République Démocratique du Congo Union Européenne Ministère des Infrastructures et des TPAT Public Disclosure Authorized

AGRECO

Etude d'impact Socio-Environnementale de Pro- Routes Gemena Karawa Businga (Equateur)

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AGRECO.GEIE. Avenue Louise. 251 Bte 23 B-1050 Bruxelles. Belgique

Cadrage de l'étude d'impact environnremental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. Sommaire

1 Introduction :...... 3 2 Présentation générale de la zone d'étude : ...... 4 2.1 Localisation géographique de la route ...... 4 2.2 Origine et actualité des peuplements : ...... 5 2.3 Absence des peuples « autochtones » ...... 5 2.4 Des flux commerciaux toujours importants malgré un enclavement qui diminue ...... 5 2.5 Le territoire de Gemena, enclavé mais toujours plus fréquenté ...... 7 3 Environnement biophysique: ...... 8 3.1 La route de Gemena à Businga vue par satellite (Google) ...... 8 3.2 Les aires protégées dans le voisinage de la route de Gemena à Businga ...... 11l..... 4 Présence et activités humaines le long de la route ...... I 1 4.1 La ville de Gemena ...... l l 4.2 Etablissement humains en milieu rural ...... 11l..... 4.3 Activités agricoles dans la région ...... 12 4.4 Revenus et dépenses des familles ...... 12 4.5 Conditions de vie ...... 15 4.6 La reprise du café avec l'embelli de ses cours mondiaux ...... 15 4.7 Organisation des marchés et incidences du projet Pro routes ...... 15 4.8 Trafic sur la route de Gemena à Businga ...... 16 4.9 Les réalités de l'exploitation forestière et des produits forestiers non ligneux ...... 17 4.10 La chasse et le commerce du gibier ...... 18 4.11 La pêche ...... 18 5 La réhabilitation de la route et l'occupation des emprises ...... 18 5.1 Estimation provisoire du coût de la réinstallation involontaire: ...... 19 5.2 Etat des pme locales et autres opérateurs: ...... 20 6 Conclusions et Reconmmandations ...... 20 Annexe 1: é d tatla eroute ...... 22 Annexe 2. Consultations publiques ...... 23

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 2 1 Introduction:

La présente étude fait partie de l'étude générale confiée à Agreco par l'Union Européenne concernant le programme Pro Routes. Ce programme est un fonds fiduciaire, géré par la Cellule Infrastructure du Ministère des Infrastructures et des TPAT. Ont pour l'instant annoncé leur intention de contribuer à ce fonds la Banque Mondiale, l'Union Européenne, et la Coopération Britannique (DFID). Les routes pour l'instant mises à l'étude sont: celle de Gemena à via Businga, , Bumba, Aketi, Buta, Banalia et Kisangani d'une part (nationales 4 et 6); celle de la rivière Loange au lac Mukamba via et (Nationale 1) d'autre part. La présente étude conceme la première de ces routes, entre Gemena et Businga.

Ce fonds va financer les principales routes en terre de « standard international » en RDC. Il s'agit de routes de 7,5 mètres de large comportant une bande de roulement de 4,5 mètres rechargée, des bas côtés permettant le doublement et des ouvrages de drainage conséquents. Des reculs sont prévus en milieu rural, sur au moins 4 mètres après les fossés et remblais. L'emprise totale de la route sera par conséquent de l'ordre de 12 mètres depuis la ligne médiane. L'emprise en milieu urbain sera réduite et dépendra en partie des politiques municipales. Le projet prévoit la réhabilitation et la remise à niveau de l'ensemble des ouvrages de franchissements des voies d'eau, bacs et ponts.

Sa particularité est qu'il désigne l'Office des Routes comme « Maître d'oeuvre » des projets, sous la Maîtrise d'Ouvrage Déléguée assumée par la Cellule Infrastructure. Au niveau local (Office des Routes) ou au niveau national (Cellule Infrastructure), selon les montants concernés, ces deux institutions passeront des marchés aux entreprises locales ou nationales capables de les réaliser. Le projet privilégiera autant que faire se pourra la méthode HIMO (à Haute Intensité de Main d'oeuvre) et les pme locales. Celles-ci seront particulièrement impliquées dans l'entretien des routes, après réhabilitation, entretien dont le financement sera dans un premier temps pris en charge par le Projet, en anticipation des moyens du FNR, le Fonds National d'Entretien Routier.

La méthodologie de la Banque Mondiale en matière de mise en oeuvre des projets routiers s'impose en principe au fonds dans son ensemble, notamment en matière d'impact socio-environnemental. Cette méthodologie a été systématisée par le premier grand programme financé par la Banque Mondiale en RDC depuis la reprise de ses activités au début des années 2000, le PMIUR (Programme Multisectoriel d'Urgence et de Réhabilitation- 1,7 milliards de dollars à l'origine, dont 450 de la Banque en 2002, puis 125 en 2006). La SoFreco est le bureau d'étude contracté pour adapter et diffuser les méthodologies déjà définies dans différents documents de la Banque. Il a produit une abondante documentation qui a été utilisée pour la présente étude (Cdrom contenant l'ensemble des textes, exemples, documents pédagogiques, illustrations, textes de référence de la Banque, textes de loi en vigueur en RDC et dans les traités internationaux dont la RDC est signataire en matière d'environnement etc....).

S'agissant d'ouvrages de la catégorie A, c'est-à-dire susceptibles d'avoir des effets irréversibles sur l'environnement naturel et humain, et les projets routiers d'envergure entrent dans cette catégorie, cette méthodologie prévoit en résumé les étapes suivantes:

1/ réalisation d'une étude préalable définissant le cadre socio-environnemental du projet et les études sectorielles à conduire de manière complémentaire ainsi que les termes de référence de ces études;

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 3 2/ la réalisation d'études détaillées telles que définies en 1/;

3/ la réalisation d'un Plan de Gestion Environnemental et Social, tirant les leçons des étapes précédentes;

4/ la gestion environnemental et sociale de l'ouvrage lors de sa phase de réalisation

L'ensemble du processus doit se dérouler de manière transparente pour les personnes et institutions concernées localement par l'ouvrage (1).

La présente étude correspond à la première étape de ce processus d'étude.

Elle s'est déroulée de la manière suivante:

- Création d'une équipe d'étude comportant des consultants d'Agreco (Idesbald Chinamula, socio-éconorniste et Raoul Monsembula, environnementaliste) mais également des experts de l'Office des Routes et de la Cellule Infrastructure (Marie Claire et Patient Nyembo);

- Etude bibliographique préalable, production de matériaux cartographiques;

- Large information locale par les autorités grâce à l'envoi avant le déroulement de la rmission d'étude de courriers officiels et de tracts d'information, de communiqués destinés aux radios locales; ces outils ont servi à inforrner les populations de l'objectif de l'étude. Le représentant à Gemena de l'Office des routes a fortement contribué à la plus large diffusion de l'information et à la préparation des consultations publiques;

- Déroulement de deux consultations publiques, à Gemena et à Businga, annoncées par les radios locales et permettant à un panel de notables et de personnes représentatives d'exprimer leurs analyses et points de vue par rapport à l'objectif du projet;

- Visite de tous les villages de la route entre Gemena et Karawa et de la route jusqu'à Businga. Echanges avec les populations, transects agro-environnementaux, observation de l'état des emprises.

Le présent rapport rend compte des résultats de ce programme d'étude et de consultation publique. Il présente un état des lieux socio-environnementale, souligne les contraintes à ces deux niveaux; il identifie les sujets nécessitant des études complémentaires.

2 Présentation générale de la zone d'étude:

2.1 Localisation géographique de la route.

La route de Gemena a Businga traverse les deux territoires éponymes, situés respectivement dans les districts du Nord et du Sud Ubangi. La route rejoint ensuite le territoire de Lisala, dans le district de la Mongala (cf carte n°l). Ces trois territoires sont particulièrement contrastés par leurs

lEvaluation de l'impact environnemental et social du PMURR. RDC. Vol. 2. Page 22. Sofreco. Septembre 2006.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 4 densités humaines et leurs activités dominantes: Gemena est le pays du café, Businga de l'élevage et Lisala de l'exploitation forestière. La partie de la route qui parvient à Businga après Karawa, conserve toutefois le même profil d'activité, de climat et de couvert végétal: le café et l'économie de plantation y ont fortement marqué le paysage et l'occupation humaine ces soixante dix dernières années. Le coton a lui aussi joué un grand rôle dans la formation du paysage très défriché. Les sols, le climat et les hommes y présentent des traits communs, qui les rattachent au Sud Ubangi.

2.2 Origine et actualité des peuplements:

Le Sud et le Nord Ubangi correspond à une zone de peuplement soudanais récent qui a progressivement déboisé la forêt tropophite du nord de la cuvette, dont il reste d'importants lambeaux dans tous les deux territoires. C'est le pays de la tribu Ngwaka, peuple réputé pour son aptitude aux travaux agricoles et à la chasse. Ce peuplement continue à dominer largement, malgré des apports multiples, essentiellement Mongo, par le sud, et Ngbandi, par le nord. L'image fiable la plus récente de ces peuplements est toujours donnée par la monographie du Pensar, qui elle-même reprend les travaux du projet de statistique agricole du Pnud au début des années 90. Le territoire de Gemena y avait alors 690 000 habitants pour Il 488 km2, une densité de 60 habitants au km2, qui lui donnait alors la palme et de loin en matière de densité dans la province, puisque le territoire le plus proche, Bumba, était à 32 habitants au km2, tandis que Businga ne dépassait pas les 17 habitants au km2. Les densités humaines ont fortement augmenté pour atteindre et dépasser les 100 habitants/km2 en 2006 à Gemena. Il s'agit d'une population jeune et travailleuse, en grande majorité agricole (75% des ménages en 94). La carte n°2 illustre le contraste entre les densités humaines fortes qui caractérisent le territoire de Gemena, et les densités très faibles de l'environnement des territoires forestiers.

