du combattant des douanes JOURNAL TRIMESTRIEL ÉDITÉ PAR L’ASSOCIATION NATIONALE L’DES ANCIENS COMBATTANTSécho ET VICTIMES DE GUERRE DES DOUANES Numéro 51 - Octobre 2014 Affiliée à la Fédération Nationale André MAGINOT et à l’Union Française des Associations de Combattants et Victimes de Guerre Le mot du président La commémore le centenaire de la 1ère Guerre mondiale. Deux peuples, aujourd’hui enfin liés par une profonde amitié, ont sacrifié leur jeunesse pendant plus de quatre années. Nous ne pouvons fêter un tel anniversaire, mais nous avons le devoir de nous souvenir et de nous recueillir en saluant le sacrifice "29 août 2014 des millions de soldats et de Centenaire de la bataille de BRANDEVILLE civils qui ont péri au cours de La délégation douanière autour de M.M. Gérard SCHOEN, Directeur cette première guerre mondiale. interrégional des Douanes à METZ et Gabriel BASTIEN, Président national de Une seconde Guerre mondiale, l'ANACVGD vingt ans plus tard, a de nouveau décimé la jeunesse de AU SIÈGE Pages 2 à 6 nos deux pays entraînant la . Activité du BN mort de millions de soldats du . Commémoration du 8 mai 1945 à Bercy monde entier venus donner leurs . Centenaire de la bataille de BRANVILLE jeunes vies pour la défense des CE QU’IL FAUT SAVOIR Pages 7 à 8 Libertés. Nous vivons enfin en harmonie DANS LES GROUPEMENTS RÉGIONAUX Pages 9 à 12 au sein d’une Europe en paix et - À NANTES - À MARSEILLE en accord avec elle-même.  70 ans après, les Jausièrois n'ont pas oublié les douaniers Nous nous souvenons du  Le Ministre décore trois douaniers sacrifice de nos aînés au cours - À PERPIGNAN du XXème siècle et nous nous inclinons devant les monuments MÉMOIRE & HISTOIRE Pages 13 à 31 élevés à leur mémoire partout en . 191461918, un devoir de mémoire . Montmedy France. . Embuscade en Algérie Aujourd’hui, la paix du monde . Emotions juvéniles est toujours menacée par de BRÈVES - NÉCROLOGIE Page 31 nombreux conflits meurtriers ; . Nécrologie - Nouvelles adhésions Sommaire les motifs de ces guerres sont la plupart du temps de nature SAINT MATTHIEU 2014 Page 32 ethnique ou confessionnelle. - Ravivage de la flamme Elles nous interpellent, certains que nous étions d’un respect Page 2 Numéro 51 - Octobre 2014 Le mot du président ... suite ... Au siège mutuel des peuples à accepter le vivre ensemble avec nos différences culturelles et Activité du bureau national religieuses. La peur s’infiltre dans nos villes et nos villages lorsque Date Lieux Objet Noms les dérives de la société, la pe Journée nationale à la mémoire des n des valeurs fondamentales victimes des crimes M. se font jour et conduisent 20.07.14 PARIS racistes et antisémites LIERMANN des jeunes à se transformer de l'Etat français en « djihadistes » prônant et d'hommage aux la destruction de toute « Justes » de France. autre culture ou religion, Cérémonie déniant à la République commémorant le M. sa volonté d’être laïque, 25.08.14 PARIS 70ème anniversaire tolérante et respectueuse des de la Libération de LIERMANN autres cultures et de ceux qui Paris. pratiquent ou non une autre religion. Centenaire de la bataille de G. BASTIEN Anciens Combattants, nous 29.08.14 BRANDEVILLE M. avons le devoir de dire les BRANDEVILLE LIERMANN dangers que constituent ces () intégrismes conduisant des hommes à devenir les « tueurs » Réunion Commission de tous ceux qui ne pensent 04.09.14 PARIS UFAC M. LIERMAN ou n’agissent pas comme ils veulent et qui s’imposent par ème la violence. MONDEMENT- 100 anniversaire de 12.09.14 la 1ère Bataille de la M. Il y a trop peu d’actions pour MONTGIVROUX LIERMANN que cessent ces folies d’un Marne autre âge ; la République J-C. NOIRET laïque et démocratique doit, 17/18 elle aussi, imposer ses valeurs 09.14 REIMS CONGRES MAGINOT & de Liberté, d’Égalité et de A. PICARD Fraternité dans le respect de chacun. G.BASTIEN RAVIVAGE DE LA B.BERTIN Soyons vigilants et 22.09.14 PARIS FLAMME B.CROUAIL n’acceptons pas ces dérives, J.GUILLON d’où qu’elles viennent. M.LIERMANN Journée nationale Demeurez en bonne santé. d'hommage aux À tous, mon amitié. Harkis 25.09.14 PARIS Hommage quai Branly M. LIERMAN et ravivage de la Gabriel BASTIEN Flamme Réunion d'une 25.09.14 PARIS B. BERTIN commission UFAC Page 3 Numéro 51 - Octobre 2014 Commémoration du 8 mai 1945 à Bercy

Le 12 mai 2014, à 12 heures France – Normandie – Centre, la capitulation sans condition à 30, s’est déroulée, à BERCY, représentant le Président Berlin le 8 mai, nous associons la commémoration du 69e national, Gabriel BASTIEN, dans une même pensée les anniversaire de la fin de la retenu en province ; le drapeau victimes civiles et militaires. seconde guerre mondiale. était porté par Julien LOUISIN. N’oublions pas les Résistants, Cette cérémonie, à l’initiative Au cours de cette cérémonie, Soldats de l’ombre qui de l’Association des Anciens qui s’est terminée sous ont lutté parfois jusqu’au Combattants des Finances une pluie battante, M. sacrifice suprême. Ceux s’est tenue en présence de Bernard MERCADIER, qui ont subi pendant 4 M.M. SAPIN et ECKERT, Président des Anciens voire 5 années la captivité. respectivement Ministre des Combattants des Finances, Ceux qui ont été en camp Finances et des Comptes Publics a prononcé une allocution de déportation, avec leur et Secrétaire d’État au Budget et dans laquelle il a rappelé : triste cortège de souffrances. avec le concours traditionnel de la « Nous recueillir ensemble est Ceux qui ont continué le combat Maison d’Éducation de la Légion un devoir que nous devons sur tous les points du globe, d’Honneur de Saint-Denis et de respecter tous les ans, à portant nos couleurs et assurant l’École primaire Baudricourt du l’occasion de l’anniversaire du la présence de la France 13e arrondissement de Paris. 8 mai 1945, devant ces stèles Libre dans la victoire finale. L’Administration des Douanes pour commémorer le sacrifice de ….il est juste que chaque année, était représentée par Mme la vie des agents des Finances nous nous retrouvions ensemble Hélène CROQUEVIEILLE, et de l’Industrie pendant pour nous souvenir que des Directrice générale et M. les grands conflits du siècle femmes et des hommes ont Philippe GALY, Directeur dernier et notamment celui de lutté jusqu’à l’extrême pour nous interrégional d’Île-de-France. la seconde guerre mondiale. transmettre ce précieux héritage Une délégation de l’A.N.A.C. & En ce 69e anniversaire de la qu’est la Liberté, pour que nous V.G. DOUANES était conduite signature de l’acte de reddition ayons la possibilité de vivre par Maurice LIERMANN, générale de la Wehrmacht à dans un pays uni autour de ses Président du Groupement Île-de- Reims le 7 mai, puis celle de valeurs républicaines, que nous gardions à l’esprit le respect de l’autre, la conviction profonde et rassurante de la chance de vivre dans un pays en Paix. » Dans son discours, M. Michel SAPIN a notamment déclaré : « La France célèbre, cette année, le 70e anniversaire de sa Libération. La mémoire collective garde souvent de cette période l’image d’une France en liesse et l’enthousiasme d’un peuple ivre de sa liberté reconquise. Pour les familles des soldats et des résistants morts pour la France, cependant la joie n’a jamais pu effacer le souvenir des disparus. C’est la mémoire de ces Dépôt de gerbe par le Ministre Michel SAPIN (photo. A. SALESSE) hommes et de ces femmes que Page 4 Numéro 51 - Octobre 2014

Le Président MERCADIER pendant son discours (photo A SALESSE) nous venons honorer chaque conquérant de la reconstruction. est de tout faire pour ce que année. C’est à leur courage C’est elle qui a jeté les bases nos prédécesseurs ont vécu que nous rendons hommage. des grandes réformes de ne puisse jamais se reproduire. C’est devant la douleur de la Libération et de notre Cela passe évidemment par la leurs proches que nous venons modèle social et républicain. réaffirmation permanente de nous incliner et nous recueillir. C’est cet élan qui a permis à la la vocation européenne de la …..Le sens de la cérémonie France et à l’État de relever des France, et chacun peut encore qui nous réunit aujourd’hui est défis dont on peine aujourd’hui s’inspirer de cette génération de retrouver, au contact de ce à imaginer l’ampleur. C’est des pères fondateurs de grand souvenir, un peu de la l’immense effort de cette l’Europe qui ont eu le courage, force de ceux qui ont traversé génération qui a forgé le monde je dis bien le courage, d’affronter ce drame. Ne pas oublier ce et la société dans laquelle nous les opinions publiques de pourquoi ils se sont battus, ni ce vivons. Et c’est leur inspiration l’époque et de dépasser, en qu’ils nous ont légué. Car ce que qu’il nous faut sans quelques années seulement, nous sommes, c’est à eux que retrouver pour affronter les des siècles d’antagonismes nous le devons. À eux qui ont défis du monde d’aujourd’hui. pour assurer durablement la passionnément voulu, pour eux- ….Cette promesse....doit nous paix sur le continent depuis mêmes et pour leurs enfants, donner le courage d'affronter maintenant près de 70 ans. »■ la paix, la liberté et la justice. nos responsabilités, chacun à la C’est leur soif de liberté et de place où nous sommes, comme M.L. justice, retrempée au feu de citoyen et comme serviteurs de l’épreuve et du sacrifice de tant l’État avec la claire conscience d’innocents, qui a guidé le souffle que notre première responsabilité Page 5 Numéro 51 - Octobre 2014 Commémoration du centenaire de la bataille de Branville

Le 29 août 2014, le village de Sénateur de la Meuse, ancien France, Jean KOLWALCZKY BRANDEVILLE a commémoré Ministre de la Défense, et Boris TREGUBOFF du avec une solennité particulière - M. Yves LECRIQUE, Maire de Groupement de Lorraine et le centenaire de la bataille MONTMEDY et de nombreux de Michel SAILLA, Thierry qui décima la garnison de la représentants des autorités civiles BASTIEN et Bernard BODIN. forteresse de MONTMEDY et militaires du département. Des gerbes ont été déposées ; dans sa retraite sur L'Administration des Douanes des discours prononcés. (cf. ci-après, dans la rubrique était représentée par M. Les drapeaux se sont « Mémoire & Histoire , l'article Gérard SCHOEN, Directeur longuement inclinés à la de Michel SAILLA sur la funeste interrégional des Douanes à sonnerie « Aux Morts » et « La destinée de la garnison). METZ, assisté de M. Dominique Marseillaise » a été reprise L'Administration des Douanes LAURAIN, Inspecteur régional en chœur par l'assistance. et l'A.N.A.C. & V.G. DOUANES à la Direction de Lorraine. Un Discours prononcé par se devaient de participer à piquet, composé de dix agents M. Gérard SCHOEN : cet hommage à l'initiative de en uniforme de la Direction de « En ce centenaire de la bataille M. Luc BOURTEMBOURG, Lorraine, sous le commandement de BRANDEVILLE, je suis Maire du village. de l'Inspecteur Mathieu très honoré d'être associé à L'hommage a commencé à 17 GIGLEUX, rendait les honneurs. cette cérémonie et de prendre heures par un office religieux La délégation de l'A.N.A.C. & la parole pour témoigner du courage dont ont fait preuve les agents des Douanes dont le rôle, depuis la mobilisation et jusqu'à ce 29 août 1914, consista à effectuer des patrouilles de jour et de nuit, le long de la frontière belge, d'identifier les mouvements et de localiser les incursions des troupes ennemies afin de prévenir et d'entraver leur progression. Sentinelles avancées, postées sur les routes, les ponts et les passages à niveau, les hommes des 6ème, 6ème bis et 7ème Bataillons douaniers justifièrent la confiance placée en eux, ne cédant de terrain qu'en dernier recours. Privés de ravitaillement Pendant l'Office religieux et de secours, ces valeureux Douaniers opposèrent une célébré dans l'église qui n'avait V.G. DOUANES était conduite résistance héroïque aux certainement pas connu une par Gabriel BASTIEN, Président troupes ennemies, supérieures telle affluence depuis longtemps. national, entouré de Maurice en nombre et en matériel. Une remarquable exécution à LIERMANN, Trésorier national, Il s'agissait alors de favoriser la trompette de l'AVE MARIA Michel VENDEMIN, Président le repli des militaires français de SCHUBERT a souligné la du Groupement de Lorraine, stationnés à MONTMEDY solennité de cette cérémonie Eric WAGNER accompagné vers le site de VERDUN et qui s'est poursuivie à la de son épouse, Président du de constituer autour de la nécropole édifiée à la mémoire Groupement de Strasbourg, ville une ligne de défense qui des 600 morts de la bataille Jean-Claude NOIRET, délégué allait s'avérer infranchissable. en présence notamment de : régional ARDENNES, les Le 25 août 1914, on signala - M. Daniel MERIGNARGUES, Porte-drapeaux Arnaud l'interception par des Douaniers Sous-préfet de VERDUN, PICARD et Franck POINSOT français d'une trentaine de - M. Gérard LONGUET, du Groupement d’Île-de- Uhlans en provenance de Page 6 Numéro 51 - Octobre 2014

