Valorisation du potentiel touristique de l’espace rural dans la région de la BAGOUE (CÔTE D’IVOIRE) : Cas du Département de

BAMBA Lazéni et KOUADIO Kouakou Abraham1, Doctorants à l’Institut de Géographie Tropicale, Université Félix Houphouët-Boigny, APHING-KOUASSI N’dri Germain et ANOH Kouassi Paul2, Maître-Assistant et Professeur Titulaire, à l’Institut de Géographie Tropicale, Université Félix Houphouët- Boigny.

Résumé

Le présent article pose la problématique de la valorisation du potentiel touristique dans l’espace rural des régions de la Côte d’Ivoire, notamment la région de la Bagoué et particulièrement du département de Boundiali. En effet, tout espace rural dispose d’un riche potentiel touristique qu’il demeure méconnu car non valorisé. L’objectif de cette étude est de montrer que le potentiel touristique peut aider à mettre en valeur l’espace rural du département de Boundiali. Pour parvenir aux résultats de cette étude, la méthodologie de recherche est axée sur la collecte des données dans les centres de documentation, des enquêtes de terrain auprès des populations locales, des hôteliers, des restaurateurs, des artisans, etc., des interviews auprès des autorités administratives déconcentrées ou décentralisées (le ministère du tourisme, les institutions touristiques, le conseil régional, la mairie, etc.). Les différentes données collectées après les recherches ont consisté à établir des cartes grâce au logiciel ArcGi’s et des tableaux, des graphiques avec l’utilisation de Word et d’Excel. Ces résultats ont été traités essentiellement avec l’outil informatique. L’étude montre que le potentiel touristique est très peu organisé voire non valorisé afin de participer au développement de l’espace rural du département de Boundiali. Cela est dû à l’absence d’une politique réelle d’organisation de l’activité touristique en milieu rural. Cette absence conjuguée d’incertitudes de la politique touristique de la Côte d’Ivoire maintient depuis plus d’une décennie l’activité touristique dans un dénuement total. Toutefois, le potentiel touristique du département de Boundiali reste ouvert à l’avenir. C’est pourquoi, une meilleure valorisation du potentiel

1 Doctorants à l’Institut de Géographie Tropicale, Université Félix Houphouët-Boigny Abidjan -Cocody 2 Maître-Assistant et Professeur Titulaire, à l’Institut de Géographie Tropicale, Université Félix Houphouët- Boigny Abidjan-Cocody.

77 touristique dans l’espace rural suggère la prise en compte des axes stratégiques qui conduira inéluctablement le tourisme rural à un développement viable et durable dans le temps. Mots-clés : Valorisation, potentiel touristique, espace rural, Boundiali (Côte d’Ivoire).

Abstract

This article raises the issue of enhancing tourism potential in the rural areas of , particularly the Bagoué region and particularly the Boundiali department. Indeed, any rural area has a rich tourism potential that remains unknown because not valued. The objective of this study is to show that the tourism potential can help to enhance the rural area of Boundiali. To achieve the results of the study, the research methodology focuses on data collection in documentation centers, field surveys of local populations, hoteliers, restaurants, artisans, etc. deconcentrated or decentralized administrative authorities (the ministry of tourism, tourist institutions, the regional council, the town hall, etc.). The various data collected after the research consisted of mapping with ArcGi's software and tables, graphs with the use of Word and Excel. These results were treated mainly with the computer tool. The study shows that the potential tourism is very little organized or not valued to participate in the development of the rural area of the department of Boundiali. This is due to the lack of a real policy of organizing tourism activity in rural areas. This absence combines the uncertainties of the policies of Côte d'Ivoire maintain for a decade tourism activity in a total destitution. However, the tourism potential of the Boundiali department remains open in the future. Therefore, a better valorization of the tourist potential in the rural area suggests taking into account the strategic axes which will inevitably lead rural tourism to a viable and sustainable development over time. Keywords: Valorization, tourism potential, rural area, Boundiali (Ivory Coast).

Introduction

Le tourisme est une activité ancienne, qui a pris au XXè siècle une dimension planétaire. Désormais, il constitue un secteur économique fondamental dans de nombreux pays développés comme dans des pays en développement qui en font un facteur essentiel de leur développement (BELBACHA M. L., 2011 ; p. 1). En effet, le tourisme représente la troisième plus grande industrie d’exportation dans le monde, derrière celle des produits chimiques et celles des carburants. C’est également un secteur à très forte croissance, même devant l’agriculture (SOKPON S. et al., 2018 ; p. 37). Or, amorcée timidement au début de

