HHIISSTTOOIIRREESS DDEE TTUUNNIISSIIEE RRééGGIIOONN DDEE TTUUNNIISS

Le Golfe de sur fond du "Bou Kornine"…

➢➢ AAuu ffiiilll ddee lll’’’eeaauu ddee lllaa MMeeddjjjeerrddaa…… ➢➢ CCaarrtthhaaggee,,, nnooss aammoouurrss…… ➢➢ OOuuddhhnnaa UUtthhiiinnaa…… ➢➢ TToouutt aauu bboouutt dduu CCaapp BBoonn…… ➢➢ TTuunniiiss aannddaallloouussee…… ➢➢ UUzzaallliii SSaarr eett lllee JJeebbeelll AAssaarriiinnee…… ➢➢ CCaapp BBoonn,,, LLee bboouutt dduu mmoonnddee…… AAllliiixx eett RRoolllaanndd MMAARRTTIINN AAvveecc lllaa ccoollllllaabboorraattiiioonn ddee SSyylllvviiiaannee LLUUDDIIINNAANNTT JJuuiiilllllleett 22001188 IISSBBNN NN°° 997788---22---990000008822---2200---11 99778822990000008822220011 AAUU FFIILL DDEE LL’’EEAAUU DDEE LLAA MMEEDDJJEERRDDAA

Connaissez-vous le hameau de Toungar ou Tengar, selon les cartes ? Sans doute, non. Et la bourgade nommée Cincari, à l’époque romaine ? Encore moins ! Alors, accompagnez-nous le long des berges de la Medjerda.

TÉBOURBA…

Ce gros bourg ne se souvient pas qu’il a été Thuburbo minus, petit frère de Thuburbo majus proche d’. Pourtant le toponyme Thuburbo, berbère donc, semble être antérieur à "minus" romain.

Au sortir de Jedeida, dans un décor déplaisant de passerelle métallique et de silo éventré, on traverse la Medjerda. La pauvre ! Vite, dépassons-la et prenons la route menant à Tébourba qui sinue dans une riche campagne. Ce bourg opulent se présente. Il a, semble-t-il, complètement oublié qu’il a été "refondé" par les Andalous, chassés d’Espagne après les arrêts de 1610.

Seule la Grande Mosquée se rappelle encore avoir été construite par des Andalous. Qu’importe : la vie éclate à Tébourba. Son "marché" aux fruits et légumes, au bord des rues reflète la fertilité des terres alluviales qui l’entourent.

Selon la saison, artichauts, fèves, petits pois, oranges, en tas actuellement, piments, tomates, melons, pastèques bientôt, formeront des monticules colorés et parfumés. A notre avis, il manque quelques arbres de plus le long des rues pour que Tébourba soit charmante.

Le capitole de Thuburbo majus…

LE LONG DE LA MEDJERDA…

Avant de sortir de ce bourg, tournons à gauche en direction de Medjez El Bab dans la vallée de la Medjerda. A droite, les riches terroirs au Sud de Chouigui verdoient au pied du Jebel Ansarine tapissé de vert sombre par ses forêts de pins d’eucalyptus et par ses maquis de lentisque, de calycotomes épineux mais dorés au printemps et de cistes blancs ou mauves. A gauche, à quelques centaines de mètres, la Medjerda sinue entre des haies d’arbres.

Jedeida et au bord de la Medjerda vers 1930

Dépassons la fromagerie "Souani" nichée dans les arbres au pied des collines et découvrons, à droite et à gauche de la route, parfois masquées par des haies de cyprès vert sombre, de belles oliveraies bien entretenues ou des plantations d’arbres fruitiers : des pêchers poudrés de rose tendre qui tranchent sur le camaïeu de vert environnant ! On pourrait faire une halte pour aller admirer le barrage d’El Aroussia d’où partent encore les conduites qui alimentent Tunis et sa banlieue en eau.

La route se déploie le long de la voie ferrée menant à Medjez El Bab, à 1 kilomètre environ des berges de la Medjerda. Les champs sont tellement fertiles, tellement cultivés que les nombreux labours ont effacé progressivement la voie romaine, visible encore au début du XXème siècle et les vestiges des bourgs berbéro-romains : Thibiuca, Cincari, Cluacaria, Thisiduo où le Consul Metellus convoqua Jugurtha pour qu’il capitule.

A droite de la route, il subsiste de magnifiques exploitations ex-coloniales telles que "Les chênes" ou "Charnage" et même des mausolées vénérés tels que celui de Sidi Salah. Enfin, on arrive au hameau de Toungar.

Deux cartes différentes de l’emplacement de Henchir Toungar

Le hameau de Toungar ou Tengar, avons-nous écrit, est très récent. Les façades modernes des belles maisons s’alignent le long de la route. La terrasse d’une grande et charmante guinguette invite les promeneurs à s’arrêter pour se reposer quelques minutes.

La "ferme auberge" En face, sur la gauche, derrière la route et la voie ferrée, se dresse une magnifique maison, ex-coloniale, occupée aujourd’hui par la famille Mansour.

Les nombreux bâtiments agricoles : poulailler, écurie, entrepôt pour les récoltes, porcherie et même fumoir ainsi que l’ex maison du régisseur sont au Sud-Est, sous le vent donc, de la "Maison de Maître". Trois étages, un toit de tuiles à 4 pentes, une tour à l’angle Sud-Ouest où le "maître de maison" avait installé, semble-t-il, sa bibliothèque et sa "retraite" forment avec la galerie du 1er étage, ouverte au Sud, un très bel ensemble architectural. Ce bâtiment est construit sur des vestiges souterrains antiques : citerne ou niveau souterrain pour se protéger des aléas climatiques ?

Allez chez les Mansour est un enchantement. On y est reçu comme des membres de la famille : accueil fraternel, bavardages plaisants, invitations – quasi-automatiques – devant la cheminée l’hiver ou au pique-nique à l’ombre aux beaux jours.

Effectivement, le seul souhait de la famille Mansour est de pouvoir accueillir, toute l’année, de nombreux visiteurs ce qui lui permettrait, entre autres choses, de restaurer et d’entretenir la très grande et très belle "maison de maître", vestige d’une autre époque mais faisant partie du patrimoine tunisien. Ainsi, elle ne serait pas vandalisée comme de nombreuses autres installations qui ont été complètement pillées et abandonnées.

Les fouilles et la mosaïque de l’ours de Cincari (clichés J. Cintas, 1955) (journals.openedition.org)

CINCARI

Toungar mériterait d’autant plus d’être un objectif de promenade privilégié que les environs immédiats s’appellent Henchir Zingari … en souvenir du bourg berbéro-romain Cincari qui risque de disparaître dans l’indifférence générale. Au fait, qui a cassé en morceau la mosaïque du labyrinthe de Thésée du site de Belalis major / Henchir El Faouar, proche de Béja ? N’est-ce pas les ouvriers de l’I.N.P. qui l’ont abandonnée après avoir essayer de la soulever ?

