E´ tude originale

Les enjeux agricoles et socie´ taux de l’eau sur les monts (Cameroun)

Ce´ lestin Kaffo1 2 Re´ sume´ Guillaume Fongang Depuis plus de deux de´cennies, les enjeux agricoles et socie´taux de l’eau dans les mon- 1 Institut national de cartographie tagnes du Cameroun occidental se sont intensifie´s, en raison du de´veloppement de BP 157 l’agriculture intensive marchande de la part des ruraux et migrants de retour, et diversi- Yaounde´ fie´s afin de re´pondre au renforcement de la variabilite´ climatique inter- et intrasaison- Cameroun nie`re. En de´pit des efforts des maraıˆchers et des e´leveurs pour adapter leurs pratiques agricoles et pastorales a` une diminution de la ressource en eau, les conflits de voisinage 2 De´ partement de vulgarisation agricole se sont multiplie´s entre ces diffe´rents consommateurs. C’est surtout en saison se`che (de et de sociologie rurale Universite´ de de´cembre a` fe´vrier), pe´riode d’e´tiage des cours d’eau et en cas de se´cheresse ponctuelle BP 31 aggrave´e que les conflits pour l’acce`s et l’usage de l’eau s’intensifient. Cette situation Dschang Cameroun s’ave`re d’autant plus paradoxale que la zone d’e´tude dispose de fortes potentialite´s hydrologiques et hydriques et pre´sente un effet orographique marque´ de la pluviome´- trie, avec plus de 2000 mm de pluies par an sur les versants des monts Bamboutos. Ces conflits peuvent parfois aller jusqu’a` la destruction des parcelles maraıˆche`res et la perte de be´tail pour les e´leveurs peuls ou le de´ce`s de certains protagonistes (conflit entre les chefferies de Fongo-Tongo et de Bafou). Pour faire face a` ce type de situation, les autorite´s locales ont de´veloppe´ des strate´gies de conciliation selon la nature du conflit et le type de droits revendique´s. Mots cle´s:Cameroun ; de´ficit pluviome´trique ; production ve´ge´tale ; syste`me agraire. The`mes : eau ; e´conomie et de´veloppement rural. Abstract Agricultural and societal importance of water on the Bamboutos mountains () For more than two decades, water on the mountains of western Cameroon has become an increasingly high stakes agricultural and societal resource. This situation is due to the development of speculative crops with high economic value by rural and neo-rural populations along with diversification aimed at responding to the reinforcement of inter- and intraseasonal climatic variation. In spite of the efforts of market gardeners and livestock grazers to adapt their production systems to water shortage, neighbou- rhood conflicts have multiplied between these consumers. It is especially in the dry sea- son (from December to February), a period of low water level in rivers and worsened by specific dryness that the conflicts for the access and the use of water intensify. This situation appears paradoxical since this zone not only has enormous hydrological and hydric potential but equally has the most drained and watered slopes of the region with more than 2 000 mm of rainfall per year on the Bamboutos mountain slopes. These conflicts lead to the destruction by Fulani grazers of goods belonging to market garde- ners. As a solution to these recurrent conflicts, the local authorities have developed ruling strategies according to the nature of the conflicts and the rights claimed. Key words: agrarian systems; Cameroon; plant production; precipitation deficit. Subjects: economy and rural development; water.

