Vieilles Maisons

à pans de bois dans la Vallée d'Aure

PAR

I4 A:3 B É F R A..NÇOIS MARSA1`T

CORRESPONDANT

DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

TARBES IMPRIMERIE J. LESi30:RDFS 8 - rue Péré -- 8

1918

EILLL DANS LA VALLÉE D'AURE

MAISON .DES FLEURDELYS, A ARRREAU • Photographie communiquée par M. Lucien Labat.

ESCÔLA GASTON FÉRUS tel 4:ire ar.2. 0 E E toutes les époques de l'histoire de notre vallée d'Aure, celle de la Renaissance a été, sans contredit, la plus florissante. Il faut attribuer cette prospérité à l'industrie des draps et au commerce avec le royaume d'Aragon. (fin ne saurait donc être surpris d'y rencontrer presque partout des édifices portant l'empreinte de cette époque. Maisons de pierre à portes avec archivoltes et croisées à meneâúx y voisinent avec les maisons à pans de bois ornés de Croix de Saint-André et d'écharpes. Pour ne parler que de ces dernières, nous signalerons au touriste et à l'archéologue celles d', Guchen, Jézeau et dans la basse vallée ; celles de Cadeilhan-Tracherre, Eget, Tramezaïgues et dans la haute vallée. On nous permettra de consacrer ici, spécialement, quelques notes à la I4'ciison ces fleurdelys à Arreau, à celle du Procureur, à Guchen, ainsi qu'à l'ancien Castel che Fisse, à Tramezaïgues.

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La Maison des fleurdelys

Le touriste qui visite la ville d'Arreau remarque, au sud de la vieille Halle et à l'intersection de deux rues, un vieux logis d'aspect archaïque et moyen âgeux : c'est la Maison ces fleur- de1ys. Orienté vers le nord, cet editîce est à deux étages, Le rez-de-chaussée, légèrement en contre-bas de la rue et muni d'un revêtement en pierre de taille, présente à son milieu, entre deux pilastres, une gracieuse porte, laquelle est décorée d'un fronton triangulaire. Du tympan se détache le mono- gramme de Jésus IHS, surmonté de la croix, et entouré de la couronne d'épines que supportent deux anges agenouillés. Cette por-te donne accès dans une boutique, ajourée de deux baies en anse de panier d'inégales proportions. Les larges pare- ments qui caractérisent ces baies étaient destinés à permettre au maître de céans l'étalage de sa marchandise. J La maison est à deux étages en encorbellement. Lepreìiiier, très accusé, est formé au moyen de deux robustes corbeaux dont l'un, à droite, est orné d'un mascaron. Le premier étage, à colombage, présente trois rangées de pans de bois superposées. Au centre de chacun de ces pans s'épanouit une fleurdelys de 75 centimètres de hauteur, àu galbe très gracieux. A la hauteur de la seconde rangée s'ouvrent deux larges baies avec cadres et meneaux de bois. Le second étage, encore en encorbellement, offre une décora- tion absolument identique. La toiture qui recouvre cet édifice est à trois versants, celui du nord percé d'une lucarne à. frontontriangulaire. La Maison des jleurdelvs est flanquée au sud-est d'une tòu-. relie ronde qui sert d'escalier en vis cru bistour. Celle-ci est coiffée d'une poivrière à pans coupés démunie de sa girouette. On y accède par une porte en pierre de taille, aux pieds-droits décorés de moulures. Sur le linteau se lit, gravé en' caractères romains, le nom de l'ancien maître du logis IEAN.PASSARRIEV. Trois petites ouvertures s'échelonnant le long des parois de la tourelle éclairent l'escalier. L'absence du millésime .sur l'édifice —fait assez singulier ne nous permet pas d'être fixé sur l'année de sa construction.— Par l'ensemble de son ordonnance, il nous paraît toutefois remonter au règne d'Henri IV, roi de et de Navarre et baron de Labarthe. Dans le cours des siècles, la Maison des fieurdelvs avait. subi certaines modifications regrettables. Classée parmi les.. monu- ments historiques, elle a été, en 1913, l'objet d'une restauration, sous la direction de MM. Potdevin, architecte en chef dès Monuments Historiques, et Caddau, architecte appartenant à la même Administration. Nos félicitations à M. Lucien Labat, l'heureux propriétaire de cet édifice, qui constitue aujourd'hui une des principales attrac- tions du petit chef-lieu. Nctis'retevons déjà, vers le milieu du XVIe siècle, la présence de, la_ famille Passarrieu ?I‘Arreau. Elle habitait le quartier du Bourg,àl'entrée de la ville, _sur la route d'Aure 4 MOIMOMIP Le 15 décembre 1564, le sieur Jean de Soubiran, habitant du lieu de Gèdre-, déclare, comme tuteur de Bertrand pupil et héri- tier àfeu Bernàrd de Passarrieu, une maison dite de Pontic, située dans la ville d'Arreau, au bourc, confrontant avec Carrère publique, P1eC.re Mazous et »M° Jean Salle, bbier, laquélle fait de fief .,sieur Jean d'Abayan, còseigiieur de ézeu 1asòmÎrr de VI ardits (i).

