1992

DIAGNOSTIC

DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES j ARCHÉOLOGIQUE

BRETAGNE

SERVICE RÉGIONAL DE L'ARCHÉOLOGIE l RAPPORT

A.PROVOST

c o . 1| Ministère "S RINI 1 3 V FtEIVIINlES - SAINT-MALO o 3 Culture Communication DEVIATION L À\ MEZIERE-HEDE III AVANT-PROPOS

L'opération de diagnostic archéologique de la déviation de la RN 137 La Mézière-Hédé fait suite au programme identique mené en 1989 sur la déviation de Hédé-Tinténiac. DIAGNOSTIC ARCHEOLOGIQUE Fru.it d'une concertation entre le Service Régional de RN 137 VOIE EXPRESS - SAINT-MALO l'Archéologie et la Direction Départementale de l'Equipement d'IIle-et-Vilaine, ce diagnostic a été conduit par A. Provost, DEVIATION LA MEZIERE - HEDE archéologue hors-statut, assisté de Y. Pannetier puis P. Coçherel, archéologues contractuels de 1'AFAN, de juin à août 1992. Y. Menez, conservateur au Service Régional de 1992 l'Archéologie a assuré le contrôle scientifique de l'opération dont le buda'et s'élevait, à 128,500F.

RAPPORT PRESENTE PAR A. PROVOST La problématique du diagnostic était définie comme suit: éva- luer le potentiel archéologique des terrains sous emprise de AVEC LA COLLABORATION DE Y. PANNETIER ET P. COCHEREL la déviation par la mise en oeuvre d'une prospection de sur- face et la réalisation de sondages mécaniques sur la totalité des dix kilomètres du tracé. et avec la participation de P. AUBREE et G. CASTEL (Centre de Recherches Archéologiques du Pays de Rennes)

SERVICE REGIONAL DIRECTION DEPARTEMENTALE DE L'ARCHEOLOGIE DE L'EQUIPEMENT DE BRETAGNE D'ILLE-ET-VILAINE INTRODUCTION

Le tracé de la voie express RN 13 7 contourne l'agglomération de la Mézière par l'est et celle de Hédé par l'ouest. Depuis le rond-point de Montgerval au sud de la Mézière jusqu'à l'origine du contournement de Hédé-Tinténiac, la déviation mesure près de 10 kilomètres. Elle double l'ancienne RN 137, à quelques centaines de mètres à 1'est.

Son parcours traverse des terrains schisteux briovériens re- couverts: aux interfluves, par un manteau limoneux de moins en moins épais à mesure que l'on s'éloigne du centre du bassin de Rennes, de Montgerval vers Vignoc. Il entaille profondément, ensuite, la crête de roches dures -schistes et grès de Saint Germain- du Tertre en Vignoc qui marque le rebord septentrio- nal du Bassin de Rennes. Le dernier quart du tracé traverse à nouveaux des terrains schiteux recouverts de limons, métamor- phisés par la proximité du massif granitique de Bécherel-Hédé.

Si l'altitude s'élève progressivement de 93 NGF à Montgerval à 115 NGF au Tertre avant de redescendre à 103 NGF près de Hédé, les dénivellations sont peu importantes à l'exception de la barre rocheuse du Tertre en Vignoc.

De bons sols sains, au moins dans la portion du tracé affec- tant le bassin de Rennes; la proximité de Rennes, ville an- cienne et carrefour de communications depuis l'Antiquité, tout ceci concourait à favoriser l'installation des hommes depuis les t.emps les plus reculés. Dans l'environnement du tracé les prospections ont d'ailleurs Livré de nombreux témoignages d'une dense occupation du soi à toutes les époques depuis le néolithique: site à silex de la Mézière; tessons de l'Age du Bronze et. sites de l'Age du Fer à la Mézière; villae romaines du Verger-Beaucé à et de Clairefontaine à Vignoc, en- vironnées de nombreux sites satellites ou de petites fermes telle celle du Perray en la Mézière fouillée en 1989. Parmi les vestiges du Moyen-Age se distingue la puissante motte cas- trale de Montboucher à Vignoc. Tout ce territoire était drainé par l'ancienne voie de Rennes à Met (Saint-Servan ) dont l'origine remonte au moins au Bas-Empire romain. PRESENTATION DE LA METHODE

Diverses méthodes de diagnostic ont été mises en oeuvre depuis ces 15 dernières années en et notamment en Bretagne par nous-mêmes. On en rappellera quelques exemples.

