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ÉDITORIAL Guy Schneller Directeur de l'Action ettlturelle et patrimoniale du Conseil général de la p. 1

A LA UNE INÉDIT

Un «Fort Chabrol» à la mairie p.2 de Périgueux en 1541. François Bordes p. 24

ASSOCIATION ÉVOLUTION TERRITORIALE D'EX­ LOI CIDEUIL AU XIX'me SIÈCLE: DE LA du RÉORGANISATION ADMINISTRATIVE la jujJJt.t. Les Rencontres d'Archéologie 1901 et d'Histoire en périgord. À LA STRATÉGIE URBAINE Joëlle Chevé p. 3 Francis A. Boddart p.26

LE DISCOURS BIBLIOTHÈQUE DE LA MÉTHODE ! Nouvelles entrées. Le Fonds Périgord de la , Dominique Grandcoin p. 29 i Bibliothèque nationale. lèI~ l Compte rendu. Bernard Reviriego p. 5 ; jean-Emmanuel B07Z7zichon p. 29

BIOGRAPHIE DERNIÈRES ENTRÉES

Dons, achats, dépôts, Notes sur le chanoine Lespine. versements. Lottis Grillon p. 7 Josette Fargeot p. 33

EXPOSITIONS/ LA FONDATION SAINTE-MARTHE ANIMATION DE SAINTE-ALVÈRE Les Archives? Une idée révolu­ tionnaire. Bernard Reviriego p. 17 Christiane Chevallier p.35

HISTOIRE DE LIEUX. JARDINS SONOTHÈQUE ET PAYSAGES EN PÉRIGORD Le bal à l'école. Chantal Dattchez p. 18 Sylvain Roux p. 39 ll/éllloire lie Il' Dordoglle

Revue semestrielle éditée par les Archives départementales de la Dordogne i'v'09 / DtCEMBRE 1996

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Le sommaire d'un seul numéro de Mémoire de la Dordogne suffit à François BORDES révéler, sous les titres ou les noms d'auteurs des articles, la diversité et la richesse d'un service dont on sait, en Dordogne, qu'il n'a rien à voir avec REDACTEUR EN CHEF les clichés qui s'attachent parfois encore à cette institution bicentenaire. Bernard REVIRIEGO

COMITÉ DE LECTURE Les Archives départementales sont d'abord un lieu de mémoire où François BORDES, Joëlle CHEVÉ, Michel étudiants, érudits locaux, simples particuliers viennent puiser l'information COMBET, Charles DARTIGUE PEYROU, qui éclairera l'hisroire du département ou celle de leur famille. Tel événe­ Patrick ESCLAFER de la RODE, Bernard ment contemporain prend alors un relief particulier, cocasse ou émouvant ; FOURNIOUX, Dominique GRAND COIN, telle mode subit retrouve ses fondements hisroriques ou est soumise à une Claude LACOMBE, Bernard REVIRIEGO. intéressante mise en perspective locale à l'instar des jardins et paysages étudiés par Chantal Dauchez. REDACTION Francis A. BODDART, Jean-Emmanuel BONNICHON, François BORDES, Les Archives départementales s'enrichissent sans cesse : le recense­ Christiane CHEVALLIER, Joëlle CHEVÉ, ment des "dernières entrées d'Archives", des "dernières entrées en biblio­ Chantal DAUCHEZ, Josette FARGEOT, thèque" est le signe même de cette évolution foisonnante mais toujours Dominique GRAND COIN, Louis GRILLON, maîtrisée. Elle engrange aussi une mémoire plus proche, que les techniques Bernard REVIRIEGO, Sylvain ROUX. actuelles permettent de conserver -et de restituer- sous d'autres formes que TRAVAUX PHOTOGRAPHIQUES l'écrit et la gravure: photographie, informatique, vidéo ... Denis BORDAS et Laurent TONDUSSON, (atelier photographique des Archives départe­ Il n'est pas surprenant alors que dans un élan dynamique digne d'un mentales). poème de Prévert, les Archives sortent de leurs rayonnages, s'échappent de MAQUETTE, MISE EN PAGE la sonothèque, délaissent même la belle salle de la rue Littré et aillent au Thierry BOISVERT devant du public périgourdin sous forme d'expositions itinérantes, d'ate­ et Eric SAINT-PÉE liers pédagogiques, de "produits dérivés" : cartes postales, fac-similé de sceaux ... Ces initiatives, dont témoigne la présentation du "Bal à l'Ecole" PHOTOGRAVURE suscitent des associations de circonstance avec d'autres services culturels, Imprimerie avec l'Education nationale. Elles inscrivent davantage les Archives dépar­ tementales dans le tissu vivant de l'action culturelle en Dordogne parallè­ IMPRESSION Imprimerie Fanlac lement aux liens qui existent déjà avec les institutions nationales. ZAC Pareau Avenue Winston-Churchill 24661 Coulounieix-Chamiers Ce n'est pas un hasard si Mémoire en Dordogne rend compte également des "Rencontres d'Archéologie et d'Histoire du Périgord" ou de toute autre ABONNEMENTS manifestation d'actualité à caractère scientifique: la revue est le reflet d'un Deux numéros par an : 70 F service et d'activités résolument tournés vers l'avenir. Un support idéal, en l'occurrence, pour célébrer le Nouvel An et souhaiter à tous ses lecteurs Prix à l'unité: 35 F Bulletin d'abonnement à l'intérieur de la une heureuse année 1997 ! revue. Diffusé par D.C.P. 9013

Guy SCHNELLER ISSN 1241-2128 Dépôt légal à parution Directeur de rAction culturelle et patrimoniale du Conseil général de la Dordogne Le contenu des articles n'engage que la responsabilité de leurs auteurs.