Jean Passarrieu, un des descendants de Berftand, 41iitte le -Bourg vers la -fin de ce siècle, pour se fixer dans le voisinage de la Halle, récemment bâtie, et y tenir boutique. C'est à lui que remonte la construction de la Maison des fleitrdelys. Son fils Jean épouse Jeanne de Vignec par contrat du 18 mai i6,36. En 1619, Jean Passarrieu est revêtu de }a charge consulaire. Le 23 juillet 1653, Jean Passarrieu, marchand, figure parmi les bourgeois de la ville, dans un voeu fait pour demander la cessa- tion du fléau de la peste qui décime la population (a). Nous le trouvons, le 28 juillet de l'année suivante, présent au contrat de mariage entre MC Guillaume de Ségure, docteur et avocat aù parlement, et Bertrande de Vignes, sa nièce. I1 assiste, le 25 janvier 165-7, à celui de Marie de `'ignee et de M° Jean de Mailhos, docteur en droit et avocat au parlement, de la ville de Montréjeau. (Me Pierre Fisse, not. royal d'Anci- zan.) C'est encore en qualité de bourgeois que nous le voyons men- tionné comme témoin dans l'acte de fondation de la chapellenie de Ségure, le 6 avril 1672. (Jean Salle, notaire ryal.) Nous le retrouvons, peur la dernière fois, 'le 16 octobre 1674, àu pacte de mariage conclu entre Bernard Mazoûs, marchand de -ladite ville, son neveu, et Marie Pichon, de . (Ibid.) De son union avec Jeanne de Vignes naquit Arnaud, qui fut 'baptisé le 5 avril 1644 par Me Laurent Mazous, vicaire. I1 'eut popr parrain et marraine Arnaud de Vignes et Marie de .

(z) Livre des Recognoissances des droicts, fie/'s et oblies, apertenants à Monsiur noble Jehan d'Abayan, seigneur de Jézeu, dressé le 2 5 décembre i 7 , 7, par 1V'1` Bernard Carrère, notaire royal de Guchen. (a) Acte retenu par 111° Jean Salle, notaire royal, et collationné par M• Jean Féraud d'Arru, éga•knierit notaire, le 8mars 1124. Un de ses frères, Jean Passarrieu, prêtre et docteur en théoloT gie, prend possession, le 28 avril 1664, d'une chapellenie fondée dans l'église Saint4xupCre, par feu Arnaud de Vignes, son oncle, et devenus vacante par le décès de Me Pierre Fournier, prêtre, premier titulaire. Il est transfèré à la cure de , en vertu dun rescrit de Rome en date du 14 décembre 1666, et forma dignuin du 26 janvier 1667, signé Sancan. Par acte du 28 du même mois, il donne procuration à M° Pierre Fournier, docteur en théologie, curé de "l,ramtzaïgues, pour prendre possession de ladite cure, en présence de MC Jean Peyrisse, bachelier en théologie, curé d'Aspro, et Guillaume , d'Arreau...

