Jean-Philippe Billarant président du conseil d’administration Laurent Bayle directeur général Depuis plusieurs années, le Chamber Orchestra of Europe est l’invité régulier de la cité de la musique qui est heureuse de fêter aujourd’hui les vingt et un ans de cette formation. Nous accueillons également avec un immense plaisir le maestro Abbado qui avait en quelque sorte été l’un des parrains de la cité de la musique en dirigeant, en 1994, le premier concert de cette institution à peine sortie de terre. Les deux programmes qu’il dirige font se répondre les voix d’ et de Thomas Quasthoff. Ils éclairent également les lieder de Schubert à la lumière de ceux qui les ont orchestrés : Benjamin Britten, Max Reger, , Hector Berlioz et Anton Webern. Ces programmes entrent enfin en résonance avec l’exposition L’invention du sentiment (du 2 avril au 30 juin, au musée de la musique) qui interroge, aux sources du romantisme, le tournant artistique qui s’opère en Europe à partir de 1760 et qui, au-delà du regain d’intérêt pour l’antique, traduit le besoin de per- fection et de pureté qu’éprouvent nécessairement les sociétés en crise. samedi 25 mai - 20h salle des concerts Rosamunde, D. 797 (extraits, voir trad. p. 12) Ouverture de la « Harpe enchantée », D. 644 Romance « Der Vollmond strahlt auf Bergeshöhn » n° 3b durée : 15 minutes

Die Forelle, D. 550 (orchestration Benjamin Britten) Ellens Gesang II, D. 838 (orchestration Johannes Brahms) Gretchen am Spinnrade, D. 118 (orchestration Max Reger) An den Mond, D. 259 (orchestration Max Reger) * durée : 14 minutes

entracte

Im Abendrot, D. 779 (orchestration Max Reger) Nacht und Traüme, D. 827 (orchestration Max Reger) Gruppe aus dem Tartarus, D. 583 (orch. Max Reger) Erlkönig, D. 328 (orchestration Hector Berlioz) durée : 15 minutes

Symphonie n° 8 en si mineur, « Inachevée », D. 759 allegro moderato, andante con moto durée : 25 minutes

Claudio Abbado, direction Anne Sofie von Otter, mezzo-soprano Chamber Orchestra of Europe

* Le lied An den Mond sera remplacé par An Sylvia D. 891 (sur un texte de Shakespeare)

durée du concert (entracte compris) : 1 heure 50 minutes mardi 28 mai - 20h salle des concerts Franz Schubert Die schöne Müllerin, D. 795 (extrait, voir trad. p. 17) Tränenregen (n° 10, orchestration Anton Webern) , D. 911 (extrait) Der Wegweiser (n° 20, orchestration Anton Webern) Du bist die Ruh, D. 776 (orchestration Anton Webern) Schwanengesang, D 957 (extrait) Ihr Bild (n° 9, orchestration Anton Webern) Greisengesang, D. 778 (orchestration Max Reger) Prometheus, D. 674 (orchestration Max Reger) Memnon, D. 541 (orchestration Johannes Brahms) An Schwager Kronos, D. 369 (orch. Johannes Brahms) An die Musik, D. 547 (orchestration Max Reger) Erlkönig, D. 328 (orchestration Max Reger) durée : 40 minutes

entracte

Symphonie n° 9 en ut majeur, D. 944, « La Grande » andante/allegretto ma non troppo, andante con moto, scherzo (allegro vivace), allegro vivace durée : 50 minutes

Claudio Abbado, direction Thomas Quasthoff, baryton Chamber Orchestra of Europe

durée du concert (entracte compris) : 2 heures 10 minutes Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe devenirs du lied On pourrait écrire une petite histoire de la musique schubertien qui expliquerait le XIXe siècle en supposant d'essen- tielles différences entre Beethoven et Schubert – dans l'attitude qu'ils eurent face au fait musical et surtout dans la fortune dont jouirent leurs productions au cours de cette période. Bien entendu, cet essai négli- gerait volontairement toutes les similitudes qu'on trou- verait entre les deux hommes, l'allégeance souvent affirmée du cadet pour l'aîné et, conséquemment, son envie de l'égaler, dans le genre de la symphonie notamment. Mais accusons les différences. Tout le XIXe siècle est hanté par la figure de Beethoven, modèle impérieux, force révolutionnaire qui encouragea l'exaltation créa- trice autant que l'inhibition chez tous ses continua- teurs. En face, Schubert nous apparaît comme le poète de l'intimité, dont les fêlures et les échecs, les doutes et même les renoncements firent sens. (Bien sûr, ici, nous oublions sciemment l'affirmation pro- méthéenne que constitue la Symphonie n° 9 « La Grande », ou cette envie folle d'embrasser le tout de l'exprimable, qui court de bout en bout dans l'Octuor.) Poète, Schubert le fut aussi de l'amitié, cimentée par la pratique de la musique ensemble – le mot « bee- thoveniade » n'existe pas je crois. Mais là, son génie fut encore cause de quelques malentendus. Sans qu'ils l'aient trahi, ses proches, après sa mort, éprou- vèrent une certaine difficulté à estimer au mieux le legs schubertien. Et puis, tout au long du XIXe siècle, la diffusion (au sens large) des œuvres de Schubert ne s'effectua pas sur le modèle d'une courbe uniformé- ment ascendante. Comme si, dans l'œuvre entier, dans sa propre constitution, se trouvaient déjà les germes de ce qui pourrait apparaître aujourd'hui comme un long « échec commercial ». Mais proposons des titres à cet ouvrage que nous n'écrirons pas : Beethoven est une spirale si Schubert est un cercle... Beethoven s'adresse à tous, Schubert parle à chacun... De fait, et ces deux programmes le démontrent, le compositeur, faute de toucher les

notes de programme | 5 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

masses, a conquis les esprits d'exception. Un à un – compositeurs, interprètes, auditeurs. Les transcrip- tions orchestrales de ses lieder amplifient l'effectif ori- ginal. Et bien qu'elles portent ainsi le message au-delà du cercle, aux abords de la spirale, elles en creusent la rareté, pour toucher au centre de son « intimité ». Cet essai pourrait être placé sous l'invocation de Nietzsche qui écrivait : « Franz Schubert, un artiste moindre que les autres grands musiciens, possédait pourtant, plus que ceux-ci, une richesse héréditaire en musique. Il gaspilla cette richesse à pleines mains et d'un cœur généreux : en sorte que les musiciens pourront encore vivre pendant quelques siècles de ses idées et de ses inventions. Dans son œuvre, nous possédons un trésor d'inventions inutilisées. Si l'on osait appeler Beethoven l'auditeur idéal d'un ménes- trel, Schubert aurait le droit d'être appelé lui-même le ménestrel idéal. » Franz Schubert s'éteignit le 19 novembre 1828. En dix-huit ans d'activité créatrice, il écrivit un millier d'œuvres, dont environ six cents lieder. Seule une petite centaine de ses partitions furent publiées de son vivant.

Dominique Druhen

6| cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Franz Schubert Près d’une vingtaine de fois en trente et un ans, Ouverture de la « Harpe Schubert fut attiré par l’opéra. Si ce genre a été pour enchantée », D. 644 lui un sujet de constante préoccupation, les ouvrages inachevés dans ce domaine restent nombreux (seule une dizaine de pièces sont achevées), les tentatives pour hisser jusqu’à la scène les œuvres abouties sont le plus souvent infructueuses, et les représentations de son vivant sont rares. Il ne verra la réalisation scé- nique que de trois de ses partitions : Die Zwillingsbrüder (1820), Die Zauberharfe (1820) et Rosamunde (1823) ; le premier n’étant qu’un Singspiel en un acte et les deux derniers des musiques de scène. Pièce à décors et à machinerie, Die Zauberharfe (La Harpe enchantée) est une féérie imaginée par Georg- Ernst Hofmann, secrétaire du Theater an der Wien où l’œuvre fut représentée pour la première fois le 19 août 1820. Le lendemain de la création, la critique vien- noise démolissait le texte d’Hofmann, jugé « faible » et « incohérent ». Quant à la musique de Schubert, elle eut un succès modeste. Ainsi trouve-t-on à son sujet dans la Wiener Allgemeine Theaterzeitung du 26 août 1820 : « Beaucoup de bonnes idées, des pas- sages puissants, des harmonies judicieusement conduites, de l’intelligence et de l’entendement ; mais d’innombrables inégalités, la banalité à côté de la sin- gularité, des choses légères et de la recherche, du solide et du futile, tout cela mélangé. » L’ouvrage fut retiré de l’affiche après huit représentations. Plusieurs chœurs de chevaliers ou de génies, une romance pour ténor et surtout des mélodrames consti- tuaient la contribution de Schubert à cette entreprise. De ces treize numéros musicaux, seule l’Ouverture, publiée plus tard comme Ouverture de Rosamunde, obtint un succès véritable. L’essentiel du matériau, et notamment l’idée de l’andante dramatique qui ouvre la partition, provenait d’une œuvre plus ancienne : l’Ouverture dans le style italien en ré majeur de 1817. Cette dernière a été « réaménagée » et Schubert fera en sorte de réuti- liser ses thèmes principaux au cours des mélodrames pour caractériser certains personnages de la féérie.

