LeMonde Job: WMQ2505--0001-0 WAS LMQ2505-1 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:21 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0294 Lcp: 700 CMYK

LE MONDE ÉCONOMIE

a La dette des pays pauvres ACTIVE:LMQPAG:WM busy a Bâtiment : haro sur le travail illégal

55e ANNÉE – No 16897 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE MARDI 25 MAI 1999 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Serbie : la colère des anti-Milosevic Corse : retour b L’envoyé spécial du « Monde » en Serbie décrit la montée au politique des protestations contre le pouvoir b Le maire de Nis nous déclare: a Motion de censure «Les gens en ont assez de Milosevic» b Bill Clinton veut ménager la Russie mardi à l’Assemblée LES MANIFESTATIONS contre le régime de Belgrade semblaient toujours vives, dimanche 23 mai, nationale dans le sud de la République de Serbie. D’un voyage clandestin a dans la région, notre envoyé spé- Jean Glavany cial, Jean-Baptiste Naudet, rapporte le sentiment que, jour après jour, se explique fissure l’unanimité de façade der- DEREK HUDSON rière Slobodan Milosevic observée le comportement Emilie Dequenne entourée de Jean-Pierre et Luc Dardenne. au début de la guerre. A Nis, troi- sième ville du pays, le maire, du préfet Bonnet l’opposant Zoran Zivkovic, explique au Monde : « Nous ne pouvons plus a A « Rosetta », pour « L’Humanité » échapper au déploiement d’une force Le ministre JURY exigeant, palmarès radi- qui aborde les pans les plus internationale armée au Kosovo (...). cal : en décernant – à l’unanimité – sombres de la réalité ordinaire. Milosevic doit accepter le plan du de l’agriculture la Palme d’or à Rosetta de Luc et Alors même que la sélection offi- G8». A Krusevac, localité du sud Jean-Pierre Dardenne (Belgique) cielle comportait une majorité de d’où était parti la semaine dernière critique les élus et en donnant le Grand Prix films aux regards plus optimistes un mouvement d’insoumission Cannes 1999 à L’Humanité, de et généreux. Le succès remporté chez des réservistes de retour du Bruno Dumont (France), le par Pedro Almodovar et l’hom- Kosovo, la mobilisation paraît tou- a Enquête Erignac : 52e Festival international du mage à Manoel de Oliveira jours forte ; des manifestations de cinéma n’a pas cédé à la facilité. trouvent un écho dans ce palma- soutien aux réservistes y avaient la police vérifie Avec un Prix d’interprétation fémi- rès, mais d’autres films de grande repris dimanche, à en croire plu- nine partagé par les interprètes de qualité en sont absents, malgré sieurs sources au Monténégro. Ail- les emplois du temps ces deux films, Emilie Dequenne et une sélection qui est l’une des plus leurs, raconte notre envoyé spécial, et de nuits à scruter le ciel dans ton explique son souci de ménager Séverine Caneele, le jury présidé riches de ces dernières années. c’est une « drôle de guerre » que l’attente des bombardiers de la Russie dans la gestion par les par le Canadien David Cronenberg vivent les Serbes, faite d’immobi- l’OTAN. Dimanche soir, Belgrade Etats-Unis de la crise du Kosovo. des suspects a confirmé son soutien à un Lire pages 20 à 22 lisme, d’angoisse, de difficultés était sans électricité. cinéma de recherche et de création et notre éditorial page 14 matérielles croissantes, de journées Dans le New York Times, Bill Clin- Lire pages 2, 3 et 14 Lire page 6

a Arrestations Le collège à Gaza En place de Vic-Fezensac, la mort du picador DANS LES PAGES jaunes de l’annuaire de jeune Leal, en remplacement de son frère, une rencontre terrifiante, cheval cabré La police palestinienne a appréhendé, Séville, à la rubrique « Picador », on trouve Rafael Muñóz, blessé en place de Fitero le comme saisi par Goya, à la limite de la de l’an 2000 dimanche, plusieurs dizaines de mili- pas mal de Muñóz. C’est une famille de pica- 14 mai. culbute, avec un formidable raffut d’étrier tants du Hamas à Gaza. A lire aussi un dors fameux, qui ont suivi des cuadrillas Les picadors sont vêtus d’argent, coiffés en fer, de jambière, de palissade, de souffle LA MINISTRE déléguée à importantes : Espartaco, Ortega Cano, le du castoreño, feutre de castor très épais pour de forge, de choc de titans et de cris (du cal- a l’enseignement scolaire, entretien avec Alain Dieckhoff, cher- prometteur Uceda Leal, cette année. amortir les chutes, à larges bords, assujetti lejón, les professionnels lui criaient : bien ! Ségolène Royal, doit annoncer, cheur au CNRS : « Le melting-pot israé- A Vic-Fezensac (Gers), ce samedi 22 mai avec une jugulaire et traditionnellement torero !), a été applaudi pendant le specta- mardi 25 mai, ses projets de lien ne fonctionne plus. » p. 5 et 12 1999, José Muñóz est mort écrasé par sa orné d’un pompon noir ; la jambe protégée culaire affrontement. réforme des collèges. Ces annonces monture, qu’a renversée le sixième toro de d’armure de fer forgé articulée au genou Il y a deux ans, à Cali (Colombie), Carlos interviennent une semaine après la Victorino Martin, « Manchoncro », né en sous le pantalon de gros daim (la grego- Borraéz a été tué dans les mêmes conditions publication du rapport Dubet, qui a Gers : meurtres décembre 1994. Pendant que le cheval noir riana) ; la semelle renforcée de sorte que la que José Muñóz. Bien avant les téléphones souligne que les enseignants de Muñóz, trop serré contre les planches (et corne ne la transperce pas. Ils sont toujours portables, personne n’a jamais compris dressent un constat très sombre de mystérieux malmené au troisième toro), était renversé secoués, souvent malmenés, fréquemment comment on savait instantanément dans l’« utopie du collège unique » ins- sur le corps de Muñóz, les braillards brail- blessés. Leurs chutes sont importantes. C’est toutes les arènes du monde, avant même tauré en 1977. Inégalités crois- Quatre Néerlandais ont été découverts laient, d’autres riaient, certains regardaient le plus ancien des rôles de l’arène, le plus que le décès ait été constaté, qu’un torero santes entre élèves et entre établis- assassinés, samedi, dans une maison ailleurs : les picadors sont mal-aimés. incompris, le moins respecté – jadis, le plus – picador, banderillero ou matador – venait sements : Ségolène Royal souhaite isolée de Montfort, petite commune Le caparaçon de protection, dont l’usage prestigieux (Don José, dans Carmen, est de se faire prendre là-bas à Vic, à Madrid, à « revenir aux ambitions égalitaires et du Gers. p. 26 est obligatoire depuis 1927, alourdit picador). Séville, à Cali ou à Pimhbous... Pour les pica- démocratiques d’origine ». Nous l’ensemble de la monture. Celle qui a écrasé Aujourd’hui, ils sont sifflés en entrant, sif- dors, que l’on croit en sécurité sur leur tour, publions des extraits du rapport Muñóz avoisinait la tonne. Plusieurs côtes flés pendant et sifflés quand ils sortent. Par- les blessures graves ou qui laissent invalides Dubet sur le « collège de l’an a Olivetti : rassurer cassées, hémorragie hépatique, deux arrêts fois, lorsque leur geste est exécuté avec cœur sont chaque année fréquentes. José Muñoz 2000 ». cardiaques, José Muñóz est arrivé à l’hôpital et art, le public les salue. Vendredi 21 mai, à avait cinquante-quatre ans. Après sa prise de contrôle de Telecom d’Auch cliniquement mort. Avec Luciano Bri- Nîmes, la veille de la mort de Muñóz, le pica- Lire page 8 Italia, Olivetti veut rassurer le gouver- ceño, il constituait le tandem au service du dor du dernier toro de Julián López, dans Francis Marmande et notre document page 11 nement italien et les salariés. p. 15 POINT DE VUE a : ouverture L’allumette de Roland-Garros Dire « non » du romancier Venus Williams, et Marcelo Rios sont les favoris des Inter- par Jean-Michel Delacomptée nationaux de France qui se disputent NE fois jetée la passe- sion publique elle-même (France 2, du 24 mai au 6 juin. p. 16 relle, les moutons 17 mai), voilà que surgissent les U montent dans le profiteurs du courage, les charo- navire. C’est ce qui gnards de l’audace. Merci d’avoir a Rugby : finale vient de se passer avec certaines posé les questions qu’on n’osait contributions publiées par la page pas trop se poser tout haut, écrit Toulouse- Débats du Monde (20 mai) à la Lilly Marcou dans Le Monde du suite du point de vue – d’ores et 20 mai, comme si un Jean-François Montferrand déjà fameux – de Régis Debray Kahn, par exemple, ne s’était pas Le Stade toulousain tentera, samedi (13 mai). Il a ouvert la boîte de Pan- insurgé contre les frappes sans se dore, peut-être était-ce son but. faire étriper pour autant. « Quel ANTONIO TABUCCHI 29 mai, de remporter son quinzième Mais lui, du moins, s’est rendu en lynchage ! », s’écrie-t-elle à propos Bouclier de Brennus – record absolu – Macédoine et en Serbie, en est de Debray. Ah bon ! Quel lyn- IL VOULAIT devenir astronome. face à l’AS montferrandaise. p. 17 revenu avec un reportage contes- chage ? Nous avons assisté exacte- Puis il a regardé le monde à hauteur table où il a moins prêté son œil ment à l’attitude inverse. d’homme et il a écrit le monde des aux constats que son oreille aux Alain Badiou, parlant de Sainte hommes. Antonio Tabucchi, écrivain a Promenade céleste rumeurs, dès lors justement Alliance, nous ressort la vieille italo-européen, ressemble à une contesté par des écrivains, des uni- vision paranoïaque dont se nour- sorte de détective confus, un Dans la Grèce antique, deux légendes versitaires et des journalistes, qui, rissait le groupuscule qu’il animait Colombo aérien. Il admire Fernando au moins expliquaient la présence dans tous, ont témoigné de leurs convic- dans les années 70, et qu’aujour- Pessoa, aime les Gitans de Florence, le ciel du grand Dragon, un monstre tions ou de leurs compétences par d’hui cultivent à Pékin les succes- le Portugal et Paris, s’applique à la entre Petite et Grande Ourse. p. 19 leur action sur le terrain. seurs du régime dont ce géopoliti- sieste et à la bonne chère. Michel Régis Debray aussi a témoigné, cien extralucide se fit jadis l’apôtre. Braudeau raconte ce romancier qui Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, naïvement, en amateur, mais Il s’agit d’une guerre, pas d’un cherche à transmettre ne serait-ce 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; témoigné. Et ces écrivains, ces pro- génocide, clame un troisième, tout qu’une flamme d’allumette. Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, fesseurs, ces journalistes ont com- en nous signalant que l’UCK pour- 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, menté son papier avec respect rait bien être aussi criminelle que 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, Lire page 10 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; envers un intellectuel de haute les forces serbes. Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; volée, avec tristesse (« Adieu, Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. International ...... 2 Météorologie, jeux... 19 Régis », aucun mépris ni haine), Lire la suite page 13 France ...... 6 Culture ...... 20 avec leur expérience de profession- Société ...... 8 Guide culturel...... 23 nels, avec leur précision et leur Horizons ...... 10 Carnet ...... 24 honnêteté d’universitaires. Jean-Michel Delacomptée Entreprises ...... 15 Abonnements...... 24 Et puis, dans le débat amplement est maître de conférences à l’uni- Aujourd’hui ...... 16 Radio-Télévision...... 25 ouvert auquel s’est jointe la télévi- versité Bordeaux-III et écrivain. LeMonde Job: WMQ2505--0002-0 WAS LMQ2505-2 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0295 Lcp: 700 CMYK

2 INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999

BALKANS L’envoyé spécial du serbe au Kosovo et des respon- KOVIC, maire de Nis et vice-pré- arracher à l’OTAN un accord qui ne voquent de graves problèmes d’ap- Monde a pu se rendre à la fin de la sables de l’opposition. Dans plu- sident du Parti démocrate, dont les résolve rien. b L’AVIATION ALLIÉE a provisionnement en eau à Belgrade semaine dernière dans les villes sieurs villes, des manifestations an- propos traduisent le dilemme des de nouveau frappé, dans la nuit de et Novi Sad notamment. b UN serbes de Nis et Krusevac et y a ren- ti-Milosevic se sont poursuivies opposants, redoute, dans un entre- dimanche à lundi, des installations AVION A-10 de l’OTAN aurait été contré des déserteurs de l’armée durant le week-end. b ZORAN ZIV- tien, que le président serbe arrive à électriques. Les coupures pro- abattu, selon Belgrade. Dans la Serbie bombardée, voyage à travers une guerre sans bataille Les manifestations contre l’envoi de réservistes au Kosovo se multiplient dans plusieurs villes serbes connues pour leur hostilité à Slobodan Milosevic. La guerre exacerbe les tensions internes et paralyse la société, rapporte notre envoyé spécial, qui a pu rencontrer le maire de Nis, bastion de l’opposition EN SERBIE des queues pour l’huile, le sucre, les le ciel, parfois dissimulée dans les de la paille. Un peu partout, les de notre envoyé spécial Des manifestations dans le Sud cigarettes, dont le prix a quadruplé, nuages. Il y a bien ces images des frappes sont visibles. Voilà, à l’en- Au bord de la route, pour dé- HONGRIE et devant les officines de paris. Si- « erreurs » de l’OTAN – les seules trée d’une ville, une zone indus- fendre leur barrage, les soldats de SERBIE non, pas grand-chose ne manque. que l’on montre ici. Ces cibles civiles trielle pulvérisée, ses usines dé-

l’armée yougoslave ont construit M. Les campagnes sont occupées à la endommagées, ces corps blessés ou chiquetées, tôles ondulées, avec des sacs de sable des fortifica- ROUMANIE récolte de pommes de terre. En ville, déchiquetés. Un jour, un bus ; un poutrelles d’acier tordues par les tions inutiles et désertes. Un soldat les vitrines des magasins, les vitres autre, un train ; aujourd’hui, un hô- bombes. Plus loin, un pont de che- serbe en tenue de combat, kalach- des maisons sont scotchées en croix pital. Des images d’horreur que les min de fer plonge dans un lac. Plus nikov en bandoulière, arrête les voi- pour amortir le choc des bombarde- médias, tous sous contrôle de la loin, de gigantesques antennes sa- KOSOVO RFY tures, puis les fouille. Les journa- BELGRADE ments. Les écoles ne fonctionnent censure militaire, repassent à l’infini, tellite ont été réduites en bouillie. listes étrangers accrédités à plus depuis deux mois. jusqu’à rendre insensible, jusqu’à C’était l’un des principaux centres Belgrade n’ont le droit de se dépla- Les journées sont longues et l’écœurement. Jusqu’à ce qu’une de communications du pays. cer dans le pays que sous contrôle SERBIE BOSNIE vides. Sans bars ni restaurants, les autre « bavure » permette de re- « Comme cela, l’OTAN nous paiera la de l’armée, et les voyageurs sans vi- Krusevac soirées traînent en longueur. Dès la nouveler l’émotion et la macabre dernière technologie », plaisante un sa et sans autorisation que nous Cacak tombée du jour, la Serbie plonge propagande. Serbe. Beaucoup de ponts sur les sommes risquent à tout moment dans l’obscurité. Il n’y a plus d’éclai- routes sont coupés. De longues dé- l’arrestation ou l’expulsion. Mais Signes récents rage public. On tâtonne dans le noir, viations, passant par les montagnes, Raska Nis beaucoup de barrages se fran- d'insoumission on chute contre les trottoirs. Les « Tout le monde dit sont signalées par de nouveaux pan- Aleksandrovac chissent en agitant amicalement la MONTÉNÉGRO nuits sont souvent hachées par les neaux. main, au pire après un brin de cau- Pristina raids de l’aviation de l’OTAN ou par que les Serbes sont Parfois apparaissent les « dom- sette. le hurlement des sirènes. Frappé par mages collatéraux ». A côté d’un dé- Malgré l’état de guerre déclaré en KOSOVO l’OTAN, le système d’alerte-radar pôt d’essence militaire enterré dans Podgorica derrière Milosevic. Serbie, le soldat ne cherche ni armes 50 km BULGARIE est-il devenu fou ? Ou bien le ré- des tunnels qui s’enfoncent sous Mer ni passager clandestin. Ici, le mili- ALBANIE MACÉDOINE gime de Milosevic maintient-il la C’est faux. Ils ne une colline, deux maisons ont le toit taire serbe pense qu’il a affaire à des Adriatique pression psychologique sur le éventré, les vitres brisées, la façade compatriotes, probablement un peu peuple grâce à ces fausses alertes ré- peuvent rien faire. lacérée. L’autoroute Belgrade-Nis trafiquants. Il baisse les vitres, une le décor bucolique des collines se- tombe soudain sur la tête. A Kruse- pétées ? Régulièrement, les sirènes fonctionne toujours – même le par une, pour vérifier qu’il n’y pas mées de pins de la campagne serbe. vac, la petite ville qui s’est rebellée la retentissent, annonçant un raid aé- péage –, mais elle n’est pas emprun-  Les gens ont peur » de cartouches de cigarettes dissimu- Il n’y rien d’autre à faire que d’ob- semaine dernière contre l’envoi des rien. Les conversations s’arrêtent. tée par grand monde. Dans notre lées dans les portières. « Avez-vous server, désarmé, le ciel d’où peut réservistes au Kosovo, plusieurs Les enfants s’énervent. Puis c’est direction, la chaussée s’est enfoncée de quoi fumer ? », demande-t-il. Of- surgir un avion de l’OTAN. « Est-ce centaines de soldats sont rentrés l’attente. Parfois infinie. Car, très Personne ne semble avoir songé à de plusieurs mètres sous les ficiellement, l’armée yougoslave et que vous vous rendez compte que chez eux sans ordre de démobilisa- souvent, rien n’arrive. Aucune s’attaquer aux « symboles de l’impé- bombes. On roule sur la voie d’en la police, qui ont disséminé leurs nous devenons tous fous ici ? Tout le tion. L’un d’entre eux explique qu’il bombe ne vient faire exploser la rialisme ». Un grand panneau de pu- face. A Nis, la troisième ville du points de contrôle sur les routes monde prend des tranquillisants », était « prêt à [se] battre mais pas à tension, qui se diffuse alors lente- blicité pour des cigarettes améri- pays, qui a toujours un maire d’op- champêtres de Serbie, luttent contre crie un journaliste de l’opposition, attendre, à ne rien faire, d’être tué ment, empoisonnant les corps et les caines, aujourd’hui introuvables, position, Zoran et ses amis n’ont la contrebande. Celle de tabac se sortant la boîte de calmants qu’il comme un oiseau ». esprits. proclame ironiquement : « Le goût pas peur d’être qualifiés de développe avec la pénurie provo- porte en permanence dans sa Tout attend, fonctionne au ralen- En guerre contre le monde entier de la liberté ». « Tout le monde dit « traîtres ». Ils pestent contre Milo- quée par la guerre. Comme beau- poche. « Voilà, dit-il avant de boire ti. Les villes, les restaurants, les cafés ou presque, la Serbie n’a aucun en- que les Serbes sont derrière Milosevic, sevic et contre l’Occident. « Milose- coup de Serbes, fumeurs à la chaîne, une grande rasade de raki, le résultat sont déserts. « Le problème, ici, c’est nemi à se mettre sous la dent, dit un journaliste. C’est faux. Ils ne vic est notre problème, dit Zoran. Il ces soldats manquent tout simple- des bombardements. » qu’il n’y a plus rien à faire », dit, dans même si elle semble pleine de peuvent rien faire. Les gens ont peur. manipule nos sentiments nationaux, ment de cigarettes. Pour passer La « drôle de guerre » aérienne de son établissement vide, un oppo- « traîtres ». Dénoncée comme une Ils ne veulent pas parler. » « Car, car défendre notre pays s’est enraciné leurs nerfs et leur ennui. l’Alliance atlantique tape sur les sant devenu restaurateur. « Plus per- litanie par les radios et par les télé- ajoute-t-il, tous ceux qui s’opposent dans notre culture. Il faut le tuer lui, Pour les soldats serbes, cette nerfs de la Serbie. Prêts à résister au sonne n’a d’argent. Les gens touchent visions, « l’agression étrangère » est au pouvoir deviennent des traîtres et puis bombarder tous ceux qui iront à guerre sans bataille est épuisante. combat, les soldats serbes impuis- en ce moment la moitié de leur sa- presque immatérielle, insaisissable : reçoivent leur avis de mobilisation. » son enterrement », propose-t-il. C’est le « désert des Tartares » dans sants redoutent que le ciel ne leur laire de janvier », continue-t-il. Il y a quelque part là-haut, très haut dans Un avocat a fait savoir qu’il ferait les Puis c’est au tour des Occiden- cinq ans de prison prévus en cas taux. « Dès que Milosevic fait mine d’insoumission plutôt que d’aller se d’être gentil, ils passent des compro- battre. « Mais, dit-il, la loi prévoit que mis avec lui. C’est ainsi qu’il a pu ren- Le maire de Nis, opposant : « Milosevic doit accepter le plan du G 8 » vous partez de toute façon à la guerre forcer son emprise sur le pays », dit et qu’après vous faites cinq ans de pri- un opposant qui a organisé les NIS (Serbie) Zoran Djindjic. Je suis maire. Je suis protégé par vils ont été tués. Beaucoup d’industries et d’autres son. Voilà pourquoi les mobilisés n’ont grandes manifestations contre la de notre envoyé spécial l’institution. » Certes, il s’attend à recevoir d’un objectifs civils ont été détruits », précise-t-il. Et d’autre choix que de répondre à l’ap- fraude électorale et estime que Maire de Nis, la troisième ville de Serbie et la moment à l’autre son ordre de mobilisation. La M. Zivkovic estime que « l’agression de l’OTAN » pel. » l’Ouest a alors lâché les démocrates plus grande agglomération gérée par l’opposi- police militaire patrouille en ville. M. Zivkovic es- ne retourne pas la population contre le président Au bord des routes, des militaires serbes. « Beaucoup de ceux qui ont tion, Zoran Zivkovic est dans une situation poli- père cependant en réchapper : « J’ai été réformé Slobodan Milosevic. « Ici, dit-il, les gens en ont as- en permission font, sans grand suc- voté pour lui comprennent au- tique et personnelle délicate. « La guerre, dit-il, dans les années 80 pour un problème médical. » sez de Milosevic. Mais ils en avaient assez avant la cès, du stop. Les routes sont presque jourd’hui qu’ils ont eu tort. Mais c’est recevant Le Monde dans sa mairie, est une bonne Encore en place, le maire d’opposition vit pour guerre. Ceux qui était contre lui le sont toujours. Et désertes. « Les embouteillages sont trop tard. Ils ne peuvent plus rien occasion pour les partisans de Milosevic de quali- le moment d’autres difficultés. « A la mairie de la peu de gens qui étaient pour lui ont changé d’avis à dans le ciel », plaisante un homme. faire », dit-il. Désespéré, un journa- fier de traîtres tous ceux qui ne sont pas d’accord ville, nous avons de graves problèmes financiers. cause de la guerre. » Il n’y a pas de convoi militaire. On liste exprime une opinion minori- avec eux. Ils en profitent pour prendre leur re- L’Etat fédéral ne nous verse rien. Au contraire, il Ces précautions prises, il précise que « nous croise parfois un camion de l’armée. taire : « Je crois qu’il faudra des vanche. » prend l’argent de la ville, dit-il. L’opposition avait avons une différence avec Milosevic : nous pensons Voici un blindé léger suivi de près troupes terrestres ici. Sinon, tout reste- Au moindre faux pas, cet homme, qui est aussi beaucoup de problèmes avant la guerre. Elle en a que l’on ne peut pas, que l’on ne doit pas, gagner par une ambulance, comme pour le ra comme avant : nous n’aurons pas le vice-président du Parti démocrate (opposi- encore plus maintenant. A Nis, toute la population cette guerre. Je comprends très bien que l’OTAN ne protéger de l’OTAN. Les stations- de démocratie, de liberté de la presse, tion), risque de subir le sort du maire de la ville souffre, car elle est pour l’opposition. Les gens va pas arrêter de bombarder, même si elle le de- service sont vides. L’essence n’est d’entreprendre. » de Cacak, Velimir Ilic. Celui-ci a reçu son ordre de perdent leur travail, ils ont des problèmes avec la vrait ». Il veut que le conflit soit résolu par des délivrée qu’avec un ticket de ration- Sur la route du retour, voilà un mobilisation et a dû prendre la fuite juste avant justice. » moyens politiques, il sait que « nous ne pouvons nement : 20 litres par véhicule et par nouveau barrage de la milice. Le po- l’arrivée de la police militaire. « N’importe qui, dit plus échapper au déploiement d’une force inter- mois. Au marché noir, elle coûte licier demande les papiers de tous M. Zivkovic, peut être mobilisé pour la guerre. » « LES BOMBARDEMENTS DOIVENT S’ARRÊTER » nationale armée au Kosovo. Mais, précise-t-il, il plus de 10 francs le litre. Sous les les occupants de la voiture. La situa- Zoran Djindjic, le président du Parti démocrate Le principal opposant encore au pouvoir en faut qu’elle soit sous mandat des Nations unies. Mi- hangars d’une station d’essence tion devient périlleuse. Mais, peut- et ex-maire de Belgrade, a fui au Monténégro Serbie doit aussi mesurer son discours. Car la si- losevic doit accepter le plan du G 8. » vide, l’armée a dissimulé des ca- être parce que la nuit et les bom- dissident mais où est toujours déployée l’armée tuation politique est « compliquée ». Les oppo- Cependant, M. Zoran est pessimiste : «Les mions militaires. Dans un bosquet, bardements approchent, peut-être yougoslave, après avoir été menacé de mort. «Il sants à Milosevic sont, aujourd’hui, avant tout bombardements n’émeuvent pas, ne touchent pas sous les arbres et sous des filets de parce qu’il trouve sympathique le a reçu aujourd’hui son ordre de mobilisation », dit révoltés par les attaques aériennes de l’OTAN qui Milosevic. Il attend une offre finale. Il a tout refusé camouflage, se cachent des avions chauffeur qui a trompé son ennui, le maire de Nis. Zoran Zivkovic raconte qu’il vit les frappent. « Nous sommes tous d’accord sur une et finira, comme d’habitude, par accepter la plus de combat. Devant un restaurant, le peut-être parce qu’il commence à « sous les pressions et la menace en permanence : chose : les bombardements doivent s’arrêter car les mauvaise offre. La situation de conflit, de guerre, propriétaire avait garé un vieux Mig trouver tout cela inutile, il renonce. les médias contrôlés par Belgrade disent que nous dégâts touchent essentiellement les civils, dit le c’est l’essence de son pouvoir. » pour attirer le client. Aujourd’hui, « Allez-y, les gars ! » sommes des traîtres, précise-t-il. Mais, estime le maire. Sur 59 jours d’attaques aériennes, à Nis, de crainte d’aimanter les missiles de maire, mon cas n’est pas aussi difficile que celui de nous avons été bombardés 30 jours. Trente-deux ci- J.-B. N. l’OTAN, il a recouvert l’avion avec Jean-Baptiste Naudet L’insoumission s’étend dans le sud de la Serbie et au Monténégro

PODGORICA de l’Etat serbe au Moyen Age, la Après deux jours de calme et le de radio Free Europe. Les réser- veulent rentrer chez eux ». Il n’y a (Monténégro) ville du prince Lazar, qui perdit retour, contre les ordres, de réser- vistes, qui avaient « quitté » le pas eu d’incident avec la police. de notre envoyé spécial contre les Turcs la bataille de Ko- vistes envoyés au Kosovo, les ma- Kosovo mercredi, avaient pour- Mais une nouvelle manifestation La fin est sans doute encore sovo Polje, mythe fondateur du nifestations ont repris, dimanche, tant reçu un nouvel ordre de mo- était prévue pour lundi. loin. Mais, bombardée depuis nationalisme serbe, levier de Slo- à Krusevac, selon les correspon- bilisation. Mais, au lieu de se Une manifestation contre l’en- deux mois par l’aviation de bodan Milosevic pour se propul- dants sur place de la télévision du rendre aux points de départ, ils voi des réservistes au Kosovo au- l’OTAN, la Serbie commence à se ser au pouvoir. Monténégro et du service serbe sont allés manifester, avec les pa- rait aussi eu lieu à Raska, petite fissurer tandis que le Monténé- rents de soldats, devant la mairie, ville à 20 kilomètres au nord de gro, second partenaire de ce qu’il provisoirement située dans le ly- Novi Pazar (Sandjak, sud). Le gé- reste de la « Fédération yougo- Le président de la République monténégrine cée de la ville. néral Pavkovic, commandant des slave », est entré depuis long- forces serbes au Kosovo, se serait temps en dissidence pro-occiden- réclame plus d’autonomie « ARRÊTEZ LA GUERRE ! » rendu sur place pour tenter de ra- tale. Alors que les premières mani- mener le calme avant d’aller à En Serbie, les manifestations Le président monténégrin, Milo Djukanovic, a haussé le ton, sa- festations avaient rassemblé Krusevac. contre la guerre au Kosovo sem- medi 22 mai, dans une intervention à la télévision locale, contre la entre 1 000 et 3 000 personnes, ils A Cacak, ville du sud de la Ser- blaient s’étendre, dimanche « dictature de Belgrade », estimant que sa République devrait redéfi- étaient, selon ces sources, plus de bie, tenue par l’opposition mais 23 mai, dans le sud du pays et nir ses relations avec la Serbie après la guerre. Il a déploré que la 5 000 dimanche à scander des slo- dont le maire a dû prendre la prendre un tour plus radical. Les Constitution yougoslave permette au régime de Belgrade d’asservir gans plus radicaux, directement fuite après de violentes déclara- autorités semblaient aussi inca- le Monténégro et de le priver de sa « dignité ». Il a en outre déclaré dirigés contre la guerre au Koso- tions contre la guerre, le parle- pables de renvoyer au Kosovo les que l’armée yougoslave, « sciemment ou non, s’est mise au service de vo et le régime de Milosevic : ment local a lancé un appel de soldats de Krusevac qui étaient la dictature de Belgrade, qui est obsédée par la conquête du Monténé- « Arrêtez la guerre ! Arrêtez les soutien au président monténégrin retournés chez eux, mercredi, gro ». bandits rouges ! » Les parents de pro-occidental Milo Djukanovic. sans avoir été démobilisés. Cette prise de position intervient après les virulentes attaques for- soldats criaient « Nous ne voulons L’opposition de Cacak tentait, C’est à Krusevac que tout a mulées la semaine dernière par la télévision serbe contre M. Djuka- pas donner nos enfants ! », les dé- sans succès, d’obtenir de la police commencé il y a une semaine. novic, accusé d’être à la solde des Etats-Unis. Le gouvernement serteurs « Nous voulons le retour une autorisation de manifester lé- Cette petite ville, à près de 200 ki- monténégrin a par ailleurs demandé dimanche à Belgrade de lever de nos amis ! ». Un soldat qui a galement. lomètres au sud-est de Belgrade, le barrage militaire mis en place depuis cinq jours près de la fron- déserté aurait déclaré que « tous est un symbole : ce fut le berceau tière entre le Monténégro et la Croatie. les soldats déployés au Kosovo J.-B. N. LeMonde Job: WMQ2505--0003-0 WAS LMQ2505-3 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0296 Lcp: 700 CMYK

L’OTAN CONTRE LA SERBIE LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 3 Bill Clinton défend la stratégie de l’Alliance face aux doutes de l’opinion américaine

WASHINGTON a voulu rassurer les pacifistes en ments sont officiellement un suc- de notre correspondant donnant de ce changement la vi- cès, la victoire n’est pas pour de- Une fois n’est pas coutume, Wil- sion la plus minimaliste et en affir- main. Par ailleurs, si la KFOR liam Jefferson Clinton a pris la mant qu’en raison des succès ac- devrait voir gonfler ses effectifs, la plume pour réaffirmer dans la tuels − dont l’opinion américaine participation américaine devrait page éditoriale du New York Times, doute de plus en plus −, point rester minimale. Elle était de 4 000 dimanche 23 mai, que le conflit au n’était besoin de changer de stra- hommes dans une KFOR évaluée à Kosovo est « une guerre juste et né- tégie. 28 000. Si celle-ci passe à 49 000, a cessaire ». Notre stratégie aé- Il n’est pas jusqu’au débat sur le calculé le porte-parole, les GI en rienne « est un succès » et nous déploiement anticipé d’une KFOR représenteront « un septième, ou avons donc l’intention de la pour- plus nombreuse qui ne participe à 14 %, soit 7 000 hommes (...). Je ne suivre jusqu’au bout, « même si je cette atmosphère d’ambiguïté qui voudrais pas un pourcentage de n’exclus pas d’autres options mili- caractérise la politique de la Mai- participation américaine plus élevé taires ». son Blanche. Après que l’on eut dans une force plus importante ». Si cette défense et illustration de parlé de l’importance stratégique Aux alliés, souvent accusés ici de la vision clintonienne de la guerre que pourrait avoir ce déploiement ne pas en faire assez, aux Suédois dans les Balkans à l’usage de l’opi- nion américaine n’est guère nou- velle, le fait que le président ait ju- La CIA chargée de déstabiliser M. Milosevic, gé nécessaire, à la veille de la Un nouvel afflux de réfugiés réunion du Conseil atlantique, de selon « Newsweek » la réaffirmer et de la recentrer a gonfle les tensions en Macédoine son importance. Selon l’hebdomadaire Newsweek, Bill Clinton a approuvé un plan Divers responsables militaires secret qui autorise la Central Intelligence Agency (CIA) à former des BLACE abritait de nombreux combat- Pristina. Cinq nouveaux cauche- ou politiques ont fait allusion ces Kosovars au sabotage et à pirater les comptes bancaires à l’étranger (frontière macédonienne) tants de l’UCK, à une vingtaine de mars. A chaque arrêt, des derniers jours à l’éventualité d’une de Slobodan Milosevic. La CIA, selon ce plan, entraînerait des re- de notre envoyé spécial kilomètres de Pristina, subit une hommes valides sont emmenés. intervention terrestre. Depuis lors, belles à couper les lignes téléphoniques, détruire des bâtiments, Un nouvel accroc a eu lieu dans violente offensive de l’armée Un des oncles de Fidrije est pris Bill Clinton et le Pentagone se sont polluer des réserves de carburant et à piller des stocks alimentaires. la nuit de dimanche 23 au lundi serbe qui durera trois jours. Le dans une de ces rafles. « Ils l’ont efforcés de freiner des quatre fers Elle mènerait « une guerre cybernétique contre Milosevic », en utili- 24 mai entre les autorités macé- 21 avril, à 9 heures du soir, avec battu toute la nuit. Ils leus deman- en affirmant qu’il n’y avait rien de sant des pirates informatiques pour pénétrer les systèmes bancaires doniennes et le Haut-Commissa- une partie de sa famille, Fidrije daient : “Qui vous a tiré dessus : changé et qu’il n’était toujours pas à l’étranger et pour « trafiquer les comptes bancaires de Milosevic ». riat des Nations unies pour les ré- rejoint des centaines de fuyards, L’OTAN ou la police ?” Ils devaient question d’intervenir au sol dans Les services secrets pensent avoir identifié les banques dans des fugiés (HCR), les premières ayant venant des villages voisins, qui répondre : “l’OTAN”, sinon ils un environnement « non permis- pays (la Russie, la Grèce et Chypre) où le dirigeant serbe aurait ca- tenté de transférer autoritaire- veulent gagner Pristina. continuaient à être battus. » sif ». Agacée des déclarations va-t- ché des millions de dollars. Ce plan, selon Newsweek, a été critiqué ment vers l’Albanie des réfugiés Arrivés à Pristina, ils sont arrê- en-guerre du Britannique Tony au Congrès parce qu’il peut avoir pour effet de prolonger la guerre arrivés dimanche sur son sol. En- « LES MAINS PLEINES DE SANG » tés par des policiers, qui séparent Blair, la Maison Blanche ne veut et de s’aliéner les alliés. viron 7 000 personnes sont arri- Le cortège, des tracteurs tirant le convoi en deux. « Nous, nous pas se laisser entraîner sur cette vées à Blace dimanche, soit le des charrettes remplis de familles, avons eu la chance de pouvoir en- pente et se retranche derrière la même nombre que la veille, ce qui est tout de suite stoppé par des trer en ville, les autres ont été obli- nécessité d’un consensus des dix- anticipé − tant pour exercer une ou aux Russes de fournir le reste. représente une forte augmenta- hommes cagoulés, en uniformes gés de repartir sur la route et nous neuf membres de l’OTAN. pression supplémentaire sur Slo- Dans ce contexte, avec chaque tion par rapport aux jours précé- militaires, avec un écusson repré- n’avons plus aucune nouvelle bodan Milosevic que pour être jour qui passe le débat s’intensifie dents, où la moyenne s’établissait sentant un tigre jaune. « Ils nous d’eux. » OPTIONS OUVERTES prêt à entrer au Kosovo dès la à Washington sur la stratégie de la à environ 1 500 arrivées par jour. ont demandé notre argent, ils pre- Lir et sa famille se cachent pen- Critiqué de toutes parts, par conclusion d’un accord avec Bel- Maison Blanche. L’ancien Cet accroc reflète bien la nou- naient les plus jeunes, les faisaient dant près d’un mois dans une ceux qui sont opposés au conflit grade −, le porte-parole du Penta- commandant des forces de velle montée de la tension per- sortir de la colonne et les mena- maison vide. « Nous ne faisions − pour des raisons politiques gone s’est efforcé samedi d’en mi- l’OTAN, le général Galvin, a assuré ceptible à Skopje, avec l’augmen- çaient avec leurs couteaux. Ils di- aucun bruit, nous n’allumions pas comme beaucoup de républicains, nimiser la portée. Non, a-t-il que « la situation au Kosovo exige tation du nombre de réfugiés saient : “Si vous ne nous donnez l’électricité pour ne pas nous faire mais aussi par ceux qui souhaitent rappelé, il n’est pas question d’in- des troupes au sol ». Un de ses an- arrivant chaque jour au poste pas votre argent, nous allons les repérer. » de nouvelles négociations − tervenir avant un tel accord, et ciens subordonnés estime que «la frontalier de Blace, principal tuer”. Je les ai vus de mes propres Le tracteur, qu’ils ont laissé de- comme par ceux qui l’accusent de notre but sera de faire revenir les stratégie de l’OTAN sera utilisée point de passage entre le Kosovo yeux tuer trois jeunes. » Quand une vant la maison, dénonce leur pré- pusillanimité, d’indécision ou réfugiés chez eux aussi vite que dans l’avenir comme l’exemple de et la Macédoine. Les réfugiés qui famille ne donne pas assez sence à la police serbe. Certains d’avoir choisi la pire des stratégies possible après sa signature. comment ne pas faire la guerre ». arrivent n’ont pas été délogés ré- d’argent, les miliciens, raconte Fi- sont conduits au poste de police en se cantonnant dans les bom- Mais, a-t-il reconnu, les alliés cemment par les forces serbes. Ils drije, transpercent avec leurs poi- où on les interroge durement sur bardements, Bill Clinton marche étudient les moyens de fournir du UNE CERTAINE LASSITUDE èrent depuis de longues semaines gnards les couvertures qui l’UCK. « Après, ils nous ont dit : sur une corde raide. Répondant à chauffage aux tentes des réfugiés ; Fermes jusqu’à présent dans au Kosovo. Le calvaire de Fidrije couvrent les charrettes. « Ils “Pristina est une ville serbe, partez ces militaires qui ne croient pas à ce qui sous-entend qu’ils pour- leur soutien à leur président, les Kraniqi, une professeur de trente avaient les mains pleines de sang. » vers l’Albanie !” » un succès d’une guerre aérienne raient passer une partie de l’au- démocrates commencent aussi à ans, a commencé le 19 avril. Ce Le convoi sera encore arrêté à seule, il a rappelé que toutes les tomne et de l’hiver dans les camps. s’interroger. Frustrés par une jour-là, son village, Grashtica, qui cinq reprises avant d’arriver à José-Alain Fralon options restaient ouvertes. Mais il Donc, même si les bombarde- guerre qui s’éternise, mal à l’aise devant la multiplication des ba- vures, des élus s’inquiètent de l’érosion du soutien dans l’opinion Des centaines de prisonniers kosovars libérés et de son impact sur les prochaines « Une relation positive avec élections. Mais surtout, on sent chez beau- ont servi de boucliers humains coup de démocrates qui n’avaient la Russie dans le long terme » pas lâché Bill Clinton pendant sa UNE CINQUANTAINE de Kosovars arrivés à Mori- avec une cinquantaine d’autres otages vers un autre Voici les principaux extraits de manière qui renforce et non qui af- procédure en destitution une cer- na, dans le nord de l’Albanie, ont raconté avoir été village, au devant des positions de l’UCK. « Si l’un l’article du président Clinton publié faiblisse notre intérêt fondamental taine lassitude à l’égard d’un menottés les uns aux autres et forcés de marcher en d’entre vous est tué, vous serez tous tués », leur lance un par le New York Times : à une relation positive avec la Rus- homme qui se conduit en politi- première ligne, devant des tanks yougoslaves, en tant commandant serbe. Les soldats serbes ont ensuite te- « M. Milosevic doit faire face ac- sie dans le long terme. La Russie cien cherchant à ne mécontenter que boucliers humains. Selon l’un de ces réfugiés, nu les Kosovars en joue, les forçant à mettre le feu à tuellement à la poursuite des participe actuellement à la re- personne et à prendre le minimum Zehnullah Mangjolli, au moment où le groupe des habitations, raconte M. Magjolli. Le groupe frappes aé- cherche du moyen par lequel Bel- de risques, alors que l’on attend de d’otages a été contraint d’approcher une position de d’otages est ensuite remis en prison, avant d’être su- riennes, à la grade obéira à nos conditions. Des lui qu’il dirige en homme d’Etat, l’UCK, les combattants kosovars se sont aperçus qu’il bitement relâché. persistance de troupes russes devraient participer sinon en chef de guerre. Après s’agissait de boucliers humains et se sont retirés sans l’UCK et à la à la force qui maintiendra la paix avoir survécu au Monicagate, le combattre. L’OTAN a, à plusieurs reprises, fait état de ACCUSÉS D’APPARTENIR À L’UCK perspective au Kosovo, transformant une voilà maintenant qui joue sa crédi- l’utilisation par les forces serbes de personnes dépla- Les anciens détenus de la prison de Smrekovnica d’avoir à rendre source de tension en une occasion bilité dans le ciel des Balkans. cées comme protection contre les bombardements arrivés en Albanie affirment qu’ils ont été battus et des comptes à de coopération, comme nos efforts aériens et des attaques de l’UCK. Mais peu de témoi- privés de nourriture durant leur détention. Certains la population conjoints en Bosnie. » Patrice de Beer gnages directs sur de tels actes ont jusqu’à présent été disent qu’ils ont été obligés de se frapper mutuelle- pour l’avoir en- recueillis. Les autorités yougoslaves ont qualifié ces ment. Dans des cellules de 20 m2, s’entassaient jus- gagée dans un conflit qui ne peut accusations de « folles ». qu’à 50 prisonniers, racontent-ils. Les Serbes ac- pas être gagné, qui apporte l’échec Arrivés samedi 22 et dimanche 23 mai à la frontière cusaient ces hommes d’appartenir à l’UCK. A leur militaire et la ruine économique albanaise, près de Kukës, les réfugiés kosovars qui ont arrivée en Albanie, nombre d’entre eux, l’air ado- (...). relaté ces faits font partie d’un groupe de quelque lescent, avaient sur le visage des larmes de stress et de » Alors que je n’exclus pas 2 000 hommes ayant été relâchés de la prison de peur. Le regard vide, les plus âgés semblaient terrible- d’autres options militaires, nous Smrekovnica dans la région de Mitrovica, dans le ment choqués et exténués. poursuivons notre stratégie ac- nord du Kosovo. Ces hommes avaient été tirés par des L’arrivée de ces hommes à Morina, le principal tuelle pour trois raisons. soldats serbes des colonnes de réfugiés chassés du poste-frontière entre la Yougoslavie et l’Albanie, » D’abord, et c’est le plus impor- Kosovo ces dernières semaines. Pour des raisons in- constitue le premier afflux de jeunes gens, en âge de tant, elle marche et elle permettra connues, ils ont été libérés par les Serbes samedi ma- se battre et arrêtés par les Serbes pour appartenance que soient remplies les conditions tin. Plus de 1 000 ont franchi la frontière albanaise du- présumée à l’UCK. Les organisations humanitaires se de base de l’OTAN qui portent sur rant le week-end, ont indiqué les autorités de Tirana. sont en effet inquiétées à plusieurs reprises, ces der- le retour des réfugiés chez eux, Zehnullah Mangjolli, 46 ans, relate avoir été tiré nières semaines, du sort d’une partie des hommes ko- avec retrait des forces serbes du d’un groupe de réfugiés le 25 avril dans le village de sovars, absents des colonnes de réfugiés parvenant à Kosovo et déploiement d’une force Skenderaj, dans le nord du Kosovo. Il est conduit, fuir la province. – (AP, AFP.) internationale. L’OTAN doit être au cœur de cette force, ce qui veut dire que le commandement et le contrôle doivent être assumés par l’OTAN et que les règles d’engage- Les raids aériens de l’OTAN ont détruit ment de cette force doivent être celles de l’OTAN, avec des arrange- ments spéciaux pour les pays non le tiers des armes lourdes serbes membres de l’Alliance, comme en EN DEUX MOIS d’opérations au prendre le premier set » et qu’« elle rienne alliée, le 24 mars, ont indi- Bosnie. Kosovo, l’OTAN a détruit un tiers va gagner le match dans les semaines qué les porte-parole. Au total, » Notre campagne militaire se des armements lourds de l’armée qui viennent ». Au cours de la réu- l’Alliance estime avoir détruit 550 poursuivra jusqu’à ce que nos serbe et plus d’une centaine d’ap- nion du Conseil atlantique, qui ras- « équipements militaires majeurs » conditions soient remplies, non pas pareils de l’aviation serbe, a affir- semble les ambassadeurs des dix- (chars, transports blindés de parce que nous sommes entêtés, mé, dimanche 23 mai, à Bruxelles, neuf pays membres, le général troupes, rampes de missiles, pièces mais parce que ce sont les seules Jamie Shea, le porte-parole de l’Al- Wesley Clark, commandant su- d’artillerie) depuis le début de ses conditions dans lesquelles les réfu- liance. Les avions de l’OTAN ont prême des forces alliées en Europe, opérations. L’OTAN a ajouté que giés pourront rentrer en toute sé- largué environ 14 000 bombes sur la a, selon M. Shea, souligné « la né- ses avions avaient frappé 11 postes curité et l’UCK être incitée à désar- Yougoslavie, dont 10 000 étaient cessité de poursuivre les actions aé- de commandement de bataillons mer – exigences de base pour une des bombes guidées, a précisé le riennes ». sur le terrain et détruit la moitié des solution durable. porte-parole militaire, le général al- La centaine d’appareils perdus installations de stockage de muni- » En deuxième lieu, cette straté- lemand Walter Jertz. par les Yougoslaves représente en- tions au Kosovo. Le porte-parole de gie bénéficie d’un large et profond Les informations sur les pertes viron la moitié de leurs « avions de l’OTAN a ajouté, dans son bilan, soutien dans l’Alliance (...). Après subies par l’armée yougoslave combat de première ligne ». Environ certaines infrastructures – axes rou- soixante jours de frappes aé- montrent que « la stratégie [de 75 % des sites fixes de missiles sol- tiers et fluviaux, ponts et raffineries riennes, l’OTAN est plus unie sur le l’OTAN] fonctionne », a assuré air ont également été neutralisés. Il de pétrole – jugées nécessaires à Kosovo qu’elle ne l’était au début. M. Shea. Se livrant à une méta- reste aux Yougoslaves quatre de ces l’approvisionnement et aux dépla- » Troisièmement, c’est cette stra- phore sportive, le porte-parole a af- sites sur les seize dont ils dispo- cements de l’armée et de la police tégie qui nous offre les meilleures firmé que l’OTAN « venait de saient au début de la campagne aé- serbes au Kosovo. – (AFP.) chances d’atteindre nos buts d’une LeMonde Job: WMQ2505--0004-0 WAS LMQ2505-4 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0297 Lcp: 700 CMYK

4 / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 INTERNATIONAL

L’Indonésie s’attend à une percée électorale des partis islamistes Un cyclone L’ampleur du recul du Golkar, relais politique du pouvoir depuis trois décennies, est la seule inconnue du scrutin législatif fait plus du 7 juin. Mais le président Habibie espère tout de même, sous la vigilance de l’armée, rester maître du jeu d’un millier Ouverte le 19 mai, la campagne pour les élec- règne de Suharto, une dizaine peuvent espé- été le relais politique du pouvoir du temps trée politique dans le désordre. Le Golkar, tions générales du 7 juin en Indonésie s’est rer obtenir des sièges. Le parti de Megawati de Suharto et qui a choisi son successeur, le qui dispose de solides moyens financiers et de morts déroulée, jusqu’ici, sans sérieux incident. Sur Sukarnoputri, le PDI-P, a dominé le début de président B. J. Habibie, comme candidat à la d’appuis dans l’appareil d’Etat, espère tout les 48 formations autorisées à présenter des la campagne. La principale inconnue de- présidence. L’islam, religion de l’immense de même demeurer maître du jeu. L’armée, candidats, contre trois seulement sous le meure l’importance du recul du Golkar, qui a majorité des Indonésiens, effectue une ren- de son côté, n’a pas dit son dernier mot. au Pakistan DJAKARTA son siège. Peut-être entend-il gla- seur de Suharto a libéré le sys- harto, qui coule des jours tran- cordés par l’Etat sont une manne LE CYCLONE qui a ravagé, jeu- de notre envoyé spécial ner des voix ailleurs ou par tème : des prisonniers politiques quilles dans sa résidence de du Golkar. di 20 mai, la côte sud du Pakistan Signe des temps : un an après la d’autres moyens. Ce que l’Indoné- ont été relâchés, la presse a chan- Djakarta protégée par l’armée. La Commission générale pour aurait fait plus d’un millier de dis- chute de Suharto, la capitale de sie peut compter d’intérêts acquis gé de ton et un règlement de l’épi- Si ce dernier semble à l’abri de les élections est déjà invitée à se parus. Alors que l’armée a été ap- l’Indonésie s’est drapée, dimanche pendant les trente-deux années de neuse question timoraise a été toute poursuite pour l’instant, le pencher sur le non-respect des rè- pelée à la rescousse, les services 23 mai, de rouge et de noir, cou- présidence de Suharto s’accroche amorcé. Mais le personnage de- choix du Golkar pour la prési- glements de la campagne par de secours locaux ont donné un leurs du PDI-P, le Parti démocra- ainsi à une locomotive un peu meure controversé. Ses adver- dence semble avoir eu pour pre- d’autres partis. Des véhicules du bilan confirmé de 225 morts. tique indonésien de Megawati Su- poussive. Le Golkar n’en espère saires lui reprochent – ce dont il se mier effet d’encourager une al- Golkar ont été notamment vic- « Dans les districts de Thatta et de karnoputri. Juchés sur des pas moins demeurer, ce qui ne va défend avec énergie – de vouloir liance électorale, annoncée le times de jets de pierres. Les Badin – les plus touchés –, au camions, des autobus ou des mo- pas de soi, le maître du jeu. maintenir le statu quo et de dé- 18 mai, entre le PAN, le PDI-P et le manifestations de rue sont, en moins 30 % des biens et du bétail tocyclettes, des centaines de mil- Le PDI-P de « Mega », populaire fendre les intérêts de l’oligarchie PKB. Depuis, le PAN a annoncé principe, interdites. Enfin, l’admi- ont été soit emportés, soit dé- liers de fans de la fille aînée de feu candidate à la succession de Habi- régnante du temps de Suharto. une entente avec deux autres par- nistration en place conserve une truits », a déclaré un porte-parole Sukarno, premier président du bie, n’est pas seul à contester la A ce sujet, un dossier publié la tis d’obédience musulmane, le influence importante dans la dési- de l’armée pakistanaise. Des cen- vaste archipel, ont parcouru du mainmise du Golkar sur le pays. semaine dernière par l’hebdoma- PPP et le PK. Dans le contexte ac- gnation des 200 délégués qui se taines de militaires, transportant matin au soir Djakarta dans une Parmi les 48 partis autorisés à bri- joindront aux 500 députés pour des gilets de sauvetage, de la atmosphère qui tenait à la fois guer les 462 sièges en jeu sur les élire, au début de l’automne, le nourriture et des médicaments, d’un carnaval et d’une kermesse. 500 que compte le Parlement (38 Le PDI-P de Mme Megawati en tête, selon un sondage prochain chef de l’Etat. ont continué, en fin de semaine, Même si Djakarta est loin d’être sont réservés aux forces armées), leurs opérations de secours à la l’Indonésie, le pouvoir en place une dizaine peuvent espérer faire Un sondage publié lundi par l’hebdomadaire Tempo donne près de LENDEMAINS INCERTAINS population locale traumatisée par depuis un an, sous la présidence bonne figure, notamment deux 25 % des voix au PDI-P de Megawati Sukarnoputri et 20 % au PAN Dans une Indonésie qui compte la violence du cyclone. de B. J. Habibie, successeur et an- formations d’obédience musul- d’Amien Raïs, dynamique réformateur qui s’appuie sur la Muham- entre 206 et 210 millions d’habi- Plus de 150 000 personnes ont cien proche collaborateur de Su- mane, le PAN (Parti du mandat madyah, une association de 30 millions de musulmans. Le Golkar tants, dont une petite majorité de été affectées par cette tragédie, et harto, devra en tenir compte. national) d’Amien Raïs et le PKB n’obtient que 10% des intentions de vote. Selon Tempo, en ce qui Javanais, les lendemains de dicta- de nombreux villages étaient tou- Ouverte officiellement le 19 mai, (Parti du réveil national) créé par concerne les candidatures à la présidence, la préférence irait à ture sont, comme ailleurs, incer- jours inaccessibles dimanche, se- la campagne pour les élections gé- Abdurrahman Wahid. Amien Raïs (21,2 %), qui devance de justesse Mme Megawati (20,1 %) tains. La laïcité de l’Etat n’est pas lon les autorités. 50 000 maisons nérales du 7 juin bat déjà son et plus largement le sultan de Yogyakarta (15 %) et B. J. Habibie encore en cause, en dépit d’une is- ont été détruites ou gravement plein. Lundi, la capitale était cen- MENACE D’ISOLEMENT (10,1 %). lamisation dont la percée en poli- endommagées, et 60 000 hectares sée retrouver, dans une atmo- Dans un pays qui compte plus tique est l’effet logique de la libé- de terres agricoles dévastés. Py- sphère plus tendue, une couleur de 85 % de musulmans, de nou- ralisation du régime. Mais cette lônes électriques, lignes télépho- plus familière : le jaune, celle du velles formations musulmanes, daire Time, qui évalue à quelque tuel, alors que les frontières poli- percée s’effectue dans le désordre. niques et routes ont été grave- Golkar, relais du pouvoir et parti comme le Parti de la justice (PK) et 90 milliards de francs la fortune de tiques demeurent mal définies, Si l’armée a compris, à l’aune de ment endommagés. dominant pendant près de trois le Parti de l’unité pour le dévelop- l’ancienne famille présidentielle, a ces accords ne sont jamais que de la chute de Suharto, que le pou- décennies, qui tente de se mainte- pement (PPP), peuvent être égale- fait l’effet d’un rappel peu in- circonstance. Ils soulignent toute- voir se partage, elle est loin d’avoir DESTRUCTIONS MASSIVES nir au pouvoir à l’occasion des ment amenées à contrôler des nocent : après des mois de silence, fois la menace d’isolement qui dit son dernier mot, ainsi que l’a Le porte-parole militaire a indi- élections présentées comme les voix cruciales au sein d’un Parle- des étudiants sont redescendus pèse sur un pouvoir lui-même prouvé son insistance à conserver qué que 9 000 hommes de l’armée plus libres depuis quarante-quatre ment qui s’annonce divisé. Aucun dans les rues de Djakarta le 21 mai fragmenté. une représentation parlementaire de terre et de la marine ainsi que ans. parti ne semble capable, en effet, pour réclamer à nouveau la tra- La partie est donc loin d’être même limitée. Enfin, la perspec- plusieurs équipes médicales parti- Selon le règlement électoral, d’emporter une majorité des suf- duction en justice de l’ancien pré- jouée. Si le Golkar choisit un profil tive de quelques mois de cohabita- cipaient aux opérations de se- pour éviter des échauffourées, les frages. sident, le contraignant à une rare bas pendant la campagne, d’autres tion, après le 7 juin, entre une ma- cours. Dans la province du Sind, partis font campagne à tour de A l’issue de plusieurs mois de apparition publique pour menacer cartes demeurent dans sa manche. jorité parlementaire divisée et un les militaires utilisent des petits rôle. Mais, en milieu de journée, le tergiversations, le Golkar a fini par de poursuivre en justice le maga- Il dispose de sérieux moyens fi- pouvoir minoritaire et, du coup, avions et des hélicoptères mis à Golkar se préparait encore à orga- désigner B. J. Habibie comme can- zine américain. Ils ont également nanciers et de solides appuis dans retranché demeure préoccupante. leur disposition par les autorités niser, sous protection, un défilé de didat à la présidence. réclamé la démission de B. J. Habi- l’appareil étatique. Dans l’esprit pour des parachutages de vivres quelques milliers de gens réunis à En l’espace d’un an, le succes- bie en l’accusant de protéger Su- des récipiendaires, les crédits ac- Jean-Claude Pomonti aux personnes isolées. Le cyclone a causé des destruc- tions massives dans les districts de Thatta, Badin et Ketty Bandar, où au moins 600 villages et leurs Le spectre du putsch de 1987 plane sur le retour au pouvoir des Indiens à Fidji récoltes de riz ou de canne à sucre AUCKLAND d’apaisement dans un pays où la population en mai 1987), a fait voter en juillet 1998 une cupérer leurs terres , à moins que leurs ont été sérieusement touchés, ont de notre correspondante autochtone, un temps minoritaire, est rede- loi autorisant des mesures de répression ex- tenanciers n’acceptent d’exorbitantes aug- indiqué les autorités. Quand le cy- dans le Pacifique sud venue majoritaire − les Indo-Fidjiens ne re- ceptionnelles en cas de nuisance aux « in- mentations. Derrière la question foncière, clone est arrivé, « j’ai pris mes en- Faut-il craindre un nouveau putsch aux présentent plus que 45 % de la population −, dustries vitales » − au premier rang des- c’est donc tout le problème de la cohabita- fants et nous avons couru vers la îles Fidji ? Douze ans après le double coup le nouveau premier ministre a nommé deux quelles se trouvent le tourisme et les tion entre Indo-Fidjiens et Fidjiens qui se route, laissant derrière nous ce qu’il d’Etat qui, en 1987, avait voulu « rendre Fidji vice-premiers ministres fidjiens. Les Indiens, plantations de canne à sucre. pose. m’avait fallu toute une vie pour ac- aux Fidjiens » en confisquant le pouvoir à jadis amenés du sous-continent par les co- Grand officier de la Légion d’honneur Ce climat d’incertitude, sur fond de grave quérir, a raconté Mohammed une coalition indo-fidjienne sortie des lons britanniques pour cultiver la canne à française (pour avoir sauvé la vie d’un colo- récession économique, a fait le jeu des pe- Soomar, un pêcheur qui a perdu urnes, c’est à nouveau un parti représentatif sucre, cohabitent avec les Fidjiens depuis nel français au Liban), le général Rabuka tits partis, qui, aux deux extrêmes du sa maison et ses bateaux. de la communauté d’origine indienne qui a cent vingt ans. Mais les deux communautés était peu à peu devenu l’apôtre d’une nou- spectre politique, tentent de radicaliser le Dans les régions côtières, de gagné les élections de la mi-mai, les pre- ne se sont quasiment pas mélangées. velle voie pour Fidji. Il s’était excusé pour le débat. M. Chaudhry lui-même a pu céder à nombreux corps ont été ramenés mières sous une nouvelle Constitution qui double coup d’Etat de 1987 et avait fait ce penchant : « Ma première mesure au pou- par la mer, et d’autres trouvés en- abolit les discriminations raciales favorisant LA QUESTION DES BAUX adopter, en 1998, la nouvelle Constitution. voir, nous avait-il déclaré en septembre sevelis dans la boue lorsque les la communauté autochtone mélanésienne. Dès sa première conférence de presse, le Mais ses gouvernements successifs ont 1998, sera de renouveler tous les baux pour au eaux se sont retirées, ont rapporté Jugeant son assise politique suffisante, chef du nouveau gouvernement a indiqué échoué sur la question foncière, cruciale : moins trente ans. » Mais, à présent élu, son des témoins. Selon le président de Mahendra Chaudhry, chef du Parti travail- avoir pris les mesures nécessaires pour faire les baux régissant la location des terres par principal souci devrait être de conserver son l’association pakistanaise des pê- liste indo-fidjien, s’est imposé comme pre- face à d’éventuels troubles. Sur ce plan, au les Fidjiens aux Indo-Fidjiens sont en train poste. Pour cela, il lui faut rassurer les Fid- cheurs, quelque 450 d’entre eux mier ministre à la tête d’une coalition for- demeurant, M. Chaudhry peut se féliciter d’échoir. Cela laisse les fermiers indo-fid- jiens de souche, donc modérer sa volonté sont portés disparus. mée avec deux partis fidjiens et qui dispose, d’avoir eu un prédécesseur « prévoyant » : jiens dans l’angoisse de se voir expulsés de de renouveler les baux fonciers. Cette ques- Le cyclone le plus meurtrier au Parlement, de 52 sièges sur 71. Son le général Sitiveni Rabuka, premier ministre terres qu’ils cultivent parfois depuis plu- tion est plus que jamais d’actualité. en Asie du Sud avait fait propre parti a obtenu à lui seul la majorité pendant douze ans (depuis qu’il avait mené sieurs générations. Les propriétaires fon- 139 000 morts au Bangladesh en des sièges (37). Toutefois, par mesure un escadron de militaires dans le Parlement ciers coutumiers souhaitent aujourd’hui ré- Florence de Changy 1991. – (AFP.) La police sud-africaine se sent dépassée face à la violence et à la criminalité dans les townships

JOHANNESBURG évincer de leur territoire. Depuis le hale. « Le moral est très bas ; il y a d’habitants répartie sur 45 km2. Un tions. Le gouvernement dit qu’il n’a respect de la loi constituent un de notre correspondant début de l’année, 90 agents des de plus en plus de problèmes d’al- quart environ des véhicules de la pas d’argent, mais il doit nous don- autre bagage du passé qui alimente Le sergent Boyi Mhlongo a la forces de l’ordre ont trouvé la coolisme, de stress et de dépres- police se trouvent hors d’usage ou ner les moyens de remplir notre mis- la délinquance. « A Katlehong, la peur au ventre. Après quatorze ans mort, dont 37 dans l’exercice direct sion », explique l’officier de police, en réparation et les enquêteurs sion », affirme le policier. violence politique a fait rage pen- passés dans la police sud-africaine, de leur fonction. Censée faire res- qui insiste sur le manque de croulent sous le poids des dossiers. Depuis 1994, le nouveau pouvoir dant des années. Ceux qui y ont par- pecter l’ordre, la police est deve- moyens mis à sa disposition. Le commissariat de Katlehong en- a pourtant fait de la lutte contre la ticipé se retrouvent aujourd’hui sans REPORTAGE nue elle-même une des cibles pri- registre environ 1 000 plaintes par criminalité une de ses priorités. éducation et sans travail. Pour s’en A Katlehong, les vilégiées des délinquants. Au 1 000 PLAINTES PAR MOIS mois, dont une vingtaine pour Mais il a hérité d’une police qui sortir, la facilité, c’est de ressortir les moment où s’achève l’ère Mande- Malgré un terreau socio-écono- meurtre et autant pour viol. De- était, sous l’apartheid, avant tout armes », explique Pitso Kopanye, policiers sont devenus la, les statistiques officielles ont mique particulièrement difficile et puis trois ans qu’il est à sa tête, le une force de répression au service membre du forum de prévention, la cible privilégiée beau montrer une certaine amélio- un passé de violence politique, Ka- superintendant Makahle doit se d’une minorité. Aujourd’hui, elle qui regroupe les habitants et la po- des délinquants ration, la criminalité demeure le tlehong ne dispose que d’un seul contenter du même budget et des s’avère inadaptée aux besoins de lice. fléau de la nouvelle Afrique du commissariat. Les 425 policiers de mêmes effectifs. « On a beau faire toute une population. La pauvreté Toutes ces explications laissent Sud. L’opposition dénonce le phé- service sont censés protéger une de notre mieux, on ne peut pas tra- et le chômage dans les townships, sceptiques les victimes de la délin- il risque sa vie tous les jours pour nomène comme un des échecs les population de plus d’un million vailler sérieusement dans ces condi- la culture de violence et de non- quance. « La vérité, c’est que la cri- l’équivalent de 2 000 francs par plus cuisants du pouvoir noir. Elle minalité échappe à tout contrôle et mois dans la township de Katle- en a fait un des thèmes favoris de que le gouvernement est incapable hong, une des cités noires situées sa campagne pour les élections du de faire quoi que ce soit pour y re- au sud-est de Johannesburg. La 2 juin, en s’alarmant de la recru- médier », s’indigne William Khoza, tension est encore montée d’un descence des meurtres de policiers. Au Congo-Kinshasa, la coalition anti-Kabila se délite qui fait la queue dans la salle d’at- cran, parmi les policiers, après une Malgré les efforts du gouverne- LA COALITION opposée au pré- par Ernest Wamba dia Wamba et matiques en cours. Le président ou- tente décrépie du commissariat. Ce nouvelle attaque contre un des ment, la police, il est vrai, apparaît sident de la République démocra- soutenu par l’Ouganda, a été rem- gandais, Yoweri Museveni, a accep- commerçant de Katlehong a passé commissariats annexes et le toujours aussi désemparée et dis- tique du Congo (RDC, ex-Zaïre), placée par un comité appuyé par té le 18 avril de signer un accord de deux jours à l’hôpital avant de ve- meurtre d’un agent, abattu de créditée. « Dans ce pays, la vie d’un Laurent-Désiré Kabila, regroupant les forces militaires rebelles et sou- cessez-le-feu lors d’un mini-som- nir déposer sa deuxième plainte en sang-froid. Le sergent, lui, ne veut flic ne vaut rien et il n’y a aucun res- la rébellion congolaise, le Rwanda tenu par le Rwanda. Samedi met organisé par le leader libyen moins d’une semaine. Déjà victime plus retourner dans la caravane qui pect pour la police », déplore le su- et l’Ouganda, est au bord de l’écla- 22 mai, à Kisangani (nord-est de la Mouammar Kadhafi, en l’absence d’un cambriolage, le solide quadra- fait office de poste satellite dans le perintendant Simon Makhale, tement. La division de cette coali- RDC), des combats ont eu lieu du Rwanda. Cet accord est resté génaire s’est retrouvé menacé d’un quartier de Siluma. « Le danger fait chargé du commissariat de Katle- tion apparaît aussi bien sur le plan entre des rebelles congolais des sans effet. En revanche, l’homme pistolet juste à l’entrée de son bar. partie du métier. Mais, là, c’est vrai- hong. « Quand vous quittez la mai- interne, avec la menace de scission deux tendances, des soldats rwan- fort de Kigali, Paul Kagamé, après Il s’est rebiffé avant d’être touché à ment trop. Dans la caravane, on est son le matin en disant au revoir à du principal mouvement rebelle, dais et l’armée ougandaise, faisant une visite en Libye à la mi-mai où il la jambe. « Ce jour-là, je n’avais pas livré à nous-mêmes et on n’a aucune votre famille, vous ne savez pas si que sur le plan international, Kam- quatre morts, dont deux soldats a rencontré M. Kabila, a estimé que mon arme sur moi, sinon je m’en se- protection. On peut se faire tirer vous allez la retrouver le soir ou finir pala et Kigali ne parlant plus le rwandais, et dix blessés, selon un « le Rwanda ne peut rien signer à rais servi sans hésitation. De toute comme des lapins à tout moment », allongé à la morgue », constate-t-il. même langage. bilan provisoire fourni par une moins d’avoir des garanties que ses façon, si, par chance, la police ar- explique le sergent Mhlongo. A la demande de ses hommes, l’of- Alors que M. Kabila vient de fêter source rebelle. Cependant, la parti- préoccupations, en particulier dans rête quelqu’un, il est libéré deux A Katlehong, comme dans les ficier a décidé la fermeture tempo- ses deux années au pouvoir à Kins- cipation des forces rwandaises à ces le domaine de la sécurité, seront jours après », proteste le commer- autres townships, les criminels raire des huit postes satellites de hasa, ses opposants du Rassemble- combats a été démentie dimanche prises en compte ». M. Kabila a esti- çant en inscrivant, sans illusion, les n’ont peur de rien, et surtout pas Katlehong, devenus trop dange- ment congolais pour la démocratie par plusieurs sources concordantes. mé qu’il n’y a pas de volonté de références de sa plainte, cas numé- des policiers, au point de s’en reux. « Ce sont des policiers, mais ils (RCD) se déchirent publiquement En outre, Kigali et Kampala ont paix « du côté rwandais ». « Le ro 150... prendre directement à eux pour les ont aussi le droit de vivre », fait re- depuis le 17 mai. La direction du récemment adopté des attitudes Rwanda s’entête à poursuivre la détrousser de leurs armes ou les marquer le superintendant Mak- principal mouvement rebelle, dirigé différentes dans les efforts diplo- guerre », a-t-il ajouté. – (AFP.) Frédéric Chambon LeMonde Job: WMQ2505--0005-0 WAS LMQ2505-5 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:55 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0298 Lcp: 700 CMYK

