1 Fête de l’Alternance 2 Paris 2024 : sera en septembre à Lima, jour de l'attribution des JO 3 Logement : l’ambition centralisatrice d’Emmanuel Macron 4 Actus franciliennes 5 L'Insee revoit à la hausse la croissance française en 2014, mais à la baisse en 2015 6 La trésorerie des entreprises au plus haut depuis 2005 7 Cyberattaque mondiale : le cauchemar de milliers d'entreprises françaises 8 Jean-Marc Janaillac: «Air ne doit pas connaître le sort d'Alitalia» 9 Très haut débit : SFR assigne Orange en justice 10 Les taxis manifestent à Paris pour «devenir la priorité» d'Emmanuel Macron 11 Creuse : Mélenchon et Poutou s'invitent à la manifestation des salariés de GM&S 12 Avec Edouard Philippe, Macron donne un coup à droite 13 Edouard Philippe, un fidèle juppéiste qui s’affranchit pour recomposer 14 Édouard Philippe à Matignon: la droite et le centre accusent le choc et visent les législatives 15 "Soutenir des candidats FN douteux aurait détruit l'image de Debout la France" 16 Macron et Merkel veulent écrire une nouvelle feuille de route pour l'Europe 17 Premier périple à l'étranger pour Donald Trump

::: ILE-DE-FRANCE LE PARISIEN ECO – 15/05/2017

1 Fête de l’Alternance

FREQUENCE PROTESTANTE – 12/05/2017

Podcast : http://www.medef-idf.fr/patrick-frange-president-de-commission-emploi-formation- education-medef-ile-de-france-frequence-protestante-12-mai-2017-fete-de-lalternance/

LE FIGARO – 16/05/2017

2 Paris 2024 : Emmanuel Macron sera en septembre à Lima, jour de l'attribution des JO

Le président Macron, qui a reçu mardi matin la Commission d'évaluation du CIO sur la candidature de Paris à l'organisation des jeux Olympiques 2024, sera à Lima au Pérou le 13 septembre pour le vote de l'attribution des JO.

Au lendemain de son premier voyage officiel en Allemagne, Emmanuel Macron a reçu, ce mardi matin, lors d'un petit-déjeuner à l'Elysée les membres de la commission d'évaluation du Comité international olympique ( CIO), chargée depuis dimanche d'étudier le dossier de candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2024.

L'occasion de rappeler le soutien de la France au projet (l'Etat s'est engagé a versé 1 Md€) et surtout d'annoncer qu'il accompagnerait Paris 2024 à Lausanne, début juillet, lors de sa présentation devant les membres du CIO et surtout à Lima, pour le vote du 13 septembre.

Ce mardi pendant, pendant une heure, les membres fondateurs de Paris 2024 (les co-présidents Tony Estanguet et Bernard Lapasset, le président du comité olympique français Denis Masseglia, Guy Drut, membre français du CIO, Anne Hidalgo, Maire de Paris et Valérie Pécresse, président de la région Ile-de-France) étaient présents à l'Elysée, avec la commission d'évaluation. Une commission touchée par le message du Président de la République. «C'est un honneur pour nous d'être reçus à l'Elysée par le nouveau Président», avait ainsi salué son président, Patrick Baumann, à la veille de la rencontre.

Ce mardi matin, Emmanuel Macron a rappelé (en français et anglais) «l'engagement totale de toute la nation», raconte Guy Drut. « Il est revenu sur ce qui fait le sens de cette candidature, de ce qu'on peut attendre d'une organisation des Jeux si Paris est choisi pour 2024, poursuit le champion olympique du 110 m haies, membre du CIO. Paris a toutes ses chances.»

La semaine dernière, c'est Thomas Bach, le président du CIO qui s'était entretenu au téléphone avec Emmanuel Macron. Le courant est visiblement passé. Alors qu'aux Etats-Unis, Donald Trump multiplie des messages qui pourraient desservir Los Angeles, le rival de Paris dans la course aux JO de 2024 - le Président américain a notamment estimé que «le sport était dangereux pour la santé - Emmanuel Macron joue les VRP de luxe.

Sandrine Lefèvre

LE MONDE – 16/05/2017

3 Logement : l’ambition centralisatrice d’Emmanuel Macron

Le nouveau président veut doper la construction. Quitte à bousculer les élus locaux.

Les propos du nouveau président de la République, tenus lorsqu’il était candidat, devant des cercles professionnels ou dans des revues spécialisées, dessinent une politique du logement plutôt interventionniste et centralisatrice, quitte à bousculer les élus locaux.

L’une des mesures phares d’Emmanuel Macron est de créer, selon ses termes, « un choc d’offre » de logements neufs, c’est-à-dire construire beaucoup pour, espère-t-il, faire baisser le prix du logement et le rendre plus accessible. « Rien ne sert d’afficher un objectif de 500 000 logements construits par an, comme l’ont fait mes prédécesseurs, si on n’a pas les moyens de l’atteindre, plaidait le candidat, le 31 janvier, devant la Fondation Abbé Pierre. Il faut cibler les efforts sur les zones où il manque des logements. » Et d’en citer quelques-unes : le Grand Paris, la métropole lyonnaise, la région frontalière avec Genève et la Suisse et la région Aix-Marseille.

Choc de construction

Lorsque des maires renâclent à construire, comme c’est le cas dans de nombreuses communes d’Ile-de-France, M. Macron propose simplement de les court-circuiter, en créant des « opérations d’intérêt national ». Cette procédure, employée pour les grands chantiers comme la Défense (Hauts-de-Seine) ou Euroméditerranée, à Marseille, confie le pouvoir d’urbanisme et celui de délivrer les permis de construire à l’Etat et aux préfets, et en dépossède les élus locaux, parfois rétifs à de nouvelles constructions. Beaucoup de maires invoquent volontiers l’absence de foncier pour justifier leur immobilisme, alors que, selon Thierry Lajoie, PDG de la société Grand Paris Aménagement, chargée de mener les chantiers autour des 68 gares qui jalonneront les 200 km de lignes de métro du Grand Paris Express, « des terrains pour bâtir, il y en a beaucoup en Ile-de-France, par exemple l’emprise des anciennes usines PSA, à Aulnay-sous-Bois, une mine de 63 hectares à elle seule, intégrée à un projet qui en couvrira 160 ».

Ce sont Thierry Lajoie et Roland Castro – l’architecte urbaniste qui avait, dès 1981, convaincu François Mitterrand de lancer le programme « Banlieue 89 » – qui ont d’ailleurs fait visiter à M. Macron des sites franciliens, comme, en octobre 2016, le quartier de la Coudray, à Poissy (Yvelines). « Mobiliser ces terrains est souvent lent et difficile et il faut adopter des procédures qui simplifient et accélèrent le démarrage des projets », suggère M. Lajoie.

Modèle lyonnais

Pour diviser par deux les délais d’instructions des opérations déclarées d’intérêt général, existe déjà la procédure intégrée pour le logement (PIL), créée par une ordonnance de 2013 et jusqu’ici peu utilisée. Ce dispositif dérogatoire permet de passer par-dessus tout autre document – et ils sont nombreux –, plan local d’urbanisme, schéma directeur, plan de déplacement, programme local de l’habitat… Des sites franciliens seraient déjà identifiés.

Un souhait de M. Macron est de confier la délivrance des permis de construire aux intercommunalités plutôt qu’aux communes, allant jusqu’au bout de la logique engagée par la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) de 2014, qui avait bien instauré les plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUI) mais échoué à retirer ce pouvoir aux maires. La volonté de créer un choc de construction pourrait se concrétiser, d’ici à l’automne, dans une loi mobilité et logement, comme annoncé, le 9 avril par le candidat, dans Le Journal du dimanche.

« Le choc de construction, on le réalise déjà en Ile-de-France, soutient Geoffroy Didier, conseiller régional (LR) en charge du logement. La région a même dépassé ses objectifs, avec 86 000 logements sortis de terre en 2016, bien au-delà des 70 000 inscrits dans le schéma directeur. » M. Didier préside l’établissement public foncier d’Ile-de-France, un autre outil légué par la gauche, aujourd’hui pleinement opérationnel et « qui va mettre sur la table 2 milliards d’euros, entre 2016 et 2020, pour acheter du foncier, afin que l’Ile-de-France devienne le laboratoire de la politique pragmatique que souhaite M. Macron ».

Mais le nouveau chef de l’Etat s’inspirerait plutôt du modèle lyonnais, qui a su, lui, simplifier le mille-feuille territorial en fusionnant la communauté urbaine du Grand Lyon et le département du Rhône en une vaste Métropole de Lyon présidée par Gérard Collomb, l’un de ses premiers soutiens. Ce n’est donc pas par hasard que le nom de Michel Le Faou, un de ses vice-présidents, en charge de l’urbanisme et du cadre de vie, circule comme futur ministre ou, plus probablement, secrétaire d’Etat au logement placé auprès d’un grand ministère qui pourrait y adjoindre l’écologie, l’énergie, voire le transport.

