Rapport technique - Projet d’élèves ingénieurs n°17

Anticiper les problématiques de maintien et de développement de l’approvisionnement en eau sur le secteur d’Orthoux-Sérignac-Quilhan

Par Brieuc DESAINT, Anne-Charlotte OLIVIER, Elodie ROUX, Sylvain ROUX Organisme commanditaire : Communauté de communes Piémont Cévenol Tuteur commanditaire : Sabine DUMAZERT Tuteur Montpellier SupAgro : Frédéric ROSSEL Année de soutenance : 2016

Présenté le : 15/12/2016 devant le jury : Sabine DUMAZERT– Vice-Présidente en charge du développement économique – Communauté de communes du Piémont Cévenol Frédéric ROSSEL – Hydrologue - Montpellier SupAgro Nathalie AGBAGLA – Ingénieure pédagogique – Montpellier SupAgro

Pour citer cet ouvrage : DESAINT B., OLIVIER A.C., ROUX E., ROUX S., 2016. Anticiper les problématiques de maintien et de développement de l’approvisionnement en eau sur le secteur d’Orthoux-Sérignac-Quilhan. Projet d’élèves ingénieurs n°17. Montpellier SupAgro. 11 pages.

Avertissement

Le présent document rend compte d’un travail d’investigation et d’analyse réalisé dans le cadre d’une activité pédagogique.

Le PEI (projet d’étudiants ingénieurs) fait partie de la formation ingénieur, il débute en fin de première année d’école (bac+3) et se termine au cours de la deuxième année ; les étudiants concernés ne sont pas alors spécialisés et c’est pour beaucoup d’entre eux le premier travail d’ordre professionnel.

Le temps imparti à la rédaction apparaît souvent limité eu égard à la complexité du sujet.

Au lecteur ainsi averti d’en tenir compte dans la prise en compte de cette production intellectuelle.

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Résumé Contraints par des problèmes d'approvisionnement en eau pour l'agriculture, la commune d'Orthoux-Sérignac-Quilhan cherche à relancer le projet de rattachement du Nord Sommiérois au réseau BRL. La communauté de communes du Piémont Cévenol a commandité ce projet d'élève ingénieur dans l'optique que nous participions à l'élaboration d'un dossier pour légitimer la demande de rattachement de la commune d’Orthoux-Sérignac-Quilhan au réseau d’eau brute. Ce dossier doit faire part de tous les éléments nécessaires à la compréhension de la situation actuelle afin de prendre une décision concernant l’extension du réseau. Pour répondre à cette commande, nous avons réalisé une enquête de satisfaction auprès d’agriculteurs déjà rattachés au réseau et rencontré différents acteurs du territoire. Nous nous sommes aussi entretenus avec le BRL pour connaitre les conditions de faisabilité du projet. Enfin, après identification des surfaces potentiellement concernées par l’extension, nous avons rassemblé les décideurs autour du projet. A ce jour, la densité parcellaire semble justifier la demande de ce rattachement, qui consisterait en la création de deux voire trois nouvelles branches du réseau BRL en partance de Gailhan. Cependant, des points cruciaux restent à résoudre tels que le financement et la maîtrise d’ouvrage. Mots clés : extension réseau, eau brute, agriculture, faisabilité, décideurs, maîtrise d’ouvrage.

Abstract Constraint by the issue of water supply for agriculture, the municipality of Orthoux-Sérignac-Quilhan is seeking to get back on track with the project of unification of the Nord Sommiérois with the BRL water network. The community of the municipalities of Piémont Cévenol has financed this engineering project seeking to build back up a file to legitimize the attachment request of the municipality of Orthoux-Sérignac-Quilhan to the BRL water network. This file must gather all the elements necessary to the comprehension of today's situation so a decision can be taken concerning the possibility of an extension. In order to answer this request, we have produced a survey to portray the different levels of satisfaction of the previous users of the network. Furthermore, we have met several different actors of the agricultural landscape and met two representatives of the BRL in order to know if such a project could be looked in. Finally, after collecting all the intel on the potential agricultural surface concerned by the extension, we have gathered all the decision-makers around the project. Up to now, the fragmented density seems to justify the attachment request, which would consist in the creation of two even three new branches of the BRL water network outbound of Gailhan. However, crucial points remain to solve such as the financing and the project ownership. Keywords : extension of the network, untreated water, agriculture, feasibility, decision-makers, project ownership.

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Remerciements Nous tenons tout d'abord à remercier la Communauté de communes Piémont Cévenol pour avoir commandité ce projet, et plus particulièrement Sabine DUMAZERT pour son accompagnement et ses conseils.

Nous tenons à remercier vivement la commune d'Orthoux-Sérignac-Quilhan, représentée par Eliane COSTE et Cendrine RUBIO pour leur implication dans le projet et leur dynamisme.

Nous remercions également Eric BELLUAU du BRL, Elisa RICHARD de l'EPTB Vidourle ainsi que Gilles SIPEYRE du SIAHNS pour leur participation à ce projet et pour avoir pris le temps de nous recevoir.

Un grand merci à tous les agriculteurs de la commune d'Aspères, Jean-Michel TEULADE, maire d'Aspères, M. THEROND, M. QUISSAC et aux frères CALMET pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.

Merci également à Montpellier SupAgro de nous donner l'opportunité de travailler sur un projet aussi riche et professionnalisant, ainsi qu'à Frédéric ROSSEL, tuteur de PEI, pour son suivi et son aide.

Nous remercions enfin toutes les personnes qui ont contribué au succès de ce projet ou qui ont aidé

à la rédaction de ce rapport.

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Table des matières Avertissement ...... i Résumé ...... ii Remerciements ...... iii Liste des tableaux et figures ...... v Liste des annexes ...... v Glossaire, sigles et acronymes ...... vi Introduction ...... 1 1. Contexte du projet ...... 1 1.1. L’étude et ses objectifs ...... 1 1.2. La zone étudiée ...... 2 1.3. Contexte régional ...... 2 1.4. Activités agricoles et devenir ...... 3 2. Outils et méthodes ...... 4 2.1. Rencontre avec les acteurs et enjeux ...... 4 2.1.1. Etablissement public territorial de bassin ...... 4 2.1.2. Bas-Rhône Languedoc ...... 4 2.1.3. Chambre d’Agriculture ...... 5 2.1.4. Syndicat Intercommunal d’Aménagement Hydraulique du Nord Sommiérois ...... 5 2.1.5. Communauté de communes Piémont Cévenol ...... 5 2.2. Etude de satisfaction et rencontre avec les agriculteurs sur la commune d’Aspères ...... 5 2.3. Cartographie de la densité de demande ...... 6 2.4. Montage d’un dossier...... 6 2.4.1. Dossier fonds Européens FEADER ...... 6 2.4.2. Dossier SAGE ou PGRE ...... 6 2.4.3. Financeurs ...... 7 2.4.5. Maître d’ouvrage ...... 8 2.4.6. Maître d’œuvre ...... 8 3. Bilan ...... 9 3.1. Recensement parcellaire et possible extension ...... 9 3.2. Etat d’avancement du dossier de rattachement au réseau BRL ...... 9 3.3. Suite du projet et questionnement ...... 10 Conclusion ...... 10 Bibliographie...... 11 Webographie ...... 11 Annexes ...... I

