N°91 Août - Septembre 2017 Abonnement annuel : 18€ Tirage : 4400 exemplaires Communes Lafarre : château du Cros de Lafarre (Haute-Loire) Barges Coucouron Lachapelle Graillouse Lafarre Fanny Gimenez Lanarce Langogne Lavillatte Le Bouchet St-Nicolas Lesperon Naussac-Fontanes Pradelles St-Alban-en-Montagne St-Arcons-de-Barges St-Etienne-du-Vigan St-Haon St-Paul-de-Tartas Page 17 : le trésor caché de Lafarre

Association LAVE (entre Loire et Allier pour Vivre Ensemble) - Chemin du Ruisseau 43420 Pradelles Courriel : [email protected] - Facebook : Lave Asso Sommaire Feuille volante : appel de cotisations Poème : la cour de mon écolep. 3 Edito Le baron Haussmann (fin) p. 4 et 5 Pradelles : quinze août dans La responsabilité des articles n’engage que leurs auteurs les années 50 p. 6 et 7 Chers lecteurs, voici le rencontre avec Alain Four- pas à lui transmettre vos Actualité : Luc Renoux p. 7 me Les amanites tue-mouches p. 8 et 9 premier édito du nouveau cade. Il a suggéré à M le souvenirs, photos et les pe- St-Paul-de-Tartas : Clémence directeur de publication. Maire de me demander tites histoires qui ravissent et Emile Valette p. 10 et 11 René Bargès a marqué d'être le correspondant de nos lecteurs. Costaros : 80 ans de la créa- cette fonction de son «Volcan» pour Le Bouchet tion de la commune (fin) p. 12 et 13 ème Le Bouchet St-Nicolas : expo- charisme et de sa compé- Saint-Nicolas. De fil en ai- 16 assemblée sition Stevenson p. 14 et 15 . Humblement, j'es- guille, la vie est faite de ha- générale à Alleyras : Epitaphe pour une taupe p. 15 saierai de mettre mes pas sards, voici, aujourd’hui, De nombreux interve- Lieux insolites / objet insolite p. 16 Lafarre : le trésor caché p. 17 dans les siens. mon nom écrit au pied du nants ont exposé les diffé- Langogne : histoire de crues p. 18 et 19 Il y a d'abord la retraite, sommaire du bimestriel de rents points à l’ordre du Alleyras : la passerelle sur le choix de la passer dans l'association L.A.V.E. jour. Notons que : l’Allier, à Vabres p. 20 et 21 Coucouron : le triathlon p. 22 et 23 le village de sa naissance ; Le choix de René de le - l’approbation des rap- L’ours qui n’avait pas d’amis p. 24 on écoute tous les conseils remplacer et de tous les ad- ports et des comptes s’est Nos lecteurs nous écrivent p. 25 avisés qui serinent qu'il ministrateurs de m'avoir faite à l’unanimité Recette : tarte au St-Nectaire p. 25 St-Etienne-du-Vigan : les faudra s'occuper ; on ac- coopté et choisi m'honore ; - notre association se com- soeurs Chabert p. 26 et 27 cepte de petites occupa- c’est une responsabilité que pose de 720 adhérents, soit Manifestations - Vie paroissialep. 28 et 29 tions à droite et à gauche j'essaierai d'assumer et une progression de 5% Rétrospective p. 29 Bloc-notes p. 30 qui, cumulées, font presque d'assurer du mieux qu'il me - la commune Lachapelle St-Haon : école communale autant qu'un plein-temps. Il paraîtra. Le patois m'inté- Graillouse a adhéré de Jagonzac en 1960 p. 31 y a les rencontres, l'idée de resse et me passionne, j'es- - il manque des corres- Patois : celui qui faisait pous- ser des noix p. 32 s'impliquer pour ne pas saierai de le faire revivre à pondants sur les communes rester indifférent à la vie de travers ces lignes. La de Landos, Alleyras, La- la commune. Il y a un an, C.P.P.A.P. demande, pour villatte, Vielprat et Lanarce je ne connaissais «Volcan» satisfaire à ses statuts, que - le montant de l’abonne- que pour avoir lu quelques soient insérés des articles ment reste inchangé articles que je trouvais en lien direct avec l'actua- - de nouveaux administra- intéressants, dans les lité. Pourquoi ne pas es- teurs : Jacques Auger et Ni- exemplaires qui étaient