A) Sur 1'A71 : prospection à vue et échantillonnage de surface suivis de sondages à la ■carrière. Sondages mécaniques après classification des gisements.

B) Sur l'autoroute Angers-Le Mans: Sondages mécaniques systé- matiques de 3 à 4m de long, tous les 50m, en quinconce sur les limites du tracé.

C) Sur la RN 137 déviation Hédé-Tinténiac: Prospection de sur- face couplée à des sondages mécaniques non destructifs, sur les secteurs en déblais, de 15m de long tous les 50m sur l'axe du tracé.

L'exemple A néglige les sites archéologiques totalement mas- qués, sans indices en surface.

L'exemple B laisse trop d'espace entre deux sondages du même côté du tracé (100m).

Quant à. l'exemple C. il néglige les secteurs en remblais où l'enlèvement quasi-systématique de la couche végétale risque d'atteindre de vestiges immédiatement, sous-.jacents.

Nous avons donc opté pour le modèle C étendu à la totalité du tracé, zones en remblai et zones en déblais.

Cette pratique constitue le mode normal de repérage des sites ou indices de sites. Lorsque la prospection au sol et la tran- chée axiale livrent des indices, le sondage mécanique est mené en continu sur l'axe et répété sur les marges latérales de l'emprise routière, voire entre l'axe et. les limites.

Cela dit, les contraintes matérielles - dans l'absolu il fau- drait décaper la totalité de l'emprise routière ! - définis- sent, un certain degré limite de finesse et de qualité du dia- gnostic au-delà duquel il faut admettre un certain pourcentage de perte de l'information.

La préoccupât ion essentielle ou diagnostiqueur reste de mino- rer cette perte d'information, de la. rendre acceptable, voire négligeable. En fait deux problèmes se posent à l'archéologue: 1- Reconnaître les sites présents sur le tracé.

2- Evaluer leur potentiel archéologique.

La méthode des sondages discontinus admet que des sites mi- neurs ou des structures ponctuelles peuvent échapper au mail- lage des sondages ce qui ne peut être le cas des sites struc- turés et étendus.

Les tranchées autorisent une reconnaissance ûe la nature des vestiges archéologiques, de leur extension, de leur densité et de leur chronologie globale.

On verra, dans l'inventaire qui suit, que l'on parvient ainsi à hiérarchiser les sites archéologiques détectés et à choisir ceux qui méritent une exploration approfondie, voire une fouille intégrale, en fonction de leur intérêt scientifique pré sumé.

L'expérience acquise ces .dernières années, depuis 1988, sur la RN 176, la RN 24, la RN 164 et la RN 137 démontre la viabilité de la formule du diagnostic réalisé par nous-mêmes: aucun site majeur n'est, passé au travers des mailles du filet et n'a donc subi de destructions avant fouille et tous les sites qui ont été fouillés sur ces tracé se sont révélés d'un haut intérêt scientifi q ue. SJ ^^^^^^^p SS^BSS^j B B S S S wL I S m m INVENTAIRE

1- LAMEZIERE - Manoir de la Coudre

Sur la zone de dépôt, prévue à 1'origine, de Montgerval. Gise- ment complexe à forte densité de structures en creux: fossé, fosses, trous de poteaux, négatifs possibles de cloisons; au moins 2 réseaux de fossés d'orientation diver-gente; un réseau à fossés parallèles et orthogonaux gallo-romain.

Nombreux tessons en surface des remplissages; tuiles, cendres et débris de paroi de four vitrifiées; silex erratiques.

La chronologie du site couvre la protohistoire (Age du Bronze et Ages du Fer) et la période gallo-romaine jusqu'au IIIéBe s. ap. J.-C. au moins.

Mobilier: 3 silex dont un grattoir; céramique à impressions digitées vraisemblablement du Bronze final; céramique proto- historique; céramique commune gallo-romaine; fumigée du Ier s. ap. dont un bol "Kérilien" et deux tessons à décor incisé; er sigillée du I au même Si dont Drag 18, 37 et Curie 21 ; métallescehte; amphores ind.: fragment de meule gallo-romaine icatillus); tegulae et briques.