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Liste des tableaux et figures

Tableau 1: Tableau des productions actuelles qui pourraient être irriguées ...... 3 Tableau 2 : Les productions envisagées avec l’extension du réseau BRL ...... 4

Figure 1 : Carte de la localisation d'Orthoux-Sérignac-Quilhan ...... 2 Figure 2 : Approche du coût de l'irrigation de la vigne : investissement et fonctionnement (source : BRL) ...... 8

Liste des annexes

Annexe 1 : Fiche B 1.10 du contrat Rivière Vidourle ...... I Annexe 2 : Projet initial d’extension du réseau BRL sur le Nord Sommiérois ...... III Annexe 3 : Récapitulatif des rencontres avec les différents agriculteurs rencontrés à Aspères ...... IV Annexe 4 : Appel à projet ...... V Annexe 5 : Grille d'évaluation ...... VI Annexe 6 : Représentation des parcelles souscrites 2016 ...... VIII Annexe 7 : Représentation grossière de la potentielle extension du réseau BRL...... IX Annexe 8 : Gestion de projet ...... X

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Glossaire, sigles et acronymes

Glossaire

Communauté de communes : "établissement ayant pour objet d'associer des communes au sein d'un espace de solidarité, en vue de l'élaboration d'un projet commun de développement et d'aménagement de l'espace." Eau brute : eau n'ayant subi aucun traitement. Surpresseur : centrale installée sur un réseau pour redonner de la pression sur un conduit afin de transporter l'eau sur de plus longues distances.

Liste des sigles

AOP : Appellation d'Origine Protégée ASA : Association Syndicale Autorisée BRL : Bas-Rhône Languedoc EPTB : Etablissement Public Territorial de Bassin FEADER : Le Fond Européen Agricole pour le Développement Rural PEI : Projet d’Elèves ingénieurs PGRE : Plan de Gestion de la Ressource en Eau SIAHNS : Syndicat Intercommunal d'Aménagement Hydraulique du Nord Sommiérois SIG : Système d'Information Géographique ZRE : Zones de Répartition des Eaux

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Introduction Située dans une plaine sous climat Méditerranéen, la Communauté de communes du Piémont Cévenol, commanditaire de notre projet d’élèves ingénieurs, a pour mission la mise en œuvre de toutes actions, formalités et démarches concourantes au développement local et à l’aménagement de son périmètre en respectant l’intégrité et la maîtrise de l’avenir de chacune des communes membres. Dans cette optique, elle a choisi de relancer le projet de rattachement du Nord Sommiérois au réseau BRL, porté par la commune d’Orthoux-Sérignac-Quilhan. La région rencontre en effet des problèmes d’approvisionnement en eau. Cette ressource hydrique est indispensable à l’exercice de nombreuses activités humaines et en particulier celles de l'agriculture. Ce territoire, sur lequel l’agriculture occupe une place primordiale dans l’économie locale, est à la recherche de solutions qui permettraient d’assurer un approvisionnement sûr et durable en eau, de redynamiser les communes qui pourraient se rattacher au réseau BRL, de donner une plus-value économique aux terres agricoles et d’attirer par conséquent de potentiels repreneurs. Ainsi, l’extension du réseau d’eau brute de BRL apparaît comme une solution intéressante. Suite à une première analyse de la demande et à nos visites sur le terrain, la problématique du projet a évolué pour aboutir à cette question : Quels sont les éléments déterminants dans la problématique du rattachement de la commune

d’Orthoux-Sérignac-Quilhan au réseau BRL ?

1. Contexte du projet 1.1. L’étude et ses objectifs Ce Projet d’Elèves Ingénieurs (PEI) a été commandité par la Communauté de communes du Piémont Cévenol. Suite au comité de cadrage ayant eu lieu le 25 Mai 2016, il a été convenu que le projet se concentrerait sur la partie extension du réseau en eau brute de BRL dans l'optique de desservir la commune d'Orthoux-Sérignac-Quilhan et les communes voisines en eau agricole et en eau à usages divers. L'objectif du projet est de participer à l'élaboration d'un dossier pour légitimer la demande de rattachement de la commune d’Orthoux-Sérignac-Quilhan au réseau BRL. Ce dossier doit faire part de tous les éléments nécessaires à la compréhension de la situation actuelle, afin de prendre une décision concernant l’extension du réseau. Le projet s’étends aux communes avoisinantes à Orthoux- Sérignac-Quilhan pour obtenir une densité de parcelles justifiant une demande de rattachement.

Les différentes étapes que nous avons réalisées pour atteindre cet objectif sont :  Réalisation d'une enquête de satisfaction auprès des agriculteurs d'une commune ayant été rattachée au réseau BRL afin de connaître les arguments favorables et défavorables au rattachement.  Rencontre avec les différents acteurs du territoire pour connaitre leur rôle et les enjeux de chacun et plus particulièrement avec celui de BRL qui joue un rôle prédominant dans la réalisation du projet (notamment discussions autour des procédures à suivre pour monter le dossier).  Quantification des surfaces concernées par l'irrigation sur les communes d'Orthoux-Sérignac- Quilhan et des communes limitrophes.  Rassemblement des décideurs autour du projet.

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1.2. La zone étudiée

La commune d'Orthoux-Sérignac- Quilhan est située dans le département du , en région à 35km au nord-est de Orthoux- Montpellier (cf. figure 1). Le terme de Sérignac-Quilhan Nord-Sommiérois est souvent employé pour désigner cette aire locale. Le Gard est une région sèche à faible pluviométrie (319 mm en 2015 par rapport à 519 mm au niveau national) et cette contrainte hydrique y est renforcée par une température moyenne élevée toute l'année (supérieure de 3°C à la moyenne nationale) et un ensoleillement fort. L'enjeu de la ressource eau y est donc crucial. Figure 1 : Carte de la localisation d'Orthoux-Sérignac-Quilhan

La commune d'Orthoux-Sérignac-Quilhan est traversée par deux cours d'eau : le Vidourle et un de ces affluents, le Crieulon. En été, le débit du Vidourle est souvent faible, de l'ordre de 0.5 à 1 m3/s. En revanche, en cas de crue, il peut facilement atteindre 1 500 m3/s. Le 9 septembre 2002, un débit de 2 650m3/s fut même atteint.