INTERNATIONAL LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 5 La police palestinienne a appréhendé Premières consultations en Israël pour la formation du gouvernement HERZLYIA (Israël). Des consultations préliminaires entre l’équipe du des dizaines de militants du Hamas à Gaza premier ministre israélien élu, Ehoud Barak, et les quinze formations du Parlement issu du scrutin du 17 mai devaient commencer, lundi 24 mai dans la matinée, à Herzlyia, au nord de Tel-Aviv. Le mouvement islamiste demeure sceptique sur l’avenir du processus de paix Les cinq négociateurs désignés par M. Barak devaient d’abord recevoir les représentants du parti de gauche Meretz (10 députés sur 120) qui avait ap- La police palestinienne a appréhendé, dimanche deux responsables de la branche clandestine ar- tin du Hamas, la police a interpellé deux de ses pelé à voter pour M. Barak. Ils devaient ensuite s’entretenir avec les re- 23 mai, plusieurs dizaines de militants du Mou- mée du mouvement intégriste. Resserrant son plus proches collaborateurs, Saadi El Arabaid et présentants de trois formations centristes : le parti russophone Israël Be vement de la résistance islamique, Hamas, dont filet sur Mohammed Dif, chef militaire clandes- Khalil El Sakani. Alya (6 sièges), le Parti du centre (6 sièges) et le parti laïque radical Shi- nouï (« Changement », 6 sièges). Mardi et mercredi, ce sera le tour des GAZA Ghazi Hamad, rédacteur en chef contre notre ennemi. Prenez populaire auprès des Palestiniens du formations représentatives de la population arabe (10 sièges en tout), du de notre envoyé spécial d’El Risaleh (La Lettre), l’organe du l’exemple de l’OTAN ; son message est fait de ses activités sociales, mais il est Likoud (19 sièges), du Shass (17 sièges) et des autres partis. M. Barak veut Cheikh Ahmed Yassine reçoit parti de la construction de la démo- clair : “Nous n’arrêterons les bom- conscient que les vagues d’attentats former la coalition la plus large possible, mais il n’a encore donné aucune dans les bureaux de Gaza du Mou- cratie, d’obédience islamiste, avait bardements que lorsque les Serbes du passé ont nui à son image, puis- indication sur le choix de ses alliés politiques. – (AFP.) vement de la résistance islamique, été arrêté la veille. Rencontré à Ga- auront accepté nos conditions.” » qu’il a été jugé responsable de toutes Hamas. Au début de l’année, le chef za juste avant les élections israé- Plus que jamais, Cheikh Yassine les difficultés du quotidien, des bou- spirituel du Mouvement, opposé liennes, il n’excluait pas d’être visé s’en tient donc à ses positions : si les clages des territoires à répétition et Johannes Rau a été élu président aux accords de paix israélo-palesti- par toute nouvelle vague d’arresta- Israéliens évacuent entièrement du gel des décisions, estime un intel- niens avait été longtemps maintenu tions, son parti ayant boycotté la Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem- lectuel. Il devient plus réaliste parce en résidence surveillée. Le voici réunion du Conseil central. est, alors pourra s’ouvrir une qu’il veut se transformer en véritable de la République allemande libre de ses mouvements. Il y a trois Pour le chef spirituel du Hamas, période intérimaire, dont la durée parti politique. » semaines, il avait fait sensation en l’élection de M. Barak n’ouvre pas restera à négocier dans l’attente BERLIN. Johannes Rau, soixante-huit ans, a été élu président de la Répu- participant au Conseil central pales- une nouvelle ère pour les relations d’un accord global. Pendant cette UN NOUVEL ENLISEMENT blique fédérale d’Allemagne, dimanche 23 mai, par l’Assemblée fédérale tinien, réuni pour avaliser la déci- israélo-palestiniennes. « Sur l’essen- période, un cessez-le-feu pourra L’état de l’aile militaire clandes- réunie au Reichstag de Berlin. Succédant au chrétien-démocrate Roman sion de Yasser Arafat de remettre à tiel, c’est-à-dire Jérusalem, les réfu- être envisagé. tine soulève bien des interroga- Herzog, il est le deuxième social-démocrate à être chef de l’Etat de l’Alle- plus tard la proclamation de l’Etat. giés ou les frontières d’un éventuel Le chef spirituel du Hamas dé- tions. D’après un responsable du magne fédérale, qui fête ses cinquante ans. Il a recueilli 29 voix de plus Cette amélioration des relations Etat palestinien, il n’y a pas de dif- plore l’attitude de l’Autorité palesti- Fatah de Yasser Arafat, elle reste que celles des sociaux-démocrates et des Verts, alliés au sein de la coali- n’efface pas la défiance. L’Autorité férences profondes entre le Likoud et nienne lorsqu’elle traque les mili- plus puissante qu’on ne le pense. Il tion du chancelier Schröder, qui présentaient sa candidature. Plusieurs li- palestinienne n’a pas cessé de har- les travaillistes, assure-t-il. Quand tants suspectés d’être proches de juge également que le calme de ces béraux avaient annoncé qu’ils voteraient pour lui. Dans une brève allo- celer l’aile militaire clandestine du Barak dit qu’il va marcher dans les l’aile militaire du Mouvement, mais dernières semaines relève d’un cution, il a énoncé ses priorités : être « le président de tous les Allemands » Hamas, en coopération avec les ser- pas de Rabin, il faut se souvenir que il ne se considère ni comme un en- choix. « En 1996, il ont commis des et des étrangers qui résident en Allemagne, œuvrer à « l’égalité des vices israéliens et la CIA, conformé- les Israéliens n’ont tenu qu’une partie nemi, ni comme un allié de Yasser attentats pour des raisons politiques. chances » entre Allemands de l’Est et de l’Ouest. – (AFP.) ment aux accords de Wye River, minime des engagements de Arafat. « La politique est un autre as- En 1999, ils ne l’ont pas fait pour des conclus en octobre 1998. Pendant l’époque. » pect du Hamas, explique-t-il. Si je raisons également politiques », as- AMÉRIQUES toute la durée de la campagne élec- me suis rendu au Conseil central, sure-t-il. a VENEZUELA : le président Hugo Chavez a affirmé, dimanche 23 mai, torale israélienne, qui s’est achevée NI ENNEMI NI ALLIÉ c’était en observateur et pour mon- Conscient du rapport de forces qu’il n’y a pas eu de démocratie dans son pays, et il a qualifié d’« esprits le 17 mai par la victoire d’Ehoud Ba- Pas question, donc, pour le Ha- trer au monde que les Palestiniens qui ne joue pas en sa faveur, le Ha- corrompus » ceux qui soutiennent la mise en place du système uninomi- rak sur Benyamin Nétanyahou, elle mas, d’envisager un arrêt des opé- pouvaient se réunir en un instant. » mas ménage, plus que par le passé, nal pour l’élection des membres de l’Assemblée constituante. Cette déci- a procédé à des dizaines d’arresta- rations terroristes. « S’il n’y pas Cheikh Yassine n’écarte d’ailleurs ses relations avec l’Autorité palesti- sion a été adoptée la semaine dernière par le Conseil national électoral tions et multiplié les annonces de d’opération de résistance en ce mo- pas de nouvelles réunions avec nienne. Il n’en spécule pas moins (CNE) pour l’élection de l’Assemblée, le 25 juillet. « Ici, il n’y a jamais eu démantèlement d’opérations ar- ment, poursuit-il, (...) c’est tout sim- l’Autorité. sur un nouvel enlisement du pro- de démocratie. Ici, pendant quarante ans, s’est installée une honteuse tyran- mées. plement parce que nous avons beau- Pour de nombreux observateurs cessus de paix, une fois dissipées les nie portant le masque de la démocratie », a déclaré M. Chavez. – (AFP.) Dimanche 23 mai, à nouveau, les coup de monde contre nous. de Gaza, le Hamas, en dépit des af- illusions nées, selon lui, de l’élection forces de sécurité ont mis sous clé Regardez tous ces militants en pri- firmations de cheikh Yassine, se de M. Barak. PROCHE-ORIENT plusieurs dizaines de militants isla- son ! Si on arrêtait le combat, on se montrerait plus pragmatique que a LIBYE - GRANDE-BRETAGNE : British Airways a annoncé, di- mistes, sans en préciser le nombre. priverait des moyens de pression par le passé. « Le Hamas reste très Gilles Paris manche 23 mai, qu’elle reprendrait ses vols à destination de Tripoli le 3 juin. Elle sera ainsi la première grande compagnie aérienne à rétablir ses liaisons avec la Libye depuis la levée des sanctions de l’ONU en avril, après la remise par Tripoli à la justice écossaise des deux suspects de l’at- tentat de Lockerbie. La liaison par Boeing-737 sera bihebdomadaire. Un Pour Gaza, veuillez (bientôt) composer le 970 troisième vol pourrait être introduit dans le courant de l’été, a précisé la JÉRUSALEM pourrait paraître anecdotique, si elle ne consti- qu’à la réunification des deux parties du pays compagnie. – (Reuters.) de notre envoyé spécial tuait pas, pour trois chiffres, le terme d’une au début des années 90. Le 970 redevient muet. a IRAK : Bagdad réservait toujours, dimanche 23 mai, sa réponse sur la La souveraineté tient parfois à de petites aventure singulière. C’est en 1947, raconte Jusqu’en novembre 1998. L’IUT se réunit pour reconduction de l’accord « Pétrole contre nourriture » décidée par l’ONU choses. Pour les Palestiniens, frustrés de nation Imad Faloudji, que le 970 est attribué par attribuer un code à l’Autorité palestinienne. avant l’expiration, lundi 24, du cinquième semestre. « Jusqu’à présent, depuis des lustres, et qui ont encore remis à l’Union internationale des télécommunications « On nous a proposé un autre nombre, mais il l’Irak n’a pas précisé sa position officielle », a déclaré à l’AFP le porte-parole plus tard, le 4 mai, la proclamation de leur Etat, (IUT) à ce qui déjà constituait la Palestine, n’était pas question d’accepter autre chose que des activités humanitaires de l’ONU à Bagdad, George Somerwill. – (AFP.) certains symboles peuvent permettre de trom- conformément au plan de partage des Nations le 970 », raconte M. Faloudji. Trois pays s’y sont per l’impatience. On connaissait déjà la Poste unies. Au même instant, le futur Etat israélien vainement opposés, selon les dires du ministre : MAGHREB palestinienne et ses timbres à l’effigie de Yasser reçoit le 972. Un an et une guerre plus tard, il Israël, les Etats-Unis et la Micronésie, des habi- a TUNISIE : Tahar Chaïeb, un ancien membre du bureau exécutif de Arafat, depuis le retour du chef de l’OLP dans n’en est plus question : la Palestine, rayée de la tués de la guérilla antipalestinienne dans les la centrale syndicale UGTT, dont il a été secrétaire général adjoint, a été les territoires occupés. Voici venu le temps du carte, est désormais, et pour longtemps, un Etat cercles internationaux. arrêté samedi 22 mai à l’aéroport de Tunis, à son retour de Paris. téléphone et du code international palestiniens. à venir. Pour l’instant, les Télécommunications pales- M. Chaïeb était l’un des onze signataires de la pétition nationale lancée Dans son bureau de Gaza, Imad Faloudji, le tiniennes sous-traitent l’accès à l’international à début mai pour faire invalider le dernier congrès de l’UGTT en raison des ministre des télécommunications de l’Autorité UN TEMPS CODE DU YÉMEN DU SUD une compagnie privée israélienne, Golden « abus commis ». Les autres signataires ont tous fait l’objet d’une brève palestinienne, est formel : depuis plus d’un Les années passent. A la faveur d’une autre Lines, mais, « à Gaza, assure M. Faloudji, nos arrestation. mois, on peut joindre directement les terri- guerre, bien éloignée celle-là, le code 970 est ti- réseaux sont au point. En Cisjordanie, c’est a ALGÉRIE : selon deux quotidiens algériens, des groupes armés ont toires à partir de l’Egypte et de la Jordanie. En- ré de l’oubli. Au sud de la péninsule arabe, une presque terminé, mais on ne nous aide pas beau- égorgé, dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 mai, dix villageois dans core quelques semaines de patience et le décolonisation chaotique a engendré deux Yé- coup, rien n’est simple avec les Israéliens ». A Ga- la province de Médéa, au sud de la capitale. Quelques jours auparavant, monde entier pourra appeler Ramallah, Na- mens et deux capitales, Sanaa et Aden. Le Yé- za, on trouve maintenant des cabines télépho- dix-neuf autres avaient été tués par des groupes armés qui semblent avoir plouse ou Gaza sans emprunter les lignes is- men du Sud, socialiste et sécessionniste, a be- niques publiques à carte. Le téléphone mobile repris leur stratégie d’attaque de hameaux isolés. Ces tueries inter- raéliennes. soin d’un code : ce sera celui de la Palestine. est annoncé pour cet été. viennent alors que la presse s’interroge sur les contacts qu’aurait pris le En ces temps de processus de paix défaillant, Pendant plus de vingt ans, les trois chiffres ai- nouveau président, M. Bouteflika, avec les dirigeants emprisonnés du la renaissance du code international palestinien guilleront les usagers vers le Yémen du Sud, jus- G. P. Front islamique du salut (FIS, dissous) pour aboutir à une solution négo- ciée de la crise qui secoue le pays depuis 1992. – (AFP, Reuters.)

EUROPE a GÉORGIE : huit personnes soupçonnées de préparer des attentats « Iran : comment sortir d’une révolution religieuse » pour renverser le président Chevardnadze ont été arrêtées à Tbilissi, a an- CELA FAIT deux ans que le dis- réductrice. Comme fait exprès, un Eminemment politique, la « révo- fléchissent pas à une quelconque noncé la police locale, dimanche 23 mai. Selon l’agence russe Interfax, ce cours officiel en Iran, du moins ce- ouvrage – Iran : comment sortir lution religieuse » a reformulé la re- société utopique mais à la possibili- groupe serait lié à l’ancien chef des services de sécurité géorgiens, Igor lui du président réformateur Mo- d’une révolution religieuse – qui lation entre religion et politique et té de concilier liberté et religion. Giorgadze, déjà accusé par Tbilissi d’avoir organisé un attentat contre hammad Khatami et de ses amis vient de paraître aux éditions du renforcé l’instance politique, à M. Chevardnadze en 1995. Le président géorgien avait réchappé à un at- politiques, sort des sentiers battus Seuil (283 pages, 130 francs) offre commencer par l’Etat. Ce qui, sou- Mouna Naïm tentat à la grenade dans la capitale en février 1998. – (AP.) de la rigueur une grille de lecture qui permet de lignent les auteurs, a rendu pos- dite isla- comprendre comment on en est ar- sible le discours sur l’espace public, mique et de rivé là, et éclaire la réalité complexe et le débat sur la démocratie ; vingt l’intolérance. et contradictoire de l’Iran au- ans de République islamique ont Dimanche jourd’hui. Les auteurs, Farhad contribué à réduire et banaliser le 23 mai, à l’oc- Khosrokhavar, maître de confé- religieux, en liant son destin aux vi- casion du rences à l’Ecole des hautes études cissitudes du politique, faisant en- deuxième an- en sciences sociales, et Olivier Roy, trer l’Iran dans une phase de «sé- niversaire de directeur de recherche au CNRS, cularisation » de l’islam. son élection à la présidence, sont des spécialistes de l’Iran. M. Khatami a été encore plus expli- La République islamique est au- CONCILIER ISLAM ET DÉMOCRATIE cite que dans de précédents dis- jourd’hui agitée par un très sérieux La résistance sociale, non pas à cours, invitant ses adversaires débat, non seulement sur son iden- l’islam, mais à une interprétation conservateurs à ne pas « monopoli- tité, mais aussi sur l’islam et ce dé- abusive de la religion et à son im- ser », pour les dénaturer, « la révo- bat pourrait servir de « modèle de position par le pouvoir par la coer- lution, la liberté, le Guide de la Ré- réflexion sur une nouvelle exégèse is- cition et la répression est une ex- publique islamique et l’islam ». lamique in situ », écrivent les au- pression parmi d’autres des « Nous sommes, a-t-il dit, dans une teurs. Car l’une des singularités de évolutions en Iran. L’exaspération phase cruciale, transitoire, vers une cette réflexion est qu’elle se fait à des jeunes et le combat des démocratie islamique. » partir de l’islam et non contre lui, femmes pour l’acquisition de leurs L’explication de cette évolution qu’elle est l’aboutissement de droits pèsent sur les changements – plaidoyer pour le respect de l’Etat l’évolution interne d’une révolution profonds en cours. D’autres ac- de droit, pour le dialogue des singulière, qui a profondément teurs sociaux apportent directe- cultures, pour une société civile – changé l’Iran en l’espace de vingt ment ou indirectement leur quote- par la seule contestation sociale est ans. part au débat en cours. Mais la partie la plus intéressante de l’ouvrage porte sur la réflexion en cours parmi les intellectuels, les philosophes, le clergé, la possibilité de concilier islam et démocratie, la place respective de la volonté po- pulaire et des normes islamiques, la place du Guide, etc. Qu’est-ce qu’une société civile « islamique » ? Quelle relation à l’Occident ? Autant de questions autour desquelles le débat n’est pas tranché, non seulement entre les tenants de l’ordre ancien et les pen- seurs du changement, mais aussi parmi ces derniers, qui ont néan- moins ceci en commun qu’ils ne ré- LeMonde Job: WMQ2505--0006-0 WAS LMQ2505-6 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:08 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0299 Lcp: 700 CMYK

6 FRANCE LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999

CORSE Jean Glavany, ministre de net. « Un préfet en Corse est provo- Corse, souligne que le rétablisse- culteurs de conforter leur situa- gnac, dont la soudaine accélération l’agriculture et de la pêche, accuse, qué, nargué, au quotidien, par une ment de l’Etat de droit est le prélude tion ». b ONZE PERSONNES étaient suscite la méfiance sur l’île. b L’OP- dans un entretien au Monde, le minorité », explique-t-il. M. Glava- à tout débat sur le statut de l’île. placées en garde à vue, lundi POSITION RPR-DL-UDF se prépare au « système corse » d’être à l’origine ny, qui avait présidé la commission Evoquant la question agricole, il 24 mai, dans le cadre de l’enquête débat de censure, mardi 25 mai, à des dérives du préfet Bernard Bon- d’enquête parlementaire sur la souhaite « permettre aux vrais agri- sur l’assassinat du préfet Claude Eri- l’Assemblée nationale. Jean Glavany accuse le « système corse » d’avoir « éliminé » Bernard Bonnet Dans un entretien au « Monde », le ministre de l’agriculture et de la pêche affirme que la restauration de l’Etat de droit est « une condition de vie en commun en République ». Le débat sur l’autonomie de l’île est, selon lui, « un rideau de fumée sur certaines turpitudes » « Vous avez présidé, avant – De toute façon, nous n’avons Qu’ils le fassent et qu’ils fassent – Où en sont les enquêtes main. Là aussi, la situation s’amé- contrôle ont été renforcés, le ni- d’entrer au gouvernement, la pas le choix. Comment voulez- ainsi la preuve d’une capacité d’au- concernant l’agriculture ? liore progressivement. veau des aides versées à ce titre a commission d’enquête parle- vous développer économiquement tonomie ! Enfin, qui de respon- – Le gouvernement a donné – La France a-t-elle été baissé de 20 %, une mission de la mentaire sur la Corse. Vous l’île si le racket se poursuit, si l’on sable, de raisonnable, de sérieux, toutes les suites administratives contrainte par la Commission de Commission s’est récemment ren- aviez alors rencontré à plusieurs détourne des fonds publics, si cer- peut soutenir que le problème qui convenaient aux différentes Bruxelles de rembourser des due sur place et semble avoir reprises le préfet Bonnet. Aviez- tains ne payent pas leurs impôts ? corse est aujourd’hui un problème missions d’inspection. Le conseil aides versées, à tort, en Corse ? considéré que la situation était de- vous conscience des dérives qui L’Etat de droit n’est pas une lubie, statutaire ? Cela n’a aucun sens. d’administration de la Mutualité – La situation est parfaitement venue satisfaisante. Cessons donc se sont manifestées par la suite ? c’est une condition de vie en Lancer ce débat, c’est lancer un ri- sociale agricole (MSA) a été sus- connue. En 1994, une mission de ne voir en Corse que fraudes et – Je vois encore Claude Erignac, commun en République. deau de fumée sur certaines turpi- pendu, et un administrateur provi- d’inspection de l’Union euro- tripatouillages ! Je souhaite faire le dans le jardin du palais Lantivy, à tudes ou, pire, tenter une nouvelle soire nommé. La situation s’amé- tri entre le bon grain et l’ivraie Ajaccio. Il m’avait dit : Ïci, tout est concession aux poseurs de liore d’ailleurs nettement, puisque pour permettre aux vrais agri- pourri. Il n’y a pas un dossier qui ne bombes. le taux de recouvrement des coti- « Que les élus corses culteurs de conforter leur situa- révèle des horreurs." Lorsque Ber- – Que pensez-vous de la mo- sations de l’année est passé de tion. Cette clarification s’opère à nard Bonnet est arrivé, j’ai bien tion de censure ? 47 % en 1997 à 56 % en 1998 et de- tirent toute la moelle leur bénéfice ; elle s’achèvera dans noté, comme tout le monde, la rai- – Elle fait partie de l’arsenal vrait dépasser 65 % en 1999. la révision en cours des immatri- deur du personnage, mais je me constitutionnel à la disposition de » Les instances élues de la du statut de 1991 culations à la MSA et des listes suis souvenu de ce "tout est pourri" l’opposition. Libre à elle d’en user, chambre d’agriculture de Haute- électorales aux chambres d’agri- d’Erignac, et il devenait évident mais libre au gouvernement et à sa Corse ont été dissoutes. Nous pré- et fassent la preuve culture. que l’arrivée de M. Bonnet et la majorité de lui répondre. Et elle ne parons le retour à un fonctionne- – Y a-t-il, en dépit du faible re- politique dont il était porteur sera pas déçue... Car si une paillote ment normal de ces institutions. d’une capacité venu des exploitants dans l’île, étaient comme un pavé dans la brûlée par des fonctionnaires dé- Des élections auront lieu le 8 juillet des secteurs prometteurs et des mare. Compte tenu des cir- JEAN GLAVANY faillants et aussitôt sanctionnés est à la chambre et à la fin de l’année à d’autonomie » raisons d’optimisme ? constances, les ondes de choc une affaire d’Etat, que dire de Tra- la MSA. A l’issue de ces échéances, – Je distingue trois enjeux : valo- m’ont paru, comme à tous, natu- » Lorsqu’on parle d’autonomie, lonca et de Sperone, pour ne citer les agriculteurs corses retrouve- riser les atouts de l’île et les pro- relles. Il dérangeait tant ! il ne faut pas oublier que le statut que ces deux affaires où la justice ront la maîtrise de leurs institu- péenne avait mis en évidence une ductions traditionnelles de quali- – Etait-il de taille à incarner de 1991 accorde déjà une large au- n’a pas pu faire son travail, sur tions ; ils devront alors, avec l’aide fraude aux primes animales en té ; contribuer à l’occupation et l’Etat en Corse ? tonomie à la Corse. Je connais bien ordre des gouvernants de droite ? de la collectivité territoriale et de Haute-Corse. C’est la seule affaire l’aménagement de l’espace rural, – Au fond, je pense que l’épouse des présidents de région, en Je n’ai pas, moi, la mémoire courte. l’Etat, assumer leurs responsabili- spécifiquement corse en la ma- et, notamment, de la montagne ; de M. Bonnet a raison lorsqu’elle France, qui aimeraient avoir autant Que dire, je le répète, de ces deux tés pour en assurer l’équilibre et la tière. La France a eu à subir un re- mieux couvrir les besoins agricoles dit que le système corse, parce de pouvoir que les élus corses. Or anciens ministres s’opposant pu- pérennité. Pour ce qui concerne le dressement de 25 millions de du marché intérieur. Il est possible qu’il ne pouvait assassiner physi- ceux-ci n’ont pas tiré toute la subs- bliquement à l’application d’une Crédit agricole, je ne peux que me francs sur les différentes aides de relever avec succès ces trois dé- quement un deuxième préfet, l’a tantifique moelle de ce statut, c’est décision de justice ? Tout cela, ce féliciter que la caisse nationale ait concernées. fis. Les AOC miel, vin et, bientôt, éliminé par d’autre moyens. Il y le moins que l’on puisse dire. n’était pas des "affaires d’Etat" ? décidé de prendre les choses en » Depuis, les moyens de fromage montrent une voie pos- eut d’abord les menaces de mort : sible. Le contrat territorial d’ex- j’ai vu ce mur humain de gen- ploitation peut être un bon outil darmes, qui protégeait physique- pour contribuer à conforter l’éle- ment M. Bonnet, mais qui, aussi, le La police pense avoir atteint le cœur du groupe responsable de la mort du préfet vage en zone de montagne. La coupait du monde. Il constatait, plaine orientale garde un potentiel chaque jour, que des hommes ONZE PERSONNES, au total, étaient placées seize heures de garde à vue autorisées par la lé- DNAT avaient pensé procéder à ces interpella- important pour développer les ayant du sang sur les mains exer- en garde à vue, lundi 24 mai, en fin de matinée, gislation antiterroriste. tions un peu plus tard. Leur choix s’est finale- agrumes et les productions légu- çaient des responsabilités profes- à Paris et à Ajaccio (Corse-du-Sud), dans le Les enquêteurs ont maintenant la certitude ment arrêté au vendredi 21 mai, le jour de l’au- mières. Mais il faut, à chaque fois, sionnelles très officielles ; que cadre de l’enquête sur l’assassinat du préfet d’être au cœur du groupe responsable de la dition du préfet Bernard Bonnet dans l’affaire réunir les mêmes conditions pour d’autres, qui avaient violé la loi, Claude Erignac, le 6 février 1998. En plus des mort de Claude Erignac. L’expertise scienti- de l’incendie de la paillote, essentiellement en réussir : l’excellence profession- étaient remis en liberté parce qu’ils sept personnes interpellées vendredi 21 mai, fique menée sur des téléphones portables a raison de craintes de fuites. La quarantaine de nelle, l’organisation collective, la avaient les moyens de payer une quatre nouveaux proches d’Alain Ferrandi, res- permis, selon les policiers, de renforcer les pré- policiers qui a participé à l’opération a été pré- qualité des produits, la rigueur fi- caution ; que d’anciens ministres ponsable de l’agence locale Hertz de l’aéroport somptions pesant depuis de longues semaines venue au tout dernier moment. nancière, une bonne stratégie de s’opposaient à l’application des de Campo dell’Oro (Le Monde du 22 mai), ont sur Alain Ferrandi et son entourage. Des appels Pour leur part, Mes Antoine Sollacaro et commercialisation. décisions de justice. Un préfet, en été interpellés, dimanche 23 mai, dans la région téléphoniques en provenance de l’appareil Jacques Robaglia, qui défendent Mathieu Fili- » Aux agriculteurs d’aller dans Corse, est provoqué, nargué, au de Cargèse (Corse-du-Sud). d’Alain Ferrandi ont permis de localiser le por- dori, l’agriculteur nationaliste mis en examen ce sens, à la collectivité territoriale quotidien, par une minorité. Il faut La sœur d’Alain Ferrandi était également en- table à proximité du restaurant Le Kallyste, à pour « complicité d’assassinat » et remis en dé- de prendre ses responsabilités ! des fonctionnaires au caractère ex- tendue, lundi en fin de matinée, par les enquê- Ajaccio, où a eu lieu l’assassinat du préfet Eri- tention le 20 mai à la maison d’arrêt de Fresnes L’Etat répondra "présent", dans ce ceptionnel pour le supporter. S’il a teurs à Ajaccio. Quant à Eric Caligari, un em- gnac. La DNAT dispose des numéros appelés, (Val-de-Marne), après avoir été libéré le 10 no- cadre, pour accompagner le re- failli, je suis convaincu que c’est ployé de l’agence Hertz interpellé vendredi, il a de l’heure des appels, et d’indications sur la lo- vembre 1998 par la chambre d’accusation de dressement des institutions agri- sous cette pression. Il faudra des été remis en liberté. calisation géographique du portable. Ces élé- Paris, ont dénoncé, lors d’une conférence de coles et élaborer un volet agricole années pour restaurer l’Etat de Ces ultimes arrestations ont permis à la divi- ments devaient être confrontés aux emplois du presse, dimanche 23 mai, « ce contre-feu à l’af- du contrat de plan ambitieux. Pour droit, et il y aura sans doute bien sion nationale antiterroriste (DNAT), appuyée temps des personnes en garde à vue pendant la faire Bonnet ». Ainsi que nous le rapporte Da- le ministère, la Corse sera une d’autres obstacles à franchir. par la direction centrale des renseignements soirée où a eu lieu l’assassinat. nielle Rouard, notre envoyée spéciale, ils ont priorité du contrat de plan si nous – Les revendications d’autono- généraux (DCRG), de boucler une opération estimé qu’« il n’y a rien de plus, rien de neuf avons des partenaires sérieux, mie, voire d’indépendance, sont entamée vendredi 21 mai à l’aube. La plupart PREMIÈRE PHASE ACHEVÉE dans le dossier de notre client ». Me Robaglia a fiables et organisés. » revenues en force à la faveur de des militants interpellés devaient être présen- Lancée par l’interpellation, jeudi 20 mai, de confirmé son intention de faire appel de cette cette affaire. Pensez-vous qu’il tés, mardi 25 mai, au juge d’instruction Jean- Mathieu Filidori, cette première phase de mise en détention. Propos recueillis par faut d’abord rétablir l’Etat de Louis Bruguière, pour être éventuellement mis l’opération de police semble donc achevée. Raphaëlle Bacqué droit avant de les aborder ? en examen, au terme des quatre-vingt- Dans un premier temps, le juge Bruguière et la Pascal Ceaux et François Grosrichard « C’est du réchauffé que l’on nous sert aujourd’hui » Mme Voynet dénonce la politique AJACCIO quinze mois après les faits, alors que 15 mai, toutes deux dues à l’initia- mière et indispensable à la pour- de notre envoyée spéciale la police les connaissait depuis long- tive du comité du Fium’Orbu. suite de la réconciliation ». A Depuis le vendredi 21 mai au petit temps ! Pourquoi n’a-t-elle pas arrê- Le rendez-vous était donc pré- l’heure du déjeuner, certains, des « coups de menton » matin, Ajaccio bruit d’informa- té avant les auteurs de ces ap- vu, mais il a commencé, vers comme Edmond Simeoni, se sont C’EST presque une séance souligné en faisant allusion au tions contradictoires sur les inter- pels ? ». Il s’interroge sur cette 9 heures, par un contretemps. Une rendus à l’église proche pour sa- d’échauffement. Avant la motion choix du premier ministre, Lionel initiative policière, « le jour même patrouille de gendarmes s’est pré- luer Valentina Filidori, qui a de censure discutée mardi 25 mai, Jospin, et de son ministre de l’inté- REPORTAGE où le préfet Bonnet est entendu sur sentée à la porte de la salle de réu- commencé une grève de la faim en gauche et droite ont passé le long rieur, Jean-Pierre Chevènement. A Nombre d’insulaires le fond » : « La ministre de la jus- nion, cherchant la sœur d’Alain signe de protestation contre l’in- week-end de la Pentecôte à échan- ses yeux, un des éléments « qui ont tice, Elisabeth Guigou, nie qu’il ait Ferrandi. La voiture est vite repar- carcération de son mari. ger des propos aigres-doux sur la conduit à l’augmentation du vote en restent sceptiques fait une enquête parallèle. Pourtant, tie... Peu après, des policiers sont Dans un communiqué final, les Corse. Dans un entretien publié, faveur des nationalistes, lors des sur la nouvelle vague c’est bien sur les indications passées venus interpeller cette jeune organisations ont condamné la lundi 24 mai, dans Le Parisien, Da- dernières élections, est la méthode d’interpellations de M. Bonnet qu’Alain Ferrandi et femme. On se mit d’accord : l’in- « répression » de ces derniers jours niel Vaillant, ministre des relations qui a été choisie » pour rétablir ses proches sont aujourd’hui inter- téressée s’engagea à se présenter et souligné leur entente. Un pré- avec le Parlement, explique ainsi l’Etat de droit en Corse. pellés. Qui croire ? » elle-même, ce qu’elle fit dans lude à la signature d’« un protocole que le texte de la motion de cen- pellations qui se succèdent dans Un autre rapprochement revient l’après-midi, après avoir quitté la dans les prochains jours, où cha- sure déposé par la droite « empile HEUREUSE COÏNCIDENCE l’enquête sur l’assassinat du préfet inévitablement. Mardi 25 mai, à réunion. cune [des organisations] va s’enga- des griefs sans cohérence et ne pro- A droite, le président de l’UDF, Claude Erignac, le 6 février 1998. l’Assemblée nationale, le gouver- ger de façon solennelle devant l’opi- pose rien ». D’ailleurs, assure-t-il, François Bayrou, tête de liste de sa « Nous ne sommes pas franchement nement doit affronter une motion « VERS LA RÉCONCILIATION » nion à arrêter définitivement la l’opposition n’a « rien à dire et à formation pour les élections euro- inquiets, confie un militant de Cor- de censure de l’opposition sur l’af- Celle-ci, qui fut « franche et fra- violence entre nationalistes », nous proposer sur les grands sujets qui péennes, a estimé, dimanche, que sica Nazione [proche du FLNC-ca- faire Bonnet. De là à voir dans ce ternelle », selon plusieurs de ses a annoncé Jean-Guy Talamoni, concernent » les Français. l’affaire de la paillote incendiée en nal historique]. C’est du réchauffé qui est présenté par les autorités participants hier farouches adver- chef de file de Corsica Nazione. Le jugement de Dominique Voy- Corse est le « symptôme du “mal- que l’on nous sert aujourd’hui. comme une avancée de l’enquête saires, dura jusqu’à 18 heures. A l’évidence, et en dépit des tur- net est aussi lapidaire. La ministre gouvernement” de la France » (lire Alain Ferrandi savait qu’il était "ci- dans l’assassinat d’Erignac «un François Alfonsi s’exprima au nom bulences policières de ces derniers de l’aménagement du territoire et aussi page 12). blé" depuis des mois. Il s’était éloi- contre-feu de Lionel Jospin », le pas de l’Union du peuple corse (UPC), jours, Corsica Nazione privilégie de l’environnement a ironisé, di- C’est toutefois le président par gné de notre mouvement, non pas est vite franchi. Une Ajaccienne, Pierre Poggioli pour l’Accolta na- désormais le terrain politique. Ce manche sur Europe 1, sur cette intérim du RPR, Nicolas Sarkozy, par extrémisme, mais parce qu’il parmi d’autres, explique : « Quand ziunale corsa (ANC). Opposés à la mouvement, émanation d’A droite qui veut « enrayer le mal-dé- qui s’est montré, dimanche 23 mai, était écœuré, comme des dizaines on a des preuves, on arrête une ou violence clandestine, contraire- Cuncolta, qui dispose de 8 sièges veloppement » de sa campagne eu- le plus soupçonneux. Invité de Ra- d’autres, par les règlements de deux personnes. Mais pas une dou- ment à Corsica Nazione, ils le rap- sur 51 à l’Assemblée régionale, ropéenne, soulignant que ce sont dio J, la tête de liste RPR-DL aux comptes meurtriers entre nationa- zaine dans un coup de filet d’un pelèrent avec fermeté. Edmond Si- tient à « avancer dans le débat sur les trois leaders de l’opposition, élections européennes a souligné listes de 1995 et 1996. » bout à l’autre de l’île. Depuis des meoni, le rebelle d’Aléria, en 1975, le statut de la Corse ». Sur le terrain Nicolas Sarkozy (RPR), Alain Ma- la coïncidence entre les interpella- Quant aux autres interpellés pla- années, on connaît ça. Cela retombe qui fonda le mouvement nationa- syndical, cette tendance engrange delin (DL) et François Bayrou tions en Corse et le dépôt d’une cés en garde à vue, « on ne les ensuite comme un soufflé. Ce coup liste, et plus de deux cents mili- aussi quelques succès. Joseph Co- (UDF) qui défendront la censure. motion de censure par l’opposi- connaît pas. Peut-être furent-ils un policier est une opération destinée à tants avaient fait le déplacement. lombani, maraîcher et porte-pa- Pour autant, Mme Voynet a dénon- tion. « J’observe qu’il a suffi que temps des militants de base », l’opinion nationale, pas à nous. » François Santoni, l’ancien diri- role du comité du Fium’Orbu, a cé la politique des « coups de men- nous déposions une motion de cen- ajoute ce nationaliste. C’est dans ce climat tendu que geant d’A Cuncolta, était absent, été élu à l’unanimité, vendredi ton » en Corse et s’est interrogée sure pour qu’il semble que, tout L’opinion insulaire attend pru- s’est tenue, samedi, une réunion mais Jean-Michel Rossi, un de ses 21 mai, président de la fédération sur l’« état psychologique » de Ber- d’un coup, des suspects qu’on avait demment d’en savoir davantage, des quatorze organisations natio- fidèles amis, était là. départementale des syndicats nard Bonnet. « Pour avoir ren- dans les fichiers depuis des mois, on elle aussi. On s’étonne, comme cet nalistes à Migliacciaru, près de Chaque délégation a présenté sa d’exploitants agricoles (FDSEA) de contré le préfet Bonnet lorsqu’il était les fasse appréhender, déférer de- homme, voisin d’un des interpel- Ghisonaccia, dans la plaine orien- position, y compris sur la nécessité Haute-Corse. En Corse-du-Sud, à Perpignan, je peux vous dire que vant un juge et mettre en examen », lés, de « ces écoutes de portables, le tale. Ce « séminaire pour la ré- ou non du combat clandestin – la déjà, c’est un de ses amis poli- son caractère interventionniste ne a-t-il dit, affirmant : « Si cette mo- soir-même de l’assassinat, qui se- conciliation » suivait une première question qui divise. Mais le seul tiques qui dirige le syndicat. pouvait échapper à personne. Mais tion de censure de l’opposition avait raient un indice important. Mais rencontre, en février, et la mani- vrai débat a porté sur l’apaisement je n’ai pas fait partie de l’équipe qui servi à cela, cela ne serait déjà pas si leur existence est rendue publique festation unitaire, à Ajaccio, le entre nationalistes, « étape pre- Danielle Rouard a choisi le préfet Bonnet », a-t-elle mal. » LeMonde Job: WMQ2505--0007-0 WAS LMQ2505-7 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0300 Lcp: 700 CMYK

FRANCE LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 7 Semaine d’actions décentralisées Les oppositionnels de Basse-Normandie pour la réduction du temps de travail envisagent de quitter la CFDT Quatre confédérations syndicales prennent des initiatives communes Plusieurs syndicats de l’union régionale de Basse-Normandie, La CGT et la CFDT, auxquelles se sont jointes la CFTC temps de travail dans les entreprises ». Le dirigeant dont la majorité confédérale a repris le contrôle à l’occasion du dernier et la CFE-CGC, s’engagent dans des actions unitaires de Force ouvrière, Marc Blondel, qualifie ces initia- pour « accélérer la négociation sur la réduction du tives de « pipi de chat ». congrès, début mai, s’interrogent sur un éventuel départ collectif APRÈS le timide défilé parisien relevant plus de l’animation que de Alcatel et Sacilor. Cette mobilisa- LE BASCULEMENT surprise de – pour le moment – la première vail. Chez RVI, des sections syndi- du 1er mai, qui a vu les leaders de la l’action », estime M. Blondel. tion commune « pour l’emploi et la majorité à l’union régionale CFDT des trois options et sont au- cales CFDT, Blainville en tête, ont, CGT et de la CFDT manifester en De la distribution de tracts réduction du temps de travail », de Basse-Normandie, lors de son jourd’hui de plus en plus tentés pour leur part, organisé avec les silence derrière une banderole communs aux défilés devant les prônée par les directions confédé- congrès des 6 et 7 mai, n’a pas fini par une sortie. CGT locales, un référendum qui a « Pour l’emploi, les 35 heures et la chambres patronales, des col- rales soucieuses d’unir leur force, de faire des vagues (Le Monde du C’est le cas, notamment, de la eu pour résultat le rejet des pro- solidarité », les deux grandes loques sur la réduction du temps risque cependant de se heurter, 12 mai). Désormais, des départs section Renault Véhicules indus- positions en matière de passage confédérations syndicales s’en- de travail aux rassemblements de- dans les entreprises, au scepti- collectifs sont publiquement envi- triels (RVI) de Blainville, parti- aux 35 heures émanant de la di- gagent à nouveau dans l’action vant les préfectures, des dizaines cisme de certains militants. sagés par plusieurs syndicats de culièrement active et qui, dans la rection de la filiale poids-lourds de unitaire pour peser sur le contenu d’opérations « décentralisées » de- A la CGT, beaucoup ne digèrent cette union régionale qui était, de- mémoire collective de la CFDT, Renault. de la seconde loi de réduction du vraient ainsi voir le jour dans les pas les accords de branche « extrê- puis 1995, la principale structure avait incarné, à l’instar des Les syndicats oppositionnels temps de travail. Du 25 au 29 mai, régions, les départements et les en- mement mauvais » signés par interprofessionnelle contrôlée par équipes aujourd’hui disparues de bas-normands devraient faire la centrale de Bernard Thibault et treprises, « pour que les revendica- « deux ou trois organisations syndi- l’opposition à Nicole Notat, si l’on la Société métallurgique de Nor- connaître leur décision définitive, celle de Nicole Notat participent, tions collent mieux au terrain et que cales, parfois minoritaires », ob- met de côté la région Provence- mandie – la SMN, fermée en no- d’ici une dizaine de jours, après avec la CFTC et la CFE-CGC, à une les salariés s’y retrouvent », explique serve Jocelyne Hacquemand, Alpes-Côte d’Azur, au positionne- vembre 1993 –, la contestation de consultations internes. Si l’hypo- « semaine d’initiatives » Michel Jalmain, secrétaire national membre de la commission exé- ment moins affiché. la jeunesse ouvrière lors des évé- thèse de départs est confirmée, communes, qui doit permettre de la CFDT. cutive (CE) nationale de la CGT, Mercredi 19 mai, une centaine nements de 1968. elle posera encore plus crûment la « d’accélérer et d’obtenir la généra- dans le mensuel de la CGT, Le de responsables syndicaux, appar- question de l’avenir politique de lisation de la négociation sur la ré- SCEPTICISME DES MILITANTS Peuple. « La dimension unitaire de tenant à l’ancienne majorité régio- CONSULTATIONS INTERNES l’ancienne tendance « Tous en- duction du temps de travail dans les La semaine sera surtout mar- la déclaration confédérale peut se nale, s’est réunie à Caen (Calva- Aujourd’hui, la position « pro- semble », qui a prononcé son au- entreprises ». quée par la grève, le 27 mai, des percuter à des vécus dans les lieux dos) pour faire le point. Trois départ » de RVI Blainville est à todissolution à l’issue du congrès Qualifiant l’opération de «pipi personnels de la Sécurité sociale, de travail », a prévenu Christine options sont aujourd’hui étu- mettre en relation avec les remous confédéral de Lille, en décembre de chat », le secrétaire général de des Assedic et des caisses de re- Canale, membre de la CE, lors du diées : rester à la CFDT, rejoindre provoqués par les négociations 1998. Contrariée dans ses velléités Force ouvrière, Marc Blondel, a re- traites complémentaires, à l’appel dernier conseil confédéral national la CGT ou rejoindre SUD. Prenant sur les 35 heures au sein du d’alliance par le rapprochement fusé de s’associer à l’appel lancé de la CFDT, de la CGT et de la des 29 et 30 avril. Pour la CFDT, il acte des défaites enregistrées par groupe Renault. Trois délégués engagé entre les directions de la par les quatre confédérations, aux- CFTC. Le lendemain, ce sont les s’agit avant tout de permettre l’ancienne tendance « Tous en- syndicaux, dont Daniel Richter, re- CFDT et de la CGT, l’ex-opposi- quelles se sont joints l’UNSA (au- syndicats des grands magasins qui l’« affirmation d’un choix clair de la semble », s’interrogeant désor- présentant CFDT au comité de tion CFDT risque, aujourd’hui, de tonomes), la FSU (enseignants) et ont appelé à des débrayages et à négociation comme moyen d’action mais sur la pertinence du choix qui groupe européen, ont été récem- voir son champ professionnel se le Groupe des dix (qui comprend deux rassemblements à Paris. Des privilégié pour aboutir à des ac- a été fait en 1996 de rester à la ment dessaisis de leur mandat cantonner à la seule FGTE, la fé- les syndicats SUD). « La lutte contre arrêts de travail sont aussi prévus cords ». CFDT et de se lancer dans une ba- pour avoir dénoncé la signature, dération des transports. le chômage ne peut se satisfaire dans la chimie, la construction et taille politique interne, les opposi- par leur organisation, de l’accord d’initiatives diverses, voire colorées, la métallurgie, notamment chez Alexandre Garcia tionnels bas-normands, écartent sur la réduction du temps de tra- Caroline Monnot Les mouvements de chômeurs organisent une marche européenne LA DESTINATION n’a pas été SUD), la Fédération syndicale uni- choisie au hasard. La ville rhénane taire (FSU) et les anarcho-syndica- de Cologne, en Allemagne, qui listes de la Confédération natio- doit accueillir, les 3 et 4 juin, le nale du travail (CNT), doit sommet des chefs d’Etat et de rejoindre Cologne en fin de se- gouvernement européens, puis, le maine pour participer, samedi 19juin, un «G8» des pays les 29 mai, à une manifestation qui, plus industrialisés de la planète, selon les organisateurs, devrait va, auparavant, devenir le lieu de réunir plusieurs dizaines de mil- convergence de l’ensemble de la liers de personnes. mouvance anticapitaliste euro- Le collectif des marches euro- péenne. Les organisations de chô- péennes – qui a prévu notamment meurs entendent ainsi rééditer une étape symbolique à Vilvorde l’initiative de juin 1997, à Amster- (Belgique) – entend ainsi réclamer dam, qui s’était achevée par un « un revenu qui permette à tous et défilé de cinquante mille per- toutes, chômeurs ou salariés, de sonnes dans les rues de la ville. vivre dignement », « une réduction Mardi 25 mai, à l’appel du Col- du temps de travail permettant de lectif européen contre le chômage, réelles créations d’emplois » et la précarité et les exclusions, une « une amélioration de l’ensemble marche doit ainsi quitter des droits sociaux en Europe ». Bruxelles, en direction de la fron- Pour certaines délégations, tière allemande. Cette marche, à comme les Allemands ou les Ita- laquelle ont appelé, entre autres, liens, cette manifestation pourrait les associations françaises de dé- être aussi l’occasion de protester fense des chômeurs Agir ensemble contre la guerre au Kosovo. Le contre le chômage (AC !), l’Asso- Collectif des marches euro- ciation pour l’emploi, l’informa- péennes a également l’intention tion et la solidarité (Apeis) et le d’organiser, à Cologne, un « Parle- Mouvement national des chô- ment européen des chômeurs », meurs et précaires (MNCP), Droit pour « confronter les différentes au logement (DAL) et Droits de- réalités européennes ». vant ! !, l’union syndicale du Groupe des dix (autonomes, dont C. M.

DÉPÊCHES a OPPOSITION : Nicolas Sarkozy, président par intérim du RPR, a déclaré, dimanche 23 mai, sur Radio-J, que, dans la campagne euro- péenne, Charles Pasqua « a un adversaire, le président de la Répu- blique ». « Dans la majorité présidentielle, faudra-t-il comptabiliser les voix [obtenues par la liste de François Bayrou] ? Certainement, a esti- mé la tête de liste RPR-DL. Est-ce qu’il faudra comptabiliser Pasqua ? Alors là, cela pose un problème, parce que Pasqua lui-même dit : “Toute personne qui votera pour ma liste ne pourra pas être comptabilisée dans la majorité présidentielle”.» a François Bayrou, qui conduit la liste de l’UDF aux élections eu- ropéennes, a affirmé, dimanche 23 mai, au « Grand jury RTL-Le Monde-LCI », qu’il soutient l’« action » du président de la République mais que l’UDF a « droit à [sa] vision pour l’avenir ». « Ce n’est pas manquer ni de solidarité ni de respect que de vouloir l’affirmer », a ajouté M. Bayrou (lire aussi page 12). a SYNDICATS : l’Union nationale des syndicats autonomes (UN- SA) a été admise, jeudi 20 mai, à la Confédération européenne des syndicats (CES). Seule Force ouvrière a voté contre l’affiliation de l’UNSA, qui regroupe, autour de la FEN (enseignants), divers syndi- cats autonomes et d’anciens militants de FO. Pour la France, la CGT, la CFDT, FO, la CFTC et l’UNSA, qui n’est pas considérée comme re- présentative au niveau national, sauf dans la fonction publique, sont désormais membres de la CES. a Deux vice-présidents de la CFTC, Bernard Ibal et Jean-Paul Probst, ont officiellement annoncé, vendredi 21 mai, leurs candida- tures respectives aux postes de président et de secrétaire général de la CFTC, dans la perspective du prochain congrès de la centrale chré- tienne, qui se tiendra en novembre à Dijon. Chefs de file des oppo- sants internes à M. Deleu, ils affirment vouloir donner à la CFTC « une image ferme » et s’opposent à ce que la CFTC devienne «un mouvement d’Eglise ». a EUROPÉENNES : la Coordination nationale des sans-papiers a appelé à voter, samedi 22 mai, au cours d’une réunion publique à Saint-Denis, « sur critères et au cas par cas » lors des élections euro- péennes, en fonction des positions des listes en matière d’immigra- tion. A cette occasion, Arlette Laguiller et Alain Krivine ont fait parve- nir des messages de soutien, tandis qu’étaient présentes Monique Dental et Michela Frigionili, candidates sur la liste de Robert Hue, et Françoise Duthu, membre de la liste de Daniel Cohn-Bendit. LeMonde Job: WMQ2505--0008-0 WAS LMQ2505-8 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0301 Lcp: 700 CMYK

8 SOCIÉTÉ LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999

ÉDUCATION La ministre de l’en- viennent une semaine après la filières de la 6e à la 3e b GROUPES DE formes s’enlisent peu à peu dans les d’élèves ont chacun leur vision du col- seignement scolaire, Ségolène Royal, publication du rapport Dubet, qui SOUTIEN, TRAVAIL EN ÉQUIPE, sou- établissements. Pour lui, la question lège idéal. La plupart insistent cepen- doit annoncer, mardi 25 mai, ses pro- constate que les enseignants dressent plesse horaire : le rapport Dubet, principale est le problème du pilotage dant sur le développement d’activités jets en matière de réforme des col- un constat très sombre du « collège comme d’autres avant lui, souligne du système. b SYNDICATS D’ENSEI- interdisciplinaires (lire aussi notre lèges. b CES ANNONCES inter- unique » qui a supprimé, en 1997, les qu’en l’absence d’évaluation, les ré- GNANTS et associations de parents page document page 11.) L’urgence d’un nouveau projet pour le collège unique Ségolène Royal doit annoncer, mardi 25 mai, ses projets en matière de rénovation des collèges. Elle devrait s’appuyer sur les conclusions du rapport Dubet, qui dressait, il y a une semaine, un constat sans complaisance du collège sans filières instauré en 1977 par René Haby C’EST dans un contexte parti- gagné ou qui le guette. Ce n’est tests de mathématiques en 1995 sailles et Aix-Marseille. Ces catif n’est-il pas à repenser entiè- Quant aux « dispositifs de culier, créé en grande partie par pas une mince étape. Au- qu’en 1984 (+ 6 points), d’his- disparités, déjà constatées dans le rement, comme le suggère le rap- consolidation » prônés par la ré- ses soins, que Ségolène Royal, jourd’hui, tout est sur la table : le toire-géographie (+ 8 points), de rapport de l’inspecteur général port Dubet ? (lire ci-dessous). forme, ils n’en sont pas réelle- ministre déléguée à l’enseigne- découragement d’une majorité sciences de la vie et de la terre (+ Bernard Toulemonde (Le Monde La question se pose avec d’au- ment, dans plus de la moitié des ment scolaire, doit rendre, mardi d’enseignants, mais aussi leur 3 points). Ils restent stables en du 12 février 1998), n’échappent tant plus d’acuité que la dernière établissements. Ils ne donnent croyance bien ancrée dans l’idéal anglais (+ 1 point), mais baissent pas à ceux qui sont aux premières réforme du collège, proposée par pratiquement jamais lieu à un ANALYSE démocratique du collège pour en allemand (– 3 points) et en loges pour les observer, les ensei- François Bayrou, s’est révélée travail interdisciplinaire, ont peu Tout est sur la table : tous, le bilan en demi-teinte dudit français (– 5 points). Ces résultats gnants. D’où la permanence de d’une portée plus que limitée. Se- mobilisé les « structures institu- collège après dix-sept ans et des sont obtenus alors que 10 % « classes Camif », où se lon l’enquête menée par l’inspec- tionnelles » et sont rarement éva- le découragement des pistes pour l’avenir. d’élèves en plus atteignent la concentrent les enfants de profs, tion générale de l’éducation na- lués du point de vue de leur effi- enseignants, leur ma- Vingt-deux ans après l’instau- classe de 3e durant cette période. étudiant l’allemand en première tionale sur la classe de 6e (Jean cacité pédagogique. Seules les laise et leurs espoirs ration du collège unique – qui Sur le plan de l’égalité républi- langue ou faisant du latin (Insee, Fabre et Francis Goulier, no- études dirigées, bien perçues par supprime toutes les filières de la caine entre établissements, en re- id.). vembre 1998), « on ne rencontre « la plus grande majorité des 6e à la 3e –, il était donc grand vanche, le bilan n’est pas brillant. pas de situations innovantes élèves, des parents et des équipes 25 mai, ses arbitrages politiques temps d’évaluer, comme le fait le Comme le souligne une autre en- PILOTAGE qu’aurait pu induire l’application éducatives », tirent à peu près dans le dossier ultra-sensible du rapport, les réussites et les échecs quête publiée par l’Insee, «les A l’évidence, ces inégalités ne de la souplesse horaire » intro- leur épingle du jeu, comme cela collège. Depuis une semaine en du collège unique et la distance disparités sociales se sont dévelop- sont pas toutes dues à l’école, duite par cette réforme. La possi- avait été déjà démontré (Le effet, le débat sur l’école qui sépare la réalité de la percep- pées entre les collèges et au sein l’aggravation de la crise écono- bilité de déroger à l’horaire hed- Monde du 29 mai 1997). Encore moyenne en France a changé de tion qu’en ont les enseignants. d’une minorité de gros collèges, mique ayant joué son rôle dans le domadaire (un nombre d’heures faut-il noter qu’elles sont au- perspective : lorsque, mardi Tout n’est pas aussi sombre qu’ils plutôt urbains et accueillant sur- renforcement des inégalités terri- identique pour tous les élèves jourd’hui victimes « d’un certain 18 mai, le sociologue François le disent. tout des élèves défavorisés ». toriales, mais elles ne peuvent dans toutes les disciplines), n’a essoufflement ». Dubet remet solennellement à la Qu’il s’agisse du pourcentage que conduire le ministère à s’in- pas abouti à des inventions péda- ministre le rapport qu’il a élaboré ÉCARTS CREUSÉS d’élèves « en retard », de la pro- terroger : quid de la gestion de la gogiques, mais contribué à ren- DÉBAT CRUCIAL avec Alain Bergounioux, Marie Du point de vue des perfor- portion de jeunes issus de milieux carte scolaire, quid de la diffusion forcer l’horaire de français, de L’importance de ces débats, Duru-Bellat et Roger-François mances des élèves tout d’abord : défavorisés, de l’immigration ou de l’innovation pédagogique dans maths et de langues. Exactement leur caractère crucial à l’endroit Gauthier sur « Le collège de l’an selon deux enquêtes menées à des résultats scolaires, les écarts le système éducatif, quid de l’éva- comme l’avaient fait les du système éducatif où se des- 2000 » (Le Monde du 19 mai), les environ dix ans d’intervalle (Don- se creusent entre les établisse- luation des élèves, des ensei- trois heures modulables dans sinent les carrières scolaires et en faux-semblants et les illusions ne nées sociales, Insee, 1999), les col- ments, notamment dans les aca- gnants et des établissements ? l’emploi du temps accordées par partie sociales des élèves – et où sont plus de mise. légiens de 3e réussissent mieux les démies de Créteil, Lyon, Ver- Bref, le pilotage du système édu- Alain Savary dans les années 80. se concentre la violence – Ecrit dans un langage clair (lire prouvent en tous cas qu’il n’était les principaux extraits dans notre pas vain de s’attaquer sérieuse- page Documents, page 11) et ac- Un chantier perpétuel pédagogique ». b 1992 : le ministre de l’éducation ment au chantier du collège. Au cessible à tous, étayé de résultats b 1985 : le ministre de l’éducation de Pierre Bérégovoy, Jack Lang, vu du résultat, nul ne peut pré- statistiques, le rapport Dubet b 1977 : mise en place du Legrand propose une de Laurent Fabius, Jean-Pierre développe les études dirigées, les tendre que le débat a été biaisé renvoie sans maquillage l’image « collège unique » par René Haby, organisation plus souple du Chevènement, réforme les travaux en petits groupes en 6e et ou qu’une réforme était toute sombre que les enseignants ont ministre de l’éducation sous la temps scolaire, la constitution de programmes, mais n’encourage 5e et la technologie. Une partie prête dans les tiroirs ministériels, de leur métier, de leur mission, de présidence de Valéry Giscard groupes d’élèves en difficulté et guère la rénovation Legrand. des 4es et 3es technologiques contrairement aux reproches qui la vocation du collège dit d’Estaing. Les filières sont diverses mesures en faveur de b 1986 : le ministre de l’éducation implantées en lycées ont été adressés à Claude Allègre, « unique ». On l’a dit, c’est un ta- supprimées de la 6e à la 3e, mais l’autonomie. Les adultes de de Jacques Chirac, René Monory, professionnels sont rapatriées ministre de l’éducation nationale, bleau très noir. Il ne comporte un « palier d’orientation » l’établissement sont des cesse le recrutement des vers les collèges. de la recherche et de la technolo- aucune surprise pour ceux qui demeure en fin de 5e. Des actions « tuteurs » chargés d’apporter professeurs d’enseignement b 1995 : le ministre de l’éducation gie, lors de la réforme des lycées. suivent depuis des années les de «soutien»sont mises en place « une aide intellectuelle et général des collèges (PEGC). d’Edouard Balladur, François Ces circonstances placent aussi évolutions du collège unique, mis pour les élèves en difficulté. En affective » à environ b 1987 : développement des 4es et Bayrou, engage la réforme des Ségolène Royal dans l’obligation en place en 1977 par René Haby, 1978, 17 % des élèves de CM2 ne quinze élèves. M. Legrand 3es technologiques. collèges en 6e : groupes de d’agir au plus vite et de façon ef- mais il retient l’attention par la fi- sont pas admis au collège. En propose que trois heures du b 1989 : le ministre de l’éducation soutien, renforcement de ficace. Ayant amorcé une bombe, délité de son témoignage et la 1980, moins de 70 % des élèves service des enseignants soient de Michel Rocard, Lionel Jospin, l’horaire de français et de elle ne pourra se contenter de justesse de son diagnostic. parviennent en troisième, consacrées au travail en équipe et unifie le niveau de recrutement et gymnastique, assouplissement de proposer un emplâtre. La orientés vers l’enseignement trois heures au tutorat. Alain la formation des enseignants et la grille horaire hedomadaire, contrainte est d’autant plus forte SCEAU DU MINISTÈRE professionnel. Savary approuve la réforme, mais revalorise leurs salaires, mais il mise en place d’études dirigées, qu’il n’y a guère besoin de s’attar- En publiant ce rapport sous son b 1981 : le ministre de l’éducation il la remet au « volontariat » des évite de réformer le collège. transformation des « cycles », der dans les salles de professeurs sceau, le ministère de l’éducation de Pierre Mauroy, Alain Savary, établissements. Il récuse en b 1990 : suppression de la dits désormais d’« orientation » pour sentir à quel point ces der- nationale reconnaît officielle- confie à Louis Legrand, ancien revanche toute modification du physique-chimie en 6e et 5e. en 6e, d’« approfondissement » en niers ont été exaspérés par les at- ment l’ampleur du malaise ensei- directeur de l’Institut national de temps de service des enseignants. b 1991 : suppression progressive 5e et 4e, d’« orientation » en 3e. taques de Claude Allègre pendant gnant, la force des contradictions la recherche pédagogique, une A la rentrée 1985, un quart des classes préprofessionnelles Les programmes sont rénovés dix-huit mois. et des tensions auxquelles il est mission de réflexion sur les seulement des collèges s’est de niveau et des classes et une option latin introduite soumis, le découragement qui l’a collèges. En 1982, le rapport engagé dans la « rénovation préparatoires à l’apprentissage. en 5e. Béatrice Gurrey Une à une, les réformes s’enlisent Le collège tel que le rêvent dans des établissements « sans mémoire » les enseignants et les parents d’élèves RÉINVENTER sans cesse les mêmes recettes : voi- inspecteurs pédagogiques régionaux « reste défi- là à quoi, tel un Sisyphe pédagogico-administratif, le nie par un champ strictement disciplinaire » ? b SNES-FSU : pour ce syndicat personnels et des élèves. Une telle Pour répondre aux besoins des système éducatif semble condamné. Groupes de Un point montre l’ampleur du malaise sur la qui représente 42,4 % des ensei- organisation ne peut être réglée élèves, il faudrait une stratégie défi- soutien, souplesse horaire, autonomie, constitution question du pilotage du système. Dans le cadre de gnants du second degré, l’équilibre dans le détail qu’au niveau de nie en équipe par les enseignants. de cycles : depuis plus de vingt ans, dans le débat sur l’« autonomie », invoquée comme une recette ma- de la formation des collégiens de- chaque établissement. La logique de « l’élève au centre du le collège, l’agencement des éléments change gique depuis des années, une certaine souplesse a vrait reposer sur davantage d’acti- La prise en charge de l’hétérogé- système » exigerait que la formation souvent plus que les éléments eux-mêmes. Et si la été laissée aux établissements pour répartir les ho- vités expérimentales et documen- néité nécessite, pour le SGEN- des enseignants élargisse leur vraie question était celle du pilotage du système, raires d’enseignement. Selon le rapport Dubet, taires. Il convient, selon lui, d’éviter CFDT, des moyens nouveaux pour champ d’investigation aux do- comme le suggère le rapport de François Dubet, 46 % des enseignants défendent ces fourchettes l’uniformité en favorisant les tra- des groupes d’aide et de tutorat. maines disciplinaires voisins. mais aussi d’autres avant lui ? horaires, le plus souvent dans les collèges favorisés vaux pratiques scientifiques, les tra- L’activité professionnelle des ensei- b Fédération des conseils de Les conséquences d’un événement majeur inter- ou privés, mais plus de 53 % les jugent négative- vaux dirigés d’écriture, d’atelier gnants comprendrait l’intervention parents d’élèves de l’enseigne- venu au milieu des années 80 – la décentralisation, ment, « du moins sur les dérives possibles dans la dans les disciplines artistiques et en pédagogique face à une classe ou à ment public (FCPE) : pour la pre- qui confie aux conseils généraux la construction et pratique ». Soit parce qu’elles entraînent des ré- technologie, et la pratique des un groupe d’élèves qui peut donner mière organisation de parents, qui l’entretien des collèges et aux régions ceux des ly- ductions horaires dans certaines disciplines, soit langues vivantes. Le travail collectif lieu à une coanimation avec plu- rassemble 320 000 adhérents, il faut cées – n’ont pas toutes été tirées. Ce transfert de parce qu’elles risquent d’accentuer les disparités des enseignants pourrait faciliter sieurs enseignants ou avec les do- définir le socle commun de compétences a notamment induit un accroissement entre les collèges. les travaux interdisciplinaires. Il de- cumentalistes, le psychologue. connaissances auquel tous les du pouvoir et des responsabilités des chefs d’éta- vrait être prévu et intégré dans la Il inclut aussi un travail collectif jeunes doivent accéder à la fin de la blissement, sans qu’ils soient toujours capables de « LA NÉCESSITÉ D’UN CADRE COMMUN » définition des services en déduction au sein de l’équipe et un suivi indi- scolarité obligatoire, afin d’en faire l’assumer. Dans la consultation menée par François Dubet, du temps d’enseignement. vidualisé. De fait, le temps de ser- une forme de « passeport pour Rédigé par Alain Dulot en juillet 1998, un rapport les questions sur l’autonomie des établissements Le SNES-FSU estime que les col- vice en et hors présence des élèves l’éducation permanente ». de l’Inspection générale de l’administration de ont entraîné un taux de non-réponse de près de légiens les plus en difficulté ne font doit être négocié au sein de l’éta- La FCPE souhaite que les collèges l’éducation nationale montre ainsi que les conflits 30 %, traduisant les incertitudes des enseignants. pas l’objet d’un suivi suffisamment blissement. mettent en place une diversité de sont relativement fréquents au sein des équipes de Dans une réponse sur cinq, on trouve « la nécessi- attentif. Une équipe composée b SE-FEN : pour ce syndicat qui groupes de besoins, d’études diri- direction, les rapports avec les enseignants difficiles, té d’un cadre commun ». Quant aux solutions à in- d’enseignants, du conseiller princi- représente 6,08 % des enseignants gées, d’aide au travail personnel... le fonctionnement bureaucratique. La politique du venter ou à réinventer pour tenter de sauver les pal d’éducation, de psychologues, des collèges et lycées, la réforme L’éducation à l’orientation doit être projet d’établissement, dont l’équipe de direction adolescents qui perdent pied, elles ne suscitent d’infirmières, d’assistantes sociales doit comporter quatre priorités : un mise en œuvre par l’ensemble de devrait être le moteur est, très fréquemment, un aucune opinion majoritaire. 14 % des enseignants devrait suivre la scolarité de ces socle commun de compétences que l’équipe éducative et il faudrait que « leurre ». Quant à l’administration, qui attribue des se déclarent favorables aux « petits groupes, sou- jeunes et aider les équipes à élabo- tout élève doit maîtriser en fin de l’élève puisse être accompagné par moyens sans prendre en compte les projets, elle tien, tutorat », 10 % à des structures spécifiques rer les solutions. Dans son projet 3e, une redéfinition des pro- un adulte référent. « nie, dans ses propres pratiques, ses discours offi- avec enseignants spécialisés et 16 % à un suivi par d’établissement, le collège devrait grammes afin qu’ils soient mieux b La Fédération des parents ciels ». des psychologues, des éducateurs. Au total, plus prévoir des dispositifs pédago- équilibrés et qu’ils intègrent pluri- d’élèves de l’enseignement public Selon ce rapport, le « manque de mémoire » des du quart des enseignants ne souhaitent pas suivre giques adaptés (consolidation en 6e disciplinarité et progressivité des (PEEP) : pour cette organisation établissements – on trouve rarement des archives eux-mêmes, ou seuls, les élèves les plus en diffi- et 5e , études, regroupements tem- apprentissages, une organisation qui rassemble 270 000 adhérents, le « qui permettraient de dresser des bilans » – ne joue culté. « Les enseignants semblent se rallier à une vi- poraires, aide individualisée, re- conciliant des pédagogies différen- collège doit s’adapter à ses élèves pas dans le bon sens. Pas plus que le « caractère par- sion médico-sociale de l’échec scolaire, comme s’il cours au lycée professionnel, ciées et une formation spécifique à par une pédagogie différenciée. Le tiel, hétérogène et parfois peu fiable des données dont échappait complètement à leurs possibilités d’ac- classes-relais...). l’enseignement au collège. Le dé- principe de l’unité d’enseignement disposent les établissements ». Il existe, depuis peu, tion », conclut le rapport Dubet. b SGEN-CFDT : deuxième syndi- coupage en cycles doit, selon le SE- en vigueur à l’école primaire doit un instrument de pilotage, nommé IPES (indica- Malgré ces incertitudes, seuls 8,5 % des profes- cat du secondaire avec environ 13 % FEN, être révisé pour mieux arti- trouver son prolongement au col- teurs pour le pilotage des établissements du second seurs se prononcent en faveur d’une orientation des voix aux élections paritaires, le culer les passages de l’école pri- lège par une coordination réelle de degré), mais il est « à la fois inutilisé et contesté ». plus précoce des élèves. Plus de 80 % des ensei- SGEN-CDFT estime qu’au-delà du maire au collège et du collège au l’équipe des professeurs. Quant à l’accompagnement pédagogique des ensei- gnants sont favorables aux classes spécifiques temps nécessaire à l’étude du pro- lycée. En matière d’horaires, l’auto- Pour le jour de la rentrée en 6e, gnants, il est « déficient ». « En outre, les inspecteurs telles que les 6es de consolidation, les 4es d’aide et gramme, il conviendrait de ména- nomie des établissements doit pou- les parents devraient pouvoir béné- pédagogiques régionaux ont la réputation de n’être de soutien (AES), les 3es d’insertion ou les 4es et 3es ger des plages d’activité (recherche, voir s’exprimer dans la gestion d’un ficier d’une généralisation d’autori- pas assez présents dans les établissements et de ne technologiques, avec plus ou moins de bémols. exposés...), encadrés par des budget-temps qui respecte un sation d’absence auprès des em- guère y impulser de dynamisme pédagogique », Seuls 10 % environ y sont défavorables, 6,7 % crai- adultes afin de consolider le travail cadre national de références et ployeurs pour se familiariser avec la ajoute le rapport Dulot. Comment encourager le gnant qu’elles ne « deviennent des ghettos ». disciplinaire. La mise en œuvre de comporte une marge de souplesse vie au collège. travail en équipes, demande à son tour, moins d’un projets interdisciplinaires pourrait pour les organisations pédago- an plus tard, le rapport Dubet, alors que la tâche des B. G. permettre le travail en équipe des giques utiles. Michel Delberghe LeMonde Job: WMQ2505--0010-0 WAS LMQ2505-10 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:15 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0303 Lcp: 700 CMYK