1 A LA UNE

L'humour est intemporel. Les prédictions pour 1897 sont-elles pour autant d'actualité? Nous vous les proposons. Elles sont extraites de Périgueux. 1897., dont la totalité des textes était rédigée par F. Ladevi­ Roche. La vente était faite au profit des pauvres.

JANVIER IO ja-ltvier. - Froid excessif. La tour de Vésone se fend par derrière du haut en bas. Distribution, par la Société contre la licencë des rues) de caleçons fourrés de peaux de lapin, destinés aux statues peu vêtues de Périgueux. I9janvier. - Le froid augmeüte encore. Beaucoup de poissons périssent gelés. La Municipalité fait établir des. calorifères sous­ marins pour chauffer la rivière. Malheureusement, par suite de la mauvaise conduite des appareils, l'eau entre en ébullitïon et tous les poissons sont bouillis. Les habitants, tranquillement installés sur les berges, les mangent à l'huile et au vinaigr~. FÉVRIER Un marin de la rue Neuve, revenu des colonies où il avait été' retenu depuis longtemps, indigné de la disparition du coq du clocher de Saint-Front, à la faveur de la nuit, coiffe la tête de l'ange qui l'a remplacé, d'une crête rouge en fer blanc de deux mètres de haut. Uange dépose une plainte; l'affaire suit son cours. I2 février. - Arrestation d'un grand nombre de banquiers convaincus d'avoir formé un syndicat pour l'accaparement des haricots rouges. MARS Les collets de pèlerines pour dames, ayant continué à grandir) dépassent les premiers étages. I8 mars. - Une barque, dans une rencontre près le moulin de Barnabé, coupe en deux un torpilleur de haute mer en route pour Saint-Léonard près . Une équipe de chameaux, envoyée à son secours, échoue dans ses tentatives de renflouement. Le ministre de la marine, pour éviter le retour de semblablesàccidents par trop nombreux, décide que les exercices de la flotte auront lieu désormais au champ de èourse de Chamiers près Périgueux. AVRIL Un membre influent de la Ligue contre la licence des rues fonde à Périgueux, rue Saint-Joseph, l'hôtel de la Décence. Nul n'est admis dans les chambres à deux lits s'il n'à déposé au bureau son ,acte de mariage. Pour être admises, même avec leurs parents, les jeunes filles doivent justifier de l'intégrité de leur capital-rosière. 25 avril. - Scandale épouvantable à l'hôtel de la Décence. Plu­ sieurs familles considérables, dont nous devons taire les noms, sont compromises. Par crainte de révélations touchant des sommités gouvernem~ntales, l'affaire est asphyxiée par le parquet. L'hôtel de la Décence est fermé par ordre de la police.

2 I-______ASSOCIATION ---

Les Rencontres d'Archéologie et d'Histoire en Périgord

L'association loi 1901 Les Rencontres septembre, à la Bibliothèque municipale de d'AnNologie et d'Histoire en Périgord, implan­ Périgueux, l'association, afin d'assurer la tée à Périgueux depuis 1994, a son siège pérennité scientifique des colloques, en publie social aux Archives départementales de la les actes. Un certain nombre des rencontres de Dordogne. Les rencontres de Périgueux suc­ Commarque sont disponibles auprès des édi­ cèdent, sur le plan scientifique et organisa­ tions Sud-Ouest ou des éditions 01 Contou au tionnel, aux Rencontres de Commarque qui Bugue. Le premier colloque de Périgueux, se déroulaient depuis une dizaine d'années à Château et territoire a été publié en 1995, dans Sireuil-les-Eyzies. Leur vocation est d'organi­ la collection des Annales littéraires de ser chaque année, avec le concours de la ville ru niversité de Besançon, et diffusé en librairie de Périgueux, du Conseil général, du Conseil par Les Belles-Lettres. Châtec!ltx et villages, ainsi régional et de la Direction Régionale des que Châteaux, nobles et aventuriers sont en pré­ Mfaires Culturelles (DRAC), et en partena­ paration. Château et pot/voir sera disponible riat avec les universités de Bordeaux III, Lyon début 1997. II, Caen et Le Mans et avec le CNRS, un col­ loque archéologique et historique consacré aux châteaux et sociétés en Europe, du Moyen Age à nos jours. Le choix de la longue durée ainsi que l'ouverture de ces rencontres à d'autres spécialistes que les historiens ou archéologues, tels que géographes, historiens de l'art, architectes, juristes, sociologues etc, constituent l'une de leurs spécificités, à côté de leur dimension universitaire, de leur ouverture à un large public et de leur dimen­ sion «Périgord» à laquelle plusieurs commu­ nications sont consacrées chaque année, le samedi après-midi. Le choix des thèmes est décidé par un comité scientifique composé d'une trentaine L'association est dirigée par un bureau III Le professeur André Debord lors d'universitaires 'et de représentants de centres de six membres dont les décisions sont collé­ du colloque de de recherches, CNRS oU ESHESS. Après giales. Le président, André Debord, professeur septembre 1994. Châteaux et sociétés dIt XIV,n, siècle ait XVpn, siècle, honoraire de l'Université de Caen, archéologue l'Eglise et le dJâteatt (XUh - XVII pn, siècles), Le châ• de renommée internationale, est malheureuse­ teau, la chasse et la forêt, Noblesse et révoltttion, La ment décédé en octobre dernier. Un nouveau vie de château, Le dJâteau, symbole et réalité dIt POl/­ président sera élu en janvier 1997. voi1; organisées par l'Association Culturelle de Actuellement, l'intérim est assuré par Anne­ Commarque, les rencontres de Périgueux ont Marie Cocula, vice-présidente des Rencontres, été consacrées aux thèmes suivants : professeur d'histoire moderne et présidente de - en 1994, Château et territoire, limites et mot/­ ru niversité de Bordeaux III, et par Joëlle vallees, Chevé, secrétaire-trésorier et responsable de - en 1995, Châteaux et villages, l'organisation des colloques. ] ean-Marie - en 1996, Châteaux, nobles et aventuriers. Constant, professeur d'histoire moderne et Outre l'organisation de ces rencontres, doyen de l'Université du Maine, André qui sont ouvertes au public et se déroulent Bazzana, archéologue, directeur de recherches tous les ans, au cours du dernier week-end de au CNRS, Claude-Isabelle-Brelot, professeur