doi: 10.1684/agr.2009.0264 Tire´s a`part:C. Kaffo

Cah Agric, vol. 18, n° 1, janvier-février 2009 17 analyse des enjeux agricoles et uniquement aux modes d’acce`set – les e´volutions re´centes des syste`mes de socie´taux sur les montagnes du d’usage du sol ; il est devenu plus englo- culture (spe´cialisation maraıˆche`re) dans L’ Cameroun occidental a souvent bant et s’e´tend de´sormais aux ressources cet espace sature´, aux fortes potentialite´s porte´ sur la concurrence spatiale entre naturelles que porte le sol. Avec cette hydrauliques, pre´figurent certaines for- agriculteurs Bamile´ke´, pasteurs peuls et nouvelle vision, on peut conclure avec mes de confrontation difficile a` re´guler. mbororo, et e´leveurs anglophones Lavigne Delville et al. (1998) que les rap- Le principal objectif de cette e´tude visait (Ngoufo, 1988 ; Dongmo, 1994 ; Boutrais, ports sociaux sont de´sormais re´ve´lateurs a` mieux appre´hender les enjeux agrico- 1995 ; Fotsing, 1998). Cette pression sur des rapports fonciers. Mais si les conflits les et socie´taux de l’eau dans un milieu les terres d’altitude est moins imputable de voisinage se multiplient et perdurent « agro-e´cologique tre`s favorable ». au phe´nome`ne de colonisation agricole (Caron et Torre, 2002), c’est aussi parce spontane´e des ruraux qu’a` l’appropria- que les logiques normatives de re´solution tion rapide, pre´coce et parfois abusive des diffe´rends ont du mal a` cohabiter, Facteurs du foncier par les e´lites (nouveaux aucune ne parvenant a` l’emporter de´fini- « grands » notabilise´s ou fonctionnaires tivement : l’E´tat veut faire pre´valoir le fait de renforcement absente´istes) par des dons symboliques que « toute terre non immatricule´elui ou des achats aupre`s des chefs tradition- appartient », tandis que la socie´te´ locale des enjeux agricoles nels. D’apre`s Le Roy et al., (1996), cette ne se re´fe`re qu’au droit coutumier qui appropriation re´ve`le qu’au-dela` du reve- reconnaıˆta` la chefferie un pouvoir terri- et fonciers d’altitude nu que l’on peut tirer de l’exploitation torial bien e´tabli (Kaffo, 2000). L’e´tude Concurrence d’une parcelle de terre, le foncier symbo- re´alise´e s’efforce d’identifier les facteurs lise un type de pouvoir et de statut social. de renouvellement des enjeux agricoles pour la le´ gitimation Depuis le milieu des anne´es 1990, le fon- et socie´taux de l’eau en zone d’altitude, du foncier d’altitude cier rural a connu une re´elle plus-value en les types de conflits qui en de´coulent et Les terres de re´serves, notamment les ter- pays bamile´ke´, sur fond de crise e´cono- leurs me´canismes de re`glement. res d’altitude dans les chefferies bamile´ke´ mique, cafe´ie`re et foncie`re survenues a` la inte´grant la montagne dans leur finage, fin des anne´es 1980 (Kue´te´, 1996 ; Janin, ont e´te´ sollicite´es de`s l’expansion du cafe´. 2000). Le de´fi est plus que jamais de pou- Me´ thode et hypothe` se A` la faveur d’une colonisation agricole voir assurer l’alimentation quotidienne rapide les agriculteurs anglophones, des espaces fortement densifie´sdes Cette e´tude s’appuie sur une enqueˆte par remontant de la cuvette de Mamfe´, et les « Hautes Terres de l’Ouest » – on rele`ve questionnaire aupre`sd’une´chantillon de habitants de la chefferie de Bafou, partant des densite´s comprises entre 169 et 75 agriculteurs (anciens employe´sduCen- a` l’assaut de ce qu’ils conside`rent eˆtre leur 2 2 1908 hts/km sur 374 km dans les Bam- tre d’expe´rimentation et d’instruction pour re´serve foncie`re d’altitude, ont fortement boutos entre 1976 et 1985 (Fotsing, la promotion des semences ayant fait 20 ans de´grade´, par le feu, par la machette et la 1995) – et maintenir les flux d’approvi- dans la pratique du maraıˆchage) dans trois houe, la ve´ge´tation naturelle des Bam- sionnement vivrier en direction des villes quartiers e´tablis entre 1 800 et 2 400 m d’al- boutos a` l’exception de quelquesˆ ılots camerounaises. De telle sorte que la colo- titude (Femmock, Tali et Aghong) et de 25 forestiers (Morin, 1996). Dans ce milieu, nisation des « marges » au sein de chaque e´leveurs loge´s au-dela` de 2 400 m d’altitude la concurrence spatiale a donne´ naissance chefferie bamile´ke´ est devenue une sorte des Bamboutos. Ce massif constitue un a` des formes d’occupation diverses. de « nouvelle frontie`re » pour les anciens vaste volcan bouclier, a` la caldeira semi- Les agriculteurs, pour occuper l’espace cafe´iculteurs, les « jeunes » et les elliptique re´siduelle occupant le Nord pastoral, peuvent enclore les paˆturages « migrants de retour » et les exclus du sys- Ouest du plateau Bamile´ke´, qui culmine a` –ou` ils en viennent a` pratiquer un e´levage te`me foncier traditionnel par suite de par- 2 740 m au mont Me´le´ta. Bien arrose´s, les « de circonstance » – qu’ils mettront en tages successoraux (Janin, 1999). Cette nombreux cours d’eau sont re´partis en cinq culture peu de temps apre`s. Les e´leveurs dynamique foncie`re et agricole passe bassins hydrographiques (figure 1) a` l’as- peuls, pour leur part, s’efforcent de main- par la colonisation des marges et le de´ve- pect radiaire et centrifuge. Le bassin de la tenir des troupeaux transhumants tout en loppement du maraıˆchage, juge´ plus ren- Me´noua, qui concerne plus particulie`re- s’essayant a` la culture maraıˆche`re. Mais table a` l’hectare (Kaffo, 2005). Ce phe´no- ment notre e´tude correspond au versant ces tentatives restent fragiles, syste´mati- me`ne de « retour a` la terre » contribue a` me´ridional aux potentialite´s agronomiques quement de´courage´es par les agriculteurs acce´le´rer le changement social au sein favorables au de´veloppement de l’agricul- bamile´ke´ qui de´veloppent diffe´rentes du me´nage comme de l’unite´ familiale ture maraıˆche`re marchande. Les observa- strate´gies – vols successifs des beˆtes par de production et a` faire e´voluer les rap- tions de terrain ont permis d’identifier des exemple – pour de´loger les e´leveurs ports entre les sexes et entre les ge´ne´ra- points ou` des conflits opposent re´gulie`re- peuls des sommets, a` tel point que les tions (Kaffo, 2005). « Ressource multi- ment les e´leveurs aux agriculteurs, d’une e´leveurs peuls ne pratiquant aucune acti- usage » (activite´ agropastorale, irrigation, part, et ces derniers entre eux d’autre part. vite´ agricole comple´mentaire, ont e´te´ pro- alimentation des animaux et usage De telles zones ont donc e´te´ choisies pour gressivement refoule´s au-dela` de 2 400 m domestique), selon le vocabulaire de´sor- servir de sites d’enqueˆtes. d’altitude. La ligne de de´marcation entre mais consacre´, la terre et l’eau constituent Deux hypothe`ses sous-tendent cette re- l’espace pastoral et l’espace agricole, sur cet espace exigu, une pierre d’achop- cherche : fixe´e autour de 2 000 m d’altitude, pement permanent entre agriculteurs – les variations climatiques re´centes sont n’existe plus. A` certains e´gards, la compe´- « reconvertis », agriculteurs « de souche » partiellement a` l’origine de la re´orienta- tition pour l’acce`sa` l’eau est le prolonge- et e´leveurs peuls transhumants. Ainsi, le tion culturale et de la re´organisation spa- ment du conflit foncier d’altitude, plus concept de foncier ne se rapporte plus tiale des terroirs bamile´ke´ ; ancien, si l’on conside`re que la se´curisa-

