Un nouveau Daech formé par des rebelles défaits en Syrie? Sputnik 12.03.2017 Les rebelles provenant de diverses régions de la Syrie se ruent au nord-ouest du pays pour former un «second Daech», selon un journaliste US et ancien captif du Front al-Nosra Un second Daech est en train de se former dans le nord-ouest de la Syrie contrôlé par les terroristes, a déclaré Peter Theo Curtis, journaliste américain, qui avait passé deux ans en captivité en Syrie après avoir été enlevé en 2012 par le Front Al-Nosra, une branche d'Al-Qaida. « Quelque chose de très dangereux et inquiétant se passe dans le nord-ouest de la Syrie. On assiste à la création d'un second Daech », a indiqué M. Curtis cité par la chaîne de télévision RT. Selon lui, la nouvelle formation possède « des tonnes d'armes » et réunit des terroristes battus par l'armée syrienne à Alep, à Homs, à Deraa et dans les banlieues de Damas. Les terroristes du nouveau groupe opèrent surtout dans la province d'Idlib. L'Europe comprendra le danger que cela représente « lorsqu'ils feront leur apparition à Paris ou à Londres avec leurs kalachnikovs […]. Cela peut durer éternellement si le monde extérieur ne cesse pas d'envoyer des missiles aux rebelles », a conclu le journaliste. Menacé dans ses fiefs en Irak et en Syrie, Daech repoussé dans ses derniers retranchements The Huffington Post 11/03/2017 INTERNATIONAL - Daech poussé dans ses derniers retranchements. Encerclés à Raqqa, leur fief syrien, les jihadistes du groupe terroriste sont également sur le recul en Irak, dans leur bastion de Mossoul, où ils commenceraient même à "s'effondrer" selon un haut gradé de l'armée irakienne. En juin 2014, c'est depuis Mossoul qu'Abou Bakr al-Baghdadi, le leader de Daech, avait proclamé un "califat" sur des territoires à cheval entre l'Irak et la Syrie. Mais en octobre 2016, une première offensive irakienne dans la ville de Mossoul suivie par l'arrivée des forces arabo-kurdes soutenues par Washington à Raqqa avaient marqué le début des revers pour le groupe terroriste. Selon un responsable américain de la Défense qui s'est exprimé mercredi 9 mars, les jihadistes ont perdu "65% du terrain" qu'ils contrôlaient à leur expansion maximum en 2014. Le Pentagone estime qu'ils ne disposent plus désormais qu'au maximum de 15.000 hommes, dont "2500 dans l'ouest de Mossoul et la ville voisine de Tal Afar" en Irak et "3 à 4000" à Raqqa en Syrie. Au total, "près de la moitié des combattants" dont disposait le groupe Etat islamique à son apogée ont été tués, selon le responsable de la Défense. À Raqqa et Mossoul, les combats continuent.

AFP Mossoul, abandonnée par al-Baghdadi Depuis leur entrée dans la ville d'Irak, les partisans de Daech ont multiplié les destructions. Mais les avancées des forces irakiennes depuis plusieurs mois ont permis de reprendre la partie est de Mossoul, concentrant les jihadistes sur le front ouest.

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Vendredi 10 mars, les forces spéciales irakiennes ont encore progressé à Mossoul-Ouest, où la résistance du groupe Etat islamique montre des signes d'affaiblissement. Et elles s'approchent de plus en plus de la vieille ville, dernier repaire ou presque des hommes de Daech en Irak. Dans la partie occidentale de la ville, les forces du contre-terrorisme (CTS) ont ainsi repris les quartiers d'Al-Amil al-Oula et d'Al- Amil al-Thaniyah, selon le Commandement conjoint des opérations, qui coordonne la lutte contre Daech dans le pays. "L'ennemi s'était battu férocement sur la première ligne de défense", a indiqué à l'AFP le général Maan al-Saadi, haut commandant des CTS, en référence aux premiers quartiers repris par les forces irakiennes depuis le lancement le 19 février de leur offensive. Mais Daech "a perdu de nombreux combattants (...), l'ennemi commence à s'effondrer", a-t-il insisté.

AFP Alors certes, les jihadistes ont encore envoyé des voitures piégées vendredi, suivant une technique désormais éprouvée pour ralentir la progression des forces irakiennes. "Mais pas autant qu'ils en envoyaient au début de la bataille", a ajouté le général al-Saadi. Autre signe que l'étau se resserre sur Daech à Mossoul, le départ de son chef Abou Bakr al-Baghdadi. Le 8 mars dernier, un responsable américain de la Défense a annoncé que le chef de Daech était "vivant" mais avait "quitté Mossoul" à l'approche des forces irakiennes. Il "n'exerce probablement aucune influence tactique sur la manière dont la bataille est menée" contre les forces irakiennes à Mossoul, a ajouté ce responsable américain de la Défense devant des journalistes. La bataille pour Mossoul a déplacé plus de 215.000 personnes, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Parmi les centaines de milliers de civils toujours présents à Mossoul-Ouest, seuls quelque 50.000 ont réussi à fuir et rejoindre des camps de déplacés, précise l'OIM. "On était des boucliers humains" pour Daech, a expliqué Abdel Razak Ahmed, un déplacé de 25 ans. Le nombre de personnes déplacées hors de Mossoul augmente de plus en plus vite. Au cours des neuf derniers jours, 7916 familles (45.714 individus) ont été déplacés", écrivait le 5 mars dernier sur Twitter ce chargé de mission de l'OIM. Raqqa, cernée par trois puissances En Syrie voisine, les jihadistes font face à trois forces distinctes, autour de leur fief de Raqqa: les troupes turques et leurs alliés rebelles syriens, les forces gouvernementales syriennes appuyées par la Russie, et une alliance arabo-kurde soutenue par les Etats- Unis. Dans l'est de la province septentrionale d'Alep, vendredi, Daech était également sous le feu des frappes russes, de l'armée syrienne ainsi que des tirs d'artillerie et perdait là aussi beaucoup de terrain, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les raids visaient notamment l'aéroport militaire d'al-Jarrah, que le régime tente de capturer, a ajouté l'Observatoire, précisant que 26 jihadistes ont été tués par ces frappes au cours des dernières 24 heures. Déclenchée par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie, qui a fait plus de 310.000 morts, est devenue très complexe avec l'implication de groupes jihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé.

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Vendredi 10 mars, le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan ont affirmé à Moscou avoir normalisé leurs relations, en prônant le renforcement de leur coopération, notamment "dans la lutte contre les groupes terroristes", a indiqué Vladimir Poutine. "Nous considérons la Turquie comme notre partenaire le plus important", a assuré le chef d'Etat russe. De son côté, Washington a envoyé 400 soldats américains aux 500 déjà présents dans le nord de la Syrie, où ils appuient notamment l'offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS, alliance arabo-kurde) contre Raqqa. Cette situation déplaît à la Turquie qui s'oppose à ce que la reprise de Raqqa soit confiée aux Forces Démocratiques Syriennes, considérées par Ankara comme un paravent pour les milices kurdes YPG, une organisation "terroriste" selon elle.

Selon le même responsable américain, le groupe Etat Islamique prévoit de se replier sur la vallée de l'Euphrate après la perte de Mossoul et celle de Raqa, en Syrie. "Je ne pense pas que les jihadistes aient renoncé" à tenir des territoires dans le cadre d'un "califat", a-t-il ajouté. "Ils font des plans pour continuer à fonctionner comme un pseudo-Etat centré sur la vallée de l'Euphrate", à l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak, après la chute de Mossoul et de Raqa, a-t-il poursuivi. Syrie: Un double attentat à Damas fait au moins 46 morts 20 minutes , Publié le 11.03.2017 La capitale syrienne a été victime de deux attentats, ce samedi. Ceux-ci ont eu lieu dans la vieille ville de Damas et ont fait au moins 46 morts, en majorité des pèlerins chiites irakiens. C’est l’une des attaques les plus sanglantes ayant frappé Damas en six ans de guerre. « Il y a eu au moins un kamikaze qui s’est fait exploser » dans la vieille ville, située dans le sud-est de Damas, a indiqué à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). « Le but était juste de tuer » Il a fait état d’un bilan d’au moins 46 morts, dont de nombreux pèlerins chiites irakiens, et de « plusieurs dizaines de blessés dont certains graves » dans cette attaque qui a eu lieu près du cimetière de Bab al-Saghir situé dans le vaste quartier de Chaghour. Le ministère irakien des Affaires étrangères a fait état d’une quarantaine de ressortissants tués et de plus de 100 blessés. Selon le ministre syrien de l’Intérieur Mohammad al-Chaar, l’attaque a visé « des pèlerins de différentes nationalités arabes ». « Le but était juste de tuer », a-t-il dit. La télévision d’Etat syrienne a rapporté de son côté 40 morts et 120 blessés, évoquant l’explosion de « deux bombes posées par des terroristes », terme qui fait référence aux ennemis rebelles et jihadistes du régime. La chaîne a montré des images de plusieurs bus blancs dévastés, avec des vitres brisées et des soutes éventrées. D’autres ont été en partie carbonisés. Au sol, pêle-mêle des chaussures, des lunettes, et des chaises roulantes à côté de flaques de sang. Le 21 février 2016, 134 morts lors d’une attaque de Daesh L’attaque n’a pas été revendiquée dans l’immédiat. Le secteur de l’attentat de samedi est situé dans une zone où se trouvent de nombreux mausolées chiites, considérés comme des lieux de pèlerinage, mais aussi des mausolées sunnites. Au cours des dernières années, plusieurs attentats sanglants ont visé Sayeda Zeinab, un haut lieu de pèlerinage chiite près de Damas. La plupart des attentats ont été revendiqués par des groupes jihadistes hostiles à l’Iran et au mouvement chiite libanais Hezbollah, principaux alliés du régime de Bachar al-Assad. L’attaque la plus meurtrière avait eu lieu le 21 février 2016 et avait fait 134 morts, dont 97 civils. Elle avait été revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui contrôle des territoires notamment dans l’est du pays. Syrie: un footballeur ayant rallié l'opposition sélectionné en équipe nationale L’Equipe, Publié le dimanche 12 mars 2017 Le footballeur syrien Firas al-Khatib a été convoqué par sa sélection nationale, dont il était l'un des piliers avant de rallier l'opposition après le début de la guerre en Syrie. Le footballeur syrien Firas al-Khatib a été convoqué par sa sélection nationale, dont il était l'un des piliers avant de rallier l'opposition après le début de la guerre en Syrie, pour affronter l'Ouzbékistan et le Corée du Sud en match de qualification pour le Mondial 2018. Khatib (33 ans, 51 sélections, 31 buts), joueur du club koweïtien Al-Kuwait, avait affirmé en juillet 2012 qu'il ne jouerait plus pour son équipe nationale tant qu'il y aurait des bombardements en Syrie.

Il y a quelques mois, il avait fait part de son souhait de revenir sur sa décision et avait affirmé à la presse en janvier que s'il était convoqué, «il accepterait naturellement, car représenter la sélection et la patrie est un honneur pour un sportif». Le nom de Firas al- Khatib figure dans la liste annoncée dimanche à Damas en conférence de presse par le directeur technique de la sélection.

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Syrie: Fatah al-Cham revendique les attaques anti-chiites de Damas Par RFI Publié le 12-03-2017 Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh Le front Fatah al-Cham a revendiqué dimanche 12 mars le double attentat qui a fait samedi 74 morts, dont de nombreux pèlerins chiites irakiens, dans la vieille ville de Damas.Louai Beshara / AFP Le front Fatah al-Cham, ex-al-Qaïda en Syrie, a revendiqué dimanche 12 mars le double attentat qui a fait samedi 74 morts, dont de nombreux pèlerins chiites irakiens, dans la vieille ville de Damas. Le communiqué du groupe jihadiste indique que les attaques ont été menées par deux kamikazes. Le double attentat de Damas confirme le changement de stratégie de l’ancienne branche d’al-Qaïda en Syrie. Ce groupe jihadiste, placé sur la liste internationale des organisations terroristes, privilégie désormais les attaques contre les grandes villes du pays tenues par le régime. Le chef du groupe, Abou Mohammad al-Joulani, avait d’ailleurs annoncé une série d’attaques au lendemain d’attentats meurtriers contre des sièges de la sécurité à Homs, le 25 février. Des dizaines de militaires syriens, dont le général Hassan Daaboul, proche du président Bachar el-Assad, avaient péri dans ces explosions provoquées par des kamikazes. Cette stratégie est dirigée tant contre le régime que contre les rebelles qui ont accepté un cessez-le-feu et des négociations politiques, dont est exclu Fatah al-Cham. Ces attaques minent la trêve et marginalisent l’opposition dite modérée, qui apparaît incapable de garantir le cessez-le-feu. En attaquant les fiefs du régime, comme à Homs, l’ancienne branche d’al-Qaida montre sa capacité d’organisation. Et en s’en prenant à des pèlerins chiites, comme à Damas, le groupe jihadiste donne au conflit une dimension sectaire, qui lui permet de se présenter comme le protecteur des sunnites. Syrie: les violences contre les enfants «à leur pire» niveau en 2016 selon l'ONU Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 13/03/2017 Les violences à l'encontre des enfants ont été "à leur pire" niveau en 2016 en Syrie, où la guerre entre dans sa septième année, a indiqué aujourd'hui le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). "Les cas vérifiés de meurtres, de mutilations et de recrutements d'enfants ont augmenté significativement" au cours de cette même année, écrit l'Unicef dans un communiqué. "Le degré de souffrance est sans précédent. Des millions d'enfants en Syrie sont attaqués chaque jour, leur vie est complètement bouleversée", dit Geert Cappelaere, le directeur de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Selon l'Unicef, au moins 652 enfants ont été tués (+20% par rapport à 2015) et plus du tiers l'ont été "dans ou à proximité d'une école", ce qui fait de 2016 "la pire année pour les enfants de Syrie depuis que la vérification formelle des incidents a débuté en 2014". En outre, plus de 850 enfants ont été recrutés pour combattre dans le conflit, soit plus du double du nombre enregistré en 2015. Certains d'entre eux tiennent des rôles "extrêmes" de "bourreaux, kamikazes ou gardiens de prisons". Le conflit en Syrie a débuté le 15 mars 2011 avec la répression par le régime de Bachar el-Assad de manifestations pacifiques demandant des réformes. Depuis, il s'est singulièrement complexifié et implique désormais une multitude d'acteurs locaux et internationaux ainsi que des groupes djihadistes sur un territoire morcelé. La guerre a fait plus 310.000 morts et contraint plus de la moitié de la population à fuir son foyer. Alep en Syrie, une guerre préparée depuis la Turquie Rédigé par Raphaël de Tassigny le 13 mars 2017 dans L’Homme Nouveau n°1634 du 11 mars 2017 À la demande de Paris, le 22 novembre 2011, une résolution fut adoptée par l’Assemblée générale de l’Onu condamnant « la répression sanglante » commise par le régime de Bachar Al-Assad. Ce vote, se félicita Alain Juppé, démontrait la « forte mobilisation de la communauté internationale qui proscrivait ainsi les graves violations des droits de l’homme commises par le régime syrien ». Ce qu’Alain Juppé ne disait pas, c’est que les services français (la Direction générale de la Sécurité extérieure [DGSE], le Commandement des Opérations spéciales [COS], et peut-être la Directions du Renseignement militaire [DRM]) étaient déjà sur place. De concert avec les Britanniques, les Français organisaient la rébellion dans le but de faire chuter Assad. Deux moyens étaient mis en œuvre. Premièrement, l’entraînement et la formation des combattants déserteurs syriens depuis la Turquie et le Liban (une partie de l’Armée syrienne libre, ASL). Secondement, alimenter le conflit de l’extérieur par le trafic d’armes aux frontières de la Syrie. Ces étapes étaient assurées par les Services de renseignement français. Par la suite, ce qui était prévu, c’est que l’Otan prenne la relève (Reprise d’une information du Canard Enchaîné du 23 novembre 2011). En Syrie même, l’insurrection débuta à Deraa puis se propagea au nord par les villes de Damas, Homs, Lattaquié. En 2011, et jusqu’au mois de mai 2012, Alep, capitale économique de la Syrie, se tenait à distance des émeutes. Le martyre d’Alep En mai 2012, l’intervention des services de sécurité syriens sur un campus étudiant annonça le soulèvement d’Alep. Cependant, ce fut seulement en juillet 2012 qu’une « coalition fit mouvement depuis la Turquie » (Conférence de Jean-Pierre Filiu, ancien diplomate, professeur en histoire contemporaine à Sciences politiques). Apparemment, les déserteurs syriens formés par la DGSE n’étaient pas 4 encore suffisamment préparés en mai 2012. D’ailleurs, les trois mois qui séparent la brutale répression des étudiants de la prise d’Alep Est par la coalition armée, résonnent comme un attentisme sans fondement, sorte de drôle de guerre sans justification dans une guerre civile. Pourquoi Alep ? L’intention est évidente. Alep était ciblée car, en tant que capitale économique, la perte de celle-ci devait engendrer la chute du régime syrien. D’après l’Occident qui souhaitait sa disparition le régime syrien était condamné. Il fallait juste accélérer le calendrier. Dès 2011, les gouvernements français et britanniques et ceux du monde arabe envisageaient d’en finir. En 2011, la Ligue arabe évince la Syrie de son organisation. En février 2012, les ambassadeurs américains quittent le territoire syrien. Un mois plus tard, en mars, les Français les suivent. Autrement dit, on ne discute plus, on agit. Et on dit, comme Laurent Fabius, succédant à Alain Juppé, « le régime syrien doit être abattu et rapidement (…). M. Bachar Al-Assad ne mériterait pas d’être sur la terre ». La Turquie Tout au long du conflit, la Turquie sera le principal siège de cette guerre civile syrienne soutenue de l’extérieur. Si, après l’utilisation des armes chimiques du 20 août 2013, le Conseil Militaire Suprême (CMS) fut contesté (En décembre 2012, la conférence d’Antalya, en Turquie, institua le Conseil Militaire Suprême afin de centraliser les actions de l’ASL. Cette conférence fit du CMS l’interlocuteur unique de la résistance syrienne auprès de ses soutiens extérieurs. D’après Charles Lister, analyste du Middle East Institute, expert notamment des affaires syriennes), il n’en demeura pas moins que la Turquie conserva une forte influence dans le front du Nord, en recevant le MOM, tout comme le MOC (cf. « The : a decentralized insurgent brand » par Charles Lister, novembre 2016. Le MOM, comme le MOC, sont les abréviations que Charles Lister emploie pour désigner les commandements établis en Turquie et Jordanie, et qui se substituèrent au CMS après 2013) s’établit en Jordanie, chacun de ces commandements militaires accueillant des officiers de plus d’une douzaine de pays. Il faut constater, cependant, un traitement médiatique différencié des utilisations de gaz sarin. Car en effet, lorsque la coalition rebelle Fatah Halab dite modérée, formée en 2015, en fit usage contre le bastion kurde d’Alep, cela ne souleva pas une réprobation massive des médias occidentaux. La politique française de soutien aux groupes armés a échoué suite à la capitulation « des rebelles » d’Alep en novembre 2016. La conférence d’Astana, au Kazakhstan, entérina un règlement iranien, et russo-turc du conflit qui reléguait les Occidentaux aux rôles d’observateurs. Si la guerre n’est pas terminée, elle aura contribué à la montée en puissance d’une armée djihadiste internationale. Désormais, 45 000 hommes (Frédéric Pichon, Syrie : pourquoi l’Occident s’est trompé, p. 79, Éd. du Rocher, 132 p., 13,50 €) sont aux portes de l’Europe, et entre eux et nous, il n’y a plus qu’un régime alaouite épuisé, une Turquie divisée et la base russe de Tartous. Syrie: six ans après, Alep veut croire à la fin de la guerre AFP Sammy KETZ et Maher AL MOUNES le 13 mars 2017

© AFP Des enfants jouent dans une rue de l'ancien quartier rebelle de Chaar, le 10 mars 2017 à Alep, en Syrie Mohammad Baqdoul a quitté Beyrouth pour regagner Alep avec sa famille, convaincu que la prise de la deuxième ville de Syrie par l'armée annonçait la fin de six ans de guerre dans son pays. Ce quinquagénaire avait fui la grande métropole du nord pour se réfugier au Liban en 2012, lorsque les rebelles s'étaient emparés de l'est de la ville, faisant alors trembler le régime du président Bachar al-Assad. Quatre ans plus tard, la situation s'est renversée: l'armée a capturé en décembre l'ensemble d'Alep, marquant un tournant dans le conflit et pulvérisant les rêves d'une rébellion désormais à genoux.

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© Fournis par AFP Des habitants viennent remplir leurs bidons d'eau dans une rue de l'ancien quartier rebelle de Chaar, le 9 mars 2017 à Alep, en Syrie "Quand j'ai su qu'Alep était sécurisée, j'ai pensé que la guerre était sur le point de finir et j'ai fait revenir ma famille", explique à l'AFP Mohammad devant son nouveau magasin de briques. Dans l'ancien quartier rebelle de Chaar, des habitants se pressent chez lui pour acheter de quoi réparer leurs maisons dévastées par les combats et les bombardements. - 'Fatigués' -

© Fournis par AFP Un homme et un enfant réparent une porte en tôle dans une rue de l'ancien quartier rebelle de Chaar, le 9 mars 2017 à Alep, en Syrie Le conflit en Syrie a débuté le 15 mars 2011 par des manifestations pacifiques qui, violemment réprimées, se sont transformées en lutte armée. Depuis, cette guerre est devenue la plus destructrice depuis le début du XXIe siècle. En prenant Alep et en imposant des trêves dans d'autres zones rebelles, le régime a certes gagné la principale bataille face aux insurgés. Mais le reste du pays reste déchiré par des combats impliquant des belligérants locaux, régionaux et internationaux. L'insurrection soutenue par les pays du Golfe, la Turquie et des pays occidentaux, a été au faîte de sa gloire en 2012 et pouvait parier sur l'effondrement du régime. Mais c'était sans compter sur l'appui russe et iranien qui ont renversé la donne au profit d'Assad à partir de 2015. Si la guerre est loin d'être terminée, le régime a pris nettement l'avantage. Et veut désormais reconquérir les territoires perdus, notamment en combattant le groupe Etat islamique (EI), pris sous le feu de multiples offensives. A Alep, ville la plus martyrisée du conflit, nombreux sont les habitants à partager l'optimisme de Mohammad. 6

© Fournis par AFP Le portrait du président syrien Bachar al-Assad (g) et de son homologue russe Vladimir Poutine dans une rue d'Alep, le 9 mars 2017 "Je pense que la guerre touche à sa fin car les gens sont fatigués et ils préfèrent rester chez eux que d'être de nouveau déplacés", assure Brahim Amoura, un ouvrier de 35 ans en train d'abattre un plafond dans l'ancien quartier rebelle de Karm al-Jabal. Comme un symbole, le bruit des pelleteuses, des générateurs et des bétonnières a remplacé le son du canon. - Ca 'prendra du temps' - A Alep, le portrait d'Assad avec le président russe Vladimir Poutine en second plan fleurit sur les panneaux bordant les rues où circulent des véhicules militaires et des soldats russes.

* © Fournis par AFP Des immeubles détruits dans un ancien quartier rebelle d'Alep, le 10 mars 2017 en Syrie La municipalité cherche à supprimer toute trace de l'ancienne ligne de démarcation. Mais le contraste reste frappant entre le secteur ouest gouvernemental relativement épargné, et l'est où les immeubles pulvérisés par les bombes ressemblent à des pantins grotesques. L'eau est rare dans la ville et les habitants font la queue avec des bidons devant des distributeurs. Mais le gouvernorat a promis que le précieux liquide, dont les habitants sont privés depuis près de deux mois, coulera incessamment maintenant que l'armée a repris à l'EI le centre de pompage de Khafsa, à 90 km d'Alep. L’électricité est quasiment inexistante mais les générateurs privés se multiplient. Pour l'adjoint du gouverneur d'Alep, Abdulghani Kassab, "réunir Alep est un tournant dans la crise syrienne car c'est la seconde ville du pays et sa capitale économique et culturelle". "Les habitants sont plein d’énergie et d'optimisme", assure-t-il à l'AFP. "La reconstruction va prendre du temps mais nous allons travailler dur". - 'La vie revient' - Le ton est évidemment différent chez les ex-rebelles vivant à plusieurs kilomètres de la ville. 7

"Alep était la mère de tous les révolutionnaires. La perdre a été vraiment comme perdre notre mère", confie à l'AFP par téléphone Abou Maria, un ex-insurgé de 30 ans. Pour Thomas Pierret, expert de la Syrie à l'université d’Edimbourg, "Alep a symbolisé l'espoir pour l'opposition de s'affirmer comme une alternative crédible au régime". "C'est ce même espoir qui a volé en éclat en décembre en ramenant la rébellion au statut d'insurrection périphérique". L'opposition "rêvait d'y construire une administration concurrente à Damas (...) mais la défaite a cassé le moral de l’insurrection. Autour de Damas, les redditions se sont multipliées", souligne de son côté Fabrice Balanche, du Washington Institute. D'après lui le régime contrôle aujourd'hui 36% du territoire, l'EI 29%, les Kurdes 23% et les rebelles 12%. Après la défaite à Alep, "des groupes rebelles ont accepté de dialoguer avec des représentants du régime", ajoute M. Balanche. Ils ont ainsi commencé en janvier pour la première fois à négocier sous la houlette de la Russie et de la Turquie, deux puissances jusqu'alors rivales sur le dossier syrien. A Alep, la municipalité a récemment planté des citronniers et des orangers sur un des ponts. "C'est le signe que la vie revient", assure Mohammad Jassem Mohammad, un employé municipal de 43 ans, en les arrosant. Syrie. Accord sur une évacuation des rebelles syriens de Homs Ouest France | Publié le 13/03/2017 Le gouverneur de la province syrienne de Homs a annoncé ce lundi être parvenu avec les insurgés à un accord sur l’évacuation du quartier d’Al Waer, information confirmée par des médias proches de la rébellion. Les combattants et leur famille quitteront le quartier d’Al Waer dans les prochaines semaines, a déclaré Talal Barazi, gouverneur de la province syrienne de Homs, cité par des agences de presse et la télévision publique syrienne. Al Waer, dernier quartier tenu par les rebelles à Homs, dans l’ouest de la ville, a été bombardé ces dernières semaines par l’aviation syrienne malgré le cessez-le-feu entré en vigueur fin décembre à l’instigation de la Russie, allié du président Bachar al Assad et de la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles. Le Centre des médias de Homs, dirigé par des opposants, de même qu’Orient News, affilié à l’opposition, ont confirmé l’accord. Des groupes de 10 000 à 15 000 personnes Orient News précise que les rebelles gagneront Djarablous, localité du nord de la Syrie proche de la frontière turque tenue par des groupes rebelles unis sous la bannière de l’Armée syrienne libre (ASL) et soutenus par la Turquie. Selon le Homs Media Centre, il n’y a pas encore eu de décision sur la destination finale des combattants. Les combattants et leurs familles quitteront Al Waer par petits groupes, le premier convoi étant prévu pour vendredi, a précisé le gouverneur de la province de Homs. Chaque groupe sera constitué de 10 000 à 15 000 personnes, indique le Homs Media Centre mais le premier convoi ne comprendra que 1 500 personnes environ. En septembre dernier, Talal Barazi avait indiqué qu’Al Waer abritait 40 000 civils environ et 800 combattants. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a parlé de 2 500 combattants sur place. Syrie : 465 000 morts et disparus, en six ans de guerre Le Monde.fr avec AFP | 13.03.2017 La guerre en Syrie a fait plus de 465 000 morts et disparus en six ans, a fait savoir, lundi 13 mars, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), dans un nouveau bilan, relevant qu’un fragile cessez-le-feu avait limité la progression du nombre de disparitions. L’OSDH a affirmé avoir enregistré la mort de 321 000 personnes depuis que la guerre a éclaté, en mars 2011, par des manifestations contre le président, Bachar Al-Assad, durement réprimées, et signale que 145 000 autres personnes sont portées disparues. Ce bilan marque une augmentation d’environ 9 000 morts depuis le précédent décompte de l’OSDH, publié en décembre 2016, lorsque la Russie – alliée du régime syrien – et la Turquie – soutien des rebelles – ont négocié une cessation des hostilités sur l’ensemble du territoire. 55 000 rebelles, 96 000 soldats « Moins de personnes sont mortes dans les trois mois qui ont suivi la mise en place du cessez-le-feu », note Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. « Le nombre de morts n’a pas diminué, mais [leur augmentation] a été plus lente au cours des derniers mois. » Le nouveau décompte des morts comprend plus de 96 000 civils, dont plus de 17 400 enfants et près de 11 000 femmes. Selon l’Observatoire, qui, de Londres, utilise un réseau de contacts en Syrie pour dresser un inventaire quotidien de la guerre, ces civils ont été tués pour 83 500 d’ente eux par les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés russes, iraniens et libanais, dont 27 500 dans les frappes aériennes et 14 600 sous la torture en prison. 8

Les bombardements des rebelles ont tué plus de 7 000 civils ; les djihadistes de l’Etat islamique (EI), 3 700 ; et les frappes aériennes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis contre l’EI, 920. Enfin la Turquie, qui soutient les rebelles dans le nord de la Syrie, a tué plus de 500 civils, précise l’OSDH. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, un peu plus de 60 900 soldats du régime ont été tués, ainsi que 45 000 miliciens syriens et plus de 8 000 combattants étrangers fidèles au gouvernement de M. Al-Assad. Les combats ont également coûté la vie à près de 55 000 rebelles et autant de djihadistes, la plupart appartenant à l’organisation terroriste Etat islamique (EI) ou au Front Fatah Al-Cham – ex-Al-Qaida en Syrie ou Front Al-Nosra. Par ailleurs, l’organisation non gouvernementale (ONG) Médecin du monde estime que 12,8 millions de Syriens ont besoin d’une assistance médicale. Ce chiffre s’élevait l’an dernier à 11,5 millions. « Depuis la chute d’Alep, en décembre 2016, on a l’impression que la communauté internationale a de nouveau détourné les yeux de la Syrie. Mais le drame continue : sur place, les populations continuent de souffrir de blessures physiques et de traumatismes psychiques intenses », s’est indignée Françoise Sivignon, présidente de Médecins du monde. 90 % des réfugiés sous le seuil de pauvreté Selon l’ONG, « la moitié des centres de santé et hôpitaux existant avant le début du conflit ne sont aujourd’hui plus pleinement opérationnels en Syrie ». Trois cent trente-huit rapports d’attaques de centres de santé ont été confirmés pour la seule année 2016, parmi lesquels six concernent des unités médicales soutenues par Médecins du monde. Des attaques qui ont causé la mort de 53 patients et de 15 travailleurs de la santé. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), en février 2017, la guerre avait poussé 4,9 millions de personnes à quitter le pays. La Turquie où vivent 2,9 millions de Syriens enregistrés auprès du HCR, reste leur principale terre d’asile. Suivent le Liban (1 million enregistrés par le HCR, mais 1,5 million selon une source gouvernementale), puis la Jordanie (630 000 enregistrés auprès du HCR, mais 1,4 million selon les autorités). Environ 225 000 Syriens sont également réfugiés en Irak et 137 000 en Egypte. D’après le HCR, quelque 90 % des réfugiés syriens vivent sous le seuil de pauvreté, et au moins 10 % d’entre eux sont considérés comme « extrêmement vulnérables ». Syrie: les rebelles boycottent les pourparlers Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 13/03/2017 Les factions rebelles syriennes ont annoncé aujourd'hui leur décision de boycotter un nouveau round de pourparlers avec le régime syrien prévu cette semaine à Astana sous l'égide de la Russie et la Turquie. Un porte-parole de la délégation de l'opposition armée, Oussama Abou Zeid, a expliqué ce boycott par "des promesses non tenues liées à la cessation des hostilités" en Syrie, où un cessez-le feu a été décrété en décembre à l'initiative de Moscou, soutien du régime, et d'Ankara, qui appuie les rebelles. "Nous avons décidé de ne pas participer (aux négociations) d'Astana", car le cessez-le-feu n'a pas été respecté, a également dit Ahmad Othman, un commandant de la fraction Sultan Mourad, un groupe rebelle soutenu par la Turquie. "Le régime et les milices (prorégime) continuent de bombarder, déplacer (des civils) et faire le siège" de localités syriennes, a-t-il déclaré. Deux rounds de négociations ont déjà eu lieu cette année à Astana, la capitale du Kazakhstan, mais sans déboucher sur une percée majeure permettant d'envisager une solution à un conflit qui a fait plus de 320.000 morts en six ans. Selon la Syrie, Ankara viole ses engagements Par Le Figaro.fr avec Reuters Publié le 14/03/2017 Le gouvernement syrien a accusé la Turquie de ne pas respecter ses engagements concernant les négociations de paix d'Astana, alors que les groupes rebelles soutenus par Ankara boycottent la troisième session, qui doit s'ouvrir aujourd'hui dans la capitale kazakhe. Ce cycle de négociations a commencé en janvier avec le soutien de la Russie, de l'Iran et de la Turquie, l'un des principaux alliés de l'opposition au gouvernement du président Bachar al Assad. L'Iran et la Russie, de leur côté, soutiennent Assad. "Lorsque l'un des trois garants viole ses engagements - je parle de la Turquie - il faut lui demander des comptes sur l'absence des groupes armés", a déclaré Bachar al Dja'afari, l'émissaire du gouvernement syrien. De son côté, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, s'est dit surpris par le refus de l'opposition syrienne de participer aux négociations d'Astana et a dit ne pas être convaincu par les raisons avancées officiellement. L'opposition a justifié sa décision par la poursuite des frappes russes dans des zones rebelles et le peu d'efforts de Moscou pour pousser l'armée syrienne à respecter le cessez-le-feu. Oussama Abou Zaïd, un porte-parole de l'opposition, a déclaré hier soir que la décision de ne pas se rendre aux discussions avait été prise du fait de l'incapacité de la Russie à mettre fin aux violations du cessez-le-feu conclu en décembre sous l'égide d'Ankara et de Moscou. 9

Dja'afari, de son côté, a déclaré que les délégués du régime syrien s'étaient rendus à Astana pour y retrouver leurs alliés iraniens et russes, et pour "montrer le sérieux du gouvernement syrien" dans le processus engagé à Astana. Syrie: explosion contre un autobus à Homs Par Le Figaro.fr avec Reuters Publié le 14/03/2017 Un nouvel attentat s'est produit aujourd'hui à Homs en Syrie, une explosion contre un au bus qui a fait un mort et deux blessés. L'explosion s'est produite dans le quartier de Wadi al Dhahb dans le sud-ouest de la ville, rapporte l'agence de presse syrienne Sana. Plusieurs attentats ont eu lieu à Homs le mois dernier. L'attentat du 25 février, particulièrement meurtrier, a été revendiqué par l'alliance djihadiste Tahrir al Cham. Ce même groupe est également à l'origine du double attentat suicide samedi à Damas qui a fait plusieurs dizaines de morts, pur la plupart des pèlerins chiites. Hier, un accord a été trouvé pour l'évacuation des rebelles de Homs. NOTES DE VOYAGE Alep, la douleur et la honte IVERIS 08 février, 2017 Leslie Varenne Directrice de l'IVERIS Alep, capitale économique d’un pays en guerre. Alep, berceau de la civilisation, inscrite au patrimoine de l’humanité depuis 1986, se dispute avec Jéricho le titre de l'une des plus anciennes villes du monde. Alep, dès l’arrivée : des ruines. Pour s’y rendre depuis Beyrouth, il a fallu emprunter une route ouverte par l’armée contournant les zones toujours en conflit, traverser un désert peuplé de postes militaires et de villages abandonnés aux maisons éventrées, comme un avant-goût du spectacle de désolation à venir. Alep, sans eau ni électricité puisque les djihadistes ont coupé l’approvisionnement à partir de l’Euphrate et plastiqué la centrale électrique. Vingt-cinq jours après sa libération, le bruit des roquettes et des missiles s’est tu et la vie tente difficilement de reprendre le dessus. Désormais, pour des décennies et pour des générations d’Alépins, il y aura un avant et un après la guerre, un avant et un après juillet 2012. C’est à cette date que des groupes armés divers et variés [1] venus des quatre coins de la planète, ont envahi puis occupé les quartiers Est et Sud et assiégé la totalité de la ville. Avant, le gouvernorat de la région d’Alep comptait entre six et sept millions d’habitants et la ville environ trois millions, quatre ans et demi plus tard, entre les morts, les exilés et les déplacés internes, le nombre d’Alépins a été divisé par deux. Avant quinze zones industrielles employaient un million de salariés ; il y avait un hôpital réputé dans tout le Moyen-Orient ; un centre historique avec le plus grand et le plus ancien souk du monde, 4000 ans avant Jésus Christ, attenant à la mosquée des Omeyyades, monument classé appartenant au culte musulman et chrétien. De tout cela, il ne reste que des gravats… [2]

Mosquée des Omeyyades L’humanité en ruines Les imams sunnites de la mosquée des Omeyyades servent de guides pour commenter l’étendue du désastre : « ils ont occupé la mosquée pendant trois ans de 2013 à 2016 ». Qui est ce « ils » ? « D’abord, il y a eu l’Armée syrienne libre (ASL), ensuite Daech et enfin al-Nosra.» Ces religieux, comme tous les Syriens rencontrés, ne font pas de différences entre ces divers groupes, « ce sont les mêmes » répètent-ils inlassablement. Pour les désigner, les Alépins emploient un seul mot : « terroristes ». La délégation d’imams poursuit : « dès qu’ils sont entrés dans les souks, ils les ont fait exploser. » Puis les religieux désignent l’endroit, au fond de la salle de réception, d’où ils lançaient les roquettes et où se tenaient les snipers qui tiraient sur les civils. Ils montrent également les tranchées et les tunnels creusés avec des excavateurs sous cette église byzantine construite en 627 et transformée en mosquée au 13ème siècle. Lorsqu’au détour de leurs déprédations, ils trouvaient des antiquités, ils s’en emparaient pour les revendre. Et comme si cela ne suffisait pas, avant de partir, ils ont incendié ce qui n’était pas encore complètement détruit. « Ces gens-là », poursuit un imam « n’ont aucune relation avec le spirituel ni avec l’islam, l’idée est d’effacer les traces des civilisations chrétiennes et musulmanes. » Devant 10 les visages dépités des personnes contemplant le désastre, un autre religieux tente de rassurer « la décision de restaurer cette mosquée est prise. Ce ne sont pas les pierres, c’est « l’être » syrien qui fait le monument. Nous sommes des bâtisseurs, nous reconstruirons. » A côté des Omeyyades, dans le centre historique, les djihadistes ont utilisé 40 tonnes d’explosifs pour faire sauter l’école Sultanieh, le Carlton construit par les Turcs puis les Français, le tombeau du fils de Saladin ; le hammam de l’époque ottomane, le caravansérail… Le centre-ville historique n’est pas le seul touché. Midan, le quartier arménien du Nord de la ville était une ligne de front, il ressemble à un paysage d’après tremblement de terre. Le député de cette circonscription, Jirair Reisian, décrit le quotidien de ces années de guerre : « les années les plus noires ont été celles de 2013 et 2014. Chaque fois que nous sortions, nous ne savions pas si nous allions revenir. Un jour, en moins de 12 heures, 80 roquettes sont tombées ici. Des églises arméniennes ont été détruites. » Les Arméniens se sont installés en Syrie après le génocide de 1915, compte tenu du rôle joué par la Turquie dans la guerre en Syrie, cette communauté a eu l’impression de revivre l’impensable, « Nous nous sommes dit, ça recommence ! ». La triple peine Non seulement les Syriens doivent contempler chaque jour leur ville en ruines mais ils doivent aussi affronter un quotidien difficile. Sans eau, il a fallu creuser des puits dans les cours des maisons, des hôpitaux, des lieux de cultes. Sans électricité, il a fallu s’équiper de groupes électrogènes, le bruit de ces engins résonne dans toute la ville. Ces machines fonctionnent au gasoil et avec la guerre il a eu l’inflation, la dépréciation de la livre syrienne. Alors les Alépins se regroupent dans une seule pièce et ne se chauffent qu’une à deux heures par jour. Avant-guerre, un euro valait environ 65 livres syriennes, aujourd’hui un euro est égal à 547 livres. Avant-guerre, avec un dollar une famille achetait cinq paquets de pain. Après la guerre, elle pourrait en acheter quinze, mais qu’importe puisque la majorité des gens est ruinée [3] . Après six années de conflit, les riches ont épuisé leur bas de laine et les pauvres n’ont toujours rien. Toutes les usines sont à terre et 85% de la population est au chômage. En Syrie, les communautés religieuses ont encore un rôle social, sanitaire et éducatif, elles offrent paniers repas, ampères, vêtements et des cours pour les enfants. Les hôpitaux et cliniques privés des congrégations de chrétiens soignent, sans distinction de religion, tous les malades et les blessés de guerre. Mais en plus du dénuement, du nombre de patients à traiter, dont beaucoup touchés par des éclats d’obus, tous les hôpitaux qu’ils soient publics ou privés doivent faire face à un autre mal : l’embargo. Cette mesure décrétée par les USA et l’Union européenne interdit toutes transactions commerciales avec la Syrie sans aucune distinction. Aucun habitant de ce pays, aucune organisation caritative ne peut recevoir un chèque, un don, un virement Western Union. Pire encore, impossible pour les hôpitaux d’obtenir des médicaments et des pièces de rechange pour les scanners ou les IRM. Avec la guerre, les médecins rencontrés estiment qu’un Syrien sur deux a besoin de soins sanitaires, mais les compagnies étrangères ne coopèrent plus pour entretenir le matériel, ne livrent plus de médicaments. La Syrie était productrice de génériques, 70 % de ces médicaments étaient fabriqués à Alep, mais les usines ont été détruites… « Nous manquons de tout, de scanner, d’IRM, d’appareils de radiologie, de petits consommables, d’antibiotiques de dernière génération, nous ne recevons aucun soutien, hormis l’OMS et l’Unicef qui nous ont un peu aidé, mais c’était symbolique, et les Russes qui nous donnent aussi quelques médicaments. L’embargo pourrait s’imposer à tout mais jamais aux matériels médicaux. » déclare le directeur du CHU. Monseigneur Dionicio Antonio Chahda partage la même colère : « Tous les biens même ceux de l’église sont sous embargo. Nous sommes en train de souffrir pas seulement de la guerre, certes les lancements de missiles se sont arrêtés, mais nous avons une autre guerre : le manque de tout. Alep est une ville morte, dommage il n’y a pas une lumière d’espérance pour croire que la vie normale va reprendre. Les Américains sont venus nous voir, nous leur avons dit : laissez-nous tranquille et nous saurons construire notre vie. » [4] La guerre gagnée Ici, dans une clinique tenue par une congrégation catholique, une maman portant le foulard implore les sœurs de prier pour la survie de son enfant blessée à la tête par des éclats d’obus. Là, à un poste de douane, c’est un commandant de police alaouite qui prend le thé avec son supérieur, un colonel sunnite. Dans les rues d’Alep, se croisent des femmes en burqa, en foulard, têtes-nues, ni plus, ni moins qu’avant-guerre. Les nombreux experts arabisants qui ont déversé leur « science » à longueur de colonnes et sur les plateaux de télévision, en expliquant doctement cette guerre comme un conflit entre sunnites et alaouites devraient se rendre en Syrie pour entendre et voir. Les manifestations religieuses sont encore œcuméniques, catholiques, protestants, musulmans, chrétiens d’Orient s’y côtoient. Le député de Midan constate que rien n’a changé « Il y a eu des manipulations pour faire de ce conflit un problème de religion, mais c’est pareil qu’avant. » Sur ce sujet, au moins, il n’y aura pas d’avant et d’après. La mystification Tout au long de ce voyage et qu’elles que soient les personnes rencontrées, dans les hôpitaux, les lieux de culte, dans la rue, tous les Alépins tiennent le même langage « s’il vous plaît, ne mentez pas, dites seulement ce que vous voyez, ce que vous entendez. Soyez honnêtes. » Ce leitmotiv revient comme une supplique. Car, en plus de la guerre et de ses horreurs, aucune famille n’a été épargnée par un drame, en plus de l’embargo, les Syriens ont souffert de la manière dont ce conflit a été traité par les médias occidentaux. La couverture des événements de ce qui a été appelé « Alep Est » en est la démonstration. Pendant la guerre, 25% du territoire de la ville, quartiers Est et Sud, était occupée par les djihadistes, le reste étant sous contrôle gouvernemental. Selon les médecins rencontrés, il y a eu dix fois plus de morts à l’Ouest qu’à l’Est à cause des tirs de roquettes, de missiles et de bonbonnes de gaz remplies de clous. Mais la compassion occidentale ne s’est tournée que vers les populations des quartiers Est. Or, tous les Alépins ont vécu les mêmes affres et une minorité seulement soutenait les groupes armés. Lors de la libération d’Alep, sur les 140 000 personnes qui vivaient encore en zone occupée, seules 35 000 ont choisi de rejoindre Idlib, une ville sous l’emprise d’al-Nosra, les autres sont allées se réfugier du côté gouvernemental.

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Jean-Marc Ayrault et Brita Hadji Hassan à Paris le 30 novembre 2016 Un autre événement a provoqué l’ire des Syriens. Un homme, sorti de nulle part, Brita Hadji Hassan, soupçonné d’avoir des liens avec al-Nosra, s’est présenté comme le maire d’Alep Est devant tous les médias internationaux. Les Alépins sont restés médusés lorsqu’il a été reçu sous les lambris du Quai d’Orsay par le ministre des Affaires Etrangères, Jean-Marc Ayrault. Un député, Boutros Merjaneh raconte sa stupéfaction « J’ai découvert son existence lorsqu’il est arrivé en France et j’ai mis trois jours à savoir qui il était. En réalité, il travaillait à la direction de la communication de la mairie. Pour être maire d’Alep, il faut être né ici, or lui est de la région d’Idlib. Que les autorités françaises reçoivent de cette manière un homme sans qualité est simplement inacceptable. » Mieux encore, l’affaire tout aussi inacceptable, voire surréaliste, de trois députés français, dont une ancienne ministre, Cécile Duflot, Patrick Menucci et Hervé Mariton tentant d’entrer sans visa en territoire syrien, via la Turquie, le chemin qu’emprunte les djihadistes, accompagnés d’un faux maire ! Et le député Merjaneh de conclure « si ces députés veulent venir ici, je suis prêt à les accueillir et ils auront leurs visas de manière légale. » La trahison De nombreux Syriens sont francophones et étaient, avant la guerre, très attachés à la France, à sa culture, mais les positions de Paris dans le conflit syrien les ont profondément heurtés. Ils sont amers « la France nous a poignardé dans le dos » « Nous nous sentons trahis » « Nos enfants seront anglophones ». Etre Français et marcher dans les ruines d’Alep, s’entretenir avec des habitants, rencontrer les blessés de guerre, c’est un peu comme porter sa honte en bandoulière. En armant « les rebelles » en soutenant, contre vents et marées, une « opposition » coupable de tant de crimes contre l’humanité, en privilégiant son alliance avec les pétromonarchies qui financent les djihadistes, une nouvelle fois, la France s’est placée du mauvais côté de l’histoire. Dans ce pays berceau de la civilisation, le peuple a la mémoire longue… [1] Il y a eu jusqu’à 93 groupes armés dans Alep, dont les principaux sont : l’Armée syrienne libre (ASL) Daech, (Organisation de l’Etat islamique (EI)) et le Front al-Nosra, filiale d’al-Quaeda, rebaptisé Fatah el Chaam, mais les Syriens n’ont cure de cette nouvelle appellation et continuent d’utiliser le nom al-Nosra. [2] L'auteur de ces lignes, s'est rendue à Alep pour accompagner une mission humanitaire composée de quatre chirurgiens en cardiologie : Victor Fallouh, Antoine Salloum, Daniel Roux et le député Gérard Bapt, qui était présent en tant que cardiologue et non en tant que parlementaire. [3] C'est une valeur pour l'exemple, en Syrie, le pain est un produit soutenu par l'Etat. [4] C'est la sénatrice démocrate, Tulsi Gabbart, qui a rencontré Monseigneur Dionicio Antonio Chahda. Hôpitaux d’Alep : la sale guerre… IVERIS - 14 mars, 2017 Leslie Varenne Pendant toute la durée du conflit à Alep, les hôpitaux de cette ville ont été au cœur de « l’information de guerre ». Les médias occidentaux et les ONG ont déploré tant de bombardements sur les structures de santé situées dans les quartiers Est, que cette partie de la ville aurait pu passer pour la zone la plus médicalisée au monde. Tant de nouvelles, fausses ou approximatives, ont été relayées qu’il a été difficile de démêler l’écheveau. Cependant, après la libération d’Alep, grâce à l’aide de médecins Aleppins rencontrés lors de la mission humanitaire à laquelle l’IVERIS a pu participer, il est désormais possible de dénouer les fils [1].

Une colombe de la paix réalisée par une des sœurs de l’hôpital Saint-Louis d’Alep, avec des balles ramassées dans l’établissement. Dans la partie nommée « Alep Ouest », restée sous contrôle gouvernemental, les deux hôpitaux publics et les nombreuses cliniques privées ont gardé leurs bâtiments en état fonctionnel tout au long de cette période, même si toutes sortes d’engins explosifs sont tombés dans leurs enceintes. Les problèmes majeurs auxquels ces établissements ont été, et sont toujours confrontés, sont liés à la pénurie de médicaments due aux sanctions imposées par l’Union européenne et les Etats-Unis, à l’afflux de patients, au manque d’eau et d’électricité. 12

Hôpital al-Kindi L’hôpital al-Kindi a un statut particulier puisqu’il se trouvait au Nord-Est d’Alep, dans une zone temporairement occupée par les djihadistes. C’était le plus grand établissement public de cette ville, il disposait de 800 lits et du plateau technique le plus performant du Moyen-Orient. Il a été entièrement détruit en janvier en 2013 lors d’une attaque au camion suicide, revendiquée par trois groupes djihadistes : Jabha al- Islamiya, al-Nosra et Fair al-Sham Islamiya. Cet attentat a été filmé et posté sur la plateforme Youtube [2]. Dans la partie, appelée « Alep Est », contrôlée pendant tout le conflit, de juillet 2012 à décembre 2016, par les divers groupes armés comme : l'ASL, l'Organisation de l’Etat Islamique (EI) et al-Nosra, la situation a été des plus confuses. Avant-guerre, dans ces quartiers de la ville, il y avait trois hôpitaux publics et sept cliniques privées, nommées également « hôpital ». Les trois établissements publics : ophtalmologique, pédiatrique et Watani ont été occupés par les djihadistes dès le début des combats [3]. Dès lors, ces trois hôpitaux ont cessé de fonctionner. Le premier a été transformé en quartier général d’al-Nosra, le second en prison et le troisième en siège du tribunal islamique. Ces trois établissements étaient situés sur un même campus. Ils ont été détruits partiellement ou totalement par des raids aériens durant le conflit.

Hôpital Sakhour/ M10 Quant aux cliniques privées, leur situation a été rendue inextricable car les ONG, qui les soutenaient, les ont parfois rebaptisées en leur attribuant des noms de code. - Le gouvernement syrien n’a pas accordé aux ONG le droit de travailler sur son territoire. Seule la Croix Rouge internationale (CICR) a obtenu cette autorisation. Les autres organisations humanitaires, comme Médecins sans Frontières (MSF), Médecins du Monde (MDM) ou la Syrian American Medical Society (SAMS) œuvrent donc en territoire occupés par les divers groupes armés. Elles soutiennent les structures de santé en leur prodiguant des médicaments, du matériel, des fonds pour les salaires et du cash. - Ainsi l’hôpital Sakhour a été appelé M10 pendant toute la guerre. Les Syriens, eux-mêmes, ne savaient pas à quelle structure M10 faisait référence et pourtant son histoire a été la plus médiatisée et la plus extravagante. Le 3 octobre 2016, une dépêche AFP annonce sa destruction par des bombardements des armées syrienne et/ou russe [4]. Ce communiqué crée un tsunami médiatique et diplomatique. Dès le lendemain, Washington dénonce les raids contre « le plus grand hôpital d’Alep », et rompt les pourparlers de paix en cours avec Moscou [5]. De son côté, l’ONU évoque « la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie » [6]. La France condamne les « crimes de guerre » [7]. En réalité, l’hôpital est toujours là ! L’établissement, n’est certes pas en bon état, mais il n’a pas subi de raids aériens. En outre, cette clinique, spécialisée en traumatologie disposait de 31 lits, ce n’était donc pas « le plus grand hôpital d’Alep Est ». Enfin, sans entrer dans un décompte macabre, un mort est toujours un mort de trop, pendant les six années de guerre, les Syriens ont vu des « catastrophes humanitaires plus graves ». La source qui a donné l’information à 13 l’AFP selon laquelle « l'hôpital a été visé directement par des raids aériens » est l’Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une organisation connue pour ses liens avec l’opposition. Ces faits ont ensuite été validés par la Syrian American Medical Society (SAMS), qui soutenait l’Hôpital Sakhour/M10. En décembre 2016, Adham Sahloul, un membre de cette organisation humanitaire levait le secret en déclarant dans un article « M10 était le nom de guerre de l’hôpital Sakhour » [8]. Pierre Le Corf, un Français, installé à Alep depuis plus d’un an, a visité les lieux très récemment. Il a découvert qu'al-Nosra avait établi un de ses sièges dans la ville à quelques mètres de cet établissement, un fait que SAMS ne pouvait pas ignorer. Le jeune homme a tourné une vidéo de cet étrange « campus » où se cotoient, le groupe terroriste, les célèbres Casques Blancs et cette organisation humanitaire basée aux Etats-Unis [9]. Par ailleurs, ce film confirme l’impressionnant stocks de médicaments dont bénéficiaient ces structures, ce qui laisserait à penser que contrairement à « Alep Ouest », « Alep Est » n’a pas été soumise à l’embargo.

