Éco / Dossier economique

Mitidja

Même les terres agricoles ont été squattées

Ces dix dernières années, l’urbanisme commercial, notamment du gros et semi-gros, s’est développé dans l’anarchie à une grande échelle à l’ombre des constructions illicites. Ainsi, l’on trouve une floraison de grands commerces qui préfèrent s’installer dans les quartiers périphériques souvent manquant d’aménagement et à l’accès difficile. Parfois, c’est dans des constructions érigées dans des zones agricoles squattées en plein vergers. Sont-ils tous recensés et répertoriés ? Personne ne peut l’affirmer. Mais pour le fonctionnement, ils sont d’une dynamique à toute épreuve. À l’intérieur de ces quartiers, de grands magasins exhibent leurs produits en grande quantité dans des conditions pas toujours académiques. Ils servent d’entrepôts pour des livraisons à la commande. Ici, il n’y a pas besoin de se faire connaître du grand public. Les clients sont connus grâce au tissage de réseaux commerciaux puissants. Les moyens de communication modernes fonctionnent à merveille pour se renseigner et se faire connaître. Tout se stocke et tout s’achète. Ces grossistes affairistes préfèrent ces endroits non sécurisés aux locaux commerciaux des grands centres urbains pourtant bien aménagés et espacés. La plupart des locaux commerciaux de la cité Aadl végètent depuis plusieurs années en ne trouvant pas preneurs, alors que les locaux situés dans les quartiers dits périphériques sont très demandés. La raison des grossistes a sa propre logique que les tenants de l’orthodoxie urbaniste n’ont pas. Un exemple frappant de commerce de gros et de stockage de pâtes est installé à proximité de l’autoroute est- ouest au niveau de la , sur une terre agricole visible pour les passagers. Que fait ce magasin en cet endroit ? Allez demander à ceux qui lui ont délivré le permis de construire et à ceux qui lui ont aussi donné le permis de stocker et de vendre. Comment peut-il vendre et contacter ses clients ? C’est aussi un autre secret. Mais au vu des quantités énormes stockées, il va de soi que l’endroit à l’accès apparemment difficile est très fréquentable et laisse supposer un commerce florissant. Ce cas n’est pas le seul. Il est fréquent dans toutes les approches des agglomérations et les grands axes routiers, d’Est en Ouest. L’axe autoroutier -- a été sauvé in extremis des indus occupants qui voulaient squatter les bordures en ayant accès directement. Des ceintures ont vite été construites faisant échouer les attaques des constructeurs illicites. Ce n’est malheureusement pas le cas de l’axe à double voie Bouinan--Oued Slama-Larbaâ et . Celui-ci est de construction récente pour désengorger ces agglomérations. Le même problème risque de se poser avec plus d’acuité du fait qu’il a été rapidement inondé de constructions à but commercial anarchiques sur les terres agricoles à même les abords, en ne respectant pas les normes et l’espace de sécurité. Au vu de ce qui se passe, la passivité des collectivités locales est évidente. Comme il s’agit de gros intérêts, l’on se demande s’il n’y a pas des raisons à cette défaillance de la part d’élus. De même, les directions de wilaya concernées, soit de l’agriculture, soit du commerce, soit des transports, soit de l’urbanisme, soit des travaux publics, se manifestent par l’absence de tout contrôle et donc donnent l’impression de leur acquiescement à ce désordre urbanistique. Il faudra une véritable révolution dans les mœurs pour pouvoir assainir l’urbanisme commercial qui a perdu de sa valeur en polluant l’environnement et les traditions, nous dit Brahim, un ancien habitué des halles de Belcourt. Sinon, nous serons tous victimes des méfaits des nouveaux “bazaristes” sans foi ni loi.