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Symphonie n° 8, D. 759 Pendant presque un demi-siècle après sa composition, le manuscrit de cette symphonie inaboutie avait été gardé sous silence. Ce n’est, en effet, qu’en 1865 qu’Anselm Hüttenbrenner (1794-1868), condisciple de Schubert chez Salieri, qui avait conservé la partition durant toutes ces années, allait la confier au chef d’or- chestre Johann Herbeck dans le but que celui-ci la révèle au public. La première audition des deux mou- vements (augmentés du finale de la Troisième Symphonie) eut lieu au cours d’un concert de la Société des Amis de la Musique de Vienne, le 7 décembre 1865. Inachevée, cette œuvre commen- cée le 30 octobre 1822 ne comporte que les deux premiers mouvements d’une symphonie. Un scherzo entier de cent douze mesures est esquissé sur deux portées, avec seulement vingt mesures orchestrées. Nombreuses ont été les partitions « abandonnées » en cours de composition par Schubert, et ce, essen- tiellement dans les années 1818-1822 (voir par exemple le Quartettsatz en ut mineur D. 703 de décembre 1820). Cette période aux projets aventu- reux, qui devait aboutir à la composition de la Wanderer-Fantaisie en 1822, révèle une sorte de « crise compositionnelle ». Selon Rémy Stricker, celle-ci des- sinerait « le parcours d’une émancipation, celle qui mène de l’épigone surdoué du classicisme viennois vers des horizons inconnus jusqu’alors ». Le symp- tôme de l’inachèvement a donc beaucoup à nous dire sur la « mutation » de Schubert à cette époque précise de sa vie créatrice. Il montre, par exemple, le besoin chez le compositeur d’amplifier le discours et d’élargir les données temporelles de l’héritage classique. Stricker relève alors les enjeux à terme d’une telle crise qui sont « de l’ordre du temps musical, de cette entre- prise chimérique et pourtant sans cesse renouvelée de conciliation entre l’instant et la durée, qui marque peu ou prou tous les artistes romantiques ». Cette partition n’en est pas moins la plus dramatique que Schubert ait écrite. Dès la phrase initiale mur- murée aux cordes graves, la dramatisation du dis-

8| cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

cours est enclenchée. Celle-ci ne repose en rien sur les fondements de la dramaturgie beethovénienne. Elle n’est en effet pas dynamique ; elle repose plutôt sur un type de « tragique » qui naît de l’accumulation et de la succession d’événements porteurs de tension. L’utilisation répétée d’ostinati ni stables, ni dynamiques (sous le thème initial du hautbois et de la clarinette, ou encore accompagnant la mélodie de la clarinette dans le second mouvement), contribue, aux côtés de l’écri- ture en contrastes nets et tranchants, plus brefs que ceux de Beethoven, à l’installation d’une dramatique qui lui est strictement propre.

Corinne Schneider

Symphonie n° 9, D. 944, Après l’inachèvement de sa Huitième Symphonie, la « La Grande » Neuvième Symphonie de Schubert prend le sens d’une démonstration de puissance, un de ces élans à la fois véhéments et imaginaires – puisque la Symphonie ne sera pas créée de son vivant. Comme il avait su le faire en 1822 dans sa Messe n° 5 en la bémol majeur – dont le contrepoint était censé impres- sionner l’Empereur autrichien et inciter ce dernier à lui confier le poste de Kapellmeister à la Chapelle Impériale –, la Neuvième Symphonie témoigne d’une grandiloquence inhabituelle pour ceux qui appré- ciaient l’intimité de son style. Soumise en 1826 à la Société des Amis de la Musique de Vienne, elle fut d’ailleurs refusée « comme trop longue et trop ardue ». Et ce furent précisement les « célestes longueurs » de l’œuvre qui séduiront plus tard Robert Schumann quand il trouvera en Schubert une alternative au génie beethovénien, ainsi qu’une nouvelle manière d’inclure le lyrisme dans le domaine instrumental. Il écrit d’ailleurs à ce sujet : « Je le déclare tout de suite et tout net : qui ne connaît pas cette symphonie ne connaît encore que peu de chose de Schubert, et certes, après ce que Schubert a déjà donné à l’art, cela peut sans doute passer pour un éloge à peine croyable. On a si souvent dit, au grand

notes de programme | 9 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

dépit des compositeurs, qu’ « après Beethoven, il faut abandonner le genre symphonique » ! et il est vrai, aussi, en partie, que – hors quelques œuvres d’or- chestre importantes, isolées, qui ont toujours été inté- ressantes pour juger du développement de la culture artistique de leurs compositeurs, mais n’ont pas exercé d’influence décisive sur la masse, non plus que sur le progrès du genre – la plupart des œuvres courantes n’ont présenté qu’un faible reflet des façons de faire de Beethoven. […] Il faut toujours regarder comme la preuve d’un talent extraordinaire que Schubert, qui a si peu dans sa vie entendu exécuter de ses œuvres ins- trumentales, ait atteint à un si original maniement des instruments, soit en particulier, soit dans la masse de l’orchestre, où il semble souvent qu’on entende des voix humaines et des chœurs se mêler et se répondre les uns aux autres. Cette ressemblance avec l’organe de la voix, je ne l’ai nulle part rencontrée aussi saisis- sante et faisant tellement illusion, si ce n’est dans beau- coup de morceaux de Beethoven : c’est le renversement du maniement meyerbeerien des voix. La pleine indépendance où la symphonie se trouve par rapport à celles de Beethoven est une autre marque de maturité de sa composition. Voyez ici combien le génie de Schubert se manifeste juste et sage. Les formes grotesques, les relations hardies telles que nous les rencontrons dans les dernières œuvres de Beethoven, il évite, dans la conscience de ses forces plus modestes, de les imiter : il nous donne une œuvre de la tournure la plus gracieuse [...]. C’est ainsi qu’il doit apparaître à quiconque considère souvent en lui- même cette symphonie. » (Sur les musiciens, traduc- tion Henry de Curzon).

Emmanuel Hondré

10 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Romanze Romance

Der Vollmond strahlt auf Bergeshöh’n, La pleine lune luit sur les hauts monts ; Wie hab’ ich dich vermißt, Combien tu m’as manqué, Du süßes Herz, es ist so schön, Ô mon cher cœur, c’est si beau Wenn treu die Treue küßt. Quand fidèlement la foi étreint.

Was frommt des Maien holde Zier, Qu’importe la belle floraison de mai, Du warst mein Frühlingsstrahl, Tu étais mon rayon de printemps, Licht meiner Nacht, o lächle mir Lumière de ma nuit, ô souris-moi Im Tode noch einmal. Dans la mort encore une fois.

Sie trat hinein beim Vollmondschein, Elle entra éclairée par la lune pleine, Sie blickte himmelwärts, Tourna son regard vers le ciel : « Im Leben fern, im Tode dein », « Lointaine dans la vie, tienne dans la mort », Und sanft brach Herz an herz. Et doucement cœur contre cœur se brisa.

