Juillet 2019 - N° 20 OISSEL HISTOIRE

Dans ce numéro 20 d’Oissel Histoire vous pourrez prendre connaissance du compte rendu de la causerie du 5 avril qui traitait de l’histoire de la Causerie sur l’usine la papeterie de la Chapelle, papeterie de la Chapelle. aujourd’hui Europac...... pages 1 à 3 Vous découvrirez également en dernière page notre dixième et dernier volet consacré à la guerre de 1914-1918 et aux Osseliens qui y ont participé et souvent laissé la vie. Le bureau de la Société d’histoire vous souhaite de passer d’agréables Hommages...... page 3 vacances ensoleillées. Pour le bureau, René Courtois, président. Première Guerre mondiale année 1919...... page 4

CAUSERIE du 5 avril 2019 L’USINE «LA PAPETERIE DE LA CHAPELLE» n ce début d’avril, «Papeterie de la Chapelle», d’anciens salariés et laquelle commença à produire Edes retraités de cette du papier en 1929. entreprise ont répondu présents En 1969, une fusion fut opérée à notre invitation pour évoquer entre les deux papeteries du leurs souvenirs, devant un sud de : la papeterie public très à l’écoute. Darblay de Grand-Couronne La Papeterie de la Chapelle («la et la papeterie de la Chapelle Papette» comme on l’appelait jadis) est construite à cheval sur de Saint-Etienne-du-Rouvray/ les communes de Saint-Etienne- Oissel. D’où le nom de l’entité du-Rouvray et d’Oissel. «Chapelle Darblay» longtemps Il est à noter que c’est la en vigueur. En 1997, l’usine première fois que notre causerie devient «Otor» papeteries de est consacrée à une grande Rouen, en 2008 elle prend usine d’Oissel (et de SER en le nom d’ «Europac» et est l’occurrence) en activité. reconvertie en cartonnerie. Sur l’origine du nom «La Aujourd’hui l’usine a pris le nom Chapelle», André-Pierre, de son nouveau propriétaire Europac - David Smith aujourd’hui retraité, ancien secrétaire du «David Smith». CE indique, qu’au moins depuis qui se faisait par péniches entré à la «Chapelle» en 1936 papier blanc glacé, il fallait le 16e siècle, il s’agit d’un lieu- Pourquoi une (il en a été de même pour la et y est resté jusqu’à sa retraite. ajouter du kaolin ou de la fécule dit de 200 hectares inscrit au papeterie à cet construction de la papeterie Il a travaillé toute sa carrière de pomme de terre. La dernière premier cadastre osselien de de Grand-Couronne). L’usine aux tambours écorceurs. C’était phase de la fabrication était le 1818 (cadastre napoléonien). endroit ? démarra avec 2 machines ; un travail très pénible. Puis séchage de la pâte, sur de grands En limite d’Oissel, dès le 16e Philippe, retraité, ancien en 1935 et 1937 deux autres Claude indique que le certificat sécheurs à bande mobile tout siècle, un manoir-ferme y a secrétaire CGT, notamment machines furent installées et en de travail de son père (Sénateur au long desquels, en avançant été construit et plusieurs pendant la période des grèves 1958 c’est la machine 5 qui est Lemire) mentionnait qu’il était sur le tapis, elle perdait son eau fois remanié jusqu’en 1985, de 1983 lorsqu’il s’est agit de entrée en production. «piqueur responsable». et devenait papier. Le papier date à laquelle il fut racheté sauvegarder l’usine, explique Le travail pour transformer s’enroulait en fin de machine. par Chapelle-Darblay pour que, pendant la guerre 1914- le bois en papier était assez André-Pierre ajoute que le transformer en centre de Le travail 1918, un fort besoin de papier impressionnant : il fallait le papier le plus difficile formation professionnelle et se fit sentir dans le pays, pour du papier d’abord écraser et râper les à fabriquer était celui des de conférence. Le manoir, qui les journaux, les livres,… Le La fabrication du papier se rondins, les réduire en pulpe annuaires téléphoniques ; avait pris au cours des siècles les ministre de l’époque «Loucheur» faisait dans des conditions de afin d’en extraire la cellulose. ce papier était très fin et donc noms de «Saint Bonnet», puis souhaitait que la soit travail pénibles et dangereuses. La solidité, c’est-à-dire la qualité difficile à mettre en œuvre. de «Dupont» et dernièrement indépendante en matière de Le taux d’humidité atteignait les du produit, dépendait de la Philippe rappelle qu’à une «ferme à Dupont» se ruinait et production de papier, c’est ainsi 70% et les ouvriers travaillaient longueur de la fibre de cellulose. époque, «la Chapelle» livrait du trouva en 1985 une vocation que la papeterie fut construite à au râpage du bois torse nu On faisait cuire les copeaux de papier à la Russie pour imprimer nouvelle qui le sauva. proximité du fleuve permettant insiste Gilbert, ça rappelait le bois dans une sorte de «cocotte «La Pravda» ; l’Espagne a aussi En 1928, sur une surface de 90 ha, l’approvisionnement en bois film «Les temps modernes». minute» pour obtenir une pâte été l’un de nos clients ; en 1968, débute la construction de la venant des pays nordiques Claude évoque son père qui est à papier. Pour obtenir un beau alors que l’usine était en grève,