18 Cah Agric, vol. 18, n° 1, janvier-février 2009 5° 50 5 Route praticable Limite de la caldeira Courbe de niveau Sommet

4 SANTA Zone d'étude N

160

0 m 02 km 1 5° Source : Carte de 30 au 1/200 000 3 m 2600 Dessin : Kaffo, juin 2007

N 2740 m 1 : bassin de la Manyu 2 : bassin de la 3 : bassin de la sud 2 Baranka 4 : bassin de la Mifi nord 5 : bassin de la Mentchum 15 km Limite de bassin Réseau hydrographique Bangang 10°00 1600 m Les principaux bassins hydrographiques des monts Bamboutos Fongo-Tongo

Fontem Bafou Penka Michel

Figure 1. Localisation de la zone d’e´ tude.

Figure. 1. Location of the study area. tion foncie`re passe par l’affirmation du 1994). Ce phe´nome`ne s’explique par l’ap- tensification et la densification des cultures, droit de proprie´te´ sur la gestion des res- pui de plusieurs structures d’encadrement. la modification du calendrier agricole clas- sources naturelles (Le Roy et al., 1996). De`slacre´ationduCentred’expe´rimenta- sique qui passe d’une a` trois campagnes Le maraıˆchage se diffuse donc dans les tion et d’instruction pour la promotion des agricoles par an (Kue´te´ et al., 2003). De plus espaces interstitiels des terroirs de Hautes semences (CEIPS) en 1973 sur le versant en plus, les de´cisions d’achat ou de loca- Terres de l’Ouest du Cameroun, dans un occidental des monts Bamboutos, des sta- tion de parcelles situe´es dans ces espaces contexte de lutte pour la le´gitimation de la ges de formation maraıˆche`re ont e´te´ orga- « pionniers », a` forte valeur agro- terre par les agriculteurs au de´triment des nise´s. En 1978, le CEIPS est devenu un cen- e´cologique (sols hydromorphes de bas- e´leveurs qui ont longtemps occupe´ l’es- tre de multiplication de semences avec un fonds ou sommets de versants volcani- pace montagnard. A` l’exception des pro- effet positif sur la diffusion et la diversifica- ques), ne prennent plus seulement en moteurs prive´sa` l’instar de la ferme EPA tion des cultures maraıˆche`res. Peu apre`s, compte la superficie, mais aussi certains (E´levage promotion africaine), les agri- en 1980, le « Projet Hauts Plateaux de avantages comparatifs : acce`sa` l’eauensai- culteurs ne disposent pas de be´tail. l’ouest » (PHPO), relaye´ en 1984 par le Pro- son se`che, pre´sence d’une route a` proxi- jet de de´veloppement rural de la province mite´. Ainsi, entre 1990 et 2005, les superfi- de l’ouest (PDRPO) jusqu’en 1993, va Diversification agricole cies cultive´es ont augmente´ de plus de conside´rablement acce´le´rer cette vulgarisa- 80 %, entraıˆnant du meˆme coup un de´pla- et essor tion par des actions d’ame´nagement des cement du front pionnier de 1 600 a` des cultures maraıˆche` res bas-fonds inexploite´s (Grangeret Owona, 2 400 m d’altitude (figure 2). 1995). Plusieurs autres socie´te´s sous- En une seule de´cennie, on est ainsi passe´ traitantes dans les fermes agro- d’une polyculture familiale intensive en industrielles installe´es a` Babadjou ont par- Facteurs de´ clencheurs intrants a` base cafe´ie`re a` des syste`mes ticipe´ efficacement a` la diffusion du maraıˆ- vivriers complexes a` forte intensification chage a` l’ouest du Cameroun (Kaffo, 2005) de la rare´ faction en facteur travail, y compris dans les « mar- par la diffusion de techniques culturales ges » peu valorise´es ou` l’on pratiquait modernise´es : nouvelles associations cultu- de l’eau essentiellement une agriculture extensive rales, micro-irrigation gravitaire, utilisation et saisonnie`re. Sur fond de repli e´tatique d’intrants agricoles. Cet essor est encore Pression des activite´ s et de libe´ralisation des filie`res agricoles, la accentue´ par l’augmentation de la sur une ressource cafe´iculture a e´te´ remplace´e par le maraıˆ- demande alimentaire urbaine et les pers- chage et les cultures vivrie`res ; les zones pectives de gains mone´taires imme´diats et en re´ gression marginales des altitudes supe´rieures sont re´guliers que cette agriculture nourricie`re Les besoins en eau des activite´sagropasto- prises d’assaut pour des cultures tempe´re´es et marchande permet. Ces exigences ont rales en saison se`che incitent les actifs a` a` court cycle ve´ge´tatif (Grangeret Owona, conduit a` de nombreuses innovations : l’in- migrer vers les bords des cours d’eau et