1.3. Contexte régional L'approvisionnement en eau est une problématique dans le Sud de la , le climat Méditerranéen présente une faible pluviométrie, qui plus est mal répartie le long de l'année (épisodes cévenols). La volonté d'étendre le réseau BRL à la branche Nord-ouest du Nord- Sommiérois n'est pas récente. En 2006, un projet d'extension du réseau BRL comprenait déjà la commune d'Orthoux-Sérignac-Quilhan (au sein de la branche Ouest de l'extension concernant aussi , Brouzet-lès-Quissac et ). Cependant, une étude d’actualisation du projet d’extension, conduite en 2011 par BRL, a conduit à proposer la réalisation en priorité de la branche Est (concernant Vic-le-Fesq, , , Cannes-et-Clairan et Moulezan) du fait d'une densité en parcelles plus importante que dans la branche Ouest. Celle-ci a été achevée en août 2016. L'eau de BRL est donc toute proche, mais non disponible pour les agriculteurs d'Orthoux-Sérignac- Quilhan (cf. annexe 2).

Les agriculteurs d'Orthoux-Sérignac-Quilhan nous ont fait part du manque crucial de la ressource eau, la reprise d'exploitation et l'installation de nouveaux agriculteurs étant impossible sans un apport extérieur d'eau. Certains maraîchers, situés au bord du Vidourle, utilisent même des systèmes illégaux de pompage pour pouvoir assurer leurs activités. Cette situation n'est pas durable, ni pour les agriculteurs qui s'exposent à des poursuites, ni pour la ressource en eau du bassin du Vidourle qui est menacée.

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D’après le comité régional du Gard, les rendements en présence d’eau peuvent être augmentés de 10 à 15% en année sans stress hydrique fort, et jusqu’à 40% lors des années de stress fort en période cruciale. De plus, les terres irriguées prendraient une valeur supplémentaire de 2 000 à 3 000 € l’hectare. L’irrigation n’a pas pour but une amélioration de la qualité du raisin. En effet, l’irrigation peut dégrader la qualité du raisin si elle est abusive. En revanche, une irrigation au goutte à goutte en période de stress uniquement permet de conserver une qualité optimale du raisin.

1.4. Activités agricoles et devenir La tendance de la région est à la polyculture (asperge, melon, fraise, tomate, maïs semence, pêchers/abricotiers, tournesol, luzerne, fourrage et autres produits mineurs, légumes issus du maraîchage irrigué) mais avec une nouvelle tendance à l’augmentation de la vigne depuis une dizaine d'années. On note, lors de nos interactions avec les agriculteurs possédant une ressource abondante en eau via le réseau BRL, que la présence de l'eau a en effet radicalement changé leur mode de culture. Sans eau, l'agriculture y est très difficile et repose essentiellement sur l'élevage et les oliveraies. L'eau est considérée comme "vitale" selon les agriculteurs que nous avons rencontrés.

Cependant, il faut noter que si l'eau est aujourd'hui indispensable à ceux qui l'ont, il n'en a pas toujours été ainsi pour les vignerons. En effet, de 1964 à 2006, il était interdit d'arroser la vigne car cela était vu comme une manière de gonfler les rendements artificiellement. Aujourd'hui, dans le contexte de réchauffement climatique et de multiplication des phénomènes de vagues de chaleur, l'eau est devenue indispensable à la bonne conduite de la vigne et permet d'assurer un bon rendement tout en conservant la qualité du produit. L'avenir de la région, à l'échelle agricole mais aussi plus globalement sera donc déterminé par l’accessibilité à l’eau et son devenir. L’irrigation de la vigne est depuis peu considéré comme un acte évident dans le Sud de la France.

Une enquête téléphonique auprès des agriculteurs d’Orthoux-Sérignac-Quilhan a permis d’obtenir une vision d’ensemble des productions locales (cf. tableau 1). Douze agriculteurs ont ainsi pu être enquêtés, ils ne représentent qu’un échantillon de tous les agriculteurs concernés par le projet, mais cela permet d’identifier certaines de leurs attentes.

Tableau 1: Tableau des productions actuelles qui pourraient être irriguées

Production Nombre d'agriculteurs concernés Surface (ha) Vigne 4 50 Vigne mère porte greffe 1 2 Fourrages 2 21 Oliviers 1 2 Figuiers 1 5 Melons 2 5 Pois chiche 1 8 On observe la diversité des productions actuelles, avec une dominance de la viticulture. L’élevage (équin, caprin et ovin) est aussi présent dans le secteur et les éleveurs ont besoin d’un apport en eau pour la production de fourrages mais aussi pour l’abreuvement de leurs troupeaux.

La potentielle extension du réseau BRL anime de nombreux projets chez les agriculteurs locaux. Plusieurs d’entre eux nous ont fait part du fait que de nombreux projets de reprise et d’installation ne seront pas possibles sans un apport d’eau supplémentaire sur le secteur, et ce malgré une demande d’installation ou de reprise existante (cf. tableau 2).

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Tableau 2 : Les productions envisagées avec l’extension du réseau BRL

Nombre d'agriculteurs Production envisagée avec l'irrigation concernés Asperge 3 Arbres fruitiers 3 Figuiers 1 Melons 1 Maraîchage 5

Le nombre de projets est important avec seulement 12 agriculteurs enquêtés, cela laisse donc supposer du dynamisme que pourrait créer la réalisation du projet sur le secteur. La possibilité d’irriguer permettrait aux agriculteurs d’envisager des productions à plus forte valeur ajoutée, les productions fruitières et maraîchères étant particulièrement concernées.

2. Outils et méthodes 2.1. Rencontre avec les acteurs et enjeux 2.1.1. Etablissement public territorial de bassin Un Etablissement Public Territorial de Bassin (EPTB) est une structure publique de coopération entre collectivités à l'échelle d'un bassin versant. L'EPTB Vidourle est composé du conseil général du Gard, du conseil général de l’Hérault et de 77 communes du bassin versant. Il agit pour mobiliser les acteurs autour du Vidourle, assurer la cohérence et l’efficacité de l’action des collectivités territoriales et groupements, améliorer la qualité de la rivière et préserver la qualité naturelle du Vidourle. Les actions de l'EPTB Vidourle sont actuellement cadrées par la procédure du contrat de Rivière 2013-2018.

