Mars 2009-05-06 JAKILEA N° 90

Courrier : CDDHPB Maison de la Vie Citoyenne Polo Beyris - 64100 BAYONNE e-mails : [email protected] : [email protected]

SOMMAIRE :

*Chronique judiciaire * Euskadi * Prisons * Lettre ouverte à Michel Berhocoirigoin * La CIMADE * Les Démo * L’épouvantail terroriste * Avertissement de l’ONU à l’Espagne * Libre opinion

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EDITORIAL

Par crainte de perdre de son pouvoir dans des négociations qu'il ne sait, ou ne veut pas mener, l'Etat pratique des méthodes détestables d'intimidations et d'interdictions. En jouant particulièrement avec la peur et l'insécurité, à doses progressives, il espère chloroformer définitivement les plus craintifs et satisfaire temporairement les plus réactionnaires. Souvent sans fondement, il use et abuse des concepts de dangerosité et de terrorisme pour servir ses intérêts et museler des adversaires ciblés, politiques ou ethniques, qu'il assimile à des bandes de malfaiteurs. Il va jusqu'à se livrer lui-même à des actes violents et exploite ensuite colères et révoltes qui lui servent d'alibi dans ses répressions. Tout cela se manifeste par le mépris, les interdictions, les oppositions aux initiatives qui dérangent l'Etat, les criminalisations, les condamnations… L'ensemble est souvent accompagné de brutalités et de démonstrations de force démesurées. Les exemples sont assez nombreux pour ne pas avoir à les citer tous. Mais il est bon de rappeler aujourd'hui au Pays basque l'avertissement que Martin Scheinin, rapporteur spécial à l'ONU, a adressé à la suite d'une visite en Espagne, réclamant la suppression de la détention au secret et le respect du pluralisme politique.

L'Espagne n'en tient pas compte et, en rendant illégaux deux nouveaux partis politiques , elle condamne de nombreux citoyens à ne pas être représentés lors des élections du parlement basque. En même temps elle s'oppose à la condamnation des crimes du régime franquiste qui lui est également demandée par l'ONU. En , médiatisé à outrance, l'épouvantail terroriste sévit avec l'arrestation, sans preuve, de huit personnes accusées d'avoir été soi-disant liées au sabotage de caténaires. L'un d'entre eux attend encore d'être libéré mais le doute subsiste dans les esprits c'est là l'essentiel ! Démesurée l'interpellation d'un mineur de 16 ans accablé de pressions policières inadmissibles. Inquiétant l'enlèvement avorté d'un ressortissant d'Hego Alde pour lequel la complicité entre policiers français et espagnols est avérée, comme au temps du GAL! Le silence qui a suivi cette opération est destiné à protéger la victime. On se souvient en revanche de l'importante manifestation de Garazi pour dénoncer les arrestations au bar Kalaka. Admirable aussi l'organisation, la défense et le soutien apportés à Euskal Herriko Laborantza Ganbara, traînée en justice pendant des années pour «port illégal de titre». Un procès surréaliste qui témoigne de l'acharnement du pouvoir en dépit des qualités officiellement reconnues de cette association. Face aux malveillances et atteintes aux droits des personnes il se trouve toujours des résistants pacifiques. Les Démos par exemple, tiennent tête au pouvoir quand il outrepasse ses prérogatives. Ils favorisent la dérision comme arme de contestation massive! Leur combat porte sur trois points essentiels: une collectivité territoriale, l'officialisation de l'euskara et le rapprochement des prisonniers politiques. Ils seront présents lors de notre Assemblée Générale en mars prochain. Michel Berger

Le 11 novembre à Tarnac

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CHRONIQUE JUDICIAIRE

Arrestations

- 26 novembre: Jordi, 16 ans, arrêté à son domicile à Armendaritz et placé en garde à vue durant 15 heures pour l’interroger sur sa participation à une manifestation datant de septembre 2007! Il dénonce les pressions subies. - 9 décembre, près de Cauterets: Aitzol Iriondo, présenté comme le successeur de «Txerokee», arrêté le 17 novembre, est à son tour pris par la police, en compagnie de Eneko Zarrabeitia et Aitor Artetxe. - 9 décembre: Une vingtaine de personnes convoquées dans différents commissariats et gendarmeries du Pays Basque Nord, dans le cadre de l’enquête sur un présumé financement par ETA de bars associatifs. Toutes ont été remises en liberté sans charges. - 8 janvier, Ciboure: Xabier Irastorza, réfugié, sous le coups d’un MAE (Mandat d’Arrêt Européen) et incarcéré à Seysses (31). - 13 janvier, Ascain: Le réfugié Alejo Moreno, remis en liberté à Pau avant sa comparution sur MAE. - 13 janvier, Bayonne: L’enseignante de basque Lorea Zeziaga, sur ordre du juge Le Vert, relâchée sans charges à la fin de la garde à vue qui a duré 3 jours!... - 10 février: 5 personnes interpellées dans le cadre de l’enquête sur le financement de bars associatifs abertzale. Elles seront relâchées au bout d’un à trois jours de garde à vue au commissariat de Bayonne.

Extraditions

Rattrapé en Irlande par un Mandat d’Arrêt Européen (MAE) lancé par le juge espagnol Eloy Velasco, l’ex-preso Iñaki de Juana a été déféré début novembre devant le juge irlandais de Belfast Tony Burgers. Celui-ci, circonspect sur la forme et le fond du MAE, a demandé à l’Espagne des compléments d’information, notamment sur le sens de deux mots basques attribués à De Juana.

- Extradition de Javier Agirre Odriozola: Remis à l’Espagne et incarcéré à Soto del Real. - 17 novembre: Iñaki Gracia, en fin de peine en France, est renvoyé en Espagne (arrêté en France en janvier 2006 et condamnée à 4 ans). - 27 novembre: Grazia Morcillo, remise à l’Espagne et incarcérée (arrêtée en France en janvier 2006 et incarcérée). - 8 janvier: En fin de peine, Mikel Uzkudun est renvoyé à Madrid. Il y est libéré le 10 février. - 27 janvier: Feu vert de la Cour d’Appel de Pau au MAE, contre Xabier Irastorza, livré le 12 février, et libéré par le juge Garzon. - 4 février: Jon Lizarribar est arrêté dans la prison de Toulon où il termine sa peine, conduit à la frontière espagnole de La Jonquera, où les Espagnols le laissent libre. - Andoni Azpiazu, arrêté en juin 2007 à Mexico, extradé, a été libéré le 10 février, en attente du verdict de son procès.

Procès

- Paris, 25 novembre: L’Américain Kent Carter et sa compagne danoise Michala Marcus condamnés à deux ans de prison avec sursis pour avoir hébergé deux militants d’ETA. - Paris, fin novembre: Procés en appel de 3 militants bretons à la demande du Procureur de Paris. Les faits ayant été examinés en 2004, l’appel a été jugé irrecevable par la Cour spéciale. Mais le Parquet s’est pourvu en Cassation! - Paris, 4 décembre: La Cour d’Appel confirme la révocation de la semi-liberté (accordée un an plus tôt) à Jean-Marc Rouillan. Il reste donc incarcéré aux Baumettes. Sa demande de libération conditionnelle est rejetée le 4 février. - Paris 9-18 décembre: Onze membres présumés d’ETA devant la Cour d’Assises spéciale. Réclusion de 19 et 17 ans pour Iñaki Esparza et sa compagne, Lorentxa Guimon. 6 à 15 ans pour les autres. Interdiction générale du territoire, sauf pour Lorentxa, citoyenne française. - Paris, 9 février: Début du procè en appel d’Yvan Colonna et rebondisement le 13 avec les révélations de l’ancien bras droit du Préfet Erignac.

Gilles Perrault condamné pour diffamation. La Cour d’Appel d’Aix en Provence a condamné le 26 janvier l’écrivain Gilles Perrault ainsi que son éditeur Fayard à une amende de 5.000 euros chacun pour avoir diffamé des policiers de la brigade criminelle de Marseille. De plus, le jugement a accordé 10.000 euros de dommages et intérêts à chacun des 4 policiers qui poursuivaient l’écrivain. Dans son livre «L’ombre de Christian Ranucci» (paru en 2006) G. Perrault accusait les policiers de «légéreté et partialité» dans leurs investigations sur le meurtre de Marie Dolores Rambla qui ont abouté à l’éxécution de Christian Ranucci le 28 juillet 1976. L’écrivain et son éditeur ont saisi la Cour de Cassation.

Libérations

- 17 novembre: Iñaki Gracia aurait dû être libéré. Il est livré aux Espagnols. - Pello Sanchez, qui était incarcéré à la Santé a été remis en liberté début décembre pour raison de santé. - Zorion Zamakola, à la fin de sa peine en France. - 8 janvier. Mikel Uzkudun, extradé puis libéré. - 4 février: A la fin de sa peine en France Jon Lizarribar est remis aux mains des Espagnols qui le laissent libre, passée la frontière.

Deuils

MIKEL LABOA le 1er, «Mixu» Michelena le 3 décembre, la chanson basque est en deuil. Deux générations, deux styles. Mikel était à l’origine du renouveau, au temps du franquisme. Voix rocailleuse, verbe exigeant, interprète hors pair de la poésie trans-époques, il a été une des figures de cet art premier pour les Basques. Mixu est tombé, foudroyé après une de ses dernières prestations populaires, au stade de Bayonne. Il était l’aîné d’un des groupes les plus modernes, Sustraia («Racine»!).

Manifestations

Les «preso» sont toujours au centre des préoccupations des mouvements abertzale. Le 28 décembre, deux assemblées se sont tenues en Pays Basque Nord. L’une, à Urrugne, du Comité de soutien , défendant le Collectif des Prisonniers Politiques Basques, et appelant à la manifestation nationale du 3 janvier à Bilbao. L’autre, à Mouguerre, des Démo, connus pour leurs actions spectaculaires pour la démocratie en Iparralde. L’originalité de ce repas et débat d’environ 160 participants, a été non seulement le soutien aux preso mais particulièrement à quatre d’entre eux, exclus du Collectif, pour avoir exprimé leurs critiques sur la stratégie actuelle d’ETA.

La manifestation de Bilbao a été un succès populaire (plus de 35.000 personnes). La politique carcérale n’a cependant pas évolué. On note seulement dans l’Etat espagnol quelques rapprochements de preso dont ceux qui critiquent la lutte armée.