2.3 Absence des peuples « autochtones »

On trouvera en annexe n° le formulaire rempli par les autorités des territoires de Gemena et de Businga ainsi que du gouverneur de la province concernant la présence des groupements pygmées. Les pygmées sont significativement présents dans l'Equateur. On les trouve en grand nombre dans la région de Bikoro par exemple, ou encore au sud de Lisala sur la rive gauche du fleuve. Tous les témoignages recueillis lors des consultations publiques de Gemena, Businga et Lisala indiquent que les pygmées ne fréquentent pas les abords même éloignés de la route, ni de manière permanente, ni de manière épisodique au cours de leurs itinéraires nomades.

2.4 Des flux commerciaux toujours importants malgré un enclavement qui diminue

La population totale du district a été estimée en 2006 à 2 534 260 habitants (source conmnissariat de district). Selon ces chiffres, la population du district aurait cru de 56 % en dix ans (Service National des Statistiques Agricoles 1996, Sud Ubangi population 1 426 246 hab), ce qui correspond à un taux de croissance plausible de l'ordre de 3% par an. Plus de la moitié de cette population vit dans le seul territoire de Gemena.

Cette population très agricole n'est pas dans des stratégies d'autosuffisance alimentaire exclusive au contraire : la volonté de produire pour cornmercialiser est générale.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 5 La diminution des productions commerciales comme le coton, le café, l'hévéa n'a pas au contraire fait disparaître les besoins d'évacuation des produits agricoles des territoires du Sud Ubangi. Avant et après l'épisode de la guerre, qui s'est effectivement traduit par un tarissement certain des production et des flux commerciaux, les productions de maïs, de manioc, de produits vivriers ont repris de plus belle et ont largement pris le relais en volume des anciens produits commerciaux (le café continuant malgré tout à sortir de l'Ubangi, on le verra plus loin).

En estimant à une tonne en moyenne le besoin d'évacuation annuel de chaque famille agricole dans ce district, base minimale et en considérant un taux de ménages agricoles de 75% pour une population par famille de 6 personnes (317 000 ménages agricoles) on parvient à un besoin d'évacuation de 317 000 tonnes soit 110 camions de 8 tonnes par jour sur les grandes voies menant aux ports. La moitié de la population se trouvant dans le territoire de Gemena et les secteurs administratifs le long de la route représentant autour de 20 % de sa population, on peut penser par exemple que la route de Gemena à Businga dispose d'un potentiel de l'ordre de 10 camions par jour en moyenne. Le secteur de Karawa en particulier, sur cette route, constitue un véritable pôle de production et de commercialisation.

L'analyse de la carte N° 1 montre que les évacuations du district (et son approvisionnement en produits manufacturés) se font d'abord par les routes qui mènent aux ports de l'Ubangi (Dongo) et surtout Mogalo sur un petit affluent de l'Ubangi, la Lulua d'une part, et celles qui mènent au port de la Mongala. L'ouest du district évacue plutôt par Mogalo. C'est le cas par exemple de Bwamanda et de toute la route de Zongo. Mogalo va vers Kinshasa. Zongo en revanche va vers la Centre Afrique et l'ouest africain.

La route Gemena Zongo a fait l'objet d'un financement récent de l'Union Européenne mis en oeuvre par le Centre de Développement Intégré de Bwamanda, importante ONG de l'Equateur (voir plus loin production agricole et encadrement institutionnel). Son dernier tronçon (Zongo) doit être réhabilité par la Banque Mondiale. Il y a donc une amélioration visible et en vue (le demier tronçon vers Mogalo est en mauvais état). L'axe fluvial en revanche n'est pas sans poser problème. L'Ubangi, dont le régime est déterminé par les pluies de la zone soudano guinéenne, est en fort étiage avant les pluies de mai et juin du nord du pays et au-delà, de la Centre Afrique. Son cours non balisé est dangereux, et rempli de bancs de sable. Vers la République Centrafricaine, c'est le bac de Zongo qui est sollicité. Ce bac appartient à la RCA. Vers la RCA, ce sont les produits agricoles (cultures vivrières et pérennes) et de l'élevage. Vers Gemena (RDC) ce sont les produits manufacturés et matériaux de construction (en provenance du Cameroun, Nigéria et au delà).

Le centre et l'est de Gemena rencontrent de graves difficultés d'évacuation. Logiquement il devrait évacuer par les deux ports de la Mongala: Akula et Businga. La route de Gemena Businga, lorsqu'elle sera réaménagée, servira à approvisionner ces deux ports. La route de Gemena Akula est d'une grande importance stratégique pour l'approvisionnement de Kinshasa via la Mongala. Celle de Businga Gemena lui viendra en appoint.

Vers Kinshasa, à partir de Gemena, il y a trois ports certes éloignés et actuellement inaccessibles mais bien situés pour desservir Gemena. Il s'agit du Port de Dongo sur l'Oubangui, celui de Mogalo sur Lulua et enfin celui de Akula sur Mongala. Seul celui de Mogalo reçoit en réalité, au prix de nombreuses peines, un chargement des camions en provenance des zones très éloignées. On verra par exemple qu'à partir de Karawa, bon nombre des camionneurs n'ont comme destination, en dépit du mauvais état de la route, que le port de Mogalo pour expédier leurs marchandises à Kinshasa. Si on se réfère à la carte, on est frappé par le contours qu'empruntent

Cadrage de l'étude d'irnpact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 6 ces véhicules pour atteindre ledit port (77 km Karawa-Gemena, puis 105 ou 120 km selon qu'on emprunte l'axe vers Akula ou celui vers Mogalo, soit un total de prés de 200 km).

Mais si la bretelle de 60 km qui relie le port de Popolo à la RN 24 (au niveau du village kungu) était en bon état, il faudrait seulement prés de 72 km aux véhicules en provenance de Karawa pour mettre sur barges leurs productions. C'est presque la même distance (85 km) pour accéder au port de Businga.

Cette observation souligne l'importance de certaines bretelles dans la valorisation des routes.

La Monographie de la Provincede I 'Equateurrelevait en l'occurrence trois prioritésde routes pour I' « aire de développement de la région nord », en incluant les deux Ubangi, nord et sud. Il s 'agissaitdes routes nationaleset provinciales allant de: Gemena à Akula avec ses 115 km Gemena à Karawa et Businga, 160 km Gemena à Zongo, 275 km Il existe des projets pour réhabiliterces routes, mais dix ans après, seule celle de Zongo a été partiellement réhabilitée. L 'étude rajoutaitdes routes d'intérêt local pour 596 km dans le seul territoirede Gemena à ces routes principales.

2.5 Le territoire de Gemena, enclavé mais toujours plus fréquenté...

Situé entre l'Oubangui et la Mongala, Gemena n'est pas véritablement desservi par ces deux cours d'eau pourtant bien navigables. Comme il a été dit, la route qui relie Gemena à Akula, sur la Mongala, tout comme la fin de celle de Zongo et Mogalo sur l'Oubangui sont impraticables depuis plusieurs années. C'est donc par avion que Gemena s'approvisionne en produits manufacturés en provenance de Kinshasa. Après les belles années de SCIBE Zalre (2), on note aujourd'hui une certaine reprise de la régularité du trafic aérien: trois vols réguliers et trois vols cargo sont enregistrés par semaine. C'est un service hautement remarquable puisque on observe un important flux migratoire estimé à prés de 1 000 personnes par semaine (estimation fournie par le chef de poste DGM de l'aéroport de Gemena).

En effet, c'est à partir de Gemena que tous les commerçants des districts du nord et du sud Oubangui, et même de la Mongala (Lisala et parfois Bumba) effectuent leurs voyages à destination de Kinshasa et ailleurs au délà de leur province. Ceci fait de Gemena un véritable carrefour pour les milieux d'affaires de l'Equateur.

Au plan sociologique, Gemena, qui a dépassé les 200 000 habitants, terre de prédilection des Ngwaka, est de plus en plus partagée avec les Ngbandi, les Mbuza, les Mongo, les Mbanza ainsi que les Mono (habituellement situés au sud de Libenge). Son marché est certainement le plus important de tout l'Equateur.

On note également un nombre sans cesse croissant d'étrangers. De tous les territoires de l'Equateur, c'est Gemena qui en héberge le plus. Et ce ne sont pas les centrafricains, si voisins, qui sont le plus nombreux, mais plutôt les Nigérians, Maliens et Guinéens reconvertis en acheteurs de café, ketchu (le poivre sauvage) et cacao.