Le logement est un des enjeux cruciaux du Grand Paris, un sujet dont M. Macron fera « une grande priorité nationale », comme il l’a déclaré, en mars, à la revue Grand Paris Développement. Il souhaite reconfigurer la Métropole du Grand Paris (MGP) en l’étendant à l’ensemble de la zone dense urbaine, incluant les pôles majeurs comme les aéroports, Evry, Saclay, la Défense, et en faisant carrément disparaître les trois départements de petite couronne.

Ces propositions risquent de faire réagir, de Valérie Pécresse, présidente (LR) de région et opposante de toujours à la MGP – « une aberration, un contresens historique » – à Anne Hidalgo, maire (PS) de Paris qui voit d’un mauvais œil la concurrence d’une MGP trop puissante et craint l’ingérence du président de la République sur son territoire. Dès dimanche 14 mai, jour de son investiture, elle a, en le recevant à l’Hôtel de Ville, prévenu : « Vous l’avez compris, je suis une décentralisatrice. Je considère que la République ne s’affaiblit pas en donnant aux collectivités la liberté et les moyens d’agir. La République a besoin de ses élus locaux. »

Isabelle Rey-Lefebvre

LES ECHOS – 16/05/2017

4 Actus franciliennes

::: ECONOMIE LE POINT – 16/05/2017

5 L'Insee revoit à la hausse la croissance française en 2014, mais à la baisse en 2015

L'Insee a corrigé ses données de croissance pour les années 2014 et 2015.

L'économie française a connu une croissance de 1 % du PIB en 2014, au lieu de 0,7 %. L'année suivante, elle s'est stabilisée alors que l'Insee avait d'abord annoncé 1,2 %.

L'Insee a publié ce mardi 16 mai ses comptes nationaux annuels et corrigé ses données de croissance pour 2014 et 2015. Selon l'institut statistique, la croissance 2014 a atteint 1 % du produit intérieur brut (PIB), au lieu de 0,7 %, soit une hausse de 0,3 point. Il s'agit de la seconde révision à la hausse pour 2014. L'an dernier, l'Insee avait déjà rehaussé de 0,5 point le chiffre atteint pour cette année pivot du quinquennat Hollande, de 0,2 % à 0,7 %. Ces nouveaux chiffres tiennent compte de « la demande intérieure », plus forte que ce que l'on pensait jusque-là, et de « la contribution des variations de stocks à la croissance », également plus soutenue. « La progression du pouvoir d'achat des ménages » est elle aussi « amplifiée » (+ 1,1 % contre + 0,7 % précédemment), pour tenir compte « notamment d'une révision à la hausse de la masse salariale », précise l'organisme public.

En 2015, la croissance a, à l'inverse, été plus faible que prévu, à 1 % du produit intérieur brut (PIB) en données corrigées des jours ouvrés, au lieu des 1,2 % jusque-là annoncés, d'après l'Insee. Cette variation s'explique par le solde des échanges extérieurs, « plus dégradé qu'estimé initialement », son impact sur la croissance étant abaissé de - 0,3 point à - 0,5 point. « La croissance en volume des importations et plus encore celle des exportations sont nettement revues en baisse, surtout du fait d'estimations plus dynamiques des prix », précise l'Insee, qui fait également état d'une demande intérieure « légèrement abaissée ». L'organisme public maintient en revanche inchangée son chiffre de croissance pour 2016, à 1,1 % du PIB. Malgré les corrections apportées sur 2014 et 2015, le poids du déficit public reste par ailleurs inchangé, à 3,9 % du PIB en 2014, 3,6 % en 2015 et 3,4 % l'an dernier.

Les niveaux de la dette publique et de la dépense publique sont en revanche revus légèrement à la hausse concernant 2016 : la dette passe ainsi de 96 % à 96,3 % du PIB, et la dépense publique de 56,2 % à 56,4 % du PIB. Le niveau des prélèvements obligatoires, enfin, est légèrement réévalué pour 2016, de 44,3 % à 44,4 ù du PIB, soit un niveau inchangé par rapport à 2015.

LES ECHOS – 16/05/2017 6 La trésorerie des entreprises au plus haut depuis 2005

Baisse du coût des matières premières et réduction des délais de paiement ont contribué à l’appréciation positive de l’état des trésoreries.

« Ça va mieux. » L'antienne du président sortant, répétée dimanche encore devant les cadres du Parti socialiste, rue de Solférino, est bel et bien une réalité. Plusieurs indicateurs économiques en attestent, notamment celui de la trésorerie des entreprises. Selon COE-Rexecode, la trésorerie globale des grandes entreprises et des ETI s'améliore fortement (16,5 points en mai 2017 contre 2,2 points en décembre 2016), après un creux au mois d'avril. Selon cette enquête d'opinion, menée auprès de trésoriers d'entreprise, jamais leur proportion parmi ceux qui jugent que la trésorerie globale de leur entreprise s'améliore n'avait été aussi élevée depuis 2005, date de création de l'enquête.

Amélioration des délais de paiement

Comment s'explique cette embellie ? Par le cours des matières premières d'abord : « Les cours du baril de pétrole comme ceux des métaux ont fléchi depuis la fin du mois de mars », note COE- Rexecode. A cela vient s'ajouter une amélioration tangible des délais de paiement, dont la santé financière des entreprises est toujours très dépendante. Selon le dernier rapport de l'Observatoire des délais de paiement, les entreprises payent toujours en moyenne avec un retard de 11,6 jours (chiffre du troisième trimestre 2016) mais ce retard était de 13,6 jours à l'été 2015 (le plus mauvais résultat en dix ans). Cette moyenne a baissé grâce au fléchissement des grands retards de paiement (au-delà de 30 jours) qui sont les plus pénalisants pour la trésorerie des entreprises. Ce mouvement semble se poursuivre en 2017.

L'enquête de CEO-Rexecode insiste aussi sur les marges pratiquées sur les crédits bancaires. Ces marges étant orientées à la baisse, elles permettent aux entreprises de retrouver des marges pour leur trésorerie. Ce climat positif incite de plus en plus de responsables financiers en entreprise à réduire leurs lignes de crédit de précaution.

Baisse des défaillances

Ces bons indicateurs viennent s'ajouter à la baisse du nombre de défaillances d'entreprise observée au premier trimestre 2017. Et au moral des patrons, quatre points au-dessus de la moyenne de long terme selon les derniers indicateurs.

Attention toutefois à ne pas céder à l'optimisme béat, préviennent certains économistes. Si les enquêtes d'opinion affichent toutes des signaux très positifs et encourageants, les données d'activité réelle sont encore convalescentes. Ainsi, la production manufacturière a baissé au cours de deux premiers mois de l'année. Beaucoup de chefs d'entreprise sont aussi dans l'attente des réformes promises par le nouvel exécutif.

Marie Bellan

::: ENTREPRISES LE PARISIEN – 16/05/2017

7 Cyberattaque mondiale : le cauchemar de milliers d'entreprises françaises

Le butin des créateurs de ce rançongiciel était évalué lundi à 51 767 euros

La cyberattaque mondiale de ces derniers jours a mis en lumière la vulnérabilité des entreprises et, notamment, des PME.

Plus de 200 000 victimes, surtout des entreprises, dans au moins 150 pays, près de 30 000 institutions, dont des agences gouvernementales touchées en Chine... Identifié pour la première fois vendredi, WannaCry, ce logiciel qui réclame de l'argent pour débloquer les données infectées, a poursuivi lundi son dévastateur tour du monde.

Le butin de ses créateurs est pour l'instant, bien maigre : seuls 51 767 € ont été récoltés, selon nos informations. Mais Michel Van Den Berghe, directeur général d'Orange Cyberdefense, prévient : «On va voir arriver une deuxième vague avec des variantes du virus», nouvelles et donc indétectables par les antivirus.

Une dizaine de sociétés françaises infectées

Une menace prise très au sérieux tant le montant des dégâts pour les entreprises peut rapidement s'élever. En France, Renault a mis, lundi, une partie de ses salariés au chômage technique. Et, selon l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), une dizaine d'autres sociétés françaises auraient été infectées. Et WannaCry n'est que l'aboutissement d'une longue série d'attaques au «ransomware» (rançongiciel) qui font, depuis deux ou trois ans, des ravages économiques. Selon le dernier baromètre Euler Hermes-DFCG, 22 % des entreprises françaises ont été victimes de rançongiciels en 2016.

Les PME sont particulièrement démunies : «90 % des PME n'ont aucun outil pour lutter contre la cybercriminalité», assure Michel Van Den Berghe. Alors, sont-elles condamnées à payer pour échapper au virus ?

«La rançon est payable en bitcoins, une monnaie numérique, intraçable. Et son montant est en général bas. Mais il ne faut pas payer», souligne Tanguy de Coatpont, directeur général de Kaspersky Lab France. «Des clients qui avaient payé n'ont jamais obtenu la clé de déchiffrement», confirme Antoine Valette, de Kroll Ontrack, spécialiste de la récupération de données informatiques.

Des experts en sécurité informatique ont indiqué lundi avoir découvert un lien potentiel entre la Corée du Nord et la cyberattaque mondiale par le virus WannaCry.