3 d'histoire contemporaine à l'Université de activités agricoles, de nombreux nobles sont Lyon II et Gérard Louise, archéologue et pro­ maires et participent activement à la fesseur d'histoire médiévale à l'Université de construction des chemins vicinaux ou à celle Bordeaux III, sont membres du bureau. des chemins de fer. D'autres, pratiquant la Les quatrièmes rencontres d'Archéo­ multi-résidence, vont de châteaux en châ• logie et d'Histoire en Périgord auront lieu les teaux, pérennisant un mode de vie itinérant 26-27 -28 septembre 1997 sur le thème dont la noblesse du XVIIpnK siècle était déjà Châteaux, routes et rivières. Le château, centre coutumière. nerveux de la société et de l'économie du -' Moyen Age et de l'époque moderne, est par définition un centre d'échanges. Son implan­ RENCONTRES D'ARCHEOLOGIE tation témoigne le plus souvent de la recherche non seulement d'un site défensif ET D'HISTOIRE EN PÉRIGORD mais de la possibilité de communiquer au mieux avec le territoire environnant (sites de vallées, de confluence, de pont, etc). 27 .. 28 .. 29 septembre 1996 Situé sur des points stratégiques, il est l'enjeu principal des différents conflits de " l'époque féodale jusqu'au XVIFnK siècle, et CHATEAUX, NOBLES son implantation est souvent déterminée par l'existence de chemins d'accès et d'approvi­ sionnement faciles. Les archéologues médié­ ET l'ENTURIERS vistes feront le point sur le choix des sites castraux et sur l'agencement de ceux-ci par rapport aux difficultés ou aux facilités d'ac­ cès, en particulier en temps de siège. Les sou­ terrains, si nombreux autour des châteaux, et les cluzeaux entrent également dans le cadre de cette étude. Centre d'échanges économiques dans le cadre de la seigneurie, le château draîne une partie de l'activité rurale et artisanale des campagnes. Les historiens du Moyen Age ou de l'Ancien Régime s'interrogeront sur sa place dans les circuits commerciaux par rapport aux villes et villages environ­ nants, sur le rôle de la noblesse dans ces acti­ vités commerciales et sur les «voies» détour­ nées par lesquelles celle-ci réussit, malgré la menace de dérogeance, à s'intégrer dans les grands flux commerciaux de l'époque, (com­ merce en gros du vin, main-mise sur les péages, banalités etc). Le château, par son emprise sur le monde des campagnes, est aussi très souvent le lieu d'initiation pour les populations proches à de nouvelles formes de religion, de culture, de modes. Les routes du protestan­ Aujourd'hui le château est une pièce tisme passent, certes, par les vallées (en parti­ maîtresse du patrimoine et de la valorisation culier Dronne et Dordogne en Périgord) mais touristique : Relais-Châteaux, Routes des leurs relais sont les «repaires» nobles qui dif­ Châteaux, les formulations sont multiples fusent alentours les idées nouvelles. Ainsi pour redonner l'illusion, par la constitution peut-on envisager d'évoquer les routes des d'initiatives thématiques, d'accéder à la pèlerins, des troubadours ou des huguenots. connaissance complète d'une époque, d'un Au XIXème siècle, le rôle du château type d'architecture, ou encore, plus secrète­ s'est modifié; il reste cependant au coeur de ment, par des «hors-sentiers», d'accéder à la vie rurale, particulièrement dans les dépar­ des modes de vie enfuis (châteaux-auberges). tements où la noblesse, en majorité légiti­ Il ne s'agit ici que d'une présentation miste, s'est retirée sur ses terres. Outre leurs sommaire des thèmes qui seront abordés au

4 cours de ces Rencontres. D'autres proposi­ les archéologues de la DRAC présenteront tions seront faites par les intervenants et le les premiers résultats de leurs fouilles et leurs programme définitif sera établi au printemps conclusions. 1997. D'ores et déjà, il convient de signaler Joëlle CHEVÉ qu'une partie du colloque sera consacrée, dans le cadre d'une convention avec la Direction Régionale des Affaires Culturelles, Pour tout renseignement s'adresser à Joëlle à une présentation des découvertes archéolo­ Chevé giques réalisées sur le chantier de la prochai­ Il, avenue de Lattre de Tassigny, ne autoroute Bordeaux-Clermont-Ferrand. 24000 Périgueux. Tél. 05 53 35 37 27

--LE DISCOURS DE LA MÉTHODE_--i

le Fonds Périgord de la Bibliothèque nationale: relevé des tables chronologiques et alphabétiques

