ET SA GENDARMERIE EN 1846

C'est en 1846 que le Conseil municipal de Pleyben, qui s'est rendu compte de l'efficacité de la gendarmerie de , émet pour la première fois une demande de création d'une nouvelle brigade à son profit. La demande est donc transmise aux autorités préfectorales. Cette demande nous apporte également quelques précisions sur la mission de nos gendarmes :

11 NOVEMBRE 1846

Monsieur Le Préfet J’ai l’honneur de vous transmettre une délibération du conseil municipal de Pleyben, ayant pour objet d’établir une brigade de gendarmerie dans cette commune chef lieu de canton…

Le 1er novembre 1843, le Ministre de la guerre décide de la mise en place de brigades à cheval, pour assurer la protection de la nouvelle route royale entre et . Alertée par le commandant de la 5ème Légion, la compagnie du Finistère propose alors l'échange de deux brigades, celle de Brasparts avec celle de Saint Renan. Mais avant d'opérer ces mouvements, la Légion tient à ce que le casernement soit adapté, que des travaux soient éventuellement réalisés pour permettre l'installation complète de la brigade ; elle précise également que la compagnie doit désigner “un maréchal des logis ou un brigadier bien noté, et deux gendarmes susceptibles, par leur bonne conduite éprouvée, de bien seconder leur chef immédiat pour l'établissement d'un service régulier.”

Le rapport de la commission rappelle la nécessité de contrôler les deux routes départementales, le chemin de grande vicinalité (celui qui mène à Châteaulin), mais aussi de garantir la sécurité des deux voitures publiques et des 7 foires braspartiates ...

Le bâtiment retenu se trouve sur la route de Morlaix et appartient au “sieur Kerguélen”. Est-ce la même caserne que les bâtiments qui seront loués par Lazennec ? Je n'en ai pas de certitude. Les travaux vont prendre quelques temps avant le mouvement prévu.

Les trois gendarmes de Saint Renan vont donc rejoindre Brasparts dans le courant de l'année 1844 :

- Jean GOURVEST, brigadier, 49 ans, et son épouse Jeanne Marie BOTHEFRY, 37 ans, et leurs cinq enfants ; originaire de Pleyben, Jean Gourvest a servi à Carhaix et Saint Renan ; son sixième enfant naîtra à la caserne de Brasparts ; lui-même décèdera en 1853 à Brasparts ;

- Joseph BAQUET, gendarme, originaire de Moselle, 42 ans, son épouse Françoise COLIN, 31 ans, et ses trois enfants ; trois autres naîtront également à la gendarmerie ;

- Jean Baptiste HACHE, gendarme, originaire de l'Aisne, 46 ans, et son épouse Marie Reine AUSTRUY, 52 ans ; à la retraite, il s'établit à Brasparts ; sa fille épousera un jeune gendarme affecté à la brigade en 1849 ; et la Brigade va être complétée par un quatrième homme,

- Jean Julien LAUNAY, gendarme, 52 ans, et son épouse Marie Josèphe COLLET, 44 ans ; originaire d'Ille-et-Vilaine, il arrive de la brigade de Châteaulin.

C'est à l'arrivée de ces familles, en 1844, que la caserne est véritablement créée à Brasparts.

Bien évidemment, Brasparts n'est pas la seule brigade située sur la nouvelle route royale ; les gendarmes à cheval s'installent également dans les communes de Plounéour et de .

Gendarme à cheval sous la gendarmerie royale

(Règlement de 1826)

Grande tenue:

- habit de drap bleu, avec revers et retroussis rouges,

- collet, parement et patte de parement en drap bleu,

- chapeau de 197 mm sur le devant et de 270 mm derrière (le plus haut des chapeaux de gendarme), - boutons argentés aux armes de et inscription "gendarmerie royale",

- ceinturon et banderole de giberne chamois, bordés d'un galon blanc,

- culotte chamois,

- gants chamois à crispins,

- giberne-cartouchière avec grenade en cuivre,

- portefeuille de correspondance en cuir fauve en forme de sabretache.

Armement :

- sabre de cavalerie légère, modèle 1822

- 2 pistolets de 9 pouces.

Une tenue qui ne va pas tarder à changer à l'arrivée du futur Napoléon III.