2 Scibe Zaïre, entreprise d'un fils du pays, longtemps président de la Fédération des Entreprises du Congo (Bemba Saolona), est surtout connue pour sa filière aviation. Cette société disposait d'une flotte de plus de 10 avions et assurait un trafic quotidien sur Gemena et Bumba, principalement pour évacuer l'important tonnage du café dont le propriétaire jouissait d'une sorte de monopole sur les paysans.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 7 3 Environnement biophysique:

La route de Gemena à Businga et au-delà, jusqu'à l'entrée du territoire de Lisala, traverse un environnement dont les caractéristiques tant sociales que biophysiques sont proches voire identiques: Le climat est du type Aw de la classification de Kôppen, avec 1700 mm de pluie et une saison sèche de 70 à 80 jours, concentrés entre décembre et février (période « hivernale »). Les sols sont toujours des ferrasols sur roches non différenciés présentant des granulométries de type sablo- argileux et argilo-sableux favorables aux cultures pérennes (3). La même étude fournissait la description suivante de la végétation pour l'ensemble de la Province de l'Equateur: « La grandeforêt ombrophile sempervirente qui occupe la Cuvette Centrale est caractérisée par la diversité de ses essences, la densité de ses peuplements, la dimension de ses arbres et l'enchevêtrement de ses lianes. Cette forêt se prolonge dans la partie Sud-Est de l'Ubangi jusqu'à la limite du climat Am dans la classification de Kôppen. En dépit de cette appartenanceau grand massifforestier, la majeure partie de la région Nord de l'Equateur est couverte d'une savane secondaire à Imperata cylindrica dâ'ge récent. La déforestation date vraisemblablement des invasions soudanaisesdont les débuts ne sont pas antérieurs à deux siècles. Le Nord Ouest est le domaine des forêts semi-caducifoliées mésophiles et péri guinéennes; on v rencontre par endroit des ilots de forêt tropophile. Les forêts fermées ont presqu'entièrement disparue et sont actuellement remplacées par une savane où l'on remarque d'importantespénétrations de Daniella oliveri, de Terminalia spp et Combretum spp. Le long du Fleuve Congo et des grands cours d'eau, on rencontre des forêts sur sol hydromorphe ».

L'imagerie satellitaire permet de distinguer précisément la place de la forêt et l'occupation des sols en général dans la zone d'étude.

3.1 La route de Gemena à Businga vue par satellite (Google)

Gemena.

-! L'anthropisation est totale dans l'ensemnble de

- -l l'environnement de la ville sur une cinquantaine de kilomètres. Le couvert

- forestier est limité aux galeries des cours d'eau. On distingue des plantation à quelques kilomètres de la ville

(3) Pensar. Monographie de la Province de I Equateur. Ministère de l'agriculture. PnudlUnops 1998.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 8 ; .Gemena- Bo2wala

- Sur une quarantaine de kilomètres le long de la route .~ :ilecouvert reste largement '-. ,occupé par la savane et les champs en préparation. Les grandes plantations pérennes maintiennent leur emprise. Il est remarquable que les ; champs ne paraissent pas très _ proches de la route, mais au .7.. contraire tendent à s'en - éloigner.

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L'échelle est de 11 km -BoLwala Karawa

La pression sur les forêts galeries augmente dans cet dt iespace très agricole. Les savanes sont cultivées. Des routes secondaires maillent le paysage dans sa totalité. Il demeure malgré tout des lambeaux de forêts dégradées, exploités pour le charbon de bois et le bois de chauffe et de construction. Les champs paraissent ici se rapprocher de la route.

Cadrage de l'etude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 9 Y> . Ri t Q

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La boucle de la Mongala à Businga. On distingue des plantations importantes tous les 5 à dix kilomètres le long des routes. Le couvert forestier se renforce à l'approche du territoire de Lisala.

Cadrage de l'étude d'imnpact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 10 3.2 Les aires protégées dans le voisinage de la route de Gemena à Businga

La route ne traverse pas d'aire protégée ni de forêt classée. Des études approfondies notamment des comptages, permettraient de savoir si des produits de réserves lointaines (Bili Uele, plus de 500 km à l'ouest) transitent par la route. Lors de la consultation publique, l'accent a plutôt été mis sur la région de Zongo, à la frontière de la Centre Afrique, riche en éléphant en buffles et même en lions et autres animaux de savane. Cette zone n'est pas directement concernée par la route. La même consultation publique a permis de relever les lacunes des services actuels de l'environnement, totalement incapables d'assumer de véritables fonctions de protection et de formation à l'environnement. Cette situation n'est pas propre à Gemena. Il est probable que le rétablissement de la route de Businga va ouvrir la voie à la plus grande exploitation du gibier en provenance de la forêt qui constitue le couvert principal de ce territoire et notamment vers Lisala.

4 Présence et activités humaines le long de la route

4.1 La ville de Gemena

La ville de Gemena est devenue un grand centre urbain qui rayonne dans les deux districts du Nord et du Sud Oubangui. Sa population, qui était de moins de 100 000 habitants en 94 a dépassé les 200 000 habitants. Assez bien construite en dur, grâce aux revenus du café, elle possède de larges avenues malheureusement en mauvais état d'entretien. Son marché fait référence dans toute la région. Il attire des commerçants des pays voisins qui viennent y acheter le café et autres produits locaux et y vendre des produits manufacturés souvent chinois. Comme tant de villes de l'Est puis progressivement de l'Ouest du pays, Gemena a connu ces trois dernières années le « boom de la moto », qui remplit ses rues et change les données du problème de l'accès à l'arrière pays. Ces motos, comme de nombreux produits manufacturés, viennent désormais de plus en plus de Butembo et Beni via l'aéroport de Bumba (commerce nande).

4.2 Etablissement humains en milieu rural

Les villages de l'arrière pays Gemena sont alignés le long de la route (villages rues). Il n'y a pratiquement pas de villages en profondeur. « Les couvents » comme on aime à appeler les derrières des cases ne sont pas des espaces convoités pour l'établissement humain. Sauf dans le contexte de guerre et de pillage comme celles que le territoire a vécu entre 1997 et 2003. On a alors tenté de s'établir dans les « couvents » ou même dans la forêt pour se mettre à l'abri pillards de passage puis des « policiers » installés par la période de transition.

Les villages sont rangés en longueur le long du tracé de la route, à 4 à 6 km l'un de l'autre. Les huttes et cases en pailles sont construites à une distance moyenne de 15 m de la route. Ils font chacun entre 15 et 30 cases. Mais les clôtures de ces villages sont faites en plantes fruitiers: Oranger, arbre à pin, goyavier, papayer, manguier, ananas, bananier, etc.... Certains de ces arbres et clôtures empiètent le tracé de la route et devront être coupés lors de la construction de la route.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 11 4.3 Activités agricoles dans la région

Le Sud Ubangi est un pays de « paysannat », méthode d'encadrement agricole qui a marqué la période coloniale belge. Le paysannat a introduit et développé les cultures paysannes pérennes de village (plantations de 5 à 1 ha) et organisé l'agriculture vivrière en blocs de culture, permettant ainsi de contrôler le respect de la durée des jachères, initialement fixé à 15 ans - pour des grappes dispersées de champs - et à 9 ans pour des cultures en bande. Le renouvellement de la fertilité des sols est ainsi à peu près assuré. Ce système montre en général ses limites dès lors que les densités humaines augmentent et que l'espace rural apparaît plus restreint, que la pression foncière suscite des stratégies d'appropriation individuelle, et enfin que l'autorité des services de l'état se dilue. Il provoque à terme des conflits fonciers entre villages, qui tous ont tendance à préférer répandre les champs le long de la route, plutôt qu'en profondeur vers la brousse ou la forêt.

Travailler leurs champs est l'activité principale des communautés villageoises des territoires concernés par le tracé de la route. La distance entre les villages et les champs sont en moyenne de: 5 km pour les nouveaux champs tandis que les champs sur jachères sont derrières les maisons et la durée moyenne de marche jusqu' aux champs est d'une heure pour les champs les plus éloignés. La taille moyenne d'un champ est de: 150m x 100m, donc de 1.5 Ha. Un ménage a en moyenne 3 champs. La rotation habituelle est la suivante : on commence d'abord avec le manioc et le mais, puis les courges et enfin, l'arachide. Pendant tout ce temps, le manioc continu de croître .La durée de jachère varie entre 9 et 15 ans, ce qui n'est possible que parce que la savane est cultivée.

La culture des arbres fruitiers reste importante : Avocatier, Oranger, Manguier, Safoutier, Cocotier, Bananier (plantain et de table), etc. La culture des arbres à pains, des goyaviers et des ananas est également assez importante dans cette région. L'arboriculture se fait le long des haies de parcelles, au bord de la route. Les cultures pérennes fruitières occupent une importante part des champs, surtout le long des routes et non loin des villages : caféier, palmier, cacaoyer et hévéa. Il y a lieu de signaler la présence de grandes plantations de ces cultures dans cette contrée. La production des cultures pérennes est l'une des plus importantes de la province de l'Equateur. Même si la chute des cours du café et cacao a découragé l'entretien de ces plantations, on voit ici et là des plantations qui se reprennent avec l'espoir d'un lendemain meilleur en matière de prix. Même en pleine ville de Gemena, on observe des plantations de caféier qui se reprennent.

4.4 Revenus et dépenses des familles

L'agriculture est l'activité principale du territoire. Mais tout le monde ne la pratique pas: au nord, dans les secteurs de Mbari et Bowase, la pêche n'est pas négligeable. Et il semble qu'elle rémunère mieux son homme que l'agriculture puisque dans ces secteurs les tarifs de 1 $ par jour proposés par l'Unops dans ses chantiers (4) ne trouvent pas preneurs, au point que la main d'oeuvre est importée du centre de Gemena.

4 Sur financement Banque Mondiale (projet BCECO/PMURR/UINOPS), I'Unops réhabilite depuis février 2007 la route Bokuda, Bombakabo, Bondore, Bobito (58 km). Cette route traverse des villages très productifs qui déversent plus de 95 % de leurs productions sur Gemena. Il s'agit principalement du maïs, de l'huile de palme,..

