Histoire De Revel En Lauragais
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Il a été tiré de cet ouvrage 50 exemplaires hors commerce numérotés de 1 à 50. HISTOIRE DE REVEL Gustave DOUMERC HISTOIRE DE REVEL EN LAURAGAIS PRÉFACE On a déjà écrit quelques ouvrages sur Revel et sa région mais le plus souvent l'accent a été mis, à fort juste titre d'ailleurs, sur la beauté du site et sur les vestiges du passé qui y foisonnent. Ces ouvrages étaient écrits par des amoureux du Lauragais et l'on sentait à travers leur œuvre le désir de faire sentir au lecteur tout l'amour qu'ils ressentaient eux-mêmes, de lui donner envie de venir voir sur place pour jouir à son tour de toutes ces merveilles. Mais, parmi les ouvrages qui se veulent < historiques *, jamais personne n'avait fait une étude aussi précise et aussi poussée que Gustave Doumerc. C'est en effet la prémière fois à ma connaissance qu'un historien nous dévoile les détails de la vie dans le Lauragais en remontant jusqu'aux temps les plus reculés de la préhistoire. Bien sûr, les vestiges et les témoignages de l'époque préhistorique sont rares, c'est pourquoi le passage traitant de cette période est assez bref. Nous mesurons cependant tout l'effort de recherche que cela a demandé à l'auteur. Il est aussi fort intéressant de connaître le rôle qu'ont joué les habitants de notre contrée au moment de la croisade des Albigeois, Rapprendre l'origine de la fondation de la bastide de Revel dans la forêt de Vauré, de connaître les faits qui ont présidé à cette fondation, les points essentiels de la charte et l'organisation de la vie dans la nouvelle cité, les anciens noms de rues et de lieux. Tout cela est fort bien dit dans cet ouvrage. Chacun d'entre nous a entendu parler de la guerre de Cent Ans, des guerres de religion mais, parmi les Revélois eux-mêmes, très peu savent la part tenue par leurs ancêtres dans ces conflits. Il y est fait ici une large place. Enfin, Gustave Doumerc aborde une période beaucoup plus connue qui va de l'époque où Riquet creusa le Canal du Midi à nos jours en passant par la Révolution de 1789, par divers événements du 18* et du 199 siècles. Ainsi, les amis de Revel et de la Montagne Noire pourront suivre au fil des lignes l'évolution de la région qu'ils aiment. Ils se rendront compte que la Ville de Revel a toujours su rester à une échelle humaine, a su se moderniser en préservant les vestiges de son passé et les beautés de son site, a su garder une qualité de la vie qui fait rêver beaucoup de citadins. En 'conclusion, je suis persuadé que tous les Revélois de naissance et de cœur éprouveront peut-être de la fierté, sans doute du plaisir mais à coup sûr un grand intérêt à la lecture des pages qui vont suivre. En tant que premier magistrat de la Commune de Revel èt au nom de tous mes administrés, j'adresse un grand merci à leur auteur. JEAN RICALENS, Maire, Conseiller Général. AVANT PROPOS C'est peut-être une entreprise bien téméraire que de vouloir décrire en quelque deux cents pages, vingt siècles d'histoire, dont plus de six cents ans concernant la ville de Revel, sans trop commettre d'erreurs ou de fausses interprétations, sans oublier surtout les choses essentielles. Je me suis efforcé de respecter avec fidélité les faits et les événements rapportés en m'appuyant le plus possible sur des documents authentiques, des ouvrages de valeur consacrée et des travaux effectués avec sérieux par des chroniqueurs ayant précédemment étudié l'histoire de la ville. Je tiens à remercier ici tous ceux qui m'ont aidé dans mes recherches, et particulièrement Monsieur Odon de Saint-Blancat, historien et directeur des archives de la ville de Toulouse, Messieurs Louis Astor, Yves Blaquières, André Brisseaud, Gérard Heuillet, Gilbert Hugonnet, André Lagarrigue, Roger Sudre, et ceux des Revélois qui m'ont aimablement documenté sur certains points de détail que je désirais préciser. Qu'ils trouvent ici, avec mes remerciements, toute la gratitude que je leur dois pour l'aide qu'ils m'ont apportée. GUSTAVE DOUMERC. CHAPITRE PREMIER DE LA PRÉHISTOIRE A L'HÉRÉSIE ALBIGEOISE Différent de la plupart des lieux habités environnants dont l'existence est souvent très ancienne, Revel a été une création relativement récente. Bâti au XIVe siècle sur une plaine bordée au sud-est par la Montagne Noire et au nord-ouest par une série de coteaux jalonnés des localités de Saint- Félix, Saint-Julia, Montgey et Puylaurens, Revel se trouve dans la pointe la plus orientale du département de la Haute-Garonne, à la limite des dépar- tements