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Automne 1944 Les évènements se précipitent, la guerre prend enfin une autre tournure. Les combats se rapprochent de l'Alsace. Les armées alliées ont atteint les Vosges.

L'Etat-major nazi commence à s'affoler tout en imposant aux populations des contraintes multiples, des privations supplémentaires, des vexations aussi. Malgré cela, l'espoir et la joie grandissaient en vue de la libération de l'Alsace et chacun espérait un dénouement proche. Durant la période qui précéda ce mois d'octobre, les populations sont astreintes à creuser des tranchées servant d'abris anti-aériens sur les bords des routes suite aux nombreuses attaques de l'aviation alliée sur tout objectif.

Au mois d'octobre, la commune de Hirtzfelden, comme toutes les communes de l'arrondissement de , se voyaient dans l'obligation de fournir un contingent d'hommes valides âgés de 16 à 55 ans pour creuser des tranchées à Dürlinsdorf dans le Sundgau, le long de la frontière suisse.

Le 21 novembre 1944 La Première Armée française libère . L'espoir d'une libération proche de notre village va grandissant. Les tirs de canons et les impacts d'obus de gros calibre sont de plus en plus perceptibles et annoncent des combats proches. Mais il faut attendre jusqu'au 6 février 1945, l'arrivée des libérateurs qui mettent fin à cette longue guerre et à son cortège de misère.

A la suite d'importantes chutes de neige et du grand froid qui règne au mois de janvier 1945, les hommes encore disponibles au village doivent participer au déneigement des routes.

C'est seulement vers la fin de janvier que le front se rapproche de nous.

Durant des journées entières les bombardiers alliés allaient et venaient dans le ciel. "Nous les voyions briller dans le ciel comme des milliers d'étoiles par temps clair, et le vrombissement des moteurs ne prit pas de fin."

Alors que Mulhouse est libérée, les villages du bord du Rhin subissent toujours l'occupation de l'armée allemande, et les combats pour la libération de la Poche de viennent de commencer le 20 janvier 1945.

1944-1945 L'arrivée de l'Armée française Commémorer pour ne pas oublier

Nous pensons aujourd'hui à ces hommes qui se sont battus pour la justice, la paix, la liberté et la dignité.

Ils s'appelaient Dupont, Durand, Mac, Mohammed, les petits, les humbles, les obscures. C'étaient les hommes de la 11e Compagnie du 5e Régiment des Tirailleurs Marocains, dont voici lecture du journal de Marche du 6 février 1945, jour de la libération de Hirtzfelden.

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6 FEVRIER : La nuit a été très agitée : l'ennemi a continué ses tirs sur la station et ses alentours jusqu'à 5 heures du matin. De notre côté les ordres prévoient une attaque par le sud du village de Réguisheim par le 1/5e Régiment en profitant de la tête de pont de la 9e Compagnie à . Une intense préparation d'artillerie est prévue. Les Compagnies ont multiplié au cours de la nuit les patrouilles pour trouver un passage sur l'Ill, et déceler à temps un éventuel repli de l'ennemi, afin d'épargner à ce village français une destruction inutile. Aucune de nos patrouilles n'a obtenue de résultat : le sous-lieutenant REBOUL a traversé la rivière à la nage sans pouvoir ramener le renseignement cherché. Cependant, l'impression se précise que l'ennemi a décroché, et à 6 heures je chef de bataillon demande la suspension de la préparation de l'artillerie. Toutefois ce n'est qu'à 6h30 que le lieutenant SERGHINI traversant péniblement l'ILL sur les ruines du pont, et signale l'évacuation du village. Ce passage de fortune est amélioré à l'aide de madriers, et tout le bataillon pénètre dans Réguisheim où la population l'accueille avec enthousiasme.

Immédiatement la 9e Compagnie est lancée pour reprendre le contacte en direction de , tandis que la 11e Compagnie reçoit comme objectif la maison forestière (bois du Rothleiblé) puis Hirtzfelden. La 9e Compagnie chasse les allemands du boqueteau de la côte 214 et occupe avec une section la chapelle de Sermersheim. Mais elle ne peut pas déboucher de ces deux positions, l'ennemi tenant fortement la lisière du bois du Rothleiblé, où se trouvent d'importants dépôts de munitions.

La 11e Compagnie après avoir occupé la maison forestière où elle a fait 2 prisonniers, traverse le bois et occupe Hirtzfelden à 21 heures. Dans l'intervalle, des éléments ennemis qui se replient ont occupé la maison forestière. Le lieutenant LIEBERT envoyé en liaison auprès du capitaine GOIS, doit traverser le carrefour sous leurs feux. Ces allemands interceptés par la 11e Compagnie seront tués ou capturés.

