⇔ 0 > P-ETR ⇔ D< 0 donc le débit est négatif. Cela veut dire que le débit du Sud-ouest est déficitaire. C’est ce qui perturbe en général le fonctionnement de l’ensemble des rivières du Sud-ouest, donc celle du Fiherenana Pendant une longue période de l’année, ces débits n’atteignent pas les rivages. Il faut que les pluies soient importantes pour que l’écoulement arrive au rivage. Il peut même déclencher des crues, sources d’inondations des champs des cultures. (Exemple : cyclone Georgette (1968), cyclone Angèle (1978)

Photo n° 1 : Les caractères généraux du lit du Fiherenana pendant la saison sèche, absence de l’écoulement superficiel (octobre 2009).

I. 6. Le bilan agro-climatique Il exprime tout simplement la réserve en eau du sol. En ce sens, il ne tient pas compte de l’écoulement superficiel vers la mer. Nous ne tenons compte que des eaux utiles à la végétation, donc aux cultures. La végétation, y comprise l’agriculture, profite des réserves du sol pour se reconstituer par élaboration des serves brutes. Cette dernière est produite par absorption des eaux réserves du sol. C’est ce qui permet à la végétation de continuer son activité photosynthétique. Cette réserve dépend donc des pluies qui l’alimentent. Donc, en utilisant la formule précédente des pluies, on a : P = ETR + ∆r +D et en négligeant D, le débit, on a : P = ETR + ∆r réserve en eau du sol. 26

⇔ P – ETR = ∆r ⇔ ∆r = P- ETR 11 Or l’évapotranspiration est très élevée par rapport aux pluies dans cette zone. Donc, on a : ETR > P ⇔ 0>P – ETR ⇔ P-ETR < 0 avec P- ETR = ∆r ⇔ ∆r< 0 On a : ∆r < 0 ⇔ la réserve en eau de sol est négative. Ainsi, la réserve du sol est toujours insuffisante car même les pluies qui les alimentent sont très insuffisantes et irrégulières. Pour pouvoir établir l’équilibre de ces réserves, on doit recourir à l’irrigation. Or, l’écoulement superficiel est aussi insuffisant pour une telle activité. C’est seulement à un 1 m de profondeur du lit du Fiherenana qu’il y a un phénomène endoréique. C’est ce qui permet à la population locale de se ravitailler en eau en creusant dans le lit du fleuve. Dans la zone littorale du Sud-ouest malgache, les précipitations sont non seulement rares et peu intenses, mais aussi très variables d’une saison à l’autre, bien qu’elles aient tendance à se grouper pendant une courte période de l’été austral. L’écoulement zonal est rythmé par cette pluviométrie et reste la plupart du temps endoréique dans le bas-fond du lit du Fiherenana. Cet endoréisme est dû aux sols calcaires-sableux qui sont perméables à l’infiltration vers la nappe phréatique plutôt qu’à un écoulement superficiel. Ainsi, le rythme pluviométrique a fait apparaître un type de végétation xérophile, très spécifique et adaptée suivant le sol qu’il occupe dans cette zone de l’embouchure du Fiherenana.

11 Cours de climatologie 3 e année. 27

Chapitre II : La population

Occupé depuis des siècles, le delta du Fiherenana est habité par une population multiethnique généralement autochtone qui se subdivise en deux groupes : les « Tompontany ″ (anciens occupants) et ″mpiavy ″ (migrants). Les ″Tompontany ″, composés des ″Vezo ″et des ″Masikoro ″, s’installent respectivement dans les zones littorales et intérieures des terres de la région du Fiherenana. Ces deux groupes ethniques sont définis comme les véritables et anciens occupants de la zone et restent à cet effet majoritaires devant les autres groupes ethniques. La générosité économique diversifiée des activités locales que montre la zone reste attirante pour habitants des contrées périphériques et lointaines, d’où l’installation définitive des migrants ( ″mpiavy ″). Ils forment un seul ensemble avec les anciens la population locale concernée par notre travail.

II. 1. L’histoire de la population

Comme nous l’avons souligné ci-dessus, la population de l’embouchure du Fiherenana est composée de différentes ethnies dont chacune a sa propre histoire. a) Les ″″″Tompontany Masikoro ″″″ Les Tompontany ″Masikoro ″ habitent généralement à l’intérieur des terres. Ce nom ″Masikoro ″ désigne : - d’une part, « tout un ensemble de population habitant à l’intérieur des terres, au sud de l’ ″Onilahy ″ (…) »12 , sur les rives du fleuve Linta (nom ancien ″Masikoro ″) ; - d’autre part « les ″Andrevola ″ à la conquête du Fiherena, ont gardé ce nom ″Masikoro ″ ou Antifiherena. »13 . C’était à ces époques que l’espace du Fiherena est envahi par les descendants ″Andrevola ″, ″Masikoro ″. b) Les ″″″Tompontany ″″″Vezo ″″″ Ils s’installent sur les bordures littorales et sont originaires de la ville de Tuléar (Mahavatsy, Tsimenatse et même Ambohitsabo). Selon la tradition orale, « les fondateurs du village de Belalanda sont issu du lignage Timaraha dont leur ″hazomanga ″ (poteau rituel) se

12 Solo. J. R. Etude géographique de la culture cotonnière dans la plaine de Miary . P 2. 13 Ibid. 28 trouve encore à Ambohitsabo. Les Timaraha (nom de l’ancêtre) cohabitent actuellement avec les Tsimenatse, kimija, Tsiharihary, Makoa, Tefandria, Ambolavah et Tavaratra (noms des ancêtres) qui sont tous des lignages appartenant au groupe ″Vezo ″. »14 Koechlin (B). (1974) « qualifie les Vezo de semi-nomades marins se déplaçant le long du côté sud occidentale à la poursuite des bancs de poissons. Les villages s’égrènent le long du littoral entre Androka et Morombe. »15 c) Les migrants Enfin, par le biais des migrations, beaucoup d’ethnies ont pénétré la région et s’y sont installées. On trouve les Antandroy, les Tanalana, Betsileo et Merina. A titre d’exemple, le village d’Antsonoabo (sur la rive droite, près du pont de Belalanda) est majoritairement Antandroy. Toutes ces différentes ethnies cohabitent et s’entendent parfaitement dans la zone embouchure du Fiherenana qui, jusqu’alors, reste un pôle attractif.

II. 2. Le choix des sites d’installation

Suite à des activités économiques favorables que possède la région (pêche, activités agro-pastorales…), cette zone de la commune de Belalanda constitue un bon prétexte d’occupation. La qualification des ″Vezo ″ comme des ″semi-nomades marins ″ par les écrits de Koechlin (1974) référerait à un choix d’installation ancienne. Les débordements répétitifs du fleuve sur la rive gauche ont poussé la population à s’installer sur les zones non inondables, d’où l’occupation des régions élevées de la rive droite du Fiherenana. C’est ainsi que Belalanda, Antsonoabo et Belitsake-Tanambao ont vu le jour. En outre, pour des raisons économiques, de sécurité, de sécheresse et d’invasions acridiennes, bon nombre de populations ont quitté leurs régions d’origine à la recherche d’un travail rémunéré dans la ville de Tuléar et ses zones environnantes, donc la commune rurale de Belalanda. Ces migrations restent temporaires ou définitives et ont toujours un effet sur le volume de la population locale.

14 Monographie de Belalanda. . 15 SOUMAILA Abdallah, 2005. Etude d’une ville d’un pays sous-développé, cas de Tuléar. 29

II. 3. La démographie et les activités retenues

Ayant pour tâche de visualiser l’évolution de la population, la démographie est une science qui se spécialise pour l’étude de la natalité, de la mortalité, de l’évolution des âges et les durées de la vie etc. Dans notre travail démographique, nous allons essayer de voir les tranches d’âges de la population. Les détails et les progressions explicatives y seront appuyés par l’évolution de la taille de cette population. Les diverses activités locales des autochtones seront analysées et réparties suivant les âges de la population.

II. 3. 1. Les tranches d’âges de la population

Ici, notre objectif principal est de montrer les différents âges de la population locale de l’embouchure du Fiherenana. Pour cela, l’utilisation des tableaux permet d’éclaircir et de comprendre la répartition de cette population à partir des différents âges dans chaque village concerné et son évolution à une certaine durée bien définie, comme le montrent les deux tableaux suivants :

Tableau n° 5 : Répartition de la population par Fokontany et par tranche d’âge

Age. Fokontany Sexe. 0-04 ans 05-09 ans 10-14 ans 15-20 ans 21 et plus Total. Belalanda Masculin 206 85 72 72 370 1774 Féminin 294 55 100 97 420 Betitsoke Masculin 69 54 52 69 180 889 Féminin 86 65 84 74 156 Bekoake Masculin 60 46 63 71 132 863 Féminin 85 69 79 87 171 Tsinjorioke Masculin 77 41 50 59 179 1045 Féminin 124 71 86 90 266 Sous total Masculin 412 226 237 271 861 4565 Féminin 589 259 349 348 1013 Total de la 1001 485 586 619 1874 4565 population Source : Commune rurale de Belalanda (recensement de 16 mars 2004)

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Tableau n° 6 : L’ensemble de la population à Sakabera (année 2003)

Catégorie de la population. 0-5 ans 6- 15ans 16-20 ans 21 et plus Ensemble. Sexe. Masculin 97 97 38 150 382 Féminin 123 138 44 188 493 Total de la population 220 235 82 338 875 Source : Bureau du premier arrondissement de Betsakoa

On remarque à partir de ces tableaux que l’effectif des populations villageoises n’est pas du tout le même. Il varie d’un village à l’autre. Mais en examinant les âges, on peut remarquer que les personnes ayant 0 à 20 ans restent toujours dominantes par rapport à celles possédant 21 ans et plus. Cela indique que cette population est jeune puisqu’elle renferme beaucoup plus des jeunes que des vieux. C’est donc une population jeune à forte natalité. Le tableau n°5 montre que les enfants âgés de 0 à 4 ans représentent 1001 contre 486 et 586 enfants respectivement âgés de 5 à 9 ans et 10 à 14 ans. Cette catégorie (0 à 14 ans), de l’ordre de 2072 enfants, est légèrement inférieure à la moitié de la population (2282,5). Mais si on pousse la comparaison jusqu’à la tranche de 20 ans, on pourrait avoir plus que la moitié, soit 2691 jeunes. Les mêmes remarques valent pour le tableau n°6. La population âgée de 0-15 ans, par exemple, représente à elle seule un nombre très important, soit plus de la moitié de la population globale du village de Sakabera. Ce nombre est de l’ordre de 455 jeunes âgés de 0-15 ans contre 420 personnes âgées de 16 ans et plus. Et si on observe ceux qui ont 0-20 ans, on trouve 537 jeunes contre 338 personnes de 21 ans et plus. C’est une population très jeune. De plus, le nombre des femmes l’emporte sur celui des hommes, soit 493 femmes contre 382 hommes. En général, cette population jeune augmente rapidement, comme le montre le tableau ci- dessous.

Tableau n° 7 : Répartition de la population par Fokontany Fokontany Belalanda. Tsinjoriake. Belitsake. Bekoake. Total. Nombre d’habitants 2206 1448 1395 940 5989 Source : Monographie de commune rurale de Belalanda (dernier recensement du 25 février 2007).

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En observant ce tableau et celui du n°5, on trouve que cette population a beaucoup augmenté en une période de 3 ans. Cette augmentation a bien changé les totaux initiaux de la population. On trouve de 2004 jusqu’au début 2007 une augmentation de : -Belalanda : 2206 personnes -1774 personnes = 432 personnes. - Tsinjoriake : 1448 personnes - 1045 personnes = 403 personnes. - Belitsake : 1395 personnes – 889 personnes = 506 personnes - Beboake : 940 personnes - 863 personnes = 77 personnes. L’augmentation de cette population est due à deux causes bien précises : - d’une part, une forte natalité qui touche presque les pays en voie de développement où l’enfant est encore considéré comme source de richesse. Et les naissances sans contrôle des jeunes à l’âge de procréer font partie des phénomènes prisés ; - d’autre part, les flux migratoires vers la zone. L’arrivée massive des migrants participe au rapide accroissement de la population. L’augmentation de cette population fait varier les groupes ethniques et les activités entretenues sur place. Cela provoque un métissage ethnique, et donc une diversification des activités locales.

II. 3. 2. Les activités retenues

La présence d’une hétérogénéité ethnique peut être un moyen très large de la diversification des activités retenues par la population localisée. Bien qu’il existe un nombre important des migrations définitives ou de longue durée, l’embouchure du Fiherenana n’est pas jusqu’ici affectée par les activités modernes ou empruntées. Seules les activités anciennes sont préservées et transmises par la succession des générations. Il s’agit surtout des « activités principales liées aux secteurs primaires : l’agriculture, pêche et l’élevage… »16 Ces dernières restent parmi les activités dominantes maintenues par cette population généralement paysanne à plus de 80%. D’autres formes d’activités existent également telles que l’exploitation du ″vondro ″, du charbon bu bois, le commerce… Toutes ces activités affectent sérieusement les couches sociales de cette population.