Ont participé à la réalisation de ce numéro : Nelly Wender, Michel Monnier, Alain Blondel, René Courtois et le service Communication de la ville d’Oissel-sur-. Juillet 2019 - N° 20 OISSEL HISTOIRE

et occupée par les grévistes, la disposaient à leur gré de celle-ci… «Vie Ouvrière» a été imprimée parait-il que ça n’a pas duré très sur du papier fabriqué à l’usine longtemps parce que les épouses, pendant cette période. averties, venaient chercher leur mari le jour de la paie… Il y avait Gérard, entré à l’usine en 1966, aussi après la guerre, comme dans avait appris le métier à l’Ecole beaucoup d’autres CE une prime Industrielle de Rouen, rue Méridienne. étant entré à l’usine pour acheter des pommes de avant ses 18 ans, il a eu à subir terre en cette période de manque. le fameux «abattement d’âge» Pendant longtemps, lorsqu’un qui pénalisait les plus jeunes de enfant de salarié naissait, la 10% par période de 6 mois avant direction accordait à sa famille d’atteindre l’âge de 18 ans. Gérard une coupe de 100 kilos de feutre Vers 1953, Sénateur Lemire, 2e en partant de la gauche évoque aussi les piquets de grève usagé, avec laquelle on pouvait de 1968 qui pouvaient s’aligner confectionner des couvertures. jusqu’à la carrière «Morillon- briquet, le brasier d’allumage de elles s’étaient rendues en bus afin Corvol». La grève de 1983 la chaudière… et le papier a été de réclamer le même traitement Lorsqu’un jeune entrait à l’usine, Puis est évoquée la grève de livré jusqu’à Paris. que les salariés qui s’étaient fait il y avait toujours l’accueil connaître «non grévistes» et pour 3 mois de 1983, qui s’était Ont aussi été évoqués : syndical pour l’informer des lesquels la direction versait leur déclenchée à cause de l’annonce - l’approvisionnement «pirate» de façons de faire et les avantages salaire sans avoir travaillé. de la fermeture de l’usine (en kaolin nécessaire à la fabrication sociaux obtenus par l’activité fait historiquement, l’origine de de papier, l’arraisonnement d’une Il est à noter également le syndicale. Par ailleurs, être la longue lutte des travailleurs péniche de fioul afin de continuer soutien des salariés de l’usine de embauché dans les années 1970, est le 10 décembre 1980, date du à faire marcher la centrale Grand-Couronne durant l’action était assez facile pour les jeunes dépôt de bilan de la Chapelle- thermique (malheureusement de ceux de Saint-Etienne-du- titulaires d’un CAP. La formation Darblay). Les salariés qui ont ce n’était pas la qualité du fioul Rouvray/Oissel jusqu’au jour au poste de travail s’effectuait occupé l’usine pendant cette qui convenait et la manœuvre «sur le tas». où ils ont subi l’assaut des CRS grève, ont mené des actions (pas fut annulée)… il a fallu faire qui les ont expulsés. Les dures Le Comité d’entreprise organisait toujours licites) pour notamment autrement, etc., négociations avec la direction de des activités sociales afin de s’approvisionner en matières - les manifestations, les positions Chapelle-Darblay et le ministre satisfaire au mieux du moment, premières et ainsi montrer qu’ils dans l’usine face aux forces de de l’Industrie ont abouti au les besoins des familles, sorties, étaient capables de produire du police omniprésentes aux abords maintien en activité du site culture etc. Une aide spécifique du papier sans les patrons, lesquels de celle-ci, stéphanais, mais également la CE prête à sourire aujourd’hui : voulaient fermer l’usine. Pour se - l’action importante des femmes suppression de 600 emplois sur dans les années 1970, une prime faire, il fallait remettre en chauffe qui ont soutenu leurs époux les deux usines rouennaises en espèces était attribuée aux une chaudière. Ceci s’est fait avec des actions spécifiques, avec le plan «Parenco». à Saint- salariés… Certains d’entre eux collectivement et solidairement ; notamment, à la banque de la Etienne-du-Rouvray l’effectif ne révélaient pas toujours à en effet, les élus syndicaux Chapelle Darblay, la Barclays passa de 1 234 salariés à 904 et à leur épouse cette prime, et ont allumé ensemble avec leur Bank, rue Jeanne d’Arc à Rouen où Grand-Couronne, de 746 à 519. à Grand-Couronne, la «machine 6» est construite, même si l’on pense qu’elle aurait du être implantée à l’usine de Saint-Etienne-du- Rouvray/Oissel… peut-être était- ce la punition ? Manuel, jeune salarié en 1983, et sur la liste des licenciés, indique qu’il a pu, comme pour d’autres, retrouver un poste de travail à l’usine Rhône-Poulenc de Saint- IE D E L A CHAP ELLE Aubin-lès- sur insistance