En marge nord-ouest du site, parcelle 744, petite hache à douille en bronze isolée, datable du Bronze final. LA MEZIERE - Manoir de la Coudre L'Equipement a renoncé à utiliser la parcelle 1495 pour son fossé gallo-romain et tranchées de sondage dépôt de terrassements: le site n'a donc fait l'objet d'aucune recherche complémentaire. On peut cependant penser qu'à l'ave- nir ce terrain risque de passer en ZA du fait de sa position en bordure de 1'échanseur de La Mézière et du voisinnage d'une usine d'enrobés!

Parcelles: B2, 14 9 5-744-1666; cadastre éd. 1979, Coord. Lambert T: 0X= 297.775 0Y= 1064,125. IGN: 1218 ouest Rennes. 750

- V SB

1761

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LA MEZIERE - Manoir de la Coudre

hache à douille et tesson du Bronze final 2- LA MEZIERE - Le Glérois

Indices matérialisés par des fossés, une fosse et des silex et tessons erratiques présents à l'interface terre arable / subs- trat limoneux. Seuls deux fossés présentaient un sédiment de remplissage ancien, sans mobilier. La petite fosse de seule- ment 10 cm de profondeur conservée a livré 6 tessons d'un même vase atypique.

Mobilier: 3 éclats de silex dont un retouché ; 24 tessons pro- tohistoriques dont un fragment avec élément de préhension vertical identique à un élément découvert en contexte Bronze final dans un fossé d'enclos au Haut-Sévigné en Gévezé et Romilié.

De faible densité de structures anciennes et de vestiges mobi- liers, ce "gisement" n'a. pas fait l'objet de recherches com- plémentaires .

Parcelles: B2, 5 9 6-1206-1207-606: cadastre éd. 1979. Coord. Lambert I: OX= 297,075 0Y= 1065,450. IGN: 1218 ouest Rennes, 10

la Vesthére 11

3- LA MEZIERE - La Herbetais

Indices matérialisés par 3 fossés, une fosse et des tessons erratiques présents à l'interface terre arable / substrat limoneux. Les structures en creux, au morne remplissage de limon gris, n'ont livré que quelques miettes de tessons.

Mobilier: 21 tessons protohistoriques dont un fragment à décor digité sur cordon rapporté datable du Bronze ancien ou moyen.

Du fait de la faible densité de structures et. de vestiges mobiliers, ce site n'a pas fait l'ogjet de recherches complé- ment a i res .

Parcelles: Ri, 1795-1790 cadastre éd. 1979. Coord. Lambert I: OX= 296,750 OY= 1065,975. IGN: 1218 ouest Rennes.

le lieu Ses Champs W I

Férandière,

LA MEZIERE B1 1979 4- LA MEZIERE - La Haute-Vollerxe

Gisement complexe matérialisé, sur 1 hectare de superficie, par plusieurs réseaux de fossés d'orientation divergente, des fosses et de nombreux vestiges mobiliers recouvrant une longue chronologie: protohistoire, période gallo-romaine, bas Moyen- Age et période post-médiévale.

Ce gisement a fait l'objet d'une fouille de sauvetage avec dé- capage intégral en juillet et août 1992.

Parcelles: Bl, 4 0 5-428-1399. cadastre éd. 1979. Coord. Lambert I: 0X= 296,275 0Y= 1066,800. IGN: 1218 ouest Rennes.

LA MEZIERE B1 1979 13

LA MEZIERE - la Haute-Vollerie LA MEZIERE - le Grand-Clos : fosse fond de fosse - fossés et meule gallo-romaine VIGNOC - Montbourcher : fond de fossé

11

1 . J 5- LA MEZIERE - Le Grand Clos

Indices matérialisés par une fosse comblée de couches succes- sives de limon g'ris -produit de coliuvionnement- et de terre brune, cendreuse, ayant livré 10 tessons atypiques mais de facture indubitablement protohistorique.

Réduit à une structure ponctuelle, ce site n'a fait l'objet d'aucune recherche complémentaire.