Cincari, abrite entre autres vestiges, les derniers pans de mur d’un monument unique dans le monde romain, à notre connaissance : un Septizonium. C’était un bâtiment de prestige construit au IIème siècle en l’honneur de l’Empereur Septime-Sévère. Il y en avait un à Rome, grandiose, paraît-il et un autre à Timgad. Tous deux sont détruits. Il n’en reste que des souvenirs livresques. Pourquoi délaissez celui de Cincari ? C’est le seul au monde. Nymphée ou temple abritant les sept divinités principalement vénérées par l’empereur (africain) Sévère qui avait ajouté à son nom : "Septime" sans doute pour fonder religieusement et prestigieusement une nouvelle dynastie. On admire les voûtes abritant les dieux pendant que la Medjerda, la Bagrada antique, serpente en scintillant, entre les arbres au pied de la pente tapissée d’oliviers ou de prairies.

Un monument unique au monde, même s’il n’est pas aussi prestigieux que l’amphithéâtre d’El Jem ou les capitoles de et de Sbeïtla mériterait mieux que d’être livré à la charrue ou à la végétation sauvage qui le détruit et l’envahit. Le Patrimoine tunisien est-il trop riche ou bien les Autorités, gagnées par l’actuelle course au profit maximum et immédiat, ne verraient-elles pas l’intérêt d’un site, unique au monde rappelons-le, qui est à une cinquantaine de kilomètres de la Capitale ?

Déplorera-t-on sa disparition – définitive ! – après l’avoir laissé à l’abandon, livré à la pioche des fouilleurs clandestins comme bien d’autres – de plus en plus nombreux ! – sites du pays. A l’heure actuelle, il n’est pas 1 km² du pays qui ne soit fouillé clandestinement et saccagé définitivement. Le tourisme culturel et historique, est-il pour … après demain ?

Les archéologues ont juste effleuré le site de Cincari. Ils ont récupéré, pour les envoyer au Musée National du Bardo où certains se sont perdus, les plus "gros" vestiges que livraient leurs fouilles. Mais la véritable étude du site, telle que l’archéologie moderne la préconise, n’a jamais été faite ni même envisagée. A l’heure où le pays dispose de milliers de diplômés de l’université qui sont chômeurs et payés à ne rien faire, ne pourrait-on pas penser à les employer à restaurer ou à entretenir – ne parlons pas de découvrir : il faudrait l’entretenir ensuite ! – le patrimoine national qui est, incontestablement une richesse ?

Les "Calicotomes" du Lansarine

L’élevage autour de Chougi

La campagne autour de Tebourba Gammarth 2016 CCAARRTTHHAAGGEE NNOOSS AAMMOOUURRSS

Quand il fait beaucoup trop chaud ou trop froid pour entreprendre quelque promenade que ce soit, nous invitons nos amis à nous suivre, encore une fois, sur le site de .

PÉLERINAGE…

Au moment où les touristes étrangers hésitent à venir, pourquoi n’irions-nous pas revoir nos sites historiques et faire "vivre" le tourisme tunisien ?

A l’arrivée, l’Acropolium ex-cathédrale Saint Louis, voisine de la superbe Grande Mosquée de Carthage, nous rappelle que l’occupation de ce site prestigieux est encore d’actualité.

La Cathédrale dite "St Louis" L'esplanade sur fond du "Bou Kornine"…

Dès l’arrivée, nous croisons les dernières marches du Decumanus maximus : l’artère principale Est-Ouest effacée par l’Acropolium. Mais, à l’entrée, un replat du Kardo maximus : la grande rue Nord-Sud au pied de l’esplanade sommitale oriente la visite.

Au sommet de "Byrsa", dédiée à l’U.N.E.S.C.O., on découvre au Sud-Est les ports et les grands arbres qui masquent le Tophet, puis le lac de Tunis qui a bien rétréci derrière lequel Tunis / Tounes, contemporaine de Carthage a bien grandi ! Là-bas, à l’Ouest, l’amphithéâtre et les immenses citernes de la Malaga sont cachés par des bâtiments neufs tandis que les dernières arches de l’aqueduc achèvent de disparaître en gros tas de moellons.

La colline de Megara est prise d’assaut par une vague de belles villas. A ses pieds s’étendent les plages de . Pourquoi les conquérants arabes ont-ils baptisé cette baie : El Marsa : le port … de Carthage, ajoutent-ils ? Puis les pentes conduisent au promontoire de Sidi Bou Saïd qui domine le "Plateau de Sainte Monique" qui assista au départ pour Rome de son fils : Saint Augustin. Cette colline porte les vestiges de la Basilique de Saint Cyprien, martyr car réfractaire à la religion païenne de Rome. Au creux du vallon, dominé par la Grande Mosquée de Carthage, se dresse la vaste basilique Damous El Karita. Mais plus près se dressent le quartier des villas romaines et le théâtre antique, haut lieu de la vie culturelle tunisienne.

Les ports avant 1900 et (plus tard 1958) les premières constructions…

Devant nous, les collines boisées du Bou Kornine qui recèlent le temple punique de Baal "Balkarensis" bordent le bleu turquoise de la Méditerranée. Elle baigne les vestiges grandioses des Thermes d’Antonin dont les énormes colonnes se dressent comme pour refuser le destin tragique de la cité mais affirmer qu’elle vit toujours. Pourtant, il est nécessaire de la "regarder avec les yeux du cœur" tant ses monuments prestigieux ont été réduits à des vestiges au ras du sol par des siècles de vandalisme.

LE LEG DE CARTHAGE…

Nous empruntons à messieurs A. Ennabli et H. Slim le titre et l’esprit de ce paragraphe.

Carthage est toujours vivante. La preuve : il y a quelques années déjà, une dame, exaspérée d’entendre son mari disserter de , à longueur de journée, fit réaliser par un bijoutier, un "signe de Tanit" qu’elle offrit à son époux en lui enjoignant d’aller se marier avec Tanit mais de ne plus lui en parler ! Combien y a-t-il de "Carthage" dans le monde ? Des dizaines ! Qui ne connaît pas Hannibal ? Les percepts agronomiques du punique Magon ont été mis en œuvre jusqu’au Moyen-âge et nous nous demandons si les techniques ramenées par les Andalous ne sont pas les héritières de celles de Magon emmenées en Espagne par Hamilcar Barca.