Helmina von Chézy traduction Pierre Balascheff

Die Forelle La Truite

In einem Bächlein helle, Dans l'eau claire d'un ruisseau, Da schoß in froher Eil Capricieuse et enjouée, Die launische Forelle Une truite en toute hâte Vorüber wie ein Pfeil. Comme une flèche filait.

Ich stand an dem Gestade Je me trouvais sur la rive Und sah in süßer Ruh Et me plaisais à contempler Des muntern Fischleins Bade La baignade du poisson Im klaren Bächlein zu. Dans l'eau claire du ruisseau.

Ein Fischer mit der Rute Un pécheur avec sa ligne Wohl an dem Ufer stand, Se tenait au bord de l'eau. Und sah's mit kaltem Blute, Avec sang-froid il regardait Wie sich das Fischlein wand. Le poisson virevolter.

So lang dem Wasser Helle, Tant que l'eau pure, me dis-je, So dacht ich, nicht gebricht, Ne sera pas troublée, So fängt er die Forelle Il ne pourra avec sa ligne Mit seiner Angel nicht. Capturer ce petit poisson.

Doch endlich ward dem Diebe Mais le voleur finit par trouver Die Zeit zu lang. Er macht Le temps long. Il se met, perfide, Das Bächlein tückisch trübe, À troubler la surface de l'eau. Und eh ich es gedacht, Et, avant que je ne m'en aperçoive,

So zuckte seine Rute, Le bout de sa ligne tressaille. Das Fischlein zappelt dran, La truite bondit, elle se débat, Und ich mit regem Blute Et mon sang s'échauffe Sah die Betrogene an. À la vue du poisson pris au piège.

Christian Friedrich Daniel Schubart

notes de programme | 11 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Ellens Gesang II Chant d’Ellen II

Jäger, ruhe von der Jagd! Repose-toi, chasseur, de la chasse ! Weicher Schlummer soll dich decken, Qu'un doux sommeil t'enveloppe. Träume nicht, wenn Sonn' erwacht, Et ne rêve pas, quand le soleil se lève, Daß Jagdhörner dich erwecken. Que des cors te réveillent.

Schlaf! der Hirsch ruht in der Höhle, Dors ! Le cerf repose dans la grotte Bei dir sind die Hunde wach, Auprès de toi les chiens veillent. Schlaf, nicht quäl' es deine Seele, Dors, et ne tourmente pas ton âme Daß dein edles Roß erlag. D'avoir perdu un noble coursier.

Jäger, ruhe von der Jagd! Repose toi, chasseur, de la chasse ! Weicher Schlummer soll dich decken, Qu'un doux sommeil t'enveloppe, Wenn der junge Tag erwacht, Quand le jour se lèvera wird kein Jägerhorn dich wecken. Nul cor ne t'éveillera.

Adam Storck (d’après Walter Scott)

Gretchen Am Spinnrade Marguerite au rouet

Meine Ruh' ist hin, Ma paix s'en est allée, Mein Herz ist schwer, Mon cœur est lourd, Ich finde sie nimmer Jamais ne la retrouverai, Und nimmermehr. Ô non jamais !

Wo ich ihn nicht hab Où il n'est pas, Ist mir das Grab, Là est ma tombe, Die ganze Welt Le monde entier Ist mir vergällt. M'est étranger.

Mein armer Kopf Ma pauvre tête Ist mir verrückt, N'a plus de raison, Mein armer Sinn Mon pauvre esprit Ist mir zerstückt. Est en charpie.

Nach ihm nur schau ich C'est lui, et lui seul, Zum Fenster hinaus, Que mes yeux cherchent, Nach ihm nur geh ich C'est pour lui, et lui seul, Aus dem Haus. Qu'il me faut sortir.

Sein hoher Gang, Son port altier, Sein' edle Gestalt, Sa belle allure, Seine Mundes Lächeln, Le sourire de ses lèvres, Seiner Augen Gewalt, Le pouvoir de ses yeux,

Und seiner Rede Le flot magique Zauberfluß, De ses paroles, Sein Händedruck, La pression de ses mains, Und ach, sein Kuß! Ah, ses baisers !

12 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Mein Busen drängt sich Mon sein se gonfle Nach ihm hin. À sa pensée, Ach dürft ich fassen Que ne puis-je l'enlacer, Und halten ihn, Le retenir,

Und küssen ihn, Et l'embrasser So wie ich wollt, Tout à ma guise, An seinen Küssen Dussé-je mourir Vergehen sollt! De ses baisers !

Johann Wolfgang von Goethe

An den Mond À la lune

Füllest wieder Busch und Tal Une fois encore tu emplis halliers et vallons Still mit Nebelglanz, Du paisible éclat de la brume, Lösest endlich auch einmal Et pour finir tu délivres aussi Meine Seele ganz. Mon âme toute entière.

Breitest über mein Gefild Tu étends sur mes terres Lindernd deinem Blick, Ton regard réconfortant Wie des Freundes uge mild Comme le doux regard qu'un ami Über mein Geschick. Pose sur mon destin.

[Jeden Nachklang fühlt mein Herz Mon cœur perçoit le moindre écho Froh und trüber Zeit, Des temps passés, sombres ou heureux, Wandle zwischen Freud und Schmerz Et joie et peine m'accompagnent In der Einsamkeit. Dans la solitude.

Fließe, fließe, lieber Fluß! Coule, rivière, coule ! Nimmer werd ich froh; Jamais plus je ne connaîtrai la joie ; So verrauschte Scherz und Kuß, Jeux et baisers se sont évanouis Und die Treue so. Ainsi que la fidélité.

Ich besaß es doch einmal, Autrefois je possédais Was so köstlich ist! Un bien si précieux Daß man doch zu seiner Qual Que pour mon malheur Nimmer es vergißt. Je ne l'oublierai jamais.

Rausche, Fluß, das Tal entlang, Murmure, rivière, au creux du vallon, Ohne Rast und Ruh, Sans répit ni repos, Rausche, flüstre meinem Sang Souffle à ma chanson Melodien zu Tes douces mélodies.

Wenn du in der Winternacht Quand dans la nuit d'hiver Wütend überschwillst, Tu débordes de courroux Oder um die Frühlingspracht Ou que dans la splendeur du printemps Junger Knospen quillst. Tes jeunes boutons éclosent,

Selig, wer sich vor der Welt Béni celui qui du monde Ohne Haß verschließt, Sans haine se retire, Einen Freund am Busen hält Pressant sur son sein un ami Und mit dem genießt, Et avec lui partage

notes de programme | 13 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Was, von Menschen nicht gewußt Ce que jamais les hommes Oder nicht bedacht, N'ont su ni contemplé, Durch das Labyrinth der Brust Ce qui, dans la nuit, traverse Wandelt in der Nacht. Le labyrinthe du cœur.

Johann Wolfgang von Goethe

Im Abendrot Im Abendrot

O wie schön ist deine Welt, Ô que ce monde est beau, Vater, wenn sie golden strahlet! Père, quand il resplendit de ses rayons d'or ! Wenn dein Glanz herniederfällt Quand ton éclat se pose sur lui Und den Staub mit Schimmer malet, Et colore la poussière, Wenn das Rot, das in der Wolke blinkt, Quand le rougeoiement des nuages In mein stilles Fenster sinkt! Descend sur ma paisible fenêtre !

Könnt ich klagen, könnt ich zagen? Comment pourrais-je me plaindre, m'effrayer ? Irre sein an dir und mir? Douter de toi et de moi ? Nein, ich will im Busen tragen Non, dès à présent, je veux en mon sein Deinen Himmel schon allhier. Accueillir ton ciel Und dies Herz, eh' es zusammenbricht, Et mon cœur, avant de se briser, Trinkt noch Glut und schlürft noch Licht. Veut encore s'enivrer de cette lumière de [braise ! Karl Gottlieb Lappe

Nacht und Träume Nuits et songes

Heil'ge Nacht, du sinkest nieder; Nuit bénie, voilà que tu descends, Nieder wallen auch die Träume Et avec toi les songes, Wie dein Mondlicht durch die Räume, Telle la lumière de la lune, tu emplis les chambres Durch der Menschen stille Brust. Et le cœur silencieux des hommes. Die belauschen sie mit Lust; Ils t'écoutent avec ravissement Rufen, wenn der Tag erwacht: Et s'exclament quand le jour s'éveille : Kehre wieder, heil'ge Nacht! Reviens, ô nuit bénie, Holde Träume, kehret wieder! Doux rêves, revenez !

