Délibération sur l’affaire DOUX

La Chambre d’Agriculture du réunie en Session le 25 septembre 2012, sous la présidence d’Yves LE GOURRIEREC, délibérant conformément aux dispositions législatives et réglementaires, émet les avis suivants :

Sur la globalité du dossier

AFFIRME que l’économie avicole et agro-alimentaire morbihannaise est la plus gravement impactée en par la mise en redressement judiciaire de la Société Doux depuis le 1 er juin 2012, compte tenu que : - 306 éleveurs sont fournisseurs de la société DOUX, directement ou indirectement via la coopérative UKL sur les 854 aviculteurs recensés en 2010 dans le département soit plus de 30% - Le tiers du parc avicole morbihannais (571 000 m² sur 1 558 000 m²) est concerné par l’activité de Doux directement ou indirectement. - le Morbihan concentre majoritairement les activités de l’entreprise DOUX du pôle frais – mis en liquidation judiciaire le 2 août - avec des abattoirs orientés vers des activités de transformation découpe à Pleucadeuc, Sérent et la Vraie Croix, - 51 % des salariés licenciés dans le verdict prononcé le 10 septembre (499 sur 970) exercent leurs emplois sur le Morbihan.

AFFIRME que l’ensemble de l’économie morbihannaise est également concernée compte tenu de la mixité de nombreuses exploitations, du caractère polyvalent des entreprise d’amont et d’aval et de l’implication des secteurs bancaires, de services et de transport dans les activités agricoles et agro alimentaires.

RAPPELLE le poids de la filière avicole de chair dans l’agriculture morbihannaise représentant 18 % des exploitants professionnels (source RA 2010) et 17 % du chiffre d’affaire de la ferme morbihannaise en 2010.

CONSIDERE que les jugements émis par le Tribunal de Quimper le 2 août et le 10 septembre ont abouti à un démantèlement industriel du groupe Doux entre les activités export et les activités frais au détriment d’un véritable plan de relance de la filière avicole française ;

ESTIME qu’une réponse globale sur les perspectives d’avenir de la filière export et de la filière frais était la meilleure voie pour réorienter la filière avicole française sur les chemins de la compétitivité avec une stratégie de reconquête de notre marché intérieur tout en consolidant le marché de l’exportation ;

DENONCE la « casse sociale » tant au niveau de la production avec une forte fragilisation des aviculteurs dont la créance moyenne s’élève à ce jour à 18 500 €/exploitation, qu’au niveau de l’emploi agro-alimentaire avec plus de 500 licenciements directs.

2 Sur l’appui auprès des aviculteurs

La Chambre d’Agriculture du Morbihan

AFFIRME que la première des priorités est le paiement intégral de toutes les créances dues aux éleveurs suite à la mise en redressement judiciaire ;

RAPPELLE qu’elle s’est engagée auprès des éleveurs, des établissements bancaires et des centres comptables pour centraliser toutes les données relatives aux créances existantes

AFFIRME VITALE, dans la mise en œuvre du redressement judiciaire :

1. la poursuite de l’activité avicole pour tous les élevages concernés,

2. la garantie d’un approvisionnement régulier sans aucune rupture temporaire de la chaîne de production, que ce soit au niveau de la livraison des poussins, des aliments, des fournitures énergétiques ou des enlèvements par lots.

Sur l’action des Pouvoirs Publics

SOULIGNE la réactivité et le suivi actif des Pouvoirs Publics départementaux et régionaux qui, dès l’annonce de la mise en redressement judiciaire, ont dégagé l’énergie et les moyens nécessaires pour assurer la poursuite de l’activité avicole au sein de chaque exploitation ; en relation étroite avec les fabricants d’aliments.

RAPPELLE que cette restructuration a déjà connu des précédents douloureux avec, les plans sociaux récents relatifs à la fermeture des sites de et en 2004 (perte de 520 emplois) et de Locminé en 2008 (perte de 451 emplois) ;

ESTIME en conséquence que l’Etat aurait pu être plus vigilant sur la santé financière de l’entreprise Doux depuis de nombreuses années, compte tenu des fonds attribués relatifs aux dispositifs d’allègement sociaux et fiscaux sur le travail ;

DEMANDE un plan social de reclassement et de formation afin qu’aucun salarié ne soit laissé au bord du chemin ;

APPUIE l’organisation de la conférence régionale sur l’avenir de l’agro-alimentaire breton centré en premier lieu sur le devenir de la filière avicole bretonne

Sur l’avenir du groupe Doux et de la filière avicole morbihannaise

¢¢¢ sur l’avenir du groupe DOUX

RAPPELLE que Doux a fait la promesse de rembourser la moitié des créances dues aux éleveurs avant le 30 septembre 2012

RAPPELLE qu’une audition sur le contenu du plan de relance sur l’activité congelés-export par Doux est arrêtée pour le 9 octobre afin que tous les éléments économiques, financiers et commerciaux soient fournis au tribunal ;

RAPPELLE que le jugement du 10 août attribuant l’activité export à l’offre Doux-Barclay est assorti d’une période d’observation jusqu’au 30 novembre 2012 ;

Session du 25 septembre 2012 délibération sur l’affaire Doux 3 AFFIRME que, compte tenu des incertitudes restant sur le règlement définitif de cette affaire, la filière avicole morbihannaise est toujours en situation de fragilisation et de récession ;

EXIGE un respect intégral de tous les engagements pris auprès des aviculteurs concernés

DECLARE qu’elle continuera sans relâche son action auprès des élus, des services de l’Etat et des acteurs économiques pour dégager des perspectives pour la filière avicole morbihannaise ;

¢ sur l’avenir de la filière avicole morbihannaise

ESTIME indispensable et urgent, la mise en place d’un plan de relance et de restructuration des exploitations avicoles dans le Morbihan, définissant une stratégie globale à long terme

REAFFIRME sa confiance dans l’avenir de l’aviculture française compte tenu d’une demande soutenue et durable de viande de volaille au niveau européen et mondial (maintien de la consommation de viande de volaille en France depuis 10 ans et croissance de la demande mondiale de 3 % par an).

CONSIDERE que ce plan doit être fondé sur les éléments suivants :

- un plan d’investissement et de modernisation orienté vers la création de bâtiments neufs ou de rénovations lourdes et durables, dans le cadre d’une restructuration des ateliers dans le sens du Projet Agricole Départemental,

- une simplification des procédures administratives avec des délais d’instruction ramenés à six mois,

- une professionnalisation et une spécialisation de la production dans la conduite des ateliers avicoles,

- une modernisation des ateliers dans le cadre d’une agriculture écologiquement intensive,

- une capacité de développement des ateliers avicoles de manière à produire plus et mieux selon les termes du Président de la République au SPACE 2012 afin de faire de l’agriculture un moteur de croissance et un atout du redressement productif,

- Une adaptation de la réglementation environnementale, pour valoriser les efforts engagés et accroître l’efficacité économique des efforts futurs, notamment sur l’évolution du dispositif ZES et sur la gestion du phosphore.

Fait à Vannes, le 25 septembre 2012

Yves LE GOURRIEREC Président

Session du 25 septembre 2012 délibération sur l’affaire Doux