Début janvier 2009, à Bayonne, plusieurs rassemblements de protestation contre les massacres à Gaza, notamment à l’appel du Collectif qui s’était formé il y a quelques années pour dénoncer la guerre en Irak.

Les manifs les plus notables ont été: celle contre le TGV basque, à Urbina, près de Vitoria-Gasteiz le 17 janvier, se terminant par des échauffourées avec la , et des blessés; celles des lycéens et étudiants en janvier à Bayonne; enfin celle des syndicats regroupant 12.000 personnes (un record) dans les rues de Bayonne.

Pour protester contre l’interdiction des candidatures D3M et Askatasuna aux élections du 1er mars, il y a eu beaucoup de monde le 14 février à Bilbao mais la Ertzaintza a violemment chargé. AB a appelé à manifester devant le Consulat d’Espagne à Bayonne (le CDDHPB aussi) sous le slogan «La répression n’est pas une solution».

Et le 21 février une manifestation a eu lieu à Ciboure (où réside Alliot-Marie) pour protester contre les multiples interpellations, et le harcèlement constant que subit la gauche abertzale.

- Rassemblements devant le Centre de rétention d’Hendaye à l’appel de la CIMADE, du RESF, et de nombreuses organisations qui composent les «Cercles de silence» (qui se forment chaque 1er vendredi du mois à 18h sur la Place de la Liberté à Bayonne, en faveur des sans papiers). - Le 20 décembre, avec musique, chants, prises de parole et distribution de tracts, et amoncellement symbolique de paquets cadeaux devant le portail d’entrée du Centre de rétention pour attirer l’attention sur le sort des enfants qui se retrouvent de plus en plus souvent enfermés avec leurs parents dans ces Centres en attendant leur expulsion de France. - Le 7 février pour protester contre les projets du nouveau ministre «de l’Immigration et de l’Identité nationale» Eric Besson qui veut faire encore mieux que Brice Hortefeux (près de 30.000 reconduites à la frontière en 2008!) et promet d’aider les sans papiers qui utilisent la délation!...

La violence en Iparralde

La campagne de violences contre la spéculation foncière et le tourisme a connu un ralentissement. On a noté les dégâts causés en fin d’année à une résidence secondaire de Jatsou et, le 20 décembre, à une agence immobilière d’Anglet. L’enseigne Guy Hôquet sur le boulevard du BAB a été durement touchée par l’explosion d’une bonbonne de gaz. L’agence de travail intérimaire voisine a subi des dégâts. A proximité, le slogan «EH ez da Salgai». On apprenait un mois plus tard que la gérante de l’agence immobilière renonçait à rouvrir ses portes. Par un communiqué diffusé le 30 décembre 2008, le mystérieux groupe Irrintzi revendiquait une dizaine d’attentats, dont un dirigé contre le domicile à Ciboure de la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie.

Les bars associatifs toujours suspects

L’opération judiciaro-policière lancée il y a deux ans contre le bar associatif «Kalaka» de Saint- Jean-Pied-de-Port a continué à faire des vagues. Soupçonnés de participation à des attentats contre le complexe hôtelier Ostape, cinq jeunes avaient accompli jusqu’à une année de prison préventive. La manifestation d’avril 2008 en leur faveur, terminée par des échauffourées avec les forces de l’ordre, avait abouti à des gardes à vue de plusieurs adolescents. Puis il y a eu l’interpellation le 26 novembre d’un mineur de 16 ans pour des présumés jets de pierres lors d’une autre manif. Sa garde à vue d’une journée a été accompagnée de la perquisition du domicile familial. Le 11 décembre, sept autres adolescents ont été placés en garde à vue, cette fois pour un financement prétendûment occulte des bars associatifs. L’un d’entre eux risque d’être poursuivi pour avoir agressé des gendarmes lors de la manif d’avril. Askatasuna a dénoncé le 1er février le fichage massif de personnes suspectées d’avoir contribué au financement de ces «herriko tabernak» d’Iparralde. Le cas de Marie-Jo Hirigoyen a été évoqué. Cette dame de 63 ans, accusée d’avoir donné de l’argent au bar Xilko a subi le 18 décembre une sévère garde à vue au commissariat de Bayonne. Elle a été libérée sans charges. Rebondissement le 10 février à 6 heures du matin. Peio Fagant était réveillé à son domicile de Bidart par la police anti-terroriste mandatée par la juge Le Vert. Perquisition, garde à vue de ce militant de 71 ans, arrêté en 1993 pour un atelier clandestin d’ETA dans sa maison, et condamné. Trois autres personnes connaissent le même sort. Deux autres sont convoquées au commissariat de Bayonne. Motif: le financement suspect des «tavernes populaires» de Ciboure, Hendaye, Bayonne. Cette fois, ce ne sont pas les bars qui financeraient ETA, mais ETA qui subventionnerait les bars... Finalement, tout le monde ressort libre sans charges, après toutefois des rétentions de un à deux jours. Askatasuna a fait le compte: depuis le début de cette affaire ce sont près de 90 personnes qui ont été auditionnées par la police. Cela ressemble furieusement à la procédure anti-terroriste des anarchistes de Tarnac... Koko Abeberry Le procès du 29 janvier 2009-05-06

Cette date restera-t-elle, plus tard, dans les manuels d'histoire des petits écoliers d'Iparralde comme le souvenir d'une grande victoire?

La journée ou quasi-journée s'est déroulée de façon remarquable grâce, il faut le dire tout de suite, à l'armée pacifique des bénévoles en tout genre sous le commandement du général Txetx. Dignité, bonne humeur, fermeté, il faut le faire avec un public de près de 2000 personnes très motivées (dans la foule on notait la présence de José Bové et de nombreux représentants du Pays Basque Sud) qu'on aurait pu facilement asticoter pour les pousser à des manifestations de révolte. Rien de cela. Je rappelais à un ami Démo que certain procès, il y a quelques années, s'était déroulé dans une autre ambiance, avec charge dans l'enceinte des CRS, bombes lacrymogènes et coups de matraques… Les privilégiés munis d'une carte au logo d'EHLG (Euskal Herriko Laborantza Ganbara, que je me garderai bien de traduire déjà!) ont pénétré dans la salle du tribunal. Un relais était organisé afin d'informer le public massé à l'extérieur du déroulement de la séance. Hélas, ceux qui était à l'intérieur devaient tendre l'oreille pour saisir ce qui se disait entre le prévenu, la présidente du tribunal, les témoins, les avocats, la procureur, le système de sonorisation était en panne! Sabotage de l'administration?

Avec calme, Michel Berhocoirigoin a présenté sa déposition, exposant les raisons de la création de EHLG par le syndicat agricole basque ELB, son fonctionnement, ses objectifs et ses réalisations. Puis se sont exprimés six témoins, les premiers jurant leurs grands dieux qu'il n'y avait pas dans leur tête de confusion entre la Chambre d'agriculture de Pau et EHLG qui se trouve dans le petit village d'Ainhice-Mongelos, en Garazi, ajoutant que pour eux l'expression est intraduisible du basque au français! Sont intervenus, ensuite, Michel Lauqué, ancien président de la Chambre d'agriculture de Loire-Atlantique, Frantxoa Maitia, conseiller régional d'Aquitaine, Gérard Onesta, vice-président du Parlement européen, enfin Jean Haritsclhar, linguiste et président honoraire d'Euskaltzaindia qui a répondu à l'accusation fondamentale de la procureur qui, dictionnaire fançais-basque en main, l'interrogeait sur la traduction de EHLG. Nous avons eu droit à quelques pirouettes pleines d'humour de l'académicien qui a développé la polysémie du mot «ganbara», n'a pas caché que ce mot signifie d'abord effectivement «chambre», en basque, c'est à dire le lieu de l'intimité! Qu'il signifie aussi «forum», ce qui serait une traduction tout à fait adaptée, en la circonstance. Le but de l'interrogatoire était bien sûr de piéger les témoins et de leur faire avouer que Euskal Herriko Laborantza Ganbara signifie bien Chambre d'agriculture du Pays Basque, donc qu'il y a usurpation du nom, donc confusion. En foi de quoi la condamnation est justifiée! En tout cas une première au tribunal où le basque n'a pas cours, un vrai cours de vocabulaire basque.

Les avocats de la partie civile (préfet et Chambre d'agriculture départementale) ont fait ce qu'ils ont pu, Me Casadebaigt et Me Gallardo, ce dernier tirant lourdement le registre du pathétique pour accuser Berhoco de politiser l'affaire, de mal dissimuler les visées autonomistes de l'organisme basque, dénonçant ses tendances quasi racistes. Il fallait oser!

Ensuite, nous avons écouté le réquisitoire de Madame Anne Kayanakis, procureur de la République, long et embrouillé, certes, toujours quasiment inaudible comme les autres interventions par la défection des micros, mais qui a étonné tout le monde non seulement par sa modération mais par la reconnaissance et les éloges non feints du rôle de EHLG. Elle a noté le soutien dont bénéficie EHLG tant de la part de la majorité des élus locaux que d'une grande partie de la population, ses bonnes et normales relations avec de nombreux organismes et administrations. Bref rien qui mérite condamnation, mis à part des rumeurs colportées par la presse. Nous étions loin des accusations habituelles qui foudroient l'accusé! Toutefois, elle a demandé que dans un délai de deux mois on réfléchisse à la modification du nom de l'organisme… afin d'éviter la confusion, ce mal persistant! Elle ne pouvait pas ne pas tenir compte de la plainte déposée par le préfet et la Chambre de Pau! Dans leurs plaidoiries très attendues, Me Jean-René Etchegaray du barreau de Bayonne et Me Joseph Montier du barreau d'Alençon ont démonté avec brio les accusations de concurrence et de confusion, terminant par une demande de relaxe. Le jugement du tribunal correctionnel a été mis en délibéré au 26 mars. Il était minuit moins le quart lorsque la séance fut levée. Au-delà, la fête continuait sous le chapiteau dressé près du Trinquet moderne, à deux cents mètres du tribunal revenu à son silence nocturne, encore sous la vigilance de quelques anges gardiens de l'ordre.