Boris Cassel et Gaël Lombart

LE PARISIEN – 16/05/2017

Cyberattaque mondiale : un joli business pour les assureurs

Le marché de l'assurance contre les cyber-risques explose. La cybercriminalité fait les affaires des assureurs. Prospérant jusqu'ici aux Etats-Unis, les assurances contre les cyber-risques débarquent en Europe depuis quelques mois. «C'est un marché de 3 milliards de dollars aux Etats-Unis, contre 300 millions en Europe dont 50 millions pour la France. Il va croître de façon considérable», explique Bernard Spitz, président de la Fédération française de l'assurance.

Face à la multiplication des attaques informatiques, les entreprises cherchent de plus en plus à se protéger contre les coûts engendrés par une chaîne de montage à l'arrêt ou celui de la remise en état d'un système informatique. «Un règlement européen obligera à partir de mai 2018 toutes les sociétés qui se feront dérober des données à le signaler aux autorités et à leurs clients», déclare François Beaume, spécialiste des questions de cybersécurité à l'Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise (Amrae). Or, contacter un client pour lui indiquer que vous vous êtes fait voler ses données personnelles coûte, selon les estimations, entre 50 et 150 euros (par client)... Bref, pour une PME non assurée, se faire voler son fichier client, ce sera le plus court chemin vers la banqueroute.

On ne rembourse pas les rançons

D'où la multiplication des offres d'assurance pour les PME. Des polices d'assurance vendues essentiellement par des Anglo-Saxons. Ainsi, le Lloyd's, un des leadeurs du secteur à Londres, propose pour environ 10 000 euros par an de prendre à sa charge de 1 à 2 millions d'euros de frais engendrés par une cyberattaque. Les assureurs français et les filiales françaises d'assureurs européens s'y mettent aussi. Axa a lancé un produit de ce type il y a quelque mois.

Dernière initiative en date, Generali propose depuis la fin avril, et pour une prime d'assurance d'environ 1 000 euros par an, d'accompagner et d'indemniser les PME attaquées : mise à disposition d'une hot line pour savoir comment réagir dans cette situation de crise, remboursement des dommages causés, remise en état du système informatique, mais aussi «notification» aux autorités et aux clients.

Et, dans le cas d'un logiciel cryptant les données, cet assureur rembourse-t-il un éventuel paiement de rançon ? «On ne rembourse pas les rançons», répond-on chez Generali. D'ailleurs, officiellement, aucun assureur ne le fait. Enfin, officiellement... «Il y a plusieurs écoles. Certaines polices d'assurance, pour les grandes sociétés, couvrent les cyberextorsions et prennent donc en charge les rançons», explique un fin connaisseur du secteur.

LE FIGARO – 16/05/2017

8 Jean-Marc Janaillac: «Air France ne doit pas connaître le sort d'Alitalia»

INTERVIEW - PDG du groupe Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac présente ce mardi son bilan aux actionnaires. Il fait le point sur l'avancement de son plan stratégique, Trust Together, qui prévoit la création d'une nouvelle compagnie à coûts réduits, Boost. LE FIGARO.- Depuis le lancement du projet Trust Together, la confiance entre les différentes catégories de personnel d'Air France ne semble pas rétablie. Pourquoi?

Jean-Marc JANAILLAC. - Je constate avec regret que des tensions subsistent entre les catégories de personnel. Cette situation n'est pas nouvelle et n'est pas satisfaisante. Je maintiens que le seul moyen de recréer de la confiance est de renouer avec la croissance qui manque à l'entreprise Air France. Nous avons mis sur la table un grand nombre de projets pour améliorer les recettes et réduire les coûts. Il faut en passer par une période où ces projets créent des tensions.

Pensez-vous que les PNC d'Air France, vent debout contre Boost, le projet de nouvelle compagnie, y verront un effet bénéfique?

La question qui se pose, c'est: voulons-nous connaître le sort d'Alitalia? Le moyen de permettre au groupe et à Air France de se développer est de faire ce que toutes les grandes compagnies européennes, sauf Alitalia, ont fait pour lutter contre la concurrence des low-costs. Dans deux mois, un avion Norwegian décollera chaque jour de Roissy vers les États-Unis. Dans quelques mois, nous verrons sans doute des avions Level, la nouvelle low-cost long-courrier du groupe British Airways, décoller d'Orly. Eurowing mettra en ligne six avions long-courriers dès cet été. Et nous serions les seuls à ne pas agir pour reprendre l'offensive? Je le répète, le statu quo n'est pas possible.

Êtes-vous certain que Boost décollera l'hiver prochain?

Nous avons mis à la signature un projet d'accord avec les pilotes. C'est le fruit de mois, de jours et même de nuits de négociations. Ce n'est ni complètement celui que la direction aurait voulu, ni complètement celui que le SNPL aurait voulu, mais nous sommes arrivés au meilleur équilibre. Reprendre la négociation ne servirait à rien. J'ai le sentiment que les pilotes l'ont compris. Nous avons jusqu'à la fin mai pour convaincre le SNPL. L'accord permettrait de faire une croix sur des litiges - comme le solde du plan Transform - et des querelles passées qui ont empoisonné les relations entre les différentes catégories de personnel. J'ai été chargé par le conseil d'administration de trouver les moyens de remettre le groupe, et notamment Air France, sur la voie d'une croissance rentable. Si nous ne parvenons pas à un accord avec les pilotes, je serai conduit à prendre mes responsabilités. Boost devra se faire.

La question de l'équilibre entre Air France et KLM continue à alimenter la polémique. Pourquoi le dispositif de rattrapage contenu dans l'accord pilotes a-t-il révolté les personnels au sol?

Ces accords d'équilibre avaient été fixés dès l'acquisition de KLM. Ils ne sont plus respectés aujourd'hui. L'enjeu est qu'ils le soient. Nous nous efforcerons de ne pas avoir besoin d'appliquer la mesure de pénalité prévue si les objectifs de rattrapage n'étaient pas tenus! La seule façon de rétablir l'équilibre entre les deux compagnies est qu'Air France retrouve une croissance rentable en lançant Boost. Ce n'est pas du tout une augmentation déguisée. Mais je comprends que les personnels au sol manifestent une certaine impatience en voyant que les négociations avec les pilotes s'éternisent.

Outre Boost, le projet Trust Together commence-t-il à porter ses fruits?

Notre stratégie est d'augmenter nos recettes dans nos trois activités phares: le transport de passagers sur nos réseaux, le point à point et la maintenance. Sur nos réseaux, jusqu'à présent, avant de lancer une ligne, de longues études internes étaient menées pour ne pas se tromper. Vous lanciez la ligne et vous ne la changiez pas pendant trois ans, même si vous perdiez de l'argent! Aujourd'hui, c'est «test and learn». On lance assez vite et si cela ne marche pas, on va ailleurs. Deuxième action: nous misons plus fortement sur les deux hubs, à CDG et à Schiphol. Par exemple, vers Accra, KLM avait un vol quotidien qui était plein. Plutôt que d'ajouter des vols supplémentaires au départ d'Amsterdam, nous avons lancé trois vols hebdomadaires d'Air France. Les alliances aussi portent leurs fruits. Il y a trois ans, au début de notre accord avec la compagnie brésilienne GOL, 7 % de nos passagers vers le Brésil utilisaient cette compagnie. Aujourd'hui c'est 21 %. Et sur le plan commercial, nous avons signé en commun des contrats d'affaires très efficaces avec de grands comptes corporate.

Et Transavia, votre compagnie low-cost?

Sa fréquentation a progressé de plus de 28 % sur les trois premiers mois de l'année. Son objectif est d'atteindre un résultat opérationnel à l'équilibre en fin d'année. Quant à la maintenance, nous visons un carnet de commandes extérieures de 10 milliards d'euros en fin d'année.

Quels autres leviers avez-vous pu actionner?

Nos coûts d'exploitation baissent, grâce au renouvellement de la flotte, mais aussi grâce à une meilleure utilisation des appareils. Utiliser les moyen-courriers dix minutes de plus par jour d'ici à la fin 2017 nous permettra d'économiser trois avions supplémentaires. Cette meilleure utilisation des avions nous permettra d'économiser six avions moyen-courriers et trois avions long-courriers à l'horizon 2020. Soit 40 millions d'euros par an d'économie. Parmi les autres chantiers: une organisation des opérations plus efficace, la réduction des niveaux hiérarchiques et la simplification de nos processus. En province, par exemple, nous réorganisons les escales pour avoir des coûts plus compétitifs.

Valérie Collet

LES ECHOS – 16/05/2017

9 Très haut débit : SFR assigne Orange en justice

Les deux opérateurs se disputent la couverture de la France en fibre optique.

Le ton monte entre SFR et Orange. Selon nos informations, SFR vient d'assigner Orange devant le tribunal de commerce de Paris, au sujet du différend qui les oppose sur la couverture du territoire en fibre optique. En 2011, les deux opérateurs télécoms s'étaient réparti les zones moyennement denses à couvrir en France, qui représentent 14 millions de foyers. Orange devait investir dans 80 % de ces zones et SFR dans 20 %. A l'époque, SFR ne voulait pas plus. Seulement voilà, en 2014, l'opérateur au carré rouge a été racheté par le câblo-opérateur Numericable et le nouveau propriétaire, Patrick Drahi, demande une plus grosse part. Il se dit prêt à couvrir 50 % de ces zones.

