Une tentative d’aménagement médiéval dans la Lannemourine : la bastide de Saint-Martin. Stéphane Abadie

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Stéphane Abadie. Une tentative d’aménagement médiéval dans la Lannemourine : la bastide de Saint- Martin.. Le canton d’. , : Association Guillaume Mauran, 2017. ￿halshs-02056986￿

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En (8), à l’est du Pouey, sur la commune de Lanne, un autre site antique témoigne encore de l’importance de l’occupation humaine. Les débris de construction (tegula, clous de charpente, fragments de métal impossibles à identifier) voisinent avec morceaux d’amphores et nombreux fragments de poteries médiévales 44 et modernes.

En outre, à Bénac, au sud-est de la plaine, la preuve de la présence de constructions antiques 45 est apparue lors de tranchées d’égout ouvertes au centre du village.

1- La fondation de la bastide de Saint-Martin (1327)

Cette fondation est connue par une lettre du sénéchal de Bigorre, Guillaume de Carsan, transcrite à Paris dans les layettes du Trésor des chartes et partiellement publiée au XVIII e siècle dans le tome XII du recueil des Ordonnances des rois de France de la troisième race46 .

Ce document permet de connaître les origines de la bastide de Saint- Martin, fondée en 1327 47 . Une enquête préalable a été effectuée par deux commissaires « réformateurs de Bigorre » (en 1325 ou 1326 ?), suite à une confiscation seigneuriale ou commise ( ex certis causis venisse in commissum ) de nature non précisée. Le territoire concerné est celui de Briverio et Bruisaco , sept kilomètres au sud de Tarbes, seigneurie peut-être citée au XIII e siècle dans le Livre vert de Bénac 48 .

44 Dont fragments de poterie verte vernissée. Il y a, en outre, de nombreux rognons et éclats de silex. 45 Trouvaille de tuiles romaines, notamment et substructions avec mortier très dur, blanchâ- tre à gros nodules de chaux de type romain. Voir R. Vié, « Vestiges gallo-romains à Bénac », Archéologie des Pyrénées occidentales et des Landes, tome 10, 1990, p. 192. 46 Archives Nationales (AN), JJ 65 B, n° 281, f° 90, confirmation des lettres du sénéchal de Bigorre accordant à la bastide de Saint-Martin les coutumes de la bastide de Rabastens ; analyse par Charles SAMARAN, La Gascogne dans le trésor des chartes , p. 45, n° 377 ; Ordonnances des rois de France de la troisième race , t. XII, p. 504. Cette pièce est aussi la seule copie médiévale connue des coutumes de Rabastens-de-Bigorre, dérivées de celles de Marciac (1298). 47 Bilan archéologique de cet espace par Sylvie VIGNAU, L’occupation du sol au moyen âge dans le canton de Tarbes sud (Hautes-Pyrénées), inventaire archéologique, mémoire de maîtrise, Université de Toulouse II-le Mirail, 1993, p. 108-115. 48 Mention problématique. Les références données dans la maîtrise de Sylvie VIGNAU

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Guillaume de Carsan, « sire de Saint Paul, chevalier et sénéchal de Bigorre », autorise la fondation sur « le territoire royal appelé de Brivière voisinant le territoire appelé de Bruisac » 49 : érection d’un pal symbolique marquant la nouvelle fondation, distribution de terres et de parcelles à bâtir aux nouveaux habitants. Pour assurer le succès de la nouvelle bastide, le sénéchal concède « les libertés et coutumes de la nouvelle bastide de Rabastens-de-Bigorre, anciennement données par notre sire Philippe d’heu- reuse mémoire, Roi de France, concédée avec les sceaux pendants de cire verte ». Il permet également l’établissement d’un marché, le mercredi par quinzaine et d'une foire annuelle. Ces coutumes sont données le jour de la sainte Catherine 1327, sur le lieu même de la nouvelle fondation 50 .

Cette bastide, dont le modèle est la bastide royale de Rabastens-de- Bigorre (fondée à une trentaine de kilomètres au nord-est, en 1306) était ainsi prévue pour devenir une petite ville commerçante, dotée d'un territoire rural cadastré a novo , sur les landes voisines d'Ossun, dans un petit territoire confisqué par le pouvoir royal, entre les terres des sires d'Ossun et celle des sires de Bénac.