L'an 168o et le 2 février, à 3 heures de l'après-midi, devant la porte de l'église paroissiale St-Jacques de Montoussé, 1\!10 Jean Pas- sarricu, prêtre, docteur en théologie, recteur de Villeneuve de Rivière en Comrninge, procureur fondé par M e Etienne d'Aspe (z), clerc tonsuré du diocèse d'Auch, suivant acte retenuP ar Me Fontès, notaire de Toulouse, le 14 courant, ayant la présence de Me Arnaud Passarrieu, prêtre, docteur en droit et recteur du lieu de Tuzaguet, prend possession de la chapelle ou obit de St-Michel, fruits, profìts, revenus et ernoluments. Et comme la chapelle est entièrement ruinée et pour cette raison le service s'en fait dans l'église paroissiale avec les cérémonies accoutumées. (Me Pierre Barifouse, notaire de Saint- Laurent.)

Cette dernière procuration nous révèle l'existence de deux prêtres dans la même famille : l'un, Jean, docteur en théologie et recteur de Villeneuve-de-Rivière, et l'autre, Arnaud, docteur en droit et recteur de Tuzaguet-. Ia confusion des titres est due à des tabellions étrangers. Dans une longue et curieuse lettre, datée de Saint-Gaudens le 21 décembre 1723, et adressée à M°Aventin deBadeng-Moreilhon,

(I) Messire Etienne d'Aspe, fils de Jean d'Aspe, président à mortier au Parlement de Toulouse, et de Thérèse d'Estarac, était. en t 73o. chapelain de Ste CatiLerine de , chanoine et archidiacre de Ste Mari . d'Auch. —Ú— curé de Beyrède, par Jean-Baptiste Sailhan, chanoine de la Côllégiale et vicaire général de Gabriel Olivier de Lubière, évêque de Comminges, pour lui demander certains éclaircisse-' ments àu sujet de la légende de saint Exupère, celui-ci évoque l'érudition d'un de Passarrieu, son oncle, en ces termes

J'étois presque déterminé, Monsieur, à me servir du mot d'14rrevczx ou de celui d'cArrevciscensis pouf- exprimer en latici dans la légende de saint Exupère que ce saint étoit d'Arreu, sur ce que j'avois ouï dire souvent pendant mon bas âge à feu mon oncle de Passarrieu, qui excelloit en tout genre d'érudition soit depuis à plusieurs personnes des vallées que les Arrevasces firent bâtir Arreu et que c'est de ce peuple que cette ville tire son nom parce que d'un côté le nom d'Arreu me paroit être un mot écorché de celui d'Arrevasce, et que de l'autre il y a quelque chosé de vrai en ce qui se trouve conservé dans la tradition des peuples (t).

Nous possédons une Histoire chronologique ces vallées d'Aure, Magnoac, "Vestes et Bcirousse, divisée en XI chapitres, encore inédite. Cette Histoire, dont le manuscrit remonte à 73i et renferme de précieux renseignements sur certaines familles nobles de la vallée, notamment sur celle de Sailhan, d'Arreau, nous paraît devoir être attribuée à 1W ,jean Passarrieu. Après trois siècles, la Miison des Jleurdelys doit à sa .situation privilégiée d'avoir conservé sa première destination.

(i) Arrevavices et Ccilagurritci'izs, par l'Abbé Fr. Marsan, Revue de Coìn7nzn ges, 1 90 2 . 4ee trim.. n. 2 1 ~_. II La Maison du Procureur