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 12 La mission a procédé par groupe focaux d'une vingtaine de personnes pour élaborer deux comptes de revenus. Le premier compte concerne une population de fonctionnaires de base, tous naturellement agriculteurs en complément de leurs activités administratives. Le profil est ici celui d'un attaché de bureau dans un service de l'administration territoriale par exemple, avec sa femme et 4 enfants. Les chiffres valent pour le ménage « moyen », notion dont le caractère réducteur est connu.

Nombre total de personnes dans le ménage 9 Superficie emblavée : 1 hectare Nombre de saisons cultivées (sur le même ha) : 2 (A et B). Culture Maïs Surplus agricole dégagé : 8 sacs pour la saison A et 5 pour la B CD (Soit la Production - Consommation locale - Semences) (Soit un total l'an de 13 sacs de 100 kg). Revenu (3 500 FC/Sac de 100 kg) 45 000 FC (soit 90 $US). Revenu hors agriculture (Fonction publique) 57 000 FC/ l'an (soit: 110 $US)

Total revenu ménage :102 000 FC (200 $USD)

Dépenses d'habillement :37 000 FC Mutuelle de santé (CDI Bwamanda) : 10 000 FC c; Soins de santé, médicaments et accouchement : 22 000 FC Frais scolaires, contributions parent et foumiture : 18 000 FC Equipement (achat d'une radio de 4 piles) : 4 200 FC C;) Divers (dépenses non contrôlées) : 10 800 FC

Total des engagements :102 000 FC (200 SUS)

Ce tableau est très indicatif. Il ne fait pas apparaître les dépenses alimentaires, dont nous savons par ailleurs qu'elles sont proportionnellement importantes. Il manque en effet au tableau les revenus des femmes et des grands enfants, du petit commerce. Toutefois, il est possible de considérer qu'il donne une indication significative sur le « coeur » des revenus et des dépenses. Pour ce fonctionnaire type, le revenu tiré de l'agriculture concurrence celui gagné dans la fonction publique, qui ne l'occupe qu'à mi temps. Sur le tableau de dépenses, on note que: les dépenses affectées à la santé représentent prés du tiers du revenu gagné. Avec trois femmes, au moins un accouchement est enregistré chaque an dans ce ménage. C'est d'ailleurs grâce à la mutuelle que ces dépenses semblent raisonnables. Parce pour tout affilié en ordre de souscription, tous les tarifs ordinaires des soins et consultations sont payés à concurrence de 50 %. l'autre tiers est affecté à l'habillement. C'est juste de quoi doter chaque membre de la famille d'une seule pièce. le dernier tiers est reparti entre les dépenses de scolarité, l'équipement et le divers. On réalise la contrainte que représente la scolarisation: « soit on s'équipe, soit on investi dans les enfants », pour reprendre l'expression d'une personne enquêtée. L'arbitrage s'étend au genre, entre garçon et fille, au détriment de cette dernière. Les frais scolaires sont décomposés en trois éléments : le minerval, c'est-à-dire la contribution officielle des parents exigée par l'état, faible, les « contributions des parents », c'est-à-dire des sorimmes dont le montant est fixé par chaque école, et les fournitures scolaires.

L'encadré suivant illustre le cas d'un ménage dépendant entièrement de l'agriculture. En dehors de l'agriculture, pas ou très peu d'autre revenus. Ce ménage est composé également de 9 personnes dont trois épouses. Par rapport au premier ménage, l'entière disponibilité du chef de ménage permet à ce ménage d'emblaver jusqu'à 5 hectares.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 13 Compte de revenu d'un ménage totalement agricole (Avec 9 personnes dont quatre actifs) (Situation de 2006).

Nombre total de personnes dans le ménage 9 Superficie emblavée :5 hectares déclarés Nombre de saisons cultivées (sur le même champ) : 2 (A et B). Produit cultivé Maïs/manioc/légumineuse Surplus agricole dégagé (mats) :17 sacs pour la saison A et 15 pour B (Producton - Consommation locale - Semences) (Soit un total de 32 sacs de 100 kg l'an). Revenu avec maïs (3 500 FC/Sac de 100 kg) :112 000 FC (soit 225 SUS). Revenu des cultures associées : 40 000 FC/ l'an (soit: 75 SUS)

Total revenu annuel :152 000 FC (300 SUSD)

L'entière disponibilité du chef de ménage fait la différence. Le revenu du ménage croit de moitié. Mais c'est aussi la limite qu'on peut atteindre dans le cas de figure. Cette illustration nous conduit à estimer à 25 $US le revenu mensuel actuel par ménage de ce type. Il ne résout pas non plus l'arbitrage mentionné ci-dessus entre les investissements et les dépenses éducatives ou de santé.

Si l'on prend le cas d'un pédaleur, la situation n'est guère meilleure. En effet, comme partout dans les zones rurales de la RDCongo, le vélo est le seul moyen de transport disponible. Ce sont les jeunes qui y sont le plus investi. Ils peuvent travailler soit pour leur propre compte soit alors sont utilisés comme simples transporteurs.

Encadré 3: pédaleurs (transporteurs avec vélos de charge).

Pédaleur - commercant pédaleur louant le vélo à son propriétaire (Travaillant avec son propre vélo) Bénéfice du pédaleur par course de deux Exemple du riz: jours : 2000 Fc Revenu moyen mensuel pour 10 courses: Provenance : Busumusebo (130 km de Gemena) 2000 x 10 /500 Marchandises : Riz (270 sakombi = 130 kg) = 40 dollars Prix d'achat :160 FC/sakombi (43 200 FC pour 130 kg soit 80 ); Durée de voyage :2 jours Prix de vente : 180 FC/ sakombi Dépenses par jour (nourriture ... ): 500 Fc Rémunération du pédaleur par course: 1(180 Fc- 160 Fc) x 2701- 2x500 4400 Fc: 8$ Revenu mensuel pour 10 courses: 80 dollars par mois

La propriété du vélo double la rémunération du travail. Les revenus, tout en étant faibles, sont significativement supérieurs à ceux de l'agriculteur. Même les pédaleurs professionnels ont par ailleurs des activités agricoles, eux ou leurs femmes, qui leur permettent de limiter les achats alimentaires. Le transport vélo est pratiqué à vrai dire par tout le monde et la plupart des agriculteurs, sinon des fonctionnaires ou de leurs enfants, s'y adonnent épisodiquement non seulement pour transporter leur propre production, mais également pour « arrondir les fins de mois ».

Toujours en rapport avec l'activité humaine, il convient de mentionner l'importance de l'élevage dans la région. A Gemena et dans tout son arrière pays, la pratique de l'élevage est répandue. Lors des consultations publiques, les participants ont estimé qu'un ménage sur deux entretient un petit

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 14 élevage. Il peut s'agir de la volaille et/ ou du petit bétail. Ces demières années toutefois, on enregistre un montée en puissante de l'élevage du porc avec l'introduction de la race améliorée.

Sur le marché de Gemena par exemple, la viande de toute sorte l'emporte sur les légumes.

Pour illustrer l'importance économique de l'élevage domestique dans la région de Gemena, le nombre des avions cargo est passé de deux à trois voire quatre par semaine. Et il est fréquent que l'essentiel de la cargaison en provenance de Gemena soit constitué des chèvres. Un exemple parmi tant d'autres: le cargo Hewa Bora de Mardi 01 mai 2007 a transporté sur les 20 tonnes de charges utiles 13 tonnes de chèvres, 3 tonnes de café et les autres produits se sont reparties les 4 tonnes restant.

4.5 Conditions de vie

Les chiffres qui précèdent montrent que quelle que soit la catégorie de la population, la pauvreté monétaire est la règle, qui rend particulièrement difficile tout investissement. La pauvreté monétaire est la cause de l'apparence des villages, pauvres, sans toit tôlé ou presque, avec peu de vélos et d'équipement. Les taux de fréquentation des établissements de santé restent faible en dehors de la zone du CDI Bwamanda (Gemena est dans la zone du CDI mais non pas la route de Businga, bien que le CDI envisage d'y étendre ses activités), il est inférieur à 15%. Les taux de scolarité sont conformes à la moyenne nationale, de l'ordre de 50%, plus proche de 45% pour les filles (DCSRP). Dans tous les cas, tout autre apport extérieur de revenu est susceptible d'améliorer les conditions de vie.

4.6 La reprise du café avec l'embelli de ses cours mondiaux.

Depuis la seconde moitié de l'amnée 2006, les cours mondiaux du café sont à leurs meilleurs niveaux. Après quelques mois d'observation, les paysans de l'équateur semblent prendre la mesure de la situation. Ils sont stimulés par la réouverture des comptoirs d'achat ça et là à proximité des leurs champs. Après plus de 10 ans, SCIBE CONGO rouvre ses comptoirs à Gemena et ses environs, à Lisala, à Bumba et dans d'autres centres de l'Equateur. Des nombreux expatriés, signale-t-on, sont aussi sur la filière. Mais il faudra encore d'importants investissements pour remettre en état les vieilles plantations et relancer aussi la production paysanne. Il convient d'être prudent avec la reprise des cours du café sur le marché mondial. Les prix actuels sont le résultat d'une mauvaise récolte au Vietnam en 2006, suite à des pluies anormales dans ce pays. La récolte 2007 s'annonce bonne et rien ne permet malheureusement d'espérer le maintien des cours actuels. La région de Gemena a tout intérêt à miser sur deux cultures, le palmier à huile et le cacao, dont la prospective au niveau mondial est meilleure que celle du café.

