L’église et le clocher de la ville de Beaune-la-Rolande

par Jean Richard

De l’église, nous pensons qu’elle date du XIIème siècle ou du XIIIème. Elle devait être bâtie sur le modèle de la crypte. Elle fut probablement brûlée et démolie par le renégat Philippe d’Egreville. Celui-ci, marchant en 1428 (sous le règne de Charles VII) vers Orléans pour soutenir les troupes anglaises Salisbury qui en commençait le siège, se heurta à des bandes de paysans dressés en armes sous la direction de Richard Pocquaire. Philippe d’Egreville et sa horde de mercenaires furent obligés de reculer devant leur résistance victorieuse et pour se venger détruisit l’église de Beaune et mit le feu aux halles de Boiscommun.

L’église de Beaune dut être à l’abandon pendant de longues années mais en 1462 (Louis XI avait alors accédé au royaume de depuis 1 an) des travaux de reconstruction étaient suffisamment avancés pour que, le 4 juin de cette même année, Louis de Melun, archevêque de Sens, pût transférer dans l’église les reliques de saint Pipe. Nous devons supposer que la crypte seule était alors réparée complètement et que le reste des travaux était fort peu avancé, car nous voyons quelques années plus tard, Jean - cardinal d’Albi -, accorder par un diplôme daté du 24 décembre 1470, des

1 indulgences à ceux qui visiteront les reliques de saint Pipe et contribueront par leurs aumônes à relever les ruines dues à l’incendie qu’allumèrent les anglais. Au XVIème siècle, la seigneurie de Beaune passa dans la maison de Harlay, cette famille possédait entre autres le comté de Beaumont en Gâtinais, et à cet époque nous ne savons pas quelle allure avait le clocher.

Ce n’est qu’en 1685 (Louis XIV régnait alors sur le royaume de France depuis 34 ans) qu’un certain Jodin ou Jaudin fit faire un ouvrage au dessus de la tour du clocher avec une charpente recouverte de plomb. C’est probablement dès cette époque que le clocher prit l’allure tors que nous pouvons voir sur le document qui vous est présenté quelques lignes plus loin

On remarquera plus particulièrement la tour du clocher, qui est une construction massive et carrée presqu’indépendante et sur laquelle l’église semble être venue s’appuyer. Les marches actuelles ne sont pas présentes et le sol était de plain-pied avec l’entrée. Ce type de tour supportant le clocher des églises est assez fréquent dans la région, telles celles de Barville, , Beaumont, Auxy…

La tour du clocher de l’église de Beaune-la-Rolande fut à l’évidence fortifiée et, du coté nord, l’existence d’un pont-levis est attestée par deux hautes rainures. Dans les façades orientale et occidentale de la tour, des archères sont encore visibles.

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L’église et le clocher de l’église de Beaune-la-Rolande (avant l’incendie de 1861)

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Une cloche énigmatique

Dans ce clocher, se trouvait une cloche dont l’inscription (fig. 2) fut quelques temps l’objet d’âpres discussions et il me paraît intéressant d’y consacrer quelques instants en se référant au “Mémoire sur quelques antiquités de Beaune la Rolande en Gâtinais ” présenté par M. Dufaur vicomte de Pibrac devant la Société Royale des Sciences & Belles-Lettres d’Orléans. (M. Dufaur était ancien élève de l’école Polytechnique et membre de la Société des Sciences d’Orléans).

