E. LAFFORGLE

Statuts communaux

de Bigarre

TARBES impsimeeie EESBORDES 8 — rue Péré — 8

i©se E. LAFFORGUE

Statuts communaux

de Bigorre

Tarbes IMPRIMERIE LESBORDES 8 — rue Péré — 8

1926

ESCÔLA GASTON FÉBUS

N : ,1.A £./.SJA...... MHIL OBSTAT :

Tarbes, le 30 mars 1920.

J. D u ffo . censeur.

IMPRIMATUR :

Tarbes. 31 mars 1926.

H. Méricq, v. g. STATUTS COMMUNAUX UE BIGORRE

INTRODUCTION

i

FORS, RECONNAISSANCES ET STATUTS COMMUNAUX

Les rois sous l’ancien régime avaient le droit d'édicter des lois. Mais il faut reconnaître qu’ils usaient très modérément de ce droit. De plus, les lois portées par les rois devaient être enregistrées par les Parlements et ceux-ci ne se faisaient par faute parfois de refuser cet enregistrement. Les lois laissaient ainsi une large place aux coutumes locales. Celles-ci étaient souvent invoquées devant les tribunaux. Elles s’établissaient par des écrits ou par de nombreux témoignages. Les coutumes étaient de trois sortes : les fors, les reconnaissances et les statuts communaux. Lqs fors furent établis au Moyen Age et jusque vers le xve siècle. Ils avaient pour but spécial de régler les rapports des habitants avec leur seigneur. Les villes, de gros bourgs, des groupes de villages et la Bigorre entière avaient des fors. Nous possédons les fors de Bagnères, de Castelnau-Rivière-Basse et encore ceux de la vallée d’Azun et de la Bigorre. Les reconnaissances traitaient des devoirs des communautés envers leur seigneur et de leurs droits. Ils étaient publiés à l’avènement d’un nouveau seigneur. Les statuts communaux dont nous traitons dans ces pages, composés du xve au xvme siècle, réglaient les rapports des habitants entre eux. Comme il est dit dans les statuts d’, ils visaient « à entretenir la paix et la concorde entre les habitants et à* la conservation et advantage des biens communs et particuliers ». Ils - 4 - furent rédigés par des notaires. C’est dans des registres de notaires que nous avons trouvé la plupart de ceux que nous publions. Un très grand nombre de communautés avaient assurément leurs statuts. Si nous n’en publions qu’un petit nombre relativement, c’est que nous n’avons pu parcourir que les registres des notaires de Bagnères. Si toutes les communautés n’avaient pas des statuts, toutes sans doute avaient des coutumes non écrites d’après lesquelles elles se réglaient. La presque totalité des statuts communaux que nous publions furent rédigés tardivement, mais la plupart du moins remontaient de fait bien plus haut. Nous lisons 'en effet dans, plusieurs de ces statuts que ceux-ci existaient et étaient observés de tous les temps. Voici comment, à Trébons, en 1769, on rédigea ces statuts. Il existait déjà deux rédactions de statuts faites à deux époques diffé­ rentes notablement antérieures. On chargea un habitant du lieu d’en faire une autre rédaction appropriée aux temps nouveaux en prenant conseil d’hommes de loi. Ce projet de statuts nouveaux fut assuré­ ment présenté à l’assemblée de communauté qui leur fit peut-être subir quelques changements et finalement les approuva. Les statuts communaux étaient d’ordinaire présentés au Parlement de Toulouse qui les homologuait et leur donnait force de lois. Parfois on les soumettait seulement à l’approbation de l’intendant.

II

CONTENU DES STATUTS COMMUNAUX

Les statuts communaux réglaient spécialement la tenue des assem­ blées de communauté. Sous l’ancien régime, tous les chefs de famille faisaient partie de l’assemblée de communauté ou conseil communal. Ces assemblées comptaient parfois une soixantaine de membres et davantage. Cependant, à Orignac et à , on décida dans les statuts municipaux de 1651 que les assemblées de ces deux commu­ nautés voisines ne se composeraient désormais que de vingt-quatre membres en plus des trois consuls. Les statuts de I Iiis de 1653 décidèrent qu’il y aurait à côté de l’assemblée générale de la commu­ nauté un Conseil composé des consuls et de cinq prud’hommes chargé sans doute des affaires peu importantes. Tous les statuts exigent que tous les membres de droit de l’assem­ blée de communauté y soient présents. Ceux de ses membres qui étaient absents ne pouvaient se livrer au travail durant le temps de l’assemblée. Ils ne pouvaient non plus partager la collation ou la boisson, s’il en était offert par la communauté à l’issue de l’assem­ blée. Cependant, ces deux dernières défenses portées par les statuts de Trébons de 1590 furent levées en 1769. On devait se taire dans l’assemblée quand le silence était commandé (, Trébons, Ordizan, Arrens). On ne devait pas interrompre celui qui avait la partole (Luz, Orignac). On ne devait parler qu.’après en avoir reçu l’autorisation. 11 fallait pour parler se lever et se tenir la tête découverte (Tré­ bons, Orignac, Luz). 11 ne fallait pas sortir de sa place (Ordizan, Arrens). Il était défendu de favoriser un frère, un parent, un ami ( Pouzac), de parler sans raison en faveur de quelqu’un (Trébons). Il était interdit de parler avec colère (Orignac), avec insolence (Bourg), de proférer des menaces (Orignac), des injures (Trébons, Orignac, Ordizan), des blasphèmes (Pouzac, Trébons, , Orignac, Ordizan), de pousser des cris et de faire du tumulte (Luz), de donner le démenti à quelqu’un (Hiis, Ordizan), de donner des coups, des soufflets (Orignac), de tirer le couteau et de porter des armes (Orignac), de révéle,r les secrets de la communauté (Trébons, Orignac). Les consuls étaient les chefs des communautés Ils étaient ordi­ nairement au nombre de deux, assez souvent de trois et parfois de quatre. Ils convoquaient l’assemblée de communauté et la présidaient. Ils étaient tenus de la convoquer si un seul habitant le demandait, quittes à le punir, s’il le demandait sans raison (Ordizan). Ils taxaient le vin (Pouzac), de plus, le pain et la viande (Bourg, ), et en outre l’huile (Sarlabous). Parfois la boucherie était mise aux enchères et même banale (Bourg). Le boucher payait à la communauté un liard par livre de poids de viande (Trébons), L’aubergiste payait le droit de souquet (Ordizan). Les consuls examinaient les poids et mesures et tout spécialement la mesure (pugnère) du meunier (Bourg, Ordizan); ou bien ils nom­ maient des « étaleurs » chargés de cet office (Arrens). — 6 — Ils avaient le droit de goûter le vin à vendre. Ils prélevaient une pinte par barrique mise en vente (Luz) ; ailleurs deux pots (Orignac) ou un pot (Sarlabous) par pipe, ainsi que deux sols de pain par sac de blé chez le, boulanger, une livre de viande par grosse bête à corne chez le boucher (Luz) et demi-livre de viande par cochon chez le charcutier (Bourg). Ils percevaient la taille, (Orignac), ordonnaient les prestations (Ordizan, Castillon, Bourg, Sarlabous), avaient droit de commander pour le bien de la communauté (Ordizan) et dressaient les procès- verbaux contre les délinquants (Ordizan (i). Ils devaient empêcher les charivaris, les danses et tout ce qui. allait contre la religion, le repos public et la police (Arrens). Ils recherchaient les objets volés (Arrens). Ils établissaient les bornes entre les pièces de terre (Bourg, Orignac). Ils rendaient aussi la justice en première instance. C’est le jeudi qu’ils tenaient leur cour (Bourg, Sarlabous). Ils jugeaient jusqu’à 15 sols (Hiis), jusqu’à 30 sols (Sarlabous), jusqu’à 3 livres (Orignac, Bourg), jusqu’à 100 sols (Trébons), jusqu’à la somme permise par les ordonnances royales (Pouzac). Ils prenaient 4 liards pour chaque cour qu’ils tenaient et le bayle 1 liard par assignation (Orignac) ; ailleurs deux pots de vin avec le bayle, réduits plus tard à 5 sols tournois 3 deniers (Hiis). Ils jugeaient spécialement les différends concernant l’arrosage des prés (Bourg). ils estimaient les dégâts commis dans les terres par les bestiaux ou autrement (Ordizan, Castillon). Les dommages prescrivaient au bout d’un mois (Bourg), d’un an (Orignac). Ils pouvaient punir de prison pendant 24 heures. Après ce temps, ils devaient conduire le prisonnier au chef-lieu de carteronage (Ordizan). A Trébons, en 1769, on déclara supprimée la justice consulaire. Les statuts de presque toutes les communautés interdisent les vols de bois, de gerbes de grains, de foin, de fruits et autres. Les usurpations de biens communaux de tout temps très fréquentes sont interdites (Orignac).

(1) Les consuls remplissaient partout ces diverses fonctions. Il était défendu d’acheter les objets volés par les soldats en canton­ nement ainsi que de payer une somme d’argent pour éviter de recevoir ces derniers (Trébons). Chacun à son tour devait garder les bois communaux (Trébons. Bourg, Ordizan). Les vols dans les bois communaux sont aussi visés dans la plupart des statuts. Il était cependant permis d’y prendre le bois nécessaire pour labourer et cultiver (Orignac), mais seulement quand un instrument se brisait en cours de travail (Trébons). 11 fallait cependant payer une légère somme (Orignac). On donnait quelques arbres ou une somme d’argent à ceux qui bâtissaient (Orignac). On ne pouvait sans autorisation abattre des glands dans les communaux (Ordizan). On ne pouvait en cas les ramasser, mais il fallait conduire les cochons sous les chênes après le lever du soleil (Bourg.Sarlabous). Moins encore pouvait-on couper les branches de chênes ou de hêtres pour avoir les glands ou les faines (Orignac). On pouvait passer par les terres d’autrui pour arriver aux siennes, mais en passant par le chemin le plus court et en payant le dommage commis. On connaît la coutume en vigueur dans beaucoup de localités d’exiger une somme d’argent des nouveaux mariés étrangers à la localité. Ce sont les jeunes gens qui perçoivent ce tribut pour leur compte. Ce droit d’entrée se payait autrefois aux communautés. Il était exigé en de nombreuses localités. 11 était à Trébons de une barrique et un pipot de vin pour les hommes et de quarante-deux pots de vin et une tasse pour les femmes. On y payait encore un droit de 32 sols dit de « roumégue », partageable entre les consuls et ceux qui se présentaient. 11 était à Orignac de 10 écus petits, quarante-deux pots et une tasse de vin pour les hommes et comme à Trébons pour les femmes. A Ordizan, il était de une barrique, un pipot et une tasse de vin pour les hommes, de un pipot et une tasse pour les femmes. Dans cette dernière localité, les métayers nouvellement arrivés payaient eux- mêmes un droit d’entrée. Les nouveaux curés étaient aussi tenus de payer ce droit qui était pour eux égal à celui des hommes étrangers nouvellement mariés. Il était interdit de travailler le dimanche et les jours de fêtes d’obligation, de troubler les offices divins en faisant du bruit dans — 8 — l’église, d’ouvrir les auberges pendant les messes d’obligation sauf nécessité (Trébons). Ces jours-là les auberges devaient être fermées à 9 h. du soir (Arrens). Les maîtres et maîtresses de maison devaient prendre part • ■■ processions des Rogations et à celle de Saint Clément (Luz). On défendait à ceux qui accompagnaient le Saint-Sacrement porté en viatique aux malades d’entrer dans la chambre du malade de peur que la foule n’enfonçat le plancher (Luz). Il était défendu aux enfants de jouer aux cartes (Pouzac). Il était défendu à tous de jouer aux jeux de cartes interdits par les ordonnances royales (Trébons). On pouvait faire paitre dans les terres ne portant pas de récolte, depuis la Toussaint jusqu’au 15 mars, excepté dans deux journaux de terre attenants à la maison Trébons). La nuit il fallait tenir les bestiaux enfermés (Bourg). L’été il fallait conduire le bétail à la montagne, depuis le commen­ cement ou la moitié de mai (Pouzac, Trébons) jusqu’au 15 août (Trébons). On ne pouvait garder que les bestiaux de labourage (Trébons) et que cinq têtes de bêtes à laine (Pouzac). Le bétail du village devait être confié à un gardien commun qui répondait des bêtes qu’il gardait. L’assurance mutuelle communale contre la mortalité du bétail était établie en beaucoup de localités. Quelques statuts en règlent le fonctionnement (Espêche, Trébons, Orignac). Ordizan avait quelques statuts où les droits des communautés paraissent un peu excessifs. Ainsi si un habitant laissait une terre en friche pendant trois ans, cette terre revenait à la communauté. Si quelqu’un mourait sans enfant légitime, ses biens faisaient retour à la communauté. Si les enfants d’une famille n’habitaient pas la localité, les terres du père et de la mère, après la mort de ceux-ci, appartenaient à la communauté. Si la communauté avait besoin d’une terre des coteaux apparte­ nant à un particulier, elle pouvait prendre cette terre en donnant au propriétaire une autre pièce. L’infraction d’une défense des statuts était partout passible d’une amende. — 9

CHAPITRE PREMIER

STATUTS COMMUNAUX DE POUZAC RÉDIGÉS EN j 57i

Le 30 décembre 1571, les habitants de Pouzac, réunis en assem­ blée de communauté dans la maison commune, après avoir nommé l’un d’eux leur syndic, « ont faict les ordonnances, loix suyvantes : « Premièrement que tout homme, qui sera mandé par les consuls ou l’ung d’iceulx pour les affaires du villaige n’obeyra, sera pignoré pour la loy de vingt soûls tournois, sauf légitime excuse. « Que celluy qui coupera boys au boscaige bedat prohibé sera pignoré pour la loy de dix soûls. « Que tout homme de besiau, s’il y est mandé par la garde ou consul, s’il est défaillant, payera quinze lyardz, sauf excuse légitime, s’il y en a. « Que persone ne peschera ez eaux à lieu deffendu qu’est la Gailhesta despuis l’Ostaniale à la... à peyne de soixante soulz tournois. « Est deffendu de faire depaistre audit bestail que de labouraige et aura travailhé le jour dans la lana et au Buala, à peyne de sept sols et six deniers tournois. ■ « Que l’on mène le bestail ez montaignes à demy moys de may, à peyne de vingt soûls tournois, excepté demeurer cinq brebis. « Que celluy qui coupera boys... sera pignoré de quinze soûls tournois. « Et qui fera despaistre sera pignoré de cinq sols bons. « Que ung chacun sera tenu faire silence ez la besiau quand sera commandé par les débats sous la peyne de dix sols tournois... » (1).

(1) Reg. de Pérès, 1 1 0 t. de Bagnères, f° 409 v*.

2 — 10 —

CHAPITRE II

STATUTS COMMUNAUX DE POUZAC RÉDIGÉS EN 1596

« Au nom de Dieu soit. Scaichent tous presans et advenir que l’an de grâce mil cinq cens nonante six et le vingt septienne jour du mois de jeung, après midy.régnant..., Père en Dieu Messire Salvat d’iharse evesque de Tarbe, au lieu de Pouzac, conté..., diocèse..., par debant... presens les tesmoingz cy après nommés et escriptz, dans la maison commune dudit Pouzac, tous les manans et habitans d’icelluy villaige illec asamblés à son de cloche, ez la manière acoustumée, pour traicter des affaires de la communauté, se sont constitués ez leurs personnes (suivent les noms de 63 habitants y compris quatre consuls) quy tous ensemble d’ung commung accord et parlant par l’organe dudit Laurens de Par, consul, ont dit et déclaré que de toute antieneté et tel tempz quy n’est mémoire du contraire, lesdits manans et habitans dudit lieu de Pouzac se sont régis et gouvernés par police et estatutz faictz et estatués, observés, gardés et entretenus, rédigés par escript. (Il arriva que) le feu brusla certaines maisons dudit bilaige ez grand nombre, dix-huit, entr’autres une maison appellée de Domenyolle et de Guiraulte en laquelle lesdits réglés et statutz estoient, quarante ans peult avoir, quy néanmoingz n’oat peu faire remettre ez son premier estât authantiquement, à cause des guerres notoires quy ont esté au royaume de generallement, et par spécial audit comté de Bigorre et a pressant jouissent du bénéffice de la paix par la grâce de Dieu, ont faict rédiger ez forme deue et authantique leurs estatutz et réglés de police pour chescun desdits habitans presens et advenir pour cy après se régler et entretenir soubz l’authorité desdits consuls quy sont et seront par cy après, le tout soubz le bon plaisir du roy. La justice et autres... pourront avoir et pretandre... ne le faisant que sullement pour tous lesdits habitans s’entretenir en paix et chescun ez particulier et tous en général... avec chescun... les observer et entretenir comme s’ensuit : « Premièrement est réglé, statué, policé et ordonné comme estait le passé et de tout temps observé... qu’entre aulcungz manans et habitans audit lieu de Pousac, de quelle condition et qualité que soyent, sera... noise, débat et question que les consuls dudit lieu seront tenus prier, appeller et faire bénir dans la maison commune — Il — dudit lieu et dans icelle appeller d’autres prud'homes au choix desdits consuls, s)- besoing est, métré en paix et réconciliation tels quy seront •en querelle, et ideux tairont... obeyssance ez tout ausdits consuls... prud’homes; et celluy qüy sera reffusant ou délayan a faire paix et réconsiliation... paira, pour son reffus, quy taira ausdits consuls et gens à ce appellés n’obeyssans à leurs mandements, la somme de trois escus petits, de soixante soûls piede. Neanmoingz (feront) leurs arrests dans ladicte maison commune. « Item adbenant que aulcung desdits manans et habitans serait en arrest dans ladicte maison, comme a esté dit à l’article précédant, icelluy y demurera audict arrest sans ez bogier ny l’emfraindre, moingz ez sortir, sans le congié et boloir desdicts consuls et, le faisant autrement, paira la somme de six escus sol et (sera soumis) audict arrest dans ladicte maison commune. « Item est policé et acordé que aulcung home de quel estât et condition qu’il soit, home, femme, ou... enfans, filles, ne pourra prendre bien d’aultruy sans (le gré^ de celluy à quy appartient, comme aux champz, gerbes de bled, millet, ny autre espèce de grain, foin, ny regaing, aux jardrins, oignons, fruits, autres quelconques et celluy quy sera trouvé a en prenant ou qu’il aura prins paiera la somme de deux escus d’or et à ce constraint par arrest... dans ladicte maison commune, jusques avoir paié ladite somme de deux escus d’or, pour la police et le, domaige à aultruy sy en y a. « Item que aulcung enfant ne jouera au jeu de cartes publique­ ment ny en maison privée et ceux quy seront trouvés audict jeu encourra la peyne d’ung escu d’or et pareille peyne celluy quy tiendra tel jeu ez sa maison et contraint à paier l’escu, aultant que béniront par arrest de personnes ez ladicte maison commune (i). « Item ont accordé, policé et ordonné que les consuls dudict lieu, (traitant) les affaires de leur charge consulaire et police du .lieu, pourront mander et comander indifféremment tous les manans et habitans dudict lieu ou partie d’iceux, comme sera besoing, pour leur assister, prester fabur, secours et aide, ce que seront tenus faire et conlrabenant ou reffuzant et délayent (subira) encore la peyne d’ung escu d’or.

