1914 période d'occupation allemande RUE DES OTAGES À

Réunion au pied de la Statue du Maréchal LECLERCQ - Place René GOBLET

à partir de l'enregistrement de la conférence par Cindy ( conférencière de Amiens Métropole d'art et d'histoire ) et du livre « Les Allemands à Amiens Août-Septembre 1914 » par J. Picavet- éditions La Vague Verte – dépôt légal septembre 2003

L'Histoire des otages : Cela s'est passé à l'Hôtel de Ville

Au Conseil municipal le Dr FRANCK dans les années 1930 estime que la rue Porte de Paris n'a pas lieu d'être. Les raisons de changer de nom : - il y a une rue de Paris ( qui existe toujours) - Porte de Paris n'existe plus (les limites fortifiées de la ville de 1470 ont disparues) Il ne s'est rien passé d'intéressant dans cette rue [contrairement aux rues de destinations : et Place au fil près du beffroi ( utilisation antérieure marché au fil du XII ème Siècle)] - Un fait nouveau remplace un fait ancien ainsi le 29 juillet 1931 le Conseil municipal décide que cette rue deviennne la Rue des OTAGES ( nom général : volonté d'inscrire cet événement dans l'histoire nationale mais aussi par extension de rapprocher tous les faits similaires de détention d'otages qui se sont passés en au même moment pour tous les faits similaires et ce nom devient universel).

Avant l'arrivée des troupes allemandes si les amiénois ont peur ils sont aussi extrêmement rassurés par présence du Conseil Municipal c'est une Autorité dans la ville car il n'y a plus de militaires, les administrations civiles ont déserté la ville, la presse locale n'arrange pas les choses, « il n'y a plus d'espoir, on est perdu on a des messages de détresse », cela entraîna une panique pour de nombreux habitants. 35 000 amiénois seraient partis la dernière semaine du mois d'août 1914 Mais il y avait l'espoir grâce au maire Alphonse FIQUET qui délivrait des messages optimistes et bienveillants à la population . Ces messages étaient délivrés quotidiennement. Juste avant l'arrivée des troupes allemandes il fait placarder un message sur les murs de la ville disant que toute violence contre les troupes ennemies peut nuire gravement à Amiens.

Le 31 août 1914 à 8 heures : Les Allemands arrivent – le 4ème corps de réserve : 10 RI – 2 bataillons de chasseurs, 2 régiments d'artillerie, 1 régiment de chasseurs à cheval, 1 régiment de cuirassiers , 1 section de pontonniers et 2 autres régiments d'infanterie. Ils défilent dans tout Amiens jusqu'à 4 heures de l'après midi. Cette démonstration signifie Soumission et intimidation à la population L'ennemi fait une démonstration de force = danger de représailles. Les gens encore présents sortent sur le pas de la porte, certains s'évanouissent de peur. La ville est vide. C'est une ville fantôme. Toutes les gares sont vidées de leur trains et wagons, plus aucun militaire Il reste des chevaux, des vaches (à la Hotoie). Les ponts sont bombardés et les élites sociales argentées sont parties. Pendant ce temps le maire Alphonse FIQUET est convoqué ainsi que M. Herménégilde DUCHAUSSOY premier adjoint et les conseillers municipaux car ils doivent entendre les exigences de l'occupant : 40 000 kg de pain ; 40 000 de conserve et de viande séchée; 100 chevaux ; 500 lampes électriques ; l'essence de la ville, 100 000 cigares ; du vin et 20 rouleaux de papier toilette à utiliser tout de suite....

Le général allemand VON STOCKHAUSEN exige, en dernier, 12 otages honorables qui vont servir de monnaie d'échange à ces marchandises de réquisition et pour que la population encore présente n'attaque les troupes allemandes : le communiqué officiel est le suivant : «12 otages pris parmi les membres du conseil municipal auxquels s'est joint Monsieur le Procureur Général répondent sur leur vie de l'engagement pris par la municipalité qu'aucun acte d'hostilité ne sera commis par la population contre les troupes allemandes ». Le maire ne cache rien à ses habitants et les habitants sont paniqués. La moitié des conseillers municipaux sera prise et on pense de manière très utopique qu'ils seront gardés à l'Hôtel de Ville. En fait ils seront emmenés hors d'Amiens.Il y a 1 garde pour 2 conseillers à l'Hôtel de Ville. Dans les faits les otages ne seront pas 12 mais 13. Le maire fait venir les conseillers municipaux qui arrivent au compte goutte, au fur et à mesure, et demande à chacun s'il accepte d'être otage. Le Procureur Général et le 1er adjoint présents auprès du maire disent oui tout de suite et à la fin il ne manquait plus qu'un otage mais LASSELIN et THIERRY arrivent ensemble et par solidarité ils décident d'être tous les deux otages, d'où le chiffre symbolique de 13 otages. Aucune violence de la part des Allemands. Ils sont enfermés dans une salle de l'Hôtel de Ville et un repas venant d'un restaurant leur est servi. A 13 h 30 : 3 charrettes tirées par des chevaux les emmènent. Le convoi traverse toute la ville par les axes principaux. Les habitants sortent émus et ne comprennent pas ce qui se passe car ils étaient persuadés que les conseillers devaient restés à l'Hôtel de Ville. Finalement on les envoie à car la majorité des troupes allemandes se dirige vers le sud pour s'engager dans ce qui sera la première bataille de la Marne ( NDLR : du 5 au 12 septembre 1914 )

Ils arrivent le lendemain, 1er septembre, à 17h 30 / 18h 30 (selon les sources) à Gannes par entre autre, Remiencourt, Ailly-sur-, Tartigny, Bacouël, , La Hérelle. Ils traversent des villages fantômes. Pas un seul habitant n'ouvre sa porte car les otages sont escortés, au son du canon, par les soldats allemands armés de baïonnettes, qui tirent des canons. Ils arrivent dans un premier temps au camp installé autour de du IVe Corps de Réserve de l'aile droite de la Ière Armée Allemande commandée par le Général VON KLUCK. Ils sont ensuite conduits au château de Gannes. De la paille leur est apportée pour se coucher. Quant à la nourriture, c'est le maire de Gannes ( NDLR : Lucien Joseph WALLET ) qui leur fit envoyer de la nourriture constituée de lapin/lapins /pâté ( selon les versions), de pommes de terre sautées et du vin blanc, mais pas de pain.