4 Je cite : “ Il y a bientôt deux ans, Mgr Morlot, notre ancien évêque, me parla d’une inscription remarquable qui se trouvait à Beaune la Rolande. Il s’étendit sur son importance paléographique et sur la réputation colossale dont elle jouissait à Rome où elle avait été envoyée déjà au cardinal Mezzofante. Le fac simile était revenu d’Italie après avoir déjoué toutes les ressources de l’immense instruction du savant auquel on l’avait confié, et le timbre de Beaune s’enorgueillissait toujours de son impénétrable obscurité. M. Richard, secrétaire de l’évêché, eut alors l’idée de s’adresser à l’Académie des inscriptions de Paris; mais l’Académie ne chercha même pas à déchirer le bandeau qui enveloppait ce souvenir des temps passés. Ce fac simile revint donc encore une fois à Orléans. Quelques temps après, M. Richard me parla de nouveau de cette inscription et mit à ma disposition le fac simile que j’ai l’honneur de vous présenter aujourd’hui ; c’est celui qui a été envoyé au bibliothécaire du Vatican et au président de l’Académie des inscriptions et Belles-Lettres de Paris. Je l’examinais pendant trois ou quatre jours avec une scrupuleuse attention et un intérêt qu’accroissait encore le souvenir des épreuves auxquelles il avait résisté ; mais malgré toute ma persévérance je n’y découvris qu’une espèce de date dont la forme me rappela le XVIème siècle. Je lus distinctement l’an mil cinq cent. C’était déjà quelque chose, car on croyait cette inscription de l’an mil. Là se bornèrent tous mes succès et il me restait encore 27 mots à lire sur 29.

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Quelques temps après, et afin de valider le fac simile en sa possession, Monsieur Dufaur s’adressa à Messieurs Laplaine et Chauliagon, respectivement instituteur et curé de la ville de Beaune-la-Rolande afin d’obtenir d’eux un calque tamponné des mystérieuses inscriptions de la cloche.

Mais reprenons son récit dès l’instant qu’il reçut une lettre de M. le curé de Beaune-la-Rolande ; nous sommes le 7 septembre 1843 et Louis-Philippe est alors roi des Français.

“ Longtemps après, je reçus enfin une lettre. Elle renfermait le texte même de l’inscription qu’il me disait avoir lu sans la moindre difficulté avec MM. Laplaine et Favereau ; je dois ici rendre justice à ces messieurs, leur travail était aussi complet que possible et la date seule manquait à leur interprétation ; elle demandait en effet pour être déchiffrée des connaissances spéciales sur la manière d’écrire les nombres au XVIème siècle. Voici du reste ce renseignement précieux tel qu’il m’est parvenu.

1ère ligne : L’an mil VsPPPVM Pierre Vandart me fit, Sébastien suis qui à toute heure sonne pour 2ème ligne : bien servir les gens, homme ne vault rien qui demeure à faire bien quant a le temps.

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M. Chauliagon avait eu soin de m’envoyer l’empreinte exacte des sept caractères illisibles, ainsi que celle des deux autres mots Pierre Vandart et servir pour me donner, sans doute, une idée du reste de l’écriture. Grâce à cette précaution je pus, dès le lendemain même, satisfaire le désir qu’il avait de compléter son travail en lui répondant que : le V signifiait cinq ; que ce qu’il croyait un s placé au dessus de la ligne était un c qui voulait dire cent, que les trois P étaient trois X comptant pour trente, et qu’enfin ce qu’il regardait comme un M était trois unités qui à la suite du V formait avec cette lettre le nombre huit ; que la date en un mot était mille cinq cent trente huit : mil Vc XXXVIII. »

Tout était donc fini. Le voile était tombé et l’effrayante célébrité du timbre de Beaune-la-Rolande s’était dissipée comme un nuage depuis cet instant capital de 1843 le clocher de Beaune vivait des journées paisibles en faisant sonner sa cloche élucidée, celle qui avait mobilisée les recherches jusqu’au Vatican. Mais c’était sans compter avec les caprices du temps et la malédiction allait s’abattre 18 années plus tard. Nous sommes maintenant sous le règne de Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, proclamé Empereur des Français le 2 décembre 1852.

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Un destin tragique

Le 24 mai 1861, une discussion fut fortuitement engagée au sujet de l’assurance de l’église et du clocher à l’occasion d’une réunion du Conseil Municipal.

On constatait alors que les cloches l’horloge et le beffroi n’étaient pas assurés, que l’église l’était pour 150.000 francs dont 42.000 francs pour la flèche du clocher et 10.000 francs pour la tour. Le Conseil trouvait cette somme insuffisante et chargeait le maire (M. Marotte) de s’entendre avec l’assurance “ l’Orléanaise ”. Hélas il eut été nécessaire de faire vite car le 15 juillet de la même année, le fleuron architectural de la ville de Beaune s’évanouissait en fumée, il était malheureusement trop tard….