(1) Le 25 janvier 17fi0, la vallée de Barèges défendit le jeu de cartes et de dés aux enfants, valets et autres, et ordonna sous de fortes peines que ceux qui les verraient jouer seraient tenus d’avertir les pères, mères maîtres et maîtresses. (Bascj.k de Lauhèze, Histoire du droit dans les Pyrénées, p. 328.) — (2 — « Item si aulcung enfant test prins par Iesdits consuls pour lesdicts affaires de police, que leurs pères ny aultres ne pourront former aulcune plainte ny solicitation contre lesdicts consuls, mais leur permetre officier leur charge. (Celui) qui aurait contravenu aux presantz estatutz et règles de police... paiera l’esmande estatué de quatre escus sol et reprins comme rebelle au public et commun de Pousac. « Item est statué, réglé et policé... et deffendu a aulcun home que se soit, estant ez l’assamblée commune, ne (prononce) aulcung- reniement ny blasphémé, contre l’honneur du à la benite Vierge Marie, sainctz ny saincte, a peyne que celluy qui reniera ou blas­ phémera paiera l’esmande estatué d’ung escu d’or. « Item que, ez tenant leur commune besiau, aulcung n'ave à parler par fabur, pour ung sien frère, parent ou amy, aultrement que comme de raison, à peyne d’ung escu et de faire place à ladicte commune pour opiner sur l’affaire qui sera traictée par les aultres non suspectz. « Item est statué et policé que aulcung ne pourra prandre bin audit lieu de Pousac ez... taberne, sans au préalable estre gousté et jugé par nous consuls dudit lieu de Pousac et le contravenant paiera lesmande ou peyne estatué d’ung escu d’or. Comme aussi ne pourront bandre le vin au plus hault prix que à la taxe quy sera ez la bille de Baigneres, du carteronaigte de laquelle est ledict lieu de Pousac, et celluy qui le vendra autre par lesdicts consuls sera prins la pièce de bin quy sera ez perce et baillée ez bante au... denier comme est l.’estatut de ladicte bille. « Aussy que tout hoste ou tabernier qui bandra du vin sera tenu ez bandre a tous indifferement avec argent ou guaige ez cas de nécessité. Et après luy sera permis audict hoste l’expouser ledict guaige ez bante et a luy délivrer après quatorzaine passée. « Item est policé, réglé et statué que tous manans et habitans dudit lieu de Pousac seront tenus mener tout leur bestail aultre celluy de labouraige, à la montaigne.a demy mai, à peyne que le contravenant paiera l’esmande estatué et policé d’ung escu d’or. « Item pour esviter les grands fraiz... quy se font ez procès, ladicte communaulté s’est accordé... consantant et ordonnant que les consuls quy sont à présent et non à l'advenir, ez première instance, seront juges entre lesdicts manans et habitans, jusques a la somme quy est permise par l’ordonnance royale. - 1 3 - « Item est estatué, policé, réglé et ordonné que lesdicts consuls, quy sont a presant et seront a l’advenir, tiendront la main a observer et faire observer ausdicts manans.... aux susdicts articles et police et policier et faire payer les deniers estatués et ordonés... et leur faire tenir les arrests, ez la manière convenue, à ceux quy seront trouvés ayant encore lesdictes peynes, sans nul suport ny disimulation, et au cas le. ferait, y ayant des plaignans et le fait trouvé véritable, lesdicts consuls à ce contravenantz ou chescun d’iceulx... en parti- cullier paiera et encorra l’esmande estatué et policé d’ung escu d’or. « Item convenu, acordé et policé, que tous les... esmandes quy abbiendront seront au proffit commitng dudit bien et employ des réparations de tous chemins et passaiges dudit lieu de Pousac, comme sera advisé par ladicte communaulté. « Et tous les susdicts articles et estatutz cy-dessus escriptz en la forme que sont portés, lesdicts manans et habitans dudit lieu de Pousac ont promis et prometent les garder et faire garder, observer et entretenir et ny moingz faire diraictement ny indiraictement ez tout et partout le droict du roy et d’aultruy gardé. A quoy n’entten- dent contrabenir et soubz le boloir de la justice, quy pour la balidité et fermeté d’iceux articles, ont bolu et consenti estre insinués et authorisés sur registres..., avec injonction estre faicte ausdicts constituants et leurs successeurs à l’advenir les garder et observer à peyne de mil escu s. « Lesdicts habitans ont constitué... advocatz... Ledict enregistre­ ment. insinuation et authorisation sera faict pour icelle n’ignorer, avec promesse d’avoir pour agréable, ferme et stable ladicte réqui­ sition et authorisation et ny bénir contre, soubz obligation de tous et chescuns les biens communs dudict lieu et communaulté de Pousac, qui ont soubsmis a toutes forces et rigurs de la justice, cours tempo­ relles du comté de Bigorre, royaume de France et autres, où premier la cognoissance appartiendra, l’une pour l'autre non cessant. Renon- ceant a toutes renontiations, acceptans lesdicts... moyens et raisons a ce contraires, et ainsin l’ont promis et juré au Dieu vivant leurs mains dextres levées en hault ny utravenir. « De quoy ont requis acte... » (i).

(1) Keg. de Abat, not. de Bagnères, 1596, f° 125 v°. CHAPITRE III

STATUTS COMMUNAUX DE TRÉBONS RÉDIGÉS EN 1590 ET 1616

Les habitants de Trébons composèrent des statuts municipaux en 1590. Ils en composèrent de nouveaux en 1616. Ces deux rédactions se ressemblent beaucoup. Nous reproduisons la rédaction de 1616. Nous donnons en note et à la fin de ces statuts les quelques variantes •que présente la rédaction de 1590. « Au nom de Dieu et de toute la Saincte Trinité. Ainsin soyt il. « Saichent tous, que l’an de grâce mil six cens setze et le vingt- cinquiesme jour du moys d’aost, après midy, régnant Louys, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, dans la maison commune du lieu de Trébons, en sa comté de Bigorre, devant je, notaire royal et tesmoins baz escriptz, ont esté presens et personel- lent assembléz (suivent les noms de 68 présents dont les trois consuls du lieu), les toutz manans et habitantz et seus du Conseilh et Veziau de la communaulté dudict lieu de T rébons assamblés, à son cie cloche, à la manière acoustumée, pour traitter et délibérer des 1 affaires de ladicte communaulté et pour le bien publicque, ensemble du général et du particulier, habitantz dudict lieu et à ces fins désirantz suyvre les bonnes et louables coustumes de leurs ancestres prédécesseurs, tant que faire se pourra et encore y adjouster quelque peu, pour mieulx les conserver et vivre en bonne paix et soubs la craincte notre bon Dieu et de la justice, ont, après meure délibéra­ tion,'faicte d’un comung accord et voix convenus, faictz et accordés les articles et statutz suivantz. « Premièrement, que tout home et veziau, quy sera mandé à icelle véziau et conseilh, par lesdits consuls ou l’ung d’iceulx ou autre personne ayant charge d’eulx sera tenu de se tenir a la maison comune ou aütre lieu quy sera mandé et lors aussy qu’il sera adverty par le son de la cloche, et en caz ne s’y tiennera pendant que l’on comptera ceulx dudict conseilh et veziau payera pour l’amande et pignoration six liartz, ou autre plus grande pegue, quand le mande­ ment luy est faict... de la part desdits consulz ou de leur messagué, applicable icelle pegue au profit de ladite comunaulté et tout ainsin qu’il sera advisé par lesdits consulz. ------15 ------! « Secondement, tout homme de conseilh et veziau sera tenu de se taire incontinent que lesditz consulz ou l’ung d’eulx tairont ouver­ ture de l’affaire qu’ils voldront proposer au premier comandeme.nt quy luy sera faict, à peine de cinq soûls bons ou plus grande pour chesque comandement, applicable, comme il sera advisé, par lesdicts consuls et autres .quy seront avec eulz appellés et assamblés. « Tiercement, tout homme de veziau, estant assemblé en forme de vesiau et conseilh à la maison commune ou ailleurs pour les affaires de ladicte comunaulté et se tiennera à renier et blasphémer le nom de Dieu ou de la très sacrée Vierge Maria ny d’aulcung sainct ou saincte de Paradis, payera l’amande de cinq soûls bons ou autre plus grande, s’il y est condampné, pour la réparation des biens de ladicte communaulté ou tout ainsi qu’il sera advizé par les consuls d’icelle. «Quartement,celuy qui voldra faire quelque remonstrance ez ladicte comunaulté et veziau pour son faict particulier ou d’autre personne qu’il aura expresse charge sera tenu se lever de son siège et se tenir debout et teste descouvert, et faire ladite remonstrance honeste- ment, sans injurier ny chercher querelle ou débat malicieusement contre aulcung autre, et outre faira par parolles injurieuzes et offencives, sera amandé ez cinq soûls bons... « Pour le cinquiesme, tout habitant dudict lieu de Trebons quy couppera, arrachera, ou endomagera aulcune condition d’arbres quelgrongue que ce soinct..., soict du comung.ou du particulier, que ce soict du valoir et consantement de quy apartiene.nt, payera d’amande quatre livres, oultre le domage quy sera porté suyvant l’ex- timation quy en sera faict'e, et d’aultre part payera cinq soûls bons pour le droict de celluy quy accuzera ledict malissier; toutesfoys sera permis et loysible à toutz habitantz dudict lieu estant hors leurs maisons avec leurs beufz, vaiches, char, charrette ou autre­ ment faizant au champ ou autre travalhz, de pouvoir prendre soict du comung ou de particulier, honestement, la chose ez tel caz requize et necessaire, concernant bensilhs, mosquail’nes, cabilles ou autre plus grande chose requise pour le laborage et culture des terres, sans toutesfoys porter préjudice par exprès autrement. « Sixienne, toute ■ personne qui sera accusée légitimement et attrappée à coupper de boix, scive tuyagues, ez lieux privés et bédatz, payera pour la loy et pign.oration et d’amande six soulz et demy bons, saulf ez deffraye quy accuzera, neuf liartz. — 16 « Septiesme, celluy quy portera faveur, ayde et conseilh, hors de raison et équité, à aulcung ez ladicte veziau payera de loy cinq soulz bons. « Huitiesme, celluy quy sera commandé par son rang à garder les bois, forestangs et autres biens commungs et particuliers sera teneu sur son debvoir tout le jour à peyne de cinq soulz bons. « Neufviesme, est enjoinct a toutz gardiens sive messegnes et a toutz autres homes tant du conseilh et veziau que de tout ledict lieu de Trebons de soy prester faveur, secours et ayde I’ung à l’autre pour gaiger et pignorer toutz estrangers qu’ils attraperont à endo- mager les biens commungz et les particuliers dudict lieu, à peyne de cinq soulz bons ou autre plus grande que sera advisé par lesdictz consulz. « Pou ung dixiesme, tout habitant dudict lieu, quy aura achapté de boix aulx bois et afforestz communs dudict lieu, sera tenu de coupper ledict boix achapté dans le tems quy luy sera enjoinct et ordonné par lesdictz consulz, à peyne de perdre lesdicts boix; et neanmoingz sera tenu de payer le prix d’icelluy, dans le (lieu) de ladicte baille, à peyne de cinq soulz bons. « Onziesme, tout home de conseilh et veziau, quy faira aulcung travailh pendant l’assemblée du conseilh et veziau, n’ayant soing des affaires de ladicte communauté, payera de loy et amande doutze liartz. « Pour ung doutziesme, tout home de conseilh et veziau, quy n’aura assisté à icelle veziau et conseilh pour la negotiation des affaires commungz, ne luy sera permis ny loysible de prandre sa part de la beute et collation, au caz s’en faira; et, s’il le faict, sera pignoré de la loy de quatre soulz bons. « 13. Item, tout homme habitant dudict Trebons, de quelle qualitté et condition que soict, estant attrapé ou accuzé légitimement tirant l’eau d’aulcung pred des particuliers dudict lieu, fotge ny gaster iceulx predz, payselles ou autrement, sera amandé et pignoré de la loy de quatre livres; ensemble pour cinq soulz bons du droict de l’accuzation ; et oultre sera tenu payer le domaige qu’il aura porté, suyvant l’estimation quy en sera faicte par le,s consulz dudict lieu. « 14. Sy ont accordé qu’au caz aulcune beste a corne des habitantz dudict lieu sp viennera gaster, la chair sera despartie par chefs de maisons par les consuls dudict lieu, proveu que ce soict ez temps propre d’en manger et que la chair soit bonne. Et audict caz ez payeront a raison de huict liartz pour livre. — 17 « i5- T-outz habitantz dudict lieu seront teneus de faire conduire et mener toute condition de bestailh qu’ils auront, aultre que celluy quy sera nec'essaire, pour le laborage, soict de jumentz, brebis et chebres, aulx montaignes dudict lieu, despuys le comancement du moys de may, et l’y fère demeurer jusques à Nostre Dame d’aoust, et ne le laisseront en leurs maisons que ne soict par permission et liberté de ladicte comunaulté pendant ledict temps, à peyne de payer sept soulz et demy bons pour chesque comandement que leur sera faict. Et sur mesme peyne est enjoinct ausdictz habitantz et checung d’eulx, de laisser jouyr les ungz et aulx autres de la faculté de jouys- sance du pasturage desdites montaignes, et n’e.z faire esgarer ny deschasser aulcune jument, et.de payer le domaige, sy en y advient par tel moyen. « 16. Ceulx qui empescheront les rues et chemins commungz, durant le teroir et dismer dudict lieu, avec cailhous, pierra, fumier ou autrement payeront pour chesgun comandement quy leur sera faict sept soulz et demy bons. « 17. Celluy du conseilh et veziau, qui déclairera leS choses comunes et secrettes hors ledict conseilh veziau à autre personne quy ne soic-t d’icelle veziau et conseilh, payera d’amande une livre tournoize, valant tre.tze soulz bons deux arditz. « 18. Et à mesme peyne est enjoinct à tout habitant dudict Trebons quy vouldra vandre cher de bœuf, vaiche, mouton ou autre que de le faire au mesme prie et poix qu’ez ladicte ville de Baigneres, ez payant pour chesque livre de cher ung liart, ou tout ainsin que sera faict ez ladicte ville de Baignères, quy sera employé au profit de ladicte comunaulté de T rébons, sy mieux icelle commu- nautté n’ayme bailler les tabernes et boucheries ez afferme au plus dizant. « 19. En oultre tout habitant dudict lieu quy sera accuzé juste­ ment et convaincu, prenant aulcune condition de frujctz de quelque autre particulier dans leurs terres, jardins, parez et corralz, soinct gerbes de bled, millet, orge ou quelle aultre condition de fruictz'que ce soict, ensemble du foin et regaing, ou sy fere paistre le bestailh a esciant, l’y tenant et gardant de jour, sera amandé ez quatre livres tournoizes et en cinq soûls bons pour celluy quy l’aura attrappé et accuzé. (1).

(1) « Et ceux quy seront attrapés et accusés de semblable faict de nuict payeront double condempnation, qu’est liuict livres tournoises et dix soûls bons pour le droict de l’accusateur et sy paiera oultre ce le dom- maige quy sera pourté. 3 — 18 — « 20. Ht ceulx quv seront attrappés et accuzés a jouer au jeu de cartes ou autre deffandeu par le.s ordonnances royaux, soict de jour ou de nuict, aulx lieux et heures defiandues par lesdites ordonnances, sera amandé de quinze soulz (i) et de pareilhe amande les hostes qui le permetront. « 21. Sera permis à tout habitant dudict lieu de pouvoir fere despaistre leurs bestailhz quelconques par toutes les teres vacantes des autres habitantz et voyzings, puvs le jour et feste de Toussainctz d'iver (2) jusques à Notre-Dame de mars. Réservé deux journals de tere autour de leurs maisons, parez et pocessions (3), et saulf toutes- foye aulx predz et vacquantz du quartier de l’Ossoet et joignant icelluy que l’on n’y pourra faire depaistre ledict bestailh. sinon puye la feste Sainct Martin, à cauze que les secondes herbes y sont fauchés plus tard qu’aulx autres endroitz et sy personne empesche les pasteurs soict de comung ou de particulier payera d'amande sept soûls et demy bons (4).

« Plus celuy des habitans. quv sera accusé et attrapé à pescher aux ruisseaux et lieux privés réservés et defîendeus par ladicte communaudté. paiera de lov et pignhoration pour chesque accusation tretze soûls bons deux liards. et pour le droict de l'accusation cinq soûls bons. » (Statuts de 1590.) (1) « Sera pignhoré de la loy de sept soûls et demv bons. » (Statuts de 1590.) Il n’est pas question des « hostes ». (2) « Puys le jour et feste de Saint-Martin d’hiver. » (Statuts de 1590 1 (3) Nous lisons dans les statuts de 1590 après les mots parez et poces sions : « ...à peyne de paier de pignhoration sept soûls et demy bons, celluy qui vouldra empescher les pasteurs soict de commun ou de parti­ culier. Et sera creu le pasteur à son serment. « Encores au cas, aulcun desdietz habitans ce trouvant aiant' arrachée ou tresmuée aucune limicte ou borne, faisant séparation d’entre les terres communes et de particulier ou aultrement. estant duement accusé, payera de loy et pignhoration quatre livres tournoyes, applicables à la bolonté desdicts consuls et vesiau. et une livre tournoise pour l'accusateur et sans toutesfois... du droict du roy. « Item au cas y aura deux ou trois ou plus grand nombre des habitans quy ce pourraient estre entrebatteus. querellés ou aultrement, pour esvit- ter telles querelles, séditions et debatz, ont accordé, que à l'instant qu'ilz et chescun desditz querellans seront commandés par les consulz ou ung d’iceulx. seront tenus de ce truber au lieu où ils seront assignés, aulx fins d’entendre telles querelles, discentions et desbatz et faire la bolonté desdietz consulz et aultres du conseilh y appelles, à peyne de celuy quy ne y vouldra obéir de paier la loy d’ung escu sol et d’estre mené et conduict en prison à ses despens. » Suit l’article 25. Les articles 22. 23 et 24 ne se trouvent pas dans les statuts de 1590. (4) Les Statuts de 1590 ne réservent que deux journaux de terre; iis n’exceptent pas d’autres terres. ______— 19 — « 22. En oultre a esté accordé qu’il est deffandu et interdict a chacung desdictz habitantz de pouvoir travailler a œuvres mécha- niques, e,z jours de dimanche et autres festes solempnes contenues au calendrier de l’esglize faict par Monsieur l’evesque de Tarbe, a peyne de payer sept soûls et demy bons envers le luminaire du Sainct Sacrement, ez l’esglize pavroyselle Monsieur Sainct Piere dudict Trebons, ou pour la réparation d’icelle, et sur mesme peyne est enjoinct à celluy quy le verra de le dénoncer et déclairer ausdictz consuls, ou bien aulx ouvriers et marguilliers de ladicte esglize sans que pour raison de dessus il en puisse aller fere dénonciation, plainte ny inquisition ailleurs, sy ce n’est qu’il est q'uestion d’autre caz et excès quy feust sy grand que méritât punition examplaire et feust subject à une prinse de corps. « 23. Pareilhement est deffandu à toute personne que ce soict de, pendant que le divin office se faira en ladicte esglize, le troubler ny mener bruict-ebat, ny querelle, sur semblable peyne de sept soûls et demy bons, applicable à la réparation de ladicte esglize. « 24. Comme aussy est deffandu a toutz hostes ez jours de diman­ che et autres festes solempnes contenues audict calendrier de Monsieur l’evesque, durant la célébration des messes, d’entretenir / dans leurs tabernes à manger ny boire à aulcung de ceulx quy seront receus et domicilliés audict lieu; sy que ne y eust pour caz nécessère leur débiter et envoyer dudit vin ou autres vivres requis leursdictz domicilies, en payant, et ce, sur semblable peyne de sept soûls et demy bons, que chescung desdictz hostes sera tenu payer pour la réparation de ladite esglize à chaque contrabantion, et une pareilhe peyne ausdictz habitantz de se... pandant ledict temps à manger ny boire esdictes tabernes que par nécessité et cauze expresse. « 25. Ne sera receu aulcung gardien ny messegne quy ne soict suffizant et capable et n’ayt presté le serement de fidélité a ladicte comune et veziau, et aussy ne sera permis à aulcung des habitantz dudict lieu de passer ni repasser par le chemin particulier de la Pâlie, sy ce n’est avec bestailh joinct et attaché, attandu qu’il est faict chemin exprès pour amasser et assambler tant seullement les fruictz, cultiver les terres et icelles fermer sur semblable peyne de sept soulz et demy bons, comprins neuf liardz du droict de l’accuzateur. « 26. Sè sont encore accordés entre toutz lesdictz habitants, suyvant leur anciene coustume, que toutz debatz, differantz et procès quy s’esmoveront dorénavant entre aulcung d’eulx, seront décidés par les consuls dudict lieu ou par autres arbitres quy par eulx seront — 20 ordonnés, non suspectz aulx parties pour cognoistre jusques à la somme de cent soulz (i), sans autre forme ny figure de procès à peyne de payer celluy quy contraviendra à ladicte promesse et jugement que sera donné, l’amande de trente soulz bons (2), appli­ cables à la volonté desdictz consuls (3), incontinant après la contra- bantion, nonobstant toutz appels et inhibitions et sans esperance d’aulcune répétition. « 27. En oultre, ont accordé et convenu par exprès, qu’ez caz à temps advenir arriveroinct gens de guerre audict lieu de T rébons, et que l’on feust constrainct les lotger, seront despartis et ticquettés parmy les habitantz, le fort pourtant le faible, et sellon la comodité et faculté de chacung, sans estre loysible a aulcung habitant de par le moyen d’or, argent, ny autre chose, tirer de sa maison ceulx qui luy seront baillés par ticquette honestement et en ladicte forme, sur peyne qu’il encourra l’amande de dix livres et plus grande, sy le cas le requiert, applicable à ce que lesdictz consuls verront estre a faire. « 28. Et sur mesme peyne est inhibé et deflfandeu ausdictz habi­ tants, de pouvoir achapter rien quy aye esté desrobé audict lieu par lesdites gens de guerre. « Toutz lesdictz habitantz ont accordé aussy que les consulz auront faculté de pouvoir pignorer chacung habitant quy aura et possédera maison, terres, pocessions ou autres biens dans ledict lieu et dismere de Trebons, à faulte de payement des... cottizations légitimes... et sablon vandu et à ces fins et pour le payement de toutes les susdites amandes faire toutes... sans y appeller baille ny autre permission de justice, mettre les biens prins a l'inquant et la quatorzène passée en faire vante et deslivrance au plus offrant et dernier surdizant en la maison comune ou autre lieu publicque, comme est accoustumé, de quoy l’exécuté ne se pouira plaindre, et, s’il le faict, payera, pour la contrabantion d’amande, quarante soulz bons ou telle autre plus grande que sera advizé. « Tous les susdictz articles en forme d’estututz ont esté faictz, convenus et accordés, comme cy-dessus sont escriptz, entre lesdictz habitantz de Trebons quy ont promis et prometent les observer, garder et entretenir de poinct en poinct, sellon leurdicte forme et