Parcelles: Bl, 497 cadastre éd. 1979 Coord. Lambert I: OX= 295,925 OY= 1067,650. IGN: 1218 ouesc Rennes.

IGN i;

LA MEZIERE B1 1979 \ 15 130 +

6- VIGNOC - Montbourcher 935 ~„ x; Indices matérialisés par des î'osses anciens et de parcellaire VIGNOC C1 1983 moderne et. par des tuiles et tessons couvrant les périodes protohistorique, antique et médiévale. On notera, à. 100 mètres à l'est, dans le bois de Montbourcher, la présence d'une impo- La Blèpchàis sante motte castrale et d'une enceinte associée.

Mobilier : 4 tessons protohistoriques; des fragments de teg'ulae * et une assiette en céramique commune grise gallo-romaine; S tessons de céramiques du bas Moyen-Age. rsr \ / y 948 .9*9 ,

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133 \

135 V )ntboura

1*7 138 133 \

1*0 683 51U1

La Gahdonnais HEDE 317 B2 1983

7- HEDE..-.. Le Bas-Chesnay

Gisement matérialisé par.- des fosses, des fosses, des trous de poteaux et de nombreux tessons de céramique du second Age du Fer.

Structuré et organisé, riche en vestiges mobiliers, et cou- vrant une superficie d'environ 4000 m2, ce site a fait l'objet d'une fouille de sauvetage avec décapage intégral, en septem- bre et octobre 1992.

Parcel Les: B2, 400 cadastre éd. 198 3. Coord. Lambert I: 0X= 2 94,22 5 0Y= 10 71,67 5. TON: i217 ouest Comboura.

8- HEDE - Le Haut-Chesnay

Habitat rural post-médiéval avec encadrement des ouvertures, pieds-droits et linteaux en granité ouvragé, porte en plein- cintre et. charpente ancienne.

La qualité de l'architecture et la destruction programmée du bâtiment pour la réalisation de la route ont motivé une inter- vention archéologique -relevés architecturaux et clichés- en septembre 1992.

Parcelles: B2, 806 cadastre éd. 198 3 Coord. Lambert I: 0X = 294,125 0Y= 1071,850. IGN: 1217 ouest. Comboura:.

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CONCLUSION

Les résultats du diagnostic archéologique de la déviation de La Mézière - Hédé, sur la liaison assurant la continuité du réseau autoroutier entre Rennes et Saint-malo, sont convain- cants quant à la validité de la méthode d'évaluation mise en oeuvre.

huit sites ou indices de sites ont été mis en évidence sur les dix kilomètres du tracé et hiérarchisés en fonction des cri- tères suivants: notion d'ensemble cohérent, structuration et organisation, données chronologiques.

Trois d'entre eux ont fait l'objet d'une opération de re- cherche exhaustive ou complémentaire: fouille de sauvetage urgent avec décapage intégral sur les sites de La Haute- Vollerie à La Mézière (ensemble de réseaux de parcellaires successifs et d'enclos du Bronze final à nos jours) et du Bas- Chesnay en Vignoc (ferme indigène du second Age du Fer). Le troisième, maison de maître post-médiévale, a fait l'objet d'une étude architecturale avant sa destruction.

Sur le plan de l'étude de l'occupation du sol, ce diagnostic a permis de mettre en évidence la bonification des sols limoneux du bassin de Rennes -phénomène pressenti au vu des résultats des prospections au sol menées depuis 14 ans dans la région- depuis la période néolithique jusqu'à nos jours. Des données nouvelles sont apparues notamment pour les périodes mal connues des Ages du Bronze et du Fer.

Ces sites ou indices de sites entrent dans la carte archéolo- gique régionale. En effet, des gisements tels que celui de La Haute-Vollerie en La Mézière, s'ils sont partiellement dé- truits par l'établissement de la chaussée, débordent largement de part et d'autre de l'emprise routière; une partie de leur potentiel archéologique est donc conservé. De même, les in- dices de sites repérés supposent l'existence d'ensembles ar- chéologiques potentiels dans l'environnement de la nouvelle route et sont susceptibles d'être concernés par de futurs amé- nagements connexes liés au développement économique tels que les zones d'activités.