Mais que s’était il donc passé durant ce jour funeste ? Nous emprunterons le récit du Maire, en date du 23 février 1862 pour relater cet événement :

Je cite : “ Le 15 juillet 1851, sur les 3 heures du matin, le feu du ciel est tombé sur le clocher de Beaune. Trois heures après, c’est à dire à 6 heures, on remarquait un peu de fumée à l’extrémité de la flèche et bientôt l’incendie a pris des proportions telles qu’il est resté à la population consternée d’autre espoir que celui de conserver l’église. En effet, à 8h1/2 le clocher de la ville de Beaune n’existait plus.

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La Compagnie des Pompiers était accourue avec un admirable empressement mais son action ne s’est bornée d’abord qu’à préparer les chaînes qui devaient alimenter les pompes, pour le moment où il serait possible d’approcher la partie de la toiture de l’église sur laquelle tombaient les débris enflammés du clocher.

Bien que tout le monde comprit quel sort était réservé aux trois cloches, il fallut bien reconnaître qu’il était impossible de les descendre avant qu’elles fussent atteintes par l’incendie qui descendait avec une effrayante rapidité. Quelques pompiers et plusieurs habitants montèrent à la hâte dans la partie de la tour où était placée l’horloge et furent assez heureux pour pouvoir démonter toutes les pièces et les transporter en lieu de sûreté. Au moment où ce travail était terminé, une pluie de plomb fondu a averti ces courageux citoyens que le moment de se retirer était arrivé. Personne n’a été grièvement blessé. Le foyer de l’incendie s’est trouvé concentré sur deux points principaux, à l’orifice de la tour et au beffroi. Les poutres qui existaient à cette dernière partie du clocher et les madriers qui en formaient le plancher ont arrêté dans leur chute une grande partie des débris enflammés et la flèche et les cloches se sont trouvées au milieu d’un immense foyer alimenté par l’arrivée continuelle de nouveaux éléments combustibles.

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Deux cloches ont complètement fondu, et la troisième (celle signée par P. Vandart et dont nous avons parlé précédemment) a été préservée par le jet continuel d’une pompe. Cependant, le beffroi a été détruit et la cloche s’est cassée dans sa chute.

C’est alors que les pompiers de Beaune, voyant le danger qui menaçait l’église par suite de la chute des pièces de bois qui sortaient par les ogives de la tour, consultant plutôt leur courage que la prudence, s’élancèrent sur les parties brûlantes, la hache à la main, pour concentrer entre les quatre murs de la tour le foyer de l’incendie.

MM. Prévost et Morlet, couvreurs, tous deux pompiers de la Compagnie, se firent plus particulièrement remarquer dans cette manœuvre tardive, mais M. Prévost eut le malheur de tomber d’une hauteur de 12 mètres environ dans l’intérieur de la tour au milieu de débris de toute nature qui l'eussent enseveli sans le dévouement du sieur Breau-Baudin qui l’a enlevé vivement sur ses épaules et transporté à l’hospice dans l’état le plus grave. Sa vie fut en danger pendant longtemps. Il est rétabli aujourd’hui mais avec la perspective de ne pouvoir jamais se servir de son bras droit qui a été fracturé en deux endroits.

10 Nous avons à nous féliciter de l’empressement que les pompiers des communes voisines ont mis à venir à notre secours. Deux heures après le commencement de l’incendie les pompiers de Boiscommun, Auxy, Egry, , Batilly, Barville, Courcelles, Beaumont, , Boynes, étaient au pied du clocher et plusieurs pompes mises en mouvement contribuèrent à préserver la ville de Beaune d’un plus grand sinistre.

Le Maire de Beaune signale à l’administration comme s’étant plus particulièrement distingués dans cette malheureuse circonstance ; M. Prévost, M. Morlet, M. Barreau-Gaudin du Bois de la Leu ; Eug Chauvin, ouvrier maréchal, à qui l’on doit en partie la conservation de l’horloge ; Prochasson fils, horloger à Beaune, Corneillat-Durand, serrurier ; Bezille, voiturier ; Guillet, brigadier ; Legat, pompier de Corbeilles, Lamy, pompier de Boiscommun et Popelin, pompier de Beaumont ”.