frontières, ont vaillamment défendu le sol français en se sacrifiant pour la Patrie. Ici, venant du Fort de Montmédy, ils étaient parmi nos 600 glorieux anciens qui ont fait le sacrifice suprême pour ralentir l'avance des armées allemandes. Nous, Anciens Combattants des Douanes, n'oublierons jamais leur sens du devoir et leur héroïque combat pour M.M. SCHOEN, LONGUET et BASTIEN pendant leurs discours. la défense de la République. Notre devise « Honneur et Dévouement » a, dans ces Belgique, accrochage au cours contribuer au développement moments tristes et solennels, duquel 5 soldats ennemis de notre économie et été glorifiée au même titre furent abattus et 3 Douaniers favoriser la compétitivité de que le sont tous ces hommes français grièvement blessés. notre commerce extérieur. qui ont donné leurs jeunes Le 27 août, les 2.300 hommes Résolument tourné vers l'avenir vies pour la grandeur de la de la forteresse de MONTMEDY, et l'évolution de ses missions, France ; elle est la fierté de l' parmi lesquels les Douaniers, la Douane sait rester fidèle à Administration des Douanes. entament leur retraite vers sa mémoire et à sa devise : « Nous saluons nos morts et nous VERDUN, mais se heurtent AGIR POUR PROTEGER ». nous recueillons à leur souvenir. à une forte concentration N’oublions jamais et surtout, ennemie. A l'issue d'âpres Discours prononcé par soyons fiers de leur sacrifice. » combats, les hommes de la le Président BASTIEN : Cette journée du souvenir s’est garnisons furent encerclés et, « Il y a cent ans, deux peuples, terminée par un spectacle pour ceux qui échappèrent aujourd’hui amis, s'affrontaient son et lumière « Du champ de à la mort, faits prisonniers. entraînant une véritable blé … au champ d’honneur » Parmi les Douaniers repliés dans hécatombe de leur jeunesse. interprété par l’association la forteresse, 5 ont été tués, Dans ce conflit, les Douaniers, 87 furent faits prisonniers et 2 rassemblés en bataillons, « Les Chiérothains ». ■ parvinrent à gagner VERDUN en premiers soldats aux traversant les troupes ennemies. M.L. Cette commémoration nous rappelle que, de tout temps, les Douaniers ont participé aux combats et, que, dans notre région, ils furent parmi les premiers à faire le sacrifice de leur vie. En cet instant solennel, je tiens à me faire le porte-parole des Douaniers réunis autour de cette nécropole et de l'ensemble de la communauté douanière pour saluer la mémoire de nos collègues disparus et rendre hommage à leur héroïsme. Aujourd'hui, en temps de paix retrouvé, si les missions des Douaniers ont changé de nature, leur engagement demeure irréprochable pour protéger notre pays et ses citoyens, La stèle à la nécropole. Page 7 Numéro 51 - Octobre 2014 Ce qu'il faut savoir

Pêle-mêle ... LOI DU 12 NOVEMBRE 2013 (JORF du 13) VISANT A SIMPLIFIER LES RELATIONS CAMPAGNE DOUBLE : ENTRE L’ADMINISTRATION ET LES CITOYENS.

A FUSILLES POUR L’EXEMPLE. Page 8 Numéro 51 - Octobre 2014 Pêle-mêle ... suite...

FRAIS D’OBSEQUES : L’article 27 de la loi de séparation et de régulation des activités bancaires, précise que la personne qui s’occupe des funérailles peut obtenir le prélèvement sur les comptes bancaires du défunt des sommes nécessaires au paiement de tout ou partie des frais d’obsèques dans la limite de 5 000 €. Pour cela, il suffit de présenter la facture des pompes funèbres, le débit sur les comptes du défunt étant effectif dans la limite du solde créditeur.

A PROPOS DU BUDGET DES ANCIENS COMBATTANTS 2015

EXONERATION DE LA TAXE D’HABITATION :

RECONNAISSANCE JUDICIAIRE EN FAVEUR DES HARKIS : Le 10 juillet dernier, le Tribunal Administratif de Pontoise (Val d'Oise) a jugé la politique d'abandon des Harkis sur le sol algérien, initiée à partir du 12 mai 1962, constitutive d'une faute qui rend l'Etat français respon- sable des massacres dont les Harkis et leurs familles ont été les victimes. Toutefois,le Tribunal Administratif n'a pas fait droit à la demande de réparation pré- sentée par les requérants, admettant ce- pendant que le processus de réparation mis en place a été tardif et fragmentaire. Page 9 Numéro 51 - Octobre 2014

Dans les groupements régionaux

À Nantes

RECEPTION DE M. DUPONT- des membres du Bureau. des bureaux particuliers. DUTILLOY, DANS L'ORDRE Les Porte-drapeaux de Dans son allocution, Mme DE LA LEGION D'HONNEUR NANTES et LA ROCHELLE BUIRONFOSSE -BJAI a retracé encadraient le récipiendaire, le parcours administratif de M. Le 25 avril 2014, M. Eric entouré de sa famille en DUPONT-DUTILLOY, soulignant DUPONT-DUTILLOY, cette solennelle occasion. les actions importantes qui Directeur interrégional des Cette manifestation s'est ont marqué sa carrière. Douanes à NANTES, a été déroulée au siège de Dans sa réponse, M. DUPONT- reçu dans l'Ordre de la l'Interrégion des Douanes de DUTILLOY, après avoir remercié Légion d'Honneur par Mme Nantes, en présence d'un les personnalités présentes et Pascale BUIRONFOSSE-BJAI, certain nombre de personnalités l'ensemble des participants, a Directrice régionale Gardes- civiles et militaires en résidence indiqué qu'il était très honoré Côtes Nantes-Atlantique. à Nantes, notamment le Contre- par cette distinction ; avec une Le coussin était porté par Amiral Alain BELLOT, Président certaine émotion, il a rappelé la fille de M. DUPONT- de la Société des Membres rejoindre ainsi son grand- DUTILLOY, militaire à l'école de la Légion d'Honneur père promu dans l'Ordre de de SAINT-MANDRIER. et le Recteur d'Académie. la Légion d'Honneur pour L'Administration des services rendus à la Nation L'ANAC & VG DOUANES Douanes était représentée lors de la Grande Guerre. était représentée par Joseph par les Directeurs et Cocktail et buffet ont GUILLON, Secrétaire Receveurs régionaux, les clôturé cette cérémonie. ■ national et Président du membres de l'encadrement Groupement régional entouré ainsi que des personnels J. GUILLON

M.DUPONT-DUTILLOY pendant son discours. A sa gauche, Mme BUIRONFOSSE-BJAI et Marcel TREHELOT, Porte-drapeau. Page 10 Numéro 51 - Octobre 2014 À Marseille

70 ANS APRES – LES 1944 ; marqué par cette exécution, drap, les jambes qui dépassaient JAUSIEROIS N'ONT PAS il en garde, encore aujourd’hui, laissaient entrevoir des bas de OUBLIE LES DOUANIERS un douloureux souvenir : pantalons bleus à bandes rouges. « Au petit matin, venant de Un cruel drame venait d’avoir Le 15 juin 1944, Émile MEYRAN, La Condamine, une troupe lieu. C’était le 15 juin 1944, date François IMBERT, Ferdinand allemande casquée et armée, anniversaire de mes 13 ans. » GARCIN et Émile ARNAUD, investit JAUSIERS, par la route Brigadier et Préposés des principale, automitrailleuse en L'ANAC & VG DOUANES Douanes à LA CONDAMINE tête. Personne dans les rues. remercie les Anciens étaient fusillés par les Allemands. Je les observe à travers les Combattants de JAUZIERS Quelques jours seulement après lames d’un volet du deuxième et leur Président M. Joseph le débarquement en Normandie, étage, au-dessus de l’épicerie, BORELLI, les habitants de l’armée allemande entre dans immeuble de Mme Lions. Les JAUZIERS qui ont oeuvré pour JAUSIERS bien décidée à soldats progressent en colonne que cette cérémonie mémorielle trouver et éliminer les Résistants de chaque côté de la rue. Ils ait lieu ainsi que nos collègues qui viennent de lui faire vivre surveillent les toits et fouillent retraités qui se sont déplacés cinq jours d’enfer dans la vallée les maisons pour en extraire pour honorer la mémoire de l’Ubaye ; tous les hommes de tous les hommes de 7 à 77 de leurs quatre collègues. 17 à 70 ans sont interpellés. Les ans, pour ensuite les enfermer M.L quatre Douaniers en uniforme qui dans l’unique hôtel de l’époque. sources : « Le Dauphiné Libéré », reviennent de patrouille au fort Nous avons été une des rares « La Provence » du 19.06.14. de Cuguret pensent n’avoir rien maisons épargnées, il y avait à craindre ; ils ont planqué leurs trois hommes dans l’immeuble, LE MINISTRE DECORE fusils mais ils n’ont pas pensé des personnels de l’école, des TROIS DOUANIERS aux munitions américaines apprentis de l’arsenal de Toulon. Le 20 juin 2014, M. Michel reçues d’un parachutage et En fin de matinée, j’ai vu quatre SAPIN, Ministre des Finances et dont leurs poches sont pleines. douaniers en tenue, encadrés des Comptes Publics s’est rendu Après un interrogatoire musclé, par un groupe d’Allemands qui à la caserne des douanes de La ils sont relâchés en fin de les conduisait vers la mairie. Joliette pour remettre la Médaille journée, libres de repartir vers Plus tard, j’ai revu passé ces d’Honneur des Douanes aux leur quartier de La Condamine quatre prisonniers et leurs agents de la B.S.I. de Marseille leur dit-on. Accompagnés par « geôliers », ils se dirigeaient qui, le 30 mai, ont interpellé, les Allemands sur la rive gauche vers la route de La Condamine. à la gare routière de Saint de l’Ubaye, ils seront abattus En fin d’après-midi, un soldat Charles, l’auteur présumé de à l’endroit où la commune de allemand est venu chercher le l’attentat qui fit quatre victimes JAUSIERS a élevé une stèle Maire en lui demandant d’aller au Musée juif de Bruxelles. autour de laquelle les Jausiérois récupérer des morts, sans et quelques Douaniers retraités préciser de qui il s’agissait. Cette cérémonie s’est se sont réunis le 15 juin 2014 Le maire est parti avec sa déroulée devant le monument pour honorer leur mémoire. charrette attelée à son cheval. aux Morts élevé, dans Lorsqu’il est repassé dans la l’enceinte de la caserne, à Jack AIGUIER, fêtait son rue , sur le plateau, gisaient la mémoire des Douaniers treizième anniversaire le 15 juin quatre corps étendus sous un « Morts pour la France ». Page 11 Numéro 51 - Octobre 2014

Le Ministre entouré du Préfet de région, de Mme CROQUEVIEILLE et M. MORET se recueillent devant le monument aux Morts.