En effet, à son procès, le prince Louis-Napoléon avait glissé, imperturbable: “Quand je serai le maître ici, je changerai l'uniforme des gendarmes: il est affreux”.

La “caserne” de Brasparts est donc aménagée pour accueillir les familles mais aussi les chevaux, les personnes arrêtées lors des interventions ...

En 1850, le baron de la Pylaie nous décrit la caserne de gendarmerie : “On a construit, depuis peu, une maison pour la brigade de la gendarmerie départementale ; mais la distribution incommode de ce bâtiment nécessiterait sa reconstruction : il serait avantageusement transformé en une mairie, avec l'école communale au rez de chaussée. Le bourg a assez d'importance pour que sa maison commune cesse de n'être qu'une simple chambre sur le derrière d'une auberge.”

Cette présentation nous incite donc à croire que la première caserne fut effectivement l'ancêtre de la première mairie et de l'école Lazennec.

Son emplacement sera totalement revu en 1875 avec la construction de nouveaux locaux toujours rue Saint Michel, derrière l'ancienne charcuterie de Jean Tromeur, sur un terrain appartenant à la famille Lazennec.

Les brigades vont, sur le plan des effectifs, connaître quelques variations. Ainsi en 1851, si le brigadier Gourvest et son collègue Haché sont toujours présents, ils n'ont plus qu'un autre camarade, Jacques Alexandre Marie, âgé de 31 ans, originaire du Calvados, affecté à Brasparts en 1848 et qui épousera Marie Hortense Haché, fille de son “ancien”, dès l'année suivante. C'est le premier mariage d'un gendarme à Brasparts ...

C'est Jacques Marie qui succèdera à Jean Gourvest. A noter qu'en 1856, il est alors père de trois enfants – Alexandre (4 ans), Marie Anne (2 ans) et Frédéric (3 mois) et qu'il héberge également son beau-père ...

Il a alors sous ses ordres :

- Jean Hourmand, 37 ans, originaire du Cloître Pleyben, époux de Annette Sénéchal, 22 ans, et père de deux enfants, Hortense, 18 mois, et Joseph, 3 mois, tous deux nés à la caserne de gendarmerie de ; Jean Hourmand décédera à Brasparts le 18 juin 1856 ; pour la petite histoire, Anne Sénéchal épousera en 1860 un sabotier de Cléden Poher, Mathurin Lucas, qui viendra s'installer au bourg ;

- Louis Emile Milon, 34 ans, originaire de la Manche, affecté depuis 1852 à Brasparts, époux de Marie Josèphe Lannuzel, 26 ans, de Pleyben ; leur mariage fut également célébré à Brasparts en 1853 ; le couple aura six enfants tous nés à Brasparts dont l'aîné mourra “au Champ d'Honneur” à Saïgon en 1884, et dont la plus jeune deviendra receveuse des Postes à Brasparts ; Louis Emile Milon quittera la gendarmerie en 1860 pour s'installer à Brasparts ;

- François Henry Châtelain, 30 ans, originaire de la Somme, ancien de la brigade du Faou où il épousa en 1853 Marie Jeanne Evenas, 22 ans à l'époque ; affecté à Brasparts en 1854, il y restera juqu'en 1862 et aura quatre enfants ;

- Antoine Joseph Sannier, 37 ans, originaire du Pas de Calais, époux de Marie Jeanne Claudine Laporte, 28 ans.

Après le décès de Jean Hourmand, arrive à la Brigade

- Louis Vigerit Cyrille Caron, 30 ans, originaire de Picardie, époux de Elisabeth Marie Deschamps, 28 ans, de Rostrenen, et père de deux enfants, Cyrille François Félix (5 ans) et Alphonse (3 ans). C'est lui qui prendra le commandement de la brigade après le départ de Jacques Marie avant de prendre sa retraite .... à Brasparts ! Où il s'éteindra en 1902.

Louis Emile Milon sera lui remplacé par

- Charlemagne Desprez, 28 ans, originaire de Lille, ancien de la brigade du Faou, époux de Marie Isabelle Cévaër, 23 ans, de Lopérec, dont le mariage y fut célébré en 1859. Le couple aura quinze enfants, tous nés à Brasparts qu'il ne quittera qu'après la mort de son épouse en 1878 pour s'installer à Coray ;

En 1861, Henry Gillois, 27 ans, a remplacé Antoine Sannier. Son épouse, Françoise Renaut, est domiciliée à Pleyben chez ses parents.