Michel Oronos

Le retour du GAL

Curieuse affaire, celle de l’enlèvement de ce réfugié basque de Saint-Palais. Fuyant il y a un an la répression au Sud, Juan Mari Mujika s’est installé non loin du chef-lieu d’Amikuze. Ce 11 décembre, il part faire ses courses dans un Centre commercial de Saint-Palais. Lorsqu’il rejoint sa voiture, il est abordé par deux hommes qu’il prend pour des policiers français. Embarqué en compagnie de deux autres hommes, il se retrouve dans un endroit inhabité près de Pagolle. Le quatuor l’entreprend en castillan, profère des menaces contre lui, sa famille, sa fille et lui demande de collaborer à l’avenir, sinon... Rendez-vous est pris pour le soir même. Relâché, Juan Mari appelle l’avocate Maritxu Paulus-Basurco qui lui conseille d’attendre tandis qu’elle avertit le Procureur de la République à Bayonne. Plainte a été déposée pour «séquestration, menaces et violence». Le 19 décembre, le Parquet ouvre une enquête. Ce jour là, Askatasuna et Oroit Sala, association spécialisée dans l’histoire du GAL, tiennent à Bayonne une conférence de presse. Dénonçant la dangereuse mésaventure survenue au réfugié basque, elles appellent à la vigilance face à un événement réveillant les mauvais souvenirs du GAL*

*GAL (Groupes Antiterroristes de Libération) à la solde du gouvernement espagnol, qui, dans les années 80, ont procédé à plusieurs enlèvements et 27 assassinats de réfugiés basques dans la région de Bayonne.

Pas de procès pour le Lehendakari

Le procès des dirigeants politiques basques n’a finalement pas eu lieu. Poursuivis pour «désobéissance» au verdict d’interdiction de puisqu’ils avaient entamé un processus de discussion avec les ex-dirigeants de ce parti, ils sont ressortis sans charges. Le 8 janvier, le Tribunal Supérieur de Justice du Pays Basque (TSJPV) faisait comparaître devant lui le Lehendakari J. J. Ibarretxe, le leader PSOE Patxi Lopez et son adjoint Rodolfo Ares, ainsi que cinq représentants de l’ex-Batasuna: , Pernando Barrena, Rufi Etxeberria, Olatz Doñabeitia et Juan Jose Petrikorena. (Les quatre derniers sont incarcérés). On reproche aux uns et aux autres des réunions au cours de la trève décrétée par ETA, entre 2006 et 2007. Les avocats du PSOE et de Batasuna ont plaidé pour l’irrecevabilité des poursuites déclenchées par deux associations proches du PP, non soutenues par le Parquet. L’avocat du Lehendakari souhaitait, lui, s’expliquer devant le Tribunal pour «démontrer la légitimité du dialogue». Après en avoir délibéré, le TSJPV a ordonné le classement sans suite de l’affaire, décision qu’il aurait pu prendre auparavant... Les associations poursuivantes ont déclaré qu’elles feraient appel devant le Tribunal Suprême espagnol!...

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ETA interpelle la société basque

LEs arrestations significatives des responsables d’ETA, les coups de filet au sein de sa mouvance, n’ont toujours pas produit les effets escomptés par les autorités espagnoles ou françaises. Deux attentats spectaculaires ont eu lieu, en plein cœur du Pays Basque, dont la charge symbolique est énorme: assassinat d’un patron d’Azpeitia, destruction partielle du siège de la Télévision basque à Bilbao... Le 20 novembre, un relais de cette télé était visé au sommet du Mont Arnotegi, en Biskaye, faisant suite à d’autres actions de ce type. Le coup de tonnerre éclatait le 3 décembre avec l’annonce de la mort froidement administrée en plein centre d’Azpeitia d’Inaxio Uria, patron d’une entreprise locale de BTP. A la tête, avec ses deux frères, d’une société familiale de 350 ouvriers, cet homme du peuple de 71 ans traversait à pied la place du bourg, avec deux amis, pour leur rendez-vous quotidien de mus. Deux hommes surgissaient, et l’abattaient de deux coups de feu à la poitrine et à la tête. Ils s’enfuyaient dans une voiture volée le matin à Itziar à son propriétaire, laissé ligoté à un arbre, voiture retrouvée ensuite calcinée. L’entreprise Uria était engagée dans les travaux du TGV basque, cible d’ETA, qui jusque là s’en était pris à des engins ou locaux d’autres sociétés. L’autre choc a été celui provoqué par un véhicule lesté d’une centaine de kilos d’explosifs, mis à feu le 31 décembre à onze heures du matin contre l’imposant édifice d’EiTB, la télé basque, à Bilbao. Un appel téléphonique préalable au nom d’ETA a permis l’évacuation des locaux, abritant également d’autres organes de presse, basques et espagnols. Les dégâts ont été tels qu’on a évacué plus de cinq tonnes de gravats. L’impact a été filmé, et retransmis sur les télés du monde entier. Là encore, la voiture piégée avait été volée auparavant à son propriétaire, retrouvé ligoté à un arbre près d’Arrigoriaga. Les griefs d’ETA contre EiTB étaient connus: boycott de la gauche abertzale, instrument contre la résistance, journalistes-flics, etc. Dans la nuit du 16 au 17 janvier, la Ertzaintza s’est déplacée au mont Santa Barbara, près de Hernani, pour une déflagration affectant le relais TV du sommet. Deux colis piégés les attendaient, habilement dissimulés. L’accident corporel a été évité. Contrairement à la totale absence d’explications, sur l’assassinat le 7 mars à Mondragon, d’Isaias Carrasco, présenté comme «militant du PSOE», ETA a voulu cette fois commenter son action. Dans un communiqué du 21 janvier publié par Gara, l’Organisation armée revient d’abord sur l’attentat contre EiTB, puis sur celui contre Inaxio Uria, qu’elle qualifie par deux fois d’«exécution». Outre les médias «favorables au fascisme espagnol» abrités dans les locaux visés, la télé EiTB est responsable de «la déformation du conflit que vit le Pays Basque. ETA et ses militants sont chaque jour traités de terroristes, Euskal Herria ne connaît pas la liberté d’expression», sauf celle «à la mode de Franco». ETA «ne dira jamais à personne comment les journalistes doivent travailler», mais... En ce qui concerne la mort donnée à Uria, il faut savoir qu’ETA «mène le combat pour les droits nationaux d’Euskal Herria». Parmi les obligations imposées à ce peuple, il y a le TGV. «Le développement de ce pays est entre les mains de bureaux, d’entreprises que personne n’a choisies (...) Uria est l’un des responsables de cette situation imposée (...) Nous lançons un avertissement à tous ceux qui travaillent pour ce TGV (...) nous voulons un débat politique». L’exécution d’Uria est donc dûe à la fois à «sa responsabilité dans les travaux du TGV, et à son refus de payer l’impôt révolutionnaire à ETA». Deux motifs, cumulatifs, ou exclusifs?

ETA s’est aussi manifesté le 30 janvier par un communiqué célébrant les 50 ans de son existence. S’opposant au «pactismme», voire à la «trahison», ETA défend une ligne souverainiste depuis l’époque de sa naissance, puisque son but «n’était pas de vaincre le franquisme, mais d’amener Euskal Herria vers sa liberté». Fidèle au principe énoncé dans son communiqué revendicatif du 21 janvier, l’Organisation armée s’est à nouveau attaqué, le 9 février, à un symbole du TGV. Elle a fait sauter une voiture piégée devant le siège de la société des BTP, Ferrovial Agroman, en plein Madrid. Avertie par un appel téléphonique, la police avait fait évacuer le quartier. Les dégâts matériels sont considérables. Ferrovial participe à la construction du TGV basque.

Koko Abeberry

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PAYS BASQUE

La traversée contestable de la LGV

Le Train à Grande Vitesse... En France, TGV ou LGV; en Espagne, TAV; en Pays Basque, AHT.

Son implantation est loin d’être simple. En Euskadi, elle tourne au drame, avec l’intervention d’ETA: attaques au début d’engins de chantier et de locaux, puis assassinat d’Uria, patron d’une entreprise installatrice, explosion d’une société BTP à Madrid. Le chantier, en cours dans la province d’Alava, risque de connaître des vicissitudes. Parallélement, des associations hostiles, comme AHT Gelditu ou AHT-ren Aurka Asanblada s’en tiennent à des manifestations pacifiques. La population, non consultée, semble s’en remettre aux décisions politiques. La campagne électorale d’avant le 1er mars n’a pas tellement abordé ce thème.

Côté Nord, l’information venue des ministères parisiens est tombée en novembre comme une massue. L’Etat se désengage du financement de la LGV Atlantique, contrairement à celle du couloir rhodanien, et s’en remet presque entièrement aux collectivités territoriales. La résistance met du temps à se mettre en place. Les élus, cependant, sont peu enclins à se laisser faire, à l’instar de la Communauté de Communes dirigée par le maire de Saint Pierre d’Irube, Alain Iriart. L’adjointe au maire de Saint-Jean-de-Luz, Michèle Alliot-Marie, par ailleurs ministre de l’Intérieur (!) annonce qu’elle est contre l’établissement de nouvelles voies de la LGV à travers le Pays Basque! Placés devant le fait accompli d’une carte schématiqui, présentée en février par RFF et le Préfet, les élus locaux se refusent d’approuver. On s’achemine pour l’instant au financement partiel du tronçon Tours-Bordeaux. De son côté, le CADE, association depuis longtemps sur la brèche, organise des réunions. A son refus initial de nouvelles voies s’ajoute désormais le refus du financement. Ne se fiant pas aux projections de RFF et de la SNCF, qui surévaluent les convois et le fret, le CADE, sous l’impulsion de son dynamique et compétent président Victor Pachon, en appelle désormais à un audit impartial. L’Ecole Polytechnique de Lausanne en serait le pilote. Dossier évolutif, comme on le voit, marqué par des réticences, voir des résistances dont on ne peut prédire l’issue.

Koko Abeberry

Elections autonomiques et déni de démocratie

Alors que s’ouvrait la campagne électorale pour les élections autonomiques au Parlement d’Euskadi du 1er mars, les grandes manœuvres espagnoles pour l’illégalisation des candidatures «trop» abertzale radicales se mettaient en place. La déclaration de la nouvelle coalition D3M (pour «Démocratie Trois Millions» de Basques) le 10 janvier à Bilbao a été précédée le 9 par l’annonce du Procureur Général de l’Etat d’enquêter pour savoir si elle n’était pas une émanation de Batasuna, donc d’ETA, selon lui. Le Tribunal Suprême a été saisi. Il s’est prononcé le dimanche 8 février, peu avant minuit! Verdict; ANNULATION.