78 l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le tourisme s’est affirmé à partir du plan quinquennal de développement touristique de 1970. À partir de cette date, deux axes majeurs de développement touristique sont élaborés, notamment la promotion du tourisme balnéaire au sud du pays, et la valorisation d’un tourisme de découverte dans les régions de l’intérieur du pays. Depuis 2012, l’État ivoirien veut faire de ce pays, la première destination touristique d’Afrique de l’Ouest à l’horizon 2030 (BNETD, 2014 ; p. 75). Ainsi, la politique générale du tourisme à travers le Plan National de Développement (PND) de 2012-2015, fixe le cadre institutionnel et réglementaire cohérent où s’inscrit les stratégies de développement et de promotion du secteur touristique. De même, les différentes réformes du secteur touristique (les conseils des ministres des dates respectives du 14/11/2013, du 11/12/2013 et du 08/01/2014), ont permis à la Côte d’Ivoire d’améliorer les performances du secteur pour garantir une meilleure qualité de service, instaurer une meilleure visibilité des touristes sur la qualité des prestations effectuées et doter du secteur des moyens suffisants pour son essor (MINISTÈRE DU TOURISME de la Côte d’Ivoire, 2014 ; p. 95). En outre, l’adoption du code du tourisme en 2014 vise à assainir le secteur touristique par le renforcement de la réglementation. Toutes ces actions cohérentes visent à accroître significativement le nombre de touristes internationaux et inciter les ivoiriens à découvrir leur pays et ses différents potentiels. À cet effet, avec 555 Km de côte qui présentent des plages paradisiaques, le littoral de la Côte d’Ivoire dispose des stations balnéaires parmi lesquelles figurent la célèbre baie des sirènes à Grand-Béréby, la plage de Monogaga à San Pedro, la plage d’Assouindé à Assinie, etc. Le pays compte également des réserves naturelles et des parcs nationaux. Au Nord-Est du pays, se trouve le parc national de la Comoé créé en 1968. Ce parc est le plus vaste parc de l’Afrique de l’Ouest avec une superficie de 1. 149. 450 hectares. À l’Ouest de la Côte d’Ivoire précisément à Danané se trouve la réserve naturelle intégrale du Mont Nimba créée en 1944 couvrant 5.000 hectares. L’artisanat exprime non seulement la richesse culturelle du pays mais souligne surtout, à grands traits, l’esprit créatif transmis de génération en génération. Au Nord de la Côte d’Ivoire, les forgerons de Koni émerveillent par leur dextérité à travailler le fer. Les peintures sur les toiles de Fakaha, les tisserands, les sculpteurs des cosmogonies des différentes régions de la Côte d’Ivoire, invitent les touristes à raffoler la beauté de l’artisanat d’art ivoirien (SAGNON I. et al., 2018 ; p. 207). Dans la région de la Bagoué et tout particulièrement le département de Boundiali, le constat demeure le même. Ce département

79 dispose d’importantes potentialités qui sont essentiellement situées en milieu rural. Mais face à la méconnaissance du potentiel touristique, l’espace rural demeure pauvre, enclavé et ignoré. Au regard du problème de la méconnaissance du potentiel touristique dans la région de la Bagoué, en occurrence du département de Boundiali, une question se pose à savoir : comment le potentiel touristique peut-il à valoriser l’espace rural du département de Boundiali ? De cette interrogation centrale découle les questions secondaires suivantes : Quel est le potentiel touristique à prendre en compte pour la valorisation de l’espace rural du département de Boundiali ? Quelle est l’ampleur réelle des enjeux du potentiel touristique rural dans le département de Boundiali ? Quelles sont les stratégies proposées aux acteurs du tourisme pour réussir la valorisation de l’espace rural du département de Boundiali ?

1. Outils et méthodes

La méthodologie utilisée dans ce travail associe la présentation et la situation géographique, la méthode de collecte des informations et la technique d’échantillonnage, le traitement des données.

1.1. Présentation et situation géographique de la zone d’étude

Pour atteindre les objectifs mentionnés ci-dessus, nous avons choisi comme cadre spatial le département de Boundiali dont les coordonnées géographiques sont 9°32’ de Latitude Nord et 6°29’ de Longitude Ouest (Figure 1).

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Source : BNETD et BAMBA Lazéni, 2015 La zone d’étude est le département de Boundiali et la cible visée est le milieu rural. Précisément, ce département se situe dans le nord de la Côte d’Ivoire et a été créé par le décret n°69-241 du 09 juin 1969. C’est l’un des trois départements que compte la région de la Bagoué, dans le district des savanes. Il est distant d’environ 731 Km d’Abidjan, la capitale économique et la plus grande ville de la Côte d’Ivoire, et de 450 Km de Yamoussoukro, la capitale politique. La ville de Boundiali est le chef-lieu de ce département aujourd’hui réduit de sa surface et de sa population avec le retrait de en mars 2008, selon le décret 2001- 477 du 9 août 2001. Le département de Boundiali se limite désormais au fleuve Bagoué dans

81 sa partie septentrionale et ne couvre plus que cinq sous-préfectures : Boundiali lui-même, Kasséré, Siempurgo, Baya et . Ses départements voisins sont Kouto au nord, Dianra au sud, à l’Est et à l’Ouest. Sa ruralité est encore très impressionnante avec plus de soixante-dix et campements.

