ARCHÉOLOGIE EN NORD - PAS-DE-CALAIS Saint-Georges-sur-l’Aa, une occupation spécifique côtière du HAUT Moyen Âge (Xe - XIe S.). Dunkerque 234

130

2 31 231 135

134 204 59588-03 227

202 59588-04-A59588-04-B 228 221 32A 222 47 48 37 30 49

N S 33 40 32B 59154-01 31

208 230 223 206 SD 3 205 216 218 219 Loon-Plage 138 209 215 229 201

139 SD 1 210 224 214 217 144 142 213 SD 2 59576-01 145 Gravelines 143 148 211 207 212 149

59082-01 149 147 146 126 127 124 127 128

233 233 128

125 0 1 2 3 4 5 m 122 232 232 59110-01 123

Site A Craywick 1

Saint-Georges-sur-l’Aa Site B

Site C Bourbourg 0 1 km 1 2

3 4 2

3 Le contexte archéologique Variété et richesse d’un site complexe... de la fouille

a fouille du site A a consisté en un de la fin du haut Moyen Âge découvert sur 1. Tranchées de diagnostic et surface décapée. 1. Localisation de l’opération de e projet de construction d’une voie fer- de long et contenait du mobilier datable de Ldécapage d’une surface de 1800 m2. le littoral, où l’on note la présence d’impor- diagnostic et des sites mis au jour. Lrée de 7,4 km traversant les communes la fin du Moyen Âge à nos jours. Ce niveau Les vestiges apparaissent à la cote moyenne tations de céramique peinte d’origine rhé- 2 et 3. Vues du décapage et des vestiges mis au jour. 2. Site C, fosse quadrangulaire. de Saint-George-sur-l’Aa, Gravelines et résulte certainement de la destruction d’un de 2,50 m NGF dans des dépôts flandriens nane. L’étude de la faune renseigne sur les Bourbourg a permis au service archéolo- bâtiment, peut-être lors de la construction marins, majoritairement argilo-sableux. activités économiques pratiquées et apporte 3. Site A, Tranchée 103, structure 135. gique départemental du Nord de réaliser un de la RD 301 et de l’ouvrage d’art situé à A l’exception d’un large fossé datable de des données paléoenvironnementales. Par diagnostic archéologique suivi d’une fouille proximité. Enfin, le site C est constitué par l’époque moderne, une série de trous de ailleurs, le remplissage de certaines struc- 4. Tranchées de diagnostic. archéologique en 2007 et 2008. Réalisée une fosse quadrangulaire datée des X-XIe poteaux, de fosses et de fossés ont été mis tures témoigne d’aspects de la vie quoti- sur les 129 000 m2 d’emprise, l’opération a siècles par la céramique. Identifiée comme au jour. L’analyse de ces vestiges révèle la dienne comme l’éviscération de poissons révélé la présence de trois sites (A, B et C). un fond de cabane, la fouille de la structure présence de deux constructions sur poteaux, ou encore la présence de fosses d’aisance. Le site A, repéré sur une quarantaine de n’a pas révélé de trous de poteaux, mais dont un vaste bâtiment rectangulaire à trois Enfin, des ossements de cétacés montrent mètres de longueur, est composé d’une série juste deux éminences qui pourraient être les nefs et une petite construction annexe inter- que de grands mammifères marins ont pu de fosses et de trous de poteaux datés de témoins d’un support de plancher. Compte prétée comme un grenier. Le répertoire du être consommés sur le site et que les os ont la fin du Xe ou du début du XIe s. Le site B tenu de la densité des vestiges, seul le site A mobilier céramique provenant des struc- pu servir au façonnage d’objets spécifiques. correspond à un épandage sur environ 30 m a fait l’objet d’une fouille préventive. tures est tout à fait cohérent avec le matériel 231

Bâtiment B

1

Bâtiment A 2

0 10 cm 0 1 2 3 4 5 m 3

127

128 1

232

4 2

Un mobilier céramique typique Un habitat sur poteaux remarquable des sites côtiers