4.7 Organisation des marchés et incidences du projet Pro routes.

Gemena dispose d'une longue tradition en ce qui concerne les achats groupés. Cette tradition date de l'époque du café dans la région. C'est au travers de ces circuits que quelques entreprises se sont approprié l'ensemble de la production de la région. Un monopole pur existe dans les achats du café avec Scibé congo (famille Bemba) dans toute la région. Ce système fonctionnait à partir des comptoirs d'achats installés dans divers cités et villages dans lesquels a été identifiée une bonne production. Le comptoir regroupe ainsi la production d'une zone pré identifiée et la fait évacuer vers le port le plus proche.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 15 Avec le déclin qu'ont connu les cours du café en début des années 90, l'activité a énormément perdu ses rentes. Les comptoirs d'achat ont un à un fermé et la demande a quasiment disparu. L'offre des paysans ayant pour la plupart ouvert des champs est restée sans écho. C'est alors qu'a été enregistré un mouvement de retour massif aux cultures vivrières (comme produits commerciaux). Il est possible que l'ouverture de la route, en facilitant le transport des produits agricoles, favorise le retour et la multiplication des acheteurs, limitant en partie les effets de monopoles que l'on a pu observer tant avec Scibé Congo qu'avec CDI Bwamanda.

4.8 Trafic sur la route de Gemena à Businga

Sur le tronçon Gemena Karawa, la mission a rencontré quelques véhicules et pédaleurs et s'est entretenue avec eux. De ces entretiens, il a été possible de faire des estimations sur le niveau de rentabilité actuelle sur cette desserte mais aussi de recueillir les attentes de ces usagers très connus de la route.

Il convient de relever que sur cet axe, et contrairement à bien d'autres lieux en RDC, il n'existe pas d'enregistrement de trafic de la part du Ministère des Transport et Communications. Les chiffres suivants sont fixés sur base de sondage auprès des villages longeant la route.

Sur cet axe, le trafic est intense entre jeudi et dimanche. Le jeudi on observe un important trafic aller vers Karawa, en préparation du grand rendez vous de la semaine, celui du marché du samedi. Le dimanche on enregistre en majorité le trafic dans le sens retour. Ainsi pendant cette période, on table sur une moyenne de 8 à 12 camions de 7 tonnes (généralement des MANs de 7 à 8 tonnes de charge) ainsi que 3 à 5 camionnettes.

Ces véhicules transportent à l'aller des produits manufacturés dont le carburant et divers autres produits en provenance du Cameroun et du Nigeria. Au retour, ce sont les produits vivriers et de plus en plus on assiste à un retour en force du café.

Pour nombre des transporteurs qui empruntent cet axe, ce faible trafic est expliqué par l'état de la route. Des produits vivriers tout comme les produits de rente sont très nombreux. Mais la rentabilité est faible du fait des grandes distances pour accéder à la production.

En effet, en provenance de Karawa pour Gemena, ces véhicules doivent encore affronter des nombreux obstacles sur les routes qui mènent aux ports. Pour l'instant c'est le port de Mogalo, en dépit de son trajet par rapport au port de Akula, qui leur permet minimiser tant soit peu les obstacles.

Ainsi la consommation des gasoils est l'indicateur clé pour montrer la perte de rentabilité. Entre Karawa et Gemena (77 Km): la consommation A-R est estimée à 150 litres. Et entre Gemena et Mogalo (118 km): on consornme prés de 100 litres. Ces consomnrmations de l'ordre de 1 litre au km sont typiques de routes en mauvais état (les MAN consomment 35 litres au 100 km sur goudron en bon état). La consommation inférieure de Gemena à Mogalo (de l'ordre de 45 litres au 100 km) traduit le bon état de la piste sur le premier tronçon de cette piste (réhabilitation CDI Bwamanda). Ce qui totalise un total de près de 250 litres pour atteindre le port le plus accessible. C'est un gaspillage énorme que les transporteurs souhaitent voir disparaître avec le Projet Pro routes. Ils suggèrent fortement de réhabiliter l'axe au port de Akula moins distant que celui de Mogalo et

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 1 6 plus navigable (parce que en toutes saisons). Une autre suggestion est de réhabiliter la route jusqu'à Businga pour permettre l'accès au port de Businga et ainsi d'éviter ce détour de Gemena. Enfin la troisième piste consiste à réhabiliter la brettelle de 60 km à partir de Karawa pour accéder au port de Popolo (à mi chemin entre Akula et Businga toujours sur la Mongala). Cette dernière suggestion est réduirait considérablement les kilomètres à parcourir et les coûts de transport pour le secteur de Karaha, d'où sortent une très grande partie des produits agricoles.

Ces suggestions méritent d'être prises en compte par Proroute.

4.9 Les réalités de l'exploitation forestière et des produits forestiers non ligneux

Dans le territoire de Gemena, la forêt occupe 68.4%, tandis que dans celle de Businga voisin, elle couvre 74.5% de la superficie totale. Ces forêts contiennent des essences exploitables telles que l'Iroko, le Doucie, leTiama, le Sipo, le Kosipo, le Nébé et le Sapelli.

Le bois est objet de plusieurs utilisations dans le tracé de la route dont une bonne partie passe par une savane. La contrée n'étant pas électrifiée, l'énergie nécessaire pour la cuisson se fait avec le bois de chauffe et le charbon de bois. La grande quantité du bois d'oeuvre utilisée actuellement dans cette région est produite par les scieurs de long dont on compte une cinquantaine sur le tracé de la route. A Gemena, chaque matin, on voit des femmes uniquement qui transportent chacune, par portage, deux planches d'au moins 6m de long et de 25 à 30 cm de large, principalement du bois rouge (sipo, sapelli). La construction artisanale de maison exige des perches et lianes.

Perspective pour le bois de chauffe et le charbon de bois. Pour l'instant on ne signale pas d'exportation massive de charbon de bois, au contraire de ce que l'on peut observer à Bumba. Il faut s'attendre à ce que la construction de la route rende cette activité rentable à destination de Kinshasa. L'exploitation artisanale du bois. Comme dit plus haut, c'est ce type d'exploitation qui fournit les grands centres en bois. Cette activité deviendra plus lucrative avec l'amélioration de la route et il faut s'attendre à ce qu'elle alimente également le marché de Kinshasa. Dans le secteur de Banga Kungu, on dénombre 6 scies mécaniques et 2 tronçonneuses, ce qui déjà n'est pas négligeable (service de l'environnement du secteur).

L'exploitation industrielle du bois. Cette activité est peu intense dans la contrée. A 12 km de Karawa, la société SCIBE CONGO a une exploitation industrielle. Aux environs de Businga, on signale également une exploitation forestière industrielle qui fonctionne semble t-il ces dernier temps au ralentie et dont la production est évacuée vers le port de Lisala. Mais, c'est dans le territoire voisin de Libenge que l'exploitation forestière bat son plein, dont la production entière est exportée en Europe via la république Centrafricaine et le Cameroun.

Utilisation des produits forestiers non ligneux. La cueillette des produits forestiers non ligneux occupe une place assez importante dans le revenu des ménages et dans le menu quotidien de la vie des communautés forestières des territoires concernés par le tracé de la route. Les menus produits forestiers non ligneux les plus ramassés sont: Piper negrum (le poivre sauvage ou le Ketsu), les feuilles d'emballages (Maranthacae) pour emballer la chikwangue, les autres biens et également pour couvrir les toitures des maisons,etc, les tiges de Maranthacae pour fabriquer les nattes, la paille, les M'fumbua, les chenilles,

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 17 les termites,les escargots,etc... Ces produits prennent une part importante dans le circuit économique et dans le repas quotidien.

4.10 La chasse et le commerce du gibier

La chasse est l'une des activités génératrices de recettes des populations des territoires de Gemena et Businga. Les marchés de , Karawa, Businga et Gemena sont à tout moment de l'année pleins de viande de brousse. Une bonne quantité de viande quitte l'aéroport de Gemena à chaque vol en destination de Kinshasa. Dans le secteur de Banga-Kungu, le service d'environnement de ce secteur a identifié en 2006, 27 chasseurs ( ce nombre ne porte que sur ceux qui ont un fusil). La quasi-totalité de ces chasseurs habite les deux groupements avec forêt dense :Kalanda et Bokandji où la pression sur les gibiers est grande du fait de migrations des chasseurs des autres secteurs. Cependant, il faut également souligner le fait que l'élevage de la basse cour, des ovins et bovins est assez développé dans la contrée. Nous avons pu dénombrer sur l'entrée de la RN6, le dimanche 29/04/ 07 de 5H à 9h30, 112 poulets locaux qui sont passés pour vente dans Gemena, et ces quantités sont considérées comme normales tous les jours de la semaine.

Il est actuellement connu qu'un certain nombre d'espèce est en voie d'extinction dans cette contrée, mais, il y a aussi, le fait que certaines espèces sont devenues très rares. Les Eléphants de foret, les léopards, les Buffles, les Hippopotames (sur la rivière Lua) et lions constituent des espèces en voie d'extinction. Certaines d'entre elles, fuyant la pression du braconnage, ont traversé la rivière Oubangui pour se retrouver de l'autre côté du Congo Brazza. Tandis que les antilopes bongo, les zèbres, les rongeurs (Aulacodes et cricetomes) et les singes sont celles qui sont surexploitées et dont la rareté se fait déjà sentir. Les chasseurs se déplacent actuellement de très loin pour faire leur travail. Il y a quelques années le braconnage était très actif dans cette contrée. Le service d'environnement du District dépourvu des moyens humains, matériels et financiers ne dispose ni des statistiques sur la production de viande de brousse ni les moyens du contrôle de la chasse.