On peut s’en douter, dans une commune déjà peu riche de ses ressources locales, un tel malheur représentait une catastrophe financière sans précédent d’autant plus qu’à une demande de secours envoyée par le Maire Marotte à Monsieur le Préfet du se voyait retournée une réponse sans appel en disant que le crédit affecté aux édifices du culte était épuisé et que la ville ne pouvait compter sur aucun secours du ministère.

11 Après de longues tractations et un don particulier de 6.000 francs fait par l’Empereur Napoléon III sur sa cassette particulière les architectes Violet-Leduc ainsi que son élève et confrère Baudot furent choisis et les travaux furent entrepris en 1863.

Ils étaient terminés en mars 1865 en donnant naissance au magnifique clocher qui défie le temps jusqu’à nos jours. Entre temps une cloche fut louée à l’entreprise Bollé près d’Orléans. La cloche de Vandart ne périt pas dans l’incendie mais malheureusement elle se cassa dans sa chute comme nous l’avons vu mentionné dans le rapport du maire en date du 23 février 1862.

Cette cloche resta au pied de l’église pendant près de 4 ans et suscita toujours un intérêt historique certain. En effet, on peut lire dans une lettre manuscrite de M. Edmond Michel, célèbre historien de l’Orléanais, conservée aux archives municipales et datée du 20 janvier 1865, la mention suivante :

« Monsieur. J’ai appris que votre vieille cloche de Beaune la Rolande allait être prochainement fondue. Je ne sais s’il serait possible de la conserver en lui faisant une soudure d’argent comme cela s’est fait pour quelques cloches de ce département (on notera au passage que la cloche ne devait être que fêlée et non pas brisée complètement).

12 Il serait cependant à désirer que si la fatalité veut qu’elle soit sacrifiée elle ne périt pas entièrement. Il serait très possible d’en conserver la bande qui contient l’inscription et les figurines : on pourrait facilement la scier sur une épaisseur de quelques millimètres en plusieurs morceaux qui seraient soudés ensuite ou plaqués sur un disque de bois ou de plâtre ; c’est une opération facilement exécutable.

Cette bande conserverait ainsi ce qu’il y a d’intéressant dans la cloche et trouverait sa place convenable au musée d’Orléans. Rarement on rencontre des cloches de cette date ayant échappé aux incendies, aux ravages des Huguenots ou au creuset de 93. Il serait vraiment regrettable qu’elle vint finir misérablement au creuset à une époque ou les monuments anciens sont recherchés et conservés partout. Quant aux scories qui la recouvrent aujourd’hui, il serait facile de les enlever avec un peu d’acide azotique : l’inscription n’a pas souffert de l’incendie. J’en ai du reste nettoyé moi-même une partie. »

En fait la cloche fût bel et bien fondue. La solennité de l’inauguration de la flèche de l’église et de la bénédiction des cloches, le 28 mars 1865, et qui a été présidée par N N S S. l’Archevêque de Sens et l’Evêque d’Orléans restera un jour mémorable dans les éphémérides de la ville.

13 Une note particulière se doit d’être rappelée au sujet des cloches inaugurées ce jour du 28 mars 1865, je parle de celles qui existent actuellement et qui continuent à égrener le temps perpétuel. Comme vous le savez notre clocher abritent trois cloches qui se prénomment Martin, Sébastien et Pipe, si on les énumère par leur taille décroissante. Chacun d’entre nous fera un rapprochement évident entre les Saints patrons de l’église de Beaune et les attributions de Martin (pour l’église haute) et Pipe (pour l’église basse ou crypte). Il me paraît intéressant de se s’appesantir quelques secondes sur Sébastien. En observant les inscriptions portées sur cette cloche, nous lisons : Je suis Sébastien. Je remplace la cloche par Vandart en 1538 et qui a été détruite dans l’incendie de la flèche le 15 juillet 1861. Sébastien sait qui, à toute heure sonne, pour bien servir les gens, homme ne vaut rien qui demeure, à faire bien quand a le temps. J’ai été baptisée le 28 mars 1865 par NNSS l’Archevêque de Sens et l’Evêque d’Orléans. J’ai pour parrain M. Popelin adjoint au maire de Beaune la Rolande et pour marraine Mlle O. Raguenet de Saint Albin, d’Orléans.