Matthäus von Collin

Gruppe aus dem Tartarus Les Damnés du Tartare

Horch - wie Murmeln des empörten Meeres, Écoute - pareils au murmure de la mer Wie durch hohler Felsen Becken weint ein Bach, [courroucée, Stöhnt dort dumpfigtief ein schweres, leeres À la plainte d'un ruisseau dans une roche creuse, Qualerpreßtes Ach! On entend tout au fond des soupirs assourdis, Qui leur sont arrachés par les tourments subis !

Schmerz verzerret La douleur fait grimacer leurs visages, Ihr Gesicht, Verzweiflung sperret De désespoir, leurs bouches s'ouvrent, Ihren Rachen fluchend auf. Et profèrent des malédictions. Hohl sind ihre Augen, ihre Blicke Leurs yeux vides, dans l'angoisse Spähen bang nach des Cocytus Brücke, Se tournent vers le pont du Cocytos,

14 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Folgen tränend seinem Trauerlauf. Suivent en larmes son cours funeste.

Fragen sich einander ängstlich leise, Apeurés, ils se demandent à voix basse Ob noch nicht Vollendung sei! Si cela ne va pas bientôt prendre fin ! Ewigkeit schwingt über ihnen Kreise, Au-dessus d'eux, l'éternité tournoie, Bricht die Sense des Saturns entzwei. Brisant en deux la faux de Saturne.

Friedrich von Schiller

Erlkönig Le Roi des aulnes

Wer reitet so spät durch Nacht und Wind? Qui donc chevauche si tard dans la nuit et le vent ? Es ist der Vater mit seinem Kind; C'est le père qui chevauche, avec lui son enfant. Er hat den Knaben wohl in dem Arm, Il porte le garçon au creux de ses bras. Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm. Il le tient fermement, il le tient bien au chaud.

« Mein Sohn, was birgst du so bang dein « Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage [Gesicht? » [anxieux ? » « Siehst, Vater, du den Erlkönig nicht? « Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes, là-bas, Den Erlenkönig mit Kron und Schweif? » Le Roi des Aulnes avec sa couronne et sa traîne ? » « Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. » « Mon fils, mon fils, ce n'est qu'un banc de [brume. » Du liebes Kind, komm, geh mit mir! Viens, cher enfant, viens avec moi ! Gar schöne Spiele spiel ich mit dir; Je connais mille jeux agréables, Manch bunte Blumen sind an dem Strand, Mille fleurs colorées t'attendent sur la rive, Meine Mutter hat manch gülden Gewand. Ma mère a mille habits, tous cousus de fil d'or.

« Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht, « Père, Père, n'entends-tu pas, Was Erlenkönig mir leise verspricht? » Ce que le Roi des Aulnes à voix basse me « Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind: [promet ? » In dürren Blättern säuselt der Wind. » « Calme-toi, mon enfant, calme-toi, Ce n'est que le vent qui souffle dans les feuilles. » Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn? «Veux-tu, charmant garçon, veux-tu me Meine Töchter sollen dich warten schön; [suivre chez moi ? Meine Töchter führen den nächtlichen Reihn Mes filles comme un roi te recevront, Und wiegen und tanzen und singen dich ein. Mes filles mèneront la ronde de la nuit Et danseront, et chanteront et te berceront. « Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort « Père, Père, ne vois-tu pas Erlkönigs Töchter am düstern Ort? » Les filles du Roi des Aulnes en ce sinistre lieu ? » « Mein Sohn, mein Sohn, ich seh es genau: « Mon fils, mon fils, je le vois bien, Es scheinen die alten Weiden so grau. » Ce ne sont que les saules et leur reflet grisâtre. »

Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt; « Je t'aime, ta noble figure me plaît Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt. Et si tu ne consens, j'userai de la force. « Mein Vater, mein Vater, jetzt faßt er mich an! « Père, Père, voilà qu'il saisit mon bras, Erlkönig hat mir ein Leids getan! » Le Roi des Aulnes me fait violence. »

Dem Vater grauset's, er reitet geschwind, Le père est pris d'effroi, il force son cheval, Er hält in Armen das ächzende Kind, Et dans ses bras il tient l'enfant tout gémissant, Erreicht den Hof mit Müh' und Not: Avec peine il parvient jusques à son domaine In seinen Armen das Kind war tot. Et l'enfant dans ses bras, l'enfant est mort.

Johann Wolfgang von Goethe

notes de programme | 15 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Tränenregen Pluie de larmes

Wir saßen so traulich beisammen Nous étions assis ensemble Im kühlen Erlendach, À l'abri des aulnes frais Wir schauten so traulich zusammen Et nous regardions ensemble Hinab in den rieselnden Bach. Le ruisseau s'écouler.

Der Mond war auch gekommen, La lune s'était levée, Die Sternlein hinterdrein, À sa suite les étoiles, Und schauten so traulich zusammen Et nous regardions ensemble In den silbernen Spiegel hinein. Le miroir argenté.

Ich sah nach keinem Monde, Je ne voyais pas la lune Nach keinem Sternenschein, Ni les étoiles étincelantes Ich schaute nach ihrem Bilde, Je regardai son visage Nach ihren Augen allein. Et ses seuls yeux.

Und sahe sie nicken und blicken Je la vis s'incliner, puis lever les yeux Herauf aus dem seligen Bach, Au-dessus du paisible ruisseau, Die Blümlein am Ufer, die blauen, Sur la rive les fleurs azur Sie nickten und blickten ihr nach. Comme elle s'inclinèrent et levèrent les yeux.

Und in den Bach versunken On eût dit que le ciel Der ganze Himmel schien Sombrait dans les flots, Und wollte mich mit hinunter Qu'il voulait m'entraîner In seine Tiefe ziehn. Avec lui dans l'eau.

Und über den Wolken und Sternen, Au-dessus des nuages et des astres Da rieselte munter der Bach le ruisseau gaiement murmurait Und rief mit Singen und Klingen: Et son chant cristallin semblait dire : Geselle, Geselle, mir nach! Suis moi, mon ami, suis moi !

Da gingen die Augen mir über, Mes yeux s'emplirent alors de larmes Da ward es im Spiegel so kraus; Et le miroir frissonna. Sie sprach: Es kommt ein Regen, La pluie arrive, dit-elle, Ade, ich geh nach Haus. Adieu, il me faut rentrer.

Wilhelm Müller

Der Wegweiser Le Poteau indicateur

Was vermeid' ich denn die Wege, Pourquoi donc me faut il fuir les chemins Wo die ander'n Wand'rer gehn, Qu'empruntent les autres promeneurs ? Suche mir versteckte Stege Je cherche des sentiers cachés Durch verschneite Felsenhöh'n? Entre les hauteurs enneigées. Habe ja doch nichts begangen, Je n'ai pourtant rien commis Daß ich Menschen sollte scheu'n, - Qui me fasse fuir les hommes. Welch ein törichtes Verlangen Quel désir insensé me pousse Treibt mich in die Wüstenei'n? À chercher des contrées désolées ?

Weiser stehen auf den Wegen, Des poteaux longent les chemins Weisen auf die Städte zu, Ils indiquent les villes,

16 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Und ich wand're sonder Maßen Mais sans répit je continue ma route, Ohne Ruh' und suche Ruh'. Âme inquiète en quête de quiétude.

Einen Weiser seh' ich stehen Je vois un poteau qui se dresse Unverrückt vor meinem Blick; Fixement devant mes yeux ; Eine Straße muß ich gehen, Il me faut prendre une route Die noch keiner ging zurück. Dont personne n'est revenu.

Wilhelm Müller

Du bist die Ruh, der Friede mild Tu es ma paix

Du bist die Ruh, Tu es la paix, Der Friede mild, La douce paix, Die Sehnsucht du Le lancinant désir Und was sie stillt. Et ce qui le comble.

Ich weihe dir Dans le plaisir et dans la peine, Voll Lust und Schmerz Je te consacre Zur Wohnung hier Pour demeure Mein Aug und Herz. Et mes yeux et mon cœur.