La chasse n'est pas réglementée. Néanmoins, on signale la fermeture de la chasse cette année en cours. Mais cet arrêté du Gouverneur de province de l'Equateur a rencontré l'opposition des députés provinciaux locaux, qui trouvent que cette décision devrait être accompagnée par des mesures d'approvisionnement des villages en viande pour éviter la malnutrition des enfants. La chasse est pour eux le moyen le plus aisé et sûr d'apport en protéines animales des populations. Ces réactions soulignent la nécessité d'expliquer de telles mesures, qui ne vont dans l'intérêt du maintien de la ressource, non pas de sa disparition.

4.11 La pêche

Les quelques petites rivières de la contrée sont riches en ressources halieutiques. Ce sont plus les poissons anguilliformes qui sont nombreux sur les marchés: Protopteridae et Claridae. Mais de nombreuses espèces y sonlt également disponibles, bien qu'en plus petite quantité. La pêche est restée traditionnelle. Les instruments utilisés associent les pesticides, les hameçons, filets, nasses aux claies. Comme la chasse, la pêche n'est pas réglementée et les pêcheurs eux-mêmes constatent la diminution progressive de la ressource.

5 La réhabilitation de la route et l'occupation des emprises

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 18 GEMENA *Karawa(80 Km) *BUSINGA forêt dense

Encaissement Zone de savane arbustive LISALAÀ Profond + café

Zone de savane + arbres fruitiers Alternance sable et argile Beaucoup de digues et ponts

Observations générales:

« Entreprendre les routes dans la province de l'Equateur, c'est affronter les digues et ponts », déclarent tous les routiers de la Province (Office des routes, DVDA, UNOPS). Lors des missions d'observation de l'emprise de la route, l'équipe d'étude a dénombré quelques 30 digues entre Gemena et Karawa. Une seule rivière peut présenter jusqu'à 7 têtes, traversant toutes la routes. Le paysage est largement dominé par une savane parsemée d'arbres fruitiers et des caféiers, sur des sols qui alternent entre le sablonneux et le sablo-argileux. Le tracé de la route n'a pas été modifié et son emprise n'est pas vraiment envahie par les cases si non par quelques arbres fruitiers sur une longueur intermittente d'environ 5 km sur les 80 entre Gemena et Karawa. La route est encaissée sur une longueur de 5 km au sortir de Gemena et environ 10 km à proximité de Karawa. C'est ce dernier encaissement qui constitue le plus grand obstacle pour les transporteurs. Seuls les camions lourds et en bon état prennent le risque d'affronter les amas de sables en cet endroit encaissé. Les petits camions (3 à 5 tonnes) contournent cet obstacle en empruntant une route de desserte agricole dés le 15ième km en venant de Gemena. Cette desserte est le plus souvent envahie par les villages d'avec lesquels elle se confond

La route y compris son recul ne passe par aucun site touristique, sacré ni archéologique, ni non plus par un cimetière.

5.1 Estimation provisoire du coût de la réinstallation involontaire:

Le vrai problème de réinstallation concerne les arbres fruitiers. On peut estimer à 50 dollars le prix d'un arbre fruitier dans ce site (manguier, oranger) et à 20 dollars celui d'un caféier ou d'un palmier. Nous prendrons un coût moyen à 35 dollars. Sur 5 km d'emprise concernée (voir paragraphe précédent) et 20 m de profondeur au total (soit 10 ha) avec une densité d'arbre de 300 arbres à l'ha (5) le coût de la réinstallation ne dépassera pas les 105 000 dollars (lOha x 300 arbres x 25 dollars par arbre). Une sécurité serait de prendre une réserve à 200 000 dollars pour la compensation. A titre d'explication du montant unitaire, on considèrera le cas d'un palmier. Cet arbre produit 10 litres par an (grand maximum avec des arbres non sélectiornés) et le litre se vend à 200 Fc (0,40 $). La production annuelle peut donc être estimée à 4 dollars. Le coût de la mise en production (7/8 ans) peut-être estimé à 28 dollars. Les frais de plantation et peut-être d'achat de la terre sont ici maximisés pour parvenir à un coût d'indemnisation total moyen de 35 total.

5 La densité recommandée pour les palmiers est 143 plant par ha. Celle des grands arbres fruitiers sera de l'ordre de 100 arbres à l'ha (espacement lOxlO). Mais pour les orangers elle sera supérieure (250 arbres) et pour les caféiers ou des cacaoiers, avec des espacements de 3x2m elle sera encore plus grande (1400).Nous prenons une moyenne à 300 en tenant compte du fait qu'il s'agit essentiellement d'arbres de clôture, avec des densités bien inférieures.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 19 Le cas du caféier peut-être décomposé de la même manière: production annuelle de 4 kg de café en baie sèche, à 80 FC/kg, soit 280 Fc/arbre, 0,6 dollars; mise à fruit en 4 ans: 2,6 dollars. La différence avec les 35 dollars de référence/arbre dans le calcul tempère la sous estimation des densités. Mais il s'agit là d'un calcul sommaire, que seule l'analyse détaillée permettra de préciser.

5.2 Etat des pme locales et autres opérateurs:

Les entreprises locales sont d'une manière générale extrêmement faibles, sauf celles qui ont développé des activités commerciales, profitant de la forte demande du marché régional en produits manufacturés à bas prix. Mais ces entreprises opèrent toutes dans l'informel et elles ne disposent d'aucun savoir faire particulier en matière de travaux publics. Quelques pme ont toutefois été appuyées par le programme de l'Unops et elles pourront être sollicitées dans le cadre du programme Pro-Routes pour le travail de type HIMO. Lors de la consultation publique de Gemena, les participants notamment les représentants de l'inspection du travail, ont souligné le fait que tous les contrats récents entre les ong/pme locales et les bailleurs internationaux n'ont donné lieu à aucune déclaration officielle des employés et que ces entreprises opèrent dans l'informel. A vrai dire, les contrats d'ouvrage, à durée déterminée, qui sont consentis par les opérateurs formels ne sont guère plus sécurisants pour les employés.

Le véritable savoir faire local en matière de travaux publics est représenté par CDI Bwamanda, qui ne peut pas être assimilé à une pme, mais qui au contraire est devenu l'entreprise de référence de l'Equateur, à fortiori du nord Equateur. Elle commercialise en mauvaise année de prix mondial autour de 800 tonnes de café, dont 300 tonnes en prix garanti par Max Havelaard au niveau du commerce équitable (chiffre d'affaire de l'ordre de 800 000 à 2000 000 de dollars selon les années). A ces montants déjà élevés, qui font du CDI le premier exportateur du pays pour cette denrée, s'ajoute l'importante activité commerciale en direction de Kinshasa (maïs, soya) et la production d'aliment du bétail. Viennent ensuite les très importantes activités sociales de CDI (hôpitaux et dispensaires, écoles, mutuelles de santé, encadrement paysan et vulgarisation...).

CDI Bwamanda met en oeuvre avec l'Union Européenne un programme de réhabilitation de la route de Gemena à Zongo dont les caractéristiques techniques sont très proches de celles du programme Pro-Routes. Il dispose d'un important matériel de TP. Tout cela dispose CDI Bwamanda à devenir un partenaire stratégique de ProRoute pour la route de Gemena à Businga. L'idéal serait que CDI soit également chargé d'un programme d'accompagnement paysan qui lui permette d'étendre ses activités d'encadrement agricole et social dans cette zone. 6 Conclusions et Recommandations

La route de Gemena à Businga a un rôle économique important. Elle draine une zone véritablement agricole, avec des productions significatives qui peuvent augmenter de volume si la route est en meilleur état.

Certaines des pistes de desserte agricole qui mènent à cette route et notamment celles qui conduisent aux ports (exemple de Popolo) peuvent compléter de manière significative l'impact économique de la route, en réduisant le transport routier et en maximisant l'articulation route/réseau fluvial.

Il existe au moins un opérateur économique dans la place qui peut jouer rapidement un rôle de partenaire stratégique de Pro routes pour réaliser les travaux.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 20 La valorisation maximale de cette route se fera au prix de la diversification de la culture commerciale dominante, le café, au profit d'autres spéculations plus rémunératrices et avec de bonnes perspectives de maintien des cours à bon niveau. Et ceci même si la zone desservie entre plus franchement dans l'aire de CDI Bwamanda (qui ne peut pas étendre à l'excès ses tonnages sous appellation commerce équitable).

Bien que la route ne traverse pas d'aire protégée, il convient de suivre les participants à la consultation publique qui ont souhaité le renforcement des services environnementaux ainsi que le développement de l'éducation environnementale auprès des agriculteurs, pour qu'ils comprennent l'importance pour eux du respect des règles de chasse et de pêche.

Le montant des compensations pour destruction des arbres fruitiers est estimé par la mission à 200 000 dollars, avec une bonne sécurité. Il convient d'encourager la replantation de ces arbres et d'en profiter pour lancer dans la zone un mouvement de reconversion de la culture du café.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 21 Annexe 1 : état de la route.

