Top 14 2015-2016 Discipline Agen Cite
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2,20 € Du 16 au 22 décembre 2013 Midi Olympique N° 5212 - Espagne 2,20€ - Polynésie - 700 XPF - Suisse 3,50 CHF - Canada 4,99 CAD - Belgique 2,30€ Rugbyrama.fr Discipline Top 14 2015-2016 Agen cite La finale à Barcelone ? 30 Chabal 31 Lundi H Cup Clermont, Toulon et Toulouse : tout bonus ! 8, 9 et 11 ● Son parcours ● Ses réseaux Vincent Clerc ● Sa méthode L’escapade LE PRÉSIDENT DE LA FFR américaine 29 A MOUILLÉ SA CHEMISE, CES DERNIÈRES SEMAINES, SUR Pro D2 LE DOSSIER DES COUPES D’EUROPE NOTAMMENT. Albi et Bourg- HOMME DISCRET, en-Bresse, SON INFLUENCE EST POURTANT TRÈS l’instinct PUISSANTE. DOSSIER. de survie 2 à 5 19 et 20 2,20 € M 00709 - 5212 - F: 2,20 E 3’:HIKKRA=^UWWUW:?f@m@l@c@a"; Photo Icon Sport 2 MIDI OLYMPIQUE RAMA. LUNDI 16 DÉCEMBRE 2013 - - RUGBY fr Dossier Les faits ● LE PATRON DU RUGBY FRANÇAIS AU CŒUR DE L’ACTUALITÉ CES DERNIÈRES SEMAINES, Éditorial LE PRÉSIDENT DE LA FFR A MONTRÉ SA FERMETÉ ET SES TALENTS DE NÉGOCIATEUR. ANALYSE. Jacques VERDIER [email protected] La singularité même LE SYSTÈME n homme qui aime Bergman et Scola, l’opéra et la littérature, qui se veut, tout à la fois, gaulliste et soixante- huitard, érudit sans épate, épicu- Urien sans modération, qui fume et boit ouvertement dans une société à ce point corsetée, hostile, goguenarde, qui ne sait pas faire de nœuds de cravate et s’en moque, qui se contrefout des préjugés, du qu’en dira-t- on, de son image même, mais qui travaille sans cesse, creuse son sillon, arpente l’Europe sans re- CAMOU lâche, impose une moralité jusqu’à pousser vers la sortie des compagnons de route que l’on croyait vissés au système, ne saurait être, me semble-t-il, tout à fait mauvais… Par Marc DUZAN banque. » De son passé de banquier, Camou a gardé la rigueur d’un expert- On en a tellement assez de ces personnages con- [email protected] comptable. Mais aussi le culte du secret. « Le banquier est toujours le con- venus, « modernes » en diable, communicants fesseur de quelqu’un, n’est-ce pas ? » Et à une époque où les frontières hors pair, étouffant sous leur contentement d’être, ’était mai 68 et, à Bordeaux, l’insurrection étudiante avait ral- n’étaient pas encore tombées, au temps où certains faisaient fortune dans qu’un atypique de ce style, anar de droite, bou- lié à elle la colère ouvrière. Sur les barricades, ils hurlaient tous la contrebande, le fondé de pouvoir de la banque Inchauspé apprit très gon plus souvent qu’à son tour, solitaire endurci, que la France de leurs pères était morte. Sous le manteau, vite qu’il était des secrets à ne pas divulguer. devient, loin des foucades idéologiques et des on s’échangeait les 33 tours de Léo Ferré, les premiers brû- snobismes en vogue, un personnage de roman. Clots de Soljenitsyne et les polycopiés gluants de la CNT. « La LES PARADOXES D’UN HOMME J’ai mis des années à tenter de comprendre la chienlit, c’est lui ! », hurlait le jeune Pierre, alors étudiant en Dupés par cette démarche empruntée, ce personnalité de Pierre Camou, ses réserves, ses si- droit. « Nous occupions la fac de Bordeaux depuis des jours, confie le pré- détachement assumé pour les choses de lences, ses complexes peut-être, la fermeté de sident de la FFR. Nous ne voulions plus de cette France mesquine, grisâtre la mode et ses intonations rocailleuses, certaines de ses décisions, la générosité de cer- et étriquée. Avant d’adorer De Gaulle, je l’ai donc beaucoup combattu. » Aux on ne vit d’abord en Camou que l’em- tains de ses actes, pour finir par apprécier un être côtés de Camou, on apercevait déjà un certain Bernard Lapasset. Le Basque blème totémique du « fédéraste », con- De son passé à ce point différent. Dans cette époque uniforme, et l’Agenais s’étaient rencontrés sur les bancs de la fac, un matin de ren- cept éthéré du dirigeant flottant dans la de banquier, normée, médiatique, il est la singularité même, trée. Ils avaient immédiatement sympathisé, ajoutant à des idéaux politi- nébuleuse administrative de la FFR, des- l’anti-communicant par excellence ! ques identiques une passion plus légère, celle du jeu à XV. De sa jeunesse cendant direct de Roger Leroux ou Guy Camou a On peut s’en étonner bien sûr. Le regretter par- bordelaise, l’actuel président de l’IRB n’a rien oublié : « Pierre était un pi- Basquet. Absolutisme de l’image, dicta- fois. Ses manières sibyllines déroutent autant lier de devoir, solide en mêlée, prompt au combat. J’étais, quant à moi, char- ture