1. Plan des bâtiments A et B. e bâtiment A est matérialisé au sol par côtés du bâtiment, semble destinée à la ré- ’ensemble céramique est composé de modèles rhénans de type Badorf et notam- 1. Pot en céramique sombre siliceuse 28 trous de poteaux dont l’organisa- cupération des eaux pluviales. Les interrup- formes hautes en céramique sombre, ment des amphores à bandeau en relief tournée. 2. Vertèbres de poissons digérées. L L tion permet d’identifier un édifice de plan tions pourraient correspondre à des entrées siliceuse, tournée, destinées à la cuisson et (Reliefbandamphoren). Comme sur la ma- 2. Gobelet en céramique claire rectangulaire orienté est-ouest, de 18 m latérales. Quatre fosses quadrangulaires ont à la conservation des denrées. Le service jeure partie des sites côtiers du Nord de la peinte. Imitation des productions de « Pingsdorf ». de long et de 10 m de large, d’une super- été mises au jour au sein de la construction. de table est représenté par des gobelets et France, de nombreux pots à cuire en céra- ficie au sol de 180 m2. L’espace interne est Le tamisage du comblement de l’une d’elles des cruches en céramique claire, peinte, mique à dégraissant coquillé ont été iden- 3. Cruche/amphore à pâte brune. divisé par une double rangée de poteaux a révélé la présence de coprolithes humains tournée, dont au moins quatre groupes de tifiés. La plupart des formes en céramique 4. Céramique à dégraissant coquillé. formant trois nefs et cinq travées. L’axe du et de restes de vertèbres de petits poissons pâtes ont été observés. L’un d’eux corres- sombre trouvent leurs équivalents dès la bâtiment est marqué par trois trous de po- plats présentant des traces et des déforma- pond aux productions d’origine rhénane deuxième moitié du Xe s. à Saint-Omer et teaux destinés à supporter la panne faîtière. tions consécutives à leur manducation et dites de « Pingsdorf ». Le reste du lot au début du XIe s. à Brouckerque, Bierne ou Accolés au petit côté occidental, cinq trous à leur ingestion. L’hypothèse d’une fosse comprend des imitations de modèles rhé- Téteghem. Néanmoins, l’identification de de poteaux correspondent vraisemblable- d’aisance peut ainsi être retenue. A quelques nans ayant vraisemblablement pour origine pots à lèvre décorée d’impressions digitées, ment à un porche ou un auvent d’environ mètres de l’angle sud-est du bâtiment A, des centres de production flamands. Deux pourrait permettre de dater le lot du début 20 m2. Une série de fosses et fossés discon- quatre trous de poteaux signalent la pré- cruches/amphores en céramique à pâte du XIe s. tinus orientés est-ouest, longeant les grands sence d’un grenier de plan carré. brune semblent également s’inspirer de o 5 km

Dunkerque

1

Teteghem

Coudekerque Loon-Plage Gravelines

Spycker Bierne 5m 2 Craywick Saint-Georges- sur-l’Aa Bourbourg Steene Brouckerque 3 4 occupations X-XIe s. 5m bâtiments à trois nefs X-XIe s. attestés