(1) « La somme de cinq escus petits. » (Statuts de 1590.) (2) « Sept soulz et demy bons. » (Statuts de 1590.) (3) Les Statuts de 1590 finissent à ces mots : Suivent la nomination de deux syndics et les engagements de la communauté envers ces d ern iers. — 21 — teneur, sur les peynes et amandes y conteneues, esquelles ils se sont volonterement soubmis, et pour plus grande force et validité ont voleu et consanty que lesdictz statutz soict autorizés et les décret et autorité judiciayre interposé en la souveraine court et parlement de Tholoze et autres sy besoing est; et pour prester pareilh consante- ment et faire toutes réquisitions, dires, déclarations, requestes et postulations nécessaires, ont constitué toutz les procureurs et advo- catz de ladicte cour, et l’ung en presance ou absance de l’autre, prometant lesdictz habitantz constituantz d’avoir pour agréable, ferme et stablé, tant ladicte autorization et interpozition de décret, que tout ce que par lesdictz advocatz et procureurs aura esté faict, requis, consanti et déclairé; à ces fins est non révocqué, ains rellevé indempne de toutz despans, domaiges et intherests en jugement. Et, pour l’observation de tout ce dessus, les mesmes habitantz ont obligés, affectés et ypothéqués tant leurs propres biens que ceulx dudict général et comunaulté de Trébons, meubles et immeubles, présens et advenir, qu’ont et chacung pour son regard soubmi et soubmetent à toutes forces et rigueurs de justice et renoncé a toutes actions, exeptions, droitz, lettres, voix et raisons contraires. Ainsi l’ont juré, l’ung après l’autre, en tenant leurs mains dextres à Dieu, de n’y contrevenir et de ce requis a moy, notaire royal soubzsigné. de leur rettenir acte et instrument, ce qu'ay fait en présences de... et moy Jean Vivé notaire royal nathif et habitant dudict lieu de Trébons... qui. estant requis, ay retenu le susdit instrument d’estatutz faictz par la comunaulté dudict lieu, et après avoir fait grossoyer par aultre main fidelle, sans rien y avoir obzmis, adjousté ny dimi­ nué, comme a esté vériffié et collationné a son original propre. En foy... » (i).

(1) Arcli. de Trcbons. — 22 —

CHAPITRE IV — ' f

REVISION DES STATUTS DE TREBONS DE 1616 FAITE EN 1769 La communauté de Trébons révisa ses statuts en 1769 par la délibération suivante : « L’an mil sept cens soixante neuf et le dix-neuvieme du mois de décembre, après-midi, au lieu de Trébons en Bigorre, et dans la maison commune, par devant moi, notaire royal de la ville de Bagnères, furent présents... (suivent vingt-huit noms dont ceux des trois consuls du lieu) tous habitans dudit lieu, auxquels assemblés en corps de communauté, au son de la cloche, en la forme ordinaire, a été dit et représenté par ledit sieur Dominique Lalanne, premier consul, que les statuts et anciens règlements qui s’observent de tous les temps dans cette communauté, d’autorité de la souveraine Cour du Parlement de Toulouse, où ils ont été autorisés par arrêt..., sont connus de l’assemblée, qu’elle connaît aussi le grand bien qui résulte de leur observation pour le général et les particuliers, et combien il importe, pour le bon ordre qui doit régner dans une communauté, d’en maintenir l’exécution, de remettre en vigueur les articles de ces règlements, qui peuvent avoir été négligés, de rectifier ceux qui furent omis dans l’ancienne rédaction et que leur grande utilité a cependant fait observer constamment, et dont l’observation se trouve consacrée par les arrêts et les jugements; ledit sieur premier consul a ajouté que l’assemblée a pu s’appercevoir par la pratique et exécution de ces règlements combien il serait convenable d’en faire une révision pour y faire sous le bon plaisir de la souveraine Cour du Parlement de Toulouse, de l’autorité de laquelle ils s’exécutent, les réformes, les additions et changements que le temps et les circons­ tances ont rendues nécessaires pour le plus grand bien. Il a proposé en conséquence à l’assemblée de s'occuper de cet objet important, et a cet effet de procéder a l’examen approfondi de tous les articles desdits statuts et règlements et d’en faire une nouvelle rédaction, avec les modifications, additions et changements convenables, dont on ferait ensuite renouveller l’autorisation pour en assurer la pleine et entière exécution. « Sur quoi, l’assemblée ayant reconnu la nécessité de cette opéra­ tion intéressante, il a été unanimement délibéré et arrêté de s’en 23 — occuper tout présentement; et en conséquence> lesdits statuts et règlements ayant été rapportés, ainsi que l’arrêt qui les autorise et le dernier dénombrement rendu par la communauté à la Chambre des finances de Pau, avec l’arrêt de vérification d’icelui, il en a été fait lecture en pleine assemblée et il a été procédé à la révision et au renouvellement desdits statuts et règlements en la manière suivante, pour et ensuite observer et exécuter comme une loi de police locale, sous la nouvelle autorité qu’il plaira à la souveraine Cour du Parle­ ment d’en accorder. « Il a été d’abord observé et reconnu que de tous les temps la communauté est dans l’usage d’exiger une barrique, un pipot de vin bon et marchand de chaque particulier étranger qui vient s’établir dans le lieu pour raison du drbit d’entrée, au moyen de quoi cet étranger acquiert un droit d’usage sur les biens communs et autres émoluments comme les anciens habitants; et qu’elle est aussi dans l’usage d’exiger des femmes étrangères qui s’établissent également dans le lieu et pour pareille cause un droit d’entrée de quarante-deux pots et une tasse, c’est-à-dire un pipot de vin et en outre trente-deux sols pour le droit appelé de roumégue, qui est partageable entre les consuls et ceux qui se présentent, droit qui est aussi en usage dans les lieux circonvoisins où les communautés le perçoivent constamment et sont autorisées à le percevoir. Et quoique ce droit soit d’un usage constant et immémorial dans le lieu, on omit de le comprendre expressément et d’en faire un article particulier, dans la dernière rédaction qui fut faite des statuts et règlements locaux, en 1607 (1); on a cependant toujours continué de le percevoir conformément à l’ancien usage; la communauté l’a dénombré dans le dénombrement et notamment dans celui qu’elle fendit en 1727, à la Chambre des comptes du Parlement de Navarre et qui fut vérifié par arrêt du 26 avril de l'année suivante; et toutes les fois que quelque étranger, nouveau venu et établi dans le lieu a fait difficulté de le payer, la communauté l’a fait condamner au paiement, ainsi qu’il résulte entr’autres de l’appointement de condamnation qu’elle poursuivit, le 27 juillet 1768, au sénéchal de Bigorre, contre certains particuliers qui s’y étaient d’abord refusés et qui ensuite se soumi­ rent, en sorte, que ce droit est parfaitement établi et très légitime­ ment exigible; mais comme il fut omis dans ladite rédaction des anciens statuts et règlements dont il fait cependant partie, il

(1) Les anciens statuts ont été rédigés en llilti et non en 1H07. — 24 — convient de réparer cette omission et de l’y comprendre tel qu’il est établi par lesdits titres et par l’usage. « Il a été en conséquence délibéré et arrêté, par manière d’addition aux anciens statuts et règlements du lieu, que conformément à l’usage observé de tous les temps, au dénombrement vérifié en 1728, au jugement de condamnation poursuivi en 1768 et sous l’autorité de la souveraine Cour du Parlement de Toulouse, la communauté continuera d’exiger et prendre de chaque particulier étranger qui viendra s’établir dans le lieu, une barrique et un pipot de vin bon et marchand, a titre de droit d’entrée, au moyen de quoi et non autre­ ment cet étranger acquerra un droit d’usage sur les biens communs, comme les anciens habitants et que les femmes étrangères qui s’établiront également dans le lieu, seront tenues de payer, comme il en a été usé par le passé, quarante deux pots et une tasse, c'est a dire un pipot de vin pour droit d’entrée, et en outre trente-deux sols pour le droit de roumégue, partageable entre les consuls et ceux qui se présenteront à leur réception; a quoi faire les uns et les autres pourrront être contraints, en cas de refus, par les voies de droit. « Venant ensuite à l’examen et révision desdits statuts et règle­ ments, tels qu’ils furent rédigés et autorisés en 1607, il a été délibéré et arrêté, sous le bon plaisir de la Cour, et dépendamment de son autorisation que le premier article desdits statuts sera de plus fort exécuté, sauf pour la pignore ou amende pécuniaire y indite, qui. au lieu de six liards, à quoi elle était fixée, sera désormais de cinq sols et même plus forte, suivant l’exigeance des cas et la prudence des consuls, qui pourront commettre le valet de la communauté avec deux assistans, pour contraindre le particulier condamné a la paye par pignore ou exécution sur les meubles, sans frais et sans formalités judiciaire,s. « Que le deuxième article'sera également de plus fort exécuté, sauf pour l’amende pécuniaire, qui, au lieu de cinq sols, sera de huit sols et exigible comme dessus. « Qu’il en sera de même du troisième article, sauf aussi pour l’amende pécuniaire, qui, au lieu de cinq sols, sera de dix sols et exigible par la même voie. « Que l’amende portée par le quatrième article sera désormais de huit sols au lieu de cinq et exigible comme dessus et que pour le surplus cet article sera exécuté suivant sa forme et teneur. — 2o — « Que le cinquième article sera également exécuté sauf pour l’amende, qui, au lieu de cinq, sera de huit sols et exigible comme dessus. « Que le sixième article sera réformé et supprimé en entier attendu la disposition des ordonnances èt des règlements des eaux et forêts. « Que l’amende portée par l’article septième sera désormais de huit sols au lieu de cinq, exigible comme dessus et que pour le surplus l’article sera de plus fort exécuté. « Que l’article huitième sera aussi de plus fort exécuté, sauf pour l’amende, qui, au lieu de cinq, sera de huit sols et exigible par la même voie. « Que celle portée par l’article neuvième se.ra de huit sols au lieu de cinq, exigible comme dessus et que pour le surplus l’article sera exécuté. « Que l’article dixième sera exécuté suivant sa forme et teneur a peine de vingt sols d’amende contre l’acheteur du bois qui n’en aura pas fait la coupe et vuidance dans le délai qui lui sera fixé par les consuls lors de la vente, ladite.amende exigible comme dessus. « Que les articles onzième, douzième, treizième seront et demeu­ reront réformés et supprimés en entier. « Que l’article quatorzième sera de plus fort exécuté suivant sa forme et teneur, sous la seule modification que les consuls seront autorisés à taxer la viande des bêtes à corne auxquelles il sera arrivé accident, suivant sa qualité et les circonstances, et que dans la distri­ bution qui en sera faite suivant cet article on sera tenu de se confor­ mer a leur taxe. « Que l’article quinzième sera aussi de plus fort exécuté, sauf pour l’amende pécuniaire y indite pour chaque commandement, qui, au lieu de sept sols, sera désormais de vingt sols, exigible comme dessus. « Qu’il en sera de même de l’article seizième dont l’amende sera aussi de vingt sols au lieu de sept et demi et exigible par la même voie. « Qu’il en sera de même de l'article dix-septième dont l’amende sera désormais de vingt sols et exigible comme dessus. « Que l’article dix-huitième sera de plus fort exécuté suivant sa forme et teneur. « Que l’article dix-neuvième sera de plus fort exécuté, sauf pour l’amende pécuniaire, qui sera de quatre livres et de dix sols pour le dénonciateur, si le délit est commis de jour, et du double, s'il est commis de nuit, et qui sera exigée comme dessus. — -26 — << Que l’article vingtième sera et demeurera réformé et supprimé en entier. « Que l’article vingt-unième sera de plus fort exécuté sous le changement ou modification que le temps de la libre compascuité sera désormais fixé et réglé depuis le Ier octobre jusques au 15 avril, pour tous les fonds qui y sont sujets suivant ledit article, tant du quartier de l’Oussouet qu’autre, de laquelle compascuité sont exceptés tous les prés du territoire; étant de plus arrêté que tout particulier qui, hors le temps de ladite compascuité, sera surpris ou convaincu d’avoir introduit et fait paccager les bestiaux sur les terres et posses­ sions vacantes des autres, seront tenus pour chaque fois d’une amende pécuniaire de cinq sols envers le propriétaire des terres, au paiement de laquelle il pourra être contraint comme dessus par les consuls. « Que l’article vingt-deuxième sera de plus fort exécuté, sauf pour l'amende pécuniaire y indite, qui sera désormais de huit sols, exigible comme ci-dessus. « Que l’article vingt-troisième sera également de plus fort exécuté sauf pour l’amende pécuniaire qui sera désormais de vingt sols et qui sera applicable au luminaire du Saint-Sacrement et exigible comme ci-dessus. « Que l’amende portée par l’article vingt-quatrième sera désormais de huit sols, exigible comme dessus, et que pour le surplus cet article sera exécuté suivant sa forme et teneur. « Qu’il en sera de même de l’article vingt-cinquième dont l’amende pécuniaire sera aussi de huit sols et exigible comme dessus. « Que l’article vingt-sixième sera aussi de plus fort exécuté sous l’augmentation de la peine pécuniaire y indite contre les contre- venans qui sera de quarante-cinq sols, exigible comme dessus. « Que les articles vingt-septième et vingt-huitième demeurent réformés et supprimés en entier. « Et finalement que l'article vingt-neuvième sera de plus fort exécuté suivant sa force et teneur sauf pour la peine pécuniaire de la contravention qui, au lieu de quarante sols, sera désormais de trois . livres et exécuté comme dessus. « Tous lesquels changements, additions et modifications ont été faits, convenus et accordés d'une voix unanime pour rectifier et remettre en vigueur la police du lieu. Lesdits comparants promettent et s’obligent d’observer et exécuter de point en point lesdits statuts et règlements sous toutes les peines y indiquées, auxquelles ils se — 27 — soumettent volontairement; et comme pour donner à la présente rédaction et réformation desdits statuts l’authorité et la stabilité nécessaires, il importe de recourir a l’autorité légitime, sans laquelle on ne scaurait la ramener à exécution contre les présentes habitudes dudit lieu et ceux à l’avenir, il a été délibéré et arrêté de se pourvoir au nom de la communauté en la souveraine. Cour du Parlement de Toulouse, pour demander qu’en conformité et autori­ sation de plus fort iesdits statuts et règlements, il lui plaise ordonner qu’ils seront exécutés de son autorité sous les modifications et addi­ tions ci-dessus, auquel effet les sieurs consuls qui se trouveront en charge ont été nommés syndics, avec plein pouvoir d’agir au nom de la communauté et de faire toutes les diligences nécessaires pour parvenir à ladite autorisation, promettant Iesdits comparants d’ap­ prouver et avoir pour agréable tout ce qui par Iesdits sieurs syndics sera fait à ce sujet et de leur fournir les fonds nécessaires pour sub­ venir aux frais et dépenses qu’il conviendra faire; de quoi et de tout ce dessus Iesdits comparants m’ont requis de leur concéder acte, ce que j’ai fait, lu et récité en présence de... ( i). « Contrôlé au Bureau dudit Bagnères, ledit jour 19 décem­ bre 1769, par le sieur Vergez commis qui a reçu suivant son solvit, 13 sols. « D a s t é s , notaire royal.

« Arrest de la souveraine Cour de Parlement de Toulouse qui autorise et homologue les statuts de la communauté de Trébons du 25 août 1607, ensemble les articles contenus dans sa délibération, du 19 décembre 1769, avec défenses a tous les habitans d’y contre­ venir, sous les peines y contenues. »

Extrait des registres du Parlement. « Sur la requête de soit montré au procureur général du roi, présentée à la Cour, le 25 mai dernier, par les consuls et commu­ nauté du lieu de Trébons en Bigorre, à ce que pour les causes y contenues, il lui plaise autoriser et homologuer les articles contenus dans la délibération du ic> décembre 1769; ce faisant ordonner qu’ils seront exécutés d’autorité de ladite Cour, suivant sa forme et teneur, avec défense d’y contrevenir, sous les peines y contenues, auquel effet permet aux suppléants de les faire imprimer et afficher,

(1) Trois habitants présents ont refusé de signer. - 28 — tout comme les statuts du 25 août 1607, ensemble Tarrest qui interviendra. Vue ladite requête et ordonnance de soit montré du susdit jour et pièces y jointes, ensemble les dires et conclusions du procureur général du roi, mis au bas de ladite requête, la Cour, ayant égard à ladite requête, autorise et homologue les articles contenus dans la délibération du 19 décembre 1769; ce faisant, ordonne quelle sera exécutée d’autorité de ladite Cour, suivant sa forme et teneur, fait défense d’y contrevenir sous les peines y conte­ nues, auquel effet permet auxdits consuls et communauté de Trébons de la faire imprimer et afficher tout comme les statuts du 25 août 1607; comme aussi ordonne que le présent arrêt sera imprimé et affiché partout où besoin sera. « Prononcé à Toulouse, le 8 juillet 1770. « Collationné, V e r l h a c , Monsieur de Boyer-Drudas, rapporteur.

« Contrôlé,V erlhac » ( 1 ).

(1) A rchives de T rébons. — 29 —

C H A PITRE V

STATUTS COMMUNAUX DE LUZ RÉDIGÉS EN 149;

Les habitants de Luz se donnèrent des statuts communaux en 1495. Nous nous contentons de les résumer (1). « Extraict des anciennes ordonnances de police de la ville de Luz de l’année 1495. » Il y a à Luz quatre consuls, dont deux chargés d’administrer la t ille, de percevoir les impôts et d’en rendre compte, et deux autres chargés de veiller à la vente du pain, vin, viande et huile et de garder les mesures. Ils seront élus chaque année. Ils présenteront leurs successeurs au peuple qui les agréera. La ville est divisée en sept quartiers, ayant chacun deux gardes élus par les consuls, chargés de garder les terres et de faire payer les amendes. Il est défendu en ville de broyer le liifet l’étoupe et d’en mettre au fou r. Il est interdit de jeter des immondices dans l’eau à l’intérieur de la ville. On ne pourra transporter du feu à l’intérieur de la ville qu’en­ fermé dans une lanterne ou autre. * Il est défendu de détourner l’eau du canal des moulins sans l’au­ torité des consuls. Il est défendu de faire couler l’eau arrosant certains prés dans le canal des moulins. 11 est interdit de déposer des ordures dans les rues et les places de la ville. Il est interdit de déposer des morceaux de linge ou des habits dans le bain ou sur l’autel de l’église de Saint-Sauveur, ni de sonner la cloche sans nécessité. Tout chef de maison, homme ou femme, assistera à la procession qui a lieu le jour de Saint-Clément à minuit. Il est défendu de jeter des pierres aux murs, aux toits et aux cloches.

