Maires, députés, conseillers généraux : les revenus de nos élus p.14-15 Viva CitéQUARTIERS LE JOURNAL DES QUARTIERS DE Du 1er au 15 juin 2013 > n° 4 • 1,50€

Le petit monde du gratuit Manger et s’habiller sans rien dépenser, c’est le pari d’une poignée de collectifs. Des actions en plein essor, mais réservées aux initiés. 2 QUARTIERS Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Les banques se retirent de l’Elsau Après la fermeture de plusieurs agences bancaires, les habitants déplorent la disparition de la plupart des services du quartier. ercredi matin, jour de marché à l’Elsau. Dans la rue commerçante de ce petit quartier strasbourgeois, ils sont nombreux, entre deux emplettes, à tenter de pousser les Mportes de l’agence du Crédit mutuel. En vain. Le 28 avril, la banque a définitivement baissé le rideau. C’est par un simple courrier et sans aucune justification que les Elsauviens sociétaires du Crédit mutuel ont été mis au courant de la fermeture de leur banque. « J’ai reçu

une lettre d’avertissement le 24 avril. Le 28, elle était déjà fer- © Hélène Faucher/Cuej mée », se désole Jean-Pierre, un retraité de 67 ans, qui vit depuis quarante ans dans le quartier. ❚ Le guichet Au-delà, selon Jean-Emmanuel Robert, l’Elsau est un quar- Aujourd’hui, dans la rue Watteau, principale artère de automatique le tier « mal défendu sur le plan municipal. Les Elsauviens ont le plus proche est l’Elsau, il ne reste que la Banque postale, ouverte seu- à dix minutes en sentiment d’être laissés pour compte. » lement 27 heures par semaine, et plus aucun guichet Musée Cette impression va crescendo avec le départ de la plu- voiture. d’Art Moderne automatique. Il y a deux ans déjà, la Caisse d’épargne part des services du quartier. « Il y a une dizaine d’années, il avait fermé ses portes, poussant certains à chan- Laiterie y avait un pressing, un photographe, une boulange-

ger de banque. « Des personnes âgées étaient alors Montagne-Verte rie, un coiffeur … Ça a disparu aujourd’hui », atteste passées au Crédit mutuel, qui avait connu une hausse Jonathan Vix. de fréquentation », affirme Jean-Emmanuel Robert, Outre le tabac-presse et la Banque postale, il ne Rue Watteau conseiller municipal UMP qui habite à l’Elsau depuis reste que deux épiceries et un bazar dans la rue quinze ans. principale du quartier, ainsi que le supermarché

Elsau Leclerc. Il est régulièrement le sujet de rumeurs de Plus de distributeur dans le quartier fermeture, sur lesquelles la direction ne réagit pas Elsau Pour un simple retrait d’argent, les Elsauviens sont et qu’Eric Elkouby ne dément pas : « Ce n’est pas donc obligés de se rendre à la Montagne Verte, à impossible qu’il ferme un jour, on n’est sûr de rien. » dix minutes en voiture. « Pour les jeunes ça va à peu Estelle Choteau près, mais pour les personnes âgées, c’est plus com- Hélène Faucher pliqué », estime Sylvie Belaziz, 51 ans, elsauvienne depuis ses dix ans. « C’est un investisseur de plus qui s’en va, c’est dommage », déplore Eric Elkouby, conseiller général Avis de turbulences au Polygone PS et adjoint en charge de l’Elsau. Il a saisi la Chambre de La future rénovation de l’aérodrome laisse planer le doute sur l’avenir du site. Les résidents, habitués à la présence des commerce et d’industrie (CCI) de Strasbourg ainsi que la « L’Elsau est le avions, craignent surtout de voir apparaître des immeubles. Chambre des métiers d’, dans le but de trouver un parent pauvre nouvel occupant aux locaux du Crédit mutuel. e coût s’élève à 9 636 000 euros. C’est le montant débour- de la politique Une intervention de la Ville jugée insuffisante par certains sé par la Ville pour rénover l’aérodrome du Polygone. municipale », habitants, comme Jean-Pierre : « Ce n’est pas la bonne Ce site, cédé par l’Etat à la Communauté urbaine de Jean-Emmanuel L réaction pour un élu, il aurait dû aller voir le directeur de la Strasbourg en 2007, est perçu, selon Alain Jund (adjoint Verts Robert, banque et obtenir des explications. » au maire), comme « un cadeau empoisonné ». Et à juste titre. conseiller « Depuis cinquante ans, rien n’a été fait, certaines structures sont municipal UMP Un quartier laissé pour compte vétustes », déplore Alban Schwab, président de l’association Jonathan Vix, propriétaire du tabac-presse rue Watteau, du terrain d’aviation du Polygone. Entre rénover l’aérodrome s’interroge. « Peut-être que c’est un quartier qui ne rapporte ou arrêter l’activité, la Ville a choisi la première option. pas beaucoup, car il n’y a pas de gros comptes. » Difficile Les riverains « le souhaitaient, ce qui est assez rare pour des pour les habitants de comprendre les raisons du départ gens habitant des zones limitrophes de telles activités », sou- de l’agence. Mais depuis quelques années, comme les ligne Roland Ries, maire PS de Strasbourg. Rare en effet, car autres banques, le Crédit mutuel pratique une politique la proximité d’un aérodrome avec un quartier pavillonnaire de réduction des coûts. Cela pourrait expliquer la fer- apporte souvent des désagréments. Certains voisins se meture de l’agence de l’Elsau, ce que la direction n’a pas plaignent d’ailleurs de nuisances sonores. Le fait de « cer- voulu confirmer. tains pilotes égoïstes », selon Jean-Jacques Verdini, président QUARTIERS 3 Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Robertsau : des plantes sauvages au menu Dans la fôret ou même au bord des routes, le quartier regorge de nombreuses plantes comestibles. Une richesse que certains initiés tentent de faire connaître au plus grand nombre.

arilou est impatiente : « On va manger du pissen- lit ! » Ils sont 17 élèves de CP et CE1 de l’école Mélémentaire de Dingsheim à participer à l’atelier « cuisine de plantes sauvages » du Centre d’initiation à la nature et à l’environnement (Cine) de Bussierre. Installé dans une ancienne dépendance du château de Pourtalès en bordure de forêt de la Robertsau, le centre sensibilise tous les publics à l’environnement. Objectif de l’atelier du jour : muffins au lierre terrestre, cookies au miel et aux fleurs, le tout avec ce qu’ont récolté les enfants le matin dans le jardin, le parc et la forêt qui jouxtent le bâtiment. « À Strasbourg, il y a beaucoup d’espaces naturels, explique Fanny Pruvost, animatrice alimentation durable du Cine. Mais il est déconseillé de cueillir près des grandes routes, là où

les chiens et les renards passent... » Les animateurs du centre Stollesteiner/Cuej © Florence rendent aussi les visiteurs attentifs à certaines plantes qui ❚ Les plantes personnes qui ont peur de la pollution en ville. Mais moi, peuvent se révéler dangereuses : « Il faut beaucoup se docu- sauvages dans les petites ruelles, je cueille », par exemple, du mou- comestibles se menter avant d’aller chercher des plantes sauvages », recom- trouvent partout. ron : « En salade, c’est très bon. » mande Emmanuel Raymond, animateur au Cine. Ici, Daniel Peu de gens s’adonnent à la cueillette de plantes sau- Obrecht déterre vages alors que l’on sait d’où viennent les aliments. « On Un nouvel Eldorado pour les chasseurs-cueilleurs une carotte doute beaucoup plus de ce qui vient de la nature que des sauvage. Beaucoup d’amateurs de plantes sauvages sont autodi- aliments sous vide », regrette Vincent Gimmè, un autre dactes. C’est le cas de Daniel Obrecht. A 29 ans, cet ancien amateur de plantes. Il habite au Neudorf mais vient à la étudiant en biologie a appris les bases de la botanique, Robertsau pour y chercher de l’ail des ours et de l’oseille,