C’est ainsi que trois cent vingt sept ans après son chef d’œuvre et un cours arrêt de moins de quatre ans, Pierre Vandart avait son nom inscrit à nouveau sur un élément des plus beaux édifices de la région.

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A chacun son “ Clochemerle ”

Le clocher et l’église continuent à défier le temps et leur entretien souvent coûteux a été le thème principal de nombreuses discussions jusqu’à nos jours. En effet ces édifices ont souvent été l’objet d’échanges plutôt “acerbes ” entre le curé et la municipalité en place. On en retiendra une parmi, beaucoup d’autres. Elle se situe en 1907. Nous sommes encore sous les plaies du décret de la séparation de l’église et de l’état de 1905. En 1907, il avait été question à Beaune la Rolande du paiement d’une location pour l’église ; un modèle de contrat avait d’ailleurs été rédigé par l’administration préfectorale. Il ne semble d’ailleurs pas qu’on ait donné suite à cette proposition.

Mais un problème devait se poser lorsque les réparations devenaient nécessaires à l’église. Dans ces moments là le Curé de la ville de Beaune était l’abbé Artaud. Ayant signalé au Conseil Municipal que la toiture laissait passer la pluie qui tombait dans l’église, le curé le prie de bien vouloir, en tant que propriétaire légal de l’église, faire les réparations indispensables et de ne pas laisser détériorer le plus beau, le seul monument de notre ville.

La réponse du Conseil Municipal, sous le premier mandat de M. le docteur Toulze, donne le ton de l’époque et des rapports entre les intéressés, je cite :

15 “ Le Conseil, après en avoir délibéré, considérant que Mr Artaud, curé doyen de la ville de Beaune, a la jouissance gratuite de l’église, tant de l’immeuble que des meubles qui la garnissent, que du fait de cette jouissance gratuite la commune ne doit et ne peut être mise en demeure de faire des réparations à un immeuble improductif de revenu, que cette charge doit incomber de ce fait à qui en a la libre et gratuite jouissance, pour ces motifs et dans le but également de se renfermer complètement dans les limites de la Loi de Séparation, décide en principe par 9 voix sur 11 votants de ne faire aucune réparation au compte de la commune dans l’église de Beaune.

Ecartant à priori toute intention de tracasserie pour la personne de M. Artaud ou de malveillance pour le culte, il décide de laisser le soin de cette réparation au locataire et prie M. le Maire de donner à M. le Curé toute autorisation des réparations indispensables ”.

L’abbé Artaud répondit que ni ses paroissiens ni lui même n’étaient gênés par la pluie qui souillait le pavé de l’église, mais qu’il avait cru devoir faire connaître le danger suite à la dégradation de l’édifice.

Les discussions continuèrent sans issue car le 22 février 1910, c’est à dire trois ans après, le Conseil maintenait sa décision initiale par 9 voix contre 6 sur 15 votants.

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Bien sur, cette situation ne pouvait s’éterniser. Après de nombreuses démarches l’église fut classée monument historique en 1920 et les travaux de réparation furent toujours réalisés dans les mandats municipaux successifs. Même si leurs sentiments ne portent pas tel ou tel conseiller à s’intéresser à l’église et son clocher, au fond ils en sont fiers et ne voudraient certainement pas la voir tomber en ruine.

Un passage à l’An 2000 imprévu

On citera une dernière anecdote qui fait que ces édifices anciens gardent aussi leurs mystères.

A l’occasion de la célébration de l’année 2000, la Municipalité de Beaune-la-Rolande avait programmé l’horloge de l’église pour que celle-ci sonne à toutes volées pendant un temps certain qui fut, paraît-il âprement discuter entre les électriciens et les Conseillers municipaux.

Mais de volée il n’y eut point, les cloches se sont tues comme si elles voulaient s’économiser dans la discrétion en attendant le troisième millénaire.

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