e«AC-SRA

1 5 MAI 2009

COURRIER ARRIVEE

Rapport

final d'opération

Mars 2009

Stéphane BLANCHET

Avec les contributions de Philippe FORRE, Xavier HENAFF, Françoise LABAUNE

LANGON « La Lande du Moulin/ La rue des Demoiselles » (-et-Vilaine - Bretagne)

Dates d'interventions : 05.01.06 - 01.03.06

N° de prescription : SRA 2005/104

N° de site (ou n° Patriarche) : 35 143 032

N° INSEE de la commune : 35 143

N° de projet INRAP : DB 05 0099 02

INRAP - Direction interrégionale Grand-ouest - 37 rue du Bignon - CS 67737 - 35577 - Cesson-Sévigné cedex

Tél. : 02 23 36 00 40 /Fax : 02 23 36 00 60

Siège social : 7 rue de Madrid 75008 PARIS - Tél 01 40 08 80 00 - Fax 01 43 87 18 63 - N° SIRET 180 092 264 00019 - APE 732 Z. « L'utilisation des données du rapport de fouille est régie par les dispositions du code de la propriété intellectuelle concernant la propriété littéraire et artistique. Les prises de notes et les photocopies sont autorisées pour un usage exclusivement privé et non destiné à une utilisation collective (article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle). Toute reproduction du texte accompagnée ou non de photographies, cartes ou schéma, n'est possible que dans le cadre d'une courte citation, avec les références exactes et complètes de l'auteur et de l'ouvrage. Toute utilisation des données du rapport à des fins lucratives est interdite en vertu de l'article 10 de la loi modifiée du 17 juillet 1978 relative à l'amélioration des relations entre l'administration et le public. Le non respect de ces règles constitue un délit de contrefaçon puni par l'article 425 du code pénal1 ».

1 Loi n°78-753 du 17 juillet 1978, article 10 « Les documents administratifs sont communiqués sous réserve des droits de propriété littéraire et artistique. L'exercice du droit à la communication (...) exclut, pour ses bénéficiaires ou pour les tiers, la possibilité de reproduire, de diffuser ou d'utiliser à des fins commerciales les documents communiqués ». LANGON « La Lande du Moulin/ La rue des Demoiselles » (Ille-et-Vilaine - Bretagne) SOMMAIRE

Sommaire

Fiche signalétique

Mots clés des thésaurus

Intervenants et moyens mis en œuvre

Remerciements

Notice scientifique

Fiche d'état du site

Chapitre 1 - Présentation du site 1

1 Cadre naturel et archéologique du site 3

1.1 Le cadre géographique et topographique 3

1.2 Le cadre géologique 3

1.3 Le cadre archéologique et historique des recherches 8

2 Cadre de l'opération, objectifs et méthodologie mise en œuvre 10

2.1 Cadre de l'opération 10

2.2 Objectifs de la fouille 15

2.3 Méthodologie mise en œuvre sur le terrain 15

2.3.1 Le décapage 15 2.3.2 La fouille 20 2.3.3 L'enregistrement des données 23 2.3.4 Les analyses 23

2.4 Le Post-fouille 23

Chapitre 2 - Les moulins à vent 25

1 Les moulins à vent : une étude préalable nécessaire 27

1.1 Le moulin sud 27

1.1.1 Les fondations et les soubassements du moulin sud 29 1.1.2 Le talus périphérique 32 1.1.3 Le cerne du moulin 32

1.2 Le moulin nord 40

1.2.1 Le soubassement 40

1.2.2 Le fossé et le talus périphérique 42

2 Le mobilier associé aux moulins 42

2.1 Données générales 42

2.2 Etude du lot par contexte 42

2.3 Conclusion 45

3 Les moulins et le monument mégalithique 45

Chapitre 3 - Le dolmen ai

1 L'architecture 55

1.1 L'éboulis 55

1.2 Le cairn 60

1.2.1 Les matériaux 60 1.2.2 Le massif interne et son parement 60 1.2.3 Le massif externe et son parement 66 1.2.4 Le massif de condamnation ou le contrefort ? 66

1.3 Le couloir d'accès 68

1.4 La chambre 71

1.4.1 Le contour 71 1.4.2 Le dallage 87

1.4.3 La couverture 87

1.5 La question du « vieux sol » 87

1.6 Synthèse et discussion 88

2 Les vestiges mobiliers 93

2.1 Le mobilier céramique 93 2.1.1 Description du mobilier 93 A - Le substrat néolithique 94 B - Le Chalcolithique/Campaniforme 98 C - La protohistoire s. I. 102 2.1.2 Comparaisons régionales 103 A - Le substrat néolithique 103 B - Le chalcolithique/Campaniforme 104

2.1.3 Conclusion 105 2.2 Le mobilier lithique 105

2.2.1 L'industrie lithique taillée 105 2.2.2 Les éléments de parure 106 2.2.3 Les objets en quartz et en cristal de roche 106

Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion 111

Bibliographie 117

Annexes 123 FICHE SIGNALÉTIQUE

Numéro de site Patriarche : 3 | 5 | l | 4 | S | 0 | 0 | 3 | 2

Numéro de projet INRAP : PB 05 0099 02 Région : Bretagne Département : ille-et-Vilaine Commune : Langon Code INSEE : 35 143 Lieu-dit ou adresse : La Lande du Moulin/La rue des Demoiselles Cadastre année : Langon, 2006, ZS 279a, b, c, 281, 269, 283 Coord. Lambert : X : 285,525 Y: 2310,700 altitude : 51 m NGF Statut du terrain : privé

Propriétaire du terrain : Mr et Mme RUPIN

Arrêté de prescription n° : 2005/104 en date du 30/08/2005 Arrêté de désignation n° : 2005/129 en date du 13/12/2005 Responsable désigné : Stéphane BLANCHET Organisme de rattachement : INRAP Maître d'ouvrage des travaux : Mr et Mme RUPIN Nature de l'aménagement : Maison individuelle Opérateur chargé des travaux : INRAP interrégion Grand-Ouest Surface de l'opération archéologique : 8600 m2 Dates d'intervention sur le terrain : 05/01/2006 au 01/03/2006

Résultats

Problématique de recherche et principaux résultats : cette opération fait suite à un diagnostic réalisé par S. Marchand (INRAP) en juin 2005. La fouille a permis de dégager et d'étudier un dolmen en partie conservé sous un moulin à vent. En l'état de nos connaissances, il s'agit du seul dolmen actuellement reconnu à Langon. D'après son architecture, le monument a été édifié au cours du Néolithique moyen. Le mobilier céramique découvert dans la chambre indique une réoccupation du monument durant le Néolithique final et le Chalcolithique. Les données recueillies contribuent à une meilleure compréhension du complexe mégalithique et tumulaire de Langon. Ce dernier pourrait, à partir de sa position géographique, de la densité et de la diversité des vestiges qui le composent être comparé à l'ensemble mégalithique de Cojoux à Saint-Just. Lieu de dépôt temporaire du matériel archéologique : Inrap Grand-Ouest. Base archéologique de Cesson-Sévigné.

Informations sur la composition du rapport Nombre de volumes : 1 Nombre de pages : 135 Nombre de figures : 25 Nombre d'annexes : 5 MOTS CLES DES THESAURUS

Chronologie Paléolithique Antiquité romaine (gallo-romain) Inférieur République romaine Moyen Empire romain Supérieur Haut-Empire (jusqu'en 284) Mésolithique et Epipaléolithique Bas-Empire (de 285 à 476) Néolithique Epoque médiévale haut Moyen Age Ancien Moyen Age Moyen bas Moyen Age Récent Temps modernes S Chalcolithique Époque contemporaine Protohistoire Ere industrielle Âge du Bronze ancien moyen récent Âge du Fer Hallstatt (premier âge du Fer) La Tène (second âge du fer) Sujets et thèmes Edifice public Artisanat alimentaire Nb Mobilier Études annexes Edifice religieux Argile : atelier Industrie lithique Géologie Edifice militaire Atelier métallurgique ! Industrie osseuse Datation Bâtiment commercial Artisanat Céramique Anthropologie Structure funéraire Autre Restes végétaux Paléontologie Voirie Faune Zoologie Hydraulique Flore Botanique Habitat rural Objet métallique Palynologie Villa Arme Macrorestes Bâtiment agricole Outil An. De céramique Structure agraire Parure An. De métaux Urbanisme Habillement Acq. des données Maison Trésor Numismatique Structure urbaine Monnaie Conservation Foyer Verre Restauration Fosse Mosaïque Autre Sépulture Peinture m Grotte Sculpture Abri Inscription m Mégalithe Autre INTERVENANTS ET MOYENS MIS EN ŒUVRE

Intervenants scientifiques :

SRA : Anne VILLARD-LE TIEC Conservateur du patrimoine INRAP Stéphane BLANCHET Responsable scientifique Michel BAILLIEU Adjoint scientifique et technique

Intervenants administratifs :

DRAC de Bretagne, SRA : Stéphane DESCHAMPS Conservateur régional de l'archéologie INRAP Grand-Ouest : Gilbert AGUESSE Directeur interrégional

Aménageur : Mr et Mme RUPIN

Financement : redevance

Organigramme de l'équipe scientifique : Terrain Post-fouille

Responsable d'opération : Stéphane BLANCHET X X Assistant d'opération : Laurent AUBRY X Technicien : Sandrine BARBEAU X Technicien: Philippe FORRE X X Assistant d'opérations : Eric GAUME X Technicien : Laurence GAUBERT X X Chargé d'opérations et de recherche : Stéphan HINGANT X Chargé d'opérations et de recherche : Hervé MORZADEC X Topographe : Pierrick LEBLANC X X DAO et dessin céramique : Philippe FORRE et Xavier HENAFF X Dessin lithique : Stéphane BLANCHET et Philippe FORRE X Etude de l'industrie lithique : Stéphane BLANCHET et Philippe FORRE X Etude de la céramique néolithique : Xavier HENAFF X Etude du mobilier du Moyen-Age : Françoise LABAUNE X Datations 14C : Centrum voor Isotopenonderzoek - Groningen X Photographe: Hervé PAITIER X X

Intervenants techniques :

Terrassement mécanique : Entreprise Beaussire REMERCIEMENTS

Les fouilles menées à Langon ont requis une grande disponibilité de la part des personnes qui ont participé directement ou indirectement à l'élaboration et au déroulement de l'opération. Qu'elles trouvent ici le témoignage de notre gratitude.

Notre reconnaissance s'adresse en particulier à :

l'équipe de fouille qui a réalisé le travail avec beaucoup d'enthousiasme ; Cyrille Chaigneau, Bernard Monnier, Bruno régent pour l'aide qu'ils nous ont apporté, mais aussi pour les excursions archéologiques que nous avons eu la chance d'effectuer en leur compagnie. Nous avons ainsi pu mesurer l'extraordinaire richesse du patrimoine mégalithique (souvent inédit) du sud-ouest de l'Ille-et-Vilaine. la famille Rupin pour son accueil chaleureux et très attentionné ; M. Michel Renoul, maire de Langon, pour nous avoir permis de présenter nos découvertes aux habitants des environs lors des journées du patrimoine ; mes collègues de l'INRAP, du Service Régional d'Archéologie et du CNRS pour leurs conseils avisés lors des visites sur le site ou lors des discussions que nous avons pu avoir durant la phase d'étude. NOTICE SCIENTIFIQUE

Notice scientifique résumant les principaux résultats de l'opération :

Le dolmen étudié se trouve sur un plateau où se développe un vaste complexe mégalithique et tumulaire. Pour la commune de Langon, une quarantaine de sites sont actuellement recensés dans la carte archéologique du SRA de Bretagne. Près de la moitié de ces sites correspondent à des mégalithes ou à des tumulus qui offrent plusieurs points de comparaison avec la nécropole préhistorique voisine des Landes de Cojoux à Saint-Just (Ille-et- Vilaine). Il y a environ un siècle, le dolmen étudié se situait au sein d'une lande rase. A l'époque, un moulin à vent était encore visible au sommet de la structure mégalithique. Au démarrage de la fouille, le dolmen se présentait sous la forme d'une légère anomalie topographique de forme circulaire. Il était d'ailleurs difficile de distinguer les aménagements associés au moulin des ultimes restes du monument. Un décapage à la pelle mécanique a d'abord été effectué afin d'étudier l'environnement archéologique du dolmen. Il s'agissait notamment de vérifier l'extension des alignements des « Demoiselles » et une éventuelle interaction avec le monument. L'objectif était également de contrôler la présence de vestiges (par exemple de carrières) en périphérie du mégalithe. A la suite du décapage extensif, l'anomalie topographique a été dégagée manuellement. Une attention a tout d'abord été portée aux restes du moulin car certains blocs de pierre et en particulier ceux présents dans les fondations étaient manifestement issus du dolmen. A cheval sur plusieurs limites de propriété, ce dernier n'a malheureusement été fouillé que partiellement. Edifié à partir de dalles et de plaquettes de schiste, le cairn qui recouvre la construction mégalithique a pu être en partie dégagé. Celui-ci, de forme pratiquement circulaire, mesure 13 à 15 m de diamètre pour 50 cm de hauteur conservée. Seule la façade du monument - c'est-à-dire le secteur où se trouve l'entrée permettant l'accès à la chambre funéraire - est rectiligne. Le pourtour du cairn est constitué d'un parement de pierre sèche relativement bien appareillé. Un second parement concentrique par rapport au premier est visible au cœur de la construction. Sur sa façade principale, le cairn présente un important massif de pierre qui pourrait correspondre à un système de consolidation ou à un système de condamnation du couloir d'accès à la chambre funéraire. La chambre se trouve au milieu du cairn. Elle est délimitée par des orthostates de schiste, de quartz ou encore de poudingue. Certains piliers ont disparu mais on retrouve leur fosse d'implantation. Il apparaît notamment que certains d'entre eux ont été réutilisés pour aménager les fondations du moulin. La morphologie initiale de la chambre est assez difficile à restituer. On sait qu'elle comporte au moins une petite cellule latérale. Quelques dalles de grès retrouvées au fond de la chambre indiquent que le sol était recouvert d'un dallage. L'amorce d'un couloir d'accès à la chambre a pu être dégagée. Ce couloir n'a été observé que très partiellement car il se développe hors de l'emprise de la fouille suivant un axe est/ouest.

D'après les éléments architecturaux mis au jour, le dolmen a vraisemblablement été construit vers le milieu du IVeme millénaire avant J.-C.. Du mobilier archéologique a été recueilli dans la chambre. Il est principalement constitué de petits fragments de céramique mais aussi de quelques objets en pierre (silex taillés, pendeloques en cristal de roche ou en schiste). Soulignons que les céramiques mises au jour ne sont pas contemporaines de la phase d'utilisation initiale du dolmen. Elles témoignent d'une réutilisation du monument entre le Illeme et la fin du Illeme millénaire avant J.-C.. FICHE D'ÉTAT DU SITE

Au cours de la fouille, il a été décidé, en accord avec le Service Régional d'Archéologie de Bretagne et le propriétaire du terrain, de préserver l'intégralité du monument. Contre toute attente, ce dernier présentait un état de conservation qui justifiait amplement ce choix. Pour éviter de trop fragiliser l'ensemble, certains démontages n'ont pas été effectués. A l'issue de la fouille, le cairn et la chambre ont été protégés par un géotextile avant d'être recouverts par de la terre végétale issue du décapage initial. Nous devons souligner que deux des orthostates de la chambre ont été redressés dans leur fosse de calage avant rebouchage. Près des deux tiers du monument n'ont pas été fouillés. Ils se situent, en effet, sur deux propriétés voisines qui n'étaient pas concernées par le projet. Dans la parcelle située au sud (celle où se trouve le couloir du dolmen), de récentes plantations d'arbres risquent à moyen terme d'endommager le monument. Dans la parcelle située à l'ouest, une sapinière assez ancienne a sans doute fortement dégradé le cairn.

La Lande du Moulin, Langon (35) - après avoir été protégé par un film de géotextile, le monument est recouvert d'une couche de terre végétale. Chapitre 1

Présentation du site

Stéphane BLANCHET Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

1 - CADRE NATUREL ET bordée à l'est et au sud par la Vilaine dont le ARCHEOLOGIQUE DU SITE cours est relativement sinueux (figure 3). Au nord-est de la commune, la Vilaine forme de grands méandres et vient buter contre des falaises de schiste dont le dénivelé peut 1.1 LE CADRE GEOGRAPHIQUE ET atteindre 70 m (cluse de Corbinière). A l'ouest, TOPOGRAPHIQUE la commune est limitée par le ruisseau des Sauvers et le ruisseau de la Mare. Le réseau Le site de la Lande du Moulin (Langon, Ille-et- hydrographique qui entaille plus ou moins Vilaine) se trouve dans la moyenne vallée de profondément le territoire communal Vilaine à environ 50 km au sud de et 20 comprend deux ensembles. Le premier prend km au nord-est de Redon (figure 1). naissance sur une crête culminant à 101 m et Le sud de l'Ille-et-Vilaine comprend une série s'oriente vers le sud/sud-ouest en direction du de crêtes parallèles qui forment un relief de ruisseau du Moulin Neuf et de la Vilaine. Le type appalachien, en particulier dans le secteur second s'oriente vers le nord et l'est en compris entre Langon et la Gacilly. Ces reliefs direction de la Vilaine. résultant d'une érosion différentielle des Le site de la Lande du Moulin appartient à un formations sédimentaires primaires mais aussi vaste ensemble mégalithique et tumulaire se de la tectonique (Dadet et al, 1995) offrent un développant sur un petit replat topographique paysage vallonné. Ils sont encadrés au nord dont l'altitude moyenne est d'une par le bassin de Rennes et au sud par plusieurs cinquantaine de mètres. Ce replat - d'axe est- zones humides ou des zones marécageuses ouest - couvre un espace de 2,5 km de long (marais de Redon...) dont les ultimes pour 1 km de large. Il est limité au sud et à extensions ne se trouvent qu'à quelques l'est par des pentes bien marquées. Sur son kilomètres du site étudié (figure 2). côté nord, il s'appuie sur une colline qui Dans ce paysage contrasté, la Vilaine et ses culmine à 86 m. Notons que plusieurs vallons affluents tiennent une place importante. Après plus ou moins encaissés prennent naissance avoir reçu les eaux de l'Ille au niveau du sur le pourtour du replat et desservent les bassin de Rennes, la Vilaine infléchit son cours fonds de vallées environnants. Nous devons vers le sud. A la faveur d'une faille, elle aussi souligner que le replat occupe une pénètre dans la cluse du Boël et traverse position particulière puisqu'il domine une ensuite les plis appalachiens par une vaste cuvette où s'effectue la confluence de la succession de cluses (figure 2). Elle reçoit toute Chère et de la Vilaine (figure 3). Cette zone une série d'affluents (Le , La Canut...) basse, dont l'altitude se situe entre 3 et 4 m, est qui coulent perpendiculairement au fleuve. très humide durant une bonne partie de Après la cluse d'Uzel, la Vilaine traverse le l'année. Le site de la Lande du Moulin se bassin de Messac au relief peu marqué pour trouve sur la partie orientale du replat. ressortir par l'impressionnante cluse de Corbinière. Au niveau de Langon, la Vilaine s'infléchit vers l'ouest pour déboucher dans les marais de Redon. En aval de Redon, sur la 1.2 LE CADRE GEOLOGIQUE quarantaine de kilomètre qu'il lui reste à parcourir jusqu'à l'Atlantique, le cours de la D'un point de vue géologique, le secteur Vilaine s'élargit progressivement pour former s'inscrit dans le domaine centre-armoricain, un estuaire qui débouche au sud du golfe du ensemble de synclinaux paléozoïques gréso- . schisteux (synclinaux du sud de Rennes) enchâssés dans les formations du Briovérien (Protérozoïque terminal à Paléozoïque Enclavée entre le bassin de Messac au nord et inférieur), et structurés pendant l'orogénèse la dépression marécageuse du pays de Redon hercynienne. Ce domaine est limité au sud par au sud, la commune de Langon offre un l'axe granitique de Lanvaux. paysage vallonné conditionné par un réseau hydrographique relativement dense. Elle est

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Figure 1 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Localisation du site. Carte I.G.N. au 1/25 OOOème, n°1120 est - Pipriac (D.A.O : P. Forré).

4 assi, \ 1 /—V : cluse = : zone humide • : 0-50 m m : 50-100 m 1 ™ : + de 100 m

Cluse du Boël <_

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Cluse duzel

Bassin de Messac

Cluse de Corbinière

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Langon La Lande du Moulin

REDON

Figure 2 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Environnement topographique du site (D.A.O : P. Forré).

5 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

Les formations géologiques locales offrent qui - d'après les traces d'arrachement et de plusieurs types de roches et en particulier des météorisation - se rattachaient autrefois schistes, des grès ou encore des conglomérats verticalement au socle. Les témoignages locaux de type Gourin ou de type Montfort. Au indiquent qu'elles auraient été détachées du niveau de la Lande du Moulin (figure 4), le substrat par des bulldozers, il y a quelques substrat géologique est constitué de schistes dizaines d'années, pour faciliter la mise en subardoisiers sombres (02c-5a) connus culture de la lande environnante. On peut également sous le nom de « Schistes alors envisager que, sur le secteur, les zones d'Angers » ou de « Schistes à Calymènes ». Le d'affleurements étaient plus nombreuses par le faciès type correspond, du point de vue passé et en particulier au Néolithique. granulométrique, à une lutite essentiellement Quelques dalles et affleurements sont encore quartzo-séricito-chloriteuse de couleur grise à visibles dans les environs, notamment à bleu-noir et à caractère plus ou moins ardoisier proximité du village du Bas Montenac (à un (carte géologique au l/50000ème, n° 387, Dadet kilomètre au nord du site) où un affleurement et al., 1995). Un sondage effectué dans le en partie détruit à la dynamite présente des substrat rocheux à quelques dizaines mètres cupules. Notons aussi que des zones du dolmen a montré que le schiste est d'approvisionnements potentiels en dalles de dépourvu de qualités ardoisières. Il se délite poudingue (Figure 4 : bP et o2P) sont sous la forme de dalles allongées de petite répertoriées à trois kilomètres au nord de la dimension. Soulignons que sur le secteur, le Lande du Moulin, dans les environs de Port de schiste est également traversé par de petites Roche et de Saint-Ganton. veines de quartz. Des prospections réalisées à Sur le secteur de la Lande du Moulin, le quelques centaines de mètres au nord du site substrat schisteux est actuellement recouvert ont révélé d'anciennes ardoisières qui d'une couche de terre végétale qui ne dépasse démontrent une variation assez rapide des pas 25 cm. Elle est souvent moins épaisse voire propriétés de la roche. Ces prospections ont pratiquement inexistante comme sur le site des aussi révélé la présence de grandes dalles de Demoiselles. schiste (parfois de plusieurs mètres de long)

6 Figure 4 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Carte géologique au l/50000ème. BRGM, carte de Pipriac n° 387 (D.A.O : P. Forré).

7 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

1.3 LE CADRE ARCHEOLOGIQUE ET voire de complexes mégalithiques et/ou HISTORIQUE DES RECHERCHES tumulaires. Nombre d'entre eux - comme ceux des Landes de Cojoux à Saint-Just, de la forêt Comme nous l'avons vu, la vallée de La de Brocéliande, des Landes de Lanvaux ou Vilaine mais aussi ses affluents occupent une encore de Monteneuf - ont fait l'objet place importante dans la géographie et la d'explorations dès le XIXème siècle. A topographie locale. Les multiples prospections quelques exceptions près, les recherches vont et les recherches effectuées depuis plusieurs marquer quelque peu le pas dans la première décennies sur la basse et la moyenne vallée de moitié du XXème siècle (Briard, 1989), elles la Vilaine montrent qu'elle a probablement reprennent sous l'impulsion de Pierre-Roland joué un rôle non négligeable dans les Giot qui va fouiller le tertre de La Croix-Saint- implantations humaines anciennes, Pierre (Saint-Just) en 1955. Des années 1970 notamment préhistoriques. Il est aussi jusqu'au milieu des années 1980, de indéniable qu'elle favorise une ouverture vers nombreuses fouilles auront lieu sur les le sud en direction de l'Atlantique, de la vallée complexes évoqués précédemment. Enfin au de la Loire ou encore du golfe du Morbihan. Si début des années 1990, les fouilles menées par l'on ne prend que l'exemple des matières J. Briard sur les Landes de Cojoux à Saint-Just premières siliceuses utilisées sur le secteur, on vont largement renouveler nos connaissances observe ainsi que la grande majorité des roches sur le mégalithisme intérieur de la Bretagne. d'importation sont les mêmes que celles qui Dans le cadre de ce rapport, le site de Saint- sont présentes et/ou utilisées plus au sud. Just nous intéresse particulièrement puisqu'il ne se situe qu'à une dizaine de kilomètres à vol La partie sud-orientale de la Bretagne d'oiseau du site de Langon (figure 5) et offre concentre un nombre important de mégalithes plusieurs points de comparaison (Briard, 1995).

Figure 5 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Environnement mégalithique local (source : Service Régional de l'Archéologie). Il s'agit d'une carte non exhaustive qui mériterait d'être complétée et affinée (DAO : P. Forré).