( 1) On les trouvera tout au long dans le Souvenir île la Bigorre, t. VIII, p. 1,1,a. 30 — Il est défendu de dérober des fruits dans les vergers et jardins. Il est commandé d’assister aux assemblées de communauté. Ceux qui se seront servi de la maison commune pour une messe, noce ou autre seront tenus de la balayer. Il est défendu de jeter des boules de neige. Le grain porté au marché de Luz se vendra sept liards par « quar­ tère » de plus qu’à Tarbes, quatre liards de plus qu’à et trois liards de plus qu’à Argelès. Il est défendu de vendre et d’acheter du grain hors la place publi­ que dans les maisons particulières. Il est défendu de déposer des ordures dans la fontaine publique et d’y faire boire le bétail. Il est interdit d’aller cueillir des épis de froment et de millet dans les champs avant la récolte. Il est interdit de conduire le bétail au pâturage en temps défendu. Aucun habitant ne pourra ramasser des bouses ni arracher des mottes de gazon « au Marcadal et chemin de Barès, pont du Bastan Glaretz depuis la borde de Tarrieu à la via de Peirenhas ». — 31 -

CHAPITRE VI X —

STATUTS COMMUNAUX DE LUZ RÉDIGÉS EN 1611

Les habitants de Luz rédigèrent de nouveaux statuts communaux en 1611. En voici un certain nombre. « Advenu le 28° jour du mois de mars de l’an 1611, dans la maison commune de ladite ville de Luz, président le sieur F..., consul, assisté de vingt et une personnes du conseil prinses au nombre de trois de chaque tanque, a été remontré l’abus qui se commet aux assemblées publiques, en ce que le peuple qui se trouve dans lesdites assemblées ne rend pas aux consuls l’honneur qui leur appartient. Sur quoi il a été ordonné que dores en avant lesdits consuls, comme juges et magistrats seront honorés et respectés par le peuple notamment dans lesdites assemblées du conseil, et que ceux qui se trouveront audit conseil témoigneront le respect qu’ils doivent auxdits consuls, parlant la tête découverte avec telle modestie que nul n’interrompra le propos de l’autre. Mais quand un aura commencé de parler, soit pour faire quelque proposition ou dire son avis, il continuera son discours jusqu’à la fin, usant de la plus grande bienveillance qu'il sera possible, et chacun a son tour, en suivant qu’il en sera requis, dira ce qu’il jugera devoir être su par l’assemblée du conseil, tant pour le bien public que particulier de la ville, sans user d’aucun tumulte ni crierie, sous peine d’une livre de cire payable à l’instant par celui qui donnera trouble ou qui refusera d’obéir au consul quand il impose silence, ou qui refusera ou dira quelque chose offen­ sive contre quelqu’un des assistans. « Item il a été ordonné qu’à toute heure et jour qu’on sonnera la cloche pour assembler le peuple au Conseil communément appelé Veziau, pour affaires et nécessités publiques, chacun chef de famille de la ville de Luz se rendra tout incontinent audit Conseil, s’il n’a excuse légitime, sous peine d’un quart de vin applicable sur le champ à ceux qui seront au Conseil et un quart de cire à l'œuvre de l’église de Luz. » Le jour des Rogations, tous les maîtres et maîtresses de maison suivront la procession « le mieux habillés qu’il sera possible pour honorer Dieu et toute la cour céleste du Paradis. » Ceux qui auront suivi exactement les offices seront invités par les consuls à une réfec- 32 — tion, aux dépens de la vallée, jusqu’à la somme de 35 sous, ou plus, si besoin est, en pain, vin et fromage. Les consuls qui ne s’acquitteront pas de ce dernier devoir donne­ ront chacun une livre de cire pour le luminaire et deux quarts de vin pour le peuple. Ceux qui ne suivront pas la procession jusqu’au bout subiront la même peine et perdront leur droit à la réfection. Ceux qui accompagnent le Saint-Sacrement porté en viatique ne pourront entrer dans la chambre du malade de peur que la fouie n’enfonce le plancher « areux et caduc ». Les maîtres et maîtresses de maison assisteront à la procession de Saint-Clément sous peine pour ceux qui y manqueront sans cause légitime d’une demie livre de cire et d’un quart de vin. Il leur est de plus imposé comme pénitence de dire cinq Pater et cinq Ave afin que saint Clément intercède pour eux. Ceux qui n’assistent pas à la procession de la Saint-Pierre paieront une demie livre de cire et deux quarts de vin applicables à la communauté. « D’ores en avant, les seconds consuls prendront une tasse de vin de chacune charge de vin qui se déchargera en ladite ville de Luz pour le droit de goût, nommé communément de tast, et semblable­ ment quand ils seront requis de bailler prix à une vache qui se vendra sur la place, prendront une livre de chair seulement pour le droit. « Sur le tard et avant que les habitants se couchent, suivant la saison, le sacristain sonne la cloche durant un long espace, et chaque chef de maison, ayant sonné la cloche, aille prendre garde au foyer de sa maison, pour éviter qu’il puisse porter aucun dommage dans la ville sous peine de trois ecus. » Toute sorte de jeux sont défendus les nuits de Noël et de la Circoncision. Il n’est permis de jouer à la paume sur la place publique qu’à des « gens de condition élevée ». « Il a été défendu aux taverniers de la ville de Luz de permettre que les prêtres jouent au jeu de cartes, palet ou précète, aux dés, à la rafle, ni autres jeux, en aucun temps, dans les tavernes et qu’aucun habitant, en ladite ville, ne joue avec les prêtres dans lesdites taver­ nes, si ce n’est que ce soient gens d’apparence, tels reconnus par les consuls, sous la peine susdite (de dix sous) » ( 1 ).

( 1 ) D ’ap rè s Hvsci.i-: de L w ;rèz e , Histoire du droit dans 1rs PyrSuées passini. CHAPITRE VII

STA TUTS COMMUNAUX D’ORIGNAG RÉDIGÉS EN 1651 Les statuts sont précédés par le commencement de l’Evangile selon saint Jean que Ton lit à la fin de la messe. A la suite de ce passage de l’Evangile on voit les mots suivants : • « Congregabit nos De,us in unitate fidei et veritatis ut ambulemus in charitaté Dei Jesu Christi cujus gratia fruamur in concordia. Amen. » Estatut et ordonnances suibant lesqueles la communauté du lieu d’Orignac-en-Bigorre s’est entretenu de tout temps avec les modi­ fications et restrictions d’icelles. « Le scindic et consulz dudict lieu d’Orignac disent que les manants et habitants dud. lieu despuis passé Taage de quatorze ans seront tenus sunir et obéyr aux comandements des consulz dud. lieu et prendront le (jurement) de garder et observer touts les droits et proficts appartenants au vilage, suibant la coustume et ordonnance de police, sur peyne de quinze soûls tournoys pour chascun refus rigoreusement selon droict et raison. « Item, quiconque vouldra parler en plaine communauté demeu­ rera, tandis qu’il parlera, debout et teste descouverte; Et s’y auscun aultre desdicts habitants e.stoit plus tost lepvé pour fer quelqu’aul- tre remonstrance, ce dernier attendra de parler jusques à ce que le plustost lepvé aura finy son propos, sur peyne por la première foys de sept soûls sis deniers, et la seconde du double. « Item, quiconque blafèmera le nom de Dieu ny des Saincts dans lad. assamblée payera pour chascune foys quinze soûls tournoys. « Item, les susdits habitants estant mandez à l’assemblée de lad. communauté par les consulz seront tenuz de sy trouber, sur peyne de troys soûls tournoys; et quand elle sera mandée à plus grande peyne. La peyne quy luy sera déclairée par lesdicts consulz ou leurs mandattaires. « Item, les nommes et esluz pour messiers (1) et gardiens com­ munes promettront par serment d’exactement et fidellement procéder

( 1) Garde préposé à la sûreté des récoltes, à la garde des fruits quand ils commen­ cent à m ûrir. 5 - 34 - à leur charge et fornir la main aux susdicts Consuls, quy lors seront en ladicte assamblée; Et moyennant ledict serment seront lesdicts gardiens crus en leurs dénoncés; et au cas ils y malverseront, ils seront punys par ladicte communauté, comme elle juyera par droit et raison. « Item, toulte personne quy ezurpera aulcun bien-fondz de ladicte communauté payera pour chascune ezurpation troys livres tournoy- ses, et au surplus faira le dellaissement de la choze ezurpée, sans préjudice du Roy et d’Aultruy. « Item, qu^nul desdicts habitants ne pourra coupper d’aultorité auicuns pieds, ny soumetz d'arbres de chesne, haistre, poumier, ny cerizier dans le terroir dud. lieu, à peyne de troys livres pour chas­ cune. foys; comme aussy aulcun ne porra coupper du branchage ez dictz arbres, sur peyne pour chascune contervention de treize soûls six deniers; Et en ouitre seront tenuz de payer le domaige qu’ils auront porté au jugement et estimation des consulz quy pour lors seront en charge. « Item, chascun desdicts habitants ayant du bestailh le mettra en garde à leurs gardiens commungs, et s’il ne le faict, il le faira dépais- ser à la queue dud. gardien commung et non ailheurs, affin d’esvit- ter abus, à peyne pour chascune contervention de quinze soûls tour- noys. « Item, aulcung desdicts habitants ne pourra descouvrir aulcung secret, quy aura esté faict dans ladicte communauté, à des personnes non reçues en icelle communauté ou conseilh, à peyne de dix soûls six deniers pour chascune foys. « Item, quiconque manquera de payer le boys qu’il aura achapté en surditte de lad. communauté au temps qui sera limitté par les Consulz, payera pour chascune contervention et de chascune evente et surditte dix soûls six deniers, ouitre le prix de la surditte dud. boys, affin que les afferes de ladicte communauté ne demeurent reculées. « Item, tout habitant prettendant avoir soffert domaige en ses fruicts porra les faire estimer aux Consuls et sera tenu de les deman­ der à celuy quy luy aura porté dans l’an et avant la feste de Noël, à peyne d’estre deschu et declairé irrecevable. « Item, que toutes extimations seront faictes par les Consulz dud. lieu, lesquels ne porront prendre, lorsqu’il s’agira des fruicts, pour leur salaire que troys soûls tournoys, et s’agissant de fonds ou aultres biens mubles dix soûls tournoys pour chascune extimation.

L — 35 - « Item, pour le pozement de chascune borne faict par les consuls prendront pour leur salaire des partyes requérantes troys soûls tournoys. « Item, tout habitant, quy faira depaisser son bestailh ez lieux sacrés dud. lieu, payera cinq soûls tournoys pour chascune foys, applicables à l’esglize ou chapelle (i) d’ou led. lieu sacré dépendra. « Item, quy par malice ou aultrement faira aulcune dénoncé ny accuzation impertinente et invalide, payera la mesme esmende que l’accuzé eust ancoru, sy le faict d’accuzation eust esté véritable. « Item, chascun habitant, vendant le vin à pot et pinte aud. lieu, seront tenuz de le,s faire juger et donner prix aux consulz qui seront en charge, lesquels ne porront prendre por le droict de taxe que deux pots de vin par pippe, et ne pourront lesd. hostes exceder en leur vente à la taxe desd. consulz sur peyne d’estre punys de cinq livres, applicables aux plus grandes nessecites de l’esglize. « Item, chascun desdicts habitants porra chascune année prendre' dans leurs boscages commungs pour arnoys aratoyres du boys pour la limon, scieux, timon, un hronté et une courbe, lors toutes foys que ladicte communauté sera dans les boscages, et après en avoyr demandé permission aux consulz, à la charge aussy de payer por chescun limon cinq soûls et por chascun hronté et chascune courbe deux soûls au profict de ladicte communauté. « Item, lorsque aulcung desdicts habitants vouldra faire aulcung bastimant, il luy sera bailhe des boys commungs, por plus aisément y subvenir, neuf pieds d’arbres servant à faire lattes par les consulz, sy mieulz il nayme prendre tretze soûls six deniers de leurs biens commungs. « Item, aulcung desdicts habitants ne porra offanser par menasse ou injure aulcung aultre dans ladicte assamblée; Et au cas il le fera por ladite contreVention quinze soûls tournoys; et que sy telles ofïanses se font contre les consulz, quy seront en charge por lors payeront le double por chascune foys. « Item, quant aulcung desdicts habitants sera attrapé à derrober quoy que ce soict d’un aultre, il sera puny et condempne en esmende de troys livres por chascune foys, sans préjudice du droict du Roy, ny du Seigneur, n’y aussy de la partye intéressée et perdante. « Item, advenant le cas que par la manque d’aulcung de leurs gardiens commungs se gastera aulcune beste, il la payera, et sy

(i) Chapelle de Hilte, ou bien encore chapelle de V-D. de , située en dehors du village, en lace le Castériou. - 3 6 - aucune beste en gaste aulcune aultre, estant en son tropeau, le domaige sera payé par le propriétaire de la beste quy aura cauze le domaige; de quoy sera led. gardien croyable, sauf toutes l'oys qu’en tout cas le bestailh bon à manger sera débitté parmy les aultres habitants quy auront du bestailh et à proportion d'icelluy, à raison de la taxe quy en sera faicte par les consulz desdicts lieux; et quoy qu’aulcung desdits habitants ne veuilhe pas prendre ou payer con­ formement à la taxe; et à ce seront contrainctz par saysie de leurs biens por le solagement du public; Et au cas le provenant de telle debitte ne suffira por payer la valleur de la beste gastée, telle perte sera esgalle entre les maizons de celuy quy a soffert le domaige et de celuy quy l’aura porté. « Itejn, advenant le cas qu’aulcung estranger ou estrangère vienne à se marier dans led. lieu, et qu’ils veuilhent jouir des mesmes pri­ vilèges que lesd. habitants et rezider aud. lieu, payeront d’entrée chascun, sçavoyr : les masles dix escus petits, quarante deux pots et une tasse de vin, et les femelles quarante deux pots et une tasse de vin (i). « Item, porront lesdicts habitants prandre et coupper dans lesdicts boscages endortes, autrement bensils, por leur service particulier tant soullement, pourvu que ce ne soit de boys de chesne, ny de haistre : lesquels n’en porront vendre ny donner à aulcune personne estrangère, sur peyne de troys livres por chascune «intervention : et de plus, ny porront aulcung desdicts habitants destailler du boys desdicts boscages ou communaux à aulcung estranger, saufs por la provizion de leurs maizons, ayant faict quelque ernploy por le ser­ vice desdicts habitants sur peyne de six livres tournoyes. « Item, est inhibe et deffandu à tous lesdicts habitants de pourter aulcune sorte d’armes dans l’assamblée commune por esviter escan- dalle, sur peyne de troys livres por chascune «intervention. « Item, aulcung desdicts habitants ne porra faire dépaisser avec son bestailh les fruicts des aultres, sur peyne de neuf liardz de jour et de nuict du double. « Item, tout habitant porra entrer en ces terres por les aller cul­ tiver et chercher ses fruicts, s’il ce peult sans porter domaige, aultre- ment passer au plus court en pavant le domaige à celuy quy l’aura soffert.

(i ) Coutumes «le Saint-Pé. \ . 1nnuairc de l'Institution secondaire libre de Saint-Pt?, Première année ( 1 9 0 8). L. Cr\bl. — p. 3i. Partie historique. « Item, tout homme ou femme qui sera troubé à abattre chesne ny haistre, entemps de farine (2), sera tenu payer tretze soûls six deniers, et le tiers por le dénonciateur de jour, et de nuict le double. « Item, tout habitant quy fera passer eau por arrozer ses prairies par les chemins et communaux sera tenu accommoder les canalz, aux fins qu’aulcung bestailh ne sy puisse gaster, sur peyne de les payer et de esmande. « Item, aulcung pasteur, gardant quelque espèce de bestailh dans ledict lieu, ne porra chasser le bestailh d’un aultre pasteur, joinct au pasturage ou ombrage en temps d’esté, sur peyne de dix soûls six deniers. « Item, les consulz auront puissance de commander touts les habitants pour le profict commung, lesquels seront tenuz obeyr, sur peyne la première foys de neuf liardz et la seconde troys livres tour- noyses. « Item, toutz les habitants dudict lieu seront tenuz de pourter et payer la cotte de la tailhe aux consulz ez la maison commune dans le moys, despuis leur avoyr esté demandé, sur peyne de deux livres tournoyses. « Item, les habitants dudict lieu bailheront des gages aux consulz chascune année, pour les intherets qu’ils soffrent, n’ayant aultre profict, deux escus petits à chascun desd. consulz. « Item, seront tenuz lesdicts habitants bailher à ung serbiteur desdicts consulz une livre tournoyse. « Item, tout musnier, quy tiendra trop grande pugnère et quy ne laissera mouldre le premier quy sera arribé avec son grain au moulin, sera esmandé de troys livres tournoyses. « Item, sera deffandu à tout habitant de ne tenir faulx poidz ny mezure de quelle condition que soict, sur peyne de troys livres tournoyses. « Item, sera deffandu à tout bacquier commungz de garder aul- cune aultre espèce de bestailh avec les boufs et basches, sur peyne d’une livre tournoyse. « Item, tout habitant quy aura oustées pierres de son champ et icelles mizes ez chemins publics, les en oustera dans ung moys, à peyne d’une livre tournoyse.