Le Préfet de région, Mme Hélène c’est une chance pour la France tueur et maîtriser une situation CROQUEVIEILLE, Directrice de disposer de professionnels extrêmement périlleuse et générale des Douanes, M.M. qui, au quotidien et dans des tendue » (N.D.L.R. : les bagages Jean-Louis MORET, Directeur conditions souvent difficiles, du tueur présumé contenait un interrégional et Patrice VERNET, protègent notre territoire, nos revolver, une kalachnikov et Directeur régional des Douanes concitoyens et nos entreprises. » de nombreuses munitions) ■ entourés de l’encadrement Abordant l’interpellation et de nombreux agents de Mehdi NEMMOUCHE, M.L. participaient à cette cérémonie. le Ministre déclarait : (source : B.I.C.) Le Groupement régional « Cette interpellation, de l’A.N.A.C. & V.G. contrairement à ce que certains DOUANES et ses Porte- commentateurs un peu rapides drapeaux étaient présents. ont pu dire, est tout sauf le fruit Avant de décorer : du hasard. Elle est le résultat Stéphane MAZARI, d’un travail quotidien de ciblage Contrôleur principal, et de contrôle. Elle est le résultat Manuel BIJON, Contrôleur du professionnalisme et de de 1ère classe, l’expérience des agents des Isabelle MASAROTTI, Douanes qui ont su repérer, Contrôleuse de 2e classe, remarquer ce que d’autres le Ministre a rappelé « que les peut-être n’auraient pas vu, missions de la Douane sont des puis réagir dans le calme, afin missions dangereuses et que de tromper la vigilance du Page 12 Numéro 51 - Octobre 2014

À Perpignan

QUATRE MOTARDS DE LA B.S.I. DE NARBONNE A L’HONNEUR

A l’occasion des cérémonies du 14 juillet à CARCASSONNE, le Préfet de l’Aude a remis la Médaille de la Sécurité intérieure « échelon argent » à nos collègues Jean-Luc DAMESTOY, Yann HARNOIS, Emmanuel MOIRON et Stéphane RIBERE pour leur courage, leur dévouement et les résultats obtenus à l’occasion d’un dispositif mis en place sur l’autoroute A9 ayant abouti à l’interpellation d’un conducteur de « go-fast » qui s’était soustrait au contrôle ; 176, 6 kg de résine de cannabis ont été saisis contribuant au démantèlement de deux réseaux de trafiquants. ■

(Source B.I.C.)

M.DIONET, Directeur régional à PERPIGNAN entouré des récipiendaires Page 13 Numéro 51 - Octobre 2014 Mémoire et histoire

1914 - 1918 : un devoir de mémoire

Comme nous l'avons évoqué de la couronne d'Autriche- guerre n'est pas déclarée. Pour lors de notre dernier congrès, Hongrie, l'Archiduc François- éviter tout risque d'incident, le l'implication de l'A.N.A.C. & Ferdinand, sera le détonateur Général Joffre, Commandant V.G. DOUANES, dans les de ce conflit. en chef des armées, prescrit cérémonies du centenaire de A la suite de cet attentat, à nos troupes de se maintenir la Grande Guerre, a été actée l'Autriche-Hongrie, poussée à 10 kilomètres en retrait afin de rendre l'hommage par Guillaume II, Empereur de la frontière, laissant aux qui leur est dû à nos d'Allemagne, adresse un Douaniers le soin d'occuper glorieux anciens et à notre ultimatum humiliant à la des points assignés à cette administration, la Douane, Serbie qui, le 28 juillet 1914, extrême frontière. largement impliquée dans ce déclare la guerre à l'Autriche. Il importe de rappeler que la conflit. Par le jeu des alliances, la Douane, organisée , pour son Parallèlement aux « Première Guerre Mondiale » personnel actif, en bataillons manifestations officielles est en marche. douaniers est, depuis le 1er nationales, le comité de Le 31 juillet, un processus Empire, une des composantes rédaction de L'ECHO irréversible s'engage et le 1er du système défensif aux DU COMBATTANT DES août l'Allemagne et la France frontières. La mobilisation DOUANES souhaite décrètent la mobilisation générale a eu pour accompagner cette action générale. Le 2 août, les troupes conséquence de structurer et va tenter de vous faire allemandes envahissent les bataillons douaniers en découvrir les missions brutalement le Luxembourg, configuration « guerre ». , les faits d'arme ou les première exécution du plan engagements spécifiques des de bataille allemand élaboré LES PREMIERS agents des Douanes dans ce par le Général Von Schlieffen, AFFRONTEMENTS AVANT conflit planétaire. et prélude à la violation de la LA DECLARATION DE L'article qui suit évoque le neutralité belge. GUERRE : rôle et la place des Douaniers Le plan français, qui lui n'a ni dans la période précédant la imaginé, ni cru à une manœuvre Les Douaniers français, dans déclaration de guerre officielle aussi audacieusement cette phase préliminaire de la de l'Allemagne à la France ; et cyniquement conçue, Guerre, se retrouvent donc les Douaniers, en poste à comporte la concentration en première ligne à l'extrême l'extrême frontière, durent de ses forces principales frontière. C'est à proximité faire face aux premières tout au long de la frontière du Territoire de Belfort, sur la incursions belliqueuses des franco-allemande imposée frontière, entre PETIT-CROIX patrouilles allemandes sur le par le traité de Francfort du et LE VALTIN que, dans la territoire national. 10 mai 1871, frontière allant journée du 2 août, donc la du Nord-Est du Territoire veille de la déclaration de RAPPEL HISTORIQUE : de Belfort à la frontière du guerre de l'Allemagne à la Luxembourg, l'Alsace et le France, qu'à cinq reprises, L'assassinat par un étudiant Nord de la Lorraine étant les agents des Douanes bosniaque, le 28 juin 1914 à depuis territoires allemands. feront face aux violations du SARAJEVO, du prince héritier Dans cette phase d'alerte la territoire national perpétrées Page 14 Numéro 51 - Octobre 2014 par des groupes germaniques de reconnaissance armés. Le premier affrontement se produit dans le petit village de SUARCE , à l'extrémité est du Territoire de Belfort. Nos agents se sont installés dans la mairie et ont détaché en avant deux sentinelles qui gardent l'entrée d'un pont après avoir coupé la route par des herses et des voitures. A 9 heures, deux cyclistes allemands suivis par une quarantaine de cavaliers surgissent, pénètrent dans le village et s'engagent sur la route de VELLESCOT. C'est à ce moment qu'éclate une fusillade entre eux et les Douaniers qui ont ouvert le feu. Le Préposé LAIBE est grièvement blessé par une balle qui lui traverse l'épaule gauche de part en part. Évacué sur l'Hôtel Dieu de Bourg-en-Bresse, rétabli et décoré de la Médaille Militaire, il reprendra son service deux mois plus tard. Il est la première victime de ce conflit qui, quatre années RONDOT. Ces derniers voient , Benjamin MULLER, Auguste durant, fera plusieurs millions déboucher une quarantaine GUILLEN et Charles BORNE. de morts et blessés. de cavaliers précédés de Ce dernier ouvre le feu. Les Le second accrochage eut lieu trois éclaireurs ; le groupe assaillants se replient ; l'un à MONTREUX-CHÂTEAU progresse jusqu'à la sortie du d'eux, nommé REICHMANN, où une quinzaine de soldats bourg, hésite et fait demi-tour tombé de cheval est fait cyclistes allemands attaquent salué par deux coups de fusil prisonnier par le Brigadier les agents des Douanes en tiré par MAITRE. BIZE. poste, qui, sous le feu, se Le quatrième face à face Un cinquième accrochage replient ; le Capitaine DENTZ se déroule à REPPE, à aura lieu à VAUTHIERMONT riposte et réoccupe la position 300 mètres de la frontière où, à 12 heures 45, la Brigade abandonnée quelques allemande où, vers midi des Douanes composée instants. et quart, une patrouille de des Préposés COFFINET, Un troisième incident éclate neuf cavaliers allemands JOSSE, REGNAUD, à CHAVANES-LES-GRANDS pénètre en territoire français. POUSSARDIN, BLONDEAU, après que la Brigade des Elle se heurte à la Brigade CLERC, PERRIER, PIDON Douanes ait évacué le commandée par le Lieutenant et REY commandée par le village, laissant sur place Georges PARACHIE assisté Brigadier ZERRINGER, ouvre deux Douaniers guetteurs du Brigadier Eugène BIZE et le feu sur une patrouille de téléphonistes, MAITRE et des Préposés Bernard BAUR sept dragons allemands qui se Page 15 Numéro 51 - Octobre 2014 replient derrière la frontière. Après ces incidents, dans la soirée du 2 août, le commandement général lève l'interdiction pour les armées de franchir la ligne des 10 kilomètres ; celles-ci reçoivent instruction, après mise en place sur la zone frontière, de rester en position défensive pour éviter toute accusation d'activités agressives. Le lendemain, 3 août 1914, à 18 heures 45, l'Ambassadeur d'Allemagne est reçu, à sa demande, par M. Bienvenu MARTIN en l'absence de M. René VIVIANI, Président du Conseil et Ministre des Affaires Étrangères qui n'a pas encore regagné son ministère, rentrant de Russie où il a accompagné le Président de la République Raymond POINCARE. Le diplomate allemand remet à M. MARTIN, la déclaration de guerre officielle à la France avec prise d'effet le 4 août 1914. Le visiteur reçoit en retour la célèbre réponse : « Monsieur l'Ambassadeur, je vous remercie pour cette intéressante communication. » A cette plus tard, au village de époque, même dans les JONCHERREY, le Douanier circonstances les plus Louis LARDIER, mobilisé et dramatiques, la courtoisie affecté au 8ème Bataillon restait de rigueur. Cette douanier le 31 juillet, sera déclaration de guerre ne mortellement blessé. Il sera le laissait pas présumer l'horreur premier d'une longue liste de du conflit, sa durée, son combattants douaniers Morts ampleur planétaire et son au Champ d'Honneur pendant hécatombe humaine jamais la Grande Guerre. ■ égalée. Bernard CROUAIL C'est dans cette même Président du Groupement zone des cinq premiers Midi-Pyrénées affrontements évoqués (Source : ouvrages de Max ci-dessus que, huit jours MEUNIER – mars 1999) Page 16 Numéro 51 - Octobre 2014 Août 1914 : La forteresse de Montmedy, funeste destinée de la garnison et de la compagnie de douaniers

