LA MALADRERIE DE LABROYE

EXAMEN

DES DROITS RESPECTIFS DES COMMUN ES

DE LABROYE ET - DE

sur les biens de cette Mâladrerje

PAR HENRI LORIQUET Archiviste du Pas-de-,

Correspondant du Minist/,e de /instruction publique.

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cA RRA S lmprhncric RouArto-00ORTIM, place du Pont-de-Cité, n 6.

Document II Il Ii I Il Iii HO 111111110111 flflflflflfl77RSflR c,4U LECTEUR

Le Mémoire quon va lire a été motivé par une délibération de la commune du.Boisle, département de la , arrondissement d, canton de Crécy-en-Ponthieu, dont voici la :

Lait mil huit cent soixante-dix-neuf, le 20 niai, le Conseil municipal de la commune du Boisle étant réuni en session rdinaire sous la présidence de M. le Maire, où étaient présents MM Petain, maire, Marchand, adjoint, Blondelu, Gaffet Hilaire, Gaffet dit Albert, Maillet Casimir, Maillet Louis, Unquesnoy, Poix et Caron, conseillers municipaux. Un membre demande au Conseil u de revendiquer le droit que la commune a sur les biens de ]a Maladrerie de Lahroye, canton d (Pas-de-Calais), dont cette dernière commune sest attribué exclusivement les revenus depuis 29 ans n. Il , donne ensuite au Conseil, pour la revendication de ce droit, les raisons suivantes: u Avant la division de la en départements, la com- mune du Boisle et celte de Labroye, qui ne sont séparées que par la rivière dAutbie, ne formaient quune seule et même paroisse, ainsi que le prouvent les actes de létat-civil anté- rieurs à 1793 qui ont tous pour titre « Paroisse de Labroye et du Boisle son secours o, —(3-

» Un homme généreux avait, à une époque très reculée et que le membre qui parle ne petit préciser, fait un acte de donation de biens situés sur Labroye, désignés aujourdhui sous le 110m de biens de ?Jaladrerie, dont les revenus, daprès lacte de donation, devaient être employés au soulagement des malheureux du Boisle comme de ceux de Labroye. e Un arrêt du 13 juillet 1695 et les lettres patentes de 1697 ordonnèrent que ces biens fussent réunis à ceux de lHospice dAuxi-le-Château, à la charge de recevoir dans cet Hospice les malhiireus de ladite paroisse, cest-a-dire ceux de Labroye et du Boisle. n Los registres de létat-civil du .Boisle de 1773 et de 1774 constatent que trois habitants du Boisle sont décédés dans ledit Hospice. n Mais, dans la suite, les malheureux des deux communes préférèrent mourir de misère dans leurs foyers que de se séparer de leurs familles pour aller mourir isolés à 10 kilo- mètres de distance, de sorte que la donation navait plus son effet et ne profitait quaux pauvres dAuxi-le-Château. Cé que voyant, la commune de Lahroye, agissant seule, sadressa au Conseil dÉtat et obtint un arrêt en date du 7 février 1850 qui rendait les biens donnés à leur destination premiers- » Les administrateurs de Lahroye se rendirent seuls alors à &uxi-le-Chatean , et les administrateurs de .1 Hospice leur remirent sur récépissé le titre de donation et autres concernant lesdits biens, eu leur disant quils devaient voir sur le titre de donation que la commune de Labroye nétait pas seule appelée à jouir de ces biens et que la commune du Boisle y était dési- gnée comme devant y participer; ceci est affirmé par le membre qui faitS cet exposé, lequel affirme avoir vu alors à Labroye le titre de donation ct avoir recueilli les paroles pro- noncées par les administrateurs de lHospice dAuxi-le-Chàteau concernant le droit que Le Boisle avait sur les biens de Mala- drerie. » Labroyo, malgré la recommandation qui lui en avait, été faite, na rien dit au Boisle et jouit seul depuis de ces biens. » Le Conseil municipal du Boisle, après avoir entendu cet exposé, est davis de revendiquer la part qui doit lin revenir f —7— dans les biens donnés pour cette commune aussi bien que pour celle de Labrnye et invite Monsieur le Maire du Boisle à sadresser à Monsieur le Préfet de la Somme pour quil prie Monsieur le Préfet du Pas-de-Calais dordonner que des recherches soient faites dans les archives de lHospice dAuxi- le-Château, dans le but de faire reconnaître le droit qua la eomrnunedu l3oisle sur lesdits biens, avant que la commune de Labroye puisse invoquer la prescription trentenaire par suite dune jouissance non iurterrounpiie. Et ont les membres présents signé après lecture. Signé A. Petain, Jli-S Marchand, Blonuleiu RI., Gaffet, Gaet, Maillot, Maillet, Duquesnny .Poix, Caron

• Du Boile, son point de départ, cette délibération suivit la voie administrative habituelle et passa par Abbeville et Amicns pour arriver à la Préfecture du Pas-de-Calais; mais, parvenue en ce point-inilieude sa course,elle parait sy être arrêtée pour une raison quil ne mappartient pas de rechercher. Vainement le Sous-Préfet dAbbeville senquit-il (4 mars 1881), auprès de la commune inté- ressée, des suites dune affaire dont il avait cessé den- tendre parler depuis deux ans. Découragée parle silence qui sétait fait sur sa démarche, hantée, comme on vient de le lire, par le spectre de la prescription trentenaire, impuissante à retrouver les étapes de son histoire et les preuves de son droit, ignôrante des démarches possibles, ta pauvre commune du Boisle attendit quun hasard heureux, en augmentant ses moyens daction, lui permit de relever la tête. Elle sétait presque définitivement résignée, lors- quune indiscrétion opportune la mit sur la trace dune. pince importante du XVIU O siècle où se trouvaient établis pêremptôirement sa communauté dorigine avec la commune actuelle de Labroyc et ses droits certains sur la Maladrerie du mémo nom. Préalablement munie — S — dune copie du précieux documerït, elle rtprend auisitSt courage, rappelle sa requête au Préfet de la Somme qui la transmet à la Préfecture d. Cette fois, les démarches devaient aboutir, et, dès le 18 janvier 1892, M. Alapetite, Préfet du Pas-de-Calais, me remettait la délibération du 20 mai 1879 en mordonnant de recher- éher si, dans les archives de lHospice dAuxi:leCliàteau et de la commune de Labroye, il existerait des titres établissant les droits de la commune du Boiste.

Je me suis mis àlœuvre aussitôt. Jai tiré des archives de Labroye et dAuxi-le-Chhteau les premiers titres qui devaient me servir de guides. Puis, aidé des ressources que lés Archives départementales du Pas-de-Calais et de la Sornihe et les Bibliothèques d et dArras mont procurées et que jai patiemment amassées pendant près de deux ans, jai pu fournir à lAdministration départementale les indications historiques quelle atten- dait de moi. Mais, pour arriver àune vision bien nette de la ques- tion et de toutes ses parties, pour inc prononcer en pleine sécurité desprit, il me fallut successivement coor- donner tous ces matériaux, les distribuer en un canevas pratique, en déduire tous les faits utiles, en essayer le jeu normal. Jai dû, en un mot, écrire pour mon usage lhistoire de la commune de Labroye sous lancien régime et suivre sa Maladrerie pas à pas à travers les destins divers quelle a successivement connus. Cest cette étude surérogatoire que je livre au public aujourdhui.

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LANCIENNE VILLE DE LABItOYE

I. - Communauté dorigine des communes actuelles de Labroye et de Le Boisle au point de vue civil.

Aussi loin quon remonte dans son histoire, la terre de Labroye sétend sur les deux rives de I, coin- prend les territoires actuels de Labroyo et de Le Boisle, est possédée par les chàtelains dAmiens (1) et fait partie du comté de Ponthieu. Cest à cette double agg[o- inération que sadresse 1a charte de commune octroyée en 1194 (2) par Pierre dAmiens qui se préparait à partir pour Constantinople où il mourut. Quand, en novembre 1244, le comte de Ponthieu, Mathieu de Montmorency, ayant besoin dargent, vendit au comte dArtois sa suzeraineté sur toutes les portions

(I) A. c g L À Le pre mie livre ?es unhiquitrz. histoires et chosrs plus rernarquablrs de la ville dAmiens. Paris, .162-, p (2) ARCHIVES DEPÀRTEMENTALnS ou PÂsDE-CALAIs. Série A. Trésor des Chartes dArtois. A. 5, pièce 4. Copie du X[lle siècle, en chemin. - 10 - de son domaine qui se trouvaient au-delà de lAuthie (1), le groupe de Labroye-Le Buisie se trouva scindé en deux parties, Labroye-Artois et Labroye-Ponthieu, relative- ment aux foi et hommage à servir à deux suzerains dis- tincts ; mais ce fait ninflua en rien sur lunité commu- nale, pas plus quà Auxi-le-Château qui comprenait de même Auxj-Artois et Auxi-Ponthieu (2). Ainsi, tandis quon voit dune part (4 février 1486) Jacques de Lahroye, lieutenant du bailli dHesdin, signi- fl6r la dessaisine consentie par Jean dAilly, vidame dAmiens, au profit de son fils Charles, de la terre .ct seigneurie de Lahroye, pour ce qui est tenu dHesdin. et

(1) ARCHIVES OPAII1EMENTAtES DU PASDE-CAJ,AtS. Série A. Tré- sor des Chartes dArtois A. 10, pièce O. Vente, pour 2,000 lb. pari- sis, par Mathieu, comte de Ponthieu. et Marie, sa femme, à Robert, cdmte dArtois, de tous les fiefs et hommages, u homagia, feoda et retrofeoda, redditus, justicias, advocacias, domania omnia et alla quecumque n , situés depuis te milieu du fil de leau de lAuthie vers Hesdin, depuis Wavans jusquà Saulehov. (2) « Pour mieulx monstrer que des coustumes soubseriptes on a tousjours usé audit lieu dAuxy, est tray que ladite terre, seigneurie, chastellenie et herryc dAuxi est située et assize sur la rivière rlAuthie et tenue en deux parries, assavoir ce qui est scitué et assis au-delà de ladite rivière, devers la ville dAbbeville, depuis le fil et milieu dicelle rivière, du Bo y nostre sire, à cause de sa comté de Ponthieu, et ce qui est scitué et assis en dechà de la dite rivière; depuis ledit fil et millieu dicelle, que on nomme les nrrière-fiefz dudit Ponthieu, de monseigneur le conte dArthois, à cause do son ehasteau de Hesdin, par certain achat fait en lan mil deux cens quarante-quatre par le comte Robert dArthois. au comte lelahieu de Ponthieu, lequel lui vendit tous les hommages estans lors de ladite conté de Ponthieu, à ceminencher audit fil dicelle rivière do costé dArthois, depuis lObellet dé Wavausjûsques au Snulcho y de Main- tenay et ont les subgectz dudit lieu dAuxi, tousjours, sans d5lnis- Mer, tenu les coustumes dudit Ponthieu, nonobstant ladite vindicion (art. 1 de la coàtume dAuxi, du 22 septembre 1507). Cf. BOUTIIORS. Coutumes locales dit baittiaye dArnicas, t . II, p. 59. - ii - dautre part (l et mars 1486), Jean de Noyelles, lieutenant du sénéchal de Ponthieu, dresser un acte semblable pour ce qui est tenu de Ponthieu (1). 011 constate quà la date du 10 décembre 1477 (2), les habitants de Labroye se libèrent des 39 lb. de taille quils devaient à leur seigneur, en lui abandonnant 36 journûx de prés sis sur le territoire de Verjolay (3). et ou voit Françoise de , veuve de Charles dAilly, déclarer, dans un dénombrement de la terre de Labroye servi le 23 février 1578 au roi dEspagne Philippe 11, que « depuis les falaises dlvergny jusquen la ville de Labroye o, il existe des marais où elle « et ses habitants tant du léz dArtois que de Ponthieu l5euvent pâturer et communer s (4). La Coutume locale et particulière des maire et defle- vins de ta ville de Lahroye, dont le texte définitif fut arrêté en 1.507 (t), dit sappliquer o tant au côté dArtois que de Ponthieu n, et lavocat dHesdin qui en dresse la copie que jai sous les yeux sintitule « procureur fiscal et archiviste de la châtellenie de Labrove-Artois et de Labroye-Ponthieu dit Le floislé n (5). Lopinion de M. Bouthors trouve donc ici son application naturelle: « La vente (les fiefs et les démembrements des grandes seigneuries pouvaient bien déranger les rapports des vassaux avec leur supérieur, des justiciables avec leurs juges naturels, mais nentrainaierit pas forcément le changement des coutumes; par conséquent les coutumes

(1) DE I3EAUVILLÊ. Documents inédits eoneeniaii t la Picardie, t. Ili, P. 813. (2) lni., t Ili, P 319. (8) Hameau actuel du l3oisle. Il faisait jadis partie de - Lahroye. comme Le l3oisle, À icon nay, Bianlicourt t Moisiront, - - (4) Aacuvxs DiPART. Série E. Cnrnrnue de Lubroye. dossier réintégré. (5) Ascii IVES DEPART. Série E. Cern ni duc de lt1 hrnye dossier réintégré. -12— sont encore les éléments les plus certains pour retrouver les anciennes divisions territoriales » (1). Quand, en 1738, lJntendait de Picardie et Artois eut à se prononcer dans laffaire des enclaves de Picardie- Artois, qui divisait le Fermier général des Fer-mes unies de France et les États provinciaux dArtois, le mémoire de cet administrateur (2) nous montre constamment la commune de Lalirove comme ayant une partie de son territoire en deçà de lAuthie et une autre au-delà, sans que jamais le nom de Le Boisle soit prononcé comme unité distincte dans une question qui intéresse les com- munes voisines des deux côtés. . Vitz-Ville- roy, Raye, Dompierre, etc. De même encore, en 1742, lorsque les Etats dArtois proposèrent de percevoir à leur profit les droits sur Labroyc-Artois, laissant sou- mettre aux charges do la Pica.rdie « ce qui se trouve des territoires de Dompierre, de Lahroye et de Willencourt au-delà de. la rivière dAuthie », proposition qui obtint gain de cause dans les lettres patentes du 24 juin 1743(3). Cest la même collectivité administrative qui ) le 22 décembre 1778, sert à son seigneur Einmanuei-Félicité de Durfort, duc de Duras, le dénombrement des biens communs quelle possède, à savoir un marais de 61 me- sures sur et celui dont il est question plus haut contenant 150 mesures (4). Enfin, quand il sagit dappeler les trois Ordres du royaume à lélection de leurs députés et à la rédaction de leurs cahiers, eu vertu des lettres de Versailles du 24 janvier.1789, cest à Hesdin (5), chef-lieu du bailliage, et non à Abbeville, que la commune de Laboye-

(1) BOUTIIORS Coutu,nps locales du bailliage dAmiens, t. n, p. S. (Zj Aacu. DÉPART. Série C. Étals dArtois. Enclaves; n° 243 39. 3) IBIDEM. (4) AncH. COMMUÇALES ne LÀBROTE. Série N. Affaire des marais. (5) Ascii. DÉPART. Série B. Gouvernance dArras. B. 886 1 pièce 1 - 13 - Le Bois le fut convoquée, et cest encore Labroye-Le Boisie qui réclame, dans le cahier (te doléances du même bail- liage, du 8 avril 1789 (1), la restitution de ses hiéns de Maladrerie réunis jadis à lHôpital dAuxi-le-Ch&teau.