10 / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 HORIZONS PORTRAIT

NTONIO TA- BUCCHI est un écrivain euro- péen de forma- tion classique (modèle 1943) mais résolument A moderne dans ses perfor- mances et ses conceptions. Il est polyglotte et incertain, cultive le doute et l’inachèvement. Ses maîtres, Pirandello et Pessoa, sont des champions de la disparition. D’origine italienne, toscane mari- time pour être précis, il est portu- gais d’adoption, francophone à l’occasion, semble avoir partout une maison et un restaurant où il est bien connu, et s’il devait rece- voir un jour le Nobel, ce qui le menace peut-être, plusieurs vieilles nations pourraient en re- vendiquer les lauriers. A cin- quante-cinq ans, il est mince comme un jeune homme, res- semble un peu à son cher Pessoa, à cause de ses petites lunettes rondes, de sa moustache, et, par sa manière de tenir ses cigarettes, à une sorte de détective confus et toujours en éveil, un Columbo plus aérien. Dans la tradition bio- graphique chinoise, on choisit souvent un moment de la vie de quelqu’un pour la résumer toute, un geste aussi bien qui rassemble les diverses facettes d’un carac- tère. Avec Tabucchi, on pourrait prendre les cigarettes. Comme il aime fumer, il les allume à la chaîne. Comme il sait que ce n’est pas bon pour la santé, il achète les plus légères, les Multifilters, et il rajoute un petit fume-cigarettes muni d’un filtre supplémentaire. Et comme au bout du compte la GIANNI BARENGO GARDIN / AGENZIA CONTRASTO Antonio Tabucchi, le semeur d’étincelles fumée lui semble inexistante à En 1964, alors qu’il se rend en portage sur une réalité intéres- Mais par ailleurs, pour des choses n’a pas connu le succès, malgré la force d’être appauvrie, il agrandit principe à Madrid, en Fiat 500, Admirateur sante, pour en faire un volume en infiniment plus complexes et sub- présence de Mastroianni. Pour le trou du fume-cigarettes avec pour travailler sur Don Quichotte, l’an 2000. Certains ont choisi les tiles, il est très efficace et rapide. Il l’heure, il se demande comment il une épingle à nourrice. Inutile de il pousse jusqu’au Portugal. Il y re- de Pessoa, guerres, la religion, d’autres l’éro- écrit vite ; en été, quand il fait très va faire pour ressusciter deux per- lui proposer un fume-cigarettes tournera, il apprendra le portu- tisme, etc. Tabucchi a d’abord chaud, il peut rester huit heures sonnages récurrents dans plu- moins avare ou des cigarettes gais, écrira dans cette langue un amateur pensé faire une tournée des ob- devant sa table à travailler chaque sieurs de ses romans, Tadeuz et moins édulcorées, non, c’est cette de ses plus beaux livres, Requiem, servatoires astronomiques dans le jour. Il part de ses personnages Isabelle, et les réunir dans un combinaison-là qui lui convient ; y rencontrera son épouse, qui de sieste et de monde. « Et puis voilà, toujours pour bâtir son intrigue, et ses per- autre livre. Ce sont deux créations c’est sa diététique. porte un des grands noms d’An- mes yeux qui retombent sur terre, et sonnages lui arrivent le plus démarrées à partir de personnes Il vit à Florence, mais il est gleterre, un nom qui remonte à la bonne chère, je vois les Gitans des bidonvilles flo- souvent par hasard. Tabucchi réelles, enrichies, déformées, am- souvent parti. A Sienne, où il en- guerre des Deux-Roses, Maria Jo- rentins. Une réalité toute proche noue de très bons contacts avec plifiées, qu’il sent encore un peu à seigne trois jours par semaine la sé de Lancastre, dite « Zé », avec ami des Gitans que personne ne regarde. J’étais des inconnus quand il devine l’étroit dans leurs aventures. littérature portugaise, à Lisbonne, qui il aura deux enfants, Teresa et avec une anthropologue à qui j’ai qu’ils ont une histoire à lui ra- Tabucchi romancier dit une grande partie du temps, où il Michele. Il ira même jusqu’à ai- de Florence, servi de guide et j’ai raconté son re- conter. Et les gens viennent d’eux- souvent qu’on n’est plus à a de nombreux amis, dont l’autre mer la cuisine portugaise, et en portage. Ces Gitans sont venus pour mêmes lui en faire cadeau, par in- l’époque des grands embrase- Antonio, Lobo Antunes, qu’il a donnera des recettes dans plu- l’auteur échapper à la guerre en ex-Yougo- tuition, parce qu’on voit bien qu’il ments, mais au temps des allu- traduit en italien. Ou à Paris, plus sieurs de ses romans. Il est vrai slavie. C’est un peuple nomade sait écouter, et il garde leurs récits mettes. Les grands idéaux, les ou moins incognito. Ou tout sim- qu’elle est, par certains aspects de « Pereira complètement désespéré, qui arrive au chaud dans sa mémoire, le grandes idéologies sont tombés, plement dans sa maison de Vec- robustes, cousine de la cuisine dans cette capitale de la civilisation temps qu’il faut, avant de leur mais il faut transmettre quelque chiano, près de Pise, là où il a toscane, celle d’un excellent petit prétend » dit qu’est Florence. Que font les Gitans faire un sort. Ou encore il part chose, même si ce n’est qu’une grandi. « Ma Toscane, celle de la restaurant de Florence, la Giostra, pour vivre ? Ils vendent du cuir, du d’une simple phrase entendue flamme d’allumette. Le roman côte, n’a rien à voir avec celle des ou de l’Osteria dei Cavalieri à Pise, que l’époque cuivre, de la dentelle, rien qui fasse dans la foule, dans la rue, au res- change de peau, s’adapte aux cir- Médicis. De Livourne à La Spezia, où il ne dédaigne pas de commen- concurrence aux boutiques floren- taurant, comme celle-ci, qu’il a constances ; il peut contenir la côte a une culture garibaldiste et cer par des hors-d’œuvre de tripes n’est plus tines. Et pourtant les associations notée l’autre jour à Florence, d’un toutes sortes de choses, de la nar- anarchiste. » Il est le fils unique et haricots avant d’attaquer des de commerçants de la ville ont fait homme se levant de table en di- ration, des lettres, des poèmes, d’un marchand de chevaux de spaghetti à la poutargue de thon, aux grands pression sur la mairie pour qu’on sant : « J’avoue mon incapacité à du journal intime. On n’est plus Vecchiano, plus tard reconverti en buvant un noble montepulcia- interdise aux Gitans d’exercer leurs dans le commerce. La maison fa- no ou un montalcino. Ce qui, pour embrasements, activités traditionnelles. Une mairie miliale jadis à l’orée du village est le moins, impose une petite sieste. qui a dépensé 3 milliards de lires Il est parti à Paris après avoir vu « La Dolce aujourd’hui cernée par lui, une mais aux pour exposer la collection de lu- maison en longueur avec deux A sieste est un moment nettes d’Elton John dans le palais Vita » de Fellini, dont la critique radicale palmiers, un magnolia, quelques heureux chez Tabucchi l’in- flammes Strozzi. Avec une petite partie des plantes exotiques et un chat, que L somniaque. On dit même lunettes d’Elton John, ces Gitans de la bourgeoisie cupide aussi bien que Tabucchi retape peu à peu avec qu’un jour, recevant une journa- d’allumettes. pourraient survivre quatre ou cinq ses droits d’auteur. « Je suis né à liste venue l’interviewer trop tôt ans. Si vous connaissez les Gitans, des prolétaires qui attendent la Sainte Vierge, Pise. Le lendemain de ma nais- dans l’après-midi, il s’est éclipsé Dans sa leurs fêtes, leurs danses, vous voyez sance, mon père nous a emmenés pour une seconde et est allé dor- bien qu’ils ont une culture très des aristocrates idiots et des intellectuels en vélo, ma mère et moi, ici, dans la mir une heure dans sa chambre jeunesse, belle. Ce sont parmi les meilleures maison du grand-père, à cause des avant de retrouver son interlo- personnes que j’ai rencontrées dans qui se suicident en écoutant du Bach, bombardements. J’ai passé mon en- cutrice décontenancée. Mais ce il penchait pour cette ville. » fance ici. L’université à Pise, en sont là des ragots, sans doute. Le lui a rendu l’Italie momentanément irrespirable lettres et philo. Je cultivais l’idée Portugal, donc, est au centre de sa l’astronomie. ABUCCHI passe régulière- très vague, assez romantique, de vie et il lui donne une grande part ment dans les camps situés devenir astronome. J’avais passé de son temps, ainsi qu’à Florence, Avant de T au pied des autoroutes, en être une personne chic. » Dieu sait au temps de Tolstoï, de Balzac, beaucoup de nuits d’été à regarder où il vit depuis douze ans dans un dehors de Florence, sans électrici- dans quel roman on trouvera d’Hugo, mais on a quand même le ciel avec mon grand-père. Et puis bel appartement de la vieille ville regarder té, sans médecins, sans rien, et il cette réplique évasive. de grandes œuvres comme je me suis aperçu que, plutôt que de au-dessus d’un grand jardin. Flo- apporte un générateur, des médi- Après Piazza d’Italia, son pre- L’Homme sans qualité, de Musil, regarder le ciel à la verticale, rence qu’il dit ne plus aimer, ce- à hauteur caments, boit le thé avec les fa- mier roman, qui mettait en scène qui ne correspond plus à l’univers j’avais tendance à regarder à hau- pendant, qui est devenue « une milles où il est connu comme le plusieurs générations dans sa Tos- ptolémaïque du XIXe siècle, où teur d’homme, vers la ligne d’hori- ville affreuse », vendue aux Japo- d’homme loup blanc. Il faut souvent réparer cane natale, Tabucchi a rédigé Le chacun tourne autour du roman- zon. » nais, soumise à un esprit pervers le générateur, que les Gitans Petit Navire, qui sort aujourd’hui cier central, mais ressemble plu- Il écrira plus tard Le Fil de l’hori- qui domine l’Italie avec ses idéaux pour y voir se traitent comme une personne en français chez Christian Bour- tôt à un corpuscule étrange en zon. Ce qu’il omet de dire pour vulgaires d’argent, de réussite quand il ne marche pas, en lui gois. « L’action se passe en 1948, marche selon son orbite parti- l’instant, c’est qu’il est parti à Pa- dans la vie, dans la société : «Le consumer les donnant des coups de pied. Mais avec les premières élections, quand culière à la recherche de la réali- ris après avoir vu La Dolce Vita, de contraste entre la laideur de cette Tabucchi comprend cela : lui non les statues ont commencé à pleurer té. « On ne peut pas oublier cer- Fellini, dont la critique radicale de manière d’être et la beauté de cette personnages plus n’est pas un homme très pra- un peu partout en Italie. La Sainte taines constatations scientifiques. la bourgeoisie cupide aussi bien ville est particulièrement choquant, tique. Vierge pleure toujours quand il y a L’épistémologie a changé au cours que des prolétaires qui attendent plus qu’à Milan, par exemple. Les de son œuvre Son traducteur français et ami, des élections dans le monde. On la de notre siècle. On ne peut pas pré- la Sainte Vierge, des aristocrates pitbulls, les slogans racistes, les pro- Bernard Comment, raconte de promenait de village en village. Je tendre avec arrogance à une idiots et des intellectuels qui se pos méphitiques, c’est moins sur- quelle façon Tabucchi, rentrant de parle d’un jeune homme qui connaissance exacte simplement suicident en écoutant du Bach, lui prenant dans une grande ville in- voyage, considère d’un air accablé cherche à reconstruire son passé, parce que nous sommes écrivains. a rendu l’Italie momentanément dustrielle que dans une petite ville la montagne de courrier qui l’at- son identité. » Ensuite Tabucchi a Même si on maintient la petite irrespirable. Et qu’au terme de de pure beauté, symbole de la Re- tend, puis la soulève résolument très vite conçu son œuvre en flamme de l’allumette en voulant son année à Paris, il a fait une ren- naissance. » et la flanque tout entière à la pou- courts modules, ses plus longs ro- penser que la littérature est aussi contre déterminante, capitale Antonio Tabucchi n’a pas beau- belle. Ou bien, lorsqu’il est à l’Hô- mans ne sont pas très longs, on une forme de connaissance. Une dans la légende tabucchienne, coup d’attirance pour la littéra- tel des Marronniers, rue Jacob à n’y donne pas trop de détails sur forme qui n’appartient pas à la lo- celle de l’œuvre de Fernando Pes- ture engagée. En revanche, sa fa- Paris, comment il téléphone à Ber- les gens et les lieux, ce qui plaît gique de Wittgenstein. Une soa. En prenant son train, gare de çon de regarder à hauteur nard pour lui demander d’appeler aux cinéastes. Nocturne indien a connaissance qui se fonde sur Lyon, pour revenir au pays, il d’homme le porte assez souvent l’hôtel afin de savoir quel numéro donné à Alain Corneau l’occasion l’imagination, la supposition, la achète le long poème de Pessoa, dans l’arène politique. Il y a deux il faut faire pour joindre la récep- d’un très beau film. L’adaptation fantaisie, le rêve. » Bureau de tabac, et cette lecture le ans, Lettre internationale a deman- tion depuis la chambre et de le par Roberto Faenza de Pereira bouleverse. dé à des écrivains d’écrire un re- rappeler ensuite pour le lui dire. prétend, un de ses meilleurs livres, Michel Braudeau LeMonde Job: WMQ2505--0011-0 WAS LMQ2505-11 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0304 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS-DOCUMENT LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 11 Le collège de l’an 2000

I. LE COLLÈGE POUR TOUS Menée depuis sances et compétences était largement artificiel. La ques- 3. Cohérence des enseignements tion est celle de la définition des compétences et de la hié- Petit à petit, depuis une trentaine d’années et par des rarchie des objectifs. La réponse à ce problème appelle un et des équipes pédagogiques ajustements successifs, le collège pour tous s’est mis en le mois véritable travail de réflexion sur les programmes, sur les place en France. Avec la disparition progressive de l’orien- progressions, sur l’établissement de lexiques partagés, qui Le suivi des élèves, les mesures de soutien, les activités tation à l’issue de la cinquième, ce collège a largement at- doit être mené au niveau national. Elle demande aussi que interdisciplinaires exigent une coordination entre ensei- teint une partie de ses objectifs. Presque tous les élèves de février, puissent être créées, dans les établissements, les condi- gnants. Celle-ci doit être explicitement reconnue et orga- arrivent en troisième, le niveau moyen s’est plutôt amélio- tions d’un travail interdisciplinaire (...) nisée. Avec les professeurs principaux, une équipe pour- ré, malgré un taux d’élèves en difficulté qui reste élevé. Les contraintes pédagogiques et sociales appellent un rait assurer, autour du chef d’établissement, l’animation Mais les comparaisons internationales montrent que le la consultation travail coordonné et une réelle vie d’équipe au sein des pédagogique du collège. Elle préparerait les décisions re- collège français est à la fois un des plus performants et un établissements. Force est de constater que celle-ci est en- latives à l’organisation pédagogique, aux modalités des des moins injustes. Le collège n’est pas en échec et sa sur les collèges core loin d’être la règle. Il faut donc réfléchir sur les condi- évaluations transversales, elle participerait activement à « fragilité» tient moins à ses résultats, globalement satis- tions qui permettent le développement de cette activité l’élaboration du versant pédagogique du projet d’établis- faisants, qu’aux épreuves qu’il doit surmonter pour ré- collective. Ceci implique une évolution du travail des en- sement (...) pondre aux demandes opposées qui le constituent, celle engagée seignants le rendant moins difficile, moins solitaire et, à d’être l’école de toute une classe d’âge et celle de préparer terme, plus centré sur le travail des élèves lui-même. C’est une partie des élèves à des études longues. l’intégration des équipes autour d’une activité et d’une 4. Des parcours divers C’est ainsi qu’en dépit de bons résultats les acteurs di- par un comité règle communes qui est le meilleur moyen de la formation rectement concernés ont une vive conscience des diffi- des élèves à la civilité et à la citoyenneté. L’idée de conduire tous les élèves au même niveau par cultés d’un métier confronté à l’hétérogénéité des élèves, Si la part d’autonomie attribuée aux établissements les mêmes chemins n’apparaît ni réaliste ni souhaitable. parfois à certains élèves considérés comme très faibles, de pilotage semble indispensable, on observe aussi une accentuation Pour des raisons tenant à la clarté des règles qui doivent aux effets de la crise économique et sociale. Ils pensent des écarts entre les établis- organiser une école répu- aussi qu’il est de moins en moins facile de prendre en sements, une confusion des blicaine, il n’est pas accep- charge une communauté juvénile dont les conduites se placé pratiques et des innova- table que, sous prétexte coulent moins spontanément qu’autrefois dans les at- tions qui s’empilent parfois Il est impératif de faire que les cultures d’options, notamment des tentes de l’école. Même si tous les collèges ne sont pas en- sous la de manière « illisible ». Le choix de langues, se vahis par la violence et par les incivilités, celles-ci appa- collège change beaucoup techniques et professionnelles constituent des classes de raissent souvent comme une menace diffuse. plus qu’on ne le croit niveau et des filières. Le Les difficultés et les insatisfactions, parfois les véri- responsabilité souvent, mais il ne change entrent progressivement dans le collège. principe de l’hétérogénéi- tables déceptions, ne conduisent pas les membres des pas de manière maîtrisée ce té des classes doit être af- communautés éducatives à renoncer à l’ambition républi- qui n’est pas sans accentuer (...) Comment orienter positivement firmé. Il faut, au moins, caine du collège. A leurs yeux, une orientation plus pré- de François l’inquiétude des acteurs. Il que les dérogations à cette coce creuserait encore les inégalités scolaires et sociales, importe donc de repenser le des élèves vers des formations règle soient explicites, elle n’offrirait pas de perspectives professionnelles aux « pilotage » des collèges, les connues de tous et justi- élèves dans une économie qui n’a plus rien à voir avec Dubet a donné procédures d’évaluation et dont ils savent qu’elles sont réservées fiées. celle des années 50 et 60. de soutien des projets et des Les quatrièmes d’aide et A l’heure où l’on déplore l’affaiblissement des liens so- innovations afin que l’auto- principalement aux élèves en échec ? de soutien doivent être ciaux, l’accentuation des inégalités et l’emprise hégémo- lieu nomie soit un gage de mo- maintenues. Mais alors il nique d’une culture de masse, il importe d’affirmer le rôle bilisation, d’efficacité et de convient d’affirmer la spé- intégrateur de l’école obligatoire. Celle-ci doit offrir à à une synthèse, justice, et non de confusion, de « diversification sauvage » cificité de ces classes et de se donner les moyens de faire tous les enfants le socle de connaissances et de compé- et d’accroissement de la ségrégation sociale. en sorte qu’elles soient construites autour d’un véritable tences qui permettra à chaque collégien de devenir un ci- projet d’enseignement efficace, susceptible de permettre toyen de la société dans laquelle il vivra (...) Cette affirma- présentée un rattrapage des difficultés et un retour vers les autres tion de principe doit être d’autant plus ferme qu’aucun II. PLUSIEURS AXES DE CHANGEMENT classes. Les troisièmes d’insertion sont une formule pays d’Europe n’a choisi de revenir sur la scolarité souple qui permet de privilégier des liens forts et contrac- commune jusqu’à 15 ou 16 ans et que ceux qui, comme en mardi 18 mai à S’IMPOSENT tualisés avec les lycées professionnels vers lesquels ces Allemagne, ont gardé des filières différenciées s’inter- élèves seront orientés (...) rogent de plus en plus sur les limites de leur système (...). L’affirmation d’un principe, celui du collège pour tous, Ségolène Royal, ne peut pas dispenser de s’interroger sur les difficultés de 1. La remise à niveau des élèves 5. La vie au collège sa mise en œuvre. On observe bien souvent une grande ministre distance entre les orientations affichées et les pratiques. qui abordent la sixième L’éducation à la citoyenneté passe largement par la clarté On néglige parfois de reconnaître les grandes épreuves et des règles qui organisent la vie du collège. La vie démocratique les tensions auxquelles sont soumis les acteurs, les profes- déléguée à avec de grandes difficultés des établissements suppose un considérable effort d’informa- seurs, les responsables des établissements, et, aussi, les tion. On pourrait souhaiter que les parents soient systéma- élèves. Le collège pour tous ne peut pas être considéré est la première des priorités tiquement informés des objectifs suivis par les enseignants, des comme l’imposition d’une forme et d’un contenu uniques l’enseignement méthodes choisies pour y parvenir et des procédures d’évalua- à des élèves considérés comme identiques. Le collège pour Les expériences passées ont montré les limites des ac- tion mises en place. Les parents doivent être aussi mobilisés tous n’est pas le collège unique qui imposerait un modèle tions structurelles, qui entérinent les écarts plus qu’elles par une participation plus active au conseil de classe, par une unique et finirait par en exclure une grande part des scolaire. Nous ne les comblent. Il est rare que les élèves les plus faibles préparation plus longue aux décisions d’orientation de leurs élèves, pas plus qu’il n’est le collège à la carte strictement quittent les classes qui les rassemblent et qui se consti- enfants... adapté aux demandes des familles et aux inégalités so- tuent alors en filières de relégation plus ou moins expli- Il importe de rappeler que tous les adultes sont garants de la ciales. publions ici cites. Les solutions fondées sur des modules ponctuels et civilité et de la loi du collège. Il ne faudrait pas que l’inter- Les mutations que le collège doit affronter sont forte- des mesures individualisées sont préférables. Les collèges vention de nouveaux personnels, comme les médiateurs ou les ment perçues par les professeurs qui éprouvent de plus en les conclusions doivent privilégier les groupes de besoin, les modules et aides éducateurs, dégage les autres personnels de la prise en plus nettement les difficultés de leur tâche. Celles-ci en- les groupes de niveau au sein de classes hétérogènes. La charge des problèmes de discipline et de civilité. On sait que les gendrent une demande assez largement partagée de classe n’est pas un mode d’organisation immuable et s’il établissements résistent d’autant mieux à la violence et aux dé- moyens supplémentaires qui n’est pas forcément liée aux de ce rapport paraît utile que les élèves s’identifient à un groupe stable, bordements de certains élèves quand ils ont la capacité de mo- situations concrètes de travail et qui se présente aussi rien n’oblige à les y enfermer. Dans le cas de difficultés de biliser l’ensemble du personnel autour de ces problèmes. La comme une vision du collège de demain. Dans cette per- lecture et d’écriture trop grandes, il importe de constituer formation des élèves délégués doit être généralisée et tous les pective, il faudrait des effectifs moins lourds, des ensei- des modules ouverts sur la base d’effectifs réduits, dans élèves doivent participer à l’élaboration du règlement intérieur. gnants plus nombreux, des spécialistes en plus grand lesquels les élèves ne sont pas enfermés toute l’année (...) Il serait souhaitable que les conseils de discipline puissent nombre. Bien sûr, il ne s’agit pas de mettre en cause la lé- Les études dirigées sont largement plébiscitées pour prendre un certain recul par rapport au contexte du collège. Il gitimité de ces demandes, mais il n’est pas certain qu’elles leur efficacité et leur justice, d’abord, pour les élèves les faut rappeler qu’aucune décision d’exclusion ne doit être prise suffisent à dessiner le visage du collège du siècle prochain. plus faibles. Les autres pourraient bénéficier d’études en- sans qu’une solution de scolarisation soit prévue pour l’élève Rappelons que les effectifs moyens des classes de collège cadrées pour les aider à réaliser les exercices, les devoirs concerné (...) ont diminué, passant de 27,5 élèves en 1980 à 24,4 élèves et les travaux qui leur sont demandés. Ceci suppose une en 1997. De plus, la qualification des professeurs s’est sen- certaine coordination des enseignants qui seraient ame- siblement améliorée. Mais l’essentiel n’est pas là. Le pro- nés à intervenir dans des champs disciplinaires qui ne sont 6. Le pilotage des collèges blème des moyens ne peut pas être posé indépendamment pas leur spécialité (...) Une grande part des difficultés sco- de celui des finalités, et donc des transformations des fa- laires vient des déficiences en lecture. Plutôt que se la- Il importe d’éviter les trop grands écarts observés entre les çons de travailler au collège et de surmonter ses plus menter sur cette situation, mieux vaudrait agir en faisant heures de cours données aux élèves selon les collèges, écarts grandes difficultés. Des moyens supplémentaires seraient lire et écrire les élèves, activités qui semblent parfois dé- d’autant plus importants que certaines modalités de soutien se un atout important, mais il ne permettraient, à eux seuls, cliner avec un usage excessif des polycopiés et des inter- transforment en cours et que d’autres prennent sur les ensei- de répondre aux problèmes pédagogiques. rogations portant sur des questions prérédigées (...) gnements obligatoires. Au-delà des fourchettes obligatoires, La mutation du collège doit aller au-delà de cette ques- l’aménagement du temps ne peut pas être défini nationalement tion. Le problème le plus prégnant est celui de l’hétérogé- dans tous ses détails. On peut imaginer un regroupement bi- néité des élèves. S’il faut souligner que le niveau des 2. Un travail plus actif hebdomadaire ou mensuel de certaines activités, on peut ima- élèves ne semble pas avoir pâti de la scolarisation généra- giner des séquences d’une heure, d’une heure et demie ou de lisée jusqu’en troisième de la quasi-totalité des collégiens, Si la sixième est le moment où les acquis nécessaires à deux heures. Dans certains cas, quelques projets peuvent s’ap- il apparaît difficile d’offrir le même cheminement à tous une scolarité profitable au collège doivent être confortés, puyer sur une semestrialisation des enseignements. De même, les élèves, notamment à ceux qui entrent en sixième avec le cycle central, voué à la découverte de nouveaux do- la forme du groupe classe n’est pas intangible et, dans les faits, des lacunes importantes. La remise à niveau de ces élèves maines de connaissances, devrait permettre, parallèle- elle l’est de moins en moins avec la variation de la taille des s’impose dans la mesure où ils iront au terme de la scolari- ment, de mettre en perspective les apports des diffé- groupes, avec la constitution de groupes ponctuels sur des op- té obligatoire et, la plupart du temps, au-delà dans un en- rentes disciplines en vue de réalisations concrètes. Ce tions ou des projets... seignement professionnel qui exige, lui aussi, une bonne type d’approche permettrait de mieux tenir compte de la La marge d’autonomie des établissements est largement en- préparation. Les auteurs diversité des intérêts. Il fa- trée dans les mœurs et l’on On ne peut pas ignorer le fait que, dans sa culture voriserait le travail en sait que les collèges sont de même, le collège reste orienté vers l’enseignement géné- du rapport équipe et les passerelles plus en plus divers, mais aus- ral. C’est lui qui fixe la norme des connaissances, des entre les disciplines, no- Il n’est pas acceptable que, si qu’ils ont une efficacité et compétences, et des hiérarchies. Or, près de la moitié des b François Dubet (photo tamment artistiques et des climats fortement iné- collégiens iront dans l’enseignement technique ou profes- ci-dessus), cinquante-trois technologiques. sous prétexte d’options, notamment gaux, ce qui n’est pas accep- sionnel. Il est impératif de faire que les cultures tech- ans, sociologue, chercheur à De façon plus large, on table. Puisqu’il est dans la na- niques et professionnelles entrent progressivement dans l’Ecole des hautes études en doit insister sur le rôle im- des choix de langues, se constituent ture même du collège unique le collège. Non seulement il s’agit là d’un devoir d’égalité, sciences sociales et professeur portant de la technologie et ne pas être parfaitement ho- mais aussi d’une condition indispensable pour réaliser un à l’université Bordeaux-II, a de la culture profession- des classes de niveau et des filières. mogène, il importe que les jour une véritable orientation positive. Comment orienter piloté la consultation sur « Le nelle au collège. Bien que le « contrôles de conformité » positivement des élèves vers des formations dont ils collège de l’an 2000 ». Il a collège soit l’école de tous, Le principe de l’hétérogénéité soient progressivement rem- savent qu’elles sont réservées principalement aux élèves notamment publié Les son parcours idéal et ses placés pas une étude des en échec ? Lycéens (1991) et A l’école, programmes restent guidés des classes doit être affirmé conséquences des pratiques Les programmes actuels viennent d’être rénovés. En dé- sociologie de l’expérience par le modèle du lycée et des activités réelles. pit d’un souci de clarté et de prise en compte plus forte scolaire (1996). d’enseignement général. Le pilotage des établisse- des attentes des élèves, il reste que le collège doit aussi b Marie Duru-Bellat, Evidemment, les compétences de base sont indispen- ments suppose un suivi précis à partir d’indicateurs simples re- mieux définir les savoirs et les compétences qu’il peut at- sociologue, est chercheur à sables à tous, mais il n’empêche que ceux qui les ac- latifs aux performances des collégiens, au climat de l’établisse- tendre de tous afin de mieux identifier et hiérarchiser les l’Institut de recherche en quièrent moins bien finissent par être orientés vers l’en- ment, au devenir des élèves. Pour être efficace, ce suivi doit être priorités. On ne peut pas véritablement choisir entre le éducation (Iredu) de Dijon. seignement technique et professionnel sans jamais avoir conduit au plan national par des indicateurs généraux et au ni- modèle d’un collège préparant uniquement les élèves au b Alain Bergounioux, rencontré les cultures professionnelles au collège. Ceci veau académique. C’est à partir de ces éléments que l’on pour- lycée d’enseignement général, et celui d’un collège uni- historien, est l’auteur de La n’est pas totalement acceptable ni au collège ni après, rait décider de lancer des audits d’établissements réalisés par quement soucieux de donner la même culture à chacun. Forteresse enseignante (1985). quand on sait que la France souffre d’une grande distance des équipes associant des membres des corps d’inspection, des Le collège pour tous doit poursuivre ces deux objectifs, ce b Roger-François Gauthier entre les cultures générales, techniques et profession- enseignants, des chefs d’établissement et des parents. Ces au- qui suppose une réflexion sérieuse sur les compétences et est directeur du Centre nelles. Ainsi, toutes les activités pluridisciplinaires pra- dits devraient permettre d’aider les équipes qui rencontrent des les connaissances qui doivent constituer le socle commun national de documentation tiques devraient progressivement s’ouvrir vers les difficultés ou qui lancent des expériences originales. Ils de- d’une génération. pédagogique (CNDP). cultures professionnelles ou, pour le moins, technolo- vraient donner une place plus importante à l’évaluation des Les débats ont montré que l’opposition entre connais- giques. pratiques pédagogiques. LeMonde Job: WMQ2505--0012-0 WAS LMQ2505-12 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0305 Lcp: 700 CMYK

12 / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 HORIZONS - ENTRETIENS

2000 DÉBATS POUR LE SIÈCLE À VENIR Alain Dieckhoff, directeur de recherche au CNRS « Le melting-pot israélien ne fonctionne plus comme avant » Pour ce chercheur, la fragmentation communautaire de la société marque la fin du modèle d’intégration nationale mis en œuvre dans les années 50 par les pères fondateurs, qui ont sous-estimé la force des identités religieuses « Les récentes élections en Is- l’Etat lui-même. Ce qui renforce, témoignage du pluralisme et une large que les ultra-orthodoxes raël ont produit le plus grand en retour, leur identité russe. source d’enrichissement. N’idéali- ashkénazes. émiettement parlementaire de » Il faut ajouter au passage sons pas les années 50 et 60 ! » Le Shas propose une symbiose l’histoire du pays. Ce morcelle- qu’Israël s’intègre au mouvement L’Etat y était très présent, et impo- entre une restauration religieuse ment confirme, de manière migratoire mondial, ce qui est sait une norme collective au détri- et une valorisation de la fierté eth- presque caricaturale, la frag- pour lui radicalement nouveau. Is- ment de la bigarrure de la société. nique. Ce discours est relayé par mentation communautaire de raël était un pays d’immigration » Si ces questions d’identité se une action sociale, une stratégie la société. S’agit-il d’un phéno- particulier puisqu’il n’attirait que posent de façon plus forte depuis de la bienfaisance. Par exemple, il mène irréversible ? les Juifs. Aujourd’hui, c’est un une dizaine d’années, c’est en par- aide les familles les plus défavori- – Ce phénomène marque, en pays attractif pour des immigrants tie parce que le danger extérieur sées, prend en charge leurs en- tout cas, la fin du modèle d’inté- venus de pays aussi différents que s’estompe. Mais c’est aussi à cause fants après la classe en leur dis- gration nationale mis en œuvre le Ghana, la Roumanie ou la Thaï- de l’affadissement des différences pensant un enseignement par les pères fondateurs dans les lande. Cela lui pose un problème entre les deux grands partis, les religieux. Le Shas a aussi créé son années 50. Leur projet, très ambi- redoutable sur lequel la réflexion travaillistes et le Likoud, qui ac- propre réseau scolaire. Il a ainsi tieux, avait pour objectif de créer n’en est qu’à ses balbutiements. compagne d’ailleurs leur reflux. La noué des liens de clientèle avec la société la plus homogène pos- Certains croient encore naïvement vie politique fut longtemps hyper- une population qui vote pour lui. sible et de donner naissance à que ces immigrants retourneront idéologisée, avec un affrontement – Le Shas pratique-t-il une l’« homo israelicus », incarné par dans leur pays, alors qu’une partie très fort entre droite et gauche. nouvelle forme de judaïsme ? le « sabra », l’Israélien né en Is- d’entre eux resteront en Israël. De Or, ces deux courants se sont dou- – Il représente un néo-sionisme raël. Ce projet national reposait manière plus générale, l’Etat est blement rapprochés. La gauche traditionaliste. Il est traditiona- sur une fusion des exilés dans un contraint de reconnaître la plurali- s’est rapprochée de la droite en liste même si son orthodoxie s’ac- melting-pot où les identités d’ori- té de la société et son caractère abandonnant, à partir des an- commode de pratiques mystiques, gine se dilueraient. Dès la fin des multiculturel. nées 80, le projet étatiste, en re- où se mêlent le culte des saints et années 60, ce processus a – Après trois années sous le connaissant l’individu comme ac- l’attachement aux amulettes. Il est commencé à montrer certaines li- signe d’un premier ministre qui teur économique. néo-sioniste car il trouve normal mites, aujourd’hui atteintes. Israël aimait diviser pour régner, la de fonctionner à l’intérieur de est donc dans une phase de transi- victoire d’Ehoud Barak n’ex- l’appareil étatique qu’il tient pour tion vers une redéfinition du lien prime-t-elle pas un désir collec- La culture légitime, même s’il entend claire-

national. DESSIN MAJA tif d’unité ? ment y renforcer le poids de la re- – L’Israël du XXIe siècle s’an- – Sans aucun doute. Ehoud Ba- des immigrants ligion. Il n’est pas dans une lo- nonce donc très différent de ce- rope de l’Est. Aujourd’hui, l’écart mène. Ils sont en train de consti- rak peut apparaître comme un fé- gique séparatiste par rapport à la lui dont rêvaient les pionniers s’est accru entre les petits-fils de tuer une « société dans la socié- dérateur. Il incarne une nostalgie russes société séculière comme le sont du sionisme. Le melting-pot à Ben Gourion, qui se sont détachés té ». Leurs origines sont pourtant de l’unité, et ce n’est pas par ha- les ultra-orthodoxes classiques l’israélienne fonctionne-t-il en- de la tradition, et les Juifs fidèles à diverses. Ils viennent de Moscou, sard. Il a le profil archiclassique du est un capital qui vivent dans les murs de leurs core ? une orthodoxie rigoureuse. de Géorgie, des pays baltes ou sionisme des origines : né dans un ghettos volontaires. – La construction nationale a eu – Pourquoi les nouveaux im- d’ailleurs, mais c’est largement en kibboutz, il a passé trente-cinq dont ils ne veulent – La radicalisation des laïcs d’indéniables effets. Elle a fait migrants – en particulier les Israël qu’ils se constituent comme ans dans l’armée. Mais il repré- vous semble-t-elle profonde ? émerger ce qu’on peut appeler Russes – répugnent-ils à s’inté- Russes. sente tout de même, quelque part, pas se priver – Leur mobilisation traduit une une « israélité anthropologique » : grer dans le jeu politique exis- » Deux facteurs entretiennent un Israël du passé. Ceux qui l’ont forte réaction de défense qui avait l’usage de l’hébreu, des expé- tant ? cette force identitaire des Russes. élu l’ont fait aussi un peu pour se commencé à s’exprimer lors des riences largement partagées, des – Les immigrants des années 60 D’abord, ils s’appuient sur une rassurer, justement parce qu’ils » La droite, quant à elle, refusa élections municipales de no- normes communes de comporte- reconnaissaient la « séniorité des culture propre qui, à tort ou à rai- sentent qu’ils vont vers l’inconnu. longtemps l’idée du compromis vembre 1998, notamment à Jéru- ment, comme l’absence de forma- anciens » et, en conséquence, leur son, leur paraît plus digne d’atten- – L’Etat étant désormais as- territorial avec la Jordanie, puis salem. Pour beaucoup d’entre eux, lisme dans les relations entre indi- droit de fixer les normes. Les tion que la culture d’Israël, à la suré de sa survie, la société ne avec les Palestiniens, à laquelle la l’influence des religieux, sous le vidus. Mais, malgré l’existence de Russes n’admettent plus cette sé- fois américanisée et levantine. se sent-elle pas plus libre d’ap- gauche s’était ralliée. Elle s’y est règne de Nétanyahou, était deve- deux institutions de socialisation niorité. Ils veulent tout de suite C’est, à leurs yeux, un atout, un paraître telle qu’elle est, c’est- finalement résignée avec Benya- nue intolérable. Les laïcs ont déci- nationale, l’école et l’armée, le une place dans la société et, pour capital, dont ils ne veulent pas se à-dire comme une mosaïque ? min Nétanyahou. En acceptant, dé de rappeler qu’ils ont aussi un processus de melting-pot n’a pas cela, ils se mobilisent immédiate- priver. Ensuite, nombre de ces im- – On tient souvent un discours fût-ce avec de vives réticences, projet de vie à défendre.. été mené à son terme parce que ment autour de leur principale dif- migrants – peut-être 20 % – ne catastrophique sur la balkanisa- l’idée qu’on pouvait rétrocéder – Comment expliquez-vous les identités premières se sont férence, leur origine russe. Leur sont pas juifs, ou ne le sont que tion d’Israël. Mais la diversité ac- une partie d’« Eretz Israël », le l’effondrement électoral de montrées plus résistantes que les poids démographique – 800 000 partiellement. Ils doivent prendre tuelle est aussi la preuve d’une chef du Likoud a enfoncé un coin l’extrême droite laïque et des pères fondateurs ne l’avaient sup- nouveaux arrivants depuis 1989 – position face à une identité plus grande autonomie de la so- dans le nationalisme intégral prô- porte-parole des colons juifs de posé. Adeptes de la modernisa- renforce évidemment ce phéno- collective juive affirmée par ciété civile par rapport à l’Etat, un né par la droite. Les différences Cisjordanie et du Golan ? tion, ces derniers ont notamment idéologiques entre les deux – On retrouve, là aussi, la « dési- sous-estimé la force des identités grandes familles ont ainsi beau- déologisation » du pays. Le natio- religieuses. coup perdu de leur vigueur. C’est nalisme laïc de droite est en reflux » Les prémices de cette réaffir- aussi pour cela que le débat se dé- tout simplement parce que sa mation identitaire apparaissent Un spécialiste d’Israël place sur autre chose, notamment clientèle s’est restreinte. Benny après la guerre du Kippour (octo- À QUARANTE ANS, Alain raël face à la modernité politique sur les questions identitaires. Begin voulait consolider la droite bre 1973), à l’époque de l’entrée en Dieckhoff est l’un des meilleurs (Gallimard, 1993) ; Israéliens et – Comment interprétez-vous nationaliste. Il a raté son coup. crise du parti travailliste, la forma- spécialistes français d’Israël. Palestiniens, les défis de la paix, les succès du parti ultra-ortho- Ces revers témoignent du fait que tion dominante qui était, depuis Chercheur depuis 1988 au CERI, (La Documentation française, doxe séfarade Shas ? beaucoup d’Israéliens tiennent l’indépendance, en charge de la le Centre d’études et de re- 1994) ; Israéliens et Palestiniens, – Le succès du Shas ne peut désormais la défense d’un Eretz construction nationale. Le mes- cherches internationales, qui dé- l’épreuve de la paix (Aubier, 1996). s’expliquer que par le transfert à Israël intégral pour un combat sage travailliste est alors concur- pend du CNRS, directeur de re- Il a coordonné le dernier nu- son profit d’une partie des élec- d’arrière-garde, un combat déjà rencé par ceux de la droite natio- cherches depuis 1997, maître de méro de la revue trimestrielle teurs traditionnels du Likoud. Le perdu, et qu’il leur faut s’ac- naliste et du sionisme religieux. La conférences à l’Institut d’études « les Cahiers de l’Orient », entiè- nationalisme « édulcoré » du Li- commoder de la réalité née des problématique identitaire n’a ce- politiques de Paris, il se fit rement consacré à « Israël, une koud n’est plus une « marchan- accords d’Oslo. Environ 60 % des pendant pas surgi immédiate- connaître il y a plus de dix ans nation recomposée », et auquel dise » suffisamment attractive Israéliens pensent que les Palesti- ment, car le Likoud a longtemps par un ouvrage universitaire qui ont collaboré quelques-uns des dans une période de déclin des niens auront un Etat. Plus impor- capté le ressentiment des séfa- devint vite une référence : Les meilleurs universitaires israé- idéologies. En revanche, le Shas a tant encore : une majorité d’entre rades, les Juifs d’origine maghré- Espaces d’Israël (Presses de ALAIN DIECKHOFF liens, Uri Ben-Eliezer, Ilan Greil- une offre identitaire originale. Il eux jugent désormais que les Pa- bine et orientale. Si le melting-pot Sciences-po). sammer et Sammy Smooha. est sans conteste ultra-orthodoxe. lestiniens ont le droit moral israélien ne fonctionne plus Fruit d’une longue réflexion à travers l’Histoire et Alain Dieckhoff s’est également intéressé à un épi- Son élite se recrute chez les d’avoir un Etat. A Ehoud Barak de comme avant, c’est aussi parce sur le terrain, ce livre analysait, sous l’angle straté- sode du sauvetage des juifs européens en 1944- « hommes en noir ». Il y a, en son jouer ! Il a beaucoup d’atouts, no- que l’élément fédérateur s’est pro- gique, les enjeux, les méthodes et les contradictions 1945, « l’action Musy » dans « Rescapés du géno- sein, primauté du pouvoir spiri- tamment le fait, contrairement à gressivement affaibli. Dans les an- du sionisme, tel qu’il s’est réincarné sur le territoire cide (Helbing & Lichtenhahn, 1995). tuel sur le pouvoir politique. Mais Rabin, que sa survie politique ne nées 50, les gens partageaient plus ancestral après deux mille ans d’exil. Tout en poursuivant son travail sur les transfor- en même temps, le Shas a une dépendra pas des formations de choses. Par exemple, tout en Depuis, Alain Dieckhoff a publié plusieurs ou- mations de la société israélienne, il achève actuelle- offre ethnique. Il s’adresse aux arabes : il disposera d’une majori- étant laïc, Ben Gourion apparte- vrages consacrés à l’histoire de l’Etat juif, à l’évolu- ment un ouvrage consacré aux mutations des iden- Juifs séfarades traditionalistes, qui té juive au Parlement. » nait – comme les religieux ortho- tion de sa société et au conflit israélo-palestinien : tités nationales contemporaines savent adapter avec souplesse la doxes – à la « Yiddishkeit », la La Société israélienne face à l’intifada (La Documen- pratique religieuse. Il peut donc Propos recueillis par vieille communauté juive d’Eu- tation française, 1990) ; L’Invention d’une nation. Is- J.-P. L. séduire un public beaucoup plus Jean-Pierre Langellier

François Bayrou, président de l’UDF, au « Grand Jury RTL-“Le Monde”-LCI » « La manière dont les affaires ont été conduites en Corse est le symptôme du mal-gouvernement de la France »

« Vous avez été l’un des pre- tique à celle du gouvernement ? grave sur cette affaire. Or, les Fran- que chose qui me paraît inimagi- ganisation archaïque des pouvoirs volontaires, au lieu d’une exécution miers à souhaiter une motion de – J’ai dit : assumer sa responsabi- çais savent très bien que les pro- nable. Qu’aucune information ne en France. de décision de justice, au mépris de censure sur la politique du gou- lité, c’est-à-dire répondre, rendre blèmes d’administration, de respect soit arrivée au gouvernement sur » Dans les gouvernements précé- la signature que le préfet a donnée vernement en Corse. Que lui re- des comptes. de la loi, d’ambiance politique en cette affaire, j’ai du mal à le croire. dents, dont j’ai fait partie, la dérive lui-même pour laisser un sursis de prochez-vous et de quoi le soup- » Je crois que la politique du gou- Corse ne datent pas de ce gouver- » D’une certaine manière, si c’est était exactement la même. Elle ne quatre ou cinq mois à ces construc- çonnez-vous ? vernement en Corse est fautive, et nement-là. vrai, c’est pire ! S’il est vrai que des servait pas les mêmes buts, ce tions, c’est une faute majeure – Si nous n’avions pas déposé pas depuis le gouvernement de – Donc, vous ne soupçonnez hauts fonctionnaires de ce rang et n’était pas des incendies volon- contre la loi, parce que les défen- cette motion de censure, il n’y au- gauche. A mes yeux, les problèmes pas de manquements indivi- chargés de ce type de mission, que taires ; c’étaient des discussions, seurs de la loi doivent être les pre- rait pas eu de débat. Est-ce que qui se posent en Corse, la manière duels au niveau des ministres ou des militaires de ce rang et chargés des ententes... L’hypercentralisa- miers à la respecter. vous imaginez un autre pays euro- dont les affaires ont été conduites, du premier ministre, ou au ni- de ce type de mission, peuvent se tion et l’impuissance étaient les » Il est normal de demander un péen ou occidental – ou démocra- les dérives auxquelles on assiste veau de leurs collaborateurs ? rendre coupables de telles dérives mêmes sous les gouvernements sursis lorsqu’il s’agit de défendre le tique, tout simplement – dans le- sont les symptômes d’un mal pro- – Disons que j’ai du mal à croire sans que personne ne le sache, précédents. gagne-pain des gens. François Léo- quel se déroule une affaire de cette fond, le mal-gouvernement de la ce qu’on dit... Qu’un préfet de ré- alors je dis que c’est pire ! Et je dis – Un de vos amis politiques, tard l’a fait, et c’est sans doute une gravité sans que le Parlement soit France. Nous avons la mission de gion, nommé spécialement, chargé que l’on est devant des glissements François Léotard, est de ceux qui maladresse de sa part, mais je ne appelé à délibérer ou à avoir un dé- faire prendre conscience à la socié- d’une mission particulière de réta- qui traduisent une espèce de déli- souhaitent censurer le gouver- pense pas qu’il y ait là une faute. Je bat ? Où, ailleurs, peut-on imaginer té française des problèmes qui se blissement de l’Etat de droit, dans quescence du fonctionnement de nement, alors que toute la pense que l’Etat se porte mieux que les plus hauts responsables de posent. une région aussi gravement at- l’Etat. France l’a vu à la télévision, le quand personne ne construit quel- l’Etat, chargés d’une mission parti- » Au début de cette affaire, il y a teinte que celle-là, ayant des » Cette déliquescence est géné- 9 avril, s’opposant à l’exécution que chose en dehors des permis de culière, solennisée par le ministre eu une hésitation stratégique entre contacts plusieurs fois par jour avec rale, pas seulement en Corse. La so- d’une décision de justice, c’est- construire. Je pense que quand de l’intérieur et le chef du gouver- les familles de l’opposition, les unes ses interlocuteurs gouvernemen- ciété française tout entière est ma- à-dire à la destruction de ces fa- quelque chose est construit, il faut nement, dans une région du pays disant : “Il faut des démissions” et taux ; qu’un colonel de gendarme- lade de ce système, qui présente la meuses paillotes installées illé- que l’autorité de l’Etat puisse le dé- en situation extrêmement déstabili- les autres disant : “Il faut que par rie, qui représente une arme d’élite double caractéristique d’être à la galement sur le domaine public truire ; mais je pense que ce n’est sée, puissent en arriver à des dé- un débat au Parlement, une motion et hiérarchisée ; que leurs subor- fois hypercentralisé et impuissant. maritime ? pas la même chose de faire une rives comme celles que nous de censure, le gouvernement as- donnés et collaborateurs directs Et c’est parce que je crois que ce – Qu’un individu, un restaura- campagne d’incendies volon- connaissons là sans que le gouver- sume ses responsabilités.” Des dé- mettent en place un complot pour système est en cause que nous teur, construise une extension en taires. » nement ait à s’expliquer devant la missions, cela aurait voulu dire qu’il des incendies volontaires contre n’avons pas choisi de demander des bois de sa salle de restaurant sans représentation nationale ? y avait des fautes individuelles, que des biens particuliers, dans une démissions individuelles, mais de permis de construire, c’est grave ! Propos recueillis par – Est-ce que vous voulez seule- tel ou tel ministre n’avait pas fait zone aussi fragile que celle-là, et défendre une motion de censure, Ce n’est pas un crime d’Etat. Quand Anita Hausser, ment des explications ou voulez- son travail, ou bien que ce gouver- que le gouvernement, pendant des pour qu’il y ait débat au Parlement le préfet de région et le colonel de Patrick Jarreau vous opposer une autre poli- nement particulier était en faute mois, n’en ait rien su, il y a là quel- sur le vrai mal français, qui est l’or- gendarmerie décident des incendies et Oliver Mazerolle LeMonde Job: WMQ2505--0013-0 WAS LMQ2505-13 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0306 Lcp: 700 CMYK

HORIZONS - DÉBATS LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 13 Une guerre contre l’Europe Croatie, Serbie : par Alexandre Zinoviev les fausses symétries N considère qu’avec taient de nombreuses subdivisions dangereux que ses antécédents hi- même se soucier de l’opinion et l’effondrement du qui permettaient le développe- tlérien et stalinien. En effet, il ne des intérêts de leurs propres par Smiljan Simac O communisme sovié- ment de nombreux courants ani- se dévoile pas, il est plus profond peuples, et méprisant totalement tique, l’humanité est mant la vie sociale, culturelle et et ne rencontre aucune opposition les institutions internationales LORS que les forces démontrant une fois de plus leur entrée dans l’ère du postcommu- intellectuelle des gens. Le plura- sérieuse ; il est plus passif, dispose qu’ils ont eux-mêmes créées. serbes déportent près refus de vivre avec l’autre. Toute- nisme. Si l’on met de côté un « dé- lisme, sans lequel la démocratie d’infiniment plus de moyens, jouit La « guerre contre la Serbie » d’un million d’Alba- fois, un nombre relativement limi- tail » tel que la Chine et son mil- réelle est inimaginable, existait du soutien de la majorité des n’est pas une guerre à proprement A té d’exactions graves, donnant lieu nais, des accusations liard et quelque d’êtres humains, réellement et jouait un rôle essen- peuples du monde occidental et parler. Il s’agit plutôt d’une opéra- répétées dans les médias es- à de lourdes peines d’emprisonne- on peut, à la rigueur, admettre tiel dans cette société. des peuples compris dans sa tion de police visant à châtier un quissent le rapprochement avec la ment, ont été perpétrées. Mais cette affirmation. Mais on ne sau- Depuis la fin de la guerre froide, sphère d’influence, qui sont idéo- peuple qui avait osé manifester fuite de 120 000 Serbes des terri- elles furent le fait de civils croates rait s’en contenter dans la descrip- qui eut pour résultat la défaite du logiquement anesthésiés ou sou- quelque résistance aux projets du toires occupés de Croatie, qui a incontrôlés et sont intervenues tion de l’époque actuelle. Il faut bloc soviétique, de l’URSS et du doyés par les « cadeaux » de l’Oc- gouvernement global, s’opposer suivi l’opération armée croate en après la fin des opérations dans un encore ajouter que l’humanité est communisme soviétique, on as- cident. tant soit peu à l’occidentalisme et 1995. Et d’ajouter : la Croatie, tout territoire où la situation n’était pas entrée dans l’ère postdémocra- siste à une décadence vertigineuse Ce que les dirigeants du monde à la mondialisation. Il fallait à tout comme la Serbie, ne recourut-elle encore normalisée. tique. La démocratie a accompli de la démocratie, à tous les ni- occidental font actuellement en prix étouffer ce foyer de résis- pas aussi à la force pour s’opposer L’armée croate n’a cependant son rôle en tant qu’arme du veaux et dans toutes les sphères Yougoslavie (en premier lieu en tance, afin d’en faire une leçon à au séparatisme ? Si le parallèle pas pratiqué la politique de la terre monde occidental dans sa lutte de la vie publique des pays occi- Serbie), à l’aide des puissants l’adresse de tous les autres peut sembler pertinent, il n’en est brûlée, s’efforçant d’épargner au contre le monde communiste au dentaux, témoignant d’une ten- moyens militaires des Etats-Unis peuples, de les effrayer et les pas moins fallacieux. maximum le patrimoine architec- temps de la guerre froide. Depuis dance très puissante au totalita- et de l’OTAN, est un exemple ca- maintenir dans la docilité. Et la le- Mettre sur un pied d’égalité les tural national situé dans le péri- l’effondrement de l’autre super- çon a été entendue. Les pays de crimes contre l’humanité commis mètre du théâtre des opérations, puissance, l’URSS, la planète est l’ancien bloc soviétique, y compris par l’Etat serbe au Kosovo et l’opé- notamment des lieux de culte devenue « mono-étatique » ou La « guerre contre la Serbie » ? la Russie postsoviétique, se sont ration militaire croate menée serbes. Sur 121 églises orthodoxes, « monopolaire ». Si bien que la d’emblée rangés derrière le gou- contre les paramilitaires serbes, 10 subirent des « dommages colla- démocratie est désormais super- Une opération de police visant à châtier vernement global, qui a son siège prélude à la cessation de la guerre téraux », suite aux opérations flue pour les dirigeants du monde aux Etats-Unis et a besoin d’un en Croatie et en Bosnie, relève da- croates. Entre 1991 et 1995, sur un occidental. Bien plus : elle a un peuple qui avait osé manifester territoire adéquat sur le continent vantage du cynisme ou de la mé- total de 158 églises catholiques si- commencé à les gêner dans leur européen où il puisse établir une connaissance des événements que tuées dans ces mêmes territoires conquête du pouvoir mondial. quelque résistance base militaire géante mettant en de l’analyse politique sérieuse. occupés, les paramilitaires serbes Il faut faire la distinction entre, œuvre le dernier cri de la techno- Fort de 2 millions d’habitants, le en ont entièrement démoli ou in- d’une part, la démocratie for- aux projets du gouvernement global logie militaire. De là, il entend te- Kosovo, entité fédérale à part en- cendié 136 et sérieusement endom- melle, la démocratie de propa- nir sous sa coupe non seulement tière, disposait jusqu’à la suppres- magé 10 autres. gande, mesquine et superficielle, le monde arabe et les pays de l’ex- sion de son autonomie par la Ser- Le gouvernement croate a multi- et, d’autre part, la démocratie risme généralisé. J’appelle cela le ractéristique de ce que je viens de Union soviétique, mais encore les bie, en 1989, d’un représentant à la plié les gestes d’apaisement, garan- réelle, profonde, essentielle et re- totalitarisme occidental. L’implo- décrire. La situation dans les Bal- pays d’Europe, y compris l’Europe présidence collégiale yougoslave ti dès 1991 une représentation par- présentative. Cette dernière sion des systèmes socialistes dans kans est totalement falsifiée par occidentale, au sein de laquelle qui, par deux fois, accéda à la lementaire de la minorité serbe, trouve sa place dans une commu- les pays de l’ex-bloc soviétique et les mass media occidentaux. Si commençait à germer une opposi- charge suprême. Soumis depuis dix promulgué en 1995 une loi d’am- nauté humaine au moment où, au en URSS n’a pas conduit à une ex- Goebbels ressuscitait aujourd’hui, tion à l’expansion américaine. ans à un régime d’apartheid, les nistie. En janvier 1998, il acheva sein de cette communauté, il tension de la démocratie à l’occi- il ne pourrait qu’admirer l’habileté Le gouvernement global, dont Albanais ont résisté pacifiquement, avec succès la réintégration paci- existe des forces aux intérêts di- dentale, mais à une expansion de et l’ampleur des bobards de pro- les Etats-Unis sont le bras armé, avant de recourir à une défense ar- fique de la Slavonie orientale, où vergents, voire opposés, dotées l’Occident, sorti victorieux de la pagande fabriqués par ses émules veut préserver l’unité du monde mée. les élus locaux serbes représentent d’une existence autonome, et à guerre froide et se dirigeant vers modernes. Je ne vais pas, à occidental, mais au travers d’une En revanche, la « république pleinement les intérêts de leur même d’empêcher la prédomi- un totalitarisme d’un genre parti- présent, chercher à cerner la vérité soumission de l’Europe occiden- serbe de Krajina », entité hétéro- communauté. A l’inverse des nance écrasante d’une des compo- culier. et invoquer la justice : ce serait un tale à ses intérêts propres. De ce clite et discontinue, fut instaurée Serbes de la région de Knin, ceux santes sur toutes les autres, c’est- La course du monde occidental effort vain et désespéré. Mais, fait, la « guerre contre la Serbie » en Croatie par la violence en 1990, de Slavonie ont, dans leur majori- à-dire de prévenir le totalitarisme. vers le totalitarisme est occultée quels que soient les bases constitue aussi une attaque contre un an avant le référendum sur l’in- té, préféré rester en Croatie, où, Hier, au temps de la guerre par le voile épais de la désinfor- concrètes, les causes et les mo- la civilisation de l’Europe occiden- dépendance croate, et fut fondée froide, existait une démocratie à mation, de la propagande idéolo- biles des événements de Serbie, tale : c’est une guerre contre l’Eu- sur le retour du « nettoyage eth- l’échelle mondiale : dans le monde gique et du mensonge qui sur- leur essence sociale est immédia- rope. nique » en Europe : sur 550 000 ha- Après avoir provoqué cohabitaient les forces de l’Oc- passent ceux de l’époque tement perceptible. Et elle bitants des territoires revendiqués, cident démocratique, de l’« Est » hitlérienne et stalinienne, tant par consiste dans le fait que les diri- les milices serbes chassèrent bru- quatre guerres, communiste et du « tiers leurs moyens techniques et leur geants du monde occidental, dis- Alexandre Zinoviev, an- talement tous les 260 000 Croates. monde ». Au sein du monde oc- ampleur que par leur pénétration posant de ressources politiques, cien dissident soviétique, est pro- Par la suite, entre 1991 et 1995, la Serbie – même cidental, la démocratie s’incarnait intellectuelle et leur hypocrisie. Le économiques, militaires quasi infi- fesseur de logique à l’université de 80 000 Serbes fuyant la paupérisa- dans les relations entre les Etats totalitarisme belliqueux de l’Oc- nies et d’un immense appareil de Munich. Ce texte (traduit du russe) tion généralisée s’exileront en Ser- opportunément nationaux ainsi qu’entre les forces cident s’avance sous le déguise- propagande, sont en train d’éta- est celui d’une contribution adres- bie. Ainsi, les forces serbes, enca- qui les composaient de l’intérieur. ment de l’humanisme, de la dé- blir un ordre mondial qui convient sée à un colloque sur « les consé- drées par l’armée « yougoslave » maquillée La lutte des partis influençait, de mocratie, de la lutte pour les à leurs intérêts égoïstes. Ils l’éta- quences de l’actuelle guerre en aux ordres de Milosevic, ont oc- manière publique, la politique des droits de l’homme, de la justice. blissent par la force, ne tenant au- Yougoslavie », qui a eu lieu du 17 cupé en 1991 un quart de la Croa- en Yougoslavie autorités. L’opinion publique y Mais, par sa nature, ses actes et cun compte des intérêts des au 19 mai à Giessbach (Suisse), tie, bombardé Dubrovnik et était pluraliste. Dans les masses ses conséquences, ce totalitarisme peuples ainsi brutalisés, d’aucune sous l’égide de la fondation de anéanti Vukovar, tuant 13 000 per- croupion – populaires et les entreprises exis- nouveau est plus terrible et plus norme morale et juridique, sans l’écologiste Franz Weber. sonnes. En janvier 1992, en reconnais- incarne plus sant la Croatie, les Douze stop- cende pour la première fois à ce guments pour tout justifier. Et sous consorts. Et, naturellement, ils au- pèrent net la progression des que jamais Dire « non » point leurs défenses nationales. cet angle, disons-le tout net, la raient eu raison, en vertu des troupes serbes, qui avaient déjà Pour le meilleur encore, plus fonda- conclusion d’un Alain Badiou, selon mêmes principes absolus qu’ils dé- coupé le pays en deux. Quatre an- la déstabilisation Suite de la première page mental, mais dans le même esprit : qui il fallait avoir « le sang-froid po- nient aujourd’hui au droit des Ko- nées durant, la Croatie a recherché l’impératif supra-national d’ingé- litique de ne rien faire », est plus sovars. Deux poids, deux mesures : une solution négociée. En vain. A de toute la région Il est en effet très important de rence non pas humanitaire, mais que cynique – elle est, au sens réaction passionnelle, partisane, l’été 1995, la radicalisation serbe rappeler qu’il ne s’agit pas d’un gé- politique et morale, par la diploma- propre, inhumaine. purement idéologique. On est loin atteignit son paroxysme dans la nocide, et l’on peut croire que tie et au besoin par la violence, im- Pour bien mesurer le caractère de l’universel humain. Bosnie voisine avec la prise en entre 1995 et 1999, plus de l’UCK pourrait se révéler aussi cri- pératif fondé sur la distinction aberrant de la position ici défendue Des fantasmes de Kahana au dé- otage des « casques bleus », pré- 147 000 réfugiés croates et minelle que ceux qui veulent l’éra- entre le nationalisme comme par les sectateurs de la non-inter- lire de Milosevic, le chemin est lude au massacre de Srebrenica et 57 000 réfugiés serbes ont retrouvé diquer, sauf qu’elle n’est pas crimi- construction d’un espace politique vention, autre forme d’un laisser- court. Système d’apartheid dans les à l’assaut final contre l’enclave leurs foyers. nelle, faute de pouvoir l’être, même indépendant et l’ethnicisme comme faire parfaitement soluble dans deux cas, aux fondements racistes bosniaque de Bihac, promise au Il est aujourd’hui clair que ce si elle le voulait. destruction de ce même espace où l’Etat-Moloch du national-commu- dans les deux cas. Seulement, à au- même sort. sont bien les opérations menées Etrange renversement. On dirait s’instaure, au-delà des tribus et des nisme, ce miroir inversé de l’ultra- cun moment ce chemin n’a été sup- Devant la menace alarmante de par la Croatie qui facilitèrent, ces gens incapables de penser l’his- clans, la possibilité minimale des libéralisme, il suffit de se référer à posé possible par le gouvernement la pérennisation des conquêtes en septembre 1995, l’intervention toire en mouvement, comme s’ils coexistences. l’évocation des « évacuations dites hébreu, et cela pour la simple mais serbes en Croatie qu’eût entraînée aérienne de l’OTAN contre les restaient, à l’instar du peuple serbe, Il est symptomatique que deux là-bas à l’israélienne » hasardée par irrécusable raison que l’immense la prise de Bihac, à la frontière Serbes de Bosnie. Ces actions captifs d’un passé qui ne passe pas. des contributions parues dans les Régis Debray dans son texte du majorité des Israéliens auraient ju- croate, et du drame qui menaçait conjuguées aux succès remportés Ce sont des kystes de l’Histoire. Or, Débats du Monde (20 mai) ap- 13 mai, notion sur laquelle Bernard gé le projet abominable. C’est ce les habitants de l’enclave assiégée, au sol par l’alliance militaire de Za- ce qui est précisément remarquable pellent, en y insistant, à nuancer Henri-Lévy a préféré passer dans sa qui sépare la démocratie, même im- la Croatie, qui s’était entre-temps greb et de Sarajevo acculèrent fi- réponse du lendemain. La réfé- parfaite, voire inique dans certains dotée d’une armée, fut contrainte nalement Milosevic à signer la rence, qui suit cette évocation, au de ses effets, de la barbarie consen- à recourir à la force. En quatre paix. N’en déplaise aux mutiques du « non », million de civils algériens déplacés tie. jours, du 4 au 7 août 1995, l’opéra- Or, après s’être emparés de 70 % par la France voici quelque qua- Dans le chapitre 26 du livre I des tion militaire « Tempête » permit de la Bosnie-Herzégovine, les l’Europe a jugé nécessaire de s’appuyer rante ans, se rapporte certainement Essais, Montaigne avance que, se- de mettre fin à cinq ans de guerre Serbes (31 % de la population ma- à l’exode des Palestiniens consé- lon Plutarque, les habitants d’Asie en Croatie en rétablissant la souve- joritaires sur 41 % du territoire) se sur les Etats-Unis pour opposer cutif au conflit israélo-arabe de subissaient l’esclavage d’une auto- raineté nationale sur la plupart des sont vu octroyer une « République 1948. rité despotique parce qu’ils ne sa- territoires occupés, mais assura serbe » s’étendant sur 49 % du ter- cette syllabe au despote de Belgrade Sans s’attarder sur la singularité vaient pas « prononcer une seule syl- aussi le salut de 230 000 Bos- ritoire. Là aussi l’attitude construc- de chacune de ces situations, qui labe, qui est “non” ». La Boétie, niaques assiégés pendant tive des Croates à Dayton permit disqualifie a priori la comparaison ajoute Montaigne, en tira « peut- 1 201 jours à Bihac. d’aboutir à une solution : ils rétro- dans cette guerre, c’est sa nouveau- l’analyse : « la situation est beau- entre l’Etat hébreu et la Serbie de être la manière et l’occasion » de Pendant toute la durée de l’opé- cédèrent aux Serbes 2 000 kilo- té radicale, pour le meilleur et pour coup plus nuancée », dit l’un ; «le Milosevic, imaginons qu’Israël, son Discours de la servitude volon- ration « Tempête », des appels ra- mètres de territoire dans l’ouest de le pire. Pour le pire : la protection fait même de nuancer ici, de retou- après la guerre du Kippour, ait ten- taire. Il y a ceux qui savent dire diotélévisés du président croate la Bosnie (permettant le retour ra- des militaires dans leurs avions cher là, [... ] est perçu comme un sa- té de rejeter au-delà du Jourdain les « non », et ceux qui préfèrent se n’ont cessé d’exhorter les civils pide de 70 000 réfugiés serbes),les- électroniques au détriment des ci- crilège », écrit l’autre. Bien sûr qu’il Palestiniens de Cisjordanie. Le ta- croiser les bras ou faire tout serbes à attendre sereinement quels acceptèrent alors de se reti- vils dans les fermes et sur les ponts. faut nuancer les motifs, les torts et bleau n’a rien d’absurde : c’était le comme. N’en déplaise aux mu- dans leurs foyers l’arrivée des sol- rer des positions étranglant Pour le pire : le prix du sang payé les ressentiments, sous réserve programme du rabbin Meïr Kaha- tiques du « non », l’Europe a jugé dats croates. Mais dès le 4 août Sarajevo. par les Kosovars au profit de l’Eu- néanmoins de ne pas limiter ce qui na, repris par le parti Moledet, le nécessaire de s’appuyer sur les 1995, le « président de la répu- La politique poursuivie par la rope de l’avenir. Car le désastre hu- est en soi illimité, c’est-à-dire total, parti des colons juifs les plus extré- Etats-Unis pour opposer cette syl- blique serbe de Krajina », Milan Croatie contribua de manière déci- manitaire constitue une énorme absolu et universel – comme le sont mistes. Imaginons donc Israël dé- labe au despote de Belgrade. Ils de- Martic, ordonnait l’évacuation sive au retour des réfugiés et à la bavure, un gigantesque dommage les interdits du meurtre et de l’in- portant en Jordanie le peuple arabe meurent obstinément captifs des « planifiée » des civils, comme le stabilisation de toute la région. collatéral des bombardements de ceste, constitutifs de la société hu- des Territoires. J’ignore comment, utopies meurtrières du siècle qui fi- révélera également la presse serbe Tandis que la Serbie de Milosevic l’OTAN. Pour le pire encore, et en maine –, à savoir le refus de la dé- dans la pratique, les Américains au- nit, ceux qui prétendent que c’est à (Politika du 23 août 1995). porte la responsabilité d’avoir réin- conséquence : l’absence de prévi- portation des peuples. Répartir les raient réagi. En revanche, je sais son déshonneur. Dès lors, des convois de voitures troduit la guerre en Europe comme sions des experts penchés sur leurs torts au regard de l’action effective, quelles tempêtes auraient soule- et de tracteurs s’ébranlèrent vers la moyen de réalisation des aspira- écrans, leurs graphiques, leurs cer- c’est les neutraliser et, ce faisant, vées les procureurs à la Badiou et Jean-Michel Delacomptée frontière. Quelque 30 000 paramili- tions politiques. titudes, leur outrecuidance. c’est abolir ce qu’a de catégorique, taires protégèrent leur fuite en se Après avoir provoqué quatre Mais pour le meilleur aussi : la donc de non négociable, l’impératif mêlant aux 90 000 civils serbes (et guerres, loin de jouer le rôle de prise de conscience par les médias du primat des droits de l’homme AU COURRIER DU « MONDE » sont plus nombreux qu’on ne le non 300 000 comme on l’a parfois « gendarme des Balkans » auquel des responsabilités qu’impose le sur les arguments dont un pouvoir croit à reconnaître où sont les affirmé), et à aucun moment l’ar- elle a longtemps prétendu, la Ser- devoir d’informer, auquel les pro- se sert pour justifier ses crimes ESTIME « malfrats » qui, eux, commettent mée croate n’entra en contact hos- bie – même opportunément ma- cureurs aux mains blanches ré- contre l’humanité. Avec soulagement, j’ai lu et relu les crimes, et les politiciens ou tile avec les colonnes de civils quillée en Yougoslavie croupion – pondent par le droit d’ânonner Impératif aussi arbitraire, dere- le message du préfet Maurice Gri- autres qui, sans honneur, profitent serbes, tandis que moins de incarne plus que jamais la déstabi- – ainsi de l’Amérique impériale haïe chef, que les interdits du meurtre et maud. Soulagement, parce que, en- sans vergogne. 10 000 Serbes décidèrent de rester. lisation de toute la région. La Croa- jusqu’au vertige, ainsi de la préten- de l’inceste. C’est son arbitraire fin, le respect, l’humanité et la juste Maurice Grimaud n’est certaine- Les réfugiés serbes furent victimes tie, au contraire, s’efforce chaque due capacité des peuples à se libé- même qui lui confère sa dimension indignation apparaissent au milieu ment pas le seul à accompagner d’un véritable « auto-nettoyage jour de mériter le qualificatif en- rer eux-mêmes, comme la France catégorique : choix d’une volonté et d’un fatras médiatique et politicien. Bernard Bonnet de son estime et de ethnique » mis en œuvre par les courageant d’« d’îlot de stabilité ». en 1944, sans doute. Pour le meil- d’une liberté. Introduire du subtil Que la dignité des propos de son amitié dans cette excessive forces serbes elles-mêmes. Les leur : le consensus difficile mais réel dans un tel choix revient à le sub- Maurice Grimaud soit un réconfort épreuve. Serbes récidiveront en 1996 dans des Etats européens en faveur tiliser – à détruire l’impératif. L’in- pour Bernard Bonnet dans la pri- Gérard Benoit les faubourgs de Sarajevo restés en Smiljan Simac est ambassa- d’une action commune qui trans- telligence sait inventer tous les ar- son. Qu’il sache que les Français Paris dehors de la « République serbe », deur de Croatie en France. LeMonde Job: WMQ2505--0014-0 WAS LMQ2505-14 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0307 Lcp: 700 CMYK