En cette année du centenaire et Verdun. En août 1914, cette Montmédy n’est pas susceptible du début des hostilités de la voie ferrée reliait les gisements de soutenir un siège ; elle est grande guerre, il est de notre miniers de Briey/Longwy aux simplement appelée à servir devoir de raviver la flamme usines sidérurgiques installées de point d’appui aux troupes du souvenir sans omettre les dans la vallée de la Chiers opérant dans la région : réalités de l’Histoire. Animé par jusqu’à Sedan. Trois tunnels – 1° pendant la période de l’exigence de mes deux entités, étaient empruntés, dont le couverture, douanière et montmédienne, ma plus important, long de 835 m, – 2° pendant la période des participation à la rédaction de cet traverse la colline sur laquelle opérations actives. article prend tout son sens par la est construite cette forteresse. – La place doit, en outre, assurer présence, en août 1914, d’une Sa position stratégique avait la protection de la voie ferrée et compagnie de douaniers de déjà été mise à l’épreuve lors du tunnel. Le gouverneur ne doit forteresse au sein de la garnison de la guerre de 1870, après la dans aucun cas rendre la place de la place de Montmédy. Afin capitulation de Sedan, par un avant d’avoir assuré la destruction d’appréhender l’histoire de cette blocus de 92 jours et les terribles du tunnel. Cette destruction ne place et des hommes qui l’ont bombardements des 13 et 14 peut être ordonnée que par le composée, un bref rappel de décembre 1870. commandant en chef, à moins la bataille des frontières et de La défaite de 1870 généra une que, par suite de circonstances son influence sur la destinée refonte complète de l’armée exceptionnelles, le gouverneur de cette forteresse paraît française par la création, en n’ait à en prendre l’initiative. nécessaire. Grâce à l’Office imitant le modèle prussien, du – La garnison qui lui est du Tourisme Transfrontalier « plan de mobilisation et de affectée comprend un bataillon du Pays de Montmédy et de concentration » avec d’abord, d’infanterie du 65e régiment son président Jean Chevalier le passage à la conscription plus une compagnie de dépôt nous pouvons publier cette en 1872, puis la création, en créée à la mobilisation, un demi- page d’histoire écrite par cette 1873, des « régions de corps bataillon d’infanterie territoriale, garnison, rapportée par le d’armée ». Ce premier plan, mis une batterie d’artillerie à pied, lieutenant-colonel Faurès ancien en application en 1875, prévoit une demi-compagnie du génie gouverneur de Montmédy, le le transport, le déploiement territorial, une compagnie capitaine de réserve Julliac, le et l’organisation de l’armée de douaniers de forteresse général allemand Von Moser, le française. L’évolution de la fournissant des postes de témoignage anonyme recueilli situation internationale imposait surveillance de la frontière, par Paul Evrard et le compte- des mises à jour régulières d’où de petits détachements de rendu très précis du brigadier l’empilage de plans successifs chasseurs forestiers, infirmiers, des douanes Jules Dogny. Enfin, jusqu’en 1914 et l’entrée en etc., et enfin des auxiliaires de Jean Clinquart, dont nous avons vigueur du 17e plan le 15 avril places fortes, soit un total de tous connu son exigence et sa 1914, plan approuvé le 28 mai 2.500 rationnaires. Etc. » rigueur, nous a apporté, par son 1914 par le général Joseph Dès le 31 juillet 1914 ouvrage « L’administration des Joffre, chef d’État-major général. (télégramme 129/11 du 31 douanes en France de 1914 à juillet), l’appel à l’activité qui 1940 » les détails concernant MISSIONS DE LA entre dans le cadre du dispositif cette unité douanière. FORTERESSE DE MONTMEDY. militaire dit de « couverture » Bâtie sur un promontoire de 380 C’est dans ce cadre que la place les douaniers, en situation mètres, entre Longwy et Sedan, dépêche ministérielle 3731 1/11 qui n’est plus celle du temps de à 5 kilomètres de la frontière du 6 avril 1909, rappelée en paix. Les postes fixes le long de belge, la place de Montmédy partie dans le mémoire de 1910, la frontière relèvent du « premier surplombe la rivière la Chiers, a défini le rôle de la forteresse appel ». En outre, comme la voie ferrée descendant la de Montmédy : la brigade des douanes de vallée ainsi que les routes se « En l’état actuel de l’armement Chauvency-le-Château (10 km dirigeant vers Sedan, et de la fortification, la place de de la frontière), diverses unités Page 17 Numéro 51 - Octobre 2014 de la région ont été désignées reprises les patrouilles ramènent Wurtemberg) est devant pour se rendre à la place de les armes de soldats allemands Neufchâteau. Contrainte à Montmédy afin de constituer qu’elles ont réussi à abattre. une progression mesurée afin une compagnie de douaniers Toutefois, aucun renseignement de conserver le contact avec de forteresse et participer à sérieux n’a été rapporté au Metz la Ve armée allemande sa défense. Cette compagnie, gouverneur sur l’avancée et commence à bombarder Longwy forte d’une centaine d’hommes la composition des armées et longe la frontière en direction commandée par le capitaine ennemies. des Ardennes belges. Le soir Ferrot, les lieutenants Klein et elle se situe à une vingtaine de Laurent, s’est immédiatement LA SITUATION GENERALE DE kilomètres de Montmédy. mise sous les ordres du LA REGION. C’est à la suite de l’avancée des Gouverneur de la place afin de Depuis les premiers jours troupes allemandes que, vers le remplir les missions qui lui ont d’août, les troupes françaises 19/20 août, l’ordre de marche été assignées par la dépêche affluent vers la frontière ; la est également donné par le ministérielle précitée. Début IIIe armée (chef d’état-major général Joffre, commandant en août le gouverneur de la place, Général Ruffey), s’échelonne de chef des opérations. Devant les âgé et fatigué, est remplacé par Montmédy à Verdun. Le Général événements, il actualise le plan le lieutenant-colonel Faurès, du de Langle de Cary, chef d’état- 17 en prévoyant d’attaquer au 91e régiment d’infanterie. major de la IVe armée, couvre centre des forces allemandes À partir du 2 août, les troupes l’aile gauche de la IIIe armée entre Longwy et Sedan. Le soir de couverture se trouvant à 10 jusqu’à Sedan. Le 14 août, du 20 août, il envoie aux IIIe et km de la frontière, les missions lorsque la phase « concentration IVe armées, l’ordre de lancer, douanières commandées par et déploiement » est terminée, dans la nuit même, une offensive le gouverneur consistent à débutent les véritables soudaine et violente dans le sud patrouiller jour et nuit, dans opérations militaires et l’ultime de la Belgique, entre les villes la partie nord de la place. Le phase du 17e plan, celles des de Neufchâteau et celle d’Arlon champ de surveillance s’étend offensives. Néanmoins le 15 (Province du Luxembourg). du département des Ardennes à août, depuis son entrée au Montmédy, pratiquement à la celui de la Meurthe-et-Moselle, Luxembourg le 2, en Belgique jonction des deux armées, voit en passant par les postes le 4, l’armée allemande n’a pas passer, pendant deux jours et fixes habituels de , progressé. Elle est toujours deux nuits, un défilé interminable Ecouviez, Thonne-la-Long, au contact de l’armée belge à de cavalerie, d’artillerie, de Breux et Thonne-le-Thil. À Liège. Hormis les incursions de convois de toutes sortes ; tous partir du 6 août un « service de patrouilles de reconnaissance, les régiments se portent vers sûreté » est également constitué aucun mouvement de troupe n’a l'ennemi en Belgique. Le quartier avec des équipes de douaniers, depuis été observé. général du 2e corps d’armée de chasseurs forestiers, des C’est le 18 août, du GQG à s’installe à Montmédy, le PC patrouilles d’infanterie et de Coblence, que Moltke donne avancé de la IIIe armée à 10 km cyclistes qui s’avancent jusqu’à le top départ de la manœuvre (Marville). la frontière belge, voire au-delà. « Schlieffen ». Les cinq armées Le 22 août tout le sud de Afin d’optimiser cette mission allemandes alignées entre Metz la province du Luxembourg de surveillance dans cette et Liège entament leur marche s’embrase ; le canon ne cesse de région boisée et accidentée, en avant. Celle au nord, à tonner au nord de Montmédy. Ce le sentier des douaniers et grandes enjambées, celle du n’est pas moins de 15 batailles ses lieux d’observation sont Kronpinz, à l’autre bout, peut qui se déroulent simultanément systématiquement exploités. se contenter d’une modeste de Longwy à Neufchâteau (50 Quelques escarmouches ont progression afin de respecter km), dont plusieurs à quelques lieu à partir du 9 août, avec l’alignement de l’ensemble. kilomètres seulement de la des reconnaissances ennemies Seul Wurtemberg (IVe armée) frontière (Virton, Ethe, Meix-dt- qui commencent à traverser avance ses premières troupes Virton, Houdrigny, Jamoigne, les frontières. Le 16 août, en Belgique. Le 21 août, la IIe Tintigny, Bellefontaine, les douaniers du poste fixe armée allemande (général Von Rossignol). Malheureusement, d'Ecouviez abattent un uhlan Bülow) est devant Charleroi, nos troupes se heurtent aux proche du village. À plusieurs la IVe Armée allemande (Duc effectifs considérables de Page 18 Numéro 51 - Octobre 2014 l’ennemi déjà en position, chef et le commandant de la IVe Cependant, la retraite des IIIe et supérieurement abrités et bien armée ordonnent de prendre, IVe armées va laisser la place retranchés. L’élan généreux en raison de la situation, les de Montmédy abandonnée à et l’ardeur imprudente de nos mesures préparatoires à la ses propres forces. En raison « pantalons rouges » et de leurs destruction des ouvrages d’art de la proximité de l’ennemi, le charges à la baïonnette échouent importants de la région et de gouverneur rappelle, le 26 août, contre le feu des mitrailleuses et la place forte, en préparant le les éléments de la défense les obus de l'ennemi. Beaucoup dynamitage des ponts sur la mobile ainsi que les douaniers d’entre eux, blessés, sont Chiers, de Montmédy et de ses qui se trouvent en dehors de la ramenés à Montmédy par la environs. Quant au tunnel de forteresse. En fin de journée, ligne d’Ecouviez, en voiture à 835 mètres de long qui s’ouvre à apprenant que deux ponts sur la cheval, en automobile, sans cent cinquante mètres de la gare, Chiers au sud de la place ont été avoir pu tirer un coup de fusil et il est miné de trois fourneaux détruits par le 2e corps après sa sans avoir vu un seul Allemand. reliés par un cordon détonnant retraite, il demande au GQG s’il Dans la nuit, nos troupes se permettant de provoquer une y a lieu de procéder à la même retirent et commence alors cette explosion simultanée. opération en ce qui concerne les retraite qui se prolongea jusqu’à À 11 heures, la gare de Montmédy ouvrages d’art préalablement la victoire de la Marne. reçoit l’ordre d’évacuer tout son minés. Les communications L’offensive française du samedi matériel et son personnel. Le télégraphiques étant rompues, 22 août 1914, au centre du front, soir même, il ne reste plus ni la place communique avec se solde par un redoutable échec machine ni wagon ; les garde- l’extérieur au moyen du fil qui mit fin au 17e plan. Le bilan voies reçoivent à leur tour souterrain qui la relie à Verdun. humain est catastrophique : 52 l’ordre de se replier ; un train C’est un pigeon voyageur 000 Français tués ou blessés d’évacuation les emmène à qui apporte, ce même jour, la (29 000 Allemands). Cette la gare de Sedan également nouvelle concernant la chute de journée restera la plus sanglante évacuée quelques heures plus la forteresse de Longwy. Peu à de l’histoire de l’armée française. tard. Le lendemain 25, la retraite peu le cercle ennemi continue à se poursuit vers la Meuse dans se resserrer autour de la place, le LA RETRAITE. des conditions particulièrement canon, qui s’entendait quelques Aux convois pleins d’allégresse difficiles dues à l’encombrement jours avant vers le nord, tonne des jours précédents, succèdent, des routes occasionné par les maintenant à l’est et à l’ouest de dans les rues de Montmédy, convois d’artillerie et d’émigrants Montmédy. les convois de blessés et de poussés par les deux armées Belges fuyant devant la barbarie allemandes (Kronprinz et LE DEPART DE LA de l’envahisseur. Les blessés Wurtemberg). FORTERESSE. reçoivent les premiers soins À 14 heures, une trentaine de Au cours de la nuit, arrive l’ordre dans les locaux municipaux cyclistes et uhlans venant du du général en chef de faire transformés en hôpitaux village belge de Gérouville sont jouer les dispositifs de mines avant d’être dirigés sur Laon interceptés par onze douaniers de préparés. Le tunnel et les ponts et Charleville ; seuls restent la brigade de Breux commandés sur la Chiers sautent le 27 août sur place les blessés non par le sous-brigadier Triboulet. à 5 heures. Le gouverneur transportables. Le lendemain, Après un violent contact d’une réunit alors le conseil de quelques soldats d’infanterie heure et demie cinq Allemands défense, dont font partie les de marine, venant en désordre sont abattus et trois douaniers trois officiers douaniers, et, sur de Neufchâteau, font un récit blessés. Un détachement de la l’avis unanime de ses membres, attristé de leur échec autour garnison de Montmédy, venu après avoir rendu compte à 7 h de cette ville. Les troupes de en renfort, a permis, après un 45, au commandant en chef des la garnison sont en alerte mais engagement qui dura jusqu’à la destructions opérées, il ajoute elles n’ont pas à intervenir. nuit, de mettre l’ennemi en fuite. qu’en raison de la situation Seule l’unité douanière poursuit Les préposés Peltier, Curier et générale, le rôle de Montmédy ses missions d’observation et de Léon François, blessés au cours lui semble être terminé. Il surveillance au nord de la place de l’intervention ont été ramenés demande en conséquence des et aux postes fixes. à l’hôpital de Montmédy et instructions sur la conduite à tenir Les 23 et 24 août, le général en évacués sur celui de Laon. afin d’éviter, comme à Longwy, Page 19 Numéro 51 - Octobre 2014 une reddition à brève échéance. Montmédy pour soigner les du Kronprinz se dirige à II est alors décidé de rejoindre grands blessés provenant de la marche forcée vers Stenay en les armées en campagne par bataille de Belgique. contournant Montmédy, dans tous les moyens après avoir À 20 heures, tous les éléments une direction perpendiculaire à opéré la destruction complète de la colonne sont réunis sur celle de la petite troupe ; leur des approvisionnements et du la place d’armes soit environ rencontre est inévitable. matériel impossibles à emmener. 2300 hommes. C’est en colonne Dès l’entrée en forêt, la colonne par quatre, lieutenant-colonel longe la Chiers et croit entendre, La réponse parvient au Faurès en tête, sans matériel ni à proximité, un détachement gouverneur vers 14 heures. bagage, que les 4 compagnies allemand. Un certain désarroi Le général Joffre lui indique de du 165e d’infanterie, la batterie se produit et dans l’obscurité considérer sa mission comme du 5e d’artillerie à pied, les plusieurs soldats tombent terminée, d’évacuer la place 9e et 10e compagnies du 45e dans la rivière et se noient. après avoir fait les destructions territorial, la compagnie de Cet incident se reproduit à proposées et de tenter de douaniers de forteresse, des l’aube générant des à-coups et rejoindre les armées françaises. éléments du génie, gendarmes, séparant involontairement des Le gouverneur décide donc de forestiers et un détachement du éléments du gros de la colonne. s’échapper avec la garnison 102e d’infanterie et coloniaux Toute la journée est employée vers Verdun. Tout l’armement (éléments étrangers à la garnison) à rester sous couvert des bois est mis hors d’état de servir, les quittent la forteresse. La colonne par prudence, car le bruit des stocks de poudre sont noyés, les traverse la ville-basse au milieu convois allemands se fait de approvisionnements en partie de la consternation générale, plus en plus entendre. Afin détruits et les archives brûlées. franchit le pont sur la Chiers, qui d’échapper à la vue de l’ennemi À 19 heures, l’ordre de est détruit partiellement derrière et de leurs « taubes »(1), la rassemblement est donné. Le elle, gagne la prairie et longe traversée d’espaces découverts gouverneur décide d’alléger la la voie du petit chemin de fer ne peut s’effectuer que la nuit. colonne trop imposante. Pas Montmédy--Verdun d’ambulances ni de brancards, dans l’espoir d’atteindre cette BRANDEVILLE « TANT PIS pas de chevaux, un paquet de dernière ville à l’abri du massif POUR QUI TOMBE » pansements par homme ainsi boisé qui forme cette partie de Le 28 août au matin, la petite que 200 cartouches et 2 musettes l’Argonne. troupe atteint le centre de la forêt avec cinq jours de vivres. Le Quelques jours plus tôt, cette de Woëvre, au lieu dit '“Fontaine personnel sanitaire, comprenant opération aurait pu se réaliser Saint-Dagobert”'. Après un long notamment médecins-majors, sans danger mais ce 27 août repos elle repart vers le sud pharmaciens militaires et elle est périlleuse, car l’armée pour tenter le passage de la infirmiers, reste à l’hôpital de Meuse à . Arrivée à proximité de la route allant du village de à celui de Brandeville, ses éclaireurs lui signalent des mouvements de troupes ennemies. Elle s’arrête à couvert pour passer la nuit. Le lendemain 29 août, vers une heure du matin, le lieutenant- colonel Faurès réunit les officiers commandants d’unités pour leur donner ses instructions : « Les renseignements que je possède ne sont guère plus précis que ceux recueillis hier soir à notre arrivée à ce point. Le poste ennemi établi au carrefour des chemins de Brandeville à Murvaux et à Page 20 Numéro 51 - Octobre 2014 Louppy est toujours en place. De nouvelles forces ennemies s’échapper, avec des destinées Les passages de convois ont entrent bientôt en action et le diverses ; le préposé des douanes cessé. Il nous faut traverser combat se poursuit longtemps Joseph Carry, qui, blessé au la route et chercher à gagner encore, mais inégal. Le reste de la cours de la bataille est retrouvé à nouveau le sud vers garnison, dispersé dans la forêt, mort, le 3 septembre, à l'entrée Consenvoye bien que je ne traqué au milieu des tués et des du bourg de Fontaines-Saint- connaisse pas l’importance blessés, vaincu par la fatigue et Clair où il a été inhumé (3). Le des forces qui sont devant les privations, tombe aux mains sous-brigadier Bourga Charles nous. Le rendez-vous, après de l’ennemi. Vers 9 heures, la tué en septembre, le préposé les diverses phases du petite troupe dont toutes les Balteau Jules a également combat, se fera aux fermes fractions sont dissociées, est réussi à s’échapper, il est d’Alger et de Constantine. encerclée de toutes parts et faite décédé aux armées le 6 octobre, Messieurs, tant pis pour qui prisonnière. Quelques éléments, les préposés Viotte Isidore tombe. Bonne chance et à ce résolus à se défendre jusqu’à la et Jeunesse Jean également soir ! ». dernière limite, tentent, par un décédés aux armées quelques A 4 heures, la garnison marche mouvement de repli, à échapper mois plus tard. Le douanier sur Brandeville. Le but de à la captivité. Baucard, arrêté à Murvaux par l’attaque est d’ouvrir une brèche C’est au prix de fatigues et de des artilleurs allemands. Après afin que les autres unités puissent privations considérables, par que ces derniers lui aient arraché s’engouffrer pour s’échapper petits groupes, qu’une vingtaine les bandes de son pantalon et vers le sud. Elle est engagée par d'hommes ainsi que le médecin- les boutons de son uniforme, il les 4 compagnies du 165e à la major du 45e territorial réussirent réussit à gagner la forêt. Du 6 sortie du bois sur la route allant à franchir les lignes allemandes au 11 septembre il travaille pour du village de Louppy-sur- et à gagner Verdun. Parmi eux un meunier qui l’aide à éviter à celui de Murvaux. Après l’effet deux douaniers, le brigadier la traque des Allemands. Après de surprise, les forces françaises Dogny et le préposé Vernel (2). avoir regagné successivement se heurtent, dans les bois Le brigadier Jules Dogny, en Bazeilles près Montmédy, voisins, à deux corps d’armée poste avant le début de la guerre Ecouviez et un village belge ennemis avec, contrairement à à Chauvency-le-Château, par voisin, il réussit, quelques mois la colonne française, artillerie la suite sergent au 5e bataillon plus tard, à rejoindre Château- et mitrailleuses. Le feu terrible de douaniers 3e Cie, a posté le Thierry et le 5e bataillon de des mitrailleuses allemandes témoignage suivant : « Comme douaniers (3e compagnie). refoule les nôtres dans le bois j’étais parmi les combattants, D’autres petits détachements avec d’énormes pertes. Les et un des rares qui n’a pas été sont parvenus également autres éléments s’engagent fait prisonnier, je tiens à vous à s’échapper parmi ceux- d’une manière décousue et signaler la conduite héroïque de ci le brigadier des douanes une série de combats a lieu mon collègue Brule, brigadier des Chavet, accompagné de cinq sans cohésion, dans la forêt et douanes à Montmédy, sergent- éléments du 165e dont un sur la route. La compagnie de major à notre compagnie, qui adjudant, un caporal du génie douaniers se porte en avant fut tué d’une balle au cœur, et un du 5e d’artillerie à pied. et arrive à hauteur de la route, face à l’ennemi, en entraînant Ils ont vécu 55 jours en forêt, elle prend position à 100 m en sa section dans une charge à la d’abord pendant 5 jours de arrière. Après avoir répondu au baïonnette, à hauteur de la route leurs vivres de conserve, puis feu venant de la bordure du bois, de Murvaux. Tombé à mes côtés, de pommes de terre arrachées elle la traverse, baïonnette au je sais où son corps peut reposer dans les champs. Ils ont été canon, le sergent-major Brulle et j’ai pu lui enlever sa montre pris et envoyés en Allemagne en tête. C’est en entraînant comme souvenir d’un brave, le 28 octobre rejoindre leurs sa section qu’il est tué d’une tué au champ d’honneur. Cette camarades faits prisonniers sur balle en plein cœur. Ce même relique sera remise à sa famille le champ de bataille. jour trois autres douaniers de par mes soins aussitôt que le cette compagnie sont tués, le pays où, malheureusement, TRAGIQUE BILAN. brigadier Deville Henri et les cette dernière est restée, sera Sur les 2300 hommes de la préposés Marchal François et libéré de nos ennemis. » garnison de la forteresse de Cazes Lucien. Certains réussissent à Montmédy, quelque six cents Page 21 Numéro 51 - Octobre 2014 sont tombés au cours de cette bataille (autant d’Allemands). Ils ont été enterrés, sous la contrainte allemande, par les habitants des deux communes de Murvaux et de Brandeville. Pour une partie de ces poilus, le général allemand Von Moser a apporté le témoignage suivant : « … Puis je vois des centaines de prisonniers français mis en rang pour être transportés à l’arrière. En allant plus loin, je vois un spectacle que je n’oublierai jamais de ma vie : les Allemands, par représailles, ont pris les fantassins français qui avaient infligé traîtreusement de si lourdes pertes à nos troupes, sous un feu rapide, de tous côtés, au moment où ils traversaient la route ; et, maintenant, sur la route et sur les côtés, comme moissonnés par une faux, gisent des cadavres français, dont j'estime le nombre à trois ou quatre cents. ». 