1.2. Méthode de collecte des informations

La récolte des informations a été possible grâce à la recherche documentaire qui a servi à l’exploitation des sources documentaires ayant attrait à la thématique abordée et au terrain de notre étude. La recherche documentaire est constituée d’ouvrages retraçant la valorisation du tourisme dans l’espace rural, sa contribution dans la lutte contre la pauvreté et le développement rural. La consultation de ces ouvrages a été possible par le biais de l’internet, des bibliothèques et des centres de documentation. Les ouvrages consultés concernent les thèses, les mémoires et les articles scientifiques en la matière. L’inventaire de cette littérature nous a permis de recueillir des données secondaires. Les informations tirées de cette recherche documentaire ont été complétées avec celles issues des investigations de terrains. L’observation de terrain a permis de corroborer les informations issues de la recherche documentaire axée sur plusieurs aspects des caractéristiques générales du tourisme, des enjeux de valorisation et des stratégies du tourisme pour la valorisation des ressources territoriales dans le milieu rural du département de Boundiali. Fort de ces acquis et afin de connaître tous les contours de la valorisation du potentiel touristique, une étude exploratoire sous forme de questionnaire et d’entretien a été effectuée dans le but de recueillir les informations primaires autours des thèmes fondamentaux de notre étude. Pour être beaucoup plus efficace, nous avons scindé la zone d’étude en deux entités, notamment Boundiali et Kasséré. Au sein de chaque entité, nous avons ciblé des localités en fonction des spécificités de l’offre touristique, de son niveau d’attractivité et des difficultés liées à sa mise en valeur. Ainsi, vingt-deux (22) localités dont deux (02) campements Peuhls excentrés de Boundiali et de Nondara ont été véritablement couvertes par l’enquête. Cette opération s’est faite sur la base des préoccupations des personnes enquêtées d’une part et d’autre part sur le niveau d’instruction et la foi de la véracité des informations. Les entretiens ont été menées auprès des administrateurs ou des chefs de services, des promoteurs ou des gérants d’établissements de nuit, des fonctionnaires servant dans les villages et des visiteurs qui ont bien voulu se soumettre à nos différents questionnaires. Pour ce qui concerne les touristes, nous précisons

82 qu’il a été rare de les trouver dans la région. Le but de cette étude a été aussi de comprendre cette rareté. Alors, nous avons changé avec certains visiteurs rencontrés de nuit à l’Imans Hôtel et Or Blanc. Ces entretiens nous ont édifiés sur les différentes prises de décisions. Dès lors, nous avons focalisé notre étude sur la commune de Boundiali pour deux (02) raisons fondamentales : d’une part, elle regroupe une offre touristique importante, et d’autre part, elle est la vitrine et le reflet dudit département. L’échantillonnage s’est appuyé sur la technique du choix raisonné consistant à sélectionner des individus qui sont les caractéristiques de la population dans son ensemble (Tableau 1). Tableau 1 : les localités couvertes par l’enquête dans le département de Boundiali

Nombre Localités Potentialités touristiques Périodes d'enquêtés Boundiali Chef-lieu du département, image de 21 Tout le temps la destination rurale touristique de N'Dara village-étape pour les touristes 3 nos recherches Fodio Village alimenté en eau courante 2 Gbémou le barrage de Gnandon 3 Pindiou le nouveau village 2 Tombougou/ Le village mythique, le lac Warapa 2 Samorosso aux hippopotames Niagnon Les fermes d’élevage 2 Nondara les collines et les forêts sacrées 4 Ponondougou la Mine d'or artisanale et de forêts 2 sacrées Kébi village-carrefour, chef-lieu du canton 3 Zona Campements Peuples isolés ou excentrés ; mode 4 Peuhls de vie exceptionnel Ganaoni Chef-lieu de sous-préfecture et du 3 canton Gbato. Domaine de la forêt classée de PALE Sissèdougou La danse des femmes Malinké, le 2

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bois sacré ou "sézangue" Kounoumon Présence de féticheurs et guérisseurs 2 Tout le temps réputés de Présence de féticheurs et guérisseurs 2 nos recherches Mirimiri réputés Katiali Danses et rites traditionnels 2 Kasséré Chef-lieu de sous-préfecture, miroir 4 Tout le temps du canton Pongala de Koffré Lac aux silures sacrés, forêts sacrées 2 nos recherches Blagounon la Mine d’or artisanale et la forêt 2 sacrée Sieminzélé Landiougou forêts sacrées, montagne et ancien 2 village Source : BAMBA Lazéni, 2015

Il faut admettre que la validité du choix dépend de l’habilité de chercheur qui le fait. Notre appréhension des activités touristiques dans la région des savanes a guidé le choix des sites d’enquête et la fixation des quotas selon l’importance du site. Ainsi, nos enquêtes ont porté sur les populations quelques vacanciers que nous avons trouvés dans les établissements de la place et également les populations locales (opérateurs touristiques et les autorités administratives des localités cibles) qui souhaitent valoriser leur territoire. L’utilisation des différentes techniques a pour objectif de recueillir des informations sur : les éléments du tourisme rural, les enjeux de la valorisation du tourisme dans le milieu rural du département de Boundiali et les stratégies appropriées pour réussir la valorisation du tourisme dans le milieu rural dudit département.

2- Résultats et analyses

Nos résultats se structurent autour du thème suivant : le potentiel touristique dans l’espace rural du département de Boundiali; les enjeux du potentiel touristique dans l’espace du département de Boundiali et les stratégies de réussite de la valorisation touristique dans l’espace rural du département de Boundiali.

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2.1. Le potentiel touristique dans l’espace rural du département de Boundiali

Le potentiel touristique dans l’espace rural du département de Boundiali est abondant et varié. L’on identifie d’une part les offres composées de l’offre originelle et d’autre part de l’offre dérivée.