Ils redonnent sens et force à tous ces mots démodés, oubliés, galvaudés, banalisés. Tel peut être à nos yeux le sens profond de ces souvenirs, de ces expositions, de ces uniformes, de ces hymnes et de ces drapeaux.

L'Armée Française libère Hirtzfelden le 6 février 1945

Hirtzfelden, le 12 février 1945 Le barrage anti chars construit par les Allemands (Photo: Maurice Vieillard)

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Hirtzfelden, le 15 février 1945 Revue du Général CAILLES au PC JADE 8e RTM (Photo : Maurice Vieillard)

Hirtzfelden, le 15 février 1945 Le Général CAILLES vient rendre visite au Colonel De Berchond, commandant le 8e RTM avant sa dissolution (Photo: Maurice Vieillard)

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Hirtzfelden, le 15 février 1945 Le Sergent Caron, chef du groupe Auto de Transmission au repos après présentation de la garde au Général CAILLES (Photo: Maurice Vieillard)

Hirtzfelden, le 15 février 1945 Le Général CAILLES en conversation avec l'Adjudant Guillonneau, responsable de la section téléphone (Photo: Maurice Vieillard)

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Déblayage du pont du canal du Rhône au Rhin

La capitulation

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Témoignages Les jours précédents la Libération, les habitants de Hirtzfelden se regroupèrent dans les caves solidement construites pour se mettre à l'abri.

Etienne Fest : Nous étions 5 enfants dans notre famille et dormions dans la cave de Jecker Dominique, rue d'. Pour être plus rapidement à l'abri, il nous arrivait de passer une partie des journées dans la porcherie toute proche. Le soir nous nous trouvions avec les familles Hegy Wilhelm, Guthmann Léonie, la famille Hoffmeyer et le garde forestier M. Marin ; en tout nous étons 25 personnes.

Jeannine Fest, née Zaepfel: Six familles s'étaient regroupées rue d'Oberhergheim, dans la cave Sandmann Eugène, où nous dormions sur les patates. Un soir Catherine Baumgartner revenait de chez elle traînant un grand sac dans lequel elle avait mis des poules : tout le monde en riait. Le lendemain les poules des voisins avaient disparu avec les allemands. Le 6 février 1945, au soir, l'armée française occupe la rue de . Le lendemain matin, mon oncle nous a ramené un soldat français dans notre cave. Catherine Baumgartner, alors déjà fort âgée s'écria : "Eugène ! esch dass jetz a rechtiga Franzos ? " (Eugène est-ce un vrai Français celui-là ?)

Nous sortions encore tout apeurés dans la rue pour saluer nos libérateurs. La joie dans nos cœurs était immense et elle se lisait sur tous les visages. L'hygiène faisait défaut à l'époque et 97

nos libérateurs nous fournissaient de la poudre pour combattre les poux. Ils nous donnèrent aussi du chocolat que nous avions fort apprécié.

On ne savait pas comment faire plaisirs aux soldats français. Dans la rue de Meyenheim ils reçurent un petit cochon que Madame Alphonsine Naegelin leur avait préparé.

Cécile Doppler avait 18 ans ce jour du 7 février 1945. Il nous restait de la tarte et des gâteaux de la fête de la St-Blaise du 2 février, alors nous avons fêté mon anniversaire avec nos libérateurs. Ils nous offrirent de la poudre à café : ce fut nouveau pour nous. Nous rajoutions de l'eau chaude, une bonne pincée de schnaps et l'ambiance était assurée. Sous l'effet de l'alcool, ils nous racontaient "que faute de pont à Meyenheim ils avaient traversé l'Ill à la nage pour chasser les Allemands hors de l'Alsace ! "

La fête de la Libération 26 août 1945

De g. à d. Preiss Hélène - Sauvageot Claire - Hoffmeyer Cécile

Zaepfel Maria - Jecker Maria - Lichtlé François - Sauvageot Berthe - Illinger René 98

Loewert Berthe - Bihler Jeanne - Jecker Maria

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Zumbiehl Augustine - Sauvageot Hélène - Jecker Marthe 101

Jecker Marthe - Sauvageot Hélène - Zumbiehl Sauvageot, Jecker, Loewert, Hoffmeyer, Bihl, … Augustine Irène Louis Lucie Jules Yvonne

Sauvageot Irène - Loewert Lucie - Bihl Yvonne 102

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Illinger René, Jecker Arsène, Jecker René, Latuner Armand, Naegelin Albert 104

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Jecker Marie, Bihler Marie Jeanne, Jecker Jeanne, Bihler M. Jeanne, Bihler Jecker Léon Emile 106