Cah Agric, vol. 18, n° 1, janvier-février 2009 19 Temzem Route Mt MELETA Baranka 2740 Cours d'eau Zone d'levage agro- 2000 Altitude (m) Industriel (EPA) Mt TOSSEKA Sommet 2600 m 2470 Mt PAPOU Élevage 2400 m Points de conflits 2470 2200 m LE ROCHER ROND Zone maraîchère en saison sèche 2487 2000 m Grande zone maraîchère sous-exploitée en saison sèche Tsenkeng Pâturages (retranchés au-delà de 2 200 m) 5º Femmock Pâturages colonisés par le maraîchage en violation de la limite fixée à 2 000 m 35 Lembet Ntsuetetsa Caféiers et vivvriers Aghong I Déplacement du bétail vers les cours d'eau Melang 1800 m Retranchement du maraîchage près des Tali Mokou Tchuntchou Mezet cours d'eau et zones facilement irrigables Apou Sankla Mena Ndo Aghong II Jimbou Riv. Fo Loung Tchounsi lep é Djeu N Watsa Letiobi 1600 m Mbing Riv. Menzong Atsanwoula Mez W E Mintsi Tchou er Fotsa Lepe Riv. Mbou S Toumetchouet Menga Ndjio NB-32-XI-3 a Pouzang Mt FONGO TONGO Azem So Nkogo

01 2 3 km Loung R Nzemla

iv. iv. Metchio

Ndenda Foyanguem N Menlekwe ou Saamaya Alo La'atchuet Levongli Source : Nti Lefang Riv. Folep Melhi Sessa Carte topographique de Bafoussam 3a Tsenkeng Nkogo Nou Lepo et complètement de terrain, 2006 Zuenla Dessin : KAFFO C., nov. 2006 é Toula 10˚ 00 (1005) 1500 m

Figure 2. De´ ficit hydrique et gestion de l’espace sur le versant me´ ridional des monts Bamboutos.

Figure 2. Water shortage and space management on the southern slope of the Bamboutos Mountain. les valle´es hydromorphes e´galement convoite´s par les agriculteurs en saison pour l’acce`sa` ces parcelles des bas-fonds convoite´sparlese´leveurs qui descendent se`che. Cela explique la forte concurrence et a` l’eau qu’elles posse`dent. des « hauts » (figure 2).Peua` peu, l’eau est devenue – et ce n’est sans doute pas le seul paradoxe dans cet espace bien arrose´ –au meˆme titre que la valeur e´conomique des Hauteur moyenne cultures de contre-saison, un e´le´ment des précipitations mensuelles (mm) de´terminant de la marchandisation des ter- entre 1996 et 2005 Températures moyennes (°c) res des bas-fonds. Dans les grandes zones 350,00 175 ` de tradition maraıˆchere telles que les chef- 300,00 150 feries de Bafou, de Fongo-Tongo, de Ban- soa dans la Me´noua ; les chefferies de 250,00 125 Babadjou, de Bangang, de , de Bamedjing dans les Bamboutos (Dongmo, 200,00 100 1983 ; Champaud, 1983), de Foumbot en 150,00 75 pays Bamoun et de Santa dans la Me´zam (Kaffo, 2005), ces e´le´ments ont signe´ l’ap- 100,00 50 parition de nouvelles identite´s spatiales et territoriales en lieu et place de la pre´ce´- 50,00 25 dente hie´rarchie « haut-bas » qui caracte´ri- sait la ge´opolitique du terroir Bamile´ke´. 0,00 0 Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Dec Janv Fév Ainsi, si les points hauts et culminants sont Mois devenus des sites recherche´s par de nom- Source : Station météorologique Précipitations (mm) T°c breuses e´lites en mal de reconnaissance de Djuttitsa symbolique et ostentatoire pour la cons- truction de vastes villas a` e´tages au style Figure 3. Donne´ es climatiques de Djuttitsa de 1996 a` 2005. parfois tapageur, les bas-fonds aux sols hydromorphes sont de plus en plus Figure 3. Climatic data of Djuttitsa from 1996 to 2005.

20 Cah Agric, vol. 18, n° 1, janvier-février 2009 Tableau 1. Quantite´ d’eau indispensable par cycle cultural. Table 1. Available water quantity per crop cycle.

Cultures Quantite´ d’eau indispensable Quantite´ d’eau indispensable pour la croissance des plantes par cycle (cm) pour la croissance des plantes de 3e cycle (cm) Premier cycle Deuxie` me cycle Troisie` me cycle Disponibilite´ hydrique De´ ficit hydrique (mars-juin) (juillet-octobre) (novembre-fe´ vrier) Chou 65 91 30 12 –18 Pomme de terre 65 72,9 50 30,6 –19,4 Carotte 37,7 72,9 40 20,2 –19,8 Poireau (bottes) 84,4 130 40-60 19-31 –21-29