Carthage romaine nous a laissé une littérature qu’on étudie encore : Apulée "mi-Gétule mi-Numide", Tertullien, Arnobe, Florus, Fronton et surtout Saint Augustin ont porté Carthage latine au sommet de la gloire littéraire.

Les fouilles de la nécropole…

CARTHAGE PUNIQUE…

Kart Hadacht… La "nouvelle ville". On la rencontre dès notre arrivée. Penchez-vous sur la droite de l’esplanade de l’U.N.E.S.C.O.. Bien sûr vous allez voir tout en bas de grosses dalles couvrant un caisson mégalithique et un peu plus à droite des dalles formant un toit à double pente. Ce sont des tombes carthaginoises du VIIème siècle. Avancez sur la plate-forme sommitale. A son extrémité se dressent les pans de murs d’un quartier punique du IIème siècle avant J.C.. Certains murs ont été noircis par l’incendie qui a détruit Carthage. La chronologie est respectée, sur cette colline : la couche la plus profonde, la plus ancienne, est constituée de tombeaux. Au-dessus, on a découvert des ateliers de métallurgistes datant de la fin du IVème siècle. Ils sont couverts par ce quartier aux rues perpendiculaires, aux maisons dotées de grandes citernes, de salle d’eau à défaut de salle de bain, comme dans la cité de Kerkouane, de pavements mosaïqués et de petits canaux qui conduisent les eaux usées jusque dans des "puits perdus" creusés dans les rues.

De là, on peut descendre jusqu’au "Quartier Magon" situé au bord de la mer ou l’on découvrira les soubassements des remparts de Carthage : près de 40 kilomètres de long, hauts de 13 mètres, larges de 8 mètres, comportant entre autres des casernes et des écuries pour 4000 chevaux ainsi que des abris pour 300 éléphants !

Les Thermes d’Antonin avant 1900 vers 1930

Puis, en longeant la mer, on arrive aux ports puniques datant de la fin du IIIème ou du IIème siècle. Un bassin circulaire de 160 mètres de rayon enserrant un îlot de commandement de 120 mètres de diamètre ! Monumental : le port de guerre. Les entrepôts pouvaient loger 200 navires d’une trentaine de mètres de long.

Ensuite s’ouvre une autre darse presque rectangulaire : le port de commerce. Il communiquait avec la mer mais était précédé d’une immense plate-forme où les marchandises étaient débarquées en partie.

A quelques pas de là, on verra le tophet : un sanctuaire à ciel ouvert où les couches d’urnes contenant des ossements carbonisés d’animaux et d’humains ont été déposées de 750 environ à 146 avant J.C. : les preuves de milliers de sacrifices dédiés à Baal Hamon et à Tanit : parèdre de Baal. Y sacrifiait-on les premiers enfants mâles de chaque famille ? Des enfants mort-nés ou morts en bas âge ? Seule, l’analyse scientifique des ossements répondra un jour.

Prise de vive force, incendiée, maudite, Carthage punique disparaît pendant deux siècles pour renaître.

Stèles à l'effigie de Tanit

Aqueduc "de Carthage" à l'oued Miliane

COLONIA JULIA CARTHAGO…

D’abord placée sous le patronage de Junon, la Colonia Junonia Carthago prônée par Caïus Gracchus fut un échec en 122. Jules césar en 44 essaie de la faire renaître. Mais, l’empereur Auguste réussit à faire bâtir une métropole grandiose, presque l’égale de Rome. Les ruines informes du sommet de Byrsa furent arasées sur plusieurs mètres et une énorme plate-forme fut bâtie soutenue par des piliers maçonnés qui s’enfonçaient dans les vestiges puniques en les protégeant. Sur cette esplanade de 336 mètres sur 233 mètres, furent installés le forum, une belle basilique judiciaire et un grand temple peut-être "Capitolin" peut-être dédié à Concordia : patronne de la Colonia ainsi qu’un autre bâtiment : la bibliothèque ?

Au pied de la colline le long du rivage se dressent, au sens propre, les vestiges grandioses des Thermes d’Antonin construits en même temps que l’aqueduc de au milieu du IIème siècle. Ils épuisent les superlatifs : plus de 300 mètres de façade, le 3ème dans le monde romain.

La colonne dressée supportait un chapiteau de 8 tonnes et soutenait, du haut de ses 12,5 mètres, la voûte du frigidarium s’élevant à 30 mètres environ ! Fondés en 145 avant J.C., ils sont restaurés au IVème siècle après J.C., mais les grandes voûtes s’écroulent au début du Vème siècle. Ils sont abandonnés en 638.

Les Citernes dont on distingue (à gauche) qu'elles furent habitées…

A l’Ouest de Byrsa, on découvrira d’abord l’ensemble des 16 citernes de la Maalga, de 8 mètres de large sur 7 mètres de haut, pouvant contenir 50.000 m3 d’eau !

L'amphithéâtre avant 1900 et des années plus tard (vers 1930)

Puis, caché par de grands arbres, l’amphithéâtre qui fait l’admiration des auteurs anciens est presque arasé et mal dégagé. Il a peut-être été le lieu du martyr de Perpétue et Félicité.

Au Nord-Est, nous ne citerons que le théâtre dont l’architecture et la décoration faisaient l’admiration de tous et les "villas" dont certaines ont été en partie restaurées. La "Villa de la Volière", en particulier, est appelée ainsi en raison d’une belle mosaïque qui y a été découverte. Une autre mosaïque représentant des chevaux de course et des scènes de chasse d’amphithéâtre par des enfants y a été implantée. A droite du péristyle précédant les pièces d’habitation s’étend une grande salle d’apparat s’ouvrant sur un bassin adossé à ce qui pourrait avoir été un "mur d’eau" !

Une des villas… Parterre de mosaïques…

Damous El Karita Basilique byzantine… L’histoire de Carthage ne tiendrait pas même dans un gros livre. Née du suicide d’Elyssa / Didon la reine phénicienne et disparue lors du sacrifice de l’épouse du dernier Suffète qui revient après avoir obtenu la vie sauve. Elle préfère s’immoler avec ses enfants dans l’incendie qui dévore la ville plutôt que d’être captive des Romains. Sophonisbe, princesse carthaginoise, parée de bien des qualités, se suicide aussi pour ne pas être esclave de Scipion, dit "l’Africain".

Hannibal, Génial stratège, vainqueur des batailles de Cannes, de Trasimène, a-t-il été vaincu à par Scipion ?

Les arts de La Rome païenne y ont brillés de tous leurs feux. Ses vestiges : mosaïques polychromes, céramiques finement sigillées, bijoux, intailles, ustensiles très divers l’attestent. Carthage chrétienne ne lui cède en rien.