( 2 ) Temps de farine, qui est depuis Notre-Dame de septembre jusqu'à la tète de

Noël (G. Ü ai .e v iie . Souvenir de la Hiqorre, t. \ . p. i.'>(>). - 38 — « Item, que le serbiteur des consulz porra prandre gaiges pour les aflferes commungs sans salaire. « Item, les consulz prandront por chascune court qu’ils tiendront por leur salaire quatre liardz et demy, et le baille de chascune assignation,'qu’il faira par devant eux, ung liard. « Item, toute personne, quy sera attrapée à faire depaistre les predz des aultres à essiant, payera au profict de ladicte communauté tretze soûls six deniers de jour, et de nuict tout au double, et le domaige à la partye intéressée. « Item, les consulz dudict lieu ont pouvoir et puissance, en tenant la court, de juger et cognoistre jusques à la somme de troys livres; ce quy a esté observé de tout temps. « Item, sera prohibé et deffandu à touts les habitants dudict lieu de lavier herbes ny aultres chozes dans les fontaines où l’on a accoustumé d’aller prendre l’eau pour le serbice de leurs maizons, ny non plus y laisser boyre aulcune condition de bestailh, afin d’esvitter contaigion, sur peyne de sept soûls six deniers por chas­ cune foys, au profict de ladite communauté. « L’an mil six cens cinquante ung et le onziesme jour du moys de juing, régnant très chrestien Prince Louys quatorziesme, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, estant au lieu Dori- gnac, dioceze de Tarbe et seneschaussée de Bigorre, environ midy, et dans la maison commune, par devant moy notaire royal et presens les tesmoings bas nomes, ont esté constitues en leurs per­ sonnes (suivent les noms de trois consuls d’Orignac et Hitte et soixante quatre autres noms de personnes), les touts manans et habitants desdicts lieux Dorignac et Hitte, lesquels ayant esté man­ dez et convocquez, porte par porte et à son de cloche, assamblez en la forme accoustumée pour traicter et négotier des affaires quy regardent à leurs communautés, d’un commung accord, sans révo­ cation de leur aultres procureurs et sindics par eulx cy devant faictz pour d’aultres chozes, de nouveau ont créé et constitué leur procureur especial et general, sans que l’une qualité puisse desroger à l’aultre ny au contraire, sçavoyr est M. Bernard Carrendié, Procureur en la Cour de Parlement de Tholouze, de leur vouloir authoriser les estatuz et coutumes cy dessus transcrittes en quarante troys articles, lesquels ont esté de tout temps observés pour faire vivre en repos et en paix et en concorde, et ce par l’adveu, et consen­ tement de Messieurs les Gens du Roy, quy seront à ces fins suppliez d’y donner leur approbation pour plus grande valliditté desdicts — 39 — estatutz, comme les constituants fairoient sy en personnes y estaient, et tout aultrement, comme il verra estre à faire, promettant avoir pour agréable tout ce que par leurdict procureur sera faict, ne le revocquer ains le relepver de ladicte charge soubz obligation des biens de ladicte communauté et les leurs propres et particuliers, lesquels ont soubzmis aux rigueurs de la justice; ainsin a esté des- liberé. Presens : Me Jean de Tisné, prebtre et recteur de Luc, et Me Jacques Bosquet, prebtre et recteur desdicts lieux Orignac et Hitte, signez à l’original avec ceulx quy sçavent escrire des susdicts constituants et moi Dominique Dandreau, notaire royal du lieu de requis soubsigné. « D ’ andreau, n. r. >

I Extrait des Registres de Parlement. « Sur la requeste pfésentée par les consulz et habitants d’Aurignac en Bigorre à ce qu’il plaize à la Cour authorizer les estatutz entre eulx faictz, suivant la ' desliberation generalle prinze par ladicte communauté du onziesme juin mil six cens cinquante ung, et veu la desliberation, estatutz et dire du Procureur General du Roy, la Cour a déclairé et declaire nentendre enipescher lexecution desdicts estatutz et deliberations de conseilh, selon leur forme et teneur avec inhibition aux y comprins et nomes soubz les pevnes y contenues. Prononce arrest de Parlement, le dixiesme octobre mil six cens cinquante ung. « D e Saint-Lage, ainsin signé. » Le 24 février 1777 les habitants d’Orignac et de Hitte, qui avaient un même curé et un même seigneur, se réunirent dans la maison commune d’Orignac. Les premiers étaient au nombre de cinquante- sept, y compris trois consuls; les seconds au nombre de, dix-huit. Ils délibérèrent comme il suit : « ...Lassemblée désire que lesdits statuts et arrest d’autorization sortent à cet effet, c’est pourquoy elle a arresté et délibéré que lesd. statuts et arrest d’autorization seront pour tous les tems avenir observés et exécutés suivant leur forme et teneur; Etffassemblée prie tent les consuls actuels que eus qui seront només à lavenir tenir lexactitude et plus grand zèle la mein à l’exécution d’icus. « A esté en outre délibéré et arresté que attendu que les dus communauttés forment un gran nombre d’abitens, et que lorsqu’il est question de traiter des alïeres de communautté, il n’y a que de la — 40 — confusion, et qu’il est comme ympossible de reunir avec exactitude Ittrs voix, que à l’avenir, à'compter de ce jour, Tassemblée sera composée de veint quatre vocables, outre les consuls; que de ces veint quatre vocables il en sera pris dix huit parmi les habitens Dorignac et six sur eus de 1 litte. Et que le tiers parmi les principaux hauts taxés, Iautre tiers sera pris parmi les médiocres, et le tiers restent sur les plus foibles; promettant lad. assemblée dacquieser à tout ce que par led. conseil sera faict, tout comme sy toute la communautté y étoit en corps; Et dans le cas il sera trouvé à propos de faire homologuer au Parlement dé Toulouze le présent reglement, lassemblée donne pouvoir auxd. consuls de en provoquer l’autorization; Et à ces fins de fere toutes les diligences requises et nécessères, promettent d’avoir pour agréable tout ce que par eus sera fait, ne point les revocquer, mes de tout les relever indem­ nes à l’obligation des biens communous soumis à justice... « A esté déplus délibéré que s’il arrive que quelque particulier perd par cas fortuit ou but ou bâche, et que la viande ne soit point gâtée, elle sera partagée entre tous les abitens après que l’estimation aura esté faite par les consuls prudomes choisis, pour ensuite le propriétère perdant estre peyé par la communautté du montant de l’estimation, sans que, sous quelque préteste que ce puisse estre, le paiement puisse lui estre refusé, parce que la communauté s’impose cette loy qu’elle vut estre irréfragable. « De plus a esté délibéré que le droit du gardien commun du présent lieu, vulgairement appelé la bégade sera peyé conformement à lanssien usage, et.comme il a esté toujours observé (i).

(1) Archives de la mairie d’Orignac. (A. Duffourc, Bulletin de lo Société Ramond, 1909, p. 86.) - 41 -

CHAPITRE VIII

STATUTS COMMUNAUX DE MHS

Le if) février 1663, les habitants de 1 liis. réunis vers trois heures de l’après midi « dans la borde commune » au nombre de vingt- neuf, y compris les deux consuls, au son de la cloche, « faisant tant pour eux, les autres habitans absans, femmes, vefves et enfans orphelins et leurs successeurs, dirent et déclarèrent, d’un commun accord, par la bouche dudit consul, qu’à cause des abus et mauvaises actions quy se rendent journellement, tant dans le corps et asemblés comunes, que dans ledit lieu et ses enclaves, et pour l’empêcher a l’advenir et faciliter le repos et vivre sociallement parmy lesdits habitans, ils ont délibéré unanimement soubs le bon plaisir de Monsieur le comte de Thoulonyon, seigneur, baron dudit H iis, de dresser règlements et polices en forme d’estatutz comme s’ensuivent. « Premièrement, que tous lesdits habitans seront tenus de venir dans l’assamblée comme s’ils sont du corps d’icelle, à mezme et à mesme temps que la cloche de l’église sonnera et lorsque les consuls convoqueront ladite assamblée, comme pour délibérer et traicter des affaires d’icelle, sur peine que les réfractaires ou deffailhans, sy toutesfois ils sont dans ledit lieu de 11 iis, payeront au proffit de ladite communauté trois soûls tournois de loy: mais que sy lesdits consuls convoquent ladite assamblée pour des'affaires importans et extraordinaires, sur peine de la loy de sept soûls et demy bons, lesdits habitans seront tenus de s’y trouver comme dessus, s’ils sont dans ledit lieu, comme dit est, sur peine de payer, au proffit de ladite communauté, ladite loy de sept soûls et demy bons. Pour chascune desquelles loys lesdits habitans pourront estre pignurés sur leurs roubles et la vente d’iceux en estre faicte ez plaine assamblée commune, au rachapt desquels ils seront receus dans quatorze jours après, passé lesquels, lesdits mubles vendeux demureront e,z propre aux acquerurs et pour empêcher la ruine et despances que les procès causent, lesdits habitans pignurés ne pourront recourir ny se pour­ voir ez justice pour la recreance d’iceux. — 42 — « Secondement, que le Consel de ladite communauté sera estably et composé par les consuls lors de leur création, à leur choix, de cinq prud’homes du corps d’icelle et lesdits consuls fairont le nombre de sept, pour entrer dans ledit Consel durant l’année du consulat, lesquels cinq prud’homes seront tenus de se trouver et assister audit Consel, lorsqu’il sera convoqué par lesdits consuls, affin de délibérer et traicter des affaires communaux et ne pourra ladite communauté révoquer ni déstruire ce quÿ aura esté délibéré et conclud dans ledit Consel avec elle, se soubmettant d’agréer et approuver le tout, et ez caz aucun des prud’hommes se trouve absant lors de la convoqua- tion, ou qu’il feust suspet a la matière quy se devrait traicter, lesdits consuls pourront à leur choix en y appeler d’autres ez leur deffaut, pourveu qu’ils soint dudit corps communal. « Encore que sy aucun desdits habitans, estants ez corps de communaulté ou bien dans les places publiques blasfeme le nom de Dieu, de la Vierge et des saints, sera tenu payer la loy de quinze soûls bons aplicables a la réparation de l’église dudit I I iis, pour lesquels quinze soûls bons, le blasfémateur pourra estre pignuré sur ses mubles par le marguillier de ladite esglise. « En outre que sy aucun habitant estant ez corps de communauté donne coup de poing, souflet, coup de pied ou desmanty a aucun dudit corps, sera tenu payer la loy de quinze soûls bons applicable a la réparation des biens communaux, pour laquelle loi le délinquant pourra estre pignuré sur ses biens mubles et iceux estre vendeux dans l’assamblée commune à la réserve de quatorzainé pour le rachat d’iceux. « Estant dit et statué aussy que pour empêcher la ruine desdits habitans celluy qui aura esté offancé, soit dé coup de poing, souflet, |coup | du pied, ou desmanty, s'en remettra au jugement du Consel communau, et tant le malfacteur que offancé subiront auz loys et condamnations dudit Consel, sans que l’un ny l’autre pour raison de ce dessus puisse se pourvoir en justice. « De plus si aucun desdits habitans proffere d’autres ofïances dans le corps de ladite communauté contre quelqu’un dudit corps, il payera la loy de sept soûls bons et demy, sans que l’agresseur ni injurié puisse s’en plaidre ez justice, et pourra estre ledit agresseur pignuré comme dessus. « Disent que pour la conservation des biens dudit seigneur situés dans sa directe dudit Hiis, biens communs et fruictz pandantz ez iceux, il est important d’estatuer loy affin d’esviter tous incovenians - 43 - de sorte que tous ceux quy seront attrapés à desrober desdits biens ou fruictz, chascun payera la loy de trois livres pour chasque fois, et d’ailleurs sera mis ez trasses, pour y souffrir le temps quy sera adviz par ledit Consel communau, applicables lesdites trois livres à la réparation desdits biens communaux et rendre le larracin ou payer la valeur au perdant, et s’il arrive que le larron soit surprins sur son larracin par le propriétaire ou perdant, le mesme propriétaire sera creu sur son serment devant le Consel avoir attrapé ledit larron, toutesfois ez caz ledit larracin n’excèdera pas la valleur de trois livres de façon... pour ladite loy de trois livres, ledit larron pourra estre pignuré sur ses biens et vendeux ez l’assamblée commune à la réserve de quatorzaine pour le rachapt d’iceux et sy ne pourront lesdits larron ny perdant se pourvoir ez justice; ains subir auxdites loys, le tout pour empêcher la ruine desdits habitans. « Déchurent ez outre que les consuls et communauté dudit Hvis ont justice, jusques à la somme de quinze soûls tournois, dans ledit lieu, de façon qu’en exerçant icelle, lesdits consuls et le baille dudit seigneur, leur assistant, prenoint deux potz vin sur chasque condamné, et qu’à présent, par leur estatut, ils retranchent et dimi­ nuent lesdits deux pots vin, à cinq soûls tournois trois deniers, que chascun des condamnés payera à l’advenir pour le report ou service desdits consuls et baille, pour lesquels cinq soûls trois deniers, affaute de les payer, lesdits condamnés pourront estre pignurés sur leurs biens et vendeux à l’inquant, à la réserve de la quatorzaine au rachat d’iceux, et parce que d’ordinaire lesdits condamnés font rebelion, ceux quy la fairont et fermeront leurs portes, (ne) voulant faire ladite pignuration, payeront cinq soûls tournois de loi, le tout au proffit desdits consuls et baille. « Et finallement que aucune sorte de bestailh ne pourra entrer, ez quel temps que ce soit, dans les boys et fourestaiges quy seront bettés par ladite communauté, affin qu’en servant iceux elle puisse ez tour, utillité et proffit pour pouvoir par ce moyen ez subvenir aux affaires communaux, sur peine de la loy advizée par ledit Consel communau que le propriétaire dudit bestailh se soubzmet et sera tenu payer et subir a la condamnation dudit Consel. « Tous lesquels reglemens et polices ez forme de statutz lesdits consuls, habitans et communauté, ez la forme que dessus les ont1 agréés, aprouvés, stipulés et acceptés, promettant de les entretenir, garder et observer de point en point, selon leur forme et tenur, sans y contravenir directement ni indirectement, se soubmettant plaine- - 44 — ment et entièrement à la rigueur d’iceux, pour laquelle ils veulent estre constraintz, ez la forme et manière qu’est déclairé et exprimé ez chascun dessus dits articles estatutaires, et pour que leurs présents estatutz ayent entre eux et à l’advenir pour leurs suxssurs plus de force, valleur et authoritté, ils veulent et entendent qu’ils soint authorizés et approuvés tant par ledit seigneur comte que ez la Cour où la cognoissance ez appartiendra et pour faire touttes réqui­ sitions et prester tous consantement, aux susdites (ins, sy besoing, constituent tous advocatz ou procureurs y postulans, auxquels ez donnent tout plain pouvoir, sans révocation au contraire, aux fins de l’entretien de tout le contenu à ce dessus susdit prese.ns estatutz, les susdits consuls, manans, habitans et communauté chascun ez droit soy ont obligés leurs biens presens et advenir qu’ont soubmis aux rigurs de justice. Ainsy l’ont juré sur les quatre saints evangilles, Notre-Seigneur ez presances de... » (i). (i)

(i) Herj. île Times, nul. do Montlfaillanl, ifi-Vi, ... fôvricri CHAPITRE IX

STATUTS COMMUNAUX D’ORDIZAN

« L'an mil six cens quatre vingt neuf et le septième jour du mois de mars, après midy, au lieu d'Ordizan, dans la maison commune, par devant moy, Raymond Verdoux, notaire roial de Bagnères, ...ont comparu en personnes (suivent le noms de trente-quatre habi­ tants dont les trois consuls), tous rnanans et habitans dudit lieu faisant la plus grande et.saine partie, et tant pour eux que les autres habitans absens; illec assemblés en corps de communauté et conseil général, au son de la cloche, en la forme et manière accostumée, pour traicter et délibérer de leurs affaires communes. Ayant esté représenté par lesdits consuls que les habitans leurs prédécesseurs auroint convenu et stipullé entre eux certains estatutz et règlemens politiques, par acte du onzième aoust 1590, retenu par feu Maistre Jean Vivé notaire qui feurent approuvés et ratiffiés par autre acte du vingt-deuxième novembre 1639, retenu par feu Maistre Brau, notaire dudit Baignères, et cella pour entretenir non sulement la paix et union entre lesdits habitans, mais encore pour la conservation et advantage de leurs biens communs et particuliers, et bien qu’il n’y ait rien de contraire aux ordonnances, que mesmes ils sont approuvés par la dernière sentence de refformation qui les maintient en tout ce qui est contenu auxdits estatuts et règlemens, néanmoins plusieurs desdits habitans qui contraviennent journellement, ce qui est au grand préjudice et désadvantage tant du général que du parti­ culier, à quoy estant nécessaire de pourvoir, après avoir prins lec­ ture en plaine assemblée desdits règlemens, d’un commun accord ont esté approuvées et ratiffîées par lesdits consulz et habitans, et en conformité d’iceux, ont convenu, stipullé et accordé : « 1. Premièrement que sy lorsque lesdits habitans ou partie d’iceux se trouveront assemblés en forme de vésiau ou commune pour negossier les affaires de la communauté, aucun donne desmenti à un autre ou luy dise par tels mots ou semblables : veuilles-tu ou non. payera cinq sols au proffît de la communauté et en resfus en sera pignouré et exécuté politiquement. « 2. Semblable peine ou loy de cinq sols payera celuy qui par — 46 — colère tirera son couteau ou autre harnois de la guaine a dessaint d’offancer quelqu’un de l’assemblée ou s’il faict semblant d’en vouloir faire du mal. « 3. Que sy aucun manque de venir a la ve.siau ou conseil y estant mandé, payera pour la première fois six liards. « 4. Pour la seconde foix estant aussy mandé, s’il faict deffaut, payera le double, a moinz d’estre absent hors du village ou d’avoir excuse légitime. « 5. A la seule réquisition d’un des habitans les consuls seront tenus assembler la ve.siau a peine de sept sols et sy celui qui l’a faict assembler n’a juste cause, la peine escherra sur luy. « 6. Celuy qui manquera d’estre messier et gardien du bois par tour de roolle ou n’envoyera homme de commune pour luy payera sept sols. « 7. Sy estant messier ou gardien abandonne le bois pour aller ail heurs faire ses affaires ou autrement payera sept sols. « 8. Celuy qui aura esté messier le jour à son rang sera tenu le soir en se retirant d’advertir son voisin pour ladite garde et s’il ne le faict payera sept sols. « 9. Que sy- aucun coupe ny prend nule sorte de boix qui ne luy apartienne ou sans permission du propriétaire payera quatre escus petits chaque foix qu’il y sera attrapé et surprins et s’il est homme de commune privé d’acister au Conseil et d’alléguer aucune pignou- ration. « 10. Pour le regard de ceux qui ne seront du corps de la vesiau estant surprins a couper boix payeront sept sols. « 11. Sy aucun faict paistre du bestail au boix de Caupoey sans permission de la communauté payera sept sols. « 12. Et sy s’est par inavertance ou escapade payera neuf liards. « 13. Celui qui faira paistre ou gaster les preds dans le temps prohibé payera sept sols outre le domage pour le propriétaire. « 14. Lesdits habitans estant assemblés en corps de communauté, sy aucun parle après luy avoir esté commandé de se taire par deux fois par les consuls, s’il n’obéit, payera quatre sols. « 15. Encore convenu que sy aucun de ceux qui possèdent terre en la forest la laisse vacante pendant trois ans de suite, ladite terre reviendra en propre à qui elle apartient originèrement. « 16. Que sy le possesseur de cette terre meur sans enfans légi­ times, ses autres parans ne la pourront sucéder ains reviendra à la communauté. Et faut que lesdits enfans soint habitans et residans — 47 — audit Ordizan, et, s’ils se marient et habitent ailheurs, ne la pourront jouyr. « 17. Comme aussy les enfans qui abandonnent leurs pères ne pourront sucéder en ladite terre, ains reviendra à ladite communauté ou aux autres enfans qui demureront et habiteront avec le père. « 18. Encore convenu que sy la communauté ayait besoing de quelqu’une des pièces de terre de ladite forest ou de partie soit pour y bastir, planter boix, faire chemin ou autrement, elle pourra la prendre en baillant au possesseur une autre pièce à sa place en autre endroit de pareille contenance. « ic). Les domages qu’on portera aux fruits des particuliers soit par le bestail ou autrement seront extimés par les consuls en charge, lorsqu’il y aura requérant qui payera pour leur sallaire cinq sols trois deniers. « 20. Les consuls auront le droit de pignourer lesdits habitans pour les deniers de taille et autres affaires qui regardent la commu­ nauté politiquement,sans baille ny permission de justice et après quinzaine mettre les choses prises à l’inquant et en faire la desii- vrance au dernier surdisant. « 21. Si aucun desdits habitans estant en corps de communauté avance quelque chose injurieuse ou le blasme mal à propos payera cinq sols. « 22. Que si aucun renie ny blasphème le saint nom de Dieu, de la sainte Vierge, ny des saints, encourra la peine de cinq sols et d’estre poursuivy à fraix communs suivant la rigeur des ordonnances. « 23. Lorsqu’il y aura assemblée de communauté, chacun y parlera par rang, honnestement et sans bouger de son siège sans animosité, ny collère, sur peine de cinq sols. « 24. La vente du bois et autres biens communs et ferme d'es terres seront faictes aux enchères verballes suivant l’uzage, et sy l’achepteur ou fermier n’en paye le prix au jour et terme convenu, il encoura la peine de cinq sols et le lendemain les consuls le pour­ ront pignourer pour ladite peine et pour le principal, et metthe les gages à l’inquant et deslivrer à quatorzeine après. « 25. Si aucun filz ou fille de famille, serviteur ou domestique, de quel aage qu’il soit, est surprins ou prend du bois commun, ou a oster les espines de l’entour des arbres plantés, le père ou maistte de la maison payera pour chaque foix sept sols. « 26. Si aucun est surprins en chemin portant du bois et venant du costé des forêts et bouscages de la communauté sera tenu de — 48 — déclarer en droit où il l’a prins et coupé ledit bois, s’il en est requis. Et s’il refuse et ne justiffie luy apartenir en propre, payera la loy de quatre escus petits, s’il est hompre de commune et les autres, sept sols chacun, chaque fois. « 27. Le semblable sera faict lorsqu’on trouvera du boix dans le parc d’aucun habitant et qu’il y aura pleignant et requérant, et, outre ce, celuy qui sera surprins d’avoir prins ledit bois payera le domage et valeur au propriétaire. « 28. Si aucun est surprins prenant ou desrobant gerbes de bled froment, carron, seigle, orge, avoine, millet, lin et foing et regain, payera quatre escus petits pour le proffit de la communauté et pourra estre poursuivy en justice pour la punition du crime. « 29. Pour le regard des autres fruits comme poires, pommes, auls, ougnons, rezins, celuy qui en prendra sans permission du propriétaire, payera sept sols et le domage à la partie. « 31. Ceux qui ramaceront du glandage sans permission payeront cinq sols et rendront le glandage. « 32. Sy aucun de la communauté refuse d’obéir aux consuls lorsqu’il sera commandé de faire quelque chose qui regardera la communauté, payera cinq sols pour la première fois,-et s’il reffuse la seconde, le double. « 33. Les consuls seront tenus de se transporter pour visiter les limittes lorsqu’il y aura quelque conteste ou différant entre des particuliers et qu’ils en seront requis et sy le requérant se plaint sans raison payera sept sols. « 34- Que toute personne qui coupera ou prendra aucune condition de bois sans permission du propriétaire encoura la peine de sept sols, et, outre ce, tenu de payer le domage, hors en cas de nécessité, comme pour réparer son char, joug ou autres outils aratoires, dans une rencontre, en passant. « 33. Est aussy convenu que chacun homme estranger n’estant nœ ni baptisé audit lieu qui voudra y estre voisin, marié et habitant, payera d’entrée ou roumégère, une barrique, un pipot et une tasse vin bon et marchand à la communauté, suivant l’uzage du lieu et autres circonvoisins. « 36. Et chacune des femmes estrangères qui viendront estre mariées audit lieu payeront d’entrée un pipot et une tasse vin. « 37. Semblablement celuy qui voudra estre nouvellement rectur de la cure dudit Ordizan, avant entrer en la poussession d’icelle, payera à la communauté pour pareilh droit d’entrée une barrique, - 49 - un pipot et une tasse vin bon et marchand et ainsin consécutivement suivant que ses successeurs et devanciers ont faict. « 38. Comme aussy chacun estranger qui viendra estre métayer audit Ordizan sera tenu payer de son droit d’entrée lin pipot et une tasse vin, sans que pour cella ses enfans ou filhes soint exemps de payer ledit droit d'entrée, à moins d’estre nœs et baptisés audit lieu. « 39. Ceux qui vendront et débiteront du vin audit lieu en détail payeront le droit de soquet à la communauté et le droit de tastes aux consuls suivant qu’est porté par la dernière sentence de réfïormation. « 40. Chacun des bordiers qui habitent en la fourest d’Ordizan qui ont bestail a corne et qui le font paistre, ordinairement séparé d’avec le reste des autres habitans et sans le mener au gardien commun, payera annuellement pour le droit de paccage ou voisi­ nage, suivant l’anciene costume, à la communauté, un sestier de grain, la moytié seigle et l’autre millet, mesure de Baignères. « 41. Chacun des bordiers et habitans du quartier de Moncaup, pour pareil droit de paissance ou voisinage, sera tenu payer à ladite communauté, à chaque feste de Toussaincts, un sac grain, la moytié seigle et l’autre millet, ayant aussy bestail à corne. « 42. Encore convenu que celuy qui manquera ou ne se trouvera eu n’envoyera pour faire les manuvres et travaux nécessaires aux biens communs, lorsqu’il en sera mandé et requis par les consuls, sera froustré et privé de jouyr des advantages et facultés desdits biens communs et du revenu d’iceux. « 43. Encore convenu qu’auquun habitant dudit lieu ne pourra couper de la faugère dans les fourestages de ladite communauté, sans la permission et consentement d’icelle, ains sera ladite faugère vendue annuellement aux enchères, au proffit et advantage de ladite communauté, ou bien distribuée et partagée, suivant qu’il sera advisé et délibéré par ladite communauté. « 44. Finallement est convenu, que tous les malfacteurs, qui seront surprins en flagrand délit ou autrement, seront prins et arrestés et mis en prison dans la maison commune par les consuls où ils pourront estre détenus pendant vingt-quatre heures, pour eusuite estre remis et conduits dans les prisons royalles de Malfourat de la ville de Baignères, comme ledit lieu estant ressortissable de la judicature royalle de ladite ville. « Tous lesquels règlemens politiques cy-dessus escrits, lesdits constituans délibérans ont promis d’observer et les exécuter de point en point selon leur forme et tenur et sous les peines y conte- — 50 — nues en chacun desdits articles, sans que, pour aucune (raison) ny prétexte, aucun puisse contravenir, au contraire lesdits consuls en demanderont l’authorisation à la souveraine Cour de Parlement de Toloze, à frais communs, pour qu’à l’advenir il soint pontuelle- ment exécutés, comme estant faicts pour l’advantage du bien public et particulier et, comme est dit, conforme aux ordonnances. « Pour l’observance de quoy lesdits constituans obligent tous leurs biens communs et particuliers, présens et advenir à justice. « Faict et passé ez présances... » (i).