Notre interlocutrice à l’EPTB Vidourle était Elisa Richard, chargée de mission ressource en eau. Madame RICHARD nous a apporté les éléments de compréhension sur la préservation la ressource en eau du bassin versant du Vidourle et sur les politiques régionales actuelles, notamment à travers le plan de gestion de la ressource en eau (PGRE) et le contrat Rivière. Elle nous a également fourni un exemplaire de la fiche B 1.10 du contrat de Rivière Vidourle (cf. annexe 1), stipulant que l’EPTB Vidourle pouvait potentiellement être le maître d’ouvrage de ce projet d’extension Nord Sommiérois.

2.1.2. Bas-Rhône Languedoc Le Bas-Rhône Languedoc (BRL) est un groupe, créé en 1955, qui se compose de plusieurs sociétés. Dans le cadre de notre projet, les sociétés concernées sont BRL Ingénierie et BRL Exploitation puisque la première conçoit les projets de réseaux hydrauliques et la seconde réalise et gère ces réseaux régionaux d’Occitanie-Pyrénées-Méditerranée. Avant les années 2000, le BRL était traditionnellement à la fois maître d'ouvrage et maître d'œuvre pour les projets d’extension du réseau BRL en Occitanie. Toutefois, la société a connu une période de crise financière qui a induit une réorganisation du système de fonctionnement de l'entreprise. Ainsi, pour les projets à venir, BRL ne se positionnera plus en maître d'ouvrage pour les projets d'extension du réseau BRL mais restera le maître d'œuvre.

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Au cours de notre étude, nous avons rencontré Éric BELLUAU (service Direction Aménagement et Patrimoine de BRL Ingénierie) et Gaétan DEFFONTAINES (BRL exploitation). L'objectif étant d'obtenir des informations sur la faisabilité de l'extension du réseau BRL sur l'Est du Nord Sommiérois (cf. 2.4.). Monsieur BELUAU était un acteur majeur de la réalisation du dernier projet d’extension du réseau sur le Nord Sommiérois, il était sur le terrain et connait donc les acteurs locaux. Ils ont un pouvoir de décision et sont consultés pour ce genre de projet notamment pour juger de la faisabilité du projet.

2.1.3. Chambre d’Agriculture Dominique GRANIER, président de la Chambre d'Agriculture (CA) du Gard, nous a confirmé lors d'une rencontre que la CA soutient tout projet d'irrigation qui a pour but d'emmener l'eau au plus près des agriculteurs. En effet, Monsieur GRANIER est aussi viticulteur et selon lui, l'évolution de l'agriculture a entrainé une augmentation des surfaces irriguées permettant l'obtention d'une qualité et d'un rendement remarquable. Conscient que l'eau ne peut pas être apportée à tout le monde, il conseille aux agriculteurs de saisir l'opportunité de cette extension.

2.1.4. Syndicat Intercommunal d’Aménagement Hydraulique du Nord Sommiérois Le SIAHNS a été créé en 1994 suite à la décentralisation de BRL qui ne pouvait plus se porter maître d’ouvrage. Ce syndicat est constitué d'élus bénévoles et était maître d’ouvrage pour le projet d’extension du réseau sur l’Est du Nord Sommiérois (cf. annexe 2).

Dans le cadre de cette étude, nous avons eu l'occasion de travailler auprès de Gilles SIPEYRE, président du syndicat. Celui-ci a fortement participé à la réalisation du projet sur la branche Est du Nord Sommiérois. Mais il a aussi conscience de l'importance de la réalisation de la branche Ouest de l'extension.

2.1.5. Communauté de communes Piémont Cévenol La Communauté de communes Piémont Cévenol regroupe 34 communes, soit 21 254 habitants en 2015. Son rôle est de fédérer les communes autour de projets globaux en s'orientant vers une politique commune grâce un poids politique plus important. La Communauté de communes du Piémont Cévenol joue aujourd’hui un rôle moteur dans la réactivation du projet en sollicitant notamment l’école Montpellier SupAgro pour cette étude.

2.2. Etude de satisfaction et rencontre avec les agriculteurs sur la commune d’Aspères La commune d'Aspères est située à 10 kilomètres au Sud d'Orthoux-Sérignac-Quilhan. Elle a été rattachée au réseau BRL en majeure partie en 1965 (plaine) et une autre partie plus petite en 1999 (garrigue). Nous avons ainsi réalisé une enquête de satisfaction auprès des agriculteurs de la commune à propos du réseau BRL. Il est important de noter que le rattachement est assez ancien et que la plupart d'agriculteurs n'ont pas vraiment vécu cette transition. Cependant, ils ont tous souligné le fait que l'eau issue du réseau BRL était vitale à leurs activités. Le rattachement le plus récent (branche Est jusqu'à Moulezan) (cf. annexe 2) date de 2016, et les terres ont été mises en eau en août 2016. Le recul n'est donc pas assez suffisant pour réaliser une enquête approfondie sur cette partie du territoire. Monsieur SIPEYRE nous a tout de même indiqué que ses parcelles nouvellement irriguées ont eu des rendements qu'il n'aurait pu envisager avant le raccordement au réseau. Lors de cette journée d'enquête, nous avons rencontré : Jean-Michel TEULADE, maire d'Aspères ; M. THEROND ; M. QUISSAC ; MM. CALMET. En annexe 3 sont rassemblées quelques impressions et citations collectées au cours de nos rencontres.

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Monsieur TEULADE cultivait des oliviers irrigués (retraité aujourd'hui) alors que Monsieur THEROND, Monsieur QUISSAC et MM. CALMET cultivent en majorité de la vigne, respectivement 25ha, 18ha, 25ha et 18ha. Il est important de noter qu'ils sont tous les quatre en AOP Vin Pays d'Oc et qu'ils produisent donc du vin de qualité avec une interdiction d'irriguer entre le 15 Mai et la récolte (possibilité de dérogation quasiment toujours accordée).

En pratique, tous les agriculteurs que nous avons rencontrés apportent régulièrement de l'eau par goutte-à-goutte afin d'assurer les récoltes et augmenter les rendements. Pour le cas de la vigne, ils apportent entre 1 000 à 1 500 m3/ha/an pour des rendements allant de 2 à 4 t/ha supplémentaires grâce à l’irrigation. Or, d’après Monsieur THEROND, l’investissement pour avoir l’eau nécessite une augmentation de rendement d’environ 10 hl/ha supplémentaires pour se stabiliser financièrement. 10 hl/ha représentant environ 1,5 t/ha, l’investissement est généralement très rentable.