Depuis Scipion et Marius se désolant de la ruine de Carthage punique, combien de personnages célèbres : Saint Louis, Sidi Mehrez, Chateaubriand, Flaubert, Paul Valery et Léopold Sédar Senghor se sont penchés sur les vestiges de Carthage avec sympathie et mélancolie.

Deux images de La Marsa que près d'un siècle sépare… (Début du siècle dernier et 2005)

Note : nous avons délibérément choisi de présenter des images du siècle dernier (et peut-être même avant) car certains lieux sont "pollués" par de nouvelles constructions et rendus parfois impossibles à photographier…

Gammarth 2015 OOUUDDHHNNAA UUtthhiinnaa

CCOOLLOONNIIEE DDEE VVÉÉTTÉÉRRAANNSS DDEE LLAA XXIIIIIIee LLÉÉGGIIOONN

Oudhna vu de la route de Zaghouan

Histoire…

Durant la première guerre punique, le Consul Regulus prend une ville importante ADYS voisine de Tunis, qui pourrait être Oudhna. Dans l’œuvre de Pline, Adys ou Adyn se transforme en Uthina, Oudhna actuelle.

Sous le règne d’Auguste, après l’unification de l’Africa, Uthina devient Colonie et abrite des vétérans de la XIIIème légion (40-39 avant J.C.).

Sous l’empereur Hadrien (117-138), les habitants deviennent citoyens romains. Puis, Uthina se christianise. Elle a plusieurs évêques dont Félix qui va au Concile de Carthage (255).

Le site a été occupé par les byzantins et peut-être par les Vandales (533) puis abandonné avant d’être réoccupé par les Arabes.

Oudhna a longtemps été un terrain militaire français. Les "fouilles" y ont été sporadiques et les rapports de fouille souvent absents.

Les escaliers du Capitole…

Les monuments…

Maison des Laberii

Cette très vaste maison de 230 m² environ a été bâtie au IIème siècle. Elle était ornée de superbes mosaïques qui sont au musée du Bardo dont "Ikarios donnant la vigne", "L’enlèvement d’Europe", "Exploitation rurale".

Thermes des Laberii

Une grande mosaïque du frigidarium : « Orfée charmant les animaux » indique leur nom. Construits au IIème siècle, ils sont abandonnés au Vème et transformés en atelier de potier.

Le frigidarium des thermes des Laberii (inp.rnrt.tn) et la mosaïque du bassin des thermes des amours pêcheurs

Thermes des amours pêcheurs

Ils datent du IIème siècle et doivent leur nom à une mosaïque. Le Caldarium, le Tepidarium et des latrines sont bien conservés.

Maison d’Industrius Cette vaste maison de 700 m² contenait une grande mosaïque d’une Venus nue. Elle a été bâtie vers les III ème-IVème siècles.

Maison d’industrius (inp.rnrt.tn) … et les grands thermes (tresorsdumonde.fr) …

Les grands thermes publics

Ils couvraient plus de 6500 m². Le niveau inférieur comprend les salles de service et d’énormes citernes voûtées. Les étages supérieurs ont été détruits par des explosions. Ils ont été « fondés » sous le règne de Trajan (98-117) et agrandis aux IIème-IIIème siècles. Dans la partie supérieure, la couleur des pierres indique la proximité du Caldarium et une série d’absides fait penser à la palestre.

Les grands thermes…(fracademic.com)

L’amphithéâtre

Cet édifice, appuyé à la colline, mesure 112 x 89 mètres environ pour une arène de 58 x 35 mètres environ. Il peut contenir plus de 15.000 personnes. Il date peut-être, du règne d’Hadrien. Il a été restauré au bas-empire.

L’amphithéâtre… (inp.rnrt.tn)

La citerne et les aqueducs

La citerne alimentait les thermes publics, le capitole et les quartiers voisins. Le réceptacle de l’aqueduc commun recevait l’eau de 3 aqueducs principaux longs de 5 à 6 kilomètres venant des collines voisines.

La grande citerne réservoir…

L’aqueduc à l’Oued Miliane et l’avancement des travaux (en 2010)…

Le Capitole

C’est un des plus grands monuments romains d’Afrique. Le temple central, hexastyle, prostyle, de 43 mètres x 27 mètres est construit sur le point culminant du site. Les colonnes de façade faisaient entre 11,5 mètres et 12,2 mètres de haut et 1,7 mètre de diamètre de base. Elles sont "corinthiennes".

Les colonnes du capitole… A l’origine, le podium était percé de 3 portes. Puis, un escalier d’accès à 2 volées séparées par un palier a été bâti. La Cella principale, impossible à restituer, devait comprendre 3 niches : pour Minerve, Jupiter, Junon et se terminer par une abside en "cul de four". En final, il était flanqué de 2 temples latéraux. A l’origine, le Podium avait des fenêtres latérales. Des réparations très importantes ont été faites sur tous les côtés du podium de la Cella.

Au sous-sol, deux pièces latérales ouvertes sur l’extérieur, communiquent avec une pièce centrale. Il y avait aussi 4 citernes. Les derniers travaux datent des Sévères (IIème-IIIème siècles).

Les salles sous le Capitole… et l’entrée des thermes (fr.wikipedia.org)

"scènes de vie" mosaïque de Oudhna au musée du Bardo…

Gammarth 2015 TTOOUUTT AAUU BBOOUUTT DDUU CCAAPP BBOONN

Un dimanche matin du mois de mai, le soleil était déjà chaud malgré l’heure matinale et le car était bondé de joyeux curieux. Ils avaient cherché et découvert sur internet qui étaient ces « marabouts » des bords de mer à qui ils allaient rendre visite et où se trouvait cette agglomération antique appelée "Demna" près de laquelle ils devaient pique-niquer. Il était temps de partir.

La Côte Nord…

Passés les embouteillages habituels d’Hammam-lif, on se faufile entre les flancs boisés du Bou Kornine et les forêts de pins de Bir El Bey et de . On constate avec étonnement qu’une ville se construit très rapidement vers la plage de Soliman qu’une rocade permet de contourner.

Puis, on "entre" dans le Cap Bon. Les étalages d’oranges des "marchands des quatre saisons" ainsi que les rôtisseries, encore fermées, se succèdent au pied de hautes haies de magnifiques cyprès qui masquent les orangeraies. Presque tous les fruits ont été cueillis. Dans les cageots, leur couleur rivalise avec celle des dernières grandes "marguerites" abondamment mêlées en ce moment aux pompons mauves des chardons.

Plage de l’Oued El Abid et l’île de Zembra…(tunisiapromo.com)

Une dernière ligne droite. avant une descente en zigzag qui plonge vers l’Oued El Abid et la magnifique plage de Rtiba. Là-haut, dans l’azur serein, une buse plane et "miaule". Là, nous nous arrêterons au village d’Oued El Abid. Un groupe de dames : l’association "Senteurs de Province" offre de multiples essences et eaux distillées naturelles, délicieuses que nous avons déjà présentées.