16 A. M. B. Ali, Les activités rurales d’un milieu périurbain : exemple de Belalanda et ses environs . (Mémoire de Maîtrise ; 2003-2004.) 32

II. 3. 2. 1. Les activités liées à la stratification sociale

Selon une remarque faite lors de nos recherches sur terrain, les activités se subdivisent ainsi : a) La pêche C’est une activité maritime très importante pour la vie des citoyens de Belitsake, Belalanda et de Sakabera (Antsonoabo), affirme le chef de Fonkontany de Belalanda (Mr P. Jean Baptiste). Elle est surtout exercée par les jeunes car elle est une activité qui demande de la force. Elle se subdivise en deux : - la pêche maritime exercée sur les eaux du canal de Mozambique ; - et la pêche aux eaux douces exercée sur le lac (par exemple lac Andio à l’Est d’Antsonoabo). La pêche figure parmi les activités les plus attirantes et recouvre beaucoup l’économie régionale. Ce ne sont pas seulement les pêcheurs qui en tirent profit en fin de journée, la commune aussi profite de ces ressources. Elle est ainsi une voie de travail pour bon nombre d’habitants zonaux et régionaux. Grâce à la pêche, les autochtones des villages environnants se procurent de l’argent par la vente et l’achat au niveau de leurs villages ou des localités urbaines. Donc, la pêche est une activité de grande opportunité qui s’offre aux villageois de l’embouchure du Fiherenana et à ceux des villages situés dans les zones littorales à quelques mètres ou kilomètres des rivages. « Malgré les techniques archaïques utilisées, bon nombre d’habitants des régions côtières tirent leurs ressources de vie, bien que l’énergie qu’ils déploient est élevé par rapport à ce qu’ils pêchent. La mer représente un ″grenier ″ de la population riveraine. »17 b) L’agriculture C’est l’activité dont l’examen constitue la tâche la plus importante de notre travail. Elle est exercée par presque toutes les couches sociales des habitants sauf les inactifs biens sûrs. Sachant que l’embouchure est à la proximité de la zone urbaine, les produits sont évacués avec facilité vers la ville. Cette activité est grandement tenue par les ″Masikoro ″ de Bekoake et de Tsinjorike qui profitent des terres des ″baiboho ″. Ces deux villages restent remarquables au niveau des chercheurs touchant la région et même les habitants locaux reconnaissent cela. Les habitants

17 ANLI Ahamadi Oili, Les activités halieutiques traditionnelles dans la commune rurale de Belalanda. p 33 sont à plus de 99% des agriculteurs. L’initiation à cette activité est effectuée en bas âge des enfants imitateurs. c) L’élevage Il est constitué par les élevages bovin, caprin, porcin, des poules et poulets et des canards. Dans cette zone, cette activité touche en majorité les enfants âgés à peu près de 10 à 15 ans, voire plus. Cette classe s’occupe des zébus et des chèvres ainsi que des moutons pendant toute la journée. Ils dépassent leur temps au détriment des activités locales (agriculture, élevage et pêche). En posant aux parents la question de savoir pourquoi ils ne laissent pas leurs enfants continuer leurs études au lieu de s’occuper de tels travaux, les réponses ont à peu près le même contenu. Soit que ces enfants refusent eux-mêmes d’étudier, soit à cause des problèmes de fournitures scolaires. A cause de ces travaux, beaucoup d’enfants se fatiguent et abandonnent leurs études dès l’école primaire.

Photo n° 2 : Des enfants éleveurs des zébus et chèvres dans une journée d’école (entre Bekoake et Tsinjoriake).

34

II. 3. 2. 2. Les activités liées aux sexes

D’une manière générale, les femmes s’adonnent beaucoup aux activités quotidiennes et un peu à la vente. Cette dernière est le plus souvent le fait du ″kinanga ″ (collecteur) et concerne les produits maraichers. Les vendeuses se livrent à des activités variées suivant les saisons. Pendant la période des récoltes, l’activité du ″kinanga ″ l’emporte sur les autres par l’achat et le versement des sommes chez les producteurs après les ventes. En d’autres moments, elles vendent des produits tels que le ″vondro ″, le lait, les poissons, goulettes… Quant aux hommes, ils s’adonnent aux activités de force telles que la pêche, l’agriculture, l’élevage, production de charbon…

II. 3. 3. Autres formes d’activités

A part les trois activités évoquées précédemment, d’autres formes d’activités existent dans la zone. On peut évoquer les activités du bois, du ″vondro ″ et du commerce.

Utilisé de plusieurs manières selon les besoins, le bois est ici une ressource de revenue importante au sein de la population zonale. Il est exploité pour la fabrication du charbon, de la construction des maisons et comme bois de chauffe. Pour le ″vondro ″, les habitants l’exploitent pour la fabrication des cases. On le commercialise directement après la coupe ou asséché ou encore après l’avoir préparé pour les maisons de jonc. Le commerce couvre presque toutes les activités locales et les produits importés : équipements et biens de première nécessité (riz, pétrole, savon, huile…). Apparemment, cette activité semble négligée, mais elle est plutôt dominante chez les habitants. C’est grâce à ces différentes activités existantes que les habitants locaux tirent leurs ressources économiques, que se déclenchent des flux migratoires dans la zone communale de Belalanda, donc de l’embouchure du Fiherenana.

II. 4. Les mouvements de la population

La mobilité de la population mérite d’être soulignée ici car les activités existantes (la pêche, l’agriculture, l’élevage, le commerce..), obligent la population à se déplacer soit pour travailler, acheter, ou liquider les productions… Ainsi, se développent des mouvements de courtes distances mais répétitifs qualifiés d’oscillatoires ou pendulaires. D’autres mouvements s’opèrent sur de longues distances et peuvent être saisonniers. 35

II. 4. 1. Les mouvements pendulaires

Comme dans l’ensemble des zones périphériques de la ville de Tuléar, la mobilité à l’embouchure du Fiherenana est très active. Elle se scinde en deux composantes remarquables : - une mobilité vers la ville de Tuléar ; - une autre vers Belalanda et sa périphérie durant toute la journée. A l’aide d’autobus, charrettes ou à pieds, une vague de paysans se rendent en zone urbaine de Tuléar (durant la journée) soit pour liquider les produits maraichers, soit comme travailleurs administratifs ou privés ou encore comme acheteurs de biens d’équipements et de premières nécessités. Cette vague de gens ne regagnent leurs villages qu’aux heures de l’après- midi après avoir accompli leurs travaux. Pour ces paysans, vendre dans la capitale rapporte beaucoup plus de sommes d’argent que sur le marché local dont la clientèle est très limitée. De plus, ils ne trouvent beaucoup de gain qu’en ville. La deuxième mobilité est celle des zones périphériques vers la zone de l’embouchure. Venant de la capitale ou des communes voisines, les habitants se rendent dans la région de Belalanda pour des raisons précises. Ils viennent soit pour acheter directement les produits halieutiques ou agricoles ou encore exploiter simplement le ″vondro ″. Cette vague de migrants effectuent le même trajet que la première et retourne dans leur village après avoir terminé leur travail. Ces mouvements constituent un moyen d’échanges très consolidé dans la commune de Belalanda et ses zones environnantes.

II. 4. 2. La mobilité saisonnière ou sur longue distance

Les déplacements de longue distance de cette zone vers d’autres régions de l’île existent. « Les plus remarquables de cette mobilité populaire sont celles effectuées vers les communes du nord (Manombo, Milenake, Ankililoake…) »18 Vu les conditions du sol sur cette rive droite, certains habitants pratiquent l’activité agricole dans les régions Nord de la commune de Belalanda. On peut citer quelques habitants de Belalanda et Belitsake. Ils ne retournent qu’après la semence ou les récoltes. Quelques-uns d’entre eux profitent de cette situation pour s’installer définitivement.

18 2e adjoint de la commune rurale de Belalanda (Mr EDOUARD Paul). 36

D’autres déplacements s’effectuent pour les régions d’origine lors des pratiques coutumières (mariage, circoncision, funérailles…). Ce type de déplacement touche surtout les migrants installés dans cette zone. En résumé, la population de l’embouchure du Fiherenana est multiethnique et s’y installée bien avant l’époque des royautés qui, par le biais de la conquête du Fiherenana, ont touché cette région. Son histoire est restituée du groupe ethnique qui pourrait être évoquée entre ″tompontany ″ vezo et Masikoro et les ″piavy ″. Cette population est très mobile à cause des activités locales de forte diversification. 37

DEUXIEME PARTIE

LES ACTIVITES AGRICOLES, MODES D’EXPLOITATION ET TYPES DES CULTURES 38

Chapitre III : L’exploitation agricole

Dans les milieux ruraux, l’exploitation de l’agriculture demeure au premier rang des activités économiques des paysans. Elle est, dans les pays riches, liée à la mécanisation que procurent les sciences modernes, qui la rendent de plus en plus productives ; par contre, dans les pays dits en voie de développement, la production ne semble soutenue que pour certaines cultures de rente (le coton par exemple). Les productions destinées à la consommation locale restent toujours tributaires des systèmes traditionnels qui sont peu rentables. Les outils employés sont du modèle ancien mais aussi les terrains des cultures sont minuscules de telles sortes que toutes contraintes anthropiques ou naturelles peuvent causer des dégâts. Ainsi, pour comprendre ce mode d’exploitation traditionnelle, observons d’abord les activités qui se déroulent lors de la production.

III. 1. Les préparatifs initiaux.

A l’aide des différents outils, les paysans de la périphérie de Tuléar-ville et ceux de la zone de l’embouchure du Fiherenana mettent en valeur leurs terrains de cultures dont l’accès est encore varié.

III. 1. 1. L’accès aux terrains de cultures

Tout d’abord l’accès aux terres cultivables varie selon que nous pouvons parler des propriétaires directs ou indirects. Avec un système d’achat ou héritage, le paysan devient propriétaire direct. Il peut mettre en valeur son terrain ou le faire passer à un locataire suite à un contrat. Avec le système de métayage, location ou prêt, certains paysans peuvent également devenir propriétaires mais indirectement car chaque fois que le contrat prend fin, le propriétaire direct peut ne pas le renouveler. Le terrain en question peut facilement passer sous les mains d’un autre locataire ou du propriétaire lui-même. D’autres encore ont accès aux terres par le biais du mariage. Le mariage permet au gendre d’accéder aux terres cultivables si bien sûr ses beaux parents en sont les propriétaires.

III. 1. 2. Les principaux outils utilisés Pour mettre en valeur un terrain des cultures, les paysans emploient des outils diversifiés. Ceux-ci se composent d’outillages utilisés manuellement et de la charrue tirée par des zébus. Les premiers outils sont la bêche ( ″Antsoro ″), la hache (Famaky), coupe-coupe, 39 râteau…Les seconds sont généralement composés par des charrues et des zébus. Ces deniers, par le système d’attelage, permettent de réduire l’emploi de la force humaine et le nombre de jours du travail manuel.

Schémas n° 1 : Outils de labours.

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Les paysans se servent de ces outils pour les labours, les semences, les sarclages et les récoltes dans les champs des cultures. Il faut souligner ici que parmi ces différents outils, la bêche ( ″Antsoro ″ ou ″Angady ″) reste l’outil le plus employé durant toute l’activité agricole.

III. 2. L’organisation champêtre

Allant des défrichements et des semences jusqu’aux sarclages, ces activités sont très différentes les unes des autres et sont variées selon le temps. Elles sont soumises à un calendrier agricole utilisé par les ruraux au cours de la production des denrées alimentaires. On voit combien les méthodes d’exploitation dont se servent les paysans de la zone rurale d’étude demeurent encore traditionnelles.

III. 2. 1. Le défrichement ou labour, un travail d’ensemble

« L’opération comporte de la libéralisation du sol de la végétation naturelle qu’il porte, afin qu’il puisse être entièrement consacré à la culture. C’est-à-dire labouré et ensemmé ou planté. »19 Au moyen des outils cités ci-dessus (Cf. : III. 1. 2.), les habitants de l’embouchure du Fiherenana et ceux des zones rurales mettent en valeur leurs terrains des cultures. Ils emploient généralement le coupe-coupe, la bêche, la hache, la charrue pour effectuer les labours. Mais la bêche ( ″Antsoro ″) reste toujours l’outil la plus utilisé dans ce type d’activité traditionnelle (labours, semences, sarclage…), comme nous l’avons fait remarquer. Pour ce faire, les cultivateurs usent de leur force énergétique pour la préparation des terrains de cultures. Cela prend un nombre de jours peu élevé selon l’étendue de l’espace à cultiver. Ils sont généralement exercés par la famille paysanne elle-même. Mais cela n’empêche certains cultivateurs d’engager pendant quelques temps des hommes payés pour l’aide qu’ils apportent. Ce genre de tâche est connu localement sous le nom de ″kibaroa ″. Il s’agit d’un travail faiblement rémunéré et la durée est plus ou moins élevée selon ce qui est convenu entre les contractants. A part la force humaine, celle des zébus est aussi exploitée dans cette agriculture intensive, mais elle reste encore insuffisant jusqu’à nos jours.

19 Pierre GEORGE : Précis de géographie rurale (P20). 41

Par le système d’attelage, une minorité des paysans ruraux profitent de la force des zébus tireurs des charrues. Ces zébus sont toujours sous le guidage de deux hommes qui contrôlent les mouvements des zébus ainsi que la charrue. Cela consomme un nombre de jours plus redus. De ce système d’attelage, certains paysans peuvent aussi louer les zébus et la charrue pour faciliter la tâche des labours si les conditions d’une telle action sont réunies.

Photo n° 3 : Un champ de culture labouré à côté du village Tsinjoriake.

III. 2. 2. Le semis et les sarclages

Dans cette sous-partie, nous examinons les façons de la mise en sol des semences et de leur surveillance durant leur cycle végétatif. Après le défrichement des espaces arables, se succèdent respectivement les semis et les désherbages répétés. Ces deux derniers se distinguent l’un de l’autre.

III. 2. 2. 1. Le semis

C’est l’action ou la manière de semer. Lorsque les labours sont terminés, las paysans se lancent dans la phase de semence. Cette dernière comporte différentes façons selon qu’il s’agit des graines ou des tubercules. a) La semence des grains Prenons par exemple, le cas du pois du cap. Lors des semences du pois du cap, les paysans creusent des petits trous ( ″lavaka ″) de quelques centimètres de profondeur (à peine 10 42 cm dans la zone de l’embouchure et pouvant varier de 10 à 15 cm dans les zones éloignées des rives du fleuve). Ils mettent 2 à 3 graines. Ces derniers sont recouverts d’une mince couche de terre dont la zone superficielle comporte de l’insecticide ( ″poizy ″) mélangé avec de la cendre de bois de chauffe. L’insecticide permet de lutter contre les prédateurs (criquets ″valala ″, mille pates…) auxquels les germes sont exposés. Ici, la méthode de mettre en sol reste la même pour certains grains mais pour d’autres, il suffit de soulever avec la bêche un peu de terre et d’ensevelir les grains. b) Les tubercules Il s’agit généralement des boutures de manioc et de patate douce. Pour le manioc, la bouture peut atteindre 20 cm dont 5 à 6 nœuds sont enfouis dans le sol de façon à peu près verticale. Une partie reste toujours aérienne et permet le développement de la bouture dans quelques jours. Il en est de même pour les boutures des lianes de la patate douce. Ce sont ses parties aériennes qui permettent le développement facile des boutures après quelques jours de la semence.

III. 2. 2. 2. Les sarclages

Comme nous l’avons signalé plus haut, le sarclage c’est fait le désherbage, c’est-à-dire l’arrachage de la couverture végétale considérée comme nuisible sur les terrains de culture. Il commence dès que les cultures sont envahies par les herbes, soit quelques semaines plus après l’ensemencement. Le sarclage est connu localement sous le nom de ″ava ″ ou ″miava ″. Il est effectué directement par les familles propriétaires ou indirectement par l’exercice du ″kibaroa ″. Il peut durer quelques jours, voire quelques semaines.