Kehr ein bei mir, Entre chez moi, Und schließe du Et doucement Still hinter dir Derrière toi Die Pforten zu. Ferme la porte.

Treib andern Schmerz Chasse la douleur Aus dieser Brust! De ce cœur, Voll sei dies Herz Puisse ta joie Von deiner Lust. Habiter cette poitrine.

Dies Augenzelt Le dôme de mes yeux, Von deinem Glanz De ton seul éclat Allein erhellt, Illuminé, O füll es ganz! Ô, emplis-le !

Friedrich Rückert

Ihr Bild Son visage

Ich stand in dunklen Träumen Absorbé par de funestes songes, und starrte ihr Bildnis an, Je fixais son portrait und das geliebte Antlitz Lorsque le visage tant aimé Heimlich zu leben begann. En secret s'anima. Um ihre Lippen zog sich Sur ses lèvres se dessina Ein Lächeln wunderbar, Un merveilleux sourire, Und wie von Wehmutstränen On eût dit que ses yeux brillaient Erglänzte ihr Augenpaar. De larmes mélancoliques.

Auch meine Tränen flossen Alors sur mes joues aussi Mir von den Wangen herab - Un flot de larmes ruissela.

notes de programme | 17 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Und ach, ich kann's nicht glauben, Hélas, je ne peux croire Daß ich dich verloren hab! Que je t'ai perdue !

Heinrich Heine

Greisengesang Le Chant du vieillard

Der Frost hat mir bereifet des Hauses Dach; Le givre a recouvert le toit de ma maison, Doch warm ist mir's geblieben im Wohngemach. Mais la chaleur n'a pas quitté ma demeure. Der Winter hat die Scheitel mir weiß gedeckt; L'hiver a blanchi mes cheveux, Doch fließt das Blut, das rote, durchs Herzgemach. Mais le sang pourpre coule toujours dans [mon cœur. Der Jugendflor der Wangen, die Rosen sind Les fleurs juvéniles de mes joues, les roses Gegangen, all gegangen einander nach - S'en sont allées, l'une après l'autre. Wo sind sie hingegangen? ins Herz hinab: Où donc s'en sont allées ? Dans mon cœur, Da blühn sie nach Verlangen, wie vor so nach. Où à leur gré elles fleurissent, tout comme avant.

Sind alle Freudenströme der Welt versiegt? Les flots de joie qui emplissaient le monde, Noch fließt mir durch den Busen ein stiller Bach. [sont-ils taris ? Sind alle Nachtigallen der Flur verstummt? Un paisible ruisseau en mon sein coule encore. Noch ist bei mir im Stillen hier eine wach. Les rossignols se sont-ils tus dans les prés [et les champs ? À mes côtés l'un d'entre eux veille encore. Sie singet: « Herr des Hauses! verschleuß dein Tor, Il chante : « Maître des lieux ! Ferme ta porte, Daß nicht die Welt, die kalte, dring ins Gemach. Que le monde, le monde froid, n'entre pas Schleuß aus den rauher Odem der Wirklichkeit, [dans ta demeure. Und nur dem Duft der Träume gib Dach und Fach! » Laisse au-dehors l'âpre souffle de la réalité Et n'accorde qu'aux rêves ton hospitalité ! » Ich habe Wein und Rosen in jedem Lied, J'ai du vin et des roses dans toutes mes und habe solcher Lieder noch tausendfach. [chansons, Vom Abend bis zum Morgen und Nächte durch Et de ces chansons, j'en ai encore des milliers. will ich dir singen Jugend und Liebesweh. Du soir au matin, tout au long de la nuit, Je veux te chanter la jeunesse et les peines Friedrich Rückert [du cœur.

Prometheus Prométhée

Bedecke deinen Himmel, Zeus, Couvre ton ciel, Zeus Mit Wolkendunst De nuages et de brume, Und übe, dem Knaben gleich, Et exerce-toi, tel un garçon Der Disteln köpft, qui fauche des chardons, An Eichen dich und Bergeshöh'n; Sur des chênes et des cimes ; Mußt mir meine Erde Mais il faut que tu me laisses Doch lassen stehn Ma terre Und meine Hütte, die du nicht gebaut, Et ma demeure, que tu n'as pas construite, Und meines Herd, Et mon foyer Um dessen Glut Dont tu envies Du mich beneidest. Les braises. Ich kenne nichts Ärmeres Je ne connais rien de plus pitoyable Unter der Sonn', als euch, Götter! Sous le soleil, que vous, ô dieux ! Ihr nähret kümmerlich Chichement vous nourrissez Von Opfersteuern D'offrandes

18 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Und Gebetshauch Et de prières murmurées Eure Majestät Votre majesté Und darbet, wären Et vous dépéririez, Nicht Kinder und Bettler Si enfants et mendiants Hoffnungsvolle Toren. N'étaient pas des fols Pleins d'espérance. Da ich ein Kind war Lorsque j'étais enfant, Nicht wußte, wo aus noch ein, Que je ne savais à qui me vouer, Kehrt' ich mein verirrtes Auge Je tournai mes yeux confus Zur Sonne, als wenn drüber wär' Vers le Soleil, comme s'il y avait au-dessus Ein Ohr, zu hören meine Klage, Une oreille pour entendre ma plainte, Ein Herz wie meins, Un cœur comme le mien Sich des Bedrängten zu erbarmen. Pour prendre en pitié l'enfant oppressé. Wer half mir Qui vint à mon secours Wider der Titanen Übermut? Contre l'arrogance des Titans ? Wer rettete vom Tode mich, Qui me sauva de la mort, Von Sklaverei? De l'esclavage ?

Hast du nicht alles selbst vollendet N'as-tu pas tout accompli toi-même, Heilig glühend Herz? Ô cœur sacré, ô cœur ardent ? Und glühtest jung und gut, Tu as brûlé, jeune, débordant de bonté, Betrogen, Rettungsdank Et tu fus trompé, cœur empli de gratitude Dem Schlafenden da droben? Pour ceux qui dormaient là-haut. Ich dich ehren? Wofür? Moi, te vénérer ? Pourquoi ? Hast du die Schmerzen gelindert As-tu jamais calmé les peines Je des Beladenen? De qui fut oppressé ? Hast du die Tränen gestillet As-tu jamais séché les larmes Je des Geängsteten? De qui fut angoissé ? Hat nicht mich zum Manne geschmiedet N'est-ce pas le temps qui Die allmächtige Zeit M'a forgé homme, Und das ewige Schicksal, Le temps tout-puissant, Meine Herrn und deine? Et le destin éternel, Mes maîtres et les tiens ? Wähntest du etwa, Croyais-tu peut-être Ich sollte das Leben hassen, Que je devais haïr la vie, In Wüsten fliehen, Fuir au désert Weil nicht alle Parce que les rêves de fleurs Blütenträume reiften? N'ont pas tous porté leurs fruits ?

Hier sitz' ich, forme Menschen Regarde moi, je façonne les humains Nach meinem Bilde. À mon image, Ein Geschlecht, das mir gleich sei, Une race qui me ressemble, Zu leiden, zu weinen, Faite pour souffrir, faite pour pleurer, Zu genießen und zu freuen sich Et t'ignorer, comme je t'ignore, Und dein nicht zu achten, Wie ich! Moi !

Johann Wolfgang von Goethe

Memnon Memnon

Den Tag hindurch nur einmal mag ich sprechen, De tout le jour je ne parle qu'une seule fois, Gewohnt zu schweigen immer und zu trauern: Habitué à me taire, tout à mon deuil : Wenn durch die nachtgebor'nen Nebelmauern Au moment où les rayons pourpres de l'aurore,

notes de programme | 19 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Aurorens Purpurstrahlen liebend brechen. Percent, aimables, les murs de brume nés de [la nuit. Für Menschenohren sind es Harmonien. Ce n'est qu'harmonie aux oreilles des hommes. Weil ich die Klage selbst melodisch künde Parce que ma plainte est mélodieuse Und durch der Dichtung Glut das Raube ründe, Et que le feu de la poésie lisse ses aspérités, Vermuten sie in mir ein selig Blühen. Ils imaginent en moi l'éclosion d'une grâce.