(1) Reg. de Verdous, not. de Bagnères, 1689, p. 180. — 51 — C H A PITR E X

ADDITION AUX STATUTS COMMUNAUX D’ORDIZAN Le 27 janvier 1714, les habitants d’Ordizan, réunis en assemblée de communauté, ajoutèrent quelques articles à leurs statuts communaux. « S’estant fait représenter et fait faire lecture des statuts et reglemens faits, exécutés jusqu’aujourd’huy, depuis la rédaction qui en avait esté faitte devant fû Brau notaire le 22 de novem­ bre 1639, au nombre de 47 articles... dont l’extrait est escrit en par­ chemin et par lesdits constituans avérés pour judicieux et avanta­ geux tant à la communauté qu’aux particuliers, pour éviter la fraude et abus qui pouvait se commettre à leur préjudice », ils ont jugé bon d’y ajouter quelques articles. Aucun hahitant ne pourra faire paître dans les prés, ni les champs d’autrui, jusqu’au jour de Saint-Martin, parce que le millet, le maïs et les secondés herbes ne viennent à maturité qu’à ce temps. Et comme les raves ne sont pas retirées complètement avant la fin de l’année, on ne pourra envoyer pendant ce temps les bestiaux dans les champs qui les portent, sous peine de séquestration des bestiaux et d’une amende de nx> sols payable moitié au roj, moitié aux pauvres ou à l’église. On ne pourra vendre du bois communal qu’aux mois de novembre et de mars; les habitants seuls pourront prendre part à l’achat; cela sous pareille amende. Les consuls pourront aller chercher dans les maisons le bois qui aura été volé. « Les consuls pourront obliger lesdits particuliers de travailler à la manœuvre,' comme sera par eux trouvé utile et nécessaire pour le bien de la communauté, à peine de 15 sols de pignore, et sous la peine de 7 s. 6 d. à l’égard de ceux qui seront appelés, suivant la coutume, pour assister aux assemblées de communauté et qui s’ab­ senteront et manqueront auxdites assemblées communales. » « Et qu’aux fins que lesdits status ci-devant faicts et entretenus et ceux du présent acte ainsi arrestés et délibérés ayent une ample vigueur et exécution lesdits constituans ont délibéré que tant lesdits status que le présent acte fera autorité en ladite souveraine Cour de Parlement de Toulouse sous son bon plaisir... » (1).

(1) Reg. de Daruauné, not. de Bagnères, 1714, p. 13. — 52 —

CHAPITRE XI

STATUTS COMMUNAUX DE BOURG RÉDIGÉS EN 1723

« L’an mil sept cens vingt-trois et le dix-septieme jour du mois de juillet, au lieu de Bourg, en la place du château, par-devant moy notaire royal et tesmoings bas nommés (suivent les noms des deux consuls et de cinquante-un habitants du lieu) assemblés en corps de communauté..., lesquels conseuls ont représanté à ladite assemblée, que ladite communauté n’a point de règlement par escrit, pour raison des pignores qui ce font dans ledit lieu de Bourg, et qu’il convient d’en establir des estatuts, pour qu’à l’advenir il paraisse dans ledit lieu de l’establissement des pignores et polices dont lesdits conseuls requièrent ladite communauté de les establir, afin que tous les habitans si conforment. Ladite communauté, en corps, par voix délibérative unanimement faite, a dit et déclaré qu’à l’ad­ venir les habitans qui se trouveront en fraude de Lun et de l’autre, ladite communauté aura droit de cognoissance et pourra pignorer de 3 livres le délinquant, si elle le trouve à propos, sans préjudice de 20 sols pour les droits de ladite assemblée, paiable par qu’il appartiendra, et outre ce, ladite communauté a délibéré, qu’en cas aucun voleur d’un petit vol sera trouvé en fraude, elle pourra le policier jusques à la somme de 15 livres, surpris tant de jour que de nuit, laquelle pignore sera arbitraire. « Comme aussi a esté délibéré que si aucun habitant de ladite communauté parle insolament à l’assemblée de ladite communauté, il sera policié de trois livres, laquelle pignore sera néanmoins arbi­ traire à ladite communauté. « De plus a esté délibéré que les consuls, faisant des estimes sur les fruits et bestiaux, ne pourront prétandre pour leurs droits que six sols et six liards, pour les appointements qu’ils rendront pour cet effet, et que pour raison du sèrement que lesdits habitans prêteront entre les mains desdits conseuls, lesdits conseuls n’en pour­ ront exiger que la valleur d’un pot de vin. - - « De plus a esté délibéré que les particuliers qui fairont faire des estimes des fruits et autres choses seront tenus à le faire dans le mois du jour du dégât. Autrement ils n’en seront pas receux. « Comme aussi a esté délibéré que si aucune sorte de débitants desdits habitans se trouve de nuit dans le semitière de l’église dudit lieu sera policié de trois livres, et du jour de trente sols, laquelle il sera arbitraire aussi à ladite communauté, la moitié de laquelle pignore sera applicable, moitié au dénonciateur et l’autre moitié au luminaire de l’église dudit lieu. « Aussi a esté délibéré que pour le bornage des piesses desdits habitans, les con'seuls ne pourront prétandre que la valeur d’un pot de vin pour chaque piesse, et en cas ladite communauté sera requise pour ledit bornage, il lui sera paié vingt sols par qui il appartiendra « A esté encore délibéré que sur la compétition du partage des eaux pour les arrosements de leurs piesses, les conseuls et commu­ nauté pourront les régler en leur paiant les fraix. « Encore a esté délibéré que si aucun habitant dudit lieu fait rébellion au valet des conseuls, tant pour aller chercher des gages pour la tailhe, fief, que susdites pignores, il sera pignoré de vingt so's, si ladite communauté est obligée aussi assembler, lesquels pignores seront aussi arbitraires par ladite communauté, sans préjudice du droit d’information pour ladite rébellion. « A esté de plus encore délibéré, que les conseuls dudit lieu auront droit de taxer le vin aux cabaretiers, pain aux bolangers et viande aux bouchers, qui se débite en détailla dans ledit lieu, sur laquelle taxe de vin, ils prendront un pot de vin par barique, deux sols de pain par chaque sac de bled et une livre de viande par cha­ que bette à grosse corne, demi-livre de viande par chaque couchon, et, en cas de contestation, lesdits cabaretiers, bolangers et bouchés, ils seront policiés de trois livres au proffit de ladite communauté qui sera aussi arbitraire à icelle. « A esté encore délibéré, si aucun habitant se trouve à couper de chaines, il sera pignoré de trente sols, et de haitre, de dix-huit sols, qui sera aussi arbitraire à ladite communauté. « Comme aussi a esté délibéré, si aucun bestailh se trouve de nuit sera pignoré de trois livres, laquelle pignore sera aussi arbitraire à ladite communauté, s’il se trouve à faire dégât aux jardins, prés et autres fruits. « Et pour régir et gouverner les affaires de ladite communauté — 54 — de Bourg, ladite communauté a nommé et constitué pour leur sindic spécial et général X, du lieu de Bourg. « Ainsi a esté délibéré... et ont promis tous lesdits habitans garder et observer les presens reglemens si dessus contenus... « Fart et passé ex présances de Jéan Tarissan, acolite de la ville de Tournay et... (autres) (i).

(1) Reg. de , not. de Bourg, 1723, 17 juillet. — 55

CHAPITRE XII — (

STATUTS COMMUNAUX DE BOURG RÉDIGÉS EN 1750

Les habitants de Bourg, en 1750, procédèrent deux fois à une nouvelle rédaction de leurs statuts communaux, une première' fois le 13 avril et une seconde fois le 16 décembre. Ces deux rédactions se ressemblent beaucoup; nous reproduisons seulement la dernière. « L'an mil sept cens cinquante et le sezième jour du mois de' décembre, au lieu de Bourg, après mid'y, maison comune, dioceze de Tarbe, sénéchaussée de Toulouse, régnant..., par devant moy, notaire royal soussigné, présens les témoins bas nommés, constitués en leurs personnes Jean Toujas et Raimond Bégué, consuls du lieu de Bourg, assistés de M®-Louis Bordères, archiprètre (suivent les noms de 38 habitants), faisant tant pour eux que pour les autres absans, manans, habitans dudit lieu, s’étant assemblés au son de la cloche, au lieu ordinaire, en la forme et manière accoutumée, il a esté représenté par ledit Toujas, premier consul, que la comm[u- naujté, estant réglée ehtiennement par des estatuts authorizés par la Cour, contenant règlement sur divers faits de police, il est arrivé que ces estatuts et arrêt d’homologation diceux se sont perdus, en sorte que depuis cette perte les habitans nont plus observé les règles prescrites par les estatuts et commettent journellement des abus, soit en contravenant aux ordres qui leur sont donnés par les consuls pour le fait de la police, soit en faisant depaitre leurs-bestiaux dans le temps prohibé, dans les preds et terres des particuliers dudit lieu de Bourg et comme dans ces circonstances il importe à la comm[u- naujté de rétablir le bon ordre dans le lieu et d’arrêter les abus qui s’y sont glissés par la perte et inexécution qui s’est énoncée desdits estatuts, il a esté unanimement délibéré de se pourvoir devant nos seigneurs du Parlement de Toulouse, pour y demender à Monsei­ gneur le procureur général de ladite Cour du Parlement lauthori- zation et homologation de la présente délibération, contenant divers articles consernant la police qui doit estre exercée dans ledit lieu de Bourg, pour qua lavenir les particuliers et habitans dudit lieu ne puissent se soustraire à la police et aux ordres des conseuls, auquel effet ladite comm[unau]té- a nomé ledit Jean Touias, premier — 56 — consul, pour sindic, auquel il est donné plain pouvoir de faire les diligences necessaires pour parvenir a la susdfite] authorisation et de demender devant nos seigneurs de Parlement, quen authorisant la présente délibération, il luy plaise donner quelle sera exécutée selon sa forme et teneur, et quen concequence qui 1 sera permis aux conseuls en place ou qui seront només a ladvenir, de taxer le pain, de laugmenter ou diminuer, suivant les occurances en se conformant dans tout le temps a la valeur des grains de chaque espèce. « Comme aussy leur permetre de taxer le vin et visiter les mesures, et au cas il sen trouverait des courtes, leur prmetre de les confisquer et decerner une amende de vingt sols, sur chaque particulier et habitant qui sera trouvé en contrevantion, applicable, la moitié a la comm | unau | té, et huître moitié en faveur du luminaire de léglise dudit lieu de Bourg. « Comme aussy de permetre auxdits conseuls de taxer dans tous les temps de la viande qui se débitera dans ledit lieu, den examiner la qualité et de la confisquer en faveur des pauvres, et au cas elle ne se trouvera pas de la qualité requise, quil leur sera aussy permis detaler les poids et les mesures des h|abit]ans de mesme que les pugneres dont le munier dud| it] lieu se sert pour percevoir son droit de moture et dans les cas que lesd[ites] pugnéres ne se trou­ vassent conformes à celles du lieu leur permetre de les confisquer et de condamner en outre le munier à une amande de trois livres a chaque contrevention au profit la.moitié en faveur de la commfu- nau]té et l’autre moitié au profit du luminaire de léglise dud[it] lieu. « Comme aussy que tous les particuliers et habitans seront tenus de se rendre aux assemblées de la comm [unau]té, aux jour et heures quils y seront mandés, à paine de dix sols damande qui sera décernée a chacun des contrevenans, applicable comme dessus. « Comme aussy que lesdjits] particuliers et habitans seront tenus dobéir aux conseuls, lorsquils seront mandés pour faire les maneu- vres et les traveaux necessaires a lutilité publique, comme sont les réparations des chemins qui en auront bezoin et qui seront indiqués par lesdjits] conseuls, les réparations des fossés qui aboutissent aux grands chemins et qui confrontent les pièces de terre desdfits] particuliers et habitans qui auront négligé de les faire recurer et permetre auxd[its| conseuls, concernant le recurement desdjits] focéj, de les faire refaire aux fraix et dépens des propriétaires des terres, lesquels seront tenus de paier auxdjits] conseuls les frais quils auront expozés a lefet dud[it] recurement, à la première som­ mation qui leur en sera faitte par le baile dud|it] lieu, à paine de saizie de leurs effets jusques et a concurrance des fraix que lesdfits] conseuls auront expozés pour led|it] recurement et permetre de decerner une amende de vingt sols contre chacun des contravenants applicable comme dessus. « Comme aussy permetre auxdfits] conseuls denjoindre auxdfits] particuliers ou habitans de garder ou faire garder les bois et forets appartenant a lad | ite] communauté de Bourg les jours quils y seront indiqués et à tour de rolle, à paine de pareille amande de vingt sols, contre chacun des refusans applicable comme dessus, comme aussy permetre auxdits conseuls assistés de deux prudhomes destimer les dégâts et domages, qui seront causés par les bestiaux ou habitans dud. lieu dans les fonds, terres', preds, vergés apparte- nans aux particuliers et habitans dud fit] lieu, sils en sont requis, le délinquant ou le propriétaire des bestiaux préalablement appelé par le valet des conseuls, pour voir faire lad [ite] extimation, à raison de quoy, il sera paié aux conseuls pour leurs droits, six sols pour chaque pièce quils extimeront, et permetre auxdits conseuls de faire exécuter le délinquant, en concequence de leur condamnation, et ce, par le valet desdfits] conseuls comme aussy permetre aux susd. conseuls de cognoitre des deptes des particuliers et habitans dud fit] lieu, jusques à la somme de trente sols, et qua raison de ce ils continueront de tenir audiance chaque judy de la semaine, et quil leur sera paié pour chaque condamnation six liards, conformément a l’usage de tout temps observé, et encore a esté représenté par ledit Toujas premier conseul quentiennement la comm[unau]té estoit régie par des estatuts authorisés par la Cour contenant divers chefs de règlement a raison des dégradations qui se commetent dans les bois et forêts de ladite commfunau] té, glandage et dépaissance dans lesdites forêts et bois, lesquels estatuts et jugement d’authori- sation la communauté a eu le malheur de perdre en sorte que depuis cette perte tant les habitants dudit lieu de Bourg que les particuliers et habitans des lieux circonvoisins ont comis et cometent journele- ment une infinité des dégradations dans les susdits bois et forêts, y font conduire et y conduisent leurs bestiaux en temps de glandage, en sorte que la plus grande partie desdits habitans dud [it] lieu sont privés par là des usages quils ont dans lesdites forêts et bois comuns, et comme il importe à la communauté de remédier a tous les abus qui se sont glissés depuis la perte desdits estatuts et déviter à lavenir les susdites dégradations et susdites dépaissances faittes dans led [it] bois et forêts, et à cet effet lad [ite] assemblée a nomé pour sindic led [it] Touias, premier conseul, auquel la comm[unau]té donne pouvoir de demender devant Iesdits seigneurs des requettes, juri­ dictions des eaux et forêts au souverain, qu’inibitions et deffences soint faittes, tant aux particuliers habitans dud | it] lieu de Bourg, qu’à tous autres des communautés circonvoisines, de couper aucunes espèces d’arbres dans les bois et forêts de la comm [unaujté, mesme a paine de trente sols d’amande, que les délinquants qui seront surpris à couper des arbres seront tenus paier, la moitié a la comm | unau] té et l’autre moitié au luminaire de léglise dud [it ] lieu de Bourg, pour chaque pied d’arbre qu’ils auront coupé, et en outre et par dessus la .valeur du bois que les délinquans seront aussy tenus paier suivant l’estime qui en sera faitte par les conseuls et prudhomes dud [it] lieu, laquelle amande sera paiée par Iesdits particuliers et habitans, sur la réquisition qui leur en sera faitte par le valet des conseuls, et en cas de refus permetre auxdits conseuls de procéder par exécution sur leurs meubles et effets, jusques a concur- rance desdites amandes seulement. « Comme aussy faire inhibitions et deffences auxdits particuliers et habitans dudit lieu de Bourg et autres des communautés circon­ voisines, de ramasser des glands dans Iesdits bois et forêts de ladite communauté et au-dessous des arbres en dépendants, quoyque séparés desdicts bois et forêts, ou qui en seront tombés, pour les faire manger à leurs couchons, au préjudice. des autres habitans dud. lieu, à paine de trente sols d’amande contre chacun des contra- venans et délinquans, applicable, moitié a la communauté et l’autre moitié au luminaire de léglise dudit lieu, comme aussy leur faire inhibitions et deffences de mener leurs couchons dessous les chesnes avant le lever du soleilh ou qui refuseront de joindre leurs couchons aux troupeaux qui seront gardés par les pasteurs publics sous paine de pareille amande. « Comme aussy quil sera fait pareilles inhibitions et deffences a tous ceux qui entreprendront d’introduire des couchons estrangers dans les bois et forêts de la communauté, en temps de glandage; sans le consentement de la communauté, à paine contre ces derniers de trente sols d’amande pour chaque couchon qui sera surpris dans Iesdits bois et forêts, auquel effet permetre a la communauté de pignorer Iesdits couchons et de les garder, jusques à ce que l’amande — 59 — cy-dessus sera paiée aussy bien que les fraix qu’elle expozera pour la nourriture et entretien desdits couchons. « Comme aussy quil sera permis à la comm [unau] té de décerner une pareille amande de trente sols contre chacun des particuliers et habitans de ladite communauté qui refuseront ou différeront de se rendre, sans pretexte légitime, à l’assemblée de ladite commu­ nauté, le jour et heure quils y seront mandés, et ce pour planter des chesnes ou autres arbres dans lesd [ites] forêts et bois, ladite amande aplicable comme dessus. Et enfin de demender qu’atendeu que les particuliers et habitans dudit lieu ne veulent ny ne prétendent point laisser aler leurs bestiaux dans les fonds des communautés de , Benqué,- Sarlabous, , , et Cas- tillon, les plus voisines du lieu de Bourg pour y faire paccager en aucune saizon de lannée, ny aler couper aucune espèce d’arbres, ny bois, dans les forêts appartenantes auxdites comm[unau]tés, il soit fait inhibitions et deffences aux particuliers et habitans desdites comm [unau] tés de métré leurs bestiaux dans le fonds appartenant auxdits h[abit]ans du lieu de Bourg, tant en comun qu’en particu­ lier, et pour y pacager en aucune saison de l’année, ny couper des arbres d’aucune espèce dans les bois et forêts appartenant à ladite communauté de Bourg et de demender enfin qu’en cas de contra­ vention en tous les faits cy-dessus énoncés, quil en sera enquis d’authorité de la Cour, par devant le premier magistrat royal requis sur les lieux, pour l'information faitte estre estatué lequel appar­ tiendra, comme aussy de demender que les conseuls connaîtront du partage des eaux pour l’arrozement des preds des particuliers dudit lieu de Bourg. Ainsin a esté délibéré. Fait et passé en présence de Me Martin Bordères, prêtre et vicaire, et le sieur Jean Labède, étudiant, du lieu de Marsous... » (i).