Hôpital Omar bin Abdel Aziz L’hôpital privé Omar bin Abdel Aziz, soutenu par Médecins du Monde, a, lui, été détruit par les forces syrienne et/ou russe [10]. Il a été endommagé une première fois en juin 2016 par une frappe aérienne visant un immeuble voisin, mais a néanmoins continué à soigner des patients jusqu’en novembre 2016 [11]. A cette date, il a subi d’autres dommages, attaques à l’explosif, bombardements, sur ce point les dépêches divergent. Il a été signalé comme « le dernier » ou « l’un des derniers » hôpital d’Alep. Reste que cet établissement a bien été dévasté.

Hôpital al-Quds L’histoire de l’hôpital al-Quds, soutenu par Médecins sans Frontières (MSF), a également donné lieu à un véritable embrouillamini. Le 28 avril 2016, MSF publie une dépêche dans laquelle, il signale que « d’après le personnel soignant sur place, l’hôpital a été détruit par au moins un bombardement aérien qui a directement frappé le bâtiment, le réduisant en ruines.» [12] Comme pour M10, ce communiqué déclenche les foudres de l’ONU, de la France, des médias et des autres ONG [13]. Pourtant cet établissement est, lui aussi, encore debout. L’analyse de la photo montre que toutes les fenêtres ont été soufflées et que cette structure de santé, qui disposait de 34 lits, n’est pas en ruine ; par conséquent, elle n’a pas été visée directement par des bombardements mais a subi les dommages collatéraux de frappes aériennes dans la zone. Selon le témoignage d’un des médecins rencontrés pendant la mission, il y aurait eu un dépôt de munitions d’al-Nosra dans un immeuble contigu. Cette information ne paraît pas absurde, car en temps de guerre, il est fréquent que les groupes armés sécurisent leurs matériels stratégiques près des immeubles réputés « intouchables ».

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Quelques jours plus tard, le plateau technique d’al-Quds a déménagé 500 mètres plus loin et a pu continuer de fonctionner jusqu’à la fin des combats. C’est ce que confirme MSF qui le 3 mai 2016, soit cinq jours après son premier communiqué, publiait une mise à jour : « Les frappes aériennes ont d'abord touché les bâtiments voisins, puis l’hôpital Al Quds, principale structure pédiatrique de référence de la ville d'Alep, où des blessés avaient commencé à être transférés. - Il faudra au moins deux semaines avant que l'hôpital ne soit en mesure de rouvrir ; les efforts sont portés sur la réparation et la remise en état de ce qui peut l’être.» [14] Avec ces précisions, l’organisation humanitaire admet, d’une certaine manière, qu’al-Quds n’a pas été totalement détruit. Mais, comme toujours en de telles circonstances, c’est la première dépêche qui est reprise en boucle dans les médias et les mises à jour sont passées sous silence. [14]

De gauche à droite, les cliniques de Zarzour, Zahraa, Machhsad, Daqqaq Les quatre autres cliniques privées, Zarzour, Machhsad, Daqqaq, Zahraa ont pu continuer à travailler pendant tout le conflit, malgré les conditions extrêmement difficiles comme partout dans Alep, que ce soit à l’Ouest ou à l’Est. Il n’y a donc pas eu de « dernier hôpital à Alep Est » comme la presse l’a si souvent rapporté, et le « plus grand hôpital d’Alep Est » al-Kindi avait déjà été détruit bien avant de faire la Une des journaux. Un seul hôpital a été touché par un bombardement, tous les autres ont subi les dommages collatéraux liés au conflit. Aux horreurs de la guerre urbaine, où les civils payent toujours un lourd tribut, s’est ajoutée une sale guerre de l’information. En dénonçant dans l’urgence médiatique et en s’empressant de prendre des décisions politiques lourdes de conséquences sans avoir vérifié les faits, les Etats et les Nations Unies font preuve d’un aveuglement volontaire. Dès lors, ils font porter aux ONG et aux agences de presse qui diffusent ces informations une responsabilité immense, elles deviennent, de fait, des acteurs du conflit. [1] L'auteur de ces lignes, s'est rendue à Alep pour accompagner une mission humanitaire composée de quatre chirurgiens en cardiologie : Victor Fallouh, Antoine Salloum, Daniel Roux et le député Gérard Bapt, qui était présent en tant que cardiologue et non en tant que parlementaire. Voir également la note de voyage publiée au retour de cette mission https://www.iveris.eu/list/notes_de_voyage/249- alep_la_douleur_et_la_honte [2] https://www.youtube.com/watch?v=oHOCfJP3wAM [3] Pour être très précis, l’hôpital ophtalmologique a continuer à fonctionner pendant deux mois après l'occupation des groupes armés, avant de servir de QG à d'al-Nosra. Par ailleurs, le Front al-Nosra, filiale d'al-Quaeda, a changé de nom, il se fait appeller désormais Fatah el Chaam. Pour ne pas prêter à confusion et comme c'était sous cette appellation qu'il a combattu pendant la guerre à Alep, l'IVERIS continue d'utiliser son ancien nom. [4] http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20161003.AFP8835/syrie-le-plus-grand-hopital-d-alep-est-detruit-par-des-raids.html [5] http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/806673/suspension-pourparlers-etats-unis-russie-syrie-alep-onu-bombardement-hopital [6] http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/806673/suspension-pourparlers-etats-unis-russie-syrie-alep-onu-bombardement-hopital [7]http://www.francetvinfo.fr/monde/revolte-en-syrie/jean-marc-ayrault-condamne-fermement-le-bombardement-d-un-hopital-a- alep_1851185.html [8] http://time.com/4599498/aleppo-hospital-obituary/ [9] https://gaideclin.blogspot.fr/ [10] http://www.diplomatie.gouv.fr/en/country-files//events/article/syria-bombing-of-the-omar-bin-abdulaziz- [11] http://www.la-croix.com/Monde/Un-nouvel-hopital-Syrie-detruit-bombardement-2016-06-15-1300768968 [12] http://www.msf.fr/presse/communiques/syrie-destruction-hopital-al-quds-alep-bombardements-aeriens 15

[13] https://www.un.org/press/fr/2016/cs12347.doc.htm [14] En septembre 2016, MSF a publié un rapport sur l'hôpital al-Quds Syrie: fin des pourparlers, sans avancées Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 15/03/2017 Le troisième round de négociations de paix sur la Syrie à Astana s'est terminé aujourd'hui sans avancées concrètes, après avoir été boycotté par les rebelles qui dénoncent les violations du cessez-le-feu dans le pays. Ces pourparlers, parrainés par la Russie et l'Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad, et par la Turquie, soutien des rebelles, avaient débuté hier dans la capitale du Kazakhstan, déjà hôte quelques mois plus tôt de deux rencontres analogues. Les émissaires de la Russie, Alexandre Lavrentiev, et du régime de Damas, Bachar al-Jaafari, ont tous deux dénoncé le boycott des rebelles comme une entrave aux efforts de paix. "Ils veulent rompre les négociations politiques. Il y a des forces qui insistent sur une solution militaire" au conflit en Syrie, qui entre dans sa sixième année, a accusé M. Lavrentiev. M. Jaafari a pour sa part estimé que l'absence des rebelles démontrait leur "manque de respect pour le processus (de règlement) dans son ensemble". Un porte-parole des rebelles, Oussama Abou Zeid, avait justifié lundi le boycott des négociations par "des promesses non tenues liées à la cessation des hostilités" en Syrie. Les précédentes rencontres d'Astana s'étaient concentrées sur le renforcement d'une fragile trêve, instaurée en décembre entre forces de Bachar al-Assad et groupes rebelles, mais menacée par des flambées régulières de violences. Alexandre Lavrentiev a annoncé une nouvelle rencontre à Téhéran les 18 et 19 avril, mais il est peu probable que les rebelles acceptent de se rendre à des pourparlers qui se tiendront chez l'un des principaux alliés de Bachar al-Assad. Le gouvernement syrien et les groupes d'opposition sont par ailleurs conviés à un cinquième round de négociations sous l'égide de l'ONU à Genève le 23 mars. Syrie: Washington envisage un millier de soldats supplémentaires Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 15/03/2017 Les Etats-Unis envisagent d'envoyer un millier de soldats de plus en Syrie pour l'offensive contre Raqa, fief du groupe Etat islamique, mais Washington a dit ce mercredi qu'il croyait toujours à une solution diplomatique pour ce pays entré dans sa septième année de guerre. Le déploiement d'un millier d'hommes supplémentaires "est une des propositions qui est sur la table pour être discutée", a indiqué un responsable du Pentagone, confirmant des informations du Washington Post. Mais cette proposition n'a pas encore été soumise à l'approbation du président Donald Trump ou de son secrétaire à la Défense James Mattis. Cela doublerait des effectifs militaires américains déployés en Syrie, actuellement entre 800 et 900. Selon le responsable, les soldats supplémentaires continueraient de rester à l'écart des combats proprement dits, se contentant d'un rôle d'appui aux forces locales menant l'assaut. Il s'agirait par exemple d'unités d'artillerie opérant les canons de 155 mm ou les systèmes de roquettes guidées HIMARS. Depuis la fin de 2015, des forces spéciales américaines se trouvent en Syrie pour conseiller et entraîner des forces locales se battant contre le groupe Etat islamique. Mais leur mission discrète a pris un tour nouveau ces dernières semaines. Des blindés Stryker ont été déployés dans la région de Minbej (nord) pour dissuader des rebelles syriens et leurs alliés turcs de chercher à conquérir la ville, déjà libérée des djihadistes par un allié de la coalition, l'alliance arabo-turque des Forces démocratiques syriennes. Une batterie d'artillerie des Marines a également été déployée pour participer à l'offensive pour reprendre Raqa. Le président Trump a affiché sa volonté d'accélérer la chute de l'organisation djihadiste. Le Pentagone lui a fourni un nouveau plan de bataille mais la Maison Blanche n'a annoncé aucune nouvelle mesure pour l'instant. Pour Washington, le problème syrien dépasse de loin la simple question des moyens militaires à mettre en oeuvre pour battre Daech. La question de l'avenir des territoires libérés des jihadistes reste une énorme inconnue, faute de succès des négociations pour une paix globale dans le pays. Une troisième série des pourparlers d'Astana sous l'égide de la Russie et de l'Iran s'est achevée mercredi sans avancées concrètes. Régime et opposition sont conviés à un nouveau cycle de négociations de paix sous l'égide de l'ONU à Genève le 23 mars. Pour ce processus diplomatique, l'administration Trump s'inscrit dans la continuité de l'équipe Obama. Ainsi, à l'occasion du sixième anniversaire, ce 15 mars, du déclenchement de la guerre en Syrie, le département d'Etat a assuré que "les Etats-Unis demeuraient impliqués dans la recherche d'une solution diplomatique et de paix au conflit syrien". "Chacun de nous sait à quel point c'est difficile", a commenté son porte-parole Mark Toner. Il a réaffirmé que le président syrien Bachar al-Assad était "un homme brutal qui avait conduit son pays dans ce bourbier" et que les Etats-Unis "croyaient à une transition (politique) sans Assad".

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Un double attentat suicide frappe Damas en Syrie Par lefigaro.fr , AFP agence Publié le 15/03/2017 Un premier kamikaze a visé un ancien Palais de justice du centre de la capitale, faisant au moins 25 morts. Un deuxième attentat a eu lieu, moins de deux heures plus tard, dans le secteur de Raboué. La Syrie entame sa septième année de guerre dans le sang. Ce mercredi, un attentat suicide a provoqué la mort d'au moins 25 personnes dans un tribunal de la capitale du pays, Damas. «Il y a au moins 25 morts et des dizaines de blessés» après l'explosion survenue dans un bâtiment abritant le tribunal pénal et le tribunal religieux chargé des affaires matrimoniales, selon la police. Le procureur de la République de Damas, cité par la télévision d'État, a affirmé que le «kamikaze a visé les citoyens à une heure de grande affluence». «Il a essayé d'entrer dans le tribunal et quand les policiers ont tenté de l'en empêcher, il s'est rué à l'intérieur (du bâtiment, NDLR) et s'est fait exploser.» Un correspondant de l'AFP sur place a vu arriver ambulances et pompiers. Les services de sécurité ont aussi demandé aux passants de s'éloigner de la zone visée, qui se situe dans le quartier central de Hamidiyé, près de l'entrée du célèbre souk de la capitale. «Nous étions paniqués car le bruit de l'explosion était énorme», a raconté une avocate présente dans le bâtiment. «Nous nous sommes réfugiés dans la salle de la bibliothèque qui se situe dans les étages supérieurs», a-t-elle ajouté sous le couvert de l'anonymat. «Il y avait beaucoup de sang». Un peu plus d'une heure plus tard, un second attentat a frappé la ville a rapporté l'agence officielle syrienne Sana. «Un terroriste kamikaze a déclenché sa ceinture explosive à l'intérieur d'un restaurant à Raboué [dans l'ouest] de Damas après avoir été pourchassé et cerné par les autorités compétentes», a indiqué l'agence. Elle a évoqué des «morts et des blessés» sans donner de bilan précis. La correspondante de l'AFP a constaté que les rues de la capitale avaient été désertées à la suite du deuxième attentat alors qu'il s'agissait de l'heure de pointe. Plusieurs rues ont été coupées à la circulation par les services de sécurité. Samedi dernier, la capitale syrienne avait été secouée par un double attentat qui a fait 74 morts et qui a été revendiqué par le Front Fateh al-Cham, l'ex-al-Qaida en Syrie. Depuis le début de la guerre, il y a six ans, plus de 320.000 personnes sont mortes. Une mosquée bombardée en Syrie: bavure américaine? Par RFI Publié le 17-03-2017 Peut-être une bavure américaine en Syrie. L'OSDH évoque la mort d'au moins 42 personnes dont une majorité de civils dans une frappe aérienne qui a touché une mosquée du village d'Al-Jineh, à une trentaine de kilomètres de la ville d'Alep. Il y aurait plus d'une centaine de blessés selon la même source. L'armée américaine reconnaît avoir mené le bombardement mais affirme qu'il visait des combattants d'Al-Qaida. Une enquête a été ouverte. L’armée américaine a reconnu jeudi soir avoir effectué une frappe dans le nord de la Syrie mais elle assure avoir visé un « rassemblement d’al-Qaïda » et nie avoir délibérément visé la mosquée où au moins 42 personnes ont péri selon l'OSDH, ONG locale. « Nous n'avons pas visé une mosquée, mais le bâtiment que nous avons ciblé, là où avait lieu le rassemblement (d'Al-Qaïda), se trouve à environ 15 mètres d'une mosquée qui est toujours debout » a assuré jeudi soir le colonel John J. Thomas, porte-parole du Centcom, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient. « Nous allons enquêter sur les allégations selon lesquelles cette frappe aurait fait des victimes civiles », a également déclaré le colonel Thomas, interrogé sur le chiffre de 42 victimes, civiles pour la plupart, avancé par l'OSDH, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, une centaine de personnes ont également été blessées dans ces raids aériens sur ce village sous contrôle des groupes rebelles. Ce vendredi matin les secours tentent toujours d'extraire des personnes coincées sous les décombres de la mosquée, selon l'ONG. Plusieurs personnes sont encore portées disparues. L'aviation américaine, engagée au sein de la coalition internationale en Syrie, a pour cible, normalement, les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) et ceux de Fateh al-Cham, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. Syrie : défaite «occidentale», succès russe RT 15 mars 2017 Par Philippe Migault Philippe Migault est Directeur du Centre Européen d'Analyses Stratégiques, analyste, enseignant, spécialiste des questions stratégiques. La guerre en Syrie marque la fin de la toute-puissance de Washington et de ses associés, supériorité qui se maintenait depuis la disparition de l’Union Soviétique, juge l'expert militaire Philippe Migault. La Syrie «célèbre» aujourd’hui un tragique anniversaire, sa sixième année de guerre civile. Plus de 300 000 morts, des centaines de milliers de blessés, des millions de réfugiés : le bilan humain est terrible. D’autant plus dramatique qu’il est loin d’être clôturé. La libération de Deir es-Zor, Raqqa, Idlib, toujours aux mains des islamistes radicaux, coûtera encore des milliers de vies. Pourtant le véritable bilan du conflit syrien est d’une ampleur bien plus importante encore. Cette guerre marque plusieurs inflexions majeures sur le plan international. 17

La fin des «Printemps arabes», bien sûr. Un coup d’arrêt donné à la politique du regime change régulièrement employée par les Etats-Unis et leurs alliés, notamment la France, échec qui symbolise la fin de la toute-puissance de Washington et de ses associés depuis la disparition de l’Union Soviétique. Pour la Russie, légataire de cette dernière sur la scène diplomatique, c’est a contrario la concrétisation d’un retour au premier rang des Nations, annoncé depuis une dizaine d’années mais désormais incontestable. L’échec du «Printemps arabe» en Syrie était prévisible. Il a été prédit, dès ses débuts, par la Russie. D’une part, parce que la démocratie est difficilement compatible avec l’Islam, qui récuse toute autre loi que la Charia pour orienter la vie de ses fidèles. A ce jour aucun modèle démocratique n’a pu imposer une prédominance durable sur la loi islamique, hormis dans le cadre de sociétés au sein desquelles les musulmans sont minoritaires. D’autre part parce que le régime syrien n’était pas une construction fragile. Etat totalitaire disposant d’outils de puissance performants lui assurant le contrôle du pays et bénéficiant du soutien populaire d’une partie de la population, il ne pouvait s’effondrer comme un simple château de cartes. Or c’est précisément ce qu’ont cru les chancelleries occidentales. Toutes à leur enthousiasme vis-à-vis de ce « souffle démocratique » cheminant via Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux, piètres Samizdats comme on l’a compris trop tard, elles se sont convaincues de l’impossibilité pour Bachar el-Assad de se maintenir au pouvoir alors qu’une opération de regime change, apparemment bien ficelée avec nos alliés du Golfe Persique, était engagée. Les Français, en la matière, ont été les plus constants dans l’erreur, hélas. Alain Juppé annonçait en 2011 la chute «quasi-inéluctable» du président syrien. Laurent Fabius estimait, fin 2012, que la fin de Bachar se rapprochait. Ils se sont trompés. Lourdement. Ce qui n’est pas condamnable dans l’absolu. L’infaillibilité, de nos jours, n’est même plus une exclusivité papale. Ce qui est beaucoup plus grave, en revanche, ce sont les causes de cette erreur et leurs conséquences. Les causes semblent évidentes en ce qui concerne Laurent Fabius. Premier ministre de François Mitterrand, il a toujours assuré n’avoir été en aucun cas responsable du drame du sang contaminé ou de l’affaire du Rainbow Warrior, affirmant avoir été tenu dans l’ignorance de ces dossiers lorsqu’il était aux affaires. L’incompétence est sa carte de visite. Il a fait preuve dans le dossier syrien de constance. Elles le sont moins en ce qui concerne Alain Juppé. On peut faire bien des reproches au «meilleur d’entre nous», pour reprendre les termes de Jacques Chirac, mais il lui a rarement été reproché d’être médiocre. Lui a vraisemblablement pêché par dogmatisme, défaut partagé par ses successeurs au quai d’Orsay. Milosevic, Saddam Hussein, Gbagbo, Ben Ali, Kadhafi…, etc : Les «Occidentaux» ont fini par se convaincre qu’il n’y a pas de perturbateur au monde qu’ils ne soient capables de neutraliser, directement ou indirectement, lorsque leurs intérêts l’exigent, ou semblent l’exiger. Cet aveuglement, partagé - réellement ou par opportunisme – par la majorité des experts Français, clouant au pilori médiatique tous ceux qui osaient émettre une vision alternative, a précipité notre diplomatie droit dans le mur et dans le ridicule. Car nous nous sommes ridiculisés en annonçant tous les trois mois la chute de Bachar, plus fringant que jamais. Nous nous sommes ridiculisés en assurant qu’il existait une opposition armée «modérée», crédible militairement et susceptible de représenter une alternative politique, alors que tous les experts constataient sur le terrain la prépondérance des groupes islamistes radicaux. Nous nous sommes ridiculisés lorsque nous avons assuré que nous contrôlions les armes que nous livrions à la «rébellion» syrienne et qu’aucune d’entre elles n’avaient la moindre chance de tomber entre les mains des combattants d’Al Nosra. Nous nous sommes ridiculisés lorsqu’après avoir annoncé que nos Rafale étaient prêts à frapper le régime syrien, nous nous sommes retrouvés seuls en première ligne, lâchés par les Américains et les Britanniques et que nous avons dû piteusement battre en retraite. Nous nous ridiculisons aujourd’hui encore, en nous imaginant que nous pouvons encore avoir droit au chapitre et peser sur les évènements en Syrie en tenant Bachar à l’écart de certaines régions du pays. «Il faudra qu’il y ait un accord, Bachar est terriblement impopulaire», déclarait encore la semaine dernière à l’auteur de ces lignes un diplomate français de haut rang, ministre plénipotentiaire, rejetant de toute sa superbe l’évidence qu’il ne peut y avoir d’accord qu’entre parties ayant intérêt à négocier et étant en situation de le faire. Oui, alors qu’Alep est tombée, Palmyre reprise et que Bachar et ses alliés ont repris depuis plus de dix-huit mois l’initiative stratégique, la tendance à confondre ses aspirations et les réalités du terrain est telle au quai d’Orsay que nous nous refusons à admettre que la France n’est plus en position de peser en quoi que ce soit sur les évènements. Les récentes actions de la diplomatie française sont pourtant éloquentes. Quelle grande initiative politique avons-nous imaginé pour sembler reprendre la main à l’occasion du sixième anniversaire de cette guerre ? Convoquer une énième conférence internationale dont les principaux protagonistes seront absents ? Proposer une nouvelle résolution inutile au Conseil de Sécurité des Nations- Unies ? Non. Notre ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, va ouvrir ce soir une conférence à l’Institut du Monde Arabe, «pour penser et agir avec les démocrates syriens» et une poignée d’intellectuels et artistes officiels, Olivier Py et consorts. On imagine déjà Bashar frémir sous les assauts enflammés du vibrionnant directeur du festival d’Avignon. Si nous sommes les plus grotesques, nous ne sommes cependant pas seuls. Les Etats-Unis, eux aussi, ont essuyé échec sur échec dans le dossier syrien. Barack Obama l’admet. Mais ce qui est plus grave pour lui, élu en 2008 sur l’idée qu’un noir à la Maison Blanche était nécessairement synonyme d’une moralisation de la vie politique et d’une mise à l’honneur des droits de l’homme, c’est qu’il s’est allié dans cette guerre à la pire bande d’assassins du conflit. Ce que l’histoire retiendra ce n’est pas seulement l’impuissance

18 américaine, ce sont les livraisons d’armes aux fanatiques de la nébuleuse Al Qaïda, la liberté de manœuvre laissée à l’Etat Islamique (EI) en Syrie au nom du Regime Change. Le tout en vain. La Russie, a contrario, a dans ce dossier joué sur du velours. Evidemment, on est en droit de critiquer l’action du Kremlin, même dans un média d’Etat russe. Bachar el-Assad est un dictateur et a, c’est incontestable, des dizaines de milliers de morts sur la conscience, si toutefois il en a une. Le soutenir revient, dans une certaine mesure, à s’en faire le complice. Mais la Russie n’a rien fait d’autre, en la matière, que de calquer son comportement sur celui des «Occidentaux». «C’est peut-être un fils de pute, mais c’est notre fils de pute», résumait Roosevelt pour justifier le soutien américain à un dictateur latino-américain. La formule est aussi brutale et grossière que cynique, mais elle a le mérite de résumer les compromissions qu’un véritable homme d’Etat est contraint d’accepter pour défendre les intérêts vitaux de son pays. La Russie a très tôt pris le parti de soutenir Bachar parce qu’il est son allié, bien sûr, mais aussi parce qu’elle était consciente qu’il fallait marquer un coup d’arrêt à cette rébellion dans l’intérêt même de sa sécurité nationale. Cela a été souligné à de multiples reprises : d’Alep à la ligne de crêtes du Caucase, de l’ancien bastion des Islamistes radicaux d’Al Qaïda à la Tchétchénie, il y a 800 kilomètres, la distance entre Marseille et Alger. Dans ce cadre il ne pouvait être question de laisser triompher les adversaires de Bachar, comptant dans leurs rangs plusieurs milliers de combattants islamistes originaires de l’espace post-Soviétique, susceptibles, la victoire obtenue en Syrie, de venir rallumer la guerre en Ciscaucasie. La France intervient au Sahel pour détruire les katibas islamistes susceptibles demain de mener des attaques contre son sol. Elle défend ses intérêts en Afrique depuis des décennies en s’appuyant quelquefois sur des régimes d’une brutalité reconnue et documentée. La Russie pratique la même défense de l’avant. Avec succès. Car l’intervention russe en Syrie, annoncée comme un nouveau bourbier afghan, a permis de renverser le rapport de forces défavorable à Bachar. Elle a aussi été l’occasion pour les autorités russes de démontrer que les lourds investissements consentis afin de moderniser leur outil de défense ne l’avaient pas été en vain. Le tir de missiles de croisière Kalibr depuis la Caspienne et la Méditerranée, l’efficacité des frappes réalisées par les aviations stratégique et tactique de l’armée de l’air russe, ont constitué autant de surprises pour les non-experts des questions de défense. Ce qui a eu un impact immédiat sur le marché international de l’armement pour les Sukhoï-34 et autres systèmes S-400, la Russie faisant d’une pierre trois coups : succès militaire, commercial, diplomatique. Car Moscou a consolidé ses positions auprès de nombre d’Etats à l’occasion de cette crise. En renforçant la coopération militaro- industrielle qui la lie à un certain nombre d’entre eux (Syrie, Egypte, Irak, Algérie…), mais aussi en gagnant en crédibilité vis-à-vis de nombre de ses partenaires. Le Maréchal al-Sissi n’a pas manqué de relever la fidélité dont la Russie a fait preuve envers son allié Bachar alors que les Etats-Unis ont laissé tomber Moubarak. Le même constat a été fait dans d’autres capitales. Par ailleurs la Russie a systématiquement eu un coup d’avance dans cette crise par rapport aux Occidentaux. Elle a, la première, affirmé que la solution de sortie de crise ne pouvait se résumer à un départ de Bachar el-Assad mais devait aussi être politique. Il aura fallu attendre le retournement de situation de l’automne 2015 pour que les «Occidentaux» se rangent à ses vues. Elle a dénoncé très tôt, avant tous, le caractère largement radical et téléguidé par des puissances extérieures de la «rébellion syrienne», présentée en Occident comme modérée et/ou démocratique. Elle a désamorcé la crise des armes chimiques syriennes et pris tout le monde de court, au soulagement de Barack Obama et au dépit de François Hollande, en proposant sa solution de démantèlement de l’arsenal syrien. Pourtant elle n’a pas déployé une diplomatie révolutionnaire pour parvenir à de tels résultats. Parce qu’ «il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités», elle a joué sa partition en s’en tenant aux faits, aux rapports de force, défendant jalousement ses intérêts et exploitant la moindre erreur commise par ses adversaires pour marquer des points. Le froid réalisme de Vladimir Poutine, Sergueï Lavrov et Vitali Tchourkine peut déplaire aux diplomates français, qui ces derniers temps épanchent leurs états d’âme dans la presse, faisant fi de leur devoir de réserve, mais il leur a permis de refaire de la Russie une puissance qu’on ne peut se permettre de négliger sur la scène internationale. Ce qui est aujourd’hui le cas de la France. La Syrie dit avoir abattu un avion israélien Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 17/03/2017 L'armée syrienne a annoncé aujourd'hui avoir abattu l'un des avions de combats israéliens ayant mené des raids dans la nuit sur le territoire syrien. "Notre défense aérienne a abattu un appareil, touché un autre et forcé les autres à fuir", a affirmé l'armée dans un communiqué publié par l'agence officielle Sana. Un peu plus tôt ce matin, l'armée syrienne a indiqué que quatre avions de chasse israéliens avaient visé dans la nuit une "cible militaire" près la ville de Palmyre, dans le centre de la Syrie. L'armée précise que les avions israéliens "sont entrés dans l'espace aérien à 2 heures 40 via le territoire libanais et ont atteint une cible militaire près de Palmyre". De son côté, l'armée israélienne a indiqué dans un communiqué que des avions de combat israéliens ont bien attaqué plusieurs cibles en Syrie dans la nuit. Des missiles ont été tirés en représailles, dont un qui a été intercepté. Israël dément par contre que l'armée syrienne ait abattu l'un de ses appareils. Il s'agit de l'incident le plus sérieux entre les deux pays - toujours formellement en guerre - depuis le début en 2011 du conflit qui ravage la Syrie.

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Quel avenir pour les chrétiens d’Orient ? Entretien avec Frédéric Pons La rédaction d'Aleteia | Mar 16, 2017 Le journaliste, spécialiste des relations internationales, signe un nouvel essai : "Le martyre des chrétiens d'Orient : portraits et témoignages" (Calmann-Lévy). La force d'âme dont témoignent les chrétientés d'Orient pourrait les aider à surmonter la tragédie en cours, estime l'auteur.

Aleteia : Dans quel état se trouvent les communautés chrétiennes de Syrie et d’Irak, après toutes ces années de guerre ? Frédéric Pons : Elles ont terriblement souffert, surtout sur les plans matériel et politique, mais ce n’est pas vrai sur le plan spirituel. En effet, malgré les souffrances endurées – ce qu’expriment tant de témoignages bouleversants que je cite dans mon livre –, leur espérance est restée intacte, leur foi aussi solide qu’autrefois. Les liens familiaux et religieux se sont même resserrés. N’oubliez pas que des dizaines de milliers de chrétiens ont préféré tout perdre, parfois jusqu’à leur vie, plutôt que d’abjurer leur foi en Jésus, comme voulaient leur imposer les islamistes. Je trouve que les chrétientés d’Orient donnent une belle leçon à méditer à notre vieil Occident. Mais ces communautés ne sont-elles quand même pas gravement affaiblies ? Oui, c’est vrai. Les milliers de morts et de disparus, les dizaines de milliers de personnes déplacées ou exilées et les dégâts matériels immenses ont porté un coup très sévère à ces communautés, déjà bien trop divisées entre elles. En dix ans, les chrétiens d’Irak sont passés d’environ 1,5 millions de fidèles à moins de 500 000. En Syrie, ils étaient deux millions en 2011 : ils ne sont plus qu’un million, voire moins. On compte près de 100 000 déplacés chrétiens au Kurdistan d’Irak, des dizaines de milliers d’entre eux se sont réfugiés au Liban, en Turquie, en Jordanie, en Europe (dont 5 000 en France). Cela veut-il dire que le sort des chrétiens dans cette région est scellé ? Non, je ne le crois pas, mais à condition que la Russie reste engagée dans la région. Grâce à Vladimir Poutine – « divine surprise » pour les chrétiens d’Orient –, elle a repris le flambeau de puissance protectrice naturelle des chrétientés d’Orient, une mission abandonnée par la France. Cette crise montre aussi que l’Occident devra revenir à plus de réalisme en considérant cette cause comme une valeur digne d’être protégée, dans le cadre d’une stratégie politique nouvelle qui ne serait plus soumise au bon vouloir des pétromonarchies sunnites du Golfe. Leur responsabilité dans l’expansion de l’islamisme radical ne fait plus aujourd’hui de doute. La situation n’est-elle quand même pas sans issue pour les chrétiens d’Orient ? Non, rien n’est désespéré. L’évolution actuelle est plutôt favorable. L’effondrement programmé de l’État islamique et l’affaiblissement des autres mouvements radicaux laissent espérer une reconsolidation de l’État de droit, en Irak comme en Syrie. À terme, les chrétiens devraient pouvoir retourner dans leurs foyers de la plaine de Ninive (Mossoul et le nord de l’Irak), où leur présence devance de sept siècles l’arrivée de l’islam. Mais la communauté internationale devra leur offrir une protection. La défaite des islamistes en Syrie éloigne aussi le spectre de l’installation à Damas d’un pouvoir totalitaire sunnite. Le régime de Bachar al-Assad vaut-il pourtant mieux ? À tout bien considérer, la réponse est clairement oui. À condition d’être lucide et d’observer la situation avec réalisme, ce que n’ont pas fait les experts et les médias du courant dominant. Ils se sont tellement trompés depuis 2011 ! Même si le système Assad n’a jamais été parfait, selon les critères occidentaux, il a su, jusque-là, protéger les minorités non sunnites. Les chrétiens syriens n’ont cessé de le rappeler, sans toujours être bien compris. Ils ont souffert de ces raccourcis qui en ont fait des suppôts du régime. Ce qui est faux. Tant de témoignages rapportés dans mon livre le prouvent. La réalité est qu’entre deux maux – Assad ou l’islamisme sunnite –, les chrétiens ont été obligés de choisir le moindre : Assad. En Irak aussi, Saddam Hussein avait accordé une certaine protection à la minorité chrétienne. Force est de constater que la situation des chrétiens n’a cessé de se dégrader depuis sa chute, en 2003, lors de l’invasion américaine.

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Que peuvent faire les chrétiens dans l’avenir ? D’abord, ils doivent rester unis, soudés à leurs pasteurs et à leur communauté, sur place comme à l’étranger. Ensuite, ils ont tant à faire, tant à apporter. Dans l’histoire de l’Orient contemporain, les chrétiens ont bien souvent été à l’origine des États et des constitutions modernes, du développement économique, de l’affirmation politique et de l’ouverture culturelle à la modernité de leurs pays respectifs. C’est le cœur de leur légitimité. Ils doivent continuer dans ce sens. Ils en ont la capacité. L’Irak et la Syrie ont besoin de leur savoir-faire, de leur engagement patriotique, de la force de leur diaspora. Les chrétiens gardent cette volonté de participer, au tout premier plan, à reconstruction de ces pays. Sans rien renier de leur foi et de leur identité, ils sont prêts à se retrousser les manches. La mission est belle. Aidons-les. Le martyre des chrétiens d’Orient : portraits et témoignages de Frédéric Pons. Éditions Calmann-Lévy, mars 2017, 19,90 euros. La guerre en Syrie, la honte d’une génération 18 mars 2017 | Geneviève Boutin - Chef des affaires humanitaires de l’UNICEF pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord Que l’on tente de l’ignorer ou pas, la guerre civile en Syrie, qui dure maintenant depuis six ans, est la honte de notre génération. Tous ceux qui, comme moi, sont éduqués, ont la chance de profiter de la paix, d’accéder à l’information en temps réel, et tous ceux qui, comme moi, sont parents de la génération future ont un devoir moral de se préoccuper de ce qui se passe en Syrie. Oublions la géopolitique qui nous donne envie de nous déclarer impuissants. Pensons plutôt aux enfants et aux adolescents syriens, aux millions de déplacés internes et aux millions d’enfants réfugiés qui ont dû entreprendre un dangereux voyage. Nous avons tous un rôle à jouer pour garantir un avenir meilleur à ces enfants vulnérables. L’indifférence n’est pas possible. À moins qu’on ne les y force, les enfants ne font pas la guerre. Ils ne portent pas les armes et ne tuent pas. Un enfant veut simplement jouer, apprendre et grandir. Mais pour ce faire, ils doivent se sentir en sécurité. Malheureusement, et c’est horrible, c’est tout le contraire en Syrie. Les enfants sont constamment pris pour cible. Leurs maisons sont frappées, leurs écoles sont détruites et leurs terrains de jeu sont ensanglantés. Les hôpitaux sont si souvent bombardés qu’on y trouve à peine de quoi soigner les enfants blessés. Les médecins, faute de matériel médical, ne peuvent sauver que les cas qui ont le plus de chances de survie. La pire année pour les enfants L’année 2016 fut la pire pour les enfants en Syrie. L’UNICEF a recensé 652 enfants tués à la suite d’actes de guerre et 851 enfants recrutés par des groupes armés pour participer aux combats. À cela s’ajoute tout ce qui ne peut être chiffré : les séquelles psychologiques, les cauchemars et le désespoir. En Syrie et dans la région, des milliers d’enfants sont forcés de travailler au lieu d’aller à l’école. Trop de jeunes filles sont mariées alors qu’elles sont encore enfants. Leurs parents n’ont pas d’autre option. Comme n’importe quel parent, ils souhaitent un meilleur avenir pour leurs enfants. Le travail et le mariage sont parfois les seules solutions pour contrer la pauvreté et le dénuement. […] Lorsque je voyage dans la région, je suis touchée par la fierté des parents qui me présentent leur fille ou leur fils qui ont encore la chance d’aller à l’école. Je les admire tant pour tous leurs efforts et leurs sacrifices, et je les remercie, car ce sont ces enfants-là qui pourront aider à reconstruire la Syrie, une fois que les armes se tairont. Alors, que demande l’UNICEF ? D’abord, plus de fonds pour apporter l’aide nécessaire aux enfants touchés. Puis, la libre circulation de nos équipes sur le terrain. Les parties au conflit doivent nous garantir un accès humanitaire pour rejoindre les enfants en danger. Mettons-nous, pour un instant, dans la peau d’un enfant syrien et utilisons toute la peur, l’injustice et la faim que nous ressentons pour agir. Exigeons que les acteurs du conflit syrien et ceux qui les appuient cessent toute attaque contre les écoles, les centres de santé, les infrastructures d’eau et demandons à tous ceux qui ont de l’influence sur ce conflit de s’engager dès maintenant à protéger les enfants syriens au lieu de les attaquer. Hubert Védrine: «La diplomatie est un outil de prévention des risques» L’Opinion Jean-Dominique Merchet 17 Mars 2017 Hubert Védrine a été l’un des plus proches conseillers de François Mitterrand (1981-1995), puis ministre des Affaires étrangères (1997-2002). Auteur de nombreux livres, dont Sauver l’Europe (Lianna Lévi) paru récemment, il est l’un des analystes les plus avisés de la politique étrangère. Quelles leçons avez-vous tiré de votre expérience diplomatique en matière de prise de risque ? Depuis l’aube des temps, la diplomatie est un outil de prévention des risques. Il s’agit d’avoir un autre instrument que la guerre pour gérer les menaces, et d’empêcher les conflits. La diplomatie n’est donc pas un exercice consistant à réunir des amis qui partagent les mêmes valeurs, comme certains le croient aujourd’hui. Au contraire, elle a été conçue pour parler à des gens qui croient le contraire de vous, qui vous menacent, qui peut-être voudraient vous éliminer. Même lorsqu’il ne s’agit pas de prévenir un risque de guerre, il s’agit d’obtenir un résultat sans la guerre, sans conflit ou avec le moins de conflit possible. Quand on regarde la séquence historique de Westphalie au XVIIe siècle, c’est-à-dire Richelieu et Mazarin en France, on voit bien que le recours à la force n’était pas exclu,

21 mais ce n’était pas l’objectif numéro un, c’était un moyen pour instituer un rapport de force permettant d’atteindre un objectif politique supérieur. La diplomatie est d’abord un outil de prévention du risque, pas de proclamation des valeurs communes. Quel risque prend un diplomate, un ministre, un président avec ses initiatives diplomatiques ? En réalité, il n’en prend pas tellement. Il prend le risque d’échouer, si ça ne marche pas, éventuellement dans des conditions tragiques. Mais ce n’est pas déshonorant d’avoir tenté. Il y a éventuellement le risque du ridicule ou de l’humiliation, mais ce ne sont pas des risques vitaux. Par exemple, tout ce qui a été tenté par la France et d’autres depuis les années Mitterrand pour une solution au Proche- Orient par la création d’un État palestinien, a échoué. Pour le moment, le Likoud a gagné et c’est encore plus vrai avec l’élection de Donald Trump qui, malheureusement, va encourager l’évolution d’Israël vers une nouvelle Afrique du Sud. C’est donc bien un échec mais on avait pris le risque de cet échec. Si on avait dit à François Mitterrand en mars 1982 que les propositions qu’il se préparait à présenter à la Knesset, n’aboutiraient jamais, aurait-il renoncé ? Je ne le pense pas. La conférence sur la Palestine que Laurent Fabius a lancée juste avant de partir était, dès le début, vouée à une semi-impuissance. Mais n’était-ce pas justifié de poser cette pierre blanche pour l’avenir ? Donald Trump ne sera pas éternel. Le risque d’échec ne doit pas conduire à l’abstention. Vous avez vécu des crises très graves comme celles du Rwanda. Avez-vous alors bien évalué les risques ? En 1990, François Mitterrand était convaincu que les attaques de Kagamé et du FPR pour reprendre le pouvoir au Rwanda perdu au moment des massacres de 1962, allaient entraîner une gigantesque guerre civile. Mitterrand estimait ne pas pouvoir ne rien faire et il prit la décision d’intervenir pour bloquer l’attaque du FPR et de l’Ouganda. Dans le même temps, il employait tous ses moyens pour imposer un compromis politique, qui aboutit finalement aux accords d’Arusha, qui devaient sombrer avec l’attentat contre l’avion du président Habyarimana. On peut légitimement se poser la question : fallait-il laisser faire les choses en 1990 ? Même moi qui considère que les accusations [de complicité de génocide - ndlr] contre la France sont insensées, je crois qu’on a le droit de se poser cette question concernant 1990. Il y avait alors deux options : prendre le risque de l’abstention en pensant que la France n’arriverait pas à juguler la guerre civile et que toute intervention se retournerait contre elle. Ou prendre le risque de l’engagement en aboutissant, si possible à une solution politique. C’était un choix entre deux risques. N’a-t-on pas retrouvé la même équation avec la Syrie ? En Syrie, le vrai problème est que nous n’avons pas choisi clairement entre deux options. La première était de dire que c’était une guerre civile sur laquelle on ne pouvait vraiment rien. Il fallait alors mener une action humanitaire à grande échelle, dans les pays limitrophes et en Europe pour y accueillir les réfugiés, sans croire que l’on pouvait peser sur l’issue de la guerre civile. L’autre option, c’était d’estimer qu’il était fondamental d’imposer la démocratie en Syrie : dans ce cas il fallait un engagement beaucoup plus important et durable. On n’a choisi clairement ni l’un ni l’autre, et les Américains non plus. Finalement on a cumulé les risques d’échec et d’impuissance. Prenons un autre exemple dans la région. Si les pays occidentaux se déclaraient favorables à un Kurdistan indépendant, est-ce que cela augmenterait les chances de voir se réaliser cette promesse déjà faite lors de la chute de l’Empire ottoman ? Ou cela augmenterait-il les risques d’une guerre générale impliquant les Turcs, les Syriens, les Iraniens, les Irakiens contre les Kurdes ? Nous voilà ramenés à la distinction entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité. Vous étiez ministre des affaires étrangères au moment de la guerre du Kosovo, en 1999. Quels risques avez-vous alors pris ? L’origine de la crise, c’était les exactions contre les populations albanaises. Cela se passait en Europe, à deux heures de vol de Paris comme on disait à l’époque, et pas au milieu de l’Afrique. Pouvait-on ne rien faire ? Réponse : non. Les diplomaties modernes sont en partie des diplomaties d’opinion - ce que je déplore parce que cela les affaiblit et les égare souvent. Mais c’est comme cela. Elles ne peuvent donc pas ne rien faire et doivent au moins donner l’impression qu’elles se préoccupent des tragédies. Au sein du groupe de contact, l’obsession des ministres (français, américain, britannique, allemand et même russe) était de trouver une solution politico- diplomatique, si possible sans avoir recours à la force, mais sans l’exclure. Nous avons écarté d’emblée l’hypothèse de ne rien faire, car en termes de politique intérieure, le risque de l’abstention était plus fort que celui de l’engagement. De l’engagement, pas forcément de l’intervention militaire. Pendant un temps assez long, nous avons cherché à obtenir un accord avec Milosevic, dont les Albanais se satisferaient. Après un an et demi d’efforts diplomatiques, nous avons dû constater que nous n’avions rien obtenu. C’est là que l’on peut comparer les risques. Celui de l’échec : nous étions prêts à l’assumer, après avoir fait notre possible. Mais on a pris la décision de ne pas s’en tenir là et donc d’utiliser la force, celle de l’OTAN, pour faire plier Milosevic. Je reconnais qu’on était sur le fil du rasoir, puisque nous avions deux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies au titre du chapitre VII, mais sans la formule sacramentelle qui prescrit d’employer « tous les moyens », y compris la force militaire. On a alors décidé collectivement de passer à l’étape suivante, avec un très large soutien des opinions publiques et tous les dirigeants prêts à assumer. Sauf les Russes : on a pris le risque de laisser Moscou décrocher ? Car on pensait que c’était très embêtant, mais gérable, car la Russie était très affaiblie et que les Russes eux-mêmes étaient exaspérés par Milosevic. D’ailleurs, après les opérations militaires, la Russie est revenue vers nous et nous avons ensemble rédigé la résolution des Nations Unies marquant la fin des opérations [qui justifiait l’intervention de l’Otan a posteriori - ndlr]. Honnêtement, nous n’avons pas pensé alors au prétexte que cela fournirait plus tard. D’autant que nous n’avions pas alors été jusqu’à l’indépendance du Kosovo. Le compromis que j’assumais alors avec Jacques Chirac et Lionel Jospin, c’était l’autonomie substantielle au sein de la Serbie, pas l’indépendance. Il n’était pas question de créer un précédent en droit international. Plus que celui de l’abstention, la diplomatie française ne court-elle pas souvent le risque de l’activisme, parfois en vain ? Quand j’étais ministre et que l’on me parlait du « rôle » de la France, je demandais toujours à ce que ce rôle soit utile avec une valeur ajoutée, alors que notre diplomatie pensait que l’utilité de ce rôle n’avait pas à être démontrée, qu’il était préétabli. Il y a, en France, une culture politique qu’il faut corriger et rendre plus réaliste, mais sans l’abandonner totalement et sans raser les murs. Ce réflexe de proposer des conférences, de prendre l’initiative, de faire de la diplomatie hôtelière existe. C’est parfois justifié, parfois de l’agitation. Nous devons nous guérir de l’idée que la France conserve un poids tel dans le système international semi-chaotique qu’il lui suffit de lancer une initiative pour que cela marche… Il faut trier. Il y a encore une autre hypothèse, celle de l’action diplomatique 22 inconsidérée, génératrice de risques, parce qu’on en a mal apprécié les conséquences. C’est le cas de Trump mais cela ne relève plus de la diplomatie. Quels risques le prochain chef de l’Etat devrait-il prendre en matière diplomatique ? Par exemple : mieux organiser la résistance aux conséquences négatives de la victoire de Donald Trump. Pas sur le plan des valeurs, domaine peu consistant. Mais démontrer la volonté internationale d’appliquer les accords de Paris sur le climat, d’autant qu’il y aura beaucoup de relais aux États-Unis. Affirmer la volonté d’appliquer les accords sur le nucléaire iranien et de prendre nos responsabilités face à l’unilatéralisme juridique des États-Unis. Mais il y a un préalable à tout cela. La France aura du mal à être entendue comme elle l’était naguère si elle n’enclenche pas un vrai processus de réforme, nécessité dont il reste à convaincre les Français. L’irresponsabilité et l’inconscience par rapport à la dépense publique deviennent des handicaps, y compris en matière diplomatique. Voilà un risque ! Comme le disait Pierre Mendès France, un pays qui ne contrôle pas ses finances publiques est un pays qui s’abandonne. Syrie: l’évacuation de Homs a commencé Par RFIPublié le 18-03-2017 L'évacuation doit permettre au régime de prendre le contrôle total de la ville, surnommée par l'opposition « la capitale de la révolution », car elle a été le théâtre de manifestations massives au début de la révolte en 2011. Des insurgés syriens et leurs familles ont pu quitter ce samedi leur retranchement dans la ville reprise par l’armée syrienne. Plusieurs dizaines d'autocars escortés par des forces russes et des ambulances du Croissant-Rouge arabe syrien ont embarqué ce samedi entre 500 et 1500 personnes, parmi lesquelles au moins un tiers d’insurgés - soit plusieurs dizaines selon l'AFP - équipés d’armes légères. Les véhicules ont pris la direction de zones tenues par les rebelles soutenus par la Turquie dans le nord du pays, selon le gouverneur de Homs. Waer, dernier quartier insurgé de la troisième ville de Syrie (centre), suit l'exemple de nombreux fiefs perdus par une rébellion très affaiblie, après des accords ponctuels conclus avec le régime de Bachar al-Assad ces derniers mois. Cette évacuation est une des plus importantes du genre depuis le déclenchement de la guerre civile dans le pays, il y a six ans. Elle devrait durer six semaines. 10 000 à 15 000 personnes doivent évacuer la ville en plusieurs phases, selon l'Observatoire syrien des droits de l’homme. Le régime de Bachar el-Assad encourage le départ des combattants vers le nord de la Syrie. Damas y voit un moyen de ramener la paix dans le pays, mais l'opposition y voit une stratégie pour déplacer de force les rebelles. L'opération intervient quelques jours avant un nouveau round de négociations prévu le 23 mars sous l'égide de l'ONU entre opposition et régime qui se trouve dans une position de force après ses multiples victoires sur le terrain grâce à l'appui russe. Syrie: de violents combats à Damas entre rebelles et forces gouvernementales 20 Minutes avec AFP Publié le 19.03.2017 La capitale de la Syrie n'est pas épargnée par le conflit. Ce dimanche, des affrontements ont éclaté dans l'est de Damas. Selon l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des jihadistes du Front Fateh al-Cham, ancienne branche d'Al-Qaïda, sont à la manoeuvre. Leur stratégie consiste à lancer une offensive éclair pour soulager le front nord de la ville où les rebelles subissent les bombardements du régime. Ces combats dans Damas surviennent alors qu'un nouveau round de négociations doit s'ouvrir mercredi à Genève sous l'égide de l'ONU, en présence de représentants du régime de Bachar al-Assad et de l'opposition. Tous les efforts diplomatiques, encadrés ou non par l'ONU, ont échoué à trouver une solution au conflit qui déchire la Syrie depuis six ans et a fait plus de 320.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés, engendrant une grave crise humanitaire. Un cessez-le-feu avait été négocié en décembre avec l'aide de la Russie, allié du régime, et la Turquie, qui soutient des groupes rebelles, mais les combats n'ont pas pour autant cessé dans le pays. « Tentative de gagner du terrain » « Ce n'est pas une escarmouche, c'est une tentative de gagner du terrain » de la part des insurgés, a affirmé Abdel Rahmane, directeur de l'OSH, qui a précisé qu'ils avaient pris des bâtiments sur la place des Abbassides, d'où ils avaient tiré des roquettes vers plusieurs secteurs de la capitale. L'armée a répondu par plus de 30 frappes aériennes, selon le directeur de l'OSDH. La télévision d'Etat a de son côté nié que des groupes rebelles aient pénétré sur la place des Abbassides, mais a rapporté que l'armée était en train de « déjouer une attaque de terroristes » grâce à des tirs d'artillerie et avait ordonné aux habitants de rester chez eux. Israël menace de détruire les systèmes syriens de défense aérienne Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 19/03/2017 Le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a prévenu dimanche que l'aviation israélienne détruira les systèmes syriens de défense aérienne si l'armée de Bachar al-Assad tire à nouveau des missiles contre des avions israéliens en opération en Syrie.