14 / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 HORIZONS-ANALYSES 0 123 L’ombre portée des Balkans sur l’Italie 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD - 75242 PARIS CEDEX 05 C’EST COMME un exorcisme ce vaste mouvement de gauche nouvelle époque. L’Italie a réussi son toujours une mouvance de gauche Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 206 806 F national, un exercice général de contestataire, à la fois ouvrière et entrée dans l’Union économique et ou d’extrême gauche attirée par la Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 dénégation. L’Italie tout entière intellectuelle, prête à justifier, si- monétaire ; elle a assaini ses fi- violence ; il y a toujours des Internet : http : //www.lemonde.fr l’affirme : ce n’est pas un retour non à accepter, la violence comme nances publiques, fût-ce au prix de groupes politiques qui dénoncent aux « années de plomb ». Pour- méthode de lutte politique. quelques artifices ; elle a réformé les avec vigueur l’impérialisme sous ÉDITORIAL tant, après l’assassinat en pleine Aujourd’hui, quand Fausto Ber- conventions collectives qui générali- toutes ses formes et qui n’hésitent rue, à Rome, de l’avocat et conseil- tinotti, le chef de Rifondazione saient une sorte de fonctionnariat et pas à s’en prendre au principal par- ler du ministère du travail, Massi- comunista, le Parti communiste de corporatisme ; elle a placé un des ti du gouvernement, les anciens du Cannes la radicale mo D’Antona, par un commando dans l’opposition, déclare « parta- siens à la présidence de la Commis- PCI, rebaptisés Démocrates de se réclamant des Brigades rouges, ger » certaines analyses contenues sion européenne ; le gouvernement gauche (Democratici di Sinistra), E palmarès du 52e Festi- dévier de sa trajectoire le lance- un passé qu’on croyait à jamais en- dans le document des nouvelles Bri- de centre-gauche est solidaire de avec le slogan « DS = SS ». Les val, aussi beaux que ment minutieusement préparé foui refait surface. Les mêmes mé- gades rouges, il s’attire les foudres l’Alliance atlantique dans la guerre marches de protestation contre les soient les films ré- dans ce Cap Canaveral du marke- thodes, le même sigle, la revendi- de tous les secteurs de l’opinion, de du Kosovo, malgré la pression de frappes de l’OTAN sur la Serbie L ting qu’est désormais Hollywood. cation dans un long texte aux la droite aux communistes, qui sou- l’opinion relayée par ses parlemen- rassemblent plus de monde en Ita- compensés – ils le sont –, a sans doute porté un mau- L’absence des studios améri- prétentions idéologiques et au vo- tiennent le gouvernement. taires. lie que partout ailleurs comme, il y vais coup à une idée plus ample du cains entérine une cassure, sans cabulaire faussement marxiste-lé- La longévité du gouvernement La guerre dans les Balkans est une a quelques mois, les manifesta- cinéma. Une idée qui avait pour- doute irréversible. Elle permet niniste... Tout pousse à la compa- Prodi avait suscité quelques espoirs ; des explications avancées dans le tions pour la libération d’Öcalan tant, dans la sélection de cette an- aussi en principe l’alliance de raison et en même temps tout sa chute à la suite des manœuvres texte des Brigades rouges. Faut-il la rassemblaient plus de jeunes Ita- née, la possibilité de s’exprimer toutes les composantes du reste du incite à la rejeter. conjuguées d’un cacique de la dé- prendre au sérieux, au même titre liens que de Kurdes. pleinement. Comme tous les cinéma, de ces cinématographies L’Italie a changé ; elle n’est plus mocratie chrétienne, Francesco Cos- que la « piste serbe » évoquée par Malgré les dénégations, une autres arts moins jeunes que lui, le non alignées dont la 52e édition du ce laboratoire de la guerre froide, siga, et de l’héritier du PCI, Massimo certains journaux italiens, au autre similitude avec le passé in- cinéma est soumis à une tension Festival a prouvé combien elles dominé par une démocratie chré- D’Alema, avait nourri quelques moins sous la forme des facilités quiète les Italiens. Le commando profonde tendant à séparer sa sont diverses et fécondes. Mieux, tienne qui avait rejeté la gauche craintes. L’élection, la semaine der- d’entraînement que la Serbie au- qui a tué Massimo D’Antona avait pointe la plus audacieuse sur le sous la signature de Pedro Almo- aux marges du pouvoir central et nière, de Carlo Azeglio Ciampi, à la rait pu mettre à la disposition des des informations de l’intérieur des terrain artistique d’une produc- dovar, de Raoul Ruiz, de Takeshi placé sous haute surveillance par présidence de la République, dès le « brigadistes» ? Ne commettons institutions. L’homme était peu tion de masse plus conformiste Kitano ou de David Lynch, figu- les Etats-Unis inquiets des pers- premier tour de scrutin – il en avait pas les mêmes erreurs que pen- connu du grand public ; son rôle – la coupure entre musique raient en compétition des œuvres pectives de compromis historique fallu onze pour désigner son prédé- dant les « années de plomb », ré- dans les négociations du pacte so- contemporaine et variétés four- démontrant qu’il restait possible avec les communistes. Elle n’a plus cesseur –, est toutefois le signe d’une pond, dans un long entretien à la cial dénoncé par les Brigades nissant le modèle, ou le contre- d’allier une ambition créative sans Repubblica, l’ancien juge Liuciano rouges n’était connu que de quel- modèle, le plus probant. Parce concession et le partage avec un Violante, qui préside aujourd’hui la ques spécialistes. Les informations qu’il est aussi une industrie, le ci- large public du bonheur de voir un Chambre des députés. Ne cher- sur les projets sociaux du gouver- néma a pourtant toujours puisé film. Avec un systématisme provo- chons pas des explications dans nement contenues dans le texte de ses formes et ses forces spécifiques cateur, le jury a au contraire choisi Les gens par Kerleroux « le terrain favorable », « le bouillon revendication, sans être secrètes, dans cette « impureté » au- de prendre parti seulement pour de culture », « les conditions so- étaient « réservées », ce qui laisse à jourd’hui menacée d’un double les films les plus radicaux, au ciales qui ont rendu possible le terro- penser que les assassins ont béné- nettoyage, sous les auspices symé- risque de paraître ne donner du ci- risme », la guerre du Kosovo ou le ficié de complicités, sinon dans triques du business pur et de l’art néma qu’une approche partielle, pacte social. Sinon, dit-il, «on se l’appareil d’Etat, au moins dans les pour l’art. et manquant de générosité. met à raisonner comme les terro- institutions. Le Festival de Cannes, principale Il est significatif que ce choix es- ristes ». Pour certains, ces éléments manifestation cinématographique thétique mène également à dé- évoquent les heures sombres du mondiale, est par excellence à la fendre les deux films portant le re- IMPRÉCATIONS terrorisme qui n’était pas seule- fois le terrain où s’observent les gard le plus sombre sur l’état de la Cette réaction est caractéristique ment de gauche, les agissements progrès de cette cassure et le lieu société et des rapports humains. de la gauche aujourd’hui au pou- troubles d’organisations de d’une possible résistance à son ag- Alors même que la sélection offi- voir en Italie, celle qui a patienté l’ombre, comme la Loge P2, leurs gravation. La réticence des majors cielle de cette année comportait pendant des décennies aux portes liens avec les services secrets... hollywoodiennes à y présenter des une majorité de films tablant sur du gouvernement, qui était en Sans avoir l’obsession du complot, films confirme cette situation, un espoir de relations améliorées, passe d’y participer précisément sans chercher un tireur de ficelles mais aussi en éclaircit les possibili- de reconstruction d’un lien social. avec Aldo Moro, le dirigeant dé- clandestin, ceux qui ne se tés. Des super-produits dont le Noirceur du regard sur le monde et mocrate-chrétien que les Brigades contentent pas du « ce n’est plus seul budget publicitaire est supé- radicalité des choix esthétiques rouges enlevèrent et assassinèrent comme avant » soulignent que rieur au coût de réalisation de dix ont évidemment leur place dans le en 1978 parce qu’il était l’homme l’Italie est parmi les Etats d’Europe films dans nombre d’autres pays cinéma. Vouloir l’y réduire n’est du « compromis historique », celui occidentale celui qui est le plus n’ont pas besoin de la légitimation pas lui rendre service. C’est plutôt qui allait amener les communistes proche des Balkans. Par sa géogra- culturelle cannoise, et ont les risquer de repousser dans le camp au pouvoir. A l’époque, la direction phie, par son histoire, elle est la moyens d’assurer leur promotion de l’industrie l’ensemble des du PCI prônait la fermeté contre plus impliquée et en même temps sans la médiatisation de la Croi- autres démarches cinématogra- les « brigadistes » avec la même vi- la plus sensible aux effets du sette. A une telle hauteur finan- phiques. Le cinéma d’art se retrou- rulence que la démocratie chré- conflit. Il est encore trop tôt pour cière, ils redoutent la moindre tur- verait alors bien seul, et le Festival tienne ; elle ne cherchait pas des porter un jugement définitif et on bulence incontrôlée qui ferait de Cannes aussi. « explications » idéologiques ou ne peut exclure que l’explication sociales au terrorisme, même si « bénigne » avancée par quelques 0123 est édité par la SA LE MONDE une frange des sympathisants commentateurs – un effet « d’imi- Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani trouvait dans le blocage de la so- tation » après les attentats en Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; Noël-Jean Bergeroux, directeur général adjoint ciété italienne ou la « coopéra- Grande-Bretagne ou les violences tion » des directions syndicales aux Etats-Unis – soit la bonne. Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints de la rédaction : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau avec le patronat des raisons à Mais il est malheureusement plus Directeur artistique : Dominique Roynette l’exaspération ouvrière et par ex- probable que cet assassinat ne soit Secrétaire général de la rédaction : Alain Fourment tension à la violence politique. lié, d’une façon ou d’une autre, à la Rédacteurs en chef : Alain Frachon, Erik Izraelewicz (Editoriaux et analyses) ; En ce sens, l’Italie a moins chan- vague de déstabilisation frappant Laurent Greilsamer (Suppléments et cahiers spéciaux) ; Michel Kajman (Débats) ; gé que les imprécations contre le l’Europe du Sud-Est. Eric Le Boucher (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Franck Nouchi (Société) ; Claire Blandin (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Christian Massol (Secrétariat de rédaction) spectre des « années de plomb » Rédacteur en chef technique : Eric Azan pourraient le laisser penser. Il y a Daniel Vernet Médiateur : Robert Solé Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Conseiller de la direction : Alain Rollat ; directeur des relations internationales : Daniel Vernet ; partenariats audiovisuels : Bertrand Le Gendre Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président Le droit d’ingérence économique

Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) LE TOUT NOUVEAU ministre al- leçons économiques de la Maison trouvé la recette miracle. Avec de son banquier et prodigue quel-

Le Monde est édité par la SA Le Monde lemand des finances, Hans Eichel, Blanche, n’hésitent plus à répondre. condescendance et par esprit de ques conseils à Tokyo pour qu’il re- Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. n’en revient pas encore. A Washing- Ils ne se laissent plus impressionner charité, ils pressent leurs partenaires mette sur pied, au plus vite, son sys- Capital social : 985 000 F. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, ton, pour sa première grande réu- par les performances économiques de les mettre à leur tour en place. tème bancaire. Fonds commun de placement des personnels du Monde, Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, nion internationale – c’était à l’occa- des Etats-Unis. Le ministre des fi- Mais les réticences de l’Europe et du Sauf à reconstruire des barrières Le Monde Entreprises, Le Monde Investisseurs, sion des réunions de printemps du nances nippon, Kiichi Miyazawa, Japon à appliquer le modèle améri- protectionnistes, à remettre en Le Monde Presse, Iéna Presse, Le Monde Prévoyance, Claude Bernard Participations. FMI et de la Banque mondiale fin évoque officiellement « les risques cain, leur entêtement à s’enfermer cause les fondements mêmes de avril –, il s’est vu donner un cours de de surchauffe aux Etats-Unis » et de- dans des schémas économiques l’économie de marché, cette surveil- libéralisme : « Vous ne lutterez effica- mande à Washington de mener, considérés comme totalement dé- lance réciproque et permanente des ILYA50 ANS, DANS 0123 cement, en Allemagne, contre le chô- « par conséquent, une politique pru- passés, ne font qu’accroître l’agace- politiques économiques, avec son mage qu’en vous décidant enfin à dé- dente et adaptée ». ment et le sentiment de supériorité lot de commentaires blessants et de réglementer votre marché du de l’administration américaine. A recommandations offensantes, ne Une Cité internationale des arts à Paris travail », lui a expliqué son interlo- PETIT JEU l’inverse, Européens et Japonais fera que se renforcer. Certains le dé- cuteur. Son professeur : le gouver- Pour l’Europe, M. Miyazawa es- supportent de plus en plus mal les ploreront, estimant qu’elle porte UN COMITÉ qui comprend di- pourra donner asile tout d’abord à neur de la Banque de Chine ! Il est time qu’« après le lancement en jan- cours d’économie et la suffisance de une atteinte insupportable à la sou- verses personnalités françaises et deux cents artistes et comportera vrai que M. Eichel avait lui-même vier de l’euro la stabilité du nouveau Washington. Ils demandent aux veraineté des Etats. D’autres, au étrangères, sous la présidence de des salles de réunion, des restau- montré la voie, quelques heures système et sa contribution à l’écono- Etats-Unis de faire preuve de plus contraire, s’en réjouiront, jugeant Paul Léon, membre de l’Institut, a rants et des services communs. plus tôt... en faisant la leçon aux mie européenne restent à démon- d’humilité et rappellent combien les qu’il serait absurde de ne pas écou- été créé et s’est donné pour but La Ville de Paris, qui fournit les Américains sur les risques d’« effon- trer ». Les Européens, de leur côté, hiérarchies économiques sont fra- ter les conseils dispensés par d’édifier à Paris une Cité interna- terrains, est favorable à ce projet. drement » de Wall Street. tout en reprenant à leur compte giles. d’autres, de rejeter toute critique tionale des arts, ceci afin de per- Les bâtiments d’ailleurs lui revien- Au cours des derniers mois, ces les critiques américaines sur les Les responsables économiques sous prétexte qu’elle vient de l’ex- mettre aux artistes étrangers et dront plus tard et un quartier jus- recommandations économiques, blocages économiques du Japon, des trois continents sont en tout cas térieur. Ils affirment que dans une français, peintres, sculpteurs ou qu’alors déshérité retrouvera ces conseils financiers ont proliféré. dénoncent maintenant ouvertement conscients des dangers que repré- économie totalement ouverte, où la musiciens, de trouver des facilités l’animation et la beauté qu’il a Chacun y va de son commentaire et l’ampleur du déficit commercial sentent les inégalités de la crois- diffusion de l’information joue un de séjour et de travail dans notre connues dans sa lointaine histoire. de sa critique. De la part des Etats- des Etats-Unis, qui menace, selon sance mondiale. Tous admettent rôle essentiel, l’autisme est de mau- capitale. La conférence de presse Un quartier de Paris renaîtra. Pa- Unis, cette forme d’intervention- eux, l’équilibre monétaire interna- qu’il n’est pas sain que les zones vais conseil. En matière économique que tient cet après-midi Paul Léon ris, par cette cité, affirmera son ca- nisme n’est pas nouvelle. Depuis tional et la croissance économique fonctionnent à des rythmes si éloi- aussi, le débat sur le droit d’ingé- dira où en est le projet. ractère de capitale internationale trois ans, l’administration améri- mondiale. gnés que l’Amérique court et rence est lancé. Un droit inaccep- La cité sera édifiée en bordure de l’art. Le rayonnement du pays caine réclame que Tokyo prenne des Comment interpréter ce petit jeu consomme, tandis que le Japon fait table pour les uns, nécessaire et sa- du quai de l’Hôtel-de-Ville, sur les tout entier ne peut qu’y gagner. mesures radicales pour stimuler la où tout le monde prétend donner du sur-place et épargne. De telles lutaire pour les autres. terrains de « l’îlot 16 » démoli Les nations participantes enver- consommation dans l’Archipel. Elle au reste du monde des leçons de différences risquent de conduire à pour cause d’insalubrité, face à ront des artistes pour résider à la exhorte aussi l’Europe à réformer bonne conduite économique ? Cer- des évolutions divergentes de taux Pierre Antoine Delhommais l’île Saint-Louis et à Notre-Dame. cité plus ou moins longtemps. Des les structures de son économie pour tains y voient avant tout la consé- d’intérêt et à des mouvements de et Erik Izraelewicz Elle se développerait autour de Français bénéficieront de bourses renforcer sa demande intérieure. quence de l’accident conjoncturel grande ampleur sur les devises. l’hôtel d’Aumont restauré, proche de séjour. La fraternité artistique Mais les critiques américaines se que constitue l’écart de croissance D’où la nécessité impérieuse de cor- de l’hôtel Chalon-Luxembourg trouvera là un nouveau foyer. sont récemment faites plus insis- tout à fait inhabituel observé entre riger les déséquilibres, d’harmoniser RECTIFICATIF dont la beauté serait respectée. tantes et plus précises. « Ce n’est les trois grandes puissances écono- les taux de croissance pour rendre Des jardins seront créés autour R. J. peut-être pas un hasard, vient d’ex- miques mondiales. Le produit inté- cette dernière plus durable et plus 35 HEURES des bâtiments de cette cité qui (25 mai 1949.) pliquer le nouveau secrétaire au Tré- rieur brut a progressé de 3,9 % en stable à l’échelle mondiale. Dans un article consacré aux sor, Lawrence Summers, si les pays 1998 aux Etats-Unis, mais seulement Mais l’apparition de cette ingé- 35 heures (Le Monde du 21 mai), de la zone euro qui ont procédé aux de 2,3 % en Allemagne, et il a reculé rence économique est aussi une une erreur d’interprétation nous a 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS réformes structurelles les plus pous- de 2,8 % au Japon. Et l’année 1999 conséquence logique et profonde de fait écrire que la philosophe Domi- Télématique : 3615 code LEMONDE sées, comme les Pays-Bas, l’Irlande et devrait confirmer cette tendance la mondialisation des échanges et nique Meda proposait : « Et pour- Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC le Portugal, sont ceux qui ont bénéficié (+ 3,6 % aux Etats-Unis, + 1,7 % en des marchés de capitaux. Celle-ci quoi pas du temps pour faire de la ou 08-36-29-04-56 récemment de la reprise la plus vigou- Allemagne et – 0,9 % au Japon). crée une forte interdépendance pêche et de la chasse ? » En réalité, Le Monde sur CD-ROM : 01-44-08-78-30 reuse. » De telles différences, qui n’avaient entre les grandes régions écono- Mme Meda voulait pointer le risque Index et microfilms du Monde : 01-42-17-29-33 Le changement ne vient pas seu- plus été observées depuis dix ans, miques du globe. Détenant près du d’une division des tâches qui lement d’une escalade dans le dis- favorisent l’apparition de comporte- quart de la dette des Etats-Unis, les conduirait les hommes, sur leur Le Monde sur CompuServe : GO LEMONDE Adresse Internet : http : //www.lemonde.fr cours américain. Il tient aussi au fait ments arrogants ou jaloux. Forts de Japonais s’interrogent légitimement temps libre, « à faire de la pêche et qu’Européens et Japonais, restés leurs performances économiques sur la solvabilité de leur client. Dans de la chasse », et les femmes à s’oc- Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 longtemps silencieux, ayant subi du- exceptionnelles, les Américains ont le même temps, il est naturel que cuper des enfants le mercredi, rant des années, sans broncher, les plus que jamais le sentiment d’avoir Washington s’inquiète de la solidité comme c’est arrivé en Allemagne. LeMonde Job: WMQ2505--0015-0 WAS LMQ2505-15 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0308 Lcp: 700 CMYK

15 ENTREPRISES LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999

TÉLÉCOMMUNICATIONS et tente même de permettre à Deut- de son action préférentielle pour « les retombées que pourra avoir la démontré que nous sommes ample- Au lendemain de sa prise de sche Telekom de sauver la face. b LE bloquer l’opération. b LE MINISTRE restructuration prévisible de Tele- ment en mesure de créer des em- contrôle sur Telecom Italia, Olivetti MINISTRE DES FINANCES, Vincenzo DES COMMUNICATIONS, Salvatore com Italia sur l’emploi ». b POUR plois ». b LE SUCCÈS D’OLIVETTI af- cherche à rassurer le gouvernement Visco, a déjà fait savoir que le gou- Cardinale, a toutefois annoncé que ROBERTO COLANINNO, le patron faiblit Deutsche Telekom, qui s’était italien et les salariés de l’entreprise, vernement n’entendait pas se servir le gouvernement surveillera de près d’Olivetti, « l’expérience d’Olivetti a portée au secours de Telecom Italia. Après le rachat de Telecom Italia, Olivetti veut rassurer les pouvoirs publics Roberto Colaninno, qui vient de prendre le contrôle de l’opérateur de télécommunications, s’est employé à dissiper les craintes du gouvernement et des syndicats quant à son projet industriel et ses conséquences sur l’emploi. Il se montre même magnanime avec son adversaire Deutsche Telekom MILAN petites phrases fielleuses, voire de sions compris entre 35 % et 67 % du avec M. Colaninno et des représen- mière version du plan industriel mission de données. Le groupe en- correspondance coups bas, les deux hommes ont capital de Telecom Italia. Le conseil tants des principaux syndicats, présentée en mars par Olivetti évo- tend maintenir l’indépendance de Roberto Colaninno, le patron enterré la hache de guerre. Ils de- d’administration de Telecom Italia, pour discuter du projet industriel et quait 13 000 suppressions de postes TIM par rapport à la maison-mère d’Olivetti, n’a guère pris le temps vaient se rencontrer lundi 24 mai. convoqué mardi 25 mai, prendra de l’épineuse question des éven- sur les 80 000 que compte la tout en accélérant les synergies de savourer sa victoire. S’il a fêté On s’attend à une démission de acte des résultats de l’OPA. Les ac- tuelles suppressions d’emplois. Le branche de téléphonie fixe de Tele- commerciales entre téléphonie fixe au champagne, vendredi soir Franco Bernabè, Roberto Colanin- tions seront transférées à Olivetti le ministre des communications, Sal- com Italia (le groupe emploie au et mobile. Il souhaite également re- 21 mai, l’adhésion de plus de 51 % no ayant annoncé qu’en cas de vic- 28 mai, et payées entre le 14 et le vatore Cardinale, a déjà annoncé total 125 000 salariés). définir les activités internationales des actionnaires à l’offre publique toire il occuperait le poste d’admi- 30 juin. Tecnost devra être inscrit que le gouvernement surveillera de M. Colaninno s’est voulu rassu- en focalisant les participations sur d’achat (OPA) lancée sur Telecom nistrateur délégué de Telecom dans le registre des actionnaires de près « les retombées que pourra rant : « L’expérience d’Olivetti a dé- l’Europe et cherche un partenaire Italia (Le Monde des 23 et 24 mai), il Italia. Telecom Italia au plus tard le avoir la restructuration prévisible de montré que nous sommes ample- doté « de capacités technologiques s’est remis au travail dès le lende- Les conseils d’administration 22 juin, si à cette date le gouverne- Telecom Italia sur l’emploi ». ment en mesure de créer des et d’innovation ». Les activités hors main matin. Il lui faut penser à la d’Olivetti et de sa filiale Tecnost – ment n’a pas utilisé son action pré- emplois », a-t-il déclaré samedi, fai- des télécommunications devraient phase de transition qui s’ouvre par le biais de laquelle a été lancée férentielle qui lui donne un droit de QUATRE BRANCHES sant référence aux embauches de être restructurées avant d’être avant la prise de contrôle effective l’OPA – se sont réunis samedi veto sur les nouveaux actionnaires. Sergio D’Antoni, secrétaire géné- jeunes réalisées ces dernières an- éventuellement cédées. Du coup, le de l’ex-monopole public, puis affi- 22 mai. Après avoir « pris acte avec Le ministre des finances, Vincenzo ral du deuxième syndicat italien, la nées par les deux filiales d’Olivetti sort de Stream, la filiale de télévi- ner le projet industriel préparé. satisfaction du résultat de l’offre », Visco, a déjà fait savoir que le gou- CISL, a estimé, dans une interview dans les télécommunications, Om- sion à péage de Telecom Italia, Franco Bernabè, l’administrateur les conseils ont décidé d’acquérir vernement n’entendait pas se servir publiée dimanche par le quotidien nitel et Infostrada. Ces deux socié- pourrait être redéfini. On attendait délégué de Telecom Italia, a annon- les actions de Telecom Italia. Oli- de cette arme. Corriere della sera, qu’une entre- tés sont sur le point d’être cédées pour le début de cette semaine la cé qu’il n’entendait pas continuer la vetti s’était en effet gardé toute la- Le ministre de l’industrie, Pier prise « aussi riche et aux perspec- au groupe allemand Mannesmann. signature de la vente de cette socié- bataille devant les tribunaux. Après titude pour accepter ou non les Luigi Bersani, devrait ouvrir cette tives aussi favorables doit créer des Roberto Colaninno n’a pas té à un tour de table comprenant trois mois de lutte sans merci, de titres en cas d’un nombre d’adhé- semaine une série de discussions emplois, pas les détruire ». La pre- complètement fermé la porte à la Rupert Murdoch, mais l’opération fusion projetée entre Telecom Italia pourrait être suspendue. et Deutsche Telekom, un projet sur M. Colaninno va devoir aussi ré- lequel il s’était montré particulière- fléchir à la simplification de ment sévère ces dernières se- « l’usine à gaz » qu’est son groupe. L’échec du passage au privé de l’ancien opérateur public maines. La presse italienne n’a pas Il est l’actionnaire de référence de MILAN ment un droit de veto sur les qu’il peut redresser la barre. Mais il 10 avril pour approuver les mesures écarté la possibilité d’une reprise Fingruppo, qui contrôle à moins de correspondance nouveaux actionnaires. n’en a pas le temps : fin février 1999, de défense n’a pu se tenir faute du dialogue, mais a souligné qu’il 40 % Bell, qui contrôle à environ Les racines de la victoire d’Olivet- A cette fragilité structurelle il est confronté à l’annonce de d’atteindre le quorum requis. ne s’agit en aucun cas d’une priori- 14 % Olivetti, qui contrôle à 97 % ti remontent à l’automne 1997, s’ajoutent les turbulences subies l’offre publique d’achat (OPA) d’Oli- Même le colossal projet d’alliance té. Lors d’une rencontre avec la Tecnost, qui contrôlera à 51 % Tele- lorsque le gouvernement décide de par Telecom Italia lors de la prési- vetti. Sa marge de manœuvre est avec Deutsche Telekom a prêté le communauté financière, le 4 mai, com Italia ! Olivetti devra rapide- la privatisation quasi totale de Tele- dence de Gian Maria Rossignolo, réduite par les limitations que lui flanc à bien des critiques, tant du Olivetti avait expliqué vouloir ment décider s’il procède à la fu- com Italia. Si les investisseurs insti- appelé aux commandes en janvier impose la loi sur les OPA. Et il se re- gouvernement italien, qui exige des structurer Telecom Italia en quatre sion entre Tecnost et Telecom tutionnels italiens et étrangers et les 1998. Celui-ci élimine la première trouve très vite isolé : les action- garanties, que des analystes. Lâché branches : les activités de télé- Italia. Cette opération aurait petits porteurs transalpins se sont, à ligne de managers, fait table rase de naires du noyau dur ne se sont pas par ses actionnaires, privé du sou- communications (la maison-mère l’avantage de réduire l’énorme en- l’époque, rués sur les actions propo- l’alliance projetée avec l’américain mobilisés outre mesure pour « sau- tien du gouvernement, M. Bernabè Telecom Italia et sa filiale de télé- dettement contracté pour prendre sées, les industriels et financiers ita- AT&T sans réussir à concrétiser ver » Telecom. a vu son image ternie lors de ces phonie mobile TIM), les technolo- le contrôle de l’opérateur télépho- liens sollicités pour faire partie du celle qu’il annonce avec le britan- dernières semaines. L’annonce qu’il gies de l’information (la société nique (25,5 milliards d’euros pour « noyau dur » se font tirer l’oreille. nique Cable & Wireless : jusqu’à sa PAS DE QUORUM ne contesterait pas le résultat de Finsiel), les activités industrielles le groupe Olivetti-Tecnost-Telecom Le groupe stable d’actionnaires ne démission en octobre, Telecom Ita- M. Bernabè a d’abord critiqué le l’offre devant les tribunaux – ce qui (les sociétés Italtel et Sirti), et les Italia, selon le document diffusé au représente qu’environ 8 % du capi- lia donne l’impression de naviguer à plan d’Olivetti en raison de aurait pu paralyser l’entreprise pen- activités non stratégiques (parc im- moment de l’offre), mais elle dilue- tal : une part qui tombera entre 6 % vue. l’énorme endettement qu’il aurait dant des mois – et sa visible volonté mobilier, assurances, pages jaunes rait la participation d’Olivetti. En- et 7 %. Comme l’Etat ne conserve En novembre, Franco Bernabè, engendré... avant de présenter à ses de gérer de manière douce la transi- de l’annuaire...). fin, M. Colaninno devra sans doute qu’une part d’un peu plus de 5 %, l’administrateur délégué du groupe actionnaires un projet reposant sur tion permettront cependant à Tele- En ce qui concerne les télé- renforcer son contrôle d’Olivetti, passée ensuite à 3,43 %, Telecom pétrolier ENI, est appelé à remplir la un endettement aussi considérable. com Italia d’affronter le mieux pos- communications, Olivetti tablait pour le moment largement Italia est opéable dès sa privatisa- même fonction au sein de Telecom Il n’a pas su convaincre les investis- sible le virage qui l’attend. sur une réduction des tarifs dans la opéable. tion. Seul rempart : l’action préfé- Italia. Quinquagénaire brillant, seurs de la validité de son plan, téléphonie fixe et un fort dévelop- rentielle, qui donne au gouverne- M. Bernabè donne l’impression puisque l’assemblée convoquée le M.-N. Te. pement d’Internet et de la trans- Marie-Noëlle Terrisse Deutsche Telekom qui pleure et Mannesmann qui rit Elf arrête FRANCFORT de notre correspondant En prélude à la prise de contrôle de Tele- rablement renforcé ses positions dans un do- 300 000 salariés et un chiffre d’affaires de Coup dur pour Deutsche Telekom. Le suc- com Italia, Mannesmann s’était mis d’accord maine qui lui était presque étranger il y a dix 64 milliards d’euros, le groupe germano-ita- cès de l’offre d’Olivetti pourrait rendre caduc avec Olivetti pour prendre le contrôle des ac- ans. Spécialisé dans la fabrication de tubes, ce lien aurait pointé à la deuxième place mon- la production son projet de fusion avec Telecom Italia, tivités de télécommunication de l’ancien fa- fleuron industriel confirme qu’il est le plus dy- diale. Une position qui a poussé Ron Sommer même si Ron Sommer, le président du direc- bricant de machines à écrire. Dès samedi, le namique des nouveaux venus sur le marché à prendre des risques, puisqu’il n’a pas hésité toire du groupe allemand, a tenté de sauver la groupe de Düsseldorf a augmenté sa partici- allemand. La télécommunication représente à mettre à mal son alliance avec France Télé- de gaz à Lacq face ce week-end, en indiquant vouloir pour- pation dans la filiale de téléphonie mobile aujourd’hui les deux tiers de son bénéfice com. Il a en outre tenté de vaincre les réti- VENDREDI MATIN, à Lacq (Pyré- suivre le rapprochement. « La logique de la fu- Omnitel, désormais détenue à 55 %, et dans le d’exploitation (1,38 milliard d’euros). Sa filiale cences des analystes financiers et du gouver- nées-Atlantiques), la grève entamée sion avec Telecom Italia est absolument perti- réseau fixe Infostrada (100 %). Ces deux opé- de téléphonie mobile (D2) est au coude à nement italien, qui craignaient de voir le 16 avril pour protester contre l’ex- nente et convaincante », a-t-il confié à rations, pour un montant global de 7,6 mil- coude avec celle de Deutsche Telekom en Al- l’ancien groupe public s’adosser à un associé ternalisation de certaines activités a l’hebdomadaire Welt am Sonntag. La situation liards d’euros, étaient destinées à financer lemagne, avec quelque 6,5 millions d’abon- encore détenu à 72 % par l’Etat allemand. Le été reconduite et, dans l’après-midi, est d’autant plus délicate pour Deutsche Tele- une partie de l’OPA d’Olivetti. Elles per- nés. projet, bouclé dix jours avant le lancement de la direction d’Elf Aquitaine a décidé kom que Mannesmann, fidèle soutien d’Oli- mettent à Mannesmann de prendre la Après avoir cédé du terrain en Allemagne, l’OPA, dépend désormais du bon vouloir de fermer les installations. Le débit vetti et numéro deux du marché germanique, deuxième place du marché italien des télé- Deutsche Telekom entendait pour sa part d’Olivetti. de gaz brut quotidien, déjà ramené a d’ores et déjà profité de l’occasion pour ren- coms. profiter de son mariage avec Telecom Italia de 9 millions de mètres cubes à forcer ses positions italiennes. En quelques mois, Mannesmann a considé- pour forcer son internationalisation. Avec Philippe Ricard 2,5 millions, devait être réduit à zéro à compter de mardi. Dimanche, les négociations ont repris entre le di- recteur, Menno Grouvel, et l’inter- Capitalisme sauvage au pays des anciens monopoles syndicale. Elles devaient se pour- suivre lundi. – (Corresp.) LA BATAILLE boursière pour le Russie. Les petits porteurs, ama- tiques, l’espéraient encore lointaine prises mondiales a constitué un plus de 70 % de Deutsche Telekom. contrôle de Telecom Italia, finale- teurs de privatisations, comme les tant le chemin déjà parcouru pa- premier défi pour des entreprises Mais le système avait ses failles. ment gagnée haut la main par Oli- fonds d’investissements en quête raissait déjà considérable, surtout jusque-là habituées à servir un pu- Et le propre du capitalisme est de vetti, a transformé en profondeur le de forte rentabilité, savent qu’ils pour un secteur où l’on compte en- blic d’abonnés qui n’étaient pas en- savoir les identifier. L’ex-champion paysage des télécommunications ont encore quelques belles années core – et pas seulement en France – core des clients. L’explosion de la italien du téléphone n’y a pas résis- Alstom vendrait pour en profiter. Ils ne s’en privent encore beaucoup de fonction- téléphonie mobile, l’arrivée d’Inter- té. Privatisée en quasi-totalité ANALYSE pas. Le célèbre financier George naires. net et la course aux transmissions à – l’Etat détient moins de 4 % de ses une partie La déréglementation Soros aurait placé jusqu’à 60 % de haut débit, pour échanger toujours actions –, dotée d’un « noyau dur » ses investissements en actions dans RYTHME ENDIABLÉ plus vite des données informa- n’en ayant que le nom, Telecom a libéré les énergies ce secteur. L’appât du gain, consi- Les principaux acteurs des télé- tiques, ont donné le coup de grâce Italia était une proie tentante. Et bien plus vite dérable, alimente un déploiement communications, de ce côté-ci de aux vieux schémas. cela d’autant qu’elle ne s’était pas de ses activités que prévu d’initiatives tous azimuts, bénéfi- l’Atlantique, sont encore les an- Pourtant, les anciens monopoles donné les moyens de s’adapter aux ciant aussi bien à la création de ciens opérateurs publics, eux- étaient encore protégés. Par leur exigences du secteur privé. Peu effi- nouveaux opérateurs aux ambi- mêmes issus, il n’y a pas si long- taille, par leur puissance financière cace, mal jugée par l’opinion pu- industrielles en Europe, et remodelé les mentali- tions planétaires qu’aux anciens temps, de structures administra- accumulée grâce à des années de blique, mais recelant des « pé- ALSTOM, le groupe franco-britan- tés de ses dirigeants. Convoitée par monopoles, dont les charmes sont tives qui étaient partie intégrante rente, et, souvent, par des législa- pites » – comme sa filiale de nique qui a fusionné en mars sa deux prédateurs prêts à tout pour loin d’être encore complètement de l’Etat : dans l’Hexagone, par tions qui, tout en bannissant le téléphonie mobile –, Telecom Italia branche énergie avec celle du prendre son contrôle (Olivetti et éteints. exemple, France Télécom a moins terme de monopole, tendaient à correspond exactement à ce dont groupe suédois ABB (Le Monde du Deutsche Telekom), cette entre- Alors que les télécommunica- de dix ans d’existence. Sous le nom rendre la vie peu commode pour rêve un raider : avec un bon mana- 24 mars), annoncerait, mercredi prise privatisée en 1997 est désor- tions européennes ne sont pleine- de direction générale des télé- leurs nouveaux concurrents. Ils au- gement, il est possible d’améliorer 26 mai, la mise en vente d’une mais le symbole des enjeux finan- ment ouvertes à la concurrence que communications, elle n’était, avant raient pu continuer à vivre grasse- rapidement les résultats de l’entre- grande partie de sa division indus- ciers qui couvaient derrière la depuis le 1er janvier 1998, l’offensive 1990, qu’une des nombreuses ment, perdant peut-être quelques prise. trielle, selon l’hebdomadaire The déréglementation tranquille dont dont l’opérateur italien a fait l’objet branches d’un ministère chargé des parts de marché dans leurs pays Il fallait être naïf pour penser Sunday Telegraph du 23 mai. Selon l’Europe croyait avoir le privilège. braque avec une certaine brutalité communications. d’origine, mais faisant leurs choux qu’au nom d’une histoire marquée le journal britannique, l’annonce de- La fin des monopoles, pénible- les projecteurs de l’actualité sur Cette transformation, effective- gras de quelques lointaines privati- du sceau de la puissance publique vrait être faite à l’occasion de la pré- ment négociée à Bruxelles pendant cette nouvelle réalité : là où domi- ment, était déjà profonde, notam- sations pourvoyeuses de nouvelles les télécommunications, une fois sentation des résultats du groupe. des années entre des Etats nait naguère l’intérêt public (ou ce ment pour les personnels des entre- sources de croissance. Et cela d’au- plongées dans le bain de la privati- Au total, les ventes représenteraient membres dont les vues diver- qui, dans certains pays, en tenait prises concernées – on le voit tant plus facilement que l’explosion sation et de la déréglementation, 800 millions d’euros (5,24 milliards geaient, a libéré les énergies bien lieu), les marchés financiers jouent aujourd’hui dans le mécontente- des nouveaux services de télé- n’obéiraient pas aux mêmes règles de francs). Le groupe se recentrerait plus vite que prévu, permettant aux aujourd’hui un rôle incontour- ment latent qui règne au sein de communications, pour l’instant, que la banque ou l’industrie pétro- ainsi sur ses deux métiers princi- capitaux internationaux de se dé- nable. Ce rôle est d’autant plus dé- France Télécom – et aussi très ra- donne leur chance à tous les lière. A ceux qui n’imaginaient pas paux : le matériel de transport et la verser sans compter vers l’une des cisif que la course à la taille et aux pide. Mais elle n’allait encore pas concurrents. Dans certains cas, le que les règles classiques du capita- transmission d’énergie. L’entreprise activités les plus bouillonnantes de parts de marché, par le jeu des fu- assez vite pour suivre le rythme en- maintien de l’Etat au capital des ex- lisme allaient aussi vite s’imposer a déjà vendu en mars son activité cette fin de millénaire. Il est vrai sions-acquisitions, apparaît désor- diablé de l’évolution technologique. monopoles complétait leur senti- sur le Vieux Continent, l’Italie four- turbines à gaz de grande puissance qu’on y gagne presque à tous les mais d’une nécessité absolue et im- La nécessité d’offrir, de façon ment de sécurité : le Trésor détient nit un démenti cinglant. à l’américain General Electric pour coups, sauf à s’aventurer dans des médiate. Alors que certains, compétitive, des services nouveaux toujours 62 % de France Télécom, un montant de 910 millions de dol- régions à haut risque, comme la notamment dans les milieux poli- et sophistiqués aux grandes entre- tandis que l’Etat allemand détient Anne-Marie Rocco lars (environ 5,4 milliards de francs). LeMonde Job: WMQ2505--0016-0 WAS LMQ2505-16 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:38 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0309 Lcp: 700 CMYK

16 AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999

ROLAND-GARROS Les Internatio- desquels figurent le Brésilien Gustavo fait de Jérôme Golmard et au vu des pour blessure en 1998, est très attendu naux de France, qui se sont ouverts, lundi Kuerten, vainqueur en 1997, et Marcelo médiocres résultats de Cédric Pioline, par le public, comme celui de l’Américaine 24 mai, au stade Roland-Garros, Rios, ancien n°1 mondial. b LES FRAN- demi-finaliste en 1998 ; les Françaises, en Jennifer Capriati, qui a gagné, samedi devraient être animés par une pléiade de ÇAIS, malgré un bon début de saison revanche, espèrent réaliser un bon tour- 22 mai, à Strasbourg, son premier tournoi joueurs sud-américains, au premier rang 1999, sont dans l’incertitude après le for- noi. b LE RETOUR de Steffi Graf, absente en six ans. L’Amérique du Sud veut donner du rythme à la terre battue Sur la lancée de leurs récentes performances, le Brésilien Gustavo Kuerten, vainqueur en 1997, et le Chilien Marcelo Rios, ancien n°1 mondial, figurent parmi les principaux favoris des Internationaux de France de tennis qui ont débuté, lundi 24 mai, au stade Roland-Garros « ET UN, et deux, et trois zéro ! » tavo Kuerten ou Marcelo Rios, ils mais partie des sports pratiqués à d’Atlanta, Fernando Meligeni avait Dimanche 23 mai, lors de son appa- sont quatorze d’Amérique du Sud l’école. Près d’un million d’enfant perdu son match pour la médaille rition pour la traditionnelle journée dans le tableau final. Il y a les ambi- s’y adonnent. Cet immense réser- de bronze (face à l’Indien Leander de bienfaisance Benny Berthet, tieux : ainsi l’Equatorien Nicolas voir est couvé par la Fédération Paes) et avait gagné un public. Gustavo Kuerten n’a pu échapper à Lappenti, demi-finaliste aux Inter- argentine, qui met ses modestes Entre-temps, le Chilien Marcelo l’ironie gentille du public parisien. nationaux d’Australie en janvier, fonds dans la formation des jeunes. Rios avait été champion du monde Le Brésilien n’en a pas pris ombrage l’Argentin Mariano Zabaleta, cham- Les juniors argentins doivent juniors en 1993. Toutefois ses suc- et s’en est même amusé. Juré, la pion junior de Roland-Garros en ensuite bûcher pour mériter le pro- cès étaient oblitérés par ses mani- finale de la Coupe du monde est bel 1996 et finaliste à Hambourg le gramme de développement de la festations intempestives de mau- et bien oubliée. Gustavo Kuerten 16 mai, ou encore le Paraguayen Fédération internationale de tennis, vaise humeur. Il est tout de même est à Paris pour jouer au tennis. Ramon Delgado, qui avait éliminé qui organise des stages ou des tour- devenu no 1 mondial pour quelques Vainqueur des Internationaux de Pete Sampras au deuxième tour de nois dans le monde entier. semaines en 1998. Mais c’est la vic- France en 1997, il revient en favori, Roland-Garros, en 1998. L’Amérique du Sud a toujours toire de Gustavo Kuerten à Roland- et avec le soutien du public, qui n’a existé dans la géopolitique du ten- Garros, en 1997, a confirmé cessé d’apprécier sa joyeuse façon nis. Ainsi, dans les années 70 et 80, l’engouement. de jouer. Et puis les Brésiliens pour- « Peu à peu, les Argentins Jose Luis Clerc et Coïncidence ? En 1997, la Copa ront toujours prendre leur Guillermo Vilas (vainqueur de Ericsson, une série de tournois revanche sur la France en quarts de il nous a fallu Roland-Garros et de l’US Open en challengers, la division 2 du circuit finale de la Coupe Davis, du 16 au 1977 ou des Internationaux d’Aus- professionnel, a vu le jour. Les 18 juillet, à Pau. apprendre à être tralie en 1978 et 1979). Ou encore joueurs en devenir évitent de trop A Roland-Garros, l’Amérique du l’éphémère Victor Pecci, ténébreux onéreuses traversées de l’océan Sud s’apprête à rythmer le tournoi. plus offensifs. Paraguayen au brillant jeu Atlantique, ils peuvent désormais Les journalistes brésiliens qui d’attaque, finaliste à Roland-Garros jouer en Argentine, au Chili, au viennent en nombre depuis la vic- Après, nous avons en 1979. Mexique. L’argent manque pour- toire de « Guga » en 1997 ont cette Le plus souvent, néanmoins, les tant, malgré les champions. Dans fois accouru à Paris dès la victoire eu envie de briller Sud-Américains ont traîné une des pays de football, les sponsors de leur protégé à Rome, le 16 mai. mauvaise réputation de joueurs du sont déjà très sollicités. Le Brésil est Dans les travées, on attend les fans sur toutes fond du court, leur jeu au lift très le mieux loti grâce aux succès de de Marcelo Rios, aussi bruyants lourd faisant perdurer les échanges, Gustavo Kuerten et à son accession qu’ils sont passionnés. Les Sud- les surfaces » assommant les adversaires comme au groupe mondial de Coupe Davis, Américains vont même jusqu’à les spectateurs : « Aujourd’hui, les qui permet à la fédération nationale espérer une finale « continentale » : choses ont changé, explique Fer- d’engranger l’argent des droits télé- le Chilien Marcelo Rios, tête de Enfin, il y a ceux dont on n’attend nando Meligeni, coéquipier de Gus- visés pour le réinjecter dans les série no 9, fait partie des solides pré- guère mais qui pourraient pimenter tavo Kuerten en Coupe Davis. clubs et la formation des jeunes. tendants au titre, et n’évolue pas les premiers tours du tournoi. Spé- Lorsqu’en 1993 j’ai atteint les hui- Des jeunes espoirs qui se dans la même partie du tableau que cialistes de la terre battue, prêts à tièmes de finale de Roland-Garros recrutent pour l’essentiel chez les Kuerten. Les télévisions locales rester des heures au fond du court, après être sorti des qualifications, garçons, comme sur le reste du espèrent : du Chili au Brésil, leurs ce sont les Argentins. Dimanche tout le monde me traitait de continent. La retraite de l’Argentine héros permettent d’espérer de 23 mai, cinq joueurs issus des quali- « limeur ». Peu à peu, il nous a fallu Gabriela Sabatini, en 1996, a laissé bonnes audiences à chacune de leur fications sont venus s’ajouter à leur apprendre à être plus offensifs. Après, un grand vide. Elles sont quatre apparition au sommet. Très loin cinq compatriotes, l’une des repré- nous avons eu envie de briller sur Sud-Américaines à jouer Roland- évidemment des pics d’audience du sentations les plus importantes du toutes les surfaces. » Garros 1999. La plus connue d’entre sport et culte national : le football. tournoi. Cette abondance s’ex- C’est ce gaucher rigolard de elles, Ines Gorrochategui, n’est clas- e

Derrière les deux vedettes du plique par la véritable culture ten- vingt-huit ans qui est à l’origine du FRANCK SÉGUIN/TEMPSPORT sée que 111 joueuse mondiale. continent, une cohorte de joueurs nistique développée dans le pays. renouveau du tennis sud-améri- Vainqueur de Roland-Garros en 1997, Gustavo Kuerten est sud-américains s’avance. Avec Gus- En Argentine, le tennis fait désor- cain. En 1996, aux Jeux olympiques favori après ses succès à Monte-Carlo (notre photo) et Rome. B. M. Les Français doutent, les Françaises rayonnent Jennifer Capriati de retour Pour la première fois depuis sa victoire à Sydney, en janvier 1993, IL ÉTAIT le dernier Français dans les qualifi- déré comme un atout intéressant de la relève plus regrettable que les dames, elles, Jennifer Capriati a gagné un tournoi, à Strasbourg, samedi 22 mai. cations : Mickael Llodra, dix-neuf ans, s’en est française, rencontrera Cédric Pioline. pavoisent : Mary Pierce (no 8), Nathalie Tau- Jadis 4e joueuse mondiale, aujourd’hui classée 113e, l’Américaine a allé, dimanche 23 mai, battu par le Roumain Celui-ci est l’homme-mystère du tournoi. ziat (no 9), Sandrine Testud (no 12) et Julie battu la Russe Elena Likhovtseva, 21e mondiale (6-1, 6-3). A Madrid, Razvan Sabau dans le dernier tour de la Demi-finaliste en 1998 (battu par l’Espagnol Halard (no 16) représentent ensemble un quart l’Américaine Lindsay Davenport (no 2 mondiale), demi-finaliste à compétition (6-3, 6-2). Sa défaite, qui a suivi Alex Corretja), le Français vit un début de sai- des 16 têtes de série. Un rang qu’a manqué de Roland-Garros en 1998, s’est imposée face à l’Argentine Paola Suarez celles des vétérans Olivier Delaître, Thierry son médiocre, surtout sur terre battue, où il peu Amélie Mauresmo, qui est no 18 mondiale. (6-1, 6-3). Chez les messieurs, le Chilien Marcelo Rios a gagné le Guardiola ou du plus jeune Olivier Mutis, n’a n’a gagné qu’un match sur les sept disputés Douze joueuses françaises étaient automa- tournoi de Sankt Pölten à la faveur de l’abandon de Mariano Zaba- fait que confirmer la grisaille ambiante dans le dans les tournois du circuit. tiquement qualifiées pour le tableau final. Une leta (4-4), pour une blessure au genou que l’Argentin espère guérir tennis masculin français à la veille des Inter- performance renforcée par les sept invitations avant son premier match à Paris, mardi. Enfin, à Düsseldorf, nationaux de France de Roland-Garros. DIX-NEUF ENGAGÉES qui portent l’effectif féminin tricolore à l’Australie, emmenée par Patrick Rafter, a gagné la Coupe des Vendredi 21 mai, Jérôme Golmard, no 1 fran- L’espoir vient de sa magnifique perfor- 19 représentantes. La plus mal classée n’est nations face à la Suède. çais et 22e mondial, blessé au dos, avait mance lors du premier tour de Coupe Davis, autre que Virginie Razzano, seize ans et déclaré forfait : il était l’une des meilleures au début du mois d’avril, contre les Pays-Bas, 384e mondiale, mais championne juniors des chances françaises dans un tournoi qui espère quand il avait apporté les trois points de la Internationaux d’Australie 1999. toujours un champion français après la vic- victoire en simple comme en double (avec Et si, dimanche, aucune Française ne s’est Dopage : le malaise demeure toire de Yannick Noah en 1983. Guillaume Raoux). Il avait terminé par un tirée des qualifications, c’est que la relève est Avec deux titres empochés en 1999 et quatre beau succès sur Richard Krajicek, alors déjà partie sur les hauteurs du classement. COMME tous les grands événe- internationale de tennis (FIT) avait places de finalistes, les Français veulent pour- 4e joueur mondial. A bientôt trente ans – il les Reste que le tennis féminin français attend ments, les Internationaux de annoncé qu’un contrôle positif à la tant espérer. Las, le tirage au sort oppose, dès fêtera le 15 juin –, Cédric Pioline, aujourd’hui toujours une nouvelle championne pour suc- France de tennis ne devraient pas nandrolone, un stéroïde anaboli- le premier tour, Fabrice Santoro, vainqueur du 29e mondial, assure qu’il est en forme pour céder au palmarès de Roland-Garros à Fran- échapper au regard sourcilleux du sant, avait été pratiqué sur Petr Tournoi de Marseille, à Sébastien Grosjean, défendre les nombreux points qu’il avait gla- çoise Durr, sacrée en 1967. ministère de la jeunesse et des Korda, à Wimbledon, en juillet. Au finaliste à Key Biscayne et à Atlanta, et nés en 1998 à Paris. sports en matière de lutte contre le terme d’un feuilleton marqué par Arnaud Clément, finaliste à Marseille, consi- La neurasthénie des messieurs est d’autant B. M. dopage. En attendant d’éventuelles de nombreuses procédures, le dispositions supplémentaires, les joueur tchèque n’a pas été sus- contrôles devraient être au nombre pendu, la FTI se contentant de lui de 150 environ pendant la quin- retirer les points et l’argent gagné Steffi Graf, cinq fois lauréate des Internationaux de France zaine. lors du tournoi, ce qui avait provo- Patrice Clerc, directeur de qué la colère de nombreux joueurs Roland-Garros, n’est pas dupe. «Il (Le Monde du 19 janvier). y a des tricheurs dès lors qu’il existe « Le meilleur et le plus fort souvenir de ma carrière » une compétition », expliquait-il, LA CRÉATINE, AUSSI vendredi 21 mai. Roland-Garros a « Ce n’est sûrement pas comme « Vous avez souvent déclaré perdue contre Monica Seles, en voudrais voyager, en Afrique été l’un des premiers tournois à cela que nous résoudrons le pro- avoir été marquée par votre 1992, et celle que j’ai gagnée, notamment, et continuer à mettre des règlements et des blème », avait grondé l’Américain dernière victoire à Roland- quatre ans après, contre Arantxa m’investir pour des associations contrôles en place, en 1990. « Ce qui , ancien no 1 mondial. Garros en 1996... Sanchez. et des fondations. Le monde du est intéressant, a noté Patrice Clerc, Les troubles de l’affaire Korda se – C’était en finale contre – Est-ce pour cela que vous tennis me retrouvera très ce- c’est que les joueurs étrangers n’ont sont dissipés à la faveur de l’efface- Arantxa Sanchez. Depuis le continuez à jouer malgré les rtainement, car je vais aussi pas eu vent de l’alarme qu’il y a eu ment progressif du joueur, âgé de début du match, le public avait nombreuses blessures qui vous commencer à travailler avec des en France. » Des rumeurs avaient trente ans, qui est aujourd’hui été extraordinaire et, pendant le ont touchée depuis deux ans ? juniors. fait état de contrôles de douane et 124e mondial. troisième set, l’atmosphère est – Oui, mais la raison la plus – Après avoir gagné 21 tour- de descentes de police dans les Mais le malaise demeure. Selon devenue incroyable. Le match importante, c’est que j’aime tou- nois du Grand Chelem, et avoir chambres d’hôtel... un récent sondage publié par le était très serré [Steffi Graf avait jours le tennis. Aujourd’hui, passé près de 186 semaines à la De Yannick Noah, qui affirma mensuel de la FTI, la moitié des gagné 6-3, 6-7, 10-8]. Il y avait mon souhait le plus cher est de place de no 1 mondiale – deux voir « des mecs chargés » dans les joueurs du circuit masculin interro- tant d’amour sur le court. Je me jouer le mieux que je peux, records –, vous vous considé- tournois en août 1980, à Steffi Graf, gés ont déclaré avoir consommé de souviens bien : après les change- d’être en bonne santé et de STEFFI GRAF rez comme une légende ? qui s’étonnait de n’avoir été la créatine au cours de leur carrière. ments de côté, je revenais sur le m’amuser. Cela me touche beau- – Je suis fière de ce que j’ai réa- contrôlée que trois fois au début de Cette substance, qui permet le court et je riais. Je voulais coup d’être encore reconnue, que je n’aime pas et d’autres que lisé et de la reconnaissance que sa carrière professionnelle, ou développement musculaire, n’est prendre cette atmosphère, la surtout depuis deux ans : car je j’aime. C’est bien d’avoir des m’offre le public, mais j’ai une encore à Boris Becker, qui accusa pas plus interdite par le tennis que sentir et la garder. J’ai eu de très suis là pour pour me prouver joueuses différentes qui disent impression étrange par rapport à en décembre 1994 l’Association des par les autres sports, et elle est en beaux moments, mais la finale quelque chose et le public aime ce qu’elles pensent, mais cela cette idée. La semaine dernière, joueurs professionnels de cacher la vente libre aux Etats-Unis, où 1996 est le meilleur et le plus fort toujours autant me voir jouer. éloigne aussi l’attention sur au Tournoi de Berlin, les organi- vérité au sujet du dopage, le tennis s’entraînent bon nombre de souvenir de ma carrière. Le C’est étonnant. notre sport. L’essentiel devrait sateurs m’ont annoncé qu’ils a connu bon nombre de polé- joueurs. Les spécialistes ignorent public parisien m’aime sans – Que pensez-vous des nou- rester le tennis : ce pour quoi on allaient baptiser le court central miques et d’« affaires ». En 1996, encore les effets secondaires qu’elle doute parce que je suis comme je velles jeunes vedettes du cir- travaille si dur, c’est la priorité. de mon nom. J’étais abasourdie. Mats Wilander et Karel Novacek peut avoir sur l’organisme et suis. Les gens comprennent que cuit ? – Vous avez des projets après Je suis trop jeune pour cela, je avaient bien été contrôlés positifs à n’excluent pas que sa consomma- je fais tout pour bien jouer et – Elles tranchent un peu avec votre carrière ? joue toujours... » la cocaïne, mais ces épisodes tion proclamée ne serve à dissimu- pour gagner. C’est sans doute dû la vieille génération. Elles en – Absolument. J’ai une liste où avaient été considérés comme ler l’usage d’autres produits. aux matches serrés que j’ai eus veulent, avec leur style et leur j’écris ce que je désire faire Propos recueillis par « anecdotiques ». ici, et en particulier ma finale franc-parler. Il y a des choses après. Et elle est déjà longue. Je Bénédicte Mathieu En décembre 1998, la Fédération B. M. LeMonde Job: WMQ2505--0017-0 WAS LMQ2505-17 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:24 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 25Fap: 100 No: 0310 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI-SPORTS LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 17 Le Stade toulousain fin prêt pour la conquête L’équipe Casino d’un quinzième Bouclier de Brennus a commencé Il affrontera Montferrand en finale, samedi 29 mai, au Stade de France la course au repreneur Après avoir nettement dominé le Stade français, Jallieu (26-17), samedi 22 mai, pour atteindre la score. Une victoire offrirait aux hommes de l’en- en quarts de finale du championnat de France, le finale de l’épreuve, qui l’opposera l’AS montfer- traîneur de Guy Novès le quinzième Bouclier de Stade toulousain s’est imposé face à Bourgoin- randaise, vainqueur de Grenoble, sur le même Brennus dans l’histoire du club. Son coureur Benoît Salmon a gagné le Midi libre MONTPELLIER flamand et Stéphane Glas, deux Grande-Bretagne et des antipodes, cennie. Samedi 29 mai, au Stade de MENDE des résultats, c’est plutôt suspect », se de notre envoyé spécial transformations et une pénalité de samedi, Marc Cécillon est resté le France, le Stade toulousain tentera de notre envoyé spécial désole le fondateur de la formation. Le vieux guerrier berjallien, entré à Marc Mackenzie et d’Alexandre Pé- dernier sur la pelouse. « Je réalisais, à de conquérir son quinzième Bouclier Malgré un maillot jaune arboré Passée de 30 millions de francs de la 78e minute d’un match âpre et re- clier pour Bourgoin). Qu’importait ce moment-là, que la plus grande de Brennus, record absolu. depuis mercredi 19 mai, le Basque budget à 23 millions en janvier, levé, n’est pas parvenu à enrayer ce dernier essai de pénalité encaissé compétition, la vraie, cette atmosphère En 1997, pour son dernier titre de Alberto Martinez (Euskaltel) n’a pas l’équipe (28 salariés) est confrontée cette machine à alors qu’il ne restait plus qu’une poi- particulière des phases finales, c’était champion, le Stade toulousain si- résisté, di- au départ programmé de son princi- gagner qu’est gnée de secondes. Un dernier essai fini. » gnait un exploit inédit dans les an- manche, au pal partenaire. redevenu le pour une dernière mêlée chahutée Déçu de terminer si près d’un titre nales du rugby français : ramener, piège tendu par Des contacts encourageants, il y a Stade toulou- par un pack toulousain auquel Marc qui ne lui sourira plus ? On ne le sau- durant quatre années consécutives, les coureurs de une semaine, avec un probable re- sain après sa Cécillon et ses équipiers ont pourtant ra pas. L’homme est pudique. A le Bouclier dans l’armoire vitrée du l’équipe Casi- preneur, permettent à Vincent Lave- victoire écra- tenu, quatre-vingts minutes durant, l’heure de rentrer définitivement au club. Comme en 1994, année où ils no. Au détour nu de garder bon espoir. «Le cy- sante contre le la dragée haute. vestiaire, il n’a laissé échapper au- ont commencé cette marche victo- d’un lacet du clisme s’engage sur des voies nouvelles, Stade français, Mais contre ces Toulousains qui ne cune tristesse. Au contraire, un sou- rieuse, les Toulousains affronteront col de Montmi- assure l’ancien coureur profession- le 15 mai au voulaient surtout pas d’un scénario rire s’est dessiné sur son visage non l’AS montferrandaise, vainqueur de rat (Lozère), le nel. Il y a eu de graves erreurs. Pour- Stadium, à deux pas du Capitole. A identique à celui vécu il y a un an à rasé, tandis qu’au pied des tribunes Grenoble à Lyon. jeune Breton de vingt-cinq ans Be- quoi demande-t-on aux formations et quarante ans, Marc Cécillon, le vété- Brive à l’occasion des demi-finales, il garnies de banderoles de suppor- Désormais, Toulouse n’a plus que noît Salmon (Casino), deuxième de aux autorités du cyclisme d’apporter ran du rugby national, raccroche. Il fallait plus que cela pour gagner le teurs rouge et noir le combattant cet obstacle à franchir pour retrou- ce 51e Grand Prix du Midi libre le des réponses comme de détecter ne sera jamais champion de France. ticket d’accès à l’écran magique de berjallien applaudissait le public, qui ver sa place de meilleure équipe de matin au départ de la sixième et ul- l’usage de produits alors que les scien- Une fois de plus, lui et son Club spor- Saint-Denis. A l’instar de leur troi- le saluait à son tour. Hommage au l’Hexagone. Bourgoin, pour sa part, time étape à Sète, s’en est allé décro- tifiques restent muets ? Pourquoi les tif de Bourgoin-Jallieu, cette ville pla- sième-ligne Christian Labit, les Sta- vainqueur de ce jour, qu’en vieux n’a pas tout perdu. Marc Cécillon tire cher, à Mende, la victoire finale, lais- laboratoires fabriquant l’EPO, qui réa- cée entre Isère et Rhône, ont chuté distes ne se sentaient pas l’âme de briscard il avait essayé de déstabiliser sa révérence au terme d’une saison sant à son coéquipier Alexandre lisent d’énormes profits grâce au do- contre les Rouge et Noir de la Ville battus, ce samedi soir à Montpellier. par voie de presse en début de se- exceptionnelle. Après avoir disputé Vinokourov l’étape et la deuxième page des sportifs, ne participent-ils pas rose. Comme lors de la finale de 1997, « L’an dernier, j’étais tellement frustré maine. « Califano et Tournaire, la pre- la finale de la Conférence euro- place au général. à l’effort de recherche ? » Pour comme à l’ultime seconde de la de- de ne pas aller à Paris que, là, je sa- mière ligne de Toulouse, sont des tri- péenne en février, Bourgoin-Jallieu Avec trois autres victoires les jours Vincent Lavenu, les deux mois à ve- mi-finale de 1995, l’ancien internatio- voure », commentait cet ancien Nar- cheurs », avait-il clamé dans La jouera une autre finale le 5 juin, à précédents, l’équipe Casino a impri- nir et le Tour de France ont valeur de nal, désormais nouveau retraité de bonnais devenu Toulousain à l’aube Dépêche, le quotidien toulousain. Saint-Etienne, contre le Stade fran- mé sa domination sur l’épreuve. Voi- test. « On peut encore sauver ce sport, l’ovale, a entendu ce slogan scandé de saison 1998, un des rares de son Un vainqueur qui s’apprête à dis- çais, en espérant succéder à Tou- là qui devrait ravir Vincent Lavenu, affirme-t-il. Mais il faut nous accorder par les supporteurs toulousains : équipe à n’avoir jamais joué de finale puter la vingtième finale de cham- louse au palmarès de la Coupe de son directeur sportif, en quête d’un un temps d’adaptation et ne pas être « On vient, on gagne et on s’en va ! » à Paris. pionnat de France de son histoire, France. nouveau sponsor pour la saison trop sévère. » Samedi 22 mai, au stade de la entamée dans les premières années 2000. « Dans le contexte actuel, ali- Mosson, à Montpellier, Marc Cécil- UN EXPLOIT INÉDIT de ce siècle. La sixième de cette dé- Yves Bordenave gner une équipe combative et obtenir Y. B. lon a joué son dernier match de Même si les Toulousains furent championnat. Assuré ses plaquages. moins admirables qu’il y a une se- Lancé ses dernières charges. Poussé maine contre le Stade français, une dernière fois en mêlée. Trouvé même si les relances d’Emile Nta- son dernier et meilleur adversaire. mack firent moins de dégâts dans Quand l’arbitre a sifflé la fin de la ren- une défense berjallienne bien orga- contre, celui qui fut indifféremment nisée, Marc Cécillon n’a pu imposer deuxième ou troisième-ligne dans la son expérience face à Christian Labit, mêlée ciel et grenat ou dans la mêlée transcendé par la volonté de laver bleu-blanc-rouge, n’a même pas jeté cette frustration ruminée douze un regard vers le tableau d’affichage. longs mois durant. Bien sûr, ce coup Qu’importait ce score (26-17) en fa- du sort laisse une ligne vide sur le CV veur du Stade toulousain (un essai de rugbystique du vieux guerrier rhoda- Pierre Bondouy et un essai de pénali- nien, mais il ne gâche pas sa sortie. té, deux transformations et quatre Comme pour prolonger vingt-trois pénalités de Michel Marfaing pour années de dimanches à courir sur les Toulouse ; deux essais de Laurent Le- terrains de France, de Navarre, de Les coups de pied de Gérald Merceron propulsent Montferrand en finale LYON Taofifenua, avaient tout dévoré. Ils de notre envoyé spécial avaient pris l’ascendant dès le début Gérald Merceron est un héros très grâce à un drop d’Olivier Beaudon, discret. L’ouvreur de Montferrand puis maintenu la pression avec trois connaît, à vingt-six ans, la plus belle pénalités de Marc Beale et un essai semaine de sa carrière, mais il reste du surpuissant Henri Lugier (43e). En sagement assis dans un coin du ves- seconde mi-temps, le retour en scène tiaire du stade de Gerland. Il vient de d’Olivier Merle, absent des terrains se qualifier pour sa première finale depuis l’automne, n’avait en rien du championnat de France. Il est re- modifié le rapport des forces dans les tenu, pour la première fois, dans le phases arrêtées. groupe France, qui part en tournée Mais les Montferrandais, fébriles à dans l’hémisphère Sud en juin. Et il l’idée de rater leur « montée » à Pa- vient de ravir à son homologue du ris, ont su se contenter du minimum. Stade français-CASG, Diego Domin- Gérald Merceron, auteur d’un drop, guez, le « titre » tout à fait honori- de deux pénalités et d’une transfor- fique de meilleur marqueur du mation, a également donné une championnat. Pourtant, c’est d’un air passe décisive, un coup de pied bien presque gêné qu’il avoue se sentir dosé sur une contre-attaque, à l’ori- « comme sur un nuage ». gine de l’essai de son trois-quart Dans le vestiaire, ses partenaires centre Jérôme Morante (53e). Le flan- paradent entre douches et bancs sur ker Arnaud Costes et l’ouvreur Eric l’air des bienheureux, qui vont dé- Nicol, tout juste entré en jeu, l’ont couvrir le Stade de France le week- imité de deux autres passes au pied end suivant. La victoire arrachée in envoyées vers l’avant, un peu à la extremis (26-17) sur les Grenoblois manière des quarterbacks du football dessine des traits de joie jusque sur américain, qui ont propulsé le talen- les visages des blessés. Mais lui, le tueux Jimmy Marlu jusque dans l’en- buteur montferrandais, se contente but grenoblois (20e, 82e). « Nous d’un rictus timide. Il n’a que quelques n’avions pas spécialement travaillé mots simples pour rappeler combien cette phase de jeu, indique Gérald son équipe a été « bousculée » par Merceron. Il nous a fallu nous adapter Grenoble et comment il a été surpris à la défense de Grenoble. » par l’incroyable performance de son Gérald Merceron n’était pas titu- pack multicolore : « On était préve- laire au poste d’ouvreur au début de nus, on connaissait leur puissance en la saison. L’ancien joueur de Cognac, mêlée, mais on ne s’attendait pas à à Montferrand depuis quatre ans, a être à ce point privés de ballon. » gagné sa place à la faveur d’une bles- sure d’Eric Nicol. Le blessé est reve- UNE DÉCISION CONTESTABLE nu, mais sur le banc des remplaçants. Il ne s’attendait sans doute pas da- Pendant toute la saison, le vantage à voir le chemin de la finale « deuxième choix » des entraîneurs s’ouvrir sur une décision contestable avait été si régulier, si précieux dans de l’arbitre, qui, à quatre minutes de les tirs au but qu’il était devenu ir- la fin du temps réglementaire, a lais- remplaçable, indispensable. Le sé passer un en-avant des arrières de 15 mai, en quarts de finale, face à Montferrand, avant de siffler une pé- Castres, il avait maintenu son équipe nalité en leur faveur. A 35 mètres des en bonne position en inscrivant poteaux, Gérald Merceron n’a pas 23 points. Samedi 22 mai, à Lyon, les laissé filer l’occasion. Il l’a transfor- 11 points qu’il a inscrits l’ont confir- mée sans réfléchir, renvoyant ses mé dans son rôle prépondérant. Au- états d’âme à plus tard. teur de 304 points cette saison, Gé- Avant ce coup du sort, la demi-fi- rald Merceron déteste savoir ses nale avait été plutôt déconcertante performances réduites à son efficaci- après le festival de jeu offert lors des té dans les tirs au but. Ses trois der- quarts de finale. Comme prévu, le niers points, cette pénalité douteuse, pack du FC Grenoble s’était outra- ne le feront sans doute pas changer geusement imposé dans les secteurs d’avis sur sa condition de buteur. de conquête. Touches et mêlées, les filous associés, emmenés par Willy Eric Collier LeMonde Job: WMQ2505--0018-0 WAS LMQ2505-18 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:46 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0311 Lcp: 700 CMYK

