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Séquences La revue de cinéma

1961, Luis Buñuel Viridiana, Espagne 1961, 90 minutes Maurice Elia

Cannes 50 ans Number 189-190, 1997

URI: https://id.erudit.org/iderudit/49347ac

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Publisher(s) La revue Séquences Inc.

ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital)

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Cite this review Elia, M. (1997). Review of [1961, Viridiana : luis Buñuel / Viridiana, Espagne 1961, 90 minutes]. Séquences, (189-190), 31–31.

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a demi-Palme d'or remportée à Cannes par Viridiana avait causé un même à le visionner, démit Palmes d'or: Viridiana des plus grands scandales que l'Espagne dite culturelle de Franco ait Munoz Fontân de ses fonc­ (Luis Bunuel) ESP jamais vécus. tions, empêcha que l'on pré­ L et Une aussi longue absence Pourtant, tout avait bien commencé. Bunuel n'avait pas fait de film dans sente le film sur tout le ter­ (Henri Colpi) FR son pays depuis Las Hurdes (1932). Sa carrière de cinéaste avait débuté en ritoire espagnol, interdisant • France et il avait travaillé aux États-Unis et au Mexique. À Cannes en 1960, qu'on en parle dans la presse Prix spécial du jury: Mère Jeanne les cinéastes espagnols s'étaient rencontrés et Bunuel accepta d'écrire le ou même de vive voix, niant des Anges de Jerzy Kawalerowicz scénario de Viridiana et de tourner le film en Espagne. Il avait reçu la totalement son existence. Le (POL) bénédiction du Ministère de l'information et du tourisme dont les bureau­ film, qui avait été partielle­ • crates avaient envisagé de faire du film un produit original qui ouvrirait ment financé par une com­ Prix d'interprétation masculine: pagnie mexicaine, fut long­ pour Goodbye temps considéré comme un Again d'Anatole Litvak (USA) film mexicain. Ce n'est • qu'à la mort de Franco que Prix d'interprétation féminine: Viridiana fut enfin montré Sophia Loren pour La Ciociara en Espagne, soit dix-sept ans de Vittorio De Sica (IT) après son triomphe à Can­ • nes. Prix de la mise en scène: Le plus bufiuelien des Youlia Solntseva pour films de son auteur, Viri­ Les Années de feu/Récit diana mérite encore aujour­ des années de feu (URSS) d'hui notre intétêt. On y trouve les éléments récurrents de sa dialectique et ses principaux thèmes de prédilection: le goût, le rejet et la terreur des choses sacrées, les obsessions relatives aux interdits, particulièrement à la chasteté et au sexe (illustrées par le fétichisme et de violents symboles, comme ici le canif-crucifix qui sert à peler des pommes), les paradoxes moraux, la bigoterie grotesque et la dé­ composition avancée de la bonne société, une société qui, à l'époque, avait été confirmée dans ses privilèges par Franco. Certaines séquences conti­ nuent de nous hanter: la jeune fille étendue sur le lit par son vieil oncle qui commence à la dévêtir puis renonce, la bacchanale au château et les men­ l'Espagne au monde. On demanda au cinéaste de faire certains amende­ diants autour de la table couverte de victuailles et souillée, parodiant La ments dont l'élimination de la scène où l'on voyait Viridiana, la jeune Cène de Vinci au son de Y Alleluia de Haendel. novice, devenir l'amante de son cousin. Les censeurs acceptèrent cependant M.E. que l'héroïne fasse partie d'un ménage à trois (avec son cousin et la ser­

vante, sa maîtresse), célèbre scène finale du film où on voit le trio jouer aux VIRIDIANA cartes. Le Directeur général de la cinématographie espagnole, José Munoz Espagne 1961,90 minutes. Réal.: Luis Bunuel — Scén.: Luis Bunuel, Julio Alejandro — Photo: José Fontin, vint lui-même recevoir la Palme d'or, prouvant du même coup son F. Aguayo — Mont: Pedro Del Rey — Int.: (Viridiana), Francisco Rabal (Jorge), (Don Jaime), Margarita Lozano (Ramona),Victoria Zinny (Lucia), Teresa Rabal (Rita) — Prod.: soutien au film et à son auteur. C'est seulement le lendemain, lorsque Gustavo Alatriste/Uninci. L'Osservatore Romano accusa le film de blasphème que Franco, se refusant

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