Lors de la présentation du Fonds tions) , 0003-1621). [EP t. Il, table chrono­ Périgord que nous faisions dans le nO 7 de la logique au fol. 144}. Voir aussi Comtes de revue iVIémoire de la Dordogne, nous évoquions Périgord et Vicomtes de Limoges (p. 6) les tables alphabétiques ou chronolo­ - Fongatrffiel; (1095-1674). [EP t. 12, table giques dressées par lespine et leur grand chronologique au fol. 393} intérêt pratique. Nous vous proposons - Gaignières (collection), voir DlIpu)' aujourd'hui le relevé de ces tables. - La Force, 0121-1670). [EP t. 52, table EP = Fonds Périgord. chronologique des archives, au fol. 35} - Belvès, 0095-1674). [EP t. 12, table chro­ - La Force (château de): nologique au fol. 393} Premier recueil, 0121-1716). [EP t. - Bergerac (archives c01JZ1mmales de). Cahier de 15, table chronologique des archives, au fol. Bergerac, 0345-1675). [EP t. 14, table 127} alphabétique et chronologique au fol. 63} Deuxième recueil, 0295-1670). [EP t. - Biron (châteatt de), 0239-1764). [EP t. 15, 15, table chronologique au fol. 136} table chronologique au fol. 61} - La Roqtte-des-Péagers (châteatt de), (1189- - Biron (château de). [EP t. 51, table chrono­ 1670). [EP t. 15, table chronologique au fol. logique d'un recueil d'extraits des archives, 150} au fol. 142} - La Serre (château de). [EP t. 12, table alpha­ - Comtes de Périgord (table des Pièces contenms bétique au fol. 443} dam les tomes 245 et 246 de la collection - Limet/il, voir Sainte-Alvère Langmdoc (Doat). [EP t. 23, table chronolo­ - Losse (château de). [EP t. 12, table alphabé- gique au fol. 161} tique au fol. 443} - Doat (collection), voir Dtfpu)' - Nérac (archives de), (1226-1591). [EP t. 10, - Dt/puy, Gaignières et Doat (extrait des collec- table chronologique au fol. 231}. [Table

5 chronologique reprise au EP t. 23, fol. ll4} Archives de l'hôtel de ville, premier - Pat! (archives de). recueil, (1208-1640). [EP t. 50, table chro­ Premier recueil, 0081-1543). [EP t. nologique au fol. 1} 9, table chronologique au fol. 51}. [Table - Périgueux (évêché de), 0044-1717). [EP t. chronologique reprise au EP t. 23, fol. 119} 12, table chronologique au fol. 42} Deuxième recueil, 0244-1540). [EP t. - Peyraux (château de). [EP t. 12, table alpha­ 9, table chronologique au fol. 109}. [Table bétique au fol. 443} chronologique reprise au EP t. 23, fol. 128} - Saint-Amand-de-Coly (abbaye de). [EP t. 12, Troisième recueil, 0234-1516). [EP t. table alphabétique au fol. 443} 9, table chronologique au fol. 168} - Saint-Astier (chapitre de), 0013-1652). [EP Quatrième recueil, 0180-1542). [EP t. 12, table chronologique aux fol. 213 et t. 9, table chronologique au fol. 231} 218} Cinquième recueil, 0240-1548). [EP - Sainte-Alvère (château de), 0264-1732). t. 10, table chronologique au fol. 54}. [Table [EP t. 52, table chronologique des archives, chronologique reprise au EP t. 23, fol. 140} au fol. 70} Septième recueil, 0226-1587). [EP t. - Sainte-Claire (couvent de), 0220-17 31). [EP 10, table chronologique au fol. 166} t. 12, table chronologique au fol. 327} Huitième recueil, 0249-1579). [EP t. - Samsignac (château de), 0259-1685). [EP t. 10, table chronologique au fol. 214}. [Table 15, table chronologique au fol. 226} chronologique reprise au EP t. 23, fol. 147} - Terrasson (abbaye de). [EP t. 12, table - (château de). [EP t. 12, table alpha­ alphabétique au fol. 443} bétique au fol. 443} - Trésor des chartes et Chambre des Comptes, - Périgueux (registres de l'hôtel-de-ville de). 0172-1667). [EP t. Il, table chronologique Premier recueil. Extraits du Livre Jaune au fol. 91} et du Livre Noir, 0463-1635). [EP t. 13, - Vattclaire (chartreuse de), 0328-1522). [EP table alphabétique au fol. 83} t. 12, table chronologique au fol. 467} Deuxième recueil. Extraits du Livre du - Vicomtes de Limoges (table des Pièces contenues Comptable, dit Petit-Livre Noir, du Livre dans les tomes 245 et 246 de la collection Rouge, titres divers, 0217-1749). [EP t. 13, Languedoc (Doat). [E Pt. 23, table chronolo­ table chronologique au fol. 361} gique au fol. 161}

Bernard REVIRIEGO

liII Exemple d'écriture de Prunis.

II Exemple d'écriture de Leyde!.

6 BIOGRAPHIE

Notes sur le chanoine Lespine

Oui aurait l'intention de rédiger une me bornerai à souligner, à l'aide surtout de biograPtie aussi complète que possible du lettres reçues par Lespine, deux ou trois traits chanoine Pierre Lespine l se trouverait confron­ remarquables de la physionomie morale de 5 té à une masse imposante de documents divers cette hetlfte indivicltlalité périgottrdine • d'où émerge une correspondance abondante Quelques jalons biographiques ne 2 et en majeure partie inédite • Certains seront pas inutiles à ceux qui les ignoreraient auteurs s'y sont toutefois essayés et, à cet ou les auraient oubliés. Pierre Lespine naquit égard, l'article de Albert Dujarric­ le 7 septembre 1757 à Leyfourcerie, paroisse Descombes reste la meilleure synthèse;. Mais de , dans une famille aisée. Ses le plus grand nombre a dù se contenter parents attribuèrent à leurs enfants - c'était d'émettre le souhait qu'une vie sérieuse du souvent la coutume dans ce milieu tendant à personnage soit, un jour, écrite. Le dernier en se rapprocher de la noblesse - des noms de date l'a d'ailleurs fait dans la présente revue'. leurs terres. Pierre recut celui des Je me contenterai d'ajouter le même Colombiers. Après des études initiées à voeu pieux à ceux de mes prédécesseurs et Neuvic, puis auprès de son curé Jacques

• Pierre Lespine. AD 24. 8 Fi Portraits 1 - Pourquoi persister. 85. il l'appeler "l'abbé' Lt"spine», (oml11(" au Grand Sièclt", alors qu'il fut chanoint" il d("llX r("pris("s : tirulai­ fT avant la sion d("s honoraire Révolution?