18 / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 AUJOURD’HUI-SPORTS Marseille craint de porter le deuil d’une saison sans titre Milan s’octroie son 16e trophée Défait en Coupe d’Europe, malmené en championnat de France, le club phocéen va devoir investir à nouveau pour atteindre les sommets dont il rêve de champion Un but de Peter Luccin marqué à la 13e mi- dins de Bordeaux, qui ont dominé l’Olym- qui opposeront, samedi 29 mai, Nantes à ter, enfin, le titre quil convoite, le club, sous nute a permis à l’Olympique de Marseille de pique Lyonnais (1-0) grâce à un but de Lassi- Marseille et le Paris-Saint-Germain à Bor- la houlette de son président, Robert Louis- d’Italie s’imposer face à Auxerre (1-0), samedi na Diabaté, restent en tête du classement deaux. L’OM, vaincu (0-3) le 12 mai par Parme Dreyfus, s’apprête à dépenser quelque 22 mai, au Stade-Vélodrome. Mais, à une avec un point d’avance. La saison 1998-1999 en finale de la Coupe de l’UEFA, risque de 170 millions de francs (25,9 millions d’euros) journée de la fin du championnat, les Giron- se jouera donc lors des dernières rencontres, tout perdre. Pour conjurer le sort et empor- pour renforcer encore son effectif. de football MARSEILLE Rolland Courbis a préféré ne pas déliquescence de son équipe. Une depuis le printemps. Le Suisse pendant la saison 1999-2000. Une EN S’IMPOSANT à Pérouse (2-1), de notre envoyé spécial alimenter ce débat « pour ne pas méthode déclinée par Rolland Jean-Pierre Egger devra y remé- deuxième place en championnat dimanche 23 mai, le Milan AC a en- Un air de résignation flottait être accusé de dire des bêtises ». Courbis tout au long de cette sai- dier à partir du mois de juillet à la ne serait plus jugée satisfaisante richi son palmarès d’un 16e titre na- dans la salle de presse en cette soi- L’entraîneur marseillais avait l’es- son avec l’accent méridional en place de Jacques Vankersschaver, compte tenu des 170 millions de tional. Après deux saisons déce- rée de succès morose. L’Olym- prit occupé à ses comptes, ce qui sus. Avec ses trois champions du qui reste l’adjoint de Rolland francs (25,9 millions d’euros) que vantes, marquées par une 11e place pique de Mar- ne le rendait pas plus joyeux que monde (Laurent Blanc, Christophe Courbis. Le patron d’Adidas a éga- l’OM compte investir sur le mar- en 1997 et une 10e place en 1998, les seille venait de ses joueurs. « A une journée de la Dugarry et Robert Pires), un po- lement annoncé les priorités en ché des transferts, dont 50 millions dirigeants du club avaient dû se formaliser sa fin de la saison, nous comptons tentiel technique et un pouvoir of- matière de renforts. Là encore, il (7,6 millions d’euros) en apport contenter de joueurs « au métier 20e victoire de 68 points, soit le total qui avait per- fensif avérés, l’OM a souvent dé- s’agit, selon lui, de corriger des er- propre, le solde devant provenir consommé » comme Paolo Maldini, la saison en mis au RC Lens d’enlever le titre il y montré son savoir-faire, comme reurs. La venue durant la trêve hi- de la vente de plusieurs joueurs. Alessandro Costacurta, Demetrio championnat a un an », a-t-il clamé avant en témoignent les chiffres (cinq vernale du défenseur brésilien Ed- Le mouvement a été amorcé Albertini et Zvonimir Boban, en face à Auxerre d’ajouter, ironique : « Le droitier défaites seulement), mais le par- son lui inspire des commentaires avec Aboubacar Camara et Cyril prenant soin de renforcer le secteur (1-0) au terme Lassina Diabaté a marqué le but cours des Bordelais, remarquables sévères. En privé, il n’est pas plus Domoraud, cédés respectivement offensif par l’arrivée du canonnier d’une rencon- des Bordelais face à Lyon d’un tir du d’efficacité et de solidarité, té- tendre avec le milieu de terrain Jo- à Liverpool et à l’Inter Milan. Avec allemand Olivier Bierhoff (qui a ter- tre morne à souhait. Angoisse et gauche en pleine lucarne et Paris, moigne, quel que soit le verdict du celyn Gourvennec, engagé en juin les arrivées attendues de Dalmat miné à la deuxième place du classe- maladresses ont paralysé les ac- sur qui nous comptons désormais 29 mai, d’une montée en puis- 1998. (Lens), Marcel Desailly (Chelsea), ment des buteurs, avec 20 buts). Le teurs d’un scénario classique en pour stopper les Girondins, samedi sance soigneusement program- Contrairement à ce qui avait été Kaba Diawara (Arsenal), Daye système de jeu mis en place par le cette fin d’épreuve où la tension 29 mai, s’est incliné chez le dernier, mée. avancé lors de la nomination Prince et Sébastien Pérez (Bastia) nouvel entraîneur, Alberto Zacche- nerveuse nivelle les valeurs. L’OM Toulouse. Tout cela est normal, bien Après avoir pesté pendant des d’Yves Marchand comme pré- ainsi que d’un jeune attaquant ar- roni, a permis aux « Rossoneri » de a dominé, poussé, concrétisé (but entendu. » mois contre l’insolente réussite de sident délégué du club, le 30 avril, gentin, l’Olympique de Marseille, succéder à la Juventus de Turin, de Peter Luccin dès la 13e minute) ce rival encombrant, l’OM s’est ré- Robert Louis-Dreyfus reste très qui termine l’exercice 1998-1999 grâce notamment à sept victoires avant de s’éroder et d’irriter ses INTROSPECTION DOULOUREUSE solu à une introspection doulou- impliqué dans la vie de l’OM et avec un déficit d’environ 85 mil- consécutives. Les hommes du pré- 56 000 supporteurs. Sans un ex- Son collègue auxerrois, Guy reuse d’une année qui pourrait partage avec Rolland Courbis les lions de francs (13 millions d’eu- sident Silvio Berlusconi ont terminé ploit de leur gardien de but, Sté- Roux, a tenté d’étouffer le désarroi tourner court après la défaite (0-3) négociations concernant le recru- ros), entend affirmer dès l’été une avec un point d’avance sur la Lazio phane Porato, qui a détourné une d’une 16e place lourde de menaces face à Parme en finale de la Coupe tement de nouveaux joueurs. La suprématie sans partage sur le Rome, victorieuse de Parme (2-1). reprise de volée de Bernard Dio- en abreuvant l’assistance de méta- de l’UEFA, le 12 mai. Le président, complicité entre les deux hommes, championnat français avant de rê- mède, les Marseillais auraient per- phores ou de plaisanteries soi- Robert Louis-Dreyfus, a listé les parfois amèrement commentée au ver d’un nouveau destin européen. DÉPÊCHES du, dès samedi 22 mai, leur duel au gneusement préparées pour élu- travers. Il s’est étonné de la condi- club, reste solide. Elle sera cepen- a Manchester United s’est adjugé sommet avec Bordeaux. Mais, à der les questions sur la tion physique précaire de l’effectif dant mise à l’épreuve des résultats Elie Barth la 118e Coupe d’Angleterre, une se- l’heure des sentences d’après maine après son titre de champion, match, vainqueurs et vaincus par- samedi 22 mai à Wembley, en bat- tageaient un même dépit. tant Newcastle (2-0). Christophe Dugarry a inauguré Bordeaux premier, mais pas encore champion a Le FC Barcelone a décroché, la litanie des lamentations en tan- l’année de son centenaire, son çant le Paris-Saint-Germain, ul- BORDEAUX le joueur. On pressentait depuis le également emporté, la situation 90 », martèle-t-il aujourd’hui. Le 16e titre de champion d’Espagne en time obstacle au triomphe borde- de notre envoyé spécial début qu’il allait se jouer à la der- en tête du classement restait en football d’Elie Baup est d’une pré- s’imposant à Alavés (1-4), samedi lais, le 29 mai au Parc des Princes. Il l’avait dit. « Je l’avais dit : il nière journée. » l’état. cision horlogère. 22 mai. « J’espère que le PSG sera aussi mo- faudra attendre les arrêts de jeu de Donc, c’était dit, c’était écrit Par une malice du calendrier, Les Bordelais s’attendaient a CYCLISME : le Français Laurent tivé pour ce match que face à nous, la dernière journée pour connaître même. « Fatalitas ! », s’excla- chaque équipe rencontre, lors de donc à ce dernier embarquement Jalabert a repris dimanche 23 mai, a déclaré l’attaquant international. le champion de France. » L’entraî- maient en chœur les Bordelais, la dernière journée, son adver- pour l’angoisse. Ils n’ont donc pas pour deux centièmes de seconde, le Mais, pour vous dire le fond de ma neur de Bordeaux, Elie Baup, comme autant de Chéri-Bibi. Ces saire de la première. Pour boucler paru surpris. Mais leur apparente maillot de leader du Giro à l’Italien pensée, je ne crois pas que les Pari- oracle à l’inamovible casquette de professionnels du football fai- la boucle, les Bordelais devront se philosophie, ce samedi, masquait Marco Pantani, qui l’avait endossé la siens manifesteront le même enga- baseball, savait donc depuis une saient acte d’humilité devant les rendre au Parc des Princes, same- à peine leur désappointement. veille dans la première arrivée en gement, je suis pessimiste. » Pour semaine que l’avant-dernière rebonds capricieux du ballon et de di 29 mai, et affronter le Paris- Tant les joueurs auraient bien ai- haute montagne. Les contrôles anti- les Marseillais, il y a de quoi pester journée, jouée samedi 22 mai, se- la fortune. Les Girondins avaient Saint-Germain, emplis des mêmes mé pouvoir se déjuger, ce samedi dopage du Comité national olym- contre un sort si cruel : seul un ex- rait tirée à blanc. François Grenet, battu Lyon (1-0), mais s’inclinaient incertitudes que lorsqu’ils ren- soir, dire : « Nous nous sommes pique italien (Le Monde du 23 mai) ploit du PSG devant les Girondins Nostradamus à crampons, y devant les puissances obscures de contraient cette même équipe, le trompés », chavirant de bonheur continuent de provoquer des inci- permettrait à l’OM d’emporter le voyait même une sorte de desti- leur sport, dieux cabots qui 8 août. « Il reste 180 minutes à et buvant leur honte dans une dents. Les équipes italiennes sprint final à condition de s’impo- née. « Ce championnat s’annonçait avaient décidé de les faire trimer jouer », serinait Elie Baup, la se- flûte à champagne. Lampre, Polti et Saeco ont annoncé, ser dans l’intervalle à Nantes. comme extraordinaire, expliquait encore un peu. Marseille l’ayant maine passée. « Il en reste encore Les spectateurs espéraient éga- dimanche 23 mai dans la soirée, lement un dénouement après dix qu’elles refuseraient de se sou- Le championnat de France de football de D1 mois à se ronger les ongles. Les mettre aux contrôles prévus lundi supporteurs avaient deux yeux au 24 mai au matin. Les précédents 33e JOURNÉE CLASSEMENT Tout reste possible... Parc Lescure et une oreille au examens, vendredi 21 mai, se sont Marseille-Auxerre 1-0 Stade-Vélodrome. Au bout d’un soldés par deux contrôles positifs. Points J G N P Diff. Chgts Séries LA 33e et avant-dernière jour- l’équipe qui s’en tirera le mieux quart d’heure, il se fit même un Les coureurs incriminés n’ont pas Rennes-Metz 1-0 1 Bordeaux 69 33 21 6 6 + 36 NPPGG née du championnat de France participera au tour préliminaire bref silence quand Peter Luccin a été exclus. Bastia-Nantes 1-0 2 Marseille 68 33 20 8 5 + 27 GPNPG de première division, samedi de la Ligue des champions ; les inscrit le but marseillais. La ru- a GOLF : l’Américain Tiger Woods Bordeaux-Lyon 1-0 3 Lyon 60 33 17 9 7 + 19 GPNGP 22 mai, n’aura pas apporté le deux autres joueront la Coupe meur a couru les travées comme a conservé la tête du Tournoi des Le Havre-Montpellier 1-1 4 Monaco 59 33 17 8 8 + 19 GNGGG lot de certitudes attendues, ce de l’UEFA aux côtés de Nantes une ola supersonique. Bordeaux champions, épreuve du circuit euro- Strasbourg-Lens 1-1 5 Rennes 59 33 17 8 8 + 9 GGGPG qui confère à la dernière jour- et de Lens, déjà qualifiés en rai- devenait alors virtuellement péen, à l’issue du troisième tour, dis- 6 Nantes 33 PNGGP née, samedi 29 mai, un carac- son de leurs succès en Coupe deuxième. puté dimanche 23 mai sur le par- Toulouse-Paris SG 2-1 48 12 12 9 + 7 7 Lens 46 33 13 7 13 + 1 PGNPN tère particulièrement palpitant. de France et en Coupe de la La crispation était à son cours de Saint-Léon-Rot, en Lorient-Sochaux 4-1 8 Montpellier 40 33 10 10 13 0 1 PNPNN Dans le haut comme dans le Ligue. comble. Sur le terrain également, Allemagne. Nancy-Monaco 1-2 9 Paris-SG 39 33 10 9 14 0 1 NGPGP bas du classement, tout est Avec des motivations di- où la formation girondine jouait a HANDBALL : la Russie, victo- 10 Strasbourg 38 33 81411 Ð 5 1 GGNPN donc encore possible. Bordeaux verses, cinq clubs – Montpellier, les dents serrées face à un adver- rieuse de la France (31-30) dimanche LES CARTONS e Rouges Jaunes 11 Bastia 38 33 10 8 15 Ð 6 2 NNNPG et Marseille peuvent, l’un PSG, Strasbourg, Bastia et Nan- saire lyonnais ultradéfensif. Lassi- 23 mai, a emporté le 13 Tournoi in- 12 Nancy 38 33 10 8 15 Ð 10 2 PGNGP comme l’autre, devenir cham- cy – peuvent encore arracher la na Diabaté allait cependant apai- ternational de Paris-Bercy. Les pion, même si l’équipe d’Aqui- huitième place, synonyme de ser les doutes d’une frappe de champions du monde en titre de- 13 Metz 36 33 81213Ð 10 1 NNGNP 1 Auxerre 0 55 taine paraît la mieux partie. Les Coupe Intertoto. 20 mètres dans la lucarne de Gré- vancent l’Espagne, la France et la 2 Nantes 1 37 14 Le Havre 35 33 81114Ð 14 1 GPNNN Girondins se déplaceront au En s’inclinant lourdement à gory Coupet (31e). Suède. 15 Lorient 35 33 81114Ð 15 1 NPGPG 3 Rennes 1 58 Parc des Princes, face à un PSG Lorient (1-4), Sochaux est « On est les premiers ! », enton- a MOTOCYCLISME : l’Espagnol 16 Auxerre 34 33 81015 Ð 7 2 PNPNP 16 Paris-SG 6 65 passablement démobilisé, ainsi condamné à la deuxième divi- nait mezzo voce, au coup de sifflet Alex Criville (Honda) a enlevé di- 17 Sochaux 33 NGNGP 17 Lens 8 64 32 61413Ð 24 qu’ont pu le constater les foot- sion. Les Bretons ne sont pas final de l’arbitre Gilles Veissière, manche 23 mai le Grand Prix de PPPPG 18 Bastia 13 92 18 Toulouse 29 33 61116Ð 27 balleurs toulousains, vain- sauvés pour autant, même s’ils un public bordelais qui aurait tant France au Castellet (Var) dans la ca- LES ATTAQUES 1 Bordeaux 63 buts ¥ 2 Marseille 55 buts ¥ 3 Monaco 51 buts. queurs par 2 buts à 1 alors ont laissé la seizième place à aimé hurler : « On est les cham- tégorie des 500 cc, devant l’Améri- qu’ils ont déjà les deux pieds en Auxerre, que l’on a rarement vu pions ! » Le club espère depuis cain John Kocinski (Honda) et le Ja- LES DÉFENSES 1 Bordeaux 27 buts ¥ 2 Marseille 28 buts ¥ 3 Lyon 29 buts D2. Les Phocéens, eux, se ren- en si mauvaise posture. 1987 un titre national, qui serait ponais Tetsuya Harada (Aprilia). Il LES BUTEURS 1 Wiltord (Bordeaux) 20 buts • 2 Caveglia (Lyon), Laslandes (Bordeaux) dront à Nantes avec l’obligation La menace de la relégation son cinquième, Il lui faudra pa- renforce sa place de leader du et Nonda (Rennes) 15 buts. de gagner. pèse également sur Metz et sur tienter encore. Au moins un championnat du monde des pilotes. 34e JOURNÉE : Samedi 29 mai : Nantes-Marseille, Paris SG-Bordeaux, Lyon-Strasbourg, La troisième place sera l’objet Le Havre, qui s’affronteront, sa- match. a RUGBY : Lawrence Dallaglio, Auxerre-Rennes, Monaco-Lorient, Montpellier-Bastia, Metz-Le Havre, d’une bataille à distance entre medi, lors du dernier match de capitaine de l’équipe d’Angleterre, Lens-Toulouse, Sochaux-Nancy. Lyon, Monaco et Rennes : championnat. Benoît Hopquin devait s’expliquer, lundi 24 mai, de- vant les autorités du rugby anglais après un article de l’hebdomadaire News of the World, dans lequel il a Les judokas français ont retrouvé le goût du combat reconnu s’être « fait beaucoup BRATISLAVA des entraîneurs nationaux, cham- qu’une forme de saturation nous Cet état d’esprit retrouvé corres- coup comme « fini », le champion d’argent en vendant de la cocaïne de notre envoyé spécial pion olympique en 1988. « Nous avait conduits à moins travailler que pond au retour en équipe de France du monde 1991 a réussi à vaincre avant de [se] lancer dans le rugby ». En 1998, à pareille époque, les en- sortions de trois années de folie, avec par le passé, explique Marc de trois des meilleurs judokas fran- le scepticisme des entraîneurs et à Il a aussi indiqué avoir pris de l’ec- traîneurs de l’équipe de France fai- les Jeux d’Atlanta en 1996 et les Alexandre. Ce que l’on voit au- çais de la décennie : Djamel Bouras, reprendre, à trente-deux ans, sa stasy et de la cocaïne avec certains saient grise mine. Dimanche championnats du monde 1997 dispu- jourd’hui est un premier frémisse- David Douillet et Stéphane Trai- place en équipe de France. De- de ses équipiers des Lions britan- 23 mai, alors que le rideau était tés à Paris, renchérit Fabien Canu. Il ment. Mais c’est dans seize mois, aux neau. Les deux premiers – pour des puis six mois, il en est devenu le niques lors de leur tournée victo- tombé sur les championnats d’Eu- y a eu décompression, et l’affaire Jeux de Sydney, qu’il faudra être là. » raisons bien différentes – dispu- phare, dans les tempêtes (les rieuse, en 1997, en Afrique du Sud. rope de judo, disputés à Bratislava Bouras est venue se greffer là-dessus. taient leur première grande compé- championnats d’Europe par a SPORTS ÉQUESTRES : le Fran- (Slovaquie), les visages étaient sou- C’est tout l’édifice qui a été déstabili- DES QUALITÉS INTACTES tition depuis un an et demi. Mais si équipes) comme dans les succès. çais Thierry Pomel, sur « Thor des riants et les discours au beau fixe. sé. » Les judokas français ont fait David Douillet n’était là que pour En disposant nettement du Polo- Chaînes », a gagné samedi 22 mai « L’esprit de combat, qui est indis- Entre la question du dopage, qui preuve, à Bratislava, d’une louable reprendre contact avec la compéti- nais Pavel Nastula, pourtant le Grand Prix du concours interna- pensable dans notre sport et que sème la zizanie au sein même de volonté de vaincre. Une volonté qui tion et ne semblait pas particulière- champion olympique et du tional de sauts d’obstacles de Rome. nous avions perdu l’an dernier, est de l’équipe de France, des contrôles s’est exprimée à travers les titres de ment mortifié par ses deux défaites, monde en titre, samedi 22 mai, en retour », se réjouit Fabien Canu, le positifs au cannabis de l’un des ri- Stéphane Traineau (son quatrième, Djamel Bouras était visiblement finale des championnats d’Eu- directeur technique national. vaux français de Djamel Bouras, au niveau européen, six années impatient de retrouver sa place au rope, il a su montrer la voie à ses a LOTO Les Français ont remporté six Darcel Yandzi, la longue indisponi- après le précédent), Sarah Nichilo- sommet de la hiérarchie internatio- cadets. Résultats des tirages n°41 effectués samedi médailles en 1999, comme en 1998. bilité de David Douillet, les résul- Rosso, Larbi Benboudaoud (déjà nale. « La présence d’athlètes ayant 22 mai. Premier tirage : 1, 10, 11, 23, 25, 45, numéro Mais quatre d’entre elles sont d’or tats médiocres des Français, qui vainqueurs l’an dernier) et Céline Le champion olympique a mon- déjà remporté des grands titres est complémentaire : 15. Rapports pour 6 numéros : cette année, contre seulement deux culminent avec la cinquième place, Lebrun (son premier), la médaille tré des qualités intactes, mais va essentielle au sein d’une équipe, 2 267 545 F, 345 662 ¤ ; pour 5 numéros et le un an auparavant, ce qui permet au et la passivité des garçons aux d’argent de Magali Baton et celle de devoir s’étoffer physiquement note-t-il. L’équipe de France, complémentaire : 58 815 F, 8965 ¤ ; 5 numéros : 3 300 F, 503 ¤ ; 4 numéros et le complémentaire : judo français de reprendre la pre- championnats d’Europe par bronze de Djamel Bouras, mais pour se remettre au niveau d’une comme les autres, a besoin de re- 196 F, 29 ¤ ; 4 numéros : 98 F, 14,9 ¤ ; 3 numéros mière place dans la hiérarchie euro- équipes, en octobre 1998, l’abatte- aussi les sanglots amers de la cham- catégorie dont la limite de poids pères. Quand je suis arrivé, en et le complémentaire : 22 F, 3,3 ¤ ; 3 numéros : péenne. Et, surtout, l’état d’esprit ment cède la place à l’inquiétude. pionne olympique Marie-Claire est passée, en son absence, de 78 1988, les miens s’appelaient Patrick 11F, 1,6 ¤. n’est plus le même. En juin 1998, le directeur tech- Restoux, restée au pied du podium à 81 kilos. Roux, Marc Alexandre ou Fabien Deuxième tirage : 5, 7, 20, 21, 41, 43, numéro complémentaire : 46. « Au soir des championnats d’Eu- nique national et les entraîneurs avec une probable fracture du nez, Pour ce qui concerne Stéphane Canu. » Onze années plus tard, la Rapports pour 6 numéros : 7 276 115 F, 110 688 ¤ ; rope 1998, j’étais dans l’état de quel- s’enferment une journée entière ou les larmes inextinguibles d’Eric Traineau, il s’agirait plutôt de re- distribution des rôles a changé, pour 5 numéros et le complémentaire : 227 190 F, qu’un qui ne sait plus où il en est, qui pour tenter de trouver des anti- Despezelle, l’un des six jeunes conquête. Relégué au rang de mais le scénario reste le même. 34 632 ¤ ; 5 numéros : 6 630 F, 1 010¤ ; 4 numé- ¤ se demande ce qui lui tombe sur la dotes à la morosité qui menace de Français qui disputaient là leurs remplaçant après les Jeux ros et le complémentaire : 296 F, 45 ; 4 numéros : 148 F, 22,5 ¤ ; 3 numéros et le complémentaire : tête », raconte Marc Alexandre, l’un s’installer. « Nous avons réalisé premiers championnats d’Europe. d’Atlanta et considéré par beau- Gilles Van Kote 28 F, 4,2 ¤ ; 3 numéros : 14 F, 2,1 ¤. LeMonde Job: WMQ2505--0019-0 WAS LMQ2505-19 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:44 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0312 Lcp: 700 CMYK

AUJOURD’HUI LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 19 ------Temps agréable, parfois nuageux 25 MAI 1999 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé MARDI, les pressions sont rela- quera entre 20 et 24 degrés. vers 12h00 DU VOYAGEUR tivement hautes sur la France. Le Poitou-Charentes, Aquitaine, front peu actif qui circule sur les La matinée sera Midi-Pyrénées. – Peu îles Britanniques descendra sur bien ensoleillée, mais des nuages Belfast nuageux a LANGUES. Destinés à faciliter le une moitié nord du pays. envahiront le ciel de Poitou-Cha- Liverpool séjour en pays étranger du tou- Dublin Bretagne, pays de Loire, rentes à la mi-journée. Sur Aqui- Varsovie Kiev riste, de l’homme d’affaires ou de Les nuages taine et Midi-Pyrénées le ciel se l’étudiant, quatre guides de Basse-Normandie. – Amsterdam Berlin Brèves présents sur le sud de ces régions voilera. Les températures seront éclaircies conversation, pratiques et simples, s’évacueront et laisseront place à comprises entre 20 et 26 degrés. Londres pour ceux qui ignorent l’arabe, le 50 o Bruxelles un ciel ensoleillé malgré quelques Limousin, Auvergne, Rhône- Prague chinois, le hongrois ou le tchèque. nuages. Le thermomètre indiquera Alpes. – Le temps sera bien enso- Couvert Tout ce qu’il faut savoir au restau- de 16 à 17 degrés sur les côtes de la leillé. Le ciel s’ennuagera toutefois Paris Strasbourg Vienne rant, à l’hôtel, dans les magasins, Budapest Manche et de 20 à 22 degrés ail- sur le nord de ces régions. Quel- Brume etc., avec une approche de la leurs. ques orages pourront éclater sur Nantes grammaire et un court diction- Berne brouillard Nord-Picardie, Ile-de-France, les Alpes. Le thermomètre monte- Bucarest naire. A noter la transcription pho- Centre, Haute-Normandie, Ar- ra entre 20 et 26 degrés. Lyon nétique de tous les mots. Collec- Milan Belgrade dennes. – Les nuages seront nom- Languedoc-Roussillon, Pro- Sofia Averses tion « Langues vivantes », éditions breux le matin puis s’évacueront vence-Alpes-Côte d’Azur, Toulouse Istanbul du Dauphin (tél. : 01-43-27-79-00), vers l’est. L’après-midi sera alors Corse. – La journée sera très enso- 80 F (12 ¤). Pluie ensoleillée sur ces régions. Les leillée. Les températures seront es- Rome a INDONÉSIE. Après une année températures seront comprises tivales, avec 22 à 26 degrés. Barcelone Naples 1998 assez médiocre (baisse de entre 20 et 22 degrés, localement 40 o Madrid 17 % à la suite des troubles de mai 16 à 17 degrés sur les côtes de la Lisbonne Athènes Orages à Djakarta), le tourisme indoné- Manche. sien connaît un regain pour les Champagne, Lorraine, Alsace, Séville trois premiers mois de l’année La (augmentation de 7,4 % ; plus de Bourgogne, Franche-Comté. – Tunis Neige journée sera nuageuse, surtout Alger 23 % à Bali). Le climat reste néan- l’après-midi. Le soleil percera par moins tendu aux Moluques, aux moments. Le thermomètre indi- Rabat 0o 10o 20o Vent fort Célèbes et au Timor-Oriental.

PRÉVISIONS POUR LE 25 MAI 1999 PAPEETE 24/29 P KIEV 13/21 N VENISE 16/24 N LE CAIRE 19/31 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 25/32 N LISBONNE 18/32 S VIENNE 13/23 S MARRAKECH 20/34 N et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; ST-DENIS-RÉ. 21/27 N LIVERPOOL 7/15 S AMÉRIQUES NAIROBI 15/24 S EUROPE LONDRES 9/18 N BRASILIA 15/28 S PRETORIA 8/19 S C : couvert ; P : pluie ; * : neige. AMSTERDAM 11/14 S LUXEMBOURG 10/19 N BUENOS AIR. 3/17 N RABAT 17/28 C FRANCE métropole NANCY 11/19 N ATHENES 17/21 N MADRID 15/32 S CARACAS 25/31 S TUNIS 16/27 S AJACCIO 12/22 S NANTES 12/20 N BARCELONE 16/23 S MILAN 16/24 P CHICAGO 10/17 N ASIE-OCÉANIE BIARRITZ 11/20 S NICE 15/23 S BELFAST 6/14 C MOSCOU 10/20 C LIMA 15/22 S BANGKOK 25/33 C BORDEAUX 13/24 S PARIS 11/20 S BELGRADE 13/22 S MUNICH 12/20 N LOS ANGELES 17/22 S BOMBAY 27/31 C BOURGES 13/22 N PAU 10/20 S BERLIN 10/19 P NAPLES 13/25 S MEXICO 13/24 S DJAKARTA 26/30 C BREST 10/16 S PERPIGNAN 15/24 S BERNE 12/18 N OSLO 5/16 N MONTREAL 13/18 P DUBAI 28/37 S CAEN 11/14 S RENNES 11/19 S BRUXELLES 11/16 N PALMA DE M. 14/26 S NEW YORK 15/19 N HANOI 27/32 C CHERBOURG 9/17 S ST-ETIENNE 13/19 S BUCAREST 11/24 S PRAGUE 11/23 N SAN FRANCIS. 10/17 S HONGKONG 26/27 P CLERMONT-F. 12/20 S STRASBOURG 12/19 N BUDAPEST 13/22 S ROME 16/25 S SANTIAGO/CHI 1/13 S JERUSALEM 19/30 N DIJON 13/21 S TOULOUSE 15/23 S COPENHAGUE 7/14 N SEVILLE 18/36 N TORONTO 10/15 C NEW DEHLI 26/36 S GRENOBLE 14/23 S TOURS 12/19 N DUBLIN 6/15 C SOFIA 10/17 N WASHINGTON 16/23 N PEKIN 14/24 S LILLE 10/16 S FRANCE outre-mer FRANCFORT 12/20 C ST-PETERSB. 11/19 N AFRIQUE SEOUL 15/24 S LIMOGES 12/18 N CAYENNE 23/28 P GENEVE 13/21 N STOCKHOLM 9/17 S ALGER 13/26 S SINGAPOUR 27/30 P LYON 16/23 S FORT-DE-FR. 25/31 S HELSINKI 8/18 C TENERIFE 13/19 N DAKAR 21/26 S SYDNEY 13/20 S MARSEILLE 14/27 S NOUMEA 22/26 S ISTANBUL 14/19 S VARSOVIE 11/21 S KINSHASA 22/30 N TOKYO 19/28 C Situation le 24 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 26 mai à 0 heure TU ASTRONOMIE Habitants célestes : le Dragon Le Soleil, star

Entre Petite et Grande Ourse LES PROMENADES célestes moins deux légendes permettent rieur, avait été construit de façon ressemblent à des jeux de piste. d’expliquer la présence de ce à se trouver exactement dans l’axe à l’Observatoire Comment ne pas se perdre dans la monstre dans le ciel. La première de cet astre symbolique qu’était multitude d’étoiles une fois la nuit fait référence au long combat que Thuban à l’époque. Malheureuse- de Paris Etoile polaire venue ? Heureusement, d’astu- les dieux de l’Olympe livrèrent aux ment, les calculs rétrospectifs des cieux itinéraires fléchés aident le géants. Bien connue comme astronomes modernes montrent EN PRÉVISION de l’éclipse totale Petite Ourse regard à voyager dans l’infini. déesse de la sagesse, Athéna n’en que, dans ce cas, les Egyptiens, qui de Soleil qui traversera la France le L’essentiel est de trouver le point était pas moins une guerrière, sor- construisirent la grande pyramide 11 août, l’Observatoire de Paris de départ. La Grande Ourse, par tie armée et casquée de la tête de aux environs de 2600 avant Jésus- consacre à notre étoile une exposi- chance, nous rend le service son père Zeus, auquel elle em- Christ, s’étaient trompés dans tion présentée sur les sites de Paris d’être, sous nos latitudes, fidèle au pruntait souvent le bouclier leurs plans... et de Meudon. Une douzaine de poste toute l’année et de crever le – l’égide – et la foudre. Opposée La deuxième légende grecque panneaux abordent les aspects de la ciel de son évidence. Ses sept au Dragon, la déesse aux yeux expliquant la présence d’un dra- physique solaire sur trois niveaux de étoiles ressemblant, selon les pers saisit l’animal et le lança avec gon dans les cieux fait appel à une compréhension : une bande dessi- goûts, à un chariot ou à une casse- tant de force qu’il en atteignit les version particulière des douze tra- née autour de son héros, le photon, role, ne peuvent se rater. A partir confins de l’univers, non loin du vaux d’Hercule (Héraclès pour les s’adresse aux enfants des écoles pri- Thuban de là, on en déduit la position de pôle céleste. Arrivé dans ces Hellènes). Pour s’emparer des maires ; un niveau médian com- l’étoile Polaire (Le Monde du froides contrées, le monstre gela pommes d’or du jardin des Hespé- mente avec clarté images et sché- 19 janvier) et celle de la Petite sur place. rides, le héros, fruit d’un des nom- mas ; le dernier niveau, enfin, Ourse. breux adultères que Zeus commit, s’adresse aux lycéens dotés d’un bon Grande Ourse Pour continuer la promenade L’ERREUR DES ÉGYPTIENS tua le dragon Ladon qui en avait la bagage scientifique et fait ressortir Dragon vers une autre constellation, reve- L’histoire est belle et, comme garde. Pour honorer celui que son les lois de la physique générale s’ap- nons quelque peu sur nos pas. bien des mythes, contient une ennemi intime avait occis, Héra, la pliquant à chaque phénomène. Entre Petite et Grande Ourse, un part de vérité plus importante femme de Zeus, transforma le discret et long ruban d’étoiles se qu’on ne le soupçonne a priori. En Dragon en constellation. Ironie du ૽ A l’Observatoire de Paris, salle déroule. Il semble entourer la Pe- effet, en raison de la précession sort, lorsqu’Hercule fut à son tour Cassini, 61, avenue de l’Observa- tite Ourse avant de prendre un vi- des équinoxes, l’étoile Thuban, la transporté dans le ciel, il trouva toire, Paris-14e. Mo Denfert-Roche- SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE • vendredi 28 mai 1999 (à Paris) rage en épingle à cheveux et de se plus brillante du Dragon, fut la naturellement sa place près du reau. Jusqu’au 4 août 1999. A l’Ob- terminer en un losange un peu Polaire dans la lointaine Antiquité, monstre. Un de ses pieds se situe servatoire de Meudon biscornu. Lui aussi visible quelle vers 2800 avant Jésus-Christ... d’ailleurs au-dessus de la tête du (Hauts-de-Seine), salle de confé- que soit la saison, le grand Dragon Certains estiment même que le Dragon, comme si, par-delà la rences du château, 5, place Jules- rôde autour du nord céleste. puits nord de la pyramide de mort, Hercule voulait encore Janssen. Du 5 juin au 10 juillet. Ou- 5 h 57 21 h 39 19 h 47 5 h 53 Lever Coucher Lever Coucher L’animal en impose. Bien des ci- Kheops – la plus grande du pla- triompher de la bête. vert les mercredis et samedis (sauf le 29/5 vilisations l’ont incorporé à leurs teau de Gizeh –, reliant la jours fériés), de 13 heures à Infographie : Le Monde mythes. Dans la Grèce antique, au chambre du sarcophage à l’exté- Pierre Barthélémy 18 heures. Entrée libre.

Ł SOS Jeux de mots : MOTS CROISÉS PROBLÈME No 99122 3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min). AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 122

taille. Les deux cinquièmes de trois. – 7. Une force qu’il faut aller chercher à la source. – 8. Attardé. Un peu Les bicyclettes néerlandaises secoués. – 9. Romains. Ouvre la Dans cette petite ville des Pays-Bas, le recensement Combien de familles possèdent trois vélos ? marche. Conjonction. Le titane. – fait apparaître 2 000 familles et 5 495 vélos. Il n’y a en 10. Le gros fait pouce. Transport éco- effet que trois catégories de familles : celles qui pos- Elisabeth Busser logiste. – 11. Gros problème sanguin. sèdent 2 vélos, celles qui possèdent 3 vélos et celles et Gilles Cohen qui en possèdent 4. Coïncidence étonnante : deux de © POLE 1999 Philippe Dupuis ces catégories comptent le même nombre de familles. Solution du problème dans Le Monde du 1er juin.

SOLUTION DU No 99121 Solution du problème no 121 compose en 12 blocs, HORIZONTALEMENT paru dans Le Monde du 18 mai. on en déduit que la 12345678 couleur blanche est I. Chauffe-plat. – II. Harnois. Uni. – b Une des solutions possibles est utilisée 4 fois au total A III. Ali. Retords. – IV. Lester. OAS. – obtenue en remplissant les deux des lignes A et H. V. Lit. Tienne. – VI. Enorme. premières lignes, par exemple De même, la couleur B Tu. – VII. Né. Aa. Iodés. – comme ci-contre, puis en repro- blanche est utilisée VIII. Egrappe. – IX. Egrenée. Cas. – duisant trois fois ce motif décalé 12 fois au total des colonnes 2 à 7, cases A1, A8, H1 et H8. X. Uriner. Uri. – XI. Rentraiture. de deux lignes vers le bas. et 9 fois dans le carré 6 × 6 cen- b La solution est généralisable à b Dans chaque bloc 2 × 2, cha- tral. Elle est donc utilisée 3 fois au tout rectangle comportant un VERTICALEMENT cune des quatre couleurs est re- total des colonnes 2 à 7 lignes A nombre pair de lignes et un présentée une fois. L’échiquier et H. On en conclut qu’elle n’est nombre pair de colonnes, donc au 1. Challengeur. – 2. Haleine. Gré. – est décomposable en 16 blocs. utilisée qu’une fois au total des carré 10 × 10. 3. Aristo. Erin. – 4. Un. Ragent. – Une couleur, la blanche par HORIZONTALEMENT homme. Fin de verbe. En régions et 5. Fore. Marner. – 6. Fierté. Aéra. – exemple, sera donc répétée 12345678 dans l’Orne. – X. Forme musicale 7. Est. Ipé. – 8. Esop (pose). 16 fois dans un coloriage. Par dif- I. Liaison étroite. – II. Plein d’illu- espagnole. Apporte son soutien. – Ut. – 9. Luron. Décru. – 10. Andante. férence avec le rectangle 8 × 6 re- A sions au passage. Une petite partie XI. Un titre pour les princes. Air. – 11. Tisseuses. présenté ci-dessous qui se dé- de la rose. – III. Tremble parfois. Per- sonnel. – IV. Dans la gamme. Acces- VERTICALEMENT soire du saint-bernard. – V. Annon- çait la fin. Sorti du lot. Mélange 1. Manquent de moyens. – 2. Il ne gazeux. – VI. Le sixième voit venir. faut surtout pas en perdre une seule. Etendue désertique. Saint normand. Heureuse. – 3. Pièce rapportée. Ali- – VII. Tous les autres en raccourci. mente les rouleaux pour une bonne Des céréales et des baies de genièvre. impression. – 4. Saisie arrêt. Posses- – VIII. Mauvaise disposition face à sif. – 5. Chambre froide. Préposition. l’autre. – IX. Nom d’un petit bon- Lettres d’intention. – 6. Prise à la H LeMonde Job: WMQ2505--0020-0 WAS LMQ2505-20 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0313 Lcp: 700 CMYK

20 CULTURE LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 RÉCOMPENSES CANNES 99 de nos envoyés spéciaux Les moments de distribution de Radical Un palmarès très francophone prix prédisposent rarement à l’élégance. Les vainqueurs se LES PLUS EXIGEANTS des ciné- habitué à célébrer les charmes de pour lui préférer un salmigondis b Palme d’or (à l’unanimité) : Rosetta, de Luc et Jean-Pierre Dardenne laissent déborder par l’émotion et philes ne pouvaient imaginer que le très jeunes filles très profession- mêlant la dureté des séances pho- (Belgique). la joie, les déçus font grise mine. jury du 52e Festival international du nelles ou de gloires flattant autre- to, la douleur des enfants et les b Grand Prix - Cannes 1999 : L’Humanité, de Bruno Dumont (France). On remercie son producteur, ses film de Cannes, présidé par le réali- ment leurs penchants émotifs. Le souffrances de la guerre... Inouï. b Mise en scène : Pedro Almodovar, pour Tout sur ma mère (Espagne). proches, ses acteurs, mais on ne sateur canadien David Cronenberg, réalisateur Bruno Dumont parais- Dieu merci, la faconde et le charme b Interprétation féminine (ex aequo) : Emilie Dequenne, dans Rosetta, pense qu’à soi. Il était donc oserait un palmarès si radical. Au sait le moins surpris : « Les cinéastes du cinéaste espagnol Pedro Almo- et Séverine Caneele, dans L’Humanité. d’autant plus agréable, lors de la point que les invités qui se pres- de parti pris, qui aiment avant tout dovar devaient unir tous les ama- b Interprétation masculine : Emmanuel Schotté, dans L’Humanité. cérémonie de clôture du Festival saient dans le Grand Auditorium l’étrange, le bizarre, l’imaginaire, teurs de cinéma dans la même fer- b Scénario : Yuri Arabov et Marina Koreneva, pour Moloch, d’Alexandre de Cannes, de voir quelques Lumière du palais des festivals le sont des hommes qui marchent de- veur. Le lauréat du prix de la mise Sokourov (Russie). personnes faire exception. 23 mai à 19 h 30 en sont presque vant le public et qui tendent la main en scène aura provoqué la seule b Prix du jury : Manoel de Oliveira, pour La Lettre (Portugal). Manoel de Oliveira, restés cois. La pluie de ré- b Palme d’or du court métrage (à l’unanimité) : When the Day Breaks, quatre-vingt-dix ans, immense compenses attribuée à L’Humanité LA PHRASE DU JOUR de Wendy Tilby et Amanda Forbis (Canada). cinéaste récompensé pour la n’aura pas surpris l’équipe du b Prix du jury du court métrage (ex aequo) : Stop, de Rodolphe Mar- première fois à Cannes par un Monde , dont la tente, sur la Croi- coni (France) et So-Poong (Le Pique-Nique), de Ilgon Song (Corée du prix somme toute modeste, celui sette, était voisine de celle d’Air « Je dédie ma récompense à la démocratie Sud). du jury, a accueilli cette France : en fin de matinée, les b Grand Prix technique de la Commission supérieure technique :Tu distinction tardive avec une agents de la compagnie nationale espagnole et aux spectateurs de mon pays, Juha, pour les décors de L’Empereur et l’Assassin, de Chen Kaige (Chine). magnifique élégance. Pedro nous informaient du rapatriement b Caméra d’or : Marana Simhasanam (Le Trône de la mort), de Murali Almodovar, favori pour la Palme en terre de cinéma de l’équipe du ces fous qui ont cru très tôt en mon cinéma. Nair (Inde). d’or, et qui a obtenu le Prix de la film au complet... Pourtant, per- b Cinéfondation : Premier prix : Second Hand, de la Britannique Emily mise en scène, a immédiatement sonne ne pouvait imaginer que Bob Peut-être aujourd’hui sont-ils déçus. Moi, pas. » Young (Grande-Bretagne). Deuxième prix ex aequo : Im Pukim, de Dover précisé qu’il le partageait, non Hoskins ou Chiara Mastroianni – Kosashvili (Israël) et La Puce, d’Emmanuelle Bercot (France). Troisième seulement avec ses actrices pour ne citer que deux interprètes Pedro Almodovar, cinéaste prix : En god dag at go, de Bo Hagen Clausen (Suède). (grandes oubliées du palmarès), dont les noms circulaient à quel- b Les autres prix. mais avec d’autres cinéastes dont ques heures du dénouement – Jury œcuménique : Tout sur ma mère, de Pedro Almodovar ; mention spé- il avait aimé les films, citant Jim soient ravalés au rang de figurants aux spectateurs. La décision du jury ovation de la soirée, se payant ciale à Rosetta. Jarmusch, David Lynch, Atom du Festival et cèdent le pas à trois est réconfortante. J’espère que ce même le luxe de singer Roberto François-Chalais : L’Autre, de Youssef Chahine (Egypte). Egoyan et Arturo Ripstein. lauréats qui n’avaient jamais joué palmarès permettra à d’autres Benigni en s’agenouillant pour sa- Un certain regard - Fondation GAN : Beautiful People, de Jasmin Dizdar Quant à Bruno Dumont, dont le devant une caméra. d’avancer sur les mêmes voies. » luer la salle. (Bosnie). deuxième film, L’Humanité, a Qu’il s’agisse de Séverine Ca- Une voie qu’à leur manière les Restera enfin une apparition, Critique internationale : Peau neuve, d’Emilie Deleuze (France) et Mother, remporté le Grand Prix du jury et neele, ouvrière dans une usine de frères belges Luc et Jean-Pierre celle d’un homme élégant, sobre, de Nobuhiro Suwa (Japon). deux Prix d’interprétation, sous légumes surgelés du Nord, ou de Dardenne se félicitaient d’emprun- extraordinairement droit, le Portu- Prix de la jeunesse : Voyages, d’Emmanuel Finkiel (France), et The Blair pas mal de huées et quelques son comparse Emmanuel Schotté, ter malgré la réaction très prudente gais Manoel de Oliveira, réalisateur Witch Project, de Daniel Myrick et Edouardo Sanchez (Etats-Unis). applaudissements, il a été, sur la ancien militaire au chômage, héros de la salle. Celle-ci aura eu par ail- de La Lettre, adaptation remarquée Prix France Culture du cinéaste de l’année : Jean-Claude Biette, pour scène, comme ensuite dans la de L’Humanité, ou encore d’Emilie leurs un motif d’effroi et un autre de La Princesse de Clèves. Son prix Trois Ponts sur la rivière. conférence de presse, très Dequenne, dont le personnage de de satisfaction vraie. L’effroi a été du jury est sa première récompense Confédération internationale des cinémas d’art et d’essai : Qui plume la émouvant dans sa sobriété et sa Rosetta était le premier rôle au ci- suscité par l’actrice Sophie Mar- à Cannes en compétition. Sa pré- lune ?, de Christine Carrière (France). retenue, remerciant avant tout le néma, ce sont bien trois nouveaux ceau, l’esprit en bataille, qui s’est sence à Cannes fut notre première Soleil d’or du CCAS (comité d’entreprise d’EDF-GDF) : Le Bleu des villes, jury de partager avec lui « cette venus, totalement ébahis eux- refusée à lire le texte préparé pour récompense. de Stéphane Brizé (France). idée du cinéma, de la poésie ». (Lire mêmes, qui ont été distingués. A la elle par les organisateurs de la soi- Société des auteurs et compositeurs dramatiques : Marée haute, de Caro- aussi notre éditorial page 14.) grande surprise d’un public mieux rée (Michel Denisot, pour Canal +) Olivier Schmitt line Champetier (France). Le jury du 52e Festival décroche la palme de l’exigence On peut saluer la cohérence des décisions des jurés tout en regrettant que les œuvres de Raoul Ruiz, Takeshi Kitano et David Lynch aient été ignorées DAVID CRONENBERG, le réali- des frères Dardenne et de Bruno et Meital Barda (dans Kadosh, sateur canadien et président du ju- Dumont – que celle de Leos Carax d’Amos Gitaï), Forrest Whitaker ry de cette cinquante-deuxième avec Pola X ou celle de Yu Lik-wai (dans Ghost Dog, de Jim Jarmusch), édition du Festival de Cannes, avait avec Love Will Tear Us Apart suggère Guillaume Depardieu (dans Pola X, promis que son palmarès sortirait une idée tout de même réductrice de Carax), Richard Farnsworth des sentiers battus. Il a tenu parole de ce que peut offrir le cinéma. On (dans Une histoire vraie, de David au-delà de toute espérance. Avoir dira qu’il faut bien choisir, ce n’est Lynch)... pris parti pour Rosetta, de Jean- pas entièrement vrai : la possibilité Il y avait cette année de très Pierre et Luc Dardenne (lire notre existait de distinguer hautement grands acteurs parmi les films de la critique page 22), et L’Humanité, de ceux-ci sans, à ce point, ignorer compétition. Il y avait surtout cette Bruno Dumont, témoigne d’un ceux-là. année, et c’est ce dont il faudra se choix courageux, d’une affirmation souvenir, un nombre exceptionnel d’exigence à l’égard du cinéma NON-ACTEURS PRIMÉS de très bons films. On a énuméré dont il y a lieu de féliciter les dix ju- Et l’affirmation des conclusions ci-dessus ceux qui, palmarès ou rés. Cette exigence, il n’est guère du jury réjouirait plus complète- pas, figuraient en sélection offi- douteux qu’elle porte sur les choix ment s’il n’y avait une faille dans la cielle, il faut y ajouter des œuvres artistiques des réalisateurs, non sur composition de ce palmarès. Emilie aussi remarquables, dans leur di- les thèmes « sociaux » qu’on re- Dequenne dans Rosetta, Emmanuel versité, que L’Autre, de Youssef trouve dans les deux films – moins Schotté et Severine Caneele dans Chahine, Sicilia !, de Jean-Marie encore sur la coïncidence qui fait se L’Humanité sont au-delà de tout Straub et Danièle Huillet, Les Noces dérouler ces deux histoires, l’une éloge. Ce n’est pas leur faire ou- de Dieu, de Joao Cesar Monteiro, dans le Nord et l’autre en Wallonie, trage que de dire que ce qu’ils font Mon ennemi intime Klaus Kinski, de à quelques dizaines de kilomètres n’est pas du travail d’acteur, parce Werner Herzog, So Close to Para- l’une de l’autre. qu’ils ne sont pas des acteurs et que dise, de Wang Xiao-shuai, La Ge- En revanche, avoir décidé d’igno- rien n’indique qu’ils le deviennent nèse, de Cheikh Oumar Sissoko, La rer des œuvres aussi mémorables jamais. C’est avoir bien peu de Marche du bonheur, de Lin Cheng- que L’Eté de Kikujiro, de Takeshi Ki- considération pour le métier d’ac- sheng, A mort la mort !, de Romain tano, Le Temps retrouvé, de Raoul teur, ses disciplines et ses rigueurs Goupil, Charisma, de Kyoshi Kuro-

Ruiz, Une histoire vraie, de David particulières, que d’ignorer aussi sawa, The Virgin Suicides, de Sofia SIPA Lynch, Les Contes de Kish, de Nasser ouvertement Chiara Mastroianni Coppola, Voyages, d’Emmanuel Fin- Sophie Marceau vient de remettre la Palme d’or à Jean-Pierre et Luc Dardenne pour « Rosetta ». Taghvaï, Abolfazl Jalili et Mohsen (dans La Lettre, de Manoel de Oli- kiel, Sud, de Chantal Akerman, M/ Makhmalbaf, et des recherches veira), Cecilia Roth et Marisa Pa- Other, de Nobuhiro Suwa, Haut les par la mort de leur fils unique. Une question familiale a lieu le plus part d’auteurs qui ont auparavant aussi audacieuses – quoique dans redes (dans Tout sur ma mère, de cœurs, de Solveig Anspach... Et les histoire vraie est un hymne aux va- souvent sous les auspices d’un re- poussé très loin la mise en crise des des directions différentes de celles Pedro Almodovar), Yael Abecassis nombreux excellents courts mé- leurs familiales, L’Eté de Kikujiro un tour aux valeurs, d’une critique (qui genres traditionnels. C’est, exem- trages sélectionnés dans les di- jeu joyeux et inquiet sur la validité prend selon les films des formes plairement, le cas de trois des plus verses sections et à Cinéfondation. des figures maternelles et pater- très variées) de l’éclatement des beaux films de la compétition, ceux nelles, Limbo de John Sayles l’his- cadres traditionnels ou de la diffi- de Kitano, Lynch et Almodovar. LE RETOUR DE LA FAMILLE toire de la reconstitution, sous la culté de transmettre un héritage Chacun à sa manière, sans céder Extraordinaire profusion, quand pression des circonstances, du matériel, spirituel ou moral – il n’y sur leurs antécédents novateurs, ils on y songe, qui témoigne de l’in- noyau familial originel. La Nourrice, a guère qu’Amos Gitaï pour souhai- ontréinscrit leur approche dans des tense vivacité, à l’échelle mondiale, cadres plus universels, plus ouverts de l’art cinématographique. Cette à un public large, faisant davantage profusion a fait de cette 52e édition Génériques familiaux place à l’émotion. – toutes sections confondues – la meilleure à laquelle on ait pu goû- Omniprésents dans les films, les liens familiaux se retrouvent étran- REFUS DE L’ENFERMEMENT ter sur la Croisette depuis bien gement aux génériques, truffés de patronymes célèbres précédés de De même on aura vu trois grands longtemps. Une édition qui aura prénoms nouveaux. Il y aura eu le cas particulier de Catherine De- cinéastes modernes, Raoul Ruiz, été caractérisée par l’omniprésence neuve montant les marches pour assister à la projection du Temps re- Leos Carax et Manoel de Oliveira se d’une thématique, et par un phéno- trouvé, de Raoul Ruiz, avec à proximité (pas trop près, tout de même) livrer à l’exercice réputé acadé- mène esthétique. La thématique est deux autres interprètes du film, Chiara Mastroianni et Christian Va- mique de l’adaptation littéraire – de celle de la famille. Difficile de trou- dim, qui sont par ailleurs ses enfants. Mais aussi Guillaume Depardieu, Proust, Melville et Madame de La ver un film en Sélection officielle vedette de Pola X, de Leos Carax, ou Matthieu Demy, présent pour Mes Fayette, rien de moins ! – pour y qui ne s’y réfère pas. Plus parti- amis, de Michel Hazanavicius. faire prospérer toute la puissance culièrement, il aura été énormé- Parmi les cinéastes, on relevait les noms de Coppola, Sofia (The Vir- cinématographique de leur mise en ment question de transmission gin Suicides), ou de Huston, Anjelica (Agnes Browne), sans oublier Emi- scène. d’une génération à l’autre et de re- lie Deleuze, fille du philosophe et auteur de Peau neuve. Mais aussi Pier Ce phénomène constitue une ex- connaissance en paternité et mater- Giorgio Bellocchio, producteur de La Nourrice, réalisé par son père. cellente nouvelle. Il témoigne en ef- nité. fet de ce que la dynamique du ciné- Le Festival s’est ouvert le 12 mai ma entre classicisme et modernité avec Le Barbier de Sibérie, de Nikita de Marco Bellocchio, présente une ter la disparition de ce qui devient n’est pas achevée. Le Festival s’op- Mikhalkov, récit d’une mère à son réflexion critique sur l’importance un carcan, dans le cadre très parti- pose ainsi à l’enfermement dans fils lui révélant ses origines et relative des liens du sang et du culier de l’intégrisme juif. une alternative : d’un côté les l’identité de son père. Pola X conte cœur, 8 et 1/2 Femmes, de Peter Une inquiétude évidente aura quêtes formelles les plus avancées la découverte par un jeune homme Greenaway, le face-à-face d’un massivement hanté le dernier Festi- menées par une poignée d’artistes, d’une sœur dont il ignorait l’exis- père et d’un fils après la disparition val avant l’an 2000, celle d’une rup- de l’autre la réalisation conformiste tence, Tout sur ma mère élucide les de la mère, le destin de Rosetta est ture des liens et d’une perte des re- de produits calibrés. Cannes a dit mystères de l’enchaînement de commandé par sa relation à sa pères. C’est d’ailleurs ce que traduit clairement que la vie de la mise en trois générations, Le Voyage de Feli- mère, les liens de famille et d’ap- aussi, sur le terrain esthétique, une scène continue. Contradictoire, im- cia d’Atom Egoyan narre les dan- partenance à un groupe de proches tendance particulière de cette ses- pure et féconde, elle continue sous gers encourus par une jeune fille jouent un rôle central dans L’Hu- sion. de nombreuses formes, dont celles dès lors qu’elle est rejetée du foyer manité comme dans Nos vies heu- Si elle a massivement accueilli que le jury a choisi de distinguer paternel, Pas de lettre pour le colo- reuses, de Jacques Maillot, ou Won- des propositions artistiques nou- cette année. nel, d’Arturo Ripstein, met en scène derland, de Michael Winterbottom. velles, elle aura aussi manifesté un un couple de vieillards traumatisés Cette présence massive de la certain retour au classicisme, de la Jean-Michel Frodon LeMonde Job: WMQ2505--0021-0 WAS LMQ2505-21 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 10:22 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0314 Lcp: 700 CMYK

CULTURE-CANNES 99 LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 21

Prix de la mise en scène... Pedro Almodovar pour « Todo sobre mi madre » (« Tout sur ma mère »). Cette récompense est à partager avec David Lynch, Jim Jarmusch, Atom Egoyan, affirme le réalisateur, et, surtout, avec son actrice, la charmante Marisa Paredes. Celle-ci se prépare pour la soirée de clôture dans sa chambre d’hôtel.

Un second souffle pour la Quinzaine des réalisateurs LA LIGNE DE CONDUITE adoptée par Marie-Pierre Macia – la nouvelle déléguée de la Quin- zaine des réalisateurs – et son équipe s’est finalement avérée payante. L’intégration des films français dans la sélection, la vo- lonté de ne pas systématique- ment s’obliger à un éventail har- monieux des cinématographies du monde et de privilégier à tout

prix la qualité a abouti à une sé- DEREK HUDSON lection de très bonne tenue. La diversité esthétique a primé sur l’éparpillement géographique, et tant pis si l’on a pu voir peu – ou Loin, très loin d’Hollywood pas du tout – de titres en prove- Un film qui en contient trop d’autres nance d’Europe, d’Afrique ou d’Amérique latine. Pour la presse d’outre-Atlantique, le faible nombre de films américains Limbo. En voulant mêler plusieurs sujets, Voyages, d’Emmanuel Finkiel, et Haut les cœurs, de Solveig Ans- présentés relève d’un complot contre le plaisir du spectateur John Sayles n’aboutit qu’à la confusion pach, furent, parmi la production française de l’année, des choix ju- LES VEDETTES involontaires du films produits par les majors qu’ils ont toujours défendus. » Parmi vous en mer. Ce dernier emmène dicieux. Sud, admirable documen- 52e Festival de Cannes auront été semble pouvoir se passer d’un fes- les films incriminés, trois étaient SÉLECTION OFFICIELLE. EN avec lui Donna et sa fille Noelle. taire sur le Deep South tourné en les majors américaines. Involon- tival, l’article de Newsweek oubliait présentés en compétition offi- COMPÉTITION. Film américain Le désir de John Sayles de faire vidéo par Chantal Akerman, a taires car elles brillaient surtout de s’interroger sur les vraies rai- cielle : Pola X, de Leos Carax, L’Hu- de John Sayles. Avec Mary Eliza- cohabiter une intrigue policière réaffirmé les objectifs d’exigence par leur absence. Cannes semble sons de l’absence des films de stu- manité, de Bruno Dumont, et Nos beth Mastrantonio, David Stra- avec une méditation sur la nature, de la Quinzaine, même si sa réali- être devenu, au fil des ans, le Festi- dio, à savoir leur médiocrité et des vies heureuses, de Jacques Maillot, thairn, Vanessa Martinez, Kris les dangers d’une industrialisation satrice fait partie, depuis long- val d’un cinéma partagé et reconnu problèmes de calendrier, Cannes dans lesquels Todd McCarthy voit Kristofferson. (2 h 06.) grandissante de l’Amérique, la perte temps, des grands noms de la mo- par le monde entier, sauf les Amé- débutant juste avant la grande sai- l’expression des carences du ciné- d’innocence de ce pays, se heurte à dernité cinématographique. ricains. Les raisons sont multiples, son d’été aux Etats-Unis. ma français, et plus généralement Il n’est pas évident de s’y retrou- un scénario qui semble avoir connu mais un début d’explication est à de tout ce qui n’est pas hollywoo- ver... Limbo offre une multitude de tellement de versions qu’on ne sait UN CONTINENT EN ÉBULLITION trouver dans le nombre de plus en UNE TROP GRANDE LIBERTÉ dien. Une absence totale de préoc- films. On peut y voir, telles des sé- plus laquelle choisir. Ce n’est qu’ar- Alors que les bons films améri- plus médiocre de films étrangers Le ressentiment est revenu de cupation du public et une trop quences empilées, un documentaire rivé au dernier tiers du film, lorsque cains présentés en compétition distribués aux Etats-Unis depuis manière encore plus violente cette grande liberté accordée par les sur la mise en boîte du saumon, la Gastineau, Donna et sa fille se re- officielle ne faisaient que confir- une vingtaine d’années, créant semaine sous la forme d’une producteurs à des metteurs en déperdition d’une communauté vic- trouvent coincés sur une île, censée mer le talent de leurs auteurs chez les spectateurs américains, et longue analyse signée Todd scène non confirmés – McCarthy time de la crise économique en symboliser une zone intermédiaire (David Lynch, Jim Jarmusch), The surtout dans la majeure partie de McCarthy dans le numéro du pointe en particulier Carax en s’ap- Alaska, un point de vue sur cette entre le paradis et l’enfer, que l’on Virgin Suicides, de Sofia Coppola, la presse américaine, une résis- 21 mai du quotidien spécialisé Va- puyant sur les résultats du film en contrée perçue comme la dernière comprend où veut en venir le réali- présenté à la Quinzaine, fut la tance accrue à tout ce qui ne se riety. Selon le journaliste, le fossé salles – seraient l’origine de notre frontière américaine, un drame fa- sateur américain. surprise inespérée et joyeuse qui fond pas dans le modèle hollywoo- séparant les goûts des critiques, les mal, et expliqueraient d’autres ra- milial, une histoire policière, une ré- Mais cette rêverie à la Terrence fit naître, sous nos yeux éblouis dien. choix des sélectionneurs du Festi- tages, tels que Le Voyage de Felicia flexion sur l’état de nature. Pour Malick, nostalgique d’un esprit par une œuvre à la fois poétique- Dans son édition du 17 mai, val de Cannes des désirs du public d’Atom Egoyan ou Ghost Dog : la son premier passage à Cannes en pionnier où l’homme entrait en ment morbide et drôle, une ci- l’hebdomadaire américain News- n’a jamais été aussi grand. A l’ex- voie du samouraï, de Jim Jarmusch. sélection officielle, John Sayles ar- symbiose avec la nature, pâtit d’une néaste au patronyme déjà cé- week s’en prenait, dans un article ception de Tout sur ma mère, de Pe- Pour soigner cette maladie, le rive malheureusement avec son mise en scène très plate, incapable lèbre. titré « The Insider’s Club at dro Almodovar, aucun film de la docteur McCarthy propose un re- film le plus brouillon. Trop ambi- de transcender son sujet. Le talent Enfin, il est devenu banal de Cannes », à la sélection effectuée sélection officielle ne semblait, se- mède : la reprise en main des créa- tieux, le réalisateur ne semble pas de Sayles à donner vie à la commu- constater que l’Asie est, décidé- par le délégué général du Festival lon Todd McCarthy, susceptible de teurs par des producteurs inspirés, être arrivé à se décider sur le film nauté d’une petite ville perdue, sa mént, un continent en ébullition. de Cannes, Gilles Jacob, accusé de réconcilier le public et la critique. mais responsables. Et, accessoire- qu’il voulait réaliser. capacité à créer une tension entre En témoignaient quatre films to- sélectionner les mêmes réalisateurs « Il y avait tellement de films qui ment, la disparition de ces critiques Dans une petite ville de l’Alaska, les personnages (Donna et sa fille, talement dissemblables, tous pas- (Jim Jarmusch, David Lynch, Chen semblaient loin de nous, de la vie des de cinéma qui ne comprennent Joe Gastineau (David Strathairn, Gastineau et son demi-frère) font sionnants : le chinois Scenery, de Kaige, Atom Egoyan, Marco Bello- gens, sans la moindre histoire sus- rien aux goûts du public, ce qui est très convaincant), un ancien pê- au moins de Limbo un film esti- Zhao Jisong, le taïwanais Dark- chio, Manoel de Oliveira figuraient ceptible de nous tenir en haleine d’ailleurs déjà presque le cas aux cheur traumatisé par un accident en mable à défaut d’être convaincant. ness and Light, de Chang Tso-chi, parmi les noms cités) et de trans- deux heures ou plus, développant Etats-Unis. Hollywood serait donc mer et une blessure qui, à l’adoles- John Sayles a accompli presque et surtout les deux japonais, M/ former Cannes en un club de privi- des idées intellectuellement ésoté- le devenir le plus souhaitable du ci- cence, l’a privé d’une carrière de toute sa carrière à l’écart des ma- Other, de Nobuhiro Suwa, et Cha- légiés qui n’accueillerait les nou- riques, que l’on est forcé de se de- néma. Un souhait que le jury de joueur de basket professionnel, vit jors. On aurait cru qu’il avait tout à risma, de Kiyoshi Kurosawa. Si le veaux membres qu’avec mander pourquoi ces films sont réa- Cannes, dont quatre des membres, de petits boulots. Il rencontre Don- gagner d’un nouveau système de Festival de Cannes fut cette année parcimonie. Le même article se fai- lisés, pourquoi ceux-ci sont acceptés David Cronenberg, George Miller, na De Angelo (Mary Elizabeth Mas- production, or c’est tout le d’une exceptionelle qualité, c’est sait aussi l’écho d’une frustration à la place d’autres dans ce qui est le Holly Hunter et Jeff Goldblum, ont trantonio), une chanteuse de coun- contraire. Boursouflé, Limbo aussi à la Quinzaine des réalisa- des majors, persuadées d’être boy- plus grand festival du monde, et travaillé à Hollywood, n’a manifes- try un peu perdue dont il tombe souffre paradoxalement de n’avoir teurs qu’on le doit. cottées par le Festival. A supposer pourquoi les critiques les défendent, tement pas partagé. amoureux. Un jour, Bobby, le demi- pas été assez bridé. que cette frustration soit réelle, à croire qu’ils justifient leur existence frère de Gastineau, lui demande de Jean-François Rauger tant le système de promotion des en soutenant des metteurs en scène Samuel Blumenfeld l’accompagner à un étrange rendez- S. Bd LeMonde Job: WMQ2505--0022-0 WAS LMQ2505-22 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:00 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0315 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 CULTURE-CANNES 99

b IPG/COSMOS LA PHOTOGRAPHIE Rosetta, ou la fureur de survivre DE DEREK HUDSON Humanité Rosetta. Les frères Dardenne inventent le « film-personnage » A peine les festivités terminées, les Cannois reprennent possession de dans un étang, revend les habits pelle « sortir du trou ». Il ne faut spectateur et cette unité composite la Croisette. SÉLECTION OFFICIELLE. EN donnés, court les embauches tou- pas accepter l’aumône, pas men- que forment mise en scène et per- COMPÉTITION. Film belge de jours refusées. On sent que, si elle dier, pas faire confiance à ce garçon sonnage. Luc et Jean-Pierre Dardenne. s’arrêtait, elle tomberait, elle se dé- amical qui essaie de l’aider, pas re- Lars von Trier dans Breaking the 8 1/2 FEMMES Avec Emilie Dequenne, Fabrizio composerait peut-être. noncer à sortir sa mère de son Waves et Les Idiots (et, plus ou Sélection officielle. En compétition Rongione, Anne Yernaux, Oli- Le mouvement la tient debout, néant mental et moral même si moins, les autres cinéastes adhé- a Depuis toujours, Peter Greenaway mène une recherche esthétique très vier Gourmet (1 h 31.) elle ne prouve pas la marche en celle-ci est trop enfoncée dans son rant au manifeste Dogma), Patrice personnelle placée sous le signe de la malléabilité des images, des objets marchant, elle prouve la vie en désespoir pour tendre la main à sa Chéreau dans Ceux qui m’aiment comme des histoires et de la mise en spectacle proliférante des compo- Dès la première image, Rosetta courant. Et la caméra court à ses fille quand elle s’enlise dans un ma- prendront le train, ou Leos Carax sants physiques de la nature – le corps humain au premier chef. Il en ré- court et se bat, et le film à ses cô- côtés, comme collée à elle. Long- rais, nullement métaphorique ce- dans Pola X ont tenté des dé- sulta des œuvres dont la puissance provocante tenait à une surenchère tés. Elle travaillait à l’essai, le chef temps on ne distinguera qu’à peine lui-là. Rosetta est un film sans mé- marches comparables. Rosetta en d’effets et à un sens ludique sophistiqué. Ce système avoue sa faiblesse du personnel de l’usine vient de lui ses traits : on est trop près et ça taphore. Ou plutôt le parti pris radicalise l’expérience en la plon- avec un film terminé au bout d’une demi-heure (quand la projection signifier son congé. Elle est enra- bouge trop. radical de ses réalisateurs révoque geant dans un réel absolument dé- dure deux heures !), les ressources du dispositif compliqué qui organise gée, il faut la mettre dehors de Rosetta n’est pas un personnage l’arsenal littéraire du récit et ses pourvu de romanesque. Cette dé- 8 1/2 Femmes étant rapidement épuisées. Il s’agit de mettre face à face un force. Dehors, elle court encore dont un récit filmé nous narrerait discutables réutilisations au ciné- marche est à l’opposé de celle, père et un fils de la grande bourgeoisie britannique et un assortiment de comme on se bagarre, pour traver- les aventures. Rosetta est le film, ma ; au passage, il annihile les dan- aussi passionnante et féconde, il- créatures féminines, pour un jeu sur les fantasmes énoncé avec une infi- ser la route, rejoindre le camping ou le film est elle. Un film où les gers du « discours sur... », du misé- lustrée par exemple dans ce Festi- nie prétention et une grande lourdeur de réalisation, dans un univers où elle vit dans une caravane, af- frères Dardenne cherchent – litté- rabilisme, de la bonne conscience, val par Manoel de Oliveira ou par onirique où un manoir anglais et une salle de jeu japonaise commu- fronter sa mère alcoolique qui ralement – à prendre de vitesse le de la dénonciation édifiante – tous Jean-Marie Straub ; eux, au niquent. Fellini avait réalisé Huit et demi quand il s’interrogeait sur les couche pour une bouteille... Roset- sempiternel défi de la représenta- périls qui tiennent à la mise en contraire, élargissent la distance de formes nouvelles lui permettant de filmer tout ce qu’il avait à dire, Peter ta, ce n’est pas la fureur de vivre, tion. Forts de leur connaissance du scène et jamais à ce qui est montré. mise en scène et en soulignent Greenaway, qui cite à l’image le film de recherche et de doute du grand seulement la furia de survivre. Ro- milieu dans lequel se déroule leur l’ampleur et la nature. cinéaste italien, prouve combien il est difficile de créer quelque forme setta, c’est une guérillera du quoti- film – celui des marginalisés par RÉEL SANS ROMANESQUE Ce film magnifique se termine que ce soit quand on n’a à ce point rien à dire. En tout cas au cinéma. J. - dien, elle a ses caches, ses passages, l’extrême pauvreté, auquel ils ont Trois ans après La Promesse, leur par un plan superbe où l’héroïne, M. F. ses embuscades pour assurer non longtemps consacré leur travail de premier film de fiction qui aussitôt enfin parvenue à ses fins, vend des Film britannique de Peter Greenaway. Avec John Standing, Matthew Dela- la victoire – aucune victoire pos- documentaristes –, Luc et Jean- leur valut une reconnaissance mé- gaufres dans une baraque. Il est mere, Vivian Wu, Amanda Plummer, Polly Walker, Toni Collette. (2 heures.) sible dans ce combat-là – mais la Pierre Dardenne tentent cette fu- ritée, les frères Dardenne tentent étrange, et décevant, que les ci- possibilité de tenir à distance la dé- sion inédite de l’héroïne et du film un pari autrement audacieux, aussi néastes aient ensuite rompu leur UN MARI IDÉAL faite. lui-même, en un objet à la fois inouï que la trahison perpétrée par pacte pour un épilogue cette fois Sélection officielle. Hors compétition Rosetta, adolescente au ventre plastique et charnel qui se nomme Rosetta dans le film : non le déni de soumis à la plus classique des nar- a Un mari idéal remplit son contrat et illustre avec un certain bonheur le douloureux de fringales indicibles Rosetta. la mise en scène (aucune préten- rations, avec métaphore christique, texte d’Oscar Wilde. Des comédiens souvent excellents, Rupert Everett ou de grossesses inavouables Dès lors, il n’y a guère plus d’his- tion au reportage réaliste ni au « ci- rebondissement scénaristique et en Lord anglais guetté par l’ennui, poussé au mariage par un père impa- – « ventre glacé », comme on disait toire que de personnage. Long- néma-vérité »), mais l’invention tout le bataclan. Malgré sa fai- tient, Cate Blanchett, Minnie Driver, Julianne Moore en intrigante qui au début du siècle –, Rosetta, au vi- temps, l’action se résume à un seul d’une mise en scène redéfinissant blesse, cette fin n’altère nullement menace un membre du Parlement (Jeremy Northam) de révéler son pas- sage parfois marqué comme celui ressort : il faut trouver du boulot. autrement la distance qui fonde la l’expérience extraordinaire que sé sulfureux s’il ne marche pas dans son chantage, enlèvent avec talent d’une femme qui aurait déjà trop Pour accéder d’un coup à l’argent représentation. Celle-ci s’établit constitue Rosetta. un film qui fonctionne parfaitement dans le cadre qu’il s’est fixé : celui vécu et parfois encore tout arrondi et surtout à une certaine normalité non plus entre le réalisateur et ses d’un cinéma classique en costumes, situé à Londres à la fin du XIXe siècle. d’enfance, braconne les truites d’existence – ce que Rosetta ap- plans, mais directement entre le J.-M. F. Malgré un début tâtillon et certaines scènes statiques, Un mari idéal tire un très plaisant parti du texte très drôle d’Oscar Wilde. S. Bd Film anglais d’Oliver Parker. Avec Cate Blanchett, Minnie Driver, Rupert Rendez-vous à l’écluse no 9 Everett, Julianne Moore, Jeremy Northam. (1 h 40.) HAREM SUARE Un certain regard La marche du bonheur. Un film tout en finesse sur l’identité culturelle taïwanaise a Ouvert en fanfare avec L’Autre, de Youssef Chahine, Un certain regard se clôt sur un couac, avec le Harem Suare, du réalisateur turc Ferzan Oz- celles dont on pétrit les plus belles de Tchang Kaï-chek, lors de la li- lutte de prééminence des diffé- petek. Avec l’Orient pour seul partage. Le premier propose, contre la UN CERTAIN REGARD. Film œuvres. bération. rentes langues nationales, ou l’his- mondialisation, les valeurs de l’amour. Tandis que le second joue la mon- chinois de Lin Cheng-sheng. Tenaillé par une obsession L’action se situe à la charnière toire de la belle A-Yu que son père dialisation du cinéma contre l’inspiration et l’audace. Soit, par un ci- Avec Liam Gong, Hsiao Shu-sen, commune au cinéma taïwanais de ces deux tutelles autoritaires, a promise au fils d’un riche méde- néaste déjà comptable d’un Hammam passablement embué, l’histoire Leon Dai. (1 h 33.) – la schizophrénie d’une Chine en 1945, et les renvoie pour ainsi cin local, et qui ne rêve que de d’un amour impossible entre une favorite de harem (Marie Gillain, hélas) partagée –, son travail a jusqu’à dire dos à dos en tissant en partir avec son va-nu-pieds de et un eunuque, dans un sultanat du début de ce siècle. Il fallait y penser. Lin Cheng-sheng est sans doute, présent sondé cette probléma- contrepoint l’histoire d’une guitariste, A-Jin. En privilégiant la Le brûlant intérêt de l’argument ne le cède guère à sa mise en forme. Une avec Edward Yang, le plus mé- tique à travers la réalité contem- troupe de théâtre, ainsi que la ro- linéarité de la narration, ce film caméra qui ne cesse de bouger avec une lenteur aussi calculée qu’exaspé- connu des cinéastes de la nouvelle poraine. Il prenait l’errance senti- mance amoureuse impossible semble marquer une certaine ré- rante, des récits inutilement enchâssés, des cascades de belles images vague taïwanaise, dont Hou mentale ou l’interdit sexuel entre une de ses actrices et un mu- cession dans le cinéma de l’auteur. distillant un érotisme de pacotille, tout ici pose à l’art, en trahissant la Hsiao-hsien et Tsaï Ming-liang comme indices d’un trouble entre sicien. A un réel successivement Il n’en reste pas moins que sa ma- globalisation de l’imaginaire et l’ornement du propos. J. M. sont devenus aujourd’hui des fi- l’individu et la communauté. La marqué par le sceau de l’occupa- nière de revivifier le genre du mé- Film italo-turc de Ferzan Ozpetek. Avec Marie Gillain, Alex Descas, Lucia gures remarquées. En trois longs- Marche du bonheur renouvelle tion étrangère et de la terreur lodrame témoigne d’un grand Bose. (1 h 46.) métrages – dont les deux premiers cette démarche en la confrontant idéologique, Lin Cheng-sheng op- talent. Ainsi, lorsque A-Yu et A-Jin ont été découverts à Cannes –, A directement à l’expérience histo- pose la double insurrection de la doivent se retrouver à l’écluse Drifting Life (1996), Murmur of rique qui la fonde : l’occupation résistance culturelle et de l’inclina- no 9, un simple rendez-vous man- Youth (1997) et Sweat Degeneration de l’île par le Japon d’abord, puis tion amoureuse. qué rompt la digue qui contenait (1998), cet ex-artisan boulanger l’établissement du régime mili- Thèmes choisis : le répertoire nos larmes. taïwanais a pourtant prouvé que taire du Kuomintang, instauré par taïwanais clandestinement mis en sa pâte cinématographique est de les forces nationalistes chinoises valeur par les gens de théâtre, la Jacques Mandelbaum LeMonde Job: WMQ2505--0023-0 WAS LMQ2505-23 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0316 Lcp: 700 CMYK