E R des autorités préfectorales, comme elles s’y étaient engagées. Comme l’exprime le deuxième Gérard de l’assemblée, la reprise du travail n’a pas été facile ; les clivages de la grève étaient encore présents et l’entente entre Beaucoup de monde dans la salle Bondois le 5 avril 2019. les grévistes et non grévistes au l’usineE T L A PAP travail, a pris beaucoup de temps

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pour revenir à la normale, la même intensité quand elle a pu se faire. de lutte que celle qui Des familles de salariés s’est déroulée dans de l’usine se sont fâchées les années 1980. C’est pour très longtemps. André-Pierre qui Quoi qu’il en soit, répond à la question en en ces années 1980, expliquant qu’aujourd’hui l’action des salariés l’effectif de l’usine a été a été prédominante, sensiblement réduit et ainsi que le soutien que la force syndicale de la population pour s’en est ressentie. De maintenir le site plus, les mentalités ont industriel en vie et en évolué et la démarche activité, insiste Philippe. militante est différente à celle des années 1980. La Papette Puis il ajoute : bravo à aujourdhui ceux qui prennent des responsabilités syndicales ; De nos jours, la production de l’usine le syndicat est le seul moyen de la classe Etait également présent à notre causerie, Michel Ryckeghem (au centre de la photo) , n’est plus le papier, mais retraité de la Chapelle Darblay et auteur de l’ouvrage «Des Papeteries de la Chapelle ouvrière pour organiser sa le carton, et la matière aux Papeteries de Rouen Europac : 80 ans de l’industrie papetière à Saint-Etienne-du- défense ! première n’est plus le Rouvray». La Société d’histoire remercie Michel de sa présence et indique que son livre est rondin de bois résineux, disponible au comité d’entreprise «David Smith». mais uniquement le La causerie se terminant, papier recyclé. L’usine a Philippe, au nom de ses été modernisée et s’est amis et anciens collègues adaptée progressivement de travail, remercie la à cette production. Des Société d’histoire d’Oissel La causerie d’automne se tiendra machines ont été arrêtées. d’avoir tenu cette réunion : jeudi 3 octobre 2019 à 17h à la salle Bondois, L’effectif actuel est «Celle-ci nous a permis de 4 rue de la république à Oissel. d’environ 250 salariés. témoigner de notre vécu à Le thème de la causerie portera sur En fin de réunion, la Papeterie de la Chapelle Christian, auditeur non et nous remémorer le passé la société Toyo Ink (ex Francolor Pigments). papetier, demande aux et la vie à l’usine». Cette entreprise est née de la scission, en 1993, anciens syndicalistes si les salariés actuels Nelly Wender, Alain du site ICI Francolor (ex PCUK). seraient prêts à mener Blondel et René Courtois

La société d’histoire d’Oissel rend hommage à ses amis disparus récemment Le 28 avril 2019, Daniel Horlaville, notre footballeur osselien et national nous quittait. La Société d’histoire se souvient particulièrement de sa gentillesse lors de notre causerie du 4 avril 2014 sur le football à Oissel, à laquelle il a participé en compagnie de ses amis anciens du club. Le 31 mai 2019, Paulette Bourraud, ancienne militante syndicaliste de la Quinoléïne-Orgachim, nous quittait. C’est avec émotion que, lors de notre causerie sur la Quinoléïne du 6 octobre 2017, les anciens de cette usine ont évoqué son action sociale durant toute sa carrière. Alitée à sa maison de retraite de Pont-Audemer, son état de santé ne lui permettait pas de participer à cette réunion. La Société d’histoire rend hommage à Paulette et Daniel qui ont profondément marqué la vie osselienne.

