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t - AUGUSTE NICAISE
ooRREs poNDA r DU M1NiSTRE DE L INSTRUCTION PUIILIQI6E PRÉSIDENT DE LA jç ri:: ACAOE)IIQUE DE 1, MARNE;
LIPOQU E GAULOISE
I .NS I.E
DÉPARTEMENI DE LA MARNE
DÉCOUVERTES & ÉTUDES ARCHÉOLOGIQUES
LA SÉPULTURE A CHAR DE SEPT-SAULX, LE CIMETIÈRE DES VARILLES, COMMUNE 0E EOUY, LA SÉPULTURE A CHAR ET LE VASE A GRIFFONS DE LA CHEPPE, LE CIMETIÈRE DU MONT COUTANT (FDNT,INL-SOO.COOLE)
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PARIS EM)LE LEC1EVAL1ER, ÉDiTEUR, LIII II. RI E HISTORIQUE DES II OVINCES 39 QUAI DES c;RÀNDS-AUGIIS rINS , 39. 1884..
Document
II il il il II lU lOi! IIIIIIIII 111111 0000005619894 s L- LA
SÉPULTURE A CHAR
DE SEPT-SAULX
MARNE)
COMMUNICATION FAITE A L ACADIM1E DES INSCIIIIIIONS ET IIEI.LES LERES, DANS SA SEANCE BU 18 AVRIL lS8. ET AU CONOIIiS DES SOCI gTs SAVANTES, A LA SORBONNE. LE 16 AVRIL 188 LA
SÉPULTURE A CHAR
DE SEPT-SAULX (MARNE)
Au mois de janvier 1883, 11 a dld découvert à Sept-Saulx (Marne), en lieudit le Chemin-rle-Livry ou la Prise-d Eau, une srpulture clans laquelle rn Gaulois avait été inhumé sur son chai .
Celle sépulture mesurail 3 mètres en lon gueur environ, sur 2 mètres 20 en largeur. Sur sou côté gauche et au- une dessus, était placée autre inhumation gauloise, corru- plètemerrl violée. La sépulture à char a donné 1° Un squelette inhumé étendu, couché sur le dos, orienté ouest-est., la tête regardant l Est. A droil.e et à gauche du squelette, et û la hauteur de la poitrine, étaient, deux fossés étroils, creusés dans la craie, dans lesquels se placaienl les roues du char, de manière -8— qu en supportant linhurné, ce char reposât sur le fond de la sépulture comme sur une plaie-forme. Le plancher, ou fond intérieur du char, était complè- tement doublé,, nous dirions aujourd hui blindé, d une armature composée de plaques de fer constituant une enveloppe qui venait en protéger les parois, formées sans doute de vannerie ou de membrures légères en bois. Ces plaques métalliques sont sillonnées de profondes rainures parallèles, qui empêcliaientIe guerrier et Ydcuyer, conducteur du char, de glisser en combattant ou en con- duisant l attelage, ainsi que le font aujourd hui les plaques des trottoirs et des tampons de conduites d eau. (Planche IV, fig. 5 et 7.) Ces rainures ne sont point égales en largeur et en pro- fondeur des deux côtés de ces plaques. Elles sont moins profondes, plus nombreuses et plus serrées sur un côté que sur l autre. Les rainures du dessous de la plaque pouvaient servir à la retenir, en plus de SOL) poids lui-même, sur la paroi intérieure du char, formée probablement, comme nous le "lisons plus haut, de vannerie ou d une membrure en bois. Au temps de la Grèce homérique, la belle civilisation Gréco-Asiatique comportait aussi des chars de guerre. La caisse en était le plus souvent en bois léger ou en vannerie et en forme de corbeille, idpCOvz, qu on enlevait et qu on replaçait facilement. «Ils se hâtent d amener le char léger qui vient d être achevé, ils attachent sur ce char une corbeille)) (Homère, Iliade). - 9 -
Ce travail, à l époque gauloise, qui n éjamais été reneon- lui jusqu à présent, a été obtenu par le procédé de la foute. uni à celui du marteau sur quelques points où d autres pièces ont été fixées sur cette armature.