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"La prochaine fois que les Syriens utilisent leurs systèmes de défense aérienne contre nos avions, nous les détruirons sans la moindre hésitation", a averti M. Lieberman. Cet avertissement intervient à la suite d'un raid aérien israélien mené vendredi en Syrie. Cette attaque avait provoqué en riposte un tir de missile syrien contre un des avions israéliens. Il s'agit du plus sérieux accrochage entre les deux pays voisins depuis le début du conflit en Syrie en mars 2011. Iran : “l’agression” d’Israël en Syrie prouve son alignement avec les “terroristes” Times of Israel Staff 19 mars 2017, Téhéran s’interroge sur le moment choisi par les frappes aériennes israéliennes, quand les forces d’Assad “ont le dessus” sur les rebelles L’Iran a dénoncé samedi l’ « agression » israélienne après ses frappes aériennes sur la Syrie vendredi matin, et a affirmé que les intérêts de Jérusalem étaient alignés sur ceux des « terroristes » syriens. Selon un reportage de la chaîne iranienne Press TV, Bahram Qassemi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, s’interroge sur le moment choisi pour l’opération israélienne, « à un moment où l’armée [syrienne] et le front anti-terroriste ont le dessus sur les terroristes assoiffés de sang, les repoussant des villes et des villages les uns après les autres. » Ceci, a-t-il affirmé, prouve qu’Israël partage des intérêts avec certains de ces groupes rebelles, que l’Iran et la Syrie qualifient de terroristes. Qassemi a appelé les Nations unies à condamner l’ « agression » israélienne et à empêcher d’autres « actes de violation de la paix et de la sécurité du régime sioniste voyou et agressif ». Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré vendredi que les frappes israéliennes contre plusieurs cibles en Syrie avaient visé des armes destinées au Hezbollah libanais, et que l’Etat juif agirait de nouveau ainsi si nécessaire. Les frappes israéliennes ont déclenché des tirs de missiles en représaille, qui représentent l’incident le plus sérieux entre la Syrie et Israël depuis le début de la guerre civile syrienne, il y a six ans. L’armée israélienne a déclaré avoir abattu un avion syrien et en avoir touché un autre pendant les frappes proches de la ville de Palmyre, reconquise ce mois-ci à l’Etat islamique. L’armée israélienne a démenti que ses avions aient été touchés. Le gouvernement syrien a déjà lancé des revendications similaires infondées dans le passé. Netanyahu a déclaré dans une vidéo diffusée sur les grandes chaînes israéliennes que « lorsque nous identifions des tentatives de transferts d’armes sophistiquées au Hezbollah, quand nous avons les renseignements et les capacités militaires, nous agissons pour l’en empêcher. » « C’est ainsi que nous avons agi hier, et c’est ainsi que nous continuerons à agir », a-t-il ajouté. Le ministère syrien des Affaires étrangères avait envoyé deux lettres, au secrétaire général des Nations unies et au président du Conseil de sécurité des Nations unies, affirmant que les frappes étaient une violation du droit international, des résolutions des Nations unies et de la souveraineté syrienne. La Syrie a demandé aux Nations unies de « condamner l’agression israélienne flagrante qui est considérée comme une violation du droit international. » Israël est resté à l’écart de la guerre civile syrienne qui fait rage chez son voisin, ne souffrant que d’incidents sporadiques de tirs perdus, généralement considérés comme des erreurs tactiques des forces d’Assad. Israël a répondu à ces tirs avec des représailles limitées contre des positions syriennes. Le ciel syrien est à présent très encombré, avec les aviations russes et syriens soutenant les forces d’Assad et la coalition menée par les Etats-Unis qui vise des cibles de l’Etat islamique et d’Al-Qaïda. Israël aurait mené des frappes aériennes contre des systèmes d’armes sophistiquées en Syrie, notamment contre des missiles antiaériens de fabrication russe et des missiles de fabrication iranienne, ainsi que contre des positions du Hezbollah. L’Etat juif ne confirme que rarement ces opérations. Moscou capitale du Proche-Orient En attendant Donald Trump… Orient XXI > Alain Gresh > 14 mars 2017 La Russie occupe désormais une place centrale sur l’échiquier proche-oriental. Sa présence militaire en Syrie, l’axe qu’elle a créé avec l’Iran et avec la Turquie en font l’interlocuteur obligé de tous les protagonistes de la guerre en cours. Mais elle est

24 aussi prise dans les contradictions qui divisent ses alliés et elle attend avec une certaine inquiétude que le président Donald Trump décide de sa politique dans la région. « The Middle East : When Will Tomorrow Come ? » (Proche-Orient, quand demain arrivera-t-il ?) : c’est sous ce joli titre, presque poétique, qu’en cette fin d’hiver à Moscou, dans un luxueux hôtel au centre de la capitale à quelques encablures de la place Rouge et du Kremlin, plus d’une centaine d’invités venus de trente pays se côtoient pour débattre de l’avenir d’une région bouleversée par les guerres et les conflits, à l’invitation du Valdai Discussion Club, un think tank de politique internationale. Les participants sont plus divers que lors de la réunion de l’an dernier, avec plus de délégués des pays du Golfe. On y croise Moshe Yaalon, ancien ministre de la défense israélien, expliquant que la paix nécessite la création d’États confessionnels, sunnite, chiite ou alaouite (mais surtout pas d’un État palestinien) ou le général américain Paul Vallely tressant des couronnes à Donald Trump et évoquant sa récente rencontre avec Marine Le Pen à Paris. On peut y côtoyer Ali Nasser Mohamed, ancien président de la République démocratique et populaire du Yémen (Sud-Yémen), Nabil Fahmy, ancien ministre des affaires étrangères égyptien, Amr Moussa, ancien secrétaire général de la Ligue arabe, ou encore Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Yémen. Annoncée, l’opposante syrienne Bassma Kodmani a été retenue par les négociations qui se déroulent à Genève. Autre défection, Seyed Hossein Mousavian, un ancien officiel du Conseil national de sécurité iranien, résident aux États-Unis : il craignait, après les décrets du président Trump, de ne pas pouvoir y retourner s’il partait en voyage. Intellectuels, chercheurs, responsables saoudiens ou iraniens, turcs ou égyptiens, irakiens ou américains, s’y retrouvent avec bien sûr une forte présence russe, dont Mikhaïl Bogdanov, ministre adjoint des affaires étrangères en charge du monde arabe, Valentina Matvienko, présidente du conseil de la Fédération russe (la chambre haute), et proche de Vladimir Poutine ou Vitaly Naumkin, directeur de l’Institut des études orientales, un des architectes de la conférence. Ce dernier quittera la conférence en urgence dès la fin de la première journée pour aller renforcer la délégation russe aux négociations sur la Syrie à Genève. L’Europe brille par son absence, comme le feront remarquer divers intervenants. Un rôle central dans les dossiers brûlants Une participation si hétérogène confirme que la Russie s’est acquis cette dernière année, grâce à ses victoires militaires en Syrie, une place centrale au Proche-Orient, reconnue par tous — y compris par ceux qui condamnent son soutien au régime de Damas. Elle s’enorgueillit de maintenir le dialogue avec toutes les parties, dans tous les conflits qui minent la région : ne joue-t-elle pas les bons offices pour éviter une escalade entre le Hezbollah et Israël sur le Golan, comme l’a confirmé la rencontre à Moscou le 9 mars entre Poutine et Nétanyahou ? Moscou est devenu l’un des centres où se négocient les dossiers les plus brûlants. Fin janvier, le Hamas et le Fatah y ont signé un accord pour la formation d’un gouvernement d’union nationale1. À la mi-février, la capitale a abrité la sixième conférence des Kurdes regroupant un certain nombre de groupes dans la mouvance du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) : Parti de l’union démocratique (PYD, Syrie), Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK, Iran), Parti démocratique des peuples (HDP, Turquie), mais aussi Goran ou l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), partis rivaux du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) — au pouvoir dans le Kurdistan irakien et absent de la conférence. Au début du mois de mars, le ministre des affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a reçu le premier ministre libyen Fayez Al-Sarraj, alors que la Russie maintient d’excellents rapports avec son principal adversaire, le général Khalifa Haftar. Pourquoi cet activisme ? Qu’est-ce qui fait courir Moscou ? Fiodor Loukianov, l’un des artisans intellectuels de la conférence et des commentateurs russes les plus respectés en politique internationale explique que l’objectif dépasse le cadre régional : « La Russie voit le Proche-Orient comme le terrain principal sur lequel elle peut accumuler un capital qui lui permettrait d’être reconnue comme une puissance sur la scène internationale. Malgré ses spécificités, le Proche-Orient est partie prenante d’une réorganisation du monde. » La Russie ne cache pas sa conviction que l’ère « post-occidentale » a commencé et elle veut accélérer le mouvement. « Travailler avec tout le monde » Cependant, cela ne signifie pas que « nous entamons une nouvelle “guerre froide” ; nous ne sommes pas en compétition avec les États-Unis comme l’était l’URSS, explique ce professeur russe de relations internationales, nous ne voulons pas d’un nouveau Yalta ». D’abord parce que le monde n’est plus bipolaire, mais multipolaire et, d’autre part, parce que l’on est conscient ici des limites de la « puissance russe » — notamment en termes économiques. Enfin parce que l’idéologie n’est plus une force motrice et que, comme le répètent avec insistance Lioukanov et nombre des interlocuteurs russes, « la règle du jeu international pour les prochaines années est l’instabilité. Il n’y a plus d’alliance durable, même pas l’OTAN ». L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, plutôt bien accueillie au Kremlin, accroît cette instabilité et les incertitudes. Pour l’instant, le président américain semble coincé entre ses velléités de rapprochement avec Vladimir Poutine, les tendances antirusses du Congrès, son discours sur « la guerre contre le terrorisme » et son hostilité viscérale à l’Iran. En attendant, le Kremlin profite de cette étrange transition en cours à Washington, mais adresse un message clair aux Occidentaux, relayé par Valentina Matvienko : « Le Proche-Orient est la ligne de front de la guerre mondiale contre le terrorisme, un mal global similaire à ce qu’a été le fascisme. Pour le vaincre, nous devons mettre de côté nos différences. » Et Bogdanov de préciser : « Nous devons en finir avec la démocratisation imposée de l’extérieur, sans rapport avec les cultures locales ». Mais, assure-t-il, nous devons aussi « travailler avec tout le monde », en Libye ou au Yémen, en Syrie ou en Irak, à l’exception bien sûr des groupes terroristes transnationaux, l’organisation de l’État islamique (OEI) et Al-Qaida. Il aurait pu aussi évoquer l’Afghanistan où Moscou, inquiète de l’installation de l’OEI dans le pays, a entamé des contacts avec des fractions des talibans qu’elle considère comme un contrepoids au djihadisme international. C’est sur le terrain syrien que les Russes ont remporté leurs succès les plus significatifs, il leur reste toutefois à prouver leur capacité à stabiliser la situation, à esquisser une solution politique. Pour cela, ils comptent d’abord sur le triangle laborieusement forgé Iran- 25

Turquie-Russie. Comme l’explique un diplomate russe sous couvert d’annonymat, cette alliance est « contre-intuitive. Elle s’appuie sur des calculs tactiques, mais cela ne veut pas dire qu’elle ne durera pas. Les intérêts à court terme de ces trois pays coïncident car ils ont des troupes sur le terrain et ils veulent trouver une solution. Et ils mesurent le poids financier d’un enlisement. » Pour permettre la signature d’un cessez-le-feu en Syrie, Moscou a réuni à Astana (Kazakhstan), à deux reprises, en janvier et en février 2017, les représentants du régime syrien et ceux de l’opposition armée — y compris des groupes salafistes jusque-là qualifiés par elle de « terroristes », comme Ahrar Al-Cham. Ce compromis a pavé la voie à la reprise des négociations politiques à Genève à la fin février entre le régime et les différentes forces de l’opposition. Des alliés imprévisibles Mais comment jongler avec les positions parfois antagonistes de ses propres alliés ? Un projet de Constitution soumis par Moscou indique que l’État syrien sera laïque, ce qui n’est pas du goût de l’Iran, et ne mentionne pas le caractère arabe du pays (une reconnaissance du fait kurde) ce qui indispose aussi bien Ankara que les nationalistes arabes. Pourtant, l’axe Moscou-Téhéran semble plus solide que l’axe Moscou-Ankara, les risques de renversement d’alliances étant peu probables dans le premier cas — l’espoir que l’accord sur le nucléaire iranien entraînerait une détente entre les États-Unis et l’Iran a fait long feu — que dans le second, Moscou n’oubliant pas que la Turquie est membre de l’OTAN. Autre allié imprévisible, Bachar Al-Assad, qui doit pourtant sa survie politique à l’intervention de Moscou. Alexander Aksenenok, un ancien ambassadeur russe en Algérie, vieux routier de la politique proche-orientale, ne cache pas ses critiques à l’égard des autorités syriennes. « La solution en Syrie doit être fondée, explique-t-il, sur le communiqué de Genève du 30 juin 20122 et la résolution 2254 du conseil de sécurité de l’ONU, prévoyant la mise en place d’un “organe de gouvernement transitoire”, qui serait capable d’“accomplir pleinement les fonctions de pouvoir exécutif”. Or Damas refuse, sous différents prétextes, de discuter de cette transition. » Ce point de vue, il l’a exprimé publiquement dans Nezavisimaya Gazeta, le 20 février 2017. Finalement, sous la pression de Moscou, la quatrième session des négociations de Genève qui s’est achevée le 3 mars semble avoir contraint Damas à accepter les principes d’une transition. Une petite avancée saluée par l’envoyé de l’ONU Staffan de Mistura qui a annoncé la reprise des négociations le 23 mars. Quant à l’avenir de Bachar Al-Assad selon Moscou, il devra être tranché plus tard, ce sera aux Syriens de décider. Existe-t-il sur ce point des divergences entre Téhéran, attaché au maintien à tout prix du président syrien, et Moscou qui serait plus souple ? Ou, comme l’expliquent certaines journalistes russes, des divergences entre les ministres de la défense et des affaires étrangères russes ? Il est difficile d’obtenir une confirmation de ces rumeurs. L’avenir est à la Maison Blanche Quoi qu’il en soit, pour Moscou la question n’est pas à l’ordre du jour, car l’avenir se décidera sur le terrain où la situation est mouvante. Malgré ses reculs, l’OEI reste puissante, comme l’est l’ancienne branche d’Al-Qaida, le Front Al-Nosra devenu Front Fatah Al-Cham. D’autre part, les tensions sont palpables entre la Turquie, le régime syrien et l’Iran sur le terrain — tensions que Moscou tente de déminer. Un exemple, la situation autour de la ville d’Al-Bab dont les troupes turques engagées en Syrie depuis le mois d’août 2016 se sont emparées avec leurs alliés syriens le 23 février. Elles ont menacé de reprendre Manbij, tombée aux mains des Forces démocratiques syriennes, un groupe dans lequel le PYD joue un rôle clef. Pour la Turquie, il s’agit d’empêcher à la fois l’unification des trois cantons du Kurdistan syrien et de porter un coup à une organisation considérée comme une simple succursale du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un ennemi aussi dangereux — si ce n’est plus — que l’OEI. Moscou a négocié, avec l’aide de Washington, un compromis : le PYD a évacué les environs des villages autour de Manbij, qui ont été remis aux mains du régime syrien. Une zone tampon est ainsi créée entre les Turcs et leurs alliés d’un côté, les Kurdes de l’autre, l’armée syrienne servant de force d’interposition ! Des affrontements ne sont cependant pas à exclure, d’autant que la Turquie a réitéré sa volonté de purger totalement Manbij des combattants kurdes et exige de participer aux opérations de reconquête de Raqqa, « capitale » de l’OEI. La réunion à Antalya (Turquie) de responsables militaires turcs, russes et américains le 7 mars avait pour but de définir une stratégie commune. Au même moment, on apprenait que les États-Unis avaient envoyé pour la première fois des marines dans la zone — où se côtoient au sol, en dehors des Syriens, des troupes iraniennes, turques, russes et américaines. Mais peut-on négocier l’avenir de Syrie « avec seulement des acteurs non arabes que sont l’Iran et la Turquie » ? s’interroge Loukianov. Interrogation d’autant plus légitime que la conférence de Valdai elle-même a pu entendre des critiques virulentes de la part de nombre de délégués arabes à l’égard de l’Iran et de son « expansionnisme ». Même si Moscou a pu obtenir une présence de la Jordanie aux négociations d’Astana — ainsi que celle des Émirats arabes unis3 —, l’absence de l’Arabie saoudite pèse. « Nous aurons besoin des États-Unis pour inclure l’Arabie dans les discussions, explique le sénateur Igor Morozov, membre de la commission des affaires étrangères de la chambre haute. Sinon, nous risquons d’assister à une reprise des combats et de l’aide de Riyad et Doha aux organisations armées. » Plus grave selon lui : le risque que l’administration Trump déclenche un conflit contre l’Iran, par Israël interposé. Ce choix anéantirait toute possibilité d’accord en Syrie et relancerait une guerre à grande échelle dans la région, avec un éclatement des États et l’exacerbation des conflits confessionnels. Malgré leurs succès, les Russes sont conscients du fait qu’une partie de l’avenir se joue à la Maison Blanche. Et personne ne sait quand demain arrivera au Proche-Orient… 1En réalité, l’accord semble avoir été « survendu » par les médias russes. Selon des sources palestiniennes, rien n’a vraiment avancé au cours de cette rencontre à Moscou qui n’était pas du tout prévue pour entériner un accord. 2« Accord à Genève sur les principes d’une transition en Syrie « , Le Monde, 30 juin 2012. 3Le rapprochement entre Moscou et les Émirats arabes unis est notable. En février, Sergueï Tchemezov, le chef de Rostec — plus grand conglomérat de défense de la Russie — a déclaré aux journalistes présents à l’exposition IDEX (International Defence Exhibition and Conference) à Abou Dhabi, que Rostec s’associait avec le ministère de la défense des Émirats arabes unis pour 26 développer un chasseur léger de cinquième génération basé sur le MiG-29. Le développement devrait commencer en 2018, et la production démarrer sept à huit ans après. Informations sur la situation en Syrie : «Bruxelles est un centre de fabrication de fake news» RT 20 mars 2017 En Syrie, les enquêtes du Centcom américain sur les victimes civiles de ses frappes n'ont aucune chance d'être objectives et Bruxelles contribue à la fabrication de fake news reprises par les agences de presse explique le journaliste Martin Jay. RT : CNN a rapporté que les Etats-Unis avaient démenti avoir bombardé une mosquée mais reconnu avoir bombardé un bâtiment qui se trouvait juste à côté. La BBC a raconté que des civils avaient été tués dans des bombardements massifs, mais mentionné les bombardements américains seulement après avoir dits que des avions russes se trouvaient au-dessus de la région où il y avait eu des victimes civiles. D’autres médias ont accusé Moscou directement. Que pourriez-vous dire d’un tel journalisme ? Martin Jay (M. J.) : C’est ce que j’appelle «un centre d'appels» ce journalisme. Notamment si vous regardez les reportages de CNN sur la Syrie, c’est diabolique. Il y avait un personnage appelé Danny Dayem, un opérateur qui fabriquait des «fake news» et qui a été embauché par CNN pour faire des interviews. Plus tard, on a appris qu’il était payé par les extrémistes en Syrie. Voilà comment CNN travaille, et ce n’est guère mieux avec la BBC. Mais cela fait partie d’une histoire plus grande : si on jette un coup d’œil sur le champ de bataille en Syrie et sur les pourparlers de paix organisés au Kazakhstan et en Suisse, une question se pose, pourquoi nous n’avons fait aucun progrès du tout au cours de ces années. Une des raisons pour cela c’est que les superpuissances qui sont derrière ces négociations – la Russie, les Etats-Unis, la Turquie et l’Iran – notamment les responsables qui participent à ces pourparlers, ne disposent pas de toutes les informations nécessaires sur le sujet. Il s’agit non seulement du processus politique, mais aussi de la situation sur le terrain. Il semble qu’aujourd’hui nous sommes embourbés dans un marécage de «fake news» provenant de Syrie. Je crois que c’est inévitable, si on examine l’histoire du conflit, et si on regarde, comment exactement les grands médias obtiennent leurs informations – certains reportages peuvent être fournis à CNN et à BBC par l'AFP qui semble être une des premières sources. Mais regardez plus attentivement d’où viennent ces histoires, et vous trouverez qu’elles ont été produites par une organisation syrienne basée au Royaume-Uni, qui consiste en un seul individu anti-Assad qui est financé par l’UE et par le gouvernement britannique pour créer et diffuser des «fake news» sur les horreurs qui arrivent chaque jour en Syrie. RT : A cause des «fake news» Donald Trump a qualifié certains médias d’«ennemis du peuple». Quant à la frappe américaine contre la mosquée au Nord de la Syrie, le Centcom déclare qu’il va consulter les rapports sur les victimes civiles. Jusqu'à quel point une enquête du Centcom sur ses propres actions peut-elle être objective ? M. J. : Bien sûr, cela ne peut pas être une enquête objective. Une des vraies questions c’est qu’on n’a pas d’autocensure, nous n’avons pas d’organisations qui peuvent être objectives à l’égard de la plupart des informations qui viennent de la zone de conflit en Syrie. L'origine de ces informations que les journalistes doivent vérifier le plus vite possible certaines informations, vient de militants. En revenant sur cette organisation britannique financée par l’UE – je connais des journalistes de l'AFP qui sont extrêmement frustrés et déçus de devoir diffuser tous les jours ces informations de seconde main. Nous sommes loin d’avoir toute sorte d’autocensure et de ce qu’on pourrait qualifier de «couverture objective», et l’UE a une importante de responsabilité dans cela. On a oublié, il semble, que l’épicentre des «fake news» se trouvait à Bruxelles. J’ai vécu à Bruxelles pendant 11 ans, et je peux vous dire que 800-900 journalistes assistent chaque jour aux briefings de la Commission européenne, et reproduisent plus ou moins littéralement les informations qu’ils reçoivent des attachés de presse, sans les vérifier. C’est la partie du problème. Nous avons besoin de vérifier plus, il faudrait inventer un mécanisme pour cela, ou, par exemple, ou il faut inventer un logotype désignant que ces informations ont été fournies par une organisation financée par l’UE. Ce serait un pas dans la bonne direction. Vers une escalade militaire entre Israël et la Syrie ? LE MONDE | 21.03.2017 | Par Aymeric Janier Depuis plusieurs jours, les tensions entre les deux pays, avivées par le rôle central que joue le Hezbollah aux côtés du régime de Damas, se font de plus en plus sentir. Et si le front israélo-syrien était en train de se réchauffer brutalement ? En l’espace de quelques jours, l’aviation israélienne a mené au moins deux raids transfrontaliers – le premier tôt vendredi à Palmyre, le second dimanche dans les montagnes du Qalamoun, aux portes du Liban – alors que les tensions bilatérales s’accentuent. The Los Angeles Times Aux dires des hiérarques israéliens, ces attaques auraient visé des cibles liées à la milice chiite du Hezbollah, ennemi intime de l’Etat hébreu et soutien du régime alaouite de Damas dans son combat contre les insurgés. Arutz Sheva Fidèle à son image d’homme inflexible, le ministre de la défense israélien, Avigdor Lieberman, a prévenu dimanche que les systèmes de défense aérienne syriens seraient détruits « sans la moindre hésitation » si l’armée loyaliste était de nouveau tentée de les utiliser, comme cela a été le cas la semaine dernière. i24news, The Independent 27

L’accrochage de vendredi entre les deux pays – toujours techniquement en conflit depuis 1967 et la conquête du plateau du Golan par Tsahal (son annexion, elle, eut lieu en 1981) – est le plus sérieux depuis que la guerre civile a éclaté sur le sol syrien, au printemps de 2011, souligne Al-Jazira. Il a d’ailleurs valu à Gary Koren, l’ambassadeur d’Israël à Moscou, d’être convoqué pour entretien par les autorités russes, qui appuient Bachar Al-Assad. « Chaque fois que nous repérerons des transferts d’armes de la Syrie vers le Liban, nous agirons pour les empêcher. Sur ce sujet, il n’y aura aucun compromis », a assuré M. Lieberman. L’Etat hébreu nourrit une défiance d’autant plus vive à l’égard du Hezbollah d’Hassan Nasrallah qu’il est financé et soutenu par son autre grand ennemi : la République islamique d’Iran. CNN Un affrontement généralisé entre la Syrie et Israël est-il dans les limbes ? Amos Harel, d’Haaretz, n’y croit pas, arguant que, du fait de l’avantage militaire relatif dont jouit Tel-Aviv, il est peu probable que Damas s’engage dans cette voie. Il note néanmoins que Bachar Al-Assad tente de changer les « règles officieuses du jeu ». Alex Fishman, son confrère de Ynetnews, est nettement plus précautionneux. Au vu du regain de tension vis-à-vis de la Syrie, mais aussi dans l’enclave palestinienne de Gaza administrée par le Hamas, où un raid a été mené samedi en réponse à un tir de roquette, lui sent le « vent de la guerre » souffler aux frontières. Une crainte infondée ? Henry Laurens: «En Syrie, nous sommes dans une syntaxe très 19e siècle» Le Temps, Luis Lema Publié lundi 20 mars 2017 Crise humanitaire, ingérence d’acteurs régionaux et internationaux… L’historien français éclaire la situation que traverse actuellement la région. Mais il constate aussi des différences importantes Le Moyen-Orient? Un jeu constant «d’ingérences et d’implications» entre acteurs locaux, régionaux et internationaux. Dans son dernier livre*, l’historien Henry Laurens, professeur au Collège de France, et auteur de nombreux ouvrages qui font autorité sur cette région, détaille les «crises d’Orient» qui ont parcouru le 19e siècle. Il trace ici des parallèles avec la situation actuelle. Le Temps: Sommes-nous, face au gouffre syrien, dans la même situation que lors des «crises d’Orient» qu’étudie l’historien? Henry Laurens: Il y a deux aspects très différents. On a d’abord ici ce que j’appellerais une syntaxe des relations internationales, qui est celle du 19e. C’est-à-dire: désastre humanitaire, pression des opinions publiques, rivalités géopolitiques de différents acteurs, tentatives de solution politique internationale, ouverture de conférences, etc. De ce côté-là, nous sommes bien dans un bon 19e siècle classique, avec une petite teinte 20e puisque au début, il y a eu une tentative d’arabisation de la crise avec l’intervention des Etats arabes, avant de passer à l’internationalisation devant cet échec. Mais ce qui est moins classique, c’est que l’on assiste ici à un effondrement de l’État plutôt comparable à une situation de décolonisation. Pareil jeu de violences, de déplacements de populations, etc., c’est ce que l’on a vu lors de l’effondrement des empires coloniaux, par exemple en Inde en 1947. Un autre facteur dissemblable, c’est celui de l’ordre milicien. Cet ordre est apparu dans la période contemporaine, et particulièrement dans la guerre civile libanaise. Les groupes régionaux ou communautaires construisent des milices, d’abord pour se défendre, avant que ces milices s’affrontent. La particularité de l’ordre milicien, c’est que ces milices protègent la population tout en la rackettant et en l’exploitant, mais surtout qu’elles n’ont aucun intérêt à mettre fin à la guerre, puisque cela signifierait leur propre disparition. Dans le cas libanais, après de multiples rebondissements, nous étions face à la création de mini-Etats avec base territoriale – le réduit chrétien, l’émirat de la montagne chez les Druzes… – et en quelques années de guerre syrienne, que ce soit avec l’Etat islamique d’un côté ou avec les Kurdes de l’autre, vous avez aussi l’apparition de proto-Etats tout à fait cohérents et organisés à côté de zones de dévastation et de désordre absolu. Or, contrairement à ce que l’on croit souvent, ce phénomène milicien ne touche pas seulement l’opposition, mais aussi les forces qui combattent du côté du régime, devenu un agrégat de milices qui font ce qu’elles veulent. On voit très bien, par exemple à Alep, combien les forces extérieures, Hezbollah, Iraniens ou Russes étaient exaspérées par la conduite de l’armée gouvernementale qui flanchait très rapidement lors des combats, car ce n’est pas ce qui l’intéressait. C’est cela qui rend extrêmement difficile une résolution. On pourra trouver toutes les belles formules que l’on voudra à Astana (dans les discussions menées par la Russie) ou ailleurs, mais vous aurez un mal de chien à les faire respecter par des milices qui contrôlent 400 ou 500 km carrés et qui se fichent de ce qui se passe à côté. - La présence russe fait-elle aussi partie des invariants que vous décelez? - Pour la Russie, on est à la fois dans un souvenir du 19e et du 20e. Les Russes voudraient retrouver le rôle qu’ils ont revendiqué durant la Guerre froide dans cette région du monde. L’inconnue russe, c’est ses moyens, avec un PNB russe qui est celui de l’Italie, et avec un budget militaire à peine supérieur au français. Il suffit d’une autre image: l’augmentation du budget militaire américain annoncée par Donald Trump est égale à la totalité de l’effort militaire russe. Donc la Russie reste ce que le grand historien Georges Sokoloff avait appelé «la puissance pauvre». Pourra-t-elle maintenir son outil militaire sur le long terme, au prix de lourds sacrifices intérieurs? Surtout, Moscou n’aura pas les moyens de réhabilitation. Va-t-on demander un jour aux Occidentaux de financer la reconstruction de la Syrie? Si Bachar el-Assad l’emporte, l’aideront-ils en sachant que la moitié de l’argent ira à la famille du président et non à la population et alors que sur le terrain vous aurez la continuation des rackets miliciens? Les Occidentaux tenteront sans doute de le faire car ils voudront diminuer la pression migratoire, mais cela ne va pas être chose facile. 28

- La Turquie est également très présente. Comme une réminiscence des temps de l’empire ottoman? - Le président (Recep Tayyip) Erdogan a un fantasme ottoman, mais il est infondé. L’empire était une société multiethnique, multiconfessionnelle, multilinguistique, c’est-à-dire qu’elle n’était pas à proprement parler turque. On voit bien que le fantasme ottomaniste est contradictoire avec une vision homogène de la société turque. Nous sommes dans une espèce de revendication turque sur l’ensemble de l’héritage ottoman, alors que cet héritage se divise dans les Balkans, en Anatolie évidemment, mais aussi dans les pays arabes. Pour l’instant, Erdogan va se contenter d’enquiquiner tout le monde jusqu’au 15 avril, parce qu’il pense que le fait de crier sur les Occidentaux lui permettra d’avoir des voix lors de son référendum. Ensuite il tentera probablement de faire des raccommodages. En même temps, c’est une politique de Gribouille, puisque Erdogan vient de perdre un million de touristes néerlandais dans un secteur qui est déjà très abîmé. - Reste encore le jeu de l’Iran… - Il joue son propre jeu. Ce qui est surprenant, c’est la qualité de la diplomatie russe par rapport à ce pays. Alors que l’Iran avait longuement souffert dans l’histoire de l’ingérence russe et des conquêtes de territoire par la Russie, on aurait pensé que l’Iran continuerait de voir en elle une sorte d’ennemi héréditaire. Finalement la Russie a l’air de très bien gérer cela. Toutefois, la volonté iranienne d’avoir un arc de pouvoir jusqu’en Méditerranée continue d’entretenir des tensions régionales. Téhéran joue à fond la carte confessionnelle, en s’affichant notamment comme le défenseur des lieux saints chiites en Syrie. - En Irak, cette présence iranienne suscite aussi de fortes crispations, qui pourraient notamment ressurgir à Mossoul… - On s’est obsédé sur l’opposition, très réelle, entre sunnites et chiites, mais il y a aussi une opposition de type sunnite-sunnite. Des populations tribales et autres, qui estiment avoir souffert de l’État islamique et qui se vengent. Il semble que l’on voit apparaître des populations qu’on pourrait appeler hors-caste, soit des gens qui sont chassés de chez eux, non pas par les chiites mais par d’autres sunnites. Cela ne fait qu’ajouter à l’inquiétude sur l’avenir irakien. Ici, on sait qu’une solution politique ne peut que passer par une régionalisation. Le débat autour des accords de Sykes-Picot, c’est un mythe: personne ne remet en cause les frontières héritées de la Première guerre mondiale. Même les Kurdes n’ont pas les moyens, du moins pour l’instant, de remettre en cause les frontières. C’est d’ailleurs ce que les Russes ont proposé dans leur projet de règlement politique syrien: on conserve les frontières mais on augmente de manière considérable les autonomies régionales. Une solution qui est considérée comme une possibilité de sortie pour la crise syrienne, mais qui reste pour l’heure purement théorique. * Les crises d’Orient, 1768-1914, Fayard Histoire, 384 pages Politique israélienne en Syrie, les masques tombent Sputnik 20.03.2017 La Syrie est le théâtre d’affrontement d’envergure pratiquement mondiale, du fait de l’internationale terroriste présente sur le territoire, mais aussi en raison de la participation de pays hostiles à la République syrienne. Parmi eux, les récents événements ont mis en lumière le rôle d’Israël. Si aujourd'hui, ce n'est un secret pour personne que des pays comme les USA, l'Arabie saoudite, le Qatar ou encore plusieurs États ouest-européens ont largement et ouvertement contribué au chaos en Syrie, le cas d'Israël était à part. D'un côté, l'État hébreu se déclarait « neutre » dans le conflit syrien, mais ses actions ont plusieurs fois démontré le contraire. La dernière en date a été la goutte qui a fait déborder le vase. En effet, l'aviation israélienne a mené plusieurs frappes en Syrie au cours de ces dernières années. À chaque fois, elles visaient les positions de l'armée gouvernementale syrienne ainsi que ses alliés, dont le Hezbollah libanais — l'os dans la gorge de l'État israélien depuis déjà bien longtemps. Qu'en est-il des groupes terroristes, dont Daech ou Al-Qaida? Réponse: ils n'ont jamais été visés par les avions israéliens. En septembre dernier, lors de l'offensive de l'armée syrienne contre les terroristes takfiristes du Front Al-Nosra (devenu par la suite Front Fatah al-Cham et plus récemment encore Hayat Tahrir al-Cham) dans le sud de la Syrie, aux environs de Kouneitra, l'armée israélienne avait une fois de plus attaqué les positions des forces gouvernementales. Si les précédentes attaques israéliennes n'avaient pratiquement pas généré de riposte côté syrien, ce ne sera pas le cas de celle-ci. Un avion et un drone israéliens seront abattus, selon les informations de l'état-major syrien. Israël niera les faits. 17 mars. Alors que l'armée syrienne et les milices progouvernementales poursuivent l'offensive contre Daech à l'est de Palmyre, l'aviation israélienne frappe une nouvelle fois les troupes syriennes. La DCA syrienne riposte et affirme avoir abattu un avion et en avoir touché un autre. Israël nie dans un premier temps les faits, comme il l'avait fait au mois de septembre. Mais la réaction qui s'en suit deux jours plus tard d'Avigdor Lieberman, le ministre israélien de la Défense semble confirmer la version syrienne. En effet, il annonce que si la DCA syrienne riposte de nouveau contre l'aviation israélienne, l'État sioniste « détruira » les systèmes de défense antiaérienne de Syrie. De l'aveu des médias, y compris mainstream, il s'agit du plus sérieux incident entre les deux pays depuis le début de la crise syrienne. Incident suffisamment sérieux en tout cas pour que. le ministère russe des Affaires étrangères convoque ce lundi 20 mars l'ambassadeur israélien en poste à Moscou, afin de lui transmettre l'opposition de la Russie face aux actions israéliennes à l'encontre de la Syrie.

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Plus gênant presque que le bombardement en lui-même, ce sont les justifications israéliennes qui ne tiennent tout simplement pas. Tel-Aviv a en effet indiqué que les frappes visaient à empêcher un transfert d'armes au Hezbollah libanais, alors que l'attaque a ouvertement visé les forces syriennes aux alentours de Palmyre, là où l'armée gouvernementale fait face à Daech. Bien difficile désormais de parler du manque de complicité entre Israël et les groupes terroristes, d'autant plus que selon divers témoignages, de nombreux terroristes, notamment ceux opérant dans le Sud du territoire syrien, se font soigner dans les hôpitaux israéliens. Au-delà du conflit syrien, et dans lequel les forces gouvernementales soutenues par les alliés prennent de plus en plus le dessus sur les groupes terroristes, Israël a vraisemblablement très peur du rééquilibrage des forces dans la région issu de l'ère multipolaire. En effet faut-il rappeler que l'État sioniste faisait partie des grands bénéficiaires de la chute de l'URSS et de la fin officielle de la guerre froide? L'avènement de l'ère unipolaire, avec le diktat de la seule superpuissance étasunienne, l'allié par excellence d'Israël, avait donné à ce dernier un sentiment de quasi-impunité aussi bien dans le conflit qui l'oppose à la Palestine, qu'à plusieurs de ses voisins. La guerre perdue en 2006 face au Hezbollah libanais, qui combat aujourd'hui aux côtés de l'armée syrienne les terroristes takfiristes, a été l'un des premiers signes remettant en cause « l'invincibilité » régionale d'Israël. Puis le renforcement de l'Iran, partisan lui de la multipolarité et ennemi de longue date, a ravivé les craintes de Tel-Aviv. Enfin, le positionnement de la Russie en faveur de son allié syrien dans la lutte antiterroriste a complètement reconfiguré les perspectives proche et moyen-orientales. En effet et selon plusieurs hauts cadres de Tsahal, la présence russe en Syrie a totalement mis à mal la domination aérienne d'Israël dans la région. Pour rappel, les systèmes de défense antiaérienne et antimissiles russes S-300 et S-400 se trouvent sur le territoire syrien, mais à ce jour, ils n'ont pas été utilisés. Cependant, la DCA syrienne a riposté au raid israélien avec ses vieux systèmes S-200 et il est peu probable que Tel-Aviv souhaite que les systèmes russes plus sophistiqués soient utilisés contre son aviation. D'où l'importance de l'empêcher par des canaux diplomatiques. Cela a été fait ce lundi. Syrie: fin des combats à Damas où la vie reprend AFP le 20/03/2017 Les armes se sont tues à Damas après que l'armée a réussi à repousser un assaut de rebelles et de jihadistes contre ce bastion du régime relativement épargné par les ravages de la guerre. Les magasins ont rouvert lundi soir dans l'est de la capitale syrienne et la circulation a repris timidement, selon des correspondants de l'AFP sur place. De violents combats avaient éclaté dimanche à la suite d'une offensive surprise menée par des rebelles et des jihadistes du Front Fateh al-Cham, l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. Ces derniers avaient, pour la première fois depuis deux ans, pénétré en profondeur jusqu'à une zone proche du centre de Damas, avec l'objectif de soulager leurs camarades bombardés par le régime dans trois quartiers de la périphérie nord de la capitale. Mais les forces du président Bachar al-Assad ont rapidement lancé une contre-offensive qui leur a permis de faire reculer les insurgés, notamment grâce à leur supériorité dans les airs. "Nous avons réussi à reprendre la quasi-totalité des positions où les rebelles avaient avancé" dimanche, a indiqué une source militaire à l'AFP. Les rebelles et les jihadistes avaient pendant quelques heures pénétré dans le quartier des Abbassides, dans l'est de Damas et limitrophe du centre de la capitale. L'assaut est parti du quartier adjacent de Jobar (est) dont une partie est contrôlée par les forces prorégime et une autre par les rebelles et des jihadistes, soumis aux bombardements de l'aviation syrienne depuis deux ans. Les jihadistes et leurs alliés ont pu brièvement faire la jonction entre Jobar et le quartier rebelle de Qaboun, plus au nord. Mais "le régime et ses alliés ont mené une contre-offensive et repris 70% des positions capturées par les rebelles", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les affrontements ont ensuite cessé en début de soirée, ont constaté les correspondants de l'AFP. Faire pression avant Genève Durant toute la journée, l'aviation syrienne avait mené d'intenses frappes sur la partie rebelle de Jobar. "C'est une ligne de front importante" à cause de sa proximité avec le centre-ville de Damas, a expliqué M. Abdel Rahmane. Les combats dimanche ont fait 26 morts dans les rangs prorégime et 21 dans l'autre camp, selon l'OSDH qui n'avait pas de bilan pour les violences de lundi. Le quartier des Abbassides a lui aussi retrouvé une animation quasi-normale. Damas a été frappée ces dix derniers jours par des attentats suicide, dont l'un a fait 74 morts dans la vieille ville et a été revendiqué par le Front Fateh al-Cham. Les violences à Damas sont survenues avant un nouveau round de négociations intersyriennes prévu à partir de jeudi à Genève, sous l'égide de l'ONU, en présence de représentants du régime et de l'opposition.

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Pour Bachar al-Jaafari, chef de la délégation du régime aux pourparlers, "les dernières attaques terroristes à Damas (...) et ailleurs en Syrie visent à faire pression sur le gouvernement syrien avant Genève". Tous les efforts diplomatiques, encadrés ou non par l'ONU, pour une solution au conflit en Syrie ont jusqu'à présent échoué. La guerre a fait plus de 320.000 morts en six ans et des millions de déplacés et réfugiés, engendrant une grave crise humanitaire. Entraînement russe des Kurdes? Un cessez-le-feu avait été négocié en décembre avec l'aide de la Russie, alliée du régime, et la Turquie, qui soutient des groupes rebelles, mais les combats n'ont pas pour autant cessé dans le pays. Dans des déclarations à des journalistes russes, après le plus sérieux accrochage entre la Syrie et Israël depuis le début de la guerre, Bachar al-Assad a estimé lundi que la Russie pouvait "jouer un rôle afin qu'Israël n'attaque plus la Syrie". "S'il y a des troupes sur le sol syrien, c'est une invasion", a-t-il répété dans des propos traduits en russes, ajoutant que "la protection de nos frontières est un droit et un devoir". Un raid israélien vendredi près de Palmyre (centre) avait provoqué une riposte anti-aérienne de l'armée syrienne et un tir de missile intercepté en direction du territoire israélien. Sur un autre front de cette guerre complexe, les forces kurdes syriennes ont annoncé qu’elles allaient recevoir "bientôt" un entraînement militaire de la Russie en vertu d'un accord conclu entre les deux parties. La Russie n'a pas confirmé cette annonce officiellement, mais a confirmé dans un communiqué une présence à Afrine, un des trois cantons kurdes semi-autonomes en Syrie. Selon l'OSDH, près d'une centaine soldats russes sont entrés dans la région d'Afrine. La Russie bloque l’offensive de la Turquie en Syrie LE MONDE | 21.03.2017 | Par Louis Imbert La Russie a adressé deux rappels à l’ordre à Israël et à la Turquie, lundi 20 mars, affirmant ainsi son ambition de rester seule maître du jeu en Syrie. A la Turquie, elle a signifié la fin de l’avancée de ses troupes engagées en août 2016 aux côtés de rebelles syriens dans l’opération « Bouclier de l’Euphrate ». Des soldats russes, convoyés dans des blindés portant le drapeau national, ont ostensiblement pris leurs quartiers dans l’enclave kurde d’Afrine, à l’extrême nord de la Syrie. La région est contrôlée par les Unités de protection du peuple (YPG), proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre l’Etat turc et cible de l’incursion d’Ankara en Syrie. Le ministère de la défense russe a précisé que ses soldats n’établissaient pas une « base militaire », comme l’avaient affirmé les YPG, et qu’ils n’avaient pas vocation à « entraîner » les forces kurdes. Les soldats russes sont là pour veiller, selon Moscou, au respect du cessez-le-feu en vigueur en Syrie depuis décembre 2016, dont la Russie et la Turquie sont les garantes. Mais cette mise en scène coupe court aux velléités de la Turquie d’étendre vers l’ouest la zone qu’elle contrôle en Syrie. Déjà en février 2016, l’aviation russe avait aidé les YPG à chasser la rébellion syrienne de la ville de Tal Rifaat, proche du poste-frontière d’Azaaz, tenu par les forces turques. L’opération « Bouclier de l’Euphrate » se trouve donc totalement bloquée : au sud par l’armée syrienne et à l’ouest, dans la région de Manbij, toujours par les soldats syriens, accompagnés de soldats russes, qui se sont interposées début mars dans une étroite zone tampon entre les troupes turques et les YPG, également épaulés par des combattants arabes syriens. L’ambassadeur d’Israël convoqué Ces soldats russes sont, en certains points, à portée de vue des forces spéciales américaines, qui épaulent les YPG dans leur lutte contre l’organisation Etat islamique (EI). Début mars, les Américains avaient, eux aussi, fait flotter leur drapeau sur leurs blindés pour dissuader l’allié turc d’attaquer Manbij, aux mains des YPG. Il s’agissait de ne pas laisser la Turquie perturber l’avancée des YPG et de leurs alliés arabes en direction de Rakka, la capitale de l’EI en Syrie, désormais encerclée. Le second rappel à l’ordre russe a été adressé à l’ambassadeur d’Israël à Moscou. Le ministère des affaires étrangères a révélé lundi l’avoir convoqué, vendredi 17 mars, pour évoquer le raid, mené le même jour par l’aviation israélienne contre un convoi d’armes « sophistiquées » destinées au Hezbollah libanais, allié de Damas, près de Palmyre, dans le centre de la Syrie. Damas avait répliqué par des tirs de missiles antiaériens, dont l’un a été intercepté par le système de défense Arrow israélien. Dimanche, le ministre de la défense israélien, Avigdor Lieberman, avait affirmé qu’Israël détruirait les systèmes de défense syriens si des missiles visaient de nouveau ses avions. Lundi, le président syrien, Bachar Al-Assad, a estimé que Moscou pouvait « jouer un rôle afin qu’Israël n’attaque plus la Syrie ».

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Syrie : nouveaux assauts des insurgés contre les forces gouvernementales aux abords de Damas Euronews: 21/03/2017 Pour la deuxième fois en trois jours, les rebelles syriens et leurs alliés djihadistes ont réussi à faire des incursions au nord-est de Damas, dans des zones tenues par les forces gouvernementales. Des incursions filmées par ces groupes. C’est en particulier dans le quartier de Jobar, à environ deux kilomètres de la vieille ville, que les combats se sont concentrés, à une jonction stratégique pour accéder à la capitale syrienne. Des assauts qui interviennent deux jours avant un nouveau round de négociations intersyriennes à Genève. Des roquettes lancées par les insurgés se sont abattues sur des quartiers adjacents à Jobar tandis que l’armée de l’air bombardait les positions rebelles. A Hamouriyah, des survivants ont pu être évacués des décombres encore fumants d’un immeuble après une frappe aérienne. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, au moins deux civils ont été tués dans cette attaque et 8 autres blessés. Les combats auraient aussi fait au moins 72 morts dans les deux camps des belligérants depuis dimanche. Député français: «pas de solution en Syrie sans le président Assad» Sputnik 21.03.2017 «Non» à la fédéralisation de la Syrie, «oui» à une alliance contre un défi commun. Réunis lors d’un duplex organisé mardi par l’agence Rossiya Segodnya, des hommes politiques russes et français ont livré leur vision des démarches à adopter pour mettre fin à la guerre en Syrie. La partie française a été représentée par Nicolas Dhuicq et Ivan Blot. À l'heure actuelle, il est impossible de dessiner l'avenir de la Syrie, pays déchiré par la guerre depuis plus de six ans, sans que le président Assad prenne part au processus de règlement, tel a été le point de vue exprimé mardi par le député de l'Assemblée nationale française et secrétaire du groupe parlementaire d'amitié France-Russie, Nicolas Dhuicq. « Le président Assad tient depuis six ans et je pense que si le président Assad était le dictateur sanguinaire que l'on décrit, il serait déjà mort ou oublié. Or, notre position doit être : pas de solution en Syrie sans le président Assad, après c'est aux Syriens de décider librement par eux-mêmes de l'avenir de leur pays », a déclaré l'homme politique français intervenant mardi lors d'un duplexe Moscou- Paris organisé au siège de Rossiya Segodnya et ayant pour thème l'avenir de la Syrie, tel qu'il est vu depuis la Russie et la France. Le député a rappelé que tandis que la Seconde Guerre mondiale ainsi que l'occupation de la France par les nazis avaient duré quatre ans, la Syrie connaissait elle la guerre depuis déjà six ans. Et depuis le début, le président syrien, à qui les médias mainstream font porter la responsabilité de tout ce qui se passe en Syrie, tient son pays. L'Armée arabe syrienne tient depuis six ans, elle aussi. Elle s'est battue au commencement de la guerre en 28 000 points de contact, a rappelé M. Dhuicq, ajoutant que selon ses informations 93 groupes rebelles dont les terroristes financés par des puissances du Golfe sévissaient sur le sol syrien. Néanmoins, « la Syrie est debout, la Syrie se bat ». Une guerre étrangère Nicolas Dhuicq a pointé que la guerre que traversait le pays depuis déjà six ans était une guerre étrangère imposée à la Syrie. Il y quelque 40 000 combattants étrangers luttant sur le sol de ce pays proche-oriental, a-t-il indiqué avant de rappeler que trois niveaux se superposaient dans le conflit syrien. « Vous avez d'abord l'influence locale avec la volonté de faire évoluer son économie par le président Bachar el-Assad. Cette évolution a mis des difficultés dans les zones rurales et périurbaines, c'est-à-dire dans les banlieues des grandes villes travaillées par un organe de propagande venu du Golfe, Al-Jazeera. Elle a répandu l'idéologie islamiste avec des agents d'influence qui ont tiré sur les forces de l'ordre lorsqu'il y a eu les premières manifestations pour enclencher une répression. Ensuite, vous avez le jeu des puissances régionales, celui d'Erdogan en particulier, dont une partie des troupes aujourd'hui occupent le nord de la Syrie. Le jeu de l'Iran allié du régime de M. Assad et avec en particulier le Hezbollah libanais », a-t-il expliqué. Pour lui, la seule puissance internationale qui est intervenue convenablement pour aider non seulement les chrétiens d'Orient mais aussi le peuple syrien en général est bien l'armée russe. Pas de dialogue avec les terroristes, pas de solution fédérale en Syrie Nicolas Dhuicq a pointé qu'aucun dialogue avec les groupes djihadistes n'était acceptable. Un autre discours rejeter porte sur les tentatives d'apporter une solution fédérale au confit syrien. « S'il y avait un dépeçage de la Syrie, qui était l'objectif des néoconservateurs américains, nous aurions une guerre éternelle. Il est très important que la France et la Russie ensemble soutiennent une politique qui soit l'unité syrienne, avant tout pour la paix dans la région », a souligné le député. S'unir contre le défi commun

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L'ex-député de l'Assemblée nationale et du Parlement européen Ivan Blot a pour sa part, lors du duplexe, attiré l'attention sur la nécessité absolue de s'unir face à l'ennemi commun comme les nations alliées l'ont fait il y a 72 ans. Alors qu'aujourd'hui, la tendance est à désigner plusieurs ennemis à la fois, ce qui n'apporte pas la solution. « On a affaire à un phénomène totalitaire comme on a pu connaître avec l'Allemagne du Troisième Reich autrefois. Mais à l'époque, quand il y a eu la Grande Guerre patriotique, c'est vrai que tous les Alliés ont coordonné leur action le mieux possible : il y avait parfois des désaccords mais dans l'ensemble, la désignation de l'ennemi était claire. Le gros problème qu'on a aujourd'hui c'est qu'une fraction des milieux gouvernementaux occidentaux répugne à désigner l'ennemi de façon parfaitement claire. Ils essaient de désigner plusieurs ennemis à la fois », a-t-il déclaré. Tant que tout le monde n'est pas bien d'accord pour désigner un seul adversaire à savoir Daech et ses différentes branches, la coopération ne sera pas parfaite, a-t-il conclu. Syrie: la Russie bloque l’offensive turque contre les Kurdes RCF 21 mars 2017 Par Jean-Baptiste Le Roux L’amélioration des relations entre la Russie et la Turquie va battre de l’aile. Les forces militaires russes bloquent l’offensive turque contre les Kurdes, en Syrie. On pensait que les relations diplomatiques entre la Russie et la Turquie s’étaient apaisées, notamment depuis l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara, le 19 décembre 2016 dernier. Mais depuis quelques jours, de nouvelles tensions font leur apparition, sur le front syrien. Lundi 20 mars dernier, la Russie a adressé un rappel à l’ordre à la Turquie. Un rappel à l’ordre adressé également à Israël, et qui explique à ces deux puissances la volonté de Moscou de rester l’un des protagonistes principaux du conflit en Syrie. La Russie voit en effet d’un très mauvais œil l’offensive turque entamée en août 2016 aux côtés des rebelles syriens, dans le cadre de l’opération "Bouclier de l’Euphrate". Dernièrement, des forces militaires russes se sont installées à Afrine, une enclave kurde du nord du pays, afin de stopper l’avancée des Turcs. Ce n’est pas un hasard. Par cet acte, les Russes peuvent ainsi empêcher les Turcs de s’en prendre aux Kurdes. En effet, les Unités de protection du peuple (YPG) proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) font figure de cible principale pour les Turcs. Déjà bloquée au Sud par l’armée syrienne, la présence de soldats russes empêche l’avancée de l’opération "Bouclier de l’Euphrate" et la progression de l’armée turque, contre les forces kurdes. Officiellement, les Russes affirment vouloir garantir le respect du cessez-le-feu en vigueur depuis décembre 2016. A noter que les Américains soutiennent eux-aussi les soldats kurdes, par leurs forces spéciales. L’illustration même que la Russie et les Etats-Unis veulent garder toute les cartes en main dans le conflit syrien. Armement : la France, supermarché de l'Arabie saoudite Par Jean Guisnel - Publié le 20/03/2017 | Le Point.fr François Hollande a autorisé la vente à Riyad de 455 millions d'euros d'armes, dont une grande partie pourrait être destinée à la guerre au Yémen. Récit. Une autorisation administrative portant sur une vente considérable d'armements à l'Arabie saoudite a agité le microcosme ces dernières semaines. D'un côté, le ministère des Affaires étrangères et Matignon y étaient réticents, arguant que ces matériels étaient destinés à la guerre au Yémen. De l'autre, le ministère de la Défense estimait que l'allié saoudien devait être soutenu sans restriction. Il a finalement obtenu gain de cause. Quand la France annonce 20 milliards d'euros de prise de commandes d'armements pour l'année 2016, elle se flatte de monter sur le podium mondial des marchands d'armes. Elle est alors assez diserte sur ses clients respectables, comme l'Australie ou l'Inde, dont les intentions ne sont guère contestées. Il en va, en revanche, différemment des « transferts », c'est le terme consacré, à destination de pays critiqués pour leur utilisation de ces armements. Résolution 2216 C'est le cas de l'Arabie saoudite, dont de nombreuses organisations internationales et non gouvernementales contestent le rôle dans la guerre qui se déroule actuellement au Yémen. Depuis mars 2015, une coalition militaire de pays arabes sunnites, soutenue par les États-Unis et conduite par l'Arabie saoudite, est engagée dans une guerre contre les rebelles houtis appuyés par l'Iran. L'ONU estime qu'aucune des parties prenantes du conflit ne respecte les lois de la guerre en conduisant des attaques contre les populations civiles, sans épargner les écoles et les hôpitaux. Plusieurs organisations, dont Amnesty International, dénoncent les livraisons d'armes dans cette région du monde et accusent les États-Unis et le Royaume-Uni, et dans une moindre mesure la France, de fournir des armes à la coalition. Mais ces grands exportateurs d'armes agissent sous le couvert de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui prévoit un embargo sur les armes destinées aux houtis, mais pas sur celles de la coalition. Le « Saudi-French Military Contract » Rappelons qu'en France les exportations d'armements sont interdites. Pour qu'elles se produisent, une dérogation est nécessaire. Elle est accordée, ou pas, par le Premier ministre Bernard Cazeneuve après une étude au cas par cas conduite par une instance spécialisée,