En gravissant la place de Guchen, .décorée d'une belle fontaine mo- numentale, le tou- riste aperçoit, à. I ; o mètres envi- ron à. l'ouest, la silhouette d'une tour carrée sur- plombant, à sa droite, la rue prin- cipale : c'est la .liaison dit Procu- reur. BCtti it la fin du xvp siècle , ce vieux logis se com- posait d'un corps de maison orienté vers l'est. Au norcl et au sud étaient anne- xés deux pav lions ou balets en encor- bellement et à co- MAISON DU PROCUREUR A. GUCHEN lombage. C'est ce dernier qui attire Photographie de M. Paul Labadie, Secrétaire général de la Section des Pyrénées Centrales du C. A. F. Plus particulière- ment l'attention des passants. I1 est à la hauteur du premier étage et à trois rangées de pans de bois superposées. Chaque pan est orné d'une Croix de Saint-André. A la hauteur de la deuxième rangée s'ouvrait une large R croisée aujourd'hui veuve de ses meneaux. Celle-ci était proté- gée par une robuste drille en fer aux barreaux se projetant en avant. De petites ouvertures. pratiquées à l'ouest et à l'est complé- taient l'éclairage de la pièce. Au-dessous de cette dernière se trouve une petite meurtrière munie de deux barreaux de fer en croix. La tour, qui flanque à l'est ce pavillon, est coiffée d'une petite flèche, à quatre pans, dépouillée de sa girouette. Sur le pan du sud s'ouvre une petite lucarne triangulaire. Cette tour, qui relie le pavillon au corps principal, est à deux étages. Au premier, s'ouvre sur le côté est une petite fenêtre en pierre et, à la hauteur de cette même fenêtre, faisant face au nord, deux petites canonnières en forme de triangle. Le second étage est pareillement éclairé au levant par uni: fenêtre en accolade. Au-clessous de cette dernière, on remarque une figure humaine ein pierre grossièrement sculptée et. munie d'un petit orifice en guise de douche. On accède dans la Maison du Procureur par une porte en_ pierre, dont les pieds droits sont ornés de doucines et de retraits. Sur le linteau, nous relevons le millésime, accoinpabné d'ini- tiales gravées en relief :

P B I 594• D-.M.NO.P.DN ROI ( i]

Cette inscription, qui accuse chez le lapicide une_ certaine inexpérience, duit être interprêtée

D[ominique] no(tairei p[rocurcuì- ] du ì'?oi.

Quant aux initiales P. B., ce sont celles de Pierre Brun, l'un dis. derniers maîtres d u logis. Mc: Dominique Marsan, notaire et avocat, avait été- pourvu de l'office de substitut du procureur du Roi, près du, siège de la JudJCattire d'Aure, par lettre patente d'Henri III, roi de France, en datedu. 5 avril 1579.

( i) A , nous avons relevé, sur le linteau d'une ancienneP orte de grange ayant appartenu au Procureur, cette inscription : 16 r 22 M.D.M. P. DV. ROY. s Il reçoit, en cette qualité, une attestation du sieur Philippe de Cazaux, chevalier, seigneur de et autres lieur, sénéchal

et gouverneur des QuaeVaJ1écs.faite à• Guchan le ro juin 1594, au sujet de la montagne de « l'Agge11 et de Sain » (i). Henri IV le confirrn.e, dans sa charge par la lettre patente suivante Henri par la grâce de Dieu roy de France et de Nabarre, compte d'armagnac, baron d'Aure, Maignoac, Vestes et Barousse, A tous ceulx qui ces p[rés]entes lettres verront, salut. Savovr faisons que par le bon et louable rapport qui faict nous a esté en la personne de N[os]tre cher et bien aymé 1\1e Dominique Marsan advocat ez siège de la judicature du paï5 d'Aure et de ses sen[timens] suffizance, litérature et intégt-itté, debvoir et diligence qu'il a rendu despuis vingt-deux ans en l'estat de substitué de n[ost]re procureur jurisdic- tionnel ez nosd[ites] I3aronnies par ses l[ett]res de substitu[tilon en datte du septie[smej jour d'avril mil cinq cens soixante-dix-neuf, la coppie desquelles est cy-attachée soubs le contrescel de n[ost]re chan- cellerie a icelluy Marsan pour ces causes et aultres à ce nous mouvans avons continué et confirmé, continuons et confirmons par ces pré- sentes ladite] substitution de procureur juridicti[onniel de nostre dicte Baronnie et Judicature d'Aure et en tant que besoin; est l'avons de nouveau comis et dépputté, commettons et depputtons à la subs- titu[ti]on de ladite Judicature pour en jouir et uzer ez l'absence dudit Seilhères par devant les juges ordinaires et aultres officiers dudict païs pour toutes affaires qui concernent n[ostire service et du public et tout ainsy et en la mesme forme et manière qu'il est ponté par les susdites lettres de substitution sans qu'il luy soit besoing prestes. au[lt]re serment que celluy qu'il a faict et presté par devant ledit Seilhêrcs, car tel est n[ost]re plaisir. Donné le... jour du mois de mars mil six cens deux.