Il ne s’agit cependant pas d’un territoire totalement vide d’occupation : comme son nom l’indique, un lieu de culte dédié à saint Martin existait déjà sur place, servant sans doute de premier pôle de peuplement (voir supra , bilan par Robert Vié).

2- Le rattachement de la bastide de Mont-Saint-Jacques (1331)

En complément de cet acte isolé de 1327, un deuxième document, bien singulier, détaille le rattachement de la bastide de Mont-Saint-Jacques à celle de Saint-Martin.

Mont-Saint-Jacques a été fondée en 1328 sur des terres agricoles de l’abbaye de l’Escaladieu, au sud de Tarbes. Cette fondation est connue par une confirmation inédite, également conservée dans le Trésor des chartes à Paris 51 . Cette fondation n'arrive pas à se maintenir : en 1331, trois ans à d’après le Dictionnaire topographique … de Louis Antoine LEJOSNE semblent fausses. Une vérification systématique des noms et des dates dans le Livre Vert de Bénac et dans le Cartulaire de Bigorre n’a permis de retrouver aucune mention de cette seigneurie de Beirède. 49 Le texte édité porte les noms de Bruère ou Brivière . 50 DE LINGUA DE SAINT-BLANQUAT, Odon, La fondation des bastides royales dans la sénéchaussée de Toulouse aux XIII e et XIV e siècles, CDDP, Toulouse, 1985, p. 28 et 125. 51 AN, JJ 65 B, n° 234, f°71 v° ; analyse par Charles SAMARAN, La Gascogne dans le trésor des chartes , p. 45, n° 375. Charte de fondation (1328) entre le sénéchal de Bigorre et l'abbé de l'Escaladieu.

25 Le canton d’Ossun peine après sa création, les consuls en difficulté demandent l'union de Mont-Saint-Jacques à la bastide de Saint-Martin 52 .

La localisation de cette autre bastide de Mont-Saint-Jacques n'est pas connue avec certitude. Cette bastide est seulement signalée en 1880 par Curie-Seimbres, sur la base de ces deux actes 53 . Deux auteurs ont proposé, en 1981, de localiser Mont-Saint-Jacques à l'ouest de la commune de Saint-Martin (qui n'a rien à voir avec la bastide dont nous parlons), selon un critère de morphologie des limites communales 54 . Si ce critère morphologi- que est discutable, en revanche il est possible que cette localisation soit assez proche de la vérité : en effet, au nord-ouest de la commune de Saint-Martin, le parcellaire rural montre à deux endroits des éléments de régularité (parcelles régulières et chemins ruraux parallèles) qui se rappro- chent de ce que l'on peut voir dans la bastide de Réjaumont (1285), par exemple. Ce qui pose une autre question, qui dépasse le cadre de cet article : cette bastide de Mont-Saint-Jacques n'était-elle pas un simple remembre- ment agraire, une « bastide rurale », sans espace urbain, comme on en voit ailleurs en Gascogne ? 55 Par ailleurs, la distance probable entre les deux bastides approchait 2 km, séparées par les seigneuries de Lanne et Hibarete, ce qui ne dut pas favoriser le succès des deux pôles de peuplement.

3- L'échec du peuplement de Saint-Martin (milieu du XIV e s. ?)

La bastide de Mont-Saint-Jacques disparaît complètement de la docu- mentation après 1331 et la bastide de Saint-Martin, qui était manifestement prévue pour devenir une petite ville, n'apparaît plus comme espace urbain après 1331. En 1429, dans le censier de Bigorre , Saint-Martin n'est qu'un « territoire » ( terratori , c'est-à-dire un espace rural exploité mais peu ou non peuplé) 56 . C'est toujours le cas en 1600, quand le seigneur d'Ossun dénom- bre ses biens :