II. - Unité de la paroisse de Notre-Dame de Labroye et de son annexe de St.Vaast de Le Boisie.

Sur le terrain ecclésiastique, lunité était la même. Léglise de Labroye, aliare de Lalbertaco, précédem- ment située sur le territoire actuel du hameau de Bien- court, Rosira Domina de Bona Curie, est, signalé& pour la première fois dans une charte dAnsquier de Saint2 Riquier qui en fait don (1096) à labbaye de Marmou- tier (2). Au rôle des décimes levés sur le clergé du .diocèse dAmiens, le 26 mars 1522 (3), la cure de Labroye, chef, du doyenné du même nom, située dans larchidiaconé de Ponthieu, est taxée à 60 sous, sans que le nom du Boi1e apparaisse parmi les cures de cette circons- cription ecclésiastique. Dans le pouillé de 1648 (4), on voit que la cure 6è Labroye reconnait le patronat du

(4)11. LORIQUET. Cahiers de 1789 dans te Pas-(Ic-Cètlais,t.i, p. lot. Cahier du bailliage dHesdin, Art. 90: e Les habilans de Caumont demandent, ainsi que ceux de Labroye, Germes et Toilent, que les biens de la Maladrerie. dont jouit lHôpital dAuxi-le-Ghàteau chrgé de recevoir leurs malades, soient riunis â leur administration n. (2) Cabinet historique dArtois et de Picardie, t. vi, . 216). (3) Da BKÀuvILLÉ. Documents inédits. etd., L. ni, p. 366. (4) PouiUé gnérat contenant les bénéfices de rurchevéché de Reims et des diodèses de (ihâlons, Sentis, Soissons, Noyon Laon, Beduvais, Amiens. Boulogne et Aras, p. 68 et 11. - 14 - prieur dé Biencourt, quelle a lévêque dAmiens pour collateur et quelle possède 400 lb. de revenu annuel. On cite bien comme bénéfices distincts la chapelle de la Maladrerie dudit lieu qui vau1.20 lb. et celle dû ciniteau de Labroye qui vaut 12 lb.; léglise du Boisle ny est pas davantage signalée. On peut toutefois présumer quil sécoula peu dannées entre cette date et celle de son érection. Le rez-de- chaussée de la façade du clocher porte en effet la date de 1668; la voûte du choeur est de 1687, et cest eu 1680 (1) que le curé de Labroye commence à tenir deux séries distinctes de registres de catholicité, attestant quil sest formé pour ses paroissiens placés en deçà et au-delà de !Authie deux centres religieux. Si dans les pouillés de 1736 et de 1772 (2) on fait la distinction de léglise Notre-Darne de Labroye et de

(j) Ancuiv gs COMMUNALES OU I3OISLE. Cf. les cinq registres de catboli,itédc 1686-1112, 1713.1742, 1743-1762, 1763-1778. 1779- 1792. Le premier cahier de ces registres porte cet intitulé u Registre contenant 8 Feuillets coiléz et paraphéz par premier et dernier, de Nous, Conseiller du Bo y, lieutenant général au Rail- liage dAbbeville, soussigné. pour enregistrer, au terme de 1l dit du Roy du mois dOctobre 1691, pendant lannée mil six cent quatre- vingt-treize, tous les Actes de Bâtômes, Mariages et Sépultures de la Paroisse de Labroye autrement dit [ii Boitte. Fait audit Abbe. ville, ce 7e meg mil six cent quatre-vingt 13 Au dernier feuillet on lit aussi « Registre de Labroye en Ponthieu n. - Le cahier de 1708 porte ces mots u Pour servir en exécution des édits de 1667, 169f, 1705 et 1106. à léglise, fabrique et paroisse de Labroye, Branlicourt, Le Boule et aultres lieux ,,. (2) DECAGNY. État général du diocèse dAmiens daprès les pouillés de 1648. 1730 et 1772, p 102. - Voir aussi: 1° BIBLIOTFIQUE &A- MIENS. Ms. 514. Fouillé die diocèse de 1700, D 61. et Ms. 001, Pouitté de 1716; Bénéfices de léglise dAmiens ou-état général des biens, revenus et charges du diocèse dAmiens en 1730 par DARSY 2° ARCHIVES 0E LA SO,Mu Série G. Pouillé du diocèse. iviit s. - 15 - celle de Sairit-Vaastdu l3oisle, cest seulement pour mon- trer que les 173 lb. du revenu de fabrique de celle-ci ne sont pas les 120 lb. appartenant à celle-là ; mais les revenus curiaux proprement dits, SbOlb., sont centralisés en une seule et même main, parce que la cure na quun titulaire (t) qui, jusquen 1790, saffirmera curé tout à la fois de Labroye, Le Boisle, Branlicourt, Verjolay, Mois- mont, Anconnay, etc. -

(1) t Lan de grâce 1685, le dix-septiesme febvrier, après les fiançailles et publications des bans fait par trois dimanches, prosne de ma messe paroissiale, ny ayant et, aucune empôchement, jay soubsigné, curé de léglise paroissial du Boisle, ai [recen] en léglise Nol l3énard [et] banne Detattm de cette paroisse, et, leur consentement mutuel par moi pris, les ay solemnellement, par pro- messe de présent, conjointe en mariage, en présence de leur parent Damien, puis dit la messe des espousaille [et] donné la bénédiction nuptial, selon la forme aeoutumé de aostre mère saiacte église. Quéval, curé de Lahroye n. ARCHIVES DU . R0ISLE. 1" registre de catholicité. - Léglise du Boiste était desservie par un vicaire, comme en témoigne lacte suivant, extrait dun des registres parois- siaux susvisés: « Le 10jour de mars 1765, est décédé en sa maison, au Boisle, paroisse de Lairoye, Jean-François-Maximilien Féroux, prêtte vicaire de ce lieu, Agé denviron 50 ans, et le lendemain son corps fut inhumé mi cette église par M. Daulé, curé de , du consentement du ST Roussel, desservant la cure de Lnbroye et du Boisle, son secours, en présence de M. le prieur de Raye, de M. Ro- ger, curé de ToIlent. dudit S Roussel, et de Pierre-Antoine et F0 -Marie Fôroux, ses frères, qui ont tous si gné ».

-0- II

LA MALADRERIE

- Origines de la Maladrerie. - Sa gestion par les habitants.

Jen viens â la question spéciale des biens des pau- vres possédés jadis par Lahro ye-Le Boisie et adjugés â la. seule commune de Lahroye par un décret du Président de fa République du 7 février 18.50. On ne sait rien des premièes origines de la Mala- drerie de Labroye. A-t-elle été fondée par Pierre dAmiens, lauteur de la charte daffranchissement de la commune? Aucun document ne létablit. Toutefois, il est permis dadmettre que le XII siècle vit la naissance de ce petit hospice rural, si lon considère les nom- breuses fondations charitables semées dans toute lEu- rope à la veille de départs pour la Croisade, et si lon observe que, dans la région immédiatement voisine, la Maladrerie de Tanfol (). a été fondée par Gérard de Picquigny (1131-1178) (1), que celle de Rue sest vue confirmée dans ses possessions par Guil- laume 111., comte de Ponthieu, en 1198(2), et que le prêtre Adam de Labroye réédifia lHôpital de Saint- Riquier â la même date (3). Il est môme très vrnjsem-

(1) DABs?. Picquigny et ses seigneurs. vidames dAmiens. (2-3) IGNACE-JosEp u DE JÉ SUS- M ARIA. HiNtoire qéurate des comtes de Ponthieu et nlaïeurs dAbbeville, p. 91. 17 - blable de revendiquer pour la mémoire de Pierre dAmiens la création de cet établissement, quand on le voit, par la fondation de lHôpital Saint-Jean dAmiens, en 1184(1), donner la mesure de ses dispositions philan- thropiques. Deux faits seulement survivent au naufrage général des titres historiques de la Maladrerie de Labroye. On sait, par un document du 12 mars 1438 (9), quun pape aval t, dans une bulle spéciale, confirmé et pris sous sa protection les biens de cette Maladrerie. On sait aussi que, par un acte du 1f juillet 1.588 (3),, dont les termes suivent, le seigneur de Labroye sétait désisté de lad mi nistration directe de celle-ci en faveur des maire et échevins dùdit lieu

u Em:i ii miel dAIl), chevalier, vidame dAmiens, baron de Piequiguy. Siamir ehasteliri de llaiueval, Lahroye. Vinacourt, Fli xeeo r., Do u rs. A lIon ville, etc. A tous ceux qui ces pré- sentes lettres verront, salut. Su r ce que n s arréz et ftia ulx les mafeu r et échevins de liostre el,,,stel lenie, terre et seigneurie de Lahrove. reprseutnns le corps et conirnunatilté dudit lieu! nous nr,roient présenté r e fl I Ie$te ;t,1 ce que, pour e bien et utilité de louis les tnauans et habitons et du puhlirq il nous pleust. de leur octroyer et délaisse, le gotrvernernent et admi- nistr:ttjon de la Maladrie de miostre ditté sekrueurie de labroye qui est eu nostre libre disposition et provision, aitisy que solilloient .c y -devu.nt tenir leurs préd4eesseurs hahiraus, comme ils nous ont finit entendre, et après que 110118 avons esté deubment irttormoéz de la conjodité et incomnmudi té du fait, et prins sur ce advis (le itostre conseil . Nous, désitans grattiffier nosdi ts subjetz runnans et Imabi ians de Labroye, et, pour le hie,, et sonlagement des pauvres et utilité du puhlicq, avons

t (1) A. DE LA Monr.mktiz. Oprre sucÉe, p. 98. (2) DE I1E uvuLt.É, L. lit, ,. 315. (3) Anusrvus n?:rAnT, ou Pis-Dr . CALAIS Série H. tlôpilcl dAu.ni- te-Chdeuu. Maladrerie de Lahioye p. 1. - - donné, octroyé.et accordé, donnons, octroyons et accordons ausdits majeur et eschevins de Labroye la charge, gouverne- ment et administration de laditte Maladrie dudit lieu, pour la tenir par eux soubz nous et nostre autorité et jouir des droits, proffitz, revenus etesmolumens appartenant à iodle Maladrie, selon et ainsy que en ont fait et jouy, peu ou deu jouir et pos- sasser les administrateurs préceddentz institués etordonnéz de par nous et nos prédécesseurs ; à la charge dentretenir en laditte Maladrie le service divin qui est acoustumS dy estre fait et chanté par chacune sepmaine, recevoir et nourir et héberger les pauvres malades, entretenir les litz et autres meubles qui seront nécessaires en laditte maison, ensemble les édiffices et bastimens de laditte Maladrie, et de distribuer [et] employer les deniers qui reviendront bons dudit revenus en autres œu v res pieux, le tout selon linstitution et fondation de laditte Maladrie. Et de laquelle charge et administration lesdits maleur et eschevins seront tenus nous rendre compte, par chacun an, ou à nos officiers de justice; et génèrallement garder et maintenir les droits, biens et revenus de laditte mai- son. Et, pour cette effet, nous ont lesdits majeur et eschevins promis de nous bailler en dedans trois mois dhuy un bref estat et déclarations de ce de quoy sétendent [et] consiste le bien et revenus de Làditte Maladrie de Labroye et des lettres ettiltres quy sont à présent en laditte Maladrie. Et néantmoins nous sera loisible et à nos successeurs de retenir en nos mains lad- ministrations de laditte Maladrie et en disposer et à nostre plaisir et volonté, à faute de bon ménage et fidelle adminis- tration de lapait desdits mayeur et eschevins dudit Labroyo. En tesmoing de ce, nous avons signé ces présentes de nostre main et y fait apposer nostre cachet armoyé de nos armes. n Donné en nostre chasteau de Picquigriy, le lundy unziesrne jour de juillet an mil cincq cens quattre-vingt-liuict. Signé Ernauuel dAlly, et sellée du cachet dudit seigneur en sintple queue de cire renie - 19 -

II. - Rattachement de la Maladrerie de Labroye à lhôpital dAuxi-le-Château.

En quoi consistait alors cette hospitalisation ? Com- ment, par qui et au profit de qui sexerçait-elle ? Autant de problèmes que le manque de documents nous oblige à laisser sans solution. Aussi bien, il importe peu à notre thèse dêtre fixée sur ces points. Il suffit de rappe- ler que toutes tes léproseries et maladreries de France furent enlevées à leur destination originelle par un édit de décembre 1672 et rattachées lOrdre du Mont-Carmel et de Saint-Lazare, en raison de la disparition de la lèpre et des désordres auxquels ces biens de charité devenus sans emploi avaient partout donné lieu, et quaprès cet infructueux essai de centralisation et dad- ministration uniforme, elles entrèrent dans la dotation des Hôpitaux voisins, en exécution de lédit de mars 1693 et des déclarations royales des 11 avril et 4 août de la même année. La destinée de la Maladrerie de Labroye fut réglée en ces termes par un arrêt du Conseil privé du 13 juillet 1695 et des lettres patentes de décembre 1697 emiregis- trées au Parlement le 16 juillet 1698 e Ordonnons que lhospitalité sera rétablie dans lllospital dAuxy-le-Chasteau, auquel nous avons uty et unissons les biens et revenus de la Maladrerie dudit lieu et des Maladreries de La Broya, de Gennes et de Villeroy et de Caumont, pour en jouir et de ceux dudit Flospital dAuxy-le-Chasteau à cern- mencer du jar dudit mois de juillet mil six cent quatre-vingt- quinze, et astre les revenus employés à ta nourriture et entre- tien des pauvres malades qui seront reeus audit Hospital, à la -20 - charge de satisfaire aux prières et services de fondations dont peuvent estes tenus ledit Hospital et lesdites Maladreries, et de recevoir les pauvres malàdes de Labroye, Germes, Villeroy et Caumont, à proportion des revenus des Maladreries desdits lieux, » (1).