Ces plaques métalliques ont été coulées dans un moule offrant une disposition de rainures différente pour chaque côté de la plaque. On peut croire que les parties les plus épaisses de cc travail blindaient le fond du char, la partie horizontale, et (lue les plus minces protégeaient une partie ayant moins de fatigue. C est en eflèt sur ces plaques mains épaisses, et se rele- vant peut-être sur les côtés du char, qu on remarque un anneau, dans lequel passait sans doute une courroie ou une corde servant à l attelage ou à l aména gement inté- rieur du citai. Un peu plus loin est placé eu saillie une sorte de bouton. Sur un autre fragment également de faible épaisseur on remarque une petite tige de fer ou clavette placée dans deux boucles ou annelets (lui la retiennent.t. M. Boulé, sous-directeur de l atelier de fonderie à l lLcole d Arts-et-Métiers de ChAlons-sur-Maine, auquel j ai montré ces plaques métalliques, m a fait connaître qu elles avaient été fondues sur un modèle en bois, ainsi qu on le pratique de nos jours et il m a montré des plaques inélalliques du mine genre, fabriquées quelq iie.s jours auparavant daims cetatelier. Il a ajouté que cc travail - 10 - gaulois indiquait une perfection très marquée dans in métallurgie du fer. 20 En face des pieds de "inhumé et en avant était placé un mors en 1er, du type appelé mors de filet ou bridon, formé de deux tiges de fer articulées ait par une double boucle, et présentant à chaque extrémité un large anneau dans lequel passait la rêne de cc côté, ou plutôt auquel elle était attachée. (Planche 1, fig. 2.) Ces anneaux mesurent S centimètres de diamètre exlé- rieur. Le mors, y compris ces deux anneaux, mesure 27 centimè!.res de longueur. D un côté du mors, près de l anneau, il existe une re- marquable phalère en bronze, découpée à jour par un élégant dessin, reproduisant une sotte de guipure métal- lique. Cette phalère mesure 12 centimètres de diamètre et 37 centimètres de tour environ. Cet ornement reçoit à son centre la tige du mors, qu une intelligente disposition permet d y accéder. En elTel,, une partie de la phalère, formant un secteur mobile, s enlève pour permettre à la tige du mors de passer à travers la circonférence, et de parvenir jusqu au trou central destiné à retenir cette tige. C est là encore de l inédit parmi les beaux objets que nous a donnés In civilisation gauloise dans la Marne. Une fois la tige de lcr parvenue au centre de la phalère, le secteur était remis en place et retenu par tin lien ou (il métallique passé autour de trois petits boutons cil - fi . - placés en triangle, l uii sur le milieu environ du secteur, les deux autres en face l un de l autre, sur le cercle non découpé formant le centre de la phalère. 3° En avant du char, sut son côté droit et ayant fait partie de son ornementation, était une belle rosace applique composée de S lambrequins en fer, formés «s affrontés, la pointe du Lambrequin dirigée vers le centre. Chaque lambrequin est orné en tête et sur les contours latéraux de trois clous ou cabochons en bronze appliqués sur le fer. Au centre de cette rosace il existe un bouton avec umbo saillant cii forme de coupe au fond de celte partie concave un cabochon de corail est, retenu par une lige de bronze. Ce bouton mesure Il de dia- mètre û la hase, sur 2 centimètres de hauteur. (Planche I, No!.) Cette rosace, qui lait aussi le plus grand honneur à l industrie et à l art gaulois, mesure Iii centimètres de diamètre et près de 46 centimètres de tour. Les S affrontés qui forment les lambrequins réunis par leur extréru i lé supérieure, reproduisent un genre d orne- ment familier aux artistes de la civilisation gauloise, comme L établissent notamment la phalère d Anvers, te casque d Amfréville et Le vase à griffons en forme d S dé- couvert à la Cheppe (Marne), (lue j ai communiqué à l Académie des inscriptions et à la Société des Anti- quaires de Fiance. (Planche lit, NO 3.) Celle ornementation en forme d S affrontés ou opposés se retrouve aussi sur un grand nombre de boutons et - 12 - d appliques en or découverts dans les tombeaux de Mycènes pat M. Schliemann. Cette rosace rappelle les ornements d airain et même de métaux plus précieux encore qui ornaient les chars à l époque homérique.