516 poilus reposent dans le cimetière militaire de Brandeville – 506 en fosse commune. De la centaine de douaniers de la compagnie de forteresse, cinq ont été officiellement tués au cours de cette bataille – leurs noms sont gravés sur le monument édifié en hommage aux héros bois de Louppy-sur-Loison, puis sont des héros qui, bravant les de la garnison de Montmédy -, emmené au quartier général du fatigues et les privations, ont 87 ont été fait prisonniers, dont Kronprinz avant de rejoindre surmonté toutes les difficultés les trois officiers. Comme tous Thionville, Ingolstadt et les pour rejoindre les unités les prisonniers de la garnison, autres officiers de la garnison. combattantes. Devant eux, nous après avoir été regroupés ils Le capitaine de réserve Julliac nous inclinons, car leur vaillance ont embarqué à Longuyon de la garnison de Montmédy ne fut pas appréciée en haut lieu pour les camps des trois villes termine son récit concernant et, tout comme leurs camarades allemandes de Stuttgart, ces événements par les phrases infortunés faits prisonniers, d’Ulm et d’Ingolstadt (fort IX suivantes : « Telle fut l’épopée ils ont continué à rester dans d’Oberstimm pour les officiers – d’une vaillante petite garnison l’ombre. » fort Hartmann pour les soldats). sur laquelle on garda longtemps, Les places sœurs, les forteresses Le lieutenant-colonel Faurès en France, le silence par manque de Longwy et Charlemont, qui avait été blessé légèrement d’indications précises… ». Il obligées de se rendre après à la main par une balle, a poursuit en précisant : « Quant les terribles bombardements également été fait prisonnier. Il a à ceux qui ont réussi à gagner qu’elles ont subit, ont été citées été conduit au général allemand Verdun après le combat, soit à l’Ordre de l’Armée pour Von Fabeck, qui se trouvait avec isolément, soit par petits groupes, résistance héroïque. Et c’est son état-major à la lisière du ils sont peu nombreux. Mais ce justice. Quant à la place de Page 22 Numéro 51 - Octobre 2014 Montmédy, malgré ses missions du soir. Nous emportions 200 voitures et autos passant sur la accomplies et les 600 hommes cartouches, nos armes, une route de Murvaux, à proximité tombés au combat, en guise musette et un bidon, laissant de notre camp. de lauriers elle n’a recueilli que à la citadelle nos sacs garnis, Le 29, à 4 heures du matin, la l’oubli. nos bicyclettes et des effets colonne se mit en marche et, (1) - Avions personnels, afin de nous alléger quelques instants après, le (2) - Le brigadier Dogny est le plus possible, suivant les bataillon actif du 165e, baïonnette l’auteur, avec le douanier ordres donnés. au canon, après quelques coups VERNEL, du rapport qui A 8 heures du soir dudit jour, toute de feu, se trouvait sur la ligne suit, présenté à Verdun le 16 la garnison de la forteresse, se des sentinelles allemandes. septembre 1914 : composant de tous les éléments Une fusillade nourrie éclate (3) - Grâce aux recherches d’une place forte, fantassins, aussitôt. La compagnie de effectuées par le responsable génie, artilleurs, section douaniers se porte en avant local du Souvenir Français, d’intendance et infirmiers, sous bois et arrive à hauteur Joseph CARRY a pu être identifié forestiers (18), la compagnie d’une route, elle prend position et sa sépulture restaurée. Une de douaniers et la prévôté (un à 100 mètres en arrière, dans un cérémonie d’hommage lui a été brigadier et trois gendarmes), chemin creux. Nous répondons rendue le 5 septembre 2007 était réunie sur la place d’armes aussitôt au feu de l’ennemi que (ECHO n° 24 de janvier 2008). et se mettait en route aussitôt l’on voit à la bordure du bois. en colonne par quatre, sous Peu de temps après, nous les ordres du lieutenant-colonel traversons la route, baïonnette RAPPORT DU BRIGADIER Faurès, commandant de la au canon, avec le sergent-major DOGNY ET DU PREPOSE place, pour exécuter une marche Brulle qui est tué bravement en VERNEL de nuit en passant par la ville, la tête de sa section qu’il entraînait petite ligne de chemin de fer de par son exemple. Les troupes « Aussitôt l'appel à l'activité, la Verdun, la plaine et les bois. sont sous bois et dispersées, brigade de Chauvency (Meuse) Le 28, à 7 heures du matin, la fusillade continue de plus était désignée pour se rendre nous campions dans la forêt de belle, on avance toujours au à la forteresse de Montmédy Woëvre, jusqu’à 3 heures du milieu des tués et des blessés. pour concourir à sa défense. soir. Un avion vint planer au- Nous sommes au pied d’une Une compagnie de forteresse dessus de nous dans la matinée. côte que nous allons gravir, d’un effectif de 102 douaniers Repris notre marche en forêt où, lorsque mon capitaine me sous les ordres du capitaine à 7 heures du soir, un camp fut donne l’ordre de rassembler Perrot, du lieutenant Klein et du établi. Pendant notre marche un les hommes restant en arrière lieutenant Laurent, se trouvait avion ennemi nous survola à et qui pourraient tirer sur nous. donc dans la place jusqu’au 27 nouveau un bon moment. J’exécute immédiatement cet août 1914. Depuis la mobilisation Le 29, à 3 heures 30 du matin, ordre et nous sommes environ et jusqu’à cette dernière date, notre capitaine réunit les sous- 50 hommes de toutes armes sur notre rôle consista à effectuer officiers de sa compagnie et la route qui, suivant un artilleur, des patrouilles de jour et de nuit nous fit part de la manœuvre est celle qui conduit à Murvaux. commandées par le gouverneur qui allait être exécutée. Nous Le lieutenant prend le de la place où des postes fixes devions nous rendre à Verdun et commandement de ce groupe de douaniers étaient installés pour cela nous devions culbuter qui se met en marche dans pour arrêter les patrouilles de petits postes allemands la direction de Murvaux. À ennemies qui, à partir du 9 août, se trouvant à proximité, pour ce moment avec le douanier commencèrent à fouler le sol permettre notre marche en Vernel, de ma brigade, deux national, l’armée française se avant dans la direction de cette blessés sous bois qui se trouvant à 10 km de la frontière. place forte. Le supérieur nous plaignent nous réclament à Le 27 août, à 5 heures du soir, dit qu’il comptait bien sur nous boire. Nous nous approchons nous touchions des vivres de pour empêcher et prévenir d’eux et on leur donne un peu réserve, pour trois jours. En toute défaillance parmi nos d’eau qui nous reste, nous les même temps nous recevions hommes. Pendant la nuit nous consolons de notre mieux. Nous l’ordre de nous préparer à avions entendu les sentinelles nous rendons ensuite auprès partir en mission à 8 heures ennemies qui arrêtaient les de notre camarade Brulle, Page 23 Numéro 51 - Octobre 2014 tombé, mortellement frappé au pénètrent dans la forêt. Des de 2 kg, nullement désespérés, milieu de la route. Nous nous commandements, des coups de avec la ferme volonté d’arriver emparons de son corps pour sifflet retentissent, des coups au but en franchissant les lignes le transporter sous bois et lui de feu épars sont tirés. Des ennemies, nous défendant si enlever les papiers qu’il pouvait soldats ennemis passent à côté nous étions attaqués, mais détenir en sa qualité de sergent- de nous sans nous apercevoir et nous défilant si l’ennemi ne major, mais je n’ai que le temps nous constatons que les boîtes soupçonnait pas notre présence, de lui enlever sa montre (objet de conserve abandonnées par tel devait être notre but. Avec de que j’ai remis à sa famille à la fin nos soldats dans leur retraite la patience, du courage et aidés des hostilités), car une patrouille sont percées invariablement de par nos ruses de douaniers, nous de cavaliers allemands se dirige trois coups de baïonnette par devions l’atteindre non sans sur nous. Nous nous replions les soldats allemands, et cela éprouver bien des difficultés et immédiatement dans le bois pour qu’on ne puisse les utiliser bien des souffrances comme et abattons trois cavaliers, les ultérieurement. Peu de temps on va le voir. Nous avions fait le autres disparaissent aussitôt sur après, nous voyons sur la route sacrifice de notre vie. Le jeudi 3 la route de Brandeville en criant des soldats français encadrés fut pour nous un nouveau bond et sans riposter. par les soldats ennemis. Ce sont dans la forêt. Le vendredi 4 La colonne que nous avions dû des prisonniers. Ignorant tout nous continuions notre marche abandonner et qui a continué sa du combat et n’entendant plus sous bois. Dans l’après-midi, route est bientôt attaquée sur sa rien, à part quelques coups de nous avons déjoué et dépassé droite par l’infanterie ennemie feu par-ci par-là, nous pensons les petits postes allemands et qui débouche dans la plaine. alors qu’une grande partie de les sentinelles qui se trouvaient Les hommes se déploient et nos camarades sont prisonniers en bordure du bois. Une plaine répondent au feu de l’ennemi. De et que la garnison de Montmédy s’étendait devant nous que nous notre côté, revenus à la bordure n’existe plus, tout en ignorant nous proposions de franchir de la forêt, sur une hauteur à complètement son sort. la nuit suivante. Mais nous proximité de vieilles carrières, A 8 heures du matin, l’artillerie avons dû séjourner les 5 et 6 nous tirons une centaine de allemande défile sur la route septembre dans la forêt, le clair cartouches sur l’ennemi. Tout qui va à Murvaux, suivie d’un de lune nous ayant empêchés de à coup, à un coude formé par convoi immense qui ne s’arrête mettre notre projet à exécution. la route, au coin du bois, les que le 30, à 4 heures du soir. Ce n’est que dans la soirée mitrailleuses allemandes se Un camp est installé dans la du 7 que nous traversons le font entendre et déciment la prairie en face de nous. Pendant passage dangereux, à proximité petite troupe. Nous apercevons les journées du 29, 30, 31 août, des sentinelles ennemies qui quelques soldats qui gagnent la le canon ne cesse de se faire ne soupçonnent pas notre forêt pour échapper à une mort entendre du côté de la Meuse. présence et nous nous mettons certaine. Les blessés restent C’était le forcement du passage à ramper à travers champs sur sur place et le reste est fait de la Meuse. Entourés de petits un parcours de trois kilomètres. prisonnier. postes disposant de sentinelles C’est dans cette marche difficile Devant l’affluence des troupes nombreuses autour de la forêt que nous avons dû abandonner ennemies qui se dirigent sur où avait lieu le combat, nous pour notre sécurité, nos épées- nous, nous nous enfonçons sommes dans l’obligation d’y baïonnettes qui furent enfouies dans les bois pour nous séjourner jusqu’au 2 septembre, sous terre. dissimuler dans un épais fourré. souffrant surtout de la soif, la La journée du 8 fut passée dans Fatigués, mourant de soif, nous chaleur se faisant sentir. Ne un bois à proximité d’un régiment prenons un peu de repos tout connaissant pas le pays, n’ayant d’artillerie lourde allemand qui en observant les alentours de pas de carte, puisque l’ennemi ne tira une partie de la journée. Dans notre position qui se trouvait nous avait pas découverts, nous la soirée dudit jour nous avons être sur une éminence. Il est avons décidé de gagner Verdun, franchi en rampant, environ deux 7 heures trente du matin, qui de prime abord nous avait été kilomètres de plaine qui s’étend l’infanterie ennemie couvre la désigné comme point de retraite. entre les bois occupés par les plaine, le feu a cessé un peu Possédant toujours nos armes, troupes ennemies. Ces bois partout, les soldats allemands des cartouches, ayant quelques devaient être le commencement sous les ordres de leurs chefs biscuits, une boîte de conserve de la forêt dite de Consenvoye Page 24 Numéro 51 - Octobre 2014 dans laquelle nous avons Cette nuit là nous nous sommes sentinelle. Nous confondant pénétré. Entourés d’ennemis, égarés à 5 heures du soir. Nous avec le sol, en rampant, nous nous avons passé la nuit dans avons dû passer la nuit debout, sommes parvenus à déjouer l’anxiété. piétinant sur place pour ne pas toute surveillance et nous ne La journée du 9 fut employée nous engourdir et ne pas nous voyons plus de soldats ennemis. à reconnaître la forêt et les refroidir. Les nuits sont déjà Nous continuons d’avancer postes ennemis. Vers midi, nous longues au mois de septembre. par la plaine avec de grandes trouvant dans un jeune taillis Le vendredi 11, le mauvais précautions, les tas de récoltes, et apaisant notre soif ardente temps continue. Nous reprenons dont les champs sont couverts, et notre faim en mangeant des notre marche en forêt. Nous pouvant receler de nouveaux mûres, nous fûmes surpris traversons des chemins gardés ennemis. Nous arrivons sur la par une patrouille de quelques par des petits postes et des route nationale de Verdun et cavaliers qui firent entendre des sentinelles. Ces dernières, pour nous pouvons lire sur une borne cris en se dirigeant sur nous, s'abriter, ont fait des petites kilométrique « Verdun 19 km – mais le massif de ronces et de guérites en branchage, ce Consenvoye 0, 5 km ». taillis était une gêne pour leurs qui nous permet de passer à À peine avions-nous fait 200 chevaux, ils avançaient avec une proximité d'elles sans nous faire mètres que nous voyons un grande difficulté. Sans perdre remarquer. Nous-mêmes, nous camp entre la route précitée et notre sang-froid, abrité chacun avions recouvert nos effets de la Meuse. Pensant que c’était derrière un arbre nous avons branchages et de feuilles au point les Français nous avançons tiré à volonté sur le groupe dont de paraître de vrais buissons et aucune sentinelle ne nous plusieurs tombèrent. Les autres vivants. Enfin, à 5 heures et arrête. Je me dirige vers le camp firent demi-tour et disparurent demie du soir, nous atteignons et m’approche d’une tente. Mon en criant. Nous avons constaté la bordure de la forêt que nous camarade Vernel était resté sur que quatre cavaliers tombés, explorons sans rien remarquer le bord de la route. J’entends dont trois parurent morts ; d'anormal. A 7 heures du soir, par parler une langue étrangère que l’autre se plaignait. Nous avons un temps épouvantable, grand je ne comprends pas, mais qui immédiatement gagné les vent et forte pluie, éléments qui me révèle que ce sont encore grands bois où nous sommes favorisent notre évasion, nous des ennemis. Je me retire avec restés jusqu’au lendemain nous engageons dans la plaine, précaution et, 100 mètres plus matin. Dans l’après-midi de inconnue de nous. À 11 heures loin, nous côtoyons un convoi de notre escarmouche, nous avons et demie, la lueur d'un projecteur caissons d’artillerie, de canons entendu une vive fusillade dans d'un fort de Verdun nous indique dissimulés par des branchages, la forêt, mais assez loin de nous. la bonne direction. Nous sommes des fourgons et six chariots de Dans la matinée du 10, nous à proximité de la Meuse et nous foin et de paille. Les conducteurs avons cherché à nous orienter en devons être devant Verdun, de ces derniers dormaient sur forêt. La partie sud-est de cette mais nous ignorons la distance les voitures et aucune sentinelle dernière était gardée sur toute la qui nous sépare de cette ville. ne signale notre présence. lisière et c’était là notre direction Nos peines ne sont pas encore Nous sommes dans l’anxiété et pour gagner Verdun. Grâce au terminées et le danger n'a pas nous nous sentons perdus au soleil, à la lune, à la mousse des encore disparu. Nous suivons milieu de toutes ces troupes. arbres, nous pouvons garder la une route qui nous conduit près Nous décidons de prendre un bonne direction. Nous évitons d'un parc d'artillerie ennemie. peu de repos. Tout reste calme toujours les villages, les fermes Des cavaliers arrivent près et silencieux. Alors, reprenant occupées par l’ennemi, ainsi dudit parc, nous nous rejetons courage, nous nous mettons que les personnes qui auraient vivement vers la plaine et, peu en route pour éviter le village pu nous renseigner. de temps après, nous tombons de Consenvoye tout proche. Le 10, la pluie tombe, le mauvais sur l'infanterie allemande, dont En ce moment la lune brille temps continue. Nous reprenons les hommes sont couchés et nous apercevons deux notre marche en forêt. Nous sur le sol, roulés dans leurs ombres qui se promènent sur traversons des chemins gardés. manteaux. Certains ont mis la route conduisant au pont Trempés jusqu’aux os par notre le feu à des bottes d'avoine, du village. Nous rebroussons marche sous bois, nous étions sans doute pour se réchauffer. chemin et traversons alors le décidés à sortir de la forêt. Nous ne voyons aucune village. À proximité de la route Page 25 Numéro 51 - Octobre 2014 nationale, nous passons devant sur la carte. des granges ouvertes où sont Jules DOGNY et François Après une petite collation, nous couchés des soldats allemands VERNEL sont repris au Livre nous rendons à . qui dorment en toute quiétude. d’Or du Corps des Douanes Présentés au capitaine Fleury, Heureusement pour nous, notre (Guerre de 1914 – 1918) : commandant provisoirement présence n’est pas signalée. Jules DOGNY : Brigadier le 362e régiment d’infanterie, Nous quittons le village pour à Chauvency, sergent à la de nouveau nous lui rendons reprendre la plaine, marchant compagnie de forteresse de compte de notre passage dans avec peine dans les récoltes, Montmédy ; deux citations : les lignes ennemies, et des quand une odeur nauséabonde - Citation à l’ordre de la Division positions occupées par les nous saisit. Ce sont les cadavres (n° 8754 du 1er août 1918) ; Allemands, principalement de de chevaux restés sur le sol et « Après avoir fait vaillamment l’artillerie lourde qui avait tiré en putréfaction. Des voitures son devoir au début de la quelques jours auparavant brisées, des fourgons de toutes campagne, a montré, dans des sur le fort de Vacherauville. sortes d’équipages jonchent le circonstances difficiles, une Cet officier fit le schéma des sol. Une bataille doit avoir eu énergie, un sang-froid et un renseignements donnés, que j’ai lieu dans ces parages. courage remarquables, donnant remis à la place de Verdun. Enfin, nous apercevons les toits en même temps un bel exemple Nous prenons du repos jusqu'à d’un village, car la lune brille de patriotisme ». deux heures du soir, car il y avait toujours. Nous le traversons - Citation à l’ordre du 5e bataillon soixante-douze heures que nous et, à la sortie, un poteau nous (n° 7 du 26 septembre 1915) : étions en marche par un temps indique que c’est Brabant-sur- « Faisant partie de la défense épouvantable et sans nourriture Meuse. Nous reprenons la route d’une place forte et sur le point que quelques légumes trouvés de Verdun. Il est 4 heures et d’être fait prisonnier, après dans les champs. Un fourgon nous ignorons si l’ennemi est évacuation de cette place, a fait de ravitaillement nous conduit à encore devant nous. Peu de preuve de courage et d’énergie Bras où se trouvait le lieutenant- temps après, des coups de feu en rejoignant l’armée ». colonel Driant, commandant éclatent sur notre droite, puis François VERNEL : Préposé des 56e et 58e bataillons de une fusillade plus nourrie. Nous à Chauvency, soldat au 1er chasseurs à pied. Ce supérieur continuons d’avancer avec bataillon de Douanier ; nous fit demander et nous lui précaution sur la route, le calme Citation à l’ordre du 5e bataillon avons rendu compte de ce qui se rétablit. Le jour va poindre. (n° 7 du 26 septembre 1915) : précède. Il parut très intéressé Nous cherchons un bois pour « Faisant partie de la défense de notre récit et, en nous quittant, nous réfugier en cas d’alerte. d’une place forte et sur le point il nous serra la main, nous dit Arrivés en haut d’une crête, d’être fait prisonnier, après que nous avions agi en vrai et nous apercevons des pantalons évacuation de cette place, a fait bons soldats et nous félicita rouges. Nous sommes sauvés ! preuve de courage et d’énergie chaudement de notre courage et Des larmes inondent nos en rejoignant l’armée ». ■ de notre volonté pour traverser visages. les lignes ennemies en tenue et La sentinelle du petit poste nous en armes. reconnaît et nous gagnons le Rendus ensuite à Verdun où petit poste où le caporal donnait Michel Sailla arrivons le 12 septembre à du café à tous ses hommes. du Groupement régional IDF- sept heures et demie du soir à Il fut bien surpris de notre NORMANDIE-CENTRE. la caserne Jeanne d’Arc, nous arrivée. Après avoir pris un peu rendîmes compte au bureau de de repos et bu le café, nous la place où nous avons fourni le avons été conduits au lieutenant présent rapport le 16 septembre commandant les avant-postes 1914. français à Samoyeux, le 12 Nous fûmes affectés tous septembre, à six heures du deux à la première compagnie matin. Nous rendons compte à du 6e bataillon de douaniers cet officier de notre odyssée et à la caserne Radet, le 13 des emplacements occupés par septembre. » l’ennemi que nous lui indiquons Page 26 Numéro 51 - Octobre 2014 De Fréjus à Hanoï