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Guerre de 1914-1918 : année 1919 C’est le dixième et dernier volet que la Société d’Histoire d’Oissel consacre à nos soldats et leur rend hommage lors de différents articles dans son journal Oissel-Histoire. Nous rendons hommage non seulement à ceux disparus en 1919, mais aussi à ceux disparus en 1921 (à Oissel en 1920, il n’y a pas eu de soldats décédés des conséquences de la guerre).

Osseliens morts pour la France au cours de 1919 d’honneur. Croix de guerre. Léon Louis Il y eut 6 décès à déplorer (3 soldats étaient natifs d’Oissel) : Cité à l’ordre de la 37e Guillotte division. Cité à l’ordre de la • LE BOUDER Jean, soldat au 155e R.I. Né à Oissel le 28 juillet 1894. 73e brigade. Cité à l’ordre Maçon. Domicilié à Oissel. Prisonnier, en captivité à Limburg de la 1re armée. Mort à Allemagne. Mort des suites de maladie contractée en captivité à Rambervillers (Vosges), le Mayence, duché de Hesse, le 21 janvier. 6 août, où il est inhumé. Il avait comme collègues, • VARIN Charles Edmond, soldat au 6e R.G. Né le 7 juin 1896 à comme lui instituteurs à Oissel. Électricien. Domicilié 6 rue Sévène. Croix de guerre. Cité l’école des garçons d’Oissel : à l’ordre du commandement du génie. Mort accidentellement à LACHAMBRE Nestor Émile, MONGIS Paul Henri, VASSARD Oissel, le 17 janvier. Lucien Ernest, tous sont morts pour la France.

• DORRITY John Patrick Nicolas, sous-lieutenant au 154e R.I. Né • LESUEUR R. Mort en 1919. Inscrit sur les deux monuments aux à Mayenne (Mayenne) le 15 août 1885. Comptable. Domicilié 35 Morts. rue de la Gare (rue du Maréchal Foch). Croix de guerre, étoiles d’argent et de vermeil. Cité à l’ordre du corps d’armée. Cité à Osseliens morts pour la France en 1921 et considérés morts pour la l’ordre de la division. Mort à Vaux-Varennes (Meuse), le 4 mai. France :

• LAQUERRIERE Henri Eugène, soldat au 8e groupe d’artillerie • DEBAS Marcel Albert, soldat 1re classe au 24e R.I. Né le 13 février de campagne. Né le 29 avril 1899 à Oissel. Cultivateur. Domicilié 1881 à Saint-Étienne-du-Rouvray. Marié. Employé de bureau. hameau des Roches. Mort à l’hôpital de Taza (Maroc), suite de Domicilié 57 rue Sadi Carnot. Croix de guerre, 2 étoiles de bronze. maladie, le 11 juin. Cité 2 fois à l’ordre du régiment. Mort à Oissel, le 8 janvier 1921.

• GUILLOTTE Léon Louis, sous-lieutenant au 2e bataillon de • PRUNIER Albert Louis, soldat au 22e R.I. Né le 2 juillet 1891 à tirailleurs de marche. Né le 14 mars 1892 à Coutances (Manche). Oissel. Marié. Marinier. Domicilié hameau des Roches. Mort à Instituteur à l’école communale des garçons d’Oissel. Légion l’hôpital d’Oissel, le 13 mars 1921.

La fin du conflit L’armistice du 11 novembre 1918 n’a pas vraiment mis fin à la guerre, qui périphériques qui donnèrent pourtant au conflit une dimension se prolonge sous des formes différentes. mondiale, dont l’influence sur le déroulement du XXe siècle fut La Marne, Verdun, le Chemin des Dames : c’est à ce tryptique que l’on considérable. serait volontiers porté à réduire la mémoire de la Première Guerre Lointain, le front d’Orient fut ainsi largement négligé, faisant jouer des mondiale. Cette tentation fait bon marché des théâtres d’opérations enjeux stratégiques d’apparences secondaires.

Le front d’Orient De 1915 à 1919, des centaines de milliers de poilus ont combattu dans les Balkans, au sein de l’armée française d’Orient. Oublié en France, le souvenir de ces hommes est toujours vivace en Serbie et en Macédoine. L’armée française d’Orient ou Corps expéditionnaire d’Orient est une unité de l’armée de terre qui a combattu sur le front d’Orient de 1915 à 1918. La bataille des Dardanelles qui a opposé l’Empire ottoman aux troupes françaises et britanniques, s’est déroulée du 18 mars 1915 au 9 janvier 1916. Le véritable traité de paix n’est signé que huit mois plus tard après l’armistice de novembre 1918. Après de longs mois de discussions, le traité de Versailles est signé le 28 juin 1919. La guerre est officiellement terminée.

Michel Monnier