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Carlos d’Olivier Assayas Cédric Laval

Rêver l’ONF de demain Number 149, October–November 2010

URI: https://id.erudit.org/iderudit/62900ac

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Publisher(s) 24/30 I/S

ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital)

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Cite this review Laval, C. (2010). Review of [Carlos d’Olivier Assayas]. 24 images, (149), 68–68.

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Carlos d’Olivier Assayas n devine aisément les dangers qui guettaient O Olivier Assayas lorsqu’il entreprit de porter à l’écran (d’abord pour la télé, puis, dans une ver- sion écourtée, pour le cinéma) la carrière du ter- roriste Carlos, qui lança ses actions pendant deux décennies, essentiellement sur le continent euro- péen. La forme rigide du biopic, l’omniprésence à l’écran d’un personnage mythifié, les tentatives d’explication, sinon de justification, de ses actes, pouvaient mener le spectateur dans une zone trou- ble, propice au malaise. Force est de reconnaître que le réalisateur parvient à éviter la plupart de ces pièges. Plutôt que de mettre en contexte l’en- gagement de Carlos et de donner à son person- nage des motivations personnelles, ancrées dans © Métropole Films son passé, Assayas nous le présente au début des à une autre, l’ingéniosité scénaristique qui ménage, engagement. Le risque de séduction du specta- années 1970, lorsqu’il devient membre du Front dans le cours même de l’action, des repères propi- teur, au sens premier du terme, n’est jamais très Populaire de Libération de la Palestine. Si elle peut ces à nous faire saisir les rapports de force entre loin, surtout dans la première moitié du film, mais d’abord sembler frustrante, cette plongée abrupte les protagonistes (la prise d’otages des ministres l’isolement progressif de Carlos, son empâtement dans le monde de la lutte armée éloigne le pro- de l’OPEP est, à ce titre, remarquable) contribuent physique et ses explosions de colère dérisoires le jet du récit de vie traditionnel, et le rapproche de à la réussite d’un film qui ne nous perd jamais dans rendent à sa véritable dimension : celle d’une son essence, passionnante : celle d’une radiogra- les méandres d’une politique pourtant complexe. marionnette humaine engluée dans des enjeux phie (presque d’une cartographie) clinique du ter- Au cœur de cet enchaînement de complots et d’ac- qui le dépassent… – Cédric Laval

rorisme d’État, à dimension internationale, qui a tes terroristes, filmés avec une efficacité redou- France, 2009. Ré. : Olivier Assayas. Scé. : Assayas et Dan sous-tendu la géopolitique du Moyen-Orient, au- table, Carlos s’impose par la présence de l’acteur Frank, d’après Daniel Leconte. Int. : Edgar Rámirez, Nora von Waldstätten, Christoph Bach, Alexander Scheer, Ahmad delà de l’implication des individus. La dextérité Edgar Rámirez, charismatique à souhait, masse Kaabour, Rodney El Haddad, Fari Abi Samra. 153 min. Dist. : avec laquelle le film nous promène d’une capitale physique qui s’affine ou s’alourdit au gré de son Métropole Films.

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