III. 3. L’irrigation et le traitement phytosanitaire

Comme il a souligné dans le premier chapitre, la plaine de l’embouchure du Fiherenana se trouve dans une zone de courte durée de pluie. Les précipitations se concentrent sur une courte période de l’année située pendant l’été austral (les pluies durent de 3 à 4 mois environs) et varient de 400 à 600 mm d’eau par an. Cette pluviosité est très insuffisante pour les pratiques agricoles. Ainsi pour venir en aide à cette activité agricole demeurée traditionnelle durant les 8 à 9 mois de sècheresse, l’irrigation reste jusqu’ici la seule technique adoptée par la population locale pour couvrir ces mois de pénurie d’eau. 43

Quant aux traitements phytosanitaires, ils sont très peu pratiqués. Ils sont mis en action uniquement lors d’une attaque acridienne. Mais quand on pousse loin l’enquête sur l’emploi des engrais, naturels ou chimiques, leur utilisation dans cette zone n’est pas du tout le fait des paysans. Nous rappelons que les types de sol ″baiboho ″ sont spéciaux, à en croire les définitions de J. M. Hoerner et de Lapaire, donc capables de supporter sans engrais les cultures.

III. 3. 1. L’importance de l’eau

Dans le zone du bas Fiherenana, « l’exploitation agricole, encore aléatoire, est généralement conditionnée par la pluviométrie. »20 Cette dernière se situe généralement entre les mois de décembre et février, alors que le reste des mois de l’année sont secs, ce qui entraîne toujours une situation difficile aux pratiques agricoles durant la saison sèche. Pour compenser dures conditions des cultures dans le bas-Fiherenana, les paysans et la ″SEDEFITA ″21 ont construit des canaux d’irrigation. Ces derniers ont amélioré les conditions climatiques, donc les productions même si l’écoulement des eaux des canaux est tributaire de celui du Fiherenana. L’embouchure du Fiherenana n’est pas du tout irrigable dans sa totalité. Seule la zone de la rive gauche du fleuve bénéficie des eaux d’irrigation du fait du relief. Les canaux d’irrigation du bas-du Fiherenana existent sous deux types bien distincts : les canaux publics (canal ″Bevava ″) et le ″Tabikandraza ″. Ce sont les canaux de ces deux sortes qui imbibent la plaine de Miary et des régions environnantes de Toliara et celles de l’embouchure du Fiherenana. a) Les canaux publics ou canal Bevava Ils sont construis dans les années 60 et prennent leurs sources à et à Bemia. Ces derniers sont des villages situés respectivement à 26 km et 21 km de la zone urbaine de Tuléar. Les eaux conduites par ces canaux drainent la plaine de Miary et les alentours des villages situés entre Miary et Tuléar-ville : Befanamy, Belemboka, Mitsinio, Ampasinabo. Mais, avec le cyclone de 1970 connu sous le nom d’Angèle qui a touché la zone, la source de Behompy a été complètement endommagée. Les eaux de ce cyclone ont détruit la source des canaux de Behompy qui ont été remplis par des sédiments apportés par le courant. Seule la source de Bemia assure jusqu’à ces jours l’alimentation de canaux publics. b) Le Tabikandraza

20 Bakary : Les spéculations de l’exploitation agricole et pastorale dans le bas Fihérenana . P 10. 21 Société d’Etude et de Développement des périphéries du Fihérenana et de la Taheza créée en 1960. 44

Il est construit par le ″Fokonolona au moment de la destruction de la source de Behompy. Cette dernière avait entraîné une insuffisance d’eau d’irrigation. Et en vue d’assurer l’agriculture et réparer la source détruite, les paysans ont créé d’autres sources dans les zones situées juste après la digue du Fihérenana au Nord de Miary. Ces sources permettent aux habitants de la zone de l’embouchure d’irriguer les cultures de leurs villages. Il s’agit des ″Fokontany ″ de Tsinjoriake (Ankilifolo « 10 tamariniers »), Sakabera, Ambohitsabo, Besakoa, Tsongobory, Bekoake, Belimboka-Ampasy… Toutes les sources ou les canaux de ″Fokonolona ″ ont un nom. Le canal qui conduit les eaux vers Tsinjoriake et les zones de la périphérie de Tuléar dans le Nord porte le nom de ″Tabikandrazana Tsitambahy ″. Selon les explications locales, Tsitambahy était le responsable du creusement de ce canal. Le canal conduisant les canaux vers Bekoake s’appelait auparavant ″Darapy ″. Ce dernier porte le nom de ″Bevava Tsinjoriake ″. Comme nous venons de le souligner, toutes les ressources des canaux du ″Fokonolona ″ portent des noms connus par les habitants des ″Fokontany ″.

Photo n° 4 : Réaménagement du canal Tabikandraza de Tsinjoriake (novembre 2009). Les travaux sont généralement collectifs.

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Carte n° 4 : Le terrain de culture et les canaux d’irrigation Carte n° 5 : Le terrain de culture et les canaux d’irrigation

46 c) La gérance des eaux et canaux d’irrigation Le fonctionnement des canaux d’irrigation est conçu de la manière suivante : -tout d’abord, le canal Bevava ou canal public est sous la gérance d’une association paysanne, celle de ″BAS FIHERENANA CANAL BEVAVA ″ dotée de « quatre co-présidents dont trois adjoint et un président général. »22 La gestion des eaux de ce canal est rotative entre les Fokontany pour une période d’une semaine sauf pour le Fokontany de Miary. Ce dernier a eu le double (deux semaines environ) à cause du plus grand nombre de champs qu’il possède par rapport aux autres. -quant au canal ″Tabikandrazana ″, il est placé sous la gérance du ″Fokonolona ″ qui l’a créé. Ici, toute action de réparation d’un canal détruit est assurée par les habitants des Fokontany. Les travaux de réparation se déroulent en général dans la même période d’avant l’arrivée des pluies, c’est-à-dure entre octobre et novembre, et au mois de décembre, les canaux doivent être prêts pour la circulation des eaux. Toute absence d’un paysan lors des travaux est suivie d’une pénalisation locale. Ce paysan n’a pas le droit de recevoir les eaux d’irrigation sauf après versement d’une amande de 30 000 Ar (soit la somme de 150 000 fmg) au Fokonolona. Nous soulignons ici qu’au cours des travaux de réparation, le versement d’une certaine somme suppléant l’engagement physique d’un homme retenu par une occasion incontournable est acceptable aux yeux du Fokonolona après explication.

III. 3. 2. Une fertilisation inexistante et traitement phytosanitaire incomplet

En ce qui nous concerne ce domaine, nous allons observer l’utilisation des matières fertilisantes et sanitaires dans l’agriculture de la zone. a) Une fertilisation presque inexistante Tout d’abord, l’activité agraire de l’embouchure du Fihérenana, comme nous l’avons évoqué au départ, est une activité demeurée traditionnelle. Elle est donc intensive et occupe quasiment les mêmes espaces chaque année. De plus, la structure du relief ne favorise pas les recours à la jachère et limite les espaces exploitables. Déjà incapables de recourir à la jachère, les paysans-agriculteurs ne fument pas leurs champs en leur apportant des matières organiques et éléments fertilisants (engrais ( ″zezike ″). Pour ces agriculteurs, l’eau reste le seul et unique moyen d’assurer un bon développement des

22 RAKOTONDRALAMBO Roger Christian, L’impact des actions de développement agricole sur les paysans , p. 10. Adjoins (Mr. AVISOA: Behompy Bemia; Mr. FIRAISANTSOA: Bemia Miary; Mr. MANARISOA: Befanamy Belimboka). Président de fédération : Mr SOAMAHAY. 47 cultures, et donc des rendements satisfaisants. C’est là une agriculture en rapport étroit avec l’eau plutôt qu’avec d’autres éléments utilisés pendant la production cotonnière de la HASYMA. L’emploi des engrais était en faveur avec cette culture textile qui n’avait aucun lien avec les denrées alimentaires locales. Aux alentours de Belalanda et Befanamy, où l’emploi des engrais naturels comme celui des bœufs commence à fumer petit à petit les champs des cultures, la zone de l’embouchure n’est pas jusqu’ici affectée par les engrais chimiques. Ce seulement par l’emploi des insecticides au cours opérations de lutte antiacridienne que la région reçoit des produits chimiques. b) Le traitement phytosanitaire Ce traitement concernait surtout la culture du coton dont la société productrice, la (HASYMA), est actuellement en pleine crise. Quant à la production d’autosubsistance, l’apport des traitements phytosanitaires n’ait lieu que : -lors des semences du ″kabaro ″. Les paysans couvrent les trous recevant les grains de ce produit avec du Décis 17,5 ULV 23 mélangé de cendre de bois de chauffe. -lors d’une signalisation ou attaque acridienne qui sévit de temps en temps à la perturbation des cultures ; alors l’emploi des insecticides est de règle. Les fournitures de pesticides aux cultivateurs par l’Etat malgache à travers le CNA 24 sont ainsi destinées à lutter contre l’invasion des criquets. Pour mettre en action le programme antiacridien à travers l’île, deux centres ont été créés et baptisés aires grégarigène : +L’aire grégarigène Nord comprend la région Sofia (Antsohihy) ; +L’aire grégarigène Sud couvre les régions de Fianarantsoa, Ihorombe (Ihosy, Ilakake…) et les zones du Sud et Sud-ouest malgache, dont la zone du Fihérenana. Pour mener sa lutte, le CNA se lance en campagne du mois de novembre au mois de juin. Durant cette période, les insecticides sont prêts dans les postes de destination. Selon une remarque faite par le CNA, l’éclosion des œufs des criquets a lieu dès qu’il pleut. Une pluie moyenne suffit pour assurer l’éclosion tandis qu’une grande quantité de pluie ne la permet pas. Si les éclosions ont lieu, les interventions doivent également avoir lieu. A l’opposé, la période qui va de juillet en octobre est plutôt dite saison morte. C’est la période où tous ravitaillements des pesticides au niveau des postes ont lieu.

23 Ultra low volume=ultra bas volume. 24 Centre National Antiacridienne 48 b-1) Les types de produits utilisés Les produits employés par le CNA sont appelés produits de contact, et existent sous deux formes: 1) Produits de contact pour les couvertures totales : Ils existent sous forme liquide et en poudre. Exemple : Liquide + NURELLED + SUMICOMBI + CONFIDOR 0,10 ULV + DECIS 17,5 ULV Poudre + Under 5% produit des conséquences chez les utilisateurs même et est placé hors usage dans l’année 2009.

+ Sumi thiom 5¨% (5kg → 1ha de culture). + IGR : régulateur de croissance à base de champions, il n’est pas polluant mais agit avec lenteur. 2) Produits de contact pour les couvertures de barrière +FIPRONIL (Adonis) 7,5 ULV : il tue les abeilles et les fourmis. Il sera mis hors usage à commencer de 2010. Afin de diminuer éventuellement les luttes chimiques qui, parfois, sont nuisibles à la santé humaine comme avec poudre Under 5%, le Phéromone a été introduit, c’est un produit destiné à une forme de lutte biologique. b-2) La campagne antiacridienne Dans son programme, le PLPA 25 est financé par la BAD 26 pour le renforcement de la capacité du CNA que ce soit en moyen matériel, en formation ou en personnel. Cette campagne antiacridienne se résume à l’aide du schéma suivant

25 Projet de Lutte Préventive Antiacridienne . 26 Banque Africaine de Développement . 49

Schémas n° 2 : Direction antiacridienne

DIRECTION (CNA)

DAF DTO DPE

Département Département Département Administratif et Techniques Partenariat et Financier Opérationnelle Environnement

Zone antiacridiennes (7 zones)

Poste (23 postes)

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Chapitre IV : Typologie des cultures et des produits champêtres

IV. 1. Les différentes cultures vivrières

Un trait commun à l’ensemble des pays en voie de développement se rencontre dans la zone de l’embouchure du Fihérenana : un champ de culture y est destiné à produire à la fois des graines, des légumes, des tubercules et des fruits. Il associe donc des cultures dont la maturité succède avec celle des cultures pérennes, ou tout au moins des cultures vivaces.

IV. 1. 1. Les tubercules

Composées surtout de manioc et de patate douce, les plantes à tubercules de l’embouchure du Fihérenana renferment différentes variétés.

IV. 1. 1. 1. La culture du manioc

Cette culture demeure à l’heure actuelle parmi les plus exploitables dans la zone. Elle comprend plusieurs variétés connues localement sous les noms suivants : Sarigasy , Tsitakatsaomby , longo asara , mangononoke . La variété de Sarigasy est celle dont le cycle végétal est court et ne dure moins d’un an (6 mois à 1 an). Quant aux autres variétés, elles peuvent accomplir leur cycle végétatif pendant une année et plus. C’est le cas, par exemple, du mangononoke , qui peut donner jusqu’à plus de 4 tonnes des tubercules à l’hectare. Cette variété est cultivée dans la région mais elle doit subir l’assèchement et non la vente directe car elle est très amère. Il y a également le sarilombiry et le koratsake . Parmi ces variétés, le sarigasy reste la plus appréciée par les habitants du lieu, notamment en raison de son cycle végétatif, qui permet par ailleurs permet la libération des sols dans un délai très court, avantageant les autres cultures. Dans la zone d’étude, la culture du manioc se développe avec vivacité dans la partie qui commence aux abords du côté droit de la RN9 vers la région couvrant les communes rurales de Miary et de Mitsinjo-Betanimaena. C’est dans cette partie que toutes les différentes variétés de maniocs citées poussent sans difficulté. C’est d’ailleurs la région des baiboho à dominance des sols bariaho . Dans la partie opposée et faisant face à la mer, ces variétés existent, mais Leur développement n’est pas partout comparable à celui qui couvre les alentours de Bekoake et Tsinjoriake. Les sarclages sont continuels au cours du développement des cultures quand apparaissent des végétations naturelles dans les champs. Cette tâche est généralement tenue par les hommes qui peuvent recevoir des aides de leurs femmes et des membres de la famille selon 51 l’étendue des champs. Il y a aussi la pratique du kibaroa qui est une aide rémunérée procurée de l’extérieur ou de l’intérieur, venant des proches parents.

Photo n° 5 : La culture du manioc en saison sèche. Les conditions climatiques ont réduit le feuillage. IV. 1. 1. 2. La culture de patate douce

Elle est la deuxième culture de tubercule. Plantée sur des sols bariaho ou vilo (tany bariaho ou tany vilo ), les boutures des lianes sont toujours accompagnées de sarclages. Ces derniers sont répétitifs suivant le cycle végétatif de la culture. Cette culture occupe certaines places des baiboho et même les zones du lit du Fihérenana qui sont abandonnées par les écoulements, c’est-à-dire entre la digue et le lit actuel. Elle figure parmi les cultures qui se développent très bien dans l’Ouest de la route nationale neuf (RN9), avant le pont de Belalanda. Comme la culture de manioc, la culture de la patate douce est composée de plusieurs variétés: + Le riso : écorce rouge et intérieur un peu jaunâtre (d’un cycle végétatif de 4 mois), + Tsiroa vola : à cycle végétatif de 3 mois et plus, +Saribalahazo , menaloha , sarigasy , rebijy , retotsy (3 à 4 mois).