e Antenor se place à ses côtés sur le char magnifique, u
Made, ni, y. 262.
e Agamemnon quitte ses coursiers et son char étincelant d airain.» Iliade, e. iv, y. 226. 40 A la têtf., de l inhurnd et Li droite était placé tin casque dont il ne reste que des fragments. Est-ce à l extrémité supérieure de ce casque qu on doit rapporter un bouton en forme d umbo, moins grand mais exactement semblable de forme à celui qui orne le milieu dc la rosace que nous venons de décrire? (Planche I. N.° 1.) Il n a point été trouvé, dans la sépulture, de fragments appartenant à une seconde rosace. Les débris de ce casque montrent qu il était formé de feuilles de bronze estampées et ornées de chevrons, de doubles cercles ponctués au centre et de minces cordons parallèles ; tous ces ornements faits ait et non gravés. (Planche I, N 6.) Etait-ce au devant de ce casque qu on plaçait comme ornement un bouton ou petite plmalère de 2 centimètres et demi de diamètre, avec cabochon de corail ait et trouvé au milieu des débris de ce que nous croyons être un casque. (Planche I, No 5.) Cet admirable bouton, découpé à jour comme la plus fine dentelle ou plutôt comme du Lulle, ait mo yen dit burin cl - la - I de la lime, est.I drnement le plus délicat de ce genre que nous ail jamais offert la civilisation gauloise de la Marne et ;o(aunent les deux sépultures à Char rencontrées in- tacles. Il était placé probablement au-devant du casque, comme l était elle-même une des trois cocardes du casque. de la sépulture à char de la Gorge-MeilleL 80 Non loin de cet ornement étaient deux boutons de 2 centimètres de diamètre (PI. I, N 0 9), placés peut-être au point où s attachait la jugulaire du casque au moyen de deux crochets mobiles 1 fixés â l extrémité d une tige en bronze percée comme une aiguille ou un passe-lacet, d une ouverture oblongue. L extrémité de chacun de ces crochets est ornée d un cabochon de corail. Ils flgurent dans la restitution du casque de la Gorge- Meillet au-dessous des déux cocardes latérales exactement au point où s attachait la jugulaire. Sur la planche en couleur qui reproduit ce casque, on n en aperçoit que l extrémité du crochet ornée du cabochon de corail, (IIIi dépasse le bord inférieur du pourtour du casque. (P1. I, N07.) 70 A la main droite de l inhumé était inc bague en bronze ornée d un chaton rond accosté de chaque côté de trois cabochons de bronze, groupés en feuille de trèfle- (Planche I, No 4.) Sur le chaton on voit encore les traces d un orirement ou d un sigle, trop fruste pour être déterminé, S. A droite de l inhumé et placée entre le fossé de la toue et la paroi de la fosse était une œnochoé de bronze à
D
MWOW - 14 - bec tréflé, avec anse se rattachant à la paroi inférieure du vase par tille palmette à onze rayons. Ce vase mesure :12 centimètres de hauteur et 52 de circonférence à la par-Lie la plus large. L anse, ornée de cinq cannelures longitudi- nales, s étale des deux côtés sur le bord postérieur de l ou- verture du vase. Les cieux extrémités de ces pattes demi- circulaires sont brisées, mais on peut croire qu elles se terminaient par la représentation d une tôLe de cygne 011 de serpent, comme dans les oenochoés de Somme-Tourbe et de Somme-l3ionne,(Planche 1. No 111.) On sait que ces vases appartiennent à la civilisation de la haute Italie. On les considère comme le produit d uit butin de guerre, lorsqu ils sont placés un milieu d objets appartenant à la civilisation gauloise, ou tout au moins comme une preuve des rapports ayant existé enlie les Gaulois de notre région cl les populations italiennes du nord. Cette Œnoehoé est donc la troisième découverte dans le département de la Marne, où les sépultures - à char sont nombreuses, mais toutes violées, leur riche mobilier cl sans doute un signe extérieur, fossé ou tumulus, ôL peut- être Lotis les deux réunis les désignanl comme une proie facile à l avidité des violateurs. Dans un einietiôie gaulois, fouillé en 1882 à Hecy (Marne), air la Belle-Croix, à 7 kilornèlres de CItA- Ions-sur-Marne, j ai constaté, dans un espace de 150 mètres carrés environ, la présence de huit sépultures à Chat , toutes violées. Cinq U col re elles étaient placées en demi-cercle, éloignées d une quinzaine de mètres l une de l autre. En face de chacune d elles, à deux mètres environ, on constatait les traces très apparentes d un foyer funéraire constituant un des rites ayant accompagné ces inhuma- tions. L ordre voulu dans lequel elles avaient été placées indiquerait qu elles ont eu lieu en même temps, sans doute après un combat. 