Voilà maintenant deux ans que les deux groupes discutent, sans succès. Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, le régulateur des télécoms, avait pris fait et cause pour SFR. « Ce serait kafkaïen de bloquer SFR ! J'invite les acteurs à aller vers un partage plus équilibré, en accord avec l'Autorité de la concurrence et le gouvernement, pour permettre une accélération du déploiement de la fibre », déclarait-il aux « Echos » en janvier.

Sujet politique

Mais depuis, impossible de trouver un accord. « SFR n'a jamais reçu de proposition concrète de la part d'Orange, notamment une liste de communes dans lesquelles investir », assure une source proche du dossier. « SFR a couvert sa partie des zones moyennement denses et a besoin de nouveaux territoires pour investir. Sinon, cela fait courir un risque au plan de déploiement du très haut débit en France », argue encore la source. L'opérateur plaide donc aujourd'hui sa cause devant le tribunal, en arguant d'un « défaut de négociation de bonne foi, pourtant prévue par l'accord signé entre Orange et SFR en 2011 », ajoute la même source. Avec cette assignation, SFR espère faire reconnaître par le juge qu'il n'est plus lié à l'accord qu'il a signé avec Orange.

Chez Orange, qui a déjà commencé à déployer la fibre dans 90 % des villes des zones moyennement denses, on estime qu'il est difficile de revenir sur l'accord signé. Surtout, « depuis la fusion entre SFR et Numericable, la nouvelle entité a choisi d'adosser sa stratégie très haut débit principalement sur son réseau câblé, allant jusqu'à geler en zone moins dense le déploiement des communes confiées à SFR, pointe Orange. Il y a moins de deux ans, SFR n'était même pas en mesure de faire les 20 %. C'est pour cela qu'il a restitué une partie des communes ». De fait, SFR n'a pas voulu installer la fibre dans les villes où sa société soeur Numericable avait déjà déployé son câble. Cela aurait fait doublon. Comme SFR a fait défaut, c'est Orange qui a dû se substituer à son rival et le pourcentage de zones moyennement denses couvertes par SFR est ainsi tombé à 10 %. « Désormais SFR vient expliquer qu'il serait bloqué par Orange... C'est une présentation à fronts renversés. Ils sont responsables de cette situation. C'est eux qui sont en retard », insiste Orange, rappelant que SFR a déjà été condamné en novembre 2016 par l'Autorité de la concurrence pour non-respect de ses engagements de déploiement dans la fibre optique.

Le sujet est éminemment politique. Quand il était ministre à Bercy, Emmanuel Macron était intraitable avec les opérateurs télécoms sur le déploiement de la fibre en France. Régulièrement interpellé sur le sujet par les élus locaux, il organisait, au grand dam des « telcos », des « réunions de chantiers » avec eux tous les deux à trois mois, pour surveiller l'évolution des travaux.

Fabienne Schmitt

::: SOCIAL LE FIGARO – 16/05/2017

10 Les taxis manifestent à Paris pour «devenir la priorité» d'Emmanuel Macron

Le «Front de défense des taxis indépendants», plus radical que les autres syndicats de la profession, appelle à occuper la place de la République à Paris, ce mardi matin et «pour une durée indéterminée». Ils espèrent être 1000 pour une nouvelle démonstration de force. Les taxis sont appelés par le «Front de défense des taxis indépendants» à occuper la place de la République, à Paris, ce mardi matin depuis 6 heures et «pour une durée indéterminée». À 7 heures, quelques ralentissements étaient déjà réels dans le quartier. Et «cela coince sur l'A3 et l'A13» en direction de la capitale, selon Radio France Mobilité. La préfecture de police confirme que la «circulation est perturbée» sur l'A13.

La dernière action «symbolique» des taxis date du 10 avril dernier. Le syndicat SUD-taxi exigeait «l'application ferme et immédiate» des textes qui encadrent désormais le transport public de personnes. La loi Thévenoud de 2014 a notamment réaffirmé le respect du monopole des taxis pour la «maraude» (utilisation des taxis sans réservation préalable). Dans son sillage et en réponse à de multiples mouvements sociaux, la loi Grandguillaume de 2016 est venue préciser les obligations des plateformes VTC et les sanctions encourues en cas d'infraction.

Que veut le «Front de défense des taxis indépendants»?

Mais c'est insuffisant pour le «Front de défense des taxis indépendants». Ce mouvement d'opposition radicale s'oppose aux autres syndicats de la profession «qui nous ont mis dans le pétrin», selon les termes de son représentant Khalid Essaadi cité dans Le Parisien . Il revendique la suppression pure et simple «de toutes les contrefaçons de taxis: VTC, capacitaires Loti, covoiturage lucratif…» ou le remboursement des pertes de valeurs des licences taxis. Selon les syndicats, le fonds de garantie annoncé en 2016 par le gouvernement pour compenser cette chute de valeur n'a jamais vu le jour.

La date du 16 mai, juste après la prise de fonctions du président Emmanuel Macron, «n'a pas été choisie par hasard», ajoute Khalid Essaadi sur la page Facebook de son mouvement. «Nous souhaitons être son premier mouvement dès son entrée à l'Elysée, pour montrer notre détermination. Nous devons être sa priorité», poursuit-il. Mais qu'en dira Emmanuel Macron qui, à Bercy début 2016, répondait aux VTC en colère que «le gouvernement n'a pas à décider des évolutions de l'économie?»

LE PARISIEN – 16/05/2017

11 Creuse : Mélenchon et Poutou s'invitent à la manifestation des salariés de GM&S

Les salariés du fabricant de pièces automobiles de GM&S en redressement judiciaire vont manifester en compagnie de Jean-Luc Mélenchon et de Philippe Poutou

Le dossier du fabricant de pièces automobiles GM&S, en redressement judiciaire, va être l'un des premiers dossiers sur le bureau d'Edouard Philippe, le nouveau Premier ministre. Une manifestation devant le site avec Philippe Poutou et Jean-Luc Mélechon a lieu cet après-midi C'est le premier dossier chaud qui s'invite sur le bureau d'Edouard Philippe, le nouveau Premier ministre. Le site du fabricant de pièces automobiles GM&S, à la Souterraine, deuxième employeur privé de Creuse en redressement judiciaire, est occupé depuis le 11 mai.

Les salariés affirment avoir «piégé» les locaux avec des bonbonnes de gaz pour faire pression sur les constructeurs PSA et Renault pour qu'ils s'engagent sur un volume de commandes suffisant et «l'affectation de nouveaux marchés» pour sauver l'entreprise.

Le président PS de Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset a lancé lundi «un appel ferme à la responsabilité de tous, de tous c'est d'abord les constructeurs automobiles». Pour lui, PSA, dont la charge de commandes atteint 10 à 13 millions d'euros, «peut faire un effort» et Renault, à 5 millions, «doit doubler ses commandes sur le site».

Les syndicats déçus à l'issue de la table ronde

Hier, une table ronde a réuni pendant environ six heures à la préfecture de Guéret syndicalistes, dirigeants de PSA et Renault (les principaux clients de GM&S) et élus locaux à la préfecture, autour du mandataire judiciaire, et du négociateur de crise.

A la sortie, les syndicats se disaient déçus, sans aucune avancée concrète sur l'avenir de GM&S. Seul consensus palpable: tous les acteurs sont convenus de monter un dossier afin d'obtenir du tribunal de commerce de Poitiers un délai de trois jours supplémentaires. Cela repousserait du 23 au 26 mai l'examen par le tribunal d'une éventuelle liquidation du site creusois. Le temps, de permettre, peut-être, au Français GMD (emboutissage, thermoformage) qui avait exprimé son intérêt pour l'entreprise de formuler son offre. Le temps aussi au nouveau ministre de l'Industrie qui sera nommé ce mardi de se saisir du dossier.

Mais, de toute évidence, cette reprise risque de se faire avec de la casse sociale. La moitié de l'effectif des 279 salariés semble menacée.

Dès la semaine dernière, la CGT a lancé un appel national à un rassemblement, ce mardi, devant le site de GM&S puis une marche jusqu'à la mairie de La Souterraine. Au-delà des difficultés économiques, ce dossier risque de devenir très politique en ce début de quinquennat. Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou vont participer à cette manifestation. Sauver GM&S «serait un signe fort de début de quinquennat», a estimé Alain Rousset en estimant que «le cabinet du président a tous les éléments sur la table.»

::: POLITIQUE L’OPINION – 16/05/2017 12 Avec Edouard Philippe, Macron donne un coup à droite

En choisissant le maire du Havre comme Premier ministre, Emmanuel Macron espère fissurer Les Républicains et attirer leurs électeurs aux élections législatives

Le Président Emmanuel Macron a nommé à Matignon lundi le député-maire LR du Havre Edouard Philippe. Il s’entretiendra ce mardi matin avec lui à l’Élysée dans la perspective de la formation du gouvernement. Sa composition doit être annoncée mardi en fin d’après-midi.