sayer d'y satisfaire ? cole Chaze nous ont rejoints distribués dans ma boîte L'actualité se nourrit de - un nouvel événement aux lettres. Puis il y a eu la l'histoire et la vénère. Tenter «Mémoire en fête» pour de les faire cohabi- l’été 2018 est prévu ter ne semble pas - dès la rentrée scolaire, Association L.A.V.E. - 43420 Pradelles hérétique. nos salariées participeront Courriel : [email protected] Jean-Louis Blanc à l’animation d’activités SECRETARIAT : périscolaires dans des Fanny Gimenez : 07 82 26 64 05 Nous avons le écoles rurales Aurélie Vidal : 06 30 60 64 46 plaisir d'accueillir Gilbert Lefebvre MISE EN PAGE : Aurélie Vidal REDACTION : Association L.A.V.E. René Saussac, DIRECTEUR publication : Jean-Louis Blanc nouveau corres- IMPRIMEUR : Imprimerie Jeanne d’Arc pondant sur la 43000 Le Puy-en-Velay - 04.71.02.11.34 commune de Cou- Dépôt légal à parution couron ; n’hésitez N° CPPAP : 0419 G 87724 N° ISSN : 1761 - 5828 René Saussac

Lors de la 16ème assemblée générale de L.A.V.E. Vie d’autrefois Article de René Bargès, photos de Robert Robert et Suau Pradelles : quinze août dans les années 50

Dans ma lointaine enfance, un avant 6h pour y être à 6h30 ; puis seul jour-là, qui allaient garder les peu isolés de tout dans mon hameau de retour, vite se changer, assurer vaches le soir ; aucune clôture ardéchois, nous attendions avec im- la traite, prendre un petit déjeuner n'existait à l'époque, on rentrait les patience ce jour-là qui était notre rapide et partir garder les vaches. bêtes de midi à 16 heures et il seule vraie fête et sortie de l'année ; En principe ce jour-là, les hommes fallait des gardiens matin et soir. nous en parlions entre vachers plu- partaient le matin prendre le car à Les femmes et les enfants partaient sieurs semaines avant et après ! 7 heures afin d'arriver à Pradelles donc en début d'après-midi pour aller prendre à 14 heures le car de Lanarce au village de Lesperon ; nous arrivions environ une demi-heure après à Pradelles. Mais croyez-vous que nous allions à la fête en arrivant ? Pas du tout, il fallait vite se rendre à la chapelle et suivre la procession qui durait une bonne heure ! Après la procession, nous regardions le pas- sage du corso fleuri, c’est seulement ensuite que nous faisions un peu la fête et quelques tours de manège, nous admirions les divers stands : la femme sans tête, celle qui se mouvait au milieu de verres tranchants, ceux qui essayaient de grimper au mât en- duit de graisse, le casse-pipe… Fête du 15 août 1930 à Pradelles Mais l'heure tournait ! Maman te- nait toujours à nous offrir un petit souvenir, tant pour notre vachère que pour moi ; je me souviens par- ticulièrement d'une année où elle avait acheté une broche avec une paire de sabots pour celle-ci et pour moi un chalet avec deux person- nages qui sortaient alternativement pour annoncer la pluie ou le beau temps (je le possède toujours). Oui mais voilà, quand appro- chaient les 18 heures… Vite, le car allait partir et il ne fallait surtout pas le «manquer» ! De retour à la maison, on devait Procession du 15 août 1986 à Pradelles se changer pour assurer la traite, 1 Jean-Louis Moulin – 2 Roland Jouve – 3 Jules Monnier – 4 Julien Chaze mais quelle belle journée remplie de 5 Emile Dumas – 6 Jean Suau – 7 Félix Guérin – 8 Marcel Leyre – 9 M. Bernard souvenirs, de rêves, jusqu'au pro- 10 Abbé Blanc – 11 Mme Bernard – 12 Henri Maurin – 13 Père Hébrard chain 15 août ! En quelques années tout ce Le matin du ''grand'' jour, nous pour aller à confession , assister à monde a été bouleversé ; avec devions nous lever tôt comme tous une messe bien sûr (il fallait voir l'adolescence sont apparues les les dimanches d'été afin d'aller