33 la CIEEMG (Commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre), que préside le SGDSN (secrétaire général de la défense et la sécurité nationale), le conseiller à la Cour des comptes Louis Gautier. En janvier 2017, une réunion de la CIEEMG doit évoquer – selon nos informations – une nouvelle vente d'armes à l'Arabie saoudite. Elle concerne une suite au contrat Donas de vente d'armes françaises au Liban, financées par l'Arabie saoudite. Ce pays a finalement récupéré ce contrat à son seul profit, pour un montant de 3 milliards d'euros, dont les modalités sont définies par trois avenants. Aujourd'hui, ce contrat Donas a changé de nom pour devenir SFMC (Saudi-French Military Contract). Et les Saoudiens demandent une rallonge, un quatrième avenant qui pourrait s'élever à terme à une somme estimée à entre 1,2 et 1,4 milliard d'euros. Grandes manoeuvres Pour l'heure, une première série de demandes saoudiennes a été présentée à Paris, pour une somme évaluée par certaines de nos sources à 455 millions d'euros. Et, parmi ces demandes, celles posant problème aux Français concernent pour l'essentiel deux entreprises, Nexter et Thales TDA Armements. Rien que de très classique, s'agissant de la nature des commandes, à savoir pour Nexter des munitions d'artillerie de 155 mm. La France a vendu à l'Arabie des quantités de matériels capables de tirer ces munitions, dont les très modernes Caesar, dont près de 200 exemplaires sont en cours d'acquisition, et le plus ancien, AMX 30 AUF1, est en cours de remplacement, entre autres. Et, pour TDA, des obus de mortier de 120 mm, qui équipent les Piranha de l'armée saoudienne. Ce qui a, en revanche, étonné la CIEEMG, ce sont les quantités réclamées par le client, très supérieures au train-train des commandes de routine. Il n'en a pas fallu davantage pour que Matignon lève un sourcil et fasse bloquer le processus. C'est alors que de grandes manœuvres ont commencé entre trois partenaires, puis quatre, qui ont chacun défendu leur point de vue. Choqué par l'utilisation probable de ces munitions par le corps expéditionnaire saoudien au Yémen, le Quai d'Orsay renâcle fermement. Deuxième acteur : le ministère des Finances, dont l'attitude ne surprend pas, dès lors qu'il ne va pas protester contre des ventes qui rapportent si gros. Troisième négociateur : la Défense. On connaît le point de vue de Jean-Yves Le Drian : l'Arabie saoudite est un allié dans la guerre contre le terrorisme. On ne lui refuse rien, ou presque. Le Premier ministre, dans ce cas précis, avait initialement pris le parti des opposants à la vente. Arbitrage de l'Élysée Ces derniers avaient pris soin de découper le contrat en tranches. Les fournitures à la garde nationale (SANG, pour Saudi Arabia National Guard) ont été considérées comme conformes aux engagements de la France en matière de ventes d'armes. Le gouvernement français estime que la garde nationale n'intervient pas hors des frontières saoudiennes. Les ventes ne font donc pas débat. D'autres armements sont également concernés, qui ne sont pas directement utilisables au Yémen en raison des délais de mise en œuvre. Mais, pour les munitions destinées au Yémen, Paris a d'abord dit non. Puis, fin février et alors que nous commencions à interroger des personnes connaissant ce contrat, les choses ont évolué. Bernard Cazeneuve, qui suivait cette affaire de très près, a sollicité l'arbitrage de l'Élysée. Réponse de François Hollande : on autorise. Faut-il s'en étonner ? Pas vraiment… Depuis le début de la guerre, Paris appuie Riyad de toutes ses forces, y compris dans les domaines les plus sensibles comme la guerre électronique et le renseignement. Les affaires continuent donc et la balle est désormais dans le camp des Saoudiens, puisque Paris accepte de leur vendre la plupart des choses qu'ils demandent. Les Saoudiens doivent désormais confirmer leur commande et financer ce nouvel achat. Ils sollicitent toutes les banques mondiales pour obtenir un prêt, alors même que leurs réserves leur permettent de financer comptant leur commande, et que les prix du pétrole sont remontés. Quant aux ONG qui réclament le respect du traité sur le commerce des armes, ratifié par la France en avril 2014, elles font valoir que le texte prévoit qu'un État signataire « ne doit autoriser aucun transfert d'armes classiques (…) s'il a connaissance, lors de l'autorisation, que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l'humanité, des violations graves des conventions de Genève de 1949, des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil et protégés comme tels, ou d'autres crimes de guerre tels que définis par des accords internationaux auxquels il est partie ». Ce texte n'est visiblement pas tombé dans l'oreille de François Hollande. Qu'en sera-t-il du prochain hôte de l'Élysée ? Syrie : la coalition internationale veut "éradiquer" l'État islamique Source AFP - Publié le 23/03/2017 | Le Point.fr Réunis à Washington, les membres de la coalition ont aussi promis la "mort" du chef de l'organisation terroriste, Abou Bakr al-Baghdadi. La coalition internationale anti-djihadistes pilotée par les États-Unis a promisd'éradiquer la « menace planétaire » du groupe État islamique et de son chef Abou Bakr al-Baghdadi. Il s'agissait du baptême du feu pour le très discret chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson qui accueillait 67 autres pays de la « coalition mondiale » contre l'EI, certains membres s'interrogeant sur la stratégie de Donald Trump qui martèle qu'il va « démolir » les djihadistes. Le président américain a été élu sur un programme de politique étrangère isolationniste et veut doper le budget de la défense de 10 %, contre une baisse de 28 % des ressources de la diplomatie. Dans ce contexte, il avait demandé au Pentagone de lui fournir un plan complet visant à « éradiquer de la planète cet ennemi abominable ». Adoptant le même ton martial dans leur déclaration finale, les 68 membres de la coalition se sont dit « unis dans [leur] détermination à éliminer cette menace planétaire ». Rex Tillerson a dénoncé une « force mondiale du mal » et a promis la « mort » prochaine d'Abou Bakr al-Baghdadi, de la même manière que le fondateur d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden avait été tué en mai 2011. « Ce n'est qu'une question de temps », a assuré le secrétaire

34 d'État. Et à ceux qui s'inquiéteraient d'un désengagement américain au Moyen-Orient, il a affirmé que « vaincre l'EI était l'objectif numéro un des États-Unis dans la région ». « Désaccords » Mais cette dixième réunion de la coalition – mise sur pied en septembre 2014 par le président de l'époque Barack Obama – a été éclipsée par un attentat « terroriste » à Londres qui a fait au moins quatre morts, le jour même où Bruxelles commémorait les attaques djihadistes du 22 mars 2016 (32 tués). Le rassemblement au grand complet de la coalition a aussi été assombri par la mort ces 48 dernières heures de plus de 40 civils près de Raqa – capitale de facto de l'EI – dans des raids aériens probablement menés par la coalition. « Huit civils ont été tués mercredi et quinze blessés dans des raids de la coalition » dans la province de Raqa, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Mardi, 3 3 civils avaient péri dans une frappe sur une école servant de centre pour les déplacés au sud d'Al-Mansoura, ville tenue par l'EI et située dans la province de Raqa, selon l'OSDH. Avant la réunion de Washington, des désaccords étaient apparus entre certains pays sur la stratégie à suivre pour reprendre les deux bastions de l'EI : Raqa en Syrie et Mossoul en Irak. Pour Raqa, les États-Unis et la Turquie s'opposent sur la force qui doit conduire l'assaut final sur la ville. Ankara refuse que les milices kurdes YPG, qu'elle considère comme un groupe « terroriste », y participent. Or, ces milices sont le fer de lance de la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) que le Pentagone juge être les plus à même de reprendre Raqa rapidement. La France aussi s'impatiente pour savoir qui reconquerra militairement Raqa et comment sera gouvernée la ville. « Je sens une difficulté à arbitrer », a critiqué à l'encontre de Washington le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault. Statut des territoires libérés Plus largement, la coalition est attendue sur le statut futur des territoires libérés en Syrie : autonomie ou retour dans le giron du régime. À ce titre, Rex Tillerson a été très clair : « En tant que coalition, nous ne nous occupons pas de construction nationale ou de reconstruction. » En outre, il a évoqué un serpent de mer depuis 2012 pour la Syrie : d'hypothétiques « zones provisoires de stabilité grâce à des cessez-le-feu qui permettraient à des réfugiés de rentrer chez eux ». Quant à Mossoul, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, reçu lundi par Donald Trump, a plaidé pour que l'aide américaine s'« accélère », martelant que « le groupe terroriste (EI) devait être décimé ». Les forces irakiennes, soutenues par la coalition, ont lancé le 17 octobre l'offensive sur Mossoul. Après en avoir conquis fin janvier les quartiers orientaux, les soldats irakiens mènent depuis le 19 février une opération sur l'ouest de la cité. Au Pentagone, on estime que la victoire est inéluctable, même si des combats très durs sont encore à attendre dans la vieille ville. Selon Washington, les opérations de la coalition – notamment plus de 19 000 frappes – ont permis de « libérer » 62 % des territoires en Irak et 30 % en Syrie que l'EI détenait à son apogée en 2014. Patriarche Aphrem II : « La guerreen Syrie n’est pas une guerre civile » Le Salon Belge, 22 mars 2017 Ignace Aphrem II Karim, primat de l’Église syriaque orthodoxe et Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient était l’un des prestigieux invités d’une conférence sur l’avenir des chrétiens au Moyen-Orient, qui s’est tenue à Munich du 17 au 19 février dernier, à l’invitation de la Fondation Hanns-Seidel. Voici la traduction d’un passage par Christianophobie Hebdo : "Shlomo veut dire paix en araméen : c’est ainsi que nous nous saluons, mais c’est ce qui nous manque aujourd’hui. Merci à la Fondaion Hanns-Seidel de nous fournir l’occasion de faire entendre notre voix : on a ignoré un certain temps les chrétiens d’Orient et nous accueillons avec plaisir toutes les occasions qui nous sont données de nous faire entendre. Nous sommes ici parce que la paix doit toujours être recherchée et atteinte. Le conflit syrien doit être réglé pacifiquement. La violence n’apporte que d’autres violences, comme l’a dit le pape François. La guerre en Syrie n’est pas une guerre civile. Ce dont nous souffrons, en Syrie comme en Irak, ne saurait être appelé une guerre civile. C’est toutefois un [conflit] qui est dû au fanatisme religieux et à l’extrémisme. Il balaye toute la région et s’étend hors des limites du Moyen-Orient, jusqu’à l’Europe et au monde entier. Voici environ cent ans, nous avons souffert d’un horrible génocide au Moyen-Orient, mais il ne s’est pas arrêté en 1915 ou en 1918 : il se poursuit de nos jours. Il n’y a pas que les chrétiens qui meurent, mais ce qui se passe n’est pas loin d’un génocide. Des populations sont déracinées, contraintes de quitter leurs foyers, des églises sont détruites, des membres du clergé tués et des évêques enlevés. Les deux archevêques orthodoxes d’Alep ont été enlevés le 22 avril 2013 par l’EIIL [État Islamique en Irak et au Levant]. On ne sait pratiquement rien sur eux depuis. Ce qui se passe au Moyen-Orient, ce ne sont pas des cas [de violence] contre des individus, mais un effort organisé pour effacer le christianisme du Moyen-Orient. Cela arrivera, si nous ne résistons pas et si nous n’exigeons pas qu’on y mette un terme. Les statistiques sont très alarmantes en Syrie et en Irak, mais aussi en Turquie et en Terre Sainte. Les chrétiens quittent cette région à un taux alarmant. Nous voulons que vous arrêtiez cela. Nous apprécions la générosité de l’Allemagne dans l’aide aux réfugiés, mais nous voulons que vous nous aidiez à ce que les chrétiens restent au Moyen-Orient. Nous y vivons depuis deux mille ans comme chrétiens, et pendant des millénaires auparavant comme le peuple autochtone de cette région. Nous n’y sommes pas des hôtes, nous avons reçu beaucoup de gens dans notre patrie (la Mésopotamie, la Syrie) et nous avons vécu avec eux, nous avons interagi pacifiquement avec eux et nous avons appris comment nous faire accepter par eux. Aujourd’hui, des idéologies extrémistes comme le wahhabisme ou les Frères Musulmans ont rendu très difficiles les conditions d’existence des chrétiens, elles ont détruit la coexistence pacifique entre les différents groupes religieux au Moyen-Orient et en Syrie – cela est allé de pair avec des tentatives internationales d’imposer un “changement de régime” en Syrie. Nous sommes effrayés à l’idée que des régimes séculiers pourraient être renversés par le wahhabisme ou les Frères Musulmans."

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Syrie: l’Occident prêt à «pactiser même avec le diable» au nom de ses buts géopolitiques Sputnik. 22.03.2017 Selon le sénateur russe Konstantin Kossatchev, les efforts visant à lancer un processus politique de paix en Syrie se heurtent à l’égoïsme géopolitique de l’Occident. Konstantin Kossatchev, président de la commission des affaires étrangères du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe), a déclaré ce mardi au cours d'une conférence vidéo avec ses homologues français consacrée au règlement en Syrie et organisée par l'agence Rossiya Segodnya, que pour éviter la répétition des événements tragiques en Syrie il fallait briser l'égoïsme géopolitique de l'Occident. Le sénateur russe a dénoncé la politique de deux poids deux mesures appliquée par les pays occidentaux, notamment en divisant les terroristes en « bons » et « mauvais ». « Une tactique et une stratégie erronées n'ont rien appris à nos partenaires occidentaux : ils nourrissent l'illusion de pouvoir pactiser même avec le diable afin d'atteindre leurs buts géopolitiques et réaliser des intérêts purement égoïstes dans d'autres pays », a-t-il déploré. Selon lui, la Syrie et certains autres États deviennent les otages d'une telle pratique négative qui conduit à la destruction du patrimoine de la culture humaine et à la disparition de pays entiers. « Si nous autres, les forces du bien dans la bataille contre le mal, ne remportons pas en Syrie une victoire décisive non seulement sur le terrorisme dans ce pays, mais aussi sur l'idéologie de l'hégémonie géopolitique et de la domination sur les opposants — la domination à tout prix indépendamment de savoir combien elle coûtera aux opposants et au reste du monde —, nous allons nous enliser une nouvelle fois dans le scénario de situations tragiques que nous observons actuellement en Syrie », a dit le sénateur. Konstantin Kossatchev a ajouté que le point de non-retour avait été franchi en Syrie, eu égard aux attentes liées à la chute du pouvoir syrien et à la victoire de l'internationale terroriste. En dépit de nombreuses difficultés, la situation dans ce pays évolue vers un règlement politique. Le régime de cessez-le-feu en Syrie instauré le 30 décembre dernier est « plus ou moins observé par les parties en conflit, à l'exception, certes, des organisations terroristes ». M. Kossatchev a indiqué que, le plus souvent, les violations du cessez-le-feu étaient liées à l'absence d'une nette distinction entre les terroristes et l'opposition modérée. « Sur fond de cessez-le-feu, les efforts augmentent afin de lancer des processus politiques », a-t-il signalé. Il a cependant déploré que les négociations inter-syriennes d'Astana se soient déroulées sans la participation de l'opposition armée. « Nous constatons que des étincelles jaillissent entre l'émissaire du secrétaire général de l'Onu Staffan de Mistura et le gouvernement syrien. Pourvu qu'elles n'allument pas un conflit », a expliqué le sénateur. Enfin, M. Kossatchev a rappelé qu'une délégation de parlementaires russes et européens se trouvait actuellement en Syrie et que le Parlement européen témoignait d'un intérêt grandissant pour le dossier syrien. Syrie: de Damas à Hama en passant par Lattaquié, la rébellion syrienne multiplie les offensives contre le régime France Soir, Publié le : Mercredi 22 Mars 2017 Démonstration de force en cours de la rébellion syrienne. Pas moins de cinq offensives différentes ont été déclenchées depuis dimanche par l'Armée syrienne libre et des groupes djihadistes contre des villes tenues par Bachar al-Assad. Même Damas n'est pas épargnée par les combats. Formée début février, la nouvelle coalition de la rébellion syrienne Hayat Tahrir al-Cham (HTC), qui comprend des groupes djihadistes et salafistes, a lancé plusieurs offensives de grande ampleur sur différents fronts du territoire syrien en appui de l'Armée syrienne libre (ASL) depuis ces derniers jours. Les premiers combats ont débuté à Damas dimanche 19 avec les explosions de deux VBIED (véhicules kamikazes) en plein cœur de la capitale syrienne, contre des positions tenues par des miliciens pro-régime, revendiquées par HTC. L'objectif de cette offensive était d'effectuer une jonction entre les deux quartiers de Jobar et de Qaboun, poches rebelles situées à l'intérieur même de la ville, encerclés et bombardés par le régime depuis des mois. La violence de l'attaque a pris de cours les troupes de l'armée loyaliste qui ont un temps abandonné leurs positions sur l'autoroute Damas-est qui sépare les deux quartiers. Les combattants de HTC ont pu bénéficier du soutien des troupes de la Légion al-Rahman, composante de l'ASL, et plus puissant groupe rebelle du quartier de Jobar. Le bruit des explosions et des combats a rythmé la journée alors que la capitale syrienne souffrait des affres de la guerre pour la première fois depuis de longs mois.

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Une fois le choc initial passé, l'armée syrienne a pu contre-attaquer en force lundi 20, grâce au déploiement de forces importantes et qualitatives parmi lesquels on retrouvait des hommes de la Garde républicaine et de la 4e division blindée commandée par le propre frère de Bachar al-Assad, Maher. D'intenses bombardements de l'aviation du régime et de son allié russe ont matraqué les positions rebelles dans les quartiers de Jobar, Qabun et Barzié mais aussi dans la orientale, une zone à l'est de Damas tenue par la rébellion. La violence de l'offensive du régime a permis à l'armée syrienne de retrouver ses positions perdues le dimanche selon les médias fidèles au pouvoir. La situation a encore évolué mardi 21 à la faveur d'une nouvelle offensive des rebelles. Les forces de l’opposition ont annoncé avoir repris aux forces gouvernementales les positions qu’elles avaient conquises puis perdues la veille: une zone industrielle bordant l’autoroute Damas-Alep et une partie de la gare routière des Abbassides, à quelques centaines de mètres de la place du même nom, déserte depuis dimanche alors que si animée d'ordinaire. Les combats continuent ce mercredi 22, notamment à Jobar où la 105e brigade de la Garde républicaine s'est lancée à l'assaut des positions tenues par les combattants de HTC. Au cours de la journée de lundi, les chefs rebelles de la région de Damas ont appelé les autres factions à travers le pays à attaquer le régime sur d'autres fronts dans les zones tenues par Bachar al-Assad en Syrie. Appel qui a été entendu puisque que les combattants de HTC et de l'ASL, qui s'affrontaient encore il y a quelques semaines dans la zone rebelles d'Idlib, ont mené mardi une offensive conjointe et de grande ampleur en périphérie de la ville d'Hama, un des premiers foyers de la révolution syrienne. Comme à Damas la bataille a débuté par l'explosion d'un VBEID dans le village de Suran. De nombreux villages ont été repris aux forces gouvernementales, principalement composées de milices à la combativité fluctuante, dont la plupart ont fui leurs positions. Même la localité de Ma'an, pourtant bastion du régime depuis le début du conflit, est tombée face à l'offensive qui s'est poursuivie jusqu'à la lisière des faubourgs nord d'Hama malgré une forte présence de l'aviation russe dont les bombardements n'ont pas réussi à briser l'assaut. Les combattants de Hayat Tahrir al-Cham se sont également emparé d'un dépôt de munitions gouvernemental à Khattab au nord-ouest d'Hama. D'autres rebelles se sont emparé ce mercredi d'une coline surplombant l'aéroport militaire situé à l'ouest d'Hama, perturbant les opérations de l'aviation d'Assad. La situation semble critique pour le régime qui ne parvient pas à enrayer cette attaque des rebelles à Hama, alors que le groupe insurgé Ahrar al-Cham, composante importante de la rébellion, n'est pas encore engagé dans les combats. Les Tiger Forces (lire ici la présentation qui en est faite par Stéphane Mantoux, spécialiste du conflit syrien, pour FranceSoir), unité d'élite de l'armée syrienne et fer de lance de la reconquête des quartiers-est d'Alep, pourraient être redéployées en urgence dans la région pour stabiliser la situation. Les quartiers-ouest de la ville d'Alep, dont la sanglante reconquête en décembre dernier avait regonflé la propagande du régime, ont été soumis mardi à des tirs d'artillerie. A Deraa dans le sud du pays, près de la frontière jordanienne, les djihadistes de HTC mènent depuis le 12 février dernier. Les combats y perdurent depuis et semblent avoir pris une nouvelle vigueur depuis l'offensive rebelle au cœur de Damas. Un cinquième front a également été ouvert dans la région de Lattaquié, fief de la communauté alaouite à laquelle appartient Bachar al- Assad et où se situe la principale base aérienne russe en Syrie. De moindre ampleur, cette offensive est toutefois éminemment symbolique par sa localisation. Des roquettes Grad tirées par les rebelles ont même frappé l'aéroport militaire russe, endommageant quelques avions de combats. L'ASL a également mené une rapide offensive dans le massif du Qalamoun, cette fois contre des positions de l'Etat islamique. Les djihadistes de Daech se sont retirés en désordre d'une dizaine de villages qu'ils contrôlaient dans cette région montagneuse située au nord de Damas, non loin de la frontière libanaise. Ces multiples offensives des insurgés placent le régime de Damas dans une situation délicate compte tenu de la baisse sensible de ses effectifs militaires et des combats qu'il poursuit contre l'EI, notamment à Deir Ezzor ou sur la route entre Homs et Ithriya. Et ce alors que des nombreuses unités de l'armée syrienne à la loyauté suspecte sont encore casernées par crainte des défections et des désertions. Si les unités d'élite du régime (Tiger Forces, Desert Hawks ou encore la 104e brigade de la Garde républicaine), couplées à sa maitrise du ciel et à l'apport de l'aviation de son allié russe, permettent des contre-offensives efficaces et meurtrières sur certains points du front, l'hémorragie d'effectifs dans les rangs des unités régulières oblige au déploiement de milices peu structurées et parfois sous- équipées dans de vastes zones de combats. Et cela, la rébellion sait parfaitement l'exploiter depuis dimanche, multipliant les offensives à travers le pays. Il faut ajouter à cela la récente poussée des rebelles pro-turcs dans le nord depuis leur conquête d'al-Bab contre les djihadistes de l'EI. Le régime a dû déployer des unités pour faire tampon entre ces forces soutenues par Ankara et les combattants kurdes qui tiennent la ville de Manbij à la faveur d'un accord avec ces derniers. Des forces à l'efficacité toute relative mais dont la présence manque cruellement sur d'autres fronts. S'il va falloir attendre la réaction du régime dans les prochains jours pour jauger de sa capacité à redresser la situation, ces derniers combats on permit de constater que la rébellion, donnée moribonde ces dernières semaines par certains observateurs, a conservé une capacité militaire suffisante pour mener des offensives coordonnées de grandes ampleurs. Syrie: la coalition parachute des soldats Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 22/03/2017 Les avions de la coalition internationale sous conduite américaine ont parachuté des soldats américains et des combattants des Forces démocratiques syriennes dans le secteur de Tabka, dans la province de Raqqa, ont fait savoir aujourd'hui les FDS.

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Cette opération, qui élargit le cadre de l'offensive en cours pour reprendre la ville de Raqqa au groupe djihadiste État islamique (EI), vise à s'emparer du secteur stratégique de Tabka et, dans le même temps, à freiner la progression des troupes du régime de Damas dans cette direction, ont ajouté les FDS, alliance de combattants arabes et kurdes en lutte contre l'EI. Syrie: l'artillerie américaine cible un barrage Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 22/03/2017 L'artillerie et des moyens aériens américains soutiennent une offensive des Forces démocratiques syriennes pour prendre le barrage stratégique de Tabqa près de Raqa, a indiqué aujourd'hui le Pentagone. Des "forces de la coalition" apportent un soutien "de transport aérien et de feu rapproché" à une offensive des Forces démocratiques syriennes sur ce barrage qui ferme le lac Assad, à l'ouest de Raqa, a indiqué le major Adrian Rankine-Galloway, un porte-parole du Pentagone. Un responsable de la défense américain a confirmé que les forces américaines avaient utilisé de l'artillerie dans cette opération. Syrie : au moins 33 morts dans le bombardement d'une école Le Figaro, Par Anne-Laure Frémont , AFP agence Publié le 22/03/2017 L'établissement situé dans la province de Raqqa servait de centre pour les déplacés. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, le raid qui a coûté la vie à ces civils a été mené par la coalition internationale. Cette dernière va enquêter, a fait savoir le Pentagone. La coalition internationale qui lutte contre Daech a-t-elle tué des dizaines de civils par erreur dans la province de Raqqa, en Syrie? L'Observatoire syrien des droits de l'homme rapporte ce mercredi qu'au moins 33 personnes ont péri la veille au soir au sud d'Al- Mansoura, une ville tenue par l'État islamique, dans une frappe aérienne contre une école hébergeant des populations déplacées. Selon l'OSDH, l'école a été «vraisemblablement» prise pour cible par les avions de la coalition internationale sous commandement américain. «Nous pouvons confirmer que 33 personnes ont été tuées. C'était des déplacés de Raqqa, Alep et Homs», a déclaré le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane.«Ils sont encore en train de retirer des corps des décombres. Seules deux personnes en ont été dégagées vivantes», a ajouté le directeur de cette ONG basée au Royaume-Uni mais dotée d'un vaste réseau de sources médicales en Syrie. Un groupe d'activistes, «Raqa is Being Slaughtered Silently», a lui aussi confirmé le bombardement, assurant que l'école abritait «environ 50 familles de déplacés» dont il ne connaît pas encore le sort. Réunion de la coalition à Washington La coalition internationale, qui soutient actuellement les Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance arabo-kurde qui mène une offensive pour reprendre Raqqa, va enquêter sur ce drame, a fait savoir le Pentagone. «Comme nous avons mené plusieurs frappes près de Raqqa, nous donnerons ces informations à notre équipe qui enquête sur les victimes civiles pour de plus amples investigations», a déclaré un porte-parole militaire américain. La coalition a reconnu début mars avoir causé la mort d'au moins 220 civils depuis 2014 en Irak et en Syrie, où elle opère. Elle avait en outre tué par erreur des dizaines de soldats du régime en septembre dernier. Cette nouvelle tragédie survient alors que les 68 pays qui se battent en Irak et en Syrie contre l'État islamique se réunissent ce mercredi à Washington, et qu'un cinquième round de négociations pour mettre fin à la guerre en Syrie s'ouvre jeudi à Genève sous l'égide de l'ONU, sans grand optimisme au vu de l'inflexibilité du régime et de l'opposition. Syrie : le village chrétien de Mhardeh compte les heures avant l’assaut final Aleteia, Alexandre Meyer | 23 mars 2017 La plus importante communauté chrétienne de Syrie est encerclée par les groupes jihadistes. La macabre conjonction des jihadistes d’Al-Qaïda, du Hayat Tahrir Al-Sham (« Organisation de Libération du Levant »), de ses alliés du Parti islamique du Turkestan (TIP) et de Jaysh Al-Nasr (« Armée de la Victoire » : coalition de groupes rebelles de l’Armée syrienne libre) a refermé en quelques heures l’étau qui enserrait la petite ville chrétienne de Mhardeh depuis des années. La ville, majoritairement chrétienne, qui résistait depuis le début du conflit en dépit du pilonnage incessant des mortiers rebelles, pourrait être envahie dans les heures qui viennent. "La situation à #Mhardeh est catastrophique. Des familles sont parties, il fait froid. Pendant un mmt, la ville était entièrement entourée." pic.twitter.com/AQVv9qz9Ix — SOS Chrétiens Orient (@SOSCdOrient) March 23, 2017 La ville subit depuis le début de la guerre les assauts incessants des rebelles islamistes qui souhaitent réduire ce symbole à néant. En effet, ses 25 000 habitants sont majoritairement chrétiens : Mhardeh compte cinq églises (grecques-orthodoxes) et un temple protestant (10% des habitants sont presbytériens). Hissée sur un promontoire rocheux, elle est entourée de localités sunnites d’où le harcèlement s’opère au grand jour. La plus proche, Halfaya, n’est qu’à 200 mètres à l’est des premières habitations, régulièrement touchées par des tirs de sniper. 38

Après avoir percé mercredi 22 mars la ligne de défense de la 11e division blindée de l’armée arabe syrienne à Khattab, les factions islamistes se sont emparées de plusieurs villages au nord de Hama ces dernières 24 heures. La capitale de la province, située à moins -est située au beau milieu de l’axe Nord (محردة) de cinq kilomètres de leurs positions, est désormais à portée de roquettes. Mhardeh Sud qui relie Alep à Damas, à environ 260 kilomètres de la capitale syrienne. Tête de pont fidèle au gouvernement campée à 100 kilomètres au nord de Homs, elle est baignée sur son flanc nord par la rivière Oronte, endiguée pour approvisionner une centrale hydroélectrique moderne. Elle dépend administrativement du Gouvernorat de Hama, près de la plaine du Ghab. En mai 2016, les terroristes du Front al-Nosra avaient pris d’assaut la ville pendant trois jours. 4 000 jihadistes s’étaient cassés les dents sur la milice locale comptant 150 hommes, appuyés par les Mig-21 de l’armée. Ces dernières heures, les chasseurs se sont détournés du village pour tenter de freiner l’avancée des rebelles dans les zones plus peuplées du sud de la province. Le général des Forces de défense nationale, Simon Alwakil, ancien chef d’entreprise qui a mis ses moyens et ses réseaux au profit de la cité et pris en main sa défense, nous avait fait une promesse en novembre dernier : « Nous tiendrons ». Pour combien de temps encore ? Syrie: "il est illusoire de penser que Bachar el-Assad va tomber tout seul" RCF, 24 mars 2017 Par Jean-Baptiste Le Roux Trouvera-t-on une issue à la crise militaire, politique et humanitaire en Syrie ? C'est la question qui agite les nouvelles négociations qui s'ouvrent aujourd'hui à Genève. Un nouveau round de négociations de paix pour la syrie s'ouvre aujourd'hui à Genève. Rebelles et régime syrien sont conviés pour trouver une issue à la crise militaire, politique et humanitaire qui ensenglante le pays depuis six ans. Depuis quelques jours, les violences ont repris à Damas, pour faire pression sur ces négociations. Mais pour Fabrice Balanche, maitre de conférences à Lyon 2 et chercheur invité au Washington Institute, le régime est en train de reprendre la main et la communauté internationale comme la population locale pourrait s'en accomoder. "L’objectif d’Assad est de reprendre tout le pays en laissant un peu d’autonomie aux Kurdes et à certaines tribus arabes qui les ont aidé à se battre contre les jihadistes. Il semble bien que les Etats-Unis et l’Europe se rallient à cette option même s’ils ne le disent pas car du point de vue de l’opinion publique, cela passerait assez mal" explique-t-il notamment. Ce spécialiste rappelle que "l’on n’a pas les moyens de faire tomber le régime syrien. Dès le départ il était clair que si l’on n’envoyait pas 100 000 hommes en Syrie pour chasser Bachar el-Assad, ce régime allait rester en place. A partir de là il est illusoire qu’il allait tomber tout seul, ou en ayant fourni quelques armes à la rébellion". Pourquoi Israël n’est pas prêt à stopper les bombardements sur la Syrie Sputnik 24.03.2017 Alors qu’Israël continue ses bombardements en Syrie, un expert de l'université Paris-IV commente la situation pour Sputnik. Pour lui, il s’agit plutôt d’une bonne entente entre Israël et Daech, qui serait intéressé par le chaos dans cette région. La tension est à son comble entre la Syrie et Israël, qui continue ses raids meurtriers sur le territoire syrien. Thomas Flichy, historien et membre du Centre Roland Mousnier de la Sorbonne présente pour Sputnik sa vision des choses. D'après lui, Israël mène une politique assez opportuniste au Moyen-Orient et cherche ainsi à assurer sa propre survie politique dans un environnement assez dangereux pour lui. Dans cette logique, la coopération avec Daech pourrait bénéficier au gouvernement israélien. « Il [Israël, ndlr] a une politique d'équilibre, il n'a pas véritablement souhaité que Daech disparaisse. D'ailleurs, Daech ne s'est jamais véritablement attaqué à Israël du point de vue militaire ou idéologique, ce qui montre bien qu'Israël ne représentait pas un véritable ennemi pour Daech », a déclaré M. Flichy. D'ailleurs, pour assurer cette tranquillité politique, le gouvernement israélien, avait, selon l'expert, accepté d'accueillir des terroristes de Daech et de les soigner avant de les renvoyer sur le front. De son côté, Daech est particulièrement intéressé par l'instabilité dans son environnement régional, notamment en Syrie. « Israël a joué en sous-main l'État islamique parce qu'il avait intérêt finalement à un chaos dans cette région et au maximum d'instabilité autour de lui afin de pérenniser sa propre stabilité. C'est une politique assez cynique, mais elle existe», a conclu l'expert. Auparavant, le Premier ministre israélien avait déclaré qu'Israël continuerait d'effectuer des raids aériens sur les convois syriens transportant des armes pour le mouvement Hezbollah en Syrie. En guise de réponse, le Président syrien a souligné que la protection des frontières nationales était le devoir des autorités syriennes même si Israël entendait détruire des systèmes sol-air syriens.

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Lettre à Romain Nadal, porte parole du Quai d'Orsay au sujet de Mossoul et des victimes civiles Par Regis Le Sommier Grand reporter et directeur adjoint de Paris Match Publié sur sa page Facebook Bonsoir Romain, De retour de Mossoul, je m'étonne de ne pas avoir encore vu de communiqué de protestation du ministère des affaires étrangeres contre le nombre alarmant de victimes civiles. Vous et le Quai d'Orsay nous avez abreuvé tant de fois au moment du siège d'Alep de votre indignation, ou êtes-vous cette fois? Les chiffres des victimes des frappes de la coalition sont terrifiants. Je vous confirme pour en être revenu (j'étais avec les unités combattantes de l'ISOF) que cette guerre dans un tissu urbain extrêmement dense est meurtrière pour les civils. Les obus qui nous visent quand nous sommes avec l'ISOF ou avec d'autres unités irakiennes atteignent immanquablement des civils que Daech, comme autrefois certains groupes rebels à Alep, prennent en otage. Or notre ministre cette fois est muet. Pourquoi cette différence de traitement? Vaut-il mieux être syrien qu'Irakien pour attirer l'attention? Merci pour votre réponse et vos éclaircissements Cordialement Regis Le Sommier Grand reporter et directeur adjoint de Paris Match Réponse de Romain Nadal, porte-parole du ministère des affaires étrangères à Regis Le Sommier Nous déplorons les nombreuses pertes civiles que peuvent entraîner les combats dans lesquels la coalition est confrontée à la brutalité de Daech. Nous adressons nos condoléances aux familles des victimes. Chaque fois que cela est nécessaire, une enquête doit être diligentée. Pour les autorités irakiennes et pour tous les partenaires de la coalition, la préservation des vies des populations civiles et l’apaisement de leurs souffrances sont des priorités. A l’inverse, Daech se sert des civils comme boucliers humains pour retarder la progression des forces irakiennes. Ce groupe terroriste continue de semer la mort sur le territoire irakien à travers les attentats et procède au minage systématique des infrastructures de Mossoul. Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces pratiques, qui montrent une nouvelle fois à quel point Daech fait peu de cas de la vie humaine". Daesh tente le grand écart vers le maillon faible : le Liban JForum Mar 25, 2017

Revirement vers l’Ouest de Daesh qui prend le Liban pour sa prochaine cible

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Jeudi 23 et vendredi 24, les hélicoptères américains ont largué des combattants kurdes et arabes sur un secteur situé à l’ouest du bastion de Daesh à Raqqah. Ces forces sont rapidement parvenues à conquérir au moins 5 villages et à couper ainsi les concentrations djihadistes du Nord-Ouest de la Syrie de leur bastion de Raqqa. Les sources des renseignements militaires de Debkafile révèlent que cette opération est le coup d’envoi de la campagne menée par les Etats-Unis afin d’isoler la capitale syrienne de Daesh avant de l’assaillir. On ne s’attend pas à ce que la libération de Raqqa rencontre la même résistance féroce, de la part de Daesh, que celle à laquelle l’armée irakienne conduite par les Etats-Unis a été confrontée dans Mossoul. Ceci parce que la ville s’est progressivement vidée de ses forces combattantes, depuis que les chefs de Daesh ont constaté que leur temps touche à sa fin. Au lieu d’attendre une défaite assurée, le dirigeant de Daesh, Abu Bakr Al-Baghdadi et ses stratèges, d’ex-généraux irakiens de Saddam Hussein ont effectué un revirement majeur : les djihadistes, fuyant les champs de batailles irakiens et syriens, au lieu de faire marche vers les bastions de Daesh de Deir Ez-Zor, dans l’Est de la Syrie et d’Abu Kamal, dans la province de l’Anbar à l’ouest de l’Irak, ont reçu de nouveaux ordres de se diriger dans la direction opposée vers leur nouvelle destination : le Liban. Il s’agit d’un changement radical, par rapport à leurs ordres précédents leur ordonnant de se rassembler dans ces deux villes, qui enjambent la frontière irako-syrienne et contrôlent le passage d’Al Qaïm et les routes d’approvisionnement de Daesh depuis juin 2014. Ces deux villes sont situées dans les régions virtuellement désertiques grâce auxquelles n’importe quel ennemi approchant est visible de très loin. En outre, la végétation dense des rives du fleuve de l’Euphrate et les forêts proches sont une couverture efficace pour les mouvements subreptices contre la surveillance aérienne et satellitaire. Les services de renseignements américains et irakiens sont certains qu’Al-Baghdadi et ses principaux lieutenants se cachent dans l’une de ces deux villes ou dans une maison-refuge entre les deux. Aussi, pourquoi sont-ils prêts à renoncer à leurs sanctuaires sécurisés , après les avoir bâtis durant deux ans et à e brusquement leurs combattants fugitifs vers un nouveau territoire convoité?  Les dirigeants de Daesh discernent une nouvelle proie dans ce gouvernement et cette armée faibles que représente le Liban.  Le Liban, qui est assailli de façon chronique par des conflits entre les Sunnites, le Hezbollah chiite les communautés chrétiennes, offre un terrain de jeu perclus de vulnérabilités pour favoriser les incursions de Daesh.  La seconde ville la plus vaste du Liban, Tripoli, à 85 kms au nord de Beyrouth, une ville fortement peuplée de Sunnites, dotée d’un port en Méditerranée, est l’une des cibles promises de Daesh.  Une autre cible serait Sidon, sa troisième ville par ordre d’importance, située à 40Q kms au Sud de Beyrouth sur la côte méditerranéenne. Un avantage supplémentaire est sa proximité avec la frontière israélienne, à guère plus de 60 kms de Naharia, une situation qui mettrait l’Etat Islamique en position la plus proche de cette ville israélienne qu’il ne l’a jamais été.  Adjoint a Sidon, qui a une population principale de 90.000 habitants, ont trouve la ville-camp de réfugiés palestiniens d’Ain Helweh, qui comporte un quart de million d’habitants, parmi lesquels Daesh dispose déjà de cellules implantées et actives -à la fois ouvertes et dormantes.  Les dirigeants de Daesh ont conclu à présent, que leurs bastions de la frontière irako-syrienne pourraient s’avérer trop difficiles à sécuriser, quand, selon leurs calculs, ils se trouvent sous le feu des canons américains et/ou russes. Les puissances étrangères vont moins probablement intervenir militairement contre une organisation terroriste dans l’instable Liban.  Si les djihadistes de Daesh parvenaient à cette fin, ils gagneraient un nouvel avantage à frapper les forces syriennes, iraniennes et du Hezbollah en les combattant depuis les lignes arrières, de l’autre côté de la frontière libano-syrienne. Les sources de Debkafile révèlent que les services de renseignements américains et israéliens ont transmis une alerte au nouveau Président libanais Michel Aoun, au début de ce mois de mars, en lui fournissant des détails sur cette conspiration de Daesh visant à envahir certaines parties de son pays, comme il l’a fait en Irak et en Syrie il y a trois ans. Syrie: qui sont les combattants évacués de Homs? Sputnik 26.03.2017 Membres de groupes armés, proches d'al-Nosra ou personnes qui s'y opposent… Dans une interview à Sputnik, le gouverneur de Homs parle des combattants qui seront prochainement évacués d’Al-Waer, dernier rempart des terroristes à Homs. Sur les 15 groupes de terroristes armés qui détiennent le quartier d'Al-Waer à Homs, un seul est lié au Front al-Nosra, a déclaré le gouverneur de la province de Homs Talal Barazi dans une interview accordée à l'agence Sputnik. « Au total, 15 groupes armés détiennent le quartier d'Al-Waer, dont un seul appartient au Front al-Nosra. Il y a des désaccords entre ces groupes, et c'est pour cette raison que les terroristes ne veulent pas se rendre dans les mêmes régions. Par exemple, il y a ceux qui sont partis à Alep, redoutant de se rendre à Idlib. Parmi ceux qui partiront demain à Idlib, il y a ceux qui craignent de se rendre à Rastan. De cette façon, il y a des heurts entre ces groupes et j'estime que les jeunes qui portent les armes mais ne partagent pas les idées du Front al-Nosra ont des chances de retrouver une vie normale », a indiqué le gouverneur. Selon lui, lors de la libération de la partie historique de Homs, près d'un tiers des terroristes ont déposé les armes et, profitant de l'amnistie présidentielle, ont réglé leur statut juridique. « On espère que la grande partie de ceux qui se sont retranchés à Al-Waer, agiront de même », a ajouté le responsable.

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« J'espère que l'étape finale de l'accord (sur le cessez-le-feu local à Al-Waer, ndlr) sera couronné de succès. Jusqu'à présent, on sent qu'il y a une méfiance mutuelle entre les autorités et les groupes armés, mais nos amis russes sont devenus de vrais garants dans ce processus, surtout après le refus de l'Onu d'y prendre part », a souligné le gouverneur de la province de Homs. Il a aussi annoncé que l'évacuation d'Al-Waer d'un deuxième groupe de terroristes n'impliquerait que des représentants des autorités syriennes, ceux de la partie russe et ceux du Croissant rouge syrien. « Soixante policiers russes conjointement avec leur collègues syriens participeront à cette opération », a précisé le gouverneur. Le premier groupe de terroristes et des membres de leurs familles (près de 1 400 personnes au total) a quitté Homs le 18 mars. Toutes les parties impliquées dans ce processus ont noté que l'évacuation s'était déroulée sans incident ni provocation. Recherches sur l’islam contemporain : le salafisme en Jordanie PAR JEAN-FRANÇOIS MAYER - RELIGIOSCOPE, 25 MARS 2017 Parmi les différents types de salafisme présents en Jordanie, les salafistes quiétistes collaborent aujourd’hui en majorité avec le pouvoir, appuyant sa lutte contre l’islam « extrémiste ». Un livre éclaire cette évolution et dresse en même temps un tableau des courants salafistes actifs aujourd’hui en Jordanie ainsi que des débats qui les traversent, à l’instar du salafisme dans le reste du monde.

Publié il y a quelques mois, le livre (en anglais) de Joas Wagemakers (Université d’Utrecht) propose une enquête remarquablement documentée sur les courants musulmans salafistes en Jordanie. Intitulée Salafism in Jordan : Political Islam in a Quietist Community(Cambridge University Press, 2016), cette étude combine les observations de terrain et l’attentif examen des publications salafistes. Si les courants quiétistes du salafisme sont au cœur de cette recherche, les autres types de salafisme ne sont pas ignorés (la classique distinction entre salafistes quiétistes, politiques et jihadistes est reprise. Sous une forme à la fois rigoureuse et lisible, c’est un modèle pour de futures recherches analogues sur le salafisme dans d’autres régions. Une introduction au salafisme en préambule Ce livre offre plus encore : la trentaine de pages du premier chapitre, sur l’idéologie salafiste globale, est l’une des meilleures introductions courtes au salafisme qu’il nous ait été donné de lire[1]. Pour saisir la nature de la démarche salafiste, il faut comprendre le caractère crucial de la recherche de la vérité, ce qui peut conduire à des interrogations même sur des points purement théoriques, dans une quête incessante de « pureté »doctrinale (pp. 67-68). La référence à l’islam des origines est importante pour tous les musulmans, souligne l’auteur, et pas simplement pour les salafistes : cela explique aussi une certaine sensibilité au message salafiste dans des cercles musulmans plus larges, pavant la voie à la diffusion du salafisme (pp. 36-37). Mais le salafisme inclut aussi des approches spécifiques, par exemple le concept de al-wala wa-l- bara (loyauté et désaveu), que Religioscope a eu l’occasion d’évoquer dans une section d’un article publié en juillet 2016 ainsi que dans un compte rendu de livre en anglais en octobre 2016. Cette conviction de devoir se démarquer de tout ce qui — aux yeux des salafistes — conduit à dévier de l’islam connaît des applications sur les plans personnel, politique et législatif. Ce troisième aspect est le plus controversé parmi les salafistes eux-mêmes : les salafistes jihadistes considèrent comme inacceptable tout système politique fondé sur des lois humaines et non sur la shari’a (pp. 44-46). Mais les dirigeants de pays musulmans qui n’appliquent pas strictement la loi islamique se rendent-ils coupables d’un acte de kufr (mécréance) et encourent-ils le takfir (excommunication) ? Différentes positions s’expriment à ce sujet parmi les salafistes (pp. 49-50). Sur la question du jihad, Wagemarkers rappelle que les salafistes jihadistes vont plus loin que la notion classique du jihad et l’idée du combat contre des envahisseurs non musulmans, puisqu’ils affirment la nécessité de combattre les régimes musulmans « apostats » (p. 56). Les salafistes quiétistes jordaniens ne sont certes pas opposés au jihad, mais sont attachés au respect des règles classiques : ils peuvent donc à la fois faire l’éloge d’un « martyr » tombé en Bosnie, par exemple, et décréter illégitime le soulèvement contre un dirigeant musulman (pp. 63-64). Les quiétistes jordaniens en sont même arrivés, au fil des ans, à pousser leur principe de soumission à l’autorité jusqu’à l’allégeance au souverain jordanien comme garant de la paix et de la sécurité (p. 87). La pression et le contrôle exercés par les autorités jordaniennes ne sont pas étrangers à cette évolution. 42

Histoire du salafisme en Jordanie Dès le départ, note Wagemakers, le salafisme jordanien revêt une forte dimension transnationale, qu’il s’agisse de Jordaniens imprégnés par les idées salafistes durant des séjours à l’étranger ou de musulmans salafistes venus diffuser leurs idées en Jordanie (p. 109). Cela n’est pas étonnant, car, jusque dans les années 1970, il était difficile pour des personnes désireuses d’étudier la foi islamique d’obtenir une solide instruction religieuse en Jordanie, ce qui les conduisait à se rendre à l’étranger, notamment en Arabie saoudite (p. 97). Les premières bases du salafisme furent ainsi posées en Jordanie dès les années 1950 par des Jordaniens ayant obtenu une formation religieuse à l’étranger.

Muhammad Nasir al-Din al-Albani (1914-1999). Mais celui qui permit au salafisme de s’implanter solidement en Jordanie fut le Sheikh Muhammad Nasir al-Din al-Albani (1914- 1999). Comme son nom l’indique, il était né en Albanie, dans une famille strictement musulmane, qui préféra émigrer à Damas pour échapper aux réformes modernisatrices mises en œuvre dans son pays d’origine dès les années 1920. Al-Albani y fut formé religieusement et y apprit également le métier d’horloger, qu’il continua de pratiquer, fier de pouvoir affirmer ainsi son indépendance, même si cela lui valut souvent les regards condescendants de clercs. Il développa une méfiance envers le soufisme tout en étant influencé par la pensée de salafistes modernistes, dans une quête l’éloignant des écoles juridiques islamiques pour essayer de retrouver la voie d’un islam réformé à travers l’étude des hadiths (les traditions concernant les propos et actions du Prophète Muhammad). Al-Albani adopta une attitude à la fois rigoureuse et apolitique. En 1961, al-Albani fut invité à venir enseigner à l’Université islamique de Médine, en Arabie saoudite, où il devint très populaire. Mais des controverses idéologiques liées à sa critique de certaines pratiques saoudiennes fondées sur l’école hanbalite finirent par l’obliger à quitter l’Arabie saoudite en 1963 pour retourner en Syrie, où il eut des frictions avec des figures soufies, ce qui lui valut même de brefs séjours en prison. Invité en Jordanie pour des visites dès 1967, il finit par y vivre de façon plus ou moins permanente à partir de la fin des années 1970. Mais son salafisme inquiéta les autorités, ce qui lui valut de devoir quitter le pays. Al-Albani se trouva également confronté à l’hostilité des Frères musulmans jordaniens, car les salafistes se montraient de plus en plus critiques envers ce mouvement. Mais la Révolution islamique d’Iran plaça sous un jour plus favorable, aux yeux des autorités jordaniennes, un mouvement aux convictions fortement antichiites (alors que les Frères musulmans sympathisaient avec la Révolution d’Iran). Autorisé à revenir en Jordanie en 1983, al-Albani y passa le reste de ses jours. Le salafisme tel qu’il se développa autour d’al-Albani était faiblement organisé : les autorités jordaniennes ne souhaitaient pas voir les salafistes prendre le contrôle de mosquées ou développer des structures trop élaborées, et des formes organisées auraient soumis les salafistes à un lourd contrôle étatique qu’ils ne souhaitaient pas (p. 114). Après la mort d’al-Albani, les salafistes quiétistes jordaniens connurent des divisions, où des rivalités de personnes jouèrent un rôle au moins aussi important que les considérations idéologiques. En 2001, raconte Wagemakers, le Centre Imam al-Albani pour la connaissance et les études méthodologiques fut fondé à Amman. L’initiative vint en fait des autorités : vu le développement de ce courant, malgré sa taille encore petite, il parut sage au régime de mieux le garder sous contrôle en lui donnant une forme organisée. Les salafistes quiétistes se trouvèrent ainsi placés dans la sphère d’influence de l’État, tout en y trouvant aussi des avantages, puisque cette supervision officielle leur évitait les accusations d’extrémisme (pp. 137-139). Wagemakers résume en parlant d’une « utopie salafiste » ayant viré au « quiétisme loyaliste » (p. 143). Tout un chapitre consacré à l’évolution du salafisme quiétiste en Jordanie après la césure du 11 septembre 2001 illustre cette évolution. Pour les autorités jordaniennes, les efforts portèrent dès ce moment sur le développement — relativement tardif — d’un « islam officiel » jordanien, pour contrer l’extrémisme, en incluant le dialogue avec les chiites et avec les chrétiens (pp. 147-148). Dès lors, il s’agit d’associer les salafistes quiétistes à cet islam officiel « modéré ». Comme l’observe Wagemakers, si l’aversion des salafistes quiétistes envers le terrorisme (condamné de façon répétée) et leur loyauté envers le pouvoir les prédisposent à s’inscrire dans ce cadre, en revanche leur approche puriste se trouve aux antipodes de la ligne de dialogue interreligieux du régime. Sur le plan

43 politique, des figures de référence du salafisme quiétiste sont allées jusqu’à encourager la participation aux élections parlementaires de 2013 (p. 156).