Etoile Bourse mais puise depuis dans des livres pour savoir ce qu’il présents en grande quantitéWinston Churchill dans la forêt. Les vastes peut consommer ou non. Il n’habite pas la Robertsau espaces verts qui jouxtent le quartier renferment ainsi

Etoile mais connaît les bons endroits : « Ici, on trouve de tout et de véritablesPolygone trésors botaniques. « Mais il ne faudrait pas en quantité : au parc de Pourtalès, sur les rives du Rhin ou que tout le mondeLandsberg se mette à cetteAristide Briand mode, prévient Fanny Schluthfeld dans la forêt de la Robertsau ». Pruvost, sinon, il n’y aurait plusJean Jaurès rien dans les bois ! » S’il aime se promener dans les espaces verts du quartier, Ophélie Gobinet Lycée Jean Monet il fait aussi quelques trouvailles en pleine rue : « Il y a des Florence Stollesteiner Krimmeri Stade de la Meinau

Gravière

P+R Rue GuynemerMusau Lycée Avis de turbulences au Polygone Cou gnal Rue des Corps de Garde La future rénovation de l’aérodrome laisse planer le doute sur l’avenir du site. Les résidents, habitués à la présence des Kibitzenau avions, craignent surtout de voir apparaître des immeubles. Aérodrome

Emile Mathis Saint-Christophe Polygone de l’Association Corps de Garde-Guynemer (ACGG). Depuis une zone de protection des captages d’eau.

douze ans, il vit rue du Corps de Garde, à deux pas du terrain. « On le garde commeHohwart il est. » Une fois, un pilote rasait les toits des maisons avec son biplan. Sauf que cette information reste peu

Neuhof J’en ai eu marre, j’ai été faire des tours en 4x4 sur le terrain pour connue du public, tout comme le fait Rodolphe Reuss

l’emmerder », raconte-t-il. Mais pour Edith, qui habite dans le que l’aérodromeIllkirch sera bientôt rénové. Neuhof Baggersee quartier depuis son enfance, « il y a pire comme nuisance ». Pour , sénatrice UMP et membre de l’opposition au conseil Des avions, pas des immeubles municipal de Strasbourg, c’est « l’illustration d’un manque de Les habitants restent persuadés que les travaux de réhabilita- concertation, une occasion manquée d’associer les gens au pro- tion de l’aérodrome ne font que retarder une nuisance plus jet ». Une impression de mise à l’écart largement répandue grande encore : voir le Neuhof grignoter du terrain jusqu’à dans le quartier : « C’est dommage de ne pas avoir été mis à la Musau. « Avec ces travaux, on gagne cinq ou dix ans avant contribution, mais on fait avec, déplore Jean-Jacques Verdini. qu’ils ne construisent des immeubles », croit savoir Anne-Marie À notre niveau, on ne représente que 400 boîtes aux lettres. Ça Verdini, l’épouse de Jean-Jacques. n’aurait pas été compliqué de nous tenir informés », ironise t-il. Une crainte infondée explique Annick Neff, adjointe de quar- Ophélie Gobinet tier du Neuhof : « Le terrain n’est pas constructible : il repose sur Elodie Toto 4 AMÉNAGEMENT Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Le fitness prend l’air A peine installés, ils ont déjà leurs fans. Gratuits et accessibles à tous, les agrès de la communauté urbaine font bouger les sportifs occasionnels ou réguliers en attendant d’autres installations.

Mais si les appareils en libre-service constituent une alternative aux salles de fitness, ils se destinent davantage à des exercices de remise en forme qu’à la musculation. « Le poids des charges n’est pas modulable, explique Paul, on ne peut pas pousser 120 ou 130 kilos comme en salle de sport. » Seuls les équipements les plus récents per- mettent une utilisation optimale. Pour une série de huit appareils dernière génération avec le revêtement, les municipalités dépensent en moyenne 30 000 euros. « Nous demandons aux entreprises de livrer des agrès robustes, pour éviter le plus possible les détério- rations », souligne Sylvain Delay, res- ponsable à la direction des sports de la ville de Strasbourg. © Julien Ricotta/Cuej Des sentiers urbains en chantier ux premiers rayons de ❚ A côté du stade mais pas avant 2015. Pour optimiser Seuls quelques actes isolés de van- soleil de la saison, les rives de l’Aar, les agrès son futur projet, la ville de Strasbourg dalisme ont été constatés sur les en libre-service de l'Aar se transforment complètent les compte s’inspirer de Schiltigheim et sites de Schiltigheim et d'Illkirch- en une véritable salle de infrastructures d'Illkirch-Graffenstaden, précurseurs Graffenstaden, sans remettre en Afitness en plein air. Enfants, sportifs sportives de dans l’installation d’agrès en libre accès cause les autres initiatives. « Cet amé- ou retraités se mélangent autour des Schiltigheim. dans la CUS. nagement est intégré dans un projet huit agrès et appareils de musculation plus large de sentiers urbains que nous en libre accès, installés par la ville de Illkirch-Graffenstaden et voulons développer à Strasbourg », Schiltigheim en septembre. « Je cours Schiltigheim pour modèles précise Françoise Bey. Les sentiers de chez moi jusqu'ici, je fais les agrès et je « Le fitness park du gymnase Lixenbuhl urbains, ou boucles d'activités spor- repars, confie entre deux tractions Paul, a été créé en mai 2010. Le choix du lieu tives, intègrent des chemins com- étudiant de 21 ans. Quand j'ai le temps, était très important, on voulait ren- muns aux promeneurs et aux joggeurs j'y vais tous les jours. » 30 000 forcer l’aspect sportif et non ludique », ainsi que des appareils de fitness. C'est euros pour détaille Martine Castellon, l’adjointe dans cette optique que le parcours Pour plus de sport en ville chargée des sports à la mairie d’Ill- des Deux-rivières, à Schiltigheim, Comme lui, des sportifs occasionnels 8 agrès kirch-Graffenstaden. Une démarche sera achevé en septembre. Ce circuit de tous âges profitent de ces équipe- incitative qui s'inscrit dans le déve- sportif et de promenade, d'un coût ments pour entretenir leur condition loppement du sport loisir. « Beaucoup de 250 000 euros, reliera les rives de physique gratuitement. « Nous voulons de gens ne veulent pas s'inscrire dans l’Aar au pont Phario. « D'autres agrès favoriser l'activité physique en plein air un club ou une association. On veut seront installés près du centre sociocul- en milieu urbain », soutient Françoise offrir la possibilité à tous les habitants turel du Marais, le long de l'eau. Mais ils Bey, adjointe à la mairie de Strasbourg de pratiquer un sport en descen- seront plus basés sur la force », renché- chargée du sport loisir. Actuellement, dant de chez eux », souligne Patrick rit Patrick Heiwy. A plus long terme, à Strasbourg même, seul le parc de Heiwy, adjoint chargé au sport à la la ville de Schiltigheim projette de la Citadelle est doté de ces équipe- mairie de Schiltigheim. Une initia- relier le pont Phario à la gravière ments. Huit appareils, du stepper aux tive qui attire de nombreux sportifs, de la Vogelau et d'installer de nou- tractions en passant par le rameur, comme Zakarea, 23 ans : « Je ne veaux appareils le long des berges. qui ont trouvé leur public. La munici- suis pas prêt à payer pour une salle de Hélène Faucher palité envisage d’en installer d’autres, sport, et puis on est bien ici, à l'air libre. » Julien Ricotta POLITIQUE 5 Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Fabienne Keller dans le viseur de la Manif pour tous Face à la sénatrice favorable au mariage gay, Frigide Barjot veut présenter un candidat Manif pour tous, encore introuvable, aux municipales de Strasbourg.