I. Description de l'état de la route Pro routes (Tronçon: Gemena - Karawa - Businga I 170 km).

A la suite de l'entretien avec le délégué locale de l'Office de route (chef de District), la mission a été informée de l'état de la route partant de Gemena à Karawa (75 km), puis de Karawa à Businga (environ 85 km encore). Un rapport général a été fait sur le reste du tronçon, avec moins de précisions qu'on comprend du fait de l'absence d'un minimum des moyens de fonctionnement pour faire un inventaire complet de l'état de la route.

La mission s'est ensuite rendue sur terrain, en faisant le tronçon Gemena - Karawa (75 km). L'état des lieux qui suit est dressé sur base donc de l'ensemble des informations réunies.

Les coordonnées GPS des endroits problématiques: ravins, érosions et encaissements profonds, rivières sans buses et les digues non chargées ont été prises. Ces coordonnées (allant de Gemena vers Karawa) sont les suivantes:

Bombawili(PK 4): 1) Buse Armco passage sous route, diamètre: 150. N.3.23833°, E. 19.81402° 2) Ravin de ±3m. N.3.23712°, E.19.82154°

Boyademele 4, PK 7, caféier dans l'emprise de la route ± 10 m de longueur + goyavier+arbre à pin+avocatier au niveau du village.

Bombawili 1, PK 16, érosion de bordure de i 3m sur une longueur de ± 250 m. N.3.23631°, E.19.91483°

Bokanga Dua, PK 21, marché non loin de l'emprise de la route.N.3.22686°, E.19.93909° t PK 23, ruisseau sans buse, trop dangereux après de fortes pluies. N.3.22605°, E. 19.96506° t Village de Boyambi, PK 27, ruisseau Makanja sans buse. N.3.20 729°, E.19.98951 °

'P PK 32, ruisseau Misigno, avec un bas fond de ± 5 km, besoin de rechargement et un soubassement en moellons, ainsi qu'un pont en tronc de bois. N.3.19908°, E.20.02757°

__ Bogbanguma, PK 35, ruisseau Bulungele, pas de buse. N.3.20018°, E.20.05098° t PK 39, rivière Kungu, pont sans garde fou. N.3.19788°, E.2008576° t PK 65, ravinement en V, long de 500m; N.3.25422°, E.20.26049°

PK 65, Karawa, N.3.33469°, E.20.30424°

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 22 Annexe 2. Consultations publiques

Diagnostic dressé à la consultation publique et principales recommandations

Préparatifs

La mission d'étude environnementale du Projet Pro routes qui s'est rendue à Gemena dans la Province de l'Equateur est arrivée le Mercredi 25 avril 2007. Aussitôt arrivée, la mission s'est entretenue avec les autorités locales (Commissaire du District du Sud Oubangui, Administrateur du Territoire de Gemena ainsi qu'avec quelques responsables de services techniques). Pour ce premier entretien, il s'est agit juste de tenir informées les autorités de l'objectif de la mission. Un rendez pour des entretiens plus élaborés a été pris pour le jour suivant. C'est également ce jour là que des commissions techniques, deux au total, ont été mises sur pied. La première commission dite de logistique a permis d'identifier les invités à la consultation et de les mobiliser pour la circonstance. L'autre commission dite thématique a aidé à regrouper en « groupes thématiques » les différents participants à la consultation publique. Comme au Kasaï l'administration locale (District et Territoire de Gemena) s'est totalement impliquée dans l'organisation de la consultation publique.

Le programme de la mission prévoyait 4 jours pour les préalables à la rencontre proprement dite. Celle-ci était projetée pour le lundi 30 avril 2007. C'est entre mercredi 25 et lundi 30 que devraient se tenir les séances préparatoires à la consultation ainsi que les visites de terrain. Mais le calendrier de l'administration locale, fort chargé en cette fin de mois d'avril, a contraint la mission à organiser la consultation publique plutôt que prévu.

En raison de la journée de l'enseignement célébrée le 30 avril et de la fête du travail le 01 mai, de commun accord avec les autorités locales, il a été convenu que la consultation publique de Gemena se tienne le samedi 28 avril 2007. C'est dans la salle de réunion du District que la réunion s'est effectivement tenue.

Pour mobiliser davantage les participants à cette rencontre, un communiqué radiodiffusé par la , très écoutée dans la région et sur toute l'étendue du pays, a été largement diffusé la veille de la Consultation Publique. Dans le même ordre d'idées, le Commissaire du District a profité du rassemblement public de tout le personnel administratif qui se tient chaque vendredi pour sensibiliser les responsables des services techniques sur la Consultation Publique. A cette occasion des directives précises ont été données à ces derniers pour mieux préparer leur participation à la consultation publique. Toujours au courant de cette journée, la mission a rendu visite à plusieurs structures privées et Ong internationales pour, à la fois, leur informer de la consultation publique et leur montrer comment y participer activement.

Au total, cinquante personnes ont pris part à la consultation publique de Gemena. Ces personnes sont venues des diverses institutions. Le plus grand nombre était issu des institutions publiques (tous les services techniques étaient bien représentés). Un nombre non négligeable des ONGd locales ont pris activement part à la consultation. La mission de Gemena déplore toutefois l'absence des opérateurs économiques.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gernena Businga. Agreco. Juillet 2007. 23 Introduction à la consultation publique

C'est le commissaire du District qui a solennellement ouvert la consultation publique. Il a, pour la circonstance, présenté le tableau socioéconomique de son District. Un tableau qui montre à quel point les conditions de vie se sont considérablement dégradées ces demières années. Le sud Oubangui, regorgeant pourtant des grandes potentialités agro pastorales, et qui a en fait la preuve par le tonnage de sa production en cultures pérennes (café) tout comme en produits vivriers, a vu sa production décroître d'année en année. Deux raisons principales sont évoquées pour expliquer ce recul de la production: la chute consécutive des cours du café jusqu'à atteindre des niveaux inacceptables vers les années 1995. L'autre raison, justifiée certainement par la première, c'est la dégradation des infrastructures de transport, et en particulier des routes. Gemena est à ce jour enclavé. Situé pourtant entre deux cours d'eau bien navigables, Gemena doit son approvisionnement en produits manufacturés par avion. Ses produits agricoles ne n'arrivent pas à profiter de cette position stratégique de Gemena puisque les routes débouchant sur ces ports sont en très mauvais état. C'est tout l'intérêt que revêt le Projet Pro routes.

Comment se présente le réseau routier du sud Oubangui et comment s'intègre Pro routes dans ce réseau ? (Voir carte)

1. Présentation sommaire de l'état de la nationale par l'office de routes

L'essentiel de la description faite par le responsable de l'Office des routes est repris dans le texte principal

La carte topographique d'ensemble, ci après, élaborée pour l'occasion par Ecoded/Agreco avant la mission pour aider à bien repérer les entités administratives en présence est fournie pour mémoire.

Cadrage de l'étude d'impact environnemental de Proroutes. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 24 Lisala/Bumba Troçons GemenalBusinga - BusingalLisala -LisalalAkula-

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1.1. Environnement

Les responsables de ce service technique (District et Territoire) ont, à l'occasion de la consultation publique, dressé un état des lieux environnemental de leurs ressorts. Globalement, le district est bien nanti en faune et flore.

A propos de la faune. on trouve surtout au nord vers Lebenge et Zongo des nombreuses espèces protégées tel l'éléphant, le buffle (Zongo) et l'hippopotame (Luwa). Leurs populations ont sensiblement baissé à cause de la pression de la chasse. Pour se protéger, la plupart d'entre eux ont fini par traverser la Mongala et se trouveraient du côté RCA. Il est également signalé quelques rares lions et léopards dans les galeries forestières de Lib enge. Là encore, il n'y a pas beaucoup de chance pour leur survie à l'horizon de 10 ans si rien n'est fait pour les protéger.

Les obstacles relevés sont de deux ordres: financiers et humains. Le Ministère ne dispose que de très peu de personnel déployé sur le terrain des opérations de conservation. Par ailleurs, il fait face à un manque criant des finances pour encourager les bonnes pratiques. A cet égard, les recommandations suivantes sont formulées:

Doter les services techniques de l'environnement des moyens nécessaires (budget de fonctionnement et d'investissement) pour notamment tenir les statistiques; çt Augmenter les effectifs, les former et recycler personnel ancien (sur l'importance de l'environnement et les outils de gestion, notamment la réglementation). t Vulgariser, à l'intention de toute la population, les lois et règlements sur l'environnement et en particulier sur la chasse et être en mesure d'assurer un contrôle effectif. Promouvoir l'élevage pour pourvoir au besoin en protéines d'origine animale.

Par rapport au tracé de la route, ce qui vient d'être décrit est un éventaire sommaire de l'amont de Gemena. Le long du tracé Pro routes, il n'y a pas de faune particulière à signaler, en dehors des antilopes (dont la population est également en grande régression). C'est en termes de flore et de la biodiversité qu'il faudra étudier le tracé de la route Gemena - Karawa - Businga.