52 AN, JJ 66 n°927, f°383 v° : Paris, novembre 1331, confirmation de l'union de Mont-Saint- Jacques en Bigorre à celle de Saint-Martin, à la demande des consuls de Mont-Saint-Jacques ; analyse par Charles SAMARAN, La Gascogne dans le trésor des chartes , p. 51, n° 426. 53 CURIE-SEIMBRES, Alcide, Essai sur les villes fondées dans le sud-ouest de la France aux XIII e et XIV e siècle sous le nom générique de bastides , Toulouse, 1880, p. 335 54 CAZANAVE, Michel, LAFITTE-MATALAS, Pierre, En Bigorre au Moyen Âge , SAHP, 1981, p. 162-164. 55 ABADIE, Stéphane, « Les « bastides rurales » du comté de Bigorre : des exemples de remembrements agraires à parcellaires planifiés », in Congrès de la Fédération historique de Midi-Pyrénées , Bagnères, 2015, parution en cours. 56 BMT, Jean-Baptiste LARCHER, Glanage ou preuves , t. III, p. 258 : Item que lodit loc d'Ossun confronte de la part d'orient ab lo terratori de Sentmartin e d' ; de la part d'occident ab lo terratori de Pontac, et lo terme es lo Gavaston ; de part dessus ob lo terrador de Bertrahes et de Ader ; per la part debat ab lo terrador d'Azereix e de la Gardiole, e de Gerr en la quintan deu terme.

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« Premièrement dit et déclare tenir le lieu, terre et seigneurie d'Ossun, sis au present païs et comté de Bigorre, confrontant d'orient au terroir appelé la bastide de Lanamorine, qui souloit apartenir au seigneur de Saint-Martin, et à present est possedée par le seigneur de Benac... »57 .

Comment expliquer cet échec ? La documentation n'offrant indice direct, il faut se rapporter au contexte général de la région dans les années 1330 : on est alors à la fin du long cycle de croissance démographi- que qu'a connu l'Occident depuis le XI e siècle 58 . Peut-être Saint-Martin n'a pas connu le succès parce que le « stock » de population locale disponible pour peupler la bastide n'était plus suffisant. On peut aussi interroger le rôle des crises, comme la peste de 1347 et ses suites, ou encore la proximité de communautés plus dynamiques, comme Ossun ou Tarbes, qui ont pu empêcher le développement de cette communauté.

On peut aussi envisager une raison géographique : la bastide est implan- tée sur un espace de landes sans doute parcouru par des troupeaux et bergers peu désireux de voir diminuer leurs terrains de pacage ; on connaît, pour la même période, les difficultés créées par les bergers d'Ossau sur les landes du Pont-Long, près de Pau, n'hésitant pas à attaquer et incendier les maisons gênant le parcours des bêtes 59 . Par ailleurs, le texte ne mentionne pas la taille de la seigneurie de Saint-Martin, sans doute très réduite : il est probable que les seigneurs voisins n'étaient pas favorables à cette implanta- tion qui risquait de réduire leur pouvoir localement. Ont-ils empêché la venue de tenanciers ? Cela est vraisemblable, mais non documenté.

De fait, les rares mentions postérieures (en 1429, 1600...) montrent que la seigneurie de Saint-Martin subsiste comme un espace rural toujours cultivé mais sans doute vide d'habitations. À la fin du Moyen-Âge, cette seigneurie rurale est vendue par le pouvoir royal à des seigneurs locaux (le sire de Bénac en 1600) qui doivent en louer les terres à leurs propres tenanciers. On est dans le même cas de figure que pour la seigneurie de (Lubret-)Saint-Luc, bastide qui ne se peuple pas mais dont les terres cadas- trées ont été maintenues en culture jusqu'à nos jours 60 .

57 BMT, Jean-Baptiste LARCHER, Glanage ou preuves , t. III, p. 305 : dénombrement du seigneur d'Ossun en 1600. 58 BILLER, Peter, The Measure of Multitude : Population in Medieval Thought , 2001 59 LOUBERGÉ, Jean, « La mise en valeur agricole des landes du Pont-Long au nord de Pau » , Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest , Toulouse, juillet 1975, tome 46, fascicule 3, p. 313 à 324. 60 ABADIE, Stéphane, MAGNAT, Bernard, « La bastide de (Lubret-)Saint-Luc », BSAHP , 2014, p. 9-47.

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4- Localisation de la bastide de Saint-Martin

Où se trouvait cette bastide disparue ? 61 Les toponymes indiqués dans la charte de 1327 ( Briverio, Bruisaco... ) n'existent plus dans les livre-terriers ou les cadastres contemporains. Par contre, les dénombrements d'époque moderne localisent encore la bastide de Saint-Martin à la Lannemourine 62 ; un dénombrement d'Ossun, en 1748, précise par exemple que Saint-Martin se trouve au parsan de Labache 63 . Ce quartier ou parsan rural de « Labache » existe encore sur le cadastre napoléonien, commune d'Ossun, section E, près de la limite communale de Lanne (« La basse »), au sud du toponyme Lannemourine.