2.3. Cartographie de la densité de demande Pour répondre à la demande de BRL, nous avons réalisé une cartographie de la densité de demande pour l'extension du réseau. En effet, la densité est un facteur beaucoup plus déterminant que la surface parcellaire, même une centaine d’hectares regroupés permettrait de justifier une demande d’extension. Pour cela, une réunion publique a été organisée par Gilles SIPEYRE, président du SIAHNS en présence de tous les agriculteurs du Nord Sommiérois intéressés. Cette réunion a permis de présenter les conditions du rattachement aux agriculteurs et d'identifier sur une carte les parcelles concernées. Monsieur SIPEYRE nous a ensuite donné cette carte pour que nous puissions reporter ces données sur un logiciel de Système d'Information Géographique (SIG).

Nous avons utilisé le logiciel Qgis. C'est un logiciel SIG libre multiplateforme. La version utilisée est la plus récente, la 2.18. Les fonds de carte nous ont été fournis par Florence CARRIERE, au service développement de la Communauté de communes Piémont Cévenol et par Éric BELLUAU de BRL. Le résultat se trouve en annexe 6.

2.4. Montage d’un dossier 2.4.1. Dossier fonds Européens FEADER Le FEADER (Fond européen agricole pour le développement rural) est un instrument de financement du deuxième pilier de la politique agricole commune mise en œuvre par la région. Pour obtenir ses fonds dans le cadre de l'extension du réseau BRL, il faut déposer un dossier auprès de la région Occitanie, au Guichet Unique/Service Instructeur (GUSI) (cf. annexe 4). Le dossier sera ensuite noté par un jury d'expert selon une grille d'évaluation (cf. annexe 5). Si la note obtenue est supérieure ou égale à la note minimale requise le dossier reçoit un avis favorable. Le projet peut alors obtenir une partie de l'enveloppe FAEDER allouée à la période. La part publique pour le financement s’élève à 80%, la somme apportée par le FEADER correspond à 63% de l’aide publique, ce qui permet donc le financement de 50% du projet dans sa globalité hors coût de l’étude de faisabilité. Les 30% restants sont habituellement répartis entre la région et le département.

2.4.2. Dossier SAGE ou PGRE En période estivale, il existe un déséquilibre entre les usages de l'eau et les capacités des milieux aquatiques. La politique sur le bassin versant est donc de limiter les prélèvements sur la ressource superficielle (rivière, lac). L'objectif de l'EPTB est donc de substituer les captages d'eau potable de la

6 ressource superficielle vers une nappe profonde. Il en est de même pour l'eau agricole, l'objectif serait de déconnecter l'irrigation agricole de la ressource superficielle. Le pompage dans le Vidourle est aujourd’hui illégal. Le Vidourle a été placé en Zones de Répartition des Eaux (ZRE) en 2004. Les ZRE sont définies en application de l'article R211-71 du code de l'environnement, comme des "zones présentant une insuffisance, autre qu'exceptionnelle, des ressources par rapport aux besoins". Cette classification témoigne donc d'un déséquilibre durablement installé entre la ressource et les prélèvements en eau existants sur le Vidourle. Dans les zones classées ZRE, tout prélèvement supérieur ou égal à 8 m3/h dans les eaux souterraines, les eaux de surface et leurs nappes d’accompagnement est soumis à autorisation, à l’exception : 1. des prélèvements soumis à une convention relative au débit affecté (art. R211-73), 2. des prélèvements inférieurs à 1 000 m3/an réputés domestiques. L'EPTB Vidourle a été mandaté par le préfet pour réaliser le Plan de Gestion de la Ressource en Eau (PGRE) en 2017. Un PGRE est un outil qui regroupe les différentes décisions et actions de gestion quantitative sur un territoire. Lorsque, sur un territoire, des actions sont déjà en cours et/ou des réflexions ont déjà lieu, l’objectif est de compléter, si besoin, ces actions et de les formaliser dans un cadre contractuel global qu'est le PGRE. Ainsi, pour ce projet, il est important d'être en étroite coopération avec l'EPTB Vidourle qui doit le faire figurer dans le PGRE pour que ce projet voit le jour. De plus, les communes doivent informer l’EPTB par courrier de leur intention de demander une extension au réseau BRL. Le projet d'extension du réseau BRL sur les communes du Nord Sommiérois s'inscrit dans les objectifs de l'EPTB Vidourle. Cela pourrait permettre de limiter le pompage illégal sur le Vidourle et donc de diminuer la pression sur la ressource superficielle.

2.4.3. Financeurs L'Union Européenne peut participer au financement du projet à hauteur d'environ 50% en accordant des crédits via le FEADER. Un dossier de demande de crédit doit toutefois être monté et accepté par le FEADER. Si le dossier est retenu, les crédits sont reversés à la Région Occitanie qui se charge de leur distribution. Les 20% restant (80% étant financé par la part publique), qualifiés d'autofinancement, doivent donc être apportés par les acteurs locaux : la Communauté de communes Piémont Cévenol et les communes concernées mais aussi les agriculteurs qui prennent part au projet. Pour les communes concernées, une clé de répartition du coût doit être établie. Pour les agriculteurs, l'investissement est d'environ 1 000€ par hectare pour l’installation des infrastructures BRL. (cf. figure 2)

Pour les agriculteurs, d'autres coûts sont à prévoir : l’approvisionnement en eau est sur une base forfaitaire de 150€ à l’année avec un engagement sur 10 ans. Il faut aussi prendre compte la pose du matériel d'irrigation adéquat : un système de goutte-à-goutte. Il faut donc prévoir un investissement supplémentaire d’environ 350 à 400€ par hectare (cf. figure 2)

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Figure 2 : Approche du coût de l'irrigation de la vigne : investissement et fonctionnement (source : BRL)

D'après les retours que nous avons eu des agriculteurs déjà raccordés au réseau BRL, cet investissement est amorti en une dizaine d’années.

2.4.5. Maître d’ouvrage Le maître d'ouvrage porte le projet depuis la mobilisation locale jusqu'à la fin des travaux, il doit donc être l'élément moteur et s'assurer de la dynamique d'avancée du projet. Il est aussi en charge de récolter les fonds pour le financement du projet. Seules des personnes directement impliquées peuvent prendre cette charge à leur compte, puisque cela contribue à des intérêts locaux. Une Association Syndicale Autorisée (ASA) pourrait se former entre les différents propriétaires fonciers concernés par le projet, mais il est très long et complexe de fédérer autant de personnes ensemble. Une seconde hypothèse est que le SIAHNS se porte maître d'ouvrage, cependant, cela demande à ses membres une charge de travail très importante. Selon Gilles SIPEYRE le président du SIAHNS, cette tâche est trop lourde pour le syndicat.