9" En avant de la roue droite du char avait été placé le corps d un sanglier, te us gailictrs, l animal légendaire des monnaies gauloises, sans doute sacrifié pour la cir- constance, car tin long coutelas Oit montrait cii- core sa lame passée entre les côtes de l animal dont il avait causé la mort. - Celte arme mesure48 centimètres de longueur. La lame, large de4 centimètres, est Longue de 33 et la poignée de 15. (Planche IV, N° I.) Cette poignée est en os sculpté, de la nième forme que celle affectée à ce genre de couteau appelé eus(ac/w, oit couteaux catalans, c est-à-dire ronde, cii fuseau légère- ment courbé à soit qui s amincit en pointe. Elle est ornée de 7 cordons annelés en relief, répartis sur toute sa longueur. Le manche se termine par un bouton. La soie du couteau est fixée dans le manche par trois clous en fer de chaque côté. C est la plus bette orme dû cc genre, la plus grande et la mieux conservée qui ait encore été rencontrée dans les gisements gaulois de la Marne. - lB -
Ce couteau ou coutelas avait sans doute, dans la belle civilisation gauloise de celle époque, qui porte un reflet si prononcé de l art oriental ou plutôt asiatique, le rôle de cette arme signalée par Homère: « Atride tire le coutelas suspendu toujours auprès du long fourreau de son glaive et coupe la laine sur la tête des agneaux. » (Made, e. in, y , 271-272.) Cette pratique de sacrifier un porc ou sanglier, connue rite des funérailles du guerrier enseveli su le char de - Sept-Saulx, nous rappelle que le porc était l animal voué à l expiation dans le monde antique et immolé dans les rites lustraux. Les dents de porc portées comme amulettes passaient pour guérir ou préserver de la folie ou des ma- ladies mentales. Depuis l époque de la pierre polie jusqu à nos jours, cette superstition a traversé plusieurs milliers de siècles. La grotte de la Bulle-du-Moulin d Oyes (Marne) a fourni à mes collections tin collier composé de coquilles du tertiaire de la Marne, de rondelles en calcaire, dc pendeloques brillantes, taillées dans l écaille de l Unie ou moule de rivière, et enfin d une rondelle enlevée cl urï crâne humain par la tn3panal.ion opérée au moyen d un instrument cmi silex. A ce collier figure aussi comme ornement, muais bien plus encore comme amulette, une canine de pore ou sanglier percée d un trou de suspension. Le beau collier composé de 100 pertes de corail, trouvé dans le cimetière gaulois des Vari]les, commune de i3ouy (Marne) et que je diieris plus loir., montre aussi une carline - 17 - de porc portée comme aii,uletle avec un grain d ambre, l ue fusaiole et une coquille. (Planche H, fig. 111.) J ai trouvé des défenses de sanglier placées prèsdu sque- lette dans deux des tombes (lu cimetière gaulois de F on- taine-sur-Coole; On peut croire que la civilisation homérique et celles qui l ont suivie ont puisé dans les rites et les croyances religieuses des ANas primitifs ces pratiques où le porc joue à la fois le rôle d expiateur et de Protecteur. Que Thaltybius, dit Agamemnon, se hête de préparer dans le vaste camp des Grecs, le sanglier que nous in,mo- lerons à Jupitbr et ait «Agamemnon se lève et Thaltybius, dont la voix est sem- blahle à celle des dieux, tient le sanglier de ses deux mains et le place devant le pasteur des peuples. Alors Airide lire le coutelas suspendu toujours auprès du long fourreau de son glaive, et pour les prémices coupe les soies sur la tête du sanglier; et levant les mains, il implore lupite...... « IL dit et plonge le fer dans le flanc de la victime. (Iliade, e. xix, y. 250 et suiv., 66 et suiv.) On croirait presque assister à la mort du sanglier trouvé dans la sépulture de Sept-Saulx, portant encore au flanc de soit le long coutelas que nous avons décrut plus haut. Un carnée étudié par M. le baron de Witte dans la Gazette archdolhqique, année 1880, p. 127, reproduit le souvenir de l expiation des Proetides, filles de Proetos, roi - 1k - de Tyrinthe. rendues folles par fiionysos, dont elles mépri- saient les mystères. Le groupe des trois filles de Prœtos est dominé par le devin Mélampos, qui, debout, lient de la main droite un jeune pore, Xo9Wov, victime expiatoire, et qu il paraît secouer au-dessus des trois jeunes filles pour en répandre In sang sur elles et leur rendre la raison.