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Photo n° 6 : Culture de la patate douce sur la rive gauche du Fihérenana dans un champ de Belalanda.

IV. 1. 2. Les cultures des légumineuses

Il s’agit des cultures dicotylédones cultivées dans la zone de l’embouchure. Elles sont surtout composées de kabaro (pois du cap) et lojy …. Ce sont les principales espèces à cotylédons qui sont exploitées en masse. Il y a aussi l’antake, mais son exploitation n’atteint pas celle des deux premières cultures ( ″kabaro ″ et ″lojy ″). Après les labours et les semences, les sarclages se précèdent durant tout leur cycle végétatif. Ces sarclages sont répétitifs selon le rythme du développement des herbes considérées comme nuisibles aux cultures. Le kabaro est ensemencé dès la fin des pluies d’été qui arrosent le sol. L’humidité du sol favorise la germination des graines et assure un meilleur développement des plantes. L’ensemence se passe au milieu du mois de mars (10 à 20 mars). Durant cette période, la culture de manioc et de maïs sont en état végétatif. La germination du kabaro se trouve ombragée par ces cultures dans certains endroits du baiboho . Mais pour d’autres, la germination se fait en plein air, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas cultivées sous l’ombrage d’autres cultures. Dans les zones des bordures du fleuve, là où la culture du maïs est dominante, kabaro et lojy se mêlent également. 53

L’ensemencement du lojy se passe généralement à la même période que celui du kabaro . Ils sont mis en terre sur des sols bariaho et sont accompagnés de sarclages répétés durant leur croissance. Les deux cultures kabaro et lojy connaissent la même période de semence, mais s’opposent par leurs cycles végétatifs. La première culture a un cycle végétatif de 8 mois et plus ; par contre, la seconde culture l’a de 5 à 6 mois. La fin des cycles végétatifs de ces cultures est accompagnée par des récoltes qui s’enchainent du mois de juillet et aux mois août à septembre, respectivement des lojy et kabaro .

IV. 1. 3. La culture de la céréale

Dans la zone de l’embouchure du Fihérenana, il s’agit surtout de la culture du maïs. C’est une culture qui se pratique continuellement au cours de l’année. Il y a une culture qui se fait durant l’été austral et une autre de contre-saison. Le maïs de l’été est celui qui est cultivé pendant la période de l’été austral où les pluies semblent suffisantes. Il est mis en terre à la fin de novembre et au début de décembre, les germinations se déclenchent et bénéficient dans la plupart des cas des pluies de décembre. Ces dernières favorisent leur développement et leur cycle végétatif ne dure que trois mois environ. Le maïs de contre-saison est cultivé pendant l’hiver austral et ne bénéficie que l’humidité atmosphérique de l’air ainsi que des rosées. Ces dernières sont localement appelées ando . Comme la culture des tubercules, la culture du maïs présente aussi des variétés. Elles sont de longue ou courte durée selon qu’il s’agisse du ″Betohake ″ (4 mois et plus), ″Tsakogasy ″ (3 mois et plus) ; ″Tsiroavola ″ (2 mois et plus). Le maïs de contre-saison le plus apprécié est la variété ″Tsiroavola ″ car il accomplit son cycle végétatif rapidement. Le maïs d’été peut produire jusqu’à 15 charrettes de produit frais à l’hectare tandis que celui de contre-saison donne de 1 à 3 charrettes à l’hectare.

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Photo n° 7 : Le maïs Tsiroavola de contre saison. Les cultures sont toujours minces et donnent des épis en faible quantité.

Tableau n° 8 : Période de semences et des récoltes des principales cultures dans l’embouchure du Fihérenana.

Mois. J F M A M J J A S O N D Types de cultures Kabaro δδδδ

Manioc δδδδ Lojy δδδδ Bele δδδδ

Maïs δδδδδ δδδδ

δδδδ : Période de semences. ; : Cycle végétatif. : Début de récolte ou période de récolte.

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Tableau n° 9 : Saison et principales activités traditionnelles

Activités EPOQUE DE L’ANNEE

Mi-décembre, janvier à Avril à juin Juillet à septembre Octobre à mi-décembre mars Limberano Asotry Faosa Agriculture litsoke ou saison de Contre saison précoce La saison fraiche. La saison plus chaude. pluies qui remplace la saison La chaleur est nécessaire de pluies. pour certaines plantes irriguées

Tsirin’akata Lovokahitse Forehitse Là où l’herbe est verte Jusqu’à mi-août Dépérissement des Elevage et tendue . Les graines sont à maturation . graminées : à ″paille sur pieds ″.

Atsotry Fara Fara rano Litsake Saison froide meilleure Transition Pêche Transition Cyclones et pluies . conservation des produits de la mer Source J. M. HOERNER : La géographie du Sud-ouest de Madagascar

IV. 2. Les autres formes des cultures locales

De types très variés, les autres formes des cultures locales englobent les arbres fruitiers et certaines graminées.

IV. 2. 1. Les fruitiers -Les manguiers Ils sont des végétaux des zones chaudes qui appartiennent à la famille des térébinthacées. Ce sont des plantes cultivées dans les baiboho , dont les fruits sont toujours annuels. Ces fruits constituent une autre part des produits récoltés localement. Les manguiers sont espacés avec un feuillage couvrant une zone bien déterminée selon la taille de l’arbre. Ils constituent sont en fait la végétation la plus grande des ″baiboho ″ des zones de l’embouchure. - Les agrumes Ils comprennent les citronniers, orangers ; ces derniers sont en nombre moins élevé par rapport aux précédents, c’est-à-dire que ces types de cultures sont moins développés dans cette 56 zone. Ils sont de très moindre importance que toute autre culture locale de telle sorte qu’il est même difficile de les distinguer. Dans la zone, il n’existe que quelque plantes d’agrumes.

- Les papayers Quelques plantations de papayers s’observent dans le village de Bekaoke et dans les baiboho de Tsinjoriake tandis que dans les fokontany cette culture ne se développe pas à cause de la texture du sol. Nous soulignons ici que ce type de culture y est en très faible quantité dans les environs des deux fokontany de la rive gauche du Fihérenana.

- Les bananiers La culture du bananier fait partie des cultures adoptées par la population locale. Seulement, cette culture n’est vraiment pas développée dans la zone. C’est une culture qui a besoin d’eau en permanence. La rupture en eau ne doit pas durer pendant un nombre de jours élevé. Sinon, cette culture ne supporte pas les conditions climatiques en place, elle se fane avec jaunissement du feuillage et meure. On trouve quelques bananiers dans le village de Bekoake au bord du canal d’irrigation. Il y a quelques plantations sur la zone située du côté de la rive droite du fleuve entre Belalanda et le bord du fleuve. Leur développement s’oppose à celui des bananiers de Bekoake. - Les goyaviers Ils appartiennent à la famille des myrtacées. Ils sont représentés dans cette zone par quelques arbustifs dans les lieux de cultures de la rive gauche. On peut même en observer en prenant la route de cette rive gauche vers Miary. Ils se localisent sur la bordure routière entre les champs de culture. Dans cette partie, les goyaviers se mêlent avec quelques manguiers et d’autres végétaux. L’ensemble forme une barrière qui protège les champs de cultures.

IV. 2. 2. Les cucurbitacées

Elles appartiennent aussi à la famille des plantes dicotylédones à fortes tiges rampantes et à gros fruits. Elles sont cultivées sur la zone de l’embouchure surtout pendant l’été austral, qui leur permet d’accomplir leur cycle végétatif d’une très courte durée. Elles sont formées par des mêlons et des pastèques. Ces produits sont localement connus par les noms de taboara , voamanga , et vatango . 57

Hors de l’été austral, c’est-à-dire pendant l’hiver, ces cultures ne poussent pas et même si elles poussent, elles ne se développent dans des conditions normales et ne donnent aucun fruit. C’est là une culture mise en valeur sous les autres plantations et en certains endroits d’aménagement difficile pendant l’été austral. Elle disparaît dès que les eaux imbibant les sols s’évaporent.

IV. 2. 3. Le canne a sucre

Cette culture est mise en œuvre par les paysans zonaux. Elle est plantée par la bouture terminale de sa tige. Sur des sols épuisés, la culture se fait adapter pour couvrir la jachère. Mais avant toute poussée, le mélange avec d’autres cultures est possible. Le désherbage a lieu dès que l’herbe couvre l’endroit. Cette culture prend beaucoup de temps par rapport aux autres pour occuper l’espace qui lui est consacré. Les récoltes s’effectuent pour la vente sur les marchés ou pour la fabrication de l’alcool local ( toaky gasy ). Ce dernier est utilisé traditionnellement dans les manifestations culturelles des habitants. Ici, nous soulignons que la vente de la canne à sucre sur les marchés se fait dans la plupart des cas par tige (150 tiges par charrette et une tige vaut 200 Ar). La vente destinée à la transformation en toake , la charrette contient 140 tiges coupées en morceau au prix de 50000 Ar.

Photo n° 8 : La culture de la canne à sucre au bord routier de la RN9 à quelques mètres du pont de Belalanda.

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IV. 3. Les récoltes

Comme nous avons vu que les semences ne se déroulent pas dans la même période de l’année, les récoltes ne s’effectuent pas non plus même moment. Celles-ci dépendent du cycle végétatif des cultures ainsi que son. Dans notre zone d’étude, il existe différentes récoltes : les récoltes familiales ainsi que celles des collecteurs ( panao kinanga ) et les récoltes des locataires et des préteurs.

IV. 3. 1. Les récoltes familiales et celles des collecteurs

Au cours des récoltes, les membres des familles paysannes se rassemblent et effectuent ensemble les travaux de leurs champs. Nous précisons qu’il ne s’agit pas de familles larges mais de celles comprenant les parents à leurs enfants. Pendant ces travaux, par exemple la récolte du manioc, les garçons se chargent d’effectuer les déterrements des tubercules. Les femmes et les jeunes filles les groupent dans un même endroit. Les tubercules sont tassés selon leur taille. Les tas sont aménagés en divers points du champ des cultures pour les collecteurs. L’acheminement vers les villages ou dans les maisons se fait par l’homme ou par la charrette. Ce dernier moyen est le plus utilisé par les paysans ou les collecteurs lors des récoltes. Quant aux récoltes des collecteurs ( panao kinanga ), elles se déroulent de la façon suivante : les intéressés peuvent acheter directement les tubercules d’un champ de manioc non déterrées. Dans ce cas, il leur appartient d’effectuer eux-mêmes leurs récoltes, sans l’intervention des cultivateurs. La somme peut être versée avant ou après les récoltes des collecteurs.

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Photo n° 9 : Récolte du manioc à Bekoake effectuée par une dame (Mpanao kinanga ou collectrice). Cette dernière payera après la vente. IV. 3. 2. Les récolte des locateurs et préteurs.

Dans la zone d’étude, toute action de récolte entre propriétaires et locateurs ou préteurs se passe ainsi : Avant d’effectuer les récoltes, le partage entre ces personnes est nécessaire. Le propriétaire peut recevoir sa part de récoltes à l’état brut, c’est-à-dire qu’il reçoit sa part directement dans le champ et qu’il appartient de faire ses récoltes ; ou bien il reçoit une part de somme versée par le préteur ou les locateurs après la vente. Nous avons affirmé que ce système est rarement employé dans l’embouchure du Fihérenana. Il est appliqué par les nouveaux venus qui, sans travaux ou autres activités économiques, se procurent un moyen de subsistance locale. Avec ce système, les cultivateurs se transforment en collecteurs pour transporter leurs produits sur les marchés urbains. Cela leur permet de rehausser leur part en délaissant le marché communal considéré comme moins bénéfique pour les vendeurs.

IV. 4. Transport et commercialisation des denrées alimentaires

Après les travaux de récoltes, se suivent deux phases très distances : le transport et le commerce. Ce sont des étapes très importantes, comme la production traditionnelle, pour les agriculteurs de cette zone située à proximité de la capitale provinciale de Tuléar. A l’aide des différents moyens de transports, les habitants s’engagent pour l’approvisionnement des marchés urbains. Avec une demande croissance de la zone urbaine de Tuléar, les paysans producteurs ont beaucoup de mal pour pouvoir stocker quelques produits 60 pour couvrir la longue période de soudure, qui couvre le temps de la semence jusqu’à une nouvelle récolte. Seule une petite part des pois, comme le kabaro , est mise à l’état de conservation, alors que dans la plupart des cas, les semences de nouvelle récolte même s’achètent.

IV. 4. 1. Le système de stockage

D’après nos enquêtes sur terrain, les marchés urbains qui sont des marchés périphériques de l’embouchure du Fihérenana ne facilitent pas du tout la tâche de stockage. Les paysans vendent presque toutes leurs productions et seules quelques denrées alimentaires sont stockées. Il s’agit principalement des légumineuses comme le kabaro , l’ antsoro ou un peu du maïs. Le peu de produit stocké ne peut même pas couvrir une grande partie de la période de soudure, période où les paysans se mettent à semer et à sarcler leur champ en attendant une prochaine récolte. En fait, les paysans ne sont pas enclins au stockage, ils sont fortement attirés par la vente. Pour le peu de produits à stocker, les producteurs font recours au séchage sous exposition au soleil. Ces produits sont mis à l’écart dans un coin de la maison non exposé aux phénomènes qui pourront déclencher leur germination ou leur pourriture.

IV. 4. 2. La commercialisation des produits agricoles

La transaction de denrées alimentaires se déroule au niveau du marché local de la commune rurale de Belalanda et des marchés urbains de Tuléar. Ils constituent les principaux pôles de destination de ces produits. Ces derniers, par le biais de l’homme, des charrettes des zébus et des véhicules automobiles sillonnant cette zone rurale, sont transportés sur les lieux de ventes où se réalisent les échanges directs entre vendeurs et consommateurs.