CULTURE LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 23 Tony Joe White, SORTIR PARIS Daniel Humair, l’un de ses plus farouches défenseurs. C’est en effet Maria Bayo (soprano) grâce au batteur suisse que la né dans les bayous France a pu découvrir un Brian Zeger (piano) Lorsqu’elle apparaissait aux côtés de instrumentiste dans la lignée des Placido Domingo, naguère, on la John Coltrane, Sonny Rollins ou Le chanteur, guitariste et harmoniciste, prenait pour la petite-très- Wayne Shorter. Puissance et douée-qui-allait-monter du chant articulation sont deux des qualités créateur de « Polk Salad Annie », joue à Paris espagnol – ce qu’elle était. Elle a de ce musicien dévoué à la cause du chanté et rechanté aux côtés de jazz. devant son plus fidèle public Domingo, mais s’est fait un nom. La Villa, 29, rue Jacob, 6e. On la connaît et on l’aime dans le Mo Saint-Germain-des-Prés. Les 24, EN 1969, John Fogerty, le leader L’artiste cultive la même non- répertoire espagnol, la zarzuela, les 25, 26 et 27, à 22 h 30. Tél. : de Creedence Clearwater Revival, chalance que celle qui imprègne mélodies. Mais c’est une artiste 01-43-26-60-00. De 120 F à 150 F. décroche un tube avec une décla- ses chansons et prépare sans stress flexible, capable de se muer en A. J. Croce ration d’amour à la Louisiane, Born son concert parisien : « Je démarre excellente interprète de la musique Pianiste et chanteur (une voix grave on the Bayou... en mentant à la pour trente minutes tout seul avec ancienne, avec René Jacobs, qui et un peu brisée que son physique terre entière. Son rival du moment, des chansons comme Willie and l’emploie souvent dans ses de jeune homme ne laisse pas Tony Joe White, s’en amuse en- Laura Mae Jones ou Rainy Night in productions. La voici à nu, en récital supposer), A. J. Croce puise dans le core, à quelques jours d’un concert Georgia. Et puis, “Boom Boom” avec piano, dans un programme blues et le jazz de La parisien : « Je me suis souvent mo- [Max Cohen], mon batteur, me re- varié et bourré de surprises. Nouvelle-Orléans et de Chicago les qué de lui, plus tard, lors d’une tour- joint. Si j’avais un bassiste, un clavier Œuvres de Haendel, Wolf-Ferrari, fondements de sa musique. Soit un née commune : “Hey John, il y a et un saxo, je serai obligé de faire ce Ravel, Granados, Obradors, Toldra bon musicien et un bon chanteur, beaucoup d’alligators chez toi, à qu’ils attendent de moi. Comme ça, et Turina. généralement accompagné d’un Berkeley, en Californie ?” » Fogerty au moins, c’est la surprise pour tout Théâtre des Champs-Elysées, groupe solide. n’avait alors jamais vu le sud de le monde, moi comme le public. » 15, avenue Montaigne, 8e. Centre culturel Paul-Bailliart, 6, allée Natchez mais peu importe. Grâce à Tony Joe White accorde pour- Mo Alma-Marceau. Le 25, à 20 h 30. de Québec, 91 Massy. Le 25, à son imagination et aux souvenirs tant la plus grande importance à Tél. : 01-49-52-50-50. De 50 F à 390 F. 21 heures. Tél. : 01-69-20-57-04. De de Tony Joe White, une créature cette date. La France fut sa pre- Krystian Zimerman 70 F à 110 F. primitive et antipsychédélique al- mière terre d’accueil, lors- On aurait pu s’attendre que le Add N To (X) lait sortir des marais cette année- qu’en août 1968, il apprit que Soul récital que donne Krystian Loin des formats glacés de la techno là, le swamp-rock. Deux démiurges Francisco était classée numéro 3, et Zimerman à Pleyel soit pris hi-tech, Barry Smith, Ann Shenton pour deux hymnes. L’autre stan- cette passion pour le Louisianais d’assaut : le jeune Polonais est en et Steve Clayton ont choisi de dard, c’est Polk Salad Annie, de To- ne s’est jamais éteinte : « La plu- effet l’une des personnalités plonger leurs vieux synthétiseurs ny Joe White, qui n’a pas pris une part de mes auditeurs français ne majeures du piano contemporain. dans une marmite d’esthétique ride avec son grognement d’ours comprennent pas mes paroles mais Curieusement, il reste des places à trash. Croisant rock déjanté et introductif, sa guitare imitant «le les ressentent. Je ne comprend rien vendre. L’écouter jouer Chopin et électronique furibarde, sifflement du boomerang »,ses non plus aux textes de Georges Schumann est pourtant une ce bruitisme mutant, passionnant cuivres coassant comme chœur de Moustaki, mais je n’ai pas besoin expérience inoubliable. sur disque, ose le chaos lors des CLAUDE GASSIAN CLAUDE crapauds et son obscure histoire de qu’on me les traduise pour les ap- Tony Joe White : « On dit de moi que je suis paresseux. Salle Pleyel, 252, rue du performances scéniques. En salade aux navets verdâtres et de précier. » C’est vrai que je n’aime pas me presser. » Faubourg-Saint-Honoré, 8e. première partie : Hovercraft. mère-grand dévorée par les alliga- Mo Ternes. Le 26, à 20 h 30. Tél. : Batofar, face au 11, quai tors. « LA PÊCHE AVANT LA MUSIQUE » décennie, mais Tony Joe White n’a voulu utiliser une version commer- 01-45-61-53-00. De 160 F à 330 F. François-Mauriac, 13e. A cinquante-cinq ans, Tony Joe Dernier d’une famille de sept en- pas mené la carrière que son talent ciale de Polk Salad Annie. Il a fallu Jerry Bergonzi Quartet Mo Quai-de-la-Gare. Le 25, à White s’installe pour un soir à La fants élevés dans les champs de co- promettait et ne semble pas en me payer grassement parce que je Né à Boston, le saxophoniste 21 heures. Tél. : 01-56-29-10-23. Cigale avec son répertoire mémo- ton de la bourgade de Oak Grove, ignorer la raison : « On dit de moi n’ai que faire des hamburgers. » Et italo-américain Jerry Bergonzi a, en 30 F. rable et son bestiaire (reptiles, li- Tony Joe White aura découvert sa que je suis paresseux. C’est vrai que en concert, sous sa léthargie, ce bellules, lucioles, trolls rock’n’roll). vocation de guitariste à l’écoute du je n’aime pas me presser. Au- musicien reptilien sait porter de re- On l’a toujours suspecté d’offrir de bluesman noir Lightnin’ Hopkins jourd’hui, la pratique de la pêche doutables coups de griffe avec sa sa région une vision de dépliant et celle de chanteur grâce à Pres- passe avant la musique. Mais elle Stratocaster. GUIDE touristique, mais non : « J’ai grandi ley, avec lequel il partagera une n’est pas inutile. Quand je pêche, des entouré de serpents et d’alligators. troublante ressemblance phy- chansons viennent parfois ». Bruno Lesprit e o REPRISES CINÉMA teau, 3 . M Rambuteau. Tél. : 01-40- Un jour, avec un ami, je ramenais sique : « Je l’admirais tellement que S’est-il retiré du monde ? Ses 30-30-31. De 25 F à 49 F. dans mon camion une nouvelle ce fut irréel quand il a repris mes goûts du moment laissent songeur ૽ En concert le 25 mai, à 20 h 30, à Gilda Chris Marker basse à la maison. On avait bu un chansons ». Chez lui, Tony Joe lorsqu’il cite pêle-mêle Sade, Dire La Cigale, 120, boulevard Roche- de Charles Vidor. La Jetée (1963) : le 25, à 15 h 30. e o peu trop de whisky. Lorsqu’on a sau- White est en effet surtout reconnu Straits, les Smashing Pumpkins ou chouart, Paris 18e. Mo Pigalle. Tél. : Avec Rita Hayworth, Glenn Ford. Accattone, 20, rue Cujas, 5 . M Clu- té du camion pour décharger, des al- pour le charme rustique de ses A Whiter Shade of Pale. Ce placide Américain, 1946, ny. Tél. : 01-46-33-86-86. 34 F et 40 F. 01-49-25-89-99. 220 F. Pier Paolo Pasolini ligators sont arrivés. Ils ont emporté compositions. Nées dans un mi- rêveur n’en garde pas moins les One Hot July, 1 CD Mercury/Poly- (1 h 50). Action Ecoles, 23, rue des Ecoles, 5e. La Ricotta (1963) : le 25, à 16 h 50. l’instrument dans les flots. » nuscule périmètre, elles sont re- pieds sur terre : « McDonald’s a e o gram. Mo Maubert-Mutualité. Tél. : 01-43- Accattone, 20, rue Cujas, 5 . M Clu- En même temps que son patri- prises par des artistes de toutes 29-79-89. De 25 F à 40 F. ny. Tél. : 01-46-33-86-86. 34 F et 40 F. moine, le chanteur, guitariste et obédiences, rock (Elvis, Roy Orbi- L’Ennemi public Jean Grémillon harmoniciste vient défendre un son), country (Waylon Jennings, de William Wellman. Pattes blanches (1949) : le 24, à nouvel album, One Hot July, enre- George Jones), soul (Ray Charles, Avec James Cagney, Jean Harlow, 15h50, 17h50, 19h50, 21h50; L’Etrange Monsieur Victor (1938) : gistré à Bogalusa, en Louisiane, Solomon Burke), le record étant La qualité cosmique Edward Woods. Américain, 1931, le 25, à 13 h 45, 15 h 50, 17 h 50, dans un studio richement équipé détenu par Rainy Night in Georgia, noir et blanc (1 h 23). Action Christine, 4, rue Christine, 19 h 55, 22 h. en matériel analogique. Ce retour interprétée plus de cent fois. En des sons de Luigi Nono 6e. Tél. : 01-43-29-11-30. De 25 F à Reflet Médicis, 3, rue Champollion, e o aux sources, après de multiples France, Joe Dassin aura contribué 40 F. 5 . M Cluny. Tél. : 01-43-54-42-34. crochets (Texas, Memphis, Nash- à les populariser en leur consacrant AVEC Karlheinz Stockhausen, ture, « d’une manière d’écouter di- Le Temps d’aimer Chantal Akerman ville), est aussi un défi à la suren- un album entier, accompagné par Pierre Boulez, Henri Pousseur et rectement les silences, les chants, les et le Temps de mourir Le Déménagement (1992) : le 24, à chère technologique : « On a fait Tony Joe White et son groupe. Bruno Maderna, Luigi Nono (1924- échos qui sont suggérés en elle ». A de Douglas Sirk. 17h40; Toute une nuit (1982) : le 24, à 18h20; News from Home tourner le magnéto avec mes trois Après le pic créatif du début des 1990) a contribué dans les an- Olivier Mille, dans un film dispo- Avec John Gavin, Liselotte Pulver. Américain, 1958 (2 h 13). (1976) : le 24, à 20 h ; Histoires musiciens et c’était parti. On a fini années 70 – les albums Tony Joe nées 50 au rayonnement histo- nible en vidéo (collection Musique Grand Action, 5, rue des Ecoles, 5e. d’Amérique (1988) : le 24, à 22 h ; rique des Cours d’été de Darms- au présent, VHS Echos 577821), il l’enregistrement en trois nuits et de- White, The Train I’m On et Home- Mo Cardinal-Lemoine. Tél. : 01-43- Un divan à New York (1995) : le 25, mie. » Expédié, ce disque de blues made Ice Cream –, le Sudiste tadt qui ont servi de référence à explique en 1988, deux ans avant sa 29-44-40. 32 F et 42 F. à 14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h. pantouflard, qui séduit plus par la sombre dans l’oubli dans les an- plusieurs générations de composi- mort, tout ce que lui ont appris les Vidéodrome Le République, 18, rue du Fau- e o dextérité du guitariste que par les nées 80. Des collaborations avec teurs modernistes. S’il n’a pas sons captés à la surface de l’eau de David Cronenberg. bourg-du-Temple, 11 .MRépu- blique. Tél. : 01-48-05-51-33. 32 F et cherché par la suite à devenir un depuis qu’il s’est installé (en 1955 Avec James Woods, Deborah Harry. audaces du compositeur, campe Tina Turner ou Joe Cocker le re- 42 F. dans la continuité. mettent en selle au début de cette phare orientant la création avec sa femme Nuria, fille d’Arnold Canadien, 1982 (1 h 28). MK2 Parnasse, 11, rue Jules-Cha- La Rumeur des villes : contemporaine – comme Stock- Schoenberg) dans l’île de la Giu- plain, 6e. Mo Vavin. Tél. : 01-40-30- New York et Paris hausen et Boulez –, il n’est pas non decca à Venise. « La musique de- 30-31. Charade (Stanley Donen, 1963) : le plus passé à l’état de veilleuse dis- vient un élément de vie, un élément 24, à 16 h 30, 19 h, 21 h 30 ; Ariane crète – comme Pousseur et Mader- de l’oreille, de l’âme, du pouls, des LA CINÉMATHÈQUE (Billy Wilder, 1957) : le 25, à 14 h, CONCERTS na. sentiments, des sentiments vécus de 16 h 30, 19 h, 21 h 30. Séance proposée par l’Association Grand Action, 5e. Tél. : 01-43-29-44- Auteur, à contre-courant dans ce qu’il faut bien appeler la “ma- française de recherche en histoire 40. les années 60 et au début des an- gie”, le véritable mystère de l’espace du cinéma : Monsieur Cordon nées 70, d’une série d’œuvres mo- vénitien. » (Pierre Prévert, 1933) ; Le Cantique TROUVER SON FILM tivées par des considérations poli- de la mer (Jean Gourguet, 1934) ; Krystian Tous les films Paris et régions sur le tiques (après avoir adhéré au Parti Les Deux Docteurs (Pierre-Jean Du- SOLEILS SANS SYSTÈMES cis, 1935) ; Soir d’orage (Joseph Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : communiste italien en 1951), Nono Cet espace, Nono s’est appliqué Guarino-Glavany, 1935) ; L’Ecole de 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). ZIMERMAN à le recréer en novateur instruit fait feu de tout bois (« actions scé- Barbizon (Marc de Gastyne, 1943). DERNIERS JOURS niques » et pièces sur bande réali- des accomplissements de ses de- Salle des grands boulevards, 42, Mercredi 26 mai - 20 h 30 sées au Studio de phonologie de la vanciers, les Gabrieli... actifs dans boulevard de Bonne-Nouvelle, 10e. 29 mai : o RAI à Milan) mais déconcerte au- la Cité des doges au XVIe siècle. M Bonne-Nouvelle. Le 25, à Ecchymose PLEYEL tant ses anciens compagnons D’abord dans des œuvres violem- 21 heures. Tél. : 01-56-26-01-01. 29 F. de Jean-René Lemoine, mise en d’armes du sérialisme que les ou- ment éruptives comme des Big VIDÉOTHÈQUE DE PARIS scène de l’auteur. CHOPIN - SCHUMANN vriers des usines pour lesquels il Bang générateurs de soleils sans Cartoucherie-Théâtre de la Tem- Les Hommes : les anti-héros pête, route du Champ-de-Ma- Valmalete organise des manifestations musi- système (Il Canto Sospeso, Intolle- nœuvre, 12e. Tél. : 01-43-28-36-36. cales inédites. Extrêmement dif- ranza 1960, La Fabbrica Illuminata, Manhattan (Woody Allen, 1979) : le 25, à 14 h 30. Coup de feu (Didier De 50 F à 110 F. fuse autour de l’emblématique Al Gran Sole Carico d’Amore) puis Baussy, 1970) et F. comme Fairbanks Antigone Prometeo (entreprise d’une durée dans des réalisations posément (Maurice Dugowson, 1976) : le 25, à de Sophocle, mise en scène de Soti- de deux heures et demie qui défie cosmiques (le quatuor à cordes 16h30. L’Appât (Anthony Mann, gui Kouyaté, par le Mandéka toute analyse rationnelle), la pro- Fragmente Stille an Diotima ou bien 1953) : le 25, à 19 h. Avant-première Théâtre. de la revue Positif, sur présentation Bouffes du Nord, 37 bis, boulevard duction des années 80 éclaire, pour le duo A Pierre. Dell’Infinito Azzurro de la Chapelle, 10e. Tél. : 01-46-07- finir, sa « tragédie de l’écoute » Inquietum conçu pour les soixante du magazine annonçant cette soi- rée : film surprise à 20 h. Les For- 34-50. De 50 F à 130 F. d’une lumière vacillante. Nono ans de Pierre Boulez) qui assurent bans de la nuit (Jules Dassin, 1950) : 30 mai : n’en est plus à coucher la musique que pour Nono le cheminement le 25, à 21 h. Hypothèses de collection sur le papier mais à la dégager sur est plus important que l’aboutisse- 2, grande galerie, porte Saint-Eus- Musée du Luxembourg, 19, rue de e le vif d’un matériau – concret, vo- ment, de même que « la qualité du tache, Nouveau Forum des Halles, Vaugirard, 6 . Tél. : 01-42-34-25-95. er o Entrée libre. cal ou instrumental – transfiguré son est plus importante que sa subs- 1 . M Les Halles. Tél. : 01-44-76-62- 00. 30 F. Gottfried Honegger, Radi Desi- par l’électronique en direct. tance ». gners, Stan Douglas, Beaurin Do- Avant-gardiste webernien stimu- FESTIVALS mercq lé par l’ami Maderna, artiste enga- Pierre Gervasoni Fondation Cartier pour l’art gé au service des résistants de tous Centenaire de Fred Astaire contemporain, 261, boulevard Ras- L’Entreprenant Monsieur Petrov e bords ou créateur happé par le ૽ pail, 14 . Tél. : 01-42-18-56-51. 20 F Le 25 mai, à 20 heures : ...Sof- (Mark Sandrich, 1937) : le 24, à 16 h, et 30 F. destin des grands solitaires ferte Onde Serene... ; A Pierre. 18 h, 20 h, 22 h. Ralph Gibson : courant continu (comme Hölderlin qu’il évoque Dell’azzuro silenzio, inquietum ; Mac-Mahon, 5, avenue Mac-Mahon, Maison européenne de la photogra- dans Prometeo), Luigi Nono pré- Fragmente Stille an Diotima, de 17e. Tél. : 01-43-80-24-81. 30 F et phie, galerie contemporaine, sente des visages différents mais Luigi Nono. Ircam, 1, place Igor- 40 F. 5-7, rue de Fourcy, 4e. Tél. : 01-44- Cinéma et littérature conserve son âme de toujours. Stravinsky, Paris 4e. Mo Rambu- 78-75-00. 15 F et 30 F. Celle d’un homme à l’écoute du La Nuit de l’iguane (John Huston, Œdipe roi teau ou Châtelet-les-Halles. Tél. : 1964) : le 24, à 20 h ; Soudain l’été de Sophocle, mise en scène de monde. 01-44-78-48-16. Le 27 mai, à dernier (Joseph L. Mankiewicz, Laurent Gutmann. A Hermann Scherchen, soutien 20 heures : Piccola Musica Nottur- 1960) : le 25, à 13 h 45, 20 h. Théâtre de Gennevilliers, 41, ave- de la première heure et créateur na ; Cinque Canti, de Luigi Dalla- Le Quartier latin, 9, rue Champol- nue des Grésillons, 92 Gennevilliers. des Variations canoniques sur la sé- piccola. Polifonica-Monodia-Rit- lion, 5e. Mo Odéon. Tél. : 01-43-26- Tél. : 01-41-32-26-26. De 80 F à 140 F. 84-65. 32 F et 40 F. rie de l’opus 41 de Schoenberg puis mica ; Risonanze erranti a Suivez-moi de Polifonica-Monodica-Ritmica Aki Kaurismaki de Gérard Watkins, mise en scène Massimo Cacciari, de Luigi Nono. Les Leningrad Cowboys rencontrent de l’auteur. qui l’imposent à Darmstadt, il Cité de la musique, 221, avenue Moïse (1994) et Shadows in Paradise Théâtre Gérard-Philipe, 59, boule- confie en 1951 que son œuvre naît Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte- (1986) : le 25, à 11 h 30. vard Jules-Guesde, 93 Saint-Denis. parfois d’une relation avec la na- de-Pantin. Tél. : 01-44-84-44-84. MK2 Beaubourg, 50, rue Rambu- Tél. : 01-48-13-70-00. 50 F. LeMonde Job: WMQ2505--0024-0 WAS LMQ2505-24 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 09:34 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0317 Lcp: 700 CMYK

24 / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 CARNET

DISPARITION AU CARNET DU « MONDE » Fiançailles – Yvette Crémieux, Séminaires sa mère, Naissances M. et Mme Brendan COLEMAN Emilie, Martin et Benjamin, (O’COLMAIN) PERKINS, ses enfants, COLLÈGE INTERNATIONAL Philippe, Catherine, Paul-Arthur M. et Mme Gérard LECERF DUBUS Elysabeth Ebel DE PHILOSOPHIE et Léon JEANTAUD sont heureux d’annoncer les fiançailles de et Marie-Christine Chambe, Fulvio Tomizza leurs enfants, Et toute sa famille, b Séminaires sont heureux d’annoncer la naissance de ont l’immense douleur de faire part du Frédérique Ildefonse : « Histoire de Un écrivain « des frontières » David et Virginie. décès de l’intériorité du moi ». Casimir, 2 juin, 18 heures-20 heures, amphi A, 62100 Calais. Patrick LOUBIE. LE ROMANCIER et essayiste ita- il est couronné du même prix, ra- le 12 mai 1999. 9 juin, 18 heures-20 heures, amphi B, 59240 Malo-les-Bains. 16 juin, 18 heures-20 heures, amphi A, lien Fulvio Tomizza est mort ven- conte l’assassinat d’un jeune Les obsèques se dérouleront, le jeudi 23 juin, 18 h 30-20 h 30, amphi A, carré dredi 21 mai à l’âge de soixante- couple en 1944 dans la Trieste oc- 50, avenue du Général-de-Gaulle, 27 mai 1999, au nouveau cimetière de 1050 Bruxelles. des sciences, 1, rue Descartes, Paris. quatre ans à Trieste. Né à Materada cupée par les Allemands : c’est Décès Neuilly (Nanterre), à 11 heures. (Tél. : 01-46-37-20-78). en Istrie en 1935, alors que cette pour Fulvio Tomizza l’occasion – Geneviève et Jacques Faure, Francis Affergan : « Tradition et partie septentrionale de la Yougo- d’analyser les difficultés de cohabi- Jacques et Jacqueline KERBRAT, Nicole et Michel Faure, comparaison : pour une analytique slavie était encore italienne, Fulvio tation de la majorité italienne et de Freddy et Nadine SPIRA, Marie-Annick et Jean-Louis Faure, Anniversaires de décès critique ». Nicole et François Faure, 28 mai, 18 h 30-20 h 30, amphi Tomizza s’installe, comme nombre la minorité slovène dans ces zones ont la très grande joie d’annoncer la de ses compatriotes, à Trieste après frontalières politiquement très fra- Clotilde et Dominique Faure, – Il y a dix ans, Stourdzé, carré des sciences, 1, rue naissance de leur petite-fille ses fils et ses belles-filles, le 25 mai 1989, Descartes, Paris. la guerre. Ecrivain « des fron- giles. Stéphanie et Maxime, Camille, 25 juin, 18 heures-20 heures, e Chloé, tières », il appartient dès lors, par la Le XVI siècle et ses réformateurs Charlotte, Laurent DREYFUSS conférence de Marcel Detienne : « Si force de l’Histoire, à cette famille religieux lui inspirent une autre sé- Hélène et Alain, Agnès et Aheen, le 16 mai 1999, d’aventure un anthropologue rencontre très particulière de la Mittel Europa rie romanesque : dans Il male viene Emmanuelle et Rémi, Priscilla et quittait les siens. un historien », amphi Poincaré, carré des Jean-Baptiste, qui compte de grands noms de la del Nord, il rédige la biographie de chez Estelle et Julien. sciences, 1, rue Descartes, Paris. Bénédicte, Anne-Sophie, littérature italienne, d’Umberto Sa- l’évêque et juriste Pier Paolo Verge- Une pensée est demandée à tous ceux Estelle, Béatrice, Allix, qui l’ont connu et aimé. ba à Claudio Magris en passant par rio, humaniste né en 1497 et mort à 3, rue du Montparnasse, b Samedi autour d’un livre 75006 Paris. Raphaël, Aurélie, Italo Svevo, Carlo Michelstaedter, Tübingen en 1565, excommunié en Alexandre, Gwendoline, Pénélope, L’expérience de l’histoire de Scipio Slataper, Quarantotti-Gam- 1544 et converti au protestantisme. ses petits-enfants, Reinhart Koselleck, bini et Giani Stuparich. Soucieux de comprendre les fonde- Sandrine BLANCHARD, Martin, Louis, Pauline, avec Reinhart Koselleck, Michaël Antoine, Camille, Manon, Son inspiration est essentielle- ments historiques de sa région na- Bruno VICTOR-PUJEBET Werner et Heinz Wismann (sous et Léolo Selma, Sarah, réserve). ment historique. Il travaille sur les tale, Tomizza cessera d’approfon- ont le bonheur d’annoncer la naissance de Clément, Marie, 29 mai, 9 h 30-12 h 30, amphi archives de Venise, de Slovénie ou dir son travail d’historien de Julia, ses arrière-petits-enfants, Stourdzé, carré des sciences, 1, rue de Trieste pour nourrir des romans « micro-histoire » en tentant d’ex- Enzo, Descartes, Paris. pointus et documentés. Il obtient, pliquer les mouvements migra- ont la tristesse de faire part du décès de le 12 mai 1999. en 1977, le prestigieux Prix Strega toires, les conflits politiques, so- M. Marcel FAURE, L’accès à toutes les activités du pour La Meilleure Vie (traduit par ciaux et religieux d’Istrie, 9, cité de Trévise, commandeur de la Légion d’honneur, Collège est libre et gratuit (dans la Claude Perrus aux éditions Philippe notamment dans Quando Dio usci 75009 Paris. compagnon de la Libération, limite des places disponibles). Picquier). Ce roman décrit l’histoire di chiesa (1987) où sont mises en croix de guerre 1939-1945, Renseignements sur salles, de l’Istrie de 1900 à nos jours. At- scène les hérésies et les dissidences répondeur : 01-44-41-46-85. Autres Pierre et Ulla CHARTIER survenu, le 22 mai 1999, à l’âge de quatre- renseignements : 01-44-41-46-80. tentif aux contradictions des in- de toutes sortes (dans la ville de Di- ont la joie d’annoncer la naissance de leur vingt-treize ans, à Louveciennes fluences et des religions, Fulvio To- gnano d’Istria). petite-fille, (Yvelines). mizza porte sur cette population Parmi ses œuvres plus directe- encore en proie à la tragédie de ment autobiographiques et person- Elena, Marguerite, La cérémonie religieuse sera célébrée le 25 mai, à 11 h 15, en l’église Notre- Conférences l’Histoire un regard particulière- nelles, on peut citer l’Albero dei so- le 20 mai 1999, à Paris, Dame de Versailles. ment perspicace. gni (1969), dont le héros, Stefano « Quelle religion pour le e A son Istrie natale, Fulvio Tomiz- Markovic, est le double de l’auteur chez L’inhumation aura lieu dans XXI siècle ? », par Alain Duhamel, le za a également consacré une trilo- qui, comme le titre l’indique Juliette et Jean-Michel ISERN. la sépulture de famille, à Marvejols sociologue J.-P. Willaime et le pasteur (Lozère), le 26 mai, à 10 heures. J. Alexandre. Eglise luthérienne, 20, rue gie qui devait l’imposer, réunissant (l’Arbre à rêves), s’attarde sur la e 12, rue Emile-Faguet, Titon, Paris-11 . Jeudi 27 mai 1999, à son premier roman, Materada description des rêves. Homme de 75014 Paris. Syndicat des acconiers, 20 h 30. (1960) à La Ragazza di Petrovia radio et de télévision, Fulvio To- BP 73, (1963) et au Bosco di Acacie (1966). mizza a écrit également pour le Douala (Cameroun). Son œuvre est partagée équitable- théâtre et pour les enfants et publié Manuel, Nathalie, Benjamin 17, rue Sainte-Sophie, et Ugo VALLS ment en romans contemporains et des essais sur Trieste. Son dernier 78000 Versailles. sont heureux d’annoncer la naissance de 7, rue Davioud, en romans situés à la Renaissance. livre, Nel chiaro della notte, vient de 75016 Paris. Dans la Quinta stagione (1965), qui sortir aux éditions Mondadori. Ex- Joachim et Alice, 14, rue Temponières, lui fait obtenir le Prix Selezione cellent conteur, il est considéré 31000 Toulouse. Campiello, il décrit, avec le regard comme un vulgarisateur de qualité le 20 mai 1999. 2, rue Henri-Faisans, 64000 Pau. de l’enfance, le déchirement des dont les romans ne sacrifient pas la 7, rue du Temple, populations istriennes pendant la rigueur à l’élégance du style. 95100 Argenteuil. dernière guerre mondiale. En 1986, Gli sposi di via Rossetti, pour lequel René de Ceccatty CARNET DU MONDE Claire MERCIER et Bruno MEUR, TARIFS 99 - TARIF à la ligne Solange MERCIER-JOSA et Lise MEUR-TERFVE DÉCÈS, REMERCIEMENTS, sont heureux d’annoncer la naissance de AVIS DE MESSE, leur fils et petit-fils, ANNIVERSAIRES DE DÉCÈS Manière de voir 136 F TTC - 20,73 ¤ Marcel Joachim Bienvenu MEUR, TARIF ABONNÉS 118 F TTC - 17,98 ¤ Le bimestriel édité par le 10 mai 1999, à Paris-11e. NAISSANCES, ANNIVERSAIRES, MARIAGES, FIANÇAILLES 36, rue Etienne-Dolet, 520 F TTC - 79,27 ¤ FORFAIT 10 LIGNES LA NOUVELLE GUERRE 75020 Paris. Toute ligne suppl. : 62 F TTC - 9,45 ¤ THÈSES - ÉTUDIANTS : 83 F TTC - 12,65 ¤ COLLOQUES - CONFÉRENCES : DES BALKANS Anniversaires de naissance Nous consulter ట 01.42.17.39.80 + 01-42-17-38-42 a Raisons et déraisons d’un conflit, par Ignacio Ramonet. – A l’occasion de ses soixante ans, Fax : 01.42.17.21.36 a L’ère des expéditions humanitaires, par Alain Joxe. Camille et Inès a L’ONU confisquée par les grandes puissances, par Monique souhaitent à leur grand-père, Chemillier-Gendreau. a L’Alliance atlantique, cadre de l’hégémonie américaine, par Michel FOLLAIN, Paul-Marie de La Gorce. un très joyeux anniversaire pour toute la a Qu’est-ce qu’un Etat ?, par François-Gabriel Roussel. tendresse et l’affection dont il les entoure. a Le démantèlement programmé d’une fédération, par Catherine Se joignent à elles, Pierrette, Christophe et Muriel, Pierre et Chantal, Samary. qui l’embrassent affectueusement. a Le régime serbe hors la loi, par Jean-Yves Potel. a Histoire secrète de l’Armée de libération du Kosovo, par – 24 mai 1934, Paris-19e. Christophe Chiclet. 24 mai 1999, Neuilly, les « Ambassadeurs ». a Les impasses du nationalisme serbe, par Jean-Arnault Dérens. a Les Etats-Unis contre le droit, par Noam Chomsky. Papa, a Limites du droit d’ingérence, par Nuri Albala. fidèle lecteur du Monde depuis mainte- a nant quelques décennies, tu ne peux pas L’émergence des minorités, par Joseph Yacoub. manquer le souhait que nous a Hystéries nationalistes, par Alain Gresh. formulons ce soir : Et d’autres articles, accompagnés d’une importante bibliographie, d’une « Très joyeux anniversaire. » liste de sites Internet, de plusieurs dizaines de cartes, et de chronologies. Tes filles qui t’aiment, CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX – 45 F – 6,86 ¤ Olivia et Isabelle. LeMonde Job: WMQ2505--0025-0 WAS LMQ2505-25 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0318 Lcp: 700 CMYK

RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / 25 LUNDI 24 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

19.45 Lonely Planet. [17/39]. 21.40 Bartok. Sonate pour deux pianos et 20.30 Lone Star aa DÉBATS Islande et Groenland. Planète percussions. Avec sir Georg Solti, John Sayles (Etats-Unis, TÉLÉVISION ARTE 20.00 La Politique au royaume piano ; Murray Perahia, piano ; 1995, 135 min) &. Ciné Cinéma 2 19.10 Grand Jury RTL-Le Monde-LCI. Evelyn Glennie et David Corkhill, 19.00 Nature. des chimpanzés. Odyssée 20.40 Cul-de-sac aaa TF 1 Arlette Laguiller ; Jean Saint Josse. LCI percussions. Mezzo Roman Polanski (Grande-Bretagne, Le Caire, mégalopole exemplaire ? 21.25 Faut-il légaliser 20.15 Reportage. 22.45 Les Deux Yeux d’Horus. 1965, N., 105 min) %. 13ème RUE 19.45 Météo, Arte info. Mitch, six mois après. Arte Enregistré en Egypte, en 1998. 18.25 Exclusif. la drogue ? Forum Planète Dir. Giuseppe Sinopoli. Mezzo 21.30 Le Roman 19.05 Le Bigdil. 20.15 Reportage. Mitch, six mois après. 20.15 Voice of Firestone. Richard Tucker 20.40 Trois couleurs : Rouge a 21.45 Les morts peuvent-ils in Opera and Song. Muzzik 0.05 Paul Simon. Central Park, de Marguerite Gautier aaa 19.50 Clic & Net. New York 1991. Canal Jimmy George Cukor (Etats-Unis, 1936, Film. Krzysztof Kieslowski. &. nous parler ? RTBF 1 e 20.00 Journal, Météo. 20.45 La III République. o N., 110 min) &. Cinétoile 22.20 My Own Private Idaho aa [3/6]. 1892-1906. Histoire 0.15 Mozart. La Symphonie n 29. 20.50 Ushuaïa nature. 23.20 Terre appelle Mars. Forum Planète Par Maazel. Mezzo 21.55 Pelle le conquérant aaa Film. Gus Van Sant Jr (v.o.). ?. 20.55 Les gorilles Des origines aux mondes perdus, 0.30 Concours musical international Bille August (Danemark, 1987, Kamtchatka. 0.00 Court-circuit. Inside the Boxes. MAGAZINES n’ont pas le moral. Odyssée v.o., 150 min) &. Ciné Cinéma 1 Mirjam Kubescha (v.o.). &. Reine Elisabeth de Belgique. 22.40 Y a pas photo ! 0.15 Villeneuve. Jakob Hilpert (v.o.). &. 21.50 L’Histoire de l’Italie au XXe siècle. Session piano 1999, 0.10 Football. Ligue des Champions. 0.30 Concours musical international 18.30 Nulle part ailleurs. [34/42]. Planète finale : première soirée. Arte Invités : Zoxea ; Kool Shen ; Nicolas 0.45 TF 1 nuit, Météo. Reine Elisabeth de Belgique. Anelka ; Bertrand Cantat ; Rodolphe 23.05 Croisette coquillette. Canal + 0.57 Clic & Net. Session piano 1999, Burger ; Stéphane Peyron. Canal + 23.10 Wayana, entre deux rives. Odyssée TÉLÉFILMS finale - Première soirée. 20.00 20 h Paris Première. Avec Catherine Jacob. Paris Première 20.15 Voix d’outre-tombe. FRANCE 2 SPORTS EN DIRECT David Jackson. RTBF 1 M6 20.50 Ushuaïa nature. Des origines 19.10 Un livre, des livres. aux mondes perdus, Kamtchatka. TF 1 23.00 Les Enfants du dragon. 13.00 Tennis. Internationaux de France Peter Smith [1/2]. Histoire 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 19.20 Mariés, deux enfants. &. 20.55 Ça se discute jour après jour. (1er jour). France 3 0.20 Amour, sexe et sang-froid. 19.50 La sécurité sort L’adoption. France 2 19.25 Qui est qui ? 15.05 Tennis. Internationaux de France Harry S. Longstreet. %. France 3 de la bouche des enfants. 21.00 Lundi soir. Invités : Yannick Noah (1er jour). France 2 20.00 Journal, Météo. 0.50 Grandeur et décadence 19.54 Le Six Minutes, Météo. et Daniel Cohn-Bendit. Eurosport 15.15 Formule 3. Coupe d’Europe : 20.55 Ça se discute jour après jour. 22.40 Y a pas photo ! Les histoires Grand Prix de Pau. Pathé Sport d’un petit commerce de cinéma. L’adoption. 20.10 Notre belle famille. &. Jean-Luc Godard. Festival étonnantes et drôles de voyance. TF 1 15.30 Cyclisme. Tour d’Italie : Ancône 23.10 D’un monde à l’autre. 20.40 Décrochage info, 23.10 D’un monde à l’autre. - San Sepolcro. TSR - Eurosport Les femmes qui osent. Les Produits stars. Les femmes qui osent. 16.10 Football. Championnat suisse : COURTS MÉTRAGES 0.45 Journal, Météo. 20.50 Allô maman, c’est encore moi Invitées : Chantal Thomass ; Catherine Grasshopper Zurich - FC Zurich. TSR 1.05 Le Cercle. Roland Dubillard. Film. Amy Heckerling. &. Breillat ; Astrid Schilling. France 2 0.00 Court-circuit. 22.25 Le Pont de Cassandra a 0.40 Culture pub. Inside the Boxes. Mirjam Kubescha. Film. George Pan Cosmatos. %. MUSIQUE Villeneuve. Jakob Hilpert. Arte FRANCE 3 L’Histoire dans tous ses états. M6 22.20 My Own Private Idaho 0.40 Culture pub. 19.10 The Charles Mingus Sextet. Gus Van Sant Jr. Avec Keanu Reeves, 18.20 Questions pour un champion. L’Histoire dans tous ses états. DOCUMENTAIRES 12 avril 1964. Muzzik SÉRIES William Richert (Etats-Unis, 1991, v.o., 100 min) ?. Arte 18.50 Un livre, un jour. 21.00 Der Freischütz. 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. RADIO 19.00 Nature. Le Caire. Arte Opéra de von Weber. Par l’Orchestre 21.25 Leaving L.A. Now ? (v.o.). Série Club 22.25 La Quatrième Dimension aa 19.30 Histoire de la Samba. [2/4]. Bahia, de l’Opera de Stuttgart, 22.15 Buffy contre les vampires. [2/2]. John Landis, Steven Spielberg, 20.05 Fa Si La. l’hégémonie afro-musicale. Mezzo dir. Dennis Russell Davies. Muzzik Bienvenue à Sunnydale. Série Club Joe Dante et George Miller 20.32 Tout le sport. FRANCE-CULTURE (Etats-Unis, 1983, 100 min) &. RTL 9 20.35 Côté court. 22.30 Gens de Dublin aaa 20.55 Le Dernier Empereur aaa 21.00 Le Grand Débat. John Huston (Etats-Unis, 1987, Film. Bernardo Bertolucci. &. Par Alain Rollat v.o., 85 min) &. Cinéstar 2 23.45 Météo, Soir 3. en collaboration avec Le Monde. 22.30 Répulsion aa 0.10 Flash Roland-Garros. Comment être heureux Roman Polanski (Grande-Bretagne, ensemble à l’école ? [2/2]. 1965, N., v.o., 105 min) &. 13ème RUE 0.20 Amour, sexe et sang-froid. Téléfilm. Harry S. Longstreet. %. 22.10 Fiction. 22.55 Outremer aa 1.45 La Case de l’Oncle Doc. 23.00 Nuits magnétiques. TF 1 PLANÈTE ARTE B. Roüan (Fr., 1989, 95 min) &. TMC C comme Cinéma, Cannes, 20.50 Ushuaïa nature 16.30 Cannabis en France 22.20 My own private Idaho aa 23.00 Le Petit Homme aa Chalais [2/2]. FRANCE-MUSIQUE J. Foster (EU, 1991, 120 min) &. Téva Zone stratégique strictement in- L’enquête de Philippe Lachambre Gus Van Zant réussit à créer une 23.30 Cría cuervos aa CANAL + 21.00 Portraits. Concert par l’Ensemble terdite jusqu’en 1992, la presqu’île sur le cannabis en France décrit atmosphère de désespoir émou- Carlos Saura (Espagne, 1975, Accroche-Note, dir. Pascal Rophé. du Kamtchatka, à l’extrême-orient une consommation qui se bana- vante dans ce troisième film qu’il a v.o., 110 min) ?. Paris Première ̈ En clair jusqu’à 20.40 22.30 Musique pluriel. Œuvres de Freedman, Kärkkaïnon. de la Sibérie, est encore une terre lise, dans le pays le plus répressif tourné (après Mala Poche et Drug- 23.45 Le Goût de la cerise aa 18.30 Nulle part ailleurs. Abbas Kiarostami (Iran, 1997, 23.07 Le Bel Aujourd’hui. quasi inconnue et vierge. S’y d’Europe. Ce film milite ouverte- store Cowboy) et qui panache un v.o., 99 min) &. Canal + 20.30 Pas si vite. Œuvres de Sciarrino, Pagh-Paan, etc. rendre, c’est remonter le temps sur ment pour la dépénalisation, et via projet sur Henri IV de Shakespeare 23.55 Le Christ interdit aa 20.40 Contact a Film. Robert Zemeckis. &. des millions d’années. On y trouve des témoignages d’usagers, de et un autre sur le milieu homo- Curzio Malaparte (Italie, 1950, RADIO CLASSIQUE N., v.o., 100 min) &. Ciné Classics 23.05 Croisette coquillette. aussi la plus forte concentration de chercheurs, de médecins, dénonce sexuel de Portland (Idaho). Sur ce 1.00 Travelling avant aa 23.45 Le Goût de la cerise aa 20.15 Les Soirées. Œuvres de Schubert. 20.40 Riccardo Chailly, chef Jean-Charles Tacchella (France, Film. Abbas Kiarostami (v.o.). &. volcans au monde. Le Kamtchatka la démesure entre les risques (un à film, réalisé en 1991, plane l’ombre d’orchestre. Œuvres de Wagenaar, 1987, 120 min) &. Cinétoile 1.25 Boxe hebdo. est une « star » qui ne ménage pas vingt ans de prison) et le peu de de River Phoenix, qui mourut Franck, Brahms, Beethoven, 2.35 Déjà mort a Film. Olivier Dahan. ?. ses effets, et Nicolas Hulot le filme nocivité de l’herbe, vis-à-vis de d’une overdose en 1993, à l’âge de 1.20 Sang pour sang aa Lalo, Rossini. Joel et Ethan Coen (Etats-Unis, 4.50 Joli village, jolie flamme a 22.45 Les Soirées... (suite). avec sobriété. l’alcool mais aussi du tabac. vingt-trois ans. En v.o. 1984, 95 min) ?. Cinéstar 2 Film. Srdjan Dragojevic (v.o.). ?. Œuvres de Ravel, Gershwin, etc.

MARDI 25 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 0.00 La Vie en face. La maison de Kate, 20.59 Soirée Igor Stravinski un lieu d’espoir. TSR (1882-1971). Muzzik TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE 0.35 Rive droite, rive gauche. 21.35 Schoenberg. Quatuor à cordes no 3. 21.20 Egypte, sur les traces Best of interviews. Paris Première 14.30 La Cinquième rencontre... Par le Quatuor Schoenberg. Mezzo TF 1 Santé et science : de Ramsès. 0.45 Le Cercle. France 2 Invités : Pierre Bordreuil ; 22.10 Richard Strauss. La santé en haute montagne. Christiane Desroches Noblecourt ; 1.55 Saga-Cités. Le Chevalier à la rose. 15.40 Le Rebelle. &. 16.00 Les Grandes Aventures La famille Agopian. France 3 Par l’Orchestre symphonique Joseph Modrzejewski ; 16.30 Vidéo gag. du XXe siècle. Jean Yoyotte. Forum Planète de la Radio bavaroise, 16.45 Sunset Beach. &. dir. Lorin Maazel. Mezzo 16.30 Les Dessous de la Terre. 23.20 Cuisine, révolutions DOCUMENTAIRES 17.35 Melrose Place. &. 22.45 L’Enlèvement au sérail. 17.00 Au nom de la loi. &. de palais. Forum Planète 18.25 Exclusif. 17.30 100 % question. 17.25 Cinq colonnes à la une. Planète Opéra de Mozart. Enregistré en 1980. Par l’Orchestre de l’opéra d’Etat 19.05 Le Bigdil. 17.55 Le Futur en marche. 17.25 Le Troisième Ange. Odyssée MAGAZINES de Bavière, dir. Karl Böhm. Mezzo 19.50 Clic & Net. 18.30 Le Monde des animaux. 18.25 Le Vaisseau spatial Terre. 23.15 Oedipe Roi. Enregistré en 1989. 20.00 Journal, Météo. 19.00 Archimède. La lutte biologique. Odyssée Dir. Ros Marba. Muzzik 10.35 Droit d’auteurs. 20.50 Le Flic de Beverly Hills a 19.45 Météo, Arte info. Invités : Jean-François Deniau ; 18.30 Le Monde des animaux. Film. Martin Brest. &. 0.10 Métissages en Muzzik. 20.15 Reportage. Hervé Hamon ; La Tarentule. La Cinquième New Morning, Paris 1999. Muzzik 22.50 High Secret City, Gérard Guegan. La Cinquième Bangkok, Let Them Die ! 19.00 La Magie Méliès. [1/2]. Odyssée 0.30 Concours musical international COLLECTION CHRISTOPHE L. la ville du grand secret. 13.05 Argent public. 20.40 Thema. Afrique du Sud : 19.10 Cannabis en France. Planète Reine Elisabeth de Belgique. 13.20 Gens de Dublin aaa Le parricide. &. de l’apartheid à la vérité. Kosovo, le prix de la guerre. Intime conviction. ?. Session piano 1999, finale : John Huston. 20.45 La Commission de la vérité. Aides publiques au cinéma français. 20.05 Aventures Avec Anjelica Huston L’argent du PMU. Deuxième soirée. Arte 0.35 Le docteur mène l’enquête. 23.00 Les Enfants du Karoo. dans les «Canyon Lands». Planète Cathleen Delany (Etats-Unis, 1987, Le vieil homme et le chien. %. Téléfilm. Laurent Ferrier. &. Invités : Frédéric Mitterrand ; 85 min) &. Cinéstar 2 Jean-Michel Gaillard. TV 5 20.15 Reportage. 1.30 TF 1 nuit, Météo. 0.30 Concours musical international TÉLÉFILMS 16.30 L’homme est une femme 13.30 Les Grands Débats politiques. Face Bangkok, Let Them Die ! Arte Reine Elisabeth de Belgique. à face avec Valéry Giscard d’Estaing 20.40 Thema. 17.15 Le Grand Môme. comme les autres aa FRANCE 2 Session piano 1999, finale. 15/02/66 [1/2]. Histoire Afrique du Sud : Jacques Ertaud. Festival Jean-Jacques Zilbermann (France, Deuxième soirée. 1997, 95 min) &. Canal + vert 14.00 20 h Paris Première. de l’apartheid à la vérité. Arte 18.30 Les Enfants du dragon. 14.40 Tennis. Roland - Garros Catherine Jacob. Paris Première 20.40 Gardiens de la lumière. Odyssée Peter Smith [1/2]. Histoire 17.10 Les Hauts de Hurlevent aa Luis 19.10 et 22.30 Un livre, des livres. M6 14.30 La Cinquième rencontre... 20.45 Taslima Nasreen, Buñuel (Mexique, 1953, N., v.o., 19.15 1 000 enfants vers l’an 2000. 20.55 Le Destin des Steenfort. 90 min) &. Ciné Classics 16.15 Boulevard des clips. Santé, science : La santé Jean-Daniel Verhaeghe [1/3]. RTBF 1 19.20 Qui est qui ? voyage en France. Histoire 17.25 Beau fixe aa 17.35 Agence Acapulco. &. en haute montagne. La Cinquième 22.15 Les Filles du maître de chai. 20.00 Journal, Météo. 22.50 Martin Bormann. Un homme Christian Vincent (France, 18.25 Chérie, j’ai rétréci les gosses. &. 14.58 Questions au gouvernement. dans l’ombre du Führer. Odyssée François Luciani [2/3]. TV 5 1992, 90 min) &. Cinéstar 2 20.55 La Baule-les-Pins A L’Assemblée nationale. France 3 19.20 Mariés, deux enfants. &. 22.45 Cavale fatale. Peter Levin. ?. M6 Film. Diane Kurys. &. 0.05 La Rencontre du cannibale 17.45 Jules et Jim aaa 19.50 La sécurité sort 16.00 1 an de +. Canal + François Truffaut (France, 22.35 Bouche à oreille. et des carnassiers. Planète 23.00 Les Enfants du Karoo. de la bouche des enfants. 17.55 Stars en stock. Bette Davis. Laurent Ferrier. Arte 1961, N., 105 min) &. Cinétoile 22.50 La Vie à l’endroit. Robert Wagner. Paris Première 1.00 Cancer au féminin. France 3 Exclusivement masculin. 19.54 Le Six Minutes, Météo. 23.15 L’Eternel Mari. 18.10 Retour à Howards End aa 18.30 Nulle part ailleurs. Denys Granier-Deferre. Festival James Ivory (Grande-Bretagne, 1991, 0.25 Journal, Météo. 20.10 Notre belle famille. &. Afrocelts Sound System ; SPORTS EN DIRECT 140 min) &. Ciné Cinéma 2 0.45 Le Cercle. 20.40 Décrochage info, Alice Cooper ; Monique Pantel ; 20.30 Le Dernier Milliardaire aa E = M6 découverte. Arsène Wenger ; Jean-Pierre Papin ; COURTS MÉTRAGES 13.05 Tennis. Internationaux René Clair (France, 1934, FRANCE 3 20.50 E = M6 spécial. Les nouvelles David McNeil. Canal + de France (2e jour). France 3 N., 95 min) &. Ciné Classics 23.55 On vous rappellera... technologies de vos loisirs. 19.00 Archimède. 20.30 Bye-Bye aa 14.58 Questions au gouvernement. Les gestionnaires des déchets 14.40 Tennis. Internationaux Une sélection des meilleurs courts 22.45 Cavale fatale. de France (2e jour). France 2 métrages de Nicolas Bedos. Canal + Karim Dridi (Fr. - Bel.- 16.10 Grands gourmands. Téléfilm. Peter Levin. ?. radioactifs. Sui., 1995, 105 min) &. Ciné Cinéma 1 Portrait du professeur Roland Hetzer. 15.25 Cyclisme. Giro : San Sepolcro - 16.40 Les Minikeums. 0.30 Zone interdite. Obésité, danger ! Comment : Le foie artificiel. Cesenatico. TSR - Eurosport SÉRIES 20.30 Short Cuts aa 17.45 Le Kadox. Robert Altman (Etats-Unis, Design acoustique. 18.20 Questions pour un champion. Expérience : Design acoustique. Arte 20.30 Boxe. Championnat IBO. 1992, 180 min) &. Cinéstar 1 RADIO Poids légers : Michael Ayers (GB) - 19.20 Mariés, deux enfants. [2/2]. 18.50 Un livre, un jour. 19.00 Rive droite, rive gauche. Mkhuseli Kondile (AfS). Eurosport Opération papa le dingue. M6 21.00 Le Maître de marionnettes aa Best of interviews. Paris Première Hou Hsiao Hsien (1993, v.o., 18.55 Le 19-20 de l’information, Météo. FRANCE-CULTURE 2.05 Basket NBA. Play off. Canal + 19.35 Les Rues de San Francisco. 140 min) &. Cinéstar 2 20.05 Fa Si La. 19.15 Le Rendez-vous. LCI Les déserteurs. TMC 22.05 Dames aa 20.35 Tout le sport. 20.02 Les Chemins de la musique. [2/5]. 20.00 20 h Paris Première. 20.05 Zorro. La chasse Ray Enright (Etats-Unis, 1934, MUSIQUE 20.38 Côté court. 20.30 Agora. Edwige de Chavanes à propos Marc Jolivet. Paris Première à l’homme. Disney Channel N., v.o., 90 min) &. Ciné Classics 21.00 Questions pour un champion. de L’Idiote, d’Ango Sakaguchi. 20.10 Le Talk Show. 20.40 The Practice. Passing Go. 22.15 Lone Star aa Spéciale langue française. Philippe Labro ; Fellag. LCI 17.30 Irina Decermic joue Scriabine, Reasons to Believe. Série Club 21.00 Poésie studio. Spécial Mahmoud John Sayles (Etats-Unis, 22.55 Météo, Soir 3. Darwich ; Nelly Sachs. 20.50 E=M6 spécial. Mozart et Bach. Concert. 20.40 L’Inspecteur Lavardin. 1995, v.o., 135 min) &. Ciné Cinéma 1 Avec Irina Decermic, piano. Muzzik 23.30 Flash Roland-Garros. 22.10 Mauvais genres. Les nouvelles technologies Le Château du pendu. 13ème RUE 22.30 Pelle le conquérant aaa de vos loisirs. M6 23.40 Comment ça va ? 23.00 Nuits magnétiques. 18.00 John Pizzarelli chante les Beatles. 21.45 Ally McBeal. Sideshow (v.o.). Téva Bille August (Danemark, 21.00 Le Gai Savoir. Montréal, juillet 1998. Muzzik 1987, v.o., 145 min) &. Ciné Cinéma 3 0.35 Magazine olympique. 0.05 Du jour au lendemain. 22.50 High Secret City, Umberto Eco. Paris Première 19.30 Brahms. Quatuor avec piano opus 25. 1.00 Cancer au féminin. 22.45 Télécinéma. Avec Andras Schiff, piano ; Yuuko la ville du grand secret. 1.55 Saga-Cités. La famille Agopian. FRANCE-MUSIQUE Bilan de Cannes 99. RTBF 1 Shiokowa, violon ; Nobuko Imai, alto ; Le parricide. Intime conviction. TF 1 22.50 La Vie à l’endroit. Miklos Perenyi, violoncelle. Mezzo 23.05 Star Trek, la nouvelle génération. CANAL + 20.00 Pinchas Zukerman Exclusivement masculin. France 2 20.00 Amalia, a Strange Way of Life. Parallèles (v.o.). Canal Jimmy interprète Beethoven. Œuvres de F.X. Mozart, Takemitsu, 23.40 Comment ça va ? Homéopathie : Concert. Muzzik 0.00 Star Trek, Deep Space Nine. 15.45 Pas si vite. L’autre (v.o.). Canal Jimmy R. Schumann, Beethoven. mythes et réalités. Dialyse trois étoiles. 20.15 Brahms. Danse hongroise. 15.50 et 0.25 Surprises. Les nouvelles normes pour le diabète Avec Gabriele Pieranunzi, violon ; 1.25 Friends. The One with the Ride Alone 22.30 Musique pluriel. de type II. France 3 Riccardo Zadra, piano. Mezzo (v.o.). Canal Jimmy 16.50 Le Journal du cinéma. Œuvres de Martensson, Petrossian. 16.55 George de la jungle 23.07 Le Dialogue des muses. Film. Sam Weisman. &. ̈ En clair jusqu’à 20.40 RADIO CLASSIQUE 18.30 Nulle part ailleurs. 20.15 Les Soirées. 20.30 Le Journal du cinéma. Petite suite d’orchestre, de Bizet, FRANCE-CULTURE ARTE PARIS PREMIÈRE 20.40 Président Junior par l’Orchestre du Capitole de Film. David Mickey Evans. &. Toulouse, dir. Michel Plasson ; 13.40 La Fille 20.15 Bangkok : 22.40 L’Important Œuvres de Poulenc. COLLECTION CHRISTOPHE L. 22.15 Freeway a 20.40 Haydn et Mozart. Œuvres aux talons d’argile « Let Them Die ! » c’est d’aimer aa Film. Matthew Bright (v.o.). !. de Mozart, Haydn, Pleyel. 22.40 L’important c’est d’aimer aa 23.55 On vous rappellera... Portrait vivant et frémissant de Un remarquable reportage d’Oli- Adapté du roman de La Nuit amé- Andrzej Zulawski. 22.45 Les Soirées... (suite). Avec Romy Schneider, 0.35 Marie Baie des anges a Œuvres de Monteverdi, Szymanowski, Juliet Berto, interprète inspirée vier Warin, sur les difficultés d’ac- ricaine, de Christopher Frank, ce Fabio Testi (Fr. - It. - All., Film. Manuel Pradal. %. Barber, Berio, Boulez, Cage. de Rivette et de Godard et ci- cès aux médicaments dans les film d’Andrzej Zulawski fit faire 1974, 115 min) ?. Paris Première néaste aiguë de Neige et de Cap pays pauvres. Diffusé le jour de la au cinéaste une entrée remarquée 23.05 Masculin-féminin aa Jean-Luc Godard (France - SIGNIFICATION DES SYMBOLES Canaille. Blandine Masson évite clôture de l’Assemblée mondiale dans le cinéma français. Des êtres Suède, 1966, N., 105 min) !. Cinétoile l’exercice convenu de la rétro- de la santé, il décrit, en suivant fragiles, se débattent dans un 23.20 Kissed aa Les codes du CSA Les cotes des films spective commentée et offre un une famille thaïlandaise, les pro- monde de corruption et d’abjec- Lynne Stopkewich (Canada, & Tous publics a On peut voir « collage » kaléidoscopique et blèmes qui se posent aux malades tion. Romy Schneider s’est dépas- 1996, 80 min) !. Canal + vert % Accord parental souhaitable aa A ne pas manquer 23.55 A l’est d’Eden aaa ? Accord parental indispensable aaa Chef-d’œuvre ou classique élégiaque à la femme trop sen- du tiers-monde : absence de trai- sée dans cette tragédie, tandis que Elia Kazan (Etats-Unis, ou interdit aux moins de 12 ans Les symboles spéciaux de Canal + sible à la voix de verre brisé, dé- tements de pathologies et coût Fabio Testi et Jacques Dutronc y 1955, 115 min) &. Ciné Cinéma 2 ! Public adulte DD Dernière diffusion cédée en 1990. Diffusion du lundi prohibitif de certains médica- jouent avec une étonnante pré- 0.50 Au feu, les pompiers ! aa Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Milos Forman (Tché.,1967, # au vendredi. ments. sence. v.o., 80 min) &. Cinétoile Interdit aux moins de 18 ans les sourds et les malentendants LeMonde Job: WMQ2505--0026-0 WAS LMQ2505-26 Op.: XX Rev.: 24-05-99 T.: 11:06 S.: 111,06-Cmp.:24,11, Base : LMQPAG 26Fap: 100 No: 0319 Lcp: 700 CMYK

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MARDI 25 MAI 1999 Alain Krivine et Arlette Laguiller Quatre ressortissants néerlandais assassinés envisagent la création dans leur maison de vacances du Gers d’un « parti ouvrier » commun Un crime relevant de la « sauvagerie », selon le procureur de la République d’Auch PAS DE CHÔMAGE médiatique dans son édition de lundi, la forte LES CORPS de quatre ressortis- dans la cuisine, bâillonné, pieds et cevoir, par l’unique fenêtre de la dans le village, une commune de pour Arlette Laguiller et Alain Kri- actualité de l’extrême gauche ce sants néérlandais, sauvagement poignets entravés par du ruban pièce, le corps de M. Van Hulst, 440 habitants, pour la dernière vine ! Vingt minutes à « Polé- week-end. assassinés, ont été découverts sa- adhésif. Il a vraisemblablement tué par arme à feu. Les enquêteurs fois, mercredi 19 mai. Les volets de miques » sur France 2, dix à « Pu- Pourtant, l’essentiel n’était pas là. medi 22 mai dans leur maison de été égorgé par arme blanche. Son ont forcé la porte de la pièce, qui la maison étaient cependant ou- blic » sur TF 1, dimanche 23 mai ; En programmant, dimanche, un dé- vacances située sur la petite dos portait également une dou- avait été condamnée de l’intérieur verts, jeudi 20 mai dans la mati- plus la moitié du « Grand Jury RTL- bat sur le thème « Après le 13 juin : commune de Monfort (Gers). Le zaine de traces de coups de cou- par un panneau de bois, maintenu née, alors qu’ils ont été trouvés Le Monde-LCI », lundi 24 : le pro- quelles perspectives ? Quel parti ? procureur de la République teau. par des valises. « M. Van Hulst s’est clos deux jours plus tard, lors de la gramme audiovisuel du week-end Peut-on le faire ensemble ? », LO af- d’Auch, Guy Etienne, a qualifié ce Les enquêteurs ont ensuite dé- vraisemblablement volontairement découverte des corps. Les Van de la Pentecôte était passablement fiche sa volonté de considérer les meurtre, dimanche 23 mai, de couvert, dans une chambre au rez- enfermé. Aucune arme n’a été re- Hulst, dont l’époux est directeur embouteillé pour les deux ténors élections européennes comme une « crime horrible, d’une sauvagerie de-chaussée, le corps de Dorothea trouvée à l’intérieur, a expliqué le d’une entreprise de fourniture et de la liste LO-LCR aux euro- étape. Dans une intervention où voire d’une barbarie importante ». Nieuwenhuis, cinquante-sept ans, procureur. Il est mort d’un coup de de réparation de matériel de sé- péennes. Et le tout alors que se te- tous les termes étaient soigneuse- Il a exclu, au vu des premières qui gisait sur le dos. Elle aussi feu tiré dans le thorax. Il a été fait curité aux Pays-Bas, avaient ac- nait, du samedi au lundi, la tradi- ment choisis, Arlette Laguiller a, en constatations, l’hypothèse d’un avait été bâillonnée, les pieds et usage d’une seule munition. » quis cette maison du Gers, l’été tionnelle Fête de Lutte ouvrière, à cas de succès au scrutin du 13 juin, triple meurtre suivi d’un suicide. les poignets ligotés par du ruban La maison ne comportait au- 1998. Presles (Val-d’Oise), dans le châ- invité à « la construction d’un parti Toutes les autres pistes sont donc adhésif. Mme Nieuwenhuis a été cune trace de lutte mais les enquê- teau et le parc de 13 hectares qui ouvrier communiste ». Pour cela, plu- envisagées, sans que les gen- égorgée par arme blanche tout teurs ont relevé qu’elle avait été ENQUÊTE DIFFICILE appartient à l’organisation révolu- sieurs conditions doivent être, au darmes chargés de l’enquête comme Marianne Van Hulst, cin- fouillée, compte tenu de son dé- L’enquête, qui s’annonce diffi- tionnaire. Selon les organisateurs, préalable, réunies. Le mouvement « n’en privilégient aucune ». quante ans, retrouvée, dans des sordre. Selon eux, le quadruple cile, a été confiée à la compagnie le record d’affluence a été battu, de Mme Laguiller attend une adhé- Les époux Atie et Marianne Van conditions similaires, dans une meurtre a été minutieusement de gendarmerie d’Auch, assistée avec plus de 12 000 entrées sion de « l’électorat populaire » et le Hulst, propriétaires de cette mai- chambre au premier étage. préparé par le ou les agresseurs. de la brigade de recherche dépar- payantes pour la seule journée de réveil, chez les jeunes, de « dizaines son isolée, ainsi que la sœur de Ces derniers sont repartis en pre- tementale, des sections de re- dimanche. de milliers de vocations militantes ». Mme Van Hulst, Dorothea Nieu- AUCUNE TRACE DE LUTTE nant quelques précautions : les cherche d’Agen, Bordeaux et Tou- Campagne commune des euro- Considérant que le socle de 5 % wenhuis, et son mari, Johan Nieu- Ce n’est que dans un second trois véhicules appartenant aux louse, ainsi que de l’Institut de péennes oblige, le porte-parole de constitue son score personnel, il wenhuis, ont été découverts sans temps que le corps du propriétaire victimes, habituellement station- recherche criminelle de la gendar- la Ligue communiste révolution- faudra que le résultat de la liste vie, samedi 22 mai vers 18 h 30, de la maison, Atie Van Hulst, cin- nés sous un hangar visible de la merie de Rosny-sous-Bois. Les naire a été invité à prendre la pa- commune soit « supérieur aux 7 % par un couple d’amis. Les gen- quante et un ans, a été découvert, route, avaient été rangés dans le corps ont été transportés à l’Insti- role. Avant le Zénith, prévu le ou 8 % » de suffrages, observe-t-elle. darmes ont alors constaté que dissimulé dans un pièce aveugle, garage ; la chaîne barrant l’accès à tut médico-légal de Toulouse. 6 juin, il s’agit du plus gros meeting Sur le même thème, M. Krivine trois des victimes ont été égorgées derrière la cuisine. Ne pouvant ac- la propriété avait été replacée, L’autopsie devrait débuter dans la pour les deux leaders de l’extrême avait appelé, lui, à la formation après avoir été attachées. Johan céder à cet appentis, dont la porte comme pour signifier que les rési- journée de mardi 25 mai. gauche. A trois semaines du scru- d’« un nouveau parti des travailleurs Nieuwenhuis, soixante-deux ans, était bloquée, les enquêteurs ont dants étaient partis. tin, M. Krivine a surtout mis en qui ne peut pas être une simple addi- a été trouvé face contre terre, dû monter au grenier pour aper- Les victimes ont été aperçues Cécile Prieur garde contre « les coups bas à ve- tion de LO et de la LCR ». Le porte- nir ». « Au début de la campagne, on parole de la LCR plaide pour la nous trouvait sympathiques, les deux construction d’« une grande forma- dinosaures qui disaient des conneries tion de gauche radicalement antica- depuis trente ans, ça faisait rire dans pitaliste », qui irait au-delà des deux le 16e arrondissement », a-t-il expli- organisations et agrégerait, notam- qué. ment, des déçus du PCF. LO entend Mais le porte-parole de la LCR remettre le débat sur l’avenir des prévoit un changement d’attitude, deux organisations à un « meeting dès lors que les instituts de sondage commun » organisé après les élec- créditent la liste qu’il conduit avec tions européennes. La poursuite du Arlette Laguiller de 4 % à 8 % des dialogue et de « relations privilé- intentions de vote. Il a invité l’assis- giées » entre LO et la LCR est ac- tance à « chagriner François Hol- quise. « S’il y a des divergences, c’est lande », qui a exprimé ses craintes sur la manière de construire un par- face à « un bon score de la liste LO- ti », constate Mme Laguiller. LCR ». De son côté, L’Humanité passe complètement sous silence, Alain Beuve-Méry Les téléphones portables augmenteraient le risque de cancers DEUX ÉTUDES, l’une suédoise, l’autre américaine, démontreraient que l’utilisation de téléphones portables favorise le développement de tumeurs cancéreuses du cerveau. La chaîne britannique BBC devait diffuser, lundi soir 24 mai, une émission consacrée aux résultats de ces travaux. La pre- mière étude, réalisée par le cancérologue suédois Lennart Hardell, conclut à une multiplication par près de 2,5 du risque de tumeur au cerveau lié à l’utilisation d’un téléphone portable. Il plaide pour la commercialisation d’appareils à faible émission de radiations. Les résultats de la deuxième étude, menée aux Etats-Unis, n’ont pas encore été publiés. Néanmoins, l’unité de recherche scientifique des fabricants américains de portables a fait part de son inquiétude. Les résultats en sa possession montreraient qu’« il pourrait y avoir quelque chose de plus grave qu’on le pensait », déclare le responsable de cette unité de recherche à la BBC. Une troisième expé- rience, menée en Angleterre par l’université de Bristol sur 36 adultes expo- sés pendant 20 à 30 minutes à des radiations, montrerait que l’aptitude à faire des choix – fonction commandée par le cortex visuel – serait altérée. Le docteur Alan Preece en conclut qu’il faut « limiter l’exposition au télé- phone portable au minimum ».

DÉPÊCHES a KOSOVO : Dominique Voynet, ministre de l’aménagement du terri- toire et de l’environnement, a estimé, dimanche 23 mai, sur Europe 1, que les frappes en Serbie « ont eu un effet tout à fait limité et (...) contre- productif ». Elle a ajouté que les dégâts à l’égard des civils « sont de plus en plus importants. Et l’on peut presque parler aujourd’hui de punition collective contre les Serbes ». a MUSÉES : les personnels en grève du Louvre ont décidé de sus- pendre leur mouvement pour les deux jours de la Pentecôte ; le musée a rouvert ses portes aux visiteurs dimanche 23 et lundi 24 mai. Les grévistes ont voté la reprise de leur mouvement à partir du mercredi 26 mai. a SOMPORT : plusieurs milliers de personnes ont manifesté, di- manche 23 mai, à Bedous (Pyrénées-Atlantiques), à l’appel d’organisations écologistes, pour protester contre un projet de route à grande circulation qui doit traverser la vallée d’Aspe et rejoindre le tunnel franco-espagnol du Somport dont l’ouverture est prévue en 2001. – (Corres. rég.) a VIOLENCES : un policier a été légèrement blessé et une trentaine de véhicules ont été endommagés, samedi 22 mai au soir, aux Mureaux (Yve- lines), près du stade Léo-Lagrange où se produisait le chanteur Dave. Une trentaine de jeunes a jeté des pierres sur les forces de l’ordre et détérioré des voitures sur le parking réservé aux spectateurs. a JUSTICE : saisi par un usager, le tribunal administratif de Grenoble a déclaré illégaux les tarifs de l’eau appliqués depuis 1989 dans la ville par la Cogese, filiale de la Lyonnaise des Eaux. Dans un jugement daté du 12 mai, le tribunal administratif observe que des dépenses étrangères aux services de l’eau et de l’assainissement se trouvaient indûment répercutées sur le tarif payé par les usagers. La régie municipale de distribution des eaux avait été concédée en 1989 à la Lyonnaise des Eaux par le maire de l’époque, Alain Carignon (RPR). a Le procureur de la République de Nîmes, Bertrand de Loze de Plai- sance, a annoncé, vendredi 21 mai, le classement sans suite de la plainte que le maire de Vauvert (Gard), Guy Roca (PS), avait déposée contre un substitut nîmois, après les événements qui avaient fait un mort dans sa ville. M. Roca avait porté plainte pour « mise en danger d’autrui et non-as- sistance à personne en danger » contre le substitut du procureur, l’accusant d’avoir remis en liberté l’un des meneurs des jeunes. Le procureur a estimé que la plainte de l’élu était « sans fondement juridique ».