Après son carnet de route deux colonnes, l’une partant traversant Ban Yen Nhan, village publié dans L’ECHO n° 50, de Hanoï vers le sud et devant où nous devions tenir un poste Bernard BENARD nous livre opérer la jonction avec la Légion ultérieurement. Puis, au Km 40, quelques pages de son activité remontant de Haïphong et y en vue de Hai Duong, le convoi combattante au Tonkin. établir des postes contrôlant fut bloqué à bonne distance cette route stratégique. d’un pont franchissant un 19 DECEMBRE 1946 - Mon groupe d’artillerie étant important arroyo ; ce pont avait REBELLION GENERALISEE engagé dans cette opération, été partiellement détruit. Des tirs AU TONKIN. je fus désigné pour y participer s’échangeaient des deux côtés avec une section de 75 de de la rivière ; nous redoutions Toutes les villes du nord de campagne, dont l’une servie une attaque du convoi. Les l'Indochine sont attaquées, par des vieux coloniaux de la « Marsouins » se déployaient Hanoï particulièrement. On se concession française de Chine, dans la rizière des deux côtés bat dans l’ensemble de la ville, le Groupement QUILICHINI, de la route, et nous, artilleurs en particulier dans le quartier rapatrié de Chine lors de l’avance mettions nos pièces en batterie. sino-annamite. La ville est des troupes communistes Un de nos officiers reçut l’ordre assiégée et coupée du reste du chinoises. d’effectuer avec sa jeep une Tonkin. Ces vieux baroudeurs reconnaissance en direction Le 3 janvier 1947, une opération carburaient au « chouni », mais du pont. La jeep avait parcouru importante est engagée, ayant leur expérience nous fut bien quelques centaines de mètres pour but de desserrer l’étreinte utile. quand elle fut prise sous un tir des troupes Viets et de rétablir Le convoi, composé de de mitrailleuse dont une rafale les liaisons routières avec le port « Bigords » (artilleurs), de atteignit le chauffeur en pleine de Haïphong notamment. « Marsouins » (infanterie poitrine. Le lieutenant réussit Cette opération sera formée de coloniale) et du génie progressait à pousser son compagnon, à sans trop d'accrochages en prendre le volant, à faire demi- tour et rejoindre les premiers éléments du convoi. Pierre, notre copain, le chauffeur, était mort à ses côtés. Je fus désigné pour le remplacer et assurer la liaison radio entre l’avant-garde de la colonne et le reste du convoi dont notre section d’artillerie, chargée de la couverture des unités. Je reçus l’ordre de rejoindre avec la jeep-radio et le chauffeur un emplacement situé en contre- bas du pont, à droite de la route, dans la rizière asséchée, non loin d’un bosquet touffu qui abritait un village. Ma jeep se trouvait ainsi isolée, à découvert, au milieu de la rizière ; merveilleuse cible. Soudain, un tir nourri de mitrailleuse se déclencha et je me rendis compte rapidement que ce tir provenait de l’orée du Au centre de Hanoï au cours de la rébellion générale au Tonkin. village, distant de 200 mètres Reprise du quartier Paul Bert et du Petit Lac. environ et que nous étions le Page 27 Numéro 51 - Octobre 2014 gibier. Mon camarade bondit de la jeep et, en rampant, se planqua derrière une diguette. Je fus moins rapide ; équipé du casque, des écouteurs et chargé des communications, je réussis néanmoins à m’extraire du véhicule et, avec mon micro, je m’abritai derrière la jeep. Tout autour de moi les impacts soulevaient des mottes de terre et je restais piégé derrière mon frêle rempart en espérant que cette maudite mitrailleuse dirige son tir ailleurs. Combien de temps cela dura-t-il ? Soudain, je vis venir de la route Au poste de TAN-LIET (Tonkin), la veille de l’attaque du poste. un groupe de voltigeurs du 6e RIC, quatre ou cinq, grenades en mains, qui arrivèrent à ma de ces jeunes soldats qui, au été installé dans une pagode hauteur, me dépassèrent par mépris du danger, réduisirent jouxtant un village bordant un bonds successifs en s’abritant ce nid de mitrailleuses et aussi arroyo en pleine brousse. derrière des levées de terre, à ce soldat, aumônier, qui les Comme armement, un mortier se dirigeant vers les abords du accompagnaient sans arme, par de 81 implanté au milieu village d’où provenaient ces tirs bravoure, par solidarité, pour les de la cour centrale et deux bien précis. Ce groupe armé était protéger peut-être. mitrailleuses sur miradors face accompagné par un camarade En octobre 1992, avec mon au cours d’eau, point susceptible sans arme, mais je remarquai, épouse et un groupe d’anciens d’attaque du poste. Nous avions comme un éclair, une croix de d’Indochine, je suis repassé déroulé, autour de la pagode, un bois pendue à son cou. par ce pont et mon regard s’est réseau de barbelés et de boîtes Les tirs devenaient plus longuement attardé sur ce coin de conserve remplies de cailloux sporadiques . Extraordinaire, de rizière, là, à droite du pont et selon la méthode classique de connaissant leur mission, les le village là-bas. détection doublé d’un second biffins avançaient, sans perte. rideau de bambous taillés en Par bonds, ils atteignirent les pointe, fichés dans le sol. abords du village, quelques L’ATTAQUE DU POSTE DE Le secteur était relativement instants après j’entendis une THAN-LIET (TONKIN 1948) calme, les jours s’écoulaient série d’explosions de grenades, paisibles ; quelques patrouilles puis, plus rien.... le silence. J'étais en poste à Than Liet, et l’entretien du camp tout en Bientôt je vis revenir vers moi le village situé dans le delta du continuant à le fortifier. groupe, toujours accompagné Fleuve Rouge, région de Phu- Par les quelques véhicules qui de cet aumônier, sans émoi Tha. Ce poste faisait partie nous ravitaillaient à peu près apparent ; ils échangèrent du dispositif de défense et régulièrement, nous avions quelques mots avec moi au de pacification du delta et « touché », deux jours avant passage, puis regagnèrent leur était destiné à empêcher les l' « affaire », un petit groupe de unité. infiltrations viet-minh en direction jeunes venus de France tout J’avais eu chaud ; mon chauffeur, de la capitale du Nord-Tonkin. récemment et affectés à notre le danger écarté, rejoignit la jeep Ce poste était tenu par des poste en renfort. et nous avons rejoint la colonne éléments du 1er RACM dont Ces jeunes, mais nous l’étions sur la route. je faisais partie, constitué de tous, n’avaient jamais effectué J’ai souvent repensé à cet Marocains et de métropolitains, le moindre exercice de tir. épisode où ma vie n’a tenu en tout un effectif d’une Cette nuit là, quelle heure étai- qu’à un fil et surtout au courage quarantaine d’hommes. Il avait il ? Je ne m’en souviens plus, Page 28 Numéro 51 - Octobre 2014 notre poste fut attaqué aux poste, beaucoup de traces habitation et, en particulier, le bazooka et armes légères. Aux de sang, des équipements coffre de paddy qui trône dans la premiers impacts, nous fûmes abandonnés dans les bambous. pièce principale et où pourraient tous très vite à nos postes de Je me souviens de ce pauvre être dissimulées des armes. combat. buffle gisant non loin, encore Je tourne le dos à l'entrée, Les Viets s’étaient approchés vivant, la langue tranchée par penché sur le coffre. À cet instant, en rampant, profitant d’une nuit une balle. j'ai le sentiment d'une présence d’encre, jusqu’à notre réseau de Nuit chaude ! Rien à voir avec dans la pièce. Je me retourne défense et sans que nos hommes les « Nuit de Chine, nuit câline, vivement et me trouve face à un de veille s’en aperçoivent. nuit d’amour » comme on « nah-qué » qui tient un énorme L’attaque fut soudaine, les soldats chantait alors. coupe-coupe à la main ; il s’était viets se ruant vers notre poste dissimulé derrière la porte et me en hurlant. Passé les premiers Après l’attaque du poste, regardait étrangement…. moments d’incertitude et de un calme relatif sembla Je gueule pour alerter les flottement, nous organisâmes s’installer dans la région. Mais copains qui visitaient les autres notre défense. Nos balles des renseignements nous paillotes et qui, à mon appel, se traceuses puis incendiaires parvenaient nous informant précipitent à la rescousse. enflammèrent les paillotes que l’activité viet-minh se Le Viet n’a pas le temps qui se trouvaient à proximité manifestait en particulier d’esquisser le moindre geste, éclairant le front des attaquants. contre les populations rurales surpris autant que moi et peut On apercevait les Viets passant acquises à notre cause et nous être plus que moi de cette devant le rideau de flammes, se faisant confiance : enlèvement situation ; il est désarmé et fait lançant vers nous en essayant d’otages, exécutions sommaires, prisonnier. de se frayer un passage dans prélèvement de récoltes, etc. Bien sûr, il ne parlera pas sur nos bambous et nos barbelés, Un matin, un paysan vient nous les enlèvements de la nuit et et nous les prenions pour cibles. trouver au poste pour nous nous le ramènerons au poste. Nous étions échelonnés derrière signaler que des notables du Il sera acheminé sur Hanoï le mur de clôture avec les village voisin avaient été enlevés lors d’un prochain convoi de nouveaux arrivés dont certains, pendant la nuit. ravitaillement. paralysés par la peur, étaient Il fut décidé d’organiser une J’ai souvent revu , dans ma incapables de se servir de leur battue dans le village et ses mémoire, ces images et me arme. Ils restaient figés, sans alentours ; une patrouille fut suis longtemps demandé et je réaction ; un surtout, je m’en formée et j’occupais la queue de me pose encore la question : souviens, était accroupi sur le colonne, poste peu enviable s’il pourquoi, dans la position où je sol, sans esquisser un geste.. en existe. me trouvais n’a-t-il rien tenté ?Il Bien sûr, nous avions tous la Sortis du poste, nous lui était facile de me trancher la peur aux tripes, mais est-ce avançâmes avec nos « stens » tête. A-t-il eu peur ? Sans doute l’instinct de conservation ou à la file indienne par la piste entendait-il les camarades tout la volonté de ne pas montrer conduisant au village, au milieu proches ? sa frousse ? L’attaque se d’une épaisse végétation, l’œil Pour ma part, oui, je l’avoue, prolongea. Combien de temps et l’oreille attentifs. j’ai eu peur, mais bien après, cela dura-t-il ? Je ne sais plus, Arrivés parmi les paillotes rétrospectivement. ■ le regroupement des Viets nous constituant le centre du village, apportant quelques répits. nous stoppâmes. Celui-ci était Bernard BENARD, Enfin les premières lueurs du déserté, à part quelques vieilles Maréchal des Logis au 1er matin, les Viets ont décroché femmes tapies dans l’ombre des Groupe du RACM (9e D.I.C.) emportant morts et blessés. De cases, des cochons noirs et des en Indochine de 1946 à 1949. notre côté, quelques blessés chiens errants. Nous pénétrons adhérent de notre Groupement légers. Notre radio contacte dans les paillotes pour les Île-de-France – Normandie – Hanoï pour rendre compte des fouiller. Centre. faits et demande l’évacuation Je pénètre dans l’une d’elles, des blessés ; les pistes sont pousse la porte de bambou longues, il faudra attendre. qui se rabat à l’intérieur et Le calme revenu, autour du entreprend de visiter la pauvre Page 29 Numéro 51 - Octobre 2014 Une embuscade en Algérie Notre camarade André et coiffé d’un turban ; il était mit en joue et tira. J’ai riposté LEFEVRE, de notre armé d’un mousqueton. immédiatement par un tir de groupement régional de Grâce à la distance (500 carabine, surpris d’avoir été PERPIGNAN, était en mètres) qui séparait la jeep de tiré par un civil. Aussitôt des ALGERIE en 1956 ; il nous tête du restant du convoi, seul rafales partirent de tous les livre le récit d’une embuscade ce véhicule essuya le feu des taillis qui bordaient le côté dans laquelle son unité a été rebelles entraînant la mort du droit de la jeep. Comprenant impliquée le 13 septembre Chasseur François BANIEL. que nous étions tombés dans 1956. Alertés par les rafales une embuscade, j'ai crié à tirées, les autres véhicules mon chauffeur : « Saute » et De retour de liaison à s’arrêtèrent. me suis mis à l’abri derrière SEBDOU, nous revenions sur Le Half-track de tête qui vint un boqueteau tirant une EL GOR avec le peloton porté dégager la jeep fut, à son nouvelle fois sur le rebelle qui SARTER auquel avait été tour, pris à partie par un feu continuait de s’enfuir. incorporé deux GMC et une nourri et subit des dégâts Une rafale de PM m’obligea jeep lorsque nous sommes matériels assez sensibles et à changer de place et je pus tombés dans une embuscade son équipage eut à déplorer constater que mon chauffeur à la limite du Douar EL GOR deux blessés (un sérieux et avait effectivement sauté du et du Douar EL ARICHA ; il un léger) véhicule. Poursuivi par des était 19 heures 20. Côté rebelles, seules des rafales de toutes natures et L’embuscade était profonde traces importantes sur cinq après une succession de de 450 mètres et comportait trajets différents permirent de bonds d’une cinquantaine une trentaine d’emplacements supposer qu’il y eut au moins de mètres et six tirs, je vis de combat disposés à la des blessés dans leurs rangs. le premier Half-track qui droite de la route barricadée semblait venir pour nous à l’extrémité par des bottes Extrait du rapport du dégager ; il ne s’arrêta pas et d’alfa et des pierres. commandant d'unité : disparu vers la jeep de tête L’armement rebelle a été où une recrudescence de tirs estimé à 3 F.M. Brenn au « Je roulais en tête. La jeep prouvait que le combat était minimum dont 2 à l’extrémité conduite par le Chasseur sérieux. de l’embuscade, des BANIEL roulait en tête, à Tout à coup, comme sur un mousquetons, des P.M. MAT environ 500 mètre du premier ordre ou un signal, une trentaine 49 et THOMSON, des fusils véhicule de combat en de rebelles se levèrent assez de chasse, des grenades protection des 2 GMC, de la près de moi, coururent à la défensives et des cocktails jeep du Chef de Peloton et route se dirigeant vers les Molotov. des deux Half-tracks, lorsque, deux véhicules attaqués D’une manière générale, les sur la droite, nous vîmes un criant « Aïa...Aïa...Aïa et rebelles étaient en tenue individu, vêtu d’un sarouel autres imprécations comme kaki et portaient casquettes ; bleu, courant en tenant dans « KELB ». Deux détonations certains auraient eu des sa main ce qui semblait sourdent me surprirent. casques légers ; le premier être un bâton. Il s’avéra Me croyant hors de danger, rebelle vu était vêtu d’un qu’il tenait un fusil lorsque, je me levai et cherchai en sarouel bleu, d’un gilet gris s’arrêtant de courir, il nous courant à me rapprocher des Page 30 Numéro 51 - Octobre 2014 véhicules du convoi quand des malchance, je pris la décision leur mission et mon chauffeur rafales partirent m’entourant d'éviter la destruction d'autres fut retrouvé mort au lieu de poussière. Je compris véhicules. Après avoir fait même de l'embuscade par que le côté droit de la route accompagner le blessé sur cette unité. était toujours sérieusement SEBDOU, je donnai l'ordre C'était un excellent garçon , gardé . Exécutant des bonds au Half-track touché et aux aimé de tous et regretté de rapides salués chaque fois de autres véhicules de me suivre tout l'Escadron. Les douilles, coups de feu, je trouvai enfin coûte que coûte. retrouvées près de lui, le deuxième Half-track après Montant sur un GMC, je laissent penser qu'il vendit une progression très pénible dirigeai le convoi à travers chèrement sa vie. Quand a-t- de 150 à 200 mètres. J’étais champs pour éviter les il été touché ? Personne n'a décidé à retourner vers ma bois qui encadraient la pu le dire, mais il est probable jeep quand, à ma stupéfaction route. De nombreuses qu'il fut blessé sérieusement et mon désespoir, je m’aperçus rafales nous suivirent par les premières rafales que les deux mitrailleuses sans causer de dégâts. auxquelles j'ai échappé par de bord étaient enrayées. Arrivés hors de portée miracle, car mon pantalon Rageusement, j’essayai de des armes automatiques, porte quatre trous faits par réparer la première, mais je je fis stopper et prendre deux balles dans la jambière m’aperçus qu’à la suite d’une en remorque le Half-track gauche. Lorsque la fumée rupture d’étui, cette arme, pour endommagé dont le moteur, noire sortit des arbres après laquelle il n’y avait pas de tire- faute d'eau dans le radiateur la ruée des rebelles et que je douille, était irréparable pour percé par balles, chauffait ne le vis pas près de moi, je le moment. terriblement et dont les bielles compris qu'il était mort. » Je donnai l'ordre de faire risquaient de couler. demi-tour pour aller aux Je fis repartir le convoi et Cette embuscade aurait pu autres véhicules. Là, on me nous arrivâmes sur la route être beaucoup plus meurtrière. rendit compte qu'il y avait de SEBDOU-EL ARICHA A la suite d'un changement de un blessé assez sérieux et sans autre incident que pneu sur un des véhicules, le que le Half-track de tête était l'éclatement d'un pneu neuf départ de SEBDOU s'est fait mécaniquement très atteint de la roue avant gauche, relativement tard, le convoi et avait ses mitrailleuses changé deux heures avant était excessivement long, détériorées par les tirs ajustés par l'atelier à SEBDOU. Là, la distance entre véhicule des rebelles. Le blessé était je laissai les deux Half-tracks très supérieure à celle le tireur de ce véhicule, le en disposition de combat pour réglementaire ; l'emprise de Brigadier Pierre CABRERIZO attendre le 4ème Escadron l'embuscade correspondait en du 1er Escadron. qui venait à notre rencontre fait à celle qu'aurait dû avoir la Une fumée noire sortait du et allai avec les véhicules à longueur du convoi. ■ bois, me mettant face à la triste roues à EL AOUEDJ à 10 réalité : ma jeep incendiée km de là en direction d'EL par cocktails Molotov et mon ARICHA pour téléphoner et chauffeur, qui n'avait pas rendre compte au Chef de rejoint, vraisemblablement Corps. tué. Les Auto-Mitrailleuses du Devant ce comble de 4ème Escadron poursuivirent Page 31 Numéro 51 - Octobre 2014 Emotions juvéniles