8 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

Dans ce rapide survol, n'ont été cités que les publication, il va aussi réaliser des croquis et complexes les plus importants. Néanmoins, des relevés. des ensembles de plus faible dimension et En 1876, Guillotin de Corson publie également surtout moins connus, comme ceux de Sainte- une note sur les monuments mégalithiques de Anne-sur-Vilaine à quelques kilomètres au Langon. nord-est de Langon, sont également Reprenant les données de Guillotin de Corson, nombreux. Enfin, les prospections effectuées P. Bézier produit en 1883 une des descriptions dans la région permettent très fréquemment les plus précises du site de Langon (Bézier, d'alimenter le corpus de sites en données 1883-1886). Il recense alors 34 monuments dont inédites. Au final, la partie sud-est de la 2 dolmens, 7 menhirs, 2 alignements, 8 Bretagne offre un semis relativement dense de « cromlec'hs », et 11 tumulus. Certains des monuments. C'est donc dans un monuments signalés par le chanoine J.-M. environnement riche que se situe l'ensemble Brune étaient déjà détruits. Enfin, dans les mégalithique et tumulaire de Langon. années 1930, L. Collin va effectuer un nouvel Si l'on se recentre sur le territoire de Langon, inventaire réutilisant les données de P. Bézier. une quarantaine d'entités archéologiques sont actuellement recensées dans la base de Au cours du XXème siècle, la destruction ou la données du Service Régional de l'Archéologie. dégradation des monuments va s'accélérer La moitié d'entre elles correspondent à des sous l'effet du remembrement de 1964, de structures mégalithiques et/ou tumulaires. A l'urbanisation mais aussi de l'ignorance l'instar du complexe mégalithique de Saint- (Onnée, 2004). La plupart des monuments Just, la commune de Langon comprend un (hormis celui des Demoiselles) sont enfouis ensemble exceptionnel. Les inventaires dans la lande et oubliés. Le groupe de menhirs effectués dès le XIXème siècle signalent des Demoiselles ne va être classé qu'en 1974 et plusieurs dizaines de monuments. Sans nous l'intérêt pour les monuments de Langon ne lancer dans un historique détaillé, d'ailleurs sera vraiment relancé qu'à la fin des années présenté dans un article récent (Onnée, 2004), 1980, suite à l'implantation d'une usine qui des découvertes et des inventaires réalisés à menaçait le tertre de la Gaudinais. Mais Langon, nous pouvons néanmoins mentionner surtout, la découverte récente d'un plan de J. les principales descriptions du site. Une des Desmars, déposé aux Archives premières sinon la première description Départementales d'Ille-et-Vilaine, va être « exhaustive » des monuments de Langon est déterminante. Même si le plan est assez celle réalisée par Jean-Marie-Auguste Bachelot grossier, les notes et les mesures prisent entre de la Pylaie à la suite d'excursions sur la les monuments sont précises et vont permettre commune de Langon à la fin de l'année 1830 à un groupe de prospecteurs locaux de (Bachelot de la Pylaie, 1850). Il dresse alors un retrouver et de localiser sur le fond cadastral inventaire relativement précis des vestiges actuel une bonne partie des monuments archéologiques présents sur le territoire signalés au XIXème siècle (figure 6). communal. En 1843, dans son Atlas itinéraire de Bretagne, Les monuments signalés par J. Desmars, se J. Ogée reste très laconique. Au sujet des répartissent suivant un axe nord-est/sud-ouest monuments de Langon, il écrit « ...On y trouve sur un peu plus d'un kilomètre de long et sur aujourd'hui des terres en labour, des prairies et des une largeur de 300 à 400 m (figure 6) Certains landes ; c'est un pays couvert et plein de monuments comme les alignements de monticules ». En 1846, l'abbé M.-J. Brune Musson ont depuis été détruits tandis que effectue un inventaire assez complet des d'autres sites et indices de sites ont été monuments. Il signale en particulier une allée découverts plus récemment. Le monument couverte à proximité de la Croix Saint-Michel étudié dans le cadre de ce rapport se trouve située juste au dessus du Bourg de Langon. sur la partie orientale du complexe J. Desmars, en 1869, va publier un descriptif mégalithique et tumulaire. Notons que dans détaillé du site de Langon. En vue de cette les descriptions de Bachelot de la Pylaie, le site

9 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site est simplement mentionné comme éminence : 2 - CADRE DE L'OPERATION, 1 « Quoique ce groupe ou phalange de pierres soit le OBJECTIFS ET METHODOLOGIE monument le plus important de toute la lande, il MISE EN OEUVRE n'est cependant point placé de manière à ce qu'on puisse embrasser d'un coup d'œil sa corrélation avec les autres systèmes : ceux-ci sont masqués par l'éminence qui porte le moulin à vent qu'on appelle 2.1 CADRE DE L'OPERATION le Moulin-de-Langon. (Bachelot de la Pylaie) ». En revanche, les trois tumuli - alors appelés Ces redécouvertes ont bien sûr été prises en tumulines - que l'on observe encore compte par le Service Régional de aujourd'hui à quelques dizaines de mètres au l'Archéologie de Bretagne qui a mis en place sud du moulin sont déjà signalés et décrits une politique de conservation des vestiges, et avec précision. Sur un des monuments, deux ce, en accord avec la municipalité de Langon. dalles sont alors signalées. Aujourd'hui, aucun Pour cela, un périmètre archéologique bloc n'émerge des tumuli. En revanche, les englobant la zone sensible a été mis en place. micro-reliefs sont encore parfaitement visibles. Le but étant, sur les parcelles concernées par Les deux plus grands avoisinent 25 m de des projets d'aménagements, de contrôler diamètre tandis que le plus petit ne dépasse l'existence de vestiges archéologiques ou de pas une quinzaine de mètres de diamètre. vérifier la nature précise et l'état de Avec le tumulus présent à la base du moulin, conservation des sites menacés. Jusqu'à nous avons, là, un ensemble qui pourrait présent, une dizaine de sondages s'apparenter à une « nécropole ». Il resterait archéologiques ont ainsi été effectuées. quand même à s'assurer que tous ces Un projet de construction individuelle à monuments ont bien une vocation funéraires proximité des menhirs des Demoiselles, de et qu'ils sont tous contemporains. plusieurs tertres artificiels mais aussi d'une éminence (tumulus ?) présente sous le moulin évoqué précédemment a suscité la Dans l'environnement proche du site se prescription, par le Service Régional de trouvent également le groupe de menhirs et le l'Archéologie (SRA), d'un diagnostic. Nous tertre des Demoiselles à près de 200 m en devons avouer que, vu sa position par rapport direction du nord-est (photos 1 à 4). Le au moulin, nous étions relativement réservés monument de la Croix Saint-Michel se situe, sur la nature de cette éminence, et le cas quant à lui, à 300 m à l'est. En direction du échéant, sur l'état de conservation des vestiges. sud-est, on compte de nombreux vestiges - Cela dit, en regard au contexte archéologique, dont le tertre allongé du Clos de la Grée sondé une vérification était inévitable et parfaitement récemment (Sicard, 2006). Situé à environ 750 justifiée. Le diagnostic, réalisé par S. Marchand m au sud-ouest du moulin, le tertre de la (Inrap), a finalement révélé que l'éminence Gaudinais est un peu plus éloigné. observée à la base du moulin correspondait Enfin, il faut remarquer que la variété bien à un tumulus de 20 à 30 m de diamètre typologique des monuments est importante, (Marchand, 2005). Le diagnostic montrait que aussi bien au niveau des mégalithes que des le monument avait été perturbé et modifié par structures tumulaires. Elle mériterait la construction du moulin. Il montrait certainement une étude approfondie, ne serait- également que son élévation pouvait être ce que sur les questions de chronologie. conservée sur près de 0,5 m. En revanche, son architecture et son attribution chronologique n'avait pu être déterminées. L'épicentre du monument se trouvant dans l'angle sud-ouest du projet, seul un peu plus d'un tiers de la surface du tertre avait pu être observé, les deux autres tiers se trouvant sur deux 1 II s'agit de l'ensemble mégalithique de Demoiselles aussi propriétés différentes. appelées « les Commères-de-Langon » par les habitants du secteur.

10 LA LANÌ)E~bE LA GRÉE- r~ 381 LA PAUMARDIERE

La Lande du Mouli

LA GROIX \ SA-I-NÏ-MICHEL Croix Q iSMicheh

R LÀ LANDE

DOMAINE DE LA G A Ut INAI S LA ROCHE GUILLAUME

LANDE DE MUSSON LA VALLEE DÉ MUSSON

: menhir

: menhir douteux ou détruit / ¡LA, VALLÉE DE BRÉHEIL

: tumulus fouillé

: tertre ou tumulus

: tertre ou tumulus douteux

: tertre ou tumulus détruit MUSSON Figure 6 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Environnement archéologique local (DAO : P. Forré).

11 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

702. - LANGON (Ille-et-Vilaina), - Les Demoiselles

F. Lsliévre, édii-, Guer

Photo 1 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue ancienne du site mégalithique des Demoiselles (collection H. Poulain).

632. - LANGON (IHe-et-Vil.). Menhirs dits : " l es Demoiselles de Langon " (restes d'an cromlech) Les Demoiselles de Langon sont des jeune» filles changées en pierres pour être allées à la danse an lien d'assister aux offices du dimanche

Photo 2 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue ancienne du site mégalithique des Demoiselles (collection H. Poulain).

13 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

Photo 3 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue ancienne du site mégalithique des Demoiselles (collection H. Poulain). Dans ce paysage de lande fortement dénudé, on distingue, en arrière plan, la vallée de la Vilaine.

Photo 4 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue actuelle du site mégalithique des Demoiselles (cliché P. Forré). La végétation est aujourd'hui plus dense.

14 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

2.2 OBJECTIFS DE LA FOUILLE d'alignements de menhirs ou de poteaux en bois, l'existence de tombes en coffre ou d'autres types de Le croisement des données obtenues lors du structures (chaussées, constructions sur poteaux diagnostic avec les spécificités du projet a etc...) ne peuvent en effet être exclues. Ces permis de mettre en place une prescription de structures seront fouillées et relevées. fouille et de fixer les principaux objectifs de Un relevé microtopographique sera réalisé sur la l'opération. Nous verrons que, vu le bon état probable emprise du tertre afin d'en déterminer la de conservation du monument, nous avons forme (ovalaire ou circulaire). rapidement reconsidéré, en accord le Les échantillons de charbons, de sédiments, conservateur en charge du dossier, certains d'éventuels ossements... prélevés dans le objectifs de l'opération. Nous avons en monument, le paléosol ou dans les éventuelles particulier renoncé à un démontage poussé du structures archéologiques contemporaines ou non cairn qui nous aurait livré des données sur la du tertre seront confiés pour étude aux spécialistes construction du tumulus mais qui aurait aussi compétents. menacé la stabilité du monument. Les trouées laissées par des aménagements associés au - la zone 2, comprenant le reste de la parcelle, moulin se sont révélées suffisantes pour exception faite de la zone boisée : elle pourra faire aborder correctement la structuration du cairn. l'objet de vignettes de décapage à la pelle Par ailleurs et dans la mesure où la localisation mécanique, en fonction des résultats obtenus dans du monument ne permettait pas une fouille la zone 1 et après concertation avec le Service intégrale, il nous paraissait plus judicieux de Régional de l'Archéologie, afin de vérifier la sauvegarder un maximum d'éléments en vue continuité d'aménagements reliant le tertre et les d'éventuelles opérations programmées alignements des Demoiselles par exemple. Ces ultérieures. éventuelles structures seront fouillées et relevées, et feront si nécessaire l'objet de prélèvements. Le cahier des charges défini par le SRA et joint à l'arrêté de prescription n° 2005-104 (annexes Dans un cadre plus large, l'objectif était 1 et 2) indiquait notamment : également de replacer les données de fouilles dans le système mégalithique et tumulaire de « L'emprise de la fouille comprendra deux zones : Langon mais aussi dans les problématiques - la zone 2, comprenant le tumulus et son régionales. environnement proche : elle devra faire l'objet d'un décapage exhaustif manuel ou à la pelle mécanique 2.3 METHODOLOGIE MISE EN ŒUVRE à godet lisse en fonction de l'épaisseur de la terre SUR LE TERRAIN végétale, en ménageant toutefois les coupes stratigraphiques nécessaires. 2.3.1 Le décapage Le tumulus : l'architecture devra être dégagée manuellement et une coupe devra être réalisée dans En préalable, un défrichage de la lande le cairn et son éboulis afin d'en étudié la structure occupant la zone de fouille a été réalisé par la et vérifier la présence d'un paléosol. Si l'opération pelle mécanique (photo 5). Un relevé permet leur mise en évidence, la chambre, le couloir microtopographique (figure 8) de l'ensemble et les sépultures annexes éventuelles devront être de la parcelle étudiée mais également des entièrement fouillées. Les structures découvertes parcelles voisines (parcelles 170b, c et 89b) a dans le cairn et le cairn lui-même devront faire aussitôt été effectué. l'objet d'un relevé pierre à pierre. Deux zones ont été décapées (figure 7). La L'environnement du tertre : il conviendra de première (zone 1) située en périphérie du vérifier la présence ou l'absence de tout monument est la plus vaste (2000 m2). La aménagement lié à la nécropole protohistorique, ce surface de décapage étant malgré tout limitée, type de vestiges pouvant être ponctuel et échapper à l'évacuation des déblais a directement été la recherche par la méthode des tranchées de effectuée par la pelle. Les terres ont été sondage. La présence de calages, témoins stockées et talutées sur le bord Est de la zone.

15 Figure 7 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Localisation cadastrale et implantation des décapages (DAO : P. Forré). 276 a

_ ' : tertre ou tumulus supposé

^ ; menhir supposé

: équidistance des courbes 2,5 cm

: limite d'emprise

: zone boisée

Figure 8 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Relev"

17 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

Photo 5 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Tumulus après le défrichage de la parcelle. Au sommet du bombement, on distingue les soubassements du moulin.

Photo 6 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vignette de décapage (zone 2) située sur la frange orientale du projet. La couche de terre végétale est peu épaisse. Les lignes parallèles visibles dans le substrat schisteux correspondent à des traces de labour.

19 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

Photo 7 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Talus périphérique du moulin sud en cours de fouille. Toutes les structures empierrées ont été dégagées à la truelle et à la balayette.

La terrain est globalement plan mais présente négliger aucun indice de conservation de un léger pendage vers l'Est. niveau de sol ou d'épandage mais aussi Une seconde vignette de décapage (zone 2) d'araser au minimum les différents faits mesure 450 m2. Elle a été réalisée sur la frange archéologiques et notamment les structures orientale du projet (photo 6) et visait à vérifier néolithiques. La présence de blocs affleurants l'existence d'éventuelles structures entre le site au niveau du monument mégalithique nous a mégalithique des Demoiselles et le tumulus. d'emblée conduit à effectuer le décapage En l'absence de vestiges archéologiques, cette manuellement (rasette, truelle) afin de zone a rapidement été rebouchée. conserver un maximum d'éléments en place. Enfin, une troisième zone a fait l'objet d'une Dans un second temps et après l'évaluation surveillance archéologique (sur environ 150 des différents vestiges, nous avons eu recours m2) lors de l'aménagement d'un chemin dans à une mini-pelle pour évacuer certains niveaux la zone boisée (parcelle 169c) située au nord du comme les éboulis directement associés au tumulus. moulin sud. Sur les trois zones décapées, l'épaisseur des sédiments à évacuer atteignait au maximum 25 2.3.2 La fouille cm. Des banquettes témoins ont été préservées au niveau de la zone 1 afin de prendre en La phase de fouille proprement dite a, dans sa compte les niveaux superficiels dans l'étude totalité, été effectuée manuellement. Au niveau du site. Au final, ce décapage a permis de du tumulus, les blocs et dalles de schiste ont reconnaître deux moulins et un dolmen (figure été dégagés à la truelle et à la balayette (photo 9). Une attention particulière a bien 7). Un aspirateur a été utilisé ponctuellement. évidemment été portée à cette phase La fouille de la chambre s'est effectuée par préliminaire. Il s'agissait, en fait, de ne unité stratigraphique (US) et en plan de façon

20 Figure 9 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Relevé général de l'emprise de la fouille (DAO : P. Forré). Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site

à obtenir des données sur l'évolution de la film polyester. Les relevés et les clichés ont été structure (mise en place, démantèlement...) et réalisés par l'ensemble de l'équipe de fouille. sur la répartition des mobiliers. A l'exception La documentation générée par les sondages a des US post-médiévales et médiévales, un été, par type de document, indexée et tamisage systématique des sédiments présents numérotée de 1 à n. dans la chambre a été réalisé. Hormis pour les éléments issus des refus de tamis, le mobilier 2.3.4 Les analyses archéologique a pu être localisé en trois dimensions. Des prélèvements destinés à alimenter La fouille du monument a bien évidemment diverses études paléoenvironnementales et été guidée par les coupes stratigraphiques chronologiques (palynologie, carpologie, mises en place au niveau des banquettes 14C...) ont été réalisés au cours de la fouille. témoins et des bermes. En raison des importantes perturbations Les démontages ont principalement été associées au moulin, les échantillonnages se concentrés sur les éléments déplacés (éboulis sont limités à trois zones. Une série de du cairn...). En revanche, ils sont restés très prélèvements a été effectuée au fond de la limités sur les éléments en place. Les prises de chambre au sein des US 11 et 14. Ils livrent vue verticales (cf. infra : 2.3.3 L'enregistrement essentiellement des charbons. Dans la mesure des données) ont largement facilité et accéléré où nous n'avons pu accéder au couloir situé ces phases de démontage. Les niveaux hors emprise nous n'avons prélevé qu'un préservés sous les éboulis du cairn et à échantillon de sédiment à la jonction l'intérieur de la chambre ont fait l'objet d'une chambre/couloir. Enfin, le cairn n'ayant pu être fouille manuelle fine par m2. démonté, seuls deux sondages en sape ont été effectués en façade afin de recueillir des 2.3.3 L'enregistrement des données données sur un petit niveau argilo-limoneux (US14) conservé sous le monument et son Dans la mesure du possible, le relevé éboulis. Deux prélèvements ont été réalisés en topographique des vestiges a été effectué au vue d'analyses micromorphologiques et 14C. fur et à mesure de l'avancement de la fouille. Après traitements des différents échantillons Tous ces relevés ont été réalisés par un seuls les prélèvements charbonneux issus de la topographe de l'Inrap et à l'aide d'un chambre se sont révélés exploitables, pour des tachéomètre laser. L'ensemble des données est dates 14C notamment. Deux datations ont été recalé dans le système Lambert II étendu. réalisées par le Centrum voor Isotopen Les relevés pierre à pierre du cairn et des Onderzoek de Groningen. Des études différents empierrements ont été effectués à anthracologiques resteraient éventuellement à partir de photos verticales géoréférencées puis faire sur les éléments carbonisés restants. redressées. Les photos couvrant une surface de l'ordre de 1,5 m2 ont ensuite été assemblées. Le plan général des différentes structures de 2.4 LE POST-FOUILLE pierre a ensuite été réalisé à partir de l'assemblage photographique. Cette méthode Le post-fouille s'est en priorité attaché à la de relevé très fiable - puisque la marge description et à l'analyse des structures. En d'erreur est de l'ordre d'un centimètre - offre parallèle, la caractérisation et l'étude des un gain de temps appréciable sur le terrain et différents types de mobiliers ont également permet surtout de multiplier les relevés lors constitué une part importante de l'analyse du des phases de démontage. site. Enfin, les vestiges étudiés ont été replacés dans un cadre local et régional. Les structures complexes, comme la chambre, Le post-fouille a été réalisé par le responsable ont fait l'objet de relevés de détail (en plan d'opération et par un dessinateur. Certaines et/ou en coupe) à l'échelle l/10ème ou l/20ème sur études spécifiques et complémentaires (étude

23 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 1 - Présentation du site du mobilier céramique) ont été effectuées par des spécialistes. Le mobilier archéologique a pu faire l'objet d'un marquage individuel. Il a été stocké dans des caisses normalisées et a fait l'objet d'un inventaire. L'ensemble du mobilier archéologique et les archives de fouille seront remis, après étude, au dépôt de fouille de Rennes. Enfin, en ce qui concerne les clichés insérés dans ce rapport, nous avons fait le choix de présenter des photos numérisées à haute définition plutôt que des tirages argentiques. Ces tirages numériques offrent un certain nombre d'avantages : clarté de la présentation, gain de temps au niveau du collage, facilité de reproduction, consultation sur ordinateur. Les tirages ont été réalisés à partir d'une imprimante laser professionnelle qui garantit une qualité de tirage équivalente à celle des tirages argentiques ainsi qu'une bonne conservation dans le temps des clichés.

24 Chapitre 2

Les moulins à vent

Stéphane BLANCHET et Françoise LABAUNE-JEAN Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

1 - LES MOULINS A VENTS : 1.1 LE MOULIN SUD UNE ETUDE PREALABLE Sur deux clichés pris à la fin du XIXème ou au NECESSAIRE début du XXème siècle, le moulin est déjà à l'abandon mais son architecture est encore préservée (photo 8). Sur le cliché présenté, on Contrairement à ce que laissait imaginer le observe également le bombement du tumulus toponyme « La Lande du Moulin », ce n'est ainsi que le talus réalisé en périphérie du pas un mais deux moulins qui ont été dégagés moulin. Ce dernier aurait été détruit peu avant au cours de cette opération. la Première Guerre mondiale. Aujourd'hui, seuls les soubassements du moulin subsistent. Le premier moulin (que nous avons dénommé Les clichés que nous avons eu la chance de moulin sud) est construit au centre du recueillir1 permettent d'effectuer une monument néolithique. C'est ce moulin qui est description relativement précise du moulin. conservé dans la mémoire locale et qui est Son soubassement est évasé et se présente sous représenté sur des clichés pris à la fin du la forme d'un glacis. Il s'élève à environ 70 cm XIXème ou au début du XXème siècle (photo au dessus du sol et supporte une tour 8). Parfois, il est aussi mentionné dans la cylindrique. D'après les relevés de terrain, bibliographie du XVIIIème et du XIXème siècle l'espace intérieur de la construction mesurait 2 (cf. infra : 1.1 Le moulin sud). m de diamètre. Au sommet de la tour, un encorbellement est aménagé. Sa fonction Le second moulin (moulin nord) dégagé lors principale est de produire un ressaut intérieur du décapage était en revanche totalement sur lequel prennent appui les solives et le inédit. La toponymie du lieu (« La Lande du plancher de la chambre des meules qui Moulin ») mais aussi les documents que nous bénéficie, en outre, d'une surface accrue. avons pu rassembler n'évoquent jamais la L'observation des deux clichés nous indique présence de deux moulins sur ce secteur. Il est aussi que deux ouvertures étaient aménagées alors possible qu'ils n'aient jamais fonctionnés en vis-à-vis au niveau de la chambre des ensemble. Ce qui est certain, c'est que meules. Le toit du moulin est couvert de l'abandon du moulin sud s'est effectué plus bardeaux (ou « essentes ») probablement en tardivement. châtaigner. Sur un des clichés, on distingue parfaitement l'avancée de l'arbre de Sur le terrain, nous avons très logiquement transmission et son support. Les deux verges - pris le parti d'étudier les deux moulins afin encore emboîtées dans la tête d'arbre - d'appréhender au mieux l'étude du tumulus. conservent une partie de leurs barreaux. Ces Vu leur position par rapport au monument - caractéristiques indiquent que le moulin qui constituait alors une « carrière » potentielle fonctionnait avec des ailes en toile au moment - nous nous devions de mesurer l'impact de son abandon. On peut alors supposer qu'il qu'avait pu avoir leur construction. Il ait fonctionné jusqu'au milieu du XIXème s'agissait, par exemple, de déterminer si des siècle. A partir de cette période, les ailes en éléments du dolmen (orthostates...) avaient pu toile vont, en effet, être progressivement être réutilisés dans la maçonnerie des moulins délaissées pour être remplacées par les « ailes ou encore de reconnaître les aménagements Berton2 modernes (tranchées...) dans la structure mégalithique. Il s'agissait également de mieux comprendre comment le moulin sud avait intégré le tumulus et le dolmen dans son 1 Nous remercions C. Chaigneau pour nous avoir procuré architecture. deux clichés anciens du moulin. 2 Le procédé Berton (du nom de son inventeur) consiste dans la substitution, aux toiles qui garnissent les ailes, d'un assemblage de planchettes mobiles, au moyen desquelles on peut faire varier à volonté la surface exposée au vent.

27 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

Photo 8 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue ancienne du moulin sud. Le bombement visible à la base de la construction correspond au tumulus néolithique.

Par ses caractères architecturaux, le moulin plan topographique, la position du moulin de correspond à un moulin au « petit-pied ». Ce Tréau3 - évoqué par Ogée au XVIIIème siècle type est dominant sur le sud du Morbihan « sur le sommet d'une élévation qui forme un point (Vannetais), une partie de la Loire-Atlantique. de vue très beau et très étendu » - semble On le retrouve aussi dans le nord de la cohérente avec la peinture de 1543. Bretagne en Ille-et-Vilaine. Ces moulins, à Néanmoins, sur un plan cartographique, le lien l'architecture originale, portent fréquemment avec le moulin de Tréau nous semble des traces de blason, d'armoirie. Il est beaucoup moins convaincant. Un des moulins probable, qu'à l'origine, la plupart d'entre eux que nous avons dégagé correspond plus appartenaient à la noblesse ou aux abbayes. vraisemblablement à celui observé sur la Certains de ces moulins seraient datés du peinture. La croix représentée entre le bourg début du XHIème siècle mais la plupart de Langon et le moulin marque sans doute semblent construits entre le XlVème et le l'emplacement de la chapelle Saint-Michel. XVIème siècle. Dans la région, plusieurs Selon un aveu de 1580, « à Langon, l'abbé (de moulins ont été édifiés au XlVème siècle : Redon) possède deux moulins à vent et un moulin moulin du Gros chêne à Besné, 1314 ; moulin à eau » (Guillotin de Corson). Le moulin sud de la Paclais à Savenay, 1340 ; moulin faisait alors partie du bénéfice de la chapelle Guignard à Missillac, 1400. Divers mentions et Saint-Michel située à 300 m à l'est. Pendant la un document iconographique permettent de Révolution, le moulin sera vendu 2000 livres préciser quelque peu la chronologie et comme bien national, alors que la chapelle déjà l'histoire du moulin étudié. en ruine ne sera estimée que 10 livres. Dans un manuscrit du XVIème siècle (1543), une peinture offre une vue de Langon et d'un moulin au « petit-pied » (figure 10). Sur un 3 Ce moulin est situé 3 km à l'ouest du bourg de Langon.