Mais, sil est facile de stipuler dans une ordonnance quun hôpital renaîtra de ses ruines et rentrera dans la régularité, quil prendra désormais à son profit les revenus détablissements secondaires placés plus ou moins prés de sa main, et inscrira dans ses charges les charges inhérentes à ceux-ci, il est moins aisé de réa- liser ce programme sur le terrain pratique. Pendant que Robert Delattre, curé dAuxi, sintitulant administrateur-né de lHôpital de cette ville, donnait à bail (30 mars 1699) à François de Fontaine, laboureur de Labroye-Ponthieu, les quarante-cinq mesures, de terres et de prés de la Maladrerie de Labroye, pour 300 lb. annuelles (2), le sieur deBassecourt, intendant du comte dEgmont, seigneur dAuxi, et Claude François, bailli de cette ville, intriguaient de leur côté pour sauvegarder les droits honorifiques et utiles de leur maître lésés par la réunion des Maladreries à lHôpital, par la restaura- tion de celui-ci et par lentrée en scène de la nouvelle administration (3).

(f) AncHEvEs ou, PAS-DE-CALAIS. Série lI. 118 pilaI • dAuxi-Ie- Châteazt. Réunion théorique des Maladreries. - Série C. Inten- dance. Liasse 00, pièces 136-144. (2) Pour toute cette affaire, cf. Aacuivss ou PAS-0E-CALAIS. Série H. Hôpital dAùxi-te-Château. Réunion définitive des biens de la Maladrerie de Labroye (1699-1120). (3) Une déclaration royale du 12 décembre 1698 avait réglé les formes de lélection des administrateurs de lHôpital, Les hases et létendue de leurs pouvoirs, ta tenue et la reddition de leurs comptes, et presquaussitôt [évêque d Amiens et lintendant de Picardie avaient fait élire par les paroissiens dAnti ladministra- tion nouvelle. - 21 - Pour satisfaire aux volontés du Roi, ils ne trouvaient devant eux quê des bâtiments ruinés, des biens demeurés en friche ou usurpés, des dîmes et des censives détour- nées de leur première affectation ou retenues induemet par le fermier des Commanderies, les titres et les terriers disparus. Pour ne point endosser une responsabilité aussi lourde, ils déclarèrent, le 26 avril 1703, au nom de lHôpital, « que cette réunion seroit plus onéreuse quavantageuse par le grand nombre de pauvres quy leur surviendroient dudit lieu de Labroye e, et que la désunion des biens des Maladreries était chose néces- saire. Lévêque dAmiens, M. Feydeau de Brou, alors en tournée pastorale, se fit lécho de ces plaintes et se montra davis « quil fust estably un hospital audit lieu de Labroye, pour la subsistance des pauvres dudit lieu et de ceux de Gennes et de Caumont n, et que jusquà lentière solution de cette affaire par Sa Majesté, les biens des Maladreries fussent régis par les curés et mar- gui Iliers des paroisses intéressées et leurs revenuscm- ployés au soulagement des pauvres respectifs de celles-ci. Cétait remettre en question toute laffaire et ouvrir une longue et sinueuse série de procès entre lHôpital dA.uxi et le curé de cette ville dune part, appuyés par le pouvoinroyal, contre les divers fermiers des biens de Maladreries dautre part, soutenus par le.seigneur, par les curés et parla population des troisparoisses. Nous ny entrerons pas. Disons seulement quaprès une ordon- nance de lIntendant du 16 janvier 1716 et deux sen- tences (t) du bailliage dHesdin du 10 octobre 1716 et 23 janvier 1717, voyant la paroisse de Gennes lécher pied (14 janvier 1720) (2), la communauté de Labroye con-

(1) Aacsivt:s Du PAS-DE-CALAIS. Série C. Intendance. Liasse 700, P. 142. - (2) nie. Série H. hôpital dAuxi-le.Chdteau. Réunion définitive des biens de la Maladrerie de Gennes (1i15.12o). - 22 sentit, le 29 avril de la môme année, à voir ses biens de Maladrerie réunis définitivement à ceux de lHôpital dAuxi,à compter du mois de novembre 1714. En Tait, la réunion avait déjà porté quelques fruits pour cet établissement charitable, dans le court inter- valle qui sétait écoulé entre le bail de 1699 et linter- vention si inopportune de [évêque dAmiens. Le compte rendu en 1715 par leuré dAuxi, admiuistrateùr-né de lHôpital, pour tas années 1699, 1700 et 1701, nous montre en effet que sur 1,390 lb. de recette péniblement réalisées à cette .époqqe difficile, les deux cinquièmes au moins, 580 lb., provenaient de la seule Maladrerie de Labroye (1). Dès que la situation eût été définitivement réglée, les revends des Maladreries commencèrent à rentrer régu- lièrement et intégralement, et vinrent former dans les comptes annuels du receveur de lHôpital autant dechà- pitres distincts de sa recette. Ainsi en 1735 (2) la Mala- drerie de Labroyc figure pour 575 lb. dans un revenu total de 1,941 lb. 3 s. En 1757 (3) elle apporte 544 lb. 5 s. dans un ensemble de 2,736 lb. 12 s 7 d. Enfin, dans le compte de liquidation établi en novembre 1791 (4), pour les trois années 1787, 1788 et 1789, elle fournit 2,454 lb. sur un budget de recettes de 12,073 lb. 2 s. 2 d. En acceptant cette amélioration de ses ressources, lHôpital avait souscrit, çorime on la vu, lobligation réciproqué dhospitaliser les malades de la commu- nauté de Labroye. Le dénombrement suivant (5) fourni par lun de ses administrateurs, à la date du janvier

(1-2-3) ARCHIVES Du PAS-DE-CALAIS. Série H. Hépitat dÀuxi- le-Château. Comptes de VilS, de IiSS. de 1157. (4) ARCHIVES DE CFI0nTAL DAUXILECEtATEAU. Série E. Comptes. (5) ARcRIVES DU PAS-DE-CALAIS. Série H. Hôpital d4uxi-te- Château Maladrerie de Labroye; p. 2. - 23 -

1781, nous écimera tour à la fois la consistance exacte des biens réunis et létendue de cette obligation

« Châtellenie de Labroic-Artois. - Fief, 3janvier ilS! - n Dénombrement que moi Jean-François Barbier, vivant de mes biens, demeurant au bourg dAuxi-Ch&teau, et lun des administrateurs des biens et revenus de lHôpital dudit Leu, fondé de pouvoir qui ma été donné par les autres administra- teurs le seize avril dernier 1780, et qui est joint à la déclara- tion servie ce jourdhui pour les biens tenus en roture de la baronnie de Caumont sers et baille: n k très haut et très puissant seigneur, monseigneur Emmuuuel-Fèlicité de Durford, de Duras, duc de Duras, pair et maréchal de Franco, chevalier des Ord?es du Roi et de celui de la Toison dOr, premier gentilhomme de la chambre de Sa Majesté, gouverneur de • la province de Franche-Comté, lun des quarante de lAcadémie Fraùoise, comte dlléniu- Liétard, baron de Caumont, seigueur de Dourgos. Rouvroy, Bois-Bernard, Montignv, Achoville, Coi ntiges, Quiéry, Noyelle- Godeault, Abo yai, Lafosse, Chérieunes, Erquières, Haute- ville. Tolleut, Fontaine-Létallou, Lezin, , La Broy- Artois et La Btoy-Ponthieu dit Le Boisle; dun fief eu plein hommage que tient la Maladerie et Léproserie de Labroïe, mie audit Hôpital dAuxi-Chateau, de moudit seigneur le maréchal duc de Duras, à cause de la terre et chatélenie de Labroye-Artois, consistant dans les immeubles ey-après déclarés; lesquels ont été donnés par aumosue avec un autre fief situé à Labroye dit Le Boisle, û la Maladerie de Labroie- Artois, par les prédécesseurs de mondit seigneur le maréchal, pour soigner et médicamenter les pauvres malades et iuco- modés tant de Labroïe-Artois que de Labrdïe-Ponthieu dit Le I3oisle, et aussi pour faire dire et décharger deux messes toutes les semaines à lintention des fondateurs dans la cha- pelle qui étoit sous le nom de St-Autoine à la maison de la Maladerie, audit Labroye, et pour faire chanter chaque année une messe le jour do St-Jean-Ba ptiste dans léglise dudit Labroye, pour la rétribution de laquelle messe est dù douze - 24 -

livres tant aux sieurs curé, vicaire, quaux officiers de justice de la ehàtélenie dudit Labroye, pour le droit nommé le droit de paste, » Laquelle Maladerie, ainsi que les immeubles cy-après déclarés, ont été unis à lHôpital dAuxi-Chàteau au mois de novembre mil sept cens quatorze, ainsi que moi dénombrant la déclaré: )) ARTICLE le.. - Premièrement, ledit fief consiste en cinq quartiers ou environ de manoir, présentement à usage de labours, situé audit Lahroie, n 140 du plan, où ètoient anciennement bâtis et construits la maison de la Maladerje et la chapelle sous le nom de Si-Antoine, et où se voient encore quelques vestiges de bâtiments, tenant dune liste au chemin de Labrole au marais de Bieucourt, dautre liste aux terres du domaine de laditte chatélenie, dun • bout Ru chemin con- duisant alIK prés Vidame, et dautre bout à Marie-Anne Pail- lard, femme de Francois Lépinoy, auparavant veuve de Louis Gaillet » ART. 2. - Item, en douze mesures ou environ de terre labourable anciennement à usage de pré, situées audit Lahroie, n° 133 du plan, tenantes dune liste auxdittes terres du domaine, ainsi que dun bout, dautre liste à la rivière dAu- thie, et dautre bout à Marie-Austreberthe Depoix, femme de Joachim Aubry o ART. 3: - Item, en dix mesures ou environ de terre labourable situées au m ême terroir de Labrole, u 156 primo , du plan, tenantes dune liste à Jean-Francois Lombart, dautre liste aux terres du domaine, dair au chemin de Labroje à Raie, et dantre bout aux terres du prieuré de i3ieneourt; » ART. 4. - Item, en dix autres mesures ou environ de terre labourable situées audit terroir, n 156 secundo du plan, tenantes dune liste aux terres du prieuré do Biencourt et à la forest de Lahroie, dautre liste à lart. suivant et au sieur Bonaventure Thélu de , dun bout audit chemin de Labroye à Raie, et dautre b6ut à laditte forest » ART. 5. - Item, encore en dix autres mesures de terre labourable, n L56 tertio du plan, tenantes dune liste àlar- ticle précédent et à la forest de Labroïe, dautre liste A laditte - 25 - forest età lart. suivant, duta bout audit sie tir Théiu, et dautre bout à larticle neuvième cy-après; » ART. G. - Item, en un bosquet contenant environ deux mesures, n° 145 du plan, tenant dune liste h lart, précédent et audit sieur Thélu, dautre liste aux terres du domaine, dan bout à la forest de Labroye, et dautre bout h ]article suivant; » Aar. 7. Item, en une mesure de terre labourable, 110 146 du plan tenante dune liste audit sieur TIidi u, dantre liste aux terres du domaine, dun bout à larticle précédent, et dautre bout au chemin de Labroye à Raye; Aaçr, 8. - Item, en un autre bosquet contenant deux mesures et demie, situé audit Lahroïe, n° 143 du plan, tenant de donx listes et dun bout àla forest dudit Lahroye, et dautre bout aux terres du domaine et à Élisabeth Collet, veuve de Charles Bazin ART. O. - Item, un autre bosquet contenant douze à treize mesures, n° 157 du plan, tenant de deux listes et dun bout à la forest de Labroye et dautre bout à larticle ,ein- qulème cy-devant ; ART. lO. - Finalement, en huit mesures ou environ de terres labourables situées au terroir de ToIlent; n 160 du plan dudit Toilent, tenantes dun côté, vers orient, aux héri- tiers de Michel Delporte, à Elizabeth Collet, veuve de Charles Bazin, Jean-Baptiste Paillard, le sieur Cauwet, Éloy Vasseur, Victor Batifflers, et audit sieur Cauwet dautre côté, vers occident, à Jean-François Paillard, aux héritiers du sieur Depoix, h Marie-Agnès Gazier, veuve dAlbin Louchez et à ses enfants, Victor Boufflers, Marie-Madelenne Boners et Pierre Boufflers ; dun bout, vers midy, audit sieur Cauwet et aux héritiers du sieur Denoyelles dAboval et dautre bout, vers nord, à ladite Élizabeth Collet, veuve de Charles Bazin ; les- quelles huit mesures de terre font partie du fief du Grand Seiller n Lesquelles parties dimmeubles cy-dessus sont, comme il est dit cy-devant, tenus en fief en plein hommage de ladite châtélenie de Labroye par soixante sels pari sis de relief, autant daide, quand le cas y échet, et vingt sols parisis de - 26 -