IV. 4. 2. 1. Le transport

Comme nous venons de le souligner, les moyens de transport vers les lieux des transactions sont différenciés dans cette zone périphérique de la ville. a) Le transport effectué par l’homme À l’aide de leur force, certains habitants périphériques transportent eux-mêmes leurs produits vers les marchés urbains. Ils quittent leurs villages de très bon matin en groupe de quelques personnes pour arriver en ville à des heures précises. Ce genre de transport est de peu de poids pour la population urbaine mais cela apporte un peu de revenu pour les paysans de la 61 périphérie. Ces habitants peuvent se faire aider de leurs enfants capables de transporter une part des marchandises sur ce trajet. b) Les transports des charrettes La grande partie des transports effectués dans cette zone vers la ville se fait grâce aux charrettes à bœufs. Ces dernières transportent une quantité importante des produits agricoles à destination des marchés urbains (tubercules, légumineuses et céréales (maïs)). Il est à noter ici que tout transport d’un produit, quel qu’il soit, dépend de sa période de récolte. Pendant la récolte du manioc, par exemple, les collecteurs ( panao kinanga ) louent des charrettes pour transporter leurs produits en ville. Il en est de même pour les autres productions locales. Cela permet aux propriétaires des charrettes de s’offrir du travail et donc un peu de revenu. Les charrettes transporteuses quittent aussi les villages de bon matin et ne rentrent qu’après avoir déchargé les produits sur les lieux de destination. Au moment du retour, elles peuvent apporter de nouveaux produits à destination des commerçants locaux. Ainsi, ces charrettes, dont les frais bas par rapport à ceux des autobus, facilitent les transports des marchandises au profit des paysans périphériques.

Photo n° 10 : Récolte familiale du kabaro dans un champ à Tsinjoriake. Le transport se fait par charrette des zébus pour entrer au village.

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c) Les transports des véhicules automobiles Les autobus et les camions circulant dans la zone constituent le troisième moyen de transport des produits ruraux vers les marchés urbains. C’est le moyen le plus rapide de déplacement vers la ville par rapport aux autres cités ci-dessus, même si les circuits de transport ne sont pas encore bitumés. Cela reste en fait un vrai handicap car pendant la période des pluies, les autobus ne parviennent pas jusqu’aux villages. Il s’agit surtout des villages de Tsinjoriake, Bekoake et de Belitsoke-Tanindraza. Mais quant aux Fokontany restants, il suffit à leurs habitants de se mettre au bord de la RN9 pour trouver une voiture prête à acheminer leurs produits vers les marchés urbains.

IV. 4. 2. 2. La vente des denrées alimentaires

Les principaux pôles de vente des denrées alimentaires sont les marchés urbains de Tuléar. Au marché de la commune rurale de Belalanda, les produits alimentaires exposés à la vente forment une petite partie des productions locales. La majorité des paysans-producteurs et des collecteurs se tournent vers les marchés urbains dont la clientèle est en massive par rapport à celle du marché communal de Belalanda. La commercialisation des produits alimentaires est une phase importante pour les paysans locaux et les vendeurs des marchés. C’est l’activité par laquelle les paysans se procurent des sommes d’argent destinées à satisfaire leurs besoins. a) Le commerce des paysans Avant d’effectuer les récoltes, les paysans peuvent se réserver un ou des collecteurs pour leurs productions. Ceux-ci peuvent être des collecteurs venant des zones périphériques ou urbaines ou encore des paysans eux-mêmes. La vente des produits se fait alors de la manière suivante : les collecteurs-propriétaires rassemblent les produits alimentaires et vendent directement auprès des marchands sur les marchés urbains. Ces marchands achètent en gros directement les produits par charrette ou par tas. Les collecteurs de la périphérie peuvent être des collecteurs venant de la ville ou des régions environnantes. Ils achètent directement dans les lieux de culture et ravitaillent d’autres vendeurs des marchés urbains. Les mesures employées par les paysans varient selon les circonstances, par exemple le sac le tas ou encore la charrette pour le riz. Mais, parmi ces mesures, celle du tas est la plus couramment utilisée dans la zone, surtout pour les tubercules. Les autres mesures (sac ou charrette) ne sont pas tellement utilisées 63 car beaucoup des collecteurs craignent qu’elles conduisent rapidement à la perte. Pour ceux-ci, le tas est préférable à tout autre instrument de mesure. Dans la vente, les tubercules sont classés selon leur volume par les cultivateurs. Ces derniers les disposent ensuite en tas dont les prix varient généralement selon la qualité des produits. On peut avoir les prix de 200 Ar et de 400 Ar dans la zone des champs. A titre de comparaison, ces prix des zones urbaines ne sont que le double de ceux des zones rurales, c’est-à-dire qu’un tas de 200 Ar dans les milieux ruraux passe à 400 Ar sur le marché urbain et celui de 400 Ar passe à 800 Ar. b) Le commerce des collecteurs Après avoir reçu les produits alimentaires, les collecteurs revendent à d’autres marchands domiciliés en ville. Pour vendre, les collecteurs usent des mêmes mesures que les paysans. Ils effectuent parfois eux-mêmes la vente de ces produits sur les places des marchés urbains dans le cas ou les acheteurs en gros ne s’annoncent pas. Il existe des collecteurs travaillent en équipe. Certains d’entre eux achètent des produits dans les zones rurales et ravitaillent leurs compagnons de la localité urbaine. Ces travailleurs en équipe ont en général des liens proches ou sont de proches parents. Nous signalons par ailleurs que les collecteurs possèdent une clientèle fidèle dans le milieu urbain et ne perdent pas de temps. Ils livrent directement à leurs clients les produits apportés et la somme issue de leur vente se collecte en quelques heures ou au moment même de la livraison. c) Les vendeurs sur les marchés Sur le marché local de Belalanda, l’exposition des denrées alimentaires des paysans existe mais en quantité très faible. La raison en est simple : les paysans ne s’intéressent pas beaucoup à la vente locale car elle rapporte peu de bénéfices et de plus, la clientèle y est maigre par rapport à celle de la zone urbaine. Sur les marchés urbains, les vendeurs des produits ruraux sont diversifiés. Comme nous l’avons déjà fait remarquer, parmi ces marchands urbains des produits ruraux figurent les collecteurs ruraux. Ceux-ci deviennent vendeurs sur les marchés s’ils n’ont de relations étroites avec des livreurs ou s’ils ne sont pas liés à des acheteurs-grossistes. Il y a également ceux qui ré-achètent et revendent sur les marchés. A cette catégorie de vendeurs, s’ajoutent les vendeurs des aliments cuits dans les quartiers et sur les bords routiers et aux alentours des marchés mêmes de la ville de Tuléar.

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Schémas n° 3 : Commercialisation des produits ruraux

Paysans-commerçants.

Collecteurs Exportateurs des produits Consommateurs ruraux ( kabaro « pois du (Panao kinanga ) locaux (ruraux) cap »)

Commerçants sur des Vendeurs d’aliments cuits marchés urbains

Acheteurs sur les Consommateurs directs marchés urbains des aliments cuits

Avant d’être exposées et vendues sur les marchés local et urbain, les denrées alimentaires passent par différents vendeurs. D’abord, les cultivateurs approvisionnent les collecteurs (ou panao kinanga ) en produits agricoles. Les collecteurs sont des receveurs ou vendeurs sur les marchés urbains. Là, les produits alimentaires disposés sur les lieux des marchés sont prêts pour la masse des consommateurs ou d’acheteurs. D’autres paysans vendent sur le marché local, mais leur part de bénéfices reste très faible car le nombre d’acheteurs est réduit. Cela assure seulement les échanges entre cultivateurs, pêcheurs et passants. De plus, beaucoup des paysans préfèrent plutôt vendre sur les marchés urbains que le marché communal dont la clientèle est limitée. Ce qui cause la limitation de la clientèle rurale est lié à la paysannerie dominante des habitants locaux et leur choix de la ville contribue énormément au non attraction du marché communal de Belalanda.

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TROISIEME PARTIE

ATOUTS, OBSTACLES DE L’AGRICULTURE ET SOLUTIONS ENVISAGEES 66

Chapitre V. avantages et obstacles de l’agriculture

L’agriculture du monde reste toujours productrice dans certains endroits selon les techniques que s’empruntent les agriculteurs spécialisés. Dans les pays à sciences modernes élargies et conçues par les métissages des hybrides, les cultures deviennent de plus en plus industrielles, avec une production équilibrée. Par contre, dans les pays aux techniques antiques ou domestiques, la production reste faible devant celle des pays riches. Cependant certains avantages existent, mais les obstacles auxquels se heurtent les paysans au sein de cette activité deviennent plus variés.

V. 1. Les avantages de l’agriculture

« Au sens absolu du terme, une agriculture de subsistance est une agriculture d’économie naturelle et ne comportent pas d’échanges de produits »27 Cette appellation peut également être attribuée « aux économies qui consacrent plus de deux tiers de leur sol et du travail à des productions d’autoconsommation »28

Les paysans occupent la zone de l’embouchure du Fihérenana passent la plus grande partie de leur temps de travail dans l’activité agricole. Il est certain que les résultats sont dans l’ensemble peu satisfaisants, mais ils permettent de couvrir un peu les besoins alimentaires zonaux. Ils avantagent aussi les agriculteurs car les économies issues de ce métier se différencient d’une activité à l’autre.

V.1. 1. L’agriculture, un moyen de substance locale

Destinée à la production des denrées alimentaires, les cultures vivrières occupent beaucoup d’habitants. Plus de 80% de la population se consacrent à cette activité, elle peut donc être qualifiée d’économie de substance rurale. Elle constitue à la fois une source alimentaire et une source économique.

Bien sûr, l’aliment de base est ici, comme pour tous les Malgaches d’ailleurs, le riz qui est, dans cette plaine, inaperçu pour la raison que la culture de ce produit y est interdite ( fady ).

27 Pierre GEORGE : Précis de géographie rurale , p. 159. 28 Ibid. 67

Les autres cultures, dont il a été question dans le quatrième chapitre, assurent une partie de la subsistance. Ici, la production en tonne est quantitativement, mais elle ne couvre qu’une très courte période de l’année, plus précisément la période où s’effectuent les récoltes. Durant cette période, les produits cultivés servent bien à la consommation des familles paysannes. Cela ne concerne qu’une petite part de la production car la majeure partie est destinée à la vente sur les marchés urbains de Tuléar. Nous citons le cas du manioc, de la patate douce, du maïs, qui couvre la consommation juste pendant la période des récoltes.

Les sommes obtenues par la vente des produits entrent aussi dans la consommation mais de la période de soudure où aucune récolte ne s’effectue encore.

Tableau n° 10 : La quantité des produits destinés à la vente et à la consommation familiale Types de Production Quantité d’autoconsommation Quantité cultures /hectare commercialisée Manioc 8 à 10 charrettes 2 à 3 charrettes 6 à 7 charrettes (2,4 à 3 tonnes (0,6 à 0,9 tonnes) (1,8 à 2,1 tonnes) Maïs 8 à 10 charrettes 2 à 3 charrettes 6 à 7 charrettes (1,6 à 2 tonnes) (0,4 à 0,6 tonnes) (1,2 à 1,4 tonnes) Patate douce 8 à 10 charrettes ½ à 1 charrette. 7 à 9 charrettes (2,4 à 3 tonnes) (0,15 à 0, 3 tonnes) (2,1 à 2,7 tonnes) Source : Bakary, 2007. Nous remarquons que sur ce tableau la part la plus importante de la production est orientée vers la commercialisation, tandis qu’une petite part est destinée à la consommation familiale. Prenons le cas du manioc. Une famille peut produire jusqu’à 10 charrettes en moyenne et se contente d’en consommer 2 à 3 charrettes. Le reste de la production est vendu pour les biens de nécessité ou des soins médicaux et les organisations traditionnelles.

Outre les cultures vivrières, les cultures commerciales poussent dans la zone et contribuent pour une part à la consommation locale. Il s’agit de la culture de la canne à sucre et surtout du pois du cap. Cette dernière connaît des problèmes d’exportation entre 2007 et 2009. Cela a fait reculer la production désormais destiné uniquement à la consommation du pays. Cela a fait chuter les prix de ce produit de 1000 à 300 Fmg le gobelet.

V. 1. 2. La production agricole, source des travaux

L’activité agricole comprend un certain nombre des travaux variables. Allant des manuels aux commercialisations, ces travaux débutent dans les champs de production. Durant la première phase des travaux, les agriculteurs manient leurs outils si différenciés dont le plus 68 remarquable est la bêche. Les travaux se poursuivent jusqu’à la période de récolte. Cette dernière s’accompagne de la commercialisation qui se déroule localement et dans les zones urbaines. Beaucoup de personnes trouvent du travail par cette activité, dont les dockers. Ainsi, par le biais des collecteurs, des charretiers et des dockers, des produits sont brassés de diverses manières et les travaux se multiplient pendant la production rurale. Quant aux vendeurs locaux et urbains, ils continuent à exercer le job de la commercialisation sur les marchés, alors que les hôteliers spécialisés ou des bords routiers trouvent aussi satisfaction par l’achat et la vente des aliments cuits dans les endroits différenciés de la ville.

Photo n° 11 : Le désherbage d’un champ du kabaro sur les berges du Fihérenana par un homme payé en fin de la semaine ( ″kibaroa ″). V. 1. 3. L’agriculture, source de revenue L’économie de l’embouchure du Fihérena est basée sur le secteur primaire dont les principales activités sont la pêche, l’agriculture et l’élevage.

L’exploitation des cultures figure parmi les grandes sources de revenus pour les paysans local et régional du bas-Fihérenana. Les moissons sont suivies par la commercialisation des produits dont les agriculteurs tirent leurs revenus selon la récolte effectuée. 69

Le tableau suivant résume ces diverses données. Il comporte quelques types de cultures et leur prix. Ici, nous voulons mettre en évidence ce que peut gagner une famille d’agriculteur dans une année. Toutes les récoltes sont réalisées une fois dans l’année avec une bonne production.

Tableau n° 11 : Quantité de produits commercialisés en moyenne d’unité de valeur (Ar)

Types de Unité vendue Prix/unité de valeur Revenu produits moyenne Manioc 10 charrettes 50 000 à 60 000 500000 à 600000 Maïs 10 charrettes 40 000 à 50 000 400000 à 500000 Patate douce 7 à 8 charrettes 50 000 à 60 000 500000 à 600000 Kabaro 12 sacs de 50kg 16 000 à 20000 192 000 à 240000 Mangue mure .3 à 4 charrettes 40 000 à 50 000 120 000 à 200 000 Total 30 à 32 charrettes 1712000 à 2140000 12 sacs de 50kg A partir de ce tableau, nous remarquons que dans une période de bonne production, une famille d’agriculteur gagne en moyenne 500 000 à 600000 Ar sur le produit du manioc ou de la patate douce. Pour le maïs, la valeur est de 40 000 à 50 000 Ar et le kabaro 192 000 à 240 000 Ar. En observant le total des moyennes, nous trouvons 1712000 à 2140000 Ar, qui n’englobent que les cinq types de produits identifiés.

Donc, une famille peut gagner au moment favorable plus de somme que ces moyennes sans compter ce que peuvent rapporter les autres cultures (cucurbitacées…) ni les dépenses effectuées au cours de l’activité.