Notre camarade, Gabriel BRETON, Porte-drapeau Brèves de notre Groupement de MONTPELLIER, avait tout juste 20 ans quand il fut le témoin et l’acteur de cette courte scène NÉCROLOGIE qui, aujourd’hui, semble d’un autre âge. Au cours de ces derniers mois, plusieurs de nos camarades nous ont, hélas, quittés. Mars/avril 1954 ; nous sommes une bande de gamins, en tenue A leurs familles et à leurs proches, L'ECHO DU COMBATTANT impeccable de marins de la DES DOUANES témoigne de sa sympathie attristée. Marine Nationale. Nous étions fiers de notre tenue, du col bleu, du « bachis » à ARDENNES Robert PETITDAN pompon rouge, sans honte de Marcel BAUGEY, Jean DROZ- BESANCON notre patrie, la France. VINCENT Nous sommes assis dans un BORDEAUX Léone JULIEN tramway à YOKOHAMA. LA ROCHELLE Jean LAPPARA À un arrêt, une dame mince, d’une élégance sobre, monte. MULHOUSE Robert KRAEMER J’étais assis près de l’entrée. Je NANTES Marcel AMALFITANO, Jean GARVI me lève et fais signe à la dame Pierre ALGARRA, Louis AGOSTINI, NICE de prendre ma place. Robert HAZIZA, Antoine PIERINI Choc au cœur, la Japonaise me PERPIGNAN Henri COMAMALA lance dans un français parfait : « MERCI JEUNE HOMME ». ■