as- l'emprise de la religion catholique dures réalités de la vie, la fin sister à la première (messe) à Les- en ce temps-là !), faire un petit tour d’une tendre enfance, innocente et peron, village voisin. Il fallait une de fête, boire un «canon» entre naïve et la brusque déchirure petite demi-heure en prenant le amis et reprendre le car pour le re- d'une évolution de nos vies, certes raccourci ; donc nous étions levés tour à midi, car c'étaient eux, ce nécessaire, mais trop rapide. Histoire Article de Jean-Louis Blanc, illustration de Stefaan Roels Ce que Stevenson a écrit sur le Bouchet dans ses notes et une exposition aujourd'hui C'est le dimanche 22 septembre Le passage le plus long 1878 que Robert Louis Stevenson est qui ait été retiré de la ver- arrivé au Bouchet Saint-Nicolas où, sion finale, qui arrive au terme d'une journée de péripéties après l'épisode de l'ai- avec son âne depuis le Monastier, il guillon, est celui-ci : s'est arrêté à l'auberge Barriol. Tous «La plus jeune fille, ceux qui ont lu le «Voyage avec un semble-t-il, n'était qu'une âne dans les Cévennes» se souvien- bergère insouciante, et son nent de l'épisode au cours duquel le père, pour lui enseigner de tenancier fabrique pour lui un ai- meilleures manières dans le guillon en lui disant : «le matin je futur, lui dit qu'il l'avait ven- vous ferai quelque chose. Une bête due pour être ma petite ser- comme ça ne ressent aucune dou- vante et me demanda de leur. Pour cette raison c'est dans le confirmer. «Oui, dis-je, j'ai nerie et garde un bon cœur sous des proverbe : dur comme un âne». Ste- payé dix demi-pennies ; C'était un circonstances physiques contraires ; venson a écrit au cours de son peu cher, mais...» «Mais,» interrom- une jambe comme un jambon, des voyage un récit sous forme de cha- pit le père, «Monsieur voulait faire épaules rondes, des cheveux comme pitres relatant quotidiennement son un sacrifice». Un peu après, elle sor- des ficelles goudronneuses, pour parcours. Ce texte a été publié en tit de la cuisine et, bientôt, le bruit autant que je sache, même ces pan- 1978 sous le titre «le journal des Cé- des sanglots arriva à nos oreilles, talons comme des sacs pendants vennes - Notes sur un voyage à tra- avec la rumination et le piétinement à propos desquels je me suis si sou- vers les montagnes françaises». C'est du bétail et des chevaux. La pauvre vent étonné, deviennent les vrais à partir de ces notes que Stevenson pleurait toutes les larmes de ses yeux types d'élégance et une humanité a écrit la version finale qui a été pu- dans l'étable. Tout s'est bien passé.» parfaite.» bliée de son voyage. Il a rajouté cer- Dans le dortoir, étonné de trouver Aujourd'hui, à la salle des fêtes tains paragraphes, modifié d'autres dans le lit d'à côté un jeune homme du Bouchet Saint-Nicolas, une ex- mais quelques lignes ont été laissées et sa femme, Stevenson décrit cette position présente le chemin de Ste- de côté ; elles n'ont pas été publiées situation ennuyeuse pour lui. Dans venson reconstitué en photos dans la version finale. la version publiée il a supprimé la d'après les textes originaux du livre Lors de son séjour au Bouchet, au phrase insistante sur la description «Voyage avec un âne à travers les moment du repas, Stevenson utilise de la femme : «elle avait de Cévennes». Elle est organisée par son propre couteau. «Le voyageur est bras, tout blancs et galbés ; si elle la Fl'ânerie de Stevenson, associa- censé manger avec son propre cou- dormait nue ou dans son vêtement, tion basée au Bouchet Saint-Nico- teau». Le ressort du couteau étonna j'affirme que je ne le sais pas ; seuls las. Cette exposition a été l'aubergiste et le prix également. Une ses bras