Dans une année de catastrophe naturelle (sécheresse, cyclone), les récoltes restent très réduites. La diminution des récoltes peut causer beaucoup de problèmes locaux et externes. Non seulement la faible production pourra s’ensuivre mais les revenus des paysans baissent et le « kere » gagne du terrain.

Tableau n° 12 : Produits vendus et profits d’une famille au cours de la disette Types de produits Unité vendue Prix/unité/Ar Revenu

Manioc 3 à 4 charrettes 50 000 à 70 000 150 000 à 300 000

Maïs 3 à 4 charrettes 50 000 à 60 000 150 000 à 240 000

Patate douce 2 à 3 charrettes 50 000 à 60 000 100 000 à 180 000

Total 8 à 11 charrettes 400 000 à 720 000 70

Nous remarquons d’après ce tableau que pendant la période de disette, les prix sont gonflés et la quantité vendue est très faible. En considérant les trois produits, on s’aperçoit qu’une famille reçoit 400 000 à 720 000 Ar au cours d’une année. Elle peut parfois même gagner moins si les ravageurs ou des parasites destructeurs des cultures apparaissent.

V. 2. Les obstacles de cette agriculture

« Les difficultés naturelles pèsent donc très lourd sur les paysanneries du tiers monde, en raison surtout de la faiblesse de leur équipement »29 .

Dans l’embouchure du Fihérenana, deux principaux problèmes affectent les cultures. Il s’agit de la nature sableuse des sols et de l’aridité du milieu, source de déficit en eau. Ces sols facilitent la percolation qui alimente la nappe phréatique, ce qui pose donc beaucoup de problèmes aux cultures et à la végétation régionale qui s’adapte en forme xérophile. Les obstacles ne se limitent pas aux deux facteurs qui viennent d’être évoqués mais d’autres phénomènes s’affichent également dans ce domaine.

V. 2 .1. Un espace arable limité

Avant la colonisation de l’île, l’espace agricole du bas-Fihérena suffisait largement aux autochtones pour la pratique simultanée des cultures vivrières et de l’élevage. Pendant la colonisation, avec la mise en valeur des cultures d’exportation, notamment du pois du cap, l’élevage est mis à distance et poussé vers le Nord de la rive droite. L’espace est consacré pour l’agriculture qui se poursuit jusqu’à nos jours. Mais, avec la démographie croissante qui touche l’ensemble de l’île, et donc de cette zone, l’espace arable se réduit d’une descendance familiale héritière à une autre.

L’exigüité de la rive droite pousse les occupants locaux à se concentrer dans cette rive gauche qui est encore sur-occupée par l’activité productive. De plus, la rareté des pluies ne permet pas à la population locale de faire adapter à ces petits versants et à ces zones soulevées des types des cultures pluviales ou au moins temporaires.

Ici, un champ de culture est réduit à quelques mètres carrés et ceux qui travaillent sur un hectare et plus (1 ha et plus) forment un petit nombre actuellement dans cette zone.

Cette situation devient de plus en plus difficile car l’augmentation rapide de la population joue un rôle considérable dans la dégradation de la flore zonale. De plus, la

29 J. M. Hoerner en citant Y. Lacost (1976), P. 56 71 réduction des espaces mis en valeur agricole continue du fait que le nombre des cultivateurs croit d’année en année.

Les facteurs climatiques (sécheresse, effet de foehn, températures élevées…) ne favorisent nullement l’élargissement de cet espace cultivable. Ils rendent plutôt la situation difficile parce que les superficies occupées stagnent dans les zones du bas Fihérena.

V. 2. 2. Les conditions climatiques

Pour accomplir son cycle végétatif annuel, une plante a besoin d’une somme de calories solaires et d’une certaine quantité d’eau. Son développement n’est possible que dans la mesure où les conditions évoquées sont réunies ; mais des seuils critiques sont infranchissables : des températures létales, un excès d’eau en permanence pour le sol et une pénurie prolongée à ses besoins en eau ne sont guère insupportables par la végétation.

Or, ce domaine littoral du Sud-ouest malgache connaît un climat de type semi-aride et chaud. Ce domaine colonisé par une végétation xérophile, le bush et les épineuses témoignent la rareté et l’insuffisance des pluies qui restent toujours faibles. Tout cela porte donc atteinte à l’agriculture zonale et régionale.

Avec un indice d’efficacité de la saison humide (Ish), inférieur à 3, voire à 1 à partir de Tuléar vers le Sud, la forte humidité relative supérieure à 65% alimente la rosée matinale (ando ). Cette dernière est très importante pour les cultures pluviales telles que les maïs (comme le tsiroavola à court cycle végétatif) puisque la sécheresse reste toujours dominante. L’ensemble des facteurs climatiques sévissant dans la région rend difficile la situation pluviométrique, ce qui défavorise les cultures et explique en partie la faible production. Car, « L’air de croissance de chaque plante se définit par un certain nombre de conditions d’existence, qui ressortissent au milieu climatique et au sol. »30

Ainsi, dans l’activité agricole zonale en général, et de l’embouchure du Fihérenana en particulier, ce qui donne crainte aux paysans c’est la sécheresse. Elle couvre une longue période des mois de l’année (8 à 9 mois) et entraine des récoltes insuffisantes en général.

30 Pierre GEORGE : Précis de géographie rurale 72

Photo n° 12 : L’irrégularité d’eau impose des conditions difficiles aux cultures. Ici la culture du maïs se fane et disparaît par assèchement du feuillage. V. 2. 3. Les problèmes des parasites

A part les conditions naturelles, d’autres effets produits par les parasites sont néfastes.

Tout d’abord, les parasites se subdivisent en deux types : les parasites provenant directement du règne végétal et ceux qui appartiennent au règne animal (insectes surtout). La-végétation herbeuse non plantée qui pousse dans les champs gène sans cesse les cultures. Leur occupation massive ne leur permet pas un développement meilleur. Ces herbes se transforment alors en parasites qui peuvent facilement mettre en péril les cultures si aucune intervention humaine n’a lieu, c’est-à-dire le désherbage ou le sarclage.

D’autres parasites sont d’origine animale. Issus de la chaine alimentaire, beaucoup d’insectes (criquets, araignées, iules, ver…) sont des véritables prédateurs pour les cultures mises en valeur par les paysans. Ces insectes, comme les sauterelles ravageurs, entraînent des dégâts si aucune mesure n’est prise dès leur apparition improviste. C’est un phénomène qui effraie tous les paysans-cultivateurs car leur apparition s’accompagne toujours d’insuffisance récoltes, d’où des disettes ou kerè . Les iules (mille-pattes ou tsakolavotsy ) se nichent dans les trous ( lavaka ) des semences et attaquent les germes des nouvelles pousses. Toute germination attaquée ne se renouvelle pas et la plante victime d’attaque disparaît. 73

D’innombrables chenilles rongent les feuilles et les tiges vertes des patates douces et d’autres cultures. Cela entraine des dangers car la disparition de la culture attaquée est possible.

En gros, les plantes cultivées font face à plusieurs parasites issus des règnes animal et végétal dans le milieu sauvage. L’attachement à une espèce déterminée met en cause son existence. En fait, « il s’établit une association entre la plante cultivée et un ou plusieurs parasites… si l’homme n’intervient pas, le terme de cette association est la destruction de l’espèce cultivée. »31

Photo n° 13 : Une culture de patate douce attaquée par une chenille en couleur blanche sur la photo. Une telle attaque s’accompagne souvent à la disparition de la culture. V. 2. 4. Une irrigation non persistante

L’irrégularité et la mauvaise répartition des pluies dans le Sud-ouest malgache entraînent des effets alarmants dans la pratique agraire ; la sécheresse dominante de l’année conduit à une situation difficile aux supports des cultures, avec ces températures qui n’avantagent guère que l’évapotranspiration. Les types de sols participent à l’alimentation de la nappe phréatique. L’irrigation dans la zone ne dure pas pendant une année entière ; elle est imposée par l’été austral où le lit du fleuve connaît des écoulements superficiels. Dans la longue période sèche où les pluies se raréfient, les canaux d’irrigation restent secs, ce qui affecte les récoltes car toute production agricole est liée ici à l’eau. Durant l’été austral, les précipitations peuvent être violentes et accompagnées de dépressions tropicales changeant le débit du Fihérena et celui des canaux d’irrigation.

31 RAZANAKA s « sociétés paysannes transition agraire dynamiques écologiques dans le sud-ouest de Madagascar » 74

Globalement, l’irrigation suit le rythme du fleuve imposé par la pluviométrie régionale, et les cultures manquent d’eaux pendant une bonne partie de l’année. Seul l’endoréisme permet le développement des cultures dans le lit du Fiherena au cours de la saison sèche. C’est le cas du maïs, de la patate douce qui se développe bien dans la zone.

Photo n° 14 : Un canal des eaux de ″Tabikandraza ″ venant du fleuve Fihérenana sur le bord routier de Bekoake.

V. 2. 5. La production face à la démographie locale

Selon des remarques faites lors de nos recherches sur terrain, nous avons appris que les paysans locaux sont bien conscients de l’augmentation rapide de la population. Cette dernière se manifeste aussi au niveau de l’activité agricole.

Nombreux sont ceux qui nous racontent que dans les années 1990, les terrains de cultures commençaient à diminuer de dimensions. Une famille qui cultivait un hectare et plus n’arrive pas à ces jours à travailler sur une telle exploitation. Ce qui conduit à une telle situation n’est autre que la démographie. A cause d’elle, les espaces des cultures familiales se morcèlent selon le nombre des enfants héritiers. De nos jours, il est rare de trouver des familles qui travaillent sur de grandes superficies. La production sur ces terrains reste la même devant les contraintes naturelles, mais le nombre des agriculteurs augmentent. La situation se déséquilibre car la production d’une personne dans le passé est aujourd’hui le fait de 3 ou 4 personnes. 75

Si nous visualisons les tableaux au niveau de la démographie, nous pouvons bien remarquer que les chiffres de croissance ont un décalage. Durant l’année 2007, on avait dénombré 1824, 1395, 1049, 863 et 975 habitants respectivement dans les villages de Belalanda, Belitsoke, Tsinjoriake, Bekoake et Sakabera. Alors qu’en 2004, ces villages comptaient seulement et respectivement 1774, 889, 1045, 863 et 875 habitants (enregistrement de 2003 pour Sakabera).

En l’espace de moins d’une décennie (3 ans pour les villages appartenant à la commune de Belalanda), la population a augmenté de 50 habitants, 2 habitants, 77 habitants, , 504 habitants et 100 habitants selon l’ordre classé ci-dessus. L’augmentation de cette population entre dans deux cadres précis : les naissances dès l’âge de procréation et les flux migratoires dans la zone. Elle a pour effet le gonflement des villages et une multiplication des cultivateurs, malgré les contraintes naturels limitant les surfaces arables, donc de la production. Le rythme de l’accroissement de la population dépasse les autorités locales qui n’arrivent pas à maîtriser cette augmentation par une éducation organisée et orientée des jeunes. Les jeunes, responsables de demain ou du futur, abandonnent précocement les études. Ils finissent dans les activités spécialement traditionnelles existant dans la zone, notamment dans l’agriculture, et pêche. 76

Chapitre VI. Une approche comparative et solutions envisagées

Les cultures de l’embouchure Fihérena sont conditionnées par la nature du milieu (physique et climatique). Les éléments du relief zonal jouent un rôle important sur le développement de la production locale orientée par la pluviométrie. Dans cette région, les cultures se différencient d’un endroit à l’autre. Quant aux solutions, elles sont généralement fondées en majeure partie sur les difficultés rencontrées par les paysans durant toute une période productrice.

VI. 1. Une vision comparative de la production

La visite que nous venons de faire dans cette partie permet de vivre les réalités de la production zonale. Cette dernière est très importante du fait que les deux rives sont habitées depuis de longues années. De plus, le façonnement du relief nous permettra de comprendre l’inégalité des productions qui, dans le bas-Fiherena, se différencient. La zone d’étude est soumise à cette situation.

VI. 1. 1. Les rives du fleuve Fihérena

Le redressement du relief ainsi que le climat imposent aux deux rives une différence de production. La rive droite, à domination dunaire, n’est pas profitable pour l’activité agricole. Sauf pour les terrasses de Maromiandra et de l’intérieur du pays, la production est partout compromise. Les champs comportent des types de cultures mêlées qui se différencient des végétaux naturels des versants et des sommets.

Quant à la rive gauche, à surface plane, c’est une zone de la polyculture intensive. Ici, presque toute activité productrice est rentable pour les cultures locales. Les champs, généralement sans fumure, supportent diverses plantations, mais les conditions climatiques sont plus accusées car tout rendement est lié à l’eau.

Malgré le relief ou le climat, la rive gauche reste par excellence le lieu productif sur l’embouchure du Fiherena. Couvrant la plaine de Miary vers le canal de Mozambique à l’Ouest, la zone comporte une végétation mise en valeur par l’homme. Les cultures mensuelles ou 77 annuelles se développent pêle-mêle dans la zone et leurs productions se différencient les unes des autres.

VI. 1. 2. Les différentes cultures

Comme nous l’avons signalé avec le développement de la végétation régionale, les cultures disposent des particularités spécifiques dans l’embouchure. Certaines plantations s’adaptent mieux que d’autres avec des rendements acceptables. Entre deux parcelles de cultures voisines, la différence de développement existe malgré leur implantation sur les mêmes terres baiboho , ce qui donne des rendements quantitatifs divergents. Les légumineuses ne s’adaptent pas de la même façon. Le kabaro est beaucoup productif que les ˝lojy˝ (environ 2 tonnes de kabaro à l’hectare contre quelques kilogrammes de lojy à l’hectare). La différence de ces cultures est que la première est beaucoup plus exploitée que la deuxième, qui ne figure pas parmi les principales cultures zonales.

Les cultures à tubercules, manioc et patate douce montrent aussi les mêmes critères. Le manioc, plus productif, couvre des bons hectares de parcelles à l’opposé de la patate douce. Cette dernière n’est rentable que sur des sols spécifiques où la culture du manioc peut aussi s’adapter. Selon une enquête de la FOFIFA, une parcelle d’un hectare peut produire 2,25 tonnes de manioc. Mais cette production peut être dépassée si les conditions hygrométriques de l’année sont bonnes. Il est de même pour la patate douce.

La culture du maïs est plus rentable quand les pluies de l’année sont bien réparties. Mais le comportement des cultures de l’été s’opposent catégoriquement à celles de la contre-saison. Ces dernières sont généralement moins développées et moins productives que celles de l’été austral.

Pour vivre les réalités de la production agricole dans la zone, observons le tableau suivant obtenu d’après une enquête conduite auprès de 10 paysans agriculteurs.