2.1.1. L’offre originelle de l’espace rural du département de Boundiali L’offre originelle se repose essentiellement sur le patrimoine naturel, c’est-à-dire le relief, le réseau hydrographique, la végétation, la faune, et sur le patrimoine culturel tel que l’artisanat, le folklore et les rites traditionnels. Au niveau du relief, le département de Boundiali se situe sur un plateau parsemé de plaines et de montagnes d’origine volcanique. Leur altitude est de 421 mètres. Ainsi, le relief du département de Boundiali offre la présence de montagnes dans l’espace rural (Photo 1). Photo 1: Une montagne à grottes à la périphérie de la ville de Boundiali

Source : BAMBA L., 2015

On en trouve dans la périphérie de la ville de Boundiali, à Nondra et un peu partout en milieu rural. Certaines d’entre ces montagnes abritent des grottes. La présence de ces montagnes peut favoriser la mise en valeur du tourisme de randonnée pédestre voire même du tourisme de mémoire avec l’étude archéologique des grottes qui servaient jadis de refuges aux populations locales lors des différentes invasions. Par ailleurs, le département de Boundiali est bien drainé par la présence d’un riche réseau hydrographique. Ce qui constitue un véritable lieu d’attraction de l’espace rural. Hormis le fleuve « Bagoué », le département de Boundiali dispose plusieurs barrages agropastoraux. Il

85 s’agit entre autres des lacs aux silures à Koffré, des lacs Warapa aux crocodiles à Tombougou/Samorosso. Aussi, ce potentiel hydrôme est riche en ressources halieutiques telles que les poissons silures, les tilapias, les carpes, les capitaines, etc. Au-delà de ces ressources halieutiques et animales qu’offre le réseau hydrographique. Il favorise la pratique de la pêche dans les différents plans d’eau qui sont de véritables espaces propices à l’évasion à cause de la douceur du microclimat environnant. De même, l’espace rural du département de Boundiali offre la découverte de la faune, notamment les hippopotames, les babouins, les cercopithèques, les civettes, les phacochères, les potamochères, les hylochères, les perdrix, les pintades, etc. On y trouve également les panthères, les agoutis dont la viande est très prisée, les pythons, les hérons ou « pique-bœufs » les calaos. Ces derniers appelés « sédjène » en Sénoufo. Ils sont considérés comme des animaux fétiches et par conséquent sacrés. Cette faune ne peut que servir à satisfaire à la curiosité scientifique des touristes (chercheurs). Ce qui pourrait favoriser le divertissement et fait par conséquent l’objet de safari pour certains touristes. Quant à la flore, il existe des forêts classées ou sacrées qui sont des lieux propices à l’évasion. Au niveau local, elles abritent des curiosités et des essences rares ou même mystérieuses favorables à la recherche scientifique voire l’essor de l’écotourisme. Au nombre de ces essences, l’on peut citer le néré dont les grains servent à fabriquer des bouillons d’assaisonnement très original appelé « sissèré » en Sénoufo et « soumara » en Malinké. Ces bouillons sont très prisés à cause de leur vertu thérapeutique à réguler la tension artérielle. Il y a également le karité ou « l’arbre miracle » dont les noix servent à la fabrication du beurre de karité ou même l’anacarde dont la noix sert à produire l’amande. À celles-là, s’ajoutent toutes les essences citées auparavant. À part du patrimoine naturel, le département de Boundiali bénéficie d’une mosaïque de populations dont les Malinké, les Peuhls et les Sénoufo vivent en parfaite symbiose dans l’espace rural. Cette mosaïque de populations se traduit par la mise en place d’un riche patrimoine culturel dans l’espace rural du département de Boundiali. L’on trouve dans la quasi-totalité des milieux ruraux du département des artisans (sculpteurs, potières, forgerons, peintres, tisserands, cordonniers, etc.). Ceux-ci fabriquent des statues de la cosmogonie locale traduisant le caractère sacré de certaines espèces animales telles que le calao, la tortue, le caméléon, etc. Le savoir-faire du monde rural dans le département de Boundiali est en lui- même un potentiel touristique qui marque le souvenir par production d’objets d’art fascinant les touristes en visite. Ces objets d’art sont perpétués de génération en génération dont l’assise