L’opération macroniste consistant à déstabiliser la droite après avoir cassé le PS a porté ses premiers fruits lundi : Edouard Philippe, qui apparaissait bien placé à l’automne dernier pour devenir le Premier ministre d’Alain Juppé, est finalement celui d’Emmanuel Macron.

Le candidat « et de gauche et de droite », dont l’embarcation penche à gauche depuis le début de son aventure, travaillait depuis des semaines à ramener dans ses filets des figures de la droite. Avant même le premier tour, son entourage citait les noms des personnalités de droite jugées « compatibles » : Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet, , Edouard Philippe…

Au lendemain du premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron a entamé dans le plus grand secret le dialogue avec le maire du Havre, qu’il connaît depuis quelques années. A ce moment-là, un proche d’Edouard Philippe le certifiait : « Vous allez voir, ce sera lui le Premier ministre ». Les deux hommes se sont vus à Paris durant la semaine qui a suivi le second tour, toujours dans le plus grand secret.

Ni François Bayrou, ni d’autres soutiens importants du candidat n’ont été associés à la réflexion. Dimanche soir encore, l’entourage politique n’avait aucune idée de l’identité du futur Premier ministre. « Je ne risque pas de raconter de bêtise, je ne sais rien!», reconnaissait Richard Ferrand, secrétaire général de La République en marche. « Il n’a pas consulté ses proches, confirme l’un de ses conseillers. C’est un choix qui porte sa marque ».

Cette première prise de guerre a en tout cas ravi les soutiens d’Emmanuel Macron. « C’est conforme à la feuille de route, approuve le rocardien Jean-Paul Huchon. Si Macron veut changer le paysage politique, il fallait donner un signe incontestable, en nommant un Premier ministre de droite ». « Il fallait mettre un coin dans la droite, enchaîne le député Stéphane Travert. Si on veut dépasser les clivages anciens et qu’on n’a que des gens de gauche, ça ne va pas ». Lors de la passation de pouvoir, lundi, Edouard Philippe a d’ailleurs bien insisté sur son identité d’« homme de droite ».

L’objectif, en confiant Matignon à Edouard Philippe, n’est pas seulement de présenter un nouveau visage, qui plus est partageant le diagnostic du Président sur l’inanité du clivage droite-gauche. A quatre semaines des élections législatives, il s’agit surtout d’attirer les voix de la droite modérée, « sociale et humaniste ».

Equation complexe. Si l’annonce de la nomination a tardé lundi, c’est que la composition du gouvernement a auparavant été discutée entre Emmanuel Macron et son futur Premier ministre. « Le Président voulait partir serein à Berlin, raconte son entourage. Or il s’agit d’une équation complexe et subtile, que nous voulions régler avant d’annoncer la nomination ».

Le nouveau Premier ministre est-il parvenu à convaincre d’autres membres de son camp de le suivre, afin que l’opération ne tourne pas au débauchage individuel ? Plusieurs noms de droite circulent pour intégrer le gouvernement (Bruno Le Maire, , Pierre-Yves Bournazel…). «Edouard Philippe, c’est la personne qui a le moins de réseau chez Les Républicains », persifle un cadre de l’UDI. Parmi les juppéistes, Benoist Apparu pourrait franchir le pas. L’ancien directeur de campagne du maire de Bordeaux, Gilles Boyer, candidat aux législatives dans les Hauts-de-Seine, a déjà dit, lui, qu’il ferait campagne pour Les Républicains. Alain Juppé lui-même a loué « les qualités » d’Edouard Philippe, tout en rappelant qu’il soutiendrait les candidats LR aux élections législatives.

L’appel de 22 personnalités de droite LR et UDI, publié dans la foulée de son arrivée à Matignon, vient en tout cas donner un signe supplémentaire que le maire du Havre n’a pas organisé seul sa démarche. Ces élus demandent à la droite de « répondre à la main tendue » par Emmanuel Macron. On y trouve, aux côtés de juppéistes (Benoist Apparu, Fabienne Keller…), des lemairistes (Laure de la Raudière, Delphine Bürkli…) et des sarkozystes (Gérald Darmanin, Christian Estrosi). « On est plus nombreux qu’au comité politique de campagne du parti de lundi matin », souligne l’un des signataires. Et parmi eux se trouvent des candidats aux législatives investis par LR (NKM à Paris, Thierry Solère dans les Hauts-de-Seine, Laure de la Raudière dans l’).

Les Républicains ont décidé de ne pas exclure ceux qui rejoindraient le gouvernement. Et de ne pas attaquer nominativement ceux qui partiront. « Il ne faut pas dépasser la ligne jaune dans les attaques contre Edouard Philippe », a même prévenu Gilles Boyer lundi matin lors du comité de campagne du parti. Attaquer ceux qui partent, c’est aussi mettre en scène leur éclatement. Il s’agit plutôt de minimiser ce changement en le ramenant à un « démarchage individuel ». « Cela fait 40 ans que ça existe », balaye Christian Jacob, chef de file des députés LR.

Le plus compliqué désormais pour Edouard Philippe, c’est de faire campagne contre son camp, contre ceux avec lesquels il a défendu le projet de François Fillon des mois durant. En tant que Premier ministre, c’est en effet à lui que revient traditionnellement ce rôle. Déjà, ses anciens tweets et autre tribunes dans lesquelles il flinguait Macron, ce « banquier technocrate » « qui n’assume rien mais promet tout », sont exhumés sur la toile comme autant de cruelles piqûres de rappels.

Cohabitation. Les ténors de la droite veulent maintenant retourner à leur avantage la nomination d’Edouard Philippe. « Le président de la République vient libérer le vote pour les législatives. Puisqu’il a choisi un Premier ministre de droite, donnons-lui des députés de droite!», plaide le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde. LR mise toujours sur une cohabitation pour renverser la balance dans un mois. « Ceux qui vont maintenant au gouvernement sont des supplétifs, nous, on veut être des décisifs », plaide un proche de .

Mais le spectre de l’implosion est dans toutes les têtes. « La cohabitation au sein des Républicains devient de plus en plus compliquée et les coutures craquent. Il faut enterrer l’idée d’un parti de la droite et du centre pour récréer un grand parti de la droite populaire gaulliste », plaide le député LR du Vaucluse, Julien Aubert. « Les partis sont mortels et il ne faut pas s’en attrister. Mais c’est le soir du second tour des législatives qu’on fera les comptes, pas avant », juge le juppéiste Philippe Gosselin, député et candidat LR aux législatives dans la Manche. D’ici mercredi soir, on connaîtra aussi la liste des 577 candidats investis par La République en marche pour les élections législatives. La première mouture présentée jeudi avec 428 candidats ne comptait pas un seul parlementaire issu des rangs de la droite. Pour l’instant, seul Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur de l’Yonne, a rejoint Emmanuel Macron. C’était à la mi-mars. A ce moment, il avait reçu ce texto d’Alain Juppé : « Je vous comprends parfaitement, même si je fais un choix différent, par fidélité à ma famille politique. Mais votre attitude est honnête et courageuse ».

Nathalie Segaunes et Caroline Vigoureux

LES ECHOS – 16/05/2017

13 Edouard Philippe, un fidèle juppéiste qui s’affranchit pour recomposer

Edouard Philippe, député-maire du Havre, a été désigné Premier ministre du gouvernement Macron, ce lundi.

PORTRAIT + VIDEO - Après une semaine de rumeurs, le député-maire Les Républicains du Havre, proche d’Alain Juppé, vient d’être nommé Premier ministre d’Emmanuel Macron.

Il a donc finalement fait le pari de la transgression. En acceptant, à quarante-six ans, de devenir Premier ministre d'Emmanuel Macron , avant même les législatives , le député-maire Les Républicains du Havre, Edouard Philippe, veut croire que le nouveau président, par ce premier acte politique majeur avec la nomination à Matignon d'un homme de droite, va « transgresser ».

Ce fidèle juppéiste - il est l'un des plus proches du maire du Bordeaux et a été son porte-parole aux côtés de Benoist Apparu durant la campagne de la primaire de la droite - qui a chroniqué chaque semaine la campagne présidentielle dans « Libération » - il dit avoir en horreur le « sectarisme partisan » - avait signé son dernier billet, à la veille du second tour, en écrivant que « Macron devra transgresser. »

Transgresser ? Pour Edouard Philippe, ce n'est ni la triangulation ni l'ouverture qui consiste « à faire en sorte que certains adversaires viennent travailler avec vous, sur votre ligne ». « Déjà tenté. Pas très efficace ». Transgresser, c'est « sortir du face-à-face ancien, culturel, institutionnalisé et confortable de l'opposition droite-gauche pour constituer une majorité d'un nouveau type. Un chemin étroit. Et risqué ».