du Tarn et de l'Aude. Cette position en fait une charnière entre le Lauragais dont la ville fait partie, et la région du Castrais, toute proche, qui s'étend plus à l'est. Revel n'est pas né comme beaucoup de bourgades ou villages voisins par l'apport successif d'habitants agglomérés autour d'un point de fixation, château ou monastère, mais par la volonté d'un souverain qui en décida la fondation d'après un plan préalable et dans un but déterminé. Mais antérieurement à cette création, des peuples ont habité le pays, d'autres, venus de contrées lointaines l'ont envahi, en ont chassé les occu- pants ou se sont mêlés aux autochtones. Pour écrire l'histoire de Revel, on ne peut donc pas ignorer le rôle qu'a joué cet environnement, et c'est de cette période qui commence à la préhistoire jusqu'à la fondation de la ville, qu'un bref aperçu historique paraît nécessaire, afin de suivre l'évolution du pays à travers les siècles, tout en se bornant géographiquement à la région qui s'étend tout autour de Revel, dans un rayon d'une trentaine de kilomètres. Epoque préhistorique Les traces les plus anciennes de la présence humaine remontent vrai- semblablement à la fin du paléolithique supérieur et au néolithique de la préhistoire. C'est ce qu'on appelle l'âge de la pierre taillée puis de la pierre polie, outils que la main de l'homme a déjà créés et améliorés. Cette période s'étend très approximativement depuis 50 000 à 30 000 ans avant notre ère, et se termine 25 000 à 10 000 ans avant J.-C. Le climat encore froid, a tendance au réchauffement, les pluies sont plus abondantes. Le renne qui vivait dans nos contrées remonte vers le nord et est remplacé par le cerf. L'homme est déjà plus évolué et il est physiquement semblable à l'homme contemporain. Il abandonne progressivement la vie errante où il vivait de la cueillette et de la chasse, se fixe par petits groupes familiaux dans les lieux favorables à sa subsistance et où il peut s'abriter du froid dans les grottes, ou construire des huttes de branchages. Ce qui permet de dater l'évolution de l'homme, c'est le perfectionne- ment des outils qu'il emploie : haches, silex taillés, et l'utilisation de nou- veaux outils : aiguilles d'os, hameçons pour la pêche, poteries grossières. Il apprivoise et élève des animaux et commence à cultiver des graminées pour sa nourriture. Il manifeste déjà un goût pour la parure, bijoux, colliers, bracelets, objets décorés et sculptés. Une certaine vie sociale s'est progres- sivement organisée, des travaux collectifs sont entrepris (ponts sur les riviè- res, érection de menhirs et dolmens), un sentiment religieux se manifeste, avec croyance à la survie de l'âme. Après la période de la pierre polie, com- mence vers le troisième millénaire avant notre ère, l'âge du bronze puis l'âge du fer, et l'on arrive vers l'an mille avant J.-C. à la période historique. Les vestiges laissés par cette longue période sommairement décrite, sont, comme on peut s'y attendre, rares, car peu d'objets, témoins de ces temps reculés ont pu parvenir jusqu'à nous. Néanmoins, à l'occasion de fouilles ou de découvertes fortuites, des objets datant de cette époque loin- taine ont été mis à jour. C'est ainsi qu'on a découvert aux environs de Saint-Félix et de Saint- Julia, à différentes époques, des haches, des pierres polies et des débris de poteries qui datent de l'époque paléolithique. Parmi les haches découvertes à Saint-Julia, il y en a de fabriquées avec des roches de la Montagne Noire, des Corbières ou des Pyrénées qu'on peut reconnaître au premier abord. Mais d'autres viennent de régions plus lointaines. Certaines formes rappel- lent des types communs de l'Agenais et du Périgord (l). Berniquaut, ce piton qui s'élève entre les vallées du Sor, du côté de Durfort, et de l'Orival du côté de Sorèze, fut un lieu également habité dès le premier âge du fer et peut-être même du bronze (2). C'est ainsi qu'une hache de bronze (aujourd'hui perdue) aurait été trouvée du côté de Durfort. Une autre, en jadeite, fut trouvée dans la vallée du Baylou à Saint-Chipoli (Saint- Hyppolite) au-dessus de Dourgne. Au lieu-dit Saint-James, situé dans la Montagne Noire à quelques kilomètres au sud-est de Sorèze, il a été trouvé des silex taillés qui dateraient de l'époque moustérienne (paléolithique supérieur). Sur ce site, on a éga- lement découvert les traces de fondations d'une chapelle paléo-chrétienne (1) Les objets trouvés à Saint-Julia avaient été identifiés par l'archéologue A. Cartaihlac, et certains de ces objets recueillis par M.