In mir, nach dem des Todes Arme langen, En moi, que les bras de la mort cherchent à saisir, In dessen tiefstem Herzen Schlangen wühlen; En moi, dont le cœur abrite des serpents Genährt von meinen schmerzlichen Gefühlen Qui se nourrissent de mes pensées douloureuses ; Fast wütend durch ein ungestillt Verlangen: En moi, que rend presque furieux un désir [inassouvi : Mit dir, des Morgens Göttin, mich zu einen, M'unir à toi, déesse du matin, Und weit von diesem nichtigen Getriebe, Et, loin de cette futile agitation, Aus Sphären edler Frei heit, aus Sphären reiner Liebe, Dans les sphères de noble liberté et de pur Ein stiller, bleicher Stern herab zu scheinen. [amour, Être une pâle étoile et scintiller doucement. Johann Baptist Mayrhofer

An Schwager Kronos Au cocher Chronos

Spute dich, Kronos! Hâte-toi, Chronos ! Fort den rasselnden Trott! Fais trotter ton cheval, va ! Bergab gleitet der Weg; Le chemin descend la pente. Ekles Schwindeln zögert Ton exécrable hésitation Mir vor die Stirne dein Zaudern. Me donne le vertige ! Frisch, holpert es gleich, La route cahotante nous attend, Über Stock und Steine den Trott Pour gaiement à travers champs Rasch ins Leben hinein! Nous plonger dans la vie !

Nun schon wieder Encore ! Encore Den eratmenden Schritt Ce pas essoufflé pour remonter Mühsam berghinauf. Péniblement la pente. Auf denn, nicht träge denn, Allons donc ! Ne traîne pas, Strebend und hoffend hinan! Courage, garde espoir jusqu'au sommet !

Weit, hoch, herrlich rings Vaste, haute, splendide Den Blick ins Leben hinein, La vue plongeante sur la vie ! Vom Gebirg zum Gebirg De sommet en sommet Schwebet der ewige Geist, Flotte l'esprit éternel Ewigen Lebens ahndevoll. Dans le pressentiment de la vie éternelle.

Seitwärts des Überdachs Schatten Là, de côté, tu es attiré par Zieht dich an L'ombre d'un auvent Und ein Frischung verheißender Blick Et le regard d'une jeune fille sur le seuil, Auf der Schwelle des Mädchens da. Promesse de fraîcheur. Labe dich! - Mir auch, Mädchen, Délecte-toi ! Moi aussi, je le veux, jeune fille, Diesen schäumenden Trank, Ce breuvage écumant, Diesen frischen Gesundheitsblick! Ce frais regard plein de vitalité !

Ab denn, rascher hinab! Allons ! Il est temps de repartir, plus vite ! Sieh, die Sonne sinkt! Regarde, le soleil décline ! Eh sie sinkt, eh mich Greisen Avant qu'il ne se couche, avant que la brume

20 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Ergreift im Moore Nebelduft, Ne me rattrape dans les marais, moi, le vieillard, Entzahnte Kiefer schnattern Avant que mes mâchoires édentées ne Und das schlotternde Gebein, [s'entrechoquent, Et que mes jambes ne chancèlent, Trunken vom letzten Strahl Emporte- moi, Reiß mich, ein Feuermeer Dans l'ivresse du dernier rayon de soleil, Mir im schäumenden Aug, Océan de feu dans mon œil écumant, Mich geblendeten Taumelnden Emporte moi, aveuglé, titubant, In der Hölle nächtliches Tor. Jusqu'à la porte ténébreuse des Enfers.

Töne, Schwager, ins Horn, Sonne, cocher, sonne ton cor, Rassle den schallenden Trab, Fait résonner le martèlement des sabots, Daß der Orkus vernehme: wir kommen, Qu'Orcus entende notre arrivée, Daß gleich an der Tür Que dès le seuil l'aubergiste Der Wirt uns freundlich empfange. Nous réserve un aimable accueil.

Johann Wolfgang von Goethe

An die Musik À la musique

Du holde Kunst, in wieviel grauen Stunden, Ô art sublime, que de fois, dans les heures Wo mich des Lebens wilder Kreis umstrickt, [sombres Hast du mein Herz zu warmer Lieb entzunden, Où la cruelle vie me tenait pris dans ses rets, Hast mich in eine beßre Welt entrückt! As-tu allumé dans mon cœur une ardente [flamme, M'as-tu transporté dans un monde meilleur !

Oft hat ein Seufzer, deiner Harf' entflossen, Que de fois un soupir échappé de ta harpe, Ein süßer, heiliger Akkord von dir Un doux accord, une note divine, Den Himmel beßrer Zeiten mir erschlossen, M'a ouvert le ciel de temps meilleurs Du holde Kunst, ich danke dir dafür! Ô art sublime, comme je t'en suis reconnaissant !

Franz von Schober

traduit de l’allemand par Laurent Cassagnau (ACI) pour la cité de la musique

notes de programme | 21 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe biographies la poésie de Hölderlin ou Orchestra of Europe dans Shakespeare. En 1994, il a des programmes sympho- pris la direction artistique niques et lyriques à Claudio Abbado du Festival de Pâques de Londres, Vienne (création a fait ses débuts en direc- Salzbourg où il a pro- et enregistrement de tion d’orchestre en 1960 grammé plusieurs séries Fierabras de Schubert) et au Teatro alla Scala de sa de concerts de musique Berlin, puis au cours de ville natale, Milan, où il de chambre contempo- tournées aux États-Unis et devient le directeur de la raine, ainsi que des au Japon. Pendant les musique de 1968 à 1986. productions sympho- neuf années de résidence De 1986 à 1991, il est niques et lyrique. Il a du COE chez Ferrara nommé Generalmusik- également fondé un Musica, il a dirigé et enre- direktor de la Ville de concours de composition gistré le Voyage à Reims Vienne. En 1988, il fonde et de littérature. En février et le Barbier de Séville de Wien Modern, une mani- 1998, Claudio Abbado a Rossini, et Don Giovanni festations annuelle qui a annoncé qu’il ne recondui- de Mozart. Il a aussi enre- d’abord pris la forme d’un rait pas son contrat de gistré l’intégrale des festival de musique directeur artistique de Symphonies de Schubert contemporaine, avant d’in- l’Orchestre philharmonique avec le COE. Les enregis- clure de multiples aspects de Berlin après la saison trements de Claudio de l’art contemporain. 2001/2002. Claudio Abbado comprennent les Depuis 1991, il a créé un Abbado s’est toujours œuvres symphoniques concours international de beaucoup intéressé aux complètes de Beethoven, composition qui se tient jeunes talents. Il a par Mahler, Mendelssohn, tous les ans à Vienne. exemple été le fondateur Ravel, Tchaïkovski et Claudio Abbado a dirigé et le directeur musical de Prokofiev, autant que des pour la première fois l’Orchestre des jeunes de opéras de Verdi, Rossini, l’Orchestre philharmonique l’Union européenne (en Mozart et Wagner. En de Berlin en 1966, avant 1978), du Chamber 2000, son enregistrement d’être élu chef permanent Orchestra of Europe (en des Symphonies de et directeur artistique en 1981) et de l’Orchestre Beethoven avec les 1989. Ses programmes des jeunes Gustav-Mahler Berliner Philharmoniker a présentaient non seule- (en 1986). C’est avec cette été édité. Ses enregistre- ment des œuvres dernière formation qu’il a ments ont obtenu de classiques et romantiques, aussi fondé le Mahler nombreuses distinctions : mais également du Chamber Orchestra qui a International Grammy XXe siècle, et choisissaient collaboré avec lui dans la Award, Grand Prix interna- chaque année un thème cadre de sa résidence à tional du Disque, Diapason esthétique ou littéraire Ferrare depuis 1998. Il a d’or, Record Academy comme Faust, Œdipe, dirigé le Chamber Prize, Stella d’Oro, Orphée