28 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

Figure 10 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Détail d'une peinture réalisée en 1543 dans le cadre d'une étude préalable à l'aménagement du cours de la Vilaine. On y observe le bourg de Langon. Le moulin représenté correspond très vraisemblablement à un des moulins mis au jour. La croix figurée entre le bourg de Langon et le moulin marque sans doute l'emplacement de la chapelle Saint-Michel, (source iconographique : En passant par la Vilaine, M. Mauger, éd. Apogée, 1997).

Bachelot de La Pylaie, lors de sa venue à L'objectif principal étant d'une part de Langon en 1830, évoque le moulin (dit Moulin reconnaître les aménagements strictement liés de Langon) quand il décrit les monuments au moulin, et d'autre part, les modifications mégalithiques et les tumulus présents sur la apportées à la structure néolithique lande. (réutilisation de blocs, aménagements dans le De la construction d'origine, il ne reste cairn...). aujourd'hui qu'une partie des fondations et du soubassement. Des aménagements 1.1.1 Les fondations et les soubassements du périphériques (talus...) sont également moulin sud (photos 9 et 10) conservés en surface et en périphérie du tumulus (figure 11). Les ultimes vestiges du Le moulin ne repose pas sur le tumulus mais moulin sud ont nécessité une étude et un directement sur le substrat géologique sous- démontage particulièrement minutieux. jacent. En préalable, la partie centrale du cairn

29 Figure 11 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Plan général du moulin sud (DAO : P. Forré). Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

Photo 9 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn en cours de dégagement. En haut et à droite de la photo, on observe le mur de fondation du moulin et l'excavation (zone sombre) effectuée au niveau de la chambre.

LANGON-35 LES DEMOISELLES

Photo 10 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Moulin sud. Soubassement en cours de fouille. La zone sombre au premier plan correspond à l'emplacement de la chambre où des éléments d'architecture du dolmen apparaissent très rapidement.

31 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent a fait l'objet d'un démontage complet. Une cairn et de l'éboulis. Le talus, aujourd'hui très excavation au niveau de la chambre se rattache étalé, mesure 3 à 4 m de large pour 20 cm de à une phase de démantèlement de cette hauteur conservée. dernière (photos 11 et 12). Les fondations et les soubassements traversent en fait toute l'épaisseur de la structure mégalithique. La maçonnerie est dans l'ensemble très soignée (photos 13 et 14). Elle utilise des dalles et des blocs de schiste jointoyés par un mortier argileux jaune et du sable. A la base, le mur mesure 1,6 m d'épaisseur. Les maçonneries situées dans la zone de fouille ont été, après étude préalable, intégralement démontées afin d'observer de gros blocs de poudingue présents à la base de la construction. Plusieurs éléments nous Figure 12 : La Lande du Moulin, Langon (35) - indiquent qu'ils proviennent très Représentation du moulin sur le cadastre napoléonien. probablement de la structure mégalithique (photos 15 à 17). Soulignons tout d'abord que 1.1.3 Le cerne du Moulin la fouille des fosses d'implantation d'orthostates a, montré que certaines d'entre Pour orienter dans le vent la voilure d'un elles avaient accueillis des dalles de moulin « petit-pied », c'est toute sa coiffe que poudingue. La roche utilisée, sensible à la l'on faisait tourner d'en bas sur son pivot desquamation, a effectivement laissé de central. L'espace situé entre le moulin et le nombreuses écailles sur la paroi des fosses. Par talus périphérique se devait d'être bien dégagé ailleurs, les sites de provenance de poudingue puisqu'il était destiné aux manœuvres sont relativement éloignés. Il est peu probable d'orientation. Il est appelé « cerne » ou que les bâtisseurs des moulins, qui disposaient « circuit ». Sur le site, le cerne mesure 8 à 10 m de roche sur place, se soient contraints à de large (figure 11). La rotation de la coiffe transporter ces matériaux sur au moins 2 ou 3 était effectuée à bras d'homme à partir d'une kilomètres. Enfin, des orthostates de grande perche de bois (queue ou guivre) fixée poudingue présent dans la fondation du dans la toiture et inclinée vers le bas. Des moulin a, selon toute vraisemblance, appuis (aussi appelés chemin de pierre) étaient simplement été couché puisque sa fosse installés dans une saignée aménagée au sol d'implantation est conservée à la base du bloc (figure 11). Les meuniers calaient leurs pieds (photos 18 et 19). sur ces appuis pour faciliter la poussée sur la guivre et placer les ailes face au vent. Une 1.1.2 Le talus périphérique (figure 11) douzaine d'appuis ont été retrouvés dans la masse du cairn. Ils sont matérialisés par des Le moulin sud est entouré d'un talus qui dalles de schiste fichées de chant tous les 50 cm délimite un espace circulaire d'une trentaine environ (photos 22 et 23). La tranche de ces de mètres de diamètre. Il est représenté sur le dalles est totalement émoussée par les fonds cadastral ancien de 1818 (figure 12). Le passages et les frottements répétés. talus a été édifié à partir de la terre végétale En surface du cairn et sur le pourtour du qui recouvrait initialement le tumulus et d'une moulin un niveau damé de cailloutis et de partie de son éboulis. On retrouve d'ailleurs ce sable témoigne d'un espace de circulation. La niveau de terre végétale fossilisé sous le talus présence de clous et de mortier en surface de (photos 20 et 21). Les nombreuses dalles et ce niveau marque vraisemblablement la phase plaquettes de schiste présentent en surface du de démantèlement du moulin. talus proviennent très certainement de l'épierrage et du nivellement superficiel du

32 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

Photos 11 et 12 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue de l'excavation destinée au démantèlement de la chambre. Le niveau orangé correspond à une couche de remblai. Quatre orthostates (flèches rouges ou bleues) en place ou basculés sont visibles. La flèche bleue indique l'orthostate situé à l'entrée du couloir présumé. Les flèches jaunes indiquent des murets de pierre sèche associés au dolmen.

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Photos 13 et 14 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Moulin sud. Détail du soubassement du moulin en cours de fouille. Les moellons sont jointoyés par un sédiment sablo-argileux jaune.

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Photo 15 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Moulin sud. Soubassement du moulin en cours de démontage. Deux gros blocs de poudingue utilisés comme éléments de fondation apparaissent (flèches).

Photo 16 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Moulin sud. Vue partielle de l'excavation destinée à recevoir le soubassement du moulin. Le démontage du cairn (situé en arrière plan) a été réalisé avec soin. Le bloc de poudingue (flèche) correspond à un orthostate basculé et réutilisé comme élément de fondation.

35 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

Photo 17: La Lande du Moulin, Langon (35) - Moulin sud. Soubassement du moulin et blocs de poudingue (flèches) utilisés comme éléments de fondation.

36 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

Photo 18 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue de l'orthostate basculé et réutilisé comme élément de fondation. On observe une cassure fraîche qui indique qu'il a sans doute été brisé. Le négatif du bloc est conservé dans la masse du cairn (flèche).

Photo 19 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue de détail du négatif de l'orthostate laissé dans le cairn. La fosse d'implantation du bloc se situe à l'aplomb de la mire.

37 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

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Photo 20 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Coupe réalisée dans le talus édifié en périphérie du moulin sud

Photo 21 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Détail de la coupe du talus. US.2 : talus périphérique du moulin, US.8 : terre végétale et plaquettes de schiste, US. 9 : extrémité de l'éboulis du monument néolithique.

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Photos 22 et 23 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Moulin sud. Appuis installés dans l'éboulis et la masse du cairn. Pour certains, on observe des éléments de calage.

39 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

1.2 LE MOULIN NORD secteur affleure pratiquement. Le diamètre externe de la construction est de 5 m. Identifiées lors du défrichage de la parcelle et L'épaisseur des maçonneries étant de 1,5 m, le considérées un temps comme une possible diamètre interne de la construction ne dépasse structure tumulaire, les ruines du moulin nord pas 2 m. La porte d'accès, identifiée grâce à la se présentaient sous la forme d'une petite butte crapaudine encore en place, se situe à l'est. circulaire et d'un talus périphérique. L'ensemble se situe à 25 m au nord-est du La maçonnerie est constituée de dalles et de dolmen. Un sondage réalisé dans la butte - blocs jointoyés avec un sédiment argileux constituée d'un sédiment argileux jaune - a jaune. La majorité des éléments sont en schiste rapidement permis de dégager les local et proviennent sans doute de carrières maçonneries de fondation d'un second moulin. toutes proches voire du dolmen voisin. A Le bombement de terrain comprenant du l'instar du moulin sud, la présence de blocs de mortier, des clous correspondait en fait à un poudingue dans les fondations doit être niveau de destruction de la construction. soulignée. Ce type de roche, naturellement absente de la périphérie immédiate du moulin, 1.2.1 Le soubassement (figure 13) pourrait bien provenir du dolmen réutilisé en carrière (cf. infra : 1.4 Les moulins et le De l'architecture du moulin nord, n'est monument mégalithique). conservé que le soubassement sur une ou deux Sur le pourtour du moulin, un niveau damé de assises de pierre soit 30 cm de hauteur cailloutis, de sable et de gravier correspond conservée. Aucune tranchée de fondation n'a très vraisemblablement à un espace de été réalisée. La base du moulin repose circulation. directement sur le substrat schisteux qui sur ce

Photo 24 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Moulin nord. Soubassement du moulin. Notons les blocs de poudingue utilisés comme éléments de fondation au niveau du parement interne.

40 : limite d'emprise

V : blocs et moellons de schiste

•' Blocs de poudingue

• *

Figure 13 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Plan général du moulin Nord (DAO : P. Forré). Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

1.2.2 Le fossé et le talus périphériques (figure 13) 2.1 DONNEES GENERALES

Le moulin est implanté au sein d'un espace Pendant la période de post fouille, une journée circulaire d'environ 28 m de diamètre délimité et demie a été consacrée au travail sur le par un léger fossé et un talus. Le fossé a pu être matériel déjà lavé. Les interventions effectuées suivi sur la totalité du pourtour du moulin. comprennent : Très peu marqué dans le substrat schisteux, ce fossé présente un profil en cuvette. La largeur - le comptage et l'inventaire détaillé de chaque se situe entre 1,5 m et 2 m pour une lot profondeur qui ne dépasse pas 10 cm. Au - l'enregistrement de ces données sous forme nord, il présente une interruption qui permet de fiches (FMPro5 type inventaire micro probablement l'accès au moulin. Le fossé est musée), (annexe 3). bordé par un talus constitué d'humus et de - le relevé sur calque des éléments intéressants nombreuses plaquettes de schiste. Le talus, très - la mise au net des objets relevés et la étalé, n'est conservé que sur les côtés sud et réalisation de planches informatisées ouest du moulin. Sur le reste du pourtour, il a - l'étude complète des objets identifiables et été intégralement arasé. Ce talus mesure entre des données relatives à l'ensemble des 4 m et 6 m de large pour 30 cm de hauteur. céramiques. - le conditionnement normalisé de l'ensemble du mobilier selon les normes en vigueur en 2 - LE MOBILIER ASSOCIE AUX Bretagne (avec listing d'archivage). MOULINS (par F. Labaune-Jean, Les données chiffrées permettent d'établir la INRAP Grand Ouest) liste suivante du mobilier :

Cette étude porte sur le petit ensemble de mobilier mis au jour dans le cadre de la fouille.

Total : 116 tessons de récipients en céramique 1 pièce lithique (crapaudine) 4 fragments d'objets en fer (clous, faucille et coin ?) 4 monnaies (alliage cuivreux) 5 fragments de verre (récipient) 1 cristal de roche 3 fragments de meulière (débris de meule)

2.2 ETUDE DU LOT PAR CONTEXTE R/ illisible Poids : inf à 2 g. Le secteur du moulin sud n'a livré qu'un seul élément mobilier exploitable. Il s'agit d'une Frappe : XlVe siècle. monnaie en alliage base cuivre à surface usée. Identification : D. Pouille

Monnaie 1 Provenance : Moulin sud Attribution : Royaume de . Type : Double tournois D/(inscription illisible) ; trois lis en 2 et 1

42 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

Le reste du mobilier (fer, faïence) mis au jour préciser cette datation. La céramique est au niveau du moulin sud semble très récent associée à un élément en fer très corrodé. La (XIXe-XXe siècle) et doit en partie être forme de pointe correspond peut-être à un postérieur à l'abandon du moulin. Il n'a donc coin. Le dernier élément est une petite plaque pas été intégré à cette étude. de schiste ardoisier dont la face principale est aménagée d'une cupule usée. Le montant L'essentiel de mobilier est donc issu du moulin vertical de la porte venait s'encastrer dans nord. Le principal lot de mobilier céramique cette dépression de manière à assurer le provient du décapage de surface. Il se compose pivotement du panneau. de 86 tessons à repartir en trois lots selon la pâte. 21 fragments se caractérisent par une La plateforme du moulin a livré 14 tessons de pâte claire à surface interne recouverte d'une céramique, parmi lesquels on peut signaler un glaçure couvrante de teinte verte. Les tessons bord en céramique commune de type pot 4-2 recueillis appartiennent à une assiette à marli (planche 2, n°3) et des récipients en céramique archéologiquement complète (planche 1, n°4) glaçurée (pot type 12, pot de type coquemar et à trois pots (pichets ?) à lèvre courte à indéterminé et coupe 3) (planche 2, n°4, 2 et 1). gouttière interne et lèvre nervurée (planche 1, Ce type de coupe à oreilles moulurées (ici à n°5 à 7). Ces formes correspondent base de perles et demi-cercles en relief) respectivement aux types assiette 1 et pot 8-1, apparaissent des lots à partir de la fin du XVIe établis à partir des contextes issus de la fouille et du début du XVIIe siècle. Le mobilier de la station métro-VAL de la place Sainte- métallique associé se compose d'un grand clou Anne4. Ces formes sont en usage durant la (de type charpente) et de deux fragments seconde moitié du XVe siècle et au début du d'une plaque en fer à forme courbe XVIe siècle. La céramique commune associée correspondant à une lame de faucille. (51 tessons) ne va pas à l'encontre de cette proposition de datation. Les seuls éléments de Les éléments céramiques recueillis sur le fond bord appartiennent à un pot de type coquemar ne renferment aucun élément permettant une 3 et à un pichet de type 3 (planche 1, n°l et 2). datation précise. Seules les pâtes (commune et S'y ajoute un fragment d'anse pleine grès) sont à rattacher à l'époque moderne prise (coquemar ou poêlon ?) caractérisé par deux au sens large. marques estampées en forme de petite rosette (planche 1, n°3). Les pétales de cette dernière Ce secteur du moulin nord a également livré sont en quart-de-rond, donnant à la lecture soit trois monnaies en alliage base cuivre (dont une une fleur à quatre pétales, soit une croix selon retrouvée dans les déblais du talus que l'on considère les parties en creux ou le périphérique). La corrosion de surface rend motif en relief. Ces marques font office de leur lecture malaisée. Deux sont ornées au signature de potier ou d'atelier. Le lot est revers des trois fleurs de lys disposées en complété également par 12 tessons triangle inversé. appartenant à des pots en grès, dont la pâte est Le dernier élément à signaler correspond à un à rapprocher des productions de Normandie. fond de verre à boire à pied refoulé. Le verre est fortement corrodé ; la matière vitreuse s'est Au niveau du seuil du moulin, les quatre complètement transformée pour devenir tessons mis au jour possèdent des pâtes friable et opaque. Ce type de pied est caractéristiques des productions modernes généralement associé à des verres de type (XVe-XVIe siècles). Mais en l'absence gobelet tronconique. Ils sont en usage au cours d'éléments particuliers, il est impossible de du XVe siècle.

4 Cette typologie s'inscrit dans le cadre d'un travail mené au sein du groupe de travail Icéramm, sous la direction de Ph. Husi, visant à terme à disposer d'un outil de référence proposant des typologies régionales du haut Moyen-Age au XVIIe siècle sur le nord de l'Europe. Site internet en cours de réalisation : www.iceramm.univ-tours.fr.

43 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

y 2 à» A

ech. 1/1

5 cm

Planche 1 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Principales formes céramiques issues du moulin nord- surface. (Relevés et infographie : F. Labaune-Jean /Inrap) V

V - 3

y . 4 0 5 cm

Planche 2 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Principales formes céramiques issues du moulin nord- plateforme. (Relevés et infographie : F. Labaune-Jean /Inrap)

Monnaie 2 Monnaie 3 Provenance : Moulin nord. Provenance : Moulin nord Attribution : Royaume de France. Henri III Attribution : Royaume de France. Louis XIII Type : Douzain Type : Double tournois D/peu lisible D/(inscription illisible) ; profil à droite (usé) R/ illisible R/ (inscription illisible) ; trois lis en 2 et 1. Poids : inf à 2 g. Poids : inf à 2 g. Frappe : 1575 à 1588 selon atelier. Frappe : 1627 Identification : D. Pouille Identification : D. Pouille

44 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent

Monnaie 4 archéologiques poussées, il ne nous est pas Provenance : Moulin nord. Déblais merlon possible de savoir si les quelques éléments de Attribution : Royaume de France. Louis XIII formes rencontrées dans le lot du moulin nord (1610-1643) correspondent à des types de récipients Type : Double tournois produits dans ces ateliers. Seul l'aspect des D/ illisible pâtes semble très proche des gisements R/ (inscription illisible) ; trois lis en 2 et 1 d'argile locaux. On notera cependant que les Poids : inf à 2 g. quelques formes présentées par F. Fichet de Frappe : XVIIe Clairfontaine (op. cit., p.58) présentent des Identification : D. Pouille faciès de lèvres similaires à celles découvertes ici.

3 - LES MOULINS ET LE MONUMENT MEGALITHIQUE

Comme nous le montrera l'étude stratigraphique (cf. infra : Chapitre 3), le processus de destruction du monument 2.3 CONCLUSION mégalithique était déjà bien engagé au moment de la construction des moulins. Il Bien que quantitativement restreint, ce petit lot apparait notamment que la zone d'éboulis du de mobilier est relativement homogène. Il se tumulus est scellée par une couche d'humus rattache probablement à la phase d'installation elle-même fossilisée par le talus aménagé et de fonctionnement des moulins entre la fin autour du moulin sud. du XlVème siècle et le XVIème siècle. Bien que cela soit difficile à démontrer, il est Dans l'état des connaissances de ce secteur à probable que l'installation du moulin nord ait cette période, il est difficile d'identifier les accentué le démantèlement du monument. La provenances d'origine de ces récipients, présence dans les fondations du moulin de hormis dans le cas des importations (grès de blocs de poudingue de même type que ceux Normandie). Le faciès des pâtes communes est utilisés dans l'architecture du dolmen, semble très homogène avec des teintes brun-rouge en bien attester une exploitation de ce dernier. Par surface et grise en tranche, des textures assez ailleurs, la découverte d'un grand cristal de fines, riches en inclusions de quartz et de fines roche (cf.infra : Chapitre 3: 2. Les vestiges paillettes de mica. D'après ce seul examen mobiliers) à l'intérieur du moulin pourrait visuel5, il est possible d'envisager un conforter cette hypothèse. Ce type d'objet approvisionnement local auprès d'ateliers fréquent dans les sépultures mégalithiques repérés en prospection sur la commune de peut, en effet, provenir du dolmen, ce d'autant Langon. Un approvisionnement depuis les plus que la fouille de la chambre a livré ateliers situés à proximité de Saint-Jean-la- d'autres objets en cristal de roche. Poterie6 est également envisageable. N'ayant L'impact du moulin sud est un peu plus pas fait l'objet jusqu'à maintenant d'études évident à évaluer. Il apparaît qu'en préalable à l'édification du moulin, la couche d'humus qui 5 Giot et Morzadec 1996, p.145-146. recouvrait le cairn a été décapée et évacuée sur 6 Lors du travail de recherche du PCR sur les ateliers de sa périphérie de façon à former un talus. Les potiers médiévaux en Bretagne, une production de potiers nombreuses plaquettes de schiste présentent a été envisagée à Langon au lieu-dit Le Chenac, suite à la dans ce talus proviennent sans aucun doute du découverte de deux fosses rubéfiées remplies de céramiques, lors du remembrement de 1976. Les cairn et de son éboulis. Quand aux dalles de productions attribuées au Xe-XIe siècle sont trop anciennes schiste encore en place en surface du tumulus pour être comparées au lot qui nous intéresse. Fichet de néolithique, elles comportent de nombreux Clairfontaine 1996, p.24.

45 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 2 - Les moulins à vent impacts d'objets métalliques (pics, pioches...) dallage de la chambre ont en grande partie été qui témoignent du décapage de la couche récupérés. d'humus et d'un nivellement du cairn afin Malgré ce bilan sanitaire peu engageant, nous d'assurer un sol régulier. avons eu la surprise de découvrir un monument néolithique mieux conservé qu'initialement prévu.

Photo 25 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Impacts d'outils métalliques sur des éléments de parement du cairn.

La surface du cairn a également subi une série d'aménagements destinés à l'installation des appuis évoqués précédemment. Ils ont été implantés dans une tranchée creusée dans le cairn puis calés avec des plaquettes de schiste. Des aménagements ont aussi été réalisés au centre du tumulus. Le moulin n'a, effectivement, pas été construit sur le cairn mais sur la roche en place. Pour cela, le cairn a été démonté soigneusement. La maçonnerie du moulin repose sur le schiste en place et sur de grosses dalles de poudingue. La fouille a pu montrer qu'au moins une de ces dalles utilisées en fondation correspondaient très probablement à un orthostate basculé. Même si des perturbations antérieures à l'édification des moulins sont tout à fait envisageables à l'intérieur de la chambre, il est néanmoins très probable qu'une bonne part des démantèlements soit imputable à la construction des moulins. Parmi les bouleversements les plus notables, on note que plusieurs orthostates ont été extraits de la chambre (parfois à partir de fosses élargies). Des orthostates ont également été couchés vers l'intérieur de la chambre. Un des deux a même été brisé puisque sa base est encore en place dans sa fosse de calage. Un autre orthostate n'a pas été arraché mais a été tronqué de façon à ne pas dépasser du sol. Enfin, les éléments de

46 Chapitre 3

Le dolmen

Stéphane BLANCHET, Philippe FORRE et Xavier HENAFF Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Avant fouille, le tumulus se présentait sous la détail du cairn, le repérage au sol d'un forme d'une butte circulaire d'une vingtaine éventuel tracé de l'emprise ou du plan du de mètres de diamètre pour 0,5 m de hauteur monument. L'installation du moulin nous a, en en son centre. Le décapage mécanique effectué outre, privé d'un certain nombre d'éléments sur près de 2500 m2 (zones 1 et 2) en périphérie architecturaux. Mais, paradoxalement, la du monument mégalithique n'a livré aucune présence de celui-ci a peut- être aussi permis structure, aucun creusement (carrière, fosse...) une certaine préservation ou fossilisation de la pouvant lui être rattaché. Seules les traces structure mégalithique. Ainsi, l'existence du fugaces de petits fossés rectilignes ont été moulin a vraisemblablement mis le monument perçues sur la limite nord du décapage de la à l'abri des explorations ou des épierrages du zone 1 (figure 9, p. 21). Leur insertion dans la XIXème siècle. Enfin, dans la mesure où nous trame parcellaire actuelle, la présence de devions préserver au mieux le cairn, nous céramiques modernes dans leur remplissage et avons profité du démontage des maçonneries surtout leur postériorité par rapport au moulin du moulin ou des excavations associées à ce nord permet de les rattacher à des dernier pour recueillir des données sur la aménagements agraires récents. constitution du cairn ou sur les niveaux sous- Aucun vieux sol, aucun épandage de mobilier jacents. n'ont, par ailleurs, été observés. En plus des habituels processus d'érosion, il est probable Sur le pourtour du monument, la stratigraphie que les labours modernes, dont on voit les est des plus simples puisqu'elle ne comprend marques dans la roche en place, ont largement qu'une couche de terre végétale qui recouvre contribué à la disparition des ultimes indices uniformément le substrat schisteux et dont d'occupation préhistorique. l'épaisseur ne dépasse pas 25 cm.

A l'issue d'un décapage manuel des couches Au niveau du tumulus, le profil superficielles de terre végétale et des niveaux stratigraphique est plus développé. Différentes associés au fonctionnement du moulin sud unités ou groupes d'unités ont été observés (niveaux de circulation, aménagements (figures 15 et 16) : périphériques...), l'étude du monument mégalithique a pu être engagée. Il est - un premier niveau (US.01) correspond à une rapidement apparu que la chambre funéraire couche d'humus moderne. avait été bouleversée. En plus de l'installation - déjà évoquées précédemment dans le des soubassements du moulin, la partie Chapitre 2, plusieurs couches sont associées à centrale du tumulus comportait, en effet, une la construction du moulin et à son grande excavation comblée par un sédiment fonctionnement. Elles comprennent la mise en graveleux brun-gris à orangé et des plaquettes place d'un talus périphérique (US.02) et sa de schiste. Par ailleurs, plusieurs grosses dalles phase d'érosion ainsi qu'un niveau de schiste avaient a priori été déplacées. En d'aménagement et de piétinement de la plate revanche, nous avons été surpris par le bon forme du moulin (US.03). état de conservation du cairn qui était préservé - une série d'unités stratigraphiques (US.04 à sur une hauteur avoisinant 50 cm. Deux 07) se rattachent au comblement de parements étaient parfaitement visibles et l'excavation réalisée au niveau de la chambre. pouvaient être suivis sur l'ensemble de la zone - un autre ensemble comprend le cairn (US.10), étudiée (figure 14). son éboulis (US.09) et le développement d'un Le caractère partiel de la fouille a bien horizon humique (US.08). évidemment contraint le travail de description - au fond de la chambre et de façon résiduelle, et de compréhension du monument. Seule une le mobilier est dispersé au sein de trois petits fouille exhaustive de la structure aurait permis horizons (US. 11, 12 et 13 : cf. figure 19, p. 73). de répondre à certaines questions comme la L'US. 11 est particulièrement riche en éléments typologie de la chambre, la conception de charbonneux. Une datation 14C réalisée sur ces

49 Figure 14 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Plan général du monument néolithique (A). Le décapage manuel effectué sous les éboulis de la façade orientale du cairn est représenté sur la vignette B.