Cinq dates clefs

28 novembre 1970 : Naissance à Rouen

1995-1997 : Elève à l'Ena (promotion March Bloch) 2004 : élu conseiller régional de Haute-Normandie

2010 : maire du Havre

2012 : député de la Seine-Maritime

Transgresser, a redit Edouard Philippe en lançant jeudi dernier la campagne des législatives pour la candidate LR-UDI dans la circonscription qu'il laisse, non-cumul des mandats oblige, « c'est s'affranchir d'anciennes règles et essayer d'en créer de nouvelles. » Ajoutant, signe de la « tempête sous un crâne », dixit une proche, qui s'est joué ces derniers jours pour lui, qu'il ne savait pas si Emmanuel Macron choisirait «la tradition » ou la « transgression ». La hantise de se retrouver, ainsi qu'ont pu le mettre en garde certains, otage d'un « coup politique » qui fracturerait la droite avant le scrutin de juin. Borne qu'a fixée pour sa part Alain Juppé afin d'entamer une recomposition.

Fils d'enseignants

En choisissant Edouard Philippe, le chef de l'Etat donne en tout cas un premier signal en faveur d'une recomposition. Il affiche aussi le renouvellement. Car malgré son rôle lors de la primaire de la droite auprès d'Alain Juppé et plus de quinze ans passés en politique, ce fils d'enseignants, né à Rouen, reste largement inconnu du grand public. Mais laisse rarement indifférents ceux qui ont eu affaire à lui.

« Un homme de grande qualité », a redit la semaine dernière Alain Juppé, pourtant avare de compliment. « Brillant », revient dans toutes les bouches, même celles qui ne l'apprécient pas. La primaire a laissé des traces. « Charmeur, drôle, gai » pour les uns, « il est détesté des parlementaires comme porte-flingue de Juppé », grince un poids lourd de LR.

Une dose élevée d'humour, tendance british

Doté, comme son complice Gilles Boyer, ex-directeur de campagne d'Alain Juppé, d'une dose élevée d'humour, tendance british. Imitateur hors pair, en particulier des anciens présidents de la République. « Bosseur malgré son air de dandy qui dit j'ai ma liberté, ma vie », juge un ami. « Parfois cassant, il a une certaine arrogance intellectuelle, regrette un observateur. Il ne sait pas toujours faire oublier qu'il est plus intelligent que les autres. »

C'est, disent d'emblée ceux qui l'ont vu travailler, « un clone d'Alain Juppé », y compris physiquement avec sa longue silhouette dégingandée et son crâne dégarni. En plus décontracté, question de style et de génération. Et comme le maire de Bordeaux, ce petit-fils de docker, arrière- petits-fils d'un des premiers membres du PC du Havre, est un produit de la méritocratie républicaine. Au parcours assez peu transgressif. Hypokhâgne - fou de littérature, il a aussi écrit deux polars politiques remarqués avec Gilles Boyer et lancé « Lire au Havre » une politique pour favoriser la lecture - , il intègre Sciences-Po Paris - où il sera le tuteur en droit d' Alexis Kohler, très proche d'Emmanuel Macron et tout nouveau secrétaire général de l'Elysée .

Antoine Rufenacht, son autre mentor

En sortant de l'ENA, (promotion Marc Bloch), il choisit le Conseil d'Etat. C'est de là que par l'intermédiaire du chiraquien Jean-Pierre Denis (aujourd'hui président du Crédit Mutuel de Bretagne et du Crédit Mutuel Arkéa), il rencontre Antoine Rufenacht, alors maire du Havre. Son autre mentor avec Alain Juppé, outre le « boss » Bruce Springsteen qu'il vénère. Antoine Rufenacht le prend sur sa liste pour les municipales et le nomme adjoint en 2001.

C'est encore lui qui le présente à Alain Juppé à la recherche d'un directeur général pour l'UMP qu'il est en train de créer. Ils ne se quitteront plus. Les fondations de l'UMP et les réseaux de la droite n'ont pas de secret pour lui. En meeting durant la campagne de la primaire à Malakoff devant les jeunes, Edouard Philippe avait raconté comment Alain Juppé lui a fait confiance, « à trente et un ans ». Depuis, « j'y peux rien, j'suis collé, vous allez devoir faire avec moi ! » avait-il lancé cachant sous l'humour une réelle émotion.

Passage dans le privé

Quand Nicolas Sarkozy - envers lequel il a toujours eu une dent très acérée - prend l'UMP après la condamnation d'Alain Juppé, Edouard Philippe passe un temps dans le privé, avocat chez Debevoise & Plimpton. L'occasion, pour celui qui reste discret sur ses réseaux et a été convié, en 2016, un an après Alain Juppé, à la réunion du groupe Bilderberg, d'étoffer son carnet d'adresse dans le monde des affaires. En particulier dans celui de l'énergie. Après quelques semaines au sein de l'éphémère cabinet d'Alain Juppé au ministère de l'Ecologie en 2007, il sera d'ailleurs directeur des affaires publiques - en clair du lobbying - d'Areva jusqu'en 2010. À l'époque, donc, d'Anne Lauvergeon et de Luc Oursel. Un poste qui exigeait de pouvoir se mouvoir parfaitement dans les arcanes du Parlement et des collectivités. Utile pour Matignon.

Elu député en 2012, c'est son mandat de maire du Havre - Antoine Rufenacht lui a transmis le flambeau en 2010 et Edouard Philippe a été élu, au premier tour, en 2014 - qu'il a toujours envisagé de privilégier avec le non-cumul. « Il n'y a pas de tramway de gauche ou de tramway de droite. Il y a la décision de faire ou pas un tramway », le voit-on dire durant sa campagne de 2014 dans le documentaire « Edouard, mon pote de droite », de Laurent Cibien (Lardux Films).

Ancien rocardien

Alors certes, il se définit profondément comme un homme de droite, gaulliste, libéral - en matière sociétale également - mais sans doute cet ancien rocardien - il a milité au PS à Sciences-po - espère-t-il pouvoir transposer, un peu, au niveau national, une autre façon de faire avancer le pays.

C'est aussi avec les dossiers économiques du Havre - en particulier ceux de Sidel, de l'aéroport ou des éoliennes - qu'il a eu l'occasion de recroiser régulièrement Emmanuel Macron après une rencontre en 2011 chez un ami commun. Si Edouard Philippe a d'abord regardé l'ascension politique de ce semblable avec une certaine circonspection, il a, après l'échec d'Alain Juppé et sa rupture d'avec la campagne de François Fillon candidat malgré sa mise en examen, vu chez lui, peut-être, la possibilité de voir ce « chemin étroit » aboutir à ce dont rêvait Alain Juppé : « Couper les deux bouts de l'omelette pour que les gens raisonnables gouvernent ensemble et laissent de côté les deux extrêmes, de droite comme de gauche, qui n'ont rien compris au monde. »

« Il y a ceux qui aiment bien conduire et ceux qui aiment être conduits. La politique, c'est pareil. Est-ce que vous avez envie d'être celui qui prend les décisions plutôt que celui qui les subit ? » dit- il devant des élèves durant sa campagne de 2014. Le pouvoir, explique-t-il aussi, « c'est de pouvoir constituer sa liste, c'est de choisir ses collaborateurs. » La nomination du gouvernement pour lui qui veut, avec d'autres ministres de droite et du centre-droit, ouvrir une brèche vers la recomposition, sera un premier signal. D'un pas vers la transgression ou d'un retour à la tradition.

Vidéo : Qui est Edouard Philippe, le nouveau Premier ministre ? : https://www.lesechos.fr/elections/emmanuel-macron/0212087080149-edouard-philippe-un-fidele- juppeiste-qui-saffranchit-pour-recomposer-2086894.php

Isabelle Ficek

LE FIGARO – 16/05/2017 14 Édouard Philippe à Matignon: la droite et le centre accusent le choc et visent les législatives

VIDÉO - La nomination par Emmanuel Macron d'un proche d'Alain Juppé comme premier ministre a été difficile à digérer pour les Républicains.

Le coup avait beau être attendu, il a été dur à encaisser pour les Républicains. Pour Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, Emmanuel Macron n'a qu'une idée en tête en nommant Édouard Philippe à Matignon : «Brouiller les cartes, gêner l'opposition, affaiblir la droite et déstabiliser les électeurs.» Lundi matin, les dirigeants de LR et de l'UDI se sont mis d'accord sur les termes d'une déclaration commune, lors du comité de campagne qui les réunit chaque semaine. Tout entier tournés vers les législatives, ils y prennent «acte de la nomination d'Édouard Philippe et donc de sa décision de défendre à présent le projet du candidat d'En marche! qu'il a combattu.» «Il ne s'agit en aucun cas d'une coalition gouvernementale, mais bien d'une décision individuelle», précise le texte. Un message relayé le soir sur France 2 par François Baroin. «Je lui souhaite bonne réussite mais il fera campagne pour la défaite de nos candidats aux législatives, a expliqué le sénateur de l'Aube. Nous en avions discuté, il prend sa décision en conscience. Nous le regrettons.»

