RETOUR SUR 2017 - ENERGIES RENOUVELABLES La géothermie fait son trou

Le lancement d’une nouvelle technologie, fût-elle parée de vertus écologiques, ne coule pas de source. Après l’abandon de deux sites, deux projets menés par Fonroche et ÉS sont en cours à et Illkirch- Graffenstaden. Un troisième est programmé à . Son voisin Oberhausbergen fait encore de la résistance.

Elus et industriels, main dans la main, pour inaugurer, en juin dernier, le premier « forage », en vue d’exploiter les richesses du sous-sol, sur le site de l’écoparc rhénan à Vendenheim. Fonroche prévoit de communiquer les résultats des forages exploratoires en janvier. De ces résultats dépendent la poursuite des opérations, la construction d’un deuxième puits, puis de la centrale de surface. PHOTO DNA - Laurent RÉA

« Nous communiquerons en janvier les résultats ». Jean-Philippe Soulé, directeur général de Fonroche géothermie, qui a été la première société à forer sur le territoire de l’Eurométropole, semble confiant malgré un léger retard sur le calendrier.

Lors du lancement du premier puits en juin dernier, les résultats des premiers forages exploratoires qui conditionnent la poursuite des opérations avaient été annoncés pour l’automne. « Les roches sont plus dures que prévu, cela va prendre un peu plus de temps », a expliqué le directeur, par ailleurs satisfait du déroulement du chantier.

Un facteur d’attractivité pour les entreprises « Zéro incident, aucune pollution, aucune sismicité, énumère-t-il avant de se féliciter de la relation de confiance établie avec les riverains (via un comité de suivi) et du suivi scientifique avec l’Université de . « Nous sommes également beaucoup sollicités par des entreprises qui veulent s’installer dans l’éco parc rhénan. Cela montre combien la géothermie peut être un point d’attractivité pour le territoire ».

Main dans la main avec l’Eurométropole de Strasbourg qui milite en faveur de la production d’une énergie locale et propre, l’industriel de Pau procède par phases pour s’assurer de la qualité de la ressource en eau géothermale, avant de s’attaquer au sous-sol. Si tout se déroule comme prévu, Fonroche, qui investira 75 millions d’euros dans le projet, devrait construire ensuite un deuxième puits, puis la centrale de surface.

Oberhausbergen mène une guérilla Après avoir réussi à convaincre les élus d’Eckbolsheim, Fonroche se heurte encore à une résistance pour un autre projet sur le ban d’Eckbolsheim, mais en réalité bien plus proche d’Oberhausbergen. La commune continue à faire la guérilla : plusieurs recours ont été déposés en 2016 et en 2017 pour faire barrage à la construction d’une centrale géothermique qui serait à deux jets de pierre de son centre sportif. Théo Klumpp, maire d’Oberhausbergen, reste vent debout contre cette implantation, « surtout, dit-il, pour des raisons sanitaires. » De son côté, Électricité de Strasbourg qui a inauguré la première centrale géothermique haute température à vocation industrielle à (1 ), a lancé en octobre son forage au parc de l’innovation, à Illkirch-Graffenstaden. « À Illkirch, on travaille sur le dossier depuis 2009. Les élus ont été en pointe sur le sujet, d’où l’acceptabilité par la population », remarque Bernard Kempf, directeur du développement et des relations extérieures ES. Suite à une série d’embûches, l’opérateur historique et local a fini par se faire doubler par son concurrent de Pau.

20 % d’énergie renouvelable en 2020

À Illkirch, le forage se prépare avec une première étape : les travaux de protection des aquifères pour éviter la communication entre l’eau géothermale et les nappes d’eau potable : un point sensible sur les risques encourus souvent soulevés par la population lors des réunions. À partir de janvier, le chantier entrera dans le vif du sujet avec la mise en place du « rig » qui va partir à l’assaut du sous-sol (lire en encadré). « En parallèle des travaux sur le site, précise Bernard Kempf, l’Eurométropole va lancer le réseau de chaleur sur Illkirch, avec un appel d’offres et le choix du futur délégataire pour exploiter ce futur réseau ».

À terme en 2020, la centrale est censée chauffer le parc d’innovation et d’autres quartiers, soit l’équivalent de 4 200 logements et bureaux, soit une réduction de 10 800 tonnes de CO 2 par an (2). À Vendenheim, la future centrale de cogénération, elle, pourra chauffer jusqu’à l’équivalent de 26 000 logements : elle répondra aux besoins de chauffage des industries, de serres agricoles ou de quartiers aux alentours ou dans le nord de l’agglomération. Des études sont en cours à ce sujet. Après une phase de réunions publiques très agitées, de scepticisme, de méfiance, voire de franche opposition, la géothermie profonde semble avoir fait son trou. Les deux opérations, soutenues par les élus, s’inscrivent dans le cadre de la transition énergétique et contribuent à atteindre l’objectif que s’est fixé l’EMS à l’horizon 2020 : 20 % d’énergies renouvelables en 2020 et 30 % en 2030.

(1) cette centrale serait destinée à chauffer Hautepierre. (2) source Eurométropole de Strasbourg. VALÉRIE BAPT 04/01/2018