’annonce en a étonné plus d’un. Frigide Barjot, porte- parole du mouvement national Manif pour tous, Lqui se bat contre le mariage gay, a déclaré, le 23 avril sur Info, son intention d’étendre sa lutte jusqu’aux élections municipales de mars 2014. « Notre ambition c’est que nos convictions soient portées par les candidats, avait-elle lancé. ❚ Georges Et s’il n’y a personne, je vous assure qu’il Villiers mène les y aura suffisamment de Manif pour manifestations tous pour se présenter, notamment à dans les rues de Strasbourg Strasbourg, là où ce sont des voix UMP mais ne sera pas

qui ont fait passer la loi au Sénat. » candidat. © Elodie Toto/Cuej Une attaque qui vise Fabienne Keller, candidate pressentie pour l’UMP à mouvement anti-mariage gay. Arnaud Markert, secrétaire de Strasbourg. La sénatrice du Bas-Rhin Georges Villiers, président de Manif Manif pour tous Bas-Rhin et ancien est la seule parlementaire UMP du dé- pour tous Bas-Rhin, se montre délégué départemental du partement à avoir voté en faveur de la réservé face à l’éventualité de Parti chrétien-démocrate (PCD), loi sur le mariage pour tous, le 12 avril, présenter un candidat à la mu- mouvement de Christine Boutin au Palais du Luxembourg. nicipale. Sa position est claire. pour lequel il continue de militer, « Je ne vois pas où est notre sujet dans est pratiquement sur la même ligne Rien à voir avec la municipale une politique municipale », assène que Georges Villiers. « Frigide Barjot « Je suis étonnée que Frigide Barjot Georges Villiers avant d’ajouter que a toujours eu tendance à exprimer passe d’une démarche portant sur un « le mot d’ordre à Manif pour tous son opinion trop vite et avant d’avoir problème de société à une démarche Bas-Rhin, c’est que nous ne sommes consulté son entourage », affirme-t-il politique dans des élections locales », pas un parti et que nous n’avons pas en souriant. Pour lui, la désignation confie Fabienne Keller. La sénatrice à donner de consigne de vote. » d’un candidat Manif pour tous à pointe du doigt le décalage entre la Fabienne Strasbourg est « peu probable » mais lutte contre le mariage pour tous et Keller (UMP) « Ce n'est que de la provoc » « le cas échéant, on le soutiendrait ». les dossiers gérés par une municipa- et Roland Ries Il trouve d’ailleurs que l’éventualité Pourtant, il ne voit pas comment les lité. « Ces thématiques n’ont rien à voir (PS) ont voté d’une telle candidature à Strasbourg opposants au mariage pour tous avec le mariage pour tous, ni par leur est irréaliste, ne voyant pas qui pourraient voter pour Roland Ries, nature, ni par le territoire concerné. » OUI accepterait d’endosser ce rôle. maire PS de Strasbourg, ou Fabienne Quant à craindre une candidature au mariage pour « Ce n’est que de la provoc ! » estime-t-il, Keller, ou même pour l’ancien mi- Manif pour tous qui disperserait les tous en précisant qu’il ne sera pas le can- nistre François Loos (UDI) qui est voix de la droite, Fabienne Keller didat Manif pour tous à Strasbourg, resté silencieux sur la question. ignore tout de « la forme et de la parce qu’il n’a « aucune envie de se Frigide Barjot aura donc réussi à démarche » de cet engagement. compromettre dans la vie politique. » unir contre son annonce Fabienne Frigide Barjot, que nous n’avons pas Toutefois, si Fabienne Keller est can- Keller et le bureau bas-rhinois de pu contacter, n’a, en effet, pas préci- didate, il ne votera pas pour la séna- Manif pour tous. Un paradoxe pas sé si cet éventuel candidat serait un trice, coupable selon lui d’avoir sou- si étonnant que cela car la Manif Strasbourgeois ou une personnalité tenu la loi sur le mariage gay. « Les pour tous est traversée par plusieurs parachutée. électeurs se souviendront aussi de la tendances. Cette annonce n’est pas non décision de madame Keller au mo- Nicolas Mézil plus du goût du bureau local du ment de voter », lance-t-il. Elodie Toto 6 SOCIÉTÉ Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Les bains-douches : remparts contre la galère © Aurélien Lachaud et Jérémy Sahakian/Cuej Lachaud et Jérémy © Aurélien