Lors de la réunion du 21/11/2016, en présence de l'EPTB et du SIAHNS, il a été évoqué la possibilité que l'EPTB se porte maître d'ouvrage pour le suivi du projet. Ce suivi s'effectuerait en coopération avec le SIAHNS et ce dernier se chargerait de la prise en charge de la partie autofinancement du projet (collecte effectuée auprès des communes concernées). Une co-maîtrise d'ouvrage entre l'EPTB, pour la partie ressource en eau, et la chambre d'agriculture du Gard, pour la partie agricole du projet est aussi une piste à étudier. Si cela est trop complexe ou demande trop de temps, la maitrise d’ouvrage peut être assurée par un cabinet privé.

2.4.6. Maître d’œuvre BRL est le seul maître d'œuvre habilité pour réaliser ce type de projet. Cela comprend l'étude approfondie des caractéristiques du terrain et de ses contraintes (présence de roche mère apparente, présence de nappe affleurant, de cours d’eau, étude des dénivelés) ainsi que la réalisation des travaux. BRL est aussi l'organisme qui gère l'entretien du réseau une fois qu'il est mis en place.

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3. Bilan 3.1. Recensement parcellaire et possible extension Suite au recensement effectué par M. SIPEYRE courant 2016, nous avons pu réaliser une cartographie (cf. annexe 6) des parcelles que les agriculteurs souhaitent souscrire au projet d'extension. A ce jour, près de 520 ha sont concernés sur les communes d'Orthoux-Sérignac-Quilhan, Sardan, Brouzet-Lès-Quissac, Gailhan, et Corconne. Cette carte ne fait pas état du type d'agriculture réalisée sur les parcelles. De plus, certaines parcelles sont manquantes, notamment dans la commune de Corconne suite à la non transmission d’informations, et la surface calculée est biaisée du fait que certains cadastres prennent en compte à la fois une zone cultivée et une zone boisée.

La réalisation de la carte (cf. annexe 6) a permis d'obtenir un premier avis de la part d’Éric BELLUAU de BRL Ingénierie. Selon lui, la situation est meilleure que lors des précédentes enquêtes (2006 et 2011), ce qui démontre un redynamisme local. Le recensement fait ressortir trois zones de densité parcellaire importante, et donc trois zones où une extension serait envisageable. Cependant, un facteur limitant est la forte distance séparant ces zones au réseau BRL existant le plus proche, distance qui rencontre une topographie parfois compliquée (présence d'un col, etc.). De plus, pour amener de l'eau en quantité suffisante, il faudrait repartir d'un réseau de diamètre supérieur à 250 mm, ce qui signifie repartir du Sud de Gailhan. Monsieur Belluau prévient aussi que BRL souhaite au maximum éviter ce qu'ils appellent des "têtes mortes", c'est-à-dire des kilomètres de réseau qui ne desservent aucune parcelle. Dans ce projet, une tête morte existe actuellement, il s'agit de Sardan. Le problème étant qu'il n'y a pas assez de parcelles irrigables à Sardan, or c'est l'endroit par lequel passerait une éventuelle conduite. Le coût s'en voit donc impacter et le ratio équipement par hectare pourrait dépasser les 8 000€ par hectare. La solution serait de densifier la demande sur Sardan, mais en conservant une ressource disponible suffisante pour les communes en amont.

Une zone, entre Brouzet-Lès-Quissac, Sardan et Orthoux-Sérignac-Quilhan (cf. annexe 7), présente le meilleur potentiel mais la distance avec le réseau existant reste un frein. De plus, la construction d'un potentiel suppresseur au niveau de Brouzet-Lès-Quisac pour permettre l'alimentation de la zone alourdirait le coût total du projet.

3.2. Etat d’avancement du dossier de rattachement au réseau BRL Une étape incontournable pour ce projet est la réalisation d'une étude de faisabilité. Le travail de recensement parcellaire est la première étape de cette étude à mener. Il faut ensuite réaliser une analyse du besoin en fonction du contexte pédoclimatique, pour évaluer quels sont les facteurs justifiant une contrainte hydrique dans le secteur. Le retour sur investissement doit être quantifié pour justifier la réalisation de l'extension, et la cohérence du projet doit être démontrée, en s'interrogeant sur les motivations des acteurs, sur la stratégie du territoire. Une étude du milieu et de son environnement doit aussi être menée, afin de quantifier la ressource déjà présente et les potentielles zones à préserver ; pour ce type de projet, la Communauté de communes Piémont Cévenol peut faire appel à un bureau d'étude environnemental privé. Le potentiel réseau doit alors être tracé en fonction des résultats des analyses précédentes. C'est une étape très importante qui demande une certaine expertise. Enfin, en fonction du volume d'eau à transporter, le dimensionnement de l'ouvrage est établi.

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Toutes ces étapes permettent de chiffrer le coût du projet et surtout d'établir le ratio coût de l'équipement par hectare, celui-ci doit être inférieur à 8 000 euros/hectare pour permettre la réalisation du projet d’après Monsieur BELLUAU.

Enfin, la maîtrise d'ouvrage doit être prise en charge, comme cela a été évoqué en 2.4.3.

A ce jour, BRL ne se présente pas pour la réalisation d'une étude de faisabilité de ce type. L'idée est de déléguer la responsabilité de l'étude aux collectivités locales afin de mettre en avant leur implication. A titre d'exemple, dans l'Hérault, c'est la Chambre d'Agriculture qui se charge des études de faisabilité en coopération avec les services de BRL. Il serait donc à la charge du SIAHNS et de la Communauté de communes Piémont Cévenol de mandater une société pour réaliser l'étude de faisabilité sur les communes concernées par l'extension.

3.3. Suite du projet et questionnement L'enjeu principal est de définir un maître d'ouvrage pour porter ce projet d'extension à la branche Ouest du Nord Sommiérois. L'EPTB pouvant potentiellement être celui-ci, il faut que le SIAHNS ou la Communauté de communes Piémont Cévenol saisissent rapidement l'EPTB en envoyant une demande.

Si Liouc participe au projet de rattachement, il faudra que la commune entre dans le SIAHNS.