:;: - Elit" occupe plu­ si("urs volul11("s du Fonds Périgord. Jai cu 1"

que la quasi-totalité du Fonds Périgord depuis, été '- mé(" et qU'l'lit" est consultable aux Archives départt"- mema]t"s d(" la Dordognt").

5 - BII/le/ill de !(/ S.fl.A.P. t. 1910. p. 511-535, sont énumùés les travaux antérieurs. Voir aussi R. Bouct, Le PÙ';glJrd (1/1 IClllll.! 5 - Ainsi l'a qualifié L l?.él'o!lIlioll Lanzac dt" Laborit", Diclif}l/lldirc "La Révolution cn pbiqlle:. Ddtaconcc.:pr, Périgord t"( 199·1, t. II ; noticc nO tion 1232. d'aprts nOCt"s ct cor­ r("spondanct"s inédites /1 - Esc/afcr d(" la Rodt" dt" J'abbé Lt"spine»_ (I~), ',Géné'alogistt"s dans l?.fl"//t' tic.( périgourdins", in O/NJlifj}/'! /\l,:woin:tlc/a ~lilkt 1895, p. nO -i, juin 199·i, p. liB.

7 6 Mauvillier, sieur Deshommes , il fut admis pas robins? On a surtout suggéré l'influence au Petit Séminaire de Périgueux, alors tenu exercée sur lui par tel ou tel de ses maîtres de par les Missionnaires). Il y fit deux années de la Mission de Périgueux. Quoiqu'il en soit, il philosophie suivies de deux autres de théolo­ est évident que sa vocation se manifesta de gie. A la suite d'un intermède de préceptorat bonne heure. à Bergerac, il reprit les études ecclésiastiques Durant son préceptorat à Bergerac - il 8 - qui le conduisirent à la prêtrise, reçue le 22 avait seulement dix-neuf ans - il prépara et par Pierre Lespine dcs décembre 1781. donna à l'impression une généalogie familia­ Colombies, 1777, 8 p. Cf. Bulletin de fil Il fut vicaire auxiliaire de trois pasteurs le qui témoigne à la fois de son intérêt pour SB.!!. 10, t.3, 1876, différents, mais toujours dans le même sec­ p. 439 ct Blllletill cllI une telle discipline et de la rigueur de sa Cerde d'Hùtoire et de teur, à Montpeyroux d'abord, jusqu'au décès méthodé. Généa!ogie d" Périgord. nO 31, p. 34-39, où du curé et à la nomination d'un successeur, On ne s'étonnera donc pas de voir, l'an­ j'en ai donné une ensuite pour quelques mois d'intérim à Issac, née suivante, l'inspecteur des Manufactures, copie intégrale. à Montagnac-la-Crempse enfin, où il demeu­ François de Paule Latapie, entendre parler, 9 -/lrchives Historiqms d" de ù, ra près de cinq années. par Monsieur de Biran, d'une collecte de t. 38, 1903, p. 472.

mars 1831 ; il avait alors 74 ans. cahiers de cours pour y déceler sa prédilec­ 1 1 Cf. A.D. 24, 2 J tion pour l'histoire. L'un d'eux était presque BB7 -B90, Contassot, op. cit. ct la thèse de Le travailleur acharné entièrement consacré à cette matière: cata­ Guy Mandon, Les Clfré.r dl! Périgord (tif logue des rois antiques, chronologie des évé­ XVIII' Jiècle. Ce qui frappe en lui, en premier lieu, nements du passé, résumé sur les comtes de Crmtriblltion cl t'étude est sa ténacité dans la recherche de docu­ Périgord, etc. On y trouve aussi des listes avec cartes, ments sur le Périgord et son travail acharné intéressantes de ses condisciples Il. Université de Bordeaux III, 1979. pour en faire de nouvelles copies dont il puis­ Durant son ministère sacerdotal, les Ces deux auteurs sc se tirer quelque parti. mêmes attraits continuèrent à se manifester sont penchés sur les études ecclésiastiques On s'est parfois demandé d'où lui vint chez lui. A Montpeyroux comme à dans le séminaire de ce goût pour l'histoire et la généalogie régio­ Montagnac-la-Crempse, il émailla les cette époque. nales. Les gênes familiaux ont été invoqués : registres paroissiaux de statistiques, non seu­ 12 - Je remercie Guy Mandon qui m'a obli­ nombre de ses ancêtres Lespine ne furent-ils lement en totalisant annuellement les actes geamment communi­ qué ses notes sur cette de baptême, mariage et sépulture, mais période de vicariat de II1II Dessin, sans encore en comparant le nombre de garçons Lespine. doute de Pierre Lespine, sur un avec celui des filles, celui des hommes avec 13 - Les lettres de ses de ses cahiers de confrères de l'archi­ celui des femmes. Il alla même plus loin en prêtré durant le classe. séjour de Lespine à A.D 24, 2E 1805/15. sériant les décès par tranches décennales. Paris SOnt particuliè­ C'était une démarche assez rare à cette rement intéressantes pour la connaissance l2 époque pour mériter d'être signalée • de la vic quotidienne du clergé périgord in On comprend que cette ouverture d'es­ et sa mentalité à l'au­ be de la Révolution. prit ait fait l'admiration de ses confrères et Elles mériteraient, à que sa renommée ait dépassé les limites de ce titre, une édition intégrale. Lanzac de l'archiprêtré de dont son bénéfi­ Laborie qui les a utili­ 6 - Pour tous les sées me semble parti­ ecclésiastiques cités, ce faisait partie. Les curés le consultaient à culièrement injuste je rappelle une fois tout propos13. Un de ses voisins, par exemple, pour l'un d'eux dont pour toutes, que t'on la violence de plume ne peut plus sc passer Jean Lagenèbre, curé de Saint-Julien-de­ lui paraît une excep­ du livre dc R. Bouet, tion à blâmer. Je ouvrage cité ci-des­ Crempse, le mettait au courant de litiges gage, qu'écrivant à sus. Voir aussi les Lespine, cc prêtre se articles de synthèse concernant des droits de corvée et de four savait entendu Ct que du même auteur dans contestés ainsi que de la validité d'un titre ses confrères n'au­ le Blflletill de !d raient pas supporté S.l-I./l.lO qu'un juge avait déclaré approcriphe. Il allait ces propos, s'ils ne les partageaient pas, du 7 - Contassot (Félix), même jusqu'à le prier de venir l'assister, avec moins en partie. l4 «La Congrégation dc toute sa compétence, lors du procès à venir • la Mission dc 14 - Fonds Périgord, Périgueux,), extrait Il en était ainsi - et surtout - pour les t. 102, f. 17l, 172, des /1 JlJwles de !a 173 ; la dernière de ICI gentilshommes qui le consultaient pour la lettre est du 21 mai t. 118, 1953. lecture de leurs titres familiaux et la mise au 1788.