Les Bains municipaux de ❚ Les Bains les appartements. Les bains-douches étaient un municipaux lieu d’hygiène indispensable, où l’on se rendait en Strasbourg proposent un accès de Strasbourg : une architecture famille. Avec la crise, les bains municipaux retrouvent gratuit aux douches pour les SDF. intacte depuis leur vocation sociale. Dans la plupart des villes Ils sont 5 000 à s’y rendre chaque 1908. françaises, comme à Paris, Lyon, Nantes ou Lille, les bains-douches municipaux font le plein. A Strasbourg, année. Une fréquentation qui ne difficile de vérifier la tendance. « Avec les fermetures faiblit pas. temporaires pour vidange certaines années, ou encore le plan piscine 2010-2020 qui a pu avoir une incidence chez oseph Bodein, mal-logé de 57 ans, n’hésite pas nous, il est possible qu’il y ait eu un report de clients », à dégainer sa carte Saphir* pour se présenter. précise Chantal Seguin, la directrice des bains. « Cela fait très longtemps que je viens aux bains municipaux pour utiliser les douches. Je pré- Une douche à 1,50 euro fèreJ payer 1,50 euro plutôt que faire tourner le gaz chez Les bains-douches de Strasbourg sont structurés moi, ça coûte moins cher. » Si les Bains municipaux de en deux parties. Une première aile payante, au rez- Strasbourg sont surtout connus pour ses piscines et ses de-chaussée, est ouverte à tout le monde. Ici, la saunas, le bâtiment a conservé son service de bains- fréquentation est dégressive. 4 200 visites en 2008 douches. Assis à une table sous l’imposante coupole et seulement 2 700 en 2012. Ce sont des habitués, faisant office de hall d’entrée, Joseph Bodein, le sourire des Roms, des gens de passage, quelques étudiants, édenté, profite du cadre monumental des lieux pour se des personnes qui ont des traitements de peau à reposer un instant. Avec un léger bégaiement et une effectuer et qui ont besoin d’une baignoire, des certaine difficulté à s’exprimer, il prend plaisir à racon- ouvriers de chantiers ou encore des personnes qui ter qu’il vient ici deux fois par semaine, le mardi et le ont des problèmes de sanitaires chez eux. Pour vendredi : « C’est propre et il y a toujours beaucoup de 1,50 euro, chacun peut ainsi profiter d’une douche monde. » spacieuse qui s’apparente à un voyage dans le temps. Inauguré en 1908, l’édifice d’architecture allemande Survivance d’une autre époque, le loquet qui informe date du temps où les sanitaires étaient rares dans si la pièce est libre ou non l’indique encore en SOCIÉTÉ 7 Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Les bains-douches : remparts contre la galère « Je ne savais pas

allemand : « Offen/Zu ». Chaque salle dispose d’un miroir qu’elle était homo » intégré dans une boiserie blanche, à proximité d’un banc. La lourde robinetterie qui compose la douche Le tribunal correctionnel a jugé deux affaires promet un large débit pour une durée d’une vingtaine de violence, le 3 mai. La défense a demandé de minutes. la relaxe « au bénéfice du doute ».

Une cohabitation parfois difficile Sandrine D., 40 ans, comparaît pour la première L’autre partie est en tout point identique. Située fois devant un tribunal correctionnel. Elle est dans l’aile supérieure, celle-ci est réservée aux sans accusée d’« agression en raison de l’orientation domicile fixe (SDF). « C’est propre et les gens sont sexuelle », fait considéré comme aggravant. accueillants. Je viens depuis un an, avant j’allais à la 1908 La plaignante, Jessica B., lui reproche d’avoir Meinau mais ils ont fermé », raconte Milisevic avec un L’année de malmené sa compagne dans les toilettes du fort accent de l’Est. Pas de « porte dérobée » pour y l’inauguration Memory’s, un établissement de Haguenau. Les parvenir, l’accès est le même que pour les piscines du bâtiment des cheveux teints en blond, menue et sportive, ou saunas. bains publics la femme de ménage, à la barre des accusés, Une mixité sociale qui ne fonctionne pas de Strasbourg. semble confiante. « Elle m’a claqué la porte toujours : « Nous avons eu un problème de cohabitation. des toilettes au nez. Je me suis énervée. J’ai bien Les scolaires ont été importunés, parfois à la limite du donné un coup de poing, mais je ne savais pas racket. Il y a eu des plaintes, les horaires d’ouverture que cette fille était homo. » La jeune fille est ont donc été modifiés, de manière à ce que scolaires et tombée à terre. Une bagarre généralisée a sans-abris soient sur des créneaux différents », explique ensuite éclaté entre le couple et Sandrine D., Chantal Seguin. accompagnée de sa fille et d’une amie. « Autrefois, les étages inférieurs étaient destinés aux plus La plaignante est affirmative, elle dit avoir entendu pauvres. Paradoxalement, l’aile supérieure, auparavant le groupe parler négativement de « gouines ». Le dévolue aux riches, est aujourd’hui réservée aux SDF », procureur demande 350 euros d’amende tandis glisse un employé des bains. L’accès aux douches est que la défense plaide un acte de violence sans gratuit pour les sans-abris. Et ce depuis 1993 : « Cela 5 500 caractère homophobe, une « simple prise de bec devait être temporaire. A l’époque, les SDF se douchaient Le nombre de entre deux femmes alcoolisées ». « Cette affaire n’au- à l’hôpital, mais des travaux y ont été entrepris, nous douches prises rait jamais dû se retrouver en correctionnelle ! » Sans avons alors récupéré la charge de ce service, puis par des SDF preuve flagrante sur la caractérisation homophobe finalement c’est resté », commente Chantal Seguin. en 2012. de l’altercation, le juge tranche en faveur d’une Un service public qui lui ne désemplit pas, avec une relaxe complète des faits. moyenne de 5 000 visites par an depuis 2008. Le tribunal a été moins clément envers deux Mais les modalités comportent malgré tout quelques hommes d’une vingtaine d’années, jugés eux aussi contraintes. Pour pouvoir bénéficier de la gratuité, il pour des actes de violence, au matin du 1er mai. faut obligatoirement être suivi par une association Avec plusieurs condamnations à leur actif, le plus caritative. Or, explique le collectif SDF d’Alsace, jeune est en liberté conditionnelle tandis que le « l’attente est de plus en plus longue, jusqu’à quinze second termine ses heures d’intérêt général. Pour jours. Il faut faire la demande, ensuite on vous propose « draguer des filles », ils auraient insulté, puis agressé de repasser plus tard pour récupérer vos tickets, ce qui un autre groupe de jeunes. Après avoir déclaré ne peut prendre encore quelques jours. Nous ne critiquons « se souvenir de rien » lors de leurs dépositions, Walid pas ce service, mais son accès . » 1,50 H., 21 ans, et Karim A., 22 ans, se ravisent, tout en Un documentaire sur les bains municipaux de Strasbourg euro. minimisant les faits. Devant l’accumulation des est actuellement en tournage. Balneum-mémoires de bains, Le prix d’une preuves recueillies par les enquêteurs, Walid H. réalisé par Sophie Desgeorge, retrace des histoires de douche avoue finalement à l’audience l’utilisation d’une personnes ayant un lien avec l’édifice. La diffusion sur France aujourd’hui, bombe lacrymogène interdite en France. Leurs 3 est prévue pour l’automne 2013. « Je vais tourner dans le contre avocats plaident « contre tout manichéisme », poin- film », s’enthousiasme alors Joseph Bodein, pointant du doigt 2,40 euros tant du doigt l’absence des plaignants. « Ceux qui le couloir de douches où il devra se mettre en scène. en 2012. se disent victimes devaient également être alcoolisés, Aurélien Lachaud pourquoi ne seraient-ils pas autant responsables ? » Le Jérémy Sahakian défenseur de Karim A. a même demandé « la relaxe au bénéfice du doute ». En vain. Ils écopent de deux * Carte permettant l’accès à plusieurs services de la CUS à à cinq mois d’emprisonnement. des tarifs avantageux sous conditions de ressources, d’âge Clémence Lesacq et d’invalidité. 8 FOCUS Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013