A partir de là, une belle forêt côtière de pins, de mimosas et d’eucalyptus borde des plages splendides qui s’étendent de Port Prince à Sidi Daoud.

Juste après les pentes du Jebel Ben Oulid couvertes d’un maquis touffus, piquant mais combien parfumé, , on tourne à droite et on s’arrête très bientôt en découvrant la koubba de Sidi Maouia, le fils.

Sidi Maouia Fils…

Une promenade à pied d’un kilomètre environ, nous y mène. Il semble bien qu’à l’instar de son père, vénéré, un peu plus loin, il ait vécu au XVIème siècle, époque durant laquelle, d’après M. Tahar Ghalia : universitaire, historien et archéologue, le "mouvement maraboutique" se développe vivement dans le Cap Bon.

La koubba, est soigneusement entretenue. Elle se dresse, immaculée entre de nombreuses tombes chaulées avec soin. A l’intérieur, les murs sont tapissés d’ex-voto divers : tableaux, tapisseries, sous verres qui attestent la ferveur des gens venant en pèlerinage.

A quelques pas, masquée par l’herbe haute, une grande dalle de pierre est supportée par quelques moellons. Elle est dédiée à Lella Khir qui passe pour être la mère de Sidi Maouia. Un culte antique, certainement berbère.

Cette randonnée matinale, accompagnée par les trilles aigus des alouettes et les piaillements des moineaux dans les arbres, nous a redonné un "tonus" certain.

A partir du hameau de N’châa, la route traverse le village de Zaouiet Mgaïez, un village "maraboutique" au superbe minaret élancé, couvert de carreaux de faïence. Nous allons "zapper" la koubba et la Zaouïa de Sidi Daoud très connue, le village, les "grottes" ainsi que la belle plage d’ pour nous arrêter un peu plus loin sur la route de Kélibia.

Sidi Mohamed Cherif…

L’Olivier d’Achraf (realites.com.tn) Dans le village d’Achraf, à l’extrémité d’une courte allée, une coupole peinte en vert émerge des feuillages. Un énorme olivier trône au milieu d’une placette. Même s’il n’est pas "Carthaginois", comme on l’a surnommé, il est exceptionnellement vieux comme ceux qui poussent à ses côtés. Il aurait été planté par Sidi Mohamed Cherif venu, selon la chronique locale, du lointain Maroc, à l’époque hafside, pour raviver l’islam des populations du lieu.

Machaon… Piéride…. et Vulcain

Tout autour de nous, sur les champs "ouverts", les papillons : piérides du chou blanches, majestueux machaons aux ailes "ocellées", terminées par une petite queue, vulcains maculés de noir et de rouge, semblent des fleurs ailées. Puis, on constate les dégâts commis dans la forêt de Dar Chichou, incendiée au lendemain de la "révolution".

Dar Chichou après le feu (siwar-horchani.blogspot.com) Sidi Maouia Père…

A l’entrée de Kélibia, on bifurque à droite pour remonter vers , au nom berbère et le mausolée de Sidi Amor ainsi que celui, très vénéré, de Sidi Maouia, père.

Une grande zerda lui est consacrée au début du mois d’août. Si l’intérieur de la koubba de Sidi Amor est d’une blancheur nue monacale, le catafalque de Sidi Maouia est entouré de très nombreux ex-voto. La vénération qui lui est consacrée se manifeste dans la construction actuelle d’une petite, mais belle, mosquée voisine et l’entretien soigné des abords des monuments.

Quelques minutes de car nous ont permis d’atteindre ensuite Demna, au bord de la mer, le long de la route de Kélibia que nous avons rejointe.

Demna…

A notre arrivée, comme pour nous accueillir, un élanion blanc aux ailes bordées de noir, faisait le "Saint Esprit": immobile dans le ciel, à petits coups d’ailes.

Puis, la forêt nous "engloutit". Une grande piste carrossable, toute droite, nous mène sous une voûte de feuillage jusqu’à quelques petits bâtiments bas. La mer bleue sur l’azur du ciel apparaît. Aussitôt, tout le monde se précipite vers ce qui semble incroyable, à notre époque : une immense plage de sable blanc déserte qui s’étend sous le soleil entre les frondaisons d’une forêt fraîche et les vaguelettes burelées d’écume d’une eau transparente. Seuls, quelques pêcheurs tirent 3 à 4 barques sur le sable où sèchent leurs filets.

Dans la forêt de Dar Chichou et ses orchidées…

Il est très difficile de ramener les visiteurs vers les vestiges antiques de Demna. M. Tahar Ghalia a fait dégager une église à chapelles rayonnantes et un "horrea – marché" datant du IVème au VIème siècle après J.C..

Quel plaisir ! Au soleil, à l’ombre, à mi-ombre, au choix, cette partie de la forêt n’a pas été incendiée ! La brise marine murmure dans les feuillages où des tourterelles roucoulent. Ce sont sans doute des migratrices au nid. Au-dessus des arbres, des guêpiers chassent, mêlés à des hirondelles et à des martinets.

Après le pique-nique, la promenade le long de la mer, nous a permis de découvrir les derniers vestiges, rongés par l’érosion marine ou masqués par les broussailles, de l’agglomération de Demna.

Il semble qu’il y ait eu deux types d’occupation. Il y a d’abord eu un domaine patricien dont il subsiste une villa, la base d’un phare peut-être et des restes d’une entreprise de salaison qui fabriquait du "" sans doute. Puis, plus tard, jusqu’à l’occupation arabo-musulmane, le marché et l’église ont peut-être fait partie d’un village chrétien. Le long de la plage, une bande de terrain couverte de galets pourrait être les vestiges d’une piste pavée. Manifestement, la forêt récente masque une grande partie des vestiges dont un aqueduc. Sa présence expliquerait un toponyme arabe voisin : "Esseguia".

Mélancoliquement, en regardant le soleil descendre à l’horizon, au-dessus de la brousse qui couvre ce qui était la forêt de Dar Chichou, on rentre vers Tunis en se promettant de revenir à Demna en été.

Elanion Blanc (oiseaux-birds.com)

Gammarth 2015 TTUUNNIISS AANNDDAALLOOUUSSee

2014 a été l’année de la "gastronomie tunisienne". Aussi, avons-nous décidé de développer cette idée intéressante qui n’a pas été assez "exploitée".

Et si, en ces temps froids d’hiver, nous organisions une journée douillette puis gourmande au cœur de Tunis ? Nos lecteurs accepteraient-ils de nous suivre dans La Médina à la recherche des monuments andalous avant de s’asseoir pour déguster des mets typiques ?