8 22 point de leur généalogie. Le comte de deux mois , l'un et l'autre furent pour Périgord l'utilisa pour des recherches sur les Lespine une période fort enrichissante à titres de la baronnie de Beauville en Agenais divers égards. Si, comme tout bon provin­ et le comte de Mellet lui demanda de mettre cial, il prit plaisir à assister à quelque spec­ 15 en ordre son chartrier durant l'été de 1780 • tacle, il n'en courut pas moins les biblio­ Vicaire à Issac, il entama avec le marquis de thèques et rencontra des érudits. Montferrand, de Montréal, des relations C'est à Paris notamment, dans leur l6 étroites qui ne se démentirent jamais . A monastère des Blancs Manteaux, qu'il fit la Montagnac-la-Crempse, il offrit ses services connaissance des Pères Mauristes attachés à au marquis de Taillefer, de Grignols, pour lui la rédaction du Recueil des Historiens de France. dresser une généalogie dont il lui énumérait De retour à Périgueux, il adressa à Dom

III Lettre codée de Pierre Lespine dans sa jeunesse. A.D 24, 2E 1805/15.

quelques sources 17. Il avait déjà collaboré Clément ce que celui-ci qualifia de savant avec les Saint-Astier. Le marquis n'avait-il mémoire) en ajoutant que, s'il avait connu plus pas sollicité pour lui, et en vain d'ailleurs, tôt Lespine, il n'eût pas manqué de le consul­ 15 Bfl/letill de la auprès de Mgr GrossoIes de Flamarens, ter pour dresser la chronologie des comtes de S.l-I./l.R. t. 30, 1903, 1H p.425. évêque de Périgueux, la cure de Ladouze ? Périgord. Le religieux lui demandait en outre 16 Fonds Périgord, Le vicomte de de Bourzac, qui de débrouiller la parenté des divers t. 104, f. 418, 15 aoüt 1783, lettre venait d'assister à l'Assemblée provinciale de Archambaud, la généalogie des comtes datée de Montréal Tours ne l'engageait -il pas à solliciter la place d'Angoulême et de chercher des pièces même, et t. 102, ( 23 49. On sait que de greffier de cette institution 19 ? Combien inédites pour sa collection • Dom Brial solli­ Lcspinc logea à Périgueux dans une d'autres nobles que nous verrons corres­ cita de même les avis de Lespine et l'on sait maison appartenant au marquis. pondre avec lui par la suite n'avaient-ils pas que celui-ci conserva par la suite des rapports 24 déjà eu vent de sa réputation de feudiste ! avec les deux moines • 17 - A.D.24 ; 2 E 1835/1.32, lettre du On ne saurait donc s'étonner de voir Lespine avait déjà fait des visites à 18 septembre 1785 et Fonds Périgord, t. Lespine coopté chanoine de Saint-Front, le 4 . Il y avait consulté cartulaires et 10/t. F. 418, lettre de juin 1788. Le chapitre cathédral, fréquem­ archives ainsi qu'il l'écrivait, en 1785, au Lcspine du 25 aOlle 1783. ment en procès - souvent avec l'évêque marquis de Taillefer'). L'abbaye comptait