HENRY ainsin signé et au reply par le compte et baron susdit. FEYGNES ainsin signé (2).

Me Dominique Dufaur, licencié en droit, juge ordinaire des Quatre-`'allées, procédant à la réformation des terres d'Aure, fut assisté par le substitut Marsan. Nous le trouvons le 16 mai 1602 à Arreau et le r er mars 1605 à Guchen.

(r) Parchemin, Archives communales de Guchan. (2) Parchemin, Archives communales d'. I 0 — Au cours de la visite générale de son diocèse, en 1620, Gifles de Souvré, évêque de Comminges (i), s'étant arrêté à Guchen, y visita l'église Saint-Brice le vendredi 21 août.. I1 reçut ensuite l'hospitalité sous le toit de la Maison chu procureur., ainsi qu'en fait foi le curieux document que nous donnons ci-après Estat dc ce qui a esté clespericlu depuis le mardy soir dix-huictiesme d'aoust jusques au vendredy matin que Monseigneur Lévesque de Comenge demeura chez Geoffre d'Ancizan et en partisi tant par mondfct seigneur que autres de sa suitte année [620. Le tout à la diligence de moy Carrère archiprebtre. Premièrement de pain a esté despendu la somme de 13 1. 14 s. t. Plus de vin 1a somme de 28 1. 14 s. t. o cl. Plus de cher de mouton bolaille aigneaux chevrau lart et cebreau comprins en cc urne livre sept soulz, que les sieurs Recteurs ont despendeu chez Monsienr Gascon le vendredi- matin que Monsei- gneur Levesque a vizitté L'esglize de Guchen et disné chez Monsieur Marsan comprins en ce pussy les espices, chandelles, fromaige fruictz sucre eufz et burre 41 1. 4 s. t. Plus a esté despencleu d'Aboyne et foing pendent le suscl. temps la somme che 381. s. t. Plus a esté payé de service comprins le boys et sel la somme de 15 1. Plus aux chambrières 2 1. 8 s. t. Plus aux cuisinières de Monseigneur Lévesque i 1. 2 s. t. (2) Le 29 mars 1630, Me Dominique Marsan, gisant dans son lit, malade, lègue un obit de 16 écus petits, qui sera chanté à perpé- tuité pour le repos de son âme, le jour anniversaire de son décès. Cet obit, payable à raison de un écu petit de cens annuel, à prendre sur la « maison grande » de Guchen par M° Barthé- lemy Carrère, notaire royal du lieu, sera célébré parle prieur et les prêtres de la Confrérie de Notre-Dame de Bouchet. Étant décédé le 28 janvier 1631, son corps est inhumé le len- demain dans le cimetière de l'église Saint-Brice.