des clichés. De fait, le président Camou gardé qu’elles énervent. Combien de fois, au terme de dé- gé de pousser derrière lui. Un jour, on a même battu l’équipe des toubibs et surgit souvent là où on ne l’attend pas. la rigueur faites frustrantes du XV de France, de conflits ou- des dentistes, qui comptaient pourtant Jean-Pierre Lux et Claude Dourthe On le voudrait célibataire endurci et, en verts avec la Ligue ou les clubs, ai-je regretté qu’il dans ses rangs ! » Camou, sur la même thématique : « Avant match, j’em- fouillant une vie privée qu’il se refuse à dé- d’un expert- ne communique pas et se terre sous des couches brassais toujours le ballon. Parce que je savais que je ne le verrai plus pen- voiler, on apprend qu’il a chaperonné de silence ! Et puis survient un jour, sans qu’on y dant quatre-vingts minutes. » Lapasset, intarissable sur le sujet : « Je me l’éducation des quatre enfants de sa sœur, comptable. prenne gare, une saillie comme celle qu’il fit lors souviens qu’en 68, notre slogan favori était : soyons réalistes, exigeons l’im- décédée trop jeune. Plus fragile que ne le Mais aussi du dernier Mondial sur « cette France oublieuse, sans possible ! » Arrêt sur images. On sait ce que vous vous dites. Vous imagi- laisseraient penser ses derniers bras de passé, sans mémoire », qui fit le bonheur de Vincent nez deux des gros pardessus les plus puissants du rugby moderne juchés fer avec Paul Goze, il regorge de trésors le culte Moscato, épaté par ce ton théâtral, très Malraux de sur une barricade, portant la nuque longue et un col roulé, la clope au bec cachés. Le cinéma, d’abord : « Je suis un circonstance, mais d’une rare justesse. et, au bout de la langue, un tas d’immondices jetées à un bataillon de CRS. mordu de John Ford et de Bergman. » Le du secret. Est-ce trop ? Est-ce peu ? Tout cela ne vaudrait rien Et vous avez envie de rire. « C’est pourtant la vérité, conclut Lapasset. À l’épo- classicisme des plus belles œuvres des ci- sans un éclairage politique sur l’aventure menée que, mon père avait de grosses responsabilités aux douanes. Un vendredi néastes américains le ramène malgré lui par le président de la FFR. Laquelle, main de fer soir, alors que je rentrais à Agen pour passer le week-end en famille, il m’at- au triptyque sacré théâtre antique (unité dans un gant de velours, pourrait bien s’avérer, à tendait dans le salon, la mine grave. » Devant le pater familias trônait le de temps, de lieu, d’action), dont il a dis- la réflexion, la plus audacieuse de toutes sur les Sud-Ouest du jour. « En Une, on ne voyait que moi, le poing levé face aux séqué les fondements en cours de lettres cinquante dernières années. On est loin de l’au- forces de l’ordre. » Et puis ? « J’ai cru que mon père allait m’arracher la classiques. « Plus tard, j’ai aussi découvert la folie des Italiens Visconti et Fellini. » toritarisme bonhomme et espiègle d’Albert Ferrasse, tête : « Tu te fous de moi, Bernard ? C’est comme ça que tu étudies le droit ? Aujourd’hui, il place Ken Loach, « pour ce regard sociétal dépourvu de mi- loin des brillances un peu tape à l’œil de Bernard Qu’est ce qu’on va faire de toi ? » » Un inspecteur des douanes, pardi ! sérabilisme » au même rang que les grands maîtres de sa jeunesse. Sa Lapasset. Pierre Camou gère son image comme s’il Son ami Camou ? Il se dirigera alors vers le monde de la finance pour de- musique ? « Je chante en basque, comme le font les gens de mon village. n’était que de passage, au mépris répétons-le de venir, très jeune, le fondé de pouvoir de la banque Inchauspé. Son collè- Mais l’opéra classique me procure des émotions uniques. » Président Camou toutes les règles en vogue, mais selon une déter- gue de l’époque Bernard Laporte (ça ne s’invente pas) se souvient : « Pierre n’est plus à un paradoxe près, après tout. Sympathisant UMP, il n’a ja- mination sans faille qui faisait dire à Jo Maso ré- était le bras droit du patron à Bayonne. J’ai le souvenir d’un homme d’une ex- mais caché son amitié avec la communiste Marie-George Buffet, refuse cemment : « Pierre est basque. Et sais-tu comment trême rigueur. Il avait d’ailleurs développé tout le système informatique de la à croire que son attachement aux idées du centriste Lecanuet (« à l’épo- on fait rentrer douze Basques dans une voiture ? En leur disant que c’est impossible… » Toute la dé- marche du président de la FFR est peut-être ré- sumée dans cette boutade. On doit pouvoir rêver Son parcours président plus emblématique, à l’aura plus affir- mée.