22 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe d’or, Grand prix de la mande Kritikerpreis des professionnelle en tant Nouvelle Académie... ll a Verbandes der Deutschen que membre principal de reçu un grand nombre de Kritiker. En avril 2002, le l’Opéra de Bâle où elle distinctions honorifiques : président de la République chante le rôle de Premio Freud, Médaille fédérale d’Allemagne lui a Chérubin, Dorabella, d’or de la Société interna- conféré le Grosse Sesto, et le Compositeur tionale Gustav-Mahler, Verdienstkreuz mit Stern. dans Arianne, avant Ehrenring (Anneau d’hon- À partir de 2003, Claudio d’être propulsée sur la neur) de l’Orchestre Abbado dirigera le nouvel scène internationale où philharmonique de Vienne Orchestre du Festival de les rôles des opéras de (1973), Médaille d’or musique de Lucerne (une Mozart et Strauss consti- Nicolai (1980), Médaille formation fondée après la tuent la plus grande part Mozart, Médaille Schubert, Guerre par A. Toscanini). de son répertoire. Ehrenring de la Ville de Cet ensemble réunira les Particulièrement remar- Vienne et Grosses solistes de l’Orchestre quée dans son Ehrenzeichen de la philharmonique de Berlin, interprétation d’Octave République d’Autriche. Il des membres de dans Le Chevalier à la est docteur honoris causa l’Ensemble Sabine Meyer, rose – qui fit l’objet d’un des universités du Quatuor Hagen et du enregistrement chez Emi d’Aberdeen, Ferrare et Mahler Chamber avec Bernard Haitink –, Cambridge. En Italie, il a Orchestra. Les premiers Anne Sofie von Otter a reçu la Gran Croce Ordine concerts auront lieu en l’occasion de se produire al Merito della Repubblica août 2003 et se poursui- à Stockholm, Munich, italiana, la Medaglia d’Oro vront en 2004 et 2005. Chicago, Covent Garden, ai benemeriti della cultura l’Opéra Bastille, ainsi qu’à e dell’arte et le Premio Anne Sofie von Otter Vienne, au Met à New Nonino (1999). En France, est considérée comme York et au Japon avec il a été élevé au rang de l’une des meilleures chan- Carlos Kleiber. Ses nom- Grand Croix de la Légion teuses de sa génération breuses prestations sont d’Honneur. En Allemagne, et, à ce titre, est sollicitée l’occasion d’enregistre- il reçoit le Grosses par les plus grands chefs, ments live : Judith dans Verdienstkreuz et le Ernst orchestres, salles d’opé- Le Château de Barbe- von Siemens Musik Preis. ras et maisons de Bleue avec le Boston En 2001, il a été élu « chef disques du monde entier. Philharmonic Orchestra et de l’année » par la presse Née en Suède, elle com- Bernard Haitink, Charlotte allemande et a reçu le mence ses études à dans Werther (Opéra de Würth Preis des Stockholm et les poursuit Lyon et Nagano chez Jeunesses musicales alle- à la Guildhall School de Erato), Ariodante mandes. En 2002, il a reçu Londres avec Vera Rozsa. (Musiciens du Louvre et le prix de la critique alle- Elle entame sa carrière Marc Minkowski) et Baba

notes de programme | 23 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe the Turk dans The Rake’s Poppée de Monteverdi au et avec orchestre, ce sont Progress (London Festival d’Aix-en- les œuvres de Weill, Symphony Orchestra et Provence, le rôle titre Berlioz, Mozart, Berg, John Eliot Gardiner), tous d’Alceste de Glück sous Zemlinsky et Mahler deux pour DG Archiv. la direction de John Eliot qu’elle a interprétées. Sa tournée au Japon en Gardiner au Châtelet Son répertoire lyrique 1997, avec l’Opéra de (enregistré sur DVD) ainsi inclut Dorabella avec Lyon et Kent Nagano, que la création du rôle – Solti, l’Orféo de Glück, marque sa carrière avec véritable défi théâtral – ainsi que Sesto et Carmen qu’elle interprè- de Sorl dans Ståden, Idamante avec Gardiner tera la même année avec opéra de Sven-David et Marguerite avec la Philharmonie de Berlin, Sandström à l’Opéra royal Chung. De prochains sous la direction de de Suède. Cette carrière engagements lui permet- Claudio Abbado (enregis- particulièrement dense a tront d’ajouter tré pour DG et diffusé à la amené Anne Sofie von Shéhérazade de Ravel, la télévision dans toute Otter a chanter sur les Symphonie n° 3 de l’Europe). C’est encore plus grandes scènes Mahler (avec Boulez chez avec Bernard Haitink et d’Europe et d’Amérique DG ), Hercule de Haendel cette fois l’Orchestre du Nord où, chaque fois, (avec Minkowski, toujours national de France, qu’au cette interprète a appré- chez DG), les Gurrelieder cours de la saison 1999- cié le travail en de Schönberg (avec 2000, Anne Sofie von collaboration avec les Rattle chez Emi) et enfin Otter interprète pour la plus prestigieux chefs du Alceste de Glück (avec première fois le rôle de monde entier. Elle est Gardiner chez Philipps). Mélisande (enregistré également une artiste très Chez Deutsche pour la radio avant de estimée lors de ses réci- Grammophon, Anne faire l’objet d’un enregis- tals et se produit de part Sofie von Otter a participé trement chez Naïve). le monde avec son à un projet unique avec le Récemment, le public a accompagnateur de compositeur, arrangeur et pu applaudir Anne Sofie longue date, Bengt producteur Elvis Costello, von Otter dans différents Forsberg. Artiste enregis- intitulé For the Stars, ainsi grands rôles du trant en soliste avec qu’à un album dédié à la répertoire : Orfeo à , musique de Cécile Genève, Sesto et Anne Sofie von Otter Chaminade Mots Ariodante à l’Opéra s’enorgueillit d’une disco- d’amour. Anne Sofie von Garnier et au Met avec graphie personnelle très Otter conjugue donc tout James Levine, Oktavian à étendue : avec Bengt au long de l’année les Paris, Munich et Forsberg, elle a enregistré rôles lyriques sur les plus Stockholm, Neron dans de nombreux récitals grandes scènes interna- Le Couronnement de (récompensés par un prix) tionales (Sesto dans Julio

24 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Cesare et Clairon à Staatskapelle de Dresde, grandes scènes interna- l’Opéra Bastille, le London Philharmonic et tionales, de la salle du Mélisande et Sesto au le London Symphony, Musikverein de Vienne à Met de New York, l’Orchestra of the Age of celle de l’Orchestre phil- Béatrice au Châtelet, Enlightenment et le harmonique de Berlin en Alcina à Drottningholm et Freiburger passant par le Lincoln pour la première fois au Barockorchester. Sa parti- Center et à festival de Glyndebourne cipation au Festival Bach New York, ainsi qu’à dans Carmen) avec les de l’Oregon, en 1995, Amsterdam, Munich, récitals dans le monde a marqué le début d’une Londres, Paris, Rome, entier (incluant des tour- brillante carrière aux Madrid, Saint- nées au Japon et aux États-Unis. Thomas Pétersbourg, Tokyo et États-Unis) ainsi que les Quasthoff s’y produit aux festivals de enregistrements et de régulièrement avec les Salzbourg, d’Édimbourg nombreux projets. orchestres symphoniques et du Schleswig-Holstein, de Boston, Chicago, aux Berliner Festwochen Thomas Quasthoff Cleveland, Pittsburgh et et à la Schubertiade de peut être considéré San Francisco. Il a égale- Schwarzenberg. Parmi comme l’un des chan- ment été invité aux ses projets, signalons des teurs les plus festivals américains les concerts avec le New remarquables de sa plus renommés, notam- York Philharmonic, génération. Sa carrière ment Ravinia, l’Orchestre de Cleveland, l’amène à collaborer dans Tanglewood et Mostly le Philharmonique de le monde entier avec des Mozart. Son premier réci- Berlin sous la direction de orchestres renommés et tal new-yorkais en 1999, Claudio Abbado et de des chefs prestigieux tels avec Le Voyage d’hiver sir et Claudio Abbado, Daniel de Schubert accompagné l’Orchestre de l’Opéra Barenboïm, sir Colin au piano par Charles national de Bavière sous Davis, Bernard Haitink, Spencer, a obtenu un la direction de Zubin Mariss Janssons, Kurt franc succès. Il a participé Mehta, ainsi qu’une tour- Masur, Seiji Ozawa, sir à l’ouverture de la saison née aux États-Unis avec Simon Rattle, Helmuth 2001 de Carnegie Hall en le Los Angeles Chamber Rilling et Mstislav tant que soliste de Orchestra ; et des récitals Rostropovitch. l’Orchestre philharmo- de chant à Londres, En Europe, Thomas nique de Berlin sous la Munich, Vienne, Lucerne Quasthoff a donné des direction de Claudio et Amsterdam. Aux États- concerts notamment avec Abbado. En tant que Unis, une tournée de les orchestres philharmo- chanteur de lieder, récitals est prévue avec niques de Berlin et de Thomas Quasthoff s’est des concerts à Vienne, la Sächsischen produit sur la plupart des Washington, Boston,