Début février, le Rapporteur Spécial de l’ONU pour la Promotion des Droits Humains et des Libertés Fondamentales dans la lutte contre le terrorisme, Martin Scheinin, avait pourtant remis un Rapport mettant en garde l’Espagne contre l’illégalisation des partis politiques et de candidatures électorales. Il y «renouvelle son opinion sur le fait que les mesures antiterroristes ne doivent pas être utilisées pour limiter les droits des ONG, des media, des partis politiques». Il faut «appliquer des critères précis définis par la loi et respecter les principes de proportionnalité et de nécessité». Attention aux mots «Organisation terroriste» employés sans précision. Il se dit «préoccupé» par «l’ampleur des formulations» de la loi des Partis qui permettent les illégalisations, car «on pourait les interpréter dans le sens où on inclut tout parti politique qui, par des moyens pacifiques, essaie d’atteindre des objectifs politiques semblables à ceux que les groupes terroristes poursuivent». Le Rapporteur engage «l’Espagne à adapter ses expressions vagues aux principes internationaux relatifs à la limitation de la liberté d’expression. Tout cela revêt une importance spéciale quand il s’agit de groupes créés pour se présenter à des élections et dont, en conséquence, on n’a aucune preuve d’antécédents matériels».

Le Tribunal Suprême, passant outre à cet avertissement (également tu par les media), a donc invalidé les candidatures D3M et Askatasuna. Il a considéré qu’elles succédaient au parti Batasuna, placé hors-la-loi comme étant une émanation d’ETA. Appel de cette décision a été déposé devant le Tribunal Constitutionnel. La plus haute juridiction devait trancher avant le vendredi 13 février à 0h, début officiel de la campagne électorale. Sans surprise, elle confirmait la sentence. Les abertzale radicaux ne seront plus représentés au Parlement de Gasteiz. Les neuf sièges de EHAK se trouvant répartis entre les autres formations.

Koko Abeberry

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PRISONS

Questions d'actualité sur le milieu carcéral français avec Gabi Mouesca, de l'Observatoire International des Prisons (OIP)

Jakilea: Les nouvelles Règles Pénitentiaires Européennes (RPE) semblent être le nouveau cheval de bataille de l'administration pénitentiaire?

G. Mouesca: Oui, ça tient même de l'incantation, du produit miracle. Ces nouvelles règles pénitentiaires européennes sont en effet utilisées de façon trés importante dans la communication faite par l'administration pénitentiaire. A croire que ces règles vont changer du tout au tout la réalité carcérale de ce pays. Mais il ne s'agit que de communication. En effet, il faut rappeler que la France n'a décidé d'expérimenter ces fameuses règles que de façon partielle et surtout que dans un nombre limité de prisons. Ce qui montre bien qu'il n'y a manifestement pas la volonté de mettre les prisons françaises au niveau de la norme minima proposée par les instances européennes. Par exemple, l'administration pénitentiaire refuse d'adopter le texte prévoyant le droit à l'expression collective des prisonniers(e)s. Sous prétexte que c'est quelque chose qui sera instrumentalisé par les caïds. Pur fantasme. Le fait est que le prisonnier n'est pas et ne sera pas reconnu comme sujet de droit et pouvant être acteur de sa propre vie. Est-ce ainsi que l'on souhaite promouvoir le «citoyen nouveau», celui que la prison aura changé, fait évoluer? Foutaise. La prison est et restera outil de répression, aliénant et destructurant. De plus, ces règles européennes ne sont pas une sorte d'étal où l'on fait son marché, en prenant ce que l'on souhaite et où l'on abandonne ce qui ne plaît pas. Il y a une cohérence d'ensemble. Ne pas prendre la totalité des règles pour les mettre en application revient à anéantir tout sens, toute efficacité. Nous sommes encore là dans une politique de communication, de faux semblant et de leurres. Jakilea: Aprés Mont de Marsan , c'est à Roanne qu'a été inaugurée une nouvelle prison. Les représentants du personnel CGT ont dénoncé une ouverture trop hâtive, dénombrant des dysfonctionnements, des malfaçons. Que se passe t'il?

G. Mouesca: Le ministère de la justice annonce l'inauguration d'une nouvelle prison tous les trois mois. L'industrie de la répression a un bel avenir. Les super constructeurs de prisons, Bouygues, Eiffage, pour ne pas les nommer, non seulement construisent des prisons et y voient un bel investissement, mais en plus livrent des prisons qui dysfonctionnent. C'est le comble de l'imposture. Ces gens là ne reculent devant rien. Ce n'est pas que je dénonce le fait que ces nouvelles prisons aient des problèmes de fonctionnement, mais ces malfaçons peuvent être dangereuses pour les prisonnier(e)s. Des incendies, des ouvertures de porte qui ne marchent pas, et cela peut devenir un véritable drame, un carnage. J'ai toujours pensé que confier la prison -tout ou partie de sa construction, son fonctionnement etc.- au privé, à des entreprises, était malsain et dangereux. Nous commençons à voir les premiers signes de cette déviance, de ce péril. Malheureusement, il est fort à craindre que de tels accidents se produisent dans l'avenir... et que cela ne soulève pas un concert d'indignation, car les prisonnier(e)s demeurent dans notre société les parias, les laissés pour compte. Il est temps, là encore, de faire preuve d'une prise de conscience, car nous sommes en train de construire des lieux d'enfermement de grande toxicité... et en tout premier lieu, de toxicité morale. Car si l'on considère que la prison est un révélateur de l'état d'une société, force est de constater que notre société est en ce début de 3ème millénaire en mauvaise santé. L'Humanité est en recul. Nos prisons en sont témoins.

Le tout nouveau centre pénitentiaire de Mont de Marsan (Landes) inauguré en novembre 2008, a dû être évacué le 28 décembre 2008 à cause d’une panne électrique. Il n’y avait plus de lumière, plus de chauffage, et plus de dévérouillage automatique des portes!... Ce centre était occupé depuis le 7 décembre par «seulement» 90 détenus sur les 690 places offertes...

Au 1er décembre 2008 il y avait 63.619 détenus pour 50.963 places officielles dans les prisons françaises. Pour Noël, Nicolas Sarkozy a amnistié 27 détenus «méritants» (?) dont Marchiani.

Traitement d’exception suppémentaire

La loi sur la rétention de sûreté permet de retenir enfermés indéfiniment certains prisonniers condamnés à des peines supérieures à 15 ans pour des «crimes graves», et ce une fois leur peine accomplie. Cette loi de février 2008 impose aussi pour tous les condamnés à perpétuité l’avis d’une Commission pluridisciplinaire avant tout examen de libération conditionnelle. Avec passage obligé dans un Centre d’Observation pour une durée de 6 semaines durant lesquelles leur «dangerosité» est examinée. Mais les prisonniers politiques semblent subir un traitement d’exception supplémentaire! Après des mois d’attente Georges Cipriani et Régis Schleicher n’ont toujours pas reçu l’avis de la Commission alors que des prisonniers sociaux condamnés également à perpétuité et qui sont passés avec eux au CNO de Fresnes ont déjà été libérés... Georges Cipriani, incarcéré depuis 1987, a déposé sa 2ème demande de libération conditionnelle en novembre 2007. En février 2009, il ne sait toujours pas quand sa demande sera examinée par les juges. Attente aussi pour Régis Schleicher, incarcéré depuis 1984! Sa peine de sûreté de 15 ans est terminée depuis longtemps! Quant à Georges Ibrahim Abdallah, militant de la cause palestinienne, incarcéré depuis 1984, sa peine de sûreté est terminée depuis 1999. Il a déposé sa 7ème demande de libération conditionnelle en février 2007, demande refusée en octobre 2007. La décision concernant l’appel est repoussée de mois en mois par les juges. Entre temps la loi sur la rétention de sûreté lui est appliquée. Passage au CNO de Fresnes en août 2008. La Commission pluridisciplinaire a examiné son dossier le 22 janvier 2009... et rendra son avis quand?... C. Frossard

Un rassemblement a eu lieu le 21 février 2009 devant la prison d’Ensisheim (où est incarcéré Georges Cipriani) en soutien aux militants d’Action Directe encore incarcérés, et pour commémorer le 22ème anniversaire de l’arrestation de Joëlle Aubron (décédée en mars 2006), Nathalie Ménigon (en liberté conditionnelle depuis août 2008), Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani.

Lettre ouverte à Michel Berhocoirigoin, champion d'une tragi-comédie grotesque:

Biba zu Michel! Tu ne m'en voudras pas trop j'espère d'avoir, durant un instant de panique passager, douté de ta détermination résolue à défendre, aussi magistralement que tu l'as fait devant le tribunal de Bayonne, la position d'Euskal Herriko Laborantza Ganbara. Car nous étions quelques uns à vouloir t'éviter la prolongation d'un combat aussi stupide que superflu et te permettre enfin de te consacrer entièrement aux travaux menés en faveur d'une agriculture paysanne, locale et durable. Alors, au cours de la dernière interruption du procès j'ai succombé à la tentation: celle d'accepter, en cas de difficultés, la main tendue par l'avocat général qui proposait de changer le nom de l'association en «Association pour la création d'une chambre d'agriculture en Pays basque». Nous t'avons fait part de notre faiblesse pour que tu ne te sentes pas isolé si tu y en étais convenu aussi. Sans te désemparer tu as rappelé que Laborantza Ganbara existait déjà, nul besoin de revenir en arrière en faisant référence à une expérience en suspens depuis bientôt trente ans. Tu avais raison, mais nous n'avons pas eu le temps d'en discuter longuement, déjà les plaidoiries reprenaient.

Mixel Berhocoirigoin au tribunal

Tout est redevenu clair et autant que les divers témoignages percutants entendus auparavant, les arguments des avocats et les tiens m'ont définitivement convaincu. Je te l'ai dit à l'issue du procès et tu m'as répondu: «si je ne t'avais pas convaincu comment pourrais-je convaincre le juge?». Pour moi, comme pour tous, c'est acquis. Par ta remarquable obstination et celle de tous ceux qui t'entourent, la bataille est largement gagnée, au moins dans l'opinion publique générale.