Gabriel BRETON NOUVELLES ADHÉSIONS

LYON Guy ROUYERE, Marylène ROUYERE

LA ROCHELLE Mme Vve Jean LAPPARA

MARSEILLE Jean-Paul GIORGI

Andée AMALFITANO, NANTES Mme Vve Jean GARVI Mme Vve Pierre ALGARRA, Jeanne AGOSTINI, NICE Mme Vve Robert HAZIZA, Madeleine PIERINI

Bienvenue à ces nouveaux adhérents. Page 32 Numéro 51 - Octobre 2014 « Saint Matthieu 2014 - ravivage de la flamme »

Le ravivage de la Flamme

Autour du tombeau du Soldat inconnu

En cette année du centenaire de – M.Christian ECKERT, Cette cérémonie a été la Première Guerre Mondiale, Secrétaire d’État chargé du l'occasion, une fois pour la quatrième édition du Budget, encore, de souligner cette ravivage de La Flamme à – Mme Nathalie PUVILLAND, solidarité si particulière à l'Administration des l'occasion de la Saint Matthieu, Conseillère en charge du monde Douanes. patron des Douaniers, l'A.N.A.C. combattant auprès de M. Kader Un grand merci à & V.G. DOUANES avait, à ARIF, Secrétaire d’État chargé toutes celles et ceux nouveau, convié l'ensemble de des Anciens Combattants et de qui ont participé à la corporation douanière, actifs la Mémoire. cette cérémonie et en et retraités, à se rassembler – M. Jean-Louis DELPUECH, particulier aux enfants. ■ derrière le drapeau des Directeur central de l'ONAC, M.L. Bataillons douaniers, autour représentant Mme Rose-Marie de Mme CROQUEVIELLE, ANTOINE, Directrice générale, Directrice générale des Douanes – M.Robert CREANGE, L’ÉCHO DU COMBATTANT et de Gabriel BASTIEN, notre Vice-président de l'UFAC, DES DOUANES Président national, pour honorer représentant le Président 14, rue Yves Toudic la mémoire de nos anciens, qui Jacques GOUJAT, 75010 PARIS ont donné leur vie ou combattu – M.Bernard LAPASSET, Téléphone : 09.70.27.17.16 pour la défense de la Patrie et Président de l'International Télécopie : 01.42.40.19.20 des valeurs de la République. Rugby Board, CCPAP : 0617 A 06062 L'ensemble de nos Groupements des représentants des Directeur de la publication : régionaux étaient représentés associations douanières ainsi Gabriel BASTIEN par leurs Présidents et Porte- que des représentants élus du drapeaux. personnel. Rédacteur en chef : De nombreux enfants Le bon déroulement de la Maurice LIERMANN entouraient Mme Marie DEV cérémonie a été assuré par RED, Présidente de l'ODOD. le Général CAMPAIN, Vice- Mise en pages & impression : Cette cérémonie, qui s'est président du Comité de La Ecole Nationale des Brigades déroulée avec le concours de la Flamme assisté du corps des de Douane de LA ROCHELLE Musique de la Police Nationale, Commissaires de La Flamme. a été honorée de la présence Octobre 2014 de :