notes de programme | 25 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe

Saint Paul et San un nouveau Grammy Munich (1988), le Prix Francisco. En mars 2002, Award. En 2002, son Chostakovitch à Moscou Thomas Quasthoff était enregistrement du Chant (1996) et le Prix Hamada invité (avec le du cygne de Schubert, Trust/Scotsman Festival Philharmonique de Berlin également accompagné (Festival d’Édimbourg et Claudio Abbado) aux par Justus Zeyen, a été 1996). Depuis 1996, Salzburger nominé pour un Grammy Thomas Quasthoff Osterfestspielen et, au Award et a reçu le Echo occupe une chaire de printemps 2003, il y fera 2001 pour le « meilleur professeur au ses débuts lyriques dans récital ». D’autres enres- Conservatoire supérieur le rôle du Don Fernando gistrements avaient été de musique de Detmold de , également produits auparavant, et se consacre intensive- avec l’Orchestre philhar- notamment par Hännsler, ment à la formation de monique de Berlin, dirigé EMI-Elektrola, Philips, jeunes chanteurs. cette fois par sir Simon BMG, parmi lesquels se Rattle. Un an plus tard, distingue tout particulière- Chamber Orchestra il fera ses débuts à ment une interprétation of Europe l’Opéra national de du Voyage d’hiver chez Fondée en 1981, cette Vienne en interprétant BMG, avec Charles formation réunit cinquante Amfortas dans le Parsifal Spencer au piano. Enfin, musiciens provenant de de Wagner. Thomas un enregistrement d’airs quinze pays d’Europe et Quasthoff est lié depuis de Mozart avec se produit principalement 1999 par un contrat l’Orchestre de musique en Europe continentale. d’exclusivité avec de chambre du Elle a établi une étroite Deutsche Grammophon. Wurtemberg, a été dou- collaboration avec les Son premier CD pour blement récompensé en villes de Berlin, Francfort, cette maison d’édition, 1998 par un Diapason Graz, Cologne et Paris, les Wunderhorn Lieder de d’or et par le prix Écho. tout en travaillant réguliè- Mahler, avec Anne Sofie Thomas Quasthoff a rement avec les chefs et von Otter et sous la direc- effectué sa formation de les solistes les plus recon- tion de Claudio Abbado, chant à Hanovre auprès nus. Le Chamber a été récompensé par un des professeurs Charlotte Orchestra of Europe a Grammy Award. Un autre Lehmann et Ernst Huber- enregistré plus de deux enregistrement compor- Contwig. Il a reçu de cents œuvres pour les dix tant des lieder de Brahms nombreuses récom- maisons de disques les et de Liszt, avec un penses nationales et plus importantes au accompagnement au internationales, parmi les- monde ; de nombreuses piano de Justus Zeyen, quelles le Premier prix au récompenses internatio- a été édité en février 2000 Concours international de nales sont venues et nominé en 2001 pour musique de l’ARD à couronner ce travail,

26 | cité de la musique Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe notamment trois Solemnis de Beethoven particulièrement « l’art du « Gramophone Record of (dir. Nikolaus Harnoncourt) détail qui change notre the Year ». En mai 2002, ainsi que le Festival appréciation de cette cette formation fête ses d’Opéra de Pesaro (le lieu musique ») ; à l’occasion vingt et un ans à la cité de de naissance de Rossini) des soixante-dix ans la musique de Paris. avec le Voyage à Reims d’, le COE Chaque saison a été mar- de ce compositeur (dir. réalise une tournée euro- quée par des événements Claudio Abbado). En péenne, avant d’une constante qualité 1994, le COE a confirmé d’interpréter le artistique. En 1991, le son succès dans l’inter- de Verdi COE a participé au prétation des Symphonies (dir. N. Harnoncourt) Festival international de Beethoven qui, au à Vienne et à Graz, et Mozart commémorant le Festival de Salzbourg d’enregistrer pour Teldec bicentenaire de sa mort (dir. Nikolaus Harnoncourt) les Danses slaves de (tournée européenne avec a été jugée « insurpas- Dvorák et la Musique sir Georg Solti), a été sable » et « impeccable ». pour cordes, percussion choisi pour interpréter les En 1995, à l’occasion de et célesta de Bartók. Pour trois dernières sympho- son soixante-quinzième la saison actuelle, le COE nies du même anniversaire, le Festival de a travaillé ou travaillera compositeur à Vienne à Salzbourg a réinvité le avec les artistes suivants : l’occasion de l’anniver- COE pour Les Noces de Pierre-Laurent Aimard, saire de sa mort Figaro de Mozart Paavo Berglund, Frans (dir. Nikolaus Harnoncourt), (dir. N. Harnoncourt) ; Brügen, Nikolaus et a contribué à la réalisa- la version de Così fan Harnoncourt, sir Charles tion d’une série de six tutte enregistrée la même Mackerras, Viktoria épisodes TV pour année avec Sir Georg Mullova, Anne Sofie von Channel 4 en Grande- Solti a, d’après The Otter et András Schiff. Bretagne. En 1992, Times, « éclipsé toutes les l’enregistrement des précédentes ». En 1996, Le Chamber Orchestra of Symphonies de Nikolaus Harnoncourt et Europe bénéficie du sou- Beethoven (dir. Nikolaus le COE interprètent l’inté- tien de CGU France. Harnoncourt) a été élu grale des Symphonies de « Record of the Year » par Beethoven à Carnegie flûtes la revue Gramophone, Hall (New York). En 2001, Jaime Martin avant d’obtenir par la suite le COE fête ses vingt ans Josine Buter l’essentiel des autres dis- et enregistre, avec le sou- tinctions discographiques tien de CGNU, les hautbois ; le COE a par ailleurs Symphonies de Brahms Douglas Boyd ouvert le Festival de pour Ondine Record Rachel Frost Salzbourg avec la Missa (Gramophone apprécie

notes de programme | 27 Claudio Abbado - XXIe anniversaire du Chamber Orchestra of Europe cor anglais Ingrid Friedrich Ruth Contractor Lucy Gould Kolbjørn Holthe clarinettes Ulrika Jansson Richard Hosford Iris Juda Marie Lloyd Sylwia Konopka Fiona McCapra bassons Stefano Mollo Matthew Wilkie Benjamin Nabarro Christopher Gunia Peter Olofsson Nicole King Joseph Rappaport Håkan Rudner cors Aki Sauliere Jonathan Williams Henriette Scheytt Elizabeth Randell Martin Walch Jan Harshagen Peter Richards altos Danusha Waskiewiz trompettes Gert-Inge Andersson Nicholas Thompson Anthony Bauer Julian Poore Ida Grøn Claudia Hofert trombones Dorle Sommer Andrew Berryman Stephen Wright Helen Vollam violoncelles trombone basse William Conway Nicholas Eastop Henrik Brendstrup Kim Bak Dinitzen timbales Kate Gould Geoffrey Prentice Sally Jane Pendlebury Howard Penny violons Marieke Blankestijn (solo) contrebasses technique Vesna Stankovic Moffatt Enno Senft régie générale Sophie Besançon Håkan Ehren Joël Simon Sarah Bevan Baker Denton Roberts régie plateau Fiona Brett Lutz Schumacher Éric Briault Francis Cummings régie lumières Christian Eisenberger Joël Boscher

28 | cité de la musique