étaient nus.» Il écrit : «je agrémentée d'une quarantaine de partie du dialogue a été omise : cherchais à faire la paix avec le photos du pays. Des dessins origi- «L'avais-je acheté au Puy ? mari [...] autour d'un verre d'eau de naux et une sculpture représentant la Oh non, à la maison. vie.» Et termine le paragraphe : scène de l'aiguillon relatée par Ste- Et quand il apprit que ma maison «Nous étions tous fatigués malgré venson sont également présentés, ils était l'Angleterre, il était plein de tout, et nous nous endormîmes bien- sont l'œuvre d'un artiste belge ayant questions sur la famille impériale et tôt du sommeil du voyageur, sans résidé en Haute-Loire : Stefaan le jeune prince ; qui, dit-il, était l'es- autre pensée ni avant ni après.» Roels. L'exposition est ouverte poir de la ». Dans son paragraphe sur la sa- jusqu’à début octobre tous les soirs Stevenson laisse alors un com- gesse paysanne, après que la tenan- de 17 à 19h. L'entrée en est libre. mentaire quant au caractère de l'au- cière lui ait dit que les cheveux de sa Roger et Peter Stevenson ainsi que bergiste qu'il compare à celui de sa fille «ne sont pas aussi beaux qu'ils Mme Debby Stevenson, parents femme «d'une certaine intelli- devraient être. Regardez, ils sont trop collatéraux de Robert Louis Steven- gence». Dans la version finale, l'ad- fins !» Stevenson a retiré une grande son ont fait le chemin et se sont ar- verbe a été modifié, édulcoré si l'on partie de cette phrase : «J'assure rêtés le jeudi 8 juin dernier au peut dire. L'homme qui était «pyra- que j'étais enchanté d'entendre cette Bouchet Saint-Nicolas où l'exposi- midalement ignorant» est devenu monstrueuse hérésie.» «Ainsi» pen- tion leur a plu, notamment l'anec- «étonnamment ignorant». sai-je, «se console une sage paysan- dote de l'aiguillon. Histoire Récit de l’abbé Hugon, dessin de Jacques Auger

Lafarre : le trésor caché la campagne, les événements marquants, qui riche du moins pour l’époque et pour le pays. Cet survivent à une ou deux générations sont rares homme riche était avare. Or, des événements politiques Aet généralement ils se rapportent à des acci- se produisirent, sur lesquels la tradition ne dit rien de dents tragiques. Entre le village de Valet et La Reculade, précis. Notre homme prit peur, et vendit presque tous il y a un endroit de la Loire où un brave pêcheur fut tué ses biens. En retour, il reçut un gros sac de louis d’or, et par une grosse pierre partie des hauteurs de Chazeaux, un autre de pièces en argent, et il cacha le tout soigneu- et qui, bondissant de rocher en rocher, vint le frapper sement. Et voici qu’un jour il tomba frappé d’une at- en pleine tête, tandis qu’il pêchait avec un camarade. taque d’apoplexie qui le mena en quelques heures à la Au Nadalès, il y a un gour profond appelé Bondou. Des tombe. Il essayait de parler, mais ses mots étaient inin- jeunes gens fauchaient un pré qui se trouve tout près du telligibles. Cependant quelqu’un crut comprendre : mon gouffre. Quand ils eurent terminé leur travail, ils des- argent… dans l’arbre. cendirent vers la rivière et l’un deux paria de traverser Les héritiers fouillèrent la maison dans les coins et re- le gour. Le malheureux ne savait pas nager, et il se noya coins, et ils ne trouvèrent rien. Dès lors on resta persuadé sous les yeux de ses camarades épouvantés, mais im- dans le pays que l’avare avait caché son argent dans le puissants. Ailleurs, c’est un homme qui a été écrasé par tronc creux de quelqu’un des vieux arbres qui entouraient la chute d’un arbre, ou par un char de buttes renversé. le village. Depuis, on a abattu la plupart de ces arbres, Quand ils passent par ces endroits, les anciens ne et il ne semble pas