Formidable soutien à Mikel Berhocoirigoin, président d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara, à l’occasion de son procès à Bayonne le 29 janvier

En revanche, je ne sais pas si la juge persévèrera au moment de prendre une décision juste et sincère, mais en écoutant la défense, son regard et son attention ont montré à quel point elle aimerait dépasser et apaiser cette querelle absurde. En effet, les enjeux sont de poids, les pressions ne vont pas manquer malgré les capacités de son pouvoir discrétionnaire. La volonté de conciliation, suggérée par le procureur, pourrait influencer la juge, et la faire hésiter, afin d'en finir au plus tôt et d'éviter un procès en appel encore plus stupide mais toujours aussi accaparant. Heureusement l'adversité génère plus de vertu que la facilité. Si la lutte continue, nous la poursuivrons avec encore plus d'opiniâtreté mais toujours dans le calme et la sérénité comme tu sais si bien le montrer. HELG peut compter sur tous ceux qui sont déjà venus témoigner de leur engagement indéfectible et sur tous ceux que tu as convaincus ou regalvanisés depuis. Le 17 janvier c'est l'anniversaire de sa création le 29 de sa consécration! Longue, généreuse et fructueuse vie à Euskal Herriko Laborantza Ganbara!

Agur bero bat, Michel Berger

Percée de LAB aux Prud’hommes

La société en Pays Basque Nord est actuellement traversée de secousses significatives: protestations estudiantines, prises de conscience sur les infrastructures de demain comme le TGV (voir par ailleurs), enracinement de la revendication agricole avec ELB, renouvellement du paysage syndical lors des élections prud’homales. C’est ce dernier point que nous soulignons ici. Les élections du 3 décembre dans la circonscription de Bayonne ont rejeté pour la première fois depuis 15 ans la CFDT derrière la CGT. Le syndicat abertzale LAB progresse en voix et en sièges. Arrivé quatrième, après CGT, CFDT et FO, avec 13,5% des voix, il se place en troisième position, avant FO, pour les élus au Conseil des Prud’hommes: quatre, soit un gain de trois places. Il arrive en tête dans sept bureaux de vote, et second dans cinq autres. La Soule faisant partie de la circonscription de Pau, la comptabilité propre à cette province est difficile à appréhender. LAB, présent pour la première fois, y obtient 111 voix. A lire : Nous devons à Mixel Oronos, notre adhèrent, et collaborateur à Jakilea, un nouveau livre: «Le testament du chanoine S». Il traite d’un sujet que l’Eglise catholique n’aime pas aborder, pourtant toujours d’actualité. Il s’agit des exclusions qu’elle a pratiquées au cours des siècles. L’auteur évoque ainsi les orthodoxes, les protestants, les théologiens non conformistes, les prêtres mariés, les prêtres ouvriers, les homosexuels, le statut de la femme. La post-face est dûe au dominicain Jean Cardonnel. Le livre vient de sortir aux Editions Golias

***************** DROITS DE L’HOMME

Mission associative en rétention

Depuis près de six mois maintenant, les associations de défense des droits des migrants alertent sur les risques graves que fait courir la réforme de la présence associative en rétention voulue par Brice Hortefeux.

A la fin du mois d'août 2008, son ministère a cherché à imposer, à travers un décret et un appel d'offres, la fin d'une mission associative unique en Europe, qui permet aux personnes placées en rétention d'exercer leurs droits, et à la société civile d'avoir un regard sur la situation des centres de rétention et la politique d'expulsion en France.

Depuis six mois, des dizaines d'associations, des centaines d'élus, des milliers de citoyens se sont mobilisés et ont fait connaître leur opposition à ce projet. La Cimade a publiquement proposé avec cinq partenaires, que cette mission soit désormais conduite par plusieurs ONG, dans le cadre d'une action nationale qui seule permet d'assurer une véritable défense des droits des personnes retenues et un regard libre et indépendant sur l'ensemble du dispositif d'enfermement et de reconduite des étrangers. Cette proposition n'a suscité aucune réponse des pouvoirs publics.

Plutôt que de s'engager dans la voie de la concertation, alors qu'un premier appel d'offres a été annulé par le tribunal administratif de Parisle 30 octobre, le ministère Hortefeux a préféré poursuivre son entreprise de démantèlement de cette mission d'aide à l'exercice des droits des étrangers.

A quelques jours de son départ du ministère de l'Immigration, il a ainsi choisi de publier le 19 décembre un nouvel appel d'offres reprenant la même logique d'émiettement, de mise en concurrence des associations et surtout de réduction des droits, s'appuyant sur la même rhétorique éculée d'un supposé «monopole» de La Cimade.

Constatant qu'à ce jour le ministère de l'Immigration se refuse toujours à tenir compte des revendications exprimées par de nombreuses associations, plusieurs dizaines de milliers de personnes et des centaines d'élus, et alors que le terme de l'appel d'offres était fixé au 10 février, La Cimade a estimé nécessaire de postuler à l'ensemble des lots de l'appel d'offres afin: -de manifester clairement sa solidarité avec les étrangers en rétention et sa détermination à poursuivre son action auprès d'eux; -d'affirmer à nouveau la nécessité d'une action associative nationale dans les centres de rétention administrative, action qu'elle souhaiterait partager avec d'autres associations si le dispositif actuel ne le lui interdisait pas; -de préserver ses droits dans la procédure en cours et de pouvoir, le cas échéant, contester les décisions d'attribution des différents lots.

Face à l'aveuglement et à l'intransigeance des pouvoirs publics, la Cimade, avec l'ensemble de ses partenaires associatifs continue à se mobiliser pour défendre les droits des étrangers placés en rétention. La Cimade a introduit avec neuf autres associations un recours et un référé suspension contre le décret du 22 août 2008. Plus de 30 associations ont par ailleurs sollicité un rendez-vous auprès du nouveau ministre Eric Besson afin de lui demander de revenir sur les projets dangereux de son prédécesseur et d'ouvrir enfin un vrai dialogue avec le monde associatif.

Les droits des étrangers ne sont pas un marché, il est plus que jamais temps de les défendre! Communiqué de la CIMADE

Cimade

La Cimade est une association créée en 1939 par des hommes et des femmes qui refusaient de laisser sans assistance les déplacés, les internés et les indésirables d'alors. Aujourd'hui, les migrants sont avant tout des hommes et des femmes poussés sur les routes de l'exil par les guerres et les déséquilibres du monde. Parce qu'il n'y a pas d'étrangers sur cette terre, la Cimade écoute, conseille et accompagne des dizaines de milliers d'hommes et de femmes, d'ici et de là-bas, de partout. Elle a publié un Petit guide pour comprendre les migrations internationales qui répond aux questions: D'où viennent les migrants? Des migrations depuis quand? Pourquoi quitter son pays? Comment voyagent les migrants? Quel accueil pour les migrants? Pourquoi y a-t-il des frontières? La Cimade 64, rue Clisson 75013 Paris.

Michel Oronos

Prochainement au Pays Basque la pièce de théâtre: Femmes de parloir, traces de vie détenues avec Brigitte Patient et HélèneCastel Mise en scène: Brigitte Sy

Deux femmes sur scène. L’une dehors, l’autre dedans. C’est à leur insu que le projet Femmes de Parloir commence, à Fleury-Mérogis, le jour où Brigitte Patient y retrouve Hélène Castel, son amie d’adolescence qu’elle n’avait pas revue depuis plus de vingt ans...

Les Démos

Nous avons demandé aux Démos («Démocratie pour le Pays Basque») de nous présenter leurs raisons d’exister et leur philosophie. Leur démarche est originale, et ne passe jamais inaperçue! Tout en utilisant la non-violence (active!) et l’humour, ils ont réalisé, depuis leur apparition au début de l’année 2000, des actions spectaculaires pour interpeller la société, les autorités, l’Etat français, autour de 3 thèmes de revendications. - La reconnaissance ou la création d’institutions qui soient propres au Pays Basque. - L’utilisation officielle de la langue basque dans les services publics. - Le rapprochement des prisonniers politiques basques.

A l’origine, un petit groupe de militants de la gauche abertzale qui se retrouvaient autour d’un constat et d’un contexte. Le constat était celui d’une situation de déni de démocratie. Non pas qu’il n’y ait pas de démocratie en Pays Basque, mais cette démocratie est imparfaite du fait que certaines revendications majoritairement exprimées par la population ne sont pas respectées.

À cela s’ajoutait un contexte, celui de la trêve d’ETA. À la fin de l’année 1999, période des premières réunions du futur mouvement, l’organisation armée et son équivalente au nord, , étaient en état de trêve, mais la situation politique se tendait entre ceux qui se satisfaisaient de l’évolution des choses et ceux qui la trouvaient trop lente. D’où l’idée d’explorer en Pays Basque nord un modèle relativement novateur, celui de la non-violence active. L’inspiration fut recherchée parmi les divers mouvements de ce type qui marquèrent l’histoire: Gandhi, Martin Luther King, le Larzac, Greenpeace, Act’Up, la Confédération Paysanne, etc. En Pays Basque aussi certaines dynamiques ont existé autour de l’insoumission au service militaire, dans le domaine de l’écologie (notamment contre la construction du barrage d’Itoiz), ou en soutien aux prisonniers politiques basques (Presoekin Elkartasun Kideak).

Le déficit démocratique ne concernait pas les revendications nationalistes basques, minoritaires en Pays Basque nord, mais bel et bien les revendications portées majoritairement par la société. Tout cela déboucha sur la constitution d’un «triptyque» de revendications. La première est celle de la création d’un département Pays Basque. Cette revendication ancienne (le département actuel a été refusé dès sa création en 1790) est largement majoritaire depuis le milieu des années 1990: divers sondages mentionnent le chiffre de 64% de la population du Pays Basque nord favorable, une consultation des conseils municipaux a révélé que 80% des conseillers municipaux et 63,7% des maires étaient favorables, etc.

La seconde revendication est celle d’un statut de co-officialité pour la langue basque, et notamment l’extension du bilinguisme dans tout le service public du Pays Basque nord. Elle s’appuie sur le vote à l’unanimité du Schéma d’Aménagement du territoire par le Conseil des élus du Pays Basque en 1997, dans lequel figurait un volet linguistique préconisant le bilinguisme.