chambellage ; avec service de p1ads de quinzaine en quinzaine en la cour de mondit seigneur, audit Labioïe, y étant suffi- sament évocqué et appelé, à peine de cinq sols panels damende par chacun défaut; et, en outre, lesdits immeubles sont chargés de reconnoissance ou cens foncier par chaquè année au jour de St-Remi, vers ladite chàtélenie, de vingt-six sols parisis. » Et, à cause de lunion de ladite Maladerie de Labroïe- Artois et de Labroye dit Le Boisle audit Hôpital dAuxi-Clià- teau, les sieurs administrateurs dudit Hôpital sont tenus et obligés de recevoir dans ledit Hôpital tous les pauvres de la paroisse de Labroie-Artois et ceux de la paroisse de Labroye dit Le Boisle qui se trouvent malades et incommodés, pour y être nourris, soignés, sollicités, traittôs et médicamentés aux dépens dudit Hôpital, lorsque lesdits malades se présenteront avec un certificat délivré soit par mondit seigneur le maré- chal, soit par Lun de ses officiers de justice de ladite châté- lenie, ou par le sieur curé dudit Lahroye, et sans aucune autre formalité. • n Sont encore tenus et obligés lesdits sieurs administrateurs de faire apparoir à mndit seigneur le maréchal, ou auxdits sieurs ses officiers, quittance et décharge de deux messes quils sont tenus de faire décharger aux dépens dudit Hôpital par chacune semaine, à lintention des fondateurs de ladite Mala- derie, comme aussi de celle quils sont obligés de faire chanter pour la même fin, chaque année, le jour de St-Jean-Baptiste ou le lendemain, dans léglise dudit Labroye-Artois, pour rétribution de laquelle lesdits sieurs administrateurs sont tenus, comme il est dit cydessus, de païer douze livres tant aux sieurs curé et vicaire pour leur rétribution quaux officiers dudit Labroye pour leur droit e paste; n Déclarant quen cas de vente, don, échange, transport ou autre aliénation des biens ey-dessus, il seroit dû pour droit seigneurial le cinquième deniers et toué autres droits suivant la coutume. » Lequel aveu et dénombrement je présente à mondit sei- gneur le maréchal, duc de Duras, et à ses officiers, les priant de le vouloir ainsi recevoir, aux offres que je fais de laug- menter ou autrement corriger cy-aprés, si le cas y échet, et - 27 - den réclamer en madite qualité lettres de récépissé à mes dépens o - « Vu le présent dénombrement, ouï le procureur fiscal de la chatélenie de Labroye en ses conclusions, et après avoir confronté ledit dénombrement auj anciens titres de la chaté- lenie et lavoir trouvé conforme à iceux, les hommes de fief dicelle, jugeants à la conjure de M t le grand bailly, ont ordonné et ordonnent que ledit dénombrement sera et deincu- rera reçu et qu lettres de récépissé en seront expédiées audit sieur Barbier eh saditte qualité, à ses despens suivant sa réquisition. Et a le sieur Barbier nommé à linstant pour hommevivantet mourant Louis-Franqois-Marie-Charlemagne Arrachart, fils de feu Louis, demeurant à Auxi-Chateau. Fait et déclaré à l4abroye, le trois janvier . mil sept cens quatre-vingt un et a ledit sieur Barbier signé ainsi que ledit Arrachart avec les officiers, hommes de fiefs et procureur fiscal de ladite chàtétenie, aptes lecture sur la minute des présentes déposée aux Archives. n Cette copie délivrée pour valoir récépissé est conforme à la minute ; témoin le procureur fiscal -de ladite chatéleme soussigné Tavernier.

III. - Les malades de Labroye et de Le Boisle hospitalisés â Auxi-le-Château.

Définitivement fixés sur ce point de la question, nous devons la prendre sous une autre face et rechercher comment dans ta pratique lHôpitaldAuxi-le-Chateau sacquittait de ses devoirs nouveaux, et comment les communes intéressées savaient profiter de leurs droits. Les registres dentrée, de sortie et de décès de la maison auraient pu à cet égard nous édifier aussi com- plètementetaussi exactement que possible, sils navaient pas disparu dans lodieux saccagement des archives de la ville dAuxi-le-Chàteau. A leur défaut, jai dû recourir aux registres de catholicité de la paroisse qui,malheu- - 28 - reusement.ne relèvent que des décès et partant, ne peu: vent donner defaçon ni précise,ni même approximative, le mouvement des malades hospitalisés. Néanmoins, sappliquant uniformément et également aux malades urbains et aux malades forains, leur témoignage de- meure dun trop grarfd poids pour quon le néglige. Voici, sous une forme très résumée, le tableau des décès que jai constatés dans lHôpital dAuxi, depuis la réu- nion effective des biens des Maladreries et la réception des malades ruraux Hôpital Labroye Gaumont Gennes Total des décès

3721-17.30 28 4 1 I 1731-1740. 7f, 10 2 94 1741-3750 55 9 3 09 1751-1760 40 15 66 1761-1770 82 4 9 03 1771-1780 44 10 5 o 61 1781-1790 24 8 2 34

357 I 65 I ie I 13 453 96 Comme on le voit, sur 453 décès survenus à lHôpital dAuxi-le-Chàteau entre lépoque de la réunion des Ma- ladreries et la fin de lancien régime, 96 se rapportent à des matadès forains, dont 65 pour la seule paroisse de Labroye. JI serait curieux, à coup sûr, de pousser plus loin la recherche et dessayer de déterminer ceux dentre ces 65 morts de Labroye qui étaient venus den-deçà ou dau- delà de lAuthie, qui relevaient de la paroisse Notre- Dame de Labroye ou de la succursale de Saint-Vaast du Boisle. Mais, là encore et surtout, le problème est presque insoluble, puisque dune part, le clerc ou le curé dAuxi- le-Chateau na jamais pu enregistrer ses morts avec plus de renseignements quil ne lui en ôtait donné, et, dautie part, lHospice, qui connaissait sous le seul nom de Labroye les malades qui lui étaient envoyés, na jamais dû sinquiéter de spécifier clans ses déclarations mor- tuaires si ceux-ci appartenaient à telle ou àtelle région de cette paroisse. Le hasard seul peut nous fournirquel- ques indications. - o Lan mil sept cens quarante et deux, et le dix février, est décédée en lHospita.l do ce lieu Antoinette Bridou, fille à marier du village du Boille, fille de Claude Bridou et Antoi- nette Mouret, et le lendemain son corps a été inhumé dans le cimetiére de cette paroisse p:r moy, prêtre curé soussigné, en présence de Jacques Effroy et André Roinet soussignéz. Jacques Effroy, t\ndré Roinet. Le Jeune » (1). - e Le vingt-sept de février mil sept cens quarante et deux, est décédé en IHospital (le ce lieu Antoine Lanclren, âgé de cinquante-quatre ans, du village du Boille, et le même jour ...... (.2). -. 1755. Antoinette Bridou [lisez Mouret], femme de Claude Bridou (3). - 1763. Geneviève Segret, 2e femme du même (4). - « Le vingt-trois janvier Sil sept cent soixante-treize, estdécédée en lHôpital dé ce lieu Marie Garbo, âgée de quatre- vingt-quatre ans, veuve de Pierre Vasseur, manouvrier du hameau du Boille, paroisse de Labroye, et le même j our ...... » ( 5).

(1) ARCHIvEs oAox,-1,F.-CHATEAU. Registres paroissiaux. Décès de lannée 1742, f 3. (2) lai»., fo 4. (3) Irno. Décès de 1155 f° S. (4) 1H11). Décès de 1163, f» 9. (5) ARCEIÎVES oAuxI-LE .C,eATEAu. Registre aux baptêmes, ma- riages et décès de f113. f 2,— Dans le registre aux actes paroissiaux du BoiMe (Décès de 1773, f 1). on lit aussi: « Le vingt-trois de janvier 1113 est décédé à lHôpital dAuxi-le-Chàteau Marie Garbo qui y n été inhumée le mArne jour. Elle était veuve de Pierre Vasseur ». - - 30 -

• - s Le vingt-trois janvier mil sept cent sàixanté-tréize, est décédé en lHôpital de ce lieu Jacques Dorion, âgé de cia- quante-troisans, vivant manouvrier du hameau du Boille, paroisse de Labroye ...... , (I). - o Le dix-huit janvier mil sept cent sàixante-quatorze, est décédé à lHospitale de ce lieu Michel Gellé, nanouvrier du village de Labroy, et le lendemain son corps a été transporté -audit Labroy pour y être inhumé. Daullé, curé (2).

Mais cette constatation de sept habitants du Boisle envoyés à A.uxi pour sy faire soigner au nom de la paroisse de Labroye, est, je le répète, de pure curiosité et superflue, après lindiscutable témoignage du dénom- brement de 1781.

(1) Aacurvss DAIJXI-IE-CHATEIUli— Continuant linscriptionquon vient de lire dans in note qui précède, te registre du Bbisle donne

k Le même jour, est décédé audit Hôpital Jacquc Dorien, veuf de Marie-Madeleine Le Lièvre; il n aussi été inhumé audit. On en trouvera les actes mortuaires sur les registres dudit Hôpital. flous- sel, desservant de Labrove et du Bois]e, • (2) Insu. Baptêmes, mariages et décès de P114, fOi5.Lc registre du Boisle (Décès de 1774, fa t vo) porte son égard cette mention: « Lan mil sept cens soixante-quatorze, le dix-neuf de juillet au matin, par moi curé de cette paroisse soussignée, a été inhumé dans le cime- tière de cette paroisse dcssédé dhière dans lHôpital dAussi-le-Châ- teaux Michel Gelé, veuve dElisabeth Prévost, âgée denviron cin- quante-deux ans, en présence de Michel Gelé, son fils, qui a déclaré ne savoir écrire, de ce par nous interpellé, et de Philippe BnulIv- qui o signé le présent acte ledit jours et an que dessus. Deru-zé, curé de Labroye et du Boisle son secours. Philippe Boully. n

•o. - I

ÉRECTION DE LA GOHUNE DE LE BOISLE

--C------

I. - Rupture des liens administratifs entre la portin de la commune de Labroye sise au-delà de lAuthie et celle située en-deçà de cette rivière.

Après avoir successivement envisagé lhistoire civile, lhistoire ecclésiastique et lhistoire charitable de La- broye-Artois et de Lahroye-Ponthieii, depuis le 3(11 e siècle jusqifà la fin de lancien régime, il convient de recher- cher les motifs qui amenèrent la désunion des deux groupes, les circonstances dont elle fut entourée, et lépoque exacte où leur séparation entra dans les faits acquis - La toi de décembre 1789, rendue sur décret de lAssem- blée nationale du 14 du méme mois, avait mis fin aux iSouvoirs des anciennes communautés dhabitants et prévu lorganisation de municipalités nouvellès, issues du suffrage direct des citoyens- Des lettres patentes du 6 janvier 1790 P njoignirent de procéder sans retard à lélection de ces municipalités, et, comme la chose nallait pas sans difficultés en plusieurs endroits, notamment sur les zônes frontières danciennes pro- vinces, une autre loi rendue sur décrets des 18 et 20

M 32 - janvier stipula que les villes, villages, paroisses et com- munautés qui avaient été jusqualors mi-parties entre. différentes provinces se réuniraient, pour ne former quune seule et même municipalité dont lassemblée se tiendrait au siège du clocher.. Dautre part; la loi dii 22 janvier 1790 qui décrétait la division de la France en départements, districts et cari- tons, sétait vue complétée par celle du 4 mars rendue sur décrets des 15 janvier, 16 et 26 février 1.790 qui créait 83 départements. On y lisait entre autres choses que les villes emporteraient le territoire soumis Ô. ladminis- tration directe de leur municipalité et que les commu- nautés de campagne comprendraient de môme tout Le territoire, tous les hameaux, toutes. les maisons isolées dont les habitants étaient cotisés sur les rôles dimposi- tion du chef-lieu. Il était dit aussi quau cas où une rivière formerait la limite de deux dépdrtemenls ou de deux districts, cette limite serait prise du milieu du lit de la rivière. Lapplication de ces lois trouva Labroye et Le Boisle dans une situation fort équivoque. Les deux groupes dhabitants ne formaient avant 1789 quune seule et môme communauté; le clocher était assis sur le territoire de Labroye, et Le Boisle ne possé- dait quifne succursale de celui-ci ; une seule munici- palité siégeant à Labroye devait donc succéder à lan- cienne communauté dhabitants du même nom. Mais les moyens invocables dans le sens contraire noffraient pas une moindre valeur. LAuthie, au moins dans cette partie de son parcours, farinait la limite acceptée de la Somme et du Pas-de-Calais, comme elle avait déjà été celle de la Picardie et de lArtois. Les habitants du Boisle étaient cotisés aux impositions de la Picardie, pays de Franco, tandis que ceux de Labroye Létaient aux impositions de la province dArtois, pays C

- 33 - de privilège, et un poste nombreux de commis Fermes surveillait le pont qui reliait les deux agglomé- rations. La population (lu Boisle était inscrite sur Tes états de la Généralité dAmiens, bailliage dAbbeville (province de Picardie) (1), tandis que celle de Labroye fournissait son contingent au bailliage d.Hesdin (pro- vince dArtois) (2). Enfin, bien que vivant sous le même régime municipal et judiciaire, les diverses sections de la commune de Labroye paraissent avoir très ancienne- ment possédé des biens propres et personnels, et lon voit en 1.783 les habitants du Boisle et du Verjollay (3) aliéner avec lautorisation de lIntendant de la province une partie de leur marais commun pour payer les 2,860 lb. Il s. 18 d. quun procès de fabrique leur avait coûtés, et de même, eu 1788, ceux de Labroye payer la réparation de leur clocherelde leur presbytère (,i00 lb.) enaliénant 10 mesures de marais (4). Si la bonne entente avait été complète entre Labroyc- Artois et Labroye-Pomithieu, les lois de 1790 nauraient rienchangé àja situation de ces deux groupes. Lesiège de la municipalité nouvelle pouvait être confirmé à Labroye-Artois ; les droits de Labroye-Ponthieu, repré- sentés par son glas grand nombre délecteurs et délus, étaient largement reconnus et sûrement sauvegardés par les instructions (le lAssemblée nationale du 14 décembre 1789. Mais Le Boisle, qui formait & lui seul plus de la moitié de la population totale, était fier de sa force, voulait secouer une tutelle aussi humiliante pour