Variabilite´ climatique viennent parfois pendant les mois de mars, (tableau 1), l’asse`chement des cours inter- et intrasaisonnie` re avril, mai et octobre, suite a` l’arrive´etar- d’eau, le fle´trissement des plantes et la dive ou l’arreˆt brutal des pluies. Lorsque corve´e pour l’eau de consommation sur L’analyse des donne´es pluviome´triques ces e´pisodes climatiques coı¨ncident avec le plateau figurent parmi les indicateurs observe´es sur la pe´riode 1996-2005 les pe´riodes importantes de la croissance spatiaux de de´ficit hydrique (figure 4). (figure 3),pourlastationme´te´orologique de la plante, les agriculteurs ont obligatoi- Les agriculteurs attestent que depuis envi- de Djuttitsa, montre un climat de type rement recours a` une demande supple´- ron 20 ans la baisse du volume des eaux sube´quatorial de mousson a` deux saisons mentaire en eau. est perceptible mais de´signe la variabilite´ avec une influence pre´ponde´rante de climatique inter- et intrasaisonnie`re ainsi la montagne. Les mois de de´cembre, jan- que la de´forestation comme responsables vier et fe´vrier pre´sentent d’importants de´fi- Indicateurs spatiaux de la baisse de la nappe phre´atique dans cits hydrologiques, e´value´sa` environ cet espace a` fortes potentialite´s hydrogra- 140 mm. La baisse conside´rabledel’easily du de´ ficit hydrique phiques et hydriques. Des e´tudes sur la used reserve (EUR) a` partir de novembre, variabilite´ climatique et son impact sur explique le de´ficithydriqueleplusbasdu et orientations l’alimentation des aquife`res souterraines versant sud du massif observe´ en de´cem- en Coˆte-d’Ivoire parviennent a` des re´sul- bre avec des tempe´ratures e´leve´es de l’or- paysannes tats probants : baisse notable, de plus en dre de 21 °C (Njiosseu Tanko, 1997). Tou- plus fre´quente, du de´bit des cours d’eau tefois, avec les premie`res pluies de mars et dans la production et du niveau des nappes phre´atiques d’avril, l’EUR se reconstitue rapidement. allant jusqu’a` l’asse`chement (Brou et al., Le de´terminisme climatique influence dou- spatiale 2005). Par ailleurs, les mesures faites par blement l’activite´ agricole. Non seulement Indicateurs spatiaux Monka Njotu (2002), sur une pe´riode de le de´coupage des saisons – saison se`che et six mois sur le principal cours d’eau a` saisondespluies–orienteplusoumoinsle du de´ ficit hydrique 2 300 m d’altitude, illustrent cette situa- calendrier agricole, mais aussi les paysans La rare´faction de l’eau ne´cessaire a` la tion (tableau 2). font face a` des se´quences se`ches, qui sur- croissance des plantes de troisie`me cycle

A B

Figure 4. Les indicateurs spatiaux du de´ ficit hydrique.

Figure 4. Spatial indicators of water shortage. A) asse` chement d’un cours d’eau ; B) fle´ trissement des plants de chou duˆ a` l’insuffisance de l’eau.

Cah Agric, vol. 18, n° 1, janvier-février 2009 21 Tableau 2. E´ le´ ments d’identification de la baisse du de´ bit d’un cours d’eau. Table 2. Elements identifying low flow debits.

E´ le´ ments de mesure Novembre De´ cembre Janvier Fe´ vrier Mars Avril Largeur du cours d’eau (cm) 4,6 3,3 3 3,5 6 7 Profondeur du cours d’eau (cm) 3,5 2,6 3,6 3,8 5 5,8 Vitesse moyenne d’e´ coulement (cm3/s) 22,3 15,4 18,3 20,3 38,8 40,2 De´ bit d’e´ coulement (cm3) 202,2 156 162,3 183,4 219,3 282,8

Adaptation de l’irrigation fre´quents et difficiles a` ge´rer en milieu Conflits entre agriculteurs comme solution rural humide. Tre`s souvent limite´s spatia- et e´ leveurs lement, les terroirs maraıˆchers de saison au de´ ficit hydrique se`che sont d’autant plus recherche´s qu’ils Au fil des anne´es souligne Boutrais Les nouvelles contraintes climatiques et le sont re´mune´rateurs, et que leurs produc- (1995), l’extension ge´ne´rale des cultures de´ficit hydrique ont conduit les agricul- tions pallient pour partie les revenus des et l’hostilite´ croissante a` l’e´gard des e´le- teurs a` de´velopper une pluralite´ de re´pon- produits vendus en saison de pluie et la veurs peuls de la part des agriculteurs ses adaptatives telles que la diversification baisse concomitante des budgets domes- Bamile´ke´ ont progressivement gomme´ et la multiplication des dispositifs d’irriga- tiques (Fromageot, 2006). L’eau ge´ne`re les repe`res pastoraux. Le non-respect de tion. L’irrigation gravitaire a` la raie : le donc des situations de compe´tition, a` la ligne de de´marcation entre l’espace maraıˆcher pratique une simple de´rivation l’origine des conflits qui opposent les e´le- agricole et pastorale e´tablie a` 2 000 m d’un cours d’eau jusqu’a` sa parcelle. L’eau veurs aux agriculteurs ou ces derniers d’altitude, les mouvements de transhu- ainsi de´vie´e circule dans les sillons, s’infil- entre eux ; acteurs aux inte´reˆts diver- mance qu’effectuent les e´leveurs et le tre et atteint directement le syste`me raci- gents, mais souvent oblige´s de partager de´placement des agriculteurs a` la recher- naire de la plante. Cette forme a comme le meˆme point d’eau. che de l’eau occasionnent des conflits variante « l’irrigation a` l’assiette » pratique´e parfois ouverts (Coulibaly, 2006). Pour dans les parcelles a` topographie plane Conflits entre agriculteurs marquer leur hostilite´ a` l’occupation des (plaine de Darmagnac a` Babadjou). La compe´tition pour l’acce`setlamaıˆtrise paˆturages, les e´leveurs laissent leurs ani- Les maraıˆchers, a` l’aide d’une assiette, ver- de l’eau se mate´rialise parfois, sur le ter- maux s’introduire dans les exploitations sent manuellement l’eau qui coule dans les rain, par la concentration de nombreux agricoles ou s’abreuver dans les retenues sillons entre les cultures en billons. Avec tuyaux d’irrigation (plus d’une vingtaine) d’eau ame´nage´es par les agriculteurs. Cet l’irrigation gravitaire par aspersion, le appartenant a` plusieurs agriculteurs usage entraıˆne de fre´quentes destructions maraıˆcher a` l’aide d’un tuyau de 11 mm autour d’un seul point d’eau (figure 5). des cloˆtures et des cultures (Fromageot, de diame`tre, place´ sur un tourniquet, Dans cette configuration, certains agricul- 2006). Ces confrontations individuelles arrose les plantes. Enfin, avec une moto- teurs peuvent meˆme proce´der au de´tour- se sont multiplie´es dans les anne´es 1990 pompeetdestuyauxPVCde63oude nement des tuyaux ou a` leur vol. Ces actes avec l’essor du maraıˆchage de contre- 100 mm de diame`tre, le maraıˆcher fait sont a` l’origine des disputes et d’inimitie´s saison. Elles se sont parfois transforme´es remonter de l’eau pour irriguer sa parcelle. entre les agriculteurs et se soldent par la en conflits communautaires (maraıˆchers, L’engouement des agriculteurs pour les dif- destruction syste´matique des re´coltes et agriculteurs, pasteurs). Tsalefac (1994) fe´rentes techniques d’irrigation va de pair des tuyaux du mis en cause. souligne que de 1982 a` 1985, plus d’une avec la bonne fonctionnalite´ socie´tale des syste`mes informels d’irrigation sur les Hau- tes Terres de l’Ouest (Teheubeng, 1999 ; Kamga, 2002). Toutefois, la diversite´ des usages de l’eau et la hausse de la demande tendent a` complexifier sa gestion.