Enfin, la troisième n’est pas à proprement parlé majoritaire car aucune consultation n’a été effectuée à son sujet; mais il s’agit d’une question de respect de la loi, sur l’une des questions les plus sensibles du conflit basque: le rapprochement des prisonniers politiques basques. En effet, les gouvernements français et espagnol pratiquent une politique d’éloignement systématique des prisonniers basques dans des prisons toujours plus lointaines du Pays Basque, alors que les différents codes de loi internationaux, européens, et même français et espagnols, imposent qu’une fois condamné le prisonnier soit incarcéré le plus près possible de sa famille. Au-delà de cela, une politique de dispersion est également mise en pratique, dont l’effet est d’empêcher les familles de pouvoir organiser des autobus communs. Dans le contexte de grève de la faim des prisonniers, ce troisième élément fut en réalité le premier dans l’histoire des Démos. Le 6 janvier 2000, deux Démos montent sur les murs de la prison de Bayonne et y déploient une banderole demandant le rapprochement des prisonniers, tandis qu’en bas trois autres peignent les mêmes revendications sur le mur, et signent «Démocratie pour le Pays Basque». La presse a été conviée sur les lieux, le lendemain les gens découvrent le T-shirt jaune qui servira de fil rouge à toutes les actions futures. Les Démos sont nés.

L'une de leurs actions les plus emblématiques est «le coup des chaises»: puisque l’on refusait le département tant demandé, les Démos allaient le créer eux-mêmes, en donnant la possibilité aux conseillers généraux du Pays Basque de siéger à Bayonne. Or pour siéger... il faut des sièges! Sur les 52 conseillers généraux du département des Pyrénées-Atlantiques, 21 sont du Pays Basque; d’où l’objectif de dérober ces 21 sièges du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, pour les rapatrier à Bayonne. En pleine place Saint-André, sous les clameurs de plus de 300 personnes venues malgré la police, les 21 sièges réapparurent. Danse d’honneur, réception avec des serveurs en chemise à jabot et veste à queue de pie, puis dépôt devant l’antenne en construction du conseil général.

Depuis, deux campagnes ont encore davantage popularisé leur action. D’abord la campagne des Mariannes. L’idée est simple : que doit pouvoir penser Marianne, symbole de la République, lorsqu’elle voit devant ses yeux, lors des conseils municipaux, la volonté majoritaire foulée aux pieds? Ne pouvant bouger de son socle, elle doit se sentir prisonnière. Aussi les Démos entreprennent-ils de libérer le plus de statues possible des mairies du Pays Basque. Trois sont même libérées le jour même du premier tour des élections présidentielles, sous les yeux du maire et des électeurs!

Les Démos sont enfin connus pour leur campagne acharnée contre la SNCF. À l’origine de cette campagne, l’idée de concentrer l’essentiel des mobilisations sur un thème unique, représentatif de la question de la bilinguisation du service public. Après des dizaines d’actions dont certaines massives, de matraquages et de gazages lors des procès, le blocage est toujours effectif.

Les Démos sont toujours restés non-violents, en particulier lorsque la violence la plus bestiale s’est abattue sur eux lors de certains de leurs procès, en plein tribunal de Bayonne.

Telle est la raison d’être d’un mouvement de non-violence active: si tout le monde ne peut soutenir ce genre d’actions, notamment parce qu'elles sont illégales, la majorité finit par être convaincue du message qu’elles véhiculent car les méthodes sont légitimes, autant que le message lui même.

Ces actions nous ont tout de même coûté 16 procès, des peines de prison: 2 mois fermes pour l'un de nous; 23 mois avec sursis pour d'autres. 820 jours amendes (de 10 à 20 Euros). 200 h de TIG. Plus de 60.000 euros d'amendes diverses. Une saisie de mobiliers chez l'un de nous. De nombreux coups et blessures infligées par la police, alors que nous avons toujours été non- violents, en paroles comme en actes.

Antton Hariñordoki

Les Démos simulent un accident de la route en retournant une voiture et en s'allongeant dans une mare de peinture rouge répandue sur le sol devant la prison de la Santé à Paris, pour dénoncer les accidents de la route dont sont victimes les familles des prisonniers politiques basques à force de réaliser des milliers de kilomètres pour se rendre aux prisons très éloignées du Pays Basque (28/12/2000). Cette action à été répétée plusieurs fois.

Plus d'une centaine de personnes marchent sur les rails allant de la gare de Biarritz à celle de Bayonne (01/03/2003).

«Pour le rapprochement des prisonniers». Il faudra un bon moment pour dégager ces deux Démos dont le bras est pris dans un bidon de béton!

Sur le mur de la prison de Bayonne Une de leurs dernières actions: Journée de soutien aux prisonniers au cours de laquelle les Démos dénoncent l'éloignement et la dispersion des prisonniers, l'illégalisation de mouvements et partis politiques dans l'Etat Espagnol, et diffusent le message de quatre prisonniers politiques basques qui estiment que la lutte armée au Pays Basque est aujourd'hui contre-productive (28/12/2008).

***************** ANTI-TERRORISME

L’épouvantail du terrorisme «Por la mentira nos han dominado más que por la fuerza» (Simón Bolívar) (Le mensonge a servi à nous dominer plus que la force)

Il y a des mots que l'on fait claquer comme des bannières au vent de l'histoire: Patrie, Drapeau, Justice, Honneur en sont les fleurons. Dans leurs plis flottent d'autres mots comme héroïsme, sacrifice, famille, etc. Il y en a aussi que les gouvernements brandissent comme des repoussoirs pour faire trembler la foule des braves gens, quand les premiers ne font plus recette: ce sont des mots épouvantails. Les plus efficaces sont, entre autres, «menace de chômage», «crise économique» et «terrorisme».

«Terrorisme» est d'un usage récent désignant l'utilisation de la terreur comme moyen de pression. Qui dit «terrorisme» dit terroristes, attentats, victimes, violence. Mais il est quand même troublant de constater que ceux qui prétendent lutter contre le terrorisme sont le mieux à même de l'exercer parce qu'ils ont pour eux la force des armes et des lois, la police et les médias.

Le terrorisme le plus efficace et le plus dangereux est celui des états, ceux-là même qui utilisent le mot «terrorisme» pour stigmatiser l'adversaire, le condamner sans l'entendre et l'écraser pour qu'il se taise. «Que l'on cesse d'appeler ”terrorisme” la guerre des faibles contre l'oppression et ”guerre” le terrorisme des états puissants contre les peuples» réclamaient les FARC de Colombie dans un communiqué de mars 2008. Le terme «terrorisme» est pour les gouvernants extrêmement précieux car il justifie toutes les mesures exceptionnelles prises contre ces «extrémistes» qui menacent l'ordre public et le bien-être établi. D'où la promulgation des «lois anti-terroristes», les sections spéciales, les gardes-à-vue prolongées, les arrestations musclées faites sur des présomptions de culpabilité, les détentions qui s'éternisent dans l'attente d'un procès difficile à instruire par manque de preuves solides. D'où aussi la naissance d'une notion nouvelle, celle de suspicion d'appartenance éventuelle à une organisation terroriste et/ou subversive, une «association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste», voire —et c'est la dernière dénomination en date— une «mouvance anarcho- autonome»!

C'est ainsi que le 11 novembre dernier, le ministère de l'Intérieur annonçait l'arrestation à Paris, Rouen et Tarnac (Corrèze), de huit personnes appartenant à «l'ultra-gauche mouvance anarcho- autonome» qui auraient été liées à des actes de sabotage commis sur des lignes SNCF. Ce «nid» de jeunes terroristes aurait eu sa base dans le village de Tarnac. Grosses annonces à la télé, articles à la une des journaux. Il faut dire que depuis quelques jours, la SNCF avait subi des «agressions» diverses ayant entraîné des perturbations dans le service et des retards de trains. Aucune victime à déplorer, si ce n'est l'amour-propre des services de police.

Mais pour une fois le battage médiatique n'a pas eu l'effet escompté! Les braves gens se sont dit que quelque chose sonnait faux dans cette «affaire». D'abord, les accusés: quelques jeunes qui rêvent d'un monde meilleur et qui ont choisi de monter à Tarnac une épicerie coopérative, un peu comme quand en 1968 certains fondaient des communautés dans le Larzac pour vivre de musique et de fromage de chèvre. A la différence près que si, à l'époque, on avait arrêté tous ces rêveurs qui rejetaient la société et crachaient sur la police et les institutions, c'est le tiers de la France qui se serait retrouvé derrière les barreaux! Ensuite, le délit: des fers à béton, tiges utilisées pour le béton armé, avaient été fixés sur des caténaires avec un système de verrouillage. Ce mode opératoire avait rapidement amené la SNCF et le ministère de l'Intérieur à évoquer la thèse de spécialistes du rail, peut-être des cheminots ou d'anciens cheminots. Car l'art de provoquer des ruptures de caténaires qui auraient immobilisé les trains (sachant qu'une motrice parcourt toutes les lignes de très bon matin pour justement s'assurer que ça roule, au sens propre du terme), cela demande quelques connaissances techniques spécifiques qu'un quelconque quidam ne maîtrise pas vraiment. Mais, soulagement du patron de la SNCF, il ne s'agissait que de quelques jeunes vaguement «anarchistes»! Ouf!

Et voilà que les habitants de Tarnac, les traîtres, alors même que Michèle Alliot-Marie se félicitait de l'efficacité de ses services dans cette enquête rondement menée, refusent de croire à la thèse de ce «groupuscule d'extrême gauche». Pire encore, le village se constitue en comité de soutien et se joint aux parents des «terroristes», d'autres comités se créent un peu partout en France et jusqu'en Belgique! La libération de 6 des accusés ne les calme pas, d'autant que Julien Coupat, soupçonné d'être «le cerveau» du groupuscule (on a trouvé chez lui un exemplaire de «L'insurrection qui vient», un livre rédigé par un «Comité Invisible», dont la police lui attribue la paternité), reste en prison ainsi que sa compagne. Le juge prononce la mise en liberté de Julien et de Yildune, mais le Parquet s'y oppose pour ce qui concerne «le chef présumé» de l'épicerie du village. Julien Coupat continue donc d'être hébergé à Fresnes.