86 culturelle à caractère séculier pour la population Sénoufo. Il s’agit entre autres des tisserands, des teinturiers, des potiers, forgerons, etc. Ainsi, les fabrications issues des activités artisanales sont d’un intérêt particulier pour les amateurs d’objets d’art. L’on recense également un foisonnement de danses traditionnelles dans l’aire ethnoculturelle Sénoufo. Ces danses traditionnelles sont faites de chants, de danses et de musiques rythmées dont l’exécution donne souvent des frissons voire des tombées en transes. L’on peut citer entre autres le N’goron, danse sacrée Sénoufo accompagnée de la musique de et du tam- tam ; le siguissoro ou balakawili et le pigué (danses des femmes Sénoufo), le didadi, le djembé, etc. À ces danses traditionnelles, l’on trouve différentes célébrations dont l’apothéose est les rites initiatiques tels que la sortie de bois sacré, la cérémonie d’accueil des initiés, les rites funéraires, les célébrations nuptiales, etc. Les rites initiatiques sont divers dans l’espace rural du département de Boundiali. Ils ont un aspect essentiel du riche patrimoine culturel du département. Le plus connu de tous est le « Poro ». L’initiation du « Poro » s’effectue dans les bois sacrés ou « sézangue » et dans tous les villages Sénoufo du département de Boundiali. Au cours de cette initiation, l’on utilise des masques heaumes zoomorphes ou « wanygo ». On a aussi des masques « kpélyé », un mot qui tire son origine de « gbélé » qui signifie surprendre. Ceux-là sont utilisés lors des funérailles. Leurs danses s’accompagnent de récits de la vie du défunt et des libations. D’ailleurs, ces rites initiatiques débouchent souvent sur des sociétés secrètes ou des confréries. On trouve une confrérie de Dozos qui est une association de chasseurs traditionnels réputés d’être des chasseurs redoutables. L’adhésion nécessite une initiation particulière. L’on les distingue par leur accoutrement arboré de nombreuses amulettes et de morceaux de miroirs. Ce qui inspire la crainte qu’on leur accorde. Dès lors, le patrimoine culturel de l’espace rural du département de Boundiali constitue l’essentiel des curiosités culturelles. Dans la suite de l’analyse de l’offre originelle, on verra l’offre dérivée dans l’espace rural du département de Boundiali.

2.1.2. L’offre dérivée de l’espace rural dans le département de Boundiali L’offre dérivée est constituée des éléments non forcement ruraux qui sont fondamentaux pour l’activité touristique dont l’essentiel est les établissements d’hébergement et de restauration. Les établissements d’hébergement contribuent à retenir les visiteurs. À Boundiali, l’hébergement est de deux (2) ordres à savoir : l’hébergement marchand et l’hébergement non-marchand (Planche 1).

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Planche 1 : Les types d’établissements d’hébergement dans le département de Boundiali

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Photo 1 : Hôtel « l’Or Blanc » Photo 2: Des Bungalows au « Dala »

Source : BAMBA L., 2015

S’agissant de l’hébergement marchand, il est essentiellement constitué d’hôtels simples et d’hôtels restaurants et de location. On le rencontre dans les villes de Boundiali et de Kasséré. La capacité d’accueil de ces hôtels les plus commodes est d’environ cent (100) chambres. Le prix des nuitées par chambre varie d’un hôtel à l’autre et les services offerts est moyen dans l’ensemble. Quant aux locations, les chambres sont fonction de la taille et de l’état du réceptif hôtelier. Concernant l’hébergement non-marchand, l’on rencontre généralement en milieu rural. Cet hébergement non-marchand est constitué de chambres d’hôtes, de résidences secondaires, de gîtes, de tentes, de caravanes, de chambres familiales, etc. Par ailleurs, du fait de l’hospitalité légendaire, les populations rurales réservent toujours au sein de leurs concessions des chambres destinées à l’accueil des hôtes. L’hébergement joue un rôle primordial en tourisme. Son amélioration conduira à la mise en valeur de l’espace rural. Outre les établissements d’hébergement, l’on rencontre également des restaurants dans le département de Boundiali.

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Plupart des restaurants sont effectifs dans les hôtels-restaurants et dans les chefs-lieux de sous-préfectures du département de Boundiali. Leur nombre est relativement important. Dans les localités rurales, la restauration se fait généralement en plein air et elle évolue au gré des saisons touristiques. Cependant, certains milieux ruraux possèdent des restaurants, des maquis, des buvettes, des bars, des kiosques à café, friterie ou snack (Tableau 2). Tableau 2: Quelques restaurants du département de Boundiali

Structures Localisation Promoteur Le restaurant de l’hôtel Dala Boundiali (Haidara) Nari Andria (gérant) Restaurant le paysan Boundiali (nouvelle gare) Kouyaté Adama Restaurant chez Adayé Boundiali TP Mme Adayé Maquis-buvette de l’hôtel la Boundiali (Tiogona) Coulibaly Zana (Gérant) Montagne Le restaurant de Maminin Kasséré-ville Mme Maminin Maquis chez Norbert Kasséré-ville M. Norbert Maquis chez Pasteur Kasséré-ville M. Pasteur Source : Enquêtes personnelles, 2013

Les prix des mets sont fonction des localités et du type de mets proposés. Dans les restaurants des hôtels comme le « Dala », les prix des mets sont de 4.000 francs CFA et plus selon le type. Ces mets disponibles sont entre autres africains ou européens (les crevettes, les crabes, les écrevisses, les fruits de mer et le « tchonron » qui est une sauce locale à base de feuilles d’haricot très prisée, etc.). Au regard de ce qui précède, l’espace rural du département de Boundiali offre un riche potentiel touristique tant originel et dérivé. Dans la suite, il s’agira de présenter les enjeux d’un potentiel touristique pour l’espace rural dans le département de Boundiali.

2.2. Les enjeux du potentiel touristique de l’espace rural dans le département de Boundiali

La relation entre le tourisme et le territoire n’est pas une simple théorie. Le tourisme peut véritablement contribuer à valoriser les ressources du territoire et relever ainsi des défis qui

89 s’imposent à lui. De toute évidence, le milieu rural du département de Boundiali fait partie des localités aux enjeux touristiques qu’il convient d’évaluer et de comprendre leur ampleur.