Tirage du Monde daté dimanche 23-lundi 24 mai 1999 : 568 123 exemplaires.1-3 LeMonde Job: WDE2199--0001-0 WAS MDE2199-1 Op.: XX Rev.: 22-05-99 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0059 Lcp: 700 CMYK

MARDI 25 MAI 1999 LES ENJEUX [ LES INITIATIVES

EUROPE BOUSSOLE HISTOIRE ÉCONOMIQUE TRIBUNES HARO SUR LE TRAVAIL Maurizio Les négociations pour l’entrée Des firmes ILLÉGAL Ferrera, de la Chine populaire à 1795 Nicolas Appert, séculaires ont DANS LE BÂTIMENT professeur l’Organisation mondiale du confiseur et grossiste en épices à Paris, livré leurs Municipalités et entreprises à l’université commerce (OMC), entamées découvre le principe de la stérilisation. recettes pour d’Ile-de-France ont signé une charte de Pavie en 1986, Les exportations Il disparaît en 1841, dans le dénuement rester jeunes, pour la prévention des pratiques chinoises et à celle de Milan, travaille n’ont le plus total. Les conserves ne seront lors d’un colloque sur le illicites sur Infractions relevées en milliards de dollars en 1995 en % à la coordination des systèmes toujours 190 fabriquées à l’échelle industrielle « redéploiement stratégique », les chantiers 151 e de protection sociale pas 121 que dans la seconde moitié du XIX siècle organisé notamment par la publics dans l’Union abouti et n’entreront dans les mœurs société de conseil Euroconsult, (page VIII) 25,50% (page IV) (page V) 1994 1996 1998 qu’au début du XXe siècle fondée par Marc Giget (page VI) (page VII) BTP

Les riches pourraient renoncer à l’essentiel de leurs créances au Dette des pays pauvres : sommet de Cologne. Mais cela ne suffira pas au décollage des Etats les plus démunis vrai fardeau et faux problème es déshérités valent bien (« termes de Lyon ») pour les pays haite aussi que les pays non éligibles Les obstacles au développement sont multiples une messe. Surtout quand les plus démunis. Ces programmes à la PPTE, mais entrant dans le elle marque le début d’un ne concernaient que les aides bilaté- cadre des « termes de Naples », bé- nouveau millénaire. Pour rales publiques. Par ailleurs, des an- néficient d’un taux d’annulation des célébrerL le Jubilé 2000, les Eglises et nulations de dettes, à vocation «hu- créances commerciales de 67 % au les organisations non gouverne- manitaire », peuvent être décidées, lieu de 50 %. LES DIX ÉLUS mentales (ONG) avaient lancé un au coup par coup, comme cela a été Les ressources ainsi dégagées de- mot d’ordre généreux : « Libérer les le cas pour l’Amérique centrale, dé- vraient être affectées à des dé- (candidats déjà retenus pauvres du poids de la dette. » Au fil vastée par le cyclone Mitch à l’au- penses de développement. De façon pour bénéficier de des mois, le message a pris corps, et tomne 1998. à s’assurer que les remises de dettes, l’initiative PPTE - Pays les nations riches se sont senties in- L’Allemagne, qui cumule jusqu’en partielles ou totales, servent effec- pauvres très endettés) terpellées. Les 19 et 20 juin, à Co- juin 1999 la présidence de l’Union tivement à améliorer la situation logne, les chefs d’Etat et de gouver- européenne et du G 7 et qui orga- économique des pays bénéficiaires • BOLIVIE nement des pays les plus nise le sommet de Cologne, a pro- et le sort des populations qui les ha- 230 industrialisés, organisés en conclave posé à ses partenaires d’améliorer bitent. • BURKINA-FASO milliardsmilliards dede dollarsdollars • CÔTE D’IVOIRE * au sein du G 7, s’efforceront de les programmes de réductions de Un point sur lequel les pays trouver un consensus pour alléger dettes déjà existants, en accélérant créanciers se montrent très sourcil- • ÉTHIOPIE l’insoutenable poids de la dette qui les procédures et en assouplissant leux, sachant que derrière l’Afrique • GUINÉE BISSAU pèse sur les épaules des Africains les critères d’accès, de manière à et l’Amérique latine, d’autres se • GUYANA pour l’essentiel, des Latino-Améri- élargir le cercle des pays potentielle- pressent au guichet pour obtenir • MALI cains pour le reste. ment bénéficiaires. l’effacement de leur dette. C’est dé- • MAURITANIE Les sommes en jeu sont aussi im- Sur ce chapitre, chaque pays y va jà le cas de la Russie et de la Jorda- • MOZAMBIQUE portantes que dérisoires. La dette de sa proposition et la France n’est nie. Ce sera sans doute demain le des pays en développement (PVD) pas en reste. Elle propose d’annuler, tour des nations balkaniques qui • OUGANDA atteint 2 465 milliards de dollars pendant trente ans, le service de la auront résisté à la guerre de Serbie. (environ 2 300 milliards d’euros), un dette généré par l’aide publique au En s’appauvrissant un peu plus. montant quasiment quadruplé de- développement, dès que les pays puis 1980. Celle des pays pauvres les concernés auront vu leur dette trai- Serge Marti et Babette Stern Montant de la dette des pays * plus endettés − la seule à mériter, tée devant le Club de Paris. Elle sou- Lire la suite du dossier pages II et III les plus pauvres. pour l’instant, l’attention des na- Cela ne représente qu'environ 10% de la dette totale tions prospères − se situe autour de des pays en développement 230 milliards de dollars (216 mil- qui atteint 2 465 milliards de dollars liards d’euros). L’équivalent de 0,6 % du produit intérieur brut mondial. Et à peine un an de déficit de la ba- Ratio de la dette / exportations Evolution des cours lance américaine des paiements... en % des matières premières Pour les plus pauvres des plus , en moyenne mensuelle 300 Base 100 = 1988 pauvres − ils sont 41 pays à figurer PAYS AFRICAINS SUBSAHARIENS 130 INDICE REXECODE dans cette catégorie −, une initiative HORS MÉTAUX PRÉCIEUX dite PPTE (Pays pauvres très endet- 120 ET PÉTROLE tés) a été élaborée à partir de 1996. 200 Avec de piètres résultats et des 110 sommes en jeu minimes : moins de 15 milliards de dollars pour les dix 100 100 pays jugés aptes à la PPTE, laquelle est distribuée avec une extrême par- ENSEMBLE DES PAYS EN VOIE 90 cimonie puisque seules deux na- DE DÉVELOPPEMENT (PVD) 0 tions − l’Ouganda et la Bolivie − ont 80 profité, à ce jour, de cette initiative. 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Celle-ci n’est que la dernière en Source : Banque mondiale déc. date depuis que les pays riches et les institutions internationales (Fonds Investissements privés à long monétaire international – FMI – et Evolution de l’aide publique Banque mondiale pour l’essentiel) accordée aux PVD terme dans les PVD ont compris, au tournant des an- 60 en milliards de dollars en milliards de dollars nées 90, que le rééchelonnement de 300 la dette ne servait qu’à repousser le problème à plus tard et qu’il fallait 250 50 INVESTISSEMENTS DIRECTS se résigner aux annulations de 200 dettes. Au sommet de Toronto, en 1988, 150 les Sept avaient envisagé d’annuler, 40 32,7 à hauteur d’un tiers, le stock de la 100 dette des pays les plus pauvres. 50 ACTIONS Mais il a fallu attendre le sommet de OBLIGATIONS Naples, en 1994, puis celui de Lyon, PRÊTS PRIVÉS 30 0 deux ans plus tard, pour aboutir à 1990 91 92 93 94 95 96 97 98 1990 1992 1994 1996 1998 un système plus favorable aux en- Source : Banque mondiale Source : Banque mondiale dettés, selon lequel cette annulation peut porter sur 50 % de la dette, voire 67 % (selon les « termes de Naples ») ou encore mieux, 80 % LeMonde Job: WDE2199--0002-0 WAS MDE2199-2 Op.: XX Rev.: 22-05-99 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:24,10, Base : LMQPAG 00Fap: 100 No: 0116 Lcp: 700 CMYK

II / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 DOSSIER ̄ PAYS EN DÉVELOPPEMENT Les modalités d’allègement de la dette Questions-réponses divisent les pays riches epuis près de six mois, toires de trois ans, permettant aux nordiques. S’il existe de bonnes Comment se financent bilatétaux (passés entre les Etats le groupe des sept Le problème institutions multilatérales de juger chances d’arriver à un consensus les pays et les pays débiteurs) et 16 % sous pays les plus industria- sur pièces les programmes mis en en juin sur une souplesse supplé- forme de prêts multilatéraux. D place par les pays bénéficiaires. mentaire à l’égard des pays éli- 1 en développement ? lisés (G 7) ainsi que les du financement pour Comme de nombreux pays La situation varie énormément organisations multilatérales Bonn suggère une annulation gibles à l’initiative PPTE, la ques- aujourd’hui industrialisés l’ont fait selon le degré de developpement (Fonds monétaire international et réduire le fardeau des pure et simple dans le cadre du tion du partage du fardeau risque au XIXe siècle, les pays en dévelop- du pays. Les sources de finance- Banque mondiale) planchent sur Club de Paris, qui réunit les bail- de ne pas aboutir. Le nouveau pement ont besoin d’importer des ment des pays dits émergents, une idée lancée en janvier par le pays les plus pauvres leurs de fonds bilatéraux publics. ministre allemand des finances, capitaux pour financer leur crois- c’est-à-dire l’Asie et certains pays chancelier allemand Gehrard Une annulation qui viserait la tota- Hans Eichel, l’a d’ailleurs laissé sance. Ils ont pour cela plusieurs d’Amérique latine, reposent à plus Schröder : l’allègement de la dette est loin d’être résolu lité des crédits commerciaux et des entendre lors de la réunion bilaté- possibilités. de 70 % sur des capitaux privés. A des pays les plus pauvres. emprunts de ces pays. Les pays rale franco-allemande d’Aix-en- D’abord, solliciter l’aide au l’inverse, les pays africains En septembre 1996, le FMI et la l’accent sur la nécessité de faire un créanciers (ou prêteurs) sont par Provence le 7 mai. développement. Cette aide, en comptent pour près de 75 % sur Banque mondiale avaient conjoin- effort supplémentaire pour aider ailleurs encouragés à faire un constante diminution au cours des les prêteurs bilatéraux et multila- tement proposé et mis en œuvre les pays pauvres à briser le cycle effort concernant l’aide publique STOCK D’OR dernières années, est composée téraux. une initiative en faveur des pays des rééchelonnements à répéti- au développement, une idée que Pour l’heure, personne ne en grande partie de dons ou de La dette des pays les plus pauvres les plus endettés, appelée tion. soutiennent en particulier les connaît exactement le coût d’une prêts à faible taux d’intérêt et pauvres ne représente que 10 % de PPTE (Pays pauvres très endettés) Mais si le consensus est total sur Etats-Unis. telle opération. Le total des longs délais de remboursement. la dette totale des pays en déve- ou, en anglais, HIPC (Highly le fait qu’un endettement excessif Sur l’ensemble de ces points, la créances des pays du G 7 consen- Jusqu’aux années 70, elle a consti- loppement, mais le rembourse- Indebted Poor Country), qui visait – c’est-à-dire qui absorbe un pour- France est particulièrement pru- ties aux vingt-trois pays théorique- tué la principale source de finan- ment de ces créances exerce une à abaisser à des niveaux tolérables centage trop élevé des recettes dente, arguant du fait que certains ment éligibles est d’une quinzaine cement du tiers-monde. forte pression sur leurs finances la charge de la dette de tous les d’exportation – entrave tout effort de ces « bons conseillers » ne de milliards de dollars (14 milliards Ensuite, les prêts privés ont pro- publiques en raison de la faiblesse pays qui poursuivent de vigoureux de développement, de nombreuses seront pas nécessairement les d’euros). Le chiffre de 40 milliards gressivement pris le relais pour de leurs revenus. Ainsi, si la dette programmes d’ajustement et de questions « pratiques » divisent payeurs, compte tenu de leur de dollars (38 milliards d’euros) exploser après le premier choc équivaut en moyenne à 146 % des réformes. encore les créanciers publics inter- faible engagement financier en avancé par le gouvernement alle- pétrolier (1973). Les banques recettes d’exportation pour Sur les quarante et un pays les nationaux. Les conditions d’accès Afrique. Paris s’est donc empressé mand prendrait en compte l’élar- commerciales occidentales ont l’ensemble des pays en dévelop- plus pauvres du monde répertoriés tout d’abord. de défendre une approche certes gissement de l’annulation de la cherché à recycler les énormes pement, ce ratio atteint 232 % par la Banque mondiale, vingt- généreuse, mais globale, de dette jusqu’à 80 %, ou au-delà le excédents financiers accumulés pour les pays africains. trois sont susceptibles d’être éli- CONDITIONS D’ACCÈS manière que l’effort consenti soit cas échéant, du stock des créances par les pays pétroliers du Golfe en gibles à ce traitement qui aboutit à Les Allemands proposent équitablement réparti entre les commerciales. se tournant vers les pays en déve- En quoi consiste l’initia- l’annulation de 80 % du stock de la d’assouplir les critères prévus par créanciers. Le problème du financement est loppement. Cet endettement, tive Pays pauvres très dette bilatérale et multilatérale. l’initiative PPTE en abaissant le Les Français proposent de finan- loin d’être résolu. Si les pays « indolore » en période de crois- 3 endettés (PPTE) ou, en Seuls deux d’entre eux, l’Ouganda ratio entre la dette et les recettes cer la réduction de dette au pro- créanciers peuvent prévoir un sance, est vite apparu comme une anglais, Heavily Indebted Poor et la Bolivie, en ont effectivement d’exportation, et de réduire de six rata du PIB de chaque pays partici- poste dans leur budget pour source de fragilité. Notamment en Countries (HIPC) ? bénéficié à ce jour. à trois ans la période durant pant à l’initiative, en versant absorber une annulation bilaté- raison de la très grande volatilité Lancée au sommet de Lyon du L’annonce allemande a vite fait laquelle les pays doivent entre- l’argent dans un fonds spécial. Ils rale, le FMI et la Banque mondiale des cours des matières premières, G 7, en 1996, cette initiative des émules. La France, la Grande- prendre des réformes écono- veulent éviter qu’un pays qui a manquent de moyens. Il est pra- qui constituent souvent la princi- consiste à alléger de façon subs- Bretagne, les Etats-Unis, le Canada miques et structurelles avant déjà beaucoup prêté ne paie une tiquement acquis que le FMI pour- pale source de devises de ces pays. tantielle (jusqu’à 80 %) les ont, tour à tour, donné leur propre d’obtenir une aide. Cette seconde seconde fois en assumant seul le rait vendre une partie de son stock Devises avec lesquelles ils doivent créances des pays dont l’endette- lecture de cette proposition. Le suggestion se heurte à l’opposition coût de la réduction de dette. d’or (environ 5 %), d’en investir le rembourser leur prêts. ment est jugé insoutenable. Pour 20 février, une réunion du G 7 de bon nombre de pays et du FMI Actuellement, les contributions produit et d’utiliser le rendement La crise de la dette qui éclate au la première fois, la réduction de entérinait la nécessité d’améliorer en raison du précédent ougandais. d’aide publique au développe- retiré de cette opération pour Mexique en 1982 illustre à quel dette concerne aussi les institu- les conditions d’accès à une réduc- L’Ouganda a été le premier pays ment, calculées en pourcentage du financer l’annulation des dettes. point certains pays s’étaient mon- tions multilatérales. 41 pays, les tion de la dette. Fin avril, à l’occa- à bénéficier de cette initiative et il PIB, reflètent de grandes dispari- En revanche, la Banque mondiale, trés imprudents dans leur recours plus pauvres de la planète, sont sion des réunions de printemps du en a profité pour augmenter ses tés, insiste-t-on à Bercy. Dans le qui n’a pas de stock d’or, devra se aux capitaux étrangers. Elle ne potentiellement concernés par ce FMI et de la Banque mondiale, le dépenses militaires plutôt que cas des Etats-Unis, ce ratio tourne débrouiller pour trouver les fonds sera que la première d’une longue dispositif. Mais, pour en bénéfi- comité du développement, le d’intensifier la lutte contre la pau- autour de 0,1 % du PIB, contre un nécessaires. série. Le plan Brady, en 1989, sera cier, il faut satisfaire à des condi- comité intérimaire et les ministres vreté. Le FMI insiste donc pour peu moins de 0,5 % pour la France la réponse financière au surendet- tions rigoureuses qui font des finances du G7 ont tous mis maintenir deux périodes proba- et autour de 0,7 % pour les pays Babette Stern tement des pays en développe- aujourd’hui l’objet de critiques et ment latino-américains, lesquels motivent les projets de réforme traiteront ainsi le problème de du système HIPC. leur dette auprès des banques Le pays susceptible d’en bénéfi- Vivement l’an 2000 ! commerciales, tandis que les cier doit se soumettre pendant défauts de paiement vis-à-vis des trois ans à un programme d’ajus- créanciers publics se traiteront tement structurel défini par le FMI otez pour l’annulation de la dette sions dans le huis clos du Musée Ludwig. Et Etats, en prônant une annulation totale de la dans le cadre d’accords négociés et la Banque mondiale. Arrivé à ce des pays pauvres ! Au Royaume- rappeler ainsi les nantis à leur devoir de solida- dette et l’ajournement des plans d’ajustement avec le Fonds monétaire interna- stade, les bailleurs décident Uni, les élections européennes, le rité. structurels au profit de programmes de lutte tional (FMI) et le Club de Paris, d’accorder ou non un programme V 13 juin, ne serviront pas seulement C’est au Vatican que revient l’initiative. En contre la pauvreté. qui regroupe ces créanciers d’allégement de la dette. Mais, à élire les représentants britanniques au Parle- 1994, le pape Jean-Paul II, dans sa lettre de pré- Quel impact aura eu au bout du compte ce publics. pour que le pays en profite pleine- ment européen. Les responsables locaux de la paration au nouveau millénaire, proclame mouvement ? On attribue aux organisations ment, il lui faudra afficher pen- campagne Jubilé 2000, menée dans une cin- l’an 2000 année « jubilaire » et suggère « une allemandes le changement d’attitude du chan- A combien s’élève dant encore trois ans − c’est la quantaine de pays par les Eglises et les organisa- réduction importante, sinon un effacement total » celier Schröder sur la question de la vente d’or la dette des pays seconde étape − de bons résultats tions non gouvernementales (ONG) pour soula- de la dette. Comme le veut la tradition du Jubilé. du FMI, condition indispensable pour pouvoir 2 en développement ? économiques. Si tout se passe ger les plus défavorisés du fardeau de la dette, Cet événement, qui ne se reproduit que tous les étendre l’allègement des dettes aux créances Au total, cette dette atteignait bien, le niveau d’endettement ont saisi cette occasion pour mobiliser 20 mil- cinquante ans, marque, selon les textes détenues par l’organisation. « Sans la pression 2 465 milliards de dollars aura été ramené au bout du pro- lions d’électeurs. Les bénévoles chargés de bibliques, l’entrée dans une ère nouvelle et doit, de la société civile, les gouvernements du G 7 ne se (2 317 milliards d’euros) en 1998, cessus à un niveau soutenable. recueillir les « bulletins » sont attendus dans en théorie, s’accompagner « d’une libération des seraient peut-être pas lancés dans cette suren- selon la Banque mondiale, contre Cette « soutenabilité » est défi- 46 000 bureaux de vote. Ce scrutin peu ordinaire esclaves et de la remise des dettes... ». chère de propositions, plus généreuses les unes que 1 472 milliards de dollars nie par plusieurs critères : le ratio sera ensuite acheminé jusqu’à Cologne, pour la les autres », admet un fonctionnaire parisien du (1 384 milliards d’euros) en 1980 et dette extérieure sur exportations réunion des chefs d’Etat du G 7, le 19 juin. En MESSAGE PAPAL Trésor. environ 600 milliards de dollars ne doit pas dépasser une four- route, le navire anglais parti de Londres devrait En bonne diplomatie, le Comité justice et paix Les pays qui espèrent à l’occasion de cette (564 milliards d’euros) en 1970. chette comprise entre 200 % et être rejoint par des bateaux néerlandais et du Vatican s’est chargé de porter le message agitation « millénariste » se dégager de la spi- Cette somme due par les pays en 250 % et celui du service de la belge, chargés, eux aussi, de pétitions. papal dans les sphères concernées. A sa tête, le rale de l’endettement comprendraient mal développement à des créditeurs dette sur exportations ne pas Mobilisation maximum, c’est l’objectif que cardinal Etchégaray rencontre les patrons du qu’aucun geste d’envergure ne soit fait à étrangers est composée à 80 % par excéder 20 %-25 %. Jusqu’à s’est fixé Jubilé 2000. Avec 100 000 manifestants Fonds monétaire international (FMI) et de la Cologne. Puisqu’il aura fallu attendre, et le des prêts à long terme, dont plus présent, sur un total de dix pays dans les rues de Cologne pour un défilé qui Banque mondiale, Michel Camdessus et James Jubilé, et l’an 2000, pour que les pays riches de la moitié ont été accordés par dont le « dossier » a été retenu, devrait ressembler davantage à une kermesse Wolfensohn. Il n’hésite pas non plus à se rendre envisagent de « solder » un dossier ouvert il y a des créditeurs privés. 27 % sont seuls deux d’entre eux, l’Ouganda qu’à un cortège syndical, les organisateurs au très couru Forum de Davos. dix ans avec la crise mexicaine. par ailleurs constitués de prêts et la Bolivie, ont bénéficié du pro- espèrent, une dernière fois, faire pression sur les Sur le terrain, les ONG prennent le relais avec publics dans le cadre d’accords gramme HIPC. pays riches au moment où se prendront les déci- un message radical par rapport à la frilosité des Laurence Caramel Des créances très rentables, mais à haut risque

oujours riche, mais un mieux informés », observe un inter- Il consiste à transformer la dette d’ajustement négocié avec le ont fait plonger ces volumes à peu moins. Patrick Guer- Les dettes venant de ce secteur. d’Etat de ces pays en obligations à FMI. 4200 milliards de dollars (3 948 mil- T rand-Hermès, l’un des Il peut aussi s’agir d’investisseurs trente ans. Ces titres sont générale- Le premier pays à en bénéficier liards d’euros) en 1998. héritiers de la célèbre se négocient qui achètent ces dettes pour un ment garantis par des bons du fut le Mexique, en 1990. Depuis, Comme cela était prévu par ses maison de luxe, aurait perdu 15 mil- montant inférieur à leur valeur Trésor américain. Les banques seize pays ont émis des obligations initiateurs, les pays ayant restruc- lions de dollars (14 millions d’euros) entre banques. faciale (la moitié, voire beaucoup commerciales créancières acceptent Brady pour un montant total de turé leur dette grâce aux plans sur le marché de la dette des pays moins) et acceptent ensuite de les de renoncer à une partie de leur 150 milliards de dollars (141 milliards Brady ont ensuite émis d’autres émergents, peu de temps avant le Les obligations Brady annuler en échange d’actifs locaux créance ou à abaisser les taux d’euros). Les transactions culmi- titres sur le marché international début de la crise asiatique. L’affaire (activité industrielle, agricole ou d’intérêt. En échange, les pays débi- nèrent en 1997, avec des volumes des capitaux, en particulier des n’aurait sans doute jamais été en sont le support minière). La valeur de ces actifs est teurs s’engagent à prendre des échangés atteignant 5 900 milliards euro-obligations. Selon l’Emerging connue du public si Patrick Guer- légèrement supérieure au prix mesures de redressement écono- de dollars (5 546 milliards d’euros). Markets Traders Association rand-Hermès n’avait récemment privilégié pour d’achat de la dette, mais néanmoins mique dans le cadre d’un plan La crise asiatique puis la crise russe (EMTA), les obligations Brady ne décidé d’attaquer la banque inférieure à son montant nominal, représentaient début 1997 que J.P.Morgan pour l’avoir entraîné les pays émergents explique un gérant de la Banque 41,4 % des échanges effectués sur le dans cette galère. A la fin de l’année Lazard à Paris. « Et donc les deux Evolution des primes de risque marché secondaire de la dette. Les en points de base* dernière, plusieurs dirigeants de financières. Ils connaissent certes le parties sont gagnantes. » 1 600 tableaux de quotation dédiés aux banques ont payé de leur place les risque attaché à de tels placements : Mais les montants échangés dans obligations d’Etat émis par des pays pertes de leurs établissements dans le pays peut ne plus être à même de ce type de transactions, portant sur 1 400 émergents mélangent actuellement ces placements risqués effectués sur payer les intérêts, voire ne jamais les pays les moins avancés, sont obligations Brady et euro-obliga- le « marché secondaire de la dette ». rembourser le principal. Mais ils actuellement extrêmement faibles. 1 200 tions. Car une dette, comme tout autre sont prêts à prendre ce risque, car Le risque attaché à ces pays, trop « Les deux marchés deviennent produit, peut s’acheter ou se ces créances, si elles sont honorées, souvent défaillants dans le passé, est 1 000 comparables, car on a oublié la voca- vendre. Mais le marché est à haut ont un rendement nettement plus tel qu’un investisseur financier ne tion initiale des Brady », explique risque. Après avoir prêté de l’argent élevé qu’un placement ordinaire. En pourrait être tenté de leur prêter de 800 Nathalie Ricœur-Nicolaï, respon- à un pays, un établissement finan- outre, si la situation économique du l’argent que moyennant des taux sable risque-pays à la Caisse des 600 cier, voyant la situation économique pays se redresse, la revente de la d’intérêt et des garanties très élevés, dépôts et consignations. D’autant de ce pays se dégrader, peut souhai- dette ou son remboursement déga- dissuasifs pour les pays emprun- 400 que, jusqu’à présent, « les Brady ter se défaire de cette dette quitte à gera une plus-value. teurs. n’ont jamais fait défaut. Mais cela va la vendre à une valeur inférieure à « En deux ans et demi, la valeur Il n’en est pas de même pour les 200 changer avec la Russie », poursuit- celle de sa valeur faciale, c’est-à-dire faciale de la dette cubaine est passée pays émergents les plus développés. 1995 1996 1997 oct.98 elle. Les acheteurs sont des gestion- pour un prix inférieur au montant de 9 % à 25 %, pour retomber à Depuis mars 1989, ils peuvent béné- naires de fonds de pension ou de OBLIGATIONS AMÉRICAINES de la dette. Les acheteurs sont 9%», raconte Nicolas Chaput, res- ficier de plans Brady, du nom de OBLIGATIONS BRADY fonds spéculatifs (hedge funds). Cer- À HAUT RENDEMENT d’autres établissements financiers. A ponsable des placements pour Nicholas Brady, ex-secrétaire au tains avec le succès que l’on sait : la différence des institutions comme dettes structurées au Crédit lyon- Trésor américain, qui mit au point * 1 200 signifie que la prime est de 12 points, c'est-à-dire que si les bons du Trésor américain rapporte actuellement, des emprunts d’Etat 4% ; les obligations Brady rapportent 12+4 = 16% la Banque mondiale ou le Fonds nais. Lorsque les débiteurs sont ce système pour trouver une solu- Source : Banque mondiale russes se traitent à 6,5 % de leur monétaire international (FMI), leurs parmi les plus pauvres des pays tion à la crise liée au surendette- Plus le risque de défaillance des pays émetteurs d'obligations Brady est valeur faciale. motivations ne sont ni politiques ni émergents, « les acheteurs sont ment des pays d’Amérique latine important, plus le rendement de ces titres est élevé. La prime de risque commerciales, mais purement souvent des nationaux, car ils sont les des années 80. est la différence entre ce rendement et celui des bons du Trésor américains. Annie Kahn LeMonde Job: WDE2199--0003-0 WAS MDE2199-3 Op.: XX Rev.: 22-05-99 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0061 Lcp: 700 CMYK

DOSSIER LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / III

Oswaldo de Rivero, consultant auprès des Nations unies ̄ CHRONIQUE « Il faut remettre en cause le système unique par Alain Lebaube de développement mondial » Trappe GENÈVE quittée, en 1993, mon pays passait la. Ils ne sont toutefois en rien des de notre envoyée spéciale à nouveau devant ses créanciers mesures d’aide au développement. « Depuis dix ans, plusieurs ini- publics pour obtenir un rééchelon- C’est pour cela que je préfère par- tiatives ont été prises pour allé- nement... ler d’aide à la survivance. Les pays à bénéfices ger la dette des pays les plus − Vous ne pouvez pas nier pauvres sont dans une situation de ur un sujet aussi grave que celui des allègements de pauvres. Aujourd’hui, il est pourtant que plusieurs pays sont « soins intensifs », et il faut abso- charges sociales patronales, la provocation ne devrait question d’un nouveau plan, en- sortis du sous-développement lument continuer à les aider pour pas être de mise. Il est pourtant difficile de résister au core plus généreux. Qu’en pen- au cours des dernières décen- que cette situation n’empire pas. plaisir de pointer, en forme de paradoxe, une consé- sez-vous ? Est-ce l’aveu d’un nies ? Pour que ces pays ne deviennent quenceS inattendue du compromis passé entre Dominique échec des politiques qui ont été − Je ne le conteste pas, mais re- pas des “entités chaotiques ingou- Strauss-Kahn et Martine Aubry. En proposant d’instaurer une menées jusqu’à présent ? gardons de plus près, combien vernables”, des pays incontrô- cotisation sur les bénéfices pour les entreprises réalisant plus − Certainement, mais je crois sont-ils ? En dehors de quelques lables. de 50 millions de francs de chiffre d’affaires, afin de financer la surtout que l’on se trompe de sujet pays d’Asie, je n’en vois pas » En Afrique, la moitié du baisse des charges sur les bas salaires dans le cadre des quand on imagine résoudre la d’autres. Et je crois qu’il est illu- continent est au bord ou en pleine 35 heures, les deux ministres frappent non seulement « là où ça question du développement en soire de penser qu’il sera possible ̄ guerre civile. En Amérique latine, fait mal », mais tirent aussi avantage d’une logique de manage- traitant seulement le problème de d’étendre à l’ensemble de la pla- Oswaldo de Rivero la classe moyenne ne cesse de di- ment qui associe création de valeur et gouvernement d’entre- la dette. L’endettement, même lor- nète le modèle libéral de grande b De nationalité péruvienne, minuer, la violence, la délin- prise (corporate governance). qu’il atteint des niveaux insuppor- consommation des pays riches Oswaldo de Rivero a effectué une quance, gagnent partout du ter- Une explication est nécessaire. Au cours de ces dernières an- tables, comme c’est souvent le cas, − puisque c’est de cela qu’il longue carrière de diplomate, rain. En Asie, la crise financière a nées, les grosses entreprises, les plus performantes surtout, n’est pas le véritable obstacle au s’agit −, car ce modèle me paraît avant de devenir consultant des conséquences sociales consi- n’ont eu de cesse de sélectionner les activités éminemment développement des pays les plus inimitable, dans la situation ac- auprès des Nations unies et de dérables. Entre 1960 et 1995, le re- profitables en se concentrant sur des niches ou en se plaçant pauvres. Quand bien même les tuelle. plusieurs pays en développement. venu par habitant a stagné dans sur des créneaux aux perspectives potentiellement alléchantes. pays riches tireraient un trait sur » Le développement, n’est selon b Il était le porte-parole du plus de cent pays en développe- Elles ont fait de la performance une stratégie et s’en servent l’ardoise des pays africains, moi possible qu’à trois conditions : groupe des pays non alignés ment, selon les chiffres de la pour juger les résultats des hommes comme des équipes. puisque cette nouvelle initiative un régime démocratique, la maî- (groupe des 77) lors des Banque mondiale. Ce faisant, leur attitude ne s’explique pas uniquement par les s’adresse à eux en majorité, cela trise de la croissance démogra- négociations sur la dette en 1989. » Nous allons au devant de contraintes d’un marché qui exige une compétitivité sans faille. ne leur donnerait aucun espoir phique et la transformation de la b Il vient de publier Le Mythe du beaucoup de turbulences socio- Elle est due à la pression d’entrer véritablement dans un production primaire vers une pro- développement, les pays non politiques dans le tiers-monde au insistante des action- en % de variation annuelle processus de décollage écono- duction industrielle sophistiquée. viables au XXIe siècle, aux éditions cours des prochaines années. naires et, au premier rang, 7 mique. Et je suis prêt à parier que, C’est un processus très long et dif- Mosca Azul (Pérou), qui sera Même si les pays riches s’efforcent des fonds de pension, les- CONSOMMATION dans dix ans, ils seraient tout aussi ficile. Il n’existe pas pour cela de prochainement traduit de limiter les dégâts, sous couvert quels réclament des taux 6 endettés. formule économique magique, en anglais. d’aide au développement, en sou- de rentabilité particulière- » Car le véritable problème de comme le pensent les institutions tenant notamment ceux qu’ils ment élevés, de l’ordre de 5 ces pays, c’est que leurs économies internationales. considèrent comme des Etats-pi- 12 % l’an il y a encore peu, ne sont pas viables en l’état. La » Les plans d’ajustement struc- dette. Cela n’aurait-il servi à vots, c’est-à-dire les Etats impor- proches de 15 % mainte- 4 dette n’est qu’un épiphénomène turels, les rééchelonnements de tants pour maintenir une stabilité nant. rien ? 3 face à un problème structurel dette ne peuvent suffire. D’autant − Cela leur a permis de rester sur géopolitique. En Amérique du Dans ce schéma, la beaucoup plus grave. Le dévelop- que ces ajustements se font sans la scène internationale des “sujets Sud, ce sont le Mexique et le Bré- course aux bénéfices de- 2 pement est impossible pour un modernisation de l’appareil de de crédit”, capables de continuer à sil. En Afrique, l’Algérie, l’Egypte, vient une condition de pays confronté à une explosion production. Le développement est emprunter aux pays riches et de le Nigeria et l’Afrique du Sud. survie. On constate d’ail- 1 démographique, urbaine de sur- une question culturelle, et pas seu- consommer. Il ne faut pas oublier Mais en aucun cas cette politique leurs, année après année, croît, et dont les seules ressources lement économique. J’entends cet enjeu pour les pays industriali- ne peut être une solution. que le palmarès enregistre 0 reposent sur la production de ma- souvent dire que l’Amérique latine sés. Surtout dans le contexte ac- » D’ailleurs, il n’y aura pas, se- des records, les résultats – 1 tières premières ou de produits a perdu dix ans avec la crise de la lon moi, de solution tant que l’on de 1998, en France, sur- tuel de ralentissement de la crois- CRÉATION D'EMPLOIS peu transformés. D’un côté, sa po- dette à la fin des années 80. Moi, je sance mondiale. Il est important continuera à réfléchir selon les classant tout ce qui avait – 2 pulation s’accroît, de l’autre, sa pense plutôt qu’elle a perdu cent de maintenir des marchés dans les vieux schémas des années 60, pu être atteint aupara- rente, à travers les matières pre- cinquante ans depuis son acces- pays en développement. Ce qui dette-développement. Il faut sortir vant. C’est uniquement 1991 92 93 94 95 96 97 98 mières, fluctue au gré des varia- sion à l’indépendance, qui s’est devient impossible quand le far- de cette pensée zéro et remettre pour améliorer le score Source : Datastream tions des cours mondiaux. C’est faite, grosso modo, en même temps deau de la dette est trop lourd, car en cause ce système unique de dé- d’Elf, par exemple, que Consommation et création une équation insoluble. Un tel que celle des Etats-Unis. Cent cin- il y a alors un risque généralisé de veloppement mondial, tout sim- son président, Philippe d'emplois en France pays n’aura jamais les moyens de quante ans pendant lesquels ces faillite. plement parce que nous n’avons Jaffré, annonce − sans satisfaire les besoins de sa popula- différents pays n’ont pas réussi à − Iriez-vous jusqu’à dire qu’il pas les moyens de l’offrir à tout le autre raison − des suppressions d’emplois dans le Béarn. Nous tion ; il est condamné à importer, se transformer en démocraties ca- est inutile d’alléger les dettes monde. Le modèle pour les pays sommes bien loin des règles anciennes où le sport national et, pour cela, à s’endetter. pitalistes modernes et prospères. des pays les plus pauvres ? pauvres ne doit pas être de vouloir consistait à payer le moins d’impôts possible. » On parle de développement L’explication de cette divergence − Pas du tout, mais soyons réa- consommer comme un Américain. Entre la mesure fiscale envisagée par le gouvernement Jospin depuis cinquante ans et si, au bout se trouve avant tout dans les dif- listes, c’est une politique à la C’est de la folie. Il faut oser le dire et les impératifs de la gestion libérale moderne, la rencontre se de toutes ces années, la question férences culturelles qui ont fa- “Mère Teresa”. Il faut le faire en cette fin du siècle. Le “dévelop- noue là. L’obligation de dégager des marges importantes ame- de la dette n’a pas été résolue, çonné les Etats-Unis et celles héri- parce que ces pays souffrent et pement” n’existe pas. Et le “tribut nait déjà, mécaniquement, les entreprises à grossir les recettes c’est bien la meilleure preuve, se- tées de l’Espagne catholique, pour que leur situation est encore plus éternel” de la dette que paient les de l’Etat. Demain, les objectifs du gouvernement d’entreprise lon moi, qu’il n’y pas eu de déve- l’Amérique latine. critique depuis deux ans avec la pays pauvres en est l’illustration la vont permettre le financement de la baisse des charges sur les loppement. J’ai commencé ma car- − Les pays d’Amérique latine chute des matières premières. Les plus éclatante. » bas salaires. Et, ironie supplémentaire, donner un coup de rière de diplomate en 1969, en ont néanmoins profité à la fin allégements de dette peuvent per- pouce aux 35 heures. négociant la dette du Pérou auprès des années 80, avec le plan Bra- mettre de financer la lutte contre Propos recueillis par A leur corps défendant, les contributeurs fiscaux de l’écono- du Club de Paris. Lorsque je l’ai dy, d’une réduction de leur la pauvreté, et ils sont utiles en ce- Laurence Caramel mie réelle pourront prétendre à la dignité d’entreprises ci- toyennes. Un label que certaines d’entre elles voulaient juste- ment populariser et qu’elles obtiendront au nom de l’emploi créé grâce à elles si, toutefois, le calcul économique et social se révèle juste. Un espoir pour les victimes du cyclone Mitch En inventant la trappe à bénéfices, l’intention est de combattre un fléau, la trappe à chômage, et de corriger l’effet TEGUCIGALPA (Honduras) sources de devises du Honduras. teurs, un programme d’aide hu- pervers de l’allègement des charges jusqu’à 1,3 SMIC, qui s’est de notre envoyé spécial Le Honduras, le Au total, quelque 5 milliards de manitaire, composé de dons et transformée en trappe à bas salaires. Le chômage mine la so- stamos en servicio » dollars (4,7 milliards d’euros) de d’un allègement de la dette, a été ciété et les bas salaires, qui alimentent le mal, détériorent le (« Nous sommes ou- Nicaragua, le Salvador dégâts − l’équivalent de cinq an- mis en place. Il se réunit pour la climat social sur fond d’inégalités. E verts »). L’inscription, nées de recettes fiscales − pour un deuxième fois le 25 mai à Stock- Fondamentalement, il s’agit de résoudre deux difficultés, manuscrite et tracée et le Guatemala pays dont, « avant le passage de holm pour mobiliser les 6,2 mil- celle du coût du travail peu qualifié et celle des entreprises de d’une main malhabile sur un mor- Mitch, 70 % de la population vivait liards de dollars d’aide totale pro- main-d’œuvre. Par cette opération de transfert, que l’on pré- ceau de carton apposé sur ce qui attendent davantage déjà en dessous du seuil de pauvre- mise au Honduras, au Nicaragua, sente à somme nulle, il est enfin question de changer encore un reste de l’Hôtel Dublin, un petit té », rappelle Moises Starkman Pi- au Guatemala et au Salvador. peu plus l’assiette des cotisations sociales, qui ne devrait plus bâtiment abritant une demi-dou- des pays riches nel, ministre de la coopération in- L’allègement de la dette est vital être basée sur le seul travail, mais sur l’ensemble de la richesse zaine de chambres, miraculeuse- ternationale. pour ces pays qui figurent parmi (création de valeur) produite. Un principe louable, y compris de ment resté debout mais toujours Tegucigalpa, où deux mille per- « Entre le 26 et le 30 octobre der- les plus pauvres de la planète. solidarité entre les entreprises, mais qui se heurte déjà à de entouré d’une mare de boue qui sonnes ont péri en quelque nier, l’histoire du Honduras a bas- Quinze jours après le sinistre, le vives réactions de la part du Medef (ex-CNPF). Il fallait s’y at- refuse de sécher, est autant une heures, emportées par les eaux ou culé, renchérit Dario Hernandez, président Chirac a profité d’un tendre. information qu’une prière. L’es- victimes des éboulements de ter- le vice-ministre hondurien de voyage prévu de longue date au poir de convaincre le passant éga- rain dans une ville bâtie à flanc de l’économie. Jusque-là, nos résultats Guatemala pour se rendre au ré que dans ce quartier de La coteau. De l’hôpital, de la prison macro-économiques étaient plutôt Honduras et annoncer que la Hoya, comme dans tout le bas de centrale, des commerces et des bons. En 1998, nous avions forte- France annulait la dette bilatérale la ville emporté par les eaux en fu- bâtiments industriels, il ne reste ment augmenté nos exportations, due par ces quatre pays au titre de rie du Rio Choluteca, la vie conti- que des pans de murs épars contre notre déficit fiscal avait été ramené l’aide au développement (soit en- nue pour les survivants. lesquels sont encore adossées des à 1,8 % du produit intérieur brut, viron 120 millions de dollars au to- 0123 Sans que soient effacées, tant centaines de carcasses de voitures. notre croissance devait atteindre tal). Il a aussi souhaité que leur s’en faut, les traces de la plus Avant le passage du cyclone, la 5 % cette année et nous avions en soient appliqués les « termes de & grande catastrophe naturelle capitale hondurienne comptait caisse 1 milliard de dollars de ré- Lyon » sur l’allègement de la dette DOSSIERS DOCUMENTS littéraires qu’ait subie l’Amérique centrale 1,5 million d’habitants. Près de la serves de change. Mais le cyclone (réduction de 80 % du total). Le depuis deux cents ans, lorsque le moitié d’entre eux ont dû trouver Mitch nous a fait effectuer un bond président Clinton, qui lui succé- cyclone Mitch a balayé, fin octo- refuge ailleurs. en arrière de trente à quarante ans. dait début mars à Tegucigalpa, bre 1998, le Honduras et le Nicara- Tegucigalpa n’est pas la seule En 1999, il nous faudra compter s’est également engagé à annuler Victor Hugo gua, avant de s’éloigner, essoufflé, ville à avoir terriblement souffert. avec un taux de croissance négatif la dette publique du Honduras en- vers le Salvador et le Guatemala. A San Pedro Sula, à 250 kilomètres d’au moins 2 %. » vers les Etats-Unis, soit 1 milliard La légende d’un siècle Sept mois après le sinistre, les de la capitale, là où se trouve l’aé- de dollars. « C’est ici le lieu de rappeler que les grands maîtres, stigmates sont partout visibles à roport international péniblement BOND EN ARRIÈRE « La dette externe de notre pays remis en service, seul le haut de la La région ne peut, seule, panser atteint 4,2 milliards de dollars, dont poètes ou peintres, Hugo ou Delacroix, sont toujours tour de contrôle a longtemps ses plaies. Les pays les plus tou- 60 % sous forme de dette multilaté- en avance de plusieurs années sur leurs timides admira- Bibliographie émergé des eaux et, au nord du chés − le Honduras, tout comme le rale, et nous consacrons chaque an- teurs. Le public est, relativement au génie, une horloge pays, l’île de Roatan, la perle tou- Nicaragua voisin − ont bénéficié née 30 % du budget externe à son qui retarde. » (Charles Baudelaire.) b La Dette des tiers-mondes, de ristique des îles de la Baie, offre à en priorité de l’aide de la commu- remboursement », indique Gabrie- Marc Raffinot (La Découverte, présent le spectacle d’une végéta- nauté internationale. Les dons ont la Nunez, ministre hondurien des 1993, 128 p., 49 F, 7,47 ¤). tion dévastée et de maisonnettes afflué du monde entier. Les Japo- finances. « Nous espérons effective- b Allègement de la dette et transformées en jeux d’alumettes. nais ont accordé un soutien de ment pouvoir bénéficier des e croissance, de Jean-Claude Le bilan, certes revu à la baisse, 125 millions de dollars au Hondu- “termes de Lyon” et obtenir paral- Les écrivains engagés du XIX siècle Berthélémy et Ann Vourc’h reste lourd. Plus de huit mille per- ras. Les Européens viennent d’an- lèlement un allègement de 100 mil- De Charles Fourier à Eugène Sue, (OCDE, 1994, 205 p., 110 F, 16,77 ¤). sonnes décédées et autant de dis- noncer une aide supplémentaire lions de dollars de notre dette au- de Jules Vallès à Emile Zola, comment b L’Effet boomerang, de Susan parues, deux millions de per- de 250 millions de dollars qui près du Club de Paris, qui des intellectuels se sont battus pour la justice, George (La Découverte, 1992, sonnes − soit 33 % de la viendra s’ajouter aux 215 millions représente encore 1 milliard de dol- l’égalité et la liberté : une leçon de civisme 291 p., 145 F, 22,11 ¤). population du pays − déplacées, déjà octroyés en novembre 1998 à lars », ajoute-t-elle. C’est là le dos- pour aujourd’hui. b Global Development Finance, un-demi million d’habitants qui la région. sier que son président, Carlos publication annuelle de la Banque ont tout perdu, 70 % de la produc- Sous l’égide de la Banque inter- Flores, s’efforcera de défendre à mondiale (Data Book Journal, tion agricole détruite, notamment américaine de développement Stockholm. UNE PUBLICATION DU MONDE 1999, deux volumes de 650 p., la majeure partie des plantations (BID), qui a constitué un Groupe CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX 2374 F, 362 ¤). de bananes et de café, principales consultatif regroupant les dona- Serge Marti LeMonde Job: WDE2199--0004-0 WAS MDE2199-4 Op.: XX Rev.: 22-05-99 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0062 Lcp: 700 CMYK

IV / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 EUROPE ̄ DANS LES COULISSES DE L’UNION Aménagement du territoire : par Nicolas-Jean Bréhon et s’il fallait réformer la France ? Echo, acteur de poids es régions françaises concurrents espagnols. La réa- public, pourtant légal, les ministères peinent à trouver leur Les régions françaises lisation la plus achevée de coopé- s’y opposent. Quand nous nous ser- place dans l’Europe des ration transfrontalière est Eure- vons d’une association loi de 1901, L gio (Europäische Region), que c’est le trésorier-payeur général qui ne Quinze. Aussi Jean-Pierre peinent à mettre de l’aide humanitaire Balligand, député socialiste de 110 communes, villes, départements veut pas. Pourquoi ne pouvons-nous l’Aisne et président du groupe en œuvre néerlandais et allemands bâtissent transférer à nos partenaires belges les n créant, en 1991, l’Office humanitaire de la Communauté d’études sur l’aménagement du ter- depuis quarante-cinq ans, aux crédits Interreg que nous n’avons pas européenne (Echo), la Commission ne pensait sans doute ritoire et de la décentralisation de des coopérations portes du Münsterland. Heinrich utilisés ? Pourquoi les crédits euro- pas qu’il deviendrait l’un des services les plus connus et les l’Assemblée nationale, avait-il choisi Hoffschulte, président de la section péens transitent-ils par le budget de plus sollicités de l’Union européenne. Le drame du Kosovo de consacrer les 2es Rencontres par- transfrontalières allemande du conseil des l’Etat au lieu d’être directement versés n’estE que le dernier d’une liste déjà longue de crises qui se sont lementaires sur l’aménagement du communes de l’Europe, a expliqué à la région ? Il faut réformer le sys- multipliées depuis huit ans, entraînant des déplacements massifs territoire, le 18 mai à Paris, aux Strasbourg, a présenté le bilan de la comment un programme d’action tème français pour relancer la coopé- de populations et l’envoi de l’aide européenne : Somalie, Angola, « coopérations possibles au service du liaison Mulhouse-Bâle sans rupture commun avait arrêté, dès 1984, des ration transfrontalière, mais j’ai des Rwanda et, bien sûr, toutes les composantes de l’ex-Yougoslavie. développement des territoires en Eu- de charge, créée en 1997, qui a per- projets concrets, financés par les doutes sur la volonté réformatrice Au cours de ces dernières années, la Communauté européenne et rope ». mis d’augmenter la fréquentation programmes européens Interreg, et d’un Etat qui demeure jacobin... » les Etats membres ont fourni la moitié de l’aide humanitaire mon- D’entrée de jeu, Laurent Fabius, de la ligne de 10,4 % en un an. Ce concernant aussi bien la formation diale. président socialiste de l’Assemblée début prometteur a poussé la SNCF professionnelle et les équipements SEPT NIVEAUX Echo est un service relativement léger (120 personnes) qui re- nationale, a peint un paysage à étudier la rénovation des liaisons touristiques que le traitement du Il ne restait plus à Jean-Charles groupe des crédits dispersés avant 1991 entre différents chapitres morne : « La plupart des régions franco-allemandes avec le concours purin. Leygues, directeur à la DG XVI de la du budget européen et du Fonds européen de développement françaises sont en position de faiblesse de trois Länder (Sarre, Rhénanie-Pa- Un bilan aussi mince est-il dû à un Commission européenne (chargée (518 millions d’euros en 1998). Les crédits budgétaires d’Echo sont démographique, industrielle, admi- latinat, Bade-Wurtemberg), de deux manque de moyens ? Là ne semble des politiques régionales), qu’à en- des dépenses non obligatoires, fixées par le Parlement européen nistrative, par rapport aux régions des régions (Alsace, Lorraine), d’un dé- pas être la question : Pierre Mosco- foncer le clou. Notamment à propos (PE). Depuis 1993, les crédits Echo peuvent également être abondés autres pays d’Europe », a-t-il déclaré. partement (Moselle) et de quatre vici, ministre délégué aux affaires des blocages français : « Qui a la res- par la « réserve d’aide d’urgence ». Cette procédure, créée par le Pas étonnant que « la coopération villes (Karlsruhe, Fribourg-en-Breis- européennes, a promis que la ré- ponsabilité de votre développement Conseil européen d’Edimbourg en 1992, requiert une décision soit souhaitée, mais redoutée » par gau, Strasbourg, Mulhouse). forme des fonds structurels, décidée régional ? L’Etat, la région, les autres conjointe du Conseil et du PE. Par la suite, sauf exception, ni l’un ni les régions françaises. Afin de multiplier les projets de à Berlin au mois de mars, ne léserait collectivités territoriales ? Comment l’autre n’intervient dans la gestion. partenariats entre leurs PME, le en rien les régions françaises. voulez-vous qu’on s’y retrouve avec La procédure a été fixée par un règlement du Conseil en 1996 : les CULS-DE-SAC comté de Kent et la région vos sept niveaux de décision, dont les dépenses sont réparties par la Commission, après avis d’un comité Pourtant, les régions des Quinze Nord - Pas-de-Calais ont décidé JACOBINISME “pays” nouvellement créés ! » consultatif composé des représentants des Etats membres. Echo fi- cherchent à s’unir pour s’enrichir d’aller plus loin que les répertoires Ce n’est qu’en fin de travaux que Au sujet du manque de moyens : nance des dépenses d’équipements (matériel médical), de person- mutuellement, particulièrement les qu’ils diffusaient et de tisser un véri- les bonnes questions ont été posées. « 45 % des fonds structurels affectés à nels, ou de fournitures (médicaments, achats de produits alimen- régions frontalières, qui veulent sor- table réseau, avec le concours des D’abord, par Pierre Méhaignerie, la France ne seront pas consommés taires). Dans la quasi-totalité des cas, Echo n’a pas d’action directe tir de leur statut de cul-de-sac. C’est chambres de commerce et d’indus- député UDF d’Ille-et-Vilaine, qui en juin 1999, et vont donc disparaître : sur le terrain, mais se borne à répartir les crédits entre des parte- avec modestie que Jean-Paul Du- trie. s’est livré à une critique en règle des cette paralysie est anormale dans un naires liés par des « contrats cadres ». Plus de 85 % des crédits vont rieux, député socialiste et maire de L’Agence régionale de développe- rigidités qui empêchent la France de pays comme la France. » A propos aux organisations internationales, surtout aux organisations non Longwy (Meurthe-et-Moselle), a ment Nord - Pas-de-Calais et le Kent profiter du dynamisme européen. des « lamentos » sur l’enclavement gouvernementales (ONG). présenté le résultat de quinze ans County Economic Development ont « L’architecture de nos pouvoirs pu- des régions : « Que Provence - Alpes- Bien réputées, bien établies, bénéficiant de l’expérience et de la d’efforts pour élaborer une stratégie créé TransConnect, qui organise des blics n’est plus adaptée à l’Europe », Côte d’Azur arrête de pleurer sur son tradition du « french doctor », les ONG françaises ont reçu, à elles commune à dix-sept communes rencontres « virtuelles » de PME sur a-t-il déclaré, posant la question de isolement et qu’elle regarde ce qu’est seules, le tiers des crédits attribués à ce type d’organisations, soit françaises, trois belges et trois Internet et des rencontres «phy- l’existence des départements − lui, le devenue la Catalogne, qui est encore 590 millions d’euros en sept ans (3,9 milliards de francs). Les cré- luxembourgeoises, sinistrées par la siques », comme les rencontres d’af- président du conseil général d’Ille- plus située à la périphérie ! » dits européens représentent une ressource importante, voire déter- désindustrialisation. faires de Béthune, en 1998. Les et-Vilaine − et souhaitant l’élection Pour conclure, impitoyable : «Les minante à certaines occasions : 20 % des ressources de Médecins Les réalisations ? Un collège euro- contrats signés par les PME, dans la directe des organes des communau- régions de la Baltique coopèrent sans sans frontières, 25 % de celles de Médecins du monde en 1997, et péen de technologie, une société de foulée de celles-ci, s’élèvent à tés de communes. se demander si Bruxelles leur donne même 95 % de celles de l’association Aznavour pour l’Arménie au capital-risque transfrontalière, une 1,8 million de francs (0,28 million Michel Delebarre, président so- tout l’argent auquel elles ont droit. début des années 90. Entre 1992 mise en cohérence des documents d’euros). cialiste du conseil régional Elles cherchent d’abord à élaborer Les crédits européens et 1998, Echo a réparti 4,5 mil- d’urbanisme et une charte d’agglo- Autre exemple : la Catalogne et Nord - Pas-de-Calais, a renchéri une stratégie commune et pour vingt liards d’euros, dont 40 %, soit mération. Ce n’est pas rien, compte ses six millions d’habitants risquent dans ce sens : « Nous sommes ans. Elles ne s’interrogent pas pour sa- ont représenté 20 % 1,6 milliard d’euros, en direc- tenu des difficultés rencontrées de souffrir d’une pénurie d’eau. complètement coincés, a-t-il déploré. voir si cela risque de créer des diffi- tion de l’ex-Yougoslavie. pour se comprendre par-dessus les Pourquoi ne pas prélever 1 % du dé- Quand ma région veut travailler avec cultés avec Bercy. C’est à vous de des ressources Cette action européenne ne frontières, mais c’est peu pour cica- bit du Rhône et transporter cette “l’autre côté” belge, il nous faut telle- demander à Bercy de déroger à des va pas sans poser quelques dif- triser 500 hectares de friches indus- eau par un aqueduc de 320 kilo- ment d’énergie pour surmonter les règles absurdes, au lieu de vous de Médecins sans ficultés. La coordination interne trielles. mètres jusqu’à Barcelone ? Il faudra obstacles administratifs que nous y plaindre d’un droit qui vous paralyse. s’est améliorée, mais reste La SNCF, souvent accusée de ne convaincre les écologistes que perdons cinq ans et notre enthou- La balle est dans votre camp. » En frontières et 25 % insuffisante. Dans la mesure où pas faire de transfrontalier, s’efforce l’aqueduc respectera l’environne- siasme. Impossible de travailler avec effet. l’action humanitaire peut éga- de prouver le contraire en Alsace. ment et les agriculteurs français que des structures publiques : quand nous de celles de Médecins lement provenir de l’aide régio- Alain Intrand, directeur régional à cette eau n’avantagera pas leurs proposons un groupement d’intérêt Alain Faujas nale (programme Phare), il est du monde en 1997. arrivé que certaines opérations soient financées par plusieurs Entre 1992 et 1998, services en même temps. En Maurizio Ferrera, ou la passion du social revanche, cela fait déjà long- Echo a réparti temps que l’aide alimentaire est totalement indépendante de la FLORENCE est piégé par elle ». Ce qui ne l’origine de controverses. Il est 4,5 milliards d’euros, situation agricole en Europe et de notre envoyé spécial Ce chercheur, qui semble pas déplaire à ce profess- bien connu que les dépenses de n’est plus un moyen de répartir aurizio Ferrera est seur suppléant de la prestigieuse retraites obèrent largement le dont 40 % en direction ses excédents : la Communauté un passionné. Dans enseigne à l’université université Bocconi de Milan qui a budget social de l’Etat italien au privilégie les achats directs de la cellule de entrepris l’immense tâche de pho- détriment de la politique familiale, de l’ex-Yougoslavie M tographier tous les secteurs d’acti- de l’assistance sociale et de la lutte proximité. La coordination avec l’ancien couvent de Pavie, travaille les organisations internatio- qui lui sert de bureau à l’Institut vités sociales d’un point de vue contre le chômage. nales et les Etats membres est plus délicate. Normalement, lors- universitaire européen de Flo- à la coordination politique et institutionnel. Il y aurait beaucoup à dire sur qu’Echo et les Etats membres financent conjointement les opéra- rence, ce professeur de l’université Ce n’est donc pas un hasard si les carences du système de protec- tions d’une ONG, ils doivent échanger des informations et de Pavie se penche, depuis de des systèmes de Maurizio Ferrera a été choisi pour tion sociale en Italie et sur les coordonner leurs efforts. Mais, selon l’expression de la Cour des longues années, sur la façon de faire partie des huit sages de la moyens d’y remédier. Maurizio comptes européenne, « cette complémentarité demeure très en deçà coordonner les différents systèmes protection au niveau commission Onofri qui, de janvier Ferrera est intarissable sur le sujet des positions de principe régulièrement réaffirmées ». En 1997, une de protection sociale au niveau 1997 à la fin mars de la même comme sur la façon de mettre sur nouvelle procédure, connue sous le nom de « fax 14 points », a été européen. Un travail de Romain européen année, ont été chargés de dresser pied, au niveau européen, un sys- mise sur pied, qui contraint les Etats membres à communiquer à la qui en est à ses premiers balbutie- l’état des lieux des dépenses tème qui, selon lui, pourrait s’ins- Commission les actions envisagées afin d’améliorer leur complé- ments. mulant des objectifs autour du sociales dans la Péninsule à la pirer du modèle américain. mentarité. Dans ce laboratoire situé à la noyau central de la solidarité. » demande de Romano Prodi, l’ex- Attention, pas dans sa dimen- Les conditions de gestion sont également ambiguës. Echo a fré- périphérie de la capitale toscane, Inutile de se bercer d’illusions. président du Conseil. Le rapport sion horizontale mais dans sa quemment recours à des « personnels non statutaires » ou des cet intellectuel réfléchit, avec Tout cela prendra du temps. Dès à issu de ces travaux contient un conception verticale. « Actuelle- « assistants techniques », chargés d’estimer les besoins et de beaucoup d’autres, à la manière de présent, il faut expliquer toutes les certain nombre de propositions à ment, le welfare fédéral est sous- contrôler les partenaires mettant en œuvre les opérations sur le construire cette nouvelle entité qui différences qui existent entre les développé en Europe en comparai- terrain. Ces assistants, environ 80 personnes, choisies sans critère serait, plus ou moins, le pendant quatre grands systèmes de welfare son de ce qui existe au niveau de sélection particulier, assument en pratique les fonctions de la de l’Union économique et moné- en Europe : le scandinave, l’anglo- économique et monétaire. Aux Commission et sont les véritables pivots de l’action humanitaire. taire, à laquelle tous les efforts ont saxon, le continental et le méridio- Etats-Unis, Washington en contrôle Leur importance est de plus en plus fréquemment dénoncée, et jusqu’à présent été consacrés. nal. Ces différences sont connues les deux tiers car le système a été leur efficacité quelquefois mise en doute. pour l’essentiel, et il est sûr que créé de toutes pièces par Roosevelt Car l’aide humanitaire est aussi un « business », et réserve par- BOMBE DÉMOGRAPHIQUE ces quatre grandes familles ont dans les années 30. Ce peut être un fois quelques surprises. Les masses financières étant considérables, Pour Maurizio Ferrera, le temps des choses à se dire. modèle pour l’Europe, même s’il est les convoitises sont attisées et les dérives inévitables. On se sou- est désormais venu de se pencher Il est temps de le faire car « d’un difficile de l’imposer sur ce qui existe vient qu’un rapport de l’Unité de coordination de la lutte anti- sur ce chapitre, au moment même point de vue démographique, nous déjà. » fraude (Uclaf) de la Commission, qui portait précisément sur les ir- où va se mettre en place le pacte avons encore vingt ans avant que la Maurizio Ferrera est prudent. Il régularités et avantages indus des personnels non statutaires social pour l’emploi. « L’Europe bombe n’explose et que le processus n’est pas fédéraliste à tout crin. Il d’Echo en ex-Yougoslavie, fut l’un des déclencheurs de la crise sociale est sous-développée. C’est un ne devienne irréversible. Il faut se cherche comment il serait possible entre le PE et la Commission, qui aboutit à la démission de cette nain qu’il faut faire grandir progres- préparer à examiner ce qui peut de tirer le meilleur parti de ce qui dernière. sivement. Le premier pas consiste à être fait. Ne pas laisser la société se fonctionne et comment faire pour L’urgence et la distance aidant, il arrive aussi que les procédures, créer un système léger de coordina- replier sur elle-même et donc identi- ̄ l’adapter à une réalité euro- qui sont autant de garanties, soient allégées ou contournées. Le tion qui pourrait être appelé le pro- fier les pièges, circonscrire les péenne, afin de mettre sur pied un partenaire sous-traite à son tour ou conclut des contrats sans tou- cessus de Lisbonne, c’est-à-dire cercles vicieux, analyser les déséqui- Maurizio Ferrera modèle compatible pour tous et jours vérifier ou mettre en concurrence ses fournisseurs. Il faut at- mettre en route le processus qui, libres ». b Piémontais d’origine, Maurizio garant d’une solidarité véritable. tendre les contrôles pour qu’Echo s’étonne alors que « certains de d’ici un an, au sommet de Lisbonne Maurizio Ferrera sait de quoi il Ferrera est né en 1955 à Naples. Partisan d’un libéral-socialisme, ses partenaires pratiquent des salaires extrêmement généreux » et de l’été 2000, permettra de jeter les parle. En 1984, il a consacré une Diplôme de philosophie de de tradition laïque et républicaine que certains contrats portent sur des montants exceptionnels. bases de cette Europe sociale, de thèse de doctorat au système de l’université de Turin en 1976, puis par rapport aux deux autres C’est notamment le cas des contrats de fourniture et de transport faire le premier pas. Nous avons un protection sociale en Italie, identi- master de sciences politiques à grandes familles italiennes que des marchandises, les plus exposés à de tels abus (tel un contrat de an pour cela, estime ce chercheur fiant ses effets pervers et ses vices Stanford (Californie), il entre à sont le socialisme-marxiste et le fourniture de colis alimentaires en Serbie entre 1992 et 1994 pour impatient. Alors, nous devons profonds. Trois ans plus tard, il a l’Institut universitaire européen catholicisme social, cet admirateur 48,5 millions d’écus − 325 millions de francs). commencer à faire du shopping rédigé un rapport sur le fonction- de Florence. de John Rawls, théoricien de la En dépit de ces dérives, Echo fonctionne plutôt bien, l’impor- dans les différents dispositifs en nement du système sanitaire b Depuis 1985, il enseigne la justice distributive, auquel il a tance des crédits permet de multiplier les actions, et les finance- vigueur en Europe et essayer de voir national. A partir de 1979, cet élève politique et l’administration consacré une thèse lors de son ments arrivent sans délai. En général, ni les principes ni les contrats ce qu’il y a de bon dans chacun du politologue italien Giovanni publique à l’université de Pavie. Il séjour à Stanford, en Californie, ne sont mis en cause. L’expérience montre que la principale diffi- d’entre eux. » Sartori a travaillé sous la direction est également professeur de souhaite concilier la liberté et culté sur le terrain est de « ne pas se laisser attendrir et ne pas se Maurizio Ferrera ne veut pas de Peter Flora, professeur alle- sciences politiques à l’université l’équité. laisser intimider ». C’est la neutralité qui est le plus difficile à créer un modèle unique. « L’unifi- mand spécialiste des systèmes de Bocconi de Milan, ainsi que C’est le nouveau défi qui attend respecter. cation n’est ni pensable, ni possible, protection sociale en Europe, à consultant de la maison d’édition l’Europe après l’euro. Pour Mauri- L’Europe dispose désormais d’un poids financier et d’une expé- ni désirable. Les modèles sociaux l’élaboration d’un projet compara- Il Mulino de Bologne et de la zio Ferrera, il est temps de traduire rience qui lui permettent d’occuper une place de premier rang dans peuvent apprendre les uns des tif en la matière. C’est dire à quel direction générale V (emploi, dans le domaine des institutions les moments critiques, quand l’aide humanitaire devient cruciale. autres. Il s’agit seulement de retour- point ce domaine est devenu une relations industrielles et affaires un certain nombre de valeurs qui Depuis le début de l’année, 400 millions d’euros ont été attribués ner les cartes et de commencer à spécialité. sociales) de la Commission sont le fondement de la protection aux réfugiés du Kosovo, dont 182 millions venant de la Commission préparer dès maintenant la conver- Ce philosophe d’origine avoue européenne de Bruxelles. sociale. et 218 des Etats membres. gence en faisant des transplants, en qu’il est devenu en quelque sorte b Il est auteur de plusieurs livres, identifiant les lignes de force, en for- « prisonnier de sa compétence, qu’il dont Les Pièges du welfare. Michel Bôle-Richard LeMonde Job: WDE2199--0005-0 WAS MDE2199-5 Op.: XX Rev.: 22-05-99 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0063 Lcp: 700 CMYK

BOUSSOLE LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / V

EUROPE Les chiffres de l’économie mondiale

L'alimentation, élément moteur de la hausse des prix ÉTATS-UNIS JAPON ALLEMAGNE BELGIQUE ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI EURO 11 UE 15 HAUSSE DES PRIX EN MARS 1999 en % (en glissement annuel) PRODUCTION INDUSTRIELLE (en %) Alcool, tabac 3,34 Sur un an ...... 2.2 (fév.) – 4,7 (fév.) – 1,1 (fév.) 0,6 (janv.) – 0,5 (fév.) 1,0 (fév.) – 3,0 (fév.) – 1,9 (déc.) – 1 (fév.) – 0,2 (fév.) – 0,3 (fév.) Hôtels, cafés, restaurants 2,74 Sur trois mois ...... 0,3 (fév.) – 0,8 (fév.) – 0,7 (fév.) 0,1 (janv.) 0,5 (fév.) 0,1 (fév.) – 0,9 (fév.) 0,2 (déc.) – 0,3 (fév.) – 0,7 (fév.) – 0,7 (fév.) Alimentation, boissons non alcoolisées 1,44 TAUX DE CHÔMAGE (en %)

Equipement de la maison 1,40 1999...... 4,4 (mars) 5,1 (mars) 9,5 (mars) 8,9 (mars) 17,7 (mars) 11,3 (mars) 11,8 (janv.) 3,7 (fév.) 6,2 (janv.) 10,6 (mars) 9,7 (mars)

Logement, électricité, eau, carburants 0,94 PRIX À LA CONSOMMATION (en %) Sur un an ...... 1,7 (janv.) – 0,1 (juil.) 0,5 (mars) 1,3 (mars) 2,1 (mars) 0,5 (mars) 1,4 (mars) 2,0 (mars) 1,7 (mars) 1,0 (mars) 1,2 (mars) Transports 0,54 Sur un mois...... 0,2 – 0,6 0,2 0,1 0,4 0,4 0,2 1,0 0,5 0,3 0,4

Loisirs 0,54 PIB EN VOLUME 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 3e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trim. 4e trim. (dernier trimestre connu, en %) 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 1998 Habillement 0,44 Sur un an ...... 4,3 – 3,0 2,6 2,2 3,6 2,8 1,2 3,3 1,1 2,3 2,2 Communications – 2,56 Sur trois mois ...... 1,5 – 0,8 0,4 0,3 0,7 0,7 0,5 1,2 0,1 0,2 0,2 Source : Eurostat DÉFICIT PUBLIC / PIB (en %)

a EN MARS 1999, en glissement annuel, l’inflation s’établit à 1 % pour la 1997...... 0,1 – 3,3 – 2,7 – 2,1 – 2,6 – 3 – 2,7 – 1,4 – 1,9 – 2,5 – 2,3 zone euro et à 1,2 % pour l’Union européenne. L’alimentation (boissons 1998*...... 1,4 – 5,5 – 2,1 – 1,3 – 1,8 – 2,9 – 2,7 – 0,9 – 0,6 – 2,1 – 1,5 non alcoolisées comprises) apporte la plus forte contribution à la hausse DETTE PUBLIQUE / PIB (en %) des prix : ce poste pèse pour plus d’un sixième dans l’indice et progresse 1998...... ND ND 61 117,3 65,6 58,5 118,7 67,7 49,4 73,8 69,5 à un rythme annuel de 1,4 %. Bien qu’ayant un poids bien plus faible, les postes hôtels-cafés-restaurants et alcool-tabac jouent également un rôle BALANCE COURANTE** important, affichant une progression annuelle respectivement de 2,7 % et (en % du PIB annuel) 3e trimestre 3e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trimestre 4e trim. 4e trim. 3,3 %. Solde trimestriel 1997...... – 0,4 0,4 0,1 1,4 0,1 0,6 0,6 1,4 0,2 0,4 0,3 a SEULES LES COMMUNICATIONS (essentiellement télécommunica- Solde trimestriel 1998...... – 0,90 0,76 – 0,03 1,54 – 0,61 0,81 0,39 1,17 0,24 0,32 0,26 tions) connaissent une baisse des prix (− 2,6 %), avec des chutes specta- * prévisions Commission européenne culaires aux Pays-Bas (− 11 %), en Irlande (− 7,4 %) et en Allemagne. Leur ** y compris les flux intrazones pour UE15 et EURO11. Le chiffre de la balance courante belge inclut celui du Luxembourg. poids dans l’indice est toutefois faible (un quarantième) : elles n’ap- portent donc qu’une petite contribution négative à l’inflation. Source : Eurostat. Pour plus d’informations : http://europa.eu.int/eurostat.html

FRANCE Les chiffres de l’économie française AZERBAÏDJAN

La confiance des consommateurs reste soutenue en % DERNIER MOIS VARIATION Une progression continue des investissements CONNU SUR UN AN PIB INVESTISSEMENTS RÉSERVES EN DEVISES 80 - 5 CONSOMMATION DES MÉNAGES + 1,57 % (mars) + 6,3 % évolution en % ÉTRANGERS DIRECTS en millions de dollars 60 - 10 en millions de dollars TAUX D’ÉPARGNE 14,2 % (3e trim. 98) – 5,9 % - 15 6,7

40 6,5 - 20 POUVOIR D’ACHAT DES MÉNAGES + 0,5 % (3e trim. 98) 2,6 % 5,8 20 1 100 1,3 - 25 e