Monsieur BELLUAU a également tenu à rappeler des éléments du contexte à prendre en compte dans ce type de projet : aujourd'hui, la demande en eau explose dans la région Occitanie et le nombre de projet d'extension ne cesse d'augmenter. BRL est donc très sollicitée et de ce fait, la sélection des projets est d'autant plus stricte. De plus, les fonds d'investissement européens et régionaux doivent se diviser sur un plus grand nombre de projets, réduisant donc la part de subventions publiques, ce qui implique une forte compétition entre les différents projets. La région étant très exigeante vis-à-vis du ratio coût de l'équipement à l'hectare, il est logique que ceux présentant les ratios les plus faibles soient favorisés. Le projet d'extension vers la commune d'Orthoux-Sérignac-Quilhan n'est actuellement pas dans les meilleures dispositions face à ces contraintes mais le dynamisme local et la volonté de densifier les zones irrigables pourrait faire pencher la balance du bon côté.

Conclusion Le projet d’extension du réseau BRL jusqu’à Orthoux-Sérignac-Quilhan et les communes voisines est évoqué depuis de nombreuses années, sa faisabilité anime de nombreux débats et espoirs locaux. Le secteur est dans une situation géographique et climatique de plus en plus contraignante pour l’agriculture et la ressource en eau du bassin versant du Vidourle n’est pas disponible pour l’irrigation. La viabilité de l’agriculture locale et de sa pérennité dépend donc étroitement de l’eau et surtout d’un apport supplémentaire pour valoriser les terres agricoles, diversifier les pratiques et assurer la reprise des exploitations agricoles. L’étude que nous avons menée nous a conduite à dresser un tableau de la situation actuelle du projet et à identifier les différents acteurs prenant part au projet, et cela à différentes échelles. Localement, la Communauté de communes Piémont Cévenol cherche à dynamiser l’activité agricole en s’appuyant sur le travail du SIAHNS, fédérant les communes autour du projet. Au niveau départemental et régional, plusieurs acteurs interagissent avec différents intérêts : l’EPTB Vidourle travaille à la préservation de la ressource en eau, BRL réalise et gère les ouvrages qui conduisent l’eau, la Chambre d’Agriculture du Gard soutient l’agriculture et

10 les projets d’irrigation. La complexité du projet repose sur la diversité des acteurs et des communes à mobiliser autour du projet, afin de créer une synergie. Aujourd’hui, une dynamique est en place, portée par la Communauté de commune Piémont Cévenol et la mairie d’Orthoux-Sérignac-Quilhan. Cela s’illustre par la carte de recensement du besoin (cf. annexe 6), qui met en évidence un besoin fort sur le secteur. Cependant, seule une étude de faisabilité complète pourra permettre de déterminer si le projet est réalisable, le problème majeur étant la distance aux conduites existantes. Le contexte actuel est aussi peu favorable, du fait de l’explosion de la demande de rattachement au niveau régional. Mais comme l’a montré le récent projet d’extension de la branche Est (allant jusqu’à Moulezan, commune pourtant éloignée), la volonté locale et la fédération des acteurs locaux et régionaux pourraient permettre au projet de voir le jour.

Bibliographie Les documents nous ont tous été fournis par les différents acteurs rencontrés.

Bas-Rhône Languedoc -Programme de développement rural Languedoc Roussillon, Appel à Projet, PDF

Cabinet d’expertise Alain PAPPALARDO et SIAEP -Diagnostic hydrogéologique (1), édité le 18/03/16, PDF -Diagnostic hydrogéologique (2), édité le 11/02/15, PDF

CARSO – Laboratoire Santé Environnement Hygiène de Lyon -Rapport d’analyse pour le SIAEP de Gailhan, édité le 15/03/16, PDF

Commune d’Orthoux-Sérignac-Quilhan -PADD (Projet d’Aménagement et de Développement Durable), édité le 21/03/14, PDF -Plan Local d’Urbanisme, édité le 17/03/14, carte sous format PDF

EPTB Vidourle -Rapport d'étude de détermination des volumes prélevables, bassin versant du Vidourle, réalisée par l’Agence de l’eau Rhône Méditerrannée&Corse, Octobre 2012, PDF -Fiche d’action B 1.10 du contrat de rivière Vidourle, 2016, PDF

Webographie -Site de BRL : http://www.brl.fr/fr/ [consulté en mars 2016] -Site de la commune d’Orthoux-Sérignac-Quilhan : http://www.orthoux-serignac-quilhan.fr/ [consulté en janvier 2016]

-Site de la Communauté de communes Piémont Cévenol : http://www.piemont-cevenol.fr/ [consulté en février 2016] -Site de l’EPTB Vidourle : http://www.vidourle.org/ [consulté en mai 2016] -http://www.europe-en-lrmp.eu/FEADER/#budget [consulté en octobre 2016]

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Annexes Annexe 1 : Fiche B 1.10 du contrat Rivière Vidourle

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II

Annexe 2 : Projet initial d’extension du réseau BRL sur le Nord Sommiérois

III

Annexe 3 : Récapitulatif des rencontres avec les différents agriculteurs rencontrés à Aspères

Le premier agriculteur rencontré était M. TEULADE, le maire d'Aspères. Aujourd'hui à la retraite, il a beaucoup fait évoluer ses cultures selon le marché et les modes, passant du melon à l'asperge et aux abricotiers, puis à la vigne et aux fourrages pour finir par des oliviers. Rattaché depuis 1963 au réseau BRL, il dit sans hésiter : "on fait ce qu'on veut avec de l'eau !". Par exemple, il réalise quatre coupes de foin par an au lieu d’une seule sans eau. Il ne note aucun problème avec BRL, selon lui le suivi est bon et la qualité de l’eau tout autant.

Nous avons ensuite rencontré M. THEROND, viticulteur cultivant 25 hectares de vignes en AOC et IGP. Il a beaucoup souffert de la crise de la vigne entre 2005 et 2010 car il était en monoculture de vigne. Selon lui : " La monoculture de vigne est dangereuse, il faut changer les pratiques agricoles. Apporter de l’eau c’est bien, mais penser à une diversification avec une irrigation adaptée, c’est mieux." L'eau doit donc être une ressource permettant la diversification des cultures. La seule contrainte qu'il note est le temps qu'il dédie à l'irrigation par jour (entre 3 à 4h lors des périodes d'irrigation) mais largement contrebalancé par des rendements supérieurs. Il conclut par : "Mettez l'eau!".