On peut donc avec vraisemblance localiser cette bastide disparue au niveau du carrefour du chemin d'origine antique de la poutge et du chemin médiéval menant d'Ossun à Lanne, à l'ouest et sous l'actuelle piste de l'aéroport. La découverte d'un cimetière médiéval, près de ce carrefour, conforte cette hypothèse de localisation. Le parcellaire assez régulier dans cet espace est-il le vestige de cette tentative de peuplement médiéval ? Cela est possible mais difficile à démontrer, d'autant que la persistance de voies d'origine antique a pu se doubler du maintien partiel d'un parcellaire égale- ment pré-médiéval, qu'il ne nous est pas possible de distinguer en l'état de nos connaissances.

Annexe :

Confirmations des lettres fondant la bastide de Saint-Martin sur le territoire de Bruisac, venu en commise entre les mains du sénéchal de Bigorre, suite à une enquête de deux officiers royaux. Les coutumes de Rabastens-de-Bigorre sont donnée à cette nouvelle bastide.

Source : Ordonnances des rois de France de la troisième race, t. XII, p. 504.

La graphie originale et la ponctuation ont été respectées, à l'exception de l'accentua- tion.

61 Discussion sur cette localisation : LAFFITE-MATALAS, Pierre, Une découverte en Bigorre, la bastide de Saint-Martin, communication à la SAHP , 1983, 72 p. (déposé aux ADHP). 62 BMT, Jean-Baptiste LARCHER, Glanage ou preuves , t. XVI, p. 17 : « La bastide de St Martin prez de Lane mourine dependoit autrefois de la terre de St Martin. Le seigneur de Benac la possede à present ». 63 AD Pyrénées-Atlantiques, B 399, fol. 6 et 7, 1748 : jouissance d'un fonds « sis au terroir de St Martin, parsans de Labache et Lanne mourinne ».

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« Lettres de Philippe VI, par lesquelles il accorde aux habitans de la bastide de Saint-Martin, des coutumes & priviléges semblables à ceux qui avoient eté accordé aux habitans de la bastide de Rabastens.

PHILIPPUS, dei gratia, Rex Francorum. Notum &c. Nos infrascriptas vidisse litteras tenorem qui sequitur continentes.

Noverint universi præsentes pariter & futuri, quod nos Guillelmus de Garsano dominus Sancti Pauli, miles & senescallus Bigorræ pro domino nostro Rege Francie & Navarræ, considerata utilitate dicti domini Regis, & visis et consideratis quibusdam patentibus litteris ab olim emanatis a venerabilibus & discretis viris dominis Joanne Paté decano Carnotensi, & Hugone de Vissaco milite, tunc autoritate regia reformatoribus Bigorræ, quasdam litteras dicti domini Regis tunc comitis Marchiæ in se continentes, ut nova bastida seu populatio pro commodo & utilitate Regia ac publica fieret & ædificaretur in territorio domini Regis vocato de Briverio, attendens etiam quoddam territorium vocatum de Bruisaco dicto territorio de Briverio contingens, domino Regi ex certis causis venisse in commissum, ubi melius & utilius dictæ bastidæ et populatio ad commodum dicti domini Regis fieri poterit, & exinde dictum territorium de Briverio, contiguum eidem territorio de Bruisaco, per arpenta casaliæ & casalerias, distribui populantibus in dicta bastida ; palum pro nova populatione ibidem facienda figi & apponi fecimus, juxta ordinationem dictorum reformatorum, ad ipsius domini Regis & dictæ bastidæ habitantium commodum, ut melius populent & habitant in eadem ; juratis vicinis & popularibus dictæ novæ bastidæ vocatæ de Sancto Martino, in dicto territorio de Bruisaco situatæ, expresso assensu & voluntate judicium nostrorum ordinariorum & criminum & procuratoris Regii Bigorræ et plurium aliorum fide dignorum & proborum hominum terræ Bigorræ, concessimus libertates et consuetudines novæ bastidæ de Rabastenchis Bigorræ ab olim per dominum nostrum dominum Philippum recordatio- nis inclitæ Regem Franciæ concessas, sub ejus sigillo in cera viridi impendenti sigillatas, ut prima facie apparebat, & nobis exhibitas, tenorem qui sequitur continentes.