Jusqu’à Dar Othman…

Un matin, pas trop tard, avant que la foule n’envahisse La Médina, on se dirigera vers Bab Menara disparue. On y entrera par la rue du Château en partie couverte de voûtes. Le bas des murs de la mosquée en pierres de taille surprend. Toute sa construction reflète ce parti pris : elle faisait sans doute partie du mur d’enceinte disparu. En tout cas, elle participait à la défense de La Médina. Son minaret, de section carrée d’inspiration hispano-maghrébine est construit en petites pierres. Il est composé de trois "registres" dont le deuxième est orné d’un panneau à décor géométrique formé d’incrustations de marbre noir et de terre cuite émaillée très décoratives. Deux baies, étroites et élégantes en arc surhaussé, encadrées d’entrelacs, occupent le 3ème registre.

Mosquée El Ksar (fr.wikipedia.org)

On ira tout de suite vers Dar Haddad qui est, sans doute, l’un des plus anciens palais de La Médina. Au début du XVII-XVIIIème siècle, il appartenait à Saïd El Haddad El Andaloussi, riche fabricant de chéchia. L’originalité du plan du bâtiment et des solutions architecturales ainsi que sa décoration sont remarquables.

Dar Haddad (tunitrip.com)

Rue des Andalous d’hier et d’aujourd’hui (zaherkammoun.com)

Puis, on "descendra" vers le Sud, la rue des Andalous. Elle nous laissera une impression mitigée : on l’aurait souhaitée mieux entretenue de façon à "attirer" les visiteurs. Tant pis ! C’est dommage car elle a tout pour plaire !

Chemin faisant, on bavardera, on découvrira que les "merguez" sont d’origine andalouse ainsi que le "Djèj Amrous", un poulet en morceaux cuit avec un peu d’oignon et de la coriandre puis assaisonné d’un mélange de lait, d’œuf et d’un peu de levain. On suivra une petite carriole en humant les parfums de fromage frais et de "lablabi" qui s’en dégagent.

Un autre "marcheur" évoque le "Zabzine" qui est une "M’hamsa" de la taille d’un pois chiche, cuite avec de la coriandre et un oignon, puis avec des morceaux de fromage.

Rue Tourbet El Bey (hier) et Dar Ben Abdallah (fr.wikipedia.org)

Cela nous conduit à un ensemble magnifique mais qui n’est pas andalou : Tourbet El Bey, Dar Ben Abdallah : le musée des Traditions et des Arts populaires qui mérite une longue visite, la Mosquée des teinturiers et enfin Dar Othman : notre but.

Mosquée des Teinturiers (upload.wikimedia.org)

La beauté et la richesse de la décoration de cet élégant palais sont remarquables. Il a été construit pour Othman Dey (1594-1610) qui a accueilli les Andalous chassés d’Espagne. Son architecture hispano-maghrébine, sa décoration de stucs ouvragés, les boiseries peintes des plafonds, sa façade monumentale et l’emploi généralisé de marbre blanc "souligné" par des incrustations de marbre noir sont indéniablement magnifiques.

Dans une telle demeure, que pouvait-on manger voire "déguster", dirions-nous ? Des mets délicats, sans conteste ! Par exemple : un agneau farci aux volailles, plat de roi ? Plus simplement, un "Yahni" : ragoût de viande de veau à l’aubergine et à la courge assaisonné de cumin, de gingembre, de coriandre, d’ail, d’oignon, de feuilles "trouj" et d’une branche de fenouil. Couper l’aubergine en 4 morceaux sans les séparer. Puis, ajouter du safran, de la courge, l’aubergine et la viande. Ensuite, après cuisson, ajouter du vinaigre, de la cannelle, du gingembre et la moelle des os et verser le tout sur des petits morceaux de pain.

Dar Hussein en 1904 et aujourd’hui (hiveminer.com) En suivant la rue de l’Ariane – quel nom curieux ! – on revient rue Tourbet El Bey pour passer devant un atelier de tissage qui n’a jamais été fermé depuis le XVIIème siècle. La porte d’entrée est magnifique. Cet édifice cache les secrets d’un artisanat masculin qui mêlait à la soie, les fils d’or et d’argent ! Pourquoi laisse-t-on disparaître cet artisanat, d’art, dirions-nous ?

Tournons dans la rue du Trésor et arrivé au Souk El Blat, allons voir la mosquée El Ichbili : du Sévillan dont le minaret superbe, construit au XIVème, domine un petit oratoire intéressant.

Mosquée El Ichbili et un marchand au Souk El Blat (fr.wikipedia.org)

Depuis le Souk El Blat, on peut aller soit vers "les trois médersas" qui, même si elles ne sont pas andalouses méritent au moins un coup d’œil, soit par la rue Jemaä Zitouna, "remonter" jusqu’à la Grande Mosquée.

La Grande Mosquée Zitouna en 1880 vers 1914 Après le Jemaâ…

Bien sûr qu’elle est très belle mais il faut une permission pour pouvoir la visiter. Nous resterons dehors pour admirer le portique construit au XVIIème siècle : œuvre de l’architecte Ibn Ghalib, originaire d’Espagne.

En nous retournant, nous regretterons que les fruits secs délicieux que vendaient les marchands du Souk El Fekka, aient été remplacés par des babioles laides d’origine étrangères.

Souk El Attarine hier et aujourd’hui (fr.wikipedia.org)

Le Souk El Attarine nous attend. D’un côté, les corbeilles capitonnées ornent les devantures. De l’autre côté de minuscules échoppes offrent des parfums traditionnels : musc, ambre, civette, santal, girofle, le myrte et cette pâte brune dont le secret est gardé dans les familles. Une dame âgée nous a dit un jour, que "Seule l’essence du jasmin pouvait raviver son parfum" ! L’essence du jasmin et de rose : parfums "paradisiaques". Le docteur Gobert a écrit que "les parfums traditionnels moulaient la femme tandis que les arômes fleuris modernes, s’envolaient derrière elle comme … un chèque sans provision" !

Là-haut, nous arrivons au "quartier ottoman". Dommage, la porte était fermée, nous n’avons pas pu voir la superbe fontaine appelée "Midèt El Soltane". Les magnifiques mosquées de Hammouda Pacha et de Youssef Dey nous consolent.

Mosquée Youssef Dey (fr.wikipedia.org)

Le Souk des Chechia hier et aujourd’hui (upload.wikimedia.org)

Le Souk des "Chaouachi" : fabricant de chéchia nous retient un grand moment. D’abord pour nous reposer dans un café calme et bavarder de nouveau. Certains d’entre nous vantent les recettes andalouses du thon au four, les ragoûts aux tripes et aux abats. D’autres n’ont pas assez de qualificatifs pour évoquer le couscous au kaddid, la qlaya et surtout le "Berkoukech" au poulpe, aux sèches et à l’"ouzef".