Le recensement de 1866 nous informe que le brigadier Caron a sous ses ordres François Châtelain et Charlemagne Desprez, mais aussi :

- Guillaume Madec, 45 ans, né à , et muté de la brigade de Crozon, époux de Jeanne Yvonne Le Saint, 44 ans, de Morlaix, et père de deux enfants, Alexandre (11 ans) et Colombe Joséphine (13 ans) ; il rejoindra quelques années plus tard la brigade de La Feuillée ;

- François Dutour, 27 ans, originaire de Corrèze où il retournera se marier en 1865 avec Anne Lazoinie, 30 ans, et bientôt père d'un enfant, Marie Louise.

Tenue du gendarme départemental sous le second empire, gendarmerie impériale,

petite tenue:

- habit en drap bleu de roi avec retroussis écarlates,

- pantalon bleu clair en cuir de laine,

- bonnet de police pour le service courant modèle 1857 (dessus uni pour les sous-officiers, dessus comportant un nœud hongrois en fil d'argent pour les officiers).

Tenue du gendarme départemental à cheval sous la troisième république

(avec bonnet de police)

- corps boutonnant droit sur la poitrine au moyens de neuf gros boutons d'uniforme. Les bords sont ornés d'un passepoil écarlate.

- Sur le côté gauche du corsage, à la hauteur des hanches,une patte en drap du fond de l'effet, passe- poilée d'écarlate et doublée d'une basane en cuir noir, pour supporter le ceinturon - collet en drap bleu foncé, échancré par devant, passe-poilé en drap pareil,. Il est orné dans l'angle, de chaque côté, d'une grenade brodée en fil blanc,

- parements en pointe, en drap bleu foncé, passe-poilés en drap écarlate,

- pantalon demi-collant de drap bleu clair, dit hongroise, avec bandes de drap bleu foncé,

- boutons: ils portent au milieu une grenade avec cette légende au-dessus: "Gendarmerie" et au- dessous: "ordre public".

Les gendarmes sont à partir de cette époque parfaitement intégrés dans la commune. Et la Légion s'efforce d'entretenir au mieux les bâtiments. Les murs sont ainsi blanchis tous les trois ans, les réparations nécessaires sont entreprises régulièrement ... La brigade connaît des mutations habituelles, mais conserve toujours au moins un “ancien” ce qui permet aux nouveaux arrivants de prendre en compte les consignes, les évènements en cours, et de connaître la population dans le détail.

Les recensements nous permettent ainsi de dresser la liste des brigades tous les cinq ans. En 1884, le chef est Guillaume Corvez, originaire de -les-Morlaix, marié à Marie Elisabeth Soumasne, qu'il vient d'épouser, et dont il aura deux enfants nés à Brasparts : Henry (1885-1885) et Georgette (1886- 1979).

Sous ses ordres, François Marie Sounn, “l'ancien”, mais aussi :

- Mathieu Pellay, de Beuzec Cap , né en 1839, époux de Marie Françoise Bodenan, de Châteaulin, et père de deux enfants,

- Mathurin Marie Le Guillou, de Quimper, né en 1853, marié à Clémence Le Roy, de La Feuillée, et qui aura trois enfants nés à Brasparts : Marie Henriette (1886-1974), Louis (1894-1918, MPF), Henri (1900-1983) ;

- Jean François Le Noir, célibataire, âgé de 28 ans en 1886.

En 1888, le commandement de la Brigade est pris par Edmond Thoumelin, morbihannais qui arrive de Mauron avec son épouse, Marie Françoise Maurice, et ses 5 enfants auxquels viendront s'ajouter 4 autres nés à Brasparts .

Sous ses ordres, nous retrouvons deux “anciens”, François Marie Sounn et Mathurin Le Guillou, et deux “nouveaux”,

- Charles Marie Tanguy, né à Carnac en 1863, mari de Marie Jeanne Mével, de Pleyben, qu'il épouse en 1891 à Brasparts et dont il aura deux enfants,

- Louis Marie Le Port, né à Vannes en 1855, marié à Marie Anne Hémon, de Penhars, et père de deux enfants.