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Tableau n° 13 : Variation des produits agricoles suivant deux années différentes (résultat obtenu devant 10 agriculteurs) Personne Bekoake. Tsinjoriake. Type de enquêtée. 1e 2e 3e 4e 5e 6e 7e 8e 9e 10 e culture Période charrettes Année normale 15 à 20 15 à 17 15 à 18 15 à 20 15 à 20 10 à 15 12 à 16 16 17 13 à 16 Manioc charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes environ environ 15 à 20 15 à 20 16 à 20 15 à 20 15 à 20 20 20 20 15 à 20 15 à 20 Maïs. charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes 20 à 30 25 à 35 25 à 35 30 à 40 25 à 40 10 à 20 10 à 20 10 à 20 20 à 25 15 à 20 Kabaro gony gony gony charrettes gony gony gony gony gony gony (gony ) (50kg) Année anormale 5 à 8 4 à 6 4 à 5 7 à 8 7 à 8 5 5 5 4 à 5 5 à 6 Manioc charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes 4 à 5 5 4 3 3 8 à 9 8 à 9 8 à 9 6 5 Maïs charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes charrettes Maximum. et plus et plus environ

Ce tableau comportant trois différentes cultures montre leur évaluation en deux périodes : l’une normale et l’autre de disette. Cette évaluation est faite devant quelques cultivateurs issus de deux villages productifs. Il permet de comprendre la production d’une année normale différente de celle qui est anormale. Nous remarquons que dans une période normale (où les pluies sont bien réparties), le maïs et le manioc sont produis en quantité importante, alors que pendant la période de disette, les quantités produites sont réduites. Elles passent de 15 et 20 charrettes à 5 charrettes pour le même espace. La faiblesse de la production est responsable de la famine.

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VI. 2. Les solutions envisagées

Elles sont nombreuses et variées pour notre zone d’étude. Seulement, nous nous sommes limités à des formes de lutte visant la forte productivité. La maîtrise des techniques ainsi que des phénomènes pathogènes (insectes terricoles ou aériens…) peuvent fournir des résultats satisfaisants pour l’avenir du métier, donc de la zone.

VI. 2. 1. La lutte contre la faible production

La production locale est toujours faible et accompagnée par des disettes qui précèdent les récoltes de chaque année. Malgré l’existence des cultures sèches et humides, les paysans sortent toujours victimes de l’insuffisance de production. Ceci est dû à l’emploi des techniques archaïques demandant une énergie énorme et au non-accès des systèmes modernes. Les formes des luttes contre la faible production doivent être liées à des mesures visant la rentabilité de l’activité. Tout d’abord, la maîtrise des eaux dans la zone serait en quelques sorte un moyen d’assurer les cultures locales, donc de l’avenir du métier. Quant aux systèmes agraires, ils nécessitent un développement croissant et encadré chez les paysans.

VI. 2. 1. 1. Le Fiherena, source de la production locale

Avec son écoulement superficiel temporaire et saisonnier, le fleuve du Fihérenana reste jusqu’ici la seule source et le moyen le plus sûr pour effectuer une agriculture irriguée sur toute la plaine de Miary et de Toliara.

Comme l’a fait la SEDEFITA dans les années 60, l’on doit réaménager le Fihérenana pour le développement de l’activité agricole régionale. Mais, se contenter des anciens canaux ne résoudra pas les problèmes d’eau dans la zone. ne se limitent pas seulement dans les anciens canaux. Les causes des crises d’eau se rencontrent dans tous les domaines, surtout dans celui des sources.

Il est certain que les conditions climatiques déréglant la pluviométrie jouent un rôle important dans la formation de la sécheresse du Sud-ouest. Pour lutter ce phénomène, on devra augmenter les sources en amont pour régler les problèmes de l’aval. Il faut ajouter d’autres sources à l’intérieur des terres pour récupérer les eaux endoréiques dans le lit du Fihérenana en amont. Cet aménagement pourrait assurer l’irrigation en permanence ou du moins sur une période un peu plus allongée qu’actuellement. 80

La construction des barrages destinés à récupérer les eaux de pluies ou du Fihérenana même pourront être utiles pour diminuer les crises pendant la longue période sèche de chaque année. Cela amènerait la productivité zonale en général et celle de l’embouchure en particulier. Les systèmes agronomiques connaîtraient la même évolution.

VI. 2. 1. 2. Les formes agraires.

« Le paysan qui vit le plus mal est celui qui travaille le plus parce qu’il n’accède pas aux techniques productrices. Il est amené à rechercher pour mieux vivre des activités complémentaires, donc travailler d’avantage. »32 A l’opposé, les paysans des nations riches ont diminué en nombre, de telle sorte qu’un travailleur actif exploite 100 ha et plus grâce aux techniques productrices modernes. Cela montre que nos systèmes traditionnels divergents de ceux des pays industriels.

Dans l’embouchure du Fihérenana, les techniques de production ne sont pas encore en mesure de répondre à la sécurité alimentaire régionale. Cela est dû aux formes traditionnelles, non améliorées et peu productives utilisées par nos agriculteurs locaux et à l’absence des méthodes modernes.

Ainsi, pour sauver l’avenir de la zone rurale, la politique de sensibilisation de la population demeure primordiale. Les agriculteurs renommés doivent être initiés aux différents systèmes de production grâce à un appel à l’action des techniciens et cadres spécialisés. Les agriculteurs formés devraient être accompagnés par une politique de suivi pour que toute application se déroule parfaitement.

Pour mettre en relief la politique de production encadrée, on peut donner un exemple à (……). Ici, les deux formes de production sont présentées suivant les agriculteurs. Dans cet exemple, la culture écologique associée à des fumures (fourragères ou légumineuses) est la seule appliquée. L’essai a été mené dans la forêt tropicale de Zombitse sur sols sableux dans le village d’Andranomaïtso (10 km au Sud de la commune rurale de Sakaraha sur la RN7).

32 Pierre GEORGE : Précis de la géographie rurale 81

Tableau n° 14 : Résultats paysans Terroir traditionnels.

Paysans Systèmes Age de Itinéraire Surface Rendement kg Itinéraire Rendement kg de cultures la (are) /ha /ha parcelle ha Manasoa Niébé pure 0 Labour-FO 0,50 450 Niébé maïs + Labour-FO 0,25 Maïs : 800 arachide Arachide : 1100 Manatsoa Maïs + 0 Labour-FO 0,10 Maïs : 1300 Niébé Niébé : 250 Tsanga Maïs + 0 Décapage + 0,11 Maïs : 1630 arachide. FO Arachide : 363 Berthine Maïs + 0 Labour-FO 0,80 Maïs : 700 Labour-F1 Maïs : 1000 arachide Arachide : Arachide : 1200 1125 Jean Paul Maïs + 1 Décapage + 0,15 Maïs : 1300 Décapage + Maïs : 2400 arachide FO Arachide : F1 Arachide: 1980 1300 Berthine Maïs + 1 Décapage-FO 0,23 Maïs : 600 Décapage F1 Maïs : 1400 Niébé arachide : 217 Niébé : 300

Joseph Maïs + 1 Décapage - 0,15 Maïs : 1000 Découpage Maïs : 2500 arachide FO arachide: 2400 F1 arachide: 800 Joseph Maïs + pois 1 Décapage - 0,03 Maïs : 900 de terre FO Pois de terre : 466 Joseph Maïs + 1 Décapage - 0,08 Maïs : 800 Niébé FO Niébé : 12,5

Venance Maïs + 1 Décapage - 0,15 Maïs : 1000 arachide FO arachide: 1100 Source : TAFA (Rapport de Compagne 2005-2006) 33 FO : Sans fumure F1 : avec fumure (300 kg de NPK) TAFA : Tany Sy Fampandrosoana.

D’après ce tableau, les résultats sont très différents quand on examine les rendements associés et avec ou non de fumure (F1). Force est de constater que la fumure (F1) a apporté des fruits non négligeables aux usagers. Leurs productions se sont beaucoup améliorées sur les mêmes unités de parcelle surtout en faisant décapage que par labour complet. C’est le cas par exemple de Mr Jean Paul qui a produit sur une même superficie de 0,15 ha 1300 kg de maïs

33 RAZAFINTSALAMA Hubert (TAFA) et KRISTIAN Naudin (CIRAD) Projet d’appui à la diffusion des techniques Agro- écologiques à Madagascar . Projet de campagne 2005-2006 . 82

(sans fertilisants) contre 2400 kg (avec fertilisants). Quant à l’arachide, la production est passée de 1300 à 1980 kg /0,15 ha.

Avec des labours suivis de fumure (F1), les résultats sont accrus légèrement dans la parcelle. C’est le cas de Berthine qui a produit 700 kg /0,80 ha contre 1000 kg /0,80 ha de maïs et 1125 à 1200 kg d’arachide sur cette même parcelle.

Donc, l’agriculture associée avec éléments ou cultures fertilisants est très productive. Elle est encore plus acceptable avec décapage qu’avec labour complet. VI. 2. 2. La politique de sensibilisation de la population

Economiquement, l’activité agricole apporte beaucoup de recette à la caisse de l’Etat. A partir des ventes sur les marchés (local ou urbain), les responsables tirent la part de l’Etat par le biais de la taxation de l’autorisation ou d’achat des billets journaliers. Pour pouvoir multiplier cette part, il lui revient impérativement d’encourager les paysans dans cette activité. Ce sera bénéfique pour la consommation de la population locale et régionale. Il doit aussi fournir des efforts pour créer une forte solidarité au sein de la paysannerie. Des techniciens formateurs doivent être mobilisés pour diversifier les systèmes de production. Par ailleurs, l’introduction des nouvelles cultures commerciales ou vivrières adaptées à la zone avantagera la production locale. Les stockages pour les périodes de soudures seront alors possibles. Quant aux produits commerciaux, l’Etat doit chercher des débouchés extérieurs pour sécuriser les paysans dans leur activité.

VI. 2. 3. Le reboisement, une lutte contre la sècheresse et l’érosion.

La biomasse végétale joue un rôle important dans la protection érosive des sols mais aussi de l’existence la vie sur terre par la photosynthèse. Sa destruction conduit à des conséquences graves compromettant l’existence de beaucoup d’espèces. Les problèmes découlant de l’érosion pourront facilement mettre en jeu la vie d’une société, donc celle de l’homme. C’est le cas par exemple « de la plaine de où plusieurs hectares des rizières ont disparu sous une accumulation de sables stériles à la suite d’une crue de la Taheza. »34 Cet ensablement de la plaine est dû à une déforestation dénudant les sols et facilitant l’action érosive, donc l’apport des sables stériles dans les champs des cultures.

34 SOLO J R « Etude géographique de la culture cotonnière dans le plaine de Miary » 83

Pour diminuer les problèmes de l’érosion et de l’assèchement, les responsables régionaux se lancent à la politique de reboisement. Elle s’effectue à travers le Fokonolona dont tout message est transmis par le chef de Fokontany.

Pour nous, les plantations des arbres sur les berges du fleuve seraient une lutte à la fois contre l’érosion et l’assèchement rapide. Le développement floristique de ces zones protègerait l’élargissement du fleuve. Cela constituera une lutte directe contre l’assèchement par rayonnement solaire. Les tabika où la végétation recouvrira les eaux et réduira l’évaporation connaîtront une plus grande stabilité.

Toute action de reboisement doit être suivie par une surveillance continue car le type de climat (sec) et les activités humaines (élevage, bois d’usage…) transforment sans cesse la flore zonale. Il est encore temps de protéger les souches existantes par application des lois productrices sur ces patrimoines écologiques.

VI. 2. 4. L’éducation

Si les portes de l’alphabétisation sont ouvertes pour tous les Malgaches, les résultats des centres urbains s’opposent au monde rural. Ce monde n’attire guère les enseignants (instituteurs) ; pourtant, si nous espérons avoir un développement pour l’avenir, l’Etat doit rechercher l’équilibre des activités.

Pour mieux comprendre l’évolution de l’éducation en milieu rural, observons les cas suivants entre deux villages : Bekoake et Tsinjoriake.

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Tableau n° 15 : Effectifs des élèves de l’EPP de Tsinjoriake (2008-2009).

Classe CP 1 A CP 1 B CP 2 A CP 2 B CE A CE B CM 1 CM 2 Total. Sexe G F G F G F G F G F G F G F G F G F Effectif 47 35 44 34 30 13 28 15 14 16 14 19 27 34 14 10 218 176 primitif Nouveaux 31 27 29 30 25 10 21 10 12 12 17 27 27 32 11 09 170 147 inscrits Redoublants 16 08 15 04 05 03 07 05 02 04 02 00 00 02 00 01 48 29 Abandons. 04 07 03 05 01 03 01 03 02 04 01 07 01 07 01 00 18 32 Renvoyés Pissures Pascoma. Nouveaux 43 28 41 29 29 10 27 12 12 12 09 16 26 27 13 10 200 144 effectifs pourcentage 97,14 98,52 99,21 98,68 90 80 89,28 98,97 98,07 98,08 81,45 90 96,54 97,38 97,32 96,23 93,62 94,73

Sale 5 10 02 02 Source : Monsieur L’Adjoint Directeur de l’EPP Tsinjoriake 85

Tableau n° 16 : Effectifs des élèves de l’EPP de Bekoake (2008-2009). Classe CP 1 CP 2 CE CM 1 CM 2 Total Sexe G F G F G F G F G F G F Effectif 33 31 15 12 13 5 6 6 5 1 72 56 primitif redoublants 9 15 6 2 1 2 Candidats au CEPE 2009 F G Bâtiment Enseignants. Inscrits (CM 1 + CM 2) 11 02 02 04 Présents (CM 1 + CM 2) 06 02 Admis (CM 1 + CM 2) 05 02 Redoublants (CM 1 + CM 2) 01 00 Source : EPP de Bekoake

Nous remarquons que les effectifs des élèves des deux EPP ne sont pas les mêmes. A l’EPP de Tsinjoriake, l’effectif primaire (garçons + filles) était 394 élèves dont les inscrits sont en nombres de 317 élèves passants et 77 redoublants. Ils forment un total réel de 344 élèves dans cette école après un abandon de 50 élèves. En observant le tableau, nous trouvons que le nombre des abandons est plus élevé chez les filles que chez les garçons. La classe de 7 eme fait exception où un garçon a abandonné l’école contre aucune fille. Au niveau des redoublants, le chiffre est plus élevé chez les garçons (48 élèves) que chez les filles (29 au total). Quant à l’EPP de Bekoake, les redoublants sont encore plus élevés si l’on regarde les effectifs des classes. En plus, les candidats présentés à l’examen du CEPE sont une sélection de deux classes confondues (CM1+ CM2). Les inscrits sont au nombre de 13 élèves alors que 8 élèves seulement ont subi les épreuves.