La mosquée du roi Abdullah, à Amman (4 février 2014) (© 2014 Andrea Astes - iStock). Pour décrire l’adhésion au salafisme quiétiste en Jordanie, il semble plus judicieux à Wagemakers d’utiliser le terme de « conversion » que celui de « recrutement », en raison d’une approche éloignée de tout activisme politique et mettant avant tout l’accent sur la doctrine religieuse. Mais le terme de « conversion » doit être précisé : l’adhésion au salafisme représente un changement graduel de personnes déjà religieuses avant d’embrasser le salafisme, et dont toute la démarche demeure dans le cadre de l’islam sunnite (p. 167). Bien qu’ils continuent à venir surtout de milieux modestes, le niveau éducatif des adhérents au salafisme tend à s’élever (p. 168). Il ne faut pas négliger l’attrait des figures religieuses salafistes : ces prédicateurs se montrent accessibles, introduisant volontiers des traits d’humour dans leurs propos, prêts à répondre à toutes les questions des étudiants aussi longtemps qu’il le faut, et les traitant comme des égaux (p. 165). Le nombre de salafistes quiétistes en Jordanie n’est pas connu, mais il n’est pas très élevé : selon Wagemakers, il ne se chiffre pas en dizaines de milliers. Il faut y ajouter les salafistes d’autres tendances : les adeptes et sympathisants du salafisme jihadiste seraient ainsi moins de 10.000, selon des évaluations du Ministère de l’Intérieur en 2015 (p. 166). Wagemakers note en outre la présence d’un nombre assez important de salafistes d’origine étrangère en Jordanie, originaires de pays d’Afrique subsaharienne ou de l’Asie du Sud-Est (p. 165). Le salafisme quiétiste en Jordanie se présente donc largement aujourd’hui sous une forme « domestiquée » et institutionnalisée, protégé par les autorités et au service de leur projet de contrer l’islam « extrémiste ». Ses adhérents se signalent par une adhésion rigoureuse aux normes islamiques héritées du Prophète, telles qu’ils les comprennent. Au centre de la démarche des salafistes quiétistes jordaniens (et dans d’autres pays) se trouve l’idée du retour à la « vraie religion » comme solution de tous les problèmes du monde musulman contemporain (pp. 85-86). Mais les salafistes quiétistes ne sont pas les seuls présents en Jordanie : même s’ils sont le principal objet de l’étude de Wagemakers, son livre évoque aussi la présence d’autres courants qui se réclament du salafisme. La présence des salafistes politiques Au début des années 1990, la Jordanie vit s’installer des salafistes politiques (ou « réformistes ») d’origine palestinienne, venant du Koweït, au tempérament plus activiste, convaincus de devoir s’engager dans des activités électorales ou pour différentes causes (pp. 113-114). Certains salafistes politiques invoquent également l’héritage d’al-Albani et affirment qu’il aurait approuvé leurs choix s’il s’était trouvé placé dans les mêmes circonstances, accusant ses disciples d’avoir promu une position plus strictement apolitique que lui (p. 204). Une première association salafiste « réformiste » fut fondée en Jordanie en 1993, menant des activités guère différentes de celles des quiétistes. Mais, confrontés à un fort contrôle par les autorités, méfiantes envers toute forme possible de radicalisme islamique, ses membres suivirent par la suite différentes autres voies (p. 205). Si certains observateurs vont jusqu’à mettre en doute la véritable existence d’un salafisme politique en Jordanie aujourd’hui, Wagemakers soutient qu’il existe bel et bien des associations de cette tendance, et que deux traits les distinguent des salafistes quiétistes : 1. une palette beaucoup plus large de thèmes est abordée dans leurs discours, ne se limitant pas à des questions de pureté doctrinale ; 2. ils se montrent disposés à s’engager dans la société et dans les affaires publiques, en mettant l’accent sur l’action (al-amal) (p. 207). Une grande partie de l’idéologie des salafistes réformistes / politiques n’est pas différente de celle de leurs homologues quiétistes. Mais ils voient la réticence politique de ces derniers comme une soumission à des pouvoirs politiques répressifs. Quant aux jihadistes, ils ne sont pas plus considérés comme de vrais salafistes. Le jihad est compris comme un légitime moyen pour défendre la communauté musulmane, mais les actes terroristes sont condamnés (pp. 209-210). 44

À la différence des quiétistes, les réformistes se livrent à une analyse politique de situations comme celle de la Palestine. Ils sont également enclins à un engagement de type social. Ils insistent pour une participation politique selon des termes islamiques, et pas comme simple adaptation à un cadre séculier. Ils peuvent admettre les moyens de la démocratie (élections, etc.), mais pas les principes de celle-ci, car cela reviendrait, selon eux, à contredire « l’idée que Dieu est souverain et l’arbitre ultime dans la sphère légale » (p. 216). Ils ont accueilli positivement le « Printemps arabe » et la constitution de partis salafistes, qui leur semblent être des canaux pour promouvoir l’influence des idées salafistes dans la société (pp. 217-219). Mais ils ne semblent pas en mesure de pouvoir lancer un tel parti dans le jeu politique jordanien dans un avenir proche, pour des raisons internes et externes, sans parler de la difficulté qu’il y aurait à se distinguer d’autres partis islamistes déjà actifs. Après une certaine ouverture initiale envers les Frères musulmans, tant les autorités jordaniennes qu’al-Albani étaient devenus de plus en plus critiques à leur égard à partir des années 1980. Tant le pouvoir jordanien que les salafistes quiétistes se montrent également méfiants envers le salafisme politique : pas question de laisser un salafisme politique se développer comme en Égypte (pp. 219-226). Même si certains quiétistes concèdent que, dans certains cas, la révolte peut devenir légitime comme un moindre mal, leur attitude est avant tout empreinte d’un regard négatif sur tout ce qui provoque la fitna (chaos, querelles), ce qui détermine principalement le regard qu’ils portent sur le « Printemps arabe ». Le défi du salafisme jihadiste

Abu Muhammad al-Maqdisi durant un entretien télévisé en 2016 (capture d'écran). Parmi les salafistes arrivés du Koweït se trouvaient également des salafistes jihadistes. Le plus connu de ceux-ci est Abu Muhammad al-Maqdisi (de son vrai nom Isam al-Barqawi, né en 1959 près de Naplouse), qui s’installa en Jordanie en 1992[2]. Maqdisi fournit un cadre idéologique à des Jordaniens déçus du régime et du parlementarisme (p. 181). Tout avocat du jihad qu’il soit, Maqdisi souligne cependant que le jihad n’est pas toujours la voie à suivre : il faut aussi se consacrer à répandre la connaissance de l’islam et appeler à suivre celui-ci (da’wa) et se garder de l’extrémisme dans le takfir. Lié à un groupe emprisonné pour avoir planifié un attentat contre une cible israélienne en réplique à la tuerie commise par le terroriste juif Baruch Goldstein à Hébron en 1994, il se retrouva en prison avec les autres membres du groupe jusqu’en 1999. Il s’efforça de propager ses vues en prison, mais la majorité des détenus étaient plus attirés par la figure de Zarqawi (futur fondateur du groupe dont est issu le mouvement se désignant comme l’État Islamique), aux vues plus radicales et auréolé de la participation au jihad afghan, tandis que Maqdisi n’a jamais pratiqué le jihad lui-même (p. 183). Par la suite, Maqdisi effectua plusieurs autres séjours plus ou moins longs dans les prisons jordaniennes. Maqdisi n’est pas le seul cheikh jihadiste en Jordanie : outre plusieurs figures moins connues, une autre figure de proue jihadiste d’origine palestinienne (et de nationalité jordanienne), Abu Qatada (né en 1960), réside en Jordanie depuis 2013, après avoir été expulsé de Grande-Bretagne. Cependant, remarque Wagemakers, le « Printemps arabe », puis — plus encore — la montée en puissance du groupe État Islamique (EI). Si Maqdisi a toujours souhaité un jihad conduisant à l’établissement d’un système étatique islamique, il est opposé au type de comportement radical adopté par l’EI en Irak et en Syrie. Abu Qatada l’a rejoint dans une attitude toujours plus critique envers l’EI, après d’initiales tentatives des deux personnages en vue de médiations entre Al Qaïda et l’EI, notamment. Certains autres cheikhs jihadistes jordaniens ont cependant rallié l’EI (pp. 187-188). Sur un autre front, des polémiques opposent salafistes quiétistes et salafistes jihadistes, avec accusations et contre-accusations. Les salafistes jihadistes s’engagent aussi dans une critique plus ou moins forte de certaines positions d’al-Albani. Les salafistes quiétistes rejoignent le régime dans le discours dénonçant les jihadistes comme « extrémistes ». Des fissures dans le salafisme L’étude de Wagemakers met clairement l’accent sur l’héritage d’al-Albani comme trait central du salafisme quiétiste dans la Jordanie d’aujourd’hui. Mais il y différentes façons de perpétuer cet héritage. Une partie — la plus influente — des salafistes quiétistes a accepté la voie de la collaboration avec le régime, pour des raisons qui ne tiennent pas seulement à l’intervention de celui-ci, mais 45 aussi à la nature même de ce salafisme apolitique, et donc enclin à une attitude loyaliste. À leurs côtés, cependant, sous une forme non organisée, il reste d’autres salafistes quiétistes qui préfèrent se tenir à l’écart de toute organisation ou collaboration avec les autorités. Et, comme nous venons de le voir, les autres composantes des courants islamiques contemporains se référant au salafisme sont également présentes en Jordanie, illustrant à travers cette implantation locale la diffusion globale des différents types de discours salafistes. Notes 1. Cette introduction permet également de clarifier un point qui suscite fréquemment la perplexité : considérer les célèbres réformateurs Jamal al-Din al-Afghani (1838/9-1897) et Muhammad Abduh (1849-1905) comme les représentants d’un « salafisme éclairé » relève plutôt d’un mélange d’étiquettes, estime Wagemakers, à la suite de Henri Lauzière : rien n’indique qu’ils se soient considérés eux-mêmes comme salafistes. Il est en revanche vrai que certains salafistes n’avaient pas simplement pour but la purification de l’islam, mais aussi sa modernisation (p. 35). ↑ 2. C’est un sujet que Wagemakers connaît bien, puisqu’il lui a consacré un autre livre : A Quietist Jihadi : The Ideology and Influence of Abu Muhammad al-Maqdisi (Cambridge University Press, 2012) Crainte d'une grande inondation après le bombardement du plus grand barrage de Syrie Europe1, le 26 mars 2017 Le barrage de Taqba, installé sur l'Euphrate, est hors service après des bombardements de la coalition internationale pour tenter de le reprendre à l'EI. Le plus grand barrage de Syrie, contrôlé par les djihadistes du groupe Etat Islamique, était dimanche hors service, ce qui risque d'entraîner une dangereuse montée des eaux. L'EI a prévenu par le biais de son agence de propagande Amaq que "le barrage menaçait de s'effondrer à tout moment à cause des raids américains et du haut niveau de l'eau". Les Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance regroupant des combattants kurdes et arabes, se battent actuellement pour prendre le contrôle du barrage de Tabqa et de la ville éponyme, dans le nord-est syrien, avant de lancer l'assaut sur Raqa. "Les bombardements dans le secteur ont mis hors service (la centrale électrique) qui fournit l'électricité au barrage", entraînant dimanche l'arrêt du fonctionnement de cette infrastructure bâtie sur l'Euphrate, a expliqué une source technique sur place.J'en profite Raids aériens massifs. "La réparation n'est pas possible car il n'y a pas suffisamment de personnel disponible en raison des bombardements intensifs", a-t-elle ajouté. "Si le problème n'est pas solutionné, cela représentera un danger pour le barrage". La source n'était pas en mesure de spécifier quel type de bombardements avait endommagé la centrale électrique, mais il est certain que l'offensive des FDS s'est accompagnée de raids aériens massifs de la coalition conduite par les États-Unis contre les positions de l'EI. Les Etats-Unis ont utilisé la semaine dernière des hélicoptères d'attaque et de transports de troupe ainsi que de l'artillerie pour soutenir l'offensive des FDS sur ce barrage stratégique, situé à 55 km à l'ouest de Raqa. Syrie et Irak : Trump lâche la bride à son ministre Jim Mattis et à ses militaires Le Parisien et AFP |26 mars 2017, Alors que son prédecesseur Barack Obama gardait un contrôle étroit sur les opérations anti-djihadistes de l'armée américaine, Donald Trump a lâché la bride à son secrétaire à la Défense et à ses militaires. Donald Trump n'a pas encore dévoilé ses grandes orientations sur la suite des opérations militaires américaines contre Daech et Al- Qaïda en Syrie et en Irak, ni désigné les options retenues dans le plan d'action que lui a transmis le Pentagone fin février. Mais le nouveau maître de la Maison-Blanche a très largement délégué la conduite des opérations à son ministre de la Défense, Jim Mattis, et à son état-major. Les militaires «n'ont plus à demander à des trentenaires» de la Maison-Blanche «la permission de répondre à une attaque en Afghanistan», s'est ainsi félicité cette semaine le sénateur républicain John McCain, président de la commission des Forces armées du Sénat. «Cela nous permettra d'attaquer des cibles d'une manière plus rapide» Si le Pentagone reste discret sur ce nouveau mode de fonctionnement, ses responsables confirment bénéficier d'une autonomie accrue. «Jim Mattis a reçu la latitude pour conduire les opérations militaires de la manière qu'il considère être la meilleure», indique notamment Chris Sherwood, porte-parole du département de la Défense. «Le président a délégué tout au long de la chaîne de commandement», confirme un responsable militaire américain. Donald Trump a notamment accordé davantage de marge au chef des forces américaines au Moyen-Orient, le général Joe Votel, pour frapper Al-Qaïda au Yémen avec des drones armés. Et une décision similaire est attendue pour la Somalie, a confirmé vendredi le général Thomas Waldhauser, chef des forces américaines en Afrique. «Cela nous permettra d'attaquer des cibles d'une manière plus

46 rapide», a-t-il expliqué devant la presse. A l'inverse, le président Obama tenait à garder un contrôle étroit sur les frappes de drones menées au nom des Etats-Unis. «Cela peut être dangereux si le président ne se sent pas en charge» Dans l'ensemble, les militaires américains se réjouissent de cette confiance accrue. Mais certains spécialistes avertissent déjà des dangers d'une telle prise de responsabilité des forces armées. «Il y a un risque» si le président américain «n'accorde pas une attention étroite» aux opérations militaires, soulignait ainsi dans le New York Times Michèle Flournoy, spécialiste des questions de défense à Washington. «Cela peut être nuisible, voire dangereux si le commandant en chef ne se sent pas en charge», ajoutait cette responsable, pressentie comme ministre de la Défense de Hillary Clinton si la candidate démocrate avait été élue. Le ministre de la Défense et le Pentagone risquent ainsi de se retrouver en première ligne face à l'opinion en cas de dérapage. Or, les bombardements de la coalition en Syrie et en Irak sont de plus en plus meurtriers pour les populations civiles. La coalition a reconnu samedi avoir bombardé des quartiers de Mossoul, en Irak, où des dizaines de civils ont été tués. L'ONG Airwars basée à Londres, qui recense les victimes civiles des bombardements, a relevé en mars près de 1000 allégations de décès de civils du fait de frappes de la coalition en Irak et Syrie. Un «record» selon elle, «comparable à la pire période des frappes russes (en Syrie)», a-t-elle dénoncé. Les militaires américains se défendent d'avoir diminué leurs garde-fous éthiques depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui avait promis pendant sa campagne de «bombarder à mort» les djihadistes. «Il n'y a pas de changement dans notre niveau de tolérance vis-à-vis des victimes civiles», a affirmé cette semaine un responsable de la Défense sous couvert d'anonymat. Si le nombre de victimes augmente, c'est parce que les combats se concentrent aujourd'hui sur Mossoul, où quelques milliers de jihadistes se sont retranchés au milieu de centaines de milliers de civils», explique ce même responsable. «La règle cardinale» dans les frappes américaines contre les jihadistes, «c'est de ne pas se faire plus d'ennemis qu'on en a déjà», a souligné le général Waldhauser à propos de la Somalie. «Nous n'allons pas transformer la Somalie en zone de tir à vue», a-t-il lancé. Syrie : Les forces arabo-kurdes annoncent avoir repris l’aéroport de Tabqa 20 Minutes avec AFP Publié le 26.03.2017 Une grande victoire contre Daesh. Une alliance arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis a repris dimanche au groupe Etat islamique (EI) le contrôle de l’aéroport militaire de Tabqa, dans le nord de la Syrie, a annoncé son porte-parole. « Les Forces démocratiques syriennes ont repris le contrôle total de l’aéroport militaire de Tabqa et les opérations de déminage sont en cours afin de sécuriser complètement » ce secteur, a déclaré à l’AFP Talal Sello. L’aéroport se trouve à une cinquantaine de km à l’ouest de la ville de Raqa, fief des djihadistes en Syrie. L'Observatoire syrien des droits de l’Homme confirme l'info Les FDS ont lancé en novembre dernier une offensive baptisée « Colère de l’Euphrate » pour reprendre la ville de Raqa, fief des djihadistes en Syrie, située à une cinquantaine de km à l’est de Tabqa. Les combattants de l’alliance arabo-kurde cherchent à encercler la ville avant de donner l’assaut. Les FDS avaient pénétré dans l’aéroport un peu plus tôt dimanche et avaient engagé de violents combats avec les djihadistes. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui a également confirmé la reprise de l’aéroport, les FDS étaient appuyées par des frappes aériennes de la coalition internationale sous commandement américain. Eurodéputé: «J’ai vu une Syrie qui n’existe pas dans nos médias» Sputnik 28.03.2017 «Ce qui se passe ici [en Syrie], en réalité, est très différent des informations fournies par les médias européens et tchèques», c’est ainsi que Jaromir Kohlicek, eurodéputé, a qualifié la situation en Syrie dans une interview à Sputnik, après avoir visité ce pays au sein d’une délégation de députés européens et russes. Les députés européens et russes, y compris le président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) Pedro Agramunt Font de Mora, ont effectué une visite en Syrie afin de discuter avec le président Bachar el-Assad des futures mesures visant un règlement pacifique du conflit syrien. Jaromir Kohlicek, député au sein du Parlement européen et membre de la délégation en visite dans ce pays arabe, a confié à Sputnik qu'il n'avait « jamais visité des villes détruites à ce point » : « Quand on inspectait les lignes à haute tension et les stations de distribution d'eau détruites, j'ai compris que je ne m'étais jamais rendu dans une si grande ville qui ait de si importants problèmes de distribution d'eau et d'électricité. » Le député tchèque au Parlement européen affirme être frappé par le fait que, dans les parties détruites d'Alep-Est, 36 écoles ont déjà rouvert. La délégation était sur le terrain, entourée de bâtiments à moitié ou totalement détruits. M. Kohlicek confie qu'il est à peine possible de trouver des mots pour décrire ce qu'il a ressenti face au cimetière chrétien fraîchement déminé, aux maisons éventrées par des tirs ou à l'intérieur de l'hôtel de ville où les vitres des fenêtres sont remplacées des matières plastiques. L'eurodéputé souligne qu'à leur question portant sur si l'armée russe était impliquée dans des actions militaires, ils ont reçu une réponse claire : ce n'est que l'armée syrienne qui s'en occupe :

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« Premièrement, l'armée russe assure un soutien aérien, ensuite, elle fournit l'aide humanitaire. Cela m'a très surpris, puisque dans les pays de l'UE on ne dit rien à ce sujet ! Une partie de l'armée russe ne s'occupe que de l'activité humanitaire, cependant, elle essaye de fournir l'aide et de travailler au bon déroulement des actions militaires ». Cependant, « les actions humanitaires de l'armée russe sont parfaitement élaborées », poursuit le député. « L'armée russe distribue de la nourriture aux enfants. Ils ont également reçu des fournitures scolaires de Russie ». Et de conclure : « Les Syriens reçoivent de l'aide non seulement des Russes, mais également des Biélorusses, des Kazakhs, des Serbes… Cela m'a beaucoup réjouit. On n'en parle presque pas. Les médias européens ne publient que des informations sur la situation humanitaire difficile dans laquelle se trouve Alep et comment certaines organisations critiquent cet état des choses ». L’armée syrienne découvre des cachettes des terroristes à Alep Sputnik 28.03.2017 Les soldats de l’armée syrienne ont trouvé des endroits secrets des terroristes à Alep. Les djihadistes y auraient stocké des armes «d’origine» américaine et violé des femmes, comme l’a affirmé à Sputnik une source au sein de l’armée syrienne. L'armée syrienne a découvert certaines cachettes des terroristes aux environs d'Alep, a déclaré une source militaire syrienne à Sputnik. Selon elle, ils y gardaient des armes et des munitions. Un soldat de l'armée a aussi indiqué qu'il avait découvert une petite quantité d'armes de fabrication américaine dans trois cachettes. En outre, les terroristes auraient utilisé ces lieux secrets comme prisons pour des femmes, où elles auraient subi des violences. L'un des militaires de l'armée a raconté l'histoire d'une survivante retenue dans une de ces cachettes. Selon lui, les femmes ont été amenées dans ces endroits pour être violées avant et après les combats. Ensuite, les terroristes les ont tuées ou les ont forcées à cuisiner et transporter de l'eau. La ville d'Alep, traditionnellement considérée comme la capitale économique du pays avant la guerre civile, a été complètement libérée en décembre 2016 par l'armée gouvernementale syrienne avec l'appui russe. Où ERDOGAN CONDUIT-IL LA TURQUIE ? CF2R Alain Rodier 20-03-2017 NOTE D'ACTUALITÉ N°467 Le conflit syrien a agi comme un révélateur des ambitions du dirigeant turc Erdogan, qui a utilisé cette situation, avec plus ou moins de réussite, pour tenter de faire aboutir sa stratégie personnelle et renforcer le rôle de son pays sur la scène régionale Le problème kurde, source de différend avec Damas Le plus grand problème de la Turquie moderne est celui du PKK, mouvement marxiste-léniniste séparatiste né en 1978 et passé à l'action violente en 1984. Au départ, Moscou soutint ce groupe, voyant là un moyen de déstabiliser la Turquie qui assurait la défense du flanc Sud de l'OTAN dans le cadre de la Guerre froide. Depuis la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991, et même si Moscou n'y n'est plus pour rien, la guérilla perdure dans le sud-est anatolien. Depuis le milieu des années 1980, les bases arrière du PKK se situent en Irak du Nord, sur les flancs du mont Qandil, à proximité de la frontière iranienne, et en Syrie (et accessoirement au Liban). Son chef, Abdullah Öcalan, bénéficia même du statut « diplomatique » à Damas. En conséquence, les relations entre la Turquie et la Syrie - soutenue par la Russie - étaient exécrables. La disparition de l'URSS a permis une amélioration des relations entre Moscou et Ankara. Parallèlement, la Russie n'a plus assuré une protection aussi significative à son allié syrien, car elle n'en n'avait plus les moyens, et les séparatistes kurdes turcs ne lui étaient plus utiles. La Turquie en a profité pour exercer une intense pression sur la Syrie, allant jusqu'à la menacer d'une intervention militaire. Öcalan a perdu progressivement les avantages qui lui avaient été accordés puis, en 1998, Damas s'est décidé à l'expulser. Après une traque digne des meilleurs romans d'espionnage qui l'a mené de Grèce en Russie, puis en Italie, il a fini par être enlevé au Kenya par les services secrets turcs, vraisemblablement aidés par la CIA et le Mossad. Condamné à mort, sa peine a été commuée en prison à vie qu'il purge sur l'île d'Imrali située en mer de Marmara[1]. La disparition d'Hafez el-Assad le 10 juin 2000, laissant la place à son fils Bachar, change la donne. En Turquie, l'AKP parvenu au pouvoir en 2002 et Erdoğan devenu Premier ministre en 2003, renouent avec Damas. Erdoğan développe même des relations personnelles chaleureuses avec Bachar el-Assad. Mais comme beaucoup d'autres en 2011, il est convaincu que le régime syrien va être emporté par le « printemps arabe » en quelques semaines. Il pense alors que l'opportunité s'offre à lui de devenir le leader du monde musulman sunnite, d'autant que des Frères musulmans (dont il est très proche) sont au pouvoir en Égypte, en Tunisie et qu'ils sont persuadés de prendre à terme la direction de la Libye. Il se voit déjà traiter d'égal à égal avec Téhéran, le vieil adversaire perse de la Turquie. Il décide donc de soutenir massivement la rébellion syrienne sans trop se pencher sur ses motivations réelles. Il prend également la défense de la cause palestinienne qu'il pense porteuse pour asseoir son rôle de leadership dans le monde sunnite. Il est vrai que les Palestiniens sont surtout défendus par Téhéran, les capitales sunnites semblant s'en désintéresser en dehors de déclarations de principe. La tragédie survenue à la fin 2010 sur le Mavi Marmara, un navire battant pavillon turc qui tentait de rallier Gaza en forçant le blocus israélien, qui fit neuf morts lors de l'assaut donné par les gardes-côtes israéliens, lui en donne le prétexte. Les relations qui étaient excellentes entre la Turquie et Israël se dégradent alors considérablement. Les succès et les échecs d'Erdoğan 48

Erdoğan a de nombreux succès à son actif. - L'économie de la Turquie s'est considérablement développée depuis qu'il est aux affaires. Il a su redistribuer une partie de la manne ainsi acquise aux plus défavorisés des banlieues des mégapoles turques et de la campagne anatolienne. C'est dans ce tissu populaire qu'il vient chercher les électeurs qui lui font gagner tous les scrutins depuis 2003. Point besoin de bourrer les urnes : il reste populaire et devrait être plébiscité lors du référendum du 16 avril prochain qui doit lui donner les pleins pouvoirs par un changement constitutionnel qui présidentialise le régime. - Depuis qu'il est entré en politique au milieu des années 1970, ses partisans ont infiltré tous les rouages de l'administration et plus particulièrement la police, la justice, l'éducation, mais aussi le monde des affaires. Il le doit au mouvement religieux Hizmet de Fethullah Gülen qui, sous des dehors de modernité, a joué un rôle occulte très efficace parvenant même à mettre au pas l'armée en envoyant nombre de ses cadres en prison via des procès truqués. - Lors de la prise de Mossoul par Daech en 2014, des membres du consulat turc implanté dans la ville et leurs familles (48 personnes au total) avaient été pris en otage. Alors que ce mouvement salafiste-djihadiste a pour habitude d'assassiner ses prisonniers, les services spéciaux turcs (le MIT) sont parvenus après de longues tractations à les faire libérer. Les termes de l'échange ne sont pas connus, mais cela a constitué un succès indéniable pour Erdoğan. - Il est enfin parvenu à faire ce qu'aucun gouvernement turc n'avait réussi à faire : entamer des négociations avec le PKK via le MIT. Bien qu'emprisonné, Öcalan a gardé une grande influence sur une partie des activistes kurdes. Le Parti démocratique des peuples (HDP), proche de la cause kurde, a servi d'intermédiaire politique. Erdoğan est ainsi parvenu à établir un cessez-le-feu à peu près respecté et les militants du PKK ont commencé à se replier au Kurdistan irakien. Mais plusieurs facteurs, pour la plupart extérieurs à sa personne, sont venus mettre à mal ses ambitions. - Tout d'abord, le régime de Bachar el-Assad a présenté une résilience inattendue. Les mouvements d'opposition se sont alors radicalisés vers une option islamique de plus en plus extrême et difficile à contrôler. - Le mouvement Gülen a lancé des accusations de corruption de proches d'Erdoğan (dont un de ses fils) alors qu'il avait toujours mis en avant sa probité personnelle laquelle tranchait avec l'attitude générale du monde politique turc. - Le HDP ne lui a pas « renvoyé l'ascenseur » qui lui aurait permis d'obtenir la majorité absolue au parlement lors des élections législatives de 2015, condition nécessaire pour faire adopter une nouvelle constitution et asseoir le régime présidentiel qu'il appelait de ses voeux. - Le PYD (Parti de l'Union démocratique syrien) de Salih Muslim, très proche de ses cousins du PKK, a obtenu une autonomie de fait sur trois cantons le long de la frontière turque. Pire, il s'est attiré la sympathie des Occidentaux en résistant à Daech, en particulier lors de la bataille de Kobané. - Et enfin, certains militaires ont tenté un coup d'Etat le 15 juillet 2016, qui a échoué lamentablement. Depuis, Erdoğan s'en est servi pour étouffer toute opposition à son pouvoir absolu. Il fait emprisonner nombre de militaires, de policiers, de juges, d'intellectuels en les accusant d'être des « putschistes gülenistes », alors que ce mouvement n'est pas à la base du coup d'Etat. Les revirements tactiques d'Erdogan Voyant son rêve de mainmise sur le monde sunnite lui échapper et sous la pression internationale, le président Erdoğan rejoint la coalition anti-Daech à l'été 2015, donnant en particulier l'autorisation aux forces aériennes internationales (essentiellement américaines) d'utiliser la base d'Incirlik, près d'Adana. Celle-ci présente l'immense avantage de mettre la Syrie et l'Irak à portée opérationnelle raisonnable pour les chasseurs bombardiers. Même si l'armée turque reste globalement l'arme au pied, la Turquie est alors confrontée à une vague d'attentats non revendiqués mais attribués à Daech. Des actes de violence sont également commis par Les Faucons de la liberté (TAK), un groupuscule violent proche du PKK. Il est possible que le TAK - dont les dirigeants sont considérés comme jusqu'au-boutistes - ait voulu torpiller le processus de paix. Si c'est le cas, il y est parfaitement parvenu. Erdoğan rompt alors le processus de paix qu'il avait su initier, et déclenche une guerre totale contre le PKK, mais sans s'en prendre directement à Daech. Ainsi, selon l'ONU, les forces de sécurité turques auraient commis de « graves violations » des droits de l'Homme en 2015 et 2016, déplaçant de force entre 355 000 et 500 000 personnes et en se livrant à des destructions massives et à des assassinats. Plus de 30 villes du sud-est anatolien auraient également été en partie détruites[2]. Fin septembre 2015, à la surprise générale, les Russes interviennent directement en Syrie pour soutenir Bachar el-Assad qui est aux abois depuis le début de l'année, malgré l'aide apportée par l'Iran et ses « brigades internationales » à base de Hezbollah libanais et des milices chiites irakiennes et afghanes. Les Russes matraquent en priorité les mouvements rebelles dits « modérés », plus ou moins soutenus par la Turquie, rendant Erdoğan fou furieux. Il décide alors de réagir en adressant un message significatif à Moscou. Le 24 novembre 2015, deux chasseurs turcs F-16 placés en embuscade près de la frontière syrienne abattent un aéronef russe Su-24 qui survole l'espace aérien turc durant quelques dizaines de secondes. Il est vrai que depuis le début de l'intervention russe en Syrie, des appareils russes viennent titiller la défense aérienne turque. Les deux pilotes parviennent à s'éjecter mais l'un d'eux est tué durant sa descente en parachute par un groupe turkmène. Le deuxième est sauvé par les forces russes et iraniennes, mais un militaire russe est également tué lors cette action de récupération. Le monde entier retient son souffle : quelle va être la réaction de l'ours russe ? De lourdes sanctions économiques sont effectivement prises asséchant un peu plus l'industrie du tourisme et limitant l'embauche de travailleurs turcs en Russie, sachant que ces derniers y sont très nombreux, particulièrement dans le domaine du bâtiment. De plus, la Turquie est presque totalement

49 dépendante du gaz russe (l'Iran en fournit aussi mais dans une bien moindre mesure). Mais en ce domaine, aucune mesure de rétorsion n'est prise. En mai 2016, le PKK abat un hélicoptère AH-1 Cobra turc dans la région de Çukurça, située au sud-est de la Turquie, à l'aide d'un missile anti-aérien portable 9K38 Igla. Les deux membres d'équipage sont tués. Ce qui est curieux, c'est que le PKK n'a jamais reçu, du moins jusqu'alors, un tel armement. D'où l'hypothèse que les Russes l'aient aimablement fourni au PKK, via le PYD syrien, avec pour mission d'abattre un aéronef turc... Une sorte de réponse à l'action du 24 septembre ! En juin 2016, le président Erdoğan, lors d'un volte-face dont il a le secret, s'excuse officiellement pour la mort des deux militaires russes, mais il refuse néanmoins de payer des compensations aux familles. Curieux hasard, le responsable turkmène qui est soupçonné avoir fait assassiner le pilote russe est arrêté peu après en Turquie. Il s'agit d'Alparshan Çelik, un membre des Loups gris[3], groupuscule faisant partie de l'extrême-droite turque historique. Erdoğan renoue alors le dialogue avec Moscou, mais aussi avec Israël, Benyamin Netannyahou ayant présenté ses excuses pour les morts du navire Mavi Marmara, indemnisé les familles et autorisé la Turquie à participer à divers projets humanitaires dans la bande de Gaza. De son côté, le président Poutine - suivi rapidement par Téhéran - est l'un des premiers chefs d'Etat à condamner la tentative de putsch du 15 juillet 2016. D'ailleurs, les deux pilotes de F-16 qui ont abattu le Su-24 se retrouvent ensuite accusés d'y avoir participé... étrange ! Les affaires économiques bilatérales turco-russes repartent de plus belle, en particulier les projets de construction d'une centrale nucléaire (projet Akkuyu) et surtout du gazoduc Turkstream, ce dernier étant signé par le président Poutine le 7 février 2017[4]. Le 24 août 2016, l'opération Bouclier de l'Euphrate est lancée par l'armée turque en « soutien » de groupes rebelles modérés, dont l'un des plus important est la brigade Sultan Mourad. Ces forces s'emparent d'une portion de terrain le long de la frontière syrienne allant de Jarablus à l'est, à Azaz, à l'ouest. Les localités très symboliques de Dabiq et d'Al-Bab sont reprises à Daech par les Turcs. Les présidents Poutine et Erdoğan font alors preuve d'un pragmatisme stupéfiant. Ils décident de se partager le champ de bataille. Les Russes sont libres d'agir à leur guise à Alep et la partie des rebelles qui est soutenue par Ankara quitte cette ville pour participer à l'opération Bouclier de l'Euphrate. La situation en Syrie a des répercussions directes en Turquie. Un fait dramatique vient confirmer la situation complexe que rencontre la Turquie. Andreï Karlov, l'ambassadeur russe en poste en Turquie, est assassiné par un policer turc[5] le 19 décembre 2016. Ce fonctionnaire qui n'était pas en service au moment des faits clame en mauvais arabe « Nous sommes ceux qui ont voué allégeance à Mahomet pour le djihad jusqu'à notre dernière heure ». Il ajoute en turc « N'oubliez pas Alep, n'oubliez pas la Syrie ! [...] Dieu est grand ! ». A l'évidence, ce meurtre non revendiqué est le fait d'un individu isolé qui reproche à Moscou son intervention en Syrie et qui n'apprécie pas la politique du président Erdoğan. Cela permet de mettre en évidence un fait peu connu : de nombreux Turcs - même d'origine kurde - sont favorables aux mouvements rebelles salafistes-djihadistes. Un sondage de janvier 2016 montre que seulement 10% des Turcs considèrent Daech comme un mouvement terroriste ! Sur le terrain, des milliers de Turcs luttent dans les rangs de Daech et d'autres mouvements plus ou moins liés à Al-Qaida « canal historique ». Depuis qu'Erdoğan a désigné Daech comme « ennemi », de nombreux Turcs sensibles aux thèses islamistes sont devenus des « militants perdus, capables de tout. D'ailleurs, les attentats terroristes - désormais revendiqués officiellement par Daech - se multiplient et viennent s'ajouter à ceux perpétrés par le PKK. Seules les cibles sont différentes : le mouvement séparatiste kurde vise des représentants de l'autorité - avec toutes le pertes collatérales que le terrorisme peut provoquer - alors que Daech tire sur tout ce qui bouge. Il faut se rappeler que pour ce mouvement salafiste-djihadiste, tout ce qui ne se soumet pas à Al-Baghdadi - alias calife Ibrahim - constitue un objectif potentiel. L'imbroglio militaire syrien Une situation très confuse se développe entre Al-Bab et Manbij où les Turcs conduisnet leur opération Bouclier de l'Euphrate, car les Américains sont aussi partie prenante dans cette zone. En effet, ils soutiennent les Forces démocratiques syriennes (FDS) dont la principale composante est constituée des Kurdes du PYD. A l'été 2016, cette formation a conquis de haute lutte la ville de Manbij qui se trouve à 48 kilomètres au nord-est d'Al-Bab. Erdoğan affirme sa volonté de reprendre cette localité tenue par des Kurdes qu'il place au même niveau que Daech. Pour éviter ce dérapage, les Américains expédient quelques centaines d'hommes du 75e régiment de Rangers sur zone en espérant que les Turcs vont hésiter avant de les prendre pour cibles. De leur côté, les FDS demandent à l'armée syrienne et aux Russes à s'installer entre Al-Bab et Manbij pour servir de « force d'interposition ». Résultats des courses : les FDS et les Américains sont à Manbij, l'armée régulière syrienne et les forces spéciales russes juste à leur ouest, puis enfin l'armée turque et ses milices anti-Assad. En résumé, les FDS mangent aux deux râteliers et les militaires américains sont en visuel de leurs homologues russes et de l'armée régulière de Bachar el-Assad... Les Américains souhaitent poursuivre l'offensive sur Raqqa, la « capitale » de l'organisation Etat islamique, dont la chute serait psychologiquement très importante car elle constituerait le début de la fin de ce proto-Etat. Pour l'instant, ce sont les FDS, appuyées par des membres des forces spéciales américaines et d'une batterie d'artillerie servie par les Marines, qui sont à la manœuvre. Afin d'amadouer Ankara, Washington affirme que les Kurdes sont désormais minoritaires au sein des FDS ce qui est vraisemblablement un gros mensonge. Erdoğan refuse de plier et propose que les rebelles qu'il soutient, « appuyés » par l'armée turque et les forces américaines, mènent l'offensive. Mais, la nouvelle administration Trump semble avoir décidé d'attendre les résultats du référendum

50 turc du 16 avril, qui doit permettre la présidentialisation du régime turc, pour prendre une décision. Pour l'instant, il est question d'envoyer un millier de GI's supplémentaires en Syrie. Au-delà de l'aspect militaire, qui est loin d'être simple, la décision de l'administration américiaine sera surtout lourde de conséquences sur le plan politique. - Si Washington choisit l'option kurde des FDS, Erdoğan prendra des mesures coercitives dont les premières pourraient être la fermeture de la base aérienne d'Incirlik aux forces de la coalition anti-Daech et un rapprochement encore plus marqué avec la Russie. Par exemple, il est de plus en plus question qu'Ankara achète des systèmes de défense anti-aériens S-400 qui sont incompatibles avec les systèmes de l'OTAN. Il serait toutefois étonnant que Moscou accepte de fournir ce type d'armement à la Turquie car la relation entre les deux pays peut toujours évoluer. Cela dit, il est toujours possible d'installer un bug dans les systèmes électroniques très sophistiqués des S-400 ; si la situation tournait mal, ils pourraient être neutralisés instantanément. - Si la solution kurde n'est pas choisie, ces derniers se sentiront une fois de plus abandonnés et se concentreront uniquement sur le renforcement du Kurdistan syrien (le Rojava) avec l'appui de Moscou, dont des conseillers sont déjà présents à leurs côtés. A l'évidence, la méfiance est de règle entre les dirigeants turcs et russes car les objectifs à long terme restent différents. Mais pour l'instant, une coopération est jugée nécessaire, en particulier pour faire pièce aux Américains. Depuis l'élection de Donald Trump, le président Poutine redouble d'énergie diplomatique organisant des négociations de paix entre les différentes parties engagées dans le conflit syrien, en recevant le Premier ministre israélien et le président turc qu'il considère vraisemblablement comme des « déçus de Washington ». Il a également su s'imposer sur le plan militaire provoquant un sommet des chefs d'état-major turc, américain et russe à Antalya le 7 mars 2017[6]. Il faut aussi prendre en compte un nouveau danger dans la province d'Idlib, située au sud de la province d'Efrin tenue par les Kurdes : la montée en puissance de la coalition Hayat Tahrir al-Cham (Organisation pour la libération de la Syrie/OLS), liée idéologiquement à Al-Qaida « canal historique », qui s'oppose à Ahrar al-Cham soutenu par la Turquie, l'Arabie saoudite, le Qatar et les États-Unis. Non seulement Hayat Tahrir al-Cham tente de prendre le contrôle de la province d'Idlib, mais il étend ses tentacules à toute la Syrie utile, ayant mené des attentats contre le QG des services de renseignement syriens à Homs, le 15 février 2017 - faisant au moins 42 tués - et contre des pèlerins chiites irakiens à Damas, le 12 mars 2017 - plus de 74 morts -, alors qu'un accord avait été trouvé pour que les rebelles assiégés depuis fin 2013 évacuent la ville. * Erdoğan a trois ennemis qu'il place sur un pied d'égalité en les qualifiant tous de « terroristes » : le PKK (et ses affiliés du YPG), Daech et le mouvement Gülen, dont le leader Feytullah est toujours réfugié aux États-Unis. Son rêve de se voir en leader du monde musulman semble, pour l'instant abandonné, mais il tient toujours à jouer un rôle de premier plan au Proche-Orient. A l'intérieur, Erdoğan s'appuie sur son parti, l'AKP, ses services secrets qu'il considèrent comme un outil indispensable à sa politique étrangère, mais aussi sur les Loups gris, un mouvement néo-fasciste et anti-Kurdes.  [1] Ankara est soucieux de garder le vieux leader kurde en vie, à tel point que lorsqu'il y un tremblement de terre dans la région (ce qui arrive parfois la zone étant sismiquement à risques), il est conduit en dehors des bâtiments pour ne pas être enseveli sous les décombres.  [2] Le nombre de victimes s'élèverait à quelque 2 000 tués, dont 800 membres des forces de l'ordre.  [3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Loups_gris - cite_note-9  [4] Il n'en reste pas moins que les deux pays continuent à entretenir des divergences sur la situation internationale comme au sujet de la partition de Chypre et du Nagorno-Karabakh.  [5] Mevlüt Mert Altintas, âgé de vingt-deux ans. Il est abattu par les forces de sécurité peu après son forfait.  [6] Auquel aucun autre allié membre de la coalition anti-Daech n'était convié, ni l'Iran pourtant très engagé en Syrie. Syrie, combats près de Tabqa après des contre-offensives de Daech La Croix (avec AFP), le 28/03/2017 Les djihadistes de Daech ont lancé mardi 28 mars des contre-attaques dans le nord de la Syrie pour bloquer l’offensive de l’alliance kurdo-arabe épaulée par les pays occidentaux. La conquête du barrage de Tabqa s’avère dangereuse et difficile. De violents combats se déroulaient mardi 28 mars autour de Tabqa et de son aéroport, dans le nord de la Syrie, où le groupe Daech mène des contre-attaques pour bloquer l’avancée de combattants kurdes et arabes épaulés par les États-Unis. Les djihadistes tentent de stopper les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui cherchent à encercler totalement Raqa, la capitale de facto de Daech en Syrie depuis 2014. Elles se trouvent au point le plus proche à 8 km de la capitale provinciale et à 18 et 29 km dans les autres directions. Une guerre d’usure « Les batailles font rage sur tous les fronts autour de Raqa, accompagnées de raids incessants de la coalition » internationale menée par Washington, a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH Rami Abdel Rahmane.

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« La majorité des accrochages sont dus aux contre-offensives de Daech. Si les djihadistes n’ont pas avancé, leur objectif est d’éreinter leurs adversaires notamment autour de l’aéroport de Tabqa », à 55 km à l’ouest de Raqa, a-t-il dit. Les combattants kurdes et arabes s’étaient emparés dimanche 25 mars de l’aéroport militaire de Tabqa sans être parvenus jusqu’à la ville, à 3 km plus au nord, qui reste toujours aux mains de Daech. « Le front de Tabqa reste le plus important et les affrontements se déroulent autour de la ville et autour de l’aéroport », a précisé l’OSDH. Soutien de la coalition internationale En revanche, la situation était relativement calme mardi, en dehors de tirs sporadiques d’obus, du côté du barrage de Tabqa, le plus grand de Syrie, sur l’Euphrate, toujours contrôlé par Daech. Les FDS y renforçaient néanmoins leurs positions grâce à l’appui de la coalition internationale, qui intervient dans les airs mais aussi au sol. Selon un responsable technique sur place, le barrage ne fonctionne plus depuis dimanche, après que des bombardements ont mis hors- service la centrale qui l’alimente en électricité, et cela risque maintenant d’entraîner une dangereuse montée des eaux.

Le barrage de Taqba en péril En février, l’ONU avait tiré la sonnette d’alarme sur la montée de l’eau, craignant « des inondations à grande échelle sur Raqqa et Deir Ezzor » si le barrage était endommagé par des raids aériens. « Les explosions et les combats menacent le barrage et nous demandons à toutes les parties de se tenir à distance », a indiqué Ismaïl Jassem, un ingénieur du barrage de Techrine, qui se trouve dans la province d’Alep. « Le niveau de l’eau actuellement est acceptable. Nous sommes venus ouvrir une vanne afin de réduire la pression ». Trois barrages se trouvent sur la partie syrienne de l’Euphrate : Baas, Techrine et Saoura, surnommé aussi barrage de Tabqa. Ce dernier a une capacité de 14,1 km3, de quoi engloutir la vallée de l’Euphrate jusqu’à Deir Ezzor s’il cédait, selon le géographe français Fabrice Balanche. Quelque 100 000 personnes, en majorité sunnites, habitent autour du barrage et à Tabqa. La coalition internationale a souligné « prendre toutes les précautions pour assurer l’intégrité du barrage de Tabqa » dans le cadre de ses opérations de bombardements aériens. « À notre connaissance le barrage n’a pas été structurellement endommagé », a-t-elle indiqué. Syrie: fin de l'intervention de la Turquie Par Le Figaro.fr avec Reuters Publié le 29/03/2017 Le premier ministre turc Binali Yildirim a annoncé ce soir que l'opération militaire "Bouclier de l'Euphrate" menée dans le nord de la Syrie était terminée sept mois après son déclenchement. Cette opération avait été lancée par la Turquie à la fin du mois d'août afin de combattre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ainsi que les miliciens kurdes soutenus par les Etats-Unis dans le nord de la Syrie. Dans un entretien à la chaîne de télévision NTV, Yildrim a estimé que l'opération était un succès, ajoutant que toutes nouvelles actions militaires seraient menées sous un nom de code différent. Les autorités d'Ankara justifiaient cette intervention sur le sol syrien par des raisons de sécurité intérieure et de lutte contre le terrorisme.

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L'armée turque aidée par des rebelles syriens a réussi à occuper une partie de la zone frontalière dans le nord de la Syrie avec comme principale succès, la prise en février de la ville d'al Bab tenue par l'EI au terme d'une vaste offensive de plus de deux mois. Syrie: 5 morts dans l'explosion d'une bombe à Homs AFP, 29 mars 2017 Au moins cinq personnes ont été tuées mercredi dans l'explosion d'une bombe dans un bus à Homs, une ville du centre de la Syrie, a rapporté un média officiel. L'explosion, qui a fait également sept blessés, s'est produite dans un petit bus dans le quartier al-Zahra, touché régulièrement par des attaques à la bombe, dont la dernière avait tué quatre personnes en décembre. La plupart des résidents de ce quartier sont des alaouites, confession du président Bachar al-Assad. En février, Homs, la troisième ville du pays, avait été secouée par un double attentat revendiqué par le groupe Fateh al-Cham, l'ex- branche syrienne d'Al-Qaïda, qui a fait au moins 57 morts. Cité par la télévision d'État, le gouverneur de Homs Talal Barazi a déclaré que quatre des victimes étaient des étudiantes qui se rendaient en bus à l'université. Le régime syrien contrôle presque la totalité de Homs, surnommée par l'opposition la «capitale de la révolution», à l'exception de Waer, un quartier rebelle en cours d'évacuation. Des centaines d'insurgés et de civils ont commencé à quitter ce quartier le 18 mars. Cette opération a été rendue possible en vertu d'un accord conclu entre le régime et les rebelles sous l'égide de la Russie, principal soutien militaire de M. Assad. La plupart des rebelles ont été chassés de Homs en 2014, après deux ans de bombardements intenses et d'un siège asphyxiant des troupes prorégime. Mais Waer était resté sous contrôle rebelle et a été soumis ces derniers mois à des raids aériens intenses meurtriers. Syrie : un accord pour évacuer quatre localités assiégées Le Parisien|29 mars 2017, Quatre localités syriennes assiégées depuis plus de deux ans - deux par le régime et deux par les rebelles - vont être prochainement évacuées en vertu d'un accord conclu tard mardi. Deux localités syriennes assiégées par les troupes du régime et deux autres encerclées par les rebelles vont pouvoir être évacuées. Au terme d'un accord conclu dans la nuit de mardi à mercredi, et rapporté ce mercredi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, les habitants de Zabadani et Madaya, dans la province de Damas, cernées par les troupes du régime et leurs alliés, devront quitter leur domicile. En contrepartie sera menée l'évacuation de Foua et Kefraya, deux localités chiites prorégime dans la province d'Idleb, assiégées par les rebelles. Selon l'OSDH, l'accord a été initié par l'Iran, principal allié régional du régime de Bachar Al-Assad, et par le Qatar, qui parraine l'opposition. Les rebelles islamistes dans le nord-ouest d'Idleb ont déjà signé l'accord. «Les évacuationns ne commenceront pas avant le 4 avril. Comme mesure de confiance, un cessez-le-feu doit entrer en vigueur cette nuit», explique Omar Abdel Rahmane, directeur de cette ONG basée à Londrtes, ajoutant que la situation était «calme sur le terrain». L'ONU s'était à plusieurs fois alarmée de la situation humanitaire dans ces quatre localités et avait prévenu en février que 60.000 personnes étaient en grand danger. L'Iran chiite est intervenu en Syrie dès le début de la guerre en mars 2011, tandis que le Qatar et l'Arabie saoudite sont les grands parrains de l'opposition anti-régime. Entré dans sa septieme année, le conflit syrien a fait plus de 320.000 morts. Les précédentes opérations d'évacuation en Syrie Plusieurs opérations d'évacuation ont été organisées depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, notamment pour des bastions insurgés asphyxiés par un long siège, comme à Homs ou Alep. Le régime de Bachar al-Assad mise sur ce qu'il appelle des accords de «réconciliation locale» pour faire plier les rebelles. - Dans la province de Damas. Avant l'accord conclu mardi concernant Zabadani, Madaya, Foua et Kefraya, plusieurs centaines de personnes avaient été évacuées de ces localités en décembre 2015 en vertu d'un premier accord conclu quatre mois plus tôt. L'ONU s'est à plusieurs reprises alarmée de la situation humanitaire dans ces quatre localités et avait prévenu en février que 60.000 personnes étaient en grand danger. - A Homs. Dans la troisième ville du pays, d'où était partie l'insurrection contre le régime, les rebelles ont dû accepter de quitter leur fief dans la vieille ville en mai 2014. Ce premier accord entre régime et rebelles pour le retrait des insurgés depuis le début de la guerre a été négocié sous les auspices de l'ambassadeur d'Iran, allié du régime. A la mi-mars, les insurgés ont commencé à évacuer Waer, le dernier quartier qu'ils contrôlaient, laissant ainsi le régime mettre totalement la main sur Homs.

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- A Alep. Le 22 décembre 2016, l'armée syrienne a annoncé la reprise de la moitié de cette ville qui lui échappait depuis juillet 2012. Jusque là, une offensive dévastatrice d'un mois avait abouti à l'évacuation de dizaines de milliers de résidents et d'insurgés vers des régions rebelles du nord. L'évacuation a été menée en vertu d'un accord parrainé par la Turquie, principal appui des rebelles, la Russie et l'Iran, alliés du régime. - A Daraya et Wadi Barada. En août 2016, les derniers rebelles ont évacué leur ex-fief de Daraya, près de Damas, en vertu d'un accord conclu entre régime et insurgés au bout d'un siège de quatre ans imposé par le gouvernement. Les combattants ont été transférés vers Idleb et l'armée syrienne a repris le contrôle de Daraya. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait critiqué la «stratégie» de déplacement forcé de population mené par le régime et avait prévenu qu'il y aurait «d'autres Daraya». En janvier, un accord conclu entre régime et rebelles a permis à quelque 700 insurgés et 1.400 civils de quitter Wadi Barada pour se rendre dans la province d'Idleb, après la victoire des troupes du régime dans cette région près de Damas. Le nombre de réfugiés syriens a franchi la barre des cinq millions La Croix (avec AFP), le 30/03/2017 Plus de cinq millions de Syriens, soit environ un quart de la population, sont devenus des réfugiés, a annoncé l’ONU, jeudi 29 mars. Des ONG exhortent de nouveau la communauté internationale à accroître son aide. « Alors que le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants ayant fui six années de guerre en Syrie a franchi la barre des 5 millions, la communauté internationale doit faire davantage pour les aider », a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) en commentant ce nombre record de réfugiés. La guerre en Syrie a déclenché la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale, avec plus de 320 000 morts en six ans et des millions de déplacés. Le pays comptait 22 millions d’habitants avant la guerre. 3 millions de Syriens réfugiés en Turquie Près de trois millions de Syriens sont réfugiés en Turquie, le pays voisin le plus affecté, selon le HCR. Moins de 10 % d’entre eux ont été accueillis dans des camps, tandis qu’une majorité vit dans les villes, dont plus de 500 000 à Istanbul. Plus d’un million a fui au Liban et 657 000 en Jordanie selon le HCR, mais les autorités d’Amman évaluent leur nombre à 1,3 million. Ils sont par ailleurs plus de 233 000 en Irak, plus de 120 000 en Égypte et près de 30 000 dans les pays d’Afrique du Nord.

Outre ces cinq millions de réfugiés, des millions d’autres Syriens sont déplacés dans leur propre pays. La plupart ont été obligés de fuir les combats entre les différents acteurs en conflit, et d’autres ont été déplacés à l’issue d’accords entre rebelles et régime. Plus de 30 000 personnes doivent ainsi être évacuées dans les prochains jours de quatre localités assiégées. Un appel à aider les pays voisins de la Syrie

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Malgré une baisse d’intensité des combats dans plusieurs régions, « la situation n’est pas encore assez sûre pour que les gens puissent retourner chez eux. Nous voyons encore chaque jour des gens être déracinés », a déclaré à l’AFP Alun McDonald, le porte-parole régional de Save the Children. Il regrette que la communauté internationale, incapable de régler le conflit, n’ait pas augmenté son aide, mais au contraire, ferme de plus en plus les frontières, notamment en Europe. Dans un communiqué conjoint avec des organisations syriennes, l’organisation Oxfam a appelé jeudi à apporter plus d’aide aux pays voisins de la Syrie. Sa directrice, Winnie Byanyima, a appelé « les pays riches à afficher leur soutien aux voisins de la Syrie qui ont accueilli ces réfugiés et à relocaliser au moins 10 % des réfugiés syriens les plus vulnérables d’ici à la fin 2017 ». Un million d’enfants réfugiés syriens ne sont pas scolarisés Les ONG et l'ONU mettent régulièrement en garde contre les conséquences à long terme de la crise, tout particulièrement sur les enfants. « Un million d’enfants réfugiés syriens ne sont pas scolarisés (…) et ils sont ceux qui devront contribuer à reconstruire la Syrie pour la prochaine génération », rappelle Save The Children. Syrie : le départ d'Assad n'est plus la priorité de Washington Texte par FRANCE 24 avec AFP , 30/03/2017 En visite en Turquie, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, a affirmé jeudi que le sort du président syrien Bachar al- Assad relevait du peuple syrien. Une ligne confirmée le même jour par l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley. "Le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien". C'est ce qu'a affirmé le secrétaire d'État américain Rex Tillerson jeudi 30 mars lors d'une conférence de presse à Ankara avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu, alors que la question du sort du président Bachar al-Assad divise la communauté internationale. Le même jour, l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley a confirmé que Washington ne considérait plus le départ du président syrien Bachar al-Assad comme une priorité pour mettre fin au conflit dans le pays. "Il faut choisir ses batailles", a déclaré Nikki Haley à un groupe de journalistes. "Quand vous regardez la situation, il faut changer nos priorités, et notre priorité n'est plus de rester assis là, à nous concentrer sur faire partir Assad". "Nous ne pourrons pas forcément nous focaliser sur Assad comme l'a fait la précédente administration", a-t-elle ajouté. L'opposition syrienne au régime de Damas a aussitôt réagi en indiquant qu'elle refusait tout "rôle" actuel ou futur de Bachar al-Assad. "L'opposition n'acceptera jamais que Bachar al-Assad ait un rôle à aucun moment (...), notre position ne va pas changer", a déclaré aux médias Monzer Makhous, l'un des porte-paroles du Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble des groupes clés de l'opposition syrienne. Des pourparlers diplomatiques parrainés par l'ONU sur un règlement politique au conflit qui ravage la Syrie ont commencé en 2016. Mais plusieurs sessions de négociations n'ont jamais permis d'avancer en raison du fossé immense entre les belligérants sur le concept de transition politique. L'administration Trump n'a jusqu'à présent pas ou peu donné de signes sur son implication dans les efforts diplomatiques pour tenter de résoudre le conflit qui ravage la Syrie depuis six ans et a fait plus de 310 000 morts et, selon l'ONU, cinq millions de réfugiés. Elle ne s'est pas non plus prononcée sur la façon dont elle envisage une solution politique, et en particulier sur le sort de Bachar al-Assad, dont l'opposition réclame le départ tout comme l'a fait pendant longtemps l'administration de Barack Obama. Apocalypse now à Rakka ? Le Monde, Jean Pierre Filiu, 30 mars 2017 Les bombardements américains sur le barrage de Tabqa, au-delà des inondations catastrophiques qu’ils pourraient provoquer, relancent la propagande apocalyptique de Daech. Les Etats-Unis de Donald Trump multiplient, au nom de la lutte anti-jihadiste, des bombardements aériens aux très lourdes conséquences : une cinquantaine de civils tués dans une mosquée de la province d’Alep, le 16 mars ; jusqu’à deux cents civils tués dans un bâtiment pilonné à Mossoul-Ouest, le lendemain. Mais c’est la frappe menée le 26 mars contre le barrage de Tabqa qui aurait pu avoir les plus graves conséquences. DES CENTAINES DE MILLIERS DE VIES SUSPENDUES A UN BARRAGE Le barrage de Tabqa, dont le régime Assad a perdu le contrôle depuis quatre ans, est tombé aux mains de Daech en 2014. Cet ouvrage stratégique, long de plusieurs kilomètres, régule le cours de l’Euphrate et contient le « lac Assad », d’une superficie de 630km2 et d’une capacité d’au moins douze milliards de mètres cubes. L’agence humanitaire de l’ONU (OCHA) a mis en garde contre les « implications humanitaires catastrophiques » de tout dommage infligé au barrage, alors même que les chutes de pluie et de neige ont déjà sensiblement élevé le cours de l’Euphrate. C’est l’ensemble du bassin du fleuve jusqu’à la frontière irakienne, et ses centaines de milliers d’habitants, qui pourraient être affectés.