que l’on ait trouvé le trésor. Mais peut- manquent guère de rappeler aux jeunes le triste acci- être ce trésor n’a-t-il existé que dans les imaginations ; dent. Et c’est ainsi que ces souvenirs se transmettent. peut-être a-t-il été déjà trouvé par quelqu’un qui n’en a Certains événements plus anciens ont tourné à la lé- pas soufflé mot. Peut-être, enfin, existe-t-il encore quelque gende. D’autres sont à peu près oubliés, parce que ce part, enfoui dans quelque trou de muraille ou dans le qui entretenait leur souvenir a disparu ou est en train tronc creux de ces vieux frênes qui restent encore. de disparaître, comme par exemple au village des Sau- Quoi qu’il en soit, alors que j’étais jeune, on parlait vages, l’histoire du trésor caché. souvent du fameux trésor, et nous, les enfants, nous nous Etait-ce sous la Révolution, sous les guerres de reli- amusions parfois à fouiller les trous des arbres et des gion ou même pendant la guerre de Cent ans ? Je ne murailles. Un jour mon frère aîné toucha un serpent et saurais le dire, mais à une époque déjà éloignée, vivait faillit être mordu à la main par le reptile. Cette aventure aux Sauvages, d’après une tradition, un homme riche, refroidit notre zèle et arrêta nos recherches. Patrimoine

La passerelle sur l’Allier, à Vabres Alleyras et Vabres, situés presque Un moyen de passage Le projet en face, sont séparés par l’Allier, ri- permanent devint nécessaire Finançant lui-même l’opération, vière fantasque aux eaux froides En 1929, l’évêché décida de fer- une souscription a été néanmoins l’hiver et aux crues dévastatrices. mer le presbytère de Vabres et ouverte dans l’ex-paroisse de Ces deux villages étaient pourtant l’abbé Balmesse fut le dernier curé Vabres, afin de récolter un peu liés par des activités communes, de la petite paroisse. Après un der- d’argent, bien sûr, mais aussi l’en- comme, par exemple, la fabrication nier baptême (Jean Martin), il s’en gagement des habitants à assurer, des tuiles et de la poterie ; aussi, alla rejoindre ses nouvelles ouailles avec leurs attelages, le transport des pendant longtemps, une liaison par à Saint-Arcons-d’Allier ; Vabres fut matériaux nécessaires au chantier barque avait existé. Un petit rocher, réuni à la paroisse d’Alleyras et une et, très important à l’époque, la «lou ronquet», situé dans le lit de la liaison directe parut tout de suite in- fourniture de bouteilles de vin afin rivière, servait d’indicateur de crue ; dispensable. de désaltérer les ouvriers de l’entre- s’il était immergé, le passage deve- L’abbé Merle, curé d’Alleyras, prit prise Berbigier, chargée de la bonne nait dangereux, voire impossible. Si immédiatement et efficacement l’af- exécution des travaux. l’on y ajoute l’éventuelle indisponi- faire en main. En 1930, il fit Il est à noter que c’est la famille bilité du batelier, on comprend que construire, avec ses deniers, une petite Clément, du Mazel de Vabres, le passage était assez aléatoire. passerelle en planches fixées sur des qui fournit la plus importante parti- En 1870, après la construction du rails de chemin de fer. Localement, cipation. nouveau pont métallique de Pont l’ouvrage était ainsi surnommé : la Le concepteur de l’ouvrage s’était d’Alleyras, la liaison devint sûre passerelle du curé. Hélas, une crue visiblement inspiré des ponts de mais au prix d’un long détour. d’octobre de la même année emporta lianes de jungles africaines telles Comme l’on disait à cette époque le fragile édifice. Il envisagea alors que les montraient les illustrations où l’on ne se déplaçait qu’à pied : une construction plus sérieuse et hors des livres de géographie de «cela portait peine». de portée de la capricieuse rivière. l’époque.