Dans le secret des hommes volants

ls bondissent dans les airs. Arrivent en deux mouvements à leur responsabilité, qu’une volonté de nous chasser des lieux », relate escalader de hauts murs. S’envolent au-dessus des bancs, bacs Jérémie Rumpler. Ià fleurs ou autres escaliers rencontrés sur leur chemin. Sous les Dans ce sport non reconnu par le ministère - « mais c’est en cours » yeux éberlués des passants. « Ça intrigue toujours un peu », sou- - pas de compétition. « On le dit un peu en rigolant : la seule compé- rit Jérémie Rumpler, 24 ans, président de l’association dédiée au tition est celle qui existe contre nous-mêmes. Il faut juste être meilleur Parkour strasbourgeois, PK Stras. que la veille », observe le président. Le Parkour ? « C’est un peu le parcours du combattant adapté au Obstacle que les pratiquants du Parkour n’arrivent pas, pour l’ins- milieu rural ou urbain », explique-t-il. Au programme des deux tant, à surmonter : le regard méfiant de certains. « Pour beaucoup heures d’entraînement de ce mardi soir pour les huit pratiquants de monde, on est resté les Yamakasi (pionniers du mouvement “art âgés de 14 à 42 ans : pompes, planches (action de se hisser avec du déplacement”, popularisés par le film d’Ariel Zeitoun, ndlr) la seule force des bras), roulades ou encore sauts sur le mobilier qui rentrent chez les gens pour piquer de l’argent, déplore Jérémie urbain présent devant le musée d’art moderne et contemporain Rumpler. C’est triste de nous limiter à ça. Surtout que nous voulons de Strasbourg. Et ce, malgré le panneau d’interdiction. « À la Ville, faire de ce sport quelque chose d’accessible à tous. » on nous a dit que ce panneau était plus un moyen de se décharger de Texte et photos : Yunxi Chen, Florence Stollesteiner FOCUS 9 Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 10 DOSSIER Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Le gratuit, pas donné à tout le monde Nourriture et vêtements pour tous : les initiatives des collectifs citoyens se multiplient, mais ne touchent qu’un cercle restreint d’habitués. © Marion Bastit / Cuej

ratiferia, Incroyables ❚ A la Gratiferia, aux curieux de tous âges ce concept résume en trois mots : « On plante, on Comestibles, Disco soupe, on s’emploie à venu d’Argentine. Pour ces forains du arrose, on partage, c’est le slogan natio- combattre les ces initiatives citoyennes préjugés sur la gratuit, l’idée est de « montrer que tout nal », explique ce jeune papa en for- germent à Strasbourg gratuité. n’a pas un prix », résume Olga Turcan, mation d’éco-conseiller. Gdepuis quelques semaines. Leur une jeune doctorante moldave. De nouveaux bacs ont ainsi été ins- point commun : la gratuité. « Chacun Organisée via Facebook, la Gratiferia a tallés rue du Faubourg National, ramène ce qu’il veut et peut repartir avec attiré une cinquantaine de personnes, dimanche 5 mai. Des bacs, ou plutôt ce dont il a envie », explique Araceli reparties avec des vêtements, des des jardinières bricolées à partir de Valdez, mère de famille de 39 ans, à livres, des DVD ou encore des jouets. palettes récupérées, de terreau donné l’initiative de la première Gratiferia En vue de renouveler l’expérience, et de plantes offertes. « L’autogestion « Montrer que strasbourgeoise. Un projet qui résulte les personnes intéressées ont créé alimentaire pour tous ! » scande Manu tout n’a pas un d’une déception face aux brocantes un groupe sur Facebook. « Internet a Requena, un sympathisant des prix » traditionnelles : « Les gens négocient vraiment facilité les choses », raconte Indignés, déjà présent la veille à la pour 50 cent », constate amèrement Araceli Valdez. Eviter les frais d’im- Gratiferia. Mais les habitants du quar- cette Mexicaine, au chômage depuis pression, mettre en relation facile- tier sont rares. « Ça ne sert à rien de venir trois ans. ment, mobiliser rapidement sont les faire quelque chose dans un quartier si Samedi 4 mai, place Broglie, pas avantages du gratuit 2.0, au risque ce n’est pas en lien avec les habitants », question de marchander. Le modeste d’exclure les citoyens non inscrits sur regrette Lou Klein, animatrice « jardin stand du marché gratuit n’appartient « On plante, on les réseaux sociaux. et environnement » au centre culturel à personne. « Je déménage bientôt, je arrose, on par- de Koenigshoffen. Il n’est en effet pas voulais me débarrasser de trucs qui ne tage, c’est le slo- Une économie symbolique facile pour un non-initié de recon- me servent plus », raconte Perrine, une gan national » De plus, « ce n’est pas parce qu’il y a 350 naître la consoude ou l’égopode, bouilloire dans les bras. « Pour moi, « j’aime » sur Facebook que les gens sont des plantes sauvages comestibles c’est surtout une action pour dévelop- motivés », nuance Gabriel Quentin, le qui poussent dans ces bacs. « Ça per le partage entre les gens et les sen- référent des Incroyables Comestibles ne convainc que les convaincus », re- sibiliser au recyclage », poursuit Araceli à Strasbourg. Une autre initiative proche Christophe Koppel, paysagiste Valdez, tentant de faire comprendre citoyenne, née en Angleterre, qui se et habitant du quartier. « La consoude, DOSSIER 11 Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Le gratuit, pas donné à tout le monde ce n’est qu’une mauvaise herbe ici. Les liés mais pas nécessairement alignés, gens s’en foutent ! » les acteurs du gratuit n’en ont pas la Avec seulement quatre bacs offi- même vision. Pour certains, il faut en ciellement implantés, l’initiative finir avec la méfiance envers la gra- demeure anecdotique. « Je pense qu’il tuité, qui domine au sein du grand faut que les gens se l’approprient pour public. « Ils pensent que si c’est gratuit, que ça marche, estime Emmanuel c’est qu’il y a une arnaque, un piège », Kreyer, coordinateur du mouvement remarque Marie, une mère de famille Zeitgeist* à Strasbourg. C’est surtout la venue participer à la Gratiferia. recréation d’une petite communauté ». Ce qui n’a pas de prix n’aurait pas de valeur. Un argument que cherchent à Méfiez-vous, c’est gratuit ! combattre ces citoyens avec des ac-