PHILIPPUS, dei gratia, Francorum Rex. Notum &c. Nos vidisse litteras in forma sequenti.

Noverint universi quod nos Guillelmus de Rabastenchis miles domini nostri Regis Franciæ & ejus senescallus Bigorræ, sequendo formam & tenorem libertatum & consuetudinem datarum & concessarum habitatoribus de Marziaco, quas sub sigillo viridi domini Regis per ipsum vidimus approbatas, illas seu similes, vice & nomine domini Regis, damus & concedimus habitatoribus dictæ bastidæ sive villæ de Rabastenchis Bigorræ, presentibus & futuris, Tarviensis diocœsis quæ sunt hæc.

(1) Primo. Videlicet quod per dominum Regem vel successores suos non fiet in dicta taillia, albergata, &c [suit une note renvoyant aux coutumes de Marciac, p. 341 de l'ouvrage, sauf les dates des marché et foires].

Acta fuerunt hæc die martis ante festum Purificationis Beatæ Mariæ, anno domini millesimo CCC° XXV°, domino Philippo, Dei gratia, Francorum Rege regnante. In quorum omnium testimonium, & ad majorem roboris firmitatem habendam, nos G. de Rabastenchis senescallus prædictus huic præsenti cartæ sigillum nostrum duximus apponendum.

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Nos autem præmissa omnia & singula prout plenius sunt expressa, rata & grata habentes, ea volumus, laudamus, approbamus & præsentium tenore perpetuo confirmamus ; excepto quod sal vendere vel emere non possint in dicta bastida nisi quemadmodum cœteri faciunt seu utuntur communiter in villis aliis senescalliæ Tholosæ, et salvo in aliis jure nostro & in omnibus quolibet alieno. Quod ut, &c. Actum Parisiis anno, &c. XXVI mensis februarii. Promittentes dictas consuetudines, usus, privilegia & libertates dictæ novæ bastidæ de Rabastenchis per dictum dominum Regem recordationis inclitæ concessas, quibus utuntur & hactenus uti consueverunt, a nobis concessas vicinis popularibus dictæ bastidæ de Sancto Martino, facere concedi & confirmari per dictum dominum Regem Franciæ et ejus sigillo Regis in cera viridi sigillari, voluntate tamen ejusdem domini Regis retenta, & in omnibus jure semper salvo. In cujus rei testimonium sigillum nostrum præsentibus duximus apponendum. Forum vero sive mercatum, juxta modum superius insertum, dictis incolis de Sancto Martino de quindecim in quindecim diebus in die tamen mercurii duximus apponendum ; & in nundinis annuatim in quolibet festo B. Katarinæ virginis. Datum & actum in dicta nova bastida de Sancto Martino, in die festi Beatæ Mariæ Magdalenæ, anno &c. M. CCC. XXVII.

Nos autem omnia & singula in suprascriptis litteris contenta, rata & grata habentes, ea volumus, laudamus, approbamus, & auctoritate nostra Regia, tenore præsentium confirmamus ; salvo in aliis jure nostro & in omnibus quolibet alieno. Quod ut, &c. Datum Parisius, anno ut supra, mense aprilis. »

Proposition de traduction :

« PHILIPPE, par la grâce de Dieu, roi de France. Que tous sachent, etc. Nous avons vu les lettres dont la teneur est la suivante :