(t Anranv gs DE J,A SOMME. Série G. Intendance; li. 108, pièce 4. (2) ARCHIvES Du PAS-DE-CALAIs. Série C. Intendance; Ii. 185. Missin, (8) ARCHIVES DE LA SoZME. Série C, Intendance; li. 835, pièces 8 et 9. (4) ARCHIVES Du PAS-DE-CALXIS. Série G. Intendance; liasse 186, pièces 116 à 119. 3 t - - son. amour-propre que préjudiciable à ses intérêts et sadministrer par lui-même et pour lui-même. Dès le lendemain des lettres patentes de janvier, on le trouve constitué en municipalité, particulière, répondant au District dAbbeville, département de la Somme

u Nous croyons devoir vous avertir, écrit-on dé Labroyc (1.r août 1790) au Directoire du Pas-de-Calais, que malgré le décret de lAsse:nblée nationalle du 20 janvier dernier qui ordonne que les villes, villages, paroisses et communautés qui ont été mi-parties de différentes provinces, ne formeront quune seule municipalité et quelle sera dans le lieu où est le clocher, il sest formé deux municipalités dans le village de Labroye, sous le prétexte que ce lieu ètoit mixte des deux anciennes provinces dé lArtois et de la Picardie et quil est partagé presquégalement par la rivière dAuthie qui fait en ce même heu la séparation de votre département davec celui de la Somme. n Nous avons lhonneur de vous faire observer, Messieurs, que le côcéde ce village qui est du , Pas-de-Calais a toujours été le chef-lieu; quil ale clocher, le presbitère; que, suivant lesprit du décret, il doit avoir la municipalité ; quil seroit peut-être sans exemple quun même lieu, une même paroisse, dont la population totale ne va pas au-delà de 800 âmes, dont les maisons ne sont pas fort éloignées les unes des autres, dont lensemble nest pas fort étendu, ait deux municipalités, deux paroisses, deux églises, deux presbytères, tandis que lesprit de la Constitution est de réunir autant quil se pourra 10,000 âmes sous une même paroisse. Il est vrai quau côté de ce village où il sest formé une municipalité répondante à Abbeville, il y a une église succursalle ; mais il ny a pas de presbitère. Le curé de Labroye chef-lieu a toujours desservi cette église succursalle ; le chemin pour y aller est très aisé les deux églises sont scituées sur le grand chemin WHesdin à Abbeville et ne sont éloignées lune de lautre que denviron 400 pas » Sil se.fait une réunion, comme il ny a pas lieu den douter, nous vous prions, Messieurs, de nous conserver notre ancienne - - existence de chef-lieu et dappeller auprès de nous nos conci- toyens de la partie de notre village quon appelle Labroye- Ponthieu dit Le Boisle (1)». Le Directoire répondit(1.2 août 790)qui I croyait devoir laisser â lAssemblée générale du département la soin- lion de cette question délicate, observant dailleurs que la prétention (le Labroye toi paraissait contraire au procès-verbal (le lAssemblée nationale e où Labroye- -. Ponthicu était désigné comme étant du département de la Somme (2). Dans une seconde lettre adressée le 2q août, Labroye plaide eon passé historiqne:Jl était ville au XIVG siècle. Il offrit un refuge au roi de France après la déroute de C rée y

« Il avoit son lieutenant général, son prévôt, son maire et ses échevins, avec une banlieue considérable..... n .... . Il est moralement certain que Lahroye et son terri- toire de Ponthieu sera de votre. département, conclut-il, quand on aura observé que cest par erreur que lon dit Labroye-Artois, Labroye-Ponthieu. Ce nest quun même et seul village, une même paroisse, un môme territoire pour une, population qui ne va pas au-delà de 800 âmes. Ceux dArtois, qui ont une population de 350 âmes, seroient les plus malheureux des citoiens bornés au midi par la rivierre au-delà de laquelle Es nauroient plus de territoire, au nord par la forêt qui touche à ses maisons, au levant par ToIlent qui a trois maisons dans Labroye même, ils nauraient au couchant quenviron 100 mesures de terres qui est tout ce quil y a de terres labourables sur sen territoire en Artois ...... Jettês les yeux sur Auxi-leChâteau: cest le même cas etia

(t) Axanivcs Du PAS-DE-C.uAIà. Série L. District de Montreuil, Démarcations territoriales. Labroye et Leboisle. (2) AxculvEs DU PAs-DE-CALAIS. Série L. Directoire du départe- ment. 1 - registre aux délibérations, f 33, et District do Montreuil. Dossier cité.

M - tiémê position. Cedez-nous plutôt, sil le faut, au département Je la Somme ( 1 )

A ce cri tIc détresse cri succède bientôt. (2 octobre) un troisième

o La division qui se feroit de Labroye, par la raison que la rivierre dAuthie qui le traverse fait la borne des deux dé par- tements, est-elle indifférente aux deux sections nu préjudi- ciable à lune des deux? Voilà le vrai point de la question et où il faut invoquer lesprit de la Constitution. n Point de doute quelle ne soit préjudiciable et désavan- tageuse à ceux de Lahroye-Artois, puisque cette division donne dix-neuf vingtièmes du territoire utile à ceux qui sont de lautre côté de la rivierre, malgré légalité de la population. Ce point de vue est frappant; cest sur le chef-lieu, le lieu du clocher, que tombe le désavantage, Il na plus de territoire, plus de glanage pour ses pauvres ; il est privé de ces aisances que procure un grand territoire. Dimportant uil étoit, il devient presque un hameau. Il sélève une municipalité rivale dars sou ancien arrondissement La division du régime va fomenter la division des coeurs ceux-ci seront étrangers, où ils étoient na guères enfants de la famille; des rixes, des que- relles et mille autres inconvéniens en seront les suites. n Que doivent faire ceux qui sont lésés? recourir k ces anges tutélaires, à ces sages administrateurs qui ont pris la charge du détail et la tâche de faire le bonheur de tous. Ce nest point lorgueil qui dirige notre inquiétude; nous voulons lavantage et le bonheur commun ...... e Balancés, Messieurs, dans votre sagesse, les avantages et les sacrifices réciproques. Il nous seroit douloureux de nêtre Plus sous votre administration; mais le bien commun vent que nous soyons indifférents pour être du département du Pus-de- Calais on de celui de la Somme ...... » Décidés de notre sort; mais no déchirez pas nu corps moral dont la partie foible seroit exposée aux plus grandes douleurs.

(I) ARCHIVES DU PAS-DE-CALAIS. Série L. District de Isfontreuil, Dossier cité. - 37 - Ne divisés pas Labroye, à cause que la rivierre dAurhie coupe inégol lernetit son territoire. Quil soit ce quil étoit, un même village, une même paroisse. nue méme famille, enfin nue mèrne rnunicipalit.é q ui resortisse soit du département du Pas-de-Calais, soit de celui de la Somme (1) n

Cet éloquent appel ne trouva pas décho. Le Directoire du Pas-de-Calais, qui avait plus â coeur dasseoir solide- nient et définitivement les bases de la nouvelle a.dmihis- fraHon que dépouser toutes les rancunes et toutes les revendications que là chute de lancien régime et la suppression (les frontières provinciales venaient de sou- lever, délibéra sommaireinent(7 septembre et 25 octobre) sur le ca.s de Labrove et on transmit létude au District de Montreuil. Celui-ci, son tour, ne trouva rien de mieux d faire que de saboucher avec le District dAbhe-, - ville pour- connaître, par son intermédiaire, lavis des habitants du i3oisle sur la runion demandée par La- hroye (2). Cétait enterrer la question. Elle le fut si bien que, le 20 décembre suivant, les registres aux actes de bapténics, de mariages et de sépultures de e léglise paroissiale de Lahroye el dépendances». qu.ion appellera lanhée suiiante e léglise paroissiale de Saint-\aast du Boille u, recevaient le paraphe de Pierre-A lexandre De- roussen, président-juge du rrrihurIaI de district dAbbe- ville (3), et que le 27 juin 1701, le Directoire du même district statuait sur la déMarcation conti-adicloire des communes dEstrées, de DoMpierre et du Boiste, toutes trois faisant partie du canton de Crécy (4).

(I) Ancaivas bu PAS-ujE-CALAIS. Série L. District de !rlo,,treuit. Dossier cité. (2) Aruc!uuvEs DU PAS-DE-CALAIS. Série L. Distrirt de ilontreuil. Dossier cité. - Ibid. 1 1.1 de correspondance. t" G •et Directoire du département, fer registre aux délibérations, fes f! et 245. (7) Ancuu,vss COMMUNALES 011 130]SLE. Série E 5e registre. (4) lino. Série D. Démarcations tcèritoricjjc. I - -

II. - Reconnaissance du droit de la commune de Le Boisle sur les biens de la Maladrerie de Labroye, postérieurement à cette rupture des liens adminis- tratifs.

Quoi quil en soit de cette éclatante et irrévocable rupture entre les deux agglomérations de Labroye et du Béisl& il est peu probable quelle ait entrainé comme conséquence nécessaire et immédiate larrêt définitif des relations dassistance qui unissaient depuis cent ans cette dernière à lHôpital dAuxi. La réponse adressée le 25 septembre. 1790 par les maires et officiers municipaux du canton dAuxi-le- Château à la grande enquête ouverte par le Directoire du département sur la mendicité dans les communes, les moyens dy remédier, le hombre des indigents, des vieillards et des malades, la nature et létendue des res- sources dont ces communes disposaient, nous montre même que, postérieurement à cette rupture, les droits de la commune du Boisle sur une part des biens de lHôpital dAuxi nont subi aucune atteinte et sont tou- jours officiellement reconnus Voici en effet dans quels termes la municipalité dAuxi fait état des ressources quelle peut affecter lentretien de ses indigents: e Un Hôpital: son revenu. 3,365 lb. doqt 1,214 consiste en ditmes inféodées t 2,161 en biens-fonds, excepté la taille. n Outre les pauvres de lendroit, ceux des villages de Labroye,. Le Boisle, Cautnont et Gennes ont le droit dy venir et y viennent, dont une partie du revenu dudit Hôpital se perqoit sur le terroir, sçavoir 334 lb. sur Gennes, 318 lb. sur Lahroye (canton de Capelle), 345 lb. sur Caumont (dudit canton de - 39 -

• Capelle), 14 lb. sur Noyelle (canton de ) et le res- tant sur Auxi-le•Chûteau (1) e. Mais de tous les témoignages quon pourrait apporter à lappui des droits certains du l3oïsle, aucun ne vaudrait à légal de celui que la commune de Labroye va elle- même nous fournir. En effet, répondant au Directoire, avec les communes du canton de Capelle, à la même époque et pour le .rnéme motif que je viens dindiquer, elle consigne les réflexions suivantes u MUNICIPALITE DE LÀBROYE. - Observations qui nont pu dire écrites sur la feuille.

11e colonne. - La municipalité de Labroye na aucuns fonds disponibles en faveur de ses pauvres. Mais elle observe quil y avoit autrefois un Hôpital à Labroye, qui a été réuni à celui dAuxi-le-Chàteau vers lan 1720; que cet Hôpital avoit environ 800 lb. de revenu sur le territoire de Labroye, en terres et en bois ; que les malades (le Labroye sont revus à cet Hôpital; que peu veulent y aller; que les administrateurs de cet Hôpital dont dans lusage daccorder des secours en viande à ceux des malades qui ne veulent pas y aller, sur les billets du curé; quils en délivrent ainsi, aunée commune, 1,800 livres, mais de mauvaises viande qui ne valent pas la peine de laller chercher. » 14 colonne. - Il y u beaucoup de mendiants .....

o 15 colonne. - Il y aura des mendiants tant que

n La municipalité de Labroye réitère ici lobservation quelle a faite ailleurs, qui est quelle ne présente ici que la moitié de population, pauvres,infirmes, vieillards du village de Labroye; que ce village se trouve partagé eu deux par la municipalité qui sest établyn au-delà de la rivière dl-Iauty, ce qui est

(t) ABcHIvF:s DEPARTKMKTALE5. Série L. District de Montreuil. Enquête sur la mendicité dans Ic canton dAuxi-le-Chôteau. - 40 - encore prêj udiciabic aux pauvres Cette division ne portant que sur les maisons et la population, les dix-neuf vingtièmes du terroir de Lahroye en bonnes terres labourables se trouve étre le partage de lautre municipalité, de sorte que Labroye- Artois, qui na que cent mesures de terres labourables, borné au midv par la rIvière qui passe au milieu du village, air nord par la forêt, au levant par le territoire de Toilent qui nest quà un quart de liens et qui viens môme jusquau ha de Labroye, nauroit plus la commodité do glanage du fourrage et antres herbes qui se touillent après la moisson. u On ne comprend pas pourquoy, après le décret formel du veut vingt janvier dernier, qui que les tillages mixtes (le diffé- rentes provinces ne forme quune seule municipalité au lieu du clocher, on ne réunisse pas les deux municipalités. u Autrefois nous appartenions à différents princes. A ujour- dhuy ce village singulier appartiendroit à deux différeirs dépar- tements, â deux diocèses. Sa destinée sortit donc de faire deux peuples dans une population qui est au dessous de liait cens Ames. » Fromantin, maire de Labroyc,Lombart, officier municipal, Cagny, officier municipal de Labrove (i) o.