50 U.S. : 01 - Sédiment limoneux, marron sombre, homogène et compact, à nombreuses plaquettes de schiste (terre végétale). U.S. : 02 - Sédiment limono-graveleux, marron-gris, homogène et compact, à très nombreuses plaquettes de schiste et argile jaune (talus du moulin). U.S. : 03 (09)* - Sédiment graveleux, gris, homogène et compact, à très nombreuses plaquettes de schiste (zone de circulation damée autour du moulin). U.S. : 04 - Sédiment graveleux, gris-brun, homogène et compact, à très nombreuses plaquettes de schiste. U.S. : 05 (10)* - Sédiment graveleux, gris-brun, hétérogène et meuble, à très nombreuses plaquettes de schiste. U.S. : 06 - Sédiment graveleux, brun-gris, hétérogène et meuble, à très nombreuses plaquettes de schiste. U.S. : 07 - Sédiment graveleux, brun-jaune, hétérogène et meuble, à très nombreuses plaquettes de schiste.

Coupe A-B U.S. : 08 - Sédiment limoneux, marron-noir, homogène et meuble à nombreuses plaquettes de schiste (terre de lande de la phase post-mégalithique). U.S. : 09 - Sédiment limoneux, marron-brun, homogène et meuble à nombreuses plaquettes de schiste. U.S.: 10-Caim. U.S. : 14 - Sédiment argilo-limoneux, brun-jaune, homogène et compact, à très nombreux blocs érratiques de quartz et quelques plaquettes de schiste (paléosol altéritique du substratum schisteux). - terriers. * - numéros d'unité stratigraphique utilisés pour les photos.

0 m.fe

Section A

Figure 15 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Coupe stratigraphique est/ouest (DAO : P. Forré). Coupe A-C

fx J,*" XX iSff i \%> u ^ U.S. : 01 - Sédiment limono-argileux, marron sombre, homogène et meuble, à quelques blocs de schiste (terre végétale). U.S. : 02 - Sédiment argileux, marron-gris, homogène et meuble, à nombreuses plaquettes de schiste et argile jaune. U.S. : A - Sédiment argileux, jaune-gris, hétérogène et meuble à nombreuses plaquettes de schiste. U.S. : B - Sédiment limoneux, marron-noir, hétérogène et meuble, à nombreuses plaques de schiste et tessons de bouteille de verre. U.S. : C - Sédiment argilo-limoneux, gris, homogène et compact, à niveaux sableux. U.S. : D - Niveau de démolition des fondations du moulin moderne. U.S. : E - Sédiment argileux, brun, hétérogène et compact, à nombreuses plaquettes de schiste. U.S. : F - Sédiment limoneux, marron-noir, hétérogène et compact, à très nombreuses plaquettes de schiste. U.S. : 09 - Sédiment graveleux, brun-jaune, hétérogène et meuble, à très nombreuses plaquettes de schiste. U.S. : 10 - Caim. U.S. : 14 - Sédiment argilo-limoneux, brun-jaune, homogène et compact, à très nombreux blocs erratiques de quartz et quelques plaquettes de schiste (paléosol altéritique du substratum schisteux).

Les U.S. A à F marquent une phase d'abandon et de démolition du moulin.

i moulin 0 m.ÉE

A/Sud 52,337 m. NGF C/Nord 52,127 m. NGF

Figure 16 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Coupe stratigraphique nord/sud (DAO : P. Forré). Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion charbons livre une date de 3960 +/-40 BP soit 26 à 31). Ce niveau présente quelques 2580 à 2340 cal BC qui s'inscrit dans une phase variations. Sur la façade est du cairn, il est de réutilisation du monument. encore relativement dense et épais. En - enfin, un horizon argilo-limoneux (US.14) est revanche, sur le côté nord, il est un peu plus intercalé entre la base du cairn et le substrat étalé et présente une charge en sédiment schisteux. terreux plus importante. Les coupes et les démontages réalisés dans l'éboulis fournissent des précisions sur la dynamique d'étalement 1 - L'ARCHITECTURE du monument. Au contact du parement externe et en particulier sur la façade est du cairn, l'éboulis comporte de nombreux blocs de grande taille 1.1 L'EBOULIS associés à des plaquettes de schiste. Peu de sédiment terreux est présent parmi les pierres. Deux grandes phases peuvent être distinguées Les grands blocs possèdent généralement un dans les niveaux d'érosion observés sur le pendage vers l'extérieur et semblent pourtour du monument néolithique. La phase quasiment « agencés ». Notons que plusieurs d'érosion récente est en grande partie liée à éléments du parement externe qui présentent l'édification puis au démantèlement du également un dévers (pratiquement dans la moulin. La phase ancienne correspond, quant continuité du pendage de certaines dalles de à elle, à l'éboulis stricto sensu de la structure mégalithique. l'éboulis ) témoignent sans doute de cette L'aménagement de l'espace de circulation en phase d'étalement. Ces observations surface du cairn et l'édification du talus autour permettent d'envisager un effondrement du moulin sont à l'origine de la phase rapide et brutal du cairn, en particulier sur sa d'érosion récente. Notons au passage que les façade orientale. Par contre, plus on s'éloigne dalles et les plaquettes de schiste issues de vers la frange extérieur de la couronne, plus la cette étape et rassemblées au niveau du talus dimension des blocs de schiste se réduit. Ils périphérique comportent de nombreux sont alors totalement désorganisés et noyés impacts d'objets métalliques (pics...). dans un sédiment limoneux abondant. Cela L'arasement du talus périphérique s'intègre correspond sans doute à une phase aussi dans cette phase érosive récente. d'étalement plus lente et continue du Le profil stratigraphique montre parfaitement monument jusqu'à la mise en place d'un profil que le tumulus était déjà en partie étalé au d'équilibre. moment de l'édification du moulin. Il apparaît En l'état, il est difficile de dater précisément le notamment que le talus périphérique (US.02) début des dégradations. De même, il est est édifié sur une couche de terre végétale difficile de faire la part entre les processus (US.08) qui scelle la phase d'érosion ancienne, naturels et/ou anthropiques. La réalisation autrement dit de l'éboulis ancien du cairn d'un possible « contrefort », qui reste toutefois (US.09) (figure 15). D'autres arguments à discuter (cf. infra : 1.2.4 : le massif de permettent de valider l'ancienneté de cet condamnation ou le « contrefort »), pourrait éboulis. Ainsi, la couche argilo-limoneuse indiquer une certaine fragilité de l'édifice. (US.14) intercalée entre la base du cairn et le Dans ce cas, les premiers effondrements substrat schisteux est également conservée à seraient précoces. l'aplomb de l'éboulis. Enfin, les blocs situés au La réoccupation du monument au cours du cœur de l'éboulis primitif ne présentent pas Néolithique récent-final et du Campaniforme - d'impacts d'objets métalliques. attestée par le mobilier céramique découvert dans la chambre (cf. infra : 2 - Les vestiges Le niveau d'éboulis anciens (US.09), reconnu mobiliers) - a peut-être eu un impact sur l'étalement du monument mais aucun élément sur l'ensemble du pourtour du monument, ne nous permet de le mesurer. forme une couronne qui s'étale sur 3 à 4 m au- delà du parement externe (figure 17 et photos

55 : limite d'emprise

: moulin sud

: massif et parement interne

: massif et parement externe * : massif de condamnation ou contrefort : éboulis I Figure 17 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Représentation des différents massifs et de l'éboulis du cairn.

56 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

LkUGON - OEMQ\SEU£LES S

LANÇON - 35 LES DEMOISEUES

Photos 26 et 27 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Côté nord du cairn. Vue du parement externe et de l'éboulis. Le pendage des dalles de parement illustre bien la dynamique d'effondrement du cairn.

57 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photos 28 et 29 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Côté oriental du cairn. Vue du cairn, du massif de condamnation ou « contrefort » et de l'éboulis. Le pendage des dalles illustre bien la dynamique d'effondrement et d'étalement du tumulus.

58 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 3 - Le dolmen Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Seuls quatre fragments de céramique pré- facilement. L'observation de la surface des protohistorique difficile à caractériser ont été dalles et des blocs de schiste n'a révélé aucune recueillis dans l'éboulis de la façade orientale face érodée. Il se pourrait alors que les pierres du monument. Soulignons, enfin, qu'aucun de construction soient issues, au moins en mobilier plus tardif (antique, médiéval...) et partie, de carrières. L'exploitation superficielle aucun aménagement secondaire (sépulture d'affleurements rocheux est également adventice...) n'ont été découverts dans la masse envisageable dans la mesure où la fragilité du de l'éboulis. Les fouilles fines menées dans le schiste peut aussi être liée à la météorisation de niveau argilo-limoneux (US14) scellé par ces affleurements. l'éboulis (figure 14) et situé sur la façade est du Un échantillon de blocs et de dalles cairn (côté entrée présumée) n'ont livré aucun comportant des traces de percussion a été résultat. prélevé en surface du cairn. Un premier examen a montré que la plupart de ces 1.2 LE CAIRN (figure 17) stigmates étaient sans doute assez récents. Ils témoigneraient, en effet, d'impacts effectués Dégagé sur moins de 40 % de sa surface par des objets métalliques, par exemple lors de présumée, il dessine un édifice qui s'inscrit la construction du moulin. Une étude plus dans un cercle de 13 à 15 m de diamètre. Le poussée de l'exploitation néolithique monument n'est toutefois pas circulaire (extraction, mise en forme) de la pierre de puisque la façade orientale - celle où se situe construction resterait toutefois à réaliser sur un très vraisemblablement le parvis - est certain nombre d'éléments qui présenteraient pratiquement rectiligne. En l'état, le cairn se des traces d'extraction anciennes (information compose de trois ensembles : le massif interne E. Gaumé, Inrap). et son parement, le massif externe et son parement, le massif de condamnation ou le 1.2.2 Le massif interne et son parement (figure 17) contrefort ? L'ensemble de la structure mégalithique est monté en pierre sèche. Il s'agit du massif et du parement qui s'adossent directement à l'espace funéraire. Le 1.2.1 Les matériaux contour de l'ensemble est plutôt curviligne. Toutefois, sur le côté est, le parement suit un Sur un plan macroscopique, le schiste utilisé tracé quasiment rectiligne. La largeur moyenne pour la construction du cairn semble d'origine du massif et de son parement est de 2 m. locale. Un sondage (figure 9) réalisé dans le L'ensemble, qui ne doit pas dépasser 10 m de substrat schisteux avec la pelle mécanique diamètre, est construit sur un horizon argilo- nous a permis de recueillir un échantillon de limoneux brun-jaune (US.14). Le massif interne moellons et de dalles de schiste en tous points et son parement sont exclusivement montés comparables aux éléments constitutifs du avec des dalles et des plaquettes de schiste. Le cairn. Ils possèdent des modules identiques. parement est aménagé avec soin suivant la Les éléments les plus grands mesurent en méthode de la pierre sèche (photos 32 à 35). Il moyenne 0,7m de long. La fracturation, que utilise essentiellement des dalles allongées l'on peut mesurer en observant les angles entre relativement bien calibrées, qui s'alignent sur les plans de schistosité et les plans de diaclase, un tracé courbe (ou rectiligne sur le côté est). Il est également comparable. Enfin, à l'instar des atteint 0,4 à 0,5 m de hauteur conservée. Le éléments issus du cairn, la section des dalles massif réalisé en arrière du parement est un est assez irrégulière (trapézoïdale, peu moins régulier puisqu'il associe aux dalles rectangulaire...). Il est donc très probable que de schiste des éléments de plus petite la pierre de construction du cairn provient de dimension. Malgré tout, ce massif est d'aspect l'environnement immédiat. Même si depuis assez soigné car les dalles utilisées, qui sont son extraction, la météorisation et diverses dans l'ensemble de forme allongée, adoptent compressions l'ont fragilisé, le schiste utilisé une position « rayonnante » par rapport à la pour la construction du cairn semble de chambre. médiocre qualité. Il se fractionne et se délite

60 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 32 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Vue de détail du parement externe et du parement interne. Les démontages ponctuels permettent d'observer la structuration du massif externe.

Photo 33 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Vue de détail du massif externe au premier plan et du parement interne.

61 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 34 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Côté nord du cairn. Vue du parement interne. Au premier plan, parement externe et éboulis. Le cairn est recoupé par la saignée d'implantation des appuis du moulin.

Photo 35 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Côté nord du cairn. Vue de détail du parement externe et du parement interne. Les perturbations présentes dans le cairn ont permis d'observer la structuration du massif externe.

62 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 36 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Côté nord du cairn. Vue du parement externe et de l'éboulis. En arrière plan, on observe une partie du parement interne. Le cairn est recoupé par la saignée d'implantation des appuis du moulin.

LANGON-35 LES DEMOISELLES

Photo 37 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Détail du parement externe sur la façade est du monument.

63 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 38 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Vue de détail du parement externe. Les dalles de schiste de la première assise sont parfois disposées perpendiculairement aux autres. Elles permettent de corriger les irrégularités et la légère déclivité du terrain.

Photo 39 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Vue de détail du parement externe. Il est en partie effondré.

64 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 40 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Vue de détail du parement externe. Il est en partie effondré.

Photo 41 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Vue de détail du massif externe.

65 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Sur la zone étudiée, le massif interne est Une des questions a été de savoir si les deux homogène et semble avoir été réalisé en une parements concentriques (interne et externe) seule phase. Il englobe parfaitement l'espace étaient ou non contemporains. Autrement dit, funéraire et ne présente aucun indice visible de le massif externe est-il de la même époque que reprise (modification de la chambre, la partie interne du monument. Dans certains remaniement autour de la cellule latérale...). monuments (par exemple, le tumulus C de Boixe à Vervant en Charente), le massif 2.2.3 Le massif externe et son parement (figure 17) extérieur vient, en effet, occulter l'entrée du couloir et il est secondaire dans l'utilisation de La largeur moyenne du massif externe et de la chambre. son parement est comprise entre 1 m et 1,5 m. Le relevé pierre à pierre ainsi que les A l'instar du massif et du parement interne, il démontages ponctuels des parements et des repose directement sur une couche de limon massifs n'a pas livré de variations de style ou argileux brun-jaune (US.14). Le parement est de traces de reprises. A ce stade de l'étude, conservé sur une hauteur qui atteint au mieux l'ensemble du cairn parait donc parfaitement 0,5 m. Il est globalement parallèle au parement homogène et semble avoir été construit en une intérieur (photos 35, 36). Toutefois, son seule phase. Enfin, notons que la masse du contour n'est pas régulier puisqu'il alterne des tumulus ne présente pas d'aménagements tronçons quasiment rectilignes et des tronçons particuliers (cloison...) ou de traces curvilignes (figure 17). Le parement externe est d'aménagements secondaires (sépultures...). matérialisé par des dalles allongées dont les plus grandes atteignent 0,7 m de long et 0,3 m 1.2.4 Le massif de condamnation ou le contrefort ? de largeur. Leur grand axe converge généralement vers le centre du monument. Sur la façade orientale du monument, un Cependant, la première assise comprend troisième massif de dalles et de blocs de schiste souvent des dalles dont l'axe est parallèle au a été en partiellement dégagé (figure 17). Il bord du parement (photos 38, 39). Il s'agit, en mesure 1 à 1,2 m de large pour 3,5 m de long. fait, de compenser les irrégularités du sol et Son extension précise ne peut toutefois être d'assurer une assise la plus stable possible. évaluée puisqu'il se développe vers le sud, Notons que plusieurs dalles d'assise sont hors de l'emprise de fouille. La stratigraphie fracturées par la masse du cairn. Ce qui a, à montre clairement que le massif a été mis en long terme, certainement déstabilisé le place dans une phase postérieure à la monument. De plus, les parements conservés construction du cairn. sont droits et ne possèdent aucun fruit Ce massif ne paraît pas correspondre aux pouvant limiter les poussées internes. Des restes d'un troisième parement qui aurait éléments en devers ou écroulés témoignent, ceinturé le monument ou à une phase d'ailleurs, des pressions exercées (photos 39, d'extension. Bien que l'on connaisse quelques 40). L'appareillage n'est pas homogène (opus exemples (tumulus du Planti à Availles-sur- incertum), comme par exemple sur le dolmen Chizé dans les Deux-Sèvres - Bouin et de Château Bû à Saint-Just où les dalles du Joussaume, 1994), il existe une rupture franche cairn sont disposées en lits réguliers. Le dans la maçonnerie qui ne semble pas être liée parement a été dressé par « emboitement » de à l'amorce d'une phase d'extension du dalles et non pas par superposition, ce en monument primitif. Les relevés raison de leur sections hétérogènes qui ne microtopographiques n'indiquent d'ailleurs permettent par une construction en assises pas d'anomalie, et en particulier un régulières (photo 40). prolongement du monument vers le sud. En arrière du parement externe, la Soulignons que la rectitude de la façade structuration du massif est comparable à celle orientale du tumulus est compensée par ce du massif interne. Les moellons utilisés pour le troisième massif qui permet finalement blocage interne sont souvent de plus faible d'inscrire le monument dans un cercle presque dimension et moins bien calibrés (photo 41).

66 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 42 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Massif de condamnation ou contrefort sur la façade est du monument. Sur ce secteur, une fouille manuelle a été réalisée jusqu'au rocher en place.

Photo 43 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cairn. Massif de condamnation ou contrefort sur la façade est du monument. Sur ce secteur, une fouille manuelle a été réalisée jusqu'au rocher en place.

67 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion parfait. Le tumulus se développe donc dans un de nombreux monuments bretons (information espace circulaire d'une quinzaine de mètres de L. Laporte). diamètre au maximum et de 25 m si l'on intègre l'emprise des éboulis. Notons aussi que 1.3 LE COULOIR D'ACCES la structuration de ce massif diverge nettement de celle observée pour les massifs internes et L'accès à la chambre s'effectue a priori à partir externes. Dans son ensemble, la maçonnerie est d'un unique couloir orienté au sud-est. beaucoup moins soignée. Des gros blocs L'orientation d'une partie des maçonneries de viennent armer l'avant de la structure mais il pierre sèche et de plusieurs fosses de calages n'existe pas de parement véritable (photo 42). d'orthostates de la chambre nous livrent Le pendage de certains éléments en surface du également des données sur l'axe présumé du massif semble indiquer qu'ils sont issus de couloir. La typologie de la chambre restant l'effondrement du cairn ou du nivellement du incertaine, il est, en revanche, difficile de cairn lors de la mise en place du moulin. savoir si celui-ci est désaxé ou non. Le couloir Aucun mobilier n'a été recueilli au niveau du n'a pu être étudié puisqu'il se développe massif. Il faut indiquer que pratiquement presque totalement hors de l'emprise de aucun démontage de la structure n'a été fouille. Seule son amorce (côté chambre) a, effectué. semble-t-il, été partiellement dégagée. D'après La position du massif par rapport à l'entrée les relevés effectués, sa longueur peut être présumée du dolmen nous oriente tout estimée en Ire 3 et 4 m. Par contre, sa largeur et d'abord vers l'hypothèse d'un système de sa hauteur ne peuvent être évaluées. Le mode condamnation du couloir d'accès à la chambre. de construction du couloir (pierre sèche et/ou Au niveau de son entrée, le dolmen ouest de orthostates) n'a également pas pu être La Croix-Saint-Pierre à Saint-Just (Briard, 1995) reconnu. Un bloc de quartz (A) (photos 44 et présente un massif qui pourrait s'apparenter à 45) participe a priori à l'aménagement du celui que nous avons dégagé. Toutefois, dans couloir. Toutefois, nous émettons une légère la mesure où nous n'avons pas pu observer réserve puisque l'on peut aussi se demander si l'articulation entre ce massif et le couloir, cet élément n'assure pas l'articulation entre la l'hypothèse ne peut être validée. L'hypothèse chambre et le couloir. Le bloc A est en position d'une phase de réfection, d'une consolidation couchée. Il est néanmoins dans sa situation de la façade du monument peut également être d'origine puisqu'il est encore parfaitement proposée. Nous avons vu que le parement intégré dans le cairn. On distingue à sa base les externe, qui ne présente pas de fruit, est contours de la fosse de calage. Il a seulement soumis à une poussée des massifs internes. subi un léger basculement vers l'intérieur du Plusieurs effondrements ont pu être observés couloir du fait des poussées latérales du cairn. sur le pourtour du monument et en particulier La fouille effectuée au contact de la chambre et sur sa façade est. Ces effondrements semblent du couloir montre un comblement de moellons d'autant plus importants que le terrain et dalles de schiste assez bien agencés (photos présente, sur ce secteur, une légère pente 44 et 45). Un élément de dallage est conservé à orientée à l'est. De tels aménagements parfois la base du remplissage. La structuration de interprétés comme contreforts sont connus sur l'ensemble n'évoque pas un comblement certains monuments. Le tumulus circulaire des naturel ou un effondrement mais plutôt un Cous à Bazoges-en-Pareds (Vendée) comporte, système de condamnation qui pourrait peut- par exemple, un tel système mais sur le côté être marquer la fin de l'utilisation du dolmen opposé à l'entrée du monument. En l'état, la comme monument funéraire. Reste à savoir question ne pourrait être tranchée qu'en quand l'obturation a été effectuée. Soulignons étudiant l'entrée du couloir. Quoiqu'il en soit, que la limite franche de ce système de une étude plus approfondie de ce type de condamnation indique que seul le couloir structures mériterait certainement d'être présumé semble avoir été obturé. effectuée puisqu'elles seraient présentent sur

68 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 44 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Entrée du couloir (côté chambre) en cours de dégagement. L'agencement des blocs à l'intérieur du couloir indique une obturation très probablement volontaire.

Photo 45 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Entrée du couloir (côté chambre). L'organisation des blocs à l'intérieur du couloir évoque plus une condamnation volontaire qu'un comblement naturel. A la base, un élément de dallage en grès est conservé.

69 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 46 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue générale de la chambre et de la cellule latérale en cours de fouille.

Photo 47 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de la cellule latérale en cours de fouille. On observe parfaitement les fosses d'implantation d'orthostates (taches sombres).

70 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

1.4 LA CHAMBRE (photos 46 à 48, figure 18) sont encore à leur place d'origine. L'orthostate D (photos 54, 55) a clairement été décapité. La présence de mobilier néolithique Trois ont été basculés (B, C et E) mais ils récent/final et du Campaniforme à l'intérieur restent en connexion avec leur fosse de l'espace funéraire témoigne de multiples d'implantation (photo 49). Leur empreinte est intrusions anciennes. Cependant, en l'état, encore parfaitement visible dans la masse du aucun lien ne peut être établi entre la présence cairn (photos 50, 51, 52), ce qui tend à montrer de ces artefacts et l'origine des modifications que les blocs ont été couchés peu de temps ou du démantèlement de la structure. Même si avant le rebouchage de l'excavation centrale. elle n'est sans doute pas à la source de toutes L'élément B est brisé à sa base et présente un les modifications subies par le monument, il chicot encore fiché dans la fosse de calage semble très probable que la construction des (photo 53). moulins, et en particulier celle du moulin sud, soit responsable des remaniements les plus importants (arrachages d'orthostates, remploi de blocs...). La stratigraphie observée au niveau de la chambre montre que son démantèlement s'est en particulier effectué à partir d'une excavation réalisée au centre du tumulus. Elle a atteint la base du monument où ne subsistent que d'ultimes niveaux (US. 11, 12, 13) qui couvrent moins de 2 m2 et qui contiennent du matériel néolithique et campaniforme (figure 19, photo 48). Quelques éléments de pavages subsistent également sur le même secteur. Une fois les remaniements effectués, l'excavation a ensuite été comblée par un sédiment graveleux hétérogène et meuble (figure 15 : US. 4 à 7). Plusieurs blocs de schiste, de poudingue (fragments d'orthostates ? d'éléments de couverture ?) sont aussi en position secondaire parmi ces remblais. Les niveaux de circulation (figure 15 : US.3) observés au sommet du tumulus indiquent que le creusement est bien antérieur Photo 48 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre en à l'utilisation du moulin. cours de fouille. Vue du pavage conservé et de restes de maçonneries en pierre sèche. La zone foncée au centre de la photo correspond à la zone de concentration du 1.4.1 Le contour (figure 18) mobilier céramique et lithique.

Dans la mesure où une partie de la chambre a L'orthostate E (photo 56) comporte une cassure subi un démontage et se développe vers le sud, fraîche qui indique qu'il a peut-être été hors de l'emprise de la fouille, il est difficile fracturé lors de son basculement. La partie d'être très précis sur le plan ou les dimensions manquante n'a cependant pas été retrouvée. de la structure, que nous seront d'ailleurs Un sixième élément (G), partiellement dégagé, amenés à discuter. Son contour peut cependant se situe sur la limite sud de la fouille et dans être ébauché à partir des orthostates encore en un secteur fortement perturbé (photo 57). La place ou basculés, des fosses d'implantation et dalle se trouve, en effet, dans une grande fosse des maçonneries de pierre sèche conservées. (F.6) ou cuvette qui ne s'apparente pas à une fosse d'implantation mais plutôt à un creusement postérieur à l'édification de la Cinq orthostates, peut-être sept, ont été chambre (cf. infra). En l'état, il n'est pas découverts. Seules deux d'entre eux (A et D) possible d'identifier l'emplacement initial de

71 Figure 18 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Plan général du cairn et de la chambre (DAO : P. Forré). : limite d'emprise

: zone d'épandage du mobilier

: moulin sud

U.S. 11 - Sédiment limono-argileux, brun-noir, homogène et compact, à rares plaquettes de schiste, fragments de céramique (Néolithique récent-final et Chalcolithique), industrie lithique et nombreux charbons de bois. U.S. 12 - Sédiment limono-argileux, brun-jaune, homogène et meuble, à cérmaique, industrie lithique et rares plaquettes de schiste. U.S. 13 - Sédiment graveleux, brun-gris, homogène et meuble à quelques fragments de céramique néolithique moyen II. U.S. 14 - Sédiment argilo-limoneux, brun-jaune, homogène et compact, à quelques plaquettes de schiste et de rares blocs de quartz.