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Or l’administration Trump a lancé un assaut héliporté sur Tabqa, avec des centaines de conseillers américains associés aux milices largement kurdes des Forces démocratiques syriennes (SDF). Tabqa, située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Rakka, le berceau de Daech, servirait ainsi de tête de pont dans l’offensive vers ce bastion jihadiste. Mais le mouvement kurdo-américain sur Tabqa vise aussi, voire surtout, à enterrer toute perspective de progression turque sur le cours de l’Euphrate. C’est ainsi que l’opération « Colère de l’Euphrate » des SDF, menée sous l’égide des Etats-Unis, contrecarre l’opération « Bouclier de l’Euphrate » de la Turquie et de ses protégés syriens, qui avaient réussi à libérer de Daech un triangle de 2000 km2 à la frontière turco-syrienne. Les SDF ont d’ailleurs livré au régime Assad une zone-tampon le long de l’Euphrate, faisant de Damas une paradoxale force d’interposition entre les deux supposés partenaires des Etats-Unis que sont Ankara et les milices kurdes. LA HANTISE DU DELUGE Sur fond de cet invraisemblable imbroglio, la frappe américaine du 26 mars contre Tabqa a suscité une panique réelle au sein de la population de Rakka, qui serait directement visée par une crue fulgurante de l’Euphrate. Le poste de contrôle technique du barrage a en effet été touché par des missiles américains. La situation a été jugée si grave par les deux parties que jihadistes et kurdes ont convenu d’un cessez-le-feu de quelques heures, afin d’opérer les réparations indispensables de la structure du barrage. Daech a évidemment joué à plein du risque d’une rupture du barrage, ne serait-ce que pour se poser en défenseur d’une population de Raqqa qu’il tient pourtant sous un joug implacable. Les médias russes ou pro-Assad n’ont pas non plus raté cette occasion privilégiée de mettre en cause l’aveuglement des Etats-Unis et de leurs alliés face au sort de la population syrienne. Mais, derrière cette guerre de propagande, il est incontestable que le barrage est désormais au cœur d’une bataille acharnée entre, d’une part, les forces spéciales américaines et les miliciens kurdes, héliportés sur la rive sud de l’Euphrate, et, d’autre part, les jihadistes de Daech, pris entre deux feux. Daech peut ainsi relancer un discours apocalyptique relativement mis en sourdine ces derniers temps. L’organisation d’Abou Bakr al- Baghdadi présentait en effet son combat en Syrie comme celui de la Fin des Temps, entre autres dans la ville emblématique de Dabiq. Elle avait construit sur le dévoiement de prophéties islamiques une troublante économie du salut, avec notamment le rachat par tout « martyr » tombé en Syrie de l’âme de 70 de ses proches au Jugement dernier. La perte de Dabiq face à la Turquie, en octobre dernier, n’avait pu que perturber cette logorrhée millénariste. En revanche, la menace d’un « déluge » (Tufân) aux proportions cataclysmiques, associé aux Signes de l’Heure dernière, ravive toute l’imagerie de la Bataille de la Fin des Temps, en résonance avec les réseaux terroristes de Daech dans le monde entier. Le pire n’est pas forcément sûr. Le barrage de Mossoul, conquis par Daech en août 2014, avait rapidement été libéré par une opération coordonnée entre les Etats-Unis et leurs alliés irakiens. Mais la conjonction présente entre une irresponsabilité américaine sans précédent et une propagande apocalyptique revigorée est pour le moins néfaste. Ankara clôt son intervention militaire en Syrie LE MONDE | 30.03.2017 | Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante) Le premier ministre turc, Binali Yildirim, a annoncé, mercredi 29 mars, que l’opération militaire menée par Ankara dans le nord de la Syrie était terminée. « L’opération “Bouclier de l’Euphrate” est un succès et elle est achevée. Toute autre opération qui suivra portera un autre nom », a déclaré M. Yildirim. Lancée en août 2016 avec la bénédiction de la Russie, l’incursion militaire turque dans le nord syrien prend fin après que les ambitions de la Turquie sur le terrain ont été contrées par ses alliés. Ces dernières semaines, la Russie et les Etats-Unis n’ont eu de cesse de bloquer de façon concertée les avancées de l’armée turque et de ses alliés rebelles syriens, notamment sur Manbij, une ville de la plaine du nord de la Syrie, reprise par les milices kurdes YPG – proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie) – à l’organisation Etat islamique (EI), quelques jours avant l’incursion turque en août 2016. Sueurs froides Récemment, sous prétexte de « surveiller » le cessez-le-feu, des soldats russes se sont installés avec armes et bagages dans le canton kurde d’Afrine, attenant à la Turquie, apparemment sans que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, en ait été informé par le Kremlin. Empêchée d’avancer à l’est (Manbij), bloquée à l’ouest (Afrine), l’armée turque s’est retrouvée, de facto, empêchée de progresser.

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La Russie est redevenue, à l’été 2016, la grande partenaire de la Turquie, avec laquelle elle a négocié la reddition de la rébellion anti- Bachar Al-Assad à Alep, la ville martyre du nord de la Syrie. Mais, depuis peu, Moscou semble avoir pris fait et cause pour le Parti de l’union démocratique (PYD) dont les YPG sont le bras armé, ce qui n’est pas sans susciter des sueurs froides à Ankara. Cousin du PKK, et donc qualifié de « terroriste » par le pouvoir turc, le PYD jouit d’excellentes relations avec Moscou. Une représentation du parti y a été ouverte récemment tandis qu’une « conférence kurde » s’y est tenue en février. Dernièrement, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a une fois de plus insisté pour que des représentants des Kurdes syriens du PYD soient présents aux négociations de Genève. Cette coopération a le don d’ulcérer Ankara, qui n’a guère apprécié le projet de Constitution imaginé par les Russes pour la Syrie. Dévoilé lors des négociations de paix à Astana (Kazakhstan), ce projet comportait la mention d’un certain degré d’autonomie pour les Kurdes syriens. Ankara affirme n’avoir aucun grief contre le peuple kurde de Syrie (environ 2 millions de personnes) mais s’oppose à la création d’une région autonome kurde dirigée par sa bête noire, le PKK. No man’s land à la frontière L’incursion militaire turque au nord de la Syrie visait deux objectifs : nettoyer des djihadistes de l’EI les territoires jouxtant la frontière et empêcher les combattants kurdes syriens de faire la jonction entre leurs cantons à l’est et à l’ouest. Le premier est achevé, le second est en question, tout comme l’ambition de M. Erdogan de « sécuriser une zone de 5 000 kilomètres carrés » dans le nord de la Syrie pour y installer des réfugiés. La Turquie héberge actuellement 3,5 millions de réfugiés syriens sur son sol tandis que plusieurs dizaines de milliers de personnes sont coincées dans un no man’s land à la frontière turco-syrienne, fermée à double tour depuis la signature de l’accord Turquie-UE sur les migrants. Source d’irritation supplémentaire pour la Turquie, l’allié américain mise, lui aussi, sur les milices kurdes dans son combat contre l’EI en Syrie. Combattants aguerris, véritables moines-soldats, ces milices seront le fer de lance de l’offensive à venir sur Rakka, l’un des derniers bastions des djihadistes dans l’est de la Syrie. A cet effet, le Pentagone a commencé à armer les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition militaire arabo-kurde dont les milices YPG sont le noyau. Il s’agit d’un camouflet pour le président Recep Tayyip Erdogan, dont l’armée, la deuxième de l’OTAN en nombre d’hommes, semble avoir été tenue à l’écart des opérations. L’offensive sur Rakka et plus largement la situation en Syrie seront au centre des discussions avec Rex Tillerson, le secrétaire d’Etat américain, en visite à Ankara jeudi 30 mars. Syrie : pourquoi les Etats-Unis acceptent le maintien au pouvoir de Bachar Al-Assad LE MONDE | 31.03.2017 | Par Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant) et Gilles Paris (Washington, correspondant) Silence radio, pour l’instant, à Damas. Mais il ne fait aucun doute que le repositionnement américain sur la question du sort de Bachar Al-Assad a été accueilli comme une victoire dans les couloirs du pouvoir syrien. Jeudi 30 mars, dans deux interventions successives qui lèvent un coin de voile sur les intentions de l’administration Trump concernant le conflit syrien, le secrétaire d’Etat, Rex Tillerson, et l’ambassadrice aux Nations unies, Nikki Haley, se sont officiellement désengagés du débat sur le traitement à réserver au dictateur syrien.  Que dit exactement l’administration Trump ? En visite en Turquie, M. Tillerson a tout d’abord assuré que « le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien ». Mme Haley a enfoncé le clou un peu plus tard, depuis New York, en déclarant qu’« il faut choisir ses batailles ». « Quand vous regardez la situation, il faut changer nos priorités, et notre priorité n’est plus de rester assis là, à nous concentrer pour faire partir Assad », a-t-elle ajouté. En d’autres termes : les Etats-Unis s’accommodent désormais officiellement d’un maintien au pouvoir du chef de l’Etat syrien – que Mme Haley s’est contentée de qualifier de « gênant », passant outre les dizaines de milliers de morts qui lui sont imputés. Washington se rallie au vocabulaire employé par la Russie, l’un des principaux alliés de M. Assad, décrypte Joseph Bahout, spécialiste du conflit syrien à la Fondation Carnegie. A tout le moins, la nouvelle équipe rompt avec le langage en vigueur jusqu’alors dans les sphères du pouvoir américain.  Quelle était la position américaine jusqu’alors ? En août 2011, cinq mois après le début du soulèvement syrien, qui était encore alors en grande partie pacifique et populaire, le président Barack Obama avait fait du départ du maître de Damas le préalable à la résolution de la crise. « Pour le bien du peuple syrien, il est temps que le président Assad s’en aille », avait-il affirmé. Mais la résilience inattendue du régime – favorisée par le refus de Washington de sanctionner militairement l’utilisation d’armes chimiques contre les banlieues rebelles de Damas, en août 2013 – a entraîné un glissement progressif de la position américaine. La montée en puissance des formations islamistes, puis djihadistes, au sein de l’insurrection anti-Assad, qui s’est militarisée à partir de l’automne 2011, a aussi contribué à cette évolution.

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L’administration américaine a d’abord estimé que la brutalité employée par ses forces empêchait M. Assad d’incarner une solution politique d’avenir pour la Syrie, jugeant ainsi son départ inéluctable à terme. Elle a campé sur cette conviction en dépit des interventions iranienne, puis russe, à l’automne 2015, qui ont progressivement raffermi le régime. Puis, en septembre 2015, les Etats-Unis ont apporté une inflexion à leur position. Le chef de la diplomatie, John Kerry, a indiqué que M. Assad devrait partir mais que le calendrier de son départ devrait être décidé par la négociation. Lors de son avant-dernière conférence de presse, en décembre 2016, quelques jours avant la chute de la partie orientale d’Alep, Barack Obama a assuré que Bachar Al-Assad « ne pourra pas gagner sa légitimité à coups de massacres ». Cette condamnation morale a disparu des éléments de langage de la nouvelle équipe en place à Washington. Pendant la campagne présidentielle, M. Trump avait copieusement critiqué la double opposition américaine, à la fois à l’organisation Etat islamique (EI) et au régime de Bachar Al-Assad, la jugeant improductive. Dans un entretien au New York Times, en juillet 2016, il avait qualifié le président syrien de « sale type » qui « a fait des choses horribles ». Mais il avait ajouté vouloir donner la priorité au combat contre les djihadistes. En février, le président syrien avait envoyé un message à son attention en défendant son décret anti- immigration, bloqué par la justice, qui pénalisait particulièrement les réfugiés et les migrants syriens.  Quels effets la nouvelle doctrine américaine peut-elle avoir ? Le recentrage de la diplomatie américaine vient percuter de plein fouet les laborieux pourparlers de paix en cours à Genève sous l’égide de l’ONU. En renonçant à peser sur M. Assad, contrairement aux souhaits de l’opposition, Washington accentue l’asymétrie de ces discussions, le régime disposant quant à lui du soutien quasi indéfectible de Moscou et de Téhéran. Le fait que l’envoyé spécial américain pour la Syrie, Michael Ratney, ne soit arrivé à Genève que jeudi 30 mars, une semaine après le début de ce cycle de négociations, témoigne de la désaffection croissante des Etats-Unis à l’égard de ce processus censé définir les termes de l’après-Assad. C’est un nouveau coup dur pour la diplomatie française, qui, même si elle n’appelle plus au départ immédiat du président syrien, continue à affirmer qu’il ne peut pas incarner l’avenir de son pays. « L’opposition n’acceptera jamais que Bachar Al-Assad ait un rôle, à aucun moment (…). Notre position ne va pas changer », a réagi, depuis Genève, Monzer Makhous, l’un des porte-parole du Haut Comité des négociations (HCN), qui rassemble plusieurs formations anti-régime. Aux yeux de nombreux opposants, cependant, les propos de M. Tillerson et de Mme Haley ne font qu’officialiser une politique de fait. Depuis le revirement de l’été 2013 et le renoncement de Barack Obama à faire respecter la fameuse « ligne rouge » qu’il avait lui- même tracée concernant l’usage d’armes chimiques, les Etats-Unis ont marqué à plusieurs reprises leur refus de tout renversement par la force du dictateur syrien. S’ils ont autorisé leurs alliés arabes à fournir des armes aux groupes rebelles, ils ont toujours veillé à ce que celles-ci ne leur confèrent pas d’avantage décisif. La CIA a notamment interdit la livraison aux insurgés de missiles sol-air susceptibles d’entraver les bombardements aériens du régime et de l’armée russe, en arguant du risque que de telles armes tombent entre les mains de groupes djihadistes. L’abandon définitif de tout préalable concernant Bachar Al-Assad ne met pas la nouvelle administration à l’abri de toutes les chausse- trappes du conflit syrien. Washington dit envisager une coopération avec Moscou tout en affichant sa volonté de contenir Téhéran, alors que la Russie et l’Iran sont étroitement associés en Syrie. Syrie: l'armée turque va maintenir sa présence militaire Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 31/03/2017 L'armée turque a annoncé aujourd'hui qu'elle maintiendrait sa présence en Syrie malgré la fin de l'opération "Bouclier de l'Euphrate", lancée fin août dans le nord du pays. "Nos activités se poursuivent pour les besoins de la protection de notre sécurité nationale avec l'objectif d'empêcher la formation d'entités indésirables (cantons kurdes), permettre à nos frères et soeurs syriens de rentrer chez eux et assurer la stabilité et la sécurité dans la région", ont affirmé les Forces armées turques (TSK) dans un communiqué. Selon les TSK, "l'opération Bouclier de l'Euphrate, lancée le 24 août en coordination avec les forces de la coalition, a été conclue avec succès". Le Premier ministre turc, Binali Yildirim, avait annoncé mercredi la fin de l'opération "Bouclier de l'Euphrate", lancée le 24 août contre les jihadistes du groupe État islamique (EI) et les milices kurdes, mais n'avait alors pas spécifié si les troupes turques se retireraient de Syrie. Dans le cadre de cette opération, les rebelles syriens appuyés par la Turquie ont repris aux jihadistes plusieurs villes dont Jarablos, Al- Rai, Dabiq et enfin Al-Bab, où l'armée turque a subi de lourdes pertes. "Il ne faut pas comprendre que la Turquie restera indifférente aux risques sécuritaires ou qu'elle ne sera pas engagée" en Syrie, a pour sa part déclaré vendredi Ibrahim Kalin, porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan. "Au contraire, nos opérations de sécurité dans la région se poursuivront au plus haut niveau", a-t-il ajouté. Ankara affirme vouloir travailler avec ses alliés, mais sans les milices kurdes YPG qu'elle considère comme "terroristes" à la reconquête de Raqa, la capitale de facto du groupe Etat islamique en Syrie. 58

Mais la Turquie semble exclue des préparatifs en cours pour une offensive contre Raqa alors que les YPG, alliées des Etats-Unis, sont appelées à y jouer un rôle de premier plan. Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson, en visite à Ankara jeudi, a esquivé plusieurs questions sur le sujet dans un apparent souci de ne pas irriter ses hôtes turcs qui critiquent régulièrement Washington pour sa coopération avec les YPG. Washington et Ankara en désaccord sur la Syrie La Nouvelle République 31/03/2017 Le secrétaire d’État américain a évoqué en Turquie le conflit syrien après l’annonce par Ankara de la fin de son opération militaire dans le nord du pays. Rex Tillerson, plus haut responsable américain à se rendre en Turquie depuis l'entrée en fonctions de l'administration de Donald Trump, s'est entretenu à Ankara avec le Premier ministre Binali Yildirim, avant d'entamer une réunion avec le président Recep Tayyip Erdogan. La visite de Rex Tillerson survient au lendemain de l'annonce mercredi par Ankara de la fin de l'opération Bouclier de l'Euphrate lancée en Syrie en août dernier contre les djihadistes du groupe État islamique (EI) et les milices kurdes, sans qu'il ne soit spécifié si les troupes turques s'en retireraient pour autant. Dans le cadre de cette opération, les rebelles syriens appuyés par la Turquie ont repris aux djihadistes plusieurs villes dont Jarablos, Al-Rai, Dabiq et enfin Al-Bab, où l'armée turque a subi de lourdes pertes. Cette ville d'importance stratégique, à 25 km au sud de la frontière turque, était la dernière place-forte des djihadistes dans la province d'Alep, dans le nord de la Syrie, et a été entièrement reprise en février. Erdogan a déclaré que la Turquie voulait travailler avec ses alliés, mais sans les milices kurdes, à la reconquête de Raqa, la capitale de facto du groupe État islamique en Syrie. La Turquie dénonce régulièrement en effet le soutien apporté par Washington en Syrie aux milices kurdes des YPG dans la lutte contre l'EI. Ankara, qui appuie de son côté d'autres groupes armés sous la bannière de l'Armée syrienne libre, considère les YPG comme un groupe terroriste émanant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). La fin de l'opération turque en Syrie n'est que la partie émergée de l'iceberg diplomatique RT, 31 mars 2017 La fin de l'opération turque «Bouclier de l'Euphrate» est la partie visible de ce à quoi ont abouti les tractations secrètes effectuées tant avec les Russes qu’avec les Américains, selon le géopolitologue Pascal Le Pautremat. Pascal Le Pautremat est spécialiste de géopolitique, docteur en histoire contemporaine, diplômé de l'université de Nantes. RT France : Selon vous, pourquoi la Turquie a-t-elle mis fin à l’opération «Bouclier de l'Euphrate» ? Pascal Le Pautremat (P. L. P.) : A mon avis, la décision de Recep Tayyip Erdogan s’inscrit dans un jeu de négociations, de tractations, dont nous ignorons, à ce stade, la teneur. Recep Tayyip Erdogan est intervenu dans le nord de la Syrie, comme en Irak d’ailleurs, non pas pour éradiquer les combattants de l’Etat islamique mais, prioritairement, pour contrer les soldats kurdes des Unités de protection du peuple (YPG et YPJ) intégrées au Parti de l’union démocratique (PYD). Car Erdogan estime que le PYD fait partie intégrante du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’il combat avec une haine dogmatique. Il y a encore un an et demi, le régime turc était dans un partenariat commercial avec l’Etat islamique, auquel il achetait du pétrole venant d’Irak, et était plutôt confiant quant à la fragilisation de l’Etat syrien. D’ailleurs, les services de renseignement russes avaient diffusé à l’échelle internationale des photos édifiantes des camions-citernes venant d’Irak et passant la frontière à destination du marché turc, marché noir du pétrole. On voit que la Turquie veut, d’un côté, être partie prenante dans la libération du territoire irakien, mais il s’agit aussi pour elle de suivre de près le jeu des milices kurdes, des peshmergas, parce que le président Erdogan est convaincu qu’ils sont liés au PKK et que ce sont des gens potentiellement dangereux. Pour ce qui est de la Syrie, c’est un peu la même logique : il ne veut pas du tout d’alliance de circonstance avec les Kurdes syriens. Ces derniers, d’ailleurs, le lui rendent bien car ils se méfient des Turcs. Certaines sources affirment même que Turcs et Kurdes étaient sur le point de s’affronter dans le nord de la Syrie, en marge des opérations menées contre l’Etat islamique mais que la Russie et les Etats-Unis ont tout fait pour empêcher cela. RT France : La visite de Rex Tillerson en Turquie a-t-elle joué ? P. L. P. : La fin de l’opération «Bouclier de l’Euphrate» n’est que la manifestation visible de tractations secrètes, de négociations qui ont dû être effectuées tant avec les Russes qu’avec les Américains. Dans ce genre de situation, il y a toujours les éléments invisibles qui, en amont, conduisent à une série événements. Il faut donc être très attentif à ce qui va se passer dans les semaines à venir. On aura peut-être des réponses quant aux changements de stratégie ou de tactique des uns ou des autres. Mais là, ça n'est que la partie émergée de l’iceberg diplomatique des grandes puissances. Il faut attendre pour savoir ce qui ressort de ce jeu de smart powers. Si la Turquie a pris cette décision, c’est que, en contre-partie, elle doit avoir des garanties et avantages. Ou alors, dans la pire de hypothèses, la Turquie souhaite-elle mener une guerre «autrement» contre les Kurdes ? Dans l’immédiat, je perçois mal les raisons réelles qui peuvent motiver cette interruption d’offensive, en dehors de celles énoncées précédemment.

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RT France : Quelles seront les conséquences à court terme de cette opération ? Le fait que la Turquie se retire de Syrie veut-il dire qu’elle ne s’impliquera plus dans ce conflit ? P. L. P. : Visiblement, les Turcs ne veulent pas être associés à un processus d’offensive avec les milices kurdes. Pour les Turcs, le partenariat et les alliances de circonstance avec les milices kurdes, cela ne passe pas. Est-ce la raison pour laquelle le président Erdogan a voulu faire en sorte que les milices kurdes soient moins partie prenante aux opérations puis s’est retiré ? C’est possible. C’est très difficile de connaître ses motivations, parce qu’il n’y a pas de déclaration officielle, d’explication de sa part. Il est possible que les alliés lui aient dit qu’il était hors de question qu’on se passe des milices kurdes et, surtout, que la Turquie envisage de s’en prendre à elles. Il suffit juste d’être dans le regard tactique et opérationnel pur : les milices kurdes sont extrêmement précieuses. Divers pays européens, les Américains, – comme les Russes et les Iraniens – ont multiplié leurs efforts pour les encadrer, les former et les équiper. Les milices kurdes sont très efficaces, elles procèdent à la reconquête et au contrôle du territoire. En Irak, le constat est similaire. Les peshmergas y sont d’une efficacité extraordinaire. Mais, il ne faut pas tourner autour du pot, Recep Tayyip Erdogan a une haine féroce à leur égard et ne veut surtout pas être associé à eux. Si on l’a vu intervenir ces derniers temps en Irak, il faut savoir que Bagdad n’était pas très content de voir des Turcs arriver dans une zone gérée par les Irakiens et par les Kurdes du Kurdistan autonome. On sait très bien qu’il a des arrière-pensées, il ne veut surtout pas voir les Kurdes se consolider dans la région. Plus ils sont divisés, moins ils seront associés aux grandes puissances, mieux ce sera pour lui. C’est une explication qu’on peut donner à court terme. Mais le sujet est loin d’être clos. C’est à suivre de très près tant la situation est à la fois délicate et tendue. Syrie : Washington et Paris n'exigent plus le départ de Bachar El-Assad Le Figaro Par Léo Caravagna Publié le 31/03/2017 Présenté hier comme une condition sine qua non à l'obtention d'un accord de paix, le sort du président syrien n'est plus «une priorité» pour les États-Unis et la France. Changement de stratégie à Paris et Washington. Jeudi, le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a déclaré à Ankara que «le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien». Peu après, l'ambassadrice américaine à l'ONU a confirmé cette nouvelle orientation. «Quand vous regardez la situation, il faut changer nos priorités, et notre priorité n'est plus de rester assis là, à nous concentrer pour faire partir Assad», a déclaré Nikki Haley. Bachar El-Assad a déjà fait savoir qu'il était prêt à coopérer avec Donald Trump. Ce vendredi, Jean-Marc Ayrault a lui aussi affirmé que le départ d'Assad n'était plus une priorité. «Si certains veulent à tout prix qu'on place le débat sur: “Est-ce que l'on garde Assad ou est ce que l'on ne garde pas Assad”, ce n'est pas comme cela que la question se pose, a déclaré le ministre des Affaires étrangères français. La question est celle de savoir si la communauté internationale respecte ses propres engagements. Si on veut la paix et la sécurité durables en Syrie, il ne faut pas seulement l'option militaire, il faut l'option politique et l'option politique c'est la négociation pour une transition.» Dès 2011, Obama demande à Assad de «diriger la transition, ou s'écarter» Alliés au sein de la coalition, Washington et Paris avaient fait du départ de Bachar El-Assad un axe fondamental de leur politique syrienne. Dès mai 2011, Barack Obama exigeait du président syrien qu'il choisisse entre «diriger la transition, ou s'écarter». Alors président de la République, Nicolas Sarkozy suivait l'allié américain. François Hollande a lui aussi réclamé le départ d'Assad. En 2012, son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius déclarait qu'Assad «ne mériterait pas d'être sur la terre». En 2013, François Hollande état même prêt à lancer une frappe militaire après la découverte de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Il a finalement abandonné ce projet face à l'indécision de Barack Obama. Interrogé directement sur la nécessité du départ d'Assad comme préalable aux négociations de Genève, François Hollande répondait: «Je l'ai dit depuis lontemps. Si cette conférence doit se tenir, c'est pour préparer l'après Bachar El-Assad.» Le départ d'Assad a été réaffirmé à plusieurs reprises par Obama et Hollande, mais la position s'est infléchie en novembre 2015, après les attentats de Paris. François Hollande avait alors désigné le groupe Etat islamique comme l'ennemi principal de France, tout en appelant Vladimir Poutine à se joindre à Paris et Washington dans la recherche d'une «solution politique» sans Assad. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qualifiait pudiquement ce changement «d'adaptation». Les déclarations américaines et française de cette semaine font suite à celle de la Turquie, qui a cessé de réclamer le départ d'Assad. Officiellement, la transition politique reste un objectif pour la France. Jean-Marc Ayrault a rappelé que la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'Onu est toujours en vigueur. Ce texte prévoit un gouvernement de transition, mais rien au sujet d'Assad La Russie a toujours soutenu Assad Larésolution 2254 est la seule que la Russie ait acceptée. Vladimir Poutine a apporté son soutien à Bachar El-Assad en utilisant dès 2011 le veto russe au Conseil de sécurité de l'ONU. En tout, la Russie a opposé six fois son veto aux résolutions sur le conflit, y compris aux textes demandant l'envoi d'observateurs et le départ du président syrien. Poutine est resté fidèle à la Syrie malgré les invitations d'Obama et Hollande, et est devenu un acteur incontournable de la crise syrienne. L'alliance avec la Syrie est d'une importance stratégique pour la Russie, qui possède son unique port militaire méditerranéen à Tartous, sur la côte syrienne. Depuis cette base, l'armée russe intervient en Syrie depuis décembre 2015, ce qui a permis au régime de Bachar El-Assad de regagner du terrain face aux rebelles.

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La diplomatie française «s’est totalement collée à la diplomatie américaine» RT, 1 avr. 2017 Si le chef de la diplomatie française déclare que le départ de Bachar el-Assad n'est pas primordial, cela montre à quel point la France dépend des Etats-Unis sur le plan de sa politique étrangère, indique le député Les Républicains, Nicolas Dhuicq. Nicolas Dhuicq est député de la 1re circonscription de l'Aube, membre du parti Les Républicains (LR) et du collectif parlementaire de la droite populaire. RT : L'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Nikki Haley, a affirmé le 30 mars que Washington ne considérait plus le départ du président syrien Bachar el-Assad comme une priorité pour mettre fin à la guerre civile. Est-ce une décision attendue ? Nicolas Dhuicq (N. D.) : C’est une décision que j’espérais beaucoup, puisque le soldat syrien se bat pour son pays et pour le président Assad qui incarne l’unité de la nation syrienne. C’est une décision tout-à-fait sage. RT France : La déclaration de Jean-Marc Ayrault veut-elle dire que la diplomatie française s’appuie sur les déclarations américaines dans le dossier syrien ? N. D. : Cela veut dire que, comme chacun le sait malheureusement, notre diplomatie s’est totalement collée à la diplomatie américaine pendant plusieurs années et qu'elle s'est aussi totalement trompée sur le diagnostic de la guerre. Je pense donc que la déclaration de Jean-Marc Ayrault consiste enfin rendre compte de la réalité, à savoir que l’armée arabe syrienne se bat pour son pays, que la Syrie est une nation qui doit retrouver toute sa souverainté. J’attire l’attention de toutes les autorités, qu’elles soient russes, américaines ou françaises sur le fait qu’il est impératif que la Syrie retrouve la pleine possession de son territoire et de sa souverainté. Ce serait une erreur d’avoir une partition de la Syrie, en particulier avec un Kurdistan superficiellement considéré comme autonome, même s’il faut reconnaître des droits aux Kurdes, au moins au niveau culturel. Je suis très heureux de cette évolution. Malheureusement, le peuple syrien entre dans une septième année de guerre et paie au prix fort, celui du sang, l’aveuglement occidental. RT : Cela va-t-il faire changer la position d’autres pays membres de la coalition occidentale ? N. D. : J’espère que cela va engendrer une réaction en chaîne vertueuse et que nous allons revenir au principe de réalité dans la diplomatie, soit considérer qu'il revient aux Syriens de se libérer du joug islamique avec notre aide et qu'ensuite, ce sera aux Syriens de décider eux-mêmes de leur avenir. RT : Pensez-vous que les déclarations de Rex Tillerson et de Nikki Haley traduisent le fait qu'ils adoptent une Realpolitik ou y a-t-il une autre raison au retournement de la position américaine sur l'avenir de Bachar el-Assad ? N. D. : Il s’agit du principe de réalité. Ce que j’espère, c’est que les Européens, y compris la Russie, feront entendre aux Etats-Unis qu’il faut éviter un démembrement de la Syrie. A l'heure actuelle, il faut premièrement déloger les derniers terroristes, en particulier à Idleb, et deuxièmement, donner sans doute au niveau culturel et régional quelques droits aux Kurdes de Syrie. Mais surtout, il faut éviter un démembrement du pays. Il faut que la Syrie retrouve son intégrité et sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, car si nous oublions cela, nous maintiendrons un état de guerre perpétuel. RT : Considérez-vous que le fait que la Turquie arrête son opération «Bouclier de l’Euphrate» soit important en vue de la résolution du conflit ? N. D. : C’est un signe important, puisque l’armée turque se trouve illégalement sur le territoire syrien, tout comme quelques marines américains d’ailleurs. Je rappelle que la guerre en Syrie est une guerre étrangère imposée au peuple syrien. Il y a 40 000 combattants étrangers parmi les islamistes et la Turquie a pénétré dans le pays sans autorisation du gouvernement syrien, contrairement à l’armée russe. Cette dernière a mené une véritable coopération avec l’armée arabe syrienne. En ce qui concerne la Turquie, Recep Tayyip Erdogan a certainement tiré les conséquences de la tentative du coup d’Etat dont il a été victime [juillet 2016]. Je crois que c’est un très grand pragmatique qui sait mesurer les rapports de force. Ce rapport a évolué et le président turc a compris qu’il ne pouvait plus y avoir de clivage aussi profond qu’à l’époque de Barack Obama entre la Russie et les Etats-Unis. Les USA bombardent des civils mais «c'est la faute à la Russie» PressAfrik, Khadim FALL Samedi 1 Avril 2017 Le général Joseph Votel, chef du commandement central des forces armées US, a annoncé jeudi devant le Congrès que les militaires américains étaient incapables d'assurer la sécurité des civils lors de l'opération antiterroriste menée à Mossoul en Irak. Il répondait à la question des congressistes qui souhaitaient savoir s'il était possible de limiter les pertes causées par les bombardements de la coalition parmi les habitants de la ville. Le département d'Etat des États-Unis Les USA gênés par leurs accusations d'hôpitaux bombardés en Syrie « Plus nous nous impliquons dans des activités militaires en milieu urbain, plus il devient difficile de respecter les normes extraordinairement élevées en la matière. Mais nous nous efforcerons de le faire », a déclaré Votel. 61

Fin mars, le New York Times avait dévoilé l'ouverture d'une enquête par le Pentagone sur la mort de 240 civils à Mossoul après une série de bombardements aériennes de la coalition américaine du 17 au 23 mars. Quand l'ambassadrice US à l'Onu parle de « crimes de guerre »

Ce n'est pas le premier cas du genre. L'aviation des USA et de leurs alliés a attaqué plusieurs fois des sites non militaires de Mossoul. Ainsi, le 14 janvier, un bombardier a détruit dans l'ouest de la ville un bâtiment où se trouvaient 30 civils. Une semaine plus tôt, les avions de la coalition avaient attaqué un convoi de camions-citernes qui transportait du carburant aux habitants locaux. Le raid a fait 15 morts. Le 30 mars, le site irakien Shafaq News annonçait la découverte, dans le sud de la ville, d'un charnier avec les corps d'Irakiens tués dans les bombardements et exécutés par Daech. Au total depuis le début de l'offensive sur Mossoul en octobre dernier, près de 1 500 tonnes de munitions air-sol ont été tirées sur la ville.

Au Proche-Orient, les USA bombardent… pour la paix Plus tôt, les militaires et les politiciens américains avaient déclaré à plusieurs reprises que l'assaut d'une aussi grande ville était impossible sans pertes civiles. Dans le même temps, nous nous souvenons tous des déclarations des représentants officiels américains sur l'opération de libération d'Alep par l'armée gouvernementale de Bachar al-Assad soutenue par la Russie, qui qualifiaient pratiquement de politique de génocide l'information infondée concernant la mort de civils à cause des agissements de l'armée syrienne et de l'aviation russe. La dernière intervention résonante fut le discours de l'ambassadrice des USA au Conseil de sécurité des Nations unies Nikki Haley, qui a qualifié les actions de la Russie, de l'Iran et du gouvernement de Bachar al-Assad de « crimes de guerre »: « Ils ont détruit tous les hôpitaux dans l'est d'Alep. 250 000 personnes doivent souffrir. Les forces d'Assad détruisent des quartiers résidentiels entiers ». Alors que la diplomate ne s'est pas gênée pour qualifier son pays de « conscience du monde » — ni plus ni moins. Haley a prononcé son discours mercredi, à la veille de l'intervention du général Votel au congrès US. Ainsi, la représentante permanente des États-Unis à l'Onu a répété la tactique rhétorique habituelle utilisée par les diplomates américains depuis l'intervention de la Russie dans le conflit syrien, qu'on pourrait résumer ainsi: « Nous bombardons les cibles civiles seulement par accident, alors que les Russes le font sciemment ». Dans ce sens, la vision qu'a l'administration de Donald Trump de la participation russe aux événements au Moyen-Orient se démarque peu de la position de son prédécesseur Barack Obama. « Sur le front de la guerre médiatique on se prépare à un " bombardement " pour la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui aura lieu en juillet — ou peut-être même plus tôt — estime Sergueï Soudakov, professeur à l'Académie des sciences militaires et politologue américaniste. Pour l'instant le président américain ne sait pas comment se comporter avec son homologue russe mais il étudie certainement la possibilité d'une conversation depuis une position de force. Il ne faut pas croire que Haley exprime son point de vue personnel. Même si elle a qualifié Trump de "clown" pendant la course présidentielle en automne, il l'a tirée de son poste de gouverneure pour la placer au deuxième rang diplomatique de l'État. Ses protégés respectent une subordination rigoureuse et expriment uniquement la position du président ». Sauver la face Selon l'expert, Trump tente de marquer des points politiques grâce à la rhétorique antirusse, populaire aujourd'hui aux USA, et de nier tout lien avec la Russie dont l'accusent ses opposants politiques et les médias. L'image du leader puissant qui cherche à dominer sur la scène internationale est tout de même sérieusement ternie par l'assaut de Mossoul qui traîne en longueur, alors que les généraux américains avaient promis de prendre la ville en deux mois. De son côté la Russie a réussi à libérer Alep, devenant de facto la principale force politique au Moyen-Orient. En Syrie, les Etats-Unis de plus en plus seuls « Pour sauver la face, Trump doit rabaisser les succès russes et dire au monde entier que la Russie est un État criminel qui tue sans discernement, alors que les USA aident aux contraires les plus démunis et importent la démocratie en Irak, analyse Sergueï Soudakov. Il ne lésine pas sur les moyens pour cela. En 2016 les USA ont dépensé près de 350 millions de dollars pour la guerre médiatique contre la Russie. Le financement reste maintenu approximativement au même niveau. Trump n'a apporté aucune modification au budget de 2017 validé par Obama en ce qui concerne la confrontation médiatique avec les régimes indésirables aux USA. » Même un amateur a pu voir le résultat de ces investissements financiers: à tous les coins de rue les médias occidentaux parlaient de l'offensive de l'armée syrienne sur Alep. Et plus les forces d'Assad s'approchaient de la ville, plus la presse parlait d'un nouvel hôpital ou d'une école détruite par l'aviation. Les journalistes occidentaux se référaient aux témoignages de l' « opposition modérée », aux mises en scène des Casques blancs, aux messages sur les réseaux sociaux d' « activistes » locaux au passé flou et à d'autres sources douteuses. Et bien que le ministère russe de la Défense ait démenti plusieurs fois ces fakes, faits en mains, le fond médiatique autour d'Alep en automne dernier ressemblait plutôt à une hystérie. Un blocus médiatique Ce battage médiatique contraste avec le traitement de l'information sur Mossoul: les médias occidentaux parlent de pertes civiles avec réticence ou en passant et bien que la coalition menée par les USA bombarde Mossoul depuis octobre, les chaînes européennes et américaines n'ont toujours pas montré une « image » normale de la ville. Les « activistes locaux » sont étonnamment passifs sur internet et les représentants des organisations humanitaires ne se rendent pas non plus dans la zone du conflit. « Mossoul subit aujourd'hui un blocus médiatique, remarque le directeur du Centre de prévision militaire Anatoli Tsyganok. La même tactique est utilisée par Israël pendant les affrontements dans la bande de Gaza: les journalistes ne sont pas autorisés à s'approcher de la zone des opérations. Il est évident que les USA s'efforcent par tous les moyens d'éviter la fuite de détails désagréables sur leur

62 offensive dans la presse. Alors que les militaires irakiens ne peuvent rien faire ou dire car ils sont dans une position de subordination et doivent faire ce que leurs alliés supérieurs leur disent. L'expert souligne que personne ne bombarde intentionnellement les habitants de Mossoul: les terroristes de Daech retiennent de force des centaines de milliers de personnes dans la ville et s'en servent comme bouclier humain. "De son côté, la coalition n'essaie même pas de minimiser les pertes civiles, souligne Anatoli Tsyganok, contrairement aux militaires russes qui n'ont pas bombardé la ville d'Alep même avec l'aviation ». Le problème du deux poids deux mesures des médias occidentaux dans la couverture des offensives à Mossoul et à Alep a été soulevé par la représentation permanente de la Russie à l'Onu dans un communiqué officiel publié le 28 mars. Les diplomates ont appelé les journalistes à couvrir objectivement les événements en Syrie et en Irak. « Malheureusement, dans de nombreux médias occidentaux le thème de l'opération antiterroriste à Mossoul est présenté de manière étonnamment calme par rapport à l'hystérie soulevée autour de la libération de l'est d'Alep fin 2016, indique le communiqué. Les tragédies quotidiennes de Mossoul sont passées sous silence par les médias internationaux et les ONG. Jusqu'à 600 000 personnes restent actuellement dans l'ouest de Mossoul, par conséquent l'ampleur de la situation est largement plus catastrophique que les événements d'Alep. » Bachar el-Assad ne fait pas partie de l'avenir de la Syrie, pour l'Union européenne Source AFP - Publié le 03/04/2017 | Le Point.fr Bruxelles se démarque de Washington. Pour l'Union européenne, le président syrien ne pourra plus être au pouvoir après la transition politique. L'Union européenne ne changera pas d'avis. Les chefs de la diplomatie des 28 pays membres ont rappelé, lundi, lors d'une réunion au Luxembourg, que de leur avis, le président syrien Bachar el-Assad ne pouvait rester au pouvoir à l'issue de la transition politique du pays. Transition politique que l'Union européenne demande depuis des mois. « Nous avons toujours la même position, je ne pense pas qu'il y ait un avenir pour Assad, mais c'est au peuple syrien de décider », a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, en arrivant à la réunion. Dans les conclusions adoptées lundi lors de leur réunion mensuelle, les 28 rappellent d'ailleurs, comme ils l'avaient déjà fait en octobre dernier, « qu'il ne saurait y avoir de paix durable en Syrie sous le régime actuel ». Il faut « une transition politique digne de ce nom et à la fin du processus politique, lorsqu'il s'agira de bâtir la Syrie de l'avenir [...], la France n'imagine pas un seul instant que cette Syrie puisse être dirigée par Assad tant il a une responsabilité dans la situation actuelle, plus de 300 000 morts, les prisonniers, les torturés, un pays détruit », a martelé le ministre français Jean-Marc Ayrault. Les États-Unis ont reconnu jeudi 30 mars ne plus faire du départ du président syrien une « priorité » et chercher une nouvelle stratégie dans le règlement du conflit en Syrie qui dure depuis six ans. L'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Nikki Haley, a même indiqué que son pays voulait travailler avec la Turquie et la Russie pour trouver une solution politique à long terme en Syrie, plutôt que de se focaliser sur le sort de Bachar el-Assad. Décision du peuple « Après six ans et demi de guerre, il semble complètement irréaliste de penser que l'avenir de la Syrie sera exactement le même que ce qu'elle était dans le passé. Mais c'est aux Syriens de décider, ça, c'est clair », a pour sa part résumé la haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini. « Nous avons toujours dit que les Syriens devront décider qui sera leur président, quel gouvernement ils auront, et que cela n'a pas de sens de régler la question d'Assad au début, car cela mènerait à une impasse », a renchéri le ministre allemand Sigmar Gabriel. Pour lui, « les États-Unis prennent désormais une position plus réaliste que par le passé » en abandonnant clairement les exhortations à ce que Bachar el-Assad quitte le pouvoir. « Mais une chose ne passera pas », a en même temps prévenu Sigmar Gabriel. « Qu'un dictateur qui a commis d'horribles crimes dans la région reste en place impunément » au nom « d'une focalisation sur la lutte contre [l'organisation] État islamique [EI]. Ceci ne peut être la position de l'Europe », a lancé le ministre allemand. Obsession américaine Plusieurs pays de l'UE craignent en effet que Washington soit tellement obnubilé par le combat contre le groupe djihadiste qu'il en perde de vue la transition négociée sous l'égide de l'ONU à Genève. « Il faut qu'il y ait une transition politique, ceux qui l'ont oublié se trompent profondément, car il n'y aura jamais de paix durable, y compris face à la menace terroriste en Syrie, sans processus politique », a insisté Jean-Marc Ayrault. À la veille d'une conférence internationale sur l'aide humanitaire et la reconstruction de la Syrie à Bruxelles, les 27 appellent « instamment toutes les parties à respecter le cessez-le-feu » conclu à Astana, et « invitent la Russie, la Turquie et l'Iran à se montrer à la hauteur des engagements qu'ils ont pris en tant que garants de ce cessez-le-feu, pour en assurer la mise en œuvre intégrale », selon les conclusions adoptées à Luxembourg.

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Syrie: conférence à Bruxelles sur l'avenir du pays sans la Turquie Le Parisien | 04 avril 2017 Bruxelles accueille jusqu'à mercredi une conférence internationale sur l'avenir de la Syrie, au moment où il y a peu d'espoir de mettre fin à la guerre qui ensanglante ce pays depuis six ans. Certains acteurs clés du conflit, comme la Turquie ou la Russie, ne devraient d'ailleurs pas être représentés au plus haut niveau à Bruxelles. Cette conférence - à laquelle plus de 70 pays et organisations internationales ont été conviés - servira à faire le point sur les promesses de dons faites par la communauté internationale en février 2016 lors d'une réunion similaire à Londres. Près de 11 milliards de dollars d'aide et 41 milliards de dollars de prêts à taux avantageux avaient alors été promis sur plusieurs années. Mais l'ONU a fini l'année 2016 sans financements pour près de la moitié de ses programmes liés au conflit syrien, qu'elle a décrit comme "la pire catastrophe provoquée par l'homme depuis la Seconde Guerre mondiale". Dans les villes assiégées, les quelques hôpitaux ayant résisté aux bombardements, ou les camps de réfugiés des pays voisins, les besoins sont énormes. Pour 2017, les Nations unies estiment avoir besoin de 8,1 milliards de dollars, dont 4,7 milliards pour les réfugiés syriens et les communautés des pays de la région qui les accueillent. Mais au-delà, l'Union européenne, qui co-organise cette conférence avec les Nations unies, entend mettre tout son poids au service des négociations entre l'opposition et le régime sous l'égide de l'ONU, en évoquant les pistes d'action pour la reconstruction de la Syrie. "Bien trop souvent, nous avons attendu que le conflit se termine pour préparer l'après et c'était alors bien trop tard", a expliqué lundi la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Elle ne l'a pas explicitement mentionné mais les Européens ont tous en tête l'Irak depuis l'intervention américaine de 2003, ou la Libye, plongée dans le chaos depuis les frappes occidentales en 2011 pour chasser Mouammar Kadhafi. - 'Surréaliste' - Malgré cinq rounds où l'opposition et le régime de Bachar al-Assad ont échangé par l'entremise de l'envoyé spécial de l'ONU, Staffan de Mistura, les négociations de paix n'ont pour l'heure pas véritablement commencé. Il peut donc paraître un peu "surréaliste" de discuter de l'après-guerre, a reconnu Mme Mogherini il y a plusieurs mois. "Nous n'y sommes pas. Ceci ne débutera qu'une fois qu'une transition politique sera entamée", a-t-elle prévenu lundi. En partie responsable du blocage, la question du départ préalable de Bachar al-Assad en cas d'accord de paix sera "activement" discutée en marge de la réunion alors que les États-Unis ont récemment mis en sourdine cette revendication, selon un diplomate. Lundi, les 28 Etats membres de l'UE ont réaffirmé qu'il "ne saurait y avoir de paix durable en Syrie sous le régime actuel". Mi-mars, Mme Mogherini avait vanté les "dividendes de la paix" que l'UE pourrait distribuer, espérant "encourager" ainsi les différentes parties qui négocient à Genève à faire les "compromis nécessaires". Si une "transition politique" est "réellement amorcée", l'UE se dit prête à un large éventail d'assistance (levée de sanctions, aide pour organiser des élections, en passant par le financement de programmes de déminage et de démobilisation ou en finançant la restauration de services de base comme l'éducation, la santé ou l'accès à l'eau). - Pas de nouvelles d'Ankara - Plusieurs sessions thématiques sont organisées dès mardi. Mercredi matin, les délégations doivent se retrouver pour une session plénière co-présidée par Mme Mogherini et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Les Premiers ministres libanais et jordanien, dont les pays accueillent plus de deux millions de réfugiés syriens, viendront y exposer les difficultés financières, matérielles, mais aussi sociales qu'engendre cet afflux sans précédent pour leurs populations. Également invité, le Premier ministre turc Binali Yildirim n'a donné aucun signe de vie et plusieurs diplomates interrogés lundi par l'AFP tablaient sur le fait qu'Ankara n'enverrait aucun représentant. "Je ne lierais pas cela aux tensions" avec Ankara après le refus de plusieurs capitales européennes de laisser venir sur leur territoire des ministres turcs pour faire campagne en faveur du référendum constitutionnel du 16 avril, a commenté Mme Mogherini. Les "contacts avec les autorités turques continuent d'être constructifs sur le dossier syrien", a-t-elle assuré. "J'imagine que leur décision sera principalement liée à l'agenda politique intérieur", veut croire la diplomate italienne. Comme l'an dernier, la Russie se fera représenter par un ambassadeur. Le sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires politiques Thomas Shannon représentera les Etats-Unis, qui avaient dépêché à Londres leur chef de la diplomatie John Kerry. La bataille de Damas n’est pas terminée Medias Presse Info — par Antoine de Lacoste — 3 avril 2017 Depuis le début du conflit syrien, une large partie de la banlieue de Damas est occupée par différentes factions islamistes. Les loyalistes ne sont jamais parvenus à les en déloger hormis à Daraya, au sud-ouest de la capitale. C’est en effet la seule localité où des moyens conséquents ont été déployés pour vaincre la rébellion. Pourquoi à Daraya et pas ailleurs ? Parce qu’elle se trouve au sud-ouest et qu’elle était la seule. Toutes les autres villes aux mains des islamistes se situent à l’est. Il était donc logique de s’attaquer sérieusement à cette verrue d’autant qu’elle se situait à proximité de la route menant au Liban, axe stratégique, ainsi qu’à la grande station d’eau potable alimentant Damas. La reprise de Daraya a tout de même duré plusieurs mois et s’est soldée par la toute première négociation entre l’armée et les islamistes, sous l’égide des Russes. Plusieurs centaines de combattants islamistes ont cessé le combat et ont été autorisés à conserver

64 leurs armes. Ils ont ensuite été acheminés avec leurs familles en car jusqu’à la province d’Idlib, occupée par de nombreuses factions islamistes. Ils ont depuis été rejoints par les vaincus de la grande et décisive bataille d’Alep. Cette dernière ayant monopolisé le gros de l’armée syrienne et de ses alliées chiites, un certain statu quo prévalait à Damas et sa banlieue jusqu’à la semaine dernière. Mais l’histoire s’est brutalement accélérée. L’armée syrienne a mis la pression, sans véritablement attaquer, sur la ville de Qaboun située au nord-est de la capitale. C’était en effet une cible intéressante car isolée; mais surtout cet isolement avait entraîné de la part des islamistes la construction de nombreux tunnels permettant son ravitaillement depuis leurs places fortes de la Ghouta,Saqba, Irbine et Jobar, toutes situées à l’ouest de Damas. La prise de Qaboun aurait permis à l’armée d’accéder au réseau des tunnels ce qui représentait un danger mortel pour la rébellion. Les islamistes ont alors osé une stratégie particulièrement audacieuse : tout en envoyant des combattants vers Qaboun pour rompre son encerclement, ils ont dans le même temps directement attaqué le centre de Damas pour essayer d’atteindre la prestigieuse place des Abbassides, celle-là même qui est restée tout au long de la guerre le centre de la vie des Damascènes. Fort heureusement, l’armée ne s’est pas laissée surprendre malgré plusieurs attaques suicides parfaitement organisées par le Front Fatah al Cham (le nouveau nom du Front al Nosra) et les islamistes ont été repoussés vers Jobar, leur principale place forte. L’aviation russe n’est pas intervenue et cette fois c’est bien l’armée syrienne qui a assumé l’organisation des opérations bien aidée toutefois par les hommes du Hezbollah libanais. Aujourd’hui, l’éradication de ces bastions islamistes aux portes de Damas est une nécessité absolue pour les Syriens. Mais ce sera long et difficile d’autant que les Russes sont militairement nettement moins actifs en Syrie depuis la reprise d’Alep et privilégient pour l’instant les discussions avec les Turcs, les Américains et les Iraniens. Attaque "chimique" en Syrie: la Russie disculpe Damas Huffington Post 05/04/2017 INTERNATIONAL - Ce mercredi 5 avril, Moscou a indiqué que l'aviation syrienne était à l'origine de l'attaque chimique en Syrie qui a fait 72 morts mardi, selon le dernier bilan de l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme. L'aviation syrienne a frappé un "entrepôt terroriste" contenant des "substances toxiques", a déclaré Moscou. "Selon les données objectives du contrôle russe de l'espace aérien, l'aviation syrienne a frappé près de Khan Cheikhoun un grand entrepôt terroriste", a déclaré dans un communiqué le ministère russe de la Défense affirmant que cet entrepôt contenait des "substances toxiques". Il abritait "un atelier de fabrication de bombes, avec des substances toxiques", a affirmé le ministère, sans préciser si l'aviation syrienne avait frappé volontairement ou par accident cet entrepôt. "L'arsenal d'armes chimiques a été livré par des combattants venant d'Irak", a ajouté le ministère, qualifiant ses informations d'"entièrement fiables et objectives". L'attaque s'est produite dans la ville de Khan Cheikhoun au nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles. Elle a rapidement été condamnée par de nombreux dirigeants internationaux, dont le président français François Hollande, qui a dénoncé la responsabilité" du président syrien Bachar al-Assad et "la complicité" et "la responsabilité morale" de ses "alliés". Un projet de résolution présenté à l'ONU Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont présenté mardi soir un projet de résolution condamnant l'attaque et appelant à une enquête complète et rapide, à la veille d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. Le texte, obtenu par l'AFP, appelle l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) à présenter rapidement ses conclusions sur l'attaque. Le projet a été distribué aux quinze membres du Conseil à la veille de la réunion d'urgence demandée par Paris et Londres à la suite de l'attaque. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni entendent mettre cette résolution au vote pendant cette session de mercredi à New York, mais la position de la Russie restait mardi soir inconnue, ont indiqué des diplomates. Le texte demande également à la Syrie de fournir les plans de vol et toute information sur des opérations militaires au moment de l'attaque. Enfin, il menace d'imposer des sanctions en vertu du chapitre 7 de la charte des Nations unies. Moscou et Pékin avaient mis leur veto en février à une résolution du Conseil de sécurité qui aurait imposé des sanctions à Damas, déjà accusée d'avoir perpétré une attaque à l'arme chimique sur des villages syriens en 2014 et 2015. Un "crime de guerre" "Il s'agit manifestement d'un crime de guerre", a déclaré l'ambassadeur britannique à l'ONU, Matthew Rycroft. "J'en appelle aux membres du Conseil de sécurité qui ont par le passé utilisé leur veto pour défendre l'indéfendable afin qu'ils changent de cap", a-t-il ajouté. Le porte-parole de l'ONU, Stephane Dujarric, a pour sa part qualifié les informations sur le bombardement "d'extrêmement inquiétantes et choquantes".