Photo prise sur la passerelle qui daterait de 1934 (inauguration) : Jean-Baptiste Vigouroux (différent du contributeur à l’article), une femme non identifiée portant un enfant, Eugène Vigouroux, Louise Vigouroux (née Vincent) et Marie-Louise Arnaud (née Vigouroux) Article de Sylvain Bret. Photos prêtées par Marie-Louise Arnaud. Sources : Jean-Baptiste Vigouroux (ouvrage : «Alleyras-Vabres et alentours») ; conversation extraite du blog alleyras-capitale.info

La réalisation simultanément le plus La construction démarra en 1935. loin possible. Ce brillant Un solide massif en maçonnerie fut exercice (de notre point construit sur chaque rive, ces an- de vue), hélas par na- crages servaient de départ en hau- ture éphémère, nous teur pour les passagers et à remplissait de ravisse- l’amarrage des câbles d’acier ache- ment…» raconte Jean- tés d’occasion aux mines de la Baptiste Vigouroux. Grand-Combe. Il y eut des passagers Deux câbles inférieurs sur les- insolites telle une quels étaient fixées, perpendiculai- chèvre, il est vrai, rement, des planches (tous les 40 ou fermement guidée et 50 cm), servaient au cheminement maintenue par son tandis que deux câbles supérieurs propriétaire. Un ou servaient de main courante. Au deux chiens traversaient total, 600 m de câbles neufs ont été également seuls et sans utilisés. complexe, mais la La longueur entre massifs était de plupart de leurs congé- 92 m et la hauteur au-dessus de nères préféraient l’étiage d’environ 4 m, ceci au plus affronter le courant bas de la flèche. malgré l’eau froide : L’inauguration à leur avis, c’était moins Une fête fut organisée la même dangereux. année pour inaugurer la passerelle. Certaines personnes, Une messe eut lieu le matin sur «la sujettes au vertige, rive de Piras» (propriété Vigouroux), après s’être engagées, La passerelle sur cette photo d’une version différente suivie de la bénédiction de l’ou- restaient bloquées par de la première, faisait environ 100 mètres de long et vrage puis repas champêtre. On se la peur ; il fallait alors 4 mètres de haut au plus bas de la flèche sépara l’après-midi après les aller les secourir en Vêpres. Les anciens se souviennent les soutenant. Quelques ivrognes s’est mise en travers, en arrondi. encore avec émotion de cette belle eurent aussi des difficultés provo- Derrière, tout ce qui flottait s’y est ar- journée. quant inévitablement des rires rêté. Cela faisait une force colossale, Le passage sur cette passerelle sarcastiques… et les beaux câbles qu’il y avait, était quand même un peu périlleux. Lorsque l’école publique de parce que, franchement, ces câbles- A cause de la flèche, au centre ; les Vabres ferma, certains élèves se là, on n’aurait pas cru qu’ils pou- jours de grand vent, les oscillations rendirent par cette passerelle à vaient lâcher, et bien pourtant, ils étaient impressionnantes, pourtant l’école d’Alleyras. Afin d’obtenir un ont tous lâché. Ils ont cédé du côté aucun accident grave ne fut signalé. chemin continu plus sécurisant, on d’Alleyras et sont allés se coller dans Afin d’éviter une recherche en cloua des planches parallèles aux le champ, côté Vabres, le long de responsabilité, une pancarte, fixée à câbles sur celles qui existaient per- l’Allier. J’étais sorti observer la crue chaque extrémité, prévenait le can- pendiculairement. ce matin-là. C’était impressionnant didat au passage : «Passerelle pri- Fin du pittoresque ouvrage de voir la passerelle dans cet état». vée, défense de passer». Un funeste jour de 1973, une Il ne reste aujourd’hui, outre