Pendant ce temps le même jour, alors que les otages ne sont pas encore arrivés à Gannes, à Amiens,le maire essaie de rassembler le plus rapidement possible cette marchandise exigée par l'occupant. Malheureusement les délais n'ont pas été respectés, les réquisitions n'ont pas été fournies dans leur totalité. Les Allemands réclament donc 20 millions de Francs de contribution de guerre (il leur avait déjà été fourni pour 600 000 francs de marchandises). On va demander au Procureur Général Gonzague REGNAULT de partir avec un Allemand à l'Hôtel de Ville d' Amiens et de demander au maire séquestré dans son bureau et menacé de mort de débloquer les 20 Millions de Francs pour l'armée allemande. Mais les caisses de la ville sont quasiment vides. On n'arrivera jamais à débloquer une telle d'où un compromis avec VON STOCKHAUSEN. L'Allemand a été représenté comme un homme chauve avec cicatrice sur le visage, stéréotype de l'Allemand pas beau et grand. Le maire lui explique que l'on avait réussi à compléter une partie de la marchandise et qu'il ne reste plus grand chose à donner. Il manque 160 000 Francs à donner dans les 2 heures. Le maire missionne alors un autre conseiller municipal Monsieur DAVID qui va chercher les 160 000 Francs à la banque et les met dans ses poches (!!) pour les donner à l'officier allemand du 4 e corps de réserve. Le Procureur rentra chez lui le soir même.

Le lendemain l'officier allemand s'aperçoit qu'il manque 20 000 Francs. Cette somme est demandée au maire de Gannes qui répond ne pas avoir les moyens de la payer. On va donc la demander à Amiens. Mais on garde les otages tout en agissant plus intelligemment. 4 otages repartent à Amiens pour demander au maire la somme restante qui est débloquée, pendant que les 8 autres resteraient avec les troupes allemandes tout en les accompagnant jusqu'à Clermont. Après un petit déjeuner avec pain et café les 8 otages accompagnés par les services de trésorerie et de la poste arrivent à Saint Just-en-Chaussée en fin de matinée pour déjeuner ( pain, confitures, vin) au café Dufossé, rue de Paris. M.LECLOUX un industriel accompagné d'un médecin militaire allemand arrivent à Ftz-James vers 17h 15. Ce médecin affrrime que les 20 000 francs ont bien été versés et s'en porte garant devant l'officier-payeur allemand. Les otages sont libérés M.LECLOUX, récupére les 8 autres otages. Ils arrivent à St Just-en-Chaussée où ils dînent et couchent au café -restaurant Dufossé. Ils repartent le lendemain matin jeudi 3 septembre pour arriver à Amiens à 13 heures. Le maire les reçoit, avec accolades et félicitations.

Globalement, les otages n'ont pas trop souffert ni physiquement ni psychologiquement et pas trop mal nourris. Mais cet événement est resté dans les mémoires et a marqué leur vie ( ils étaient âgés). …......

Le 27 mars 1915 le maire fait faire une médaille de bronze pour chacun des otages en souvenir ( gratitude) En Septembre 1916 Mr POINCARE présidant de la République et le maréchal JOFFRE arrivent à Amiens et rendent hommage à M. REGNAULT et aux autres otages, mais un tiers de ces otages âgés étaient décédés en 1916 ( le maire M. FIQUET décéda le 14 Mai 1916 à Paris à plus de 75 ans,)

En résumé Occupation : 31 Août 1914 au matin => 11 Septembre 1914 2 au 9 septembre peu d'allemands en vue à Amiens ils étaient soit à Gannes soit à Clermont soit sur la Marne Le 9 septembre les armées ennemies ne passent plus elles s'installent. Le commandement allemand investit pendant quelques jours l'hôtel Central de la Rue Dumeril à Amiens. Le 12 Septembre 1914 les Alliés ( Britanniques) entrent à Amiens Cependant des milliers de prisonniers civils amiénois ont été emmenés en camp à Rachstatt (Allemagne) en 1914

Liste des otages • Gonzalve Regnault, Procureur général; • Herménégilde Duchaussoy, Premier adjoint au maire, professeur de physique au Lycée d'État de garçons d'Amiens; • Georges Antoine, ancien maire, conseiller municipal, architecte; • Georges Béthouart, conseiller municipal, industriel; • Gustave Crampon, conseiller municipal, rentier; • Charles Fauvel, conseiller municipal, avocat à la cour; • Emile Jazets, conseiller municipal, rentier; • Léon Lamare, conseiller général, conseiller municipal, retraité du chemin de fer; • Henri Lasselin, conseiller municipal, peintre en bâtiment; • Aristide Lequai-Pourchelle, conseiller municipal, trésorier de la Chambre de commerce, négociant en vin; • Alexandre Pascot, conseiller municipal, propriétaire; • Auguste Thierce, conseiller municipal, directeur d'assurances; • Jules-Louis Thierry, conseiller d'arrondissement, conseiller municipal, charcutier. Le parcours