(1) Aucu. DrçIART. Série L. Dilrict de JîontreuiL. Enquôte sur la mendicité dans le canton de Capelle. o

1V

ILHOPITAL DA[JXI-LE-CIIATEAU

I. - Premiers rapports de la èommune de Labroye avec lHôpital dAuxi-le-Château sous le nouveau régime. -

A dater de cette époque, le nom de la commune du Boisle ne sera plus prononcé dans les actes officiels et le silence va se faire sur les droits séculaires de ses pan- silence involontaire sans doute, mais qui saccen- tuera de plus en plus. grâce à léquivoque didentité qui sétablira fatalement au profit exclusif (le la commune qui porte le nom de la Maladrerie. Il ne pouvait guère en étre autrement. Avec les années, les deux communes vivront séparées â jamais, 11011 plus par la seule rivière dAulhie, mais par la triple barrière dintérèts municipaux. cantonaux et départementaux différents. Le souvenir des quelques malades envoyés jadis par la commune du Boisle à lHôpital dAuxi-le- Chàteau ne tardera pas à soblitérer dans lesprit des anciens et à disparaitre avec eux, tandis que les géné- rations plus jeunes vivront au milieu des champs de bataille. Au surplus, le trouble des temps vient arjéter bientôt, et pour longtemps, la vie hospitalière. Cest la dimninu - 42,- tio.0 des revenus subitement causéopar la suppression des dimes inféodées , — et nous venons de voir quelles entraient pour 1,214 lb. dans un revenu annuel total de 3,365 lb.; - cest aussi la rentrée difficile de ceux qui subsistaient; cest enfin lexcessive cherté des vivres occasionnée par lagiotage, les pillages populaires, labandon des campagnes et les réquisitions de guerre. Dautre part, nous lavons vu, de profondes modifica- tions sétaient introduites dans les rapports qui unis- saient à cet établissement charitable les pauvres de Tiabroye (1). Par la substitution de lassistance à domicile à lhospi- talisation proprement dite, les liens si étroitement noués par les lettres patentes rie 1.697 sétaient rapidement relachés. Daccidentels et temporaires quils étaient dabord les secours devinrent bientôt et fatalement pério- diques, constituant au profit des communes des res- sources aussi constantes dans leur durée quirrégulières dans leur emploi. Bien plus, tandis que lHôpital, suc- cornbantsous les charges, paraitfailiirà satàche(2),nous voyons la Municipalité du canton rie Capelle installer à Lahroye ttn Bureau de bienfaisance (3) u pour la ges- tion des biens des pauvres existants dans cette coin- mtine», montrant ainsi que ces biens ne vont •ni régu-

(1) A Caumont, commune voisine, également pourvue dune Mala- drerie rattachée à Auxi, les choses ne se passaient pas autrement. On lit, en éffet, dans lenquête du canton de Capelle citée plus haut: « LHôpital dAuxi-Château possède sur le territoire de la muni- cipalité [de Caumonti 29 mesures (le terre; quand les pauvres sont malades, on les y reçoit ou on leur donne trois livres rie viande liai- semaine pour leur faire du bouillon..... (2) Les registres de létat-civil qui nont fourni aucun décès pour lHôpital en 1109, nen oilrenp. également aucun en n96, 119?, fl98. (2) 22 prairial ail V (10 juin 119?). - ARcH. n gpnav. Série L. Municipulilé du cunlon de Capelle 2 registre aux arrêtés, f 48 y0. - 43 - lièrement ni exclusivement à la caisse qui les devait recevoir: - De toutes façons, cétait le désordré, labus, le gaspil- lage des deniers des pauvres, et une administration vraiment soucieuse de ses devoirs devait essayer dy porter remède. Cest dans ce but que, réunis sur la convocation du maire, le, 24 fructidor an X (I), les admi- nistrateurs de lHôpital prirent les résolutions suivantes:

Considérantque ce secours à. domicile a eu lieu depuis long- temps, même avant la Révolution; quil na iité suivi jusquà présent que sur la trace que nous ont fuite nos administra- teurs précédents n Considérant que ce secours accordéà, domicile peut ou pourrait être préjudiciable, soit par la tolérance de quelques maires des communes ayant droit audit Hospice qui se per- mettent ou se permettraient de donner des attestations quut] oit plusieurs individus de lent- commune sont malades, tandis que souvent ils sont en bonne santé r, Considérant en outre que cette manière d9 distributions peut être contraire aux lois et aux intentions des autorités supérieures àqui il faut adresser chaque décade le nombre din- divid us qui se trouvent malades audit Hospice ; quil paraîtrait rie se trouver aucun malade secourus dans cet Hospice, puis- quil ny en entre annuellement que très peu à cause des secours portés à domicile o Considérant au surplus que cette distribution pet être illé- gale, vexatoire, même un abus quil est instant de réprimer; n Les Administrateurs arrêtent: n ART. 1er , - Tout individu ayant droit audit Hospice et reconnu malade par attestations de lofficier de santé attaché audit Hospice, sera admis etre ç nn audit Hospice pour yrecevoir tous les secours exigés en pareil cas, pourvu toutefois quo les malades nexcèdent pas le nombre de quatre

(1) 11 septembre 1802. —Ascii. DEPAItT. Série K. hôpital dAnxi- lc-ChiUeanr, Malad rcrics de Labroyc, Gennes c L Caumout ; p. I. - 44 -

» Mur. II.— LHospice ne recevra aucun malade autres que ceux reconnus pauvres, même point les infirmes; o ART. III. - fous secours à domicile naura plus lieu à compter du jour du présent arrêté • ART. 1V.— A compter du jour du présent arrêté tous bons ou billets de secours à domicile sont et demeurent supprimés • ART. V. - Copie du présent arrêté sera adressé par le maire au receveur des biens de cet Hospice, pour par lui pré- senter et rendre son compte dans la quinzaine, contenant état de la recette et dépense bien détaillée et circonstanciée ; lequel compte devra être fait en double et certifié par ,le comptable. ART. VI . - Copies du présent arrêté seront pareillement adressées, savoir: lune delles au Sous-Préfet de tarrondisse- nient de St-Pol, pour avoir son approbation ou son avis dautres copies seront adress6es aussi aux maires de Caumont, Labroye et Germes, afin quils s y conforment. u Ainsi fait et délibéré en la salle ordinaire de nos séances, lesdits jour, mois et an susdits. » F. Eugranelle, maire, Outrebon, J. Duriez, dAutriche, Dégrez, P.-A. Bréel]e n.

Demeurée seule en relations avec lAdrn inistration hospitali éie, la commune de Labroye neut garde de laisser prescrire, interrompre ou diminuer, des droits dont elle se voyait désormais seule héritière. Bien plus. clic circonvint tellement lautorité préfectorale que, sur ses plaintes adressées le 7 pluviôse an XII (I), au Sous-Préfet de Montreui I, la délibération des ad mi nis- trateurs fut révoquée en ces termes

Extrait du registre aux arrêtés du Prejet dit du Pas-de- Calais.

• A Arras, le 10 ventôse an XII (-,)de la République frajiaise

• Va la pétition du Maire de la commune de Labroye,arrori- dissement de Montreuil, expositive que les administrateurs de

(1) 28 janvier 1804. (Ci) j mars 1804. 1 - 43 lHospice civil dAuxi lui ont fait signifier un arrêté en date du 10 fructidor an X, par lequel ils ont décidé de ne plus accorder de secours à domicile aux malades et infirmes de la ejrnmune de rabcoe ; que cet arrêté est contraire aux droits primitifs et usages anciennement établis par les administra- tenrs dudit hospice que Les biensimmeubles de la Maladrerie de Lahroye réunis à celle dAuxi produisent un revenu annuel de 1,000 francs environ ; que les administrateurs, e refusant dceorder des secours à domicile et en fixant à quatre seule- ment le nombre des malades de Labroye qui pourront être reçus à lHospice, font un tort réel à ladite commune en cher- chaut à détourner ait profit de la commune dÀuxi une partie des revenus de la Maladrerie de Lahroye que dailleurs ces deux communes étant distantes lune de lantre duq myria- - mètre un quart, il est impossible, surtou t en hiver, dy trans- porter les malades sans les exposer au danger de périr en route, et quil est plus convenable sous tous les rapports dac- corder aux vieillards, aux infirmes et aux malades des secours l domicile, comme cela sent toujours pratiqué n Vu la copie conforme de lrrêté précité de lAdministration de lHospice civil dAnxi n Vu aussi la lettre du Sous Préfet de Montreuil en date du 4 de ce mois n Le Général de brigade,Préfet du département du Pas-de- Calais n Considérant quil résulte même de larrêté des administra- teùrs de lHospice dAuxi, en date du 24 fructidor, an X, quantérieurement et depuis très longtemps une partie des revenus dudit Hospice se distribuait en secours à domicile; que, par suite, cet arrêté doit être considéré comme une innovation qui devrait être soumise à lapprobation du Sous- Préfet et du Préfet n Considérant que, cette formalité nayant pas été observée, la mesure prise par les administrateurs est illégale ; quil parait dailleurs quelle est contraire aux intérêtsdes pauvres• de Labroye -n Arrête - Larrêté pris le 24 fructidor au K par les administrateurs - - de lHospice civil dAuxi pour fixer le mode dadministration des revenus de cet Hospice est aunul]é. Lesdits administrateurs seront tenus de se conformer a ce qui se pratiquait avant ledit arrêté, jusquà ce qu il en ait été ordonné autrement et quil ait été pris une décision sur les propositions quils devront adresser au Sous-Préfet de St-Pol-et communiquer à celui @e Montreuil. o Expéditions du présent arrêté seront envoyées auxdits Sous-Préfets chargés respectivement den donner connaissance aux maires dAuxi et Labroye »:

O LA,CHMSE (1) ».

La commune de Lahroye ne profita pas longtemps des avantages considérables que lui conférait cette reconnaissance aussi formelle (lue peu justifiée de ses droits prétendus. Trois ans et demi se sontà peine écoulés que le Préfet, mieux renseigné, revenant aux termes de la charte initiale de 1697, donne raison à lAdministration hospi- talière

Extrait des registres aux arrêtés du Préfet du département du Pas-de-Calais,

« A Arras, le 26 janvier 1808.

u Le Général de brigade, Préfet du Pas-de-Calais, membxe de la Légion dhonneur Revu son arrêté du 10 ventôse an XII portant que larrêté pris le 24 fructidor an X. par les administrateurs de lHospice civil dAuxi, par lequel ils ont décidé de ne plus accorder de secours à domicile aux malades et infirmes de la commune de Lahroye, est annulé et que les administrateurs seront tenus de se conformer à ce qui se pratiquait avant ledit arrêté, jus- quà ce quil en ait été autrement ordonné o Vu la pétition des administrateurs duditiospice en son

(1) Aiuui. DPÀItT. Série X. hôpital dAusi-le-Château. Mala- dreries de Labroyc, Caumont et Gennes .lvergny; p. 2. - 41 -

Conseil, en date du 23 décembre 1807, tendante au rapport de lairôtô du 10 ventôse Vu la copie certifiée dun arrêt du Roi du mois de décembre mil six cent quatre-vingt-dix-sept, portant que lhospitalité sera rétablie dans lHospice dAuxi et quà cet effet les biens des Maladreries des communes dAuxi. Labroye, Germes, Villeroy et Caumont seront employés à la nourriture et entretien des pauvres malad ps qui seront réunis audit Hôpital, â la charge de recevoir ceux de Lahroye, Geiines, Villeroy et Caumont k proportion des revenus des Maladreries desdits lieux; n Vit les observations et lavis du Sous-Préfet de St-Pol, eu date du 21 janier présent mois

R Considérant que le titre ci-dessus visé lève toute difficulté, quil établit dune manière claire et certaine le principe de ladministration des biens de lHospice dLuxi, lesquels com- prennent ceux des Maladreries de Labroye, Geintes, Villeroy et Caumont ; quainsi les communes nont aucun droit à récla- mer des distributions à domicile qui seraient contraires à larrêt précité; n Déclare rapporter soit du 10 ventôse ait et approuver la délibération des administrateurs de lHospice dAuxi du 24 fructidor an X. n - « LACEAL5E (1) ,).

Forte de cet arrêté, la (Jornmission hospitalière veille plus étroitement à la rentrée dc ses revenus, revoit la prospérité des jours tranquilles et peut, dès 1812 (2), ajouter six lits nouveaux aux huit qui existaient de toute ancienneté.

(1) ARCHIVES DKPARTEMENTAI,ES. Série X. Hôpital dAuxi-le- Chdtcau. Maladreries de Labroye, Caumont et Gcnnes-lvcrguy; P. 3. (2) ARCHIVES DE LhÔPITAL nAuxi-LE-CHATEAu. - fleqistre aux déUbérations. Délibirations des 15 février (quatre lits) et 26 avril (deux lits). - •48 -

II. - Rupture des relations entre les communes de Labroye, Caumont et Gennes et lHôpital dAuxi-le- Château. - Retour des biens des Maladreries aux Bureaux de bienfaisance de ces communes

A voir ainsi lHôpital doubler ses charges et son bai u. on pourrai t penser quil se propose dasseoir sur des bases plus larges lhospitalisation un peu exigué consentie précédemment et de la mettre en rapport avec limpor- tance des deniers quil tire annuellement des lYlala- dreries rurales. If nen est rien, et cest à cette méme époque que vont apparaitre pour lacceptation des ma- lades des communes intéressées une rigueur et ure âpreté qui saccentueront tous les jours davantage. Non content de se voir en quelque sorte garanti coutre len- vahissement des lits forains par la répugnance souvent - invincible dit pour lassistance oflibietic, par les difficultés qui résultent de léloignement et du mauvais état des chemins, par linefficacité fatale des secours obtenus trop tard dans les cas urgents et par le danger quoffre le transport des malades durant la saison racle, [Hôpital semble rechercher à plaisir toutes les occasions déluder ses obligations, ouvre de pénibles discussions dopportunité â chaque envoi de malades, lésine sur les médicaments, chicane sur les cas pathologiques, récri- mine sur ta durée des convalescences. En 1809 (1) et 1818 (2) ce sont de pauvres femmes qui demeurent à la porte pendant plusieurs jours, tandis

il) Ar,cn. nIIÂRT Série X Hôpital dAuci-te-Ghdteau. Mala- dreries de Labroye, Caumnont et Genm.és-1vergty ; p. 5-7. (•) Ijuomni, P. 8. -49- que des lettres aigres-douces séchangent entre la coin- mune qui les envoie à Auxi et lHôpital qui les retourne sans pitié. Fa 1830 (1) cest une menace collective aux maires de Labroye, de Genres et de Caumont de faire reconduire leurs malades sils ne sont repris de bonne grâce par les familles sous deux jours. I Dans ces conditions, les communes devaient i.nsen- sifflement oublier le chemin dc,lHôpital, et nous voyons les 19 entrées fournies par le village de Labroyc durant la première période décennale de ce siècle tomber à 17 de 1820 .à 1829, puis à 13 de 1830 à 1839 et à 11 enfin de 1840 à 1849. (2).