2.2.1. Les enjeux socio-économiques du tourisme rural dans le département de Boundiali

Le département de Boundiali est l’une des régions de la Côte d’Ivoire les plus durement touchées par le phénomène de la pauvreté. Selon le DSRP (2009 ; p. 45), quatre sur cinq étaient touchées par ce phénomène. Il apparaît donc opportun que le tourisme est une opportunité en termes de création d’emplois et de génération de revenus pour la population locale. Au niveau de l’emploi, l’activité touristique est un appoint pour les agriculteurs. Du fait de la faiblesse d’emplois, le tourisme contribue à freiner le phénomène de l’exode rural en procurant des emplois directs ou indirects afin d’améliorer les conditions de vies des ruraux. Ainsi, l’enjeu du tourisme rural est de lutter contre la pauvreté et de l’exode rural dans l’espace rural du département de Boundiali. Les emplois issus des activités touristiques sont au niveau de l’hôtellerie, de la restauration, du guidage et de l’artisanat. Mais il y a au niveau des emplois induits tels que l’agriculture, l’élevage, le commerce, etc. À cela s’ajoute les emplois provenant de la gestion des sites touristiques (vendeurs de tickets d’accès, aménageurs de sites). Les employés des établissements d’hébergement du département de Boundiali sont des exemples justifiants les emplois gérés par le tourisme rural. Par ailleurs, le tourisme participe également à la conservation des emplois en déperdition dans certaines localités. Il s’agit notamment des emplois liés à la créativité. De nos jours, les artisans s’adonnent plus aux métiers liés à cette activité du fait de l’absence de canaux d’écoulement de leurs produits. Les apports de liquidités du tourisme participe à maintenir les emplois de services tels que le commerce de détail, de transport, de soins médicaux, etc. Aussi, il apporte un revenu supplémentaire aux agriculteurs et parfois aux pêcheurs. Dès lors, le tourisme a un enjeu de création d’activité lucrative et d’emplois directs ou induits.

2.2.2. Les enjeux culturels du tourisme rural dans le département de Boundiali

Les enjeux culturels et environnementaux du tourisme sont divers. Dans de nombreuses localités rurales sont aujourd’hui en proie à la disparition de leur identité culturelle. Ainsi, le tourisme est le moyen par excellence de valorisation et de pérennisation de la culture en milieu. En effet, les touristes sont attirés par les rites initiatiques et les danses traditionnelles incitent les dépositaires de ceux-ci à continuer à les pratiquer (Planche 2).

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Planche 2 : les différentes danses traditionnelles dans l’espace rural de Boundiali

Photo 1 : La danse « yagba » Photo 2: La danse « Kpohi »

Source : BAMBA L., 2015

Cette danse Malinké se fait de plus en plus rare dans la culture locale. Elle n’est pas la seule dans cette situation. C’est l’une des danses en disparition. Quant à la pérennisation de l’art et de l’artisanat rural, ils occupent une place particulière dans le patrimoine culturel des nations. De nombreux commentateurs ont observé le tourisme peut aider ces activités à la fois en reconnaissant leur importance et en achetant les produits de l’artisanat. Les arts et le tourisme peuvent se soutenir mutuellement. De nombreuses communautés se servent maintenant des festivals d’art ou d’artisanat comme mécanisme de commercialisation pour encourager des visiteurs à venir dans leur région. Aussi, les services culturels ont toujours été restreints dans les zones rurales. Les festivals et autres manifestations permettent à certaines zones rurales d’élargir leur rapport culturel. Tout cela vise l’épanouissement de la culture et des services pour également aider le monde rural à mieux se porter. Dès lors, aucun peuple ne peut se développer en vivant en autarcie. Or, le tourisme est un facteur d’intégration, de jumelage culturel et de savoir-faire. C’est l’exemple des perles en argile récemment développées par les artisans de Waraniéré ou encore des œuvres d’art d’orfèvrerie, de sculpture, de vannerie, de décoration, de peinture, de poterie et autres que l’on développe dans le département de Boundiali. Au niveau des enjeux environnementaux, le tourisme rural est le type de tourisme

91 associé à la notion de développement durable. En effet, l’environnement est l’une des données fondamentales en tourisme. Face à la disparition du couvert végétal et aux nombreuses crises de l’environnement de plus en plus intenses, le tourisme intervient comme une panacée visant à rétablir l’équilibre environnementale, gage de tout développement durable. Les enjeux environnementaux du tourisme en milieu rural sont divers. Le tourisme rural participe à valoriser la conservation de la nature au sens monétaire. En effet, les milieux naturels constitués de réserves de forêts et de parcs animaliers attirent énormément de touristes qui sont prêts à payer pour voir la nature. La plupart des réserves et des parcs nationaux qui font déjà payer l’entrée aux visiteurs ont du succès. Cet aspect peut aider à protéger les espaces naturels riches en faune et en flore contre les destructions abusives comme cela est de coutume en milieu rural. De ce qui précède, il ressort que le tourisme rural à divers enjeux notamment la conservation et la protection des patrimoines naturel et culturel dans le département de Boundiali. Dans la suite, on verra les stratégies à effectuer pour la valorisation touristique rurale à Boundiali.