18 - Fonds Périgord, même - se félicita de faire entrer dans son encore à cette date quelques beaux esprits ; 22 - Bit/Iain de ù, t. 103, f. 451, lettre sein quelqu'un d'aussi averti. Si Mgr de S.H.AP., t. 15, du marquis, de mars on eut cependant recours à ses lumières. Le P. 1888, p. 197 qui en 1784. Flamarens se contenta, afin de féliciter le Joseph Bonet, par exemple, prieur-curé de donne des passages; le séjour alla du pre­ 19 - Fonds Périgord, nouvel élu, de lui écrire un billet très conven­ Pont-Saint-Mamet, l'invitait à une rencontre mier juin 1789 au 9 t. 100, f. 307, lettres aoùt 1789. des Il ct 17 octobre tionneP\ les confrères ne s'y trompèrent dans l'abbaye pour voir s'il s'y trouverait 1787. Le vicomte point. Un ami ne lui écrivait-il pas: Le cha­ quelque pièce concernant son prieuré'6. 2.) - Lettre publiée avait prêté à Lespinc dans le B"lIetin de /(/ deux livres: le 7h,ùé pitre VOZtS confiera ses papiers. Ne VOltS brouillez Quant au P. Joseph Prunis, le plus brillant s.H./l.e. t. 13, p. 54 tles MOJlJldies de Le et Fonds Périgord, t. Blanc et L'ilr! de dri­ pas avec tous les gens comme il faut de Périgueux. des chanoines du moment, il lui envoyait un 100, f. 521 Ct 523, jier IeJ da/es, touS deux Ces recherches peltVent entraîner beattcottP de dis­ mémoire et ajoutait : Il me tarde de me lier de lettres des 10 sep­ miles pOUf ses tembre ct 28 recherches. Clissions. Vims êtes chanoine) il faut songer à travaux avec VOlt/: . C'était lm pm tard! décembre 1788. qztelqtte chose de mieux et il vaut mieltx mltiver En effet, les événements révolution­ 24 - Fonds Périgord. lettre dll H septembre des connaissances que de se les attirer à doP. naires s'étaient succédés. Le chapitre cathé­ 1790. Dès que Lespine eut terminé sa «rigou­ dral allait, lui-même, disparaître. Et il ne 25 - A.D. 2i. 2 J l'io/t/ble a/f({chemCll! reuse» - ainsi appelait-on le temps où un serait pas dans les vues de Lespine d'entrer ns. ( .. J. Lettre du 26 juillet 1788. nouveau chanoine était astreint à la résiden­ dans le clergé constitutionnel ; son avenir 26 - Fonds Périgord. ce et à la participation aux offices canoniaux était donc incertain. Or, malgré ces circons­ t. lOO. lettre du 26 21 - Fonds Périgord, janvier 1790. t. lOO, f. 413. Lettre -, Louis d' de Vaudre lui proposa tances, des confrères ne cessaient d'avoir de Cazenave, de 27 - Fonds Périgord, Montpeyroux, du 22 de venir avec lui à Paris. Si l'on en croit le recours à lui comme si tout devait continuer t. 10.ô, f. 312, lettre juin 1788. journal inédit de ce voyage et de ce séjour de sans heurt ou revenir sans coupure. dll 25 mars 1791.

9 Le curé d', par exemple, Louis Mourçin ou un Saint-Astier, qui firent la 35 Desvaux, lui écrivait: Si VOttS aviez cette semai­ trame de sa correspondance ultérieure . ne une heure de loisir, je vous serai bien obligé de vouloir m'envoyer ce que vous en savez [de sa i'ami fidèle paroisse} avec même les chartes si possible. Je rece­ vrai aussi bien volontiers vos réflections tendantes Un second trait marquant de la phy­ à relever cette paroisse et la faire prendre en comp­ sionomie de Lespine me paraît être sa gran­ te par Messieurs dt! départemenfs. Ou encore le de disponibilité. N'est -elle pas la meilleure curé de Brantôme, Antoine Lacoste : Je preuve de l'amitié ? Celle de Lespine était prends la liberté de vous prier de jeter un coup proverbiale. Elle ressort déjà vivement de d'oeil sur les titres qui vous seront présentés par le toutes les lettres ci-dessus évoquées. Mais Monsieur porteur de la présente. Nous voudrions elle apparaît aussi dans les réponses qu'il bien savoir azt jttSte ce que c'est que ces vieux par­ donnait à des requêtes d'un intérêt plus chemins, si VOttS voulez avoir la complaisance d'en terre-à-terre que l'histoire. Il est vrai que donner lecttlre à ce Monsieur, vous soulageriez Lespine s'offrait souvent lui-même à y beaucoup nos yeux que nous y perdrions pettt-être à répondre. 29 pure perte • Heureux temps où les nouvelles Cazenavë ayant marié sa cuisinière à municipalités n'avaient pas encore dilapidé son tonnelier -on notera les possessifs- lui leurs trésors ! demandait, par manière de plaisanterie, de Qu'on en juge donc, les bouleverse­ lui en trouver une autre jeune et jolie. Le curé ments révolutionnaires eux-mêmes, contrai­ de Saint-Julien-de-Crempse, Jean rement à ce que l'on aurait pu en attendre, Lagenèbre, le priait de loger un jeune ne ralentirent en rien le zèle de Lespine. Il en homme dans une maison lui appartenant à 3 fut de même durant ses dix années d'exil Campagnac ) • même s'il avait dû laisser ses livres et manus­ Jusqu'où n'allait pas la complaisance crits en Périgord. de Lespine ? Le curé de Campagnac, lui­ Louis d'Hautefort, qui l'appréciait même, Férréol Cuinat, écrivait : Je VOttS seray beaucoup, lui offrit de venir rejoindre sa bien obligé d'avoir la bonté de prévenir Monsieur famille en émigration. Malgré des déplace­ Thottret ou à son deffattt Monsieur Pressac de me ments dont un journal- lui aussi inédit - rela­ tenir prête une belle, jolie, bonne et solide montre 30 te les péripéties , Lespine ne cessa de s'inté­ d'or ... je seray bien aise qu'il y en eut deux Ott resser à l'histoire et, tout spécialement, à l'ha­ trois pot/r choisir ,. je veux la boîte noire et le giographie périgordine. Il en profita, au cadran marqué en chiffre romain ... je ne vottdrai contraire, pour solliciter l'aide de nouveaux pourtant pas de ces grandes plattes comme j'en ai chercheurs. De cette période mouvementée, Vtt qltelqttefois3s. il reste surtout, de sa main, deux longues Alors que Lespine se trouvait à Paris, lettres adressées à ce sujet au R.P Ghesquière, son archiprêtre, Pierre Grellety, eut plusieurs abbé prémontré, dont l'ordre avait pris la fois recours à ses services : Je VOltS prie de faire suite des Pères jésuites Bollandistes l1 . Les l'acquisition dtt Dictionnaire des Hommes 35 - A moins que, là réponses de ce religieux, en ce qui concerne illmtres ... portant pottr éPigraphe Mihi Galba ... je aussi, des lettres aient l2 disparu. J'en relève saint Front, sont connues . De même, nous le veux bon marché de la dernière édition et qui soit une seule dans le 28 - Fonds Périgord, avons une lettre du P Ernst, moine d'Afden, bonne comme pour vous et l'ouvrage relié. Je crois Fonds Périgord, e. t. lOO, lettre du 26 102, f. 299-303 où janvier 1790. sur les lacunes de la liste épiscopale de qu'if y a actuellement huit volumes in quarto. Peut Léonard de Larouverade, ancien 29 - Fonds Périgord, Périgueuxll, celle d'un moine de Saint-Blaise être celui qui vous remettra cette lettre pourra s'en confrère chanoine t. 102, f. 82 ; lettre avouant un constat négatif à la suite de charger mais ne vous pressez pas si VOltS croyez devenu curé de mars 1791. d', interroge recherches du même genre ; celle de l'abbé faire lm meilleur coup. Je ne vous envoye pas les Lespine sur sainte 30 - BI/lletin cie 1<1 Constance et sur une S.HA.P.. t. 41, 1914, Lamey expédiée de Mannheim et concernant quarante livres que pourra VottS coûter au plus cet énigmatique «école p.401-402. 34 d'Excideuil». des inscriptions funéraires • ouvrage espérant que vous en Jerey l'avance sans 31 Bibliothèque Si son zèle semble s'être ralenti vous gêner. Je vous rembourserai de suite. 36 - Fonds Périgord, Albertina, Bruxelles, t. 100, 12 novembre où j'ai cu le plaisir de quelque temps par la suite, il faut l'attribuer Plus tard, le même confrère lui deman­ 1784. Il en existe les copier intégrale­ d'autres du même ment. à l'éloignement du pays et de ses documents, da de vendre ou faire vendre deux boucles correspondant ; ce peut-être aussi à la perte de quelques lettres. d'oreille achetées chez le joailler de la reine 1800 nom ne figure pas, 32 - Fonds Périgord, sauf erreur, dans R. t. Hl!, f. 304, lettres Mais, dès son retour en France, après que ses livres, deux épingles et deux bagttes à diamant Bouet, op. cie. Il ne des 16 aoùt et 28 sep­ s'agit donc pas d'un tembre 1793. élèves, enfants de Louis d'Hautefort, eurent 900 livres. Ces transactions furent parfois dif­ ecclésiastique.

