Octobre 2020 2 • DOSSIER
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
n° 43 en VIES Lomagne magazine des paroisses du secteur de la Lomagne du Gers LIEUX SAINTS Pèleriner près de chez soi PARABOLES 32 CRISE SANITAIRE DANS LE GERS Se protéger, Bénédiction à Notre-Dame-de-l'Esclaux. protéger les autres DR pages II-III trimestriel • octobre 2020 2 • DOSSIER Édito Sanctuaires mariaux Rencontrer Marie Chers lecteurs, chères lectrices, Chez nous, soyez reine ! de Vie en Lomagne, Pax Christi ! (La paix du Christ !) Avec ce nouveau numéro, l’équipe haque été, les lieux de pèlerinage d’eux, des générations entières sont ve- oriente sa thématique sur les sanc- attirent des personnes du monde nues faire mémoire d’un événement local tuaires mariaux de la Lomagne. entier. ou de traditions fidèlement transmises. Ces sanctuaires ont-ils encore tout C leur sens initial pour des chrétiens Cette année, la pandémie a bouleversé les Un sanctuaire va de pair habituellement aujourd’hui ? Ou alors sont-ils res- repères, nombreux sont ceux qui ont été avec un objet à toucher : statue, relique tés des simples lieux touristiques ? reportés ou annulés. ou bien une source qui nous appelle et En effet, du latin sancturarium, Si aller prier la Vierge Marie à Lourdes nous invite à boire. dérivé de sanctus, saint, un sanc- est un rêve, parfois inaccessible, pour Ces gestes profondément humains, nous tuaire désigne, de manière géné- rale, des lieux de culte : temples, beaucoup de personnes du monde entier, renvoient le plus souvent à une recherche églises, espaces consacrés à des cette démarche, pour nous qui sommes à de sens, une requête, un besoin de se célébrations, lieux de pèlerinage. proximité, n’est pas non plus forcément tourner vers le ciel. De manière plus restrictive, évidente. On peut aussi accomplir un pè- Découvrons, ou redécouvrons ces lieux on appelle sanctuaire, le lieu saint lerinage tout près de chez soi. qui, près de chez nous, ont résisté à l’usure consacré à la pratique d’un culte dédié à une ou plusieurs figures Notre secteur de la Lomagne est riche de du temps et dans lesquels le culte de la de la religion catholique. Ainsi, quatre sanctuaires mariaux. Dans chacun Vierge Marie continue d’y être célébré. la France en compte plus d’une centaine dédiée à la Vierge Marie. Parmi ceux-ci, le sanctuaire le plus fréquenté reste celui de Lourdes qui accueille des milliers de pèlerins. Pour ce qui est des sanctuaires de la Lomagne qui font l’objet de ce numéro, nous nous sommes rendu compte, après quelques investi- gations, que ces lieux restent très peu fréquentés, sinon par quelques dévots (une minorité) ou pour des célébrations eucharistiques ou encore par quelques touristes. Pourtant, le sanctuaire est un lieu de rencontre avec Dieu dans la prière, l’écoute de sa Parole et la célébration des sacrements. Venir © Bernard Comte donc dans un sanctuaire marial, c’est prendre ce risque d’entrer avec une motivation et de vivre LA CHAPELLE DE LAMOTHE-ENDO une étape pour sa vie, touché par le Dieu de Jésus-Christ par le biais Appelée en 1323, Motan-Ando puis Mota-Odonis en 1418, de la Sainte Vierge notre co-média- elle doit son nom à la motte féodale élevée au Moyen Âge trice. Dans cette édition si riche, il pour l’édification du château de défense. Des fossés circulaires convient de se laisser transporter vers ces milieux où la Sainte Vierge entouraient le village venu s’établir contre la forteresse. a été presque oubliée dans notre région et nous vous réservons La chapelle de Lamothe-Endo abrite une petite statue de la Sainte Vierge. de nombreuses surprises. Cette statue est en bois doré et d’un travail rustique qui semble remonter Bonne lecture. au XVIIe siècle. Les habitants de Lamothe ont toujours prié Notre Dame avec ferveur. Puis la guerre de 1914 arrive. Les hommes du village partent P. Augustin Bérenger Essomba, sac pour le front et ceux qui sont restés mettent leurs chers absents sous sa protection. Le curé de Fleurance de l’époque apprend cette vénération qui grandit et se rend à Lamothe avec quelques rares personnes et des Vies en Lomagne enfants : c’est le premier pèlerinage. Bimestriel Rédaction : 135, rue Pasteur Désormais, c’est tous les lundis de Pentecôte que le pèlerinage se déroule. 