Sur un oxyhaphon à figures rouges (lit du Louvre, également publié par M. de W1Ue, Apollon tient un jeune porc dans la scène d expiation d Oreste, réfugié clans le temple de Delphes. - Des figurines de terre cuite, découvérl.es dans toutes les parties du monde grec, représenl.ent des initiés et des hvdrophores du culte de Démêler, la déesse Ci.honienne, portant dans leurs bras Le porc mystique.
Une statuette publiée dans la Gazelle archéologique, an née 1880,. p. 15, ieprésen te Démêler, tenant un porc clans ses bras. Horace dans ses satires, Plaute dans sa comédie des ftfenec/mmes, aHi1 huent également ait du porc mine idée mystique «expiation ou de protection jQo EnOn deux anneaux plats en bronze, ornés de moulurés circulaires ; quelques graips de collier en verre et en terre cuite; des clous en bronze deux aiguilles en bronze à chas ; qual,ie appliques cii-- culai res eu bronze estampé. en Forme de coupe à tituba central inl.ériemir. d un diamètre de cinq cenl.i- 19 niètre, complètent le mobilier de cette remarquable sépulture. Nous avons dit en commençant cette étude de la sépul- ture à char de Sept-Sauk, qu elle était placée au-dessous d une autre inhumation gauloise complètement violée. C est A celte circonstance qu est due la conservation de cette inhumation. Les violateurs de tombes ignoraient qu ils se trouvaient en présence d une sépulture en quelque sorte à double étage. C est dans de semblables conditions qu a été préservée et conservée pour In science archéolo- gique la sépulture à char de la Gorge-Meillet, à Somme- Tourbe (Marne), Si les nombreuses sépultures A char découvertes déjà dans le département de la Marne n avaient point été pour la plupart violées et détruites à une époque reculée, elles nous offrira lent plus du ne fois sans doute la double inhu- mation constatée à Sept-Saulx et à Somme-Tourl3e. Cette double sépulture éveille une touchante idée. l. homtne inhumé au-dessus de la sépulture à char paraît en quelque sorte la garder et la défendre, comme un génie protégeant le secret de la Iombe. Doit-on y voir quelque Soldure ou Ambacte qui, après avoir défendu son chef, n succombé avec lui dans le combat ou n été sacrifié, victime d un rite funéraire (s il ne s est point donné lui-même une mort volon(aire), et a été placé près de celui qu il avait aimé , sentinelle ainsi posée dans la mort au poste d honneur comme elle L étai t pendant. la vie? - 21) - D un autre côté, cet inhumé ne serait-il pas l écuyer conduisant le char tandis que le guerrier combattait Aussi bien en Gaule que dans la civilisation Gréco-Asiatique, les chars de guerre étaient montés pai deux hommes. Chaque combattant avait près de lui un écuyer conduisant le char. La tactique était souvent de tuer l écuyer le pre- dit mier pour avoir plus facilement raison en rendant, ainsi la direction (lit impossible. Liliade o donné les noms dé nombreux écuyers tués avant ou après les guerriers qu ils accompagnaient sur leur char. u Prends le fouet et les rênes brillantes. Moi je mou- lerai sur le chai pour combattre, oit attaque Diornède, moi je prendrai soin des coursiers.)) (Made, e, y., V. 920.) C est ainsi que Diomède tue Axvle d Arisbé,fils de Theutras, et son écuyer Calisius. Sur une intaille ornant une des deux bagues troll- vées û Mycènes dans le quairième tombeau, par M: Schlie mana, on remarque un char monté par deux hommes, tut chasseur et un cocher; ce dernier conduit le char tandis que le chasseur armé d uii arc décoche une