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L'attaque chimique présumée a provoqué une vague d'indignation internationale, Washington, Paris et Londres pointant du doigt le régime de Bachar al-Assad, qui a démenti "catégoriquement" toute implication et accusé les insurgés d'être responsables de la tragédie. "Nous avons entendu des bombardements (...) Nous avons accouru dans les maisons et il y avait des familles mortes dans leur lits. On a vu des enfants, des femmes et des hommes morts dans les rues", a raconté à l'AFP un témoin, Abou Moustapha. Des vidéos de militants antirégime ont montré des corps sans vie sur la chaussée, d'autres pris de spasmes et de crises de suffocation. Les victimes "ont les pupilles dilatées, des convulsions, de la mousse sortant de la bouche", a expliqué Hazem Chahwane, un secouriste interviewé par l'AFP dans l'un des hôpitaux de la ville. Il s'agit de "la deuxième attaque chimique la plus meurtrière du conflit en Syrie" après celle ayant fait plus de 1400 morts en 2013 près de Damas, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH)., qui n'était pas en mesure de déterminer la nature du gaz toxique utilisé. Attaque chimique en Syrie : la Russie évoque une frappe du régime sur un entrepôt Le Parisien (avec AFP)|05 avril 2017, La Russie assure que le régime syrien n'a pas délibérément mené une attaque chimique mardi. Des substances toxiques, oui, mais pas d'attaque chimique. Tel est le message que la Russie tente de faire passer ce mercredi après qu'une partie de la population de Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest du pays, a été intoxiquée par des gaz, mardi, après une frappe aérienne qui a fait de nombreux morts et blessés. Un bilan revu à la hausse. Le bilan de cette frappe ne cesse de s'alourdir. Ce mercredi matin, les derniers chiffres font état de 72 civils tués, dont 20 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «Il y a également 17 femmes parmi les victimes et le bilan pourrait encore augmenter car il y a des personnes disparues», précise l'OSDH. Selon des médecins sur place, les symptômes relevés sur les patients sont similaires à ceux constatés sur des victimes d'une attaque chimique : pupilles dilatées, convulsions, mousse sortant de la bouche. Plusieurs victimes ayant survécu peinent à respirer malgré un masque à oxygène. La thèse d'un entrepôt touché par une frappe. La Russie avance sa propre explication ce mercredi concernant l'attaque chimique de mardi. Ce serait la conséquence d'une frappe menée sur un entrepôt de la ville. «Selon les données objectives du contrôle russe de l'espace aérien, l'aviation syrienne a frappé près de Khan Cheikhoun un grand entrepôt terroriste», déclare, dans un communiqué, le ministère russe de la Défense. Le bâtiment abritait «un atelier de fabrication de bombes, avec des substances toxiques», ajoute le ministère, sans préciser si l'aviation syrienne a frappé volontairement ou par accident cet entrepôt. «L'arsenal d'armes chimiques a été livré par des combattants venant d'Irak», précise encore le ministère, qualifiant ses informations d'«entièrement fiables et objectives». L'opposition syrienne a, en revanche, accusé dès mardi le «régime du criminel Bachar» al-Assad, le président syrien, d'avoir perpétré cette attaque avec des «obus» contenant du «gaz toxique» et a appelé le Conseil de sécurité de l'Onu (Organisation des Nations unies) à ouvrir immédiatement une enquête. Boris Johnson, le ministre britannique des Affaires étrangères, juge, lui aussi, ce mercredi, que toutes les preuves accusent le régime syrien. «Toutes les preuves que j'ai vues suggèrent que c'était le régime d'Assad (...) utilisant des armes illégales en toute connaissance de cause sur son propre peuple», a-t-il déclaré en arrivant à une conférence internationale sur l'avenir de la Syrie à Bruxelles (Belgique). Projet de résolution à l'Onu. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont présenté mardi soir un projet de résolution condamnant l'attaque chimique et appelant à une enquête complète et rapide, à la veille d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, instance décisionnaire de 15 pays, dont 5 sont membres permanents avec un droit de veto (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, et France). Le texte demande également à la Syrie de fournir les plans de vol et toute information sur des opérations militaires au moment de l'attaque. Enfin, il menace d'imposer des sanctions en vertu du chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui prévoit des mesures allant des rétorsions économiques à l'emploi de la force. L'attaque chimique présumée a provoqué une vague d'indignation internationale. «Il s'agit manifestement d'un crime de guerre», a notamment déclaré l'ambassadeur britannique à l'Onu, Matthew Rycroft. «J'en appelle aux membres du Conseil de sécurité qui ont par le passé utilisé leur veto pour défendre l'indéfendable afin qu'ils changent de cap», a-t-il ajouté. Ce mercredi, la Haute représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, demande un «puissant effort» en faveur des pourparlers de paix. «Il faut unir la communauté internationale derrière ces négociations», réclame-t-elle. La pire attaque depuis 2013. L'attaque chimique de mardi est la pire du genre en Syrie depuis 2013. Il y a quatre ans, le 21 août, 300 à 1 400 personnes, selon les sources, sont mortes dans une telle attaque, dans l'Est de Damas, la capitale syrienne. Interrogé sur franceinfo, un photographe présent sur place à l'époque explique que «les photos que je vois aujourd'hui, ce sont les mêmes que celles que j'ai prises il y a quatre ans». Mohammed Abdullah, qui travaillait pour l'agence Reuters à l'époque, dénonce le fait que «cela recommence. Et le problème c'est que les dirigeants du monde entier ignorent ces crimes de guerre.»

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Présidentielle 2017 : le vote des Français de Syrie France Inter Publié le mardi 4 avril 2017 par Christian Chesnot@cchesnot, Aurélien Colly, Omar Ouahmane En Syrie, il n'y a plus ni consulat ni ambassade depuis 2012. Pourtant, un millier de Français vivent en Syrie. Ils devront aller au Liban pour voter à la présidentielle. Il s'agit dans leur grande majorité de franco-Syriens. Pour voter à la présidentielle et aux législatives françaises, ces habitants de Syrie doivent se rendre au Liban voisin. Beyrouth est à 80 kilomètres de Damas. La distance n'est pas grande mais cela demande de l'organisation. Malgré tout, ces Français de l'étranger iront voter. Car les positions prises par le président français influent toujours sur la situation au Moyen-Orient, les électeurs se font donc un devoir d'aller voter, même si l'organisation n'est pas simple. Pour les Français de Syrie, c'est compliqué. Mais j'ai ressenti une motivation exceptionnelle cette année pour aller voter. Beyrouth, étape incontournable pour les candidats Beyrouth est pour certains candidats une étape incontournable pour les candidats qui veulent enrichir leur carnet d'adresses, et ménager ses soutiens. Ainsi, fin janvier, Emmanuel Macron, candidat de En Marche, s'est rendu à Beyrouth, à la rencontre de la communauté française de la région. Il a rencontré le Président Michel Aoun. Une visite plutôt fructueuse, le Premier ministre libanais Saad Hariri et leader de la communauté sunnite du pays, a même salué en Emmanuel Macron un "ami", ajoutant : "Ce qu'il représente, la jeunesse, la manière de faire la politique, est important". Marine Le Pen, candidate du Front National à la présidentielle française, s'est elle aussi rendue au Liban, rencontrant pour la première fois un chef d'Etat étranger, le président Michel Aoun, tout en étant confrontée aux critiques que ses positions suscitent. Le Premier ministre avait alors mis en garde Marine Le Pen contre tout "amalgame" entre Islam d'un côté et terrorisme de l'autre. Marine Le Pen a finalement conclu sa visite par un coup d'éclat médiatique en refusant de porter le voile pour rencontrer le mufti de la République, rencontre prévue de longue date. En plein Penelopegate, François Fillon, le candidat Les Républicains à l'élection présidentielle, a de son coté décidé d'annuler le déplacement qu'il devait effectuer au Liban et en Irak le 4 février dernier. Syrie: La surprenante offre de Donald Trump à Bachar Al Assad Libanews 4 avril 2017 by ReneNaba Tulsi Gabbard: «Si le président vous appelle, décrocherez vous le téléphone ?» Bachar Al Assad: «S’agit il d’une hypothèse ou d’une proposition ?» Tulsi Gabbard: «Décrocherez-vous le téléphone pour répondre à son appel ?» Bachar Al Assad: «S’agit-il d’une proposition de votre part?» Tulsi Gabbard: «Non, la proposition vient du président» A ce moment, le président syrien sourit et remit à l’émissaire américain un numéro de téléphone où il pouvait être joint directement. Les déclarations du secrétaire d’État Rex Tillerson jeudi 30 mars 2017 à Ankara selon lesquelles «Le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien», ne relèvent pas du hasard, mais d’une décision mûrement réfléchie de la nouvelle administration républicaine, désireuse de conférer la priorité au combat contre le terrorisme islamique. Ci joint le récit intégral de ce surprenant dialogue entre le président syrien Bachar Al Assad et l’émissaire américain Tusli Gabbard, sénatrice démocrate de Hawaï, ainsi que cela a été rapporté lundi 3 avril 2017 par le directeur du quotidien libanais «Al Akhbar», Ibrahim Al Amine, auteur du scoop, consultable sur ce lien pour les locuteurs arabophones :  http://www.al-akhbar.com/node/275193 TULSI GABBARD Démocrate de Hawaï, hostile à Hillary Clinton, ancienne secrétaire d’État et candidate malheureuse à la présidentielle américaine 2016, Tulsi Gabbard avait voté en faveur de Bernie Sanders, le candidat de l’aile gauche du parti démocrate, lors des primaires de ce parti en 2016. Membre du House Armed Service Committee, Major dans la garde nationale, Tulsi Gabbard a effectué deux périodes de service au Moyen-Orient. En Octobre 2015, sur CNN, elle déclare: les États-Unis et l’Union Européenne doivent cesser cette guerre illégale et contre-productive visant à renverser le gouvernement d’Assad et se concentrer plutôt à combattre les groupes islamistes extrémistes». L’interrompant, le journaliste lui pose alors la question suivante: «Cela ne vous importe-il pas que le régime brutal d’Assad ait tué 200.000 personnes au moins ou peut-être 300.000 personnes de son propre peuple». La réponse fuse: «Les choses qu’on dit à propos d’Assad, ce sont les mêmes que l’on disait à propos de Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi par ceux qui poussaient les États-Unis à renverser leurs régimes. Si cela devait arriver en Syrie, nous nous retrouverons devant une situation de plus grande souffrance, des persécutions plus importantes des Chrétiens en Syrie. En prime notre ennemi en sortira renforcé».

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1. http://www.madaniya.info/2016/02/17/la-coordination-secrete-syro-americaine-contre-le-djihadisme-en-syrie-1/ 2. http://www.madaniya.info/2016/02/19/la-coordination-secrete-syro-americaine-contre-le-djihadisme-en-syrie-2/ LE DIALOGUE ENTRE DONALD TRUMP ET TULSI GABBARD LE 21 NOVEMBRE 2016 Les contacts entre Donald Trump et Tusli Gabbard se sont noués à l’automne 2016. celui qui n’était alors que le candidat républicain à la présidentielle avait relevé le positionnement de la sénatrice démocrate et son entourage songeait même à lui proposer un poste ministériel au sein de la nouvelle administration qui devait succéder au démocrate Barack Obama. L’entretien entre le président élu et la démocrate a eu lieu le 21 novembre 2016 et a duré 2H30, au cours duquel la sénatrice a informé d’emblée son interlocuteur que son voyage prévu de longue date ne pouvait être indéfiniment retardé du fait qu’il avait été fixé à la mi-janvier 2017. Donald Trump a admis partagé l’opinion de Tulsi Gabbard sur la Syrie, et, en réplique, la sénatrice a informé Donald Trump qu’elle songeait à forger une loi interdisant à tout américain de collaborer avec quiconque entretenant un lien direct ou indirect avec les organisations terroristes, particulièrement Daech. La suite du dialogue Donald Trump-Tulsi Gabbard : Donald Trump (DT): « Allez vous rencontrer Assad ? » Tulsi Gabbard (TG): « Probablement » Donald Trump (DT): « Parfait. Demandez lui s’il est disposé à entretenir des contacts avec nous. » L’homme a tenu bon Je suis disposé à entrer en contact téléphonique avec lui. Mais qu’il soit clair que la coopération portera sur le combat contre Daech. Il constatera que son éviction du pouvoir ne figure pas à l’ordre du jour de mes préoccupations. C’est d’ailleurs un thème qui va disparaître progressivement du débat public. Toutefois, le contact direct et l’abolition des sanctions sont des sujets qui demandent du temps. L’important est que l’on sache comment il se comporte et dans quelle mesure il est disposé à coopérer avec nous en dehors des Russes et des Iraniens. Nous devons changer de politique vis à vis d’Assad. L’Homme a tenu bon. Le contenir directement pourra se révéler utile. Les faits nous commandent de coopérer avec lui s’il l’on veut combattre effectivement Daech. Donald Trump, pragmatique et empirique, part du constat que Barack Obama a sapé l’influence américaine au Moyen-Orient et rend responsable son prédécesseur démocrate de la percée russe. Il considère qu’il incombe à son administration de rétablir une cogestion, particulièrement en Syrie et en Irak et que la Syrie peut constituer un terrain d’entente entre Russes et Américains. L’Iran, le pays le plus sérieux dans son combat contre Daech. Donald Trump considère en outre que Daech représente le plus grand danger. Il est convaincu du soutien de l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie à Daech et à toutes les déclinaisons d’Al Qaida. En dépit de détestation de l’Iran, il est convaincu que Téhéran est le plus sérieux dans son combat contre Daech. Son objectif n’est pas d’opérer un bouleversement fondamental de la politique américaine, mais juste d’infléchir sa stratégie, en focalisant sur Daech, et en mettant de côté les autres objectifs, tels l’éviction du président syrien. LE RÔLE D’OBSTRUCTION DE L’AMBASSADRICE AMÉRICAINE AU LIBAN, ELIZABETH RICHARD. Lors de sa confirmation par la commission des affaires étrangères du Sénat américain comme nouvel ambassadeur des Etats Unis au Liban, Elizabeth Richard avait affirmé que sa mission prioritaire sera de faire front à la Syrie et au Hezbollah. Aussi n’a-t-elle pas été avisée de la mission de Tulsi Gabbard ni de ses objectifs. Elle estimait néanmoins qu’elle devait avoir la haute main sur cette visite, fixant les rendez vous de la sénatrice, écartant au besoin ce qu’elle considérait comme indésirable. Le Liban divisé par l’ambassade américaine en trois zones selon le degré de risques. Elizabeth Richard a voulu circonvenir les choses, demandant à s’entretenir avec l’équipe de la sénatrice, à son arrivée à Beyrouth. A l’ambassade, le responsable de la sécurité a fait un topo sur la situation sécuritaire en dotant ses interlocuteurs d’instructions adéquates. L’officier chargé de la sécurité de l’ambassade a proposé que Tulsi Gabbard soit logée à la résidence de l’ambassadrice. L’équipe de la sénatrice a décliné les offres, spécifiant qu’elle souhaitait que la visite de Tulsi Gabbard se déroule en dehors de tout protocole, que l’émissaire de Donald Trump choisira elle-même ses interlocuteurs libanais, de même que la date et le lieu de ses rendez-vous. Le responsable de la sécurité de l’ambassade a alors insisté pour connaître l’identité du service libanais chargé de la protection de la sénatrice, exposant les zones à risques au Liban. Selon lui, le Liban est divisé en trois zones: Zone Rouge, frappée d’une interdiction absolue d’accès de jour comme de nuit; Une Zone Jaune, avec libre accès uniquement le jour; Une Zone Verte, avec libre accès de jour comme de nuit. Des unités spéciales américaines au Liban prêtes à intervenir à tout moment. 68

Au terme de son exposé le responsable a confié à l’équipe de la sénatrice des numéros de téléphone pour an faire usage en cas d’urgence, l’assurant que les États Unis disposaient de diverses unités déployées sur l’ensemble du territoire libanais prêtes à intervenir à tout moment en cas de nécessité. 14 JANVIER 2017, L’ARRIVÉE À BEYROUTH DE TULSI GABBARD. Tusli Gabbard est arrivée le dimanche 14 Janvier 2017 à Beyrouth, en compagnie de son époux, Abraham William, un riche homme d’affaires originaire de l’Inde. A l’aéroport de Beyrouth-Khaldé, elle a été accueillie par un détachement de l’unité chargée de la protection des ambassades, relevant des Forces de Sécurité Intérieures (FSI), mis à sa disposition par le ministre de l’Intérieur Nihad Machnouk. La traversée dans la zone Hezbollah Le convoi s’est dirigé directement vers Yarzé, colline surplombant Beyrouth siège de la Présidence de la République libanaise, du ministère de la défense et de l’ambassade de Syrie au Liban, notamment, où elle a été accueillie par l’ambassadeur syrien Ali Abdel Karim. Le convoi a emprunté un court trajet, ce qui signifie qu’il a immanquablement traversé la banlieue sud de Beyrouth, en pleine «zone rouge», de l’ambassade américaine, la fameuse ville de Dayeh des journalistes français, autrement dit le fief du Hezbollah. A la question de savoir où elle se trouvait, il lui fut répondu, laconiquement: «Dans la zone du Hezbollah». Tulsi Gabbard: «Où sont donc les bases militaires et les hommes en armes»? Réponse: «Pas de présence de toutes ces choses ici». Tuslsi Gabbard: Êtes vous surs que nous traversons une zone sous contrôle du Hezbollah»? Réponse: Oui absolument et dans quelques minutes nous serons dans une zone sous contrôle total de l’armée libanaise, où se trouve le bureau de l’ambassadeur syrien. A son arrivée dans le secteur de Yarzé, le convoi a été pris en charge par les «Fouhouds» (Les Panthères), troupes de chocs des forces de sécurité libanaise. Les officiels de l’ambassade américaine avaient peu apprécié que le service de protection des ambassades aient été chargé de la protection de la sénatrice américaine, considérant que ce service était sous influence du Hezbollah. A son arrivée à son hôtel,l’ambassadrice des États Unis à Beyrouth, Elizabeth Richard, a demandé à rencontrer l’émissaire du président Donald Trump. Tulsi Gabbard a refusé, lui précisant qu’elle ne souhaitait rien de l’ambassade. LE SÉJOUR À DAMAS DE TULSI GABBARD ET LE RÉCIT DE SA PREMIÈRE RENCONTRE AVEC LE PRÉSIDENT BACHAR AL-ASSAD Lundi 15 janvier à 008 H du matin, le convoi américain se dirige directement vers Damas. A son arrivée au poste frontière de Masnah, le convoi est accueilli par une délégation officielle syrienne qui prend en charge la protection de l’émissaire américain, abandonnant le convoi libanais dans le secteur libanais de la zone frontalière. Le premier échange Bachar A-Assad-Tulsi Gabbard Accueillie par un sourire du président syrien, Tusli Gabbard entre d’emblée dans le vif du sujet: Tusli Gabbard: Je suis là pour une mission de collecte d’informations. Je souhaite visiter plus d’une région si possible, aller à la rencontre des gens. Je souhaite aussi que vous nous fournissiez des informations fiables sur ceux qui apportent leur soutien à Daech et à al Qaida. Je suis là avec l’accord du Congrès américain. Je devais venir il y a un mois, mais j’ai retardé mon voyage à la demande du président Trump en personne. J’ai rencontré Donald Trump avant ma venue. Je suis porteuse d’un message de sa part. Je suis chargé de vous soumettre ses vues sur la zone. Il m’a en plus chargé d’une demande directe à vous. L’émissaire américain se livre alors à un exposé des vues de la nouvelle présidence américaine, mettant l’accent sur la position des alliés des États Unis dans la zone, de l’Arabie saoudite, à la Turquie, en passant par ls autres pays du Golfe. La priorité de Donald Trump est le combat contre Daech. Dans son approche, il prend en considération le dossier iranien, un pays très sérieux dans son combat contre Daech. Donald Trump veut une modification radicale de la politique des États Unis à l’égard de la Syrie et de la zone. Donald Trump: admiratif de l’intelligence de la Russie dans sa gestion du dossier syrien. Bachar Al-Assad: « S’agit il des impressions que vous avez recueillies de votre entretien avec votre président ? » Tulsi Gabbard : « Non, ce sont ces idées. Il m’a demandé de vous les soumettre. En résumé, nous voulons coopérer avec vous pour combattre Daech. Il (Donald Trump) est admiratif de l’intelligence de la Russie dans sa gestion du dossier syrien. Il entend bâtir une entente avec les Russes en Syrie. » Puis, soudainement, Tulsi Gabbard s’adresse directement au président syrien en ces termes : Tulsi Gabbard : « Si le Président Trump vous contacte, répondrez-vous ? » Assad esquisse un sourire et répond par une autre question: « S’agit-il d’une suggestion ou d’une proposition ? » Tulsi Gabbard : « Non, pas une supposition ». Bachar Al-Assad: « Donc s’agit-il d’une proposition de votre part ? » Tulsi Gabbard : « Non il s’agit d’une proposition directe du Président Trump et c’est lui qui l’a demandé de vous la transmettre. 69

Et je répète la question: S’il vous contacte, allez vous décrocher ? » Bachar Al-Assad: « Naturellement. Je vous donnerai un numéro de téléphone où vous pourrez me joindre rapidement. » Tulsi Gabbard a été surprise par la rapidité de la réponse du président syrien. Sous l’effet d’une campagne d’intoxication, elle était convaincue que Bachar Al-Assad demanderait un délai avant de répondre à la proposition de Donald Trump. Le temps de consulter ses amis Russes et Iraniens. Les Américains pensaient sérieusement qu’«Assad n’oserait pas nouer un contact avec les États Unis ans l’accord préalable de ses alliés». Avant la fin de l’entretien, Tulsi Gabbard a insisté pour effectuer une tournée à l’intérieur de la Syrie, notamment Alep de nouveau sous l’autorité du pouvoir central, afin d’établir un rapport circonstancié sur la situation. Au terme de son exposé de deux heures, le président syrien a pris la parole à son tour pour exposer à son interlocutrice le rôle des États Unis dans leur soutien aux organisations terroristes. A l’issue de cette rencontre, Tulsi Gabbard a rencontré l’épouse du chef de l’état syrien, Mme Asma Al-Assad. Cet entretien de deux heures également a porté sur les aspects sociaux et les effets négatifs de la guerre sur la population syrienne. Puis, Tulsi Gabbard a rencontré successivement, le Mufti de Syrie, Badreddine Hassoune, le Patriarche Ignace Ephrem (Syriaques), des hommes d’affaires et des académiciens. Elle a également visité la grande Mosquée de Damas, La Mosquée des Ommeyades. La délégation américaine a résidé au palais des hôtes de Damas et a dîné avec Mme Bouthaina Chaabane, conseiller du président Assad chargé de l’Information, en présence de M. Bachar Jaafari, délégué de la Syrie aux Nations Unies et Chef de la délégation gouvernementale syrienne aux négociations de Genève. Au cous de ce dîner, les modalités d’un entretien Tulsi Gabbard avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al Mouallem, ont été arrêtées. ALEP, MARDI 16 JANVIER 2017 A Alep, Tulsi Gabbard a longuement parcouru la ville, rencontrant l’administrateur de la ville, des parlementaires, des académiciens, des hommes de religion, des activistes de la société civile avant de visiter un camp de personnes déplacées. Avant son départ d’Alep, la délégation américaine a reçu un appel de Damas souhaitant revoir l’émissaire du président Trump pour un entretien approfondi et détaillé qui sera entrecoupé d’un déjeuner de travail. La présidence syrienne proposait en outre à Tulsi Gabbard de lui confier des documents irréfutables concernant l’implication directe des hommes de la sécurité américaine dans leur soutien aux terrorismes en Syrie. A la suite de cet appel, Tulsi Gabbard décida alors de reporter son départ de Syrie de 24 heures. RETOUR À DAMAS, MERCREDI 17 JANVIER ET LA REMISE DES DOCUMENTS OFFICIELS SYRIENS Ce jour là, Tulsi Gabbard rencontra à deux reprises le Président Bachar Al Assad en présence des responsables syriens des services de sécurité, munis de documents. L’émissaire américain a été saisi par le choc à la vue de ses documents que les Syriens lui ont remis, ce jour là, afin de lui permettre son enquête aux États Unis même. JEUDI 18 JANVIER BEYROUTH Entretien surprise avec l’ancien président Emile Lahoud et le ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim Jaafari. Jeudi 18 janvier à Beyrouth a été une journée d’entretiens intensifs avec des personnalités choisies par Tulsi Gabbard, elle même: Les trois présidents, le président de la République Michel Aoun, le premier ministre Saad Hariri, le président de la chambre des députés Nabih Berry, le Commandant en chef de l’armée et le directeur général de la Sûreté Générale, le patriarche maronite Mgr Bichara Ar Rahi, et l’ancien président de la République Emile Lahoud, seul ancien président libanais à avoir eu droit à un tel traitement, pourtant jadis ostracisé par Jacques Chirac l’ancien partenaire du milliardaire libano saoudien Rafic Hariri. Un incident est révélateur du parasitage déployé par l’ambassadrice américaine à Beyrouth, Elizabeth Richard, hostile à cette visite. Comme un rendez vous était sollicité auprès des services de la présidence de la chambre pour un entretien avec M. Nabih Berri, la demande a été refusée au prétexte que l’émissaire américain entreprenait ses démarches sans l’aval du Département d’état. Les collaborateurs de M.Berri ont soutenu avoir eu cette explication directement par l’ambassade américaine. Alertée sur cette mauvaise manière, Tulsi Gabbard a chargé son adjoint d’aviser l’ambassadrice, Mme Elizabeth Richard, qu’elle devra rendra compte de son comportement illégal devant l’administration américaine Avant son départ de Beyrouth, M. Tulsi Gabbard a rencontré le ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim Jaafari, qui se trouvait fortuitement dans la capitale libanaise. ÉPILOGUE DU SIGNATAIRE DE CE TEXTE Et pendant ce temps là, les hiérarques de l’Élysée et du Quai d’Orsay t leurs amplificateurs médiatiques, les éditocrates de France, continuent de se lamenter…… -Ah si Obama avait bombardé la Syrie, nous n’en serions pas là, oubliant que la Chambre des Communes avait refusé un engagement militaire du Royaume Uni en Syrie et que de sérieux doutes subsistaient sur les responsables de l’usage des armes chimiques en Syrie. A propos de l’usage des armes chimiques en Syrie  http://www.madaniya.info/2014/12/15/seymour-hersh-the-red-line-and-the-rat-line/ -Ah, si la France n’était pas aussi dépendante militairement des États Unis nous n’en serions pas là.

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-Ah si la France était une véritable démocratie présupposant une autorisation du parlement avant un engagement militaire extérieur, nous n’en serions pas là. Ah, si la France cessait son état de lévitation permanent pour se livrer, pour une fois, à son autocritique, nous n’en serions pas là. -Ah, si la France avait soutenu l’opposition démocratique syrienne et non les mercenaires des pétromonarchies, compagnons de route du terrorisme islamique, nous n’en serions pas là. «Ce sont les rebelles eux-mêmes qui ont vraiment profité de l'attaque chimique en Syrie» RT, 4 avr. 2017 Dans le contexte actuel, il faut se poser la question de la motivation de Bachar el-Assad à mener une attaque pareille au moment où il obtient des victoires à travers le pays, juge le spécialiste en sécurité Charles Shoebridge. Charles Shoebridge est un spécialiste en sécurité et ancien officier des services secrets britanniques. RT : Le gouvernement syrien est accusé d'avoir utilisé des gaz de combat contre des cibles de l'opposition en Syrie dans la matinée du 4 avril, causant des dizaines de morts. Damas a démenti et l'ONU a déclaré avoir ouvert une enquête à ce sujet. Qu'en pensez-vous ? Charles Shoebridge (D. S.) : Il y a deux questions majeures. D’abord, s’agit-il d’une attaque chimique ? Et bien que les informations divergent en ce moment, tout bien considéré, nous pouvons affirmer avec un certain degré de certitude que des agents chimiques ont été utilisés. Ensuite, si ces agents ont effectivement été utilisés, qui a été à l’origine de cette attaque ? C’est la question la plus pertinente. C’est la question à laquelle nous faisons face depuis cinq ou six ans, avec des allégations similaires. Rappelez-vous qu’en 2013, une grande attaque avec l’utilisation de sarin s’était produite – c’est d’ailleurs le gaz qui, d’après de nombreuses allégations, a été utilisé cette fois-ci également – où plus de cent personnes ont été tuées. Beaucoup de gens à l’Ouest, tout comme un certain nombre de gouvernements occidentaux, avaient accusé Bachar el-Assad d'en être responsable. Si on compare cela à la situation d’aujourd’hui, on peut constater qu’il existe un schéma, ces incidents ayant lieu dans des moments critiques pour la perspective géopolitique. Quand on prend en considération l’incident à la Ghouta, cela a eu lieu précisément au moment de l’arrivée des inspecteurs en armes à Damas. L’année dernière, avant une grande conférence à Londres, où l’opposition syrienne rencontrait ses donateurs, tels que le Royaume- Uni, la France et d’autres, des allégations d'attaques chimiques avaient eu lieu. Aujourd’hui, il y a ce grand incident présumé, et une fois de plus – ce n’est probablement pas une coïncidence – demain commence une conférence très importante à Bruxelles entre l’ONU et l’UE. D’un point de vue militaire cette attaque ne donne que très peu de bénéfice RT : Mais qui alors pourrait être derrière ces attaques ? C. S. : Dans le contexte actuel, en dépit de toute évidence qui puisse apparaître, parfois susceptible de faire l’objet de manipulations, il faut se poser la question de la motivation de Bachar el-Assad à faire une chose pareille, à ce moment particulier quand il obtient des victoires à travers le pays. Quelle serait alors sa motivation pour provoquer la condamnation de la communauté internationale à ce moment précis ? RT : Ce genre d’attaque peut-il être un avantage stratégique militaire pour son auteur ? C. S. : D’un point de vue militaire, cette attaque ne donne que très peu de bénéfice. Les gaz qui seraient utilisés en Syrie ont une toxicité basse et sont [peu efficaces] par rapports à d’autres armes telles que les explosifs conventionnels, les balles… Ceux qui ont vraiment profité de cette attaque ce sont les rebelles eux-mêmes, car ils ont obtenu un grand avantage géopolitique au moment où ils luttent de manière stratégique, comme de manière géopolitique. Néanmoins, seule une enquête indépendante établira les faits sur le terrain, qui permettrait de tirer une conclusion définitive. L'Occident rejoue une carte "brûlée" Press TV, Wed Apr 5, 2017 Selon une source proche de l'armée syrienne, seul le Front Al Nosra, groupe terroriste takfiriste qui occupe la ville d'Idlib, possède des armes chimiques alors que l'armée syrienne n'en possède plus depuis 2012. À peine 24 heures après l'attaque contre le métro de Saint-Pétersbourg en Russie, une vaste campagne d'intoxication a été lancée mardi 4 avril contre le gouvernement syrien, accusé par les médias occidentaux d'avoir gazé "des habitants d'Idlib". À en croire ces médias, le raid aérien "perpétré" contre la ville de Khan Cheikhoun a provoqué la mort de 64 personnes et 200 hospitalisés en raison des séquelles dues à l'inhalation de gaz toxique. Cette nouvelle campagne anti-Assad est lancée alors que Damas a détruit en 2014 tous ces arsenaux chimiques sous l'égide de l'ONU et le processus a été confirmé par les inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

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Certains analystes voient à travers ce nouveau coup de théâtre une tentative destinée à justifier une intervention militaire directe contre le gouvernement Assad. La Russie aussi a été montrée du doigt par l’Occident, manière de faire pression sur Poutine pour qu'il lâche son allié syrien. Interrogée par Sputnik, l'armée syrienne affirme n'utiliser aucune arme chimique contre Idlib car " il n'est pas du tout logique qu'une armée se batte contre les terroristes pour libérer une localité et qu'elle en tue les habitants ". " La seule partie qui dispose de ce genre d'armement est bien le Front al-Nosra et c'est d'ailleurs ce groupe terroriste qui en a usé par le passé contre les civils ", a-t-elle précisé.

La source militaire syrienne a ajouté: " N'oublions pas non plus des fuites qui mettaient il y a quelques temps en cause le rôle des services de renseignement occidentaux dans des attaques chimiques en Syrie, attaques qui ont déjà provoqué des dizaines de morts et de blessés par suffocation." " Depuis 2012 et la disparition des armes dans les arsenaux chimiques syriens et leur transfert dans des pays voisins et sponsors des terroristes, l'armée syrienne a renoncé à en avoir ", a-t-elle ajouté. Des enquêtes menées en 2013 avaient révélé le rôle trouble joué par le Qatar dans la planification de ces attaques qui ont essentiellement visé Homs, Alep et la banlieue de Damas. À l'époque, les États-Unis et leurs alliés qataris et turcs avaient l'intention de faire condamner le gouvernement syrien au Conseil de sécurité et de préparer le terrain à des frappes aériennes directes contre le siège du gouvernement et la capitale. Mais l'opposition chinoise et russe leur a barré la route. Attaque chimique en Syrie – Chercher le vrai coupable Les Observateurs. Ch, Article publié le 05.04.2017 Michel Garroté Politologue "Le régime syrien à nouveau accusé d’être responsable d’une attaque chimique", titre, avec objectivité, Les Observateurs, le mercredi 5 avril 2017, au matin ("à nouveau accusé d’être responsable" écrivent Les Observateurs, et non pas "sont à nouveau responsables"). - J'aimerais, quant moi, revenir sur cette affaire. Premièrement, il faut noter que cette attaque chimique a été commise alors que l’administration américaine a fait savoir qu’elle ne faisait plus du départ de Bachar al-Assad une condition pour obtenir un accord de paix en Syrie (ce que Les Observateurs ont pris la peine de signaler). - Deuxièmement, il faut également noter que l'opposition islamiste au régime syrien, tente visiblement de remporter une victoire médiatique, après avoir échoué à remporter une victoire sur le terrain (ce que Les Observateurs ont également pris la peine signaler). - De ces faits-là, il est hautement suspect, qu'une fois de plus, les médias occidentaux se soient - aussitôt - acharnés contre Bachar al- Assad et contre la Russie, avant même qu'une enquête ait été menée sur cette "attaque chimique" et sur ses éventuels commanditaires. - C'est d'autant plus suspect que dans ce conflit, les médias occidentaux se sont rangés - et se rangent encore - du côté des terroristes islamistes, et, s'opposent, farouchement, au régime laïc syrien (de ce fait on se demande d'ailleurs en quoi les médias russes seraient moins fiables que les médias occidentaux). - Du reste, la Russie pointe du doigt les récentes allégations, notamment celles de l’agence de presse britannique Reuters, sur l’attaque chimique perpétrée près de Khan Cheikhoun, dans la province syrienne d'Idlib. Selon le ministère russe de la Défense, Reuters déforme les premières informations propagées (par l'OSDH) après la frappe. - Le ministère russe de la Défense a communiqué, mardi 4 avril 2017, n'avoir porté aucune frappe aérienne dans la zone du village de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib, où une attaque chimique a été perpétrée, selon les islamistes du soi-disant "Observatoire" syrien des "droits de l'homme" (OSDH) : contrairement aux allégations de Reuters, "les avions russes n'ont mené aucune frappe dans la zone de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib", précise toutefois l'OSDH. - Dès lors, en annonçant l'implication des avions russes dans le bombardement de Khan Cheikhoun avec des armes chimiques, l'agence britannique Reuters a donc réussi à déformer les premières informations propagées par la source - en clair par l'Observatoire syrien des droits de l'homme - qui n'avait rien dit à ce sujet, comme l'a déclaré le ministère russe de la Défense, le mardi 4 avril 2017. - Auparavant, l'agence Reuters, citant l'Observatoire syrien des droits de l'homme, avait donc rapporté que « des avions appartenant au gouvernement russe ou syrien » ont attaqué avec des armes chimiques la ville de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib. Pourtant, comme signalé plus haut, dans son message d'origine, l'OSDH a seulement supposé l'existence des frappes aériennes sans indiquer leur appartenance. - Mardi 4 avril 2017 au matin, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a précisé qu'au moins 58 personnes, dont onze enfants, avaient été tuées dans la province d'Idlib, par les frappes aériennes. Le même jour, Damas a rejeté les accusations concernant l'attaque. - Selon une source au sein des forces armées syriennes, Damas ne détient plus d'armes chimiques [elles ont effectivement été livrées, il y a quelques années, aux occidentaux, aux termes d'un accord américano-russe], et les déclarations au sujet de l'attaque perpétrée dans la province d'Idlib pourraient faire partie d'une campagne de propagande contre l'armée syrienne. - 72

Rappelons que l'un des premiers cas d'utilisation d'armes chimiques par l'Etat Islamique (EI) en Syrie remonte au printemps 2013. Une attaque terroriste au sarin avait fait de nombreux morts en été 2013 dans la Ghouta orientale. - Plusieurs pays avaient alors essayé de rejeter la responsabilité (de l'attaque chimique de l'EI) sur le président syrien Bachar al-Assad. Les terroristes de l'EI ont également utilisé des obus chargés de gaz toxique, au cours d'une attaque contre une base aérienne de la province syrienne de Deir ez-Zor, en avril 2016. - Note de dernière minute (mercredi 5 avril 2017 à 14h00) : selon le ministère russe de la Défense, l’aviation syrienne est bien à l’origine de la frappe, mais Moscou dément la nature chimique de l’attaque qui visait un entrepôt terroriste islamique contenant des substances toxiques. Accusé à tort? Damas ne possède plus d’armes chimiques depuis 2014 Sputnik 05.04.2017 Accusant Damas d’avoir commis une attaque au gaz dans la province d’Idlib, qui a coûté la vie à des dizaines de civils, la Maison-Blanche oublie le fait que les armes chimiques possédées par la Syrie ont été détruites en 2014 par des professionnels civils et militaires sous contrôle des États-Unis eux-mêmes, rappellent des experts à Sputnik. L'administration Trump a accusé mardi le gouvernement de Bachar el-Assad d'avoir mené à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib, une attaque « chimique » qui a causé, selon différentes estimations, de 60 à 80 morts et des centaines de blessés. Portant, comme le rappelle Igor Nikouline, ancien membre de la Commission des Nations Unies pour le contrôle des armes biologiques et chimiques, dans une interview accordée à Sputnik, Damas ne détient plus d'armes chimiques depuis 2014, date à laquelle les armes chimiques syriennes ont été détruites en mer sous contrôle d'experts américains. « Dès que les affaires de l'opposition modérée vont mal, on commence à crier au crime de guerre. Dès qu'ils subissent une perte, un incident survient. Les armes chimiques de Bachar el-Assad ont été confisquées en 2014 », a déclaré Igor Nikouline. Et d'ajouter: « Le Président américain, Barack Obama à cette époque-là, a personnellement rendu compte à ce sujet et s'en est attribué toute la gloire. Et l'OIAC a même gagné le prix Nobel. Pardonnez-moi, mais il n'existe pas de récompense plus élevée dans le monde que le prix Nobel. Autrement dit, le fait que les armes chimiques aient été complètement retirées à Bachar el-Assad peut être considéré comme une preuve mathématique absolue ». Rappelons que les États-Unis se sont félicités 18 août 2014 de la destruction en Méditerranée des armes chimiques les plus mortelles possédées par Damas. Dans un communiqué, le président Barack Obama a lui-même assuré que les armes avaient été détruites par « des professionnels civils et militaires en utilisant un mécanisme américain unique en son genre. » Néanmoins, les armes n'ont pas été confisquées de l'opposition, précise l'expert. « Des laboratoires de production de gaz sarin ont été retrouvés à Alep. Je pense que des laboratoires similaires se trouvaient également à Hama. C'est probablement un laboratoire de ce type qui a été bombardé, ce qui explique un si grand nombre de victimes », conclut Igor Nikouline. Selon Oleg Glazounov, expert de l'Association des politologues militaires, Washington entreprend à nouveau de faire pression sur le dirigeant syrien. « Il n'y aura aucune enquête, ce n'est qu'une intox politique afin de taper sur les nerfs de Bachar el-Assad. Regardez les bulletins d'informations, on dit constamment que Bachar el-Assad a utilisé des armes chimiques », a déclaré Oleg Glazounov à Sputnik. L'expert militaire russe Vladimir Bogatyrev estime de son côté que « plus la situation en Syrie progresse vers la paix, plus de telles accusations seront fréquentes ». L'opposition syrienne a accusé mardi le gouvernement de Bachar el-Assad d'avoir mené à Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib, une attaque « chimique ». Donald Trump a aussi imputé l'attaque au gouvernement du président syrien Bachar el-Assad. Damas a pour sa part démenti toutes les accusations en raison de leur caractère infondé. « Il n'est pas exclu qu'ils aient eux-mêmes procédé à l'attaque, dans le but de lancer une campagne de propagande contre l'armée syrienne », a indiqué à Sputnik une source au sein des forces armées syriennes. Moscou a aussi déclaré ne pas être concerné par les accusations. Selon le ministère russe de la Défense, « aucune frappe aérienne n'a été menée par l'aviation russe dans les environs de Khan Cheikhoun, dans la province d'Idlib. » En outre, au lendemain de cette attaque chimique, le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov a annoncé que l'aviation syrienne avait porté des frappes près de la ville de Khan Cheikhoun contre un entrepôt de terroristes où étaient entreposées des armes chimiques, destinées à être livrées en Irak.

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Frappes américaines en Syrie : Vladimir Poutine condamne "une agression contre un Etat souverain" Atlantico Publié le 7 Avril 2017 Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a lui estimé que les frappes constituaient une forme de "condamnation" du "régime criminel" de Bachar al-Assad. Des réactions bien différentes. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les Etats-Unis ont tiré une soixantaine de missiles sur la base aérienne de Shayrat, près de Homs, en Syrie. Une frappe en réaction à l’attaque supposée chimique sur Khan Cheikhoun imputée au régime syrien. La majorité des chancelleries occidentales ont apporté leur soutien à cette initiative. Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a estimé que les frappes américaines constituaient une forme de "condamnation" du "régime criminel" de Bachar Al-Assad et qu’un signal avait été donné. "Les Russes et les Iraniens doivent comprendre que soutenir Assad n’a pas de sens, nous ne souhaitons aucune confrontation avec eux". Un porte-parole britannique a lui affirmé que Londres "soutient totalement l’action américaine". Même son de cloche en Israël ou en Arabie Saoudite. Mais les Russes et les Iraniens ont des avis bien différents. Par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Téhéran a évoqué "une violation des lois internationales." Et à Moscou, on évoque un "préjudice considérable" dans la relation entre la Russie et les Etats-Unis. "Le président Poutine considère les frappes américaines contre la Syrie comme une agression contre un Etat souverain en violation des normes du droit international, [se fondant] sur des prétextes inventés" a estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Poutine dénonce une "agression contre un État souverain" en Syrie Le Huffington Post, 07/04/2017 Donald Trump a déclenché des frappes militaires sur la base aérienne de Shayrat dans la nuit. INTERNATIONAL - Vladimir Poutine considère les frappes américaines contre la Syrie comme une "agression contre un Etat souverain", a déclaré ce vendredi 7 avril le Kremlin, cité par les agences de presse russes. "Le président Poutine considère l'attaque américaine contre la Syrie comme une agression contre un Etat souverain en violation des normes du droit international, (se fondant) sur des prétextes inventés", a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Cette action de Washington cause un préjudice considérable aux relations russo-américaines, qui sont déjà dans un état lamentable", a-t-il ajouté. "Mais surtout, comme l'estime Poutine, cette action ne nous rapproche pas de l'objectif final de la lutte contre le terrorisme international mais dresse au contraire de sérieux obstacles pour la constitution d'une coalition internationale pour la lutte contre (le terrorisme)", a-t-il déclaré. "L'armée syrienne ne dispose pas de réserves d'armes chimiques", a affirmé le porte-parole, estimant que "la destruction de toutes les réserves d'armes chimiques" par Damas avait déjà été constatée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Réaction du régime de Bachar al-Assad L'armée syrienne a indiqué que "les Etats-Unis ont mené une agression flagrante contre l'une de nos bases aériennes dans le centre, avec des missiles, faisant six morts, des blessés et d'importants dégâts matériels". Un communiqué qui a été lu à l'a télévision d'Etat. Réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU? Ces frappes américaines risquent d'affaiblir les efforts pour combattre le terrorisme, a déclaré de son côté le législateur russe Viktor Ozerov, cité par l'agence RIA. La Russie va demander la tenue d'une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, a ajouté le chef de la commission de défense de la Chambre haute du Parlement russe. La télévision d'Etat syrienne a elle aussi qualifié d'"agression" l'attaque américaine contre la base aérienne du régime située à Shayrat. "Cette agression américaine intervient après la campagne médiatique de dénigrement menée par des pays (...) après ce qui s'est passé à Khan Cheikhoun", a indiqué pour sa part l'agence officielle Sana. L'attaque chimique présumée, qui a fait au moins 86 morts dans cette ville du nord-ouest syrien selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, a été imputée au régime de Bachar al-Assad, notamment par Washington, Paris et Londres. Syrie : prudence sur « l’attaque chimique » de Khan Cheikhoun Contre-info.com 6 avril 2017 par Pierrot A l’heure ou Trump envisage sérieusement une intervention militaire en Syrie, il convient de revenir sur le déroulé des évènements afin de se forger une opinion avec prudence et réalisme. 74

Les faits : le mardi 4 avril, l’aviation syrienne bombarde Khan Cheikhoun, une ville d’environ 50 000 habitants dans la province d’Idleb. Cette zone est tenue par différents groupes salafistes (Ahrar al-Cham) et jihadistes (Hayat Tahrir al-Cham ex Front al-Nosra). Suite à cette attaque, des émanations de gaz ont tué près d’une centaine de personnes et blessé près de 200 autres (dont femmes et enfants). Des images très dures, avec des cadavres d’enfants mis en scènes, alignés les uns à côté des autres, circulent sur les réseaux sociaux. Sans attendre les conclusions d’une enquête et sans même attendre la version syrienne, les grandes chancelleries occidentales, l’ONU, Israël et la Turquie accusent Bachar d’avoir volontairement gazé des civils. La Russie, alliée de la Syrie dans le conflit, délivre une autre version (très peu diffusée dans les médias français) : « Selon les données objectives du contrôle russe de l’espace aérien, l’aviation syrienne a frappé près de Khan Cheikhoun un grand entrepôt terroriste », a déclaré dans un communiqué le ministère russe de la Défense affirmant que cet entrepôt contenait des « substances toxiques ». Il abritait « un atelier de fabrication de bombes, avec des substances toxiques ». Attaque chimique ou manipulation ? C’est le Moyen Orient, c’est un conflit presque mondial et depuis 2011, les mensonges et la propagande sont la règle des deux côtés. Il faut rester prudent. Il ne s’agit pas de nier que l’armée syrienne et ses milices supplétives fassent parfois preuve d’une grande brutalité vis à vis des populations civiles (sunnites essentiellement). Mais Damas n’avait aucune raison valable de lancer une attaque chimique sur un objectif militaire ou sur la population civile. L’armée arabe syrienne et ses alliés avancent sur presque tous les fronts, et Damas ne joue plus sa survie depuis l’intervention militaire russe. Bachar el-Assad savait qu’en cas d’attaque de ce type, il se mettrait à dos les Américains. La diplomatie US venaient pourtant tout juste de se raviser et de ne plus réclamer le départ du président syrien. Dans une série de tweet, Wassim Nasr, explique que les attaques chimiques en Syrie serviraient un objectif stratégique, la reconquête totale du territoire : « Il y a une logique ds les attaques chimiques, vis à vis d occidentaux: se poser en interlocuteur obligatoire sinon ça continue. » « vis à vis des #Syrie-ns, démontrer l’incapacité des occidentaux à intervenir, donc le retour ds le giron de Damas devient une option. » « les récalcitrants & « radicalisés » iront chez les jihadistes, donc leur sang devient « licite » comme c le cas en #Irak par ex vis à vis d pouvoirs ds la région, la #Russie a la posture de l’allié inconditionnel donc marquera d points, donc non ce n’est pas fou… » « Assad n’est pas fou, il fait monter les enchères et le prix à payer pr chaque jr qui passe sans sa réhabilitation totale par les occid. » « Assad n’est pas à la recherche d’un compromis, mais d’une victoire totale. Pas place pr les perdants ds cette région du monde. » Cette théorie est très probablement fausse. Car dans l’immédiat, la Syrie a beaucoup plus à gagner en faisant profil bas tout en continuant la reconquête de la « Syrie utile ». La Russie, qui est un allié fort et incontournable de Damas, ne semble pas disposer à aider Bachar dans une guerre toujours plus intense et coûteuse. Les éléments troublants Le docteur Shajul Islam, est un médecin islamiste de la province d’Idleb. C’est lui qui s’est empressé d’annoncer l’attaque chimique au monde, par le biais de son compte Twitter. Ce terroriste serait impliqué dans l’enlèvement de journalistes dans l’ouest de la Syrie en 2012 (Dont John Cantlie toujours aux mains de l’EI). On peut raisonnablement remettre en doute l’impartialité du personnage. De même, il n’est plus besoin de discuter de la fiabilité de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), coqueluche des médias, dont l’engagement militant et les mensonges à répétition, l’ont décrédibilisé auprès même des adversaires (objectifs) de Bachar el-Assad. Le contexte prête aussi à réfléchir. « L’année dernière, avant une grande conférence à Londres, où l’opposition syrienne rencontrait ses donateurs, tels que le Royaume-Uni, la France et d’autres, des allégations d’attaques chimiques avaient eu lieu. Aujourd’hui, il y a ce grand incident présumé, et une fois de plus – ce n’est probablement pas une coïncidence – demain commence une conférence très importante à Bruxelles entre l’ONU et l’UE. » De plus d’un point de vue géopolitique, cette attaque divise encore un peu plus les Occidentaux des Russes. Malgré ces considérations, on ne peut pas exclure l’hypothèse d’un bombardement chimique de l’armée arabe syrienne. Les dirigeants du Moyen-Orient ont parfois une logique très différente de celle des Occidentaux. De plus, historiquement, la Syrie n’est pas en reste dans l’utilisation d’une diplomatie « violente » (contre la France notamment). Ça pourrait être un moyen pour Damas de pousser les Russes à s’engager à leur côté afin d’écraser totalement la rébellion en Syrie. On ne peut pas exclure non plus, que ce soit l’initiative personnelle d’un gradé ou d’un groupe de militaires syriens. L’avenir nous dira probablement ce qu’il s’est réellement passé à Khan Cheikhoun.