32500 Fleurance - Tél. 05 62 06 11 05 Rédactrice en chef : Cécile Noyrigat En 1981, une association voit le jour « Les Amis de Lamothe-Endo » qui a Création graphique : Virginie Troader pour but de « redonner vie au village de Lamothe en créant des activités Régie publicitaire : Bayard Service Directeur de la publication : Bayard Presse autour de la chapelle ». Ainsi, ce pèlerinage se perpétue et la chapelle représenté par Pascal Ruffenach Imprimerie : Burlat - 12850 Onet-le-Château accueille toujours des cérémonies religieuses, (baptêmes, réunions de ISSN : 2257-8382 - Dépôt légal à parution prières…) car la dévotion à Notre-Dame-de-Lamothe a traversé le temps participation annuel le : 15 euros Participation de soutien : 20 euros et les pèlerins sont toujours présents. (verser au compte de la paroisse) Vies en Lomagne • n°43 - octobre 2020 DOSSIER • 3 Sanctuaires mariaux NOTRE-DAME-DE-TUDET Trésors de la prière « Récite ton chapelet, dit Dieu, et ne te Tudet est une annexe soucie pas de ce que raconte tel écervelé : Chez nous, soyez reine ! que c’est une dévotion passée et qu’on va du village de Gaudonville où, abandonner. Cette prière-là, je te le dis, au XIIe siècle, un bœuf, brou- est un rayon de l’Évangile : on ne me la changera pas. tant dans les champs, s’immo- Ce que j’aime dans le chapelet, dit Dieu, c’est qu’il est simple et qu’il est humble. bilisa devant une statue noire Comme fut mon Fils. Comme fut sa au fond d’une fontaine. Mère. Récite ton chapelet : tu trouveras à tes Elle était en marbre noir et côtés toute la compagnie rassemblée en mesurait soixante centimètres. l’Évangile : la pauvre veuve qui n’a pas fait d’études et le publicain repentant Les maîtres de la Gascogne, qui ne sait plus son catéchisme, la pé- cheresse effrayée qu’on voudrait acca- avec Henri Plantagenet, bler, et tous les éclopés que leur foi a y bâtirent un oratoire. sauvés, et les bons vieux bergers, comme ceux de Bethéléem, qui découvrent mon Mais les Huguenots le pillèrent Fils et sa Mère en 1589. À la fin du XVIIe Alors, quand je le voudrai, je vous l’as- sure, vous recevrez la bonne nourriture, siècle, les villages des alen- qui affermit le cœur et rassure l’âme. Allons, dit Dieu, récitez votre chapelet et tours firent le vœu de venir gardez l’esprit en paix. » prier la Vierge pour qu’elle Charles Péguy les protège des calamités du moment : la peste, les guerres, les famines, les tempêtes… © Bernard Comte En 1640, les pères de la doctrine chrétienne firent construire à Tudet une maison qui fût un couvent, un établissement d’enseignement et une maison de retraite. Mais à la révolution de 1792, les frères furent chassés et la statue brisée fût cachée par une personne du village, ma- dame Vigaroux, qui l’enterra. Elle fût déterrée en 1804 mais restaurée seulement en 1876 par un sculpteur toulousain. Un nouveau sanctuaire voit le jour en 1877 et le pèlerinage fût of- ficiellement rétabli. Cette même année, naquit dans les environs un enfant malade qui avait peu de chances de survie. Sa mère, bonne croyante, emporta l’enfant au pied de la statue ; elle se mit en prières en disant : « Sainte Vierge, je vous le donne ; faites-en ce que vous voulez ». De retour à la maison, le docteur constata sa guérison. Devenu prêtre du diocèse d’Auch, archiprêtre à Lectoure, archevêque à Cahors puis à Albi, il venait souvent à Tudet : cet enfant serait Jean-Joseph Moussaron, archiprêtre de Lectoure de 1924 à 1929. Maintenant, le pèlerinage a lieu le 8 septembre et le sanctuaire est un lieu de réunion pour les équipes du Rosaire de la Lomagne. Les premiers vendredis de chaque mois et tous les vendredis des mois de mai et d’octobre, on y prie le chapelet. Plusieurs célébrations privées y ont lieu : baptêmes, mariages, ainsi que la messe du dimanche de la Sainte Trinité… Tudet vit toujours. © Vincent/Sanctuaire Lourdes/CIRIC © Vincent/Sanctuaire n°43 - octobre 2020 • Vies en Lomagne 4 • DOSSIER NOTRE-DAME-D'ESCLAUX Situé entre Lectoure et Astaffort, les origines du sanctuaire d’Esclaux sont enveloppées d’obscurité. Notre-Dame-d’Esclaux existait de toute évidence avant le milieu du XVIe siècle. La direction fut confiée aux bénédictins de Mézin (Lot-et-Garonne) qui envoyèrent plusieurs moines. La chapelle fut détruite et la statue de la Vierge disparut aussi. Le co-seigneur de Saint-Mézard, François d’Esparbès de Lussan, résidant au château de Feuga, aurait alors fait construire un oratoire sous la forme d’une petite chapelle, dans laquelle fut soigneusement enfermée la vénérée statue miraculeuse, aux traces de polychromie, toujours présente dans la chapelle d’Esclaux. Les fidèles vinrent très vite y prier, se baigner à la source ou y boire, et des miracles s’accomplirent, donnant naissance à un pèlerinage de grande envergure que même la Révolution française n’arrivera pas à éradiquer. L’abbé Coutin fut le créateur de la nouvelle église et fut l’organisateur des pèlerinages. L’année 1868 fut le témoin d’un mouvement populaire. La Vierge apparut apportant aux hommes le témoignage de son indéfectible attachement, là aux creux d’un humble vallon, une source avait jailli qui guérissait les malades. Lorsque la peste ravageait les chaumières, semant des cadavres, lorsque l’orage anéantissait les récoltes, nos ancêtres allaient se courber © Bernard Comte devant l’image miraculeuse.