lièche centre un cerf lancé à toute vitesse. Oit conipuend point en effet lusagedes chars à la guerre oit la chasse sans le secours d un écuyer oit cocher. Il se pourrait donc que les inhumés placés au-dessus des sépultures à char de Sept-Souk et de Somme-Tourbe aient été les écuyers ou conducteurs tués dans la nième lutte que le guerrier qu ils guidaient ainsi dans le combah Lorsque César lit la conquête de lit l usage lu char de guerre avait probablement cessé-chez les Gaulois, car le conquérant ne mentionne point dans ses Commen- taires le char de guerre, ni l usage qu en auraient fait les peuples habitant la Gaule lorsqu il la soumit. Mais il rencontra ce mode de combattre chez les Bretons, et il constate deux fois dans ses Commentaires que les soldats romains étaient tout d abord déroutés et même effrayés par le bruit de cet engin de guerre et la maniéré dont les Bretons s en servaient pour combattre. -
Perturbatis nostris novitate pugnœ. (Liv. iv.) - Novo genere pugnoe perterritis nostris (Liv. y.) Geaus 1mo est- ex essedis pugn Ipso tcrrore equormn et strepitu rotartun Ordines plerumqne perturbant. (Liv. iv.) Pour MG viner au contraire que les chars de guerre étaient encore en usage en Gaule lors de la conquête de César, on donne le témoignage de Diodore de Sicile et deFrontin. En effet, dans son livre y, Diodore s exprime ainsi en parlant des Gaulois
LiV2 GXEVO?Opb)V XŒI ŒLWV lSrLQUsWV i),eo ,r€p1couvrL.
ils voyagent sans rien redouter, avec leurs bagages et leurs chariots lourdement chargés.
Plus loin Diodore ajoute
eV à roiç OQL7tOIŒIÇ XL tŒIÇ fLŒ) ŒLÇ -/po»tat auv wptatv Lxvto tOU ap!k«ZD7 ;VIOXOV XŒI
Dans leurs voyages et. jeun combats,- ils se servent de Q
4 Mars attelés de deux chevaux, qui por tent vn.conductcutet un guerrier., - Diodore de Sicile fut contemporain de César et d Auguste; il voyagea en Asie et en Afrique. Vint-il en Gaule, et, -pour affirmer l usage des chars de guerre chez les peuples habitant ce pays de son temps, n a-t-il pas mis à profil des traditions et des documents déjà anciens qui lui laissaient ignorer que, si- lesGaulois, dans leurs longues pérégrinations à travers le monde antique, s étaient servis de chars de guerre, ils les avaient peu à peu -abandonnés lorsqu ils furent établis et fixés depuis longtemps déjà dans la Gaule. C est d ailleurs dans cette situation que les trouva le conquérant, Lundis que Diodore se sert de l ex- pression ptoun ; ce verbe veut dire voyager, parcourir le monde, être en quelque sorte toujours en mouvement. Ces habitudes vagabondes avaient cessé depuis longtemps déjà- à l époque de la conquête, et rendu en quelque sorte inutile l usage des chars de guelte. Les - communications et les moyens d information étant difficiles et rares à cette époque, il était per- mis à un historien d ignorer - nue modification de détail dans la tactiqie ou dans l armement des Gaulois, et de les peindre encore comme se servant d engins guerriers aban- donnés par eux. Fror tin, nu livre Il, paragraphe XVIII, des Stratagèmes s exprime ainsi « C. Césa Gailo-, ion fa-lcalas quadrias eadem- rcflione 7ia/is Jefixis excepit inh-ibuit que. n - - 1
- 23 Ici il ne s agit plus de chars jattelés de.. deux chevaux,, mais dequadriges armés de faux, véritables machines de guerre, qui n étaient point particulières aux Gaulois et dont se sont servi d autres peuples dans l antiquité. Dans le paragraphe précédent Frontin écrit ArcheIais advenus Syllanzin fronte ad perturbandum hosi &