E´ mergence des conflits face aux enjeux d’usagers divers de l’eau Coulibaly (2006) souligne que les conflits relatifs a` la gestion des ressources naturel- Figure 5. Compe´ tition pour l’eau en saison se` che. les (terre, eau, foreˆt, etc.) deviennent, de- puis quelques anne´es, de plus en plus Figure 5. Water competition during the dry season.

22 Cah Agric, vol. 18, n° 1, janvier-février 2009 centaine de conflits agropastoraux ont e´te´ pour des me´nages en aval, tre`s proble´ma- d’eau, les agriculteurs conviennent d’une porte´sa` l’attention du Chef de poste agri- tique sans compter les risques de contami- re´partition par tranches horaires sous le cole (CPA) de Djuttitsa. Entre 1995 et nation potentielle a` cause de surdosages en controˆle des chefs de blocs de´signe´spar 2005, une trentaine de conflits – ayant intrants agricoles. En re´ponse, les habitants les chefs de quartier et le CPA de Djuttitsa. pour objet la destruction des enclos des pie´monts sont parfois oblige´sd’aller Faute de quoi, chaque contrevenant est autour des surfaces cultive´es, des disposi- rompre les digues sur la montagne. somme´ de payer une amende de tifs d’irrigation et l’incendie des sacs de 10 000 francs CFA par tranche d’une fertilisants appartenant aux agriculteurs, heure et cette sanction peut aller jusqu’a` l’incendie des camps des bouviers, le Me´ canismes la privation totale de l’irrigation. En amont massacre syste´matique, les vols et l’em- de la zone maraıˆche`re d’altitude, les agri- poisonnement des beˆtes (en de´versant de re` glement culteurs construisent de petits re´servoirs des produits toxiques dans les points ou` le long des cours d’eau graˆce auxquels s’abreuvent les bœufs) par les agriculteurs des conflits l’eau est facilement dirige´e dans les par- (figure 6) – ont aussi e´te´ soumis a` l’arbi- celles cultive´es. trage des chefs de quartier Tali, Femmock Conflits entre agriculteurs et du CPA de Djuttitsa. Par ces tensions, Le re`glement des conflits entre agricul- Conflits entre agriculteurs les acteurs reposent la question de le´giti- teurs repose sur des logiques et des stra- et e´ leveurs mite´ ou de droit de proprie´te´ des re´serves te´gies spe´cifiques telles que le savoir-faire Entre e´leveurs et agriculteurs, les revendi- des terres d’altitude. de certains agriculteurs expe´rimente´s (an- cations portent plutoˆt sur les dommages ` Difficile acce` s ciens ouvriers du CEIPS, agents en service cause´s par le be´tail. A ce sujet, Coulibaly ou retraite´s des services des ministe`res de (2006) souligne qu’« elles rele`vent, par a` l’eau potable domestique l’Agriculture, de l’E´levage) et des autorite´s conse´quent, de conflits d’inte´reˆts e´cono- La surconsommation de l’eau en altitude coutumie`res qui proce`dent, chaque fois, a` miques opposant des acteurs de diffe´ren- est a` l’origine de graves pe´nuries en contre- une re´organisation du syste`me de gestion tes cate´gories professionnelles : agricul- bas sur le plateau de sorte que les adduc- de l’eau par rive. Ainsi, les agriculteurs teurs et e´leveurs ». Il est a` rappeler que tions d’eau moderne qui fonctionnent par utilisant le meˆme point d’eau se regrou- les techniques d’irrigation, mises au point gravitation sont parfois vides (figure 6A). pent et e´laborent un calendrier d’utilisa- par les agriculteurs pour pallier le de´ficit La collecte de l’eau de boisson devient tion de l’eau. Autour d’un meˆme point hydrique, ont permis d’e´tendre les cultu-

A

B

Figure 6. Les conse´ quences du de´ ficit hydrique.

Figure 6. Consequences of the water shortage. A) Impact du de´ ficit hydrique sur l’approvisionnement en eau potable ; B) les de´gaˆ ts du conflit entre maraıˆchers et e´ leveurs pour la gestion de l’eau et de l’espace.