1 Une zone d’activités économiques Occupations X-XIe s. et localisation des bâtiments à trois nefs attestés.

1.et 2. Objet manufacturé réalisé ’étude archéozoologique renseigne sur gros spécimens de la famille du cabillaud, à partir d’un os de cétacé. Ldifférents aspects de la vie quotidienne qui sont débarrassés de leur tête puis trans- Un site marquant pour l’étude (Cliché G.NAESSEN). dans ce bâtiment du haut Moyen âge. portés ailleurs pour être consommés. En des sites archéologiques 3.et 4. Os de baleine portant L’alimentation carnée repose essentielle- effet, la présence d’églefins et de cabillauds des traces de découpe ment sur le bœuf et les caprinés. L’examen de très grands gabarits souligne l’avène- de la Flandre maritime flamande et de cuisson. e e (Cliché G.NAESSEN). des parties du squelette souligne l’abon- ment de la pêche hauturière aux X -XI s. dance des déchets de boucherie, ce qui im- Jusqu’à présent cette évolution historique plique qu’au moins une partie de la consom- de la pêche était envisagée seulement pour i la fonction d’habitat peut être évoquée établi. Nous sommes donc face à une pro- 1. Cartes des occupations X-XIe s. mation se déroulait sur un autre site. Une des périodes plus récentes (XIIe s.). Ceci pour ce bâtiment, une vocation écono- blématique directement liée à la récurrence et localisation des bâtiments à S trois nefs attestés. fonction économique se dégage ainsi d’après témoigne d’une nouvelle économie côtière mique du site ressort à la lumière des indices d’un type architectural précis, dans un cadre ces témoignages osseux. Par ailleurs, les res- reposant sur l’élevage et le commerce du associés à la transformation des produits de géographique limité et pour une période titutions paléoenvironnementales d’après produit de la pêche en haute mer. La maî- la pêche et de l’élevage. Le site a pu servir donnée, située entre la fin du Xe et le XIe s. les études malacologiques situent le site à trise affichée par cette population dans de lieu d’abattage et de boucherie avec une Ne peut-on pas y voir l’influence d’une au- proximité du haut de l’estran voir en bor- le domaine marin pourrait expliquer abondance de déchets issus des premières torité politique ou religieuse qui s’impose le dure d’un delta. Cette localisation au sein l’exploitation de la baleine comme matière étapes de traitement de la carcasse. long du littoral du comté de Flandre ? Au fur d’un paysage très différent de celui que l’on première pour la fabrication d’objets uti- En comparant le plan du bâtiment de et à mesure des opérations archéologiques, connaît aujourd’hui explique les orienta- litaires, mais également dans le cadre de Saint-Georges à ceux découvert à Bierne, la frange littorale française révèle des occu- tions de l’élevage. l’alimentation carnée comme le suggèrent Craywick et Brugge par exemple, force est pations côtières spécifiques. Elles s’inscri- En outre, les indices relatifs à la pêche les traces de découpe et de cuisson relevées de constater leur similitude (dimensions, vent dans un mouvement de conquête des confèrent à cette occupation un statut iné- sur des os de rorqual commun qui aurait pu partition interne, orientation et datation) terres sur la mer dès la fin du Xe s. et qui dit. Ce constat s’applique également aux être chassé. comme s’ils répondaient à un modèle pré- s’intensifiera au cours des siècles suivants. 2012 ARCHÉOLOGIE EN NORD PAS-DE-CALAIS 30 as-de-Calais Archéologie en Nord-P Publication de la DRAC Nord-Pas-de-Calais Service régional de l’Archéologie 3 rue du Lombard 59049 Lille Cedex Equipe de fouille à Saint Georges sur l’Aa : Frédéric Loridant (CG 59)* Patrice Herbin (CG 59) (CG 59) Rodolphe Ménard Christine Louvion (CG 59) Auteur : Patrice Herbin en collaboration Oueslati (CNRS) de Tarek : Topographie Christine Louvion Clichés : Patrice Herbin Frédéric Loridant Clichés faune : Oueslati Tarek Gilbert Naessens (CNRS) DAO : Christine Louvion Patrice Herbin Dessins du mobilier : Rodolphe Ménard Céramologie : Patrice Herbin Archéozoologie : Oueslati Tarek Coordination de la collection : Karine Delfolie (SRA) Réalisation : Agence Linéal : 03 20 41 40 76 ISSN 1765-811X Dépôt légal : Octobre 2011­­­­­­ par le SRA gratuitement Diffusé sur demande écrite dans la limite des stocks disponibles.

CONSEIL GÉNÉRAL CONSEIL GÉNÉRAL DÉPARTEMENT DU NORD Le service archéologique estdépartemental du nord agréé en qualité d’opérateur d’archéologie préventive. Il réalise les diagnostics L’ÉTAT ET LE PATRIMOINE ET L’ÉTAT ARCHÉOLOGIQUE enla Culture, de Le Ministère V du Code du livre application a pour missiondu Patrimoine, et étudier protéger d’inventorier, à Frédéric Loridant décédé le 4 mars 2012 *Cette plaquette est dédiée (Services régionaux de l’Archéologie). et les fouilles archéologiques sur l’ensemble du - département du Nord en amont des aménage ments entrepris par le Conseil général. Rattaché à la Direction de la Culture, l’équipe permanente comprend quatre archéologues, une médiatrice - du patrimoine et un agent administratif. La cel lule médiation valorise le résultat des découvertes - départementales à travers la réalisation d’exposi - tions, de documents d’information, de commu collégiensdes et public grand du auprès nications du Nord. Le service entretient également des liens en privilégiés avec Le forum antique de Bavay, assurant les opérations d’archéologie préventive liées aux travaux de restauration et de mise en valeur du site. le patrimoine archéologique, de programmer, programmer, archéologique, de le patrimoine tantévaluer la recherche scientifique contrôler et que de l’archéologie préventive dans le domaine la recherche programmée.dans celui de la diffusion des résultats.Il assure également ces missions est confiéeLa mise en œuvre de des affaires Culturellesaux Directions régionales