Ensuite, nous sommes allés voir M. QUISSAC, viticulteur en AOP et IGP possédant 18 hectares. A la retraite depuis 3 ans, il a tout transmis à son fils. Comme M. TEULADE, il a beaucoup varié sa production, passant de l'abricotier au raisin de table puis à la vigne pour le vin. Il affirme que l’investissement dans le réseau se rentabilise sur 15 ans, et qu'il est vital de le faire. Il a calculé que le coût annuel (contrat d’eau et prix du m3) de cet investissement correspondait environ à une production de 10hL /ha en plus, ce qui est facile à réaliser avec l'irrigation. Il faut aussi penser à la valeur de terres, cette valeur augmente avec la présence de l'eau d'irrigation : un hectare se négocie entre 40 000 et 60 000€ en 2016. Comme M. TEULADE, il était aussi très concerné par la nécessité de protéger la ressource eau dans l'optique du développement durable. Il parle aussi d' "irrigation par transfusion" voulant dire que l'eau doit être protégée lors de l'irrigation. Il finit par conclure sur la nécessité des agriculteurs et des acteurs du territoire de s'unir pour travailler dans le même sens : "Si vous êtes ensemble vous le ferez, si vous êtes seul, vous êtes mort".

Nous avons ensuite rencontré les frères CALMET, cultivant à eux deux 43ha de vignes en AOC, 2.5ha de maïs semences, 3.5ha de tournesol semences, et 2.5ha de sorgho semences donc des cultures nécessitant beaucoup d'eau (1500m3/ha/an pour la vigne et 6500m3/ha/an pour les semences). Selon eux, ils ont "une dépendance totale au BRL". Le seul problème qu'ils notent est le manque de pression en bout de réseau, souvent insuffisant pour l'aspersion nécessaire pour l'irrigation du maïs.

Pour finir, nous avons rencontré M. GRANIER, président de la Chambre d'Agriculture du Gard. Il est clairement pour l'extension du réseau BRL, expliquant que la vigne à le vent en poupe et qu' "il faut sauter dans le wagon tant que le train passe.En tant que président de le Chambre d'Agriculture, il pointe l'eau comme un vecteur de dynamisme régional. Il dit que "l'eau c'est la vie" et que "quand il y'a pas d'eau, il y'a plus rien". De son point de vue de viticulteur (il possède 40ha de vignes), il témoigne de la nécessité de préserver la terre en limitant la déprise agricole tout en redynamisant la région. L'eau est une solution évidente. Mais selon lui, il faut aussi "préserver et raisonner l'eau".

IV

Annexe 4 : Appel à projet

V

Annexe 5 : Grille d'évaluation

VI

VII

Annexe 6 : Représentation des parcelles souscrites 2016

VIII

Annexe 7 : Représentation grossière de la potentielle extension du réseau BRL

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Annexe 8 : Gestion de projet

Commanditaire : Communauté de communes Piémont Cévenol

Interlocuteur : Sabine DUMAZERT

Tuteur : Frédéric ROSSEL

Notre projet d’élève d’ingénieur s’intitule Anticiper les problématiques de maintien et de développement de l’approvisionnement en eau sur le secteur d’Orthoux-Sérignac-Quilhan et avait initialement comme problématique la gestion et la préservation de l’eau comme une ressource limitante sur le seul secteur d’Orthoux-Sérignac-Quilhan. Cependant, celle-ci a largement évolué suite à de nombreux échanges avec nos commanditaires, tuteur, et acteurs du projet.

Après un premier rendez-vous avec les agriculteurs d’Orthoux à la mairie de la commune, nous avons réalisé que les installations en place optimisaient déjà la ressource existante et que la réalité du terrain était que l’eau brute manquait. Nous nous sommes donc orientés assez rapidement vers la seconde phase du projet qui consistait en la construction d’un dossier de rattachement au réseau Bas-Rhône-Languedoc, groupe gérant l’exploitation de l’eau du Rhône et irriguant en eau brute une grande partie de l’Hérault et notamment le sud du Gard. En effet, les conduites de la BRL s’étendent jusqu’au sud de Sardan, commune voisine d’Orthoux. Le projet aurait donc été de monter un projet d’extension du réseau BRL jusqu’à la commune d’Orthoux-Sérignac-Quilhan afin d’approvisionner en eau les agriculteurs demandeurs, comme cela avait été fait sur les communes de Vic-le-Fesc et Cannes-et-Clairan. Nous avons commencé à nous intéresser aux conditions nécessaires à un tel rattachement.

Cependant, nous n’avions pas saisi l’ampleur de la tâche avant de rencontrer M. BELLUAU et M. DESFONTAINES, acteurs majeurs de BRL dans les projets d’extension ce cette région. En effet, ces derniers nous ont dit que le projet serait pris en considération en fonction de la concentration de parcelles dans la zone demandant l’extension. Il paraissait donc essentiel selon eux de fédérer les communes de Sardan, Gailhan, Corconne, Liouc et Brouzet-Lès-Quissac autour du projet afin d’établir un parcellaire suffisamment dense pour qu’il soit rentable pour le BRL et donc étudié par eux, car ils seraient le maître d’oeuvre. Cette rencontre a été capitale pour nous car nous avons pu saisir l’ampleur de la tâche et de ce que nous avions vraiment à faire si nous voulions que ce projet voit le jour. Cependant, cette rencontre a été très tardive (septembre 2016) alors que nous les avions contactés depuis juin pour un rendez-vous.

Nous avons donc interpellé la mairie d’Orthoux-Sérignac-Quilhan afin d’avoir les contacts des différents agriculteurs de la région pour recenser ceux qui voulaient souscrire leur parcelle à ce réseau. Nous les aurions tous appelé un par un si M. SIPEYRE n’avait pas fait l’essentiel de ce travail en Janvier 2016. Malheureusement, nous avions essayé de le contacter précédemment sans réponse et nous n’avons pu le rencontrer qu’en Octobre 2016. En effet, il avait réalisé ce travail de recensement des agriculteurs désirant se rattacher au projet en leur demandant le nombre de parcelles et les numéros cadastraux de celles-ci. Nous n’avions plus qu’à numériser celles-ci sur une carte QGIS et appeler les quelques agriculteurs manquants.

Nous avons donc eu, dans notre PEI, un véritable problème d’échelle. Le projet, initialement centré sur la seule gestion de l’eau dans la commune d’Orthoux-Sérignac-Quilhan est devenu un projet

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global, mobilisant de multiples acteurs locaux comme la Chambre d’Agriculture, l’EPTB Vidourle, ou le BRL. Le manque de communication ou de rapports pré existants sur une ancienne tentative de rattachement au réseau ne nous ont pas permis de visualiser rapidement l’ampleur de la tâche. De plus, nous manquions, en tant que simple étudiants ingénieurs, de crédibilité auprès de certains acteurs qui ont souvent mis du temps à nous répondre. Cependant, nous avons réussi à faire redémarrer ce projet enterré depuis une dizaine d’années et avons remobilisé l’ensemble des acteurs de la région, les agriculteurs mais aussi les décideurs, à travers nos rencontres et une réunion ouverte avec la mairie d’Orthoux-Sérignac-Quilhan.

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