En théorie, chacun peut bénéficier de tions qui veulent promouvoir un autre / Cuej © Marion Paquet ces actions et s’y investir. Dans les faits, mode de consommation, fondé sur ce sont les mêmes personnes qui ani- la récupération, le don et l’échange. ❚ Le Molodoï à Strasbourg. « Avec 100 kg de légumes ment le réseau de gratuité strasbour- Les organisateurs de la Disco soupe à accueille récupérés, on pourra faire une soupe régulièrement geois (voir infographie p. 13). « Je vais Strasbourg, par exemple, récupèrent des repas à prix pour 500 personnes ! » s’enthousiasme- souvent aux repas gratuits ou à prix gratuitement des denrées alimen- libres. t-il sur fond de musique acoustique. libre, au Molodoï, à la maison Mimir et taires au Marché Gare pour offrir leurs à ceux organisés par Food not bombs repas. « On invite les gens à ramener Alternatif, pas problématique (De la nourriture pas des bombes, leurs économes pour cuisiner avec Pour d’autres collectifs, le gratuit est ndlr) », raconte Louise, qui vit du RSA, nous, en musique. On emporte une cui- une manière de rester indépendant : en mangeant une assiette de cous- sine mobile sur une place publique pour « On ne demande l’autorisation à per- cous végétarien. « Je ne touche que toucher un maximum de monde », dé- sonne. Nous ne reconnaissons pas l’Etat. 500€ par mois et, ici, je peux donner en veloppe Jérémy Joncheray, jeune de- On s’installe où on veut, quand on veut, fonction de ce que j’ai. C’est aussi intéres- signer graphique, qui a hâte de pou- pour créer un lieu de rencontre et de par- sant de soutenir une association. » Tous voir organiser une autre Disco soupe tage », lit-on dans le manifeste . « Le prix de la vie collective » Jean-Philippe Heurtin, professeur à l’Institut d’Etudes « l’esprit de capitalisme ». Ces collectifs découlent certai- Politiques de Strasbourg, spécialisé en sociologie du nement d’une perte de confiance envers le politique, où le droit, explique cette volonté de rompre avec l’esprit modèle capitaliste domine, et d’un délitement du système du capitalisme. représentatif. La troisième motivation de ces mouvements aujourd’hui, c’est la valorisation des formes d’entraide et de Les initiatives citoyennes ou collectifs qui orga- sociabilité. Le gratuit, c’est le prix de la vie collective. Dans nisent des événements gratuits ou des systèmes le système marchand, la relation s’arrête avec l’acquisition d’échanges locaux (SEL) sont-ils des modèles du bien alors que dans les régimes de gratuité, ce que l’on économiques nouveaux ? retire de l’échange, ce n’est pas seulement un bien mais Jean-Philippe Heurtin : Absolument pas. Bien au contraire, une relation qui dure au-delà de l’échange. C’est la relation ces initiatives citoyennes qui reposent sur le don et la gra- qui importe. tuité sont anthropologiques, c’est-à-dire en lien direct avec le fait que nous ne vivons pas seuls. Les relations avec les Comment expliquer la multiplicité de ces collec- autres passent par l’entraide et le don. La marchandisa- tifs restreints ? tion est intervenue plus tardivement dans les sociétés J-P. H : Il est plus facile techniquement d’être solidaire modernes. La gratuité et le don sont en effet primaires, avec des personnes proches de soi que lointaines. liés à une certaine nature humaine. L’extension de ces modèles à l’ensemble de la société serait complexe. D’autre part, l’économie du don fonc- Qu’est-ce qui motive ces initiatives collectives ? tionne sur la confiance, qui n’est possible qu’avec des J-P. H : Des questions pratiques avant tout. Les personnes rapports personnels. D’ailleurs, ces collectifs n’ont pas for- qui participent aux SEL, par exemple, n’ont souvent pas cément la volonté de s’étendre. Les individus se sentent les moyens de se payer les services qu’ils y trouvent. bien avec ce type de relation, plus authentique et basée Deuxièmement, il y a une réelle volonté de rompre avec sur la confiance. 12 DOSSIER Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013

...... strasbourgeois des Food not de ne pas arriver à créer plus de lien pense qu’il faut que la Ville accompagne bombs (FNB), un mouvement né social. Deux peintres en bâtiments, et régule ce type d’initiatives. Si ce n’est aux Etats-Unis dans les années 1980. un homme en fauteuil roulant ou des qu’occasionnel et que ça ne concur- Rue du Faubourg National, les béné- personnes du quartier qui préfèrent rence pas directement les commerçants voles laissent à disposition de grands rester anonymes, viennent manger locaux, ce n’est pas dérangeant. » récipients de nourriture végétalienne. rapidement un bol de légumes et Une dizaine d’habitués se retrouvent, repartent. Tout comme la Gratiferia *Zeitgeist (l’esprit du temps,ndlr): or- partageant des bières pour accom- ou les Incroyables Comestibles, les ganisation pour un nouveau modèle pagner leur repas de nourriture récu- FNB n’ont pas eu l’autorisation de la économique sans argent. pérée. Ils ne prennent pas toujours la Ville pour organiser leurs événements. Dossier réalisé par: peine d’accueillir les passants. Pour Ce qui ne dérange pas Eric Schultz, Marion Bastit briser la glace avec les habitants du conseiller municipal et communau- Yunxi Chen quartier, les FNB misent sur leurs taire Europe Ecologie Les Verts: « C’est François Delencre tracts, où ils expriment leur regret important que ça vienne des citoyens. Je Marion Paquet Le SEL, pionnier du libre-échange Dix-sept ans après les débuts du Système d’Echange Local (SEL), une cinquantaine de membres font vivre un mouvement indépendant mais toujours confidentiel.

e Système d’Echange Local logistique. Quatre-vingt membres (SEL) est la seule associa- sur plus de 200 000 Strasbourgeois, tion où l’on met sur un pied c’est peu. L’association en comptait d’égalité le bricolage et la jusqu’à 180 dans les années 2000. Lcuisine. Elle était une des pion- nières dans le domaine du gratuit Faire vivre le mouvement à Strasbourg. « Le SEL est le système Dominique Gerber a été président d’entraide qui marche le mieux », une dizaine d’années : « Il y avait lance Dominique Gerber, cofonda- une mode du SEL. Mais en réalité, on teur. Depuis sa création en 1996, ses était une petite cinquantaine dans membres ont échangé des milliers les réunions. » C’est toujours le cas d’heures de services. aujourd’hui. « Certains adhèrent Pour entrer dans l’association, venir juste par principe », commente-t- à une réunion du bureau et remplir il. Mais pour Patrice Arnal, le SEL un bulletin d’adhésion suffit pour Strasbourg n’a pas vocation à deve- accéder à la liste des offres et de- nir « un mammouth ». Il poursuit : mandes de services. « Je fais surtout « Nous sommes déjà un « gros » SEL et