C'est en 1891, que Eugène Lazennec, nouveau propriétaire de la caserne, signe avec le Conseil Général un bail de 18 ans :

Gendarme départemental à cheval en 1904

Tenue:

- corps boutonnant droit sur la poitrine au moyens de neuf gros boutons d'uniforme. Les bords sont ornés d'un passepoil écarlate. - Sur le côté gauche du corsage, à la hauteur des hanches, une patte en drap du fond de l'effet, passe-poilée d'écarlate et doublée d'une basane en cuir noir, pour supporter le ceinturon

- collet en drap bleu foncé, échancré par devant, passe-poilé en drap pareil. Il est orné dans l'angle, de chaque côté, d'une grenade brodée en fil blanc,

- parements en pointe, en drap bleu foncé, passe-poilés en drap écarlate,

- pantalon demi-collant de drap bleu clair, dit hongroise, avec bandes de drap bleu foncé,

- le képi: doit mesurer 100 mm devant et 130 mm derrière avec un calot de 170 mm en longueur sur 130 mm en largeur lui donnant ainsi une forme plus que cylindrique.

En 1905, la Brigade est une nouvelle fois “renouvelée” avec pour brigadier Pierre Faro, de Quemeneven, époux de la vannetaise Marie Françoise Le Moigne et père de deux enfants (une petite fille naîtra à Brasparts en 1907), et comme gendarmes :

- Toussaint Huchet, originaire de Tinténiac (né en 1876) ;

- François Landrin, de St Etienne de Montluc (1877), époux de Marie Conan, de ;

- François Augustin Poncelin, de Montigny (1880) ;

- et Joseph Colin, de (1875), époux de Marie Fertil, de Ploeven et père d'une petite fillen née en 1903 à Ploeven. Un petit garçon naîtra peu après son arrivée à Brasparts en 1904. Joseph Colin succède à Julien Lancien.

Le chef de la Légion demande à la Brigade de rechercher un nouveau site mais la réponse ne tarde pas : le bail de la caserne expire le 1er octobre 1910, et il n'a pas été possible de “trouver dans cette localité un immeuble autre que l'immeuble actuel pouvant être utilisé comme caserne de gendarmerie.” Il reste à renouveler la demande de bail pour une nouvelle période de 18 années ... Entre temps, le propriétaire a changé : à Lazennec a succédé M. de Malherbe, domicilié à Paris. Le bail est approuvé par la commission départementale malgré les remarques du commandant de la compagnie du Finistère :

Le bail est donc signé et renouvelé pour 18 nouvelles années, et le Conseil général du Finistère décide la réalisation de travaux pour améliorer les conditions de vie des gendarmes.

Les travaux une fois réalisés, les occupants vont trouver un nouveau confort pour eux et leurs familles.

En 1911, la brigade est constituée de : - Arsène Bonenfant, originaire de Saint Maudez, brigadier, 41 ans, marié et père d'une petite fille, née en 1902 ;

- François Violleau, originaire de Barbâtre, 45 ans, marié et père de 3 enfants ;

- Justin Besson, originaire de La Fouillade, 29 ans, jeune marié ;

- Clovis Courtin, originaire de Saint Hilaire des Loges, 29 ans, marié et père de deux enfants ;

- Jean Chaillou, originaire de Gauriac, 28 ans, marié et père d'un petit garçon, Arsène, né à Brasparts peu après son arrivée en 1908.

Leur situation dans Brasparts est excellente et leur réputation de qualité ... Et leurs missions sont remplies avec beaucoup de respect de la population, même si parfois ils se trouvent confrontés à quelques personnes un peu rudes. Ce sera l'occasion pour moi de rapporter quelques faits divers au cours de leur histoire.

Il n'y aura pas de nouvelle évolution avant 1926, mais c'est là un autre sujet... http://ville-brasparts.forum-actif.net/t1134-la-gendarmerie-a-brasparts-1834-1914

Je remercie Mr CIREFICE Patrice de Brasparts pour cette page d’histoire (J’en profite pour vous recommander une visite sur le site « ville-brasparts.forum-actif.net » il est d’une richesse extraordinaire…) je remercie également Madame Annie Le Vaillant maire de Pleyben qui m’autorise la diffusion de ses articles historiques sur son site officiel.

Roger Hascoët