(i) Inju.; p. 9. - e Auxi-le-Château, le 19 août 1830. Le Maire dAuxi à MM. les Maires de Labrove, Caumont et Cannes. Messieurs et collègues. LHospice civil dAuxi-le-Chàteau ne pouvant garder dijifirines, vu que ses statuts ne le permettent pas, les administra- teurs me chargent de vous en instruire et de vous inviter à pré- venir ]es parents de (Pierre Chuelte, de Labroyc, Marie-Joseph Brabant, de Caumont, et Doniieie Chabé, deGennes) de votre eom- mufle, quils aient à les venir chercher dici à dimanche prochain, si vous voulez méviter le désagrément de vous les faire reconduire lundi au plus tard. Jai rhonneurde vous saluer. ternaire: DUMOILLEIJ. On pourrait multiplier ces exemples. Bornons-nous à citer ce - fait que 1.-B. Léger, de Caumont, entré à YHospiee le 5 avril 1832, cri fut renvo yé le 15 septembre, pour inurir le 30 suivant dans son village. ARcH. ornv, Série X. Hôpital dAuxt-le-Ghdtean. Reven- dication de leurs biens par les Maladreries de Lbrove, Caumont et Connes ; p. 12. - Bien plus, In commune de Connes se plaint (G mars 1849) de navoir pu faire admettre un seul malade depuis six ans. IBIDEM p. 27. (2) Aacn. na L HÔPITAL DAuXL-LE-CHÀTEAU. Registre jounial des entrées Et sorties des malades, tente par Eustache-Isidore-Félix Léger, maître en chirurgie, chirurgien dédit Hôpital, pour lan ,tiI huit Cent neuf, cinquième année du règne de Napoléon, empe- reur des Français, roi ditalie. CI. folios 12 k 115 y0,. 4 - - Vainement lHôpital essaye-t-il datténuer de temps à autre, par des distributions opérées sous main, presque clandestinement (1), les rigueurs difficilement subies de sa délibération du 24 fructidor an )C; le mécontentement des populations rurales croit tous les jours et nattend quune occasion poutéclater. Il fut dailleurs merveil- leusement servi, dabord par les préoccupations écono- irriques et philanthropiques du Gouvernement, puis probablement par la situation politique dont sortira le coup clEtat du 2 décembre. Au 11 mars 1846(2), le Préfet écrivait aux maires que la suppression de la mendicité se préparait dans tout le département et quil était nécessaire que des Bureaux de bienfaisance fussent organisés dans toutes les com- munes sans exception, afin de préparer partout des secours destinés à satisfaire aux besoins des mendiants désormais forcés de renoncer à leurs pérégrinations. Puis, coup sur coup, les jer février, 13 et 21 mars 1847(3), il décidait linterdiction absolue de la mendicité dans le Pas-de-Calais, conviait les maires à la stricte application des articles 274-276 du code pénal contre le mendiants avérés, et les engageait à tirer le meilleur parti possible, pour lassistance des vrais indigents, des secours coin- binés résultant de la charité privée, des subventions communales et des revenus ordinaires des Bureaux de bienfaisance. Tout prévoyantes et sages quelles fussent, ces ins- tructions navaient chance daboutir que là où cette

(1) Délibération du Il janvier 1818, accordant un secours à domi- cile à un inigent malade de Gennes-lvergny. Au dire de cette môme commune, celle de Caumont recevait souvent des secours de ce genre. Amscu. DART. Série X. hôpital dAuxi-le-Château. Revendications de leurs biens par les Maladreries p. 24 et 27. (2) Cf. Recueil des Actes de la Préfecture; 1846, 11 0 V, p. 21. (3) IBLoEM. 1841, n° V et Vil, p. 25 et 33 triple ressource ne faisait pas défaut. Or, la cohpacte correspondance échangée sur ce point entre la Préfec- ture et les mairies nous montre que de nombreux bud- gets en détresse restèrent longtemps sourds aux chari- tables instances de lautorité, et quen dépit de la loi du 7 frimaire an V, beaucoup de communhs ne possédaient pas de Bureaux de bienfaisance en 1846 et ne désiraient pas sen assurer les bienfaits. Les communes de Germes, de Caumont et de Labroye nétaient pas de ces dernières, il convient de le recon- naître; mais la réalité des choses lés forçait davouer à lAdministration (1) que lenvoi en blanc de leurs bud- gets de bienfaisance trouvait son excuse naturelle dan labsence de toute ressource. Lorsquon les sollicita de pallier cette fâcheuse pénurie par des imputations de crédits au budget communal, elles protestèrent de toutes leurs forces, donnant à entendre que leurs pauvres pos- sédaient des revenus certains, très suffisants à leur assis- tance, ruais injustement détournés de leur emploi normal au profit dune institution étrangère. Ce nôtait pas la première fois que semblable idée simposait à leurs réflexions. La réclamation dontnousavonsvu le cahier de doléances du bailliage dHesdin (2) se faire lécho en 1789, avait été reproduite par les communes 1e25 septembre 1790 (3), dans leur réponse au questionnaire du Directoire sur la mendicité ; puis lHospice, à son tour, lavait enregistrée,

(1) Aac,m. DEPART. Série X. H6pitat dAuxi-ic-Ghdteau Reven- dication de leurs biens par les Maladreries piàces 29 et 30. (2) Voir plus haut : page 13, note 1. (3) La commune de Connes dit on propres termes : « Pour pour- voir aux besoins des pauvres, il seroit urgent de leur- rendre la con- cession de douze journaux de terre accordé à lHôpital dAuxi ...... s Aaca. 0EPART. Série L. District de Montreuil. Enquête sur la men- dicité dans le car1ori dAuxi-te-Ghàteau. - - - le 7avril 1791 (1), comme une menace éventuelle ; puis enfin, en lan XIII, lAdministration elle-môme, sous la plume du Sous-Préfet Poultier (2) avait paru donner plus quune adhésion à la restitution des biens des Maladreries de Labroye, Caumont et G31nes, au)C com- munes qui en avaient été primitivement et exclusive- ment dotées. La lutte contre lHospice dAuxi ne san- nonçait pour elles ni plus périlleuse ni plus pénible que celle où les communes de Mirauinoit et de i3eauval (Somme) avaient si facilement triomphé contre les Hospices dAlbert (3) et de Domart (4). Puis on avait un exemple, presquun encouragement, dans la fière attitude gardée depuis cent cinquante ans par la commune de

(1) Renseignements fournis à lAdministration départementale par les directeurs, le I avril 1191 « Toilent. Genries. Labro e et Cau- mont, qui y amenoient leurs pauvres malades, ont fait clos réclama- tions pour les biens quils lui avoient concédés n. Anco. mirAnT. Série L. District de Montrenit. Établissements de bienfaisance liasse 124. () «UHospice dAuxi-le-Chàteau, arr. de St-Pot, doit recevoir et soigner les malades des communes rie Caumont et Labroye, ayant réuni les biens des pauvres de ces cieux communes. Léloignement empêche de les y transporter; ils ne reçoivent actuellement que de légers secours en viande et médicaments le chirurgien doit les visiter, -mais ses soins ne peuvent avoir que peu de succès, attendu ne peut suivre assiduement Idurs maladies, Il conviendrait sans (bute de rendre à ces communS leurs biens, pour les adminis- trer elles-mêmes...... 1) Aurai. DIiPART. Série M. Statistique. o Mémoire raisonné de la sta- tistique annuelle de larrond. de Montreuil-sur-Mer pour lan XIII n. (3) 14 septembre 1836. Ânon. DÉPART. Série X. Hôpital dAuxi- le-Château. Revendication de leurs biens par les Maladreries P, 11-81. (4) 1844.— ARcs. Di:PART. Ibid.; p. 31. — Mieux renseignées, les communes citeront bientôt aussi la revendication de ta commune de Crécy contre lHospice de Rue qui fut agréée en 1850. Ânon. DÉLART. Ibid.; p. 79. - 53 - Villeroy (1). Elle aussi sétait vue dépossédée de sa Maladrerie au profit de lHôpital dA.uxi-le-Chàteau, par les mêmes lettres patentes de 1697 qui ,avaient frappé ses voisines; mais, soit que les chemins daccès fassent moins faciles, soit que ses habitants se fussent montrés plus Jaoua des biens de Leurs pauvres, la réunion avait été purement nominale et, à au5une époque, lhôpital navait osé réclamer ladministration dé ces biens et en percevoir les revenus. De tous côtés, sur tous les points, les circonstances sannonçaient éminemment favorables à une revendi- cation définitive. Lhivèr de 1847 en fournitbientôt le facile prétexte. Simultanément, et comme mues par une entente tacite, les trois communes sadressent au Préfet (2) pour obtenir que les biens de Maladreries soient au plus 161 restitués à leurs Bureaux de bienfaisance, et quen atten- dant le prononcé de cette déchéance entraînée par linexécution de ses charges, lHospice soit tenu de four- nir à leurs pauvres les secours à domicile qui leur sont légitimement dus. Refoulées successivement par la Com- mission hospitalière et par le Conseil municipal dAuxi- le-Château (3) qui prétendaient que jamais les obligations consenties en 1697 navaient été mieux remplies, puis par les Comités eoisultatifs des établissements de bien-

(I) Arien. DéPART. Série X. hôpital dA nxi-(e-Chà(cuit Reven- dication de leurs biens par les Maladreries; p. O et 12. - On a vu plus haut que, duos le grand procès qui se termina en 1-120 à ]avan- tage de ïl-iôpital dAuxi-le-Chàleau, il nest fait aucune mention de la Maladrerie de Villeruy. - (2) Délibérations des Bureaux de bienfaisance de Cannes (8 no- veinbre), Caumont (ltr décembre), Lnbro ye (14 décem]jie .ARcH. UEIART. Série X. hôpital dAuxi-lc•Chdteau. Revendication de leurs biens par les Maladreries ; passim. t) InlouMz P - - 54 - faisance de Saint-Pol (1.) et de Montreuil (2) qui esti- niaient que la question desecours à domicile à. distribuer par lHospice ou par les Bureaux de bienfaisancé était la négation des lettres patentes à peine soutenues par le Sous-Préfet de Montreuil (3) qui pensait quil serait juste de faire accueil à. leurs réclamations très vivement combattues par te Préfet (4) qui, en transmettant au Ministère de lintérieur le dossier de laffaire, rappelait lavis défavorable déjà donné par lui dans un cas tout semblable, loirs de la revendication deBoiry-Beequerelle contre les Hospices dArras, les trois communes sein- blaient sur le point de succomber, quand le Prince Pré- sident de la République-française, qui recherchait peut- être déjà des sympathies et des voix pour te plébiscite de 1851, révoqua dun trait de plume (5) la jouissance demi-séculaire de lHôpital dAuxi-le-ChA teau.

MixisTÈnu RÉPUBLIQU-E FRANÇAISE E LEN TÉItT EUR

- Paris, le 7 février 1850. 4e division

Ait 4 bureau du Peuple français

« Le Président de la République, sur le rapport du Ministre de lintérieur; n Le Comité de lintérieur, de la Justice, de lEnstruetiou publique et des Cultes du Conseil dÉtat entendu; n Vu larrêt du Conseil privé du Roi du 13 juillet 1693 et les lettres patentes de décembre 1697 n Vu les délibérations des Bureaux de bienfaisance et des Conseils municipaux de Caumont, de Labroye et de Geunes- Jvergnv, des 8 novembre, 1er et 14 décembre 1817, 30 mai, t) et 16 juillet 1843 et 10 février 1849

(1) laie.; P. 6. - (2) p 16.— (3) p 22. —(4) p. 34.—(5) p. 46. - 55 -

» Vu les délibérations du Conseil municipal et de k Commis- sion administrative de lHospice dAuxi-le-Château des 23 juin et 21 décembre 1847, et 11 et 20 janvier et 9 février 1848; n Vu les avis des Sous-Préfets de Montreuil et de St-Pol, en date des 21 avril et 28 novembre 1848; n Vu lavis du Préfet du Pas-de-Calais du 2 mai 1849 et ton- tes les pièces produites; - o Décrète » Àwricir, 1er. - La réunion des biens des anciennes Mala- dreries de Caumont, de Lahroye et de Gennes-Jvergny (Pas- de-Calais) à la dotation de lHôpital dAuxi-le-Château (même département), ordonnée par larrêt du Conseil privé du Roi en date du 13 juillet 1695 et les lettres, patentes de décembre 1697, st et demeure révoquée. En conséquence, ces biens seront dorénavant gérés et administrés par les Bureaux de bienfaisance de Caumont, de Labroye et de Gennes-, chacun pour la portion qui lui revient. n ART. 2. - Le Ministre de lIntérieur est chargé de lexé- cution du présent décret. n Fait à Paris, à lÉlysée national, le sept février 1850.

L.-N. BONAPARTE. Le Ministre de lintérieur

Ferinand BARROT.

III.— Difficultés soulevées par lapplication du décret du 1 février iSSo. r— Leur solution pratique.