(1) Reg. de Guchan, 1750, ]>. 130. CHAPITRE XIII

ADDITION AUX STATUTS COMMUNAUX DE BOURG

En 1774 les habitants de Bourg revinrent un peu sur quelques-uns des statuts précédents. Nous publions ci-dessous la délibération qui fut prise à cet effet. « L’an mil sept cens soixante quatorze et le vingt-septieme jour du mois de juin..., présents... (suivent les noms des deux consuls de Bourg et de quarante-trois autres habitants de cette localité), a été représenté par le premier consul, qu'il n’est que trop notoire que la communauté de Bourg n’a aucune espèce de revenu et que pour suppléer annuellement a des dépences quelle est forcée de faire, les consuls en place doivent souvent emprunter, souvent même faire des avances dont ils ne sont jamais remboursés, que ces considéra­ tions jointes à bien d’autres l’ont porté a proposer à l’assemblée. « 1" Si elle ne trouverait bon d’affermer, chaque année, au plus offrant, le droit de boucherie dans Bourg et dè faire du premier bail qui en sera concenty, un titre si sûr a l’avenir que personne autre que le fermier ne puisse y tuer, ny débiter aucune espèce de viande, sous les peines à imposer, et, à cet effet, rézerver aux consuls et quatre autres membres choisis par eux, le droit de taxer les viandes de chaque bette que le boucher tuera et de luy décerner des amendes,' s’il viole les loix que la communauté luy imposera dans le bail. « 20 Que la communauté n’ignore sans doute pas qu’elle a le droit, suivant les reconnaissances, de taxer tout le vin que les cabaretiers peuvent vendre dans Bourg, qu’il serait essentiel qu’elle renouvellât un droit quelle sut si bien conserver, à quoy elle ne saurait mieux réussir qu’en donnant un nouveau pouvoir aux consuls en place et après eux leurs successeurs de se transporter, quand bon leur semblera, chés chacun des cabaretiers, affïn de leur faire déffences de vendre ny débiter à l’avenir aucune espèce de vins dans le lieu de Bourg, qu’au préalable les consuls n’ayant été requis d’en faire la taxe, et à deffaut leur permetre de pignorer lesdits cabaretiers, de douze livres pour chaque contrevention. — 6( — « 3° Que la communauté elle-même reconnaît un grand abus sur l’aquit des pignores qu'on décerne, qu’il ne serait pas moins inté­ ressant de renouveller les peines auxquelles la communauté s’est plusieurs fois assujetie et de fixer, une fois pour toutes, la pignore que chaque contrevenant payera, du moment quelle lui sera léga­ lement décernée. « Considérant ladite communauté que le raport de leur conseil ne luy est pas moins utile qu’avantageux, charmée d’arrêter les abus qui se sont glissés dans ladite communauté, tant au sujet des bouche­ ries que pour la conservation de tous et chacuns les autres droits. A cet effet, tant lesdits consuls que tous les autres délibérants, après avoir mis la boucherie aux enchères pendant trois dimanches consé­ cutifs, ont baillé et par ces présantes font bail à ferme et rentement en faveur de X, dernier enchérisseur, habitant dudit Bourg, icy présant et acceptant du droit de boucherie exclusive à tout autre dans le lieu de Bourg, aux clauses, conditions et stipulations cy après exprimées, scavoir que ledit X sera tenu de tuer chaque semaine pendant la durée du bail un veau de lait, dont la vente sera faite aux habitants de Bourg, prefferablement aux étrangers. Sera libre audit X d’y ajouter, s’il le juge bon, veau et vache, bons et mar­ chands et dont la vente sera faite, ainsy qu’il demure expressément convenu, conformément à la taxe de la ville de Bagnères, s’assuje- tissant par même clauze tous les délibérants d’aller chercher les viandes dont ils auront besoin chez ledit X, sous peine de payer sur chaque contrevention la somme de trois livres, pour le payement de laquelle pignore, les Consuls en place pourront prendre les voies les plus rigoureuzes et sera ladite somme partagée par égales parts entre ladite communauté et leur fermier. S’oblige ledit X d’avertir les consuls en place affin de vérifier toutes et chacunes les bettes qu’il tuera; et, a suposer que ces bettes ne fussent pas de la qualité requize, lesdits consuls, conjointement avec leurs assistans, pourront reffuser lesdits bestiaux et deffendu audit X de les tuer, donnant pouvoir ladite communauté audit X si aucun particulier ou débiteur à Bourg ou ailleurs de se pourvoir où et devant qui il appartiendra pour réprimer ses entreprises, promettant ladite communauté de faire authoriser, si besoin est, la présente délibération par Monsei­ gneur l’intendant, les suplications de droit préalablement faites, faisant ladite communauté la présente afferme pour le temps et espace de huit mois, à comancer de ce jour, et. ce, moyenant la somme de quatorze livres, à quoy s’est portée la dernière surdite — 6^ — dudit X, laquelle somme ledit X promet et s’oblige payer aux fettes de la Noël prochaine. « Et a ce a comparu le sieur Y, maitre en chirurgie, lequel, après avoir pris connaissance du contenu, par la lecture que nous en avons faite, et affin d’assurer à ladite communauté les clauzes du présent bail, a de son pur grée et volonté, bien libre, pleigé et cautionné pour ledit X et promet en son propre à deffaut de payement au dellay convenu, d’exécuter les clauses, conditions et stipulations annexées au présent bail, s’obligeant ladite communauté de faire jouir ledit X bien paisiblement de l’effet dudit bail et luy porter, en cas de trouble, la pleine éviction et garentie de fait et de droit. « Et quand' aux réquisitions faites par ledit Toujas, premier consul, touchant la vente des vins qui se fait dans ladite commu­ nauté, les délibérants consentent que les consuls aillent chez tous les cabaretiers pour leur faire inhibitions de vendre aucune espèce de vins, qu’au préalable les consuls n’ayent été requis, et a suposer que les cabaretiers passassent outre aux deffences qu’on leur faira, la communauté sur le raport de leurs consuls, pignoreront chaque contrevenant de la somme de douze livres; seront à l’avenir tous et chacuns les vins débités dans ladite communauté, taxés par les consuls en place, auxquels il sera loisible de prendre tels assistans qu’ils trouveront à propos pour procéder à cette taxe. « Et touchant la dernière proposition, la communauté se soumet, conformément aux uzages anciens, de faire payement, sur les réqui­ sitions qu’on leur en faira, des sommes auxquelles leurs pignores pourront être fixées, et s’il est aucun dans la communauté qui s’y reffuze, les consuls pourront prendre contre eux les rigueurs de droit; Fit affin d’assurer l’exécution ponctuelle des présentes, ladite commu­ nauté pour l’un et l’autre a obligé et soumis tous ses biens. « Fait et passé, leu et récitté au lieu de Bourg, maison de la communauté » ( i),

(1) Reg. de Guchan, 1774, 27 juin. CHAPITRE XIV ?

STATUTS COMMUNAUX D’UZER

Ue g octobre 1775, les habitants d’Uzer, étant réunis en assemblée de communauté au nombre de vingt-et-un, reconnurent que les assemblées étaient le plus souvent « désertes ». Il fut unanimement convenu en conséquence que tout habitant qui, averti de se trouver à une assemblée, manquerait de s’y rendre, paierait une amende de dix sols, à moins qu’il n’eut de raison légitime. Il paierait la même somme pour tout « manquement » qu’il commettrait dans l’assemblée. Il ne serait permis à aucun habitant de couper du bois à moins qu’il ne l’eut acheté aux enchères. La personne préposée à la coupe se conformerait aux règlements pour l’aménagement du bois. Il n’était pas permis aux habitants de faire tomber les glands ni de les recueillir, mais il fallait mener les cochons sous les chênes pour les leur faire consommer. Celui qui irait contre cette défense serait passible d’une amende de 3 livres (1).

(1) Reg. de Dumoret, not. de Bagnères, 1775, p. 253. — 64 —

CHAPITRE XV

STATUTS COMMUNAUX DE CASTIUUON

« U’an mil sept cens soixante-six et le neufvième jour du mois d’octobre, au lieu de Castillon, après midy, en la place publique où les assemblées ont accoutumé de se tenir, par devant moy notaire royal soussigné, les témoins bas nommés se sont constitués en leurs personnes (suivent les noms des deux consuls et de vingt-et-un autres habitants du lieu), assemblés en corps de communauté, au son de la cloche, dans les formes accoutumées, a esté dit et représenté par lesdits (suivent les noms des consuls) qu’en suivant leurs uzages et coutumes de tout temps ils vendaient du bois aux particuliers habitans dudit lieu et les consuls en recevaient le montant qu’ils employoint à la décharge des affaires de la communauté, comme aussy de pignorer les délinquants qui se trouveroint à couper du bois dans le commun sans lavoir achepté, lesquelles pignores ils employent pour le luminaire ou réparations de leur églize; comme aussy de pignorer les refusans de venir à la communauté lorsqu’ils y sont mandés et de faire l’extimation du domage que leur pourrait faire contre l’autre, d’en faire payer le domage au délinquant; comme aussy de pignorer ceux qui refuseroint de venir à la courvée, lorsqu’ils y estoint mandés par lordre du consul, et comme il y a plusieurs particuliers qui ont détruit ces cotumes et pour ce fait lesdits consuls prient lassemblée de délibérer. « C’est pourquoy ladite communauté unanimement et par voix délibérative recognoissant que les représentations cy-dessus faittes par lesdits consuls sont fort justes et avantageuses pour la-commu­ nauté, il a esté convenu que, conformément à leurs uzages, que personne ne pourra couper du bois dans le comun, qu’au préalable ils ne bayent achepté et que le montant en sera payé aux conseuls et que le délinquant qui se trouvera à couper du bois sera pignoré de dix livres; de plus de pignorer ceux qui refuzeront de venir à l’assemblée de la communauté, lorsqu’ils y seront mandés, de cinq livres, conformément à l’ordonnance qu’ils ont obtenue de Monseigneur l'intendant; de plus de pignorer de trois livres ceux qui refuzeront de se rendre à la courvée de la communauté, lorsqu’ils — 65 — y seront commendés; comme aussy que lesdits consuls conformément à leur entien uzage fairont l’extimation du domage qui se cauzera dans les biens particuliers dudit lieu, et obliger le délinquant au payement dudit domage et fraix quils seront obligés faire. « Pour ce fait et comme les délibérans pour l’exécution de leurs uzages et coutumes pourroint avoir des procès contre quelque particulier, les délibérans s’obligent en corps de les poursuivre jusques à sentence ou arrest deffinitif. Et comme la présente délibé­ ration doit estre authorisée pour quelle puisse avoir son effet, c’est pourquoy lesdits délibérans ont donné et donnent pouvoir auxdits X et Y consuls den demender lauthorisation tant devant Monsei­ gneur Entendant que devant tous autres juges quil appartendra avec promesse de les relever indemne en tous dépens, domages et intérêts. Pour l’obligation de leurs biens qu’ils ont soumis aux rigueurs de justice. Fait, leu... » (i).

- - 1 (1) Reg. de Guchan, 1766, p. 112. — 66 —

CHAPITRE XVI r

STATUTS COMMUNAUX DE BENQUÉ « L’an mil sept cens soixante-quinze et le deuxième jour du mois de janvier, après midy, devant nous... ont comparu les sieurs (suivent les noms des deux consuls de la localité et de vingt-trois autres),, manans et habitans du lieu de Benqué, composant la plus grande et saine partie de la communauté, assemblés en corps, par mande, cloche sonnant, selon les uz et coutumes du lieu, a été représanté a laditte assemblée par le sieur X, premier consul, qu’il n’est que trop certain et bien notoire que les particuliers du lieu oublient souvent à dessein des règles sagement introduites dans le lieu, tant à raison des pignores qu’on fait journellement dans le bois que pour celles qu’on est en même de décerner à tous intans contre ceux qui étant mandés à l’assemblée se font un vray devoir de ne pas s’y rendre, que pour rétablir des uzages qui ne peuvent à tous égards qu’être avantageux au bien de la communauté, il serait bon d’estatuer par délibération sur le fait propozé et fixer quelles seront les pignores qu’on décernera à l’avenir à ceux qui violeront les clauzes de leurs conventions; qu’en second lieu, chaque particulier ayant chés lui un à deux cochons pendant toute l’année et n’ayant dans le lieu aucune personne propozée pour les garder en commun, ces sortes d’animaux cauzent journellement des dommages considérables sur le fonds •des uns et des autres, ce qui donne lieu à bien des discussions et qu’il serait également aizé d’éviter en établissant chaque année un gardien dans le lieu, auquel tout particulier ayant des cochons chez lui payera les droits conformément aux anciens uzages et suivant les conventions qui seront faites avec le gardien qui sera établi; qu’il ne serait donc pas moins intéressant de délibérer sur ce dernier chef et établir une pignore fixe contre ceux qui ayant consenty à la nomi­ nation dudit gardien garderaient chez eux leurs cochons sans les conduire aux lieux propozés. « Sur quoy laditte assemblée en corps ayant égard aux conditions faites par leur premier consul, considérant que le tout peut devenir avantageux au bien de la communauté; à cet effet lesdits délibérans, chacun en ce qui le regarde, ont convenu par exprès que si aucun d’entre eux vient à être pignoré dans la forêt, il sera tenu de payer — 67 — sur le champ et sans aucune sommation ni interpellation entre les mains des consuls, le montant de la pignore, telle que la plus forte voix trouvera à propos de fixer, et proportionnée au délit que le particulier aura pu cometre. « En second lieu, dès que les consuls auront droit de convoquer l’assemblée pour quelles affaires que puissent être, chaque particulier sera tenu d’y assister, sauf excuse légitime dont il sera tenu d’en prévenir le consul, sous peine de l’amende qui sera fixée par le premier consul lors de convoquation et au payement de laquelle amende les contrevenans seront contraints par saisie de leurs effets, ainsy que les délibérans en corps si soumetent, à l’exécution de quoy toute l’assemblée tiendra la main. « Et finalement quand à ce qu’il concerne le dernier cas proposé par ledit sieur consul, la communauté en corps se soumet de mener chaque jour ez lieux accoutumés tous et chacuns les cochons que chaque particulier pourra tenir et que la personne proposée à la garde diceux sera tenue de prendre, à l’effet de les garder en père de famille et éviter toute espèce de dégât sur le fonds cies particu­ liers, s’obligeant lesdits délibérants au payement du droit de garde tel que plus forte voix trouvera à propos..., et le tout à la soumission de leurs effets. Sera 'par le même moyen tenu le gardien choi/.i par la communauté de se conformer en tout aux uzages du lieu. Et sur aucun autre point laditte assemblée a trouvé bon de ne point déli­ bérer, mais pour l’exécution ponctuelle des présantes lesdits délibé­ rans en corps ont obligé et soumis leurs biens aux forces et rigueurs de justice. « Fait et passé, lu et récitté au lieu de Benqué, maison où l’on a accoutumé de tenir l'assemblée » (i).

(1) Reg. de Guchan, 1775, 2 janvier. CHAPITRE XVIII

STATUTS COMMUNAUX DE SARLABOUS « L’an mil sept cens quatre vingt un et le quatorzième jour du mois de janvier, de matin, devant nous, notaire royal du lieu de Bourg, présants les témoins bas nommés, ont comparu les sieurs X et Y, consuls régents du lieu de Sarlaboux, viguerie de Mauvezin, ayant la présence de (suivent trente-cinq noms), les tous manans et habitans audit lieu de Sarlaboux, formant la majeure partie des habitans, assemblés en corps de communauté par manière de cloche sonant, selon l’uz et coutume du lieu. « Le sieur X. premier consul, portant la parole, aurait représanté à l'assemblée que c’est avec un grand regret qu’il a vu par le temps passé une foule d’abus qui se sont glissés dans la communauté, le peu d’attention qu’on a portée à réprimer ces mêmes abus a été cauze qu’ils ont dégénéré peu à peu en un désordre des plus affreux. Le sieur consul demure parfaitement instruit que dans les archives de la comunauté il existait anciennement différents titres parmi les­ quels il en était un qui authorisait les sieurs consuls à taxer le pain, huilles, vin et viandes qu’on débiterait dans le lieu et faisait deffen- ces, tant aux bouchers que cabaretiers, de rien vendre ny débiter, qu’au préalable il n’en aurait obtenu l’agrement des sieurs consuls à qui il était dû certains petits droits sur chaque objet. « Il était permis par ce même titre aux consuls de Sarlaboux de donner audiance aux habitans une fois la semaine et de prononcer des condamnations jusques à trente sols inclusivement. « Les sieurs consuls demuraient enfin authorisés a conoitre de toute sorte de domages cauzés dans l’étendue du territoire, et pou­ vaient a raison de ce, rendre des jugements et les faire exécuter sans recourir à l’authorité de la justice. « Ce titre a été ponctueUement exécuté dans tous les temps. Ce n’est que depuis quelques années que l’exécution en a été suspendue par la seule indifférence que certains consuls ont montrée à uzer de leurs droits. « La négligence de ces consuls et leur inexactitude à remplir le devoir de leurs charges a été le motif de bien des discussions qui se sont élevées parmy les habitans. Le plus petit différen qui aurait — 69

CHAPITRE XVII

STATUTS COMMUNAUX D’ESPECHE

« ...Comme les assemblées se sont souvent aperçu du peu de police qui règne entre eux si vray qu’on ne peut rien délibérer ny convenir d’une façon légale, les délibérans, faisant aussy pour eux et pour les absents, ont convenu et promis de se rendre à l’avenir aux assemblées qui seront convoquées de la part des consuls sous telle peine qu'il plaira au seigneur intendant de fixer, à laquelle ils ont promis d’acquiescer, et au cas il en serait quelqu’un qui serait forcé de s’absenter pour des raisons légitimes, il sera tenu d’en pré­ venir le consul avant la tenue de l'assemblée et demander son agré­ ment, affin que ledit consul puisse en faire part à la communauté. « Convenu entre tous les habitans que si aucune bette à corne, tant jeune que vieillie, vient à mourir par quelque cas fortuit, le perdant en préviendra les consuls sur le champ, affin qu’on puisse procéder à l’extimation de la bette morte et la valleur luy en sera remise par tous les habitans, chacun par égale part, et supposé qu’on puisse métré a proffit la viande, elle sera aussi partagée de la même façon, le cuir vendu au proffit de la communauté ou précomté à celui qui perdra » (i).