Cah Agric, vol. 18, n° 1, janvier-février 2009 23 res maraıˆche`res sur les espaces jadis la conqueˆte foncie`re contrairement aux Re´ fe´ rences impropres a` cette activite´,etre´serve´sau e´leveurs peuls dont les paˆturages sont Bethemont J. Acteurs et strate´ gies de l’eau paˆturage. Ainsi, l’offensive du maraıˆchage re´duits aux confins des fortes pentes dans la valle´e du Se´ne´gal. Rev Geogr Lyon sur le massif re´duit de´sormais les paˆtura- (figure 2). Pour appuyer sa plainte contre 1986 : 63-78. ges a` des portions confine´es et tre`s frag- les e´leveurs et obtenir gain de cause, Boutrais J. Hautes Terres d’e´ levage du Came- mentaires (figure 2). Pour calmer les ten- l’agriculteur a toˆt fait de clamer que « le roun.Paris:Orstome´ ditions, 1995. sions entre e´leveurs et agriculteurs, les champ n’a pas de pied, c’est l’animal qui Brou Yao T, Akinde` s F, Bigot S. La variabilite´ climatique en Coˆ te-d’Ivoire : entre perceptions autorite´s administratives ont, en 1984, fixe´ se de´place » (Coulibaly, 2006) meˆme s’il sociales et re´ ponses agricoles. Cah Agric de manie`re quelque peu arbitraire, a` est parfois l’auteur du conflit. Dans l’en- 2005 ; 14 : 533-40. 2 000 m d’altitude, une limite entre espace semble, les arbitrages re´els des diffe´rents Caron A, Torre A. Les conflits d’usages dans agricole et espace pastoral. Cette disposi- conflits s’effectuent par un arrangement a` les espaces ruraux « Une analyse e´ cono- tion vient comple´ter les mesures prises par l’amiable assorti d’amendes proportion- mique ». Sci Soc 2002 ; 57 : 95-113. le de´cret no 78/263 du 03 juillet 1978. Mal- nelles aux de´gaˆts cause´s. Champaud J. Les relations et villes campagnes du Cameroun de l’Ouest.Paris:Orstome´di- heureusement, ces mesures n’ont ni freine´ tions, 1983. l’invasion progressive des paˆturages par Coulibaly A. Gestion des conflits fonciers dans les agriculteurs ni re´solu de fac¸on de´fini- Conclusion le Nord ivoirien Droits, autorite´s etproce´ dures tive les diffe´rends. De nos jours, les chefs de re` glement des conflits. Colloque internatio- Les effets de la variabilite´ climatique inter- nal « Les frontie` res de la question foncie`re», de quartiers ont la charge de re´gler les Montpellier, 2006. (A` paraıˆtre). conflits au cas par cas ou de les porter et intrasaisonnie`re ont renforce´ la de´pen- dance et les difficulte´s d’approvisionne- Dongmo D. Les cultures maraıˆche` res dans la devant une commission regroupant les province de l’Ouest : production et commercia- responsables des ministe`res de l’Agricul- ment en eau en pe´riode d’e´tiage des cours lisation. The` se de doctorat de troisie`me cycle, ture, de l’E´levage et du sous-pre´fet de la d’eau dans les monts Bamboutos. La forte universite´ de Yaounde´ , 1983. localite´ ou encore devant les juridictions demande en eau, l’intense mise en valeur Dongmo JL. Conflit agriculteurs-e´ leveurs pour compe´tentes au cas ou` les parties ne res- de l’espace et le de´boisement inte´gral des la terre sur le versant me´ ridional des mont ´ Bamboutos (Ouest-Cameroun). Savanisation pecteraient pas les re´solutions propose´es. formations arborees d’altitude depuis la process in tropical. Africa (Lond) 1994 ; II : Les membres de la commission, apre`s fin des anne´es 1985 ont progressivement 107-20. constat, demandent aux protagonistes de finit par asse´cher les nappes phre´atiques Fongang G. Dynamiques des dispositifs terri- ne´gocier entre eux la somme a` payer. et les cours d’eau autrefois permanents. toriaux : le cas du dispositif agri-environne- Pour faire face au manque d’eau, les pay- mental en Corse.Me´ moire de DEA MSC, Ina D’une manie`re ge´ne´rale, les re´solutions PG – Inra, 2004. sans ont peu a` peu fait e´voluer leurs pra- prises pre´conisent aux parties de respec- Fotsing JM. Compe´ tition foncie`re et strate´gies ter leurs domaines respectifs d’activite´. tiques renforc¸ant, par la meˆme occasion, d’occupation des terres en pays Bamile´ke´(Ca- ´ la dimension agricole et socie´tale de l’eau. meroun). Terre, terroir, les tensions foncie`res. Les eleveurs ont la charge de surveiller Paris : Orstom e´ ditions, 1995. leurs animaux ou d’e´viter de les introduire Ainsi, ont-ils, par exemple, e´te´ oblige´s d’utiliser des varie´te´sa` cycle court et Fotsing JM. Proble` mes fonciers et e´ levage bo- de fac¸on de´libe´re´e dans les exploitations vin en pays bamile´ke´ : exemple du nord de Ba- agricoles ou dans les points de retenue moins consommatrices en eau, de coloni- fou (Ouest Cameroun). CahRechDev1998 ; d’eau ame´nage´s par les agriculteurs. La dif- ser les zones humides ou facilement irri- 20 : 45-52. ficile gestion de l’espace et de l’eau, re´sul- gables (bas de pente, berges des cours Fromageot A. Agriculture et conflits en Coˆte- tat des conflits divers, expose les ressour- d’eau, bas-fonds) et de de´velopper des d’Ivoire : terroirs maraıˆchers, territoires dispu- techniques d’irrigation. La mise en valeur te´s.Ge´ oconfluences, 2006. ces de ce milieu a` une exploitation intense http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/etpays/ et peu judicieuse (Bethemont, 1986). On de ces espaces montre que la pratique Afsubsah/AfsubsahScient3.htm. est donc loin d’un compromis qui permet- d’une agriculture marchande, fonde´esur Grangeret Owona I. De la crise a`lade´ valuation trait aux uns et aux autres de tirer profit de un syste`me de production extensif et exi- du FCFA : e´ volution de l’agriculture intensive familiale bamile´ke´. Cah Agric 1995 ; 4 : 45-51. cet espace et qui engagerait les diffe´rents geant en eau, entraıˆne un bouleverse- ment des modes de gestion et des repre´- Grangeret Owona I. Les nouvelles pratiques acteurs a` une gestion durable des ressour- des exploitants agricoles bamile´ke´ sous l’effet ces naturelles. sentations sociales. La course a` l’eau et au des ruptures anciennes et de la conjoncture ac- Les conflits opposant agriculteurs et e´le- foncier par les agriculteurs et les e´leveurs tuelle. Le village camerounais a`l’heurede l’ajustement. Paris : Karthala, 1994. veurs et les conflits entre agriculteurs pour engendre des conflits qui reposent la le controˆle des ressources naturelles question de le´gitimite´ ou de droit de pro- Janin P. Gestion patrimoniale et se´curisation prie´te´ des re´serves des terres d’altitude. foncie`re en e´ conomie de plantation a`l’heure conduisent a` lamiseenplacededispositifs des ajustements. Rev Geogr Cameroun 2000 ; territoriaux que Fongang (2004) de´finit Les techniques d’acce`sa` l’eau en altitude 14 : 79-107. comme toute dynamique impliquant les ac- rendent difficiles l’acce`s des populations Janin P. L’avenir des planteurs camerounais. teurs appartenant a` un meˆme territoire, en- des pie´monts a` l’eau potable domestique. Paris : Karthala, 1999. gage´ dans un processus de de´finition a` leur Face a` la multiplicite´ des conflits, les auto- Kaffo C. Cultures maraıˆche` res dans les monta- rite´s locales mettent sur pied certains gnes du Cameroun occidental. Cah Agric 2005 ; e´chelle de politiques ou de choix concer- 14 : 517-24. nant le pre´sent et/ou l’avenir du territoire. me´canismes de re´solution. Mais, les agri- culteurs dans leur conqueˆte permanente Kaffo C. De´ veloppement du maraıˆchage d’alti- tude et marche´ foncier dans les monts Bam- Perdants et gagnants (mise en valeur des bas-fonds et surcon- boutos. De´ prise cafe´ie` re et mutations socio- de la gestion de l’eau sommation de l’eau) semblent peu pre´oc- e´ conomiques sur les hautes terres de l’Ouest cupe´s par la sauvegarde de l’environne- Cameroun. Geodoc 2000 ; 51 : 24-42. et du foncier ment (destruction des raphiales), mettant Kamga A. Crise e´ conomique, retour des mi- grants, et e´ volution du syste`me agraire sur le Les agriculteurs sont ge´ne´ralement les ainsi en danger les e´cosyste`mes d’un versant oriental et me´ ridional des monts Bam- « gagnants » de la gestion de l’eau et de milieu fragile. ■ boutos (Ouest-Cameroun). The` se de doctorat