2.3. Les stratégies de réussite de la valorisation touristique dans l’espace rural du département de Boundiali

Les stratégies sont l’ensemble des dispositions ou plans dont usent les acteurs pour mener à bien ou promouvoir une activité dans un espace donné. Les stratégies de la valorisation touristique sont diverses mais elles se rapportent à une même réalité. La première stratégie est d’améliorer l’offre touristique locale dans l’espace rural du département de Boundiali. Ce qui passe nécessairement à l’aménagement des sites touristiques. En effet, les sites touristiques du département de Boundiali sont ni aménagés ni entretenus. Certes, ils sont pléthoriques mais peu sont ceux qui peuvent faire l’objet de visites touristiques. D’un côté, les sites naturels n’existent que de nom. L’entretien à leur apporter pour les rendre beaucoup attrayants n’est pas au rendez-vous. C’est la cas des forêts classées ou sacrées aujourd’hui dégradées par la pression anthropique. De l’autre côté, il y a les sites culturels. La culture dans le département de Boundiali est un véritable « folklore » qu’il soit impératif d’y mettre de l’ordre pour le rendre commercialisable. Ce qui permettra la création de marchés touristiques. À travers ces marchés, la destination du département de Boundiali va se créer une identité touristique qui la différencie des autres de la Côte d’Ivoire. La diffusion des produits culturels ou d’artisanat peut susciter l’attractivité par la mise en place des

92 festivals, des musées et des foires commerciales. À cela s’ajoute l’amélioration et le suivi des moyens d’hébergement dans le département de Boundiali. L’hébergement en milieu rural doit être amélioré. Ce qui nécessitera la mise en place des conseils ou des subventions. Le contrôle de qualité peut relever du secteur public, mais certains systèmes de contrôle de qualité peuvent être confiés à des associations professionnelles au fur et à mesure du développement. Le comité local devra donc se pencher sur la question des aménagements. La deuxième stratégie est d’améliorer la communication en mettant sur pied une coordination des acteurs dans le département de Boundiali. Cette coordination des acteurs vient pallier au désengagement de l’État de Côte d’Ivoire de son intervention dans la construction des infrastructures touristiques. Ce comité aura la charge de bien gérer les infrastructures, les moyens et les services de transport publics et privés. Celui-ci aura à faire la publicité autour de l’offre touristique dans le département de Boundiali. Il est important d’employer les différents canaux de la publicité (les journaux, la télévision, les affichages, les prospectus, l’internet et les panneaux signalétiques, etc.). Au final, il faut de la formation et de la recherche dans le domaine touristique du département de Boundiali. Ainsi, la formation ou l’encadrement des acteurs est un préalable au développement touristique. Il convient d’informer et de former chaque acteur pour lui permettre de jouer véritablement le rôle qui est le sien. En somme, la mise en place de ces stratégies pourra faire sortie l’espace rural du département de Boundiali de sa léthargie par l’entremise de la valorisation de son potentiel touristique.

3- Discussion

Les recherches effectuées dans le cadre de notre travail montrent qu’il y a une bonne littérature. Les documents parcourus abordent la place de choix qu’occupe la valorisation du potentiel touristique dans l’essor des espaces en récession. Ces documents relèvent également les enjeux de la mise en tourisme dans un espace d’accueil.

3.1. Le lien entre la valorisation et le potentiel touristique dans l’espace rural

Pour établir le lien entre la valorisation et le potentiel touristique, DUJARDIN S. (2008 ; p. 27) explore l’hypothèse d’Escadafal qui stipule que le tourisme est consubstantiel au territoire et selon laquelle l'offre touristique de celui-ci se base sur une combinaison de ressources territoriales qui fondent l’image de la destination. Ces ressources territoriales permettent

93 d’élaborer le potentiel touristique dans un espace donné. Pour DEFERT P. (1972 ; p. 57), l’on entend par ressource tout élément naturel, toute activité humaine ou tout produit de l’activité humaine qui peut motiver un déplacement désintéressé. Le même auteur distingue également quatre types de ressources (potentiel) touristiques, notamment l’hydrôme (tout élément associé à l’eau), le phytôme (tout élément naturel lié à la nature), le lithôme (tout élément construit par l’homme) et l’anthropôme (à savoir l’homme objet de curiosité pour l’homme). Autrement dit, on peut différencier deux types de ressources touristiques : ressources naturelles et ressources créées par l’homme. Dès lors, les premiers résultats de cette étude a permis d’aboutir à la même classification, en termes d’offre originelle et d’offre dérivée. Plus loin, DUJARDIN S. (2013 ; p. 28) montre que le territoire développe une offre touristique centrée sur la ressource territoriale révélée sous l’impulsion du développement touristique. Cette ressource constitue le produit phare de la destination et est matérialisée par le slogan « Durbuy, la plus petite ville du monde ». Dans le même d’idée, HAUHOUOT A. A. (2008 ; p. 85), présente à ce propos, le slogan du tourisme en Côte d’Ivoire et en particulier dans le département de Boundiali, comme « le tourisme à visage humain ». Ce slogan est la manifestation du tourisme à dominance culturelle. C’est pourquoi, il ajoute plus loin que le potentiel naturel à lui seul ne suffirait pas pour la valorisation du potentiel touristique, mais qu’il faut ajouter le potentiel culturel. Par ailleurs, APHING-KOUASSI N. G. (2001 ; p.102) ajoute que tout potentiel touristique demeure toujours en état de latence sans un aménagement préalable. Dans un tel cas, il n’existe pas de sites touristiques car cet espace n’est pas fréquenté par des touristes. Cependant, le potentiel touristique qui serait une alternative de revitalisation des espaces enclavés, est souvent dû à la méconnaissance de la valeur ou aux enjeux touristiques des ressources locales. Cette méconnaissance peut être traduite par le manque de volonté de la part des populations en question. Ce qui amène de voir dans la seconde partie les enjeux de la mise en tourisme dans les espaces d’accueil.