dans le dépannage informatique », Cuej Delencre/ © François nous commençons à ne plus être très raconte Patrice Arnal, 68 ans, pré- local. » Dix-sept ans après sa créa- sident du SEL Strasbourg depuis meubles ». Les échanges se me- ❚ Patrice Arnal tion, le mouvement avance toujours deux ans. Ce 15 mai, il aide Pierre surent en grain de sel. Une minute (à gauche), grâce à un noyau dur de quelques président du Baeumel, retraité strasbourgeois, à vaut un grain. Mais pour Patrice SEL, résoud membres. Un petit milieu qui se résoudre des problèmes avec ses Arnal, « ça n’a pas d’importance ». les problèmes retrouve dans les autres actions ordinateurs et son téléphone. En informatiques de gratuites menées dans la ville. « On échange, celui-ci exercera ses ta- « Favoriser le lien social » Pierre Bauemel, partage un état d’esprit », explique retraité. lents de bricoleur et de menuisier Retraité de chez Alcatel, Patrice Dominique Gerber, qui revendique en cas de besoin. Arnal est entré au SEL Strasbourg il son indépendance par rapport aux Là où Troc Savoirs, autre association y a cinq ans. « On vise surtout à favo- collectivités. Patrice Arnal renchérit : d’échange de services, propose de riser le contact, à créer du lien social. « On ne perçoit aucune subvention. Le partager des connaissances, le SEL On se rend service entre voisins, on se centre socioculturel de Cronenbourg laisse la porte ouverte à toutes rencontre, ce qui n’est pas toujours nous laisse un local à disposition les demandes matérielles. Bruno évident dans les grandes villes. » pour nos permanences mensuelles, Schima, 58 ans et membre depuis Une collaboration a démarré en en contrepartie d’une aide matérielle onze ans, raconte avoir « beaucoup janvier avec l’Association des pour leur fête annuelle. L’échange de donné de coups de main pour des Habitants du Quartier Gare (AHQG), services, toujours ! » petits bricolages et transports de le SEL Strasbourg ayant fourni la François Delencre DOSSIER 13 Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 L’agenda du gratis

Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi Samedi Dimanche

7h30-10h30 9h-11h 10h30-11h30 13h-15h 10h30-12h30 10h30-12h

18h-21h 18h-21h 14h-4h 16h30-19h30 19h-20h30 18h-20h

18h-20h 20h-23h

20h30-3h

Un réseau parallèle

Codissol

Food not bombs

Marché Commerces Gare Faubourg de proximité National

Grandes surfaces Disco soupe Gratiferia Incroyables Lupovino : association lieu d’aide aux populations initiative nomades sédentarisées Codissol : collectif pour une donateur distribution solidaire relaie les initiatives de... Envie : entreprise de héberge.... recyclage d’électroménager donne à... Infographie Cuej 14 DÉCRYPTAGE Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013

Combien gagnent nos élus ? Plafond : Ils sont 90 élus à siéger à la Communauté urbaine de Strasbourg 8 272,02 € 6 élus (CUS). Les deux tiers gagnent moins de 4 000 euros. Mais pour les têtes d’affiche, les indemnités cumulées assurent un revenu confortable. Etat des lieux. 6 158,38 € 7 élus 4 élus

4 675,8 € 3 élus

1 552,74 € : indemnités brutes de l’élu 16 : nombre d’élus par tranche d’indemnités 3 440,33 € 9 élus 17,8 % : pourcentage d’élus concernés 2 699,04 € 8 élus 5 élus 2 006,70 € 1 552,74 € 27 élus 5 élus 16 élus 4,4 % 5,6 % 17,8 % 30 % 8,9 % 5,6 % 10 % 3,3 % 7,8 % 6,6 %

André Hetzel (NI) Jean-Emmanuel Robert (UMP) Mine Gunbay (PS) Vincent Debes (UMP) Andrée Buchmann (EELV) Conseiller communautaire (1 064,41 €) Conseiller communautaire (1 064,41 €) Conseillère communautaire (1 064,41 €) Conseiller communautaire (1 064,41 €) Vice-présidente de la CUS (2 585 €), conseillère et conseiller municipal de Lingolsheim et conseiller municipal de Strasbourg et conseillère municipale déléguée de et maire de Hoenheim (2 470,95 €). Soit régionale (1 900,73 €) conseillère municipale (aucune indemnité). Soit 1 064,41 €. (488,33 €). Soit 1 552,74 €. Strasbourg (942,29 €). Soit 2 006,70 €. 3 535,36 €. de Schiltigheim (74,83 €). Soit 4 560,55 €.

collectivité, laquelle est ensuite libre Indemnités : le grand écart de répartir les indemnités comme elle l’entend. 1,75 Cette décision est votée lors de la ’est une idée répandue : les importants, particulièrement entre première réunion de chaque assem- élus s’en mettraient plein les l’homme politique de métier qui million blée : conseil municipal, intercommu- Cpoches. La réalité est plus multiplie mandats et fonctions et d’euros nal, général ou régional. contrastée. D’abord, on ne parle pas le simple conseiller municipal qui C’est le budget de salaire, mais d’indemnités. Elles ne perçoit pas d’indemnités et doit Des montants plafonnés annuel de la compensent le temps et l’énergie conserver son activité principale en La loi française fixe un montant CUS consacré dévolus à un mandat. Indemniser réduisant son temps de travail. maximum aux indemnités des élus aux indemnités les élus, c’est se prémunir contre la locaux : 8 272,02 euros brut, soit une des élus. corruption. Bref, l’intégrité et l’indé- Comment les élus s’indemnisent fois et demi le montant de l’indem- pendance ont un coût qui n’est pas Selon le nombre d’élus et la popu- nité d’un sénateur ou d’un député. le même pour tous. Les écarts sont lation, l’Etat verse une dotation à la Même en cas de cumul des mandats, DÉCRYPTAGE 15 Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 Roland Plafond : Ries (PS)

8 272,02 € Ernest Laemmel/CUS 6 élus Répartition de ses indemnités :

Maire de Strasbourg 1 378,67 € Sénateur 5 514,68 €

6 158,38 € 7 élus Vice-président de la CUS 1 378,67 € Plafonné à 8 272,02 € 4 élus Jacques 4 675,8 € 3 élus Bigot (PS) Ernest Laemmel/CUS Répartition de ses indemnités : 9 élus 3 440,33 € Maire d’Illkirch Président de la Cus 3 932,52 € 5 512,13 € 2 699,04 € 8 élus 5 élus Plafonné à 8 272,02 € 2 006,70 € ombien y-a-t-il de restau- rants à Strasbourg ? Entre 1 552,74 € 27 élus 400 et 1000. Le chiffre varie Sophie 5 élus selon la source. 16 élus CJean-Jacques4,4 Gsell,% adjoint au Rohfritsch (UMP) maire de Strasbourg en charge du Ernest Laemmel/CUS tourisme, avance le chiffre de 400 Répartition de ses indemnités : 5,6 % 17,8 % 30 % 8,9 % 5,6 % 10 % établissements,3,3 % une estimation7,8 % 6,6 % Conseillère communautaire 1 064,41 € Vice-présidente du Députée conseil régional : Andrée Buchmann (EELV) Eric Elkouby (PS) Fabienne Keller (UMP) 5 514,68 € 2 661,02 € Vice-présidente de la CUS (2 585 €), conseillère Conseiller communautaire (1 064,41 €), ad- Conseillère CUS (1 064,41 €), conseillère régionale (1 900,73 €) conseillère municipale joint de Strasbourg (2375,92 €) et conseiller municipale de Strasbourg (488,33 €), de Schiltigheim (74,83 €). Soit 4 560,55 €. général (2 718,05 €). Soit 6 158,38 €. sénatrice (5 514,68 €). Soit 7 067,42 €. Plafonnée à 8 272,02 €

aucun élu ne peut gagner davantage. (CTS). Le capital de ces entreprises est Quand les mandats se cumulent, l’élu détenu en majorité par les collectivi- Catherine choisit à quelle partie de son revenu tés territoriales. il souhaite renoncer. Autrement dit, là Pour cette activité supplémentaire, Trautmann (PS)