TAUX DE SALAIRE HORAIRE OUVRIER + 0,3 % (4 trim. 98) + 1,2 % 1 050,6 0 - 30 INVESTISSEMENT + 1,4 % (4e trim. 98) + 0,4 % - 20 - 35 - 40 COMMERCE EXTÉRIEUR - 40 (en milliards de francs / euros) + 9,477 MdF / + 1,4 milliard d’euros (jan.) – 16,7 % 590,7 (solde cumulé sur 12 mois) + 151,850 MdF / + 23,2 milliards d’euros (98/99) – 7,4 %

- 45 460,5

- 60 447,2 190,5 154,7 120 1995 1996 1997 1998 1999 ENQUÊTE MENSUELLE SUR LE MORAL

– 10 (avril) – 18** non communiqué non communiqué PERSPECTIVES DANS L'INDUSTRIE CONFIANCE DES CONSOMMATEURS DES MÉNAGES – 11,8 Solde des réponses optimistes Pourcentage de variation et pessimistes (échelle de gauche) en glissement annuel (échelle de droite) ENQUÊTE MENSUELLE DANS L’INDUSTRIE* 1995 96 97 98 99* 1995 96 97 98 99* 1995 96 97 98 99* Source : OCDE opinion des chefs d’entreprise – 24 (avril) – 24** * PRÉVISIONS Source : FMI-Prévisions Nord-Sud Export sur les perspectives générales

a LA REPRISE DE L’ACTIVITÉ, observée en France depuis la mi-1997, TAUX DE CHÔMAGE DES JEUNES (– de 25 ans) 22 % (mars) – 3,9 % a PAYS TURCOPHONE et majoritairement chiite du Caucase, l’Azer- s’est poursuivie en 1998 : selon l’Organisation de coopération et de déve- baïdjan, peuplé de 7,5 millions d’habitants, est confronté à des diffi- PART DU CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE loppement économiques (OCDE), le PIB réel affiche une progression de (UN AN) DANS LE CHÔMAGE TOTAL 38,5 % (mars) + 0,19 % cultés économiques majeures et à une vie politique marquée par des 3,2 %, taux de croissance le plus élevé depuis dix ans. dossiers difficiles : conflits du Haut-Karabakh, relations délicates avec a LA FERMETÉ DE LA DEMANDE INTÉRIEURE a préservé le dyna- EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR la Russie et jeu des deux puissances régionales rivales, l’Iran et la Tur- misme de l’économie. La crise financière n’a que faiblement affecté les MARCHAND 1 051 750 (mars) – 1,46 % quie. exportations. Depuis l’automne dernier cependant, la croissance de la EMPLOIS AIDÉS DANS LE SECTEUR a LA RÉÉLECTION, en octobre 1998, du président Aliev a rassuré les production a fléchi, en raison d’une chute sensible de la confiance des en- NON MARCHAND 399 029 (mars) – 6,9 % hommes d’affaires étrangers, comme en témoigne la progression des treprises. Le PIB réel n’augmentera sans doute que modérément en investissements directs. Cette évolution est importante pour le déve- 1999 ; mais, pour l’OCDE, le dynamisme persistant des dépenses de INTÉRIM 532 098 + 28,8 % loppement de ce pays riche en or noir : l’enclavement dont il souffre consommation et le redressement des exportations devraient faciliter le * solde des opinions négatives et positives, données CVS ** solde net douze mois auparavant nécessite de gros travaux d’infrastructure pour acheminer le brut vers retour à une croissance plus rapide en 2000. Source : Insee, Dares, Douanes et Unedic. l’Europe occidentale. (Nord-Sud Export, groupe « Le Monde ».) ̄ UN CHIFFRE La Chine populaire entravée par ses structures juridiques

54 % l y a un mois, les entretiens droits de douane à des niveaux très ments, mais cela lui paraît plus être utilisées par des industries occiden- entre le président Clinton et le Les négociations pour acceptables : 17 % pour les produits une atteinte à sa souveraineté inter- tales, toujours à l’affût de moyens PART DES ENTREPRISES premier ministre chinois agricoles, 9 % pour les biens indus- ne qu’un progrès vers un Etat de juridiques de se protéger contre la I triels, et élimination complète pour droit. Ces difficultés ne sont pas concurrence des exportateurs DE L’EUROLAND avaient laissé croire que la l’entrée de Pékin FACTURANT EN EUROS Chine allait devenir rapidement les biens couverts par l’accord sur propres à la Chine. Mais la taille, chinois ; elles sont aussi « conta- membre de l’Organisation mondiale à l’Organisation les technologies de l’information. présente et future, de l’économie gieuses », chaque partenaire de la Selon une enquête de du commerce (OMC), à temps pour Mais, sur tous les autres aspects, chinoise fait que les pays de l’OMC Chine cherchant à se protéger le Dun & Bradstreet réalisée la réunion ministérielle de Seattle mondiale la Chine populaire pose des pro- ne peuvent pas les traiter avec la premier pour détourner les en avril, plus de 90 % des entre- qui doit préparer, cet automne, un blèmes sans fin. Par exemple, que même négligence bienveillante que exportations chinoises vers les prises de la zone euro sou- nouveau round de négociations. du commerce (OMC), vaut l’élimination des restrictions pour les autres pays. autres. tiennent la décision de leur pays Mais depuis lors, les choses pa- quantitatives (quotas) sur l’importa- De plus, l’absence de véritable de rejoindre l’Union économique raissent de nouveau au point mort. entamées en 1986, tion de biens dont le commerce « marché unique » au sein même de TERRITOIRES DOUANIERS et monétaire (UEM), contre 78 % Pourtant, cette affaire est bien reste dans les mains d’entreprises la Chine populaire soulève une autre Le Japon est entré dans le GATT l’an dernier. Ce sentiment s’est plus importante pour le futur de n’aboutissent d’Etat, comme pour les produits catégorie de problèmes. Un écono- en acceptant nombre de restrictions largement renforcé en Alle- l’OMC que les combats d’arrière- agricoles ou chimiques ? Que signi- miste chinois soulignait, non sans de ce type, imposées par les Etats- magne (86 % contre 59 % en sep- garde (banane), les batailles du futur toujours pas fie l’ouverture des services à la malice, que l’entrée de son pays Unis et l’Europe : elles ont empoi- tembre 1998), en Irlande (93 % (bœuf aux hormones) ou les étri- concurrence internationale, alors dans l’OMC allait être enfin l’occa- sonné le commerce international contre 74 %) et en Espagne (93 % pages navrants (choix du nouveau vail chargé, en 1986, d’examiner la que le système bancaire est sous-ré- sion de libéraliser le commerce inté- pendant quarante ans (et ce n’est contre 76 %). directeur général) qui constituent le candidature de la Chine populaire à glementé... et en grande difficulté, rieur de la Chine. pas fini). Toutefois, la mise en place de menu actuel de l’OMC. L’enjeu re- l’OMC négocie encore, treize ans comme en témoigne la récente En effet, les provinces et autres Taïwan pourra siéger à l’OMC l’euro dans les sociétés reste ti- présenté par l’accession de la Chine plus tard, le protocole d’accession. « faillite » de l’une des principales zones économiques spéciales ont avec la Chine populaire, car l’organi- mide. Fin 1999, 54 % des entre- populaire et de Taiwan à l’OMC est Pourquoi tant d’années ? C’est sociétés d’investissement du pays, la (ou prennent) une grande liberté en sation accepte pour membre des prises de l’Euroland (69 % en sans commune mesure avec celui de que l’OMC est une institution inter- Guangdong International Trust and matière de règlements. Il existe de « territoires douaniers », et non des France) établiront leurs factures la Russie, d’autant que le G8 offre à nationale dont on ne devient pas Investment Company (Gitic) ? nombreuses barrières aux échanges Etats. En tant qu’économie de mar- en euros, mais la plupart conser- cette dernière un substitut partiel à membre sur simple candidature, Quel peut être le sort du intrachinois, renforcées par les ché, l’île ne rencontre aucun des veront une double facturation. l’OMC. mais en payant son entrée par des commerce étranger en l’absence restes vivaces d’une économie plani- problèmes mentionnés pour la Seules 23 % comptent libeller L’histoire des relations entre la concessions. Cette obligation, qui d’un cadre juridique minimal, au fiée. L’OMC est ainsi amenée à em- Chine populaire. Aussi son proto- leurs comptes en euros avant Chine et l’OMC est longue et diffi- existe aussi dans la procédure d’ac- point que, par exemple, la version piéter un peu plus sur la souveraine- cole d’accession est-il largement 2001, date à laquelle prendra fin cile. En 1948, la Chine (alors sous cession à l’Union européenne, paraît actuelle du protocole d’accession de té chinoise... pour s’assurer que les bouclé. Mais Pékin a obtenu que la période de transition. gouvernement nationaliste) fait par- des plus raisonnables : l’OMC étant la Chine doive préciser le fait que le provinces respecteront les engage- Taïwan n’entre à l’OMC qu’après Les entreprises semblent vou- tie des vingt-trois pays fondateurs régulée par un ensemble de disci- commerce de détail automobile en ments du gouvernement central. elle. Taïwan et l’OMC attendent loir prendre leur temps pour bien du GATT, l’ancêtre de l’OMC. Mais plines communes, les pays déjà Chine sera ouvert à la concurrence ? La peur de signer un chiffon de donc la conclusion des négociations évaluer au préalable les réper- en 1952, passée sous gouvernement membres cherchent à s’assurer de la Que valent les droits de propriété papier fait que, depuis peu, les avec la Chine populaire. Si cette der- cussions de la monnaie unique communiste, elle se retire de cette capacité du candidat à les respecter. intellectuelle, quand le piratage membres de l’OMC se lancent dans nière est fort puissante, et les sur leurs activités. 47 % pensent institution, victime de l’illusion Le problème vient de ce que, à reste encore important, et les re- la course à des clauses de « sauve- membres de l’OMC très patients, néanmoins que l’euro se traduira − alors largement répandue − du dé- l’aube de l’an 2000, les disciplines de cours juridiques modestes ? Quelles garde » toujours plus nombreuses, Taïwan est aussi une des plus par une augmentation de leurs veloppement dans une économie l’OMC couvrent un champ bien plus garanties, enfin, assurer aux inves- qui leur permettraient de suspendre grandes économies de la planète : résultats. Ces perspectives posi- fermée, peut-être aussi séduite par vaste que celles du GATT de 1948, tissements étrangers, alors que les les concessions faites à la Chine si une attente trop longue ne paraît tives à long terme sont plus pro- cet isolationnisme qui l’a saisie il y a ou même de 1990. Il n’est plus seule- firmes japonaises, parmi d’autres, celle-ci ne respectait pas ses engage- donc guère imaginable. noncées en Espagne (71 %) et au plusieurs siècles. Quand, près de ment question de droits de douane. ont connu en Chine leur plus bas ments. Portugal (67 %) qu’en France quarante ans plus tard, la Chine En la matière, la rencontre sino- taux de retour sur investissement ? De telles clauses sont dange- Patrick A. Messerlin (27 %), aux Pays-Bas (24 %) et en frappe à la porte du GATT, elle croit américaine d’avril avait d’ailleurs je- Tous ces problèmes ont un point reuses : elles peuvent être facilement Institut d’études politiques de Paris Allemagne (33 %). retrouver son siège rapidement et té les bases d’un accord final, la commun : ils mettent profondé- Parmi les pays de l’Union eu- facilement. Erreur : le groupe de tra- Chine acceptant de baisser ses ment en jeu les structures juridiques ropéenne ne faisant pas partie de de la Chine populaire. Celle-ci exige l’Euroland, l’isolement du donc du temps pour s’adapter : qui Royaume-Uni tend à se renfor- Le commerce extérieur chinois pourrait rejeter une telle demande ? cer. Aujourd’hui, 55 % des entre- en milliards de dollars Mais ses partenaires demandent des prises britanniques estiment que 200 201 garanties d’évolution : qui pourrait leur pays devrait adopter l’euro, Exportations les en blâmer ? Du coup, les négo- contre 65 % avant son lance- 175 ciations prennent un tour difficile. ment. En revanche, près de 94 % Les pays membres de l’OMC ont à des entreprises au Danemark et 150 153 l’égard de la Chine des exigences qui 76 % en Suède (contre respecti- vont au plus profond du droit vement 73 % et 67 % en sep- 125 chinois, alors que ces exigences ne tembre 1998) estiment que leur Importations leur avaient pas été imposées quand pays aurait dû rejoindre l’UEM 100 eux-mêmes avaient rejoint le GATT. dès janvier. 1994 1995 1996 1997 1998* 1999* Le gouvernement chinois accepte * PRÉVISIONS Source : Coface certes de discuter de lois et règle- LeMonde Job: WDE2199--0006-0 WAS MDE2199-6 Op.: XX Rev.: 22-05-99 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0064 Lcp: 700 CMYK

VI / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 FOCUS ̄ HISTOIRE ÉCONOMIQUE Sauve-qui-peut chez les voisins de la Russie par Bernard Kapp éjà avant l’effondre- forte contraction de la demande de vés en provenance de la CEI, tandis ment financier de la Depuis l’effondrement produits importés émanant de que l’Azerbaïdjan les relevait sur D Russie en août 1998, la Russie à partir du quatrième tri- une gamme de produits bien plus Communauté des du rouble en août 1998, mestre de 1998 et par les consé- étendue. En janvier 1999, le Etats indépendants (CEI) n’était quences, en termes de compétiti- Kazakhstan frappait d’interdiction Les espoirs déçus pas au meilleur de sa forme, les la Communauté vité, des mouvements des taux de d’entrée sur son territoire un grand désaccords entre ses membres sur change. Les pays pour lesquels la nombre de denrées d’origine la finalité de cette organisation à des Etats indépendants Russie représente encore l’un des russe ; un mois plus tard, il appli- vocation régionale, créée en 1991 premiers clients extérieurs, voire le quait une taxe de 200 % aux impor- de Nicolas Appert sur les décombres de l’URSS, ne (CEI) est moribonde premier, ont évidemment été plus tations agroalimentaires en prove- cessant de s’aviver. Il faut dire que durement affectés que les autres : nance de ses deux autres voisins, ers 1795, Nicolas Appert, confiseur et grossiste en épices à le noyau dur de cette nouvelle Le schéma est partout le même : les ventes de l’Ukraine ont diminué l’Ouzbékistan et le Kirghizstan, Paris, découvre le principe de la stérilisation et réalise ses construction, l’Union russo-biélo- dans l’espoir de contrer les de près de 23 % en 1998 et celles du toutes restrictions confirmées premières conserves de viandes, de fruits et de légumes. russe scellée par le traité attaques contre la devise nationale, Kazakhstan de 27,5 %, selon des après le réajustement en avril de la Une trouvaille qu’il décide aussitôt d’exploiter commer- d’avril 1997, n’existe guère que sur les banques centrales puisent dans données encore provisoires. parité du tengué. cialement.V Il achète pour cela, en 1802, un domaine maraîcher à le papier. Plus actives apparaissent des réserves, déjà faibles et alimen- Quant aux débouchés russes et Massy, au sud de la capitale, où il fait cultiver petits pois et haricots les deux associations sub-régio- tées pour partie par les prêts spora- ukrainiens des denrées alimen- TENGUÉ KAZAKH verts en grandes quantités. Entre vingt-cinq et cinquante ouvrières nales qui se sont constituées en diques des institutions multilaté- taires et du vin moldaves (60 % des A l’inverse, la Biélorussie subor- travaillent pendant l’été dans son atelier pour assurer l’épluchage, 1994 et en 1997 en marge de la Rus- rales, mais doivent finalement jeter exportations totales), ils se sont donne une série d’exportations à la cuisson et le conditionnement des légumes dans de grandes sie : l’Union centre-asiatique l’éponge. La hrivna ukrainienne est réduits globalement d’un tiers, les une autorisation du gouvernement bouteilles à large col qu’il fait spécialement fabriquer par un verrier (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghiz- entrée dans la tourmente très peu conserves de viande, l’huile végé- et tente de limiter la sortie de voisin. Elles sont ensuite vendues pendant l’hiver, à contre-saison, stan, Tadjikistan) et le GUAM de temps après le rouble, sa déva- tale et le sucre non raffiné enregis- « produits vitaux » via le dans sa boutique parisienne de la rue Boucher. (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, luation semblant, en dépit de la trant un recul de 65 à 85 %. Le Kirg- commerce de navette. Le sauve- Encouragé par Grimod de la Reynière, l’un des premiers chroni- Moldavie), rejoint en avril 1999 par coïncidence des dates, être le pur hizstan, qui occupe à peu près les qui-peut est général, que les pays queurs gastronomiques, dont les articles saluent à de nombreuses l’Ouzbékistan. résultat des mécomptes du gouver- mêmes créneaux que la Moldavie, appartiennent ou non à l’union reprises la qualité gustative des petits pois en conserve, il parvient Par ailleurs, nombreux sont les nement ; au contraire de la tout en étant moins dépendant du douanière (Russie, Biélorussie, assez vite à trouver une clientèle choisie de gourmands fortunés projets visant à briser les interdé- deuxième, intervenue le 9 février marché russe, fait également partie Kazakhstan, Kirghizstan, Tadjikis- pour écouler quelques milliers de bouteilles par an. Ce premier pendances (et surtout la dépen- dernier, qui serait davantage impu- des victimes. tan) créée en 1995, mais dont, il est marché conquis, Nicolas Appert cherche à élargir ses débouchés en dance à l’égard de la Russie), liées table à la dégradation de la Seules l’Arménie, nettement vrai, les principes n’étaient guère s’adressant à la marine impériale, dont les équipages souffrent de au réseau de transport et de distri- conjoncture en Russie. Le leu mol- moins impliquée que les autres respectés. problèmes chroniques de malnutrition. bution de l’énergie de l’époque dave, le som kirghize, le lari géor- (20 % de ses exportations sont des- Par bien des traits, le tableau Il fait donc le tour des grands ports de guerre, de Brest à soviétique : création d’un corridor gien, etc. n’ont pas non plus résisté tinées à la Russie), et la Biélorussie, n’est pas loin de rappeler les der- Bordeaux, pour y présenter ses produits. Partout, il laisse des lots de qui reprendrait le tracé de très longtemps aux pressions. Et en en raison sans doute des relations niers moments de l’URSS. A une conserves de viande et de fruits, stockés plusieurs mois dans des l’ancienne route de la soie en évi- avril 1999, c’était au tour du tengué directes qu’elle a établies depuis différence près et de taille : la Rus- cales de navire avant d’être consommés par les marins. Ces tests tant le territoire russe, installation kazakh de s’écrouler. deux ans avec un grand nombre de sie a perdu le statut de primus inter sont tous jugés extrêmement convaincants par les états-majors de conduites d’hydrocarbures per- régions russes, ont été relativement pares dont elle jouissait alors et qui locaux, qui envoient des rapports enthousiastes aux autorités mettant aux producteurs d’échap- VIN MOLDAVE épargnées. l’avait amenée à envisager de faire centrales. Mais les décisionnaires du ministère ne passent pas pour per au diktat de Moscou sur le De toutes les monnaies de la CEI, Les exportations de la Russie de la CEI l’instrument de son auto- autant les grosses commandes espérées. Motif : les petites transit des livraisons destinées à le rouble biélorusse, dont le régime vers les autres pays de la CEI se rité sur l’« étranger proche ». bouteilles, trop fragiles, sont malcommodes et les prix trop élevés. des pays tiers, etc. de change est pourtant strictement sont elles aussi inscrites à la baisse. Terriblement affaiblie économi- Souhaitant voir son procédé bénéficier d’une estampille officielle, La crise russe, par la violence du encadré, pourrait être celle qui a le Mais dans la mesure où elles se quement, elle ne dispose plus des Nicolas Appert soumet ensuite des échantillons de sa production choc qu’elle a répercuté sur ses plus souffert : depuis sep- composent pour une bonne moitié moyens de son ambition, comme le aux organismes de tutelle de l’industrie. Deux commissions où partenaires de la CEI et par son tembre 1998, le taux de change offi- de gaz naturel, de pétrole brut et déclarait crûment, en février der- siègent des scientifiques aussi prestigieux que Parmentier et Gay- rejaillissement sur la crédibilité ciel diminue régulièrement. Fait de produits raffinés, leur évolution nier, Evgueni Primakov, alors pre- Lussac, lui fournissent la garantie souhaitée en 1809. Ainsi qu’une dont ils bénéficiaient auprès des révélateur, c’est précisément la Bié- tient davantage au fléchissement mier ministre : la période des subvention de 12 000 francs, destinée notamment à financer marchés financiers internationaux, lorussie qui a enregistré en 1998 la des prix (de 12 % à 20 %) réper- cadeaux pour des raisons poli- l’impression d’un ouvrage de vulgarisation, susceptible de déclen- est venue conforter le bien-fondé plus forte inflation de la région cutant celui des cours mondiaux tiques est bel et bien terminée. De cher l’intérêt d’un vaste public. de cette stratégie. Très rapidement, (+ 181,6 % en glissement annuel), qu’à une réaction des importateurs fait, sur son budget 1999, 0,2 % des L’Art de conserver pendant plusieurs années toutes les substances après la déconfiture de la Russie, alors même qu’un grand nombre face à la dévaluation du rouble. dépenses seulement sont destinées animales et végétales est publié dès l’année suivante, en 1810. les acquis de la stabilisation dans de prix sont maintenus sous Ce cas mis à part, les dévalua- à de nouveaux crédits à ses parte- L’inventeur y présente sa les autres pays de la région, obte- contrôle. Dans les autres pays, sauf tions des monnaies, en affaiblis- naires et à sa contribution à méthode, qui consiste à nus à force de rigueur, mais en Russie (+ 84,5 %), la hausse de sant ou en renforçant la compétiti- l’Union russo-biélorusse. La défail- Les paysans, soumettre les bouteilles demeurés fragiles faute de s’être l’indice des prix à la consomma- vité de secteurs déjà en difficultés, lance de la Russie, qui a toutes les ou les bocaux parfaite- accompagnés de réformes structu- tion, bien que supérieure à celle de ont modifié la donne dans les chances d’être durable, pourrait explique l’inventeur, ment bouchés − c’est un relles, se sont délités. En témoigne 1997, ne reflétait encore, fin 1998, échanges, traditionnels au sein de porter un coup fatal à une CEI tou- point essentiel − à l’action la dépréciation, après celle du que partiellement l’impact de la la zone, de produits alimentaires et jours à la recherche de ses vont pouvoir commercialiser de l’eau bouillante d’un rouble, de toutes les monnaies, dévaluation. de biens de consommation et ont marques, en la privant du principal bain-marie. Il ne se sans qu’il soit cependant toujours Le processus de désintégration, conduit certains gouvernements à moteur qui l’a malgré tout action- tout ce qu’ils ne peuvent pas contente pas d’une des- possible d’établir quel est le pre- déchiffrable dans le recul du adopter des mesures défensives. née huit années durant. cription générale : il mier responsable, du choc exté- commerce intrarégional (32 % du Fin 1998, l’Ukraine augmentait écouler sur le marché donne toutes les indica- rieur ou de politiques macroécono- total des échanges fin 1997, contre les droits de douane à l’importa- Marie-Agnès Crosnier tions pratiques, schémas miques peu cohérentes. 60 % en 1991), a été amplifié par la tion sur la viande, le lait et ses déri- Le Courrier des pays de l’Est des produits frais. et tableaux de minutage à l’appui, qui doivent per- Les consommateurs vont mettre à l’artisan comme peu à peu s’affranchir à la ménagère de réussir la mise en bocal de tous les L’Ouzbékistan avance prudemment produits comestibles, des des contraintes saisonnières. champignons aux abricots D’où la formation de grands en passant par le lait et le pot-au-feu... sur sa « troisième voie » Pourquoi livrer ses marchés à l’échelle moindres secrets de fabri- cation ? Nicolas Appert, TACHKENT Le marché des changes est sévè- coton, pour les explosifs qu’il est nationale ou même qui a délibérément refusé de notre envoyé spécial Plutôt qu’une rement contrôlé et les rapatrie- possible de tirer de la graine du de déposer le moindre ujourd’hui, les théoriciens ments de bénéfices difficiles à effec- coton. La chute du cours des internationale brevet, s’impatiente de- du passage du capita- privatisation totale tuer. Le cas du coréen Daewoo qui a matières premières a toutefois affai- vant les résistances que lisme au socialisme sont investi 230 millions de dollars dans bli les réserves en devises du pays, A une unité de montage de voitures, provoquant une réduction volon- rencontre son invention. Il souhaite que l’usage des conserves se légion. En revanche, les et une libéralisation diffuse aussi vite que possible dans toutes les couches de la popula- experts de la transition socialiste vers mais dont les importants bénéfices taire des importations et le durcisse- tion. Car il a longuement médité sur les perspectives ouvertes par le capitalisme de marché manquent rapide des échanges, ne peuvent être rapatriés que par- ment des quotas de change pour les son invention et il est persuadé qu’elle va entraîner une grande cruellement. » Cette boutade d’Aziz tiellement est symptomatique. Nul investisseurs. révolution agroalimentaire. Les paysans, explique-t-il en substance, Khodjaiev, recteur de l’Académie de Tachkent a privilégié ne sait encore si les excédents du La volonté de l’équipe au pouvoir vont pouvoir commercialiser tout ce qu’ils ne peuvent pas écouler construction d’Etat d’Ouzbékistan constructeur coréen en monnaie de ne pas lâcher trop vite les rênes sur le marché des produits frais. Quant aux consommateurs, ils vont et ancien conseiller de l’actuel pré- une approche locale (le soum) pourront être de l’économie s’explique en partie peu à peu s’affranchir des contraintes saisonnières et prendre sident Karimov, est un pied de nez investis dans le prochain pro- par la difficulté à tisser des relations l’habitude d’acheter des produits de toutes provenances géogra- au Fonds monétaire international. progressive gramme de privatisations. de confiance avec les pays environ- phiques. D’où la formation de grands marchés à l’échelle nationale Plutôt que de se plier aux La grande instabilité réglemen- nants. Enclavé par d’autres Répu- ou même internationale. Et l’émergence progressive d’une puis- demandes des experts de Washing- vers l’économie taire est un autre sujet de préoc- bliques d’Asie centrale (qui elles- sante industrie de transformation qui jouera un rôle de régulation ton qui préconisaient une privatisa- cupation des hommes d’affaires mêmes n’ont pas d’accès aux mers des prix agricoles et qui éliminera définitivement les risques de tion totale de l’économie et une de marché étrangers qui doivent disposer de ouvertes), l’Ouzbékistan souhaite- disette. libéralisation rapide des échanges, bons relais au sein du gouverne- rait, si l’on en croit le général Tour- Le livre suscite un intérêt certain. Les gazettes parisiennes saluent l’Ouzbékistan a privilégié une préféré promouvoir la figure histo- ment pour protéger leurs investisse- sounov, ministre de la défense, l’ingéniosité et la profondeur de vue de l’inventeur. Les dix mille approche graduée vers l’économie rique de Tamerlan, fondateur ments. La plupart estiment néan- « élaborer avec les autres pays d’Asie exemplaires des deux premières éditions sont écoulés en quelques de marché. Plutôt la paix sociale d’empire au XIVe siècle. moins qu’un système économique centrale une vision commune de leurs mois. Et des éditeurs étrangers commandent immédiatement des qu’une économie libéralisée enta- Islam Karimov a aussi su s’entou- semi-fermé offre un avantage consi- intérêts nationaux ». traductions en anglais, en allemand et en suédois. chée de guerre civile ou d’inégalités rer d’une équipe de jeunes techno- dérable : leurs produits sont à l’abri Mais ce succès d’édition n’a pas les effets escomptés : les trop marquées. crates qui orientent les réformes et de la concurrence internationale. TALIBANS conserves restent des curiosités, et la consommation va se main- dont l’influence politique prime Malgré d’importantes ressources Mais cette invitation à quitter tenir à un niveau marginal au cours des décennies suivantes. Et ROUTE DE LA SOIE souvent sur celle des ministres. naturelles (or, wolfram, métaux l’orbite des grandes puissances Nicolas Appert, qui poursuit inlassablement ses recherches pour Au plan économique cela se tra- Dès l’indépendance de la nou- rares, gaz et pétrole...), l’agriculture régionales (Russie, Chine, Iran) se perfectionner son procédé (il introduit notamment l’usage de la duit par une faible intégration du velle République, la première tâche demeure la principale source de heurte à la méfiance des pays à qui boîte en fer blanc à partir de 1815), voit peu à peu ses espoirs système financier local aux marchés de l’équipe au pouvoir a été de pro- devises de l’Ouzbékistan. La planifi- elle s’adresse. Avec une réelle puis- s’évanouir. L’inventeur va disparaître en 1841 dans le dénuement le financiers internationaux, aucune mouvoir l’autosuffisance énergé- cation soviétique avait spécialisé sance militaire et une domination plus total. émission de titres d’Etat sur les mar- tique afin de rompre tout lien de l’Ouzbékistan dans la culture du démographique de 24 millions Curieusement, cette invention essentielle qui a totalement chés étrangers et un endettement dépendance avec la Russie et de d’habitants, l’Ouzbékistan suscite la modifié le système alimentaire des sociétés occidentales a rencontré extérieur sous contrôle (3,1 milliards réduire les importations céréalières prudence chez ses voisins moins des résistances psychologiques et culturelles considérables. Il a fallu de dollars, soit 2,9 milliards en provenance du Kazakhstan. peuplés. La frontière commune attendre la deuxième moitié du XIXe siècle pour que les conserves d’euros). Cette réorientation des échanges avec l’Afghanistan, n’est pas sans Mer soient fabriquées à une échelle véritablement industrielle, et le Indépendante depuis huit ans, la économiques avec les pays de la d'Aral KAZAKHSTAN problèmes non plus : les talibans début du XXe siècle pour qu’elles entrent vraiment dans les mœurs. République d’Ouzbékistan (447 000 zone − moins de 30 % des échanges affirment leur droit de regard sur la Et encore faut-il souligner que leur développement s’est long- kilomètres carrés) située au cœur totaux −, la persistance de struc- KIRG. ville historique de Samarcande et le temps limité à certains produits, qui diffèrent selon les pays. En de l’Asie centrale, le long de tures étatiques pesantes, une flam- TACHKENT trafic de drogue qui alimente leur France, par exemple, l’essentiel de l’activité repose jusqu’à la l’ancienne route de la soie, prône, bée d’hyperinflation (aujourd’hui effort de guerre passe, en partie, par première guerre mondiale sur les préparations de sardines à l’huile. sans le dire ainsi, une « troisième réprimée), la chute de la production le territoire ouzbek. TADJIK. Côté allemand, les spécialités dominantes sont l’asperge (de Bruns- voie ». Laquelle passe tout d’abord et la fin des transferts budgétaires TURKMÉNISTAN Bien que République laïque, wick) et le petit pois (de Lübeck). En Italie, les conserveries par un pouvoir présidentiel fort. avec le grand frère soviétique ont l’islam n’est plus une donnée margi- italiennes ne travaillent guère que la tomate, dont les débouchés Islam Karimov, président de la aussi incité le gouvernement ouz- nale en Ouzbékistan. Selon des

300 km  s’élargissent avec l’évolution des goûts : c’est en effet au XIXe siècle République, domine le Parlement, bek à réformer graduellement les AFGHANISTAN chiffres officiels, le nombre des que la sauce tomate − désormais disponible toute l’année − détrône l’armée et la police et a fait voter circuits économiques. Le petit mosquées a été multiplié par cent le jus de viande comme base d’accompagnement de la cuisine une loi qui réprime toute atteinte commerce et la distribution ont été OUZBÉKISTAN en l’espace de quelques années. «Il italienne. En Suisse et en Angleterre, tout tourne autour du lait. « à son honneur et à sa dignité de privatisés et, déficit budgétaire y a peut-être une course de vitesse qui Quant à l’industrie alimentaire américaine, elle se construit sur le président ». Il n’a toutefois pas été oblige, un programme de cessions s’engage, note un expert étranger. corned-beef à Cincinnati puis à Chicago, à mi-chemin entre les tenté de créer l’unité nationale en d’entreprises plus ambitieux est en L’islam politique risque d’émerger si élevages extensifs du Far-West et les métropoles affamées de la côte organisant − à l’instar de son homo- cours d’élaboration. Le délabrement les structures politiques actuelles ne est. Nicolas Appert aurait certainement été surpris de voir son logue turkmène − un culte de la per- de l’appareil industriel est toutefois laissent pas d’autre alternative. » invention emprunter des voies aussi différentes... sonnalité qui placerait son effigie à tel qu’il rend les investisseurs pru- tous les carrefours de la capitale. Il a dents. Yves Mamou LeMonde Job: WDE2199--0007-0 WAS MDE2199-7 Op.: XX Rev.: 22-05-99 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0065 Lcp: 700 CMYK

TRIBUNES LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 / VII ̄ L’euro, monnaie nationale LIVRES par Laurent Mauduit par Jean-Michel Servet

es premières phases de l’invention et feront que celui-ci sera le moins traumatisant nombre croissant et de façon intensive l’euro de l’introduction de l’euro ont été les possible. Les pertes temporaires de référence de pour gérer les comptabilités, les relations avec Les économistes L dignes héritières de l’European Curren- prix et de valeur, que le passage d’une monnaie les fournisseurs, avec les entreprises clientes, cy Unit (ECU) et de la stabilisation des à l’autre induit, seront davantage supportées etc. taux de change entre pays européens poursuivie par les femmes que par les hommes. D’où leur La direction générale XXIV de la Commission depuis plus de vingt ans. Pendant des mois, le angoisse plus grande d’une perte de savoir-faire a mis en place, au printemps dernier, l’étude de au piquet ! débat a été focalisé sur des données macro- dans leur gestion du budget familial lors des dé- groupes pilotes pour anticiper les problèmes économiques et financières, autrement dit un cisions d’achat. posés à des publics spécifiques. Dans chaque LETTRE OUVERTE AUX GOUROUS DE L’ÉCONOMIE débat auquel les populations, dans leur im- Les réflexions actuelles sur la période de pays, il s’agit de mobiliser les énergies de tous QUI NOUS PRENNENT POUR DES IMBÉCILES, mense majorité, ne comprennent rien et qui double circulation en 2002 illustrent une prise ceux qui, dans leur cadre professionnel ou dans de Bernard Maris produit plus un sentiment de rejet que d’adhé- en compte des problèmes pratiques. Initiale- des associations, s’occupent des populations à Albin Michel, 190 p., 85 F, 12,95 ¤ sion. Il s’agissait essentiellement de gagner la ment prévue pour durer six mois maximum, elle handicaps particuliers (populations à forte pré- confiance des marchés de capitaux, des établis- sera vraisemblablement considérablement ré- carité économique, mais aussi tous les porteurs ’est un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. En tout sements financiers et des entreprises transnatio- duite d’un point de vue légal, mais aussi pra- de handicaps physiques ou dus à l’âge). On a cas pas entre celles des économistes qui tiennent aujourd’hui nales. tique (par le fait que le commerce ne rendra la évalué entre un quart et un tiers des populations le haut du pavé. Car tous ces « aboyeurs », tous ces « sergents Pour justifier auprès des populations la néces- monnaie qu’en euros). européennes ceux qui subiront des handicaps recruteurs de la guerre économique », tous ces « embusqués sité d’abandonner les monnaies nationales au L’idée de faire de la période qui nous sépare forts dans le passage à l’euro, s’ils n’y sont pas quiC braillent à la flexibilité », tous ces « cumulards des jetons de présence profit de l’euro, la monnaie était traitée comme de 2002 la véritable période d’initiation et d’ap- préparés. Il ne s’agit pas là du recours aux meil- qui veulent supprimer le SMIC », tous ces « nantis hurlant aux privi- un instrument dépourvu de di- prentissage devient majoritaire. leures techniques de diffusion de l’information, lèges », tous ces « spadassins du rapport bâclé », bricolant un jour une mensions sociales. Faute de Dans chaque pays de La prise de conscience des mais de faire en sorte que chacun devienne un étude pour enterrer la taxe Tobin, en ficelant un autre le lendemain pouvoir expliquer de façon questions pratiques, longtemps acteur de la transformation en cours. pour chanter les louanges des fonds de pension, bref, tous ces « stali- convaincante les avantages l’Euroland, il s’agit de marginalisées (en dehors du Les progrès essentiels accomplis vers un trai- niens du marché », Bernard Maris les hait. Et, dans sa Lettre ouverte aux supposés de la nouvelle mon- choix technique de la matière, tement pratique de l’introduction de l’euro ne gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles, il leur dit naie unique européenne pour mobiliser les énergies des formes et des images des doivent cependant pas masquer certains enjeux sans détour leurs quatre vérités. l’emploi, les responsables pu- pièces et des billets), est crois- de l’adoption de l’euro et certains débats poli- Salubre exercice. Il y a tellement de spécialistes autoproclamés qui se blics n’ont pas hésité à recourir de tous ceux qui, dans sante. Pour preuve : les accords tiques. Il importe de ne pas faire de détermi- complaisent dans « la faconde ignare du discours expert » ; tellement de à l’argument d’une disparition passés dans la plupart des pays nisme monétaire. L’euro est la monnaie natio- journalistes économiques qui, à force de côtoyer les grands de ce des coûts de transaction. Argu- leur cadre professionnel entre les organisations de nale de chacun des onze Etats. Dans la zone des monde, ont l’impression d’en faire partie et de partager des secrets aux- ment fallacieux, car si un consommateurs, les profes- onze pays partageant cette monnaie, l’euro quels l’homme de la rue, ignare, ne pourra jamais accéder ; tellement de consommateur traverse au- ou dans des sionnels et les pouvoirs publics ajoute à la nationalité un élément supplémen- directeurs d’instituts qui, arguant de leur savoir, s’autorisent à dire jourd’hui l’Euroland avec l’eu- sur le double affichage des prix. taire : des ingrédients d’une citoyenneté euro- blanc le lundi et noir le mardi, parce que les clignotants ont changé, ou, ro, en émettant des chèques ou associations, s’occupent La direction générale XXIV péenne. plus prosaïquement, parce qu’ils font commerce de cela, de dire une même en utilisant sa carte de de la Commission européenne Toutefois, l’euro ne supprime pas radicale- chose et puis son contraire, au gré des commandes qui leur sont pas- crédit, il se verra toujours débi- des populations (direction générale de la poli- ment et totalement la monnaie nationale. Les sées... qu’on se délecte à suivre l’auteur dans les méandres de sa révolte. ter des frais. tique des consommateurs), débats macro-économiques pouvaient le laisser Déjà connu pour un autre ouvrage, en collaboration avec Philippe Cet avantage pour les dépla- à handicaps sous l’autorité de sa commis- penser, mais l’application d’un principe fort de Labarde, Ah ! Dieu ! que la guerre économique est jolie !, Bernard Maris cements ne pouvait toucher saire Emma Bonino, est encore subsidiarité nationale dans les réflexions sur les est économiste lui-même et sait de quoi il parle. Sans doute le sait-il qu’une fraction des popula- particuliers un pôle fort d’expérimenta- modalités pratiques de son introduction le d’ailleurs mieux que nombre de ceux qu’il brocarde. C’est la raison pour tions : les frontaliers et ceux tions et de propositions. Par prouve. Les multiples groupes de travail sur l’in- laquelle la critique, le plus souvent, sonne juste. Sorte d’invitation à lire qui, lors de déplacements touristiques ou pro- exemple, par la mise en place d’observatoires du troduction de l’euro, qui se mettent en place les grands classiques − Smith, Marx, Keynes... −, son pamphlet tourne fessionnels, franchissent les frontières natio- passage à l’euro (en cours de création dans tous dans des collectivités et à différents niveaux, en dérision nombre d’économistes et de dirigeants politiques qui cor- nales. Que pouvaient en penser la moitié des les pays, sauf en Allemagne, en Autriche et aux sont autant d’occasions − et répondent à un be- respondent très précisément à la définition qu’en donnait Attali : « celui Européens qui ne prennent jamais de vacances Pays-Bas) et par la mobilisation de « médiateurs soin − de débats sur les formes du « vivre en- qui est toujours capable d’expliquer le lendemain pourquoi la veille il disait en dehors de leur domicile et les 30 % d’entre de confiance », aux statuts divers, chargés de semble » dont l’argent est un médiateur. L’euro le contraire de ce qui s’est produit aujourd’hui ». La définition du bouf- eux qui n’ont jamais fait de transaction dans sensibiliser toutes les couches de la population. est un plus par rapport aux anciennes monnaies fon... une monnaie étrangère ? Quelle image de l’euro Cette préparation et cet apprentissage, fondés nationales. Il n’induit pas une harmonisation et Salubre exercice, mais peut-être un peu vain ? Sans doute. C’est juste que celle de ses avantages pour des placements sur une discrimination positive et s’appuyant une uniformisation automatiques de l’ensemble un cri d’indignation, rien de plus. Une sorte d’obsession, qui revient, boursiers auprès de l’immense majorité des Eu- sur les réseaux propres à chaque culture et à des politiques fiscales et sociales, par exemple, chapitre après chapitre : « Pourquoi l’économie, science, avec ses fastes, ropéens qui ne possède ni actions ni obliga- chaque société, sont indispensables si l’on ne mais il rend nécessaire leur coordination pour ses Nobel et ses pompes, est-elle la seule qui soit autorisée à raconter les tions ? veut pas que le passage à l’euro renforce l’exclu- éviter par exemple des politiques de dumping plus invraisemblables des fantasmagories ? » Les comportements des consommateurs de sion et si l’on pense, au contraire, qu’il peut de- social ou fiscal par certains Etats. Un cri qui fait un peu penser à celui de Zazie. Pourquoi diable veut- moins en moins hostiles à l’euro, mais forte- venir un moment de citoyenneté, c’est-à-dire Il n’en reste pas moins que ce n’est pas l’euro elle donc être institutrice ? « Pour faire chier les mômes », répond-elle. ment passifs, en sont la preuve. Le taux de d’intégration de tous à la vie de la cité et à ses qui fera l’Europe unie mais une volonté et des Avec Bernard Maris, qui connaît toutes les roueries de la profession, confiance dans l’euro ne doit pas faire oublier débats. Car la période 1999-2001 sera celle d’une choix politiques, culturels et sociaux que les Eu- tous ses petits mensonges et toutes ses grandes compromissions, c’est les problèmes pratiques et psychologiques aux- accélération de l’usage de l’euro : par les posses- ropéens feront rapidement... ou ne feront pas. un peu la même chose. Pourquoi a-t-il donc ressenti le besoin d’écrire quels seront confrontés, plus ou moins brutale- seurs de titres financiers certes, mais aussi de un livre sur le sujet ? Sûrement pour « faire chier les économistes ». Cela ment, le plus grand nombre. Il est donc essentiel plus en plus par ceux qui travaillent et qui, dans Jean-Michel Servet est directeur du centre ne sert à rien, mais cela fait drôlement du bien. A moins que ce ne soit d’imaginer les conditions de passage à l’euro qui le cadre de leurs entreprises, connaîtront en Walras (CNRS, université Lyon-II). totalement désespérant... La deuxième jeunesse d’entreprises PARUTIONS b« NOUVELLES FORMES DE TRAVAIL EN MILIEU RURAL », pratiques sociales et actions publiques, revue Pour centenaires et toujours innovantes L’espace rural recèle des opportunités d’emplois qui ne sont plus seule- ment agricoles. Mais leur émergence suppose des initiatives nova- trices : création de groupements d’employeurs, mise en œuvre d’une ouvelles technologies, ses compétences, « la maîtrise de que la firme eut été placée sous ad- polycompétence, coexistence de travail indépendant et de salariat pour innovation ne riment Lors d’un colloque sur l’air et de l’eau ». Des bateaux, il ministrateur judiciaire, était bien une même personne, articulation des actions publique et privée, mise pas toujours avec jeu- est ainsi passé, sous la conduite de placé pour en parler. « On s’amuse en place d’itinéraires de formation souples, adaptation aux situations N son président Jean-Louis Geron- à faire une start-up avec une société nesse. On peut être le « redéploiement locales des instruments nationaux d’aide à l’emploi... une entreprise plus que centenaire deau, à d’autres produits liés aux créée en 1755 et dotée de marques C’est ce que fait découvrir ce numéro de la revue du Groupe de re- et continuer de croître ; et pas seu- stratégique », loisirs nautiques (comme les pis- prestigieuses. C’est très amusant de cherche pour l’éducation et la prospective (GREP), une association qui lement par fusions et acquisitions. cines) ou aux produits souples reconstruire une entreprise. » Il consacre, depuis trente-cinq ans, ses analyses à la ruralité et à la for- Encore faut-il « avoir une histoire des firmes nées (comme les airbags, mais aussi les compte sur les cessions et l’amélio- mation permanente. voulue, choisie ; prévoir et organiser toboggans d’avions), et donc au ration de la productivité pour as- Il montre, en s’appuyant sur de nombreux exemples, que les réflexions le redéploiement entre des valeurs avec la révolution marché aéronautique, avec la fa- surer son redéploiement straté- et les actions ne manquent pas. Les efforts à déployer sont souvent im- créées et des valeurs à créer », expli- brication de sièges pour les passa- gique, mais aussi sur la « création portants pour identifier une demande, conforter une initiative, faire quait Claude Henrion, président de industrielle ont livré gers. d’un climat humain très différent ». travailler ensemble différents acteurs. l’Institut de redéploiement straté- Anne Lauvergeon, président des Cette dimension humaine a été Mais le jeu en vaut la chandelle, d’autant que le milieu rural est un bon gique (IRS) et coorganisateur d’un leurs recettes participations industrielles d’Alca- particulièrement mise en avant par terrain d’expérimentation et de stabilisation de nouvelles formes d’em- colloque sur le redéploiement stra- tel, n’a pas hésité à mettre en Elisabeth Ducottet, PDG de l’en- ploi (Pour, no 161, GREP, 13, rue des Petites-Ecuries, 75010 Paris ; diffu- tégique des groupes, organisé le elles n’entreprennent plus, retardent exergue « le côté très formateur de treprises familiale Thuasne, un fa- sion : L’Harmattan, 172 p., 110 F, 16,76 ¤). D. U. 4 mai, en partenariat avec deux so- les mutations plus qu’elles ne les an- certaines crises » dans la mesure où bricant de bandages élastiques, ciétés de conseil, NeurAssociés et ticipent », avec toutes les consé- elles ont, entre autres, permis ceintures lombaires, etc. « La stra- Euroconsult. Sept dirigeants de quences sur l’emploi que l’on d’acheter des technologies à l’ex- tégie n’est pas le fait d’un seul indi- b L’ASIE DU MIRACLE À LA CRISE, firmes séculaires ont, à cette occa- connaît. térieur, pour un coût moyen de vidu », a affirmé cette dirigeante de Diana Hochraich sion, livré leurs recettes à une au- Pour éviter cet écueil, il faut 7 millions de dollars par ingénieur au discours volontaire pour qui Les théoriciens de la crise asiatique se divisent en deux camps. Ceux qui dience confidentielle, guère à la choisir la bonne stratégie de rédé- acquis ! Une idée pas facile à faire « la participation est le mode d’ex- croient que la crise a été engendrée par une simple panique financière hauteur de la qualité des interve- ploiement, « synthèse dialectique passer dans une firme qui em- pression de l’affectio societatis mo- qui aurait pu ne jamais éclater. Et ceux qui estiment que l’effondrement nants. de deux stratégies apparemment ployait vingt mille ingénieurs. derne, dont a besoin toute entreprise était inéluctable en raison des déséquilibres économiques internes à l’en- Pourtant, le sujet est d’impor- contradictoires que sont le recen- Les sorties de crises ? Thibault pour progresser. Certaines entre- semble des pays de l’Asie de l’Est. Diana Hochraich appartient nettement tance pour l’économie française. trage et la diversification ». Jean- de Kergorlay, PDG de Marie Bri- prises ne passeront pas le cap, faute au deuxième camp. Spécialiste des économies du tiers monde, elle voit Comme le rappelait Marc Giget, Louis Beffa, PDG de Saint-Gobain, zard, nommé il y a un an après que d’avoir su préparer leurs équipes à les causes du déséquilibre constaté dans le développement « extrême » fondateur d’Euroconsult et titu- une entreprise créée en 1664, dé- des modes managériaux nouveaux, de la globalisation financière. laire de la chaire économie et inno- sormais constituée de six cents so- basés sur la confiance, et sur le fait Les flux de capitaux internationaux ont certes permis une croissance ti- vation au Conservatoire national ciétés présentes dans quarante- que, a priori, leurs collaborateurs rée par les exportations pendant près de vingt ans. Mais ce qui a passé des arts et métiers (CNAM), en in- deux pays, a montré comment il sont capables ». longtemps pour un modèle comportait trois défauts : une spécialisation troduction : « Deux tiers des avait mis cette théorie en pratique. Pour cette responsable d’entre- internationale basée sur la production de biens « en fin de cycle » soumis grandes entreprises françaises sont En un peu plus de dix ans, il a cé- prise qui n’hésite pas à dire qu’«il à une obsolescence rapide ; un avantage comparatif reposant sur une nées avec la révolution industrielle. dé des activités qui assuraient en- faut utiliser la force positive de l’in- main-d’œuvre bon marché, mais qui s’épuise avec la croissance, et une Leurs secteurs d’origine sont dura- viron la moitié du chiffre d’affaires quiétude du lendemain », il est dépendance logistique et technologique vis-à-vis de l’Occcident. L’auteur blement en croissance lente et cy- du groupe, avec une règle d’or : évident que « la meilleure des stra- estime que la crise a fait replonger ces pays dans le sous-développement clique. Le risque est grand de s’auto- « en vendant en début et non en tégies est de donner à chacun la très et plaide « pour un autre type de coopération » avec les pays industriali- déclarer secteur traditionnel en haut de cycle ». Parallèlement, il forte envie de faire, de croître ». sés. (Complexe, 157 p., 115 F, 17,53 euros). Y. M. déclin, pour obtenir des aides. » procédait à des acquisitions pour En conclusion du colloque, Gré- un montant à peu près équivalent, goire Postel-Vinay, directeur de PRODUCTIVITÉ puisque le chiffre d’affaires de ces l’Observatoire des stratégies indus- D’autant que les deux solutions dernières années représente au- trielles du ministère de l’économie, auxquelles nombre de firmes ont jourd’hui 55 % de celui du groupe. ̄ a réaffirmé l’importance de l’inno- eu recours dans un premier temps, Il s’est recentré sur deux secteurs vation pour les entreprises et donc à savoir l’internationalisation et sur lesquels il était en position de Marc Giget pour l’économie : « Les compé- l’amélioration de la productivité, numéro un (le verre et la fonte), et b Diplômé de l’Ecole des hautes tences sont une notion fluctuante, et commencent à atteindre leurs li- développé sur « des métiers de études en sciences sociales et assurément évolutives par rapport mites. La France est déjà le numé- niche mais porteurs de très forte va- docteur en économie au cœur historique de métier. Cela ro un mondial de la productivité leur ajoutée, comme les abrasifs et internationale, Marc Giget est le appelle de la part des entreprises, et du travail, a rappelé Marc Giget. la céramique, et sur les services ». fondateur de la société de conseil singulièrement celles qui bénéficient Pour une vieille entreprise, toute A une plus petite échelle Zodiac, Euroconsult. aujourd’hui d’une conjoncture cy- mutation est difficile : « Presque le fabricant de bateaux pneuma- b Il vient de publier, chez Dunod, clique favorable, d’investir dans les toujours, les nouveaux entrants vont tiques bien connu et plus que cen- La Dynamique stratégique de métiers innovants qui seront demain plus vite que ceux qui sont en place, tenaire, doit aussi sa réussite à son l’entreprise, un ouvrage sur le cœur de leur activité. » ajoutait Marc Giget. Beaucoup développement sur de nouveaux l’innovation, la croissance et le d’entreprises usurpent leur nom ; marchés situés « à proximité » de redéploiement des sociétés. Annie Kahn LeMonde Job: WDE2199--0008-0 WAS MDE2199-8 Op.: XX Rev.: 22-05-99 T.: 19:17 S.: 111,06-Cmp.:24,09, Base : LMQPAG 09Fap: 100 No: 0066 Lcp: 700 CMYK

VIII / LE MONDE / MARDI 25 MAI 1999 INITIATIVES La « chasse » aux directeurs Les ouvriers ne sont jamais aussi bien formés de ressources humaines s’amplifie

Parmi les missions confiées aux cabinets de « chasse de têtes » en que par eux-mêmes 1998, le nombre de celles qui visaient le recrutement de directeurs des ressources humaines (DRH) a le plus augmenté (+ 75 % au pre- mier trimestre 1999 par rapport à la même période de 1998). L’en- quête annuelle de l’Association professionnelle des cabinets de re- AMIENS induit des savoir-faire uniques, qui Le dispositif mis en place pose crutement de dirigeants (Aprocerd) confirme la poursuite de la de notre envoyé spécial L’usine Carbone n’existent nulle part ailleurs, in- un autre problème. Si tous les croissance de leur activité, déjà observée en 1998 ; elle a recensé e la taille d’une tête dique Philippe Jolivet, dans aucun opérateurs-formateurs expriment un total de 337 missions pendant les trois premiers mois de 1999 d’épingle à celle d’une Lorraine d’Amiens a programme de CAP ou de bac le « plaisir » que provoque la re- (+ 16 % par rapport à 1998), dont près de la moitié concernait, brique, les blocs de pro ». connaissance de leur profession- comme l’an dernier, des créations de poste. Un quart des missions D Pas question non plus de nalité à travers leur nouvelle fonc- carbone attendent organisé la formation a porté sur des fonctions de direction commerciale, un quart sur d’être percés, modelés, rainurés, construire un cursus sur mesure tion, les syndicats (la CGT est les directions administratives et financières, 14 % sur les directions agrémentés de fils de cuivre, pour des nouvelles recrues avec un organisme de formation : majoritaire) ont fait remarquer générales, les autres se répartissant à égalité entre les fonctions devenir ensuite une pièce maî- « Le coût aurait été trop élevé pour que la lourdeur de la formation industrielles, ressources humaines, informatique (7%à8% cha- tresse, appelée « balai élec- par son personnel un effectif trop faible. » Pas ques- suivie par les futurs opérateurs- cune)... trique », qui conduira le courant tion enfin de confier la formation formateurs, ainsi que les responsa- Outre les DRH, ce sont les missions de direction informatique qui au travers de moteurs divers et va- le plus expérimenté à l’encadrement et la maîtrise : bilités nouvelles qu’ils assument, connaissent la plus forte progression (+ 57 %), les autres fonctions riés, du séchoir à cheveux au TGV, « La surcharge de travail ne leur en n’ont pas été compensées par une enregistrant une progression plus faible (de l’ordre de 10 %), alors en passant par le démarreur de quinze mois une « formation de laisse pas le temps », et surtout, amélioration de leur rémunération que les missions de direction industrielle (production, études, re- voiture. formateurs », mise au point en ajoutent les opérateurs-forma- ou de leur statut. cherche) sont en régression (− 38 %). C’est cette dernière qui avait Le balai électrique est, en collaboration avec trois ensei- teurs, « ce ne sont pas eux qui Les intéressés le confirment, pourtant enregistré au premier trimestre 1998 la plus forte hausse France, le monopole de l’usine gnants chercheurs de l’université savent piloter les machines ». précisant qu’« il avait été question par rapport à 1997 (+ 56 %). Après avoir concerné la production, d’Amiens du groupe Carbone Lor- de Rouen, tous issus du Centre de Enfin, la solution d’une forma- de changer de coefficient, mais nous les recrutements semblent donc s’être orientés, en 1998, vers les raine, qui comptait plus de recherche associé au Centre tion sur le tas, telle qu’elle était n’avons toujours rien vu venir », ce fonctions tertiaires de l’entreprise. 1 000 salariés à la fin des an- d’études et de recherches sur les pratiquée autrefois, avait ses li- qui risque, ajoutent-ils, de « dé- nées 70, mais guère plus de 400 au qualifications (Cereq). mites, d’ailleurs révélées par la for- courager de nouvelles vocations, début des années 90 : la crise avait Ces quinze personnes ont dû mation de formateurs. alors que nous avons besoin de ren- DÉPÊCHES fait chuter la production, l’auto- s’impliquer, au rythme moyen Point capital du dispositif, le fort », et serait même en partie à matisation avait fait le reste, pro- d’un jour toutes les deux semaines temps passé à la formation des l’origine de la défection de sept b FEMMES. Il y a un an, le Centre national d’information et de docu- voquant des plans de départs mas- (« sans compter les heures passées à nouvelles recrues n’est pas imputé des quinze opérateurs pressentis mentation des femmes et des familles (CNIDFF) avait ouvert à Paris, à sifs en préretraite. la maison », ajoutent les intéres- aux ateliers de production, mais au départ. titre expérimental, un espace d’aide et de conseil axé sur l’emploi, avec sés), dans la description minu- comptabilisé en dépenses de for- pour vocation d’accueillir les femmes touchées par le chômage et la SPÉCIFICITÉ tieuse et systématique de leurs mation, ce qui ôte des épaules des MODERNISATION précarité, et de les orienter vers des formations et des emplois, en parti- En 1995, les commandes af- pratiques professionnelles, dans la opérateurs-formateurs la pression Autre interrogation, plus grave culier dans le secteur des services de proximité. fluent, et avec elles l’embauche : construction et la mise en forme de la maîtrise et de l’encadrement, sans doute : l’usine va connaître Plus de 2 000 personnes, dont 85 % de femmes, ont été accueillies, 580 100 personnes, dont 60 % d’ou- – sous forme de livrets – de réfé- prompts à dénoncer la « perte de des phases de modernisation accé- ont participé à des ateliers de techniques de recherche d’emploi, 140 ont vriers de production, entre 1995 et rentiels des métiers de l’entreprise, temps » lorsque s’accumulent les lérée, et les opérateurs-formateurs bénéficié d’un suivi individualisé qui a permis à plus de la moitié d’entre 1998. Mais l’usine paie le prix de « tout ce difficile processus qui commandes. « Nous pouvons ainsi pourraient être amenés à jouer un elles de trouver du travail. l’absence de recrutements pen- conduit du “faire” au “dire” », se- prendre le temps qu’il faut pour rôle non seulement de qualifica- Renseignements : 01-42-17-12-60. dant plus de dix ans : les plus qua- lon les termes d’Alain Kokosowski, amener chacun à niveau », se ré- tion des nouveaux venus, mais lifiés sont aussi les plus âgés ; ils l’un des universitaires. jouissent les formateurs. aussi de mise à niveau des plus an- b OUTPLACEMENT. Selon un sondage réalisé par l’organisation pro- partent à la retraite sans avoir le Il s’agissait de leur fournir les ciens. « Or former un jeune, ce n’est fessionnelle des cabinets de conseil en évolution professionnelle (Asco- temps de transmettre aux nou- supports et les compétences liés à RATÉS pas du tout la même chose que de rep) auprès de 309 cadres bénéficiaires d’un outplacement depuis veaux embauchés les savoir-faire leur nouvelle mission, celle Avec tout de même quelques ra- former un gars plus âgé qui a trente moins de trois ans, 98 % de ces derniers ont retrouvé un emploi. Mais et les « tours de main » du métier. d’« opérateur formateur » ; c’est tés : tous les chefs d’atelier n’ont ans de maison, lorsqu’on en a que cela a pris plus de six mois pour la moitié d’entre eux. 60 % ont vu leur « Il faut de trois mois à un an à ainsi qu’ils sont désignés depuis la pas forcément laissé les opéra- quatre ou cinq, estime l’un d’eux. rémunération diminuer par rapport au poste antérieur ; 64 % ont trouvé un ouvrier pour devenir un profes- fin de l’année 1997, à l’issue de ce teurs-formateurs organiser la ré- Nous n’avons pas été formés pour un poste de niveau hiérarchique inférieur ou égal au précédent. Plus sionnel, estime Philippe Jolivet, di- parcours que seuls huit d’entre partition de leur temps entre leurs affronter de telles situations. » des trois quarts des « outplacés » sont cependant satisfaits de l’aide qui recteur des ressources humaines eux ont mené jusqu’au bout. De- deux étiquettes. Une situation d’autant plus em- leur a été apportée. et de l’établissement d’Amiens. Il puis, ils prennent en charge tous « Au début de l’année, je n’ai pas barrassante que les syndicats nous fallait trouver le moyen d’amé- les nouveaux arrivés dans leurs pu remplir mon rôle, parce que craignent que cette modernisation b JEUNES DIPLÔMÉS. L’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et liorer rapidement la formation des ateliers respectifs, jeunes recrues j’étais le seul à régler les machines ne rejette les salariés les plus âgés, l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) ont signé, le 18 mai, une nouveaux arrivants. » ou personnel muté, avec mission de l’atelier, témoigne l’un d’eux. Je les moins aptes ou les moins vo- convention nationale prévoyant l’ouverture d’espaces jeunes diplômés Si le problème est aujourd’hui de les faire passer du stade de n’ai pu m’y mettre que lorsque l’ef- lontaires pour se former. Les opé- dans onze villes (Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, devenu banal dans les entreprises « novice » à celui de « profession- fectif a été renforcé. » Chacun rateurs-formateurs se trouveraient Nantes, Paris, Rennes, Rouen, Toulouse) qui regrouperont les moyens et françaises, la solution imaginée nel ». avoue d’ailleurs n’avoir pu former ainsi dans la position inconfor- les prestations des deux institutions : offres d’emploi, documentation, par Carbone Lorraine à Amiens Si l’établissement a retenu le que deux, trois ou quatre per- table d’instruments involontaires clubs et ateliers de recherche d’emploi, rencontres avec les entreprises, rompt avec la plupart des recettes principe d’une formation en situa- sonnes en un an et demi. Seule- d’un tri pratiqué parmi leurs etc. La formule était déjà expérimentée depuis trois ou quatre ans à Pa- traditionnelles. L’usine a sélection- tion de travail assurée par les opé- ment « une vingtaine d’opérateurs collègues. ris, Lille et Rouen. L’accès ne sera ouvert qu’aux diplômés d’un niveau né quinze opérateurs dans ses ate- rateurs eux-mêmes, c’est parce ont été formés de cette façon », ad- bac + 4 minimum, sans obligation d’inscription à l’ANPE. liers ; elle leur a fait suivre pendant que « la spécificité de nos produits met Philippe Jolivet. Antoine Reverchon AGENDA b DÉVELOPPEMENT DURABLE. L’Institut d’économie politique Karl- Polanyi, de l’université de Concordia (Etats-Unis), et le Centre Auguste- Haro sur le travail illégal dans le bâtiment et-Léon-Walras, de l’université Lyon-II, organisent, les 26, 27 et 28 mai à Lyon, un colloque autour des travaux de l’économiste Karl Polanyi. Les communications des intervenants porteront sur l’avenir des services pu- près avoir bataillé pour ans d’emprisonnement et L’AMIF et la FFB Paris - Ile-de- blics, l’économie solidaire et la crise de l’Etat providence, le projet d’un que le projet de loi de Municipalités 200 000 francs d’amende France ont conclu deux autres monde « post-néo-libéral », les dimensions sociales de la globalisation, A 1997 sur le travail illé- (30 000 euros), entre autres, et les chartes. L’une porte sur les délais les nouvelles dimensions de la citoyenneté. gal, jugé trop répressif, et entreprises personnes morales une amende de paiement, que les partenaires Renseignements : 04-72-72-64-07. soit adouci, et avoir obtenu gain de 1 million de francs (152 000 eu- voudraient ramener à trente jours de cause, les professionnels du bâ- d’Ile-de-France ros), l’interdiction d’exercer direc- après réception de la facture. b HISTOIRE ÉCONOMIQUE. L’Association des historiens de la tradi- timent tentent maintenant de ren- tement ou indirectement l’activi- L’autre texte, qui vise les « offres tion économique autrichienne organise, les 27, 28 et 29 mai à Paris, un forcer l’aspect préventif de la lutte ont signé une charte té, à titre définitif ou pour une anormalement basses », concerne colloque sur l’analyse et la doctrine économiques dans la pensée de Frie- contre cette infraction. durée de cinq ans maximum, l’ex- indirectement le travail illégal. Il drich Hayek. La Fédération française du bâti- pour la prévention clusion des marchés publics à titre invite les maires à « utiliser la mé- Renseignements : 01-55-43-42-33 ; www.univ-paris1.fr ment (FFB) de la région Paris - Ile- définitif ou pour une durée de thode de détection » de ces offres, de-France vient de signer une des pratiques illicites cinq ans maximum, etc. mise au point par la FFB, et à les b VOLONTARIAT. Depuis quatre ans, l’association Unis-Cité organise charte avec l’Association des Dans un jugement rendu en fé- « éliminer ». des années de service volontaire pour des jeunes qui souhaitent consacrer maires d’Ile-de-France (AMIF), sur les chantiers publics vrier 1998, la FFB Paris s’est, pour une année à servir la collectivité. Afin de promouvoir cette pratique, elle dans laquelle cette dernière « pro- la première fois, constituée partie PRIX TROP BAS organise un festival les 28 et 29 mai. Lors de la première journée, qui se pose à ses adhérents que, pour nous craignons qu’il augmente avec civile dans une affaire de travail il- « Lorsque les chantiers sont trai- déroulera à Paris, des personnes témoigneront de leur expérience en toute intervention d’une entreprise les 35 heures », confie Didier Du- légal. « Le problème est que nous tés à des prix trop bas, une cascade France ou dans le monde, et des représentants de la société civile et du de bâtiment, le port d’un moyen ran, président de la FFB Paris - Ile- n’avons pas connaissance des pro- de sous-traitants s’installe et, au gouvernement seront appelés à réagir. Le lendemain, les jeunes sont invi- d’identification (nom du salarié et de-France. cédures engagées par l’inspection xe échelon, on trouve bien souvent tés à participer à des actions de solidarité en région parisienne et lyon- de l’employeur) » soit « exigé » sur Un « fléau », ajoute-t-il, pour du travail », regrette Didier Du- des personnes non déclarées », naise. les chantiers effectués dans le une région où le BTP emploie ran. constate Didier Duran. Renseignements : 01-53-09-93-50. cadre d’un marché public. Il pour- 189 000 salariés et réalise un L’idée n’est pas d’écarter d’em- ra s’agir d’un « badge » ou de «la chiffre d’affaires de 109 milliards DÉLAIS DE PAIEMENT blée une offre jugée trop basse, b RETRAITES. L’articulation entre les modalités d’emploi et le finance- carte d’identité du bâtiment, pré- de francs (16,6 milliards d’euros), Claude Pernes, président de « car le maire pourrait être suspecté ment des régimes de pension est au cœur du débat sur l’avenir des re- conisée par plusieurs organisations dont 20 % dans le cadre de mar- l’AMIF et maire (DL) de Rosny- d’entente illicite, mais de demander traites. Concernée par cette question, l’entreprise l’est aussi par la contri- professionnelles ». chés publics. « Si, ne serait-ce que sous-Bois, avoue que les maires à l’entreprise de justifier ses prix ». bution qu’elle peut apporter à la mise en place de solutions sur ces 20 %, il n’y avait plus de tra- « n’ont jamais réellement pensé à Recourt-elle à « un procédé de complémentaires, voire supplémentaires. Entreprise et Personnel orga- BADGE vail illégal, ce serait une bonne l’idée de leur coresponsabilité éven- construction particulier ? » ; dispose- nise le 31 mai, à Paris, une journée d’échanges sur les solutions mises en La charte souhaite également chose », commente la fédération. tuelle. Il n’y a pas encore eu de ju- t-elle de « conditions exceptionnelle- œuvre dans les entreprises. Jean-Michel Charpin interviendra au cours que le port du badge fasse l’objet Les sanctions pénales prévues risprudence. Mais nous avons déci- ment favorables pour exécuter le de la journée pour détailler les propositions qu’il a faites dans son rap- d’une clause figurant dans les ap- par la loi de 1997, qui permet de dé d’accompagner l’effort des marché ? », etc. Et à chaque fois port, remis en mars au gouvernement, et répondre aux questions des pels d’offres des communes. rechercher les responsabilités en entreprises ». Ce qui signifie que l’entreprise répond positive- participants. Le port du badge « n’est pas la matière de travail illégal jusqu’aux « d’abord faire savoir aux entre- ment, elle doit chiffrer l’incidence Renseignements : 01-43-92-13-17. panacée, reconnaît-on à la fédéra- donneurs d’ordre, ont sans doute prises que nous sommes attentifs au de cette particularité sur son offre. tion. Il peut y avoir des cas de aussi incité les partenaires à statut des salariés et qu’en cas de Une opération vérité des prix en b TEMPS DE TRAVAIL. L’Agence nationale pour l’amélioration des fraudes. Mais, a priori, une entre- prendre cette initiative. Les per- problème nous serons très vigi- somme. conditions de travail (Anact) organise, le 1er juin à Paris, un colloque à prise qui décide de badger son per- sonnes physiques encourent deux lants ». Evidemment, « l’entreprise la destination des consultants sur « l’intervention de conseil et la réduction sonnel marque une volonté de moins disante ne me dira pas qu’elle du temps de travail ». Cette journée se déroulera autour de présenta- transparence ». Mise en place de- Ensemble des infractions relevées en 1995 emploie des personnes non déclarées, tions d’études faisant le bilan des interventions sur la réduction du temps puis 1993, cette carte, qui doit être explique Claude Pernes. A moi de de travail et de travaux en ateliers afin de faciliter les échanges méthodo- renouvelée chaque année, a été Par secteur d'activité (en %) vérifier avec attention son dossier, logiques entre consultants. Des chefs d’entreprise et des organisations vendue en 1998 à 80 000 exem- afin de me forger une intime convic- seront également invités à faire part de leurs retours sur la qualité des in- plaires, selon la FFB Paris - Ile-de- AGRICULTURE tion. Et si l’entreprise fait une im- terventions. France. AUTRES SERVICES 8,40 passe, je pourrai plus facilement l’éli- Renseignements : 01-48-24-19-39. La région parisienne est parti- 24,40 3,10 CONFECTION miner que si je n’avais pas signé la culièrement concernée par le tra- charte ». b ACTIONNARIAT SALARIÉ. Le groupe de conseil Altédia organise, les vail illégal dans le bâtiment. Avec Claude Pernes est convaincu que 2 et 3 juin à Paris, avec le patronage de la Commission des opérations de 10,8 % des infractions relevées en 25,50 BTP les autres maires vont le suivre. Bourse (COB), un colloque sur l’actionnariat salarié. Des dirigeants d’en- France dans ce domaine, elle ar- « D’une part, parce qu’ils n’ont pas treprise et des acteurs sociaux apporteront leurs témoignages et débat- rive en troisième position derrière envie d’avoir affaire aux tribunaux en tront de l’actionnariat des salariés comme élément de corporate gover- l’outre-mer (11,5 %) et la Pro- 14,70 tant que donneurs d’ordre. D’autre HÔTELS, CAFÉS, nance, facteur de cohésion sociale et de compétitivité économique. Des vence-Alpes-Côte d’Azur (11,4 %), 3,60 part, parce qu’ils veulent pouvoir RESTAURANTS ateliers aborderont les sujets plus techniques tels que la conduite d’une selon les données de 1995 (der- choisir les entreprises capables d’aller opération d’actionnariat des salariés, le plan de communication, la ges- nières statistiques connues) de la 20,30 AUTRES INDUSTRIES jusqu’au bout des chantiers qui leurs tion d’une opération à l’international... Les débats seront alimentés par délégation interministérielle de sont confiés. » Et ce ne sont pas for- les résultats d’une enquête faisant le point sur les pratiques et les inten- lutte contre le travail illégal. cément les moins disantes. tions des entreprises en matière d’actionnariat des salariés. Impossible, par définition, de COMMERCE Renseignements : 01-44-91-51-10. savoir s’il se développe, « mais Source : ministère de l'emploi Francine Aizicovici