B/Sud-est A/Nord-ouest 51,887 m. NGF

3890 ± BP

WVI Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 49 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue générale de la cellule latérale et des orthostates B et C basculés.

Photo 50 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue générale de la cellule latérale. Les fosses d'implantation F.4 et F.5 ont été fouillées. L'empreinte des orthostates B et C est parfaitement visible dans le cairn. En haut à droite de la photo, on observe l'orthostate A.

74 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 51 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Reste de parement conservé entre les orthostates B et C. L'orthostate B a été brisé. Une partie de sa base (flèche) est encore en place dans la fosse de calage.

Photo 52 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Empreinte de l'orthostate C dans la masse du cairn.

75 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 53 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de détail des orthostates B et C. Ils ont été redressés pour les besoins de la photo. La trame grise masque le calage mis en place pour maintenir les piliers. L'espace entre les orthostates est comblé par une maçonnerie de pierre sèche. Une partie de l'orthostate B (flèche) est encore en place dans le sol.

Photo 54 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de détail de l'orthostate D. L'orthostate C a été redressé pour les besoins de la photo.

76 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 55 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de détail de l'orthostate D. Il a été brisé lors du démantèlement de la chambre.

Photo 56: La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue de détail de l'orthostate E en poudingue provenant de la fosse F.2. Il a été déplacé pour les besoins de la fouille. La partie fracturée se trouve côté sol.

77 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 57 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de détail du bloc G pris dans la coupe. Il s'agit probablement d'un orthostate.

Photo 58 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Bloc F (flèche) et fosse d'implantation F.10 visibles en limite de l'emprise de fouille. Les blocs sur la droite du cliché se rattachent aux soubassements du moulin.

78 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n cette dalle. Certains indices - comme son alignement par rapport à l'axe présumé du couloir ou la présence d'un orthostate (B) pratiquement identique (morphologie et pétrographie) situé en vis à vis - nous incitent néanmoins à penser que le bloc est proche de son emplacement initial. Enfin, un septième bloc (F) également visible en coupe semble en place dans une fosse (F.10) (photo 58). Mais là encore la fouille très partielle de cette structure ne permet pas de déterminer la nature et la morphologie exacte du bloc qui semble, lui aussi, avoir été décapité. Il occupe pourtant une position importante pour la compréhension générale de la chambre.

Les prises de dimensions effectuées sur les orthostates bien conservés ou mesurables nous montrent une relative homogénéité de leur hauteur et de leur épaisseur qui sont respectivement de l'ordre de 1 m et 0,25 m. Photo 59 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de détail de l'orthostate B. Sa face (côté cellule) est Leur largeur varie, quant à elle, entre 0,5 m et veinée de quartz. 0,9 m. La nature pétrographique des orthostates est en revanche loin d'être homogène (figure 20). Sur les sept orthostates attestés ou présumés, on compte quatre types de roche. Les orthostates A et C sont en quartz blanc. Les blocs B, F et G sont en schiste gréseux, l'orthostate D est en schiste ardoisier et l'orthostate E est en poudingue. Les autres éléments d'architecture retrouvés en position secondaire parmi les remblais de l'excavation centrale mais également dans les fondations des moulins sont en poudingue ou en schiste. Deux éléments (B et C) présentent des « curiosités » géologiques qui ont très Photo 60 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de détail de l'orthostate C. Sa face (côté cellule) est probablement présidé au choix des blocs. recouverte de cristaux de quartz. L'orthostate en schiste gréseux (B) est traversé par des veines de quartz (photo 59). Un des orthostates en quartz (C) présente, sur sa face orientée vers l'intérieur de la chambre, plusieurs géodes et cristaux de quartz (photos 60 et 61). L'orthostate E et les autres blocs de poudingue retrouvés en position secondaire sont également très particuliers (photo 56). Il s'agit d'un poudingue de couleur lie-de-vin qui comprend des inclusions de gros galets dépassant parfois 10 cm de diamètre. Là encore, il est probable que l'aspect de la roche soit intervenu dans le choix des bâtisseurs du mégalithe. Photo 61 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de détail des cristaux présents sur l'orthostate C.

79 Figure 20 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Types et distribution des roches utilisée dans l'architecture de la chambre. La trame de couleur utilisée pour les blocs et les dalles de schiste du massif interne ne correspond pas à un type de roche particulier (il s'agit de schiste) mais sert à faciliter la lecture du plan.

80 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Dix fosses d'implantation, voire peut-être exemple en arrière de la fosse F.4), il apparaît douze, ont été reconnues (figure 18 et 21, que le cairn a été partiellement démonté pour photo 62). Cinq d'entre elles sont encore en faciliter l'extraction de l'orthostate. Un connexion avec un orthostate (F.9, F.8, F.7, F.11 surcreusement (F.l) observé dans le fond de la et F.2) ou un bloc indéterminé (F.10). Nous fosse F.6 pourrait correspondre aux restes devons noter que la dimension des fosses est d'une structure d'implantation (photo 67). généralement assez bien ajustée à celle des Plusieurs éléments permettent d'avancer cette dalles qu'elles reçoivent. La fosse F.2 (photo 63 hypothèse : module identique à fosse F.4, et 64), étant un peu plus large, pourrait faire orientation et alignement cohérents par exception. Il est possible qu'elle ait été rapport au couloir présumé. légèrement agrandie pour faciliter le basculement de l'orthostate E. Il faut aussi Les parois de la chambre sont également rappeler que nous ne disposons que d'une matérialisées par des murets de pierre sèche. partie de ce dernier qui pouvait alors être plus En effet, les orthostates ne sont pas gros. systématiquement jointifs. Ils peuvent alterner Les fosses sont de forme oblongue (photo 65) avec des maçonneries dont l'appareillage est ou circulaire (photo 66) suivant la morphologie assez proche de celui des parements (photo des blocs qu'elles accueillent. Les fosses 68). Les moellons utilisés pour ses murets sont allongées mesurent en moyenne 0,8 m de long cependant de plus petit module. Dans certains pour 0,25 m de large. Les fosses circulaires cas, les orthostates (comme ceux qui se mesurent, quant à elles, 0,3 à 0,4 m de trouvent au niveau des fosses F.3 et F.4) ne diamètre. Elles ont été creusées dans l'US.14 et sont pas en saillie mais sont en partie englobés ont entamé le substrat schisteux (figure 21). dans la masse du cairn c'est-à-dire que les Les profils des trois fosses contenant encore un murets de pierre sèche sont situés sur un bloc (F.9, 10 et 11) et des fosses F.7 et F.8 n'ont même plan que la face interne des dalles pas été relevés. Pour les autres, la profondeur dressées. En revanche, d'autres éléments, ne dépasse pas une vingtaine de centimètres. comme ceux qui se trouvaient au niveau de la Leur comblement, intervenu après arrachage fosse F.5 et peut-être de la fosse F. 12 étaient des orthostates, est constitué d'un sédiment apparemment déconnectés du cairn (figure 21). limoneux noir fin et de plaquettes de schiste. Pratiquement aucun mobilier n'y a été Les maçonneries de pierre sèche n'ont été recueilli. La fosse F.6 a livré quelques tessons observées que sur le côté nord de la chambre de céramique très probablement en position (photos 62 et 68). Elles ne dépassent pas 3 ou 4 secondaire. La fosse F.5 a livré une armature assises. Leur développement reste assez limité tranchante. Sur la plupart des fosses, on puisqu'elles ne comblent que les espaces voire observe encore des éléments de calage les interstices laissés entre les orthostates. (plaquettes de schiste disposées contre les Entre les fosses F.3 et F.5, le muret de pierre parois). sèche présente nettement un angle au niveau Par ses dimensions (2 m de long et plus de 1 m de la cellule latérale (photo 62). Sur d'autres de large) et sa morphologie, une grande fosse secteurs, les maçonneries étaient probablement (F.6) présente en limite sud de la fouille ne un peu plus développées. Ainsi, sur la partie peut être considérée comme une fosse ouest de la chambre, les espaces importants d'implantation d'orthostate. De plus, il entre les fosses d'implantation devaient apparaît qu'elle est postérieure à l'édification probablement être occupés par des murets de de la chambre puisqu'elle recoupe une des pierre sèche. fosses de calage (F.12) (figure 18 et 21). Il est possible que cette fosse soit liée au Ceci nous amène, d'ailleurs, à aborder la démantèlement du monument. Elle pourrait question de l'architecture et de la morphologie correspondre à l'élargissement d'une ou de générale de la chambre, une question que nous plusieurs fosses de calage pour pouvoir en développerons aussi et plus largement dans la extraire les orthostates. Dans certains cas (par partie 1.6 : synthèse et discussion.

81 Fosses 6-1 Fosse 3 ; limite d'emprise

• mrti ilin ci iW

U.S. : 01 - Sédiment limoneux, marron-noir, hétérogène et meuble, à U.S. : 01 - Sédiment graveleux, brun-jaune, hétérogène et meuble, à nombreuses petites plaquettes de schiste. nombreuses plaquettes de schiste. U.S. : 02 - Sédiment limoneux, noir, U.S. : 02 - Sédiment graveleux, brun-gris, hétérogène et meuble, à très hétérogène et meuble, à plaquettes de nombreuses plaquettes de schiste. schiste et racines.

Fosse 5 Fosse 2 l/Ouest C/Sud D/Nord 51,897 51,777

U.S. : 01 - Sédiment graveleux, hétérogène et meuble, à nombreux fragments de poudingue altéré. U.S. : 01 - Sédiment limoneux, noir, hétérogène et meuble, à plaquettes de schiste et racines.

Fosse 4 Fosse 12 G/Sud L/Est 51,917 m. NGF H/Nord 51,732 m. NGF

U.S. : 01 - Sédiment limoneux, noir, hétérogène et meuble, à plaquettes de schiste et racines.

U.S. : 01 - Sédiment limoneux, noir, hétérogène et meuble, à plaquettes de schiste et racines. U.S. 14 - Sédiment argilo-limoneux, brun-jaune, homogène et compact, à blocs erratiques de quartz et quelques plaquettes de schiste. Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 62 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Exemple de fosses d'implantation d'orthostates. Les flèches rouges indiquent l'emplacement de fosses d'implantation d'orthostates (F.3, F.4, F.5). Les orthostates alternes avec des maçonneries de pierre sèche. En arrière des fosses F.3 et F.4, le cairn a été démonté anciennement (pour faciliter l'extraction des dalles ?).

Photo 63 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Fosse d'implantation (F.2) de l'orthostate E. En haut à gauche du cliché, le cairn épouse la forme de l'orthostate.

83 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 64 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Fosse d'implantation (F.2) de l'orthostate E après fouille.

Photo 65 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Fosse d'implantation (F.4) après fouille. Des éléments de calage sont conservés.

84 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 66 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Fosse d'implantation F.5 après fouille. Des éléments de calage sont conservés.

Photo 67 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Fosse F.6 en cours de fouille. Le surcreusement (flèche rouge) correspond à la fosse F.l.

85 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 68 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Au centre du cliché, fosse d'implantation (F.3) qui est encadré par des maçonneries de pierre sèche. Au premier plan, on observe des éléments de dallage.

L'élément le plus reconnaissable correspond à du moulin et leur démontage complet n'a une petite cellule latérale de 1,5 m par 1,5 m. d'ailleurs livré aucune trace de creusement du Son contour est matérialisé par les orthostates substrat rocheux (pourtant entamé par les B, C, D, la fosse F.4 et un massif de pierre sèche autres fosses : F.2 mais aussi F.l, F.3 ou F.5) (formant un angle) inséré entre les fosses F.3 et pouvant attester d'une extension de la F.4. Quant à la fosse F.5, elle recevait - a priori - chambre vers l'ouest. Rappelons que les un orthostate placé à l'entrée de la cellule. De soubassements du moulin reposent tels éléments sont, par exemple, connus sur le directement sur le substrat schisteux. Ce dolmen sud du cairn des Mousseaux dernier n'a subi aucun creusement qui aurait (L'Helgouac'h, 1965). Participent-ils à pu oblitérer les fosses d'implantation l'aménagement de l'accès à la cellule latérale ? d'orthostates. S'agit-il de renforts pour le système de La configuration du massif interne fixe donc couverture ? La question reste posée. probablement la limite ouest de la chambre. L'absence de fosse de calage pose la question L'orthostate E, réutilisé comme élément de des techniques de constructions utilisées sur ce fondation du moulin, marque probablement secteur. En l'état, il est probable qu'une l'extrémité ouest de la chambre (figure 18 et importante maçonnerie de pierre sèche 21). Cette hypothèse est en particulier basée participait à l'aménagement de cette partie de sur la courbure du parement interne (tangent à l'espace funéraire. Elle pose aussi la question la limite de fouille). Compte tenu de la largeur de la configuration de l'extrémité ouest de la du massif interne qui est en moyenne de 2 m, chambre (présence d'une cellule se l'orthostate E et la fosse F.2 occupent, en effet, développant vers le sud ?...) d'autant que la une position parfaitement cohérente par position de certaines structures comme la fosse rapport au fond présumé de la chambre. La F.10 et le bloc associé (F) soulèvent des fouille fine effectuée à l'aplomb des fondations interrogations.

86 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

1.4.2 Le dallage (figure 20, photo 69) socle par des bulldozers, les roches locales ne permettent pas d'obtenir aisément de grandes Le dallage de la chambre est extrêmement dalles. Il suffit d'observer les orthostates pour résiduel. Les éléments les mieux conservés se évaluer le module moyen des dalles que l'on trouvent sur moins de 1 m2 dans la partie ouest peut obtenir sur le secteur. Des montages de la chambre. Plusieurs dalles superposées mixtes restent possibles. On peut envisager indiquent toutefois des remaniements. l'utilisation de dalles de couverture, Quelques dalles ont également été découvertes notamment pour la cellule latérale, d'assez à l'entrée du couloir. Enfin, le reste des faible dimension. En revanche, on peut éléments est dispersé à l'intérieur de la supposer que la couverture de la chambre chambre ou de la cellule latérale. Le dallage est principale était plutôt assurée par un constitué de dalles de grès gris-jaune dont encorbellement en pierre sèche. l'épaisseur et la surface sont très régulières. Elles mesurent en moyenne 3 à 4 cm d'épaisseur et mesurent jusqu'à 0,4 m de côté. 1.5 LA QUESTION DU « VIEUX SOL » Des plaquettes de schistes posées sur le fond de la chambre et notamment sur la bordure A l'aplomb du mégalithe et de sa couronne ouest de la cellule latérale (figure 20) d'éboulis, un horizon limono-argileux jaune à pourraient éventuellement être considérées brun-jaune contenant parfois des blocs de comme des éléments de dallages mais elles quartz et des galets roulés (US.14) a été nous semblent plutôt correspondre à des observé au contact du substrat schisteux plaquettes résiduelles issues de la construction (figures 15 et 16, p. 51 et 53). Déjà évoqué à ou des remaniements du monument. plusieurs reprises dans les pages précédentes, La partie la mieux conservée du dallage ce niveau de faible épaisseur (5 à 10 cm) n'est présente quelques objets en surface. Le pas uniforme et se présente plutôt sous la démontage des dalles a permis de reconnaître forme de lambeaux. Lors des remontées de la un horizon limono-argileux jaune identique à roche en place, il n'est plus identifiable. Sur celui observée sur la totalité du fond de la d'autres secteurs, il s'apparente plus à une chambre (US.14). Il n'a livré aucun artefact. altération du substrat. La fouille de cet horizon fossilisé sous les éboulis (notamment au pied 1.4.3 La couverture du parement extérieur) mais également dans la chambre n'a absolument livré aucun mobilier. Nous disposons de peu d'éléments pour Les tamisages effectués n'ont, quant à eux, pas déterminer le système de couverture mis en livré de charbons de bois exploitables. La place au dessus de la chambre. Il est donc nature de cet horizon reste très difficile à difficile de se prononcer sur l'aspect primitif déterminer. Sur la base de critères du dispositif de couverture. Quelques dalles macroscopiques, ce niveau limono-argileux de schiste allongées (1,1 m de long pour 0,3 m nous semble plutôt correspondre à la base des de large), retrouvées dans les fondations du niveaux superficiels néolithiques et à une moulin sud pourraient correspondre à des couche d'altération du substrat qui devait éléments de couverture du couloir. Nous s'intercaler entre le rocher en place et le vieux retrouvons, par exemple, de tels éléments sol. Une analyse micromorphologique des utilisés pour le couloir de Château Bû à Saint- prélèvements effectués dans ce niveau nous Just. En ce qui concerne la chambre, fournirait peut-être des éléments de réponse l'utilisation d'une grande dalle de couverture sur sa nature précise. En l'état, aucun élément est possible mais nous semble peu probable. A ne permet de considérer l'US. 14 comme un moins qu'elle n'ait été débitée ou déplacée, véritable « vieux sol ». Le monument semble aucun bloc présent sur le site ne semble aujourd'hui pouvoir s'y rattacher. Mais surtout et même si nous avons pu observer quelques éléments de grande dimension arrachés du

87 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 69 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Au premier plan, vue du dallage. Au second plan, on observe les maçonneries de pierre sèche conservées. Les flèches rouges indiquent l'emplacement de fosses d'implantation d'orthostates. plus probablement avoir été construit après un Champ-Châlon à Benon (Charente-Maritime) décapage d'une grande partie de ce vieux sol. sont ainsi édifiés sur un matelas de terre Dans la littérature, les exemples de argileuse. De tels procédés sont aussi signalés préparations préalables du terrain sont pour le tumulus des Moindreaux (Saint-Jean- fréquents et variés. Ainsi, sous le tumulus de-Liversay, Charente-Maritime) ou encore néolithique de la Commune Sèche à pour le tumulus du Péré C (Prissé-la- Colombiers-sur-Seulles (Calvados) des traces Charrière, Deux-Sèvres) (Joussaume, 2006). de combustion à la surface du paléosol Pour le monument étudié dans le cadre ce correspondent très vraisemblablement à une rapport, il est probable que le vieux sol ait été préparation du terrain (essartage par brûlis ? décapé pour aménager une assiette stable et feu purificatoire ?) (Chancerel, 1990). D'autres horizontale. Le substrat géologique n'est, en monuments comme celui de Croas Dom Herry effet, pas parfaitement horizontal ni plan. Il à Saint-Nicolas-du-Pelem (Côtes-d'Armor) possède une légère pente vers l'est. On a (information J.-Y Tinevez) ou encore la d'ailleurs remarqué que l'US.14 tend à être sépulture à entrée latérale de Beaumont à plus épaisse à l'est qu'à l'ouest, peut-être pour Saint-Laurent-sur- dans le Morbihan corriger la pente naturelle du terrain. (Tinevez, 1988) sont directement construits sur la roche en place. S'agit-il de problèmes d'érosion ? A-t-on à faire à un décapage des 1.6 SYNTHESE ET DISCUSSION niveaux superficiels avant la construction du monument ? A contrario, dans certains cas une A partir des données dont nous disposons, il couche de terre est raclée et étalée à est possible de dresser une première esquisse l'emplacement du monument pour constituer de la morphologie et de l'architecture du un lit relativement souple, qui supportera le monument. Le cairn s'inscrit dans un espace poids de l'édifice. Les tumulus A, C et D de de 13 à 15 mètres de diamètre (photos 70 et 71).

88 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Cependant, il n'est pas parfaitement circulaire description et d'analyse. La morphologie puisque la façade orientale est pratiquement initiale de la sépulture reste, donc, très difficile rectiligne. Le cairn comprend un parement et à percevoir. un massif externe dont la largeur varie entre 1 Il est bien sûr possible d'avancer diverses et 1,5 m. Le parement et le massif internes hypothèses sur la morphologie de l'espace mesurent, quant à eux, en moyenne 2 m de funéraire. Les éléments obtenus lors de la large et englobent la chambre funéraire (photo fouille, nous conduisent, en l'état, à proposer 71). Sur la façade orientale du cairn, un massif trois hypothèses plausibles mais qui restent de blocs de schiste, dégagé partiellement, très faciles à rejeter : pourrait éventuellement correspondre à un système de condamnation ou à un contrefort Hypothèse 1 : tombe à chambre (photos 70 et 71). Le couloir n'a pu être étudié compartimentée. Cette hypothèse s'appuie sur puisqu'il se trouve hors de l'emprise de la la morphologie du fond de la chambre et en fouille. Seule son amorce probable (côté particulier sur la présence du bloc F scellé dans chambre) a pu être observée. Les blocs la fosse F.10 et des fosses F.l, F.12. Leur présents à l'intérieur du couloir présumé positionnement par rapport à l'organisation indiquent une obturation sans doute d'origine générale de la chambre laisse supposer une anthropique. Enfin, la chambre occupe une extension de celle-ci vers le sud. Dans ce cas, il position centrale et se développe, elle aussi, pourrait s'agir d'une chambre compartimentée partiellement hors de l'emprise de fouille avec une cellule latérale ( ?). Le couloir serait (photo 72). Sur la partie qui a pu être étudiée, alors désaxé ( ?). les parois de la chambre sont constituées d'une alternance d'orthostates et de maçonneries de Hypothèse 2 : sépulture transeptée. Une partie pierre sèche. Sur son côté nord, elle dispose de cette hypothèse repose sur la nature de également d'une cellule de 1,5 m de côté l'orthostate A. S'il contribue à l'aménagement (photo 73). Aucun élément de couverture n'est du couloir, on peut alors envisager l'hypothèse avéré. Seuls quelques éléments de pavage sont d'une sépulture transeptée puisque la cellule 2 préservés sur environ 1 m . se greffe sur le couloir et non pas sur la chambre. Il est difficile de savoir s'il existe une En l'état, rien ne permet d'envisager la deuxième cellule latérale qui ferait face à celle présence d'un monument primitif ou de mise au jour. Deux éléments pourraient militer structures de marquage au sol (fossé...). Bien en faveur d'une autre cellule latérale : le bloc que le mobilier découvert à l'intérieur de la de schiste gréseux (G) identique à l'orthostate chambre indique des réoccupations (cf. infra : 2 B et la fosse d'implantation F.12. Dans ce cas, - Les vestiges mobiliers) aucune phase de nous aurions un monument cruciforme à transformation ou de reprise de la chambre simple transept et chambre terminale. n'a, par ailleurs, été perçue. Aucun élément ne permet de voir si la chambre a subi une Hypothèse 3 : tombe à couloir avec cellule évolution, par exemple au niveau de la cellule latérale adjointe à la chambre principale. Ce latérale. En l'état, le monument semble avoir type de monument reste peu fréquent été construit en une seule phase. Seul le massif (L'Helgouac'h, 1965). Les dolmens à couloir de présent sur la façade orientale du cairn Kermarquer à La Trinité-sur-Mer (Morbihan) correspond à un ajout (condamnation ? ou de Kerleven B à La Forêt-Fouesnant contrefort ?). (Finistère) - qui présente une chambre A ce stade de recherches, le monument principale à peu près carré et une cellule appartient à la famille des dolmens à couloir. latérale - constituent un bel exemple de ce type En ce qui concerne la morphologie de la d'architecture. Bien que très différent par la chambre, plusieurs interrogations subsistent. nature et la qualité de sa construction, le Les remaniements associés à la mise en place monument B de la nécropole de la Boixe à du moulin sud mais surtout la fouille partielle Vervant (Charente) comprend aussi une de la chambre limitent, en effet, le travail de

89 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

chambre principale associée à une chambre annexe carrée La difficulté, pour cette troisième hypothèse, est que la jonction chambre/couloir est mal caractérisée. Nous n'avons pas pu établir avec certitude si l'orthostate A participe à l'aménagement du couloir (même s'il s'agit de l'hypothèse la plus probable) ou s'il fait partie de la chambre. Comme dans l'hypothèse 2, il est difficile de savoir s'il existe une autre cellule latérale qui ferait face à celle mise au jour. Cependant, deux éléments pourraient militer en faveur d'une deuxième cellule latérale : le bloc de schiste gréseux (G) identique à l'orthostate B et la fosse d'implantation F. 12. Dans ce cas, nous aurions un monument proche du dolmen de Locqueltas à Locoal-Mendon (Morbihan).

Pour ajouter à la difficulté de restituer la morphologie de la chambre, soulignons que pour la plupart des chambres présentées dans les hypothèses précédentes se trouvent au sein de monuments quadrangulaires. Ce qui n'est pas le cas du tumulus étudié ici. Cela dit, des chambres de même type peuvent se trouver dans des tumulus de forme différente.

90 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Photo 70 : La Lande du Moulin, Langon (35) - vue générale du cairn et de la chambre.

Photo 71 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue verticale du cairn et de la chambre.

91 in - La Lande du Moulin Chapitre 3 - Le dolmen

72 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Vue générale de la chambre en fin de fouille.

73 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Chambre. Vue de la cellule. Les orthostates B et C ont été redressés pour les s de la photo.