«Un débauchage ne fait pas un équipage», veut croire , qui n'imagine pas de ralliements massifs au nouveau président, du moins pas avant les législatives. Au comité politique, il a été décidé qu'Édouard Philippe ne serait pas exclu, pour ne «pas en faire un martyr», selon les termes d'un dirigeant LR. «Aux législatives, certains de nos électeurs qui ont voté Macron peuvent aussi penser qu'il faut lui laisser une chance en n'entrant pas dans une opposition frontale avec un premier ministre de surcroît issu de nos rangs», ajoute ce membre du comité politique.

«Un acte politique de portée considérable»

Le secrétaire général du parti, , a donc écrit une lettre à Édouard Philippe pour lui signifier qu'il avait «choisi de quitter» de lui-même sa «famille politique».

«Ça aurait été Alain Juppé, une grande figure de notre famille politique, ou Gérald Darmanin, l'un de nos meilleurs jeunes talents, qui a eu des responsabilités dans le parti, ça aurait été une tout autre affaire», confiait Roger Karoutchi au Figaro après la nomination d'Édouard Philippe. Le sénateur LR s'est peut-être réjoui un peu trop vite. Juste avant la passation de pouvoir, Gérald Darmanin précisément, Thierry Solère et Sébastien Lecornu ont rédigé ensemble un appel à «répondre à la main tendue par le président de la République».

Selon eux, la nomination d'Édouard Philippe «représente un acte politique de portée considérable». «La droite et le centre doivent prendre la mesure de la transformation politique qui s'opère sous ses yeux, écrivent-ils. Plutôt que les anathèmes, les caricatures, les exclusions, nous demandons solennellement à notre famille politique d'être à la hauteur de la situation de notre pays et de l'attente des Français, qui, au lendemain de l'élection d'Emmanuel Macron, attendent de nous d'être au rendez-vous de l'intérêt général.» «On ne pouvait pas rester sur le texte du comité politique», nous explique Sébastien Lecornu. Pour le président du conseil départemental de l'Eure, «nommer Édouard Philippe premier ministre, ce n'est pas comme nommer un ministre d'ouverture sur un portefeuille anecdotique».«Il faut que dans les jours qui viennent, chacun décide s'il répond ou non à cette main tendue», juge ce proche de Bruno Le Maire, devenu directeur adjoint de la campagne de François Fillon.

«Les voies et les moyens d'un travail constructif»

Les signataires de l'appel sont en majorité des lemairistes et des juppéistes, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, députée de l'Essonne, Franck Riester, député-maire de Coulommiers, Arnaud Robinet, le député-maire de Reims, Delphine Bürkli, maire du IXe arrondissement parisien, Benoist Apparu, député-maire de Châlons-en-Champagne, Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin, ou encore Dominique Bussereau, président du conseil départemental de Charente-Maritime. Christian Estrosi, réélu lundi maire de Nice, et Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, l'ont également signé. Bruno Le Maire, non, mais ses proches assurent qu'il voit l'initiative d'un «bon œil». Le centriste Jean-Louis Borloo, en revanche, a signé cet appel.

Parmi tous ces élus, certains espèrent être nommés ce mardi au gouvernement. D'autres, comme Thierry Solère et Gilles Boyer, candidats dans les Hauts-de-Seine, visent le lendemain des législatives. Solère, qui brigue le renouvellement de son mandat, a annoncé au comité politique qu'il ne serait pas ministre, et Boyer, dont c'est la première candidature, a prévenu qu'il se battrait quoi qu'il arrive sous la bannière LR-UDI. Ils refusent par avance de s'abandonner aux facilités de «l'opposition systématique» s'ils sont élus.

«C'est à la lumière du résultat des législatives qu'il conviendra de fixer notre ligne, a prévenu de son côté Alain Juppé. Si la droite et le centre ne sont pas majoritaires à l'Assemblée, le pays ne comprendrait pas que nous nous engagions dans une opposition systématique. Il faudra alors trouver les voies et les moyens d'un travail constructif dans l'intérêt de la France.» Le maire de Bordeaux accompagnera François Baroin dans sa tournée de soutien aux candidats LR-UDI, jeudi. Comment son discours sera-t-il perçu par les électeurs de droite et du centre? C'est la grande inconnue des jours qui viennent.

Vidéo : http://premium.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/05/15/35003- 20170515ARTFIG00353-edouard-philippe-a-matignon-la-droite-et-le-centre-accusent-le-choc-et- visent-les-legislatives.php

Jean-Baptiste Garat et Judith Waintraub

LE POINT – 16/05/2017

15 "Soutenir des candidats FN douteux aurait détruit l'image de Debout la France"

Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen ne feront pas front commun au premier tour des législatives. L'accord entre Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan a été rompu avant les législatives. Les explications de Julien Delamorte, délégué national de DLF.

L'alliance entre Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen aura été fugace. Ça devait pourtant être la première étape d'un « rassemblement de patriotes », le début d'un front commun constitué par le Front national (FN) et ses alliés de Debout la France (DLF) pour mener la vie dure à Emmanuel Macron. Sauf qu'aujourd'hui non seulement Marine Le Pen n'a pas engrangé de nouvel allié de poids, mais Nicolas Dupont-Aignan fait machine arrière. Comme nous l'écrivions samedi, DLF a décidé, lors d'un conseil national houleux, de ne pas conclure d'accord avec le Front national en vue du premier tour des législatives. Le FN présentera donc des candidats dans la totalité des 577 circonscriptions. De son côté, le parti de Nicolas Dupont-Aignan sera également présent dans de nombreuses circonscriptions. Délégué national au handicap chez Debout la France, Julien Delamorte a assisté à la réunion de samedi. Il explique au Point.fr les raisons du divorce entre Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen. Entretien.

Le Point.fr : En quoi l'accord entre Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen consistait-il vraiment ?

Julien Delamorte : Nicolas Dupont-Aignan a proposé son soutien à Marine Le Pen au second tour en contrepartie d'un accord de gouvernement. Cet accord permettait d'être le garant d'un projet présidentiel gaulliste et social. Il reposait sur trois critères : le poste de Premier ministre ; la validation d'un projet présidentiel commun en ajoutant des mesures concrètes et sociales telles que le projet handicap ou encore la non-exclusion des enfants scolarisés dont les parents sont en situation irrégulière ; les éventuels accords législatifs. Ce dernier point n'était pas définitivement validé. Le fait de présenter dans presque toutes les circonscriptions des candidats aux élections législatives démontre qu'il n'y a pas d'accord financier sous-jacent et confirme la volonté de constituer un parti libre, gaulliste, indépendant et cohérent !

Pourquoi cet accord n'a-t-il pas résisté aux législatives ?

L'accord aux législatives a fait remonter un problème considérable. Les candidats bénéficiant de l'accord devaient être soutenus par Marine Le Pen. Ils devaient l'inscrire sur leur profession de foi, ce qui n'était pas pensable. Mais surtout, Nicolas Dupont-Aignan devait apporter son soutien à 50 candidats du FN qu'il ne connaissait pas. Or, nous le savons, au Front national, il existe des candidats au profil douteux. Les soutenir aurait détruit l'image de notre mouvement politique.

Thomas Ménagé, le chef de cabinet de Nicolas Dupont-Aignan, a-t-il bien qualifié publiquement ce dernier de « pauvre minable » pendant le conseil national de samedi ?

En effet, Thomas n'aurait pas dû dire cela, mais les querelles internes liées à la fatigue et aux émotions, ça arrive dans tous les partis. C'est humain et ça prouve son implication et son dévouement. Thomas a déposé dimanche sa démission et je lui souhaite une bonne continuation ! Mais, comme l'a démontré Nicolas Dupont-Aignan, il faut être au*dessus de tout cela ! Il faut être plus digne et plus professionnel. Nicolas Dupont-Aignan a été un exemple à suivre tout au long de ce conseil.

Le soutien de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen au second tour de la présidentielle est-il perçu comme une erreur en interne ?

Le ralliement de l'entre-deux-tours n'a jamais été perçu comme une erreur. Certains l'ont approuvé, d'autres non. Comme la décision pour les législatives, cette décision a donné lieu à des débats houleux entre les pro-accord et les « purs gaullistes ». Cela a entraîné des démissions, mais aussi beaucoup de ralliements. Nous aspirons à une réunification de notre mouvement pour en faire le seul pilier cohérent de l'opposition face au gouvernement du président fraîchement élu, mais aussi face aux échéances législatives à venir. J'ai déjà eu des appels de cadres du parti qui ont démissionné après le soutien à Marine Le Pen et aujourd'hui désireux de revenir. J'ai aussi rencontré de nouveaux partisans fiers de vouloir défendre les valeurs du patriotisme. À ce titre, j'appelle tous les gaullistes patriotes à venir nous rejoindre, car nous sommes en train de construire un beau projet pour la France.

Propos recuillis par Hugo Domenach

::: INTERNATIONAL LES ECHOS – 16/05/2017

16 Macron et Merkel veulent écrire une nouvelle feuille de route pour l'Europe

Lundi, Angela Merkel a accueilli Emmanuel Macron à la chancellerie allemande, à Berlin, pour la première fois.

Le nouveau président, qui a effectué lundi à Berlin son premier déplacement à l'étranger, s'est dit prêt avec la chancelière à modifier les traités européens.