(r) Gilles de Souvré, fils du Maréchal Gilles de Souvré et de Françoise de Bailleul, reçut la consécration épiscopale à Roanne, le r 2 mars 1617. Il succédait à Urbain de Saint-Gelais. (Un groupe curieux d'Eveques comming-eois, par l'abbé Lestrade, Remue de Com.) (2) Archives des Hautes-Pyrénées, Fonds Guchen, G. 92 2. (Communia" cation due à l'obligeance de A'I. J. Pambrun, archiviste-adjoint.) -- tí - De son épouse Jacmette Carrère, déjà morte le 3 novembre 1629, MC Dominique Marsan avait eu un fils nommé Bernard, docteur en droit et avocat près la Cour de Judicature d'Aure. Celui-ci épousa Jehanne d'Aspe, fille de -Jehan d'Aspe et de Jehanne Mazous, habitants de la ville d'Ancizan (i). Le 9 décembre 1622, les deux époux tiennent sur les fonts de l'églisè Saint-Martin, Bernard d'Aspe « plus jeune », frère du Juge Mage d'Auch. Jehanne d'Aspe étant décédée à Ancizan, y fut ensevelie le 16

mars 1627. • Me Bernard Marsan assiste, le Io février 1642, au pacte de mariage conclu entre Bertrand Fornier, fils aîné de Guillaume Fornier, sieur de Corrèges, de la ville d'Arreau, et de Marguerite d'Aspe, d'Ancizan, sa belle-soeur. (Me Pierre Fisse, notaire royal.) I1 fut pourvu, comme son père, de la charge de substitut du procureur du Roi. Nous le trouvons, en 1670, formulant des griefs contre les Syndics des vallées d'Aure, Nestes et Barousse devant Messire Bernard d'Aspe, conseiller du Roi et juge mage d'Auch, son beau-frère. Ceux-ci étaient accusés par lui de violation des règlements anciens, d'impositions arbitraires, de gaspillage des deniers publics soit pour des députations extraordinaires, soit pour des procès intentes de gaieté de coeur (2). Atteint de la peste, en 1653, Me Bernard Marsan est mis en traitement du 7 juillet au r6 du même mois. II dépense en chair et vini 1. r i s. 6 d., d'après un registre de fournitures qui est parvenu jusqu'à nous. En quelle année mourut-il ? Nous l'ignorons. La Maison chu Procureur, chère à tant de titres, est menacée d'une ruine prochaine. Il serait urgent de la conjurer. Nous faisons les meilleurs voeux pour que son propriétaire nous conserve l'un des plus curieux vestiges du vieux Guchen.

}

D (z) Registre de catholicité d'Ancizan, Archives communales. (2) Règlement des Syndics des vallées d'Aure, 5Yestes et Barousse, 165o, par Fr. Marsan, Revue des Hautes-Pyrénées, 1908 , p. 403. III

Castel de Fisse

A Tramezaïgues, haute vallée d'Aure, se voyaient encore naguère trois vieilles maisons à pans de bois, dont la plus curieuse était, sans contredit, celle de Fisse. Située au centre du petit village, elle était flanquée, au sud-est, d'une tour carrée à deux étages. A ]a hauteur du second étage, en guise de corbeaux, des jambes de force en bois supportaient un colombage, rappelant celui de la Maison du Procureur à Guchen. Des ouvertures prati- quées à l'ouest et au sud ajouraient le pavillon ou palet. Celui-ci était couronné par une toiture barlongue, à quatre versants ; celui de l'ouest, ajouré d'une lucarne à fronton triangulaire, et celui du sud, d'une autre lucarne carrée.

La porte d'entrée, à l'ouest, était protégée par un mâchicoulis . ou mataccr. Celle-ci donnait accès à un escalier qui reliait l'ancien castel. Au-dessus de la porte s'ouvrait une fenêtre distribuant la lumière dans l'intérieur de la tour. De la vieille tour de Fisse, à l'aspect si pittoresque, tout vestige a disparu, en 1887, pour faire place à la chaussée du nouveau chemin du Riou-Majou. Nous laissons à M. Maurice Gourdon, l'homme qui a le mieux exploré lez Haute-Vallée d'Aure, le soin de qualifier cet acte de vandalisme administratif