24 Cah Agric, vol. 18, n° 1, janvier-février 2009 d’e´ tudes rurales, universite´ de Toulouse- Le Roy E, Karsenty A, Bertrand A. La se´curisa- Njiosseu Tanko R. E´ valuation des potentialite´s Le-Mirail, 2002. tion foncie` re en Afrique : pour une gestion hydrologiques du bassin de la Me´ noua, ver- viable des ressources renouvelables.Paris: sant me´ ridional des Bamboutos.Me´ moire de Kue´te´ M,DzallaC,YemmafouoA.Les monta- Karthala, 1996. maıˆtrisedege´ ologie, universite´ de Dschang gnes du Cameroun face aux nouveaux enjeux Monka Njotu J. A geographical analysis of wa- (Cameroun), 1997. de de´ veloppement de la sous-re´gion Afrique ter problems in agriculture: case of market gar- Teheubeng A. E´ valuation de la performance centrale. Crises et mutations des agricultures dening on the southern slopes of the Bambou- d’un syste` me d’irrigation de surface a`petite de montagne. Colloque international en hom- tos Mountain (west-Cameroon).Me´ moire de e´ chelle sur les hautes terres de l’Ouest. The`se mage au Pr. C. Mignon. Clermont-Ferrand : Ce- maıˆtrisedege´ ographie, universite´ de Dschang de Master of Science de gestion de l’eau, uni- remac ; Presses universitaires Blaise-Pascal (Cameroun), 2002. versite´ de Dschang (Cameroun), 1999. 2003. Morin S. Le haut et le bas : signatures sociales, Tsalefac M. Crises climatiques re´ centes et bou- Kue´te´M.Les enjeux des cultures de rentes au paysages et e´ volution des milieux dans les leversements du syste`me e´ conomique tradi- montagnes d’Afrique centrale (Cameroun et tionnel a` Fongo-Tongo (Monts Bamboutos, Ca- Cameroun : l’exemple de la cafe´iculture. o Dschang (Cameroun) : Dschang University Tchad). Pays enclave´s, n 8. Talence : Presses meroun). Savanisation process in tropical. universitaires de Bordeaux, 1996. Africa (Lond) 1994 ; II : 95-106. Press, 1996. Ngoufo R. Les monts Bamboutos : environne- Lavigne-Delville P. Quelles politiques foncie`res ment et utilisation de l’espace. The`sededoc- pour l’Afrique rurale ?. Paris : Karthala, 1998. torat 3e cycle, universite´ de Yaounde´ -I, 1988.

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