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Ex-ambassadeur UK en Syrie : Assad n'est pas l'auteur des attaques chimiques Médiapart 7 avr. 2017 Par Le Cri des Peuples Interview de Peter Ford par Sky News le 5 avril 2017 Peter Ford : Il faut se demander à qui profite (le crime). Clairement, ce n'est pas le régime syrien ou les Russes qui en bénéficient, et je considère comme hautement improbable l'hypothèse que l'un ou l'autre soient derrière tout ça. Il y a plusieurs possibilités. La première, c'est que tout ça soit des fake news, les images, les vidéos, les informations viennent toutes de sources de l'opposition, et non de journalistes indépendants crédibles. Il est également possible que les images montrent les suites d'un bombardement qui aurait frappé un dépôt djihadiste de munitions chimiques. Nous savons de source sûre que les djihadistes stockaient des armes chimiques dans des écoles à Alep-Est car elles ont été vues ensuite par des journalistes occidentaux. C'est une autre possibilité. Journaliste : Quoi qu'il en soit, ceux qui prennent ces informations pour argent comptant soulèvent la question d'une intervention contre le régime d'Assad. Peter Ford : En réalité, nous n'apprenons jamais. Les (prétendues) armes chimiques de l'Irak, vous vous en souvenez ? On en a été matraqués (pour nous forcer à intervenir). A Alep, on nous a dit qu'un holocauste était en train de se produire, des massacres... Mais rien de tel ne s'est produit. Des reporters indépendants y sont allés après et n'ont trouvé aucune preuve de massacre. Ce que nous avons vu, ce sont des combattants se faire évacuer en bus calmement. Et nous avons découvert par la suite que beaucoup d'images étaient fausses. Journaliste : Il y a aussi ce qui ont dit « Ok, on en est là maintenant, mais une intervention en 2013 aurait pu changer les choses. » Peter Ford : Il n'est pas constructif de débattre de ce qui aurait pu se passer si ou si... Personnellement, je pense qu'en 2013, il était judicieux de ne pas intervenir aux côtés des djihadistes. Peut-être que je me trompe, mais je pense que la plupart des gens, lorsqu'ils y ont réfléchi une seconde, se sont demandés ce qui allait remplacer Assad et le régime séculier qui protège les minorités, les chrétiens, les droits des femmes... Je ne pense pas que les islamistes auraient constitué un meilleur pari, et c'est encore plus le cas aujourd'hui. Ayez bien à l'esprit le fait qu'Idlib, où cela s'est produit, est un nid de vipères des djihadistes les plus extrémistes. (Les interventionnistes) sont (comme) des chiens qui reviennent à leur propre vomi. Ils ont commis toutes ces erreurs - l'Irak, la Libye -, ils n'apprennent jamais, ils veulent reproduire le même scénario en Syrie. Heureusement, l'administration Trump a finalement évolué la semaine dernière, et cela peut être significatif, elle a finalement évolué la semaine dernière pour désavouer la politique d'Obama consistant à essayer de renverser le régime syrien, l'entourage de Trump a dit qu'ils sont plus intéressés par l'éradication de Daech, que telle est leur priorité. Et il est significatif que cette attaque se produise à peine quelques jours après. Si les djihadistes voulaient compliquer la tâche de Trump visant à rationaliser la politique américaine, ils auraient justement, sans aucun doute, essayer de monter des fausses informations comme cela. Armes chimiques en Syrie : Gérard Bapt n’exclut pas une manipulation Publié par midi-pyrenees-politiques-france3 le 06/04/2017 Président du groupe d’amitié France-Syrie, Gérard Bapt réagit au bombardement du village de Kahn Cheikhoun. Le député de la Haute-Garonne évoque une possible manipulation et demande la création d’une commission d’enquête pour vérifier si le régime syrien a utilisé (comme le prétendent Paris, Londres et Washington) des armes chimiques. 72 morts dont 20 enfants. Le bombardement d’un village syrien par le régime de Bachar Al-Assad suscite un tollé international. François Hollande parle d’un « crime de guerre ». L’usage d’armes chimiques est dénoncé par Paris, Londres et Washington. Un projet de résolution de l’ONU est lancé. Moscou, fidèle allié de Damas, défend la thèse d’une frappe accidentelle d’un site industriel. Le président du groupe parlementaire France-Syrie, Gérard Bapt, député PS de la Haute-Garonne, n’est pas sur la ligne de la Russie. Mais le député prend ses distances avec la diplomatie française. Le député de la Haute-Garonne demande des preuves d’une utilisation d’armes chimiques par le régime syrien : Je suis très, très troublé par ces images (ndlr des victimes du bombardement). De deux choses l’une. Soit ce que dit la Russie est vrai et un hangar contenant des produits chimiques a été touché. Soit c’est une attaque du régime syrien. J’avoue qu’il y a déjà eu d’énormes mensonges sur l’utilisation d’armes de destruction massive, notamment en Irak, pour déclencher des réactions. Il faut une enquête avec des inspecteurs indépendants pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’une provocation. Gérard Bapt a effectué plusieurs voyages en Syrie. Le député se défend de toute proximité avec le régime de Bachar Al-Assad et met en avant des raisons humanitaires. Gérard Bapt insiste : « je n’ai jamais rencontré des représentants de l’appareil militaro- sécuritaire du régime syrien« . En février 2015, une délégation de parlementaires français, emmenée par Gérard Bapt, a rencontré Bachar Al-Assad et deux autres hauts dirigeants du régime syrien. 76

Damas dément l'utilisation d'arme chimique La Voix d’Amérique, 06 avril 2017 L'armée syrienne "n'a pas utilisé et n'utilisera jamais" des armes chimiques contre son propre peuple, "pas même" contre les rebelles et les jihadistes, a affirmé jeudi le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem. "Je peux vous assurer une nouvelle fois que l'armée arabe syrienne n'a pas utilisé et n'utilisera jamais ce genre d'armes contre notre propre peuple, contre nos enfants, pas même contre les terroristes qui ont tué notre peuple", a affirmé M. Mouallem lors d'une conférence de presse à Damas. M. Mouallem réagissait aux accusations de plusieurs capitales occidentales mettant en cause le régime syrien après une attaque chimique présumée ayant fait au moins 86 morts dont 30 enfants dans la ville syrienne de Khan Cheikhoun (nord-ouest) aux mains des rebelles et des jihadistes. "La première frappe menée par l'armée de l'air syrienne a eu lieu à 11H30 (08H30 GMT) sur un entrepôt de munitions appartenant au Front Al-Nosra (ex-branche d'Al-Qaïda) et contenant des susbtances chimiques", a avancé le ministre. Cette explication concorde avec la version de la Russie, allié du régime de Damas. L'armée russe a en partie disculpé le régime en affirmant en matinée que l'aviation syrienne avait frappé un "entrepôt" des rebelles contenant des "substances toxiques". Interrogé sur les déclarations musclées de l'administration américaine de Donald Trump, qui a brandi la menace d'une action unilatérale, le ministre syrien a affirmé que "les membres permanents du Conseil de sécurité ont la responsabilitéde préserver la paix et la sécurité dans le monde, selon la charte" de l'ONU. "De ce fait, ils ne peuvent pas agir de manière unilatérale", a-t-il souligné. Concernant l'éventuelle mise en place d'une commission d'enquête sur l'attaque, M. Mouallem a soutenu qu'elle devait "impartiale et non politisée et largement représentative". "Elle doit être lancée de Damas et pas de la Turquie", qui soutient la rébellion, a-t-il ajouté. Interrogé par l'AFP pour savoir si le régime allait présenter des preuves sur la non-implication du régime dans l'attaque, il a répondu: "comment puis-je aller à Khan Cheikhoun qui est sous le contrôle d'Al-Nosra?" "Nous fournissons à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) des informations de nos services de renseignements concernant le transport de matériel de l'Irak vers la Syrie, et de la Turquie vers la Syrie", a-t-il ajouté. La mort de dizaines de personnes dont beaucoup d'enfants dans l'attaque a provoqué un tollé international. Les pays occidentaux multiplient les efforts pour faire voter jeudi une résolution à l'ONU condamnant cette "attaque chimique", la deuxième la plus meurtrière du conflit syrien. Des médecins présents sur les lieux ainsi que des ONG internationales comme Médecins sans frontières (MSF) ont évoqué l'utilisation d'"agents neurotoxiques" Syrie: comment expliquer le revirement de Trump après l'attaque chimique L’Express, Par Catherine Gouëset, publié le 06/04/2017 Le président américain a menacé de passer à l'action en Syrie après l'attaque chimique imputée au régime de Damas. Quelles sont les raisons et les implications du changement de ton de Donald Trump? "Il est très, très possible, et je dois dire que c'est déjà le cas, que mon attitude face à la Syrie et Assad change." Après l'attaque chimique qui a coûté la vie à au moins 86 personnes dont 30 enfants, le président américain a effectué un revirement sur ce dossier. Le ton adopté, par lui comme par son entourage constitue une rupture vis-à-vis de ses prises de positions antérieures: Donald Trump a maintes fois plaidé pour un rapprochement avec son homologue russe Vladimir Poutine, principal soutien du régime en place à Damas. Il y a seulement une semaine, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson et l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley affirmaient que le sort de Bachar el-Assad devait être "décidé par le peuple syrien", reprenant les termes en vigueur au Kremlin. Les adversaires du président font d'ailleurs le lien entre cette "carte blanche" délivrée par l'administration Trump et le sentiment d'impunité du président syrien. Mais mercredi, Tillerson -qui est attendu les 11 et 12 avril à Moscou- a prévenu qu'il était "temps que les Russes réfléchissent vraiment bien à la poursuite de leur soutien au régime Assad". De son côté, Nikki Haley a menacé de mesures unilatérales des Etats- Unis, en cas d'échec d'une action "collective" des Nations unies. Une réaction impulsive "Le revirement du président américain tient sans doute beaucoup à son impulsivité, explique le politologue Karim Émile Bitar (IRIS). Une pulsion émotionnelle peut-être sincère, d'ailleurs. Le président n'a qu'une connaissance superficielle de la région. Il n'a pas vraiment de doctrine." Depuis son élection, "Trump a souvent semblé partager l'opinion de la dernière personne qu'il vient de rencontrer", souligne le spécialiste Andrew Exum interrogé par la radio PBS. Une impulsivité qui laisse douter de l'issue de cette crise: "La principale question est combien de temps le sentiment d'indignation va durer et s'il aboutira à une action concrète", s'interroge le Washington Post.

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La réaction de Trump s'inscrit peut-être aussi dans son rapport avec le Kremlin. "Le nouveau président a horreur qu'on donne l'impression qu'il n'est pas maître de ses décisions", observe Karim-Emile Bitar. Les références constantes à son alignement sur Moscou ont pu l'agacer et le conduire à en prendre le contre-pied. Un lien avec les changements dans l'entourage de Trump? Les observateurs s'interrogent aussi sur le rapport de cause à effet entre la réaction -tardive, il s'était, dans un premier temps, contenté d'accuser Obama d'être responsable de cette tragédie- de Trump et les luttes de pouvoir à la Maison Blanche. Après le renvoi du pro- russe Michael Flynn, en février, la mise à l'écart du puissant conseiller Steve Bannon du Conseil de sécurité nationale (NSC) est-elle liée au revirement de Trump vis-à-vis de Damas? En porte-à-faux avec son slogan "L'Amérique d'abord" Une action militaire serait en tous cas contradictoire avec l'un des principaux leitmotivs de campagne Donald Trump, "America first". En effet, l'attaque contre des civils syriens ne constitue pas une menace directe pour les Etats-Unis et ne les oblige donc à agir pour défendre leur intérêt. Une réaction militaire à l'attaque chimique serait aussi en contradiction avec la position de Trump en 2013, après l'attaque chimique qui avait fait plus 1400 morts. Donald Trump estimait alors que Barack Obama ne devait pas réagir: "La seule raison pour laquelle Obama veut attaquer la Syrie est pour sauver la face de sa stupide LIGNE ROUGE. N'ATTAQUEZ PAS la Syrie. Occupez-vous de réparer les Etats-Unis", tweetait-il. L'approche de l'équipe Trump concernant la Syrie n'est pas foncièrement différente de celle de son prédécesseur qui, après avoir tracé cette "ligne rouge" sur l'usage d'armes chimiques, avait renoncé à agir. Rétif à la perspective d'une nouvelle intervention extérieure, et à une confrontation avec la Russie, il avait fait porter la responsabilité de sa reculade au Congrès. Aujourd'hui, l'administration Trump a clairement signifié, à l'instar de l'administration Obama, que sa priorité en Syrie était la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Cependant, observe Maud Quessard, chercheure à l'Université de Poitiers, "une bonne partie des républicains modérés est convaincue qu'il est impossible d'en finir avec l'attrait de l'EI auprès des sunnites martyrisés par le régime de Bachar el-Assad sans se débarrasser de ce dernier". Ces menaces vont-elles se concrétiser? A ce stade, l'administration Trump n'a pas donné de détail sur ses intentions. "Je n'aime pas dire où je vais et ce que je vais faire", a répondu le président. Mais il pourrait bien être poussé à aller au-delà de ses intentions. "A force de reprocher sa passivité à Obama, Trump s'est mis dans l'obligation de manifester sa détermination", commente Maud Quessard. Ses options sont limitées: il pourrait décider d'une ou de quelques frappes chirurgicales contre des installations syriennes, croit savoir Kori Schake, ancienne conseillère de George Bush, sollicitée par PBS. Un geste avant tout symbolique, peu susceptible de changer la donne sur le terrain. "L'administration Trump pourrait-elle faire le choix de manoeuvres secrètes pour déstabiliser le dirigeant syrien, dans la tradition américaine de la seconde moitié du XXe siècle" (Iran et Chili), s'interroge Maud Quessard? "L'idée que Trump n'est pas un interventionniste est en tout cas un malentendu, fait valoir Karim-Emile Bitar. Se revendiquant du président Andrew Jackson (1929-1837), il n'est pas néo-conservateur, pas partisan du 'regime change'. Mais il n'est pas contre une intervention musclée destinée à montrer sa force." Décider d'une réaction militaire contre la Syrie serait toutefois encore plus compliqué qu'en 2013, où la Russie n'était pas aussi impliquée sur le champ de bataille. "Trump doit se demander si nous sommes prêts à tuer un Russe", affirme de son côté Andrew Exum. Une fois de plus, Trump va devoir admettre qu'il est plus difficile de gouverner que de tweeter. Syrie : pourquoi Bachar Al-Assad n'a pas à s'inquiéter (pour l'instant) Louis San, France Télévisions publié le 08/04/2017 Franceinfo tente de comprendre ce que la frappe américaine, qui a visé des installations militaires syriennes, va changer pour le président syrien. L'avenir de Bachar Al-Assad est-il menacé après la frappe américaine contre des infrastructures militaires syriennes ? Donald Trump a lancé cette attaque, dans la nuit du jeudi 6 au vendredi 7avril, alors que la Maison Blanche avait indiqué, une semaine auparavant, que le départ du président syrien n'était pas une priorité. Elle précisait se concentrer, en Irak et en Syrie, sur la lutte contre le terrorisme et contre l'organisation Etat islamique, rapportait le New York Times (en anglais). "Enfin, l'impunité de Bachar Al-Assad est finie (...) Il ne peut pas continuer à utiliser des armes chimiques sans conséquences", s'est félicité Assaad Al-Achi, directeur de l'ONG Baytna Syria basée en Turquie. Un avis partagé par nombre d'opposants. Pour Mohammad Allouche, membre du Haut comité des négociations, il faut faire davantage : "Frapper un seul aéroport n'est pas suffisant (...). Le monde entier doit aider à sauver le peuple syrien des griffes de l'assassin Bachar [Al-Assad] et de ses acolytes." Mais le régime de Damas a communiqué en campant sur ses positions. Il a condamné des frappes "idiotes" et "irresponsables". Il a ajouté qu'elles étaient fondées sur des informations erronées, restant sur sa ligne de défense : nier toute responsabilité dans l'attaque chimique menée contre la ville de Khan Cheikhoun. Franceinfo explique pourquoi l'initiative américaine ne risque pas, pour l'instant, de déstabiliser le président syrien. Parce que Donald Trump a d'abord ordonné ces frappes pour lui 78

"Avec ces frappes, on est dans le cosmétique", tranche auprès de franceinfo Frédéric Pichon, spécialiste de la Syrie et chercheur à l'université de Tours, faisant valoir que les Russes étaient informés de l'offensive et que le Kremlin a laissé faire. "Je ne crois pas qu'on puisse parler de tournant puisque, militairement, cela reste un événement mineur", a commenté sur franceinfo Michel Goya, ancien militaire et spécialiste des questions de défense. "C'est peut-être une manière d'adresser un message aux Russes pour leur dire de mieux tenir leur allié syrien, de mieux le contrôler", avance Frédéric Pichon, sans trop y croire. Le chercheur pense plutôt qu'avec ces frappes, Donald Trump a davantage voulu envoyer un message aux Américains qu'à Bachar Al- Assad. "Il y a beaucoup de politique intérieure là-dedans. Il était en difficulté depuis son arrivée au pouvoir, il était accusé de collusion avec la Russie. Il ne faut pas non plus oublier qu'il a ordonné ces frappes alors même qu'il était en rendez-vous avec le président chinois". "Donald Trump a voulu montrer les muscles", résume-t-il. Parce qu'il est conforté par le précédent de 2013 En clair, Bachar Al-Assad n'a pas à s'inquiéter dans l'immédiat. "Il n'est pas mis en difficulté tant qu'on en reste à cette unique frappe", selon Frédéric Pichon. En revanche, si l'offensive contre des installations syriennes se poursuivait, le numéro un syrien pourrait commencer à se faire du souci. "Avec des accents bushiens, Donald Trump a lancé un appel aux 'Nations civilisées' pour sortir Al-Assad", souligne l'universitaire. Des mots qu'il prend avec précaution, rappelant les menaces proférées en 2013 par la communauté internationale, et qui ont été abandonnées. Le 21 août de cette année, quelque 1 400 personnes sont mortes dans une banlieue de Damas tenue par la rébellion. Immédiatement, le régime syrien est pointé du doigt. "Nous étudions la possibilité d'une action limitée, ciblée", avait annoncé Barack Obama. De son côté, la France se montrait détermineé à mener une action militaire contre le régime syrien. "Il y a un massacre chimique qui est établi. Il y a la responsabilité de Bachar Al-Assad, il faut une réaction", avait déclaré Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères de 2012 et 2016. Mais, finalement, la communauté internationale a fait marche arrière. Bachar Al-Assad s'était ensuite rapidement engagé à démanteler l'ensemble des armes chimiques syriennes. Avec dix-huit mois de retard, en janvier 2016, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques annonçait que l'arsenal avait été "détruit à 100%". Parce que l'étape d'après est loin d'être fixée Le dirigeant syrien n'a pas à s'alarmer, car la communauté internationale manque cruellement de solutions. "Le problème reste toujours le même. Comment faire partir Bachar Al-Assad sans envoyer des troupes au sol ? Les bombardements ne suffisent pas. On pourrait imaginer que des rebelles au sol pourraient prendre le relais mais la plupart de ces rebelles et les plus puissants, ce sont l'Etat islamique ou Al-Qaïda. Donc on voit mal une coordination avec eux", synthétise Frédéric Pichon. Autre problème majeur, le remplaçant (ou la remplaçante) du numéro un syrien n'a pas encore été trouvé, insiste le chercheur : "On ne sait toujours pas qui mettre à la place de Bachar Al-Assad. Certes, cela peut arriver mais il faudrait des défections importantes au sein du régime, qui arriveraient après un signal fort en leur disant 'maintenant vous vous débarrassez d'Assad et on vous confie les rênes.'" En janvier, Bachar Al-Assad a qualifié l'élection de Donald Trump de "positive", jugeant le programme du milliardaire "très prometteur". S'il n'a pas encore à s'affoler, peut-être que le président syrien a changé d'avis depuis. Frappes américaines en Syrie : "C'est le retour à la politique de 'gendarme du monde'" Kocila Makdeche, France Télévisions publié le 08/04/2017 Donald Trump souhaite-t-il redistribuer les cartes au Proche-Orient ? Doit-on craindre un embrasement ? Franceinfo a interrogé Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l'Institut des relations internationales et stratégiques. Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, les Etats-Unis ont directement frappé une position tenue par les troupes de Bachar Al-Assad. La frappe américaine, lancée sans l'accord de l'ONU, a provoqué les réactions de très nombreux pays. Si la France ou l'Allemagne ont soutenu ce bombardement décidé unilatéralement par les Etats-Unis, d'autres puissances comme la Russie ou l'Iran, deux fidèles alliés de Damas, l'ont fermement condamné. Donald Trump souhaite-t-il redistribuer les cartes dans la région ? Doit-on craindre un embrasement ? Franceinfo a interrogé Jean-Pierre Maulny, spécialiste des questions de défense et directeur adjoint de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). franceinfo : C'est la première fois que les Etats-Unis frappent directement le régime de Bachar Al-Assad. Y a-t-il un risque de guerre ouverte entre Washington et Damas ? Jean-Pierre Maulny : Je ne pense pas. Depuis quelques jours, Donald Trump avait promis une réponse après le bombardement à l'arme chimique de Khan Cheikhoun, attribué au régime. Contrairement à Barack Obama en 2013, il a mis à exécution cette menace. Mais on est dans une riposte limitée sur ue cible militaire, qui a comme objectif de dire à Bachar Al-Assad : "Ne faites plus jamais ça." Cela ne représente guère plus qu'une action dissuasive, selon moi. Je ne pense même pas que cela change véritablement quelque chose à la politique menée par Donald Trump dans la région.

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Pourquoi avoir agi de façon unilatérale, alors que des négociations étaient en cours à l'ONU ? C'est évidemment un signal destiné à la Russie, qui s'oppose systématiquement à toutes les résolutions concernant son allié syrien depuis le début du conflit dans le pays. Avec cette frappe, Trump s'adresse directement au Kremlin. Il leur signale qu'il prend les devants et qu'il n'est pas prisonnier de leur blocage. Nous sommes désormais dans une situation internationale à peu près équivalente à celle que nous avons connue pendant la Guerre froide. Il n'y a plus d'accords du Conseil de sécurité des Nations unies sur les conflits majeurs, car la Russie ou la Chine mettent systématiquement leurs veto. Considérant ce fait, les risques d’actions unilatérales sans résolution de l'ONU se multiplient. Ce n’est pas une surprise en tant que telle. Cela rappelle les interventions militaires de l'ère Georges W. Bush... Précisément. En attaquant seul, les Etats-Unis montrent qu'ils n'ont pas besoin de leurs alliés pour intervenir et qu'ils ont les moyens d'agir seuls. Tel est le message, comme ce fut le cas sous la présidence de George W. Bush. Lors de la guerre en Afghanistan, après le 11-Septembre, Washington n'est pas passé par l'Otan pour envahir le pays. Le Royaume- Uni et la France n'ont été que des soutiens de second plan, à une opération purement américaine. La coalition internationale, créée sous mandat de l'ONU, n'est venue qu'ensuite. C'est un peu l'idée, lorsque Donald Trump appelle les "nations civilisées" à le rejoindre. C'est le retour à la politique de "gendarme du monde". La Russie a tout de suite réagi en dénonçant "une agression" contre "un pays souverain" et a annoncé la suspension de l'accord avec Washington sur la prévention des incidents aériens en Syrie. Que cela veut-il dire ?

Comme chacun bombardait un peu de son côté dans la région, Moscou et Washington avaient passé un accord pour éviter de se taper dessus par erreur. Le Kremlin revient sur cet accord. Ce qui veut dire, qu'éventuellement, si un avion américain est en vol au-dessus de la Syrie, il pourra être accroché par un radar de poursuite de tir de façon non volontaire. On peut évidemment l'interpréter comme une menace voilée, même si nous restons dans le cadre d'un bras de fer diplomatique. Le dossier syrien est éminemment politique. Le langage est très démonstratif, mais la réalité est heureusement beaucoup plus mesurée. Il ne faut donc pas craindre une escalade de la violence entre la Russie et les Etats-Unis ? Le risque est très limité. Il n’y a aucune volonté d’affrontement direct entre ces deux puissances, surtout sur un conflit qui reste, somme toute, périphérique. Frappe américaine en Syrie : pourquoi Donald Trump a décidé d'intervenir militairement Kocila MakdecheFrance Télévisions publié le 07/04/2017 L'opération militaire américaine, déclenchée vendredi matin, marque un changement de position radical de l'administration Trump dans le dossier syrien. Explications. Donald Trump a mis sa menace à exécution. Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, les forces américaines ont frappé, vendredi 7 avril, la base militaire de Shayrat, au sud de Homs. Un bombardement en représailles à l’attaque à l’arme chimique, mardi, attribuée au régime de Bachar Al-Assad, du village de Khan Cheikhoun. Six soldats syriens sont morts dans cette frappe américaine, provoquant immédiatement la réaction de Damas, Moscou et Téhéran, qui ont condamné cette opération. Depuis deux jours, Donald Trump et son administration avaient déjà considérablement haussé le ton face à Damas. Lors d’une conférence de presse, le président américain avait dénoncé, mercredi, une attaque "horrible contre des innocents, y compris des femmes, des petits enfants, et même de beaux petits bébés". Avant de prévenir : "Ces actes odieux du régime d’Assad ne peuvent être tolérés." Parce que "Trump est quelqu'un d'imprévisible" Si Washington a prévenu ses alliés de la coalition, dont Paris, avant de procéder à ce bombardement, rares sont les observateurs qui ont anticipé une intervention si soudaine. Jusque-là, les prises de paroles de Donald Trump et de son administration allaient précisément dans le sens inverse, note le Time (en anglais). En juillet, alors qu'il n'est que candidat, il explique au New York Times (en anglais) que si Bachar Al-Assad est "un sale type", il est préférable de faire front commun pour combattre les jihadistes. Le 30 mars, Nikki Haley, l'ambassadrice américaine aux Nations unies, va même jusqu'à dire que le départ du dictateur syrien n'est pas une priorité pour Washington, rompant définitivement avec la ligne de Barack Obama sur le dossier. Cinq jours plus tard, la même Nikki Haley dénonce, cette fois, un "crime de guerre" du régime syrien, en montrant aux caméras du monde entier une photo d'un enfant mort à Khan Cheikhoun. Interrogé le même jour sur ce changement radical, Donald Trump concède que son "attitude envers la Syrie et Assad a beaucoup changé". Avant d'ajouter : "L’attaque contre les enfants a eu un grand impact sur moi, un grand impact." "C'est un fait, Donald Trump est quelqu'un d'imprévisible, note auprès de franceinfo Marie-Cécile Naves, chercheuse associée à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et auteure de Trump, l'onde de choc populiste (FYP éditions, 2016). C'est loin d'être la première fois que Bachar Al-Assad assassine son peuple. Seulement, cette fois, il y a eu des images d'enfants gazés qui

80 ont beaucoup choqué l'opinion américaine. Après les signaux plutôt positifs que son administration avait envoyés à Bachar Al-Assad, Trump se devait de réagir." Parce qu'il cherche à se donner une stature internationale Les spécialistes interrogés par franceinfo ont du mal à croire que les frappes américaines ont été menées sous le coup de l'émotion. Ils y voient plutôt une marque de "realpolitik". "En frappant de manière unilatérale, Donald Trump a voulu montrer au monde qu'il n'avait pas besoin de ses alliés et qu'il pouvait agir seul, sans résolution des Nations unies", décrypte Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l'Iris. Depuis le début du conflit syrien, la Russie bloque presque systématiquement toutes les résolutions visant son allié syrien. Ce fut encore le cas après l'attaque chimique de Khan Cheikhoun : Moscou a qualifié d'"inacceptable" le projet de résolution condamnant l'attaque présenté par Washington, Paris et Londres. Une façon aussi de montrer ses muscles sur la scène internationale sans pour autant craindre une escalade de violences avec la Russie, estime Jean-Pierre Maulny. "On est dans une riposte limitée sur une cible militaire, qui a comme objectif de dire à Bachar Al-Assad : 'Ne faites plus jamais ça.' Ce n'est pas une frappe majeure pour autant. Au contraire." Lors de ce bombardement, Washington a envoyé 59 missiles Tomahawk sur la seule base syrienne de Shayrat. En 2011, les forces américaines, appuyées par les Britanniques, avaient lancé une première vague d'environ 110 missiles sur la Libye sur plus de 20 objectifs différents, signe d'une opération d'une plus grande envergure. Parce que ça lui permet de marquer ses différences avec la Russie En s'opposant à Moscou sur le théâtre syrien, Donald Trump en profite aussi pour répondre à ceux qui lui reprochent d'être trop proche de Vladimir Poutine. Ces derniers mois, "il a été mis en grande difficulté par les accusations d'immixtion probable de la Russie dans la campagne présidentielle, explique Marie-Cécile Naves. Aujourd'hui, Donald Trump veut montrer l'image d'un président qui n'est pas inféodé au Kremlin et qui a son libre arbitre." Cette position vis-à-vis de la Russie, même si il a prévenu le Kremlin avant de déclencher les frappes, permet aussi de rassembler les républicains derrière lui, alors que certains, comme John McCain, s'étaient montrés critiques envers lui dernièrement, rappelle Le Figaro. Le sénateur et anicen candidat à la Maison Blanche s'est ainsi réjoui de la décision de Donald Trump. "Les frappes du président en Syrie envoient un message important : les Etats-Unis ne vont pas rester sans rien faire pendant qu'Assad, soutenu par la Russie, massacre des innocents", a tweeté ce dernier, juste après l'intervention. Parce qu'il peut critiquer, en creux, Obama Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump a souvent voulu marquer ses différences avec son prédécesseur, toujours très populaire. Mais cette opération en Syrie lui offre une occasion de taper encore plus durement. "Les républicains ont toujours parlé de Barack Obama comme d'un président 'qui se couche'. Avec cette frappe, Donald Trump s'inscrit dans une position de chef de guerre pour rompre avec son prédécesseur", commente Marie-Cécile Naves. Avant de frapper la base militaire, Donald Trump a justement fait allusion à la "ligne rouge" de Barack Obama, devant des journalistes. L'ancien président a, en effet, utilisé cette formule en 2012 pour menacer Bachar Al-Assad que s'il osait utiliser des armes chimiques contre sa population, les "conséquences seraient énormes". Cette "ligne rouge" est finalement devenue le symbole de la fragilité Barack Obama. Malgré cette menace, près de 1 400 personnes avaient péri après une attaque au sarin à la Ghouta, dans la banlieue de Damas. L'ancien président américain avait justifié son inaction en expliquant qu'il n'avait pas eu l'aval du Congrès. "Aujourd'hui, c'est un peu comme si Donald Trump reprenait la politique dissuasive, au moment où elle s'est arrêtée, en 2013, estime Jean-Pierre Maulny. Lui ne s'est pas embarrassé à solliciter l'accord du Congrès. Il est intervenu directement. C'est le retour à la ligne de George W. Bush." Frappes américaines en Syrie : avertissement sans frais pour Bachar el-Assad Par Armin Arefi - Publié le 07/04/2017 | Le Point.fr La décision de Donald Trump de détruire une base aérienne syrienne vise à dissuader le régime de réutiliser l'arme chimique. Pas à changer le rapport de force. En une nuit, Donald Trump aura fait davantage en Syrie que Barack Obama en cinq ans. En donnant l'ordre, dans la nuit de jeudi à vendredi, de frapper une base aérienne du régime syrien, le président américain a souhaité laver l'affront de la volte-face historique de son prédécesseur en août 2013, lors de la tristement célèbre attaque chimique de la Ghouta. En réponse à la nouvelle frappe neurotoxique, cette fois à Khan Cheikhoun, les navires de guerre USS Porter et USS Ross ont lancé depuis la Méditerranée orientale pas moins de 59 missiles Tomahawk qui ont détruit l'aéroport militaire d'Al-Chaayrate d'où aurait été lancé le raid chimique. D'après le Pentagone, environ 20 avions ont été détruits mais la piste de la base aérienne est restée intacte. Sept soldats seraient morts dans les frappes américaines, affirme l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Neuf civils, dont quatre enfants, sont décédés dans des villages environnants, affirme de son côté l'agence de presse syrienne officielle Sana. « Pas suffisant » (rebelle syrien) L'attaque-surprise des États-Unis a provoqué une onde de choc dans le monde entier, les opposants à Bachar el-Assad se mettant à rêver d'un tournant dans ce conflit qui déchire le pays depuis six ans et a fait plus de 320 000 morts. Sur Twitter, Mohammad Allouche, dirigeant du groupe rebelle Jaich al-Islam, a souligné que « frapper un seul aéroport n'est pas suffisant ». « Il y 81 a 26 aéroports (qu'utilise le régime ) pour bombarder les civils », a indiqué le rebelle, qui est aussi membre du Haut Comité des négociations de l'opposition syrienne (HCN). « Le monde entier doit aider à sauver le peuple syrien des griffes de l'assassin Bachar (el-Assad) et ses acolytes. » Pourtant, si l'on en croit les précisions d'un porte-parole du Pentagone, l'attaque américaine n'est pas vouée à être répétée. « Il s'agissait d'une réponse proportionnée » destinée à « dissuader le régime d'utiliser des armes chimiques à nouveau », a expliqué le capitaine de vaisseau Jeff Davis. Et d'avertir : « Ce sera le choix du régime s'il y en a d'autres (bombardements), cela se décidera sur la base de leur comportement à venir. » Un « choix a minima », estime le chercheur Thomas Pierret. « Le message américain se cantonne au fait de sanctionner l'utilisation d'armes chimiques par l'armée syrienne et ne va pas au-delà, pointe ce spécialiste de la Syrie à l'université d'Édimbourg. Si Washington avait frappé un nombre significatif de bases, cela aurait eu un véritable impact sur la capacité militaire syrienne. » Régime en position de force La veille de l'attaque, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, Donald Trump avait pourtant juré que son « attitude vis-à- vis d'Assad » avait « changé » après l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, évoquant des "actes odieux" qui ne "peuvent pas être tolérés". Toutefois, le président avait rappelé à cette occasion qu'il « détruirai(t) l'EI », mot qu'il n'a pas employé à l'égard du régime syrien. « La priorité de Donald Trump reste l'EI et Bachar el-Assad demeure secondaire », affirme Fabrice Balanche, chercheur associé au Washington Institute for Near East Policy. « Sous le coup de la colère et vis-à-vis de son opinion publique, le président américain devait réagir à l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, mais il n'a pas de solution alternative à Bachar el-Assad et ne souhaite pas d'escalade. »

Le régime syrien est en position de force vis-à-vis de la rebellion. © AFP Le régime syrien reste en effet en position de force par rapport à l'opposition, dominée par les islamistes et les djihadistes du Front Fatah al-Cham (liés à Al-Qaïda). Depuis la prise de la totalité d'Alep fin 2016, Bachar el-Assad contrôle les cinq plus grandes villes syriennes : Alep, Homs, Hama, Damas et Lattaquié. Seule la région d'Idleb, qui compte encore environ 70 000 soldats (islamistes, djihadistes liés à Al-Qaïda, et Armée syrienne libre), échappe encore à Damas. 20 000 rebelles sont également présents dans la région de Deraa (sud), 10 000 entre celles de Homs et de Hama, et 10 000 à 20 000 opèrent dans la banlieue de Damas. Les quelques milliers de forces arabes présentes dans le district d'Al-Bab aux côtés des forces turques ne combattent pas l'armée syrienne. Hollande en profite Mais la rébellion conserve une force de frappe dans le pays. Le 21 mars dernier, Tahrir al-Cham – une alliance de groupes rebelles dominée par les djihadistes de Fatah al-Cham – a lancé depuis son fief d'Idleb une offensive-surprise en direction de la ville de Hama (centre), avant d'être repoussée par l'armée syrienne et ses alliés. En représailles, l'aviation syrienne a massivement pilonné les forces rebelles, qui l'accusent notamment d'avoir utilisé du chlore. Quelques jours plus tard, l'attaque chimique de Khan Cheikhoun, dans la région rebelle d'Idleb, était perpétrée. « Le régime a peut-être sous-estimé la réaction de Trump, explique Thomas Pierret. Désormais, il sait qu'il ne craint rien s'il n'utilise plus d'agent chimique. Rien dans le message du président américain ne peut l'amener à penser le contraire. » Dans les chancelleries occidentales, les frappes américaines ont été accueillies comme une occasion unique de faire revenir les États- Unis dans le jeu des négociations intersyriennes, dramatiquement bloquées à Genève. Ainsi, le président français François Hollande a 82 estimé que la "réponse" de Washington en Syrie devait être « maintenant poursuivie au niveau international dans le cadre des Nations Unies, si c'est possible, de façon à ce que nous puissions aller au bout des sanctions contre Bachar al-Assad. » Le chef de l'État a précisé que Paris allait « être à l'initiative » pour « relancer le processus de transition politique en Syrie. » Aucun changement de stratégie à Washington Pourtant, dans la soirée, le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, a écarté tout changement de stratégie américain en Syrie. « Je n'essaierais en aucune façon d'extrapoler nos activités militaires en Syrie aujourd'hui à un changement de notre politique ou de notre position. Il n'y a aucun changement » , a souligné le secrétaire d'État. Néanmoins, l'ancien PDG d'Exxon Mobil a ajouté que son pays soutiendrait les négociations de paix sous l'égide de l'ONU « afin de préparer l'avenir de la Syrie en terme de gouvernance. Ce qui au final (...) conduira à une solution sur le départ de Bachar al-Assad. » Un vœu pieux, selon Thomas Pierret. « Il en faudrait beaucoup plus pour faire plier le régime, estime l'expert. Pour cela, il faudrait que l'administration américaine assortisse son discours sur une transition politique d'une menace de frappes. » Ainsi, la destruction par les États-Unis de l'aéroport militaire d'Al-Chaayrate ne serait qu'un simple rappel à l'ordre pour Bachar el-Assad. « Le régime ne négocie jamais en position de faiblesse, assure Fabrice Balanche. Il ne veut qu'imposer son diktat. » Comme un pied-de-nez à Donald Trump, deux avions militaires ont pu décoller vendredi de la base aérienne, visée la veille par les Tomahawks américains, pour bombarder des territoires contrôlés par Daech dans la province centrale de Homs. Le désastre de l'économie syrienne après six ans de guerre Par Le Figaro, William Plummer , Isabelle de Foucaud Publié le 07/04/2017 LE SCAN ÉCO - Produit intérieur brut, inflation, déficit commercial, pauvreté... Le Figaro fait le point sur l'économie syrienne, dévastée par un conflit qui dure depuis 2011. À l'image d'Alep, d'Homs ou de Deir ez-Zor, l'économie syrienne est, elle aussi, un véritable champ de ruines. Selon de nombreux experts, le conflit qui a débuté en 2011 a fait revenir trois décennies en arrière l'économie syrienne, privée de quasiment tous ses revenus et dont la majorité des infrastructures ont été détruites. «Le pays a perdu une décennie en termes d'indice de développement humain et son économie est revenue à son niveau des années 80», affirmait en 2014 Bassel Kaghadou, chargé par les Nations unies de réfléchir aux façons de reconstruire l'économie et la société syriennes. «La Syrie ne sera plus jamais la même, son économie sera plus modeste, sa population moins nombreuse», assurait-il. • Un produit intérieur brut en chute libre D'après un rapport de l'ONU coréalisé avec l'université écossaise de Saint-Andrews, les pertes cumulées de l'économie syrienne entre 2011 et 2015 sont estimées à 259,6 milliards de dollars. Le PIB s'est ainsi contracté de 55% entre 2010 et 2015, alors qu'était prévue une croissance de 32% en l'absence de conflit, souligne le rapport. Selon le Centre syrien pour la recherche politique (SCPR), la baisse du PIB entre 2011-2015 était notamment due à la diminution du commerce intérieur, des services gouvernementaux et de la production de pétrole. Les pertes se sont nettement accélérées entre 2012 et 2013, au moment de l'intensification des combats. Cette période coïncide également avec le début des sanctions économiques, imposées par les pays du monde entier. Par exemple, le 14 mai 2012, l'Union européenne avait instauré des sanctions ciblant le pétrole et le tabac. Une décision suivie en août par les États-Unis. L'effondrement de la production pétrolière (qui est passée de 386.000 à 28.000 barils par jour) et du gaz naturel (de 8,9 milliards de mètres cubes à 5,9 milliards de mètres cubes) ont ainsi exacerbé les pertes du PIB, entre 2010 et 2013. • Une inflation stratosphérique L'indice des prix à la consommation (IPC), qui est l'instrument de mesure de l'inflation, est l'un des seuls indicateurs encore publiés, chaque mois, par le Bureau central syrien des statistiques (SCBS). Cumulé, l'IPC a été multiplié par 5 entre 2010 et 2016. Ceci s'explique par des pénuries d'approvisionnement de nourriture, carburant, de médicaments mais aussi par l'arrêt de plusieurs subventions gouvernementales (eau, nourriture, électricité). Après avoir été relativement stable en 2014, l'inflation a connu une importante hausse depuis 2015. Cette augmentation des prix a été payée de plein fouet par les Syriens. En effet, celle-ci a été particulièrement forte sur les denrées alimentaires. Selon le Bureau central syrien des statistiques, le prix des légumes entre 2010 et 2016 a été multiplié par 9, celui de l'eau minérale, des boissons et jus de fruit par 8. Le prix du pain et des céréales a lui quintuplé. En 2015, un rapport du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM) a révélé que les ménages dépensent des montants disproportionnés pour les achats de biens comestibles. Ainsi dans certaines zones du pays, les dépenses alimentaires peuvent dépasser les 50% à 60% des dépenses globales d'une famille. Les foyers les plus pauvres sont, eux, devenus incapables de subvenir à leurs besoins fondamentaux, détaille un document du centre syrien pour la recherche politique. Cette forte inflation s'explique évidemment par la rareté de nombreux produits et services, en raison du conflit et des conditions de sécurité. Mais elle est aussi la conséquence de la dévaluation de la monnaie syrienne réalisée par le gouvernement, afin de combler le déficit budgétaire. • Un important déficit commercial

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Les exportations en 2015 ont diminué de 29%, par rapport à 2014, en raison de la fermeture des frontières, de l'impact des batailles, de la baisse de la demande effective et de la dépréciation de la monnaie syrienne. En outre, les politiques publiques ont fortement affecté les exportations à cause de l'augmentation des coûts de production. L'économie syrienne est de plus en plus dépendante des importations puisque certains secteurs se sont complétement éffondrés. En outre, les besoins en produits alimentaires et pharmaceutiques ont explosé. Même s'il s'est réduit, le déficit commercial est encore relativement important puisqu'il atteignait 27,6% en 2015 contre 38,9% du PIB en 2014. • Un lien économique toujours plus étroit avec la Russie La Russie, qui a lancé une intervention militaire en Syrie il y a un an et demi et remis en selle le régime de Bachar el-Assad, a vivement réagi aux frappes américaines ce vendredi. La guerre a renforcé les liens historiques qui unissent Damas et Moscou (à qui l'intervention syrienne coûterait environ 3 millions de dollars par jour, selon le Washington Institute), notamment sur le front économique. Depuis 2005, date à laquelle la Russie a effacé environ 70% de la dette syrienne de 13,4 milliards de dollars, les échanges entre les deux pays se sont envolés. Ils ont atteint un pic de 2 milliards de dollars en 2008, selon un rapport de l'Ifri datant de juste avant la guerre. L'ONG Carnegie Endowment for International Peace rapporte, de son côté, que les échanges commerciaux entre les deux pays sont retombés à 1 milliard de dollars en 2010, avant de grimper à nouveau à 2 milliards en 2011. La Syrie est notamment un gros acheteur d'armes russes: 78% de ses commandes entre 2007 et 2012 ont été passées auprès de la Russie, selon le Stockholm International Peace Research Institute. La Syrie a importé pour 1,3 milliard de dollars d'armement entre 2008 et 2013, avec une explosion des achats à partir de 2010. Les relations économiques russo-syriennes se sont par ailleurs renforcées dans de nombreux secteurs. En juillet 2015, la Russian Union of Gas and Oil Industrialists, qui fédère les entreprises russes des secteurs gazier et pétrolier, avait annoncé que lorsque la situation se stabiliserait en Syrie, elle envisageait de signer des contrats d'énergie en Syrie d'une valeur globale de 1,6 milliard de dollars au moins. En attendant, Moscou est d'ores et déjà en première ligne pour subvenir aux besoins de reconstruction de son partenaire. Un premier contrat de 950 millions de dollars a été signé en avril 2016, après deux ans de discussions, entre la Russie et la Syrie dans le but de relancer l'énergie, les infrastructures, le commerce, la finance et d'autres secteurs économiques, précisait alors la chaîne russe d'information RT. •80% de la population sous le seuil de pauvreté, et l'avenir des enfants compromis À mesure que la situation perdure et que l'économie se creuse, le taux de pauvreté augmente. Ainsi, en 2015, plus de 80% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté, contre 28% en 2010. De plus, 69,3% vivaient dans un état d'extrême pauvreté, étant incapable de subvenir aux besoins de première nécessité. Le niveau de pauvreté diffère d'un gouvernorat à un autre, et augmente considérablement dans les zones de conflit et les zones assiégées. Selon une estimation des Nations Unies, l'espérance de vie est passée de 70 ans en 2010 à 55,4 ans en 2014. Le taux de mortalité est passé de 3,7 pour 1000 en 2010 à 10 en 2015 avec des pointes de 12,4 pour 1000 dans les provinces très touchées par la guerre comme Alep, Deraa, Deir ez-Zor, Idleb ou Damas. •Une éducation en péril Le secteur de l'éducation fait aussi face à d'énormes difficultés avec 45,2% d'enfants non scolarisés. D'après le rapport de l'ONU, cette situation aura un impact dramatique sur l'avenir du pays. «Plusieurs facteurs liés au conflit ont contribué directement à la diminution de l'éducation et aux possibilités d'apprentissage des enfants syriens, touchant de manière inégale la population dans les différentes régions du pays», peut-on ainsi lire. Ces facteurs comprennent notamment la peur des parents pour la sécurité de leurs enfants ainsi que la destruction et le dysfonctionnement des infrastructures éducatives. Selon ce même document, le déficit d'enfants scolarisés représente une perte de 24,5 millions d'années en capital humain, soit 16,5 milliards de dollars d'investissements dans l'éducation. Frappes américaines: la Syrie aurait été avertie Par Le Figaro.fr avec AFP Publié le 07/04/2017 L'armée syrienne a été avertie de la menace d'une opération punitive américaine plusieurs heures avant que des missiles de croisière frappent la base aérienne d'al-Chaayrate dans le centre du pays, a affirmé aujourd'hui une source militaire syrienne. "Nous avons appris qu'il y avait une menace américaine de bombardement du territoire syrien", a souligné cette source. "Nous avons pris nos précautions dans plus d'une position militaire, dont la base d'al-Chaayrate. Nous avons déplacé plusieurs avions vers d'autres endroits", a dit ce responsable, ajoutant que l'information leur est parvenue "quelques heures" avant les frappes. Il n'a pas précisé qui avait averti le gouvernement syrien ni vers où les avions avaient été déplacés. La nuit dernière, 59 missiles de croisière Tomahawk ont été tirés par deux navires américains en Méditerranée vers la base aérienne d'Al-Chaayrate, située près de la ville de Homs (centre). C'était la première fois que les Etats-Unis menaient une opération militaire contre le régime syrien. Des responsables américains ont affirmé que les militaires russes avaient été avertis pour éviter des victimes dans leurs rangs et le Kremlin a confirmé. Selon cette source militaire syrienne, les frappes ont mis hors service neuf avions, dont certains ont été "totalement détruits". Il s'agissait d'une réponse à une attaque chimique présumée imputée à l'armée syrienne contre Khan Cheikhoun, une petite ville contrôlée par des rebelles et des jihadistes dans la province d'Idleb (nord-ouest).

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Elle a fait mardi au moins 86 morts, dont 27 enfants, et plus de 160 blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Les autorités de Damas ont démenti avoir utilisé des armes chimiques. Syrie : Les frappes américaines ont tué neuf civils dont des enfants Le Vif 07/04/17 "L'agression américaine a provoqué la mort de neuf civils, dont quatre enfants, fait sept blessés et provoqué d'importantes destructions dans les maisons des villages d'Al-Chaayrate, Al-Hamrate et Al-Manzoul", proches de la base visée, a indiqué l'agence. Selon la Sana, cinq civils -dont trois enfants- ont été tués dans le village d'Al-Chaayrate, situé à côté de la base militaire éponyme. Les quatre autres civils -dont un enfant- ont été tués dans le village d'Al-Hamrate par un "missile américain", et sept personnes ont été blessées par un autre missile dans celui d'Al-Manzoul, d'après Sana. L'armée syrienne avait indiqué plus tôt que six personnes avaient été tuées dans la base, sans spécifier s'il s'agissait de victimes civiles et/ou militaires. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état pour sa part d'un bilan de sept soldats syriens tués. Washington a indiqué avoir tiré 59 missiles de croisière sur la base militaire aérienne d'Al-Chaayrate (centre) en réponse à une attaque chimique présumée imputée par le président américain Donald Trump au "dictateur Bachar al-Assad". Selon les Etats-Unis, c'est de la base d'Al-Chaayrate qu'avaient été menée mardi cette attaque chimique présumée, qui a fait au moins 86 morts dans une petite ville du nord-ouest de la Syrie contrôlée par des rebelles et des jihadistes. Les frappes américaines, un acte "irresponsable" et "idiot" La présidence syrienne a qualifié jeudi les frappes américaines contre une base militaire du régime d'acte "irresponsable" et "idiot". "Tout ce qu'a entrepris l'Amérique n'est qu'un acte idiot et irresponsable, et révèle sa vision à court terme (...) et son aveuglement sur les plans politique et militaire", a indiqué la présidence dans un communiqué. Washington a affirmé avoir tiré vendredi 59 missiles de croisière sur la base militaire aérienne d'Al-Chaayrate, dans le centre de la Syrie, en réponse à une attaque chimique présumée imputée par le président américain Donald Trump au "dictateur Bachar al-Assad". Le régime a catégoriquement nié être à l'origine de l'attaque chimique présumée qui a tué mardi au moins 86 personnes dans la localité rebelle de Khan Cheikhoun (nord-ouest) et a provoqué des réactions indignées dans le monde entier. Selon la présidence syrienne, les frappes américaines "renforcent la détermination de la Syrie à frapper ces agents terroristes (ndlr: les insurgés), à continuer à les écraser et à accélérer la cadence, où qu'ils soient sur le territoire syrien". Ces frappes sont la première action militaire américaine directement dirigée contre le régime de Damas depuis le début en 2011 de la guerre en Syrie. Ce conflit a fait plus de 320.000 morts et jeter des millions de personnes sur les routes. Syrie : le gaz sarin, nouvel archiduc François-Ferdinand Valeurs Actuelles Par Franck Margain / Vendredi 7 avril 2017 Conseiller régional d'Ile-de-France et vice-président du Parti chrétien-démocrate, Franck Margain revient sur les derniers événements qui se sont déroulés en Syrie. Il cible la désinformation opérée et l'imprudence des pays occidentaux. Cette semaine, après une attaque de l'armée syrienne contre une base islamiste, des images de civils tués ont été diffusées. On nous a dit qu'ils ont été victimes d'un bombardement au gaz de combat sarin. On nous a même dit qu'il n'y avait "aucun doute" sur le type de gaz, et sur le fait qu'il ait été utilisé par l'armée. A la suite de cela, les Etats-Unis ont mené un bombardement sur une installation militaire syrienne, soutenus par le gouvernement français. ADVERTISING Il s'agirait de l'odeur caractéristique du gaz sarin. Mais le gaz sarin est inodore Aujourd'hui en France, nous sommes une population plutôt bien instruite, caractérisée par un esprit dit cartésien. Quand une information nous est livrée, nous ne la prenons pas pour argent comptant, sans réfléchir, surtout quand elle est de nature à affecter notre destin national. Or dans le dernier développement de cette affaire syrienne, tout semble poser problème. Face au flot de désinformation, il est nécessaire de prendre du recul, et de se poser les bonnes questions. D'abord, ces images qui nous sont diffusées proviennent d'une zone contrôlée par les djihadistes. Qui les a donc tourné et diffusé ? Dans les divers témoignages de secouristes, on nous a répété qu'il s'agit de l'odeur caractéristique du gaz sarin. Mais le gaz sarin est inodore ! Alors de quel gaz s'agit-il ? L'armée syrienne est désormais dans une position victorieuse. Et dans le combat en question, il n'y a manifestement aucun intérêt tactique à l'utilisation du gaz de combat. Pourquoi aurait-elle pris le risque d'utiliser une arme inutile, prohibée, qu'elle a elle-même officiellement abandonnée sous contrôle international ? Actuellement en position de force, quel serait l'intérêt du régime ? 85

Le gouvernement syrien est en position politique de force. Il a regagné le contrôle des principaux points de son territoire. Il est soutenu par la Russie et la Chine. Et cette semaine, les déclarations américaines indiquaient justement que son renversement n'était plus une priorité. Alors, pourquoi irait-il faire précisément ce qui pourrait l'affaiblir sur la scène internationale ? On nous rétorque que c'est par stupidité. Qui pourrait croire un seul instant qu'un système politique qui a résisté à une guerre aussi longue, aussi puissante, internationale, menée contre lui, soit stupide ? Les mêmes qui nous parlent aujourd'hui d'attaque chimique, nous en avait aussi parlé en 2013. A l'époque, le président François Hollande voulait aussi déclencher sa petite guerre. Mais les Etats-Unis avaient stoppé ses velléités de va-t-en-guerre, dévoilant au monde son impuissance. Puis, après enquête, il s'est révélé que c'étaient les mercenaires islamistes qui avaient utilisé le gaz. Alors comment les croire aujourd'hui ? Des frappes américaines déclenchées en contradiction avec le droit international Les frappes américaines ont eu lieu avant qu'une enquête n'établisse les faits. Et elles ont été déclenchées en contradiction avec le droit international. Pourtant, François Hollande les soutient et appelle même à prolonger cette action. Pourquoi François Hollande tient-il tant à déclencher une guerre avant de partir ? Et quel est cet irrespect du droit ? En Syrie, il n'y a que deux camps : les djihadistes et le régime Assad. Tout le monde sait que les "rebelles modérés" sont une vue de l'esprit, de la propagande usée. Alors renverser le régime revient à mettre au pouvoir Daech et les assimilés. Pourquoi le gouvernement socialiste souhaite mettre au pouvoir les islamistes ? La Syrie a un intérêt géostratégique vital pour la Russie (base militaire et débouché sur la mer Méditerranée). C'est une ligne rouge dont le franchissement pourrait déclencher un embrasement généralisé. Quel est l'intérêt de la France d'aller porter atteinte aux intérêts vitaux de la Russie ? La France et les Etats-Unis ont tué des centaines de civils dans les bombardements à Mossoul. En quoi ces pertes civiles sont plus acceptables alors que la cible est la même, et que la souffrance est la même ? Enfin, n'est-ce pas étrange de constater que les mêmes qui nous ont présenté Trump comme un odieux personnage pendant des mois, le louent aujourd'hui avec une satisfaction à peine voilée ? Pour qu'il passe du camp du mal au camp du bien, il lui aura suffi de lancer quelques missiles, et de tuer au passage quelques civils. Réfléchissons bien à tout cela. Et évitons de nous faire embarquer dans une guerre qui pourrait nous précipiter et le monde avec nous dans un chaos généralisé. Nous qui avons l'expérience de deux guerres mondiales, ne laissons pas se répéter un engrenage de type archiduc François-Ferdinand. En frappant la Syrie, Washington cherche à régler ses problèmes intérieurs Sputnik 07.04.2017 La frappe américaine contre la base aérienne en Syrie constitue une tentative de régler les problèmes intérieurs des Etats-Unis par le biais d'un recours à l'agenda international. Le ministère russe des Affaires étrangères a accusé l'administration américaine d'instrumentaliser le dossier syrien en vue de régler les problèmes intérieurs des Etats-Unis. "Primo, nous considérons que les actions US sont infondées et erronées. Secundo, à notre avis, elles sont liées à l'agenda politique intérieur aux Etats-Unis", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova en réaction au raid aérien américain contre une base aérienne syrienne. Selon elle, l'"affirmation de soi" par le biais de "mesures hasardées et insensées du point de vue de la lutte antiterroriste" est "dangereuse" pour l'administration américaine. Suite à l'attaque chimique de mardi à Khan Sheikhoun, attribuée par l'Occident aux forces armées syriennes, le président américain Donald Trump a ordonné une frappe ciblée contre la base aérienne syrienne de Shayrat. Vendredi matin, 59 missiles Tomahawk ont été tirés par les navires américains USS Porter et USS Ross, qui se trouvaient en Méditerranée orientale, faisant six morts et d'importants dégâts matériels sur le site militaire.

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