Nous avons signalé que pour ces deux EPP, les effectifs sont très différents. Les classes de Tsinjoriake.ont un nombre plus élevé d’élèves que sa voisine. Cela est dû au nombre d’habitants existant dans ce Fokontany par rapport à l’autre. Par ailleurs, l’existence d’une cantine scolaire du PAM à Tsinjoriake attire énormément les enfants, ce qui maintient des effectifs élevés d’une année à l’autre. Une telle situation de soutien n’existe pas à Bekoake. Les enfants ne sont pas motivés pour suivre les études.

IV. 2. 5. Les infrastructures et l’hygiène

Malgré la proximité de la capitale, la région de l’embouchure a un réseau routier non bitumé. Il est parfois non praticable durant la courte saison humide pour l’entrée de certains villages (Bekoake et Tsinjoriake, Belitsake-Tanindraza). Les infrastructures routières méritent 86 d’être améliorées pour faciliter les circulations et assurer le développement de l’économie, donc de la zone.

Quant à l’infrastructure sanitaire, elle occupe le seul centre d’infirmerie de Belalanda. Au-delà s’ouvrent à l’heure actuelle les centres SECALINE villageois luttant plutôt contre la malnutrition des enfants en bas âges.

Pour l’hygiène, qui est la sécurité de la vie, elle laisse à désirer car malgré la proximité de cette zone par rapport au grand centre urbain de Tuléar, l’adduction en eau potable manque. Les ravitaillements en eau se font par les eaux endoréiques du Fihérenana dont un creusement abreuve à la fois les paysans et leurs troupeaux. Les puits villageois n’offrent pas encore une bonne sécurité hygiénique. Ils sont mal entretenus et mal exploités. Ils ne nécessitent un moyen de pompage pour rassurer les paysans.

Enfin, l’énergie calorifique du soleil qui règne dans la région pourrait être un moyen facile pour faire sortir la zone de l’obscurité. A l’aide de cette énergie, l’île pourra exploiter et propager l’électricité pour l’ensemble du pays. 87

CONCLUSION

La couverture végétale de l’embouchure du Fihérenana présente une physionomie caractéristique de la localité. Elle pousse sur des sols sableux-dunaires sur la rive droite et est de type xérophile tandis que sur la rive gauche, où le sol est sédimentaire, la polyculture couvre la zone. Cette polyculture possède un cycle végétatif qui se succède au cours d’une année. La zone supporte à la fois les cultures commerciales (de rente) et celles qui sont destinées à l’autoconsommation locale. Cette dernière est la plus exploitée par les paysans du lieu. Grâce à elle, bon nombre de familles tirent leurs économies de subsistance locale. Elles profitent à la fois de la production des tubercules, des céréales (maïs surtout), des graines, et des fourrages après récoltes qui sont orientés vers les activités d’élevage. L’agriculture est très importante dans la vie sociale des habitants de la zone en particulier, et dans celle des habitants de Madagascar en général. L’agriculture est une grande source de richesse. Elle octroie de nombreux travaux car elle engage beaucoup de personnes, allant des producteurs aux vendeurs détaillants ; ces personnes tirent chacune sa part d’existence. Les travaux ne se limitent pas à ces deux groupes de personnes, mais d’autres s’intègrent dans le circuit. C’est le cas, par exemple, des panao kinanga , des dockers et hôteliers qui se procurent aussi du travail par le truchement de l’agriculture.

Certes, certaines conditions comme celles du climat zonal ne sont pas faciles à endiguer ; mais les moyens techniques pour faire rehausser la production existent et constituent une réalité exploitable. La zone, domaine semi-aride, est dominée par des précipitations faibles et irrégulières d’une année à l’autre. Des tels signes provoquent des dégâts sur les cultures en proie à divers insectes. Ces derniers sont encore redoutables à part la nature du sol et le déficit en eau.

Ce métier d’agriculteur, qui assure la subsistance locale, est une filière qui a besoin de beaucoup de soutien (matériels, financiers, techniques…). Les soutiens l’avantageront et permettront d’avoir de meilleures productions, et donc de un avenir souhaitable de la vie quotidienne pour les habitants régionaux. Ces soutiens permettront encore de dépasser certaines entraves liées aux systèmes archaïques utilisés dans nos pays du Tiers monde. Ces derniers connaissent à l’heure actuelle des chiffres de plus en plus croissants de leur population. 88

Alors, des mesures agronomiques zonales doivent être élaborées et offertes aux paysans ; ce travail doit être confié aux techniciens auprès des paysans, traditionnalistes dans leur majorité.

Les soutiens sont des moyens préparatifs pour une production satisfaisante locale. Ils permettent de maîtriser les besoins de la consommation paysanne et régionale. Ils auront pour effet un équilibre économique local et permettront de se tourner vers les marchés extérieurs au moyen des produits exportés. Tout cela rehaussera les conditions de la vie paysanne, d’où une augmentation des débouchés. Les appuis à l’agriculture et à l’élevage garantiront l’économie régionale en particulier et celle du pays en général.

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Liste des cartes. Carte n° 1 : LIMITE DE LA ZONE D’ETUDE...... 8 Carte n° 2 : LES DIFFERENTES DUNES DU DELTA DE FIHERENANA ...... 10 Carte n° 3 : CLIMAT DU SUD-OUEST DE MADAGASCAR ...... 18 Carte n° 4 : Le terrain de culture et les canaux d’irrigation Carte n° 5 : Le terrain de culture et les canaux d’irrigation ...... 45

Liste des photos Photo n° 1 : Les caractères généraux du lit du Fiherenana pendant la saison sèche, absence de l’écoulement superficiel (octobre 2009)...... 25 Photo n° 2 : Des enfants éleveurs des zébus et chèvres dans une journée d’école (entre Bekoake et Tsinjoriake)...... 33 Photo n° 3 : Un champ de culture labouré à côté du village Tsinjoriake...... 41 Photo n° 4 : Réaménagement du canal Tabikandraza de Tsinjoriake (novembre 2009). Les travaux sont généralement collectifs...... 44 Photo n° 5 : La culture du manioc en saison sèche. Les conditions climatiques ont réduit le feuillage. .. 51 Photo n° 6 : Culture de la patate douce sur la rive gauche du Fihérenana dans un champ de Belalanda. 52 Photo n° 7 : Le maïs Tsiroavola de contre saison. Les cultures sont toujours minces et donnent des épis en faible quantité...... 54 Photo n° 8 : La culture de la canne à sucre au bord routier de la RN9 à quelques mètres du pont de Belalanda...... 57 Photo n° 9 : Récolte du manioc à Bekoake effectuée par une dame (Mpanao kinanga ou collectrice). Cette dernière payera après la vente...... 59 Photo n° 10 : Récolte familiale du kabaro dans un champ à Tsinjoriake. Le transport se fait par charrette des zébus pour entrer au village...... 61 Photo n° 11 : Le désherbage d’un champ du kabaro sur les berges du Fihérenana par un homme payé en fin de la semaine ( ″kibaroa ″)...... 68 Photo n° 12 : L’irrégularité d’eau impose des conditions difficiles aux cultures. Ici la culture du maïs se fane et disparaît par assèchement du feuillage...... 72 Photo n° 13 : Une culture de patate douce attaquée par une chenille en couleur blanche sur la photo. Une telle attaque s’accompagne souvent à la disparition de la culture...... 73 Photo n° 14 : Un canal des eaux de ″Tabikandraza ″ venant du fleuve Fihérenana sur le bord routier de Bekoake...... 74

Liste des tableaux. Tableau n° 1 : Classification récapitulative des sols ...... 14 Tableau n° 2 : Températures moyennes et amplitudes diurnes de la région de Tuléar ...... 19 Tableau n° 3 : Moyenne mensuelle de l’humidité relative à Toliara et ses environs (dans un rayon de 60 km et exprimée en pourcentage : %) ...... 22 Tableau n° 4 Précipitations mensuelles de Tuléar (exprimées en mm) ...... 23 90

Tableau n° 5 : Répartition de la population par Fokontany et par tranche d’âge ...... 29 Tableau n° 6 : L’ensemble de la population à Sakabera (année 2003) ...... 30 Tableau n° 7 : Répartition de la population par Fokontany ...... 30 Tableau n° 8 : Période de semences et des récoltes des principales cultures dans l’embouchure du Fihérenana...... 54 Tableau n° 9 : Saison et principales activités traditionnelles ...... 55 Tableau n° 10 : La quantité des produits destinés à la vente et à la consommation familiale ...... 67 Tableau n° 11 : Quantité de produits commercialisés en moyenne d’unité de valeur (Ar) ...... 69 Tableau n° 12 : Produits vendus et profits d’une famille au cours de la disette ...... 69 Tableau n° 13 : Variation des produits agricoles suivant deux années différentes (résultat obtenu devant 10 agriculteurs) ...... 78 Tableau n° 14 : Résultats paysans Terroir traditionnels...... 81 Tableau n° 15 : Effectifs des élèves de l’EPP de Tsinjoriake (2008-2009)...... 84 Tableau n° 16 : Effectifs des élèves de l’EPP de Bekoake (2008-2009)...... 85

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BIBLIOGRAPHIE

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27. SOLO J. R., 1982, Etude géographique de la culture cotonnière dans la plaine de Miary . Université de Toliara, 152p. 93

TABLE DES MATIERES REMERCIEMENT ...... 1 INTRODUCTION ...... 3 PREMIERE PARTIE ...... 5 PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ...... 5 Chapitre I : Milieu naturel...... 6 I. 1. La situation de la zone d’étude ...... 6 I. 2. Le relief ...... 9 I. 2. 1. Le comportement physique du relief ...... 11 I. 2. 2. Les types des sols ...... 12 I. 3. La formation végétale...... 15 I. 3. 1. Le domaine dunaire ...... 15 I. 3.2. Le domaine vaseux ...... 15 I. 3. 3. Le domaine de Baiboho ...... 16 I. 3. 4. Le domaine du lit du Fiherenana ...... 16 I. 4. Le climat ...... 16 I. 4. 1. Les températures ...... 19 I. 4. 2. Les vents et autres facteurs climatiques ...... 20 I. 4. 3. La pluviométrie ...... 21 I. 5 Le bilan hydrologique ...... 24 I. 6. Le bilan agro-climatique ...... 25 Chapitre II : La population ...... 27 II. 1. L’histoire de la population ...... 27 II. 2. Le choix des sites d’installation ...... 28 II. 3. La démographie et les activités retenues ...... 29 II. 3. 1. Les tranches d’âges de la population ...... 29 II. 3. 2. Les activités retenues ...... 31 II. 3. 2. 1. Les activités liées à la stratification sociale ...... 32 II. 3. 2. 2. Les activités liées aux sexes ...... 34 II. 3. 3. Autres formes d’activités ...... 34 II. 4. Les mouvements de la population ...... 34 II. 4. 1. Les mouvements pendulaires ...... 35 94

II. 4. 2. La mobilité saisonnière ou sur longue distance ...... 35 DEUXIEME PARTIE ...... 37 LES ACTIVITES AGRICOLES, MODES D’EXPLOITATION ET TYPES DES CULTURES ...... 37 III. 1. Les préparatifs initiaux...... 38 III. 1. 1. L’accès aux terrains de cultures ...... 38 III. 1. 2. Les principaux outils utilisés ...... 38 III. 2. L’organisation champêtre...... 40 III. 2. 1. Le défrichement ou labour, un travail d’ensemble ...... 40 III. 2. 2. Le semis et les sarclages ...... 41 III. 2. 2. 1. Le semis ...... 41 III. 2. 2. 2. Les sarclages ...... 42 III. 3. L’irrigation et le traitement phytosanitaire ...... 42 III. 3. 1. L’importance de l’eau ...... 43 III. 3. 2. Une fertilisation inexistante et traitement phytosanitaire incomplet ...... 46 IV. 1. Les différentes cultures vivrières ...... 50 IV. 1. 1. Les tubercules...... 50 IV. 1. 1. 1. La culture du manioc ...... 50 IV. 1. 1. 2. La culture de patate douce...... 51 IV. 1. 2. Les cultures des légumineuses ...... 52 IV. 1. 3. La culture de la céréale ...... 53 IV. 2. Les autres formes des cultures locales...... 55 IV. 2. 1. Les fruitiers ...... 55 IV. 2. 2. Les cucurbitacées ...... 56 IV. 2. 3. Le canne a sucre ...... 57 IV. 3. Les récoltes ...... 58 IV. 3. 1. Les récoltes familiales et celles des collecteurs ...... 58 IV. 3. 2. Les récolte des locateurs et préteurs...... 59 IV. 4. Transport et commercialisation des denrées alimentaires ...... 59 IV. 4. 1. Le système de stockage ...... 60 IV. 4. 2. La commercialisation des produits agricoles ...... 60 IV. 4. 2. 1. Le transport ...... 60 IV. 4. 2. 2. La vente des denrées alimentaires ...... 62 TROISIEME PARTIE ...... 65 95

ATOUTS, OBSTACLES DE L’AGRICULTURE ET SOLUTIONS ENVISAGEES ...... 65 Chapitre V. avantages et obstacles de l’agriculture ...... 66 V. 1. Les avantages de l’agriculture ...... 66 V.1. 1. L’agriculture, un moyen de substance locale ...... 66 V. 1. 2. La production agricole, source des travaux ...... 67 V. 1. 3. L’agriculture, source de revenue ...... 68 V. 2. Les obstacles de cette agriculture ...... 70 V. 2 .1. Un espace arable limité ...... 70 V. 2. 2. Les conditions climatiques ...... 71 V. 2. 3. Les problèmes des parasites ...... 72 V. 2. 4. Une irrigation non persistante ...... 73 V. 2. 5. La production face à la démographie locale ...... 74 Chapitre VI. Une approche comparative et solutions envisagées ...... 76 VI. 1. Une vision comparative de la production ...... 76 VI. 1. 1. Les rives du fleuve Fihérena ...... 76 VI. 1. 2. Les différentes cultures ...... 77 VI. 2. Les solutions envisagées ...... 79 VI. 2. 1. La lutte contre la faible production ...... 79 VI. 2. 1. 1. Le Fiherena, source de la production locale ...... 79 VI. 2. 1. 2. Les formes agraires...... 80 VI. 2. 2. La politique de sensibilisation de la population ...... 82 VI. 2. 3. Le reboisement, une lutte contre la sècheresse et l’érosion...... 82 VI. 2. 4. L’éducation ...... 83 IV. 2. 5. Les infrastructures et l’hygiène ...... 85 CONCLUSION ...... 87 Liste des cartes...... 89 Liste des photos...... 89 Liste des tableaux...... 89 BIBLIOGRAPHIE ...... 91 TABLE DES MATIERES ...... 93