92 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

2 - LES VESTIGES MOBILIERS la plus récente se trouve dans la couche la plus ancienne. Ce qui montre une fois de plus que la chambre présente des perturbations La majorité du mobilier archéologique importantes. (industrie lithique et céramique) a été retrouvé au fond de la chambre. Il a été enregistré par 2.1 LE MOBILIER CERAMIQUE (par X. US et pour partie repositionné sur plan (figure Hénaff, Inrap Grand-Ouest) 22). Le mobilier se concentre sur environ 2 m2 entre les blocs E et G et provient 2.1.1- Description du mobilier principalement de trois unités stratigraphiques : l'US.ll qui scelle les • Répartition et fragmentation éléments de pavage, l'US.12 et dans une moindre mesure l'US.13. Ces différents La répartition spatiale prend en compte tout le niveaux sont transpercés par un terrier. Une mobilier recensé, soit 232 tessons au total pour partie des artefacts est aussi issue du un poids de 1,70 kg (tableau 2), parmi lesquels remplissage des fosses F.5 et F.6. Enfin, quatre ont été dénombrés 87 éléments remarquables tessons ont été découverts parmi l'éboulis (tableau 3). présent sur la façade Est du dolmen. Les Tout le mobilier étudié provient de l'aire remontages (figure 23) effectués sur le mobilier interne de la chambre. La stratigraphie, céramique comprennent des associations entre partiellement conservée, a fait l'objet les différentes unités stratigraphiques, ce qui d'observations détaillées. Il ressort que les trois témoigne de fortes perturbations. niveaux distincts ont livré des quantités Les datations 14C réalisées sur des charbons disparates avec des relations intercouches, provenant des US.ll et 14 sont relativement montrant le remaniement important du homogènes et se rattachent à la phase de secteur. réutilisation du monument au cours du Chalcolithique/Campaniforme (tableau 1). Malgré un état de fragmentation élevé (très faible poids moyen des tessons), beaucoup de

US Réf. Labo. Date BP Date cal BC formes sont identifiables. Les individus sont 11 GrA- 38193 3960 +/- 40 2580..2340 majoritairement représentés par moins de 10 14 GrA- 38196 3890 +/- 40 2480..2270 tessons (tableau 4). La phase de remontage Tableau 1 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Datations 14C s'est révélée assez infructueuse, mais de obtenues dans la chambre. nombreux éléments dispersés ont pu être Nous devons souligner que les deux dates ne regroupés au sein d'un même individu. sont pas cohérentes avec les US puisque la date

US / Fait Nombre de Restes Micro-tessons éboulis Est 4 Fait 6 8 US11 61 8 US11/secteur F.12 42 8 US11 / Fond couloir 1 US12 74 24 US13 17 US14 1 non indiqué 24 TOTAL 232 40 Tableau 2 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Inventaire du mobilier céramique.

93 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Non US éboulis F.6 US 12 US 13 Total indiqué 11 est bords 1 5 3 4 2 1 16 bouton 1 1 iCfli cordon 1 1 u -0) -Ö incision 18 9 27 impression 9 17 10 36 aplati 1 1 TJ C plat 2 1 3 o UH ombiliqué 2 2 Total 1 15 41 27 2 1 87 Tableau 3 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Inventaire des éléments remarquables.

N° NR Profil Forme Périodisation G 7 partiel vase caréné à fond rond (?) Néolithique moyen II ? D 16 complet bol Néolithique final N 1 complet bol Néolithique final O 1 complet bol Néolithique final H 3 complet bol à fond aplati Néolithique final E 4 complet vase caréné à fond plat Néolithique final J 5 partiel vase caréné à fond rond ? Néolithique final P 4 partiel bol? Campaniforme A 6 partiel gobelet Campaniforme B 10 partiel gobelet Campaniforme F 15 partiel gobelet Campaniforme I 7 partiel gobelet Campaniforme K 10 partiel gobelet Campaniforme L 19 partiel gobelet Campaniforme M 3 partiel gobelet Campaniforme C 23 partiel vase en tonnelet Protohistoire s. 1. Tableau 4 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Inventaire des formes reconnues, état de conservation et périodisation. NR= nombre de restes.

Nous avons donc choisi de présenter le puis à 7 mm, soit 70 % du total (figure 24). matériel identifiable par période étant donné Pratiquement tous les tessons montrent une que l'examen des formes ainsi que celui des faible densité d'inclusions (5 %, voire parfois pâtes et des aspects de surface pour les 10 %, selon l'abaque de Mathew, Woods et éléments isolés le permettait. Oliver, cité dans Orton, Tyers et Vince, 1993).

La variabilité des inclusions au sein d'un A-Le substrat néolithique même individu est relativement importante : nous remarquons souvent des éléments • Présentation dépassant les 3 mm de diamètre, voire quelques grains de quartz de près d'un Sur les 232 tessons recensés au total (tableau 2), centimètre. Ces inclusions grossières affleurent 116 éléments sont attribuables au Néolithique parfois à la surface et provoquent des fissures sensu lato. Leur épaisseur varie de 4 à 13 mm en étoile caractéristiques qui apparaissent lors avec les valeurs les plus fréquentes à 5 mm du séchage du vase.

94 mobilier dessiné

limite d'emprise ceramique

moulin sud # : lithique

terrier » : n° d'enregistrement de mobilier l^.W^J rN-1 / / Y KtA VI I m :/ ^aBBMKglJM M Figure 22 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Répartition du mobilier à l'intérieur de la chambre (DAO : R Forré).

95 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Figure 23 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Remontages du mobilier céramique à l'intérieur de la chambre (DAO : P. Forré et X. Hénaff).

Neolithique

35% j 30%

25% fijM '

20% I

15% •

10% _ . i

I 1 M 5% y

i—i n1.1 0% . I !.. 1—1 , 1—1— 4 mm 5 mm 6 mm 7 mm 8 mm 9 mm 10 mm 11mm 12 mm 13 mm

Figure 24 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Diagramme des épaisseurs des tessons attribués au Néolithique.

96 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

La technique de montage au colombin a été la (<1 mm) est constitué principalement seule réellement identifiable sur l'ensemble du d'éléments de quartz anguleux, de corpus. A la faveur de cassures liées au manganèse et de plaquettes de mica, décollement des boudins d'argile, on a relevé, invisibles en surface. Une perforation soit un montage en biseau, soit un assemblage effectuée après cuisson est présente sur le en gouttière. col du vase ; il pourrait s'agir d'un trou de réparation. En ce qui concerne les traitements de surface, le travail de lissage est le plus fréquent. Vase E (planche 1, n° 7) Cependant, celui-ci est réalisé avec plus ou Fragments d'un vase caréné, légèrement moins de soin : on peut ainsi observer des fermé et à fond plat légèrement débordant. traces de montage et de modelage de la lèvre Le bord rentrant à lèvre ourlée mesure (léger débordement vers l'extérieur), de la 14 cm de diamètre à l'ouverture pour un panse (profil et épaisseur irréguliers) ou du diamètre maximum situé sur la carène de fond (jonction entre la paroi et la plaque de 15 cm. La paroi, épaisse de 7 mm, est de fond peu soignée), mal dissimulées. couleur noire au cœur et gris-noir en surface. Cette dernière est par ailleurs La grande majorité des tessons présente une marquée par de nombreuses traces de tranche sombre (noir à gris) et les surfaces lissage. Le dégraissant à granulométrie affichent une large gamme de couleurs, du moyenne (<3 mm) est constitué noir uniforme à l'orange en passant par le principalement d'éléments de quartz brun, le beige, le rouge. Par conséquent, une anguleux, de manganèse et de plaquettes cuisson dans un premier temps réductrice de mica, dont certains éléments plus semble la règle générale. Par la suite, un grossiers sont saillants en surface. maintien de la réduction, une oxydation complète et/ou partielle sont possibles. Il est Vase ] (planche 1, n° 8) évident que de tels changements peuvent être Fragments d'un vase caréné, à bord rentrant le résultat de multiples facteurs volontaires et de 15 cm de diamètre maximum situé sur (type de structure de combustion, de chaîne la carène. La paroi, épaisse de 5 mm, est de opératoire) et involontaires (type d'argile...) couleur noire au cœur et brun-noir en (Martineau et Pétrequin, 2000). surface. Le montage, peu soigné, laisse apparaître de nombreuses traces de lissage. • Les vases individualisés Le dégraissant à granulométrie moyenne (<3 mm) est constitué principalement L'essentiel du mobilier étant identifiable, nous d'éléments de quartz anguleux, de avons choisi de décrire tous les individus manganèse et de plaquettes de mica, dont remarquables. Des fragments de bords certains éléments plus grossiers présents en petite quantité ont été également apparaissent en surface. isolés, mais ils ne permettent pas de proposer Le décor incisé réalisé à l'aide d'une tige de restitution de forme (planche 1, n° 1-5). végétale, est constitué d'un panneau de cannelures horizontales sur lequel est Formes segmentées appliqué un second panneau de cannelures verticales. Vase G (planche 1, n° 6) Fragments d'un vase caréné, à col concave Formes simples de 22 cm de diamètre à l'ouverture. La paroi, épaisse de 5 mm, est de couleur noire Vase D (planche 1, n° 9) au cœur et brun-noir en surface. Le Fragment d'un bol au profil ovoïde montage, soigné, laisse apparaître la mise d'environ 7 cm de diamètre à l'ouverture. en forme de la carène et quelques traces de La paroi, épaisse de 8 mm, est très lissage. Le dégraissant à granulométrie fine irrégulière et de couleur noire au cœur et

97 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

brun-noir en surface. Le dégraissant à principalement d'éléments de quartz granulométrie moyenne (<3 mm) est anguleux, de manganèse et de plaquettes constitué principalement d'éléments de de mica. On remarque une disparité dans quartz anguleux, de manganèse et de le traitement de surface : la paroi plaquettes de mica dont certains éléments extérieure est soignée, tandis que la paroi plus grossiers apparaissent en surface. Les intérieure présente de nombreuses traces parois intérieures et extérieures présentent de lissage ainsi que des craquelures. de nombreuses traces de lissage ainsi que des craquelures en étoile. Un arrachement placé sur le diamètre maximum semble B -Le Chalcolithique / Campaniforme indiquer l'emplacement d'un moyen de préhension et/ou de suspension • Présentation aujourd'hui disparu. Sur les 232 tessons recensés au total, 89 Vase N (planche 1, n° 10) éléments sont attribuables au Fragment d'un bol au profil ovoïde Chalcolithique/Campaniforme. Leur épaisseur d'environ 7 cm de diamètre à l'ouverture. varie de 4 à 7 mm avec les valeurs les plus La paroi, épaisse de 5 mm, est de couleur fréquentes à 5 mm et à 7 mm, soit 90 % du total noire au cœur et en surface. Le dégraissant (figure 25). Pratiquement tous les tessons à granulométrie moyenne (<3 mm) est montrent une faible densité (5 %) d'inclusions, constitué principalement d'éléments de ayant subi un tri systématique permettant une quartz anguleux, de manganèse et de grande homogénéité des pâtes. Cependant, un plaquettes de mica dont certains éléments individu, qui pourrait appartenir à la catégorie plus grossiers apparaissent en surface. Les des céramiques d'accompagnement, présente parois intérieures et extérieures présentent des éléments dépassant les 2 mm de diamètre de nombreuses traces de lissage ainsi que au sein d'une pâte plus grossière. Ces des craquelures en étoile. inclusions grossières affleurent parfois à la surface du vase. Vase O (planche 1, n° 11) Fragment d'un bol aux parois légèrement Deux techniques de montage ont été évasées, au fond aplati, d'environ 6 cm de identifiables sur l'ensemble du corpus : le diamètre à l'ouverture. La paroi, épaisse de colombin et la bande ou ruban. A la faveur de 6 mm, est de couleur noire au cœur et brun- cassures liées au décollement des boudins et noir en surface. Le dégraissant à rubans d'argile, on a relevé un montage en granulométrie moyenne (<3 mm) est biseau. constitué principalement d'éléments de En ce qui concerne les traitements de surface, quartz anguleux, de manganèse et de un important travail de lissage puis de plaquettes de mica dont certains éléments polissage est systématiquement appliqué sur plus grossiers apparaissent en surface. Les les gobelets. Ainsi, toute trace de montage et parois intérieures et extérieures présentent de modelage du vase a disparu. de nombreuses traces de mise en forme et de lissage. La grande majorité des tessons présente une tranche sombre (noir à gris) et les surfaces Vase H (planche 1, n° 12) affichent une nuance de rouges qui indiquent Fragment d'une forme basse au profil ouvert, une cuisson réductrice puis une oxydation au fond aplati et à lèvre ogivale d'environ complète terminale. 7 cm de diamètre à l'ouverture. La paroi, épaisse de 8 mm en moyenne, est de couleur noire au cœur et brun à beige en surface. Le dégraissant à granulométrie moyenne (<3 mm) est constitué

98

Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Figure 25 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Diagramme des épaisseurs des tessons attribués au Campaniforme.

• Les vases individualisés constitué principalement d'éléments de quartz anguleux, de manganèse et de Quelques fragments de bords isolés ont été plaquettes de mica qui étaient probablement dessinés (planche 2, n° 1-5). invisibles en surface. Le décor, réalisé à la coquille, est constitué de bandes de chevrons Les gobelets jointifs de largeur équivalente aux bandes non décorées, elles-mêmes divisées au centre Vase A (planche 2, n° 6) par une ligne simple, et répétées par Fragments d'un gobelet à profil en S dont le translation. diamètre à l'ouverture n'est pas déterminable. La paroi, épaisse de 5 mm, est Vase F (planche 2, n° 8) de couleur noire au cœur et rouge à orangé Fragments d'un gobelet à profil en S dont le en surface. Le dégraissant à granulometrie diamètre au milieu du col est de 10 cm. La fine (<1 mm) est constitué principalement paroi, épaisse de 5 mm, est de couleur noire d'éléments de quartz anguleux, de au cœur et rouge à orangé en surface. Le manganèse et de plaquettes de mica qui dégraissant à granulométrie fine (<1 mm) est étaient probablement invisibles en surface. constitué principalement d'éléments de Des traces d'un engobe rouge sont encore quartz anguleux, de manganèse et de visibles sur le col. Le décor, réalisé à la plaquettes de mica qui étaient probablement coquille, est constitué de bandes hachurées invisibles en surface. Le décor, réalisé à la de largeur équivalente aux bandes non coquille, est constitué de lignes simples décorées, elles-mêmes divisées au centre par distantes de 3 mm, répétées par translation. une ligne simple, et répétées par réflexions alternes. Vase I (planche 2, n° 9) Fragments d'un gobelet à profil en S dont le Vase B (planche 2, n° 7) diamètre au niveau du point d'inflexion de Fragments d'un gobelet à profil en S dont le la panse est de 10 cm. La paroi, épaisse de 5 diamètre au milieu du col est de 12 cm. La mm, est de couleur noire au cœur et rouge paroi, épaisse de 7 mm, est de couleur noire sombre en surface. Le dégraissant à au cœur et rouge à orangé en surface. Le granulométrie fine (<1 mm) est constitué dégraissant à granulometrie fine (<1 mm) est principalement d'éléments de quartz

100 Planche 2 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Mobilier céramique campaniforme et protohistorique (?) (dessins : Ph. Forré).

101 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

anguleux, de manganèse et de plaquettes de surface. Le dégraissant à granulométrie fine mica qui étaient probablement invisibles en à moyenne (<2 mm) est constitué surface. Le polissage très soigné de cet principalement d'éléments de quartz individu est encore visible sur le col. Le anguleux, de manganèse et de plaquettes de décor, réalisé à la coquille, est constitué de mica. Malgré un travail soigné, les parois bandes de triangles jointifs pointe en bas, de présentent de nombreuses traces de lissage séries de quatre lignes simples et d'une ainsi que des craquelures. Il pourrait s'agir bande d' « échelles brisées » ; ce décor d'un vase appartenant à la céramique semble organisé par translation. d'accompagnement campaniforme.

Vase K (planche 2, n° 10) Vase L (planche 2, n° 13) Fragments d'un gobelet à profil en S Fragment d'un vase au profil indéterminé et d'environ 10 cm de diamètre à l'ouverture. à lèvre aplatie d'environ 14 cm de diamètre à La paroi, épaisse de 5 mm, est de couleur l'ouverture. La paroi, épaisse de 7 mm, est noire au cœur et beige à orangé en surface. de couleur noire au cœur et orangé en Le dégraissant à granulométrie fine (<1 mm) surface. Le dégraissant à granulométrie fine est constitué principalement d'éléments de (<1 mm) est constitué principalement quartz anguleux, de manganèse et de d'éléments de quartz anguleux, de plaquettes de mica qui étaient probablement manganèse et de plaquettes de mica. Il invisibles en surface. Le décor, réalisé à la pourrait d'agir d'un gobelet non orné ou coquille, est constitué de bandes hachurées d'une autre forme à profil en S appartenant à de largeur équivalente aux bandes non la céramique d'accompagnement décorées, elles-mêmes divisées au centre par campaniforme. une ligne simple, et répétées par réflexions alternes. C-La Protohistoire s. I. Vase M (planche 2, n° 11) Faute de raccords physiques, nous avons Un individu seulement pose des problèmes de choisi d'individualiser les fragments d'un datation et nous avons choisi de le présenter à fond ombiliqué d'environ 8 cm de diamètre. part. Il pourrait s'agir d'une forme La paroi, épaisse de 5 mm, est de couleur protohistorique et notamment de l'âge du noire au cœur et orangé en surface. La pâte Bronze. Néanmoins, il est aussi possible qu'il présente un dégraissant à granulométrie fine s'agisse d'un vase néolithique. Des formes (<1 mm) constitué principalement relativement proches et d'influence « Seine- d'éléments de quartz anguleux, de Oise-Marne » ont été découvertes dans la manganèse et de plaquettes de mica. Le sépulture de Crec'h Quillé à Saint-Quay-Perros montage du fond, réalisé au colombin, est (22) ou encore dans l'allée couverte de lisible : on peut remarquer la déformation Kerbannalec à Beuzec-Cap-Sizun (29). de la plaque de fond afin de réaliser la forme ombiliquée ainsi que la jonction avec le Vase C (planche 2, n° 14) premier colombin constituant la base de la Fragments d'un vase au profil paroi du vase. probablement en tonnelet, à bord infléchi et à lèvre ourlée d'environ 11 cm de diamètre Les autres formes (céramique à l'ouverture. La paroi, épaisse de 7 mm, est d'accompagnement ?) de couleur rouge sombre au cœur et brun- noir en surface. Le fond plat, de 8 cm de Vase P (planche 2, n° 12) diamètre, est légèrement débordant. Le Fragment d'un vase au profil ouvert et à dégraissant à granulométrie fine à moyenne lèvre ogivale d'environ 14 cm de diamètre à (<2 mm) est constitué principalement l'ouverture. La paroi, épaisse de 7 mm, est d'éléments de quartz anguleux, de de couleur noire au cœur et brun-rouge en manganèse et de plaquettes de mica, dont

102 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

certains éléments saillants en surface, Néolithique final régional, dont les aires de mesurent 3 à 4 mm. répartition s'étendent au Massif armoricain Le « décor incisé » présent sur toute la et plus particulièrement sur la zone littorale surface du vase, se compose d'un (L'Helgouac'h 1962, 1967; Bailloud 1975; assemblage de stries et parfois de Pollès 1985, 1986). Loin de vouloir prétendre cannelures ne répondant à aucune à une étude exhaustive, nous ne organisation précise. Il correspond présenterons que quelques exemples probablement à un traitement de surface significatifs de ces « styles » régionaux. peu soigné. Un tesson orné d'une languette appliquée Du point de vue technique, la céramique de (planche 2, n° 15) pourrait lui appartenir Langon se caractérise par une pâte de facture (type de pâte similaire). grossière (aspect hétérogène dû à un malaxage peu rigoureux) et un lissage de 2.1.2 - Comparaisons régionales surface sommaire (surface irrégulière, avec parfois un aspect « grumeleux ») tout à fait A-Le substrat néolithique comparable aux productions régionales contemporaines. Un premier individu (Vase G) présente un Du point de vue morphologique, tous les aspect très différent du reste du corpus individus de Langon s'intègrent dans le attribué au Néolithique. En effet, la qualité tant corpus local. Les vases carénés rappellent technique qu'esthétique de ce vase (planche 1, certaines formes de Butten-er-Hah à n° 6) nous laisse envisager une datation plus Groix (Morbihan), du dolmen sud du Mané ancienne. Ce grand vase caréné à col concave Meur à Quiberon (Morbihan), de la pourrait être plus en accord avec les sépulture coudée du Rocher au Bono productions du Néolithique moyen. Ainsi, (Morbihan), mais également du site d'habitat aurions-nous un des rares témoins conservés de Pléchâtel (Ille-et-Vilaine) (Bailloud 1975 ; contemporain de la phase d'édification du Pollès 1985 ; Tinévez et al. 2004) (planche 3, tumulus. n° 1-6). Les bols hémisphériques ou à bord droit et fond parfois aplati sont connus à L'aspect de la pâte, la morphologie ainsi que Conguel (Morbihan), à Butten-er-Hah les quelques décors des autres vases présents (Morbihan) et dans le dolmen de Kercado à Langon rappellent les styles définis pour le

Planche 3 : quelques éléments de comparaison régionaux avec les individus provenant de Langon (Ille-et-Vilaine) - 1-3 : Butten-er-Hah, Groix ; 4 : Mané-Meur, Quiberon ; 5 : Le Rocher, Le Bono ; 6-7 : La Hersonnais, Pléchâtel ; 8-9 : Groh- Collé, Saint-Pierre-Quiberon (d'après L'Helgouac'h 1962, Bailloud 1975, Tinevez et alii 2004).

103 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

à Carnac (Morbihan) (L'Helgouac'h 1962 ; caractérise généralement par une pâte Pollès 1985) (planche 3, n° 7). composée d'une argile très épurée, présentant une texture fine à très fine. Les Rares, les éléments décorés de Langon sont traitements de surfaces, très élaborés, similaires aux styles évoqués montrent un polissage final qui a fait précédemment : un décor incisé est réalisé disparaître les éléments superficiels du avant la cuisson du vase ; il se développe dégraissant. Le montage au colombin ou en uniquement sur la partie supérieure du ruban est la technique employée à Langon. récipient ; les motifs de lignes horizontales ou verticales ont un aspect peu soigné. Le Bien que nous ne possédions aucun profil motif de Langon (planche 1, n° 8) correspond complet, la morphologie des divers éléments de toute évidence à la superposition de appartenant à des gobelets décorés à profil en panneaux incisés présents à Groh-Collé en S est assez homogène (planche 2, n° 6-10). Les Quiberon (Morbihan), à Er-Lannic en Arzon bords sont déversés et les lèvres effilées, tandis (Morbihan) ou à Pléchâtel (Ille-et-Vilaine) que le fond est ombiliqué (planche 2, n° 11). (planche 3, n° 8-9) (Bailloud 1975 ; Tinévez et Ces individus appartiennent à ce que l'on al. 2004). nomme généralement le « set campaniforme » (Salanova 2000). Un dernier bord, plus épais Ainsi, malgré la faiblesse du corpus, les que les précédents, pourrait appartenir à un caractéristiques de la série céramique gobelet mais dans sa variante sans décor (Type mettent en évidence le lien étroit avec les 1 de Marie Besse ; Besse 1996,2003). styles régionaux, dont la distinction chrono- typologique a fait l'objet récemment d'une Les décors, réalisés à la coquille, ne sont révision dans le cadre d'un travail présents à Langon que sur les gobelets à profil universitaire (Giovannacci 2006). En effet, leur en S. Ils appartiennent au style dit définition n'est pas satisfaisante en l'état actuel « épimaritime ». Les motifs présents à Langon de la recherche et la question de l'individualité sont très courants sur le Massif armoricain et des « styles » de Groh-Collé et Conguel se les éléments de comparaison nombreux. posait depuis quelques années (Tinévez et al. Cependant, il est important de noter que le site 2004). Après analyse détaillée des ensembles de Langon est situé dans une zone recensés, l'existence du Kerugou est validée. géographique rarement abordée dans les Par ailleurs, ce style est antérieur aux autres publications dressant notamment un état des styles « historiques » de Groh-Collé/Conguel découvertes récentes (Salanova 2000 ; Le qui ne formeraient, quant à eux, que des Boulaire 2005). variations locales d'un même ensemble (à Ces motifs sont, soit constitués de lignes définir donc) contemporain de l'arrivée des simples répétées par translation (planche 2, n° premiers Campaniformes à la fin de la 8) ; soit de bandes hachurées de largeur première moitié du lile millénaire équivalente aux bandes non décorées, elles- (Giovannacci 2006). mêmes divisées au centre par une ligne simple, et répétées par réflexions alternes (planche 2, B - Le Chalcolithique / Campaniforme n° 6,10) ; soit de bandes de chevrons jointifs de largeur équivalente aux bandes non décorées, Tant par les aspects de la pâte, leur elles-mêmes divisées au centre par une ligne morphologie que par leurs décors, les vases simple, et répétées par translation (planche 2, (qui pourraient être liés à la dernière phase n° 7). Ces vases correspondent au « standard » d'utilisation du tumulus de Langon) campaniforme. s'intègrent parfaitement dans les ensembles Un dernier motif plus complexe (planche 2, n° campaniformes régionaux (Salanova 2000 ; Le 9) est constitué de bandes de triangles jointifs Boulaire 2005). pointe en bas, de séries de quatre lignes A l'instar de ces séries contemporaines, la simples et d'une bande « d'échelles brisées » ; céramique campaniforme de Langon se ce décor semble organisé par translation. Cet

104 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion individu témoigne, quant à lui, d'une phase occupation mésolithique intrusive. récente de la période, dite de « régionalisation Néanmoins, de telles pièces (notamment en des styles ». opale résinite) sont aussi connues dans des contextes plus récents (information de P. Forré, Enfin, n'oublions pas la présence d'éléments Inrap). La chambre a donc livré trente et une plus grossiers (planche 2, n° 12-13) qui peuvent pièces. Les importants remaniements déjà être des individus appartenant à la céramique évoqués à plusieurs reprises nous incitent à « d'accompagnement » campaniforme (Besse considérer l'homogénéité de la série avec 1996, 2003). Cependant, des réserves beaucoup de prudence, ce d'autant plus que la s'imposent sur la raison de leur présence en un typologie des objets ou encore les matériaux milieu sépulcral, qui rappelons-le, est en partie utilisés sont relativement variés. remanié. En effet, ce type de mobilier est en général associé à l'habitat (Besse 2003). 2.2.1 L'industrie lithique taillée