Arrêtons la polémique, l’art de la chéchia est andalou et c’est dommage qu’on lui préfère la "casquette américaine". Mais hélas, nous avons manqué de temps pour admirer la Tourba de Youssef Dey. Ventre "affamé" n’a pas d’oreille !

Par le "Marché aux esclaves" aux colonnes torses vertes et rouge, le "Café Mnouch" presque dissimulé et le Souk El Berka : celui des bijoutiers, scintillant comme il se doit, nous gagnons celui des selliers. Quel dommage qu’on ne fabrique plus ces selles arabes brodées qui allaient si bien aux chevaux locaux : arabes et berbères. Les plus beaux du monde, à notre avis !

Une tombe a été construite au milieu de la rue : celle d’un seigneur Khorassan et à la sortie, le mausolée moderne d’Abdallah Torjman, un prêtre chrétien, majorquin d’origine et converti à l’Islam, nous parle de la "civilisation méditerranéenne". En repartant vers le parking, certains ont encore évoqué les pâtisseries andalouses qui, parait-il, sont délicieuses. Nous nous sommes donné rendez-vous pour un dîner gourmand et complètement andalou.

La grande Mosquée Zitouna

GGaammmmaarrtthh 22001155 UUZZAALLII SSAARR MMUUNN..CCIINNCCAARRIITTAANNUUMM

eett LLee jjeebbeell AAnnssaarriinnee

LE JEBEL ANSARINE…

Le plateau est dominé par le Jebel Sidi Frej (563 mètres). Il est constitué par un socle calcaire tertiaire, orienté Sud- Ouest / Nord-Est. Il a été bouleversé par les gypses triasiques du diapir (dôme de sel) profondément souterrain.

La région se différencie en un plateau qui reçoit 500 mm / an de pluie et la vallée de la Medjerda, au Sud, 400 mm / an. Les sources sont nombreuses.

La végétation naturelle est constituée d’oléastres et de lentisques. Les chênes verts ont disparu. Remplacés par de fréquents nouveaux reboisements de Pins d’Alep et d’Eucalyptus.

HISTOIRE…

Le peuplement est très ancien. Les Haouanet et les tumulus des collines le prouvent. La culture de l’olivier s’est développée à l’époque punique. Les Romains ont trouvé ici des agglomérations urbaines. Le millet devait être cultivé ainsi que l’orge et le blé.

Les Haouanet…

TOUNGAR – MUN.CINCARITANUM…

Sur la route joignant Tébourba à Medjez El Bab, une ancienne superbe ferme coloniale, gérée par la famille Mansour, signale le site antique de Cincari.

La ferme de la famille Mansour…

Cette bourgade, hélas oubliée, abrite entre autres un monument unique : un septizonium. C’est un bâtiment de prestige, construit en l’honneur de l’empereur Septime-Sévère (IIème siècle) qui vénérait particulièrement les 7 dieux telluriques principaux romains.

Le site recèle d’autres vestiges : un théâtre inclus dans une ferme, un aqueduc alimentant de grandes citernes, des restes d’un martyrium, d’un capitole, d’une domus qui a fourni une superbe mosaïque et une église chrétienne double au pavement creusé de tombes et abritant des reliquaires.

Fouilles de "l’église"…

Images tirées de « Une petite ville romaine de Tunisie Le municipium Cincaritanum » Noël Duval et Nicolas lamare MEFRA – 124/1– 2012, p. 231-288

Uzali fut un des 7 peuples à rompre avec Carthage lors de la 3ème guerre punique. Uzali fut promue "ville libre". Cela explique peut-être l’absence de "centuriations romaines" qui existent plus loin à Oum Chlelig.

Des carrières de pierres existent à l’Ouest d’Uzali et de marbre entre Douar Mbarek et Mechta Sidi Bou Ayed.

"Uzali sar" est certainement un toponyme berbère très ancien. La ville a des Haouanet et peut-être des Haouanet bâtis, intermédiaires entre le caveau berbère et le mausolée.

On y trouve encore les vestiges d’une enceinte en pierres sèches et les soubassements d’un mausolée de type "Dougga". Au bas de la falaise, près d’une source, il y a des vestiges de thermes.

Une très ancienne dédicace a été trouvée dans un grand sanctuaire élevé pour le salut d’Hadrien. Sous le règne de cet empereur ont été gravées des bases dédiées à Mercure et à la Victoire Auguste.

Au centre de l’agglomération, il y a un vaste espace rectangulaire : le forum ? A 50 mètres plus loin, une grande construction d’où émergent des départs de voûtes d’arêtes : une grande salle hypostyle dont la voûte elle-même était soutenue par 9 piliers.

De l’autre côté de la route actuelle, la source Aïn Lazina est un repère pour gagner les collines derrière elle couvertes de sépultures certainement berbères : des dolmens assez frustes, des "tombeaux" dans un "enclos" de pierres, des alignements de "pierres dressées", des "bazinas têtards" des "monuments à abside dans le tertre", etc. …

GGaammmmaarrtthh 22001166 CCAAPP BBOONN,, LLEE BBOOUUTT DDUU MMOONNDDEE

Puisqu’en Europe, l’extrémité de la Bretagne est appelée le « Finis-tère », pourquoi la pointe du Cap Bon ne serait pas le "bout du monde" … africain ?

Aujourd’hui, nous invitons nos lecteurs à venir célébrer « La Journée de l’Environnement » – beaucoup en parlent mais très peu agissent ! – sur le promontoire de l’Afrique : le Jebel Sidi Labiadh qui domine El Haouaria.

El Haouaria et l’île de Zembra en descendant du Jebel…

LE SITE…

Le site de la montagne d’El Haouaria, environ 1000 hectares, a (avait) été englobé dans un projet international : le Med Wet Coast, concernant aussi le Maroc, l’Egypte, la Palestine, le Liban et l’Albanie. Son objectif était de protéger les zones humides et les écosystèmes côtiers dans le Bassin Méditerranéen.

Les deux "pointes" du Cap Bon Le Jebel Sidi Labiadh est le vestige d’un anticlinal effondré, formé de grès et de calcaire tertiaire.

Les actions humaines ont engendré quatre types principaux d’écosystèmes : • la montagne dégradée au sol nu ou à la végétation rase, des lambeaux de forêt de feuillus, • ainsi que des secteurs cultivés • mais, la très forte pression de pâturage de moutons et surtout de chèvres, en libre parcours, non seulement dégrade la végétation mais aussi freine, voire empêche, sa régénération naturelle. Le prélèvement anarchique du bois contribue aussi à la dégradation actuelle du milieu. • là où le couvert forestier avait été éradiqué, des reboisements ont été réalisés avec succès. Des pins ont été plantés pour lutter contre l’érosion et créer un microclimat favorable au développement d’espèces primitives. Des acacias aussi pour augmenter la production fourragère.