Il est arrivé sous le soleil... et les acclamations des partisans de Pulse of Europe, le mouvement citoyen proeuropéen né en Allemagne. Emmanuel Macron a été accueilli comme une star à Berlin, où l'on voit en lui le « sauveur » de l'Union européenne (UE). Le nouveau président n'a pas déçu ses supporters. « Nous voulons développer une feuille de route pour l'UE dans une perspective de moyen terme », a annoncé la chancelière Angela Merkel lors d'une conférence de presse commune. « Je me réjouis que nous puissions ensemble travailler à une feuille de route commune pour l'UE et la zone euro », a ajouté le nouveau président devant une salle comble de journalistes.

Pas « madame Je-sais-tout »

Pour franchir cette étape, Emmanuel Macron veut d'abord gagner la confiance de Berlin. « La première tâche sera de mettre en place un agenda de réformes, a-t-il déclaré. Non pas parce que l'Europe le demande mais parce la France en a besoin. » Avant son arrivée à Berlin pour son premier déplacement officiel, en fin d'après-midi, la chancelière avait indiqué qu'elle ne voulait pas accueillir le successeur de François Hollande en « madame Je-sais-tout » et pas non plus dire « non » à toutes les propositions.

Affichant leur complicité, tous les deux ont conscience du moment historique dans lequel se trouve l'Europe, entre et montée des populismes, et veulent adresser des signaux positifs. Témoin, la tenue d'un Conseil des ministres franco-allemand en juillet, qui pourrait lancer des projets d'investissements. Surtout, ils sont prêts à prendre des risques pour l'Europe. « Le sujet du changement des traités était un tabou français, pour moi il n'y en aura pas », a annoncé Emmanuel Macron, alors que son prédécesseur s'est toujours refusé à ouvrir cette discussion après le choc de 2005. « D'un point de vue allemand, il est possible de modifier les traités si cela a un sens, mais nous devons d'abord travailler et savoir ce que nous voulons », a précisé Angela Merkel

La méfiance reste cependant profonde, comme en témoigne l'accueil d'une partie de la presse allemande au projets du président, alors qu'elle l'avait jusqu'ici traité en chouchou. « Cher ami », a titré ce week-end le magazine « Der Spiegel », avec en sous-titre : « Emmanuel Macron sauve l'Europe... et l'Allemagne doit payer. » L'intéressé a profité de sa visite pour clarifier les choses : « Je n'ai jamais défendu ce qu'on appelle des eurobonds », a-t-il déclaré. Angela Merkel, préférerait en tout cas éviter toute discussion sur cette forme de dette mutualisée, qui est un chiffon rouge pour elle et son parti chrétien-démocrate (CDU).

Décidé à travailler étroitement et dans la confiance avec Berlin, « pas dans l'opposition », Emmanuel Macron multiplie les gestes. Après avoir nommé Philippe Etienne, actuel ambassadeur de France en Allemagne, comme conseiller diplomatique, Emmanuel Macron a choisi avec Edouard Philippe un Premier ministre qui a passé son baccalauréat en Allemagne. Si la députée européenne Sylvie Goulard devait devenir ministre des Finances, elle pourrait, elle aussi, échanger dans la langue de Goethe avec Wolfgang Schäuble, qui maîtrise par ailleurs le français.

De quoi réussir son pari européen et rêver. « Je souhaite que dans cinq ans, quand je rendrai visite à la chancelière, la même foule ou même plus de gens soient là, car on aura obtenu des résultats », a glissé le président, se disant « ému » par les manifestants venus devant la chancellerie avec des drapeaux européens. Il répondait à un journaliste qui comparait cette foule à celle (plus nombreuse) qui était venue saluer Barack Obama en 2009 .

Vidéo : https://www.lesechos.fr/monde/europe/0212089534621-macron-et-merkel-veulent-ecrire-une- nouvelle-feuille-de-route-pour-leurope-2087078.php

Thibaut Madelin

LE FIGARO – 16/05/2017

17 Premier périple à l'étranger pour Donald Trump

Le président américain entame vendredi un voyage officiel qui le mènera à Riyad, Jérusalem, Bruxelles, Rome et Taormina.

Cent dix-neuf jours pour se jeter dans le grand bain: Donald Trump entame vendredi son premier voyage officiel à l'étranger, bien plus tardivement que n'importe lequel de ses prédécesseurs, et en rompant avec les convenances en vigueur depuis l'ère de Jimmy Carter. Celles-ci imposaient traditionnellement au nouveau locataire de la Maison-Blanche d'inaugurer son mandat par une visite de courtoisie à Ottawa, ou à Mexico. Peu de présidents avaient dérogé à la coutume, censée renforcer les liens transfrontaliers. Le premier ministre Justin Trudeau, entrevu à Washington en février, ou le président Enrique Pena Nieto devront donc attendre encore un peu, indéniablement soulagés de voir repoussée aux calendes grecques la venue d'un dirigeant très impopulaire parmi leurs compatriotes.

En lieu et place, le président Trump s'envolera pour Riyad, en Arabie saoudite, avant de rallier Israël et les Territoires palestiniens, le Vatican, Bruxelles pour un sommet de l'Otan, puis Taormina en Sicile, le temps d'un G7 où il croisera pour la première fois son homologue français Emmanuel Macron. Le calendrier de cette ambitieuse tournée frappe par «sa symbolique forte», comme le relève Aaron David Miller, du Woodrow Wilson International Center for Scholars: Riyad, Jérusalem, Saint-Pierre de Rome, capitales de trois grandes religions mondiales. «Le président Trump veut unir les peuples de toutes confessions autour d'une vision commune de paix, de progrès et de prospérité», expliquait le conseiller à la sécurité nationale, H.R. McMaster, vendredi passé.

Chausse-trappes

Cette expérience œcuménique en cinq étapes trahit surtout les ambitions démesurées du milliardaire new-yorkais, déterminé à affirmer sa stature internationale et son pouvoir de persuasion pour influer sur les grands dossiers diplomatiques, fédérer autour de sa personne la lutte contre le terrorisme, sans plus se soucier de droits de l'homme ou de rabibochage avec Téhéran, les grands axes de son prédécesseur.

Les chausse-trappes, cependant, ne manquent pas. En Arabie saoudite, le magnat de l'immobilier s'efforcera d'altérer son image d'islamophobe et rassurer le monde arabe, révulsé par l'accord nucléaire iranien de Barack Obama. En Israël, où Obama n'a pas non plus laissé un grand souvenir, il sera attendu au tournant pour une promesse solennelle faite au lobby pro-israélien (Aipac): le déménagement de l'ambassade des États-Unis, de Tel-Aviv à Jérusalem. Trump, qui doit aussi se rendre dans les Territoires palestiniens, cherche à évaluer l'impact d'une telle décision sur un des grands desseins de son mandat: la conclusion d'un accord de paix israélo- palestinien historique. «Le président accorde beaucoup d'attention à l'impact potentiel sur le processus de paix», confiait dimanche le secrétaire d'État Rex Tillerson, et notamment à la réaction de l'État hébreu, «qui pourrait y voir une initiative salutaire, ou bien peut-être une distraction». Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, officiellement, appelle de ses vœux la relocalisation de l'ambassade mais, en coulisses, craint une flambée de violence côté palestinien.

Approche trumpienne

Au Vatican, Donald Trump sera reçu en audience matinale exceptionnelle par le pape François, qui n'a pas ménagé ses critiques durant la campagne présidentielle 2016. À Bruxelles, il rappellera probablement ses alliés européens à leur engagement résolu en matière de défense, et en confirmant son soutien sans faille au président turc Recep Tayyip Erdogan, malgré la dérive autoritaire de ce dernier, attendu ce mardi à la Maison-Blanche.

À Washington, diplomates, hauts gradés et experts retiennent leur souffle. Provocateur, impulsif et passablement inexpérimenté en politique internationale, sans chef du protocole désigné, Donald Trump peut-il mettre les pieds dans le plat? L'homme d'affaires, en outre, goûte peu les voyages au long cours, déteste dormir dans un autre lit que le sien, peste contre le décalage horaire et évite les «cuisines locales», selon un ancien collaborateur.

«J'espère que le président saura contenir sa spontanéité et coller au script», remarquait dimanche Robert Gates, ex-secrétaire à la Défense de George W. Bush et Barack Obama, sur la chaîne CBS. «Il aura des échanges durs, c'est certain», ajoute Gates, qui ne déteste pas cependant l'approche trumpienne «perturbatrice». «Regardez la Corée du Nord, observe-t-il. Trois Administrations ont poursuivi une approche plutôt cohérente, et cela ne nous a menés nulle part. Le fait de placer les Chinois devant leurs responsabilités était une bonne chose.» Voilà le reste du monde prévenu. Maurin Picard

Vous souhaitant une bonne journée.

Cordialement,

Elena NATALITCH Chargée de Communication 251, bd Pereire - 75852 PARIS Cedex 17 Tél. : 01 40 55 12 43 Fax : 01 40 55 12 40 [email protected] www.medef-idf.fr https://www.facebook.com/medef.idf