3.2. Les enjeux de la mise en tourisme dans les espaces d’accueil

Par enjeu, il faut entendre ce que l’on peut gagner ou perdre dans une entreprise comme celle du tourisme. De nos jours, les enjeux de la mise en tourisme ne sont plus à discuter à cause de son effet d’entrainement et de sa capacité à lutter contre la pauvreté. Ainsi, l’implication des acteurs locaux est une adhésion raisonnable à l’intérêt accordé au tourisme comme une alternative de revitalisation de l’espace d’accueil. Dans leur étude, PYE et LIN (1983) ont

94 conclu que le développement touristique a renforcé l’identité nationale. Ils ont observé en outre que l’État a systématiquement misé sur le tourisme à la fois pour stimuler la croissance économique, et pour valoriser une culture, une identité singapourienne. PEYRON (1992) dans son étude en Thaïlande a aussi observé que l’activité touristique peut renforcer la culture de la communauté locale. Les Thaïs, par exemple, utilisent le tourisme comme socioculturel. À cause de leur identité distincte et forte, ils ne souffrent pas d’acculturation au contraire ils utilisent le tourisme pour renforcer certains référents culturels. Ces cas illustrent la manière dont le tourisme peut être souhaité à titre de facteur d’émancipation et de valorisation socioculturelle. Le cas de Singapour toutefois n’est pas unique puisque plusieurs autres pays ont entrepris une démarche similaire. L’exemple le plus éloquent est celui de la ville de Québec évoqué par GUAY et LEFEBVRE (1998 ; p. 91). DEHOORNE O. (1999 ; p. 74) souligne que l’intérêt accordé au tourisme est d’autant plus grand que les secteurs traditionnellement pourvoyeurs d’emplois soient en crise. Toute activité susceptible de contribuer à la recomposition de nouveaux équilibres sociaux, économiques et spatiaux doit être envisagée. C’est pourquoi, DIOMBERA M. (2013 ; p. 145) atteste que l’organisation territoriale du tourisme est une équation majeure lorsqu’on s’interroge sur les liens entre tourisme et développement. Plus loin, l’auteur affirme qu’au Sénégal, le tourisme balnéaire a été élevé au grade d’offre prioritaire. Ce pays s’est ouvert au tourisme balnéaire dans le but d’améliorer sa situation économique en diversifiant ses rentrées de devises et en créant de nombreux emplois. Ainsi, SONKO M. S. (2013 ; p. 190), soutient que le développement du tourisme dans les zones rurales serait un levier de base pour une augmentation des richesses par la rentrée de devises sur les dépenses touristiques. Par ailleurs, DEHOORNE O. et SAFFACHE P. (2008 ; p. 4) montrent que le tourisme vient rescousse des économies traditionnelles en difficultés.

Conclusion

Au terme de cette étude, il ressort que l’espace rural du département de Boundiali dispose plusieurs potentiels touristiques à valoriser pour le développement local. Il s’agit entre autres d’offres originelles et offres dérivées. Ce qui traduit la diversité du potentiel touristique dans l’espace rural du département de Boundiali. Ainsi, ce potentiel touristique a plusieurs enjeux s’il est valorisé à bon escient. Sur le plan socio-économique, il serait un appoint additionnel aux agriculteurs et aux éleveurs. De même, la valorisation du potentiel touristique permet de

95 pallier à l’exode rural de la jeunesse vers les zones urbaines. Dès lors, il est important de mettre en place des stratégies afin du tourisme rural, un levier du développement de l’espace rural au nord de la Côte d’Ivoire.

Références bibliographiques

DUJARDIN Sébastien (2008), Tourisme et la valorisation des ressources territoriales en milieu rural : Analyse de l’offre touristique de la commune de Durbuy, in Bulletin de la Société Géographique de Liège (BSGL), n°50, pp. 24- 39.

SONKON Mukthar Seedou (2013), Le tourisme rural et la réduction de la pauvreté, Thèse de Doctorat en Économies et finances, Université Toulouse le Mirail-Toulouse II, 249 p.

DEHOORNE Olivier (1999), Le tourisme rural en Aveyron : l’affirmation d’une nouvelle activité économique, l’espace local et les acteurs du tourisme, Presses Universitaires Rennes, pp. 73 – 81.

APHING-KOUASSI N’dri Germain (2001), Le tourisme dans le Sud-ouest ivoirien, Thèse de doctorat 3è cycle, Université de Cocody-Abidjan, 346 p.

BELBACHA Mohamed Lamine (2011), La capacité de charge touristique au sein de la démarche du projet urbain pour un tourisme durable : Cas de Constantine, Mémoire en sciences de la terre de Géographie, Université Mentouri de Constantine, 246 p.

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