les Portraits de quelques utilisateurs crue de l’Allier, plus importante que regrets, que deux imposants massifs «Quand, à plusieurs garnements, les précédentes, arracha et emporta toujours reliés par un câble solitaire nous nous rencontrions, pour la tra- les câbles inférieurs supportant le devenu inutile. Le massif côté Alley- versée, arrivés au milieu, juste au- cheminement, ainsi qu’un des ras est invisible, car caché par la dessus de la rivière, en nous câbles supérieurs, mettant ainsi fin végétation, tandis que celui côté balançant, nous jouions les «Man- à 39 ans de bons et loyaux services. Vabres garde, scellé, sur son flanc neken-Pis» dont nous ignorions Gérard Varlot (du couvent d’Al- aval, un témoin du nivellement pourtant totalement l’existence. leyras) rapporte (dans une conver- général de la France : Altitude 693 Après nous être convenablement sation retranscrite sur le blog de mètres… préparés, au signal de l’un d’entre Marc Gouttebroze) : «l’eau est mon- nous, nous nous efforcions d’uriner tée tellement haut que la passerelle L’association L.A.V.E. (entre Loire et Allier pour Vivre Ensemble) Association loi 1901 reconnue d’utilité publique

L’association L.A.V.E.conçoit le journal ”Volcan” depuis 16 ans, sur 24 communes entre Haute-Loire, Ardèche et Lozère. Elle met en scène notre ruralité, recueille la mémoire de nos anciens, les temoignages du présent et les initiatives d’aujourd’hui avec, comme toujours premier souci, la mise en valeur de ses richesse et l’objectif de les faire découvrir et prospérer. “Volcan” est un journal gratuit. Il compte 700 abonnés sur toute la France et au delà. Il est très apprécié, attendu et collectionné. Secteur de diffusion Pour les particuliers... Alleyras Arlempdes Bon de Commande Barges Nom : ...... Cayres prénom :...... Costaros Adresse : ...... Coucouron Téléphone (facultatif) : ...... Lachapelle Graillouse Courriel (conseillé) : ...... Lafarre Je souhaite souscrire : (1) Lanarce une carte de membre bienfaiteur en versant ci-joint la somme de 10 € minimum Landos un abonnement en versant ci-joint la somme de 18 € Langogne un soutien complémentaire à votre convenance Lavillatte acheter un jeu de cartes postales en joignant un chèque de 15 € Le Bouchet St-Nicolas compléter ma collection de journaux Volcan (3€ par N°) Le Brignon les journaux du N°0 à 57 (2002-2011) au prix de 120€ Lesperon les journaux du N°58 à 91 (2012-2017) au prix de 60€ Naussac-Fontanes la colection complète des 91 N° de Volcan au prix de 160€ Pradelles le sommaire des 10 premières années en versant la somme de 9€ Rauret St-Alban-en-Montagne Nos prix sont net de taxes. Merci d’établir vos réglements par espèce ou par chèque à l’ordre de “L.A.V.E.” St-Arcons-de-Barges St-Etienne-du-Vigan St-Haon Pour les annonceurs... St-Paul-de-Tartas Vielprat Le journal «Volcan» est également un support de communication très performant sur une zone de chalandise très convoitée Des Chiffres Nous proposons aux entreprises qui souhaitent utiliser notre journal 3 solutions :

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Les autres actions Contact - Conservation du patrimoine photographique Association L.AV.E, Chemin du Ruisseau 43420 Pradelles et cinématographique. ou par courriel : [email protected] - En août 2012, poursuite de la manifestation événementielle «Mémoire en fête» Sécretariat : - Projections dans les différentes communes Aurélie : 06 30 60 64 46 ou [email protected] du territoire que couvre le journal ”Volcan” Fanny : 07 82 26 64 05 ou [email protected]