2.1.3 - Conclusion L'industrie lithique taillée compte 27 artefacts. Les deux tiers des pièces sont en silex (17 Malgré un fort arasement et des remaniements individus). Les autres sont en quartzarénite de importants, le monument de la « Lande du Montbert ou de Nort-sur-Erdre (6 individus), Moulin » a livré un corpus suffisamment bien en opalite (2 individus), en meulière (1 conservé pour permettre d'établir un phasage individu) et en grès armoricain (1 individu). chronologique. Ce monument est par ailleurs Une rapide étude des matières premières un exemple assez « classique » de réutilisation effectuées par P. Forré (Inrap) montre que le des espaces sépulcraux par les différentes spectre des provenances des roches est populations qui se sont succédées sur un relativement large (tableau 5). Néanmoins, une même territoire. Rappelons pour exemple que origine ligérienne semble la plus probable le dolmen de Conguel (Morbihan) a fourni un pour une grande partie de l'ensemble. cas de figure très similaire à Langon illustrant Plus de la moitié des pièces recueillies la transition, au milieu du Ille millénaire, du correspond à des éclats ou des débris (14 Néolithique final au Campaniforme individus). Un des éclats comporte des (L'Helgouac'h, 1962). retouches d'utilisation (Planche 5, n° 2). Cinq In fine, il est important de noter que le tumulus produits laminaires entiers ou fragmentés ont de « La Lande du Moulin » est installé au cœur également été découverts. Il faut noter que sur d'une vaste nécropole connue depuis de les six pièces en quartzarénite, cinq sont des nombreuses années par des prospections, qui supports allongés (planche 4, n° 10-11, planche pourrait apporter de nombreuses informations 5, n° 4). La sixième pièce correspond à un éclat sur cette période encore mal connue dans le qui comporte des négatifs d'enlèvement bassin de la Vilaine. lamellaire. Cette série en quartzarénite est a priori homogène et semble issue d'une même production orientée vers la l'obtention de 2.2 LE MOBILIER LITHIQUE supports allongés. La seule lame entière est en silex. Elle est à 2 pans et mesure 63 mm de Trente trois objets lithiques ont été recueillis long pour 18 mm de large et 5 mm d'épaisseur lors de la fouille du monument. Dans cette (planche 4, n° 9). Un fragment mésial de lame étude, nous avons aussi intégré un grand (quartzarénite) à 3 pans comporte de probables cristal de roche trouvé dans le moulin nord. retouches d'utilisation (planche 4, n° 11). L'objet pourrait, en effet, provenir du dolmen. Le reste de la série comprend huit objets Deux éléments ont été découverts à la surface façonnés : du cairn. Il s'agit d'un nucleus à lamelles et - un grattoir sur lame en silex. Il mesure 42 mm d'un fragment de meulière provenant sans de long pour 22 mm de large et 6 mm doute d'une meule du moulin. Par sa d'épaisseur (planche 4, n° 6). La retouche, morphologie, le nucleus à lamelles (planche 5, semi-abrupte directe, a affecté un des bords et n° 5) est probablement à rattacher à une

105 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion l'extrémité distale du support afin de façonner section est ovalaire. La perforation mesure 5 un front semi-circulaire. L'autre bord présente mm de diamètre. Cette perle a été portée. Le des retouches ponctuelles. micaschiste étant particulièrement tendre, la - un grattoir sur éclat en silex. Il mesure 44 mm pièce présente, en effet, une usure importante de long pour 30 mm de large et 10 mm qui a élargi et déformé la perforation d'origine. d'épaisseur (planche 4, n° 7). La retouche, semi-abrupte à abrupte directe, a affecté les 2.2.3 Les objets en quartz et en cristal de roche bords et l'extrémité distale du support afin de façonner un front semi-circulaire. Hormis la pendeloque en cristal de roche - un fragment de grattoir (sur éclat ?) en silex. décrite précédemment, deux autres éléments Le front est irrégulier (planche 4, n° 8). Il a été ont été découverts dans la chambre. Un façonné par des retouches semi-abruptes fragment de cristal de roche provient de l'US. directes qui affectent également un des bords. 11. La pièce mesure 40 mm de long pour 23 - un grattoir sur fragment distal d'une lame ou mm de large et 15 mm d'épaisseur (photo 75). d'un éclat laminaire (quartzarénite). Les bords Ses deux extrémités présentent des du support présentent des retouches fracturations probablement d'origine d'utilisation (planche 5, n° 1). anthropique. Enfin, un petit bloc de quartz - deux petites bitroncatures (en opalite et en retrouvé au sein de la concentration de meulière) correspondent probablement à des mobilier, est couvert de petits cristaux sur armatures à tranchant transversal et retouches deux de ses faces. Cependant, sa présence est abruptes des bords. Elles sont trapézoïdales et peut-être fortuite puisqu'il peut s'agir d'un d'assez mauvaise facture (planche 4, n° 1-2). éclat détaché d'un des orthostates en quartz. - une armature de flèche foliacée cordiforme Un troisième élément a été découvert à (silex blond) également de mauvaise facture. l'intérieur du moulin nord. Il s'agit d'un cristal La pièce mesure 31 mm de long pour 24 mm de roche tout a fait remarquable, ne serait-ce de large et 8 mm d'épaisseur (planche 4, n°3). que par ses dimensions. La pièce mesure 106 - un éclat retouché obtenu dans une hache mm de long pour 60 mm de diamètre (photo polie (silex) réutilisée en nucleus (planche 5, n° 74). Elle présente des stigmates de percussion 3). sur ses deux extrémités. Ce type de minéral ne se trouve pas dans les schistes environnants. Il 2.2.2 Les éléments de parure faut se rendre sur les filons de quartz situés à quelques kilomètres en périphérie du site. Le Deux éléments de parure ont été découverts à secteur de Renac offre, par exemple, plusieurs l'intérieur de la chambre. affleurements de quartz riches en géodes. Les Le premier, issu de l'US 12, a été réalisé dans cristaux que l'on connaît sur ces gîtes restent un prisme en cristal de roche et mesure 28 mm toutefois moins grands. La pièce est donc de long (planche 4, n° 4 et photo 76). La d'une dimension peu commune pour la région perforation (biconique) a été effectuée sur la et a, de toute évidence, été apportée sur le site. racine du cristal c'est-à-dire sur la partie la La présence de cet objet à l'intérieur du moulin moins épaisse de la pièce. Les facettes du est pour le moins étonnante. Nous ne pouvons cristal d'origine sont totalement émoussées. bien sûr pas démontrer que la pièce provient Après examen à la loupe binoculaire, du mégalithe mais l'hypothèse reste plausible. l'émoussé observé sur toute la surface de la Rappelons notamment que plusieurs blocs de pendeloque ne semble pas d'origine naturelle poudingue présents dans les fondations du (pièce ramassée sur l'estran...). Il pourrait être moulin nord proviennent sans doute du dû à un polissage très fin ou des frottements dolmen. Il n'est donc pas impossible que le prolongés. cristal en question ait alors été remarqué lors du démontage du monument. Le second élément de parure provient d'un Un inventaire effectué récemment (Cassen, terrier qui perturbe le fond de la chambre. La 2000) montre que les cristaux bruts de quartz perle, de forme tubulaire, a été réalisée dans ne sont pas rares dans les structures funéraires du micaschiste (planche 4, n° 5 et photo 77). Sa

106 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

terrier, US.12, n" 59 US. 12, tamis

US. 12, tamis terrier «B>

US. 12, n" 70 n° 66

US.11, n" 24

US. 13, n" 52 A A US.11, n° 18 US.11, n° 17 l

y I 10

Planche 4 : La lande du Moulin, Langon (35) - n° 1 et 2 : flèche tranchante ; n° 3 : pointe foliacée cordiforme ; n° 4 : pendeloque en cristal de roche ; n° 5 : pendeloque en micaschiste ; n° 6 à 8 : grattoir ; n° 9 et 10 : lame ; nc 11 : fragment de lame retouchée (Dessin : S. Blanchet et P. Forré, DAO : P. Forré).

107 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

n°68 terrier, US. 12, n" 57 US.11, n° 11 U

surface cairn

US.11, n° 8

Planche 5 : La lande du Moulin, Langon (35) - n° 1 : grattoir sur éclat laminaire ; n° 2 : éclat retouché ; n° 3 : éclat de hache polie retouché ; n° 4 : éclat lamellaire retouché ; n° 5 : nucléus lamellaire (Dessin : S. Blanchet et P. Forré, DAO : P. Forré).

Photo 74 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cristal de roche découvert dans le moulin nord. Des stigmates de percussion sont présents sur les deux extrémités de la pièce (photo : H. Paitier).

108 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale etdiscussio n

Photo 75 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Cristal de roche (photo : H. Pai tier).

Photo 78 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Pointe de flèche foliacée en silex (photo : H. Paitier).

en élévation de Bretagne et plus largement d'Europe occidentale.

Attribution chronologique

Le contexte de découverte (sépulture collective et à longue durée d'utilisation) rend difficile la discrimination des objets lithiques découverts et leur association avec les différentes phases d'occupation. Nous sommes confrontés à des problèmes d'homogénéité amplifiés par de multiples perturbations (terrier, démantèlement du dolmen). Enfin, de nombreuses pièces sont ubiquistes. Des artéfacts comme les grattoirs peuvent aussi bien se retrouver dans des ensembles du Photo 76 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Pendeloque en cristal de roche (photo : H. Paitier). Néolithique moyen que dans des ensembles du Néolithique final ou du Campaniforme. Il faut aussi tenir compte du contexte de dépôt. Ainsi, les éléments laminaires - que nous serions plutôt enclin à rattacher au Néolithique moyen - peuvent aussi bien être attribués au Néolithique récent/final ou au Campaniforme dans la mesure où un choix des objets à déposer a pu être effectué. Cela dit, vu le pourcentage d'éclats retrouvés dans la sépulture, ce choix ne semble pas avoir été guidé par le prestige (grandes lames...) des pièces. Photo 77 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Pendeloque Finalement, les éléments les plus en micaschiste (photo : H. Paitier). caractéristiques correspondent aux armatures de flèche. La pointe foliacée cordiforme se

109 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

retrouve plutôt dans les contextes du éléments de parure retrouvés au sein de la Néolithique final voire du Campaniforme. Les chambre ne peuvent être rattachés avec deux armatures tranchantes se rattachent plus certitude au Campaniforme, au Néolithique vraisemblablement au Néolithique moyen. Les final ou moyen. Trop d'interrogations pèsent pièces laminaires semblent constituer un sur la cohérence et le contexte de découverte ensemble homogène que nous serions tentés des petits assemblages régionaux. Notons que d'attribuer au Néolithique moyen. Elles les pendeloques en cristal de roche restent peu peuvent être comparées à celles découvertes fréquentes dans la région. La sépulture à dans le dolmen de Château Bû à Saint-Just entrée latérale de Tréal à Saint-just (35) a livré (35). Néanmoins, des pièces très comparables une pendeloque en cristal de roche. Une autre (matière première, typologie) ont aussi été provient de la sépulture à entrée latérale de retrouvées dans la sépulture à entrée latérale Beaumont à Saint-Laurent-sur-Oust (56) de Tréal à Saint-Just, c'est-à-dire dans un (Tinevez, 1988). contexte du Néolithique récent/final. Les deux

Fait n us type matière origine Chambre 8 11 éclat lamellaire quartzarénite Montbert ou Nort/Erdre (44) Chambre 10 11 cristal de roche fragmenté à ses deux extrémités quartz Massif armoricain éclat issu d'une hache polie. L'éclat présente des Bassin Sud-sarthois ou plaine de Chambre 11 11 silex retouches Caen Chambre 12 11 éclat silex Alluv. Loire ou Manche Chambre 13 11 lamelle quartzarénite Montbert ou Nort/Erdre (44) Chambre 17 11 fragment distal lame à 2 pans quartzarénite Montbert ou Nort/Erdre (44) fragment mésial d'une lame à 3 pans. Possibles Chambre 18 11 quartzarénite Montbert ou Nort/Erdre (44) retouches d'utilisation Chambre 24 11 fragment grattoir (sur éclat ?) silex Bassin Sud-sarthois Chambre 25 11 éclat. Présence de petits cristaux sur deux faces quartz Massif armoricain Chambre 31 11 éclat silex Alluvions Loire ou Manche Chambre 47 11 éclat semi-cortical. Cortex frais. silex Alluvions Loire ou Manche Chambre 52 13 lame à 2 pans silex Bassin Sud-sarthois Chambre 53 13 éclat quartzarénite Montbert ou Nort/Erdre (44) Bassin Sud-sarthois ou plaine de Chambre 57 12 éclat retouché silex Caen Chambre 59 12 armature foliacée cordiforme. silex Alluvions Loire ou Vallée du Cher Chambre 60 12 éclat grès armoricain Massif armoricain Chambre 66 / grattoir sur lame silex gris-blond Alluvions Loire grattoir sur éclat laminaire. Retouches Chambre 68 quartzarénite Montbert ou Nort/Erdre (44) d'utilisation sur un bord. Chambre 70 12 grattoir sur éclat silex Bassin Sud-sarthois Chambre 71 12 éclat silex Alluvions Loire ou Manche Chambre 11 (tamis) fragment éclat silex Alluvions Loire ou Manche pendeloque en cristal de roche. Perforation Chambre / 12 (tamis) quartz Massif armoricain biconique. Arêtes de la pièce émoussées. Chambre 12 (tamis) éclat. Présence de néocortex. Légère patine silex Alluvions Loire Chambre 12 (tamis) bitroncature. Probable flèche tranchante. meulière Saumurois ou Baugeois Chambre 12 (tamis) éclat silex Alluvions Loire ou Manche Chambre 12 (tamis) éclat silex Alluvions Loire ou Manche Chambre / 13 (tamis) fragment proximal d'éclat silex Alluvions Loire ou vallée du Cher Chambre 13 (tamis) débris silex Alluvions Loire ou Manche Chambre tamis éclat cortical. Cortex frais opalite Saumurois ou région parisienne Fosse 5 / / bitroncature. Probable flèche tranchante. opalite Région parisienne Terrier dans perle micaschiste Massif armoricain chambre Surface nucléus à lamelle. Présence de cortex roulé. / / silex Alluvions Loire cairn Pièce mésolithique ? Surface débris provenant vraisemblablement d'une / / meulière Région parisienne cairn meule du moulin. Tableau 5 : La Lande du Moulin, Langon (35) - Inventaire du mobilier lithique.

110 Chapitre 4

Conclusion générale et discussion

Stéphane BLANCHET Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

La fouille d'un dolmen surmonté d'un moulin l'époque de son utilisation alors que le tumulus reste peu banale. Cependant, le remploi de visible de loin devait marquer le paysage. C'est à monuments mégalithiques ou d'édifices partir de l'architecture externe que l'on a toujours antiques comme base de construction de différencié ces structures ». (Joussaume, 2006). moulins n'est pas isolé. Ainsi, le tumulus du C'est notamment cette approche « par Moulin de la Motte à Pornic (Loire-Atlantique) l'extérieur » croisée avec l'étude des chambres présente un moulin à son sommet. A Carnac funéraires que R. Joussaume, et d'autres par la (Morbihan), le moulin de Kerguoc'h est suite, vont privilégier dans leur travaux sur le construit sur un monument mégalithique qui mégalithisme. aurait été partiellement exploré par Z. Le Rouzic (information C. Obeltz). Enfin, en Une attention particulière a donc été portée au Charente-Maritime, sur le célèbre site du Fâ, cairn. Néanmoins, les démontages sont restés un moulin est édifié sur le podium circulaire limités et ne permettent sans doute pas de d'un temple gallo-romain. mettre en évidence toute la complexité du tumulus. En l'état actuel des recherches, le Sur le site de Langon, les importantes cairn est de forme grossièrement circulaire perturbations, en partie liées à l'installation (même si sa façade orientale est aplatie) et ne des moulins nord et sud, n'ont bien sûr pas semble pas avoir connu d'histoire facilité l'étude et la caractérisation du architecturale complexe. D'après les mégalithe présenté ici. Néanmoins, c'est la observations que nous avons pu réaliser, il fouille partielle de la structure qui contraint le aurait été conçu en une unique phase. Seul le plus fortement l'analyse du dolmen et de son massif dégagé partiellement sur la façade tumulus. Rappelons que près des deux tiers du orientale du monument semble correspondre à monument n'ont pas été fouillés. Ils se situent, un ajout postérieur (contrefort ? dispositif de en effet, sur deux parcelles voisines qui condamnation ?...). n'étaient pas concernées par le projet. Dans la En ce qui concerne la chambre, sa typologie a parcelle située au sud (celle où se trouve le déjà été discutée précédemment (cf. supra : 1.6 couloir du dolmen), de récentes plantations Synthèse et discussion) et ne peut être établie d'arbres risquent à moyen terme avec certitude. Les éléments mis au jour d'endommager le monument. Dans la parcelle permettent, a priori, d'exclure l'existence d'une située à l'ouest, une sapinière assez ancienne a chambre circulaire. A moins, qu'une telle sans doute fortement dégradé le cairn. Un structure n'ait existé dans une phase primitive certain nombre de questions - concernant la du monument. Néanmoins, aucun indice allant typologie de la chambre, la morphologie du dans ce sens n'a été observé. Les éléments couloir mais aussi la conception précise du architecturaux mis au jour nous orientent cairn - restent donc sans réponses. plutôt vers une chambre quadrangulaire Une série d'études complémentaires seraient (compartimentée ?) à cellule latérale ou vers également à effectuer. Nous pensons en une tombe transeptée. A l'instar du cairn, la particulier à l'étude technologique des dalles chambre ne semble pas avoir connu de schiste utilisées pour la construction du d'évolution hormis la ou les phases de monument ou encore à une éventuelle étude démantèlement. La cellule latérale que nous pétrographique du mobilier céramique. avons dégagé intégralement ne semble pas correspondre à un ajout mais se rattache très Dans le cadre de la fouille, nous avons tenté de probablement à l'aménagement initial de prendre en compte l'ensemble des éléments l'espace funéraire. Nous devons, malgré tout, architecturaux disponibles, c'est-à-dire à la fois rester extrêmement prudents puisque, la chambre et son enveloppe tumulaire. rappelons-le, la chambre n'a pas été étudiée Comme le remarque très justement R. dans son intégralité et les démontages sont Joussaume, « Les typologies des dolmens n'ont restés limités. souvent été établies qu'à partir du plan de la chambre que pratiquement personne ne voyait à

113 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

Les données architecturales recueillies sur le mobilier se rattache au fonctionnement dolmen de la Lande du Moulin, permettent un primaire du mégalithe. En outre, ces artefacts rattachement à la famille des monuments nous apportent peu de précisions sur la mise circulaires à couloir et à chambre en place et le fonctionnement du monument. quadrangulaire. Un rapide survol des données Le mobilier découvert à l'intérieur de la disponibles montre que les tumulus circulaires chambre atteste surtout d'intrusions sont fréquents dans l'ouest. Ils contiennent postérieures - et peut-être de réaménagements généralement une seule chambre funéraire qui n'ont pu être reconnus - au Néolithique placée au centre du monument qui peut être récent/final et au Chalcolithique. Il s'agit de ronde, polygonale ou quadrangulaire. Plus réutilisations assez classiques par les rarement, ils peuvent présenter 2 chambres populations de cette période. Il est probable (par exemple le monument 1 de Larcuste à que le ou les systèmes de couverture étaient Colpo dans le Morbihan). Cela nous oriente encore en place à cette époque. Une partie de tout naturellement vers les monuments du ce matériel archéologique, et plus précisément Néolithique moyen qui, globalement, semblent la céramique, est bien intégré dans les cultures avoir été édifiés entre 4500 et 3500 av. J.-C. matérielles du Néolithique récent et final Soulignons qu'en terme de chronologie, la armoricain. Il s'apparente aux styles forme de la chambre morbihanais de Conguel/Groh Collé. Une (circulaire /quadrangulaire) doit cependant autre partie du mobilier se rattache être considérée avec méfiance. Si une parfaitement aux ensembles campaniformes postériorité des chambres quadrangulaires sur régionaux (Salanova 2000 ; Le Boulaire 2005). les chambres circulaires semble effective - soit Pour la suite, nous n'avons aucun d'indice sous la forme d'ajout dans les tumulus probant d'occupation ou de réutilisation au (Dolmen A4 de Chenon), soit sous la forme de cours de l'âge du Bronze ou à l'époque gallo- reprises (tumulus de Bougon E, chambre romaine. Le début de la phase de destruction quadrangulaire E2) - il ne faut pas généraliser du monument reste difficile à dater mais il est ce type de constat et considérer que les certain que la mise en place des moulins a premiers dolmens aient tous été à chambre largement contribué à son démantèlement. ronde. Comme cela a été écrit récemment, les formes circulaires et quadrangulaires Un des apports de la fouille concerne la variété pourraient présenter une aussi haute antiquité des matériaux employés dans l'architecture du (Joussaume R., Laporte L., 2006). Dans la monument. Alors que la possibilité de première phase des monuments d'Er Grah n'utiliser qu'un type de roche (le schiste par (Locmariaquer) ou du Péré C (Prissé-la- exemple) pour la construction du monument Charrière), les caveaux n'étaient pas existe, il apparaît qu'un choix de matériaux, circulaires. variés dans leur aspect et d'origines Au vu des éléments que nous avons pu pétrographiques diverses a été privilégié. On dégager au cours de la fouille, le travail de ne compte pas moins de six types de roches comparaison du monument avec les autres (schiste, grès, quartz, poudingue...) dont les structures mégalithiques régionales reste assez couleurs vont du jaune au rouge en passant périlleux. En effet, à ce stade des recherches, par le blanc et le gris-bleu. Ce choix répond nous pourrions être tentés de rapprocher les très probablement à différents critères : vestiges mis au jour sur la Lande du Moulin de esthétiques ? symboliques ? techniques ? Sur le structures aussi variées que les monuments à plan esthétique ou symbolique, on note un jeu chambre transeptée ou les monuments à évident sur les couleurs. De même, l'utilisation cellule latérale comme les dolmens à couloir de de dalles riches en géodes ou en veines de Kermarquer à La Trinité-sur-Mer ou de quartz (notamment au niveau de la cellule) ne Kerleven B à La Forêt-Fouesnant. semble pas fortuite. Sur un plan technique, il est aussi évident que les dalles de grès, dont Hormis les deux armatures à tranchant l'épaisseur et la surface sont régulières, ont été transversale et peut-être un vase, très peu de préférées aux dalles de poudingue ou de

114 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion

schiste pour le dallage de la chambre. Ce La variété typologique des monuments phénomène de jeu sur les matériaux et les reconnus à Langon est relativement couleurs a déjà été observé sur plusieurs importante, aussi bien au niveau des monuments de la région comme à Saint-Just mégalithes que des structures tumulaires. (Château Bû, tertre allongé de la Croix-Saint- Cette multiplicité de monuments peut Pierre, Le Tribunal...), à Néant-sur-Yvel (Le correspondre à une chronologie longue. Si Jardin aux Moines ou encore sur le mégalithe certains tertres comme celui de la Gaudinais de Croas Dom Herry à Saint-Nicolas-du-Pelem ou celui du Clos de la Grée, sondé récemment (information J.-Y. Tinevez). Ces observations par S. Sicard, sont vraisemblablement ont aussi été effectuées dans d'autres régions néolithiques, d'autres sont peut-être de l'âge (Maine-et-Loire, Charente-Maritime, Deux- du Bronze. Des monuments ont sans doute Sèvres...) (Joussaume et al., 1990). A Jersey, le une durée d'utilisation très longue s'étalant monument de la Hougue-Bie comprend des par exemple du Néolithique à l'âge du Bronze. éléments d'au moins sept origines différentes. Nous sommes bien sûr tentés d'interpréter les En Normandie, la pauvreté pétrographique regroupements de plusieurs tumulus comme des roches disponibles semble compensée par des « nécropoles ». L'association du un jeu sur la dimension des blocs utilisés monument que nous avons étudié avec les (information C. Marcigny). Enfin, et même si la deux ou trois tumulus qui se trouvent à comparaison peut paraître osée, l'utilisation de quelques dizaines de mètres au sud constitue roches différentes (notamment dans le une parfaite illustration. Nous ne sommes parement du cairn) est un des traits pourtant pas assurés que tous ces monuments caractéristiques du célèbre monument de New aient une vocation funéraire ou sont Grange en Irlande contemporains. Faute de recherches plus importantes, la question des tertres et des Le monument que nous avons étudié sur la tumulus de Langon reste donc difficile à traiter Lande du Moulin renouvelle, par ailleurs, la et mériterait certainement une étude vision que nous pouvions avoir sur l'ensemble approfondie. mégalithique et tumulaire de Langon. Rappelons que jusqu'à présent, les vestiges Dans le contexte régional, l'ensemble clairement identifiés correspondaient à des tumulaire et mégalithique de Langon nous groupes de menhirs ou à des menhirs isolés et conduit bien sûr vers le site voisin de Saint- à des tertres de forme variée. Les inventaires Just qui, outre sa proximité, comporte un anciens (notamment ceux de Guillotin de certain nombre de convergences déjà relevées Corson ou de P. Bézier) signalent bien la par Bachelot de la Pylaie au XIXe siècle. Ces présence de deux dolmens mais ces derniers convergences sont par exemple évidentes en ce restent à caractériser. En 1846, l'abbé M.-J. qui concerne le choix des matériaux (utilisation Brune mentionne une allée couverte à de blocs de quartz blanc pour certains proximité de la Croix Saint-Michel située juste éléments d'architecture...) mais aussi au dessus du Bourg de Langon. La structure l'utilisation de différents types de matériaux mégalithique a selon toute vraisemblance été au sein d'un même monument. L'organisation détruite et reste, elle aussi, à caractériser. générale du sanctuaire comporte également Actuellement, il s'agit donc du seul dolmen des similitudes - par exemple, un alignement véritablement attesté à Langon. Les blocs associé à un petit hémicycle et quelques petits signalés dans certains tumulus (notamment au alignement secondaires (Briard, 1995) - qu'il niveau des trois tertres situés juste au sud du serait très certainement intéressant d'étudier dolmen que nous avons fouillé) pourraient dans les années futures. suggérer la présence d'autres monuments du même type. Néanmoins, seules des études plus La reprise des fouilles par C.-T. Le Roux dans poussées (sondages...) permettront de valider les années 1980 puis par J. Briard et son équipe leur existence. sur le site de Saint-Just a largement contribué au renouvellement de nos connaissances sur le

115 Langon - La Lande du Moulin Chapitre 4 - Conclusion générale et discussion mégalithisme de l'intérieur de la Bretagne. contact d'influences multiples qui restent Soulignons, quand même, que ce encore à préciser. La position géographique renouvellement a aussi été assuré par d'autres des sites de Saint-Just et de Langon ne peut recherches comme celles réalisées dans les que favoriser les relations entre le Landes de Lanvaux par P. Gouezin. mégalithisme intérieur et le mégalithisme Les fouilles de Saint-Just ont, par exemple, côtier (golfe du Morbihan notamment) mais révélé une variété de monuments et un aussi vers les régions situées au sud de La phénomène d'acculturation des mégalithes Loire. néolithiques. Les multiples sépultures du Chalcolithique et de l'âge du Bronze mises au Nous terminerons par un point qui nous jour dans les alignements du Moulin ou dans semble important. Une rapide cartographie des le tumulus du Château Bû montrent, en effet, mégalithes et des tumulus du sud-est de la une réutilisation quasi systématique des Bretagne nous montre une forte densité de espaces funéraires préexistants structures. L'émergence d'ensembles Jusqu'au début des années 1990, le site de importants (Saint-Just, Langon, tertres de Saint-Just était absent des cartes de répartition Glénac) au sein d'un semis dense de des dolmens à couloir. Les fouilles des mégalithes pose de multiples questions en monuments de Château Bû et de la Croix- terme de hiérarchisation des ensembles et des Saint-Pierre vont largement combler le vide. sites. Quelles sont les relations entre les D'après J. Briard, ces dolmens dont la couverture nécropoles ? Quelles sont les relations entre les de la chambre reste problématique se relient à un nécropoles et le territoire ? Quelle groupe de dolmen des Landes de Lanvaux comme à hiérarchisation existe-t-il entre les ensembles et Saint-Guyomard ou aux Hardys-Béhélec à Saint- les monuments dits « isolés » ? et peut-elle être Marcel (Gouezin, 1994). Il semble bien que ce mise en relation avec une hiérarchisation de la groupe de Bretagne orientale se rattache société ? Ces questions nous amènent bien sûr naturellement au groupe maritime du Morbihan à la question de l'habitat qu'il faudrait aussi dont il serait une ultime dérivation (Briard, 1995). prendre en compte. Les prospections Toujours d'après J. Briard, « L'évolution des effectuées sur le secteur, et plus dolmens se concrétiserait par l'apparition d'écoles particulièrement dans la vallée de la Vilaine, régionales : dolmens compartimentés du Sud- ont, en effet, révélées d'innombrables sites et Finistère, dolmens coudés du Morbihan, dolmens indice de sites dont une partie a sans doute été transeptés de Loire-Atlantique, dolmens à cabinets occupée par les bâtisseurs de mégalithes. latéraux du Morbihan. Le château Bû s'avère comme un intéressant monument de transition Pour avancer sur ces problématiques, le site de entre les dolmens à cabinets latéraux du Morbihan Langon offre un beau terrain d'étude. Gageons (Larcuste à Colpo...) et les véritables dolmens que les recherches encore naissantes sur ce transeptés de Loire Atlantique (Les Mousseaux à secteur permettrons d'avancer sur toutes les Pornic) dont certains éléments, comme celui du questions évoquées précédemment. Cruguellic à Ploëmeur, ont atteint le Morbihan (Briard, 1995).