Ici existait jadis (r$$6) un vieux logis accosté d'une jolie tour carrée à mâchicoulis, dont tout l'ensemble portait le cachet de la Renaissance. Mais Ehomme est un grand enfant destructeur, parfois même la pioche maladroite des détnoliseur-s officiels aide trop rapi- dement le temps (comme à Ti'amezaïgucs, à Gouaux de l'Arboust ou Saint-Béat, etc.), à détruire ces précieux restes du. passé. Le manoir sans doute n'avait point à leurs yeux un aspect assez démocratique. Sous le fallacieux prétexte de redresser un chemin, on a sans scrupule radicalement jeté bas le castel. Il eût été si facile de le conserver en élargissant la route sur uu mauvais jardin qui lui faisait face ! Du castel de Fisse, il ne reste plus aujourd'hui que le souvenir et la — 13 - photographie que nous en avons prise en 1886 et que reproduit le dessin ci-joint (i).

CASTEL DE FISSE Dessin de Sion], d'après une photographie de M. Maurice Gourdon ('2).

La famille Fisse passait pour l'une des plus notables du lieu. Dès le 3o juin 160I , nous trouvons mention d'un Benoît

(i) Noies sur la Haute Vallée d'Aure, par M. Maurice Gourdon, ,Ann-uaire du Club Alpirn Français, 1903, pp.. i 1 3 --i r-4. (2) Nous devons-la communication de ce précieux cliché à l'extrême obli- geance de la Direction centrale du C. A. F. Ferras dit de Fisse,' prud'homme, dans la Réformation qui fut faite per Mc Dominique Dufaur, chez Mc Barthélemy Carrêre, notaire royal, à Guchen.

Le 22 avril de l'année suivante, le même, fait, en sa qualité de syndic, comparaître les témoins dans l'enquête prescrite par ordonnance du 8 du même mois. Pierre Fisse, également syndic de Tramezaïgues, est député le 12 avril 1663, par les manants et habitants, pour faire le dénombrement des biens dé la Communauté devant Me Bernard d'Aspe, conseiller du Roi, président et juge mage d'Auch, com- missaire subdélégué par la Chambre des Comptes de Navarre.

M° Bernard Fisse, prêtre, avait été pourvu de la cure de Gèdre- Bareilles. Étant mort le 8 octobre 1762, à l'âge de 48 ans envi- ron, il fut inhumé dans la nef de l'église Nutre-Dame dudit lieu, par Me Dufaur, archiprêtre d'Arreau, en présence de Bertrand Corpeyre, curé de Jézeau. En 1749, Jean Fisse, diacre, est présent au mariage de Jean Munes et de Claire Fisse de Gèdre, sa parente. Le même, devenu prêtre et chapelain de l'Hôpital de la ville de Hautefort, en Périgord, y décédait en 1787. Par acte du 19 avril de cette même année, Bernard Fisse, bourgeois de Tramezaïgues, donne procuration au sieur Sylvestre Fisse, son frère, laboureur de Mont, vallée de Louron, pour se transporter à Hautefort, afin d'y retirer tous les effets dépendant de ladite succession. (Me Jean Balès, avocat au parle- ment et notaire royal de Cadéac.) Dominiquette Fisse, fille de Bernard, épousa Jean-Bernard Campassens, bourgeois d', lequel décéda le 7 mars I 7 89 De cette union sortit Jean-Bernard Campassens, qui, à son tour, épousa Virginie Blancon, fille de Me Bernard Blancon, juge de paix du canton de Vielle-Aure, et de Jeanne Roucaud, habitants de Vignec, le LI novembre 1815, par devant Me Car- rère, curé d'Eget. Jean-Bernard Campassens avait été surnommé le Baronnet, en sa qualité de propriétaire de la montagne d'Estaragne, Arti- gusse, Paret, Baranne, Barannette et Cade-1ong. Son hospitalité est devenue légendaire dans la vallée d'Aure. — 15 - On sait que le Comité des Sites et Monuments pittoresques du Touring-Club de France a pris la louable initiative de conserver tout ce qui contribue à la parure artistique de notre sol national. Pourquoi ne couvrirait-il pas de sa protection tuté- laire nos vieilles maisons à pans de bois encore si nombreuses dans notre riante vallée d'Aure

Fa. MARSAN.

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