Que tous sachent, présents et à venir que nous, Guillaume de Carsan, sire de Saint-Paul, chevalier et sénéchal de Bigorre, pour notre sire le roi de France et de Navarre, considérant l'utilité dudit sire Roi, et vues et considérée les lettres patentes autrefois donnée par le vénérable et discret homme sire Jean Paté, doyen de Chartres, et Hugues de Vissac, alors réformateurs de la Bigorre sous l'autorité royale, lesquelles lettres ledit sire Roi, alors comte de la Marche, contenant que la nouvelle bastide ou population, pour la commodité et utilité du Roi, qu'il soit fait publique- ment et édifié dans le territoire du sire roi appelé de Brière, attendu que lesdits territoires de Bruisac et de Brivière sont contigus, le sire roi les ayant reçus en commise suite à une certaine cause, ou il est possible d'y installer bien et utilement une bastide et population à l'avantage dudit sire roi, et à la sortie dudit territoire de Brivière, contigu dudit territoire de Bruisac, on peut y tracer des arpents de terres et jardins, pour les distribuer aux habitants de ladite bastide ; un pal marquant le nouvel habitat y a été placé et nous l'y avons fait mettre, selon l'ordonnance desdits réformateurs, pour l'avantage dudit sire roi et des habitants de ladite bastide, pour qu'ils viennent nombreux y habiter et résider ; aux jurats, voisins et nouveaux habitants de ladite nouvelle bastide appelée de Saint-Martin, située dans ledit territoire de Bruisac, avec l'accord exprès et volonté de nos juges ordinaire et criminel et procureur du roi en Bigorre, et de plusieurs autres fidéjusseurs et prud'hommes de la terre de Bigorre, nous concédons les libertés et coutumes de la

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nouvelle bastide de Rabastens-de-Bigorre concédées autrefois par notre sire le roi de France Philippe, d'heureuse mémoire, sous son sceau de cire verte, comme il nous est apparu en premier lieu et nous ont été exhibées, dont la teneur suit :

PHILIPPE, par la grâce de Dieu, Roi de France. Qu'il soit connu, etc. Nous avons vu les lettres sous la forme suivante :

Que tous sachent que nous, Guillaume de Rabastens, chevalier de notre sire le roi de France et son sénéchal en Bigorre, suivant la forme et teneur des libertés et coutumes données aux habitants de Marciac, qui ont été approuvées sous le sceau vert de notre sire le Roi, celles-ci ou d'équivalentes, pour et au nom de notre sire le Roi, nous donnons et concédons aux habitants de ladite bastide ou ville de Rabastens-de-Bigorre, présents et à venir, dans le diocèse de Tarbes, [les coutumes] qui sont comme suit : (1) Premièrement. À savoir que par ledit sire Roi ou ses successeurs il n'y sera fait ni taille, ni albergue, etc [ suit une note renvoyant aux coutumes de Marciac, p. 341 de l'ouvrage, sauf les dates des marché et foires ].

Ces actes ont été donnés le mardi avant la fête de la Purification de la bienheureuse Vierge Marie, l'année du Seigneur 1325, le sire Philippe, par la grâce de Dieu, roi de France régnant. En témoignage de tout ceci et pour en assure une plus grande fermeté, nous, Guillaume de Rabastens, sénéchal susdit, avons apposé notre sceau sur la présente charte.

Nous voulons, louons et approuvons toute et chacune des choses susdites écrites dans ces lettres, de bonne et pure volonté, et nous confirmons à perpétuité la teneur des présentes ; excepté que le sel ne pourra s'acheter ou se vendre dans ladite bastide, sauf selon l'usage qui est pratiqué dans les autres villes de la sénéchaussée de Toulouse, et restant sauf notre droit pour cela et pour tout autre sujet. Que comme, etc. Acte passé à Paris l'année, etc 26 février. Promettant que lesdites coutumes, us, privilèges et libertés de ladite bastide neuve de Rabastens, concédées le sire roi de bonne mémoire, qui sont en usage et ont coutume d'y être employées, nous voulons les concéder aux voisins venant peupler ladite bastide de Saint-Martin, les faire concéder et confirmer par ledit sire roi de France et sigiller de son sceau de cire verte, étant retenue la volonté dudit sire roi et restant sauf en tout son droit. En témoignage de ceci, nous avons apposé notre sceau aux présentes lettres. La foire ou marché, comme il est précisé ci-dessus, sera pratiqué par les habitants dudit Saint-Martin le mercredi tous les quinze jours et une foire annuelle à la fête de la bienheureuse Catherine vierge. Daté et acté dans ladite bastide neuve de Saint- Martin, le jour de la bienheureuse Marie-Madeleine, l'année, etc 1327.

Nous voulons, louons et approuvons toute et chacune des choses écrites dans ces lettres, bonnes et conformes, et nous confirmons la teneur des présentes par notre autorité royale ; étant sauf notre droit en toutes ces choses et dans toutes autres choses, etc. Daté de Paris, l'année ci-dessus, au mois d'avril ».

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