(1) Reg. de Guchan, 16 avril 1777, p. 126. dû être jugé par les sieurs consuls a été du depuis le sujet de plu­ sieurs procès intentés devant le juge du lieu; les parties s’y sont écrazées en fraix et nombre de familles ruinées. « Le sieur X (premier consul) a fait faire des recherches dans les archives de la communauté et y a trouvé des mémoires, portant que le titre dont on a parlé cy-dessus, ainsy que certains autres non moins intéressants, avaient été brûlés lors de l’incendie arrivé dans Sarlabous, le 4 mars 1744, mais quoique ce titre ne soit plus au pouvoir de la communauté comme c’est icy un intérêt qui ne regarcie que les seuls habitans, l’assemblée est priée de déli­ bérer si elle dézire faire renaitre des droits qui luy avaient été concé­ dés dans les premières années et de faire à cet égard un règlement qui dors en avant tienne lieu de titre aux habitans. C’est la le seul moyen qui doive leur assurer la paix et la tranquillité. Sur quoy, la matière mise en délibération, après l’attention la plus sérieuse et considérant que .la proposition du sieur consul est des mieux placées, les assemblés faisant tant pour eux que pour les membres absents, ont unanimement et par acclamation convenu et arrêté ce que suit. « Scavoir i° que, conformément au titre qui existait anciennement au lieu de Sarlaboux, les sieurs consuls en place chacun an seront et demureront authorisés a conaitre de tous et chacuns les domages qui seront cauzés dans l’étendue du territoire, soit par l’étranger ou entre les particuliers du lieu, a raison de quoy la partie plaignante pourra requérir verbalement les sieurs consuls et ceux-cy enverront de suite leur bayle chez la partie adverse, pour la sommer de se trouver a jour et heure fixe sur l’endroit où l’extimation devra être faite, et ce affin d’y déduire ses raisons si bon luy semble; et tant en sa présence qu’absence, il sera procédé a l’extimation du domage. Cella fait, les sieurs consuls rendront leur jugement qu’ils feront exécuter par saisie, arrestation et vente des meubles et effets du condamné; et pour rédimer les sieurs consuls des soins qu'ils pren­ dront dans ces sortes d’opérations, il leur sera payé d’abord après leur descente deux pots de vin ou la valleur d’iceux, outre les droits du bayle qui seront réglés par les sieurs consuls suivant l’exigence des cas. « En second lieu les sieurs consuls demureront authorizés a taxer le pain, huille, vin et toute espèce de viande qui serait vendue ou débitée en détail, dans le lieu de Sarlaboux et si au préjudice de ce règlement quelque habitant s’avize de rien exposer en vente sans en — 71 — avoir préalablement prévenu les sieurs consuls, et que la taxe n'en ayt été par eux faite ou qu’on reffusât de s’y conformer, le débitans qui sera trouvé en faute sera et demurera pignoré de trente sols pour la première fois, et de trois livres encas de récidive avec confiscation des objets qu'il vendrait, pour le recouvrement de laquelle pignore les sieurs consuls pourront faire saizir, arrêter et vendre les effets du contrevenant. Et pour que les sieurs consuls puissent remplir et fairé exécuter la présente convention ils fairont temps par temps et lorsque bon leur semblera des descentes chez les aubergistes, bou­ chers, boulangers, cabaretiers, leur fairont represanter leurs poids et mezures, et en cas de deffectuosités, ils pourront se nantir desdits poids et mezures, soit pour les égalités ou pour en faire faire des neufves aux. fraix et dépens de la partie qui se trouvera en faute. Denture convenu que tout cabaretier ou aubergiste sera tenu de donner aux sieurs consuls un pot de vin sur chaque barrique, grande ou petite, qu'il voudra vendre ou la valleur.d’iceluy, et par même moyen les sieurs consuls demureront authorisés à se faire payer ou délivrer en espèce une livre de viande, sur chaque bette qui sera tuée et débitée dans le lieu. « Il denture convenu et arreté en troisième lieu, que les sieurs consuls pourront donner audiance aux seuls habitans et contr’eux à la requête d’un étranger, chaque judy férié ou non férié, pourveu que ce ne soit un jour de fette auquel cas elle sera renvoyée au lendemain ou au premier jour utille. Et pour que les débiteurs ne soint pas condamnés sans être entendus, la partie acquérante les faira verballement assigner, un jour par avance par le bayle consu­ laire auquel il sera payé, suivant l’usage, un liard pour chaque assignation. Les sieurs consuls seront et demureront authorisés a acorder tel dellay que bon leur semblera, a faire des renvoys de jour a autre et pourront prononcer des condamnations jusques à trente sols de capital; tels jugements seront exécutés au préjudice des débi­ teurs par saizie et vente de leurs effets. 11 sera payé aux sieurs consuls pour leurs droits sur chaque assignation et avand de plaider un pot de vin ou la valleur d’iceluy. En quatrième lieu, les délibérants ont convenu que si aux assem­ blées de comunauté qui seront convoquées de la part des sieurs consuls, quelque particulier se trouve absent, sans en avoir pris et obtenu leur agrément ou qu’il n’ayt quelque raison légitime pour ne pas s’y rendre, tel défaillant sera et demurera multé de trente sols qui ne pourront être remiz ny modérés a moins que toute la cornu- nauté n’y consente et pour l’acquit de ces sortes de pignores les sieurs consuls pourront faire saizir et vendre les effets de ces parti­ culiers. « La même pignore aura lieu et sera payée dans la forme cy- dessus par ceux qui se présenteront aux assemblées de comunauté d'une manière indécente ou qui y proffereront des paroles injurieuses soit contre les consuls ou contre quelque membre de l’assemblée. « 5" Et comme la comunauté de Sarlaboux se trouve dépourvue de toute espèce de bois, ce qui vient du peu d’attention qu’on a eue a faire punir les délinquants, ce qui porte un préjudice réel non seulement aux habitans mais encore au seigneur marquis de Sarla­ boux qui a certaines prérogatives dans la forêt du lieu, dézirant les assemblés conserver le peu de bois qui y est, ils ont convenu et arreté que tout particulier qui sera trouvé dans la forêt de devant, coupant ou charriant du bois chenne, sera pignoré de trois livres, ce qui aura pareillement lieu contre ceux qui seront pignorés dans la forêt de darré, soit pour chenne ou pour haitre, pour le recouvrement de laquelle pignore les sieurs consuls pourront agir comme dessus. « Sixièmement, les sieurs consuls pourront, en temps de glandage, prendre, chaque jour, a tour de rolle, tels gardiens que bon leur semblera et si quelque habitant est trouvé abatant quelque chenne ou haitre, il demurera multé de trois livres et si l’on ne le trouve qu’a ramasser des glans sous l’arbre, il ne sera pignoré dans ce cas que de trente sols, lesquelles pignores ne seront remises ni modérées, pour quelque cause que ce soit, et, pour que les sieurs consuls puissent en faire faire exactement la rentrée, ils uzeront contre les pignorés tout et comme il est expliqué aux précédents articles. « Et finalement les délibérans ont convenu et demuré d’accord que quand aux corvées qui devront être faites, soit sur les routes royales ou dans l’étendue du territoire, chaque habitant sera tenu d’obéir en tout aux sieurs consuls sur la première interpellation qui luy en sera faite à peine de trente sols pour chaque bouvier et de dix sols pour chaque manœuvre ou journalier, laquelle pignore sera payée par le défaillant, sans tirer à conséquence sur la confection de sa tâche qu’il devra faire ou qui sera remplie à la diligence des sieurs consuls, à ses frais et dépens. Pour le paiement de tout quoy lesdits consuls pourront faire saizir et vendre les effets des corvéables retardés. « Et au cas les sieurs consuls seraient recherchés ou inquiétés a raison des conventions cy-dessus, ils pourront interpeller toute la comunauté qui promet et s’oblige de prendre leur fait et cause, et de faire toute sorte de poursuites à ses fraix. Donnant les assemblés plein pouvoir aux sieurs consuls en place de présenter, si besoin est, aj.i sieur intendant la presante délibération en le supliant de voulloir l’authoriser et de concéder a la comunauté de Sarlaboux les mêmes droits dont jouissent toutes les autres comunautés de la viguerie de Mauvezin, prometant les délibérants d’avoir pour agréable tout ce que par lesdits consuls sera fait, et de leurs fraix, peinnes, mizes et vacations les relever a peinne de tous dépens, soumetant les déli­ bérants, pour l’exécution des presantes, tous et chacuns les biens comunaux et particuliers aux rigueurs de justice, et promis de pas y contrevenir. « Fait et passé, lu et recitté au lieu de Sarlaboux, dans l’endroit ou les assemblées ont coutume d’être tenues. Presants Pierre Abadie, meunier, et Bernard Labat, habitans a Bourg, témoins a ce requis et appellés, soussignés avec les scachans non les autres pour ne scavoir, de ce requis par nous » (i).

(1) Reg. de Guchan, 1781, p. 13. — 74 —

CHAPITRE XIX

< STATUTS COMMUNAUX DE MONTGAILLARD

Nous lisons dans un document des archives de Montgaillard : « Le soussigné qui a vu le cayer des statuts et coutumes de la communauté de Montgaillard du 7 mai 1709, avec l’arrêt d’homolo­ gation du 14 novembre de la même année, estime qu’à partir des termes de l’article 31 desdits statuts, la communauté et les habitans sont fondés à empêcher que les étrangers quoique bien tenans dans le lieu, puissent introduire leurs bestiaux pour paccager sur les fonds des particuliers, dans les terres vêtés par les statuts, c’est-à-dire depuis Notre-Dame de mars jusqu’à l’entière perception des fruits. 2° l’article cité des statuts portant la peine de pignore contre les contrevenans... » Nous lisons dans un autre document des mêmes archives : « Vente chênes; après quoi nous avons fait dépense de 5 livres, et ce, pour leur droit de marques et crieurs, suivant l’usage des sta­ tuts locaux » (1).

(1) Arch. de Mongaillard. CHAPITRE XX

STATUTS COMMUNAUX D’ARRENS

« ...Lorsque le cas exigera que les consuls convoquent des assem­ blées générales de la communauté, ils pourront pignorer chaque particulier commandé par les dix anciens et qui y manquera, de 15 sous; comme aussi ils puniront de' la même peine chaque parti­ culier qui, après avoir énoncé ses raisons dans l’assemblée, ne voudra se taire, sur le commandement des consuls, pour laisser parler d’au­ tres particuliers, et ceux qui, pour troubler les assemblées, change­ ront de place. Les consuls dresseront procès-verbal de chaque pignoré, les feront signifier par le patrouillon avec serment de juge­ ment, et si les particuliers pignorés se refusent à payer la pignore et frais du verbal, les consuls, assistés de deux patrouillés, pourront se saisir des meubles du particulier pignoré et les pourront vendre sur la place commune, tout comme poyr les dernières raisons, sans autre formalité. « Art. 11. Seront tenus les consuls de commander les patrouilles pour empêcher les chalibaris, les danses publiques et tous autres attroupements et divertissements que les consuls estimeront etre contre la religion, contre le repos public et contre la saine police, qui doit faire la tranquillité et le bien d’unè communauté, à peine contre les consuls et patrouillés d’être pris à partie, de répondre des dommages et intérêts qui peuvent en résulter et d’être punis comme fauteurs de désordre. « Art. 12. Les consuls et patrouillés seront tenus de faire la recher­ che des choses volées, sur la première réquisition de la partie ou du particulier volé, sans aucun retard, et s’ils les trouvent, ils en dresseront procès-verbal -sur-le-champ, en rendant les choses ou effets dérobés au particulier volé, avec un extrait du verbal pour qu’il puisse suivre le voleur, si boiv lui semble, et dans tous les cas lesdits sieurs consuls seront tenus de faire subir 24 heures de prison au voleur; après lesquelles il sera conduit par la rue du village par quatre patrouillés, portant sur lui un échantillon de la chose volée; et ils pourront briser la porte de celui qui se refuserait de l’ouvrir pour faire la recherche. — 76 — « Art. 13. Les consuls et patrouillés seront tenus de faire la visite des cabarets pendant les offices, divins, les jours de dimanche et fêtes, pour empêcher qu’on n'y profane les saintes œuvres. » Ces jours-là, les cabarets étaient fermés à 9 heures du soir. Ceux qui refusaient de sortir du cabaret étaient condamnés à vingt-quatre heures de prison et à une amende de 4 livres 1 sou. Les cabaretiers encouraient la même peine. « Art. 14. L’expérience nous apprend que les affaires ne peuvent que très difficilement se traiter et se terminer dans les assemblées générales nombreuses de la communauté parce que dans ce grand nombre il y a des inquiets, et souvent ceux qui n’ont rien à perdre troublent les assemblées. «‘Art. 19. Dans la première huitaine de janvier, les consuls doi­ vent élire deux sujets pour faire pendant une année les fonctions d’étaleurs ou vérificateurs de poids et mesures, lesquels vérifieront, toutes les fois qu’ils jugeront à propos, les poids et mesures de ceux qui vendront et détailleront des marchandises au public pour empê­ cher qu’il ne se commette de fraude, et s’ils trouvent quelqu’un qui vende à faux poids ou à fausse mesure, ils en dresseront procès- verbal sur-le-champ et le remettront aux consuls. La communauté mulctera le coupable de 50 livres, et, en cas de trop grande fraude, le coupable sera poursuivi devant les juges compétents, à la requête des consuls et communautés pour le faire punir suivant la rigueur des lois et ordonnances. « Pour se conformer à un usage très ancien, on continuera de payer r liard pour chaque tête de pie, geai, corbeau et passereau ou moineau; 6 livres 15 sous pour chaque prise de loup; 13 livres 10 sous pour chaque prise d’ours. On ne paye pas plus pour chaque ventrée desdits animaux, quel que soit le nombre des petits. Demeure expliqué que les peaux des ours et des loups se payent » (1).

(1) B. de L agrèze , Histoire du Droit dans les Pyrénées, passim . CHAPITRE XXI — é

STATUTS COMMUNAUX DE

Froidour dans ses Lettres, nous fait connaître ainsi les statuts communaux de Campan. « Les habitants de Campan, pour conserver entre eux une par­ faite union et pouvoir vivre en repos dans l'exercice de leur commerce, se sont eux-mêmes fait des loix qu’ils ont faict homolo­ guer au' Parlement pour leur donner plus de jfoids et plus d’au- thorité. Celles de la première classe regardent la religion, le service divin et marquent ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter quand on porte le Saint-Sacrement aux malades. Et surtout parce que les montagnes estant pleines de loups et d’ours qui y sont attirez par la nature du pays et par la grande quantité de bestail qu’il y a, les habitants sont obligez pour la conservation de leurs bestiaux, d’avoir quantité de chiens qui n’ont pas moins de férocité que les loups et les ours, ces loix en recommandent fort la garde, tant pour empescher le scandai que pour prévenir les fâcheux accidents qui pourraient arriver de leur abandonnement, notamment pendant qu’on porte ainsy le Saint-Sacrement. « D’autres concernent la conduitte des hommes et deffendent les querelles, les jurements, les blasphesmentz, les injures et touttes violences et voyes de faict soulz certaines peines et règlent la manière de procéder quand il surv ient quelque différend entre les habitans de sorte que quand quelqu’un prétend quelque chose contre un autre, sy la partye ne la lui accorde de gré a gré, il doit s’a­ dresser aux consuls qui à l’instant mesme mandent la partye, et ayant ouy l’urie et l’autre ordonnent ce qui leur parroist raisonnable. Sy la chose dont il s’git est au-dessus de leur connoissance, ils prennent conseil de deux ou trois advocats, sur l’avis desquels ils décident: et sy elle estoit sy espineuse que les advocats y trouvassent quelque difficulté considérable, pour lors ils permettent aux partyes de plaider par devant les juges de la province; mais quoy qu’ils ordon­ nent, cela est ponctuellement exécuté comme un arrest de cour souveraine et avec la dernière soubmission. — 78 — « Pour arrester prisonnier, quelque criminel que ce soit, on ne faict que lui envoyer la clef de la prison, afin qu’il ait à s’y rendre, et sy, après un troisième adveVtissement, il ne s’y rend pas, toutte la vallée se déclare contre lui et le contraint ou à obéir, ou à quitter le pays sans espérance de retour, parce que a mesme temps qu’il en est sorty on se saisit de tous ses bestiaux et de ses autres effects et on ruine de fonds en comble sa maison et ses granges, de sorte que, par ce moyen, chacun est contenu dans le devoir. « Comme toutte la richesse consiste aux preries et pasturages, ainsy que je vous l’ay remarqué, ces lois ont aussy pourveus a tous les inconvéniens qui peuvent naistre a ce sujet entre les habitans, soit pour la distribution des eaues et arrousement des prez, soit pour le passage, port, par la route, des prez et transports des foins. Et, outre les consuls qui sont au nombre de six, il y a deux anciens habitans qui ont passé par ce consulat qui sont appelez gardes de la vallée, dont la fonction est de visiter les lieux pour raison desquels il y a contestations, et de les terminer ou et en faire leur rapport devant les consuls » (i).

(1) Lettres écrites par M. Froidour, publiées par Paul Castérau. — *9 —

TAULE DES MATIERES

Pages

I ntroduction :

I. Fors, reconnaissances et statuts communaux ...... 3 II. Contenu des statuts communaux ...... 4

C hapitre P r e m ie r . — Statuts communaux de Pouzac rédigésen 1571. 9

C hapitre II. — Statuts communaux de Pouzac rédigés en 1596.... 10

C hapitre III. — Statuts communaux de Trébons rédigés en 1590 et 1616 ...... 14

C hapitre IV. — Révision des statuts de Trébons de 1616 faite en 1769 22

C hapitre V.— Statuts communaux de Luz rédigés en 1495 ...... 28

C hapitre VI. — Statuts communaux de Luz rédigés en 1611 ...... 31

Chapitre VII. — Statuts communaux d’Orignac ...... 33

C hapitre VIII. — Statuts communaux de H iis ...... 41

C hapitre IX. — Statuts communaux d’Ordizan ...... 45

C hapitre X. — Addition aux statuts communaux d’Ordizan ...... 51

C hapitre XI. — Statuts communaux de Bourg rédigés en 1723.... 52

Chapitre XII. — Statuts communaux de Bourg rédigés en 1750.... 55

Chapitre XIII. — Addition aux statuts communaux de Bourg ...... 60

Chapitre XIV. — Statuts communaux d’Uzer ...... 63

Chapitre XV. — Statuts communaux de Castillon ...... 64

C hapitre XVI. — Statuts communaux de Benqué ...... 66

Chapitre XVII. — Statuts communaux d’Kspèche ...... 68

C hapitre XVIII. — Statuts communaux de Sarlabous ...... 69

C hapitre XIX. — Statuts communaux de Montgaillard ...... 74

Chapitre XX. — Statuts communaux d’Arrens ...... 75

C hapitre XXI. — Statuts communaux de Campan ...... 77

Tarbes. Imprimerie LESBORDES, 8, rue Péré.

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