où il veut réduire ses indemnités afin certaines de ces sociétés versent elles Ernest Laemmel/CUS de s’inscrire dans ce carcan comp- aussi des indemnités, que l’on appelle Répartition de ses indemnités : table. L’argent qui ne lui est pas versé les jetons de présence. Ces derniers Conseillère municipale de Strasbourg : 488,33 € reste dans les caisses de la collectivité. sont pris en compte dans le calcul du plafond à ne pas dépasser. Vice-présidente Les limites de la transparence Ces entreprises sont soumises au de la CUS 2 585 € Députée européenne En plus de leurs mandats, certains de droit des sociétés privées, et ne sont 7 950 € nos élus siègent dans des conseils donc pas tenues de communiquer d’administration de sociétés d’éco- sur ce sujet. Plafonnée à 8 272,02 € nomie mixte (SEM), comme la com- Raphaël Czarny pagnie des transports strasbourgeois Anthime Verdier 16 LIEU Vivacité N° 04 | du 1er au 15 juin 2013 L’artiste aux oreilles qui sifflent Philippe Lepeut est le créateur de « Synéson », une installation sonore qui prendra vie place du Marché de Neudorf en 2014. Pas encore installée, l’œuvre a déjà ses détracteurs .

Centre universitaire ystérieux, presque d'enseignement du journalisme opaque. Philippe Lepeut (CUEJ), est comme sa dernière Université de œuvre en création, une Strasbourg. Minstallation sonore destinée à la place 11 rue du Maréchal Juin du Marché de Neudorf. Synéson imite- CS 10068 ra le chant des oiseaux, le coassement 67046 Strasbourg Tél : 03 68 85 83 00 des grenouilles, le bruissement des http://cuej.unistra.fr saisons, comme un mouvement - une http://cuej.info cinétique - dans la ville. Le travail de DIRECTRICE DE l’artiste consiste à trouver, créer, assem- LA PUBLICATION : bler les sons qui résonneront sous la Nicole Gauthier future pergola. Une équipe d’artisans et de desi- ENCADREMENT : gners sera chargée de la concep- Pascal Bastien, Catherine tion des hauts-parleurs et de leur Daudenhan, installation. Un événement qui Daniel Muller, Alain Peter, marque la fin des travaux dans le Manuel Plantin, cœur du quartier. Mais les critiques Aymeric Robert sont diverses : une œuvre d’art in- Sahakian/Cuej©Jeremy RÉDACTEUR EN CHEF : compréhensible, bruyante et dont ❚ Philippe Lepeut, 56 ans, va livrer sa deuxième création à la ville de Strasbourg. Julien Ricotta le prix, 93 000 euros, serait injusti- fié. « Diffuser des chants d’oiseaux ! Il découverte du Louvre. Il cite Delacroix une première expérience de pion ICONOGRAPHIE : ne reste plus qu’à mettre en place des ou Monet. Des références classiques dans un lycée qui l’a amené à vouloir Florence Stollesteiner faux arbres et des faux habitants ! », mais des réalisations atypiques : c’est partager son savoir. Aujourd’hui, deux RÉALISATION : s’insurge sur sa page Facebook l’élu le paradoxe de ce néo-strasbourgeois. fois par semaine, il intervient à l’Esad, Marion Bastit, UMP Jean-Philippe Maurer. A 56 ans, il se décrit comme un artiste anciennement école des Arts déco Yunxi Chen, Estelle Choteau, « intermdia », qui nourrit ses œuvres de Strasbourg, dans un cours intitulé Raphaël Czarny, « Une œuvre, c’est comme un enfant » de pratiques extérieures à l’art. Il « Projet son ». « Mon enseignement François Delencre, Hélène Faucher, Né en 1957 à Nantes, Philippe Lepeut manie le son, mêle l’informatique et nourrit mon art et vice-versa. » Ophélie Gobinet, a étudié l’art à la Sorbonne. Le « ha- la vidéo à l’aquarelle et l’écriture… Un Avec Synéson, l’artiste signe donc sa Aurélien Lachaud, sard de la vie » l’a mené en 2002 à touche-à-tout qui avoue avoir parfois deuxième œuvre strasbourgeoise. Clémence Lesacq, Nicolas Mézil, Strasbourg. Deux ans plus tard, il peur de se perdre dans le dédale de Pour Gabrielle Kwiatkowski, « la plus- Marion Paquet, livre Amer 6, sa première création tous ces procédés. « Au premier abord, value de Synéson, c’est son incroyable Julien Ricotta, Jérémy Sahakian, pour la ville. Une sculpture grandeur il peut sembler distant, avec un humour force poétique ». Elle a participé au jury Florence Stollesteiner, nature installée au Jardin des Deux pince-sans-rire. Puis on découvre un qui a désigné l’œuvre. « Tous ces sons Elodie Toto, Anthime Verdier Rives. Au bord de l’eau, une rampe homme généreux, qui donne de son d’ambiance permettront d’ouvrir les pas- en bois mène à une cabane de pê- temps et s’investit dans la vie artistique sants à de nouveaux imaginaires. » PHOTO DE UNE : cheur adossée à un treillis aux allures strasbourgeoise », raconte Gabrielle Le créateur, lui, ne tient pas à justi- Marion Bastit de filet de pêche. Récemment, l’ins- Kwiatkowski, responsable du dépar- fier son œuvre. Très détaché, il dit INFOGRAPHIE : tallation a été vandalisée, ce qui ne tement des arts plastiques à la CUS. n’entendre « que les critiques construc- Marion Bastit, semble pas affecter son créateur : « Très sensible aux manifestations artis- tives. Si vous ne connaissez rien au vin, Yunxi Chen, Raphaël Czarny, « Elle ne m’appartient plus. Une œuvre tiques dans la nature », il partage sa vie que faites-vous ? Vous faites confiance Hélène Faucher, d’art dans l’espace public, c’est comme avec une paysagiste. aux étiquettes, aux sommeliers… Et Jérémy Sahakian, un enfant, il y a un moment où il faut bien pour l’art c’est pareil. Il faut com- Florence Stollesteiner, Elodie Toto, lui lâcher la main. » « Une incroyable force poétique » prendre que certaines personnes sont Anthime Verdier Créer est pour Philippe Lepeut une Philippe Lepeut est également pro- des professionnels, et choisissent pour IMPRESSION : évidence. Le premier verbe de son fesseur d’art depuis bientôt trente ans. vous. » Les yeux sont rieurs mais le ton Gyss, Obernai vocabulaire. « Je pourrais me passer de « A 18 ans, je ne voulais pas entendre reste ferme : « En créant, on s’expose à ISSN en cours. l’art. Pas de la création. » L’homme tire parler de l’enseignement. J’étais comme des refus, à des incompréhensions. Etre sa sensibilité artistique de ses visites, tous ces ados pseudo-romantiques qui artiste c’est aussi l’accepter. » enfant, au musée et de sa longue s’imaginent être des incompris. » C’est Clémence Lesacq