Après cc que jai raconté plus haut des tiraillements et des luttes dont lexécution des lettres de réunion de 1697 fut le point de départ et le motif pendant plus de vingt ans, on est moins étonné de voir que le dossier des Maladreries de Caumont, Gennes et Lahroye nest point clos pur le décret quon vient de lire. Du jour où - 56 - la -notification de cette grande nouvelle p;&vint aux intéressés, ce (lit de la part des communes et des Bureaux de bienfaisance une explosibo de joie et de convoitises ce fht pour lHospice clAuxi-le-Château une grosse déception et un accès de mauvaise humeur. Mis en demeure de venir reprendre dansies quarante- huit heures les deux ou trois malades qui se trouvaient en traitement à Auxi, les maires voulurent imniédia- tement titer parti de la démarche vexatoire quon leur imposait. Ils accoururent assistés dun membre de leur Bureau de bienfaisance (1) et demandèrent à prendre possession des titres qui leur devaient être remis. En juristes inhabiles, •ils étendaient leurs revendications non seulement aux revenus échus, niais encore aux capi- taux placés à rente et aux améliorations apportées dans le mobilier et dans les constructions ; ils établissaient le comptedes recettes encaissées par lHôpital, sinon depuis la réunion, du moins depuis la suppression des secours à domicile, en lan X, supputaient les sommes dépensées par lui en frais dhospitalisation et dassistance des malades forains, et dégageaient, pour les répéter à leur profit, les économies et les bénéfices prétendument réa- lisés. Comparant leur situation à celle dassociés par- venus au terme de la société, ils ârrétaient la date initiale de leurs droits au 7 février 1850, puisque tout contrat porte soneffet utile au profit du contractant à dater de sa signature, et réclamaient à cc jour, la liquida- tion (le affaire, linventaire de la masse et le partage de lactif. Plus prudent, moins pressé, et sans doute aussi mieux renseigné, lHdspice répondit par un refus formel à ces prétentions (2), arguant dune part que ses droits ne sétaient éteints quau jour où ta notification lui avait

(1) IBID., p. M. - (2) lino., p. 61, , etc. - 57 été faite (28 février); que si, dautre part, il avait reçu, le 26 décembre 1849, aux termes d.e ses baux, les arrérages éhus au ter octobre de la moine année, il avait, dans les cinq mois écoulés entre cette dernière date et lb 28 février, conscèti des frais quil importait de départir entre tous les nouveaux ayants droit; quau surplus plusieurs de ces arrérages demeuraient en souffrance ; quenfin il res- tait à débattre entre les Bureaux de bienfaisance et lui une question de plus-value dont limportance ne serait déterminée quaprès un sérieux examen. LHospièe dAuxi, cil en tant que détenteur de 5 hectares 79 ares 35 centiares de terre en deux pièces pro- venant de la Maladrerie de Labroye, sétaitvu jadis dans lobligation dentrer dans les opérations des concession- naires du dessèchement de la vallée dAuthie et de payer à ceux-ci, en 1836 et 1841, la somme de 6,711 fr. 11 e., tant pour plus-vidées provisoires que pour plus-value définitive (1). A part une somme de 1,639 fr., produit dune vente darbres réalisée sur ses propres, il avait évidemment dû prendre sur les deniers de la commu- nauté les frais de cette amélioration, élit semblait servir lintérêt tic tous en invoquant le bénéfice de lart. 555 du code civil, comme possesseur de bonne foi ayànt auné- lioré son fonds. De son côté, le Préfet, désireux den finir avec une aFfaire qui séternise et devient irritante, fait remar- qucr (2) à la Commission iiospitaliè?e que les dépenses du dessèchement se sont trouvées fort atténuées, sinon compensées, par la plusvalue dont elle a la première profité; que la somme de 6,711 fi. tic, déboursée par elle se serait peut-étre trouvée restreinte à 4,475 fr. 18, si, au dire des communes, elle, avait été payée exactement à son échéance; quenfin toute réclamation de plus-value

(I) 18ID.. P 71, 110-114. - (?) IBID., p. 74. - 58 - ouvrira fatalement la porte û une .répétition semblable de Labroye pour une vente darbres opérée en 186 sur les biens de la Maladrerie de ce nom et à une réclama tien générale des Bureaux de bienfaisance en partage des plus-values de mobilier et dimmeubles réalisées par lHôpital. il est juste de dire, à la décharge et à léloge de ce dernier établissement, quaprès avoir renvo yé les ma- lades des communes et sêtre montré rebelle à payer les impôts de main-morte des biens qui lui échappaient, il fut le premier à sentir la légèreté et le danger de ses revendications et à suivre lAdministration dans la voie conciliante quelle essayait de tracer (1). Tout donc paraissait entendu, et le Préfet qui, par une sage temporisation, avait habilement amené les parties à léchéance de décembre 1850, venait dautoriser (2) le receveur de lHôpital et ceux des Bureaux de bienfai- sance à se partager les revenus de lannée sur le pied de cinq et de sept douzièmes, quand le mauvais vouloir ou lignorance de ces derniers faillit tout remettre en ques- tion. Non contents de se refuser à payer les frais des grosses et du timbre des extraits de baux qui allaient leur être remis pour valoir titres (3), ils reprenaient en bloc toutes leurs doléances précédentes, réclamaient un compte de gestion, parlaient de sadresser aux tribunaux pour obtenir justice et demandaient au préalable lavis du Ministre de lintérieur.

(1) IBID., P. 103. - (2) loin., p 86. (3) Il ne pouvait pourtant être procédé à leur égad dautre façon, car lHôpital avait vainement recherché dans ses archives les titres originaux des Maladreries. Il dit en ellet dans une délibération du 20 janvier 1848: u LHospice na pas dautres titres do proriéLé que lexpédition su! parchemin dun arrêt du Roi, de décembre 1691, qui réunit les biens des Maladreries dAuxi-Io-Chûtoau, La- hroye, Caumont, Gennes et Villeroy et qui établit lhospitalité dans ÏHOpital dAuxi - 59 -

Le Préfet sempressa (11 juillet 1851) (1) de déférer à ce désir, transmit à son chef hiérarchique un compte- rendu très détaillé et très lumineux de laffaire, et en obtint quelques jours après la dépêche suivante (2) qui eut [heureux effet de terminer de faion définitive cette controverse dont les pauvres, laissés sans secours depuis plus dun an, avaient été les impuissants témoins et les très innocentes victimes

MINI5rÈnos Paris, le 7 octobre fR5 f. OIS LINTiiRIEUit

4 diyi,ioii. 4 bureau.

Département do Pat-da Calais liospiee dAuxi-le-CliSteau ex Burnaur je hienlaîsancedeLabroyc, Caumotit et Gennes-ivorgoy.

b0N5150R LE Difficulté, relative, à lexécution do Pu.ÉFsr, Iord. lu? Byrier 1550 concernant las5iaOeiesinGo Maladreries,

R Vous mavez entretenu des difficultés .qxti se sont élevées relativement à lexécution du décret du 7 février 1850 qui n révoqué la réunion des biens des anciennes Maladreries de Caumont, Labroye et Gennes-Ivergny à la dotation de lHos- pice dAuxi-le-Chàteau. n La Commission administrative de cet Hospice réclame du Bureau de bienfaisance de Lahroye une somme de6,7l 1fr. 11e., 011L remboursement de la plus-value dutie partie des biens de lancienne Maladrerie de cette commune qui ontété com- pris dans le dessèchement de la vallée dAuthie. Sur cette somme, la Commission prélèverait avant tout 1,639 k., afin de rentrer dans le produit dune vente darbres quelle prétend avoir faite sur ses propriétés pour payer la plus-value, et le surplus serait réparti entre les communes intéressées au pro- rata des revenus de leurs anciennes Maladreries. n De leur côté, les communes de Labroye, Canmont et Gen-

(t) Issu,, P. lOt —(2) Issu., p. 108. - - nes-Ivergn y demandent quon partage: 1 0 les fonds libres provenant déconomies, qui ont été placés parlFlospice dAuxi- le-Chateau tant au Trésor quen rentes, sur lÉtat; 20 le mo- bilier de ]Hôpital ; 30 les constructions neuves. n En outre, ces communes réclament la remise des titres et papiers concernant les biens, restitués, et la commune de Labroye revendique, en particulier, une somme de 972 (r. 84 e., montant dune vente darbres qui aurait été faite oit sur ses propriétés. n Après avoir examiné avec soin cette affaire,je pense comme vous, Monsieur le Préfet, que, sauf la, remise des titres et papiers qui ne saurait être refusée aux communes récla- mantes, les répétitions quon prétend exercer de part et dautre sont mal fondées. Lu effet, lHospice dÀuxi-le-Clr&teau, ayant toujours retiré de la réunion des bénéfices aiinucls.supèrieurs aux charges quelle lui a imposées, ne saurait exiger aujour- dhui le remboursement dune plus-value qui ne compense point ces bénéfices et dont il a dailleurs profité. - » Quant aux communes, qui doivent sestimer heureuses d6tre rentrées en possession des biens de leurs pauvres, elles ne sauraient prétend e, u ne semble, aux fonds provenant des économies obtenues par lHospice, au mobilier de cet établis- sement et aux constructions neuves cul- ce sont là des effets de la jouissance que les lettres patentes de 1697 avaient con- férée à ll-Iospice sans aucune condition restrictive. Selon moi, elles nont doit aux fruits des biens quà partir de lépoque où la disjonction a été prononcée. Dailleurs, ainsi que vous lavez fait observer, admettre un système de répétitions mu- tuelles, ce serait ouvrir la porte à une foule de contestations, à des évaluations difficiles et peut-être impossibles, à des expertises coûteuses, enfin à des procès fort longs et en tout cas désastreux, puisque ce seraient les pauvres qui plaideraient coutre les pauvres et qui supporteraient oit les frais des instances judiciaires. » Il est clone à la fois conforme à la justice et conforme aux intérêts des pauvres que les parties renoncent à leurs préten- tiens réciproques. Déjà, par votre conciliante intervention, vous avez obtenu cette renonciation de la part de lHospice dAnxi-le-Cliâteau et des Bureaux de bienfaisance de Caumont et de Lohroye. o Le Bureau de bienfaisance de Geoues-lvergny persiste seul dans ses réclamations et il désire avoir mon avis sur linter- prétation du décret du 7 février 1850. » Veuillez faire connaitre h cette administration charitable que je partage entièrement votre opinion sur lobjet en litige. Jespère quo, corroborée par cotte déclaration, votre inter- vention sera plus efficace. Dans le cas con traire, les tribunaux seraient seuls compétents pour se prononcer, car le décret du 7 février 1850 na pu trancher une question de propriété. En révoquant la réunion prescrite ers 169?, il a fait un acte pure- ment administratif et a mis les communes intéressées à même dexercer leurs droits de revendication, eu laissant b lauto- rité compétente lappréciation de ces droits en cas de contes-. tation. Le Bureau de bienfaisance de Gennes-Ivergny devrait donc, dans le cas peu probable oh il maintiendrait ses préten- tions, sadresser aux tribunaux ci vils ) après avoir Obtenu lau- torisation du Conseil de Préfecture qui aurait à examiner sil existe des motifs suffisans de laisser senghger ainsi une action judiciaire entre deux établissements de bienfaisance o Vous trouverez ci-joint, Monsieur le Préfet, les pièces que vous mavez fait lhonneur de me communiquer. Recevez, Monsieur le Préfet, lassurance de ma considéra- tion très distinguée.

Le Ministre de lIntérieur, Pour le Ministre et par au torts» tion, Le Secrétaire-Général, Alfred BL.&NcRIN. s) 174

CONCLUSIONS

De tout ce qui précède, il rue reste à tirer les conclu- sions suivantes -

jo Quo, dès les temps les plus lointains du moyen-âge, les territoires actuels de Labroye (Pas-de-Calais) et de Le Boisle (Somme) nen formaient quun seul, régi par les mêmes lois, soumis au même seigneur, dirigé spin- tuellernent par le même curé, ayant part aux mêmes biens de pauvres, et hospitâlisant leurs vieillards, leurs infirmes et leurs malades sur le pied dune égalité par- faite qui navait jamais été discutée ; 2° Que, vers le milieu du XVile siècle, en raison sans doute du voisinage incommode de ta forêt de Labroye et des marais do Bi. encourt et de , qui entravaient lessor de la culture et de la richesse, en raison aussi de la contrebande qui sexerçait largement entre la Picardie et lArtois, un centre notable de population tend à se reporter au-delà de lAuthie et nécessite bientôt te dédou- blement de la paroisse initiale; 30 Que néanmoins, jusquen 1790, les deux sections de Labroye-Artois etLabroye-Ponthieu dit Le i3oisle demeu- rent unies et indivises, au double point de vue civil et ecclésiastique; 4° Quen dépit des réclamations réitérées de la com- mune de Labroye, la population de Le Boisle vit dans la loi municipale de 1790 une véritable charte daffranchis- - sement dont elle sempressa (le profiter, avec lappui tacite du Directoire du district dAbbeville ryQue, postérieurement à Pélection dune municipalité régulière à Le Boisle et à sa consécration par les pouvoirs publics, le droit des malades de cette agglomération être hospitalisés à Auxi-le-Clrâteau, au même titre que ceux de Labroye, est formellement reconnu par lHôpital et par la commune de Labroye elle-même. Là sarrête mon râle dhistorien. Je nai pas â rechercher si, en laissant la commune de Labroye profiter seule, de 1790 à 1850, des biens de la Maladrerie, ta commune de Le Boisie a vu prescrire ou a conservé dans leur intégrité ses droits séculaires; si son abstention dans la revendication collective des communes de Labroye, Caumont et Gennes, et son silence prolongé durant les quarante-trois dernières années trouvent ou non une excuse légitime dans la situation géographique et administrative qui lui est faite depuis la Révolution; si enfin, en restituant les biens de Mala- dreries aux trois Bureaux de bienfaisance précités, le décret du 7 février 1850, acte purement administratif, n pu ou non frapper de déchéance les pauvres de Labroye- Ponthicu qui nont pas été entendus. Jai montré que la commune de Le J3oisle avait des droits historiques certains sur la Maladrerie deLabroye. Je laisse à la science des jurisconsultes, ou mieux à laction tutélaire de lAdministration et à la mutuelle entente des communes riveraines le soin de décider dans cette question délicate. Li lettre du Ministre de lintérieur qui clôt ce mémoire est pour elles un enseignement qui ne saurait être trop médité I Hcnai LORIQUET q e