Cette question des dolmens à cabinets latéraux et des dolmens transeptés peut bien évidemment être discutée. Le dolmen de Château Bû a, en effet, une partie de sa chambre initiale détruite et a probablement connu une évolution architecturale. Néanmoins, l'architecture des monuments du sud-est de la Bretagne qui comprend à la fois de variantes locales et des similitudes nous suggère que nous sommes manifestement au

116 Bibliographie BIBLIOGRAPHIE

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Orton, C.; Tyers, P., Vince, A. G., 1993 - Le Boulaire, A., 2005 - Le mobilier Pottery in Archaeology. Cambridge, campaniforme morbihannais de la collection Cambridge University Press (Cambridge Chaplain-Duparc (1819-1888). Belz, Erdeven, Manuals in Archaeology), 269 p. Plouharnel, Revue Archéologique de l'Ouest, 22, p. 133-164. Pollès, R., 1985 - Les vases à bord perforé du Néolithique Final armoricain, Bulletin de la Le Roux, C.-T., Lecerf, Y., (1976) - Le dolmen de Société Préhistorique Française, t. 82, n° 7, p. Cruguellic en Ploemeur et les sépultures 216-224. transeptées armoricaines, BSPM, p. 143-160. Pollès, R., 1986 - Le style de Conguel : L'Helgouach, J., 1962 - Le dolmen de Conguel nouveaux éléments, Bulletin de la Société en Quiberon (Morbihan), Bulletin de la Société Préhistorique Française, t. 83, n° 11-12, p. 452- préhistorique française, t. 59, n° 5-6, p. 371-381. 469.

L'Helgouach, J., 1965 - Les sépultures Salanova, L., 2000 - La question du mégalithiques en Armorique, Thèse de Campaniforme en France et dans les îles anglo- l'Université de Rennes, 330 p. normandes : productions, chronologie et rôle d'un standard céramique. Paris, éditions du L'Helgouac'h, J., 1967 - Données CTHS et Société préhistorique française supplémentaires concernant la sépulture (Documents préhistoriques, 13), 392 p. mégalithique du Champ-Grosset en Quessoy (Côtes-du-Nord), Annales de Bretagne, t. Tinevez, J.-Y. 1988 - La sépulture à entrée LXXIV, n° 1, p. 53-69. latérale de Beaumont en Saint-Laurent-sur- Oust. Revue Archéologique de l'Ouest, n° 5, p. Marchand, S., 2005 - La Lande du Moulin. 55-78. Rapport de diagnostic archéologique, Inrap. Tinevez, J.-Y. (dir.) et alii, 2004 - Le site de La Marcigny, C., Ghesquière, E., 1996 - Cairon Hersonnais à Pléchâtel (Ille-et-Vilaine) : un (Calvados), Le dolmen de « La Pierre ensemble de bâtiments collectifs du Tourneresse », rapport de fouille, 18 p. + figures. Néolithique final, Paris (Travaux de la Société Préhistorique Française ; 5), 172 p. Martineau, R. et Pétrequin, P., 2000 - La cuisson des poteries néolithiques de Chalain Tinevez, J.-Y. 2007 - Le cairn de Croaz Dom (Jura), approche expérimentale et analyse Herry, Saint-Nicolas-du-Pelem (Côtes d'Armor). archéologique. In : Fluzin, P., Pétrequin, P., Rapport de fouille programmée. 35 p. Thiriot, J. et Benoit, P. (dir.), Arts du feu et productions artisanales. Actes des XXe Se nourrir à Besançon au Moyen Age : à la Rencontres Internationales d'Archéologie et table d'un vigneron de battant. Catalogue d'Histoire d'Antibes, 1998. Antibes, éditions d'exposition. Besançon, Musée des Beaux Arts APDCA, p. 337-358. et d'Archéologie, 10 mars-10 juin 1990.

Annexe 1 : Arrêté de prescription

REPUBLIQUE FRANÇAISE MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION PREFECTURE DE LA REGION BRETAGNE

ARRETE n° 2005-104 portant prescription de fouille archéologique préventive

La Préfète de la Région Bretagne, Préfète du département d'Ille-et-Vilaine, Chevalier de la Légion d'honneur, Officier de l'Ordre national du mérite,

VU le code du patrimoine notamment son livre V ;

VU le décret n° 2004-490 du 3 juin 2004 relatif aux procédures administratives et financières en matière d'archéologie préventive.

VU le rapport du diagnostic archéologique prescrit par arrêté n° 2005-057 du 15 avril 2005 ; reçu le 25 juillet 2005

VU l'avis de la commission interréginale de la recherche archéologique en date du

CONSIDERANT que le diagnostic a mis en évidence un tumulus de 20 à 30 m de diamètre dont l'épicëntre se trouve dans l'angle sud-ouest de la parcelle 281, confirmant ainsi l'existence d'une vaste nécropole du néolithique et de l'âge du Bronze s'étendant des alignements "des Demoiselles" (site classé Monument Historique) aux tertres de "La Gaudinais", pouvant comprendre des alignements de pierre et/ou de poteaux de bois, des tombelles et des tumulus.

ARRETE

Article 1ar: Est prescrite une fouille préventive préalable aux aménagements, ouvrages ou travaux portant sur le terrain sis en :

Région : BRETAGNE

Département : Ille-et-Vilaine

Commune : LANGON

Lieu-dit : rue des Demoiselles

Cadastre : section : ZS parcelles : 279a, 279b, 279c, 281, 269, 283

Propriétaire : Monsieur et Madame Jacques RUPIN

Numéro d'entité archéologique dans la base de données « Patriarche » :

Article 2 : La fouille sera réalisée conformément au cahier des charges annexé, sous la maîtrise d'ouvrage de Monsieur et Madame Jacques RUPIN, qui projette d'exécuter les travaux donnant lieu à la présente prescription.

Sa réalisation peut être confiée, au choix du maître d'ouvrage, à l'Institut national de recherches archéologiques préventives, à un service archéologique territorial agréé ou à fout autre opérateur de droit public ou privé titulaire de l'agrément prévu au chapitre IX du décret susvisé. Le contrat conclu avec l'opérateur comporte le projet d'intervention de celui-ci précisant les modalités de mise en œuvre des prescriptions contenues dans le cahier des charges.

Article 3 : La fouille ne pourra être entreprise qu'après autorisation par la préfète de région, délivrée à la demande de la personne qui projette d'exécuter les travaux, au vu du dossier transmis comprenant le contrat mentionné à l'article 2, le justificatif de l'agrément de l'opérateur et, le cas échéant, la déclaration sur l'honneur prévue à l'article 41 du décret susvisé.

Article 4 : La directrice régionale des affaires culturelles est chargée de l'exécution du présent arrêté, qui sera notifié à Monsieur et Madame Jacques RUPIN, gite 69-70 la Lande du Moulin, 35660 LANGON et à la Direction Départementale de l'Equipement d'Ille-et-Viiaine, subdivision de Redon, 116 route de Vannes, BP 90147, 35601 REDON CEDEX.

Fait à Rennes, le 3 0 AOUT 2005

Pour la Préfète de la région Bretagne et par délégatjpdélégatioin

Elisab. R DESVAUX Directrice régionale des affaires culturelles REPUBLIQUE FRANÇAISE MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION PREFECTURE DE LA REGION BRETAGNE

Prescriptions de fouille archéologique préventive

Annexées à l'arrêté préfectoral numéro 2005-104

région : BRËTAGNE

département : Ille-et-Vilaine

commune : LANGON

lieu-dit : rue des Demoiselles

cadastre : section : ZS parcelles : 279a, 279b, 279c, 281, 269, 283

propriétaire : Monsieur et Madame Jacques RUPIN

Emprise de la fouille archéologique : 8 600 m2

Contexte : Une opération de diagnostic archéologique effectuée en juin 2005 a permis de mettre en évidence les vestiges d'un tumulus de 20 à 30 m de diamètre datant vraisemblablement de (a période néolithique, dont l'épicentre se trouve dans l'angle de la parcelle n°28. Etant donné la faible épaisseur de terre végétale (5 à 10 cm) recouvrant le tumulus et la plus grande partie du terrain devant faire l'objet de travaux, la présente prescription a pour objet la réalisation d'une fouille préventive préalable aux travaux envisagés (construction d'une maison à usage d'habitation, garage et aménagements divers (plantations de haies ou d'arbres, géothermie, cour et chemins d'accès...).

Données scientifiques et principes méthodologiques : Une prospection a récemment mis en évidence la présence de nombreux tumulus situés entre les alignements des "Demoiselles" (site classé Monument Historique) et les tertres de "La Gaudinais". Cet ensemble rappelle celui de La Grée de Cojoux à SAINT-JUST où de nombreux monuments funéraires néolithiques et de l'âge du Bronze ont été étudiés depuis la fin des années 1950, sous la direction de MM. GIOT, LÈ ROUX et BRIARD. Les vestiges du cairn mis en évidence dans l'angle sud-ouest de la parcelle ZS 281 de la rue des Demoiselles à LANGON se présentent sous la forme d'un parement de 6 à 8 m de diamètre, en dalles de schistes disposées de manière radiale, délimitant une aire composée de petits blocs de schiste et de grès, entouré d'une deuxième couche de petits blocs de schiste d'environ 20 à 30 m de diamètre correspondant très vraisemblablement à l'extension maximale du cairn. L'horizon de limon sableux gris qui se développe autour de celui-ci sur 50 m de diamètre pourrait correspondre à l'étalement de la couche de terre recouvrant initialement le cairn. 51 le relief marquant l'emplacement du cairn est relativement bien marqué du côté est, il est peu perceptible vers l'ouest, d'où rincertitude sur la forme initiale du tertre : s'agit-il d'une construction circulaire ou ovalaire ? Dans l'hypothèse d'un monument circulaire, il pourrait- être rapproché du dolmen ouest de La Croix Saint-Pierre à SAINT-JUST, de 10 à 12 m de diamètre et daté vers 5000-4500 avant J.-C.. Ce dolmen à couloir alliait vraisemblablement une structure en dalles de schiste à double parement et des poteaux de bois. Une réutilisation du monument à l'âge du bronze n'est pas à exclure, comme le montrent les tombes à inhumations installées dans les cairns du Château-Bû et du dolmen ouest de La Croix Saint-Pierre à SAINT-JUST. Le tumulus a été partiellement écrêté dans sa partie sud-ouest afin d'installer une plateforme pour la construction d'un moulin, dont la base est encore partiellement visible dans la parcelle voisine. Malgré cet arasement, l'élévation du centre du tertre atteindrait encore 0,50 m de hauteur et la chambre funéraire pourrait avoir été épargnée.

L'emprise de la fouille comprendra deux zones :

- la zone 1, comprenant le tumulus et son environnement proche : elle devra faire l'objet d'un décapage exhaustif, manuel ou à la pelle mécanique à godet lisse en fonction de l'épaisseur de la terre végétale, en ménageant toutefois les coupes straiigraphiques nécessaires. - le tumulus : l'architecture devra être dégagée manuellement et une coupe devra être réalisée dans le cairn et son éboulis afin d'en étudier la structure et vérifier la présence d'un paléosol. Si l'opération permet leur mise en évidence, la chambre, le couloir et les sépultures annexes éventuelles devront être entièrement fouillées. Les structures découvertes dans le cairn et le cairn lui-même devront faire l'objet d'un relevé pierre à pierre. - l'environnement du tertre : il conviendra de vérifier la présence ou l'absence de tout aménagement lié à la nécropole protohistorique, ce type de vestiges pouvant être ponctuel et échapper à la recherche par la méthode des tranchées de sondages. La présence de calages, témoins d'aligements de menhirs en pierre ou de poteaux de bois, l'existence de tombes en coffres ou d'autres types de structures (chaussée, constructions sur poteaux, etc.) ne peuvent en effet être exclues. Ces structures seront fouillées et relevées. Un relevé microtopographique sera réalisé sur la probable emprise du tertre afin d'en déterminer la forme (ovalaire ou circulaire). Les échantillons de charbons, de sédiments, d'éventuels ossements, etc., prélevés dans le monument, le paléosol, ou dans les éventuelles structures archéologiques contemporaines ou non du tertre, seront confiés pour étude aux spécialistes compétents.

- la zone 2, comprenant le reste de la parcelle, exception faite de la zone boisée : elle pourra faire l'objet des vignettes de décapage à la pelle mécanique, définies en fonction des résultats obtenus dans la zone 1 et après concertation avec le Service régional de l'archéologie, afin de vérifier la continuité d'aménagements reliant le tertre et les alignements "des Demoiselles" par exemple. Ces éventuelles structures seront fouillées et relevées, et feront, si nécessaire, l'objet de prélèvements,

Qualifications du responsable scientifique : Le responsable devra bénéficier d'une expérience reconnue dans la conduite de la fouille des sites funéraires, en particulier de la période néolithique et/ou de l'âge du Bronze, et être à même de replacer le site dans le contexte du mégalithisme ds l'Ouest de la France.

Nature prévisible des travaux : - décapage de l'ensemble de la zone 1 et des éventuelles vignettes dans la zone 2, à la pelle mécanique à godet lisse et si nécessaire manuellement au niveau du tumulus - fouille manuelle des structures funéraires et, en fonction de leur intérêt scientifique, des ' autres vestiges apparaissant dans l'aire prescrite - relevés topographiques et de détails de l'ensemble des vestiges, relevés pierre à pierre du cairn et des autres structures funéraires, relevé microtopographique du tumulus - prélèvements et analyses complémentaires (charbons, sédiments, ossements, etc.) - rédaction du rapport final - inventaire des mobiliers et mise en condition d'étude - inventaire et localisation des prélèvements réalisés - inventaire de la documentation produite par l'opération avant sa remise au Service régional ds l'archéologie.

Mesure à prendre pour la conservation préventive des vestiges mis au jour : Vestiges immobiliers : A l'exception du cairn, les éléments issus de la phase de diagnostic n'impliquent aucune préconisation particulière ; la partie du cairn concernée par la prescription devra être conservée, et, en accord avec Monsieur et Madame RUPiN, elle pourra être recouverte des déblais de fouille afin d'en assurer une meilleure protection. Le responsable de l'opération devra informer le Service régional de l'archéologie dans les plus brefs délais de toute découverte à caractère exceptionnel nécessitant des mesures préventives particulières.

Vestiges mobiliers : L'opérateur devra prendre toutes les mesures nécessaires à la bonne conservation des mobiliers mis au jour, en particulier pour les vestiges osseux qui pourraient être découverts. Le mobilier devra être mis en condition d'étude et de conservation et conditionné en bacs normalisés lors de sa remise au Service régional de l'archéologie, accompagné de son inventaire.

Délai limite pour la remise du rapport final : Le rapport final devra être remis au plus tard à l'issue des trois mois qui suivent l'achèvement des études post-fouille. Le cas échéant, si des résultats d'analyses n'ont pas été fournis à l'issue des études post-fouille, ils pourront faire l'objet d'un rapport complémentaire qui devra être remis dès réception des résultats de l'ensemble des analyses.

Fait à RENNES, le 3 g AOUT 2005

Pour la Préfète de la région Bretagne et par délégation

Elisabeth GAUTIER DESVAUX Directrice régionale des affaires culturelles Annexe 2 : Arrêté de désignation

oiÄL

REPUBLIQUE FRANÇAISE MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNI PREFECTURE DE LA REGION BRETAGNE

ARRETE n° 2005-129 portant autorisation de fouille archéologique préventive

La Préfète de la Région Bretagne, Préfète du département d'Ille-et-Vilaine, Chevalier de la Légion d'honneur, Officier de l'Ordre national du mérite,

VU lé code du patrimoine, notamment son livre V ; f,v\! * fë^D^/vww».« § Vu? I %f à l'Aôlrt'Mi i* VU le décret n° 2004-490 du 3 juin 2004 relatif aux procédures adminîfetrativestetfiriâhcîèféé ^ en matière d'archéologie préventive. ^ VU l'arrêté de prescription de fouille archéologique n° 2005-104 du 30 août 2005 et son cahier des charges ;

VU le contrat conclu pour la réalisation de la fouille prescrite reçu le 7 décembre 2005 et l'ensemble des autres pièces du dossier de démande de l'autorisation ;

CONSIDERANT que le contrat et, notamment, le projet d'intervention de l'opérateur, sont conformes au cahier des charges prescrit ;

ARRETE

Article 1er : Monsieur et madame Jacques RUPIN, maîtres d'ouvrage du projet sont autorisés à faire réaliser par l'Institut de recherches archéologiques préventives (INRAP), opérateur, sous la direction scientifique de Monsieur Stéphane BLANCHET, la fouille archéologique préventive portant sur le terrain sis en :

Département : llle-et-Vilaine Commune : LANGON Lieu-dit : rue des Demoiselles Cadastre : section : ZS parcelles ; 279a, 279b, 279c, 281, 269 et 283

Numéro d'entité archéologique : Propriété de ; Monsieur et madame Jacques RUPIN

Article 2 : L'aménageur et l'opérateur notifieront au service régional d'archéologie les dates de début et de fin de la fouille au moins cinq jours ouvrables avant le début de l'opération et faciliteront par tous moyens aux représentants de l'Etat l'exercice de leur mission de contrôle. Avec le responsable scientifique, ils veilleront, chacun pour ce qui le concerne, à la mise en œuvre des observations et des instructions formulées par le représentant de l'Etat lors de visites ou de réunions de chantier.

Article 3 : Aux fins de son étude scientifique, le mobilier archéologique issu de la fouille est placé sous la garde de l'opérateur qui en dresse l'inventaire, prend les dispositions nécessaires à sa sécurité et, en tant que de besoin, à sa mise en état pour étude.

A l'expiration de la période de garde, qui ne peut excéder deux ans à compter de la date ds délivrance de l'attestation de libération de terrain visée à l'article 5, l'opérateur remet le mobilier à l'Etat avec la documentation scientifique constituée au cours de l'opération. Article 4 : Lorsqu'il n'est pas lui-même propriétaire du terrain, l'aménageur communique au service régional de l'archéologie le nom et l'adresse du ou des propriétaires afin que ceux-ci puissent, le cas échéant, exercer leurs droits sur le mobilier dont l'inventaire leur sera transmis par l'Etat.

Article 5 : L'aménageur notifie l'achèvement de l'opération de fouille sur le terrain. Dans les quinze jours suivant la réception de cette notification, une attestation de libération du terrain lui est délivrée. Faute de délivrance de l'attestation dans ce délai, celle-ci est réputée acquise.

Article 6 : Le directeur régional des affaires culturelles est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui sera notifié à Monsieur et madame Jacques RUPIN, les Monts, 35150 PIRE-SUR- SEICHE et à L'Institut national de recherches archéologiques préventives, Direction interrégionale Grand-Ouest, 37, rue du Bignon, CS 67737, 35577 CESSON-SEVIGNE CEDEX

Fait à Rennes, le j 3 OEC. 2005

Pour la Préfète de la région Bretagne

Directeur régional des affaires culturelles Annexe 3 : Inventaire du mobilier associé aux moulins

Archivage : 1 cagette normes Allibert réf. 21010. 3 feuilles de relevés céramique 7 feuilles d'inventaire mobilier (+ version informatique)

Fait Localisation Céramique Autre Datation Cagette mobilier

Moulin sud - 1 monnaie XlVe siècle 1

Moulin nord - 2 monnaies 1575 à 1627 1 5 tessons verre Moulin nord Déblais talus 1 monnaie XVIIe siècle 1 Moulin nord surface 86 tessons Fin XVe-XVIe 1 s Moulin nord seuil 4 tessons 1 coin fer XVe-XVIe s. 1 llithique 2 fragments de meulière Moulin nord plateforme 14 tessons 3 fer (lame et Fin XVIe - déb 1 clou XVIIe s. Moulin nord fond 12 tessons 1 cristal de moderne 1 roche 1 fragment de meulière Annexe 4 : Inventaire du mobilier lithique

Fait n us type matière Chambre 8 11 éclat lamellaire quartzarénite Chambre 10 11 cristal de roche fragmenté à ses deux extrémités quartz Chambre 11 11 éclat issu d'une hache polie. L'éclat présente des retouches silex Chambre 12 11 éclat silex Chambre 13 11 lamelle quartzarénite Chambre 17 11 fragment distal lame à 2 pans quartzarénite fragment mésial d'une lame à 3 pans. Possibles retouches Chambre 18 11 quartzarénite d'utilisation Chambre 24 11 fragment grattoir (sur éclat ?) silex Chambre 25 11 éclat. Présence de petits cristaux sur deux faces quartz Chambre 31 11 éclat silex Chambre 47 11 éclat semi-cortical. Cortex frais. silex Chambre 52 13 lame à 2 pans silex Chambre 53 13 éclat quartzarénite Chambre 57 12 éclat retouché silex Chambre 59 12 armature foliacée cordiforme. silex Chambre 60 12 éclat grès armoricain Chambre 66 / grattoir sur lame silex gris-blond grattoir sur éclat laminaire. Retouches d'utilisation sur un Chambre 68 / quartzarénite bord. Chambre 70 12 grattoir sur éclat silex Chambre 71 12 éclat silex Chambre / 11 (tamis) fragment éclat silex pendeloque en cristal de roche. Perforation biconique. Les Chambre / 12 (tamis) quartz arêtes de la pièce sont émoussées. Chambre / 12 (tamis) éclat. Présence de néocortex. Légère patine silex Chambre / 12 (tamis) bitroncature. Probable flèche tranchante. meulière Chambre / 12 (tamis) éclat silex Chambre / 12 (tamis) éclat silex Chambre / 13 (tamis) fragment proximal d'éclat silex Chambre / 13 (tamis) débris silex Chambre / tamis éclat cortical. Cortex frais opalite Fosse 5 / / bitroncature. Probable flèche tranchante. opalite Terrier dans / / perle micaschiste chambre nucléus à lamelle. Présence de cortex roulé. Pièce Surface cairn / / silex mésolithique ? débris provenant vraisemblablement d'une meule du Surface cairn / / meulière moulin. Annexe 5 : Inventaire du mobilier céramique néolithique

US / Fait Nombre de Restes Micro-tessons éboulis Est 4 Fait 6 8 US11 61 8 US11/secteur F.12 42 8 US11 / Fond couloir 1 US12 74 24 US13 17 US14 1 non indiqué 24 TOTAL 232 40