Les gens s'insurgent contre l'accusation de «délit d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste» —«une qualification aussi implacable qu'impalpable qui autorise toutes les interprétations et toutes les dérives»—, et regrettent que «un faisceau d'indices (en clair, une absence de preuves tangibles), des écrits, des soupçons, un témoignage sous X farfelu, soient un motif suffisant pour jeter aux oubliettes la présomption d'innocence et maintenir des coupables idéaux en prison préventive pendant des mois, voire des années» (CQFD Magazine). Certains disent ne pas croire que «l'affaire des sabotages relève du terrorisme, attendu qu'il ne s'agissait pas de vouloir causer des morts ou des destructions importantes» (Christophe Bourseiller). Le député PS André Vallini, qui avait présidé la commission parlementaire d'Outreau, estimait le 17 janvier 2009 suite à la libération d'Yildune Levy et au maintien en détention de Julien Coupat que «les leçons d'Outreau semblent décidément ne pas avoir été retenues par la justice française», que «les décisions des juges du siège se succèdent et se contredisent» et que «le parquet semble recevoir ses instructions du ministère de l'Intérieur autant que du ministère de la Justice». Quant à l'éditeur du livre «provocateur», Éric Hazan, il affirme que «Julien n'a jamais fait partie du comité d'auteurs qui lui a demandé un anonymat qu'il respecte. Le pointer ainsi du doigt, assure-t-il, est une pure construction policière participant à l'intoxication générale de l'opinion publique». La Ligue des Droits de l'Homme s'en mêle et s'inquiète d'«une procédure qui ne s'embarrasse pas du respect des libertés individuelles et se déroule sous l'œil de médias alimentés d'informations uniquement à la charge des personnes mises en cause». Et le philosophe Giorgio Agamben de conclure doctement: «On cherche le terrorisme et on finit par le construire».

Tous ceux qui s'inquiètent des atteintes aux libertés consécutives aux lois anti-terroristes ne peuvent qu'applaudir à une telle levée de boucliers! Ces gens qui soutiennent le «groupuscule» de Tarnac découvrent ce qui, en Pays Basque nord et plus encore en Pays Basque sud, est une réalité quotidienne. Depuis longtemps les méthodes sont les mêmes de part et d'autre de la frontière! Le non-respect des libertés individuelles, l'instruction à charge, la détention préventive qui se prolonge des mois et des années, les accusations bâties sur des témoignages douteux, parfois —trop souvent!— obtenus sous la torture, la qualification systématique d'appartenance à un groupe terroriste, la disproportion des peines qui conduit à effectuer des années de prison pour un délit qui serait mineur pour d'autres que pour des Basques, tout cela est hélas monnaie courante en Euskal Herria. Un exemple pour ceux qui douteraient: le Parquet espagnol vient de requérir 38 ans de prison contre Hodei Ijurko, un jeune Basque accusé d'avoir lancé un cocktail Molotov contre une patrouille de police en

Le royaume d'Espagne conserve cependant quelques longueurs d'avance sur l'état français. Au-delà de la Bidasoa, on étend les mesures aux partis politiques et aux associations susceptibles de ne pas marcher au pas imposé par le gouvernement, ardemment secondé dans la répression par la Audiencia Nacional et le PP de Mariano Rajoy. On interdit donc tous les partis politiques de la gauche abertzale et toutes les associations nationalistes accusées d'être une émanation de la ETA… Argument commode, qui n'a même pas besoin d'être prouvé! Pour que les «terroristes» supposés ne puissent légalement et pacifiquement s'exprimer —où est la démocratie?— il suffit d'illégaliser les partis et les mouvements gênants. C'est ainsi que, à moins d'un mois du scrutin pour le renouvellement du Parlement basque, le gouvernement espagnol et la justice s'efforcent d'empêcher la mouvance nationaliste de présenter des listes le 1er mars en envoyant en prison les principaux candidats des mouvements Askatasuna et Democracia 3 Millones (D3M), deux plateformes indépendantistes qui ont déposé officiellement 39 candidatures dans les trois provinces du Pays basque. Les deux mouvements, D3M et Askatasuna (pas l'association qui œuvre pour la liberté des presos, mais le mouvement politique qui porte le même nom: le Parquet espagnol les confond allègrement!), sont soupçonnés par la justice espagnole d'être liés au parti interdit Batasuna.

Depuis que le gouvernement espagnol a ordonné, fin janvier, que toutes les actions légales soient étudiées pour empêcher les deux mouvements de participer aux élections du 1er mars, on dirait qu'une course s'est ouverte pour voir qui sera le premier à empêcher la gauche abertzale de participer aux élections en Pays Basque sud. Le 4 février, le juge Baltasar Garzón engageait des poursuites pour appartenance à ETA contre treize membres de D3M et d'Askatasuna; le lendemain, c'était le Ministère public espagnol qui déposait des contestations contre les listes de candidats de D3M! Au bout du compte, tous les candidats se retrouvent interdits d'élection. Classique. Le PNV et EA n'ont pas protesté. Sans commentaire. Un journaliste argentin, Mario Roberto Salvatierra, parle de fascisme… Inquiétez-vous, braves gens de tous les pays! Le régime de Vichy avait inventé le délit de «menées communistes et anarchistes», nos modernes démocraties parlent «d'associations à visées terroristes» et de «mouvance anarcho-autonome».

«Les briseurs de caténaires font dérailler la justice», écrivait Le Canard enchaîné, le 19 novembre 2008. Bon sang! Dans nos beaux pays civilisés et démocratiques, il y a belle lurette que la justice a déraillé! Que nos gouvernants prennent garde: toutes les baudruches finissent pas se dégonfler! Au fil du temps, les épouvantails apparaissent pour ce qu'ils sont: des hommes de paille incapables de «protéger» plus longtemps les intérêts de ceux qui tirent les ficelles.

Nous ne nous laisserons pas impressionner par l'épouvantail du terrorisme que l'on brandit pour justifier l'injustifiable. Lepoan hartu ta segi aurrera*!

Annie Arroyo

* prenons-le sur l'épaule et allons de l'avant (enfin, à peu près, je progresse très lentement en euskara! Barkatu, lagunak).

Opération antiterroriste dans le village de Tarnac en Corrèze

A la demande du gouvernement espagnol les partis politiques basques ANV et EHAK ont été rajoutés par l’Union européenne sur la liste des organisations terroristes!...

Nouvel avertissement de l’ONU à l’Etat espagnol

Le finlandais Martin Scheinin, rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, a réalisé une visite en Espagne du 7 au 14 mai 2008. Son rapport à ce sujet a été publié le16 décembre 2008.

Le rapporteur a examiné diverses questions-clés afin d'évaluer si les mesures antiterroristes appliquées par l'Espagne violent les droits humains. Il a analysé les dispositions relatives au terrorisme présentes dans la législation espagnole et arrive à la conclusion que les définitions juridiques des délits de terrorisme ne respectent pas pleinement le principe de légalité. En effet, le concept de terrorisme est progressivement élargi à des conduites qui n'ont rien à voir avec la commission d'actes de violence graves.

Les personnes ainsi mises en cause se voient appliquer un régime d'exception: détention au secret, compétence exclusive de l'Audiencia Nacional, détention provisoire d'une durée pouvant aller jusqu'à quatre ans, aggravation des peines et restrictions des droits quant à l'application des peines prononcées. Les limitations quant au droit d'appel pour les condamnés devant une juridiction supérieure en matière pénale ont été soulignées.

La suppression de la détention au secret

Le rapporteur a fait part de ses préoccupations sur la phase antérieure au procès pénal notamment quant à l'usage du régime d'incommunication qui favorise la pratique de la torture et d'autres mauvais traitements à l'encontre des suspects de terrorisme. Il recommande l'éradication totale de la détention au secret et demande, notamment, la surveillance vidéo permanente des locaux de détention et l'examen des détenus par un médecin de leur choix. Le rapporteur recommande fermement qu'à chaque fois qu'il existe des motifs de croire que des mauvais traitements ont été infligés, une enquête rapide, indépendante, impartiale et complète soit réalisée et que soient déférés à la justice les auteurs de ces violences.

Le rapporteur a recommandé à l'Etat espagnol qu'il enquête de manière approfondie sur la participation de l'Espagne aux vols secrets de la CIA américaine dans le cadre de la coopération antiterroriste.

Le respect du pluralisme politique

Pour le rapporteur, la dissolution d'une organisation ne peut être prononcée que dans le strict respect des libertés d'association et d'expression, dans le cadre légal et en conformité avec les principes de nécessité et proportionnalité. La réglementation en la matière doit exclure les normes formulées de manière vague et générale. Selon le rapporteur, le pluralisme politique joue un rôle fondamental quant à l'existence d'une société démocratique. Ainsi, les mesures que peut adopter l'Etat pour limiter le droit à la participation politique ne peuvent avoir qu'un caractère strictement exceptionnel et doivent être prévues par la loi. Le rapporteur recommande fermement que l'Espagne modifie les expressions vagues contenues dans la Loi des Partis pour qu'elles soient conformes aux principes internationaux applicables. Quant à l'annulation des candidatures électorales, le rapporteur recommande que les personnes qui en sont victimes disposent de mécanismes juridictionnels offrant des garanties procédurales plus rigoureuses.

Les organisations internationales multiplient les constatations et les recommandations à l'Etat espagnol quant aux violations constantes et graves des droits fondamentaux. Cette pression permanente doit continuer et s'amplifier pour imposer le respect des droits et libertés fondamentales. Didier Rouget Observatoire Basque des Droits Humains Giza Eskubideen Euskal Herriko Behatokia

René Cassin

Né à Bayonne en 1887, René Samuel Cassin vit son enfance à Nice. Avocat en 1914, il est gravement blessé durant la Première Guerre mondiale. Il se donne pour objectif de dénoncer l'incohérence des conflits et fonde en 1918 l'Union des anciens combattants qui compte plus d'un million d'adhérents. De 1924 à 1938, il est membre de la délégation française à la Société des Nations et participe à la création de l'Union européenne. Plus proche des êtres que des idéologies, ce juriste hors pair participe à la vie politique de son pays comme internationaliste, soucieux de mener sa mission d'humaniste à travers la défense des droits fondamentaux des individus. Révolté par la montée du nazisme, il dénonce les accords de Munich et définit les principes qui devraient permettre aux nations d'établir une paix durable. En juin 1940, il est le premier civil à répondre à l'appel de général de Gaulle. Il se rend à Londres pour rédiger les textes légaux de son gouvernement naissant et participe aux négociations franco- britanniques. Alors qu'il préside un comité juridique du gouvernement provisoire, il donne de nombreuses conférences aux quatre coins du monde et entreprend des missions académiques en tant que délégué français à l'UNESCO dont il fut, d'ailleurs, l'un des principaux inspirateurs. Il est bientôt le président de la Commission des Droits de l'Homme des Nations Unies. A la libération il est nommé à la tête du Conseil d'Etat. Très tôt engagé en faveur des droits de la femme et de la lutte contre le racisme, en 1948, à l'âge de 60 ans, il participe à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, fruit sublime de l'union de ses connaissances juridiques, de son humanisme éloquent et de sa maturité spirituelle. Il souhaite élargir le texte à l'ensemble des «droits fondamentaux» tant civils et politiques qu'économiques, culturels et sociaux. «Cette Déclaration, déclare-t-il, se présente comme la plus vigoureuse, la plus nécessaire des protestations de l'humanité contre les atrocités et les oppressions dont tant d'êtres humains ont été victimes à travers les siècles». En 1959, il devient membre de la Cour européenne des droits de l'Homme qu'il préside de 1965 à 1968. Pour son action en faveur du «respect des Droits de l'Homme sur le plan mondial», le Comité Nobel d'Oslo lui attribue, en 1968, le Prix Nobel de la Paix. Il décède en 1976 et ses cendres sont transférées au Panthéon en 1987.