Pour ce qui est de la flore, il n'v a pas. non plus beaucoup d'inquiétudes par rapport au Projet. En effet, il n'y a pas de forêt classée entre Gemena et Karawa, si ce ne sont que des forêts communautaires, la forme la plus rependue dans le sud Oubangui. Le service technique révèle que ces forêts communautaires renferment, tout de même, des essences précieuses à forte valeur marchande. Il n'y a pas non plus de plantations -à grande échelle- qui envahissent l'emprise de la route. Toutefois, ça et là, de façon vraiment isolée, sont mentionnés quelques arbres fruitiers dans l'emprise de la route. C'est beaucoup plus à proximité de Karawa. Il est évident que ces arbres seront coupés lors de la restauration de la route. Au cours de la consultation publique, les avis ont été partagés quant à la responsabilité du Projet d'indemniser les «soi-disant>» propriétaires. Il y en a qui estiment que la préexistence de la route sur les plants annihile tout espoir de dédommagement. Cela relève de l'incivisme que d'envahir une place publique, concluent-ils. D'autres par contre, pensent que le Projet devra étudier la question au cas par cas et veiller à ne pas appauvrir les 26 Cadre Stratégique de l'Etude d'Impact Environnemental et Social. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. populations autochtones. Aucun inventaire n'a pas été fait pour déterminer le nombre de ces arbres. Mais, il y a une convergence sur le fait que le nombre n'est pas considérable.

Avec la réouverture de la route, les craintes perceptibles sont:

l'augmentation de la production du charbon de bois, et à grande échelle pour le besoin d'exportation, notamment vers la RCA, l'est du pays et Kinshasa (à l'ouest). t L'autre crainte, c'est la destruction de la riche biodiversité de la région, dépôt des nombreuses plantes médicinales ainsi que de plusieurs produits forestiers non ligneux.

Les recommandations formulées ici sont d'ordre général

Encourager le reboisement et notamment à travers la plantation d'arbres fruitiers, t Eduquer et sensibiliser les communautés villageoises sur l'importance de la biodiversité.

1.2. Agriculture et développement rural

L'agriculture du sud Oubangui est partagée entre les cultures vivrières ainsi que celles dites pérennes. Le premier type est une agriculture saisonnière et bien souvent itinérante. Avec la chute des cours du café observée entre 1990 et 2005, les cultures vivrières ont beaucoup progressé. En plus de nourrir son homme, elle lui procure également quelques revenus nécessaires aux dépenses d'habillement et d'accès aux services de base. C'est le type le plus nuisible pour l'environnement, parce qu'il demande chaque année des nouvelles terres qui ne sont que des forêts dévastées. Par contre, les cultures pérennes sont stables et moins consommatrices de la forêt que les vivrières. Or, il s'avère que, pour des raisons sus évoquées, nombreuses sont les plantations de café abandonnées. Malgré l'embelli actuel du café dont les cours mondiaux sont à leur meilleur niveau depuis plus de vingt ans, il faut des capitaux importants pour remettre en état d'exploitation ces plantations abandonnées. C'est par cette voie qu'on peut espérer renverser la tendance. Or pour l'instant, ces capitaux font cruellement défaut. C'est ici la première recommandation pour l'agriculture.

La seconde recommandation relève du domaine du développement rural. Il faut encadrer la paysannerie. Les modes actuels sont loin de participer à la préservation des écosystèmes:

En moyenne: 1 800 m de large sur 40 de long, soit 7,2 ha par ménage et par année. C'est une pratique hautement dévastatrice.

Pour renverser la tendance, il faut encadrer ces paysans, dont la plupart sont d'ailleurs très jeunes et inexpérimentés. Comme partout en R.D.C., le sud Oubangui enregistre également une montée des mouvements associatifs. A ce jour on compte prés d'une centaine d'Ong de l'encadrement paysan alors qu'il y en avait moins de dix il y a dix ans. Selon les techniciens locaux du développement rural, ce dynamisme communautaire peut induire un élan vers le progrès si des mesures d'accompagnement sont mises en oeuvre. Et pour ce faire:

Il faut des techniciens formés et motivés. Ensuite, il faut un équipement adéquat. Et enfin innover dans notre système de réglementation en créant, par exemple, des sites d'agriculture. Pour les participants à la consultation publique, il est urgent de réglementer l'attribution même des champs, si l'on veut maîtriser la pression actuelle sur la forêt. 27 Cadre Stratégique de l'Etude d'impact Environnemental et Social. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. 1.3. Economie

Gemena est un centre qui jouît d'une longue tradition d'affaires. Ses grandes rues sont arpentés de bâtiments imposants ayant servi des bureaux de représentation à des nombreuses entreprises autrefois y installées. Gemena constitue le point de chute le plus important du sud et nord Oubangui. C'est à partir de Gemena que sont pénétrés de nombreux greniers agricoles comme Karawa, l'un des secteurs de Businga, situé géographiquement dans le nord Oubangui mais dépendant économiquement du sud. Il en est ainsi de plusieurs autres secteurs de la Mongala.

Cette ville doit son essor au café. L'impact de l'effondrement des cours du café est très visible justement. Les deux grands acheteurs de cette matière (Congo Tex et Scibe Congo) ont enregistré une baisse consécutive d'activités. Leurs comptoirs d'achat mais aussi de vente des produits manufacturés ont dans la plupart des cas fermé. A la suite de cela des nombreux autres intermédiaires (Banque, petites unités de transformation) ont été contraints à l'arrêt. Ce sont finalement des petits intermédiaires à très faible capital qui occupent le marché de distribution des produits manufacturés. Leurs provenances c'est plutôt l'est (Beni, Butembo) que Kinshasa. Il y a également un trafic de plus en plus croissant des produits manufacturés et des matériaux de construction en provenance du Nigeria via la RCA. C'est vers ces marchés que sont orientés, en retour, prés de la moitié des excédents agricoles de l'arrière pays de Gemena.

La fin de la guerre et la reprise des cours mondiaux du café suscitent des espoirs au delà de toute mesure. L'attente vis-à-vis de la route est très grande pour la reprise économique de cette ville de plus en plus peuplée par une diversité des cultures. On trouve à Gemena un peu des toutes les tributs de l'équateur. Si ailleurs, on passe des semaines sans clients et donc sans palper des billets de banque, ils sont de plus en plus nombreux les commerçants qui ne jurent de vendre leurs produits qu'à Gemena. Ils parcourent, pour ce faire, des longues distances. C'est le cas de plusieurs vendeurs de poissons en provenance de Mbandaka, des vendeurs du riz en provenance de Bumba, de vendeurs de gibiers en provenance de Gbadolite. Ces commerçants estiment, qu'en dépit de tous les coûts de transports, le chiffre d'affaires réalisé à Gemena leur permet de couvrir l'ensemble de charges. Ceci peut donner une idée sur la structure des prix sur les marchés de Gemena pour les produits vivriers mais aussi sur les marchés de l'arrière pays Gemena pour les produits manufacturés, livrés à partir de Gemena. Ce sont des prix très élevés aux conséquences de l'état de la route. Et ce sont en dernier ressort, les consommateurs qui en payent les frais. Les plus vulnérables sont les populations de l'arrière pays. Ils vendent leurs récoltes à des prix très bas et sont assujettis à des prix des produits manufacturés en hausse. Ils connaissent constamment des pertes des termes de change. Un des exemples évoqués lors de la consultation publique: nombreuses sont les familles qui ne connaissent pas de savon classique à cause de la hausse des prix de celui-ci (très sensible même à la moindre fluctuation des taux de change) alors que de mois en mois les prix des produits ruraux baissent. On est ainsi frappé par un fort recours aux savons de type indigène, non certifié. Cet exemple et d'autres évoqués amènent bien souvent les populations locales à préférer plus les Francs CFA, plus stables, aux Francs Congolais.

1.4. Présence et capacité des PME, marché d'emplois

La mission d'étude de Gemena est arrivée à la veille de la fête internationale du travail, célébrée chaque 01 mai de l'année. Elle a eu, à cet effet, l'occasion de prendre part aux 28 Cadre Stratégique de l'Etude d'Impact Environnemental et Social. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007. réunions regroupant les employés et employeurs dans le cadre des préparatifs de ces manifestations. Au cours de ces réunions, la mission a réalisé combien est faible l'entreprenariat local alors que le Projet est sensé s'appuyer justement sur les PME. Compte tenu de son expérience dans des projets similaires, seule la Bwamanda a été identifiée comme la structure capable. Or, Bwamanda ne peut pas à elle seule être sur tous les chantiers. Lors des consultations publiques, cette question a soulevé beaucoup d'interventions.

Ces interventions ont confirmé effectivement le faible entreprenariat local. La conjoncture a contraint plusieurs employeurs à mettre la clé à la porte. Et ceci a amplifié la question du chômage. Mais parallèlement, il y a eu émergence des mouvements associatifs. Avec les projets routiers antérieurs et encours (BCECO/UNOPS sur financement Banque Mondiale) qui recourent abondamment à la méthode HIMO, il y a des nombreux emplois crées mais ces empois restent informels et préjudicient l'ouvrier. C'est ici que sont soulevées des nombreuses craintes sur le plan social en rapport avec le Projet Pro routes.

Pour l'inspecteur du travail, plus de 95 % des ongs implantées à Gemena n'ont jamais fait la moindre déclaration sur leur personnel. Ceci constitue une entorse au code du travail. Par ailleurs, il s'avère que dans bon nombre des cas, il n'y a pas de contrat de travail formel. Ces pratiques hautement critiquables exposent durablement le personnel de ces structures à la précarité.

Des recommandations sévères sont faites à l'endroit de toutes les futures structures contractantes dans le cadre du Pro routes:

Se faire signaler et identifié auprès des services techniques de l'inspection du travail, Déclarer son personnel et présenter tous les contrats de travail Assurer la sécurité physique de son personnel sur les chantiers Cotiser à la caisse de la sécurité sociale selon les lois du pays Humaniser le travail et entretenir des bonnes relations avec tous les partenaires

29 Cadre Stratégique de l'Etude d'Impact Environnemental et Social. Gemena Businga. Agreco. Juillet 2007.