La végétation rase du jebel…

LA FLORE…

La zone de forêt est un témoin de ce qu’elle a été à l’origine : similaire aux bois de Khroumirie ! Le site recèle des espèces endémiques : l’œillet des rochers et la scabieuse aux feuilles farineuses, en particulier. C’est une des très rares stations tunisiennes où le chêne kermès est un arbre et non un buisson dévoré par les chèvres.

l’œillet des rochers et la scabieuse aux feuilles farineuses Dans le ravin de la "grotte des chauves-souris", les arbres ont une hauteur moyenne de 10 mètres et 120 centimètres de circonférence à hauteur d’homme.

Située dans une ambiance climatique subhumide, la végétation est toujours très variée. Elle comprend, au moins, 4 espèces endémiques dont l’œillet des rochers, la scabieuse à feuilles farineuses, une dizaine de plantes rares telles que les très belles orchidées : l’Orchis longicornu et l’Orchis papillionacea ainsi que d’autres espèces menacées telles que le chêne kermès, le palmier nain ou l’anthyllide barbe de Jupiter : un magnifique arbuste argenté aux feuilles scintillantes et aux petites fleurs jaune pâle, groupées en capitules au bout des rameaux et les lavatères appelées aussi roses trémières !

Quelques orchidées du jebel… Du lentisque à l’olivier sauvage, du calycotome aux fleurs d’or aux cistes blancs ou mauves, du myrte aux bruyères arborescentes blanches ou "multiflora" rose indien, du romarin saupoudré de fleurettes bleu pâle aux lavandes dites "des Maures", violet clair, des Géranium robertianum qui embaument, à l’arbousier aux fruits écarlates, la flore avons- nous écrit, est aussi riche que variée et parfumée à souhait, bien que piquante souvent.

Hélas, le pâturage intensif par des troupeaux de chèvres, en particulier, qui vagabondent sans berger, car ils n’appartiennent pas à des agriculteurs locaux mais à des "investisseurs" urbains, risque d’aboutir à une évolution régressive qui conduit à une dégradation irréversible de l’écosystème pour ne pas écrire une disparition totale laissant la terre arable subir de plein fouet l’érosion pluviale et éolienne.

Ciste Arbousier Lavande steochas

LA FAUNE…

Les mammifères, les pauvres, sont en voie de disparition rapide. Le lièvre et le porc-épic sont braconnés toute l’année. Le chacal et le renard, non seulement privés d’habitat et de proies naturelles, sont empoisonnés régulièrement. Le sanglier a disparu. Dans les lambeaux de garrigue, chasseurs, fauconniers et bergers piétinent à qui mieux mieux le tapis végétal nourricier qui disparaît. La belette se raréfie et se réfugie à proximité des habitations où elle chasse rats, souris et passereaux. L’inoffensif lérot : "rat" frugivore est devenu rarissime. Genette et mangouste sont classées nuisibles par des Autorités incompétentes en matière d’Environnement. Même la Zorille (Poelictus libyca) petit carnivore à long pelage noir rayé longitudinalement de blanc, devient très rare du fait de la destruction de son biotope. C’est pourtant un opportuniste consommant des insectes, des reptiles, de petits mammifères et des oiseaux.

Pour le moment, parce qu’elles ont été, un peu, protégées, les 4 ou 5 espèces de chauves-souris qui habitent principalement la "grotte des chauves-souris", sont assez abondantes. Mais, les visiteurs curieux et les enfants qui recueillent leurs excréments pour en faire de l’engrais, les menacent, surtout l’hiver, de jour en période d’hibernation. Certes, il reste les reptiles, que tout le monde tue sans discernement confondant vipères venimeuses et couleuvres inoffensives dans la même haine. Les tortues et les caméléons sont capturés sans arrêt pour les vendre au marché, sous le nez des Autorités chargées de les protéger. La vipère : Macrovipera mauritanica très rare dans le Cap Bon, mais présente dans le Jebel d’El Haouaria en compagnie de la Mesalina olivieri tandis que l’Acanthodactylus, est capturée pour son venin. L’étude des espèces composant l’herpetofaune et leur répartition est à faire.

Macrovipéra mauritanica fr.wikipedia.org

L’AVIFAUNE…

S’il est une seule raison de se rendre à l’extrémité du Cap Bon, c’est bien parce qu’elle est sur l’une des principales voies de migration des oiseaux entre l’Europe et l’Afrique. On peut y voir passer des dizaines d’espèces d’oiseaux, des rapaces tels que : des aigles, des éperviers, des faucons dont le pèlerin, le lanier et l’élanion blanc.

Les oiseaux d’eau sont très nombreux et très reconnaissables. L’équipe d’ornithologues de la Société des Sciences Naturelles de Tunisie a effectué des campagnes de baguages des oiseaux. Les résultats sont très variables, même pour une même espèce, d’une année à l’autre. Milans, Bondrées apivores : mangeuses d’abeilles, Faucons d’Eléonore, du nom de la princesse qui voulait les protéger, Rouges queues, Cailles, Fauvettes, Pies grièches écorcheuses, Hérons, Grues cendrées très bavardes, Busards des roseaux, des foules de passereaux et de limicoles, de jour, de nuit, individuellement ou en groupe, se croisent au-dessus du Jebel Sidi Labiadh en un ballet impressionnant.

Certains "grands voiliers" passent, imperturbables. D’autres aux ailes courtes, les cailles par exemple, arrivent en automne, complètement épuisées. Nous en avons vu planer au ras du sol, sur les premiers mètres du rivage, se "poser" sur le ventre en culbutant, rester immobiles quelques secondes puis aller se blottir dans les touffes d’herbe bordant la plage. On aurait pu les capturer rien qu’en posant son chapeau sur elles. Elles mangeront plus tard mais, c’est curieux : aucune ne chante ni ne crie. Les passereaux chanteront plus tard : à la saison des nids, pour se signaler à un partenaire possible ou pour affirmer, à un concurrent éventuel, qu’ils occupent ce territoire.

Allez, tant pis si la végétation et les mammifères souffrent beaucoup sur le Jebel Labiadh. Allez-y tout de même au printemps au moins une fois pour le "Jour de l’Environnement" affirmer que quelles que soient les nuisances qu’il subit, votre environnement vous est d’autant plus cher que vous avez conscience d’en faire partie.

Achantodactylus boskianus (fr.wikipedia.org)