Michel Oronos

Libre opinion

JAKILEA (le Témoin) peut-il passer ses nuits à noter les atteintes aux Droits de l’Homme en Pays Basque, à comptabiliser ses morts horribles, à situer et à relever les noms de centaines et de centaines de prisonniers à vie (Quelle pire torture à vingt ans!), à signaler à ses adhérents, au fil des parutions, l’affreuse litanie des CONSEQUENCES d’un très lourd désaccord politique sans, justement, tenter de rappeler régulièrement les CAUSES de cette bien triste situation.

Causes Cela paraît simple. Voilà qu’elles sont, pour nous, les CAUSES, et en simplifiant de façon, peut- être, «didactique»: Des Basques, pour des raisons historiques, culturelles, linguistiques, «comportementales», politiques, personnelles (l’Etre de l’Etant), «ressenties», économiques, sociales, etc. veulent pouvoir être Maîtres de leur Vie dans une zone géographique revendiquée. D’autres personnes, liées à d’autres organisations, et concernant ces mêmes Basques, ne l’acceptent pas, peut-être pour les mêmes raisons invoquées de bonne foi d’ailleurs! Par exemple, telle est l’inscription portée sur la banderole de la «Falange», organisation héritière du dictateur FRANCO, toujours autorisée, elle, en Espagne, à Madrid, le 18 avril 2005 (ABC) disant: «ESPANA SIN BASCO NO ES ESPANA». Et comme ces personnes sont plus nombreuses et plus fortes, non seulement en Espagne, mais aussi en Angleterre, aux USA, et même le PC, en France ou ailleurs à vouloir une telle Espagne, la «Libération d’un Petit Peuple», minoritaire et plus faible est, apparemment, bloquée!

Méthodes de domination Si ceux qui dominent veulent annexer les plus faibles et ce que ceux-ci possèdent de particulier, ils s’unissent pour trouver des méthodes de destruction ou d’appropriation «convenables», criminalisent la revendication avec leurs lois, leurs organisations, leurs informations et ceci, jusqu’à la fin, de gré ou de force, de la revendication combattue!

Revendications des dominés Si ceux qui sont dominés veulent se libérer des dominateurs, ils n’ont que peu d’options pour voir aboutir leur projet et reconnaître leurs droits. Par exemple: A) Pour une revendication NATIONALE, ils vont se servir des opportunités ou des lacunes «oubliées» par les pays dominants (lacunes des lois, de l’organisation judiciaire qu’ils n’appellent pas Justice, d’une Presse oublieuse de l’Ordre, des effets de la «Mauvaise Conscience-arme des lâches», des collaborations d’arrières pensées, etc. B) Pour une revendication NATIONALE atténuée devenant, à leurs yeux, paradoxalement plus prévisible en éliminant la revendication de CLASSE (la gauche!) le jeu politique devient effectivement un «JEU-Public» avec, in fine, tous ses réglements occultes dans un monde imbriqué et intraitable. C) Pour les adeptes d’une lutte TOTALE, NATIONALE d’abord (de type Algérienne) toutes les conséquences affreuses (morts, prison à vie, actions terroristes, clandestinité, recherches de «moyens» dont les extorsions de fonds pour l’armement, etc.) deviennent, ici comme partout dans les mêmes circonstances, les règles de guerre. S’il faut le regretter, il ne faut pas faire semblant de s’en étonner hélas! C’est donc à partir de ces analyses succinctes et à la vue des événements relatés dans la Presse puis décryptés qu’on peut, le mieux, situer dans le temps et dans l’espace, la situation politique de la REVENDICATION NATIONALE.

Exemples Il en est ainsi, par exemple, le 18 décembre 2008 dans la déclaration de Mr Echeverry-Ainchart parue dans la revue bascophile Enbata intitulée «Où va ETA?» (au risque de faire ficher par Edvige ceux qui oseront justifier un tel assassinat) et en citant ceci «Un type de 71 ans a été exécuté dans sa voiture en plein Loyola... Un patron peut-être pourri sur le plan social...» et il demande «quelqu’un voudra bien m’expliquer». (sans point d’interrogation). Or le journal Sud Ouest, dans sa livraison du 20 novembre 2008, avant l’assassinat donc, écrit: «Le saviez-vous? Le Roi d’Espagne a présidé hier à Bilbao, au 25ème anniversaire de Confebask, organisation patronale de 13.000 adhérents. Il a salué le courage des chefs d’entreprises basques face à la crise et aux demandes d’extorsion de fonds». Le même journal, écrit le 8 décembre 2008: «L’assassinat d’Ignacio Uria, cofondateur de l’entreprise de Travaux-Publics Altuna y Uria a suscité d’innombrables réactions... Proche du PNV... Azpeitia s’apprête, le 15 décembre à inaugurer le Palais de Justice, réhabilité par la dite entreprise Altuna y Uria...». Dont actes...

Peut-être, en effet, qu’au-delà des explications bien comprises, des lancinantes douleurs des uns et des autres, naîtront la Raison, la Volonté et la Paix! Espérons le de tout cœur en cette période de vœux, mais, en attendant, répétons avec les Sages: «Toute domination est violence! Qui domine?». Ce ne sont certainement pas les Sages. C’est notre sentiment mais, même à Jakilea, la vision n’est pas unitaire et la Parole Circule... J’ai dit!

J. Laborde

TORTURAREN AURKAKO TALDEA (Association Contre la Torture) a présenté le 12 février 2009 à Donostia (St Sébastien) son bilan annuel. Le TAT constate une fois de plus que l’Etat espagnol continue à appliquer la torture malgré l’application (en théorie) de mesures préventives appelées «protocole Garzon», et malgré les condamnations répétées de diverses instances internationales! En 2008 ce sont 62 Basques qui ont dénoncé les tortures subies entre les mains de la Police ou de la guardia civil...

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Chronique de l’Euskara

Nécrologie Des virtuoses de l'euskara se sont éteints: Mikel Laboa, Mixu Mixelena et Ernest Alkhat. Poètes, chanteurs, improvisateur, pendant des années, en concert ou en petit comité, ils nous ont émerveillés. Romantisme, patriotisme, humour, causticité, ils ont joué de toutes les cordes pour notre plus grand plaisir, tant était grand leur talent. (on trouvera de plus amples notices biographiques sur internet et, bien sûr, une abondante discographie).

Korrika La Korrika (course) est une course-relais qui parcourt le Pays Basque durant 10 jours et 10 nuits sans interruption. Elle est organisée par AEK, association qui prend en charge l'enseignement du basque aux adultes, hors scolarité. Elle répond à un double objectif: «étendre et renforcer la mobilisation des habitants du Pays Basque en faveur de la langue basque et collecter des fonds nécessaires au développement des lieux d'apprentissage». La première édition de Korrika a eu lieu en 1980, depuis, 15 Korrikas se sont déroulées à travers le Pays Basque. Cette année la Korrika partira de Tutera (Tudela) en Navarre le 26 mars et arrivera à Gazteiz-Vitoria, capitale de l'Araba où siège le Gouvernement de la Communauté autonome basque, le 5 avril. Elle traversera le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule les 29 et 30 mars. On peut courir, regarder, mieux encore, soutenir financièrement l'opération (adresser les dons à AEK, 22 rue Marengo, 64 100 Baiona).

Euskaltzaindia ou Académie basque a 90 ans, mais elle est toujours pleine d'avenir. Elle fête cette année sa création, fidèle à sa devise: Ekin eta jarrai (Entreprendre et persévérer). Les premiers académiciens —douze au total, parmi lesquels trois du Pays Basque Nord— ont fait le rêve d'une langue littéraire commune en même temps que celui de l'établissement d'un Atlas linguistique. L'actuelle génération concrétise le rêve de ses lointains prédécesseurs. C'est au Congrès d'Aranzazu que fut décidée l'élaboration d'une langue commune, l'euskara batua, respectueuse des dialectes et s'en nourrissant, unissant les Basques des sept Provinces, un véritable pari sur l'avenir, aujourd'hui langue officielle, pratiquée dans l'enseignement, l'administration, progressivement introduite aussi chez nous, en Pays Basque Nord (Iparralde).

Kontseilua est un organisme créé il y a dix ans pour promouvoir la langue basque dans les sept provinces. Il regroupe 46 associations de tout le territoire basque. Ici, en Iparralde, Euskal konfederazioa qui est déjà un regroupement d'associations oeuvrant en faveur de la langue basque, en fait partie depuis l'origine. Kontseilua a fêté son anniversaire au BEC de Barakaldo (Foire-Exposition de Bilbao) le 13 décembre 2008. Autant d'années que se déroule la campagne Bai euskarari (Oui à la langue basque) qui a pris maintenant une vigueur nouvelle en se dénommant Euskaraz bai (Oui, en basque). Plus qu'une nuance! Xabier Mendiguren, secrétaire de Kontseilua a souligné les réalisations, tout en rappelant la fragilité de la situation de la langue. Très sérieusement a été «révélé» un Décalogue pour vivre en basque à tous les niveaux de la vie en société. Moins religieusement se sont succédé diverses animations pour le plaisir des milliers de spectateurs, chants, improvisations, numéros de cirque et de théâtre. La campagne continue et progresse aussi en Iparralde.

Michel Oronos

***************** Comité pour la défense des droits de l’homme en Pays Basque - CDDHPB Euskal Herriko giza eskubideen babes elkartea

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