33 - Fonds Périgord, trouvé un parti, Lespine reprit ses travaux. Je ficiles. Quelques semaines plus tard, l'archi­ 37 - Fonds Périgord, t. 101, f. 3'04, lettres ne le suivrai pas dans cette dernière période prêtre écrivait: Si avant votre déPart de la caPi­ t. lO2, f. 171-172, des 16 aoüt et 28 sep­ lettres des 23 et 28 tembre 1793. de sa vie où ce qui avait été jusque là un inté­ tale vous ne pouviez tirer un parti honnête des octobre 1787.

34 - Fonds Périgord, rêt personnel, puis un amateurisme éclairé, effets dont vous avez bien voulu vous charger je 38 - Fonds Périgord, t Hl!, f. 216, lettres devint dès lors une profession. Je me conten­ vous prie de les remettre à la dame que je vous dési­ t. 103, f. 188 s.d., du 29 août 1793 ; cf. voir aussi le t. 100, aussi B!flletin de la terai de relever que les demandes de ses gnai. Et, de nouveau, une commande de lettre du 25 mai S.H.A.P.. t. Il, p. 1790, où le même 355, lettre du 27 confrères se sont taries, au contraire des livres : Je vous prie de me procurer le cinquième charge encore Lespine août 1793. échanges avec, par exemple, un Taillefer, un tome de l'Histoire Ecclesiastique de Fleury de de commÎssions.

10 tidJal/x qlt'il VOltS a plltS de m'envoyer avec la pll/S grande promptitude." je crois que j'en ctltrai assez même en en faisant par à la maison des Paqms qlli m'en avait demandé-i!. Pierre Verdenaud, curé de Manzac, ancien voisin lui aussi, souhaitait lui voir faire quelques visites à de siens amis parisiens GÉNÉALOGIE et s'enquérait encore si l\spine ne pourrait 1 pas faire quelque commission pour lui '. Les confrères chanoines -comme on DES LESPINES pouvait s'y attendre- profitèrent eux aussi du séjour parisien de lespine pour quêter quelque service. Jean-Baptiste Duclaux lui DE LEYFOURCERIE écrivait: Me rappelant avec plaisir et reconnais­ sance vos offres obligeantes, j'ose VOliS charger d'lfm ET DE LINSEUL: commission". VOltS prier de rendre visite à lvIonsieltr le suPériettr de Saint-Nicolas, me Saint-Victol:.. le prier de VOliS donner coPie slfr Recherchée & I11Îie au Jour par paPier COIlZ1JZlm des Lettres patentes dt/ roi concer­ PIERRE LESPINE des Colombies nant lme chambre de travctil- établie ... Sltr la paroisse Saint-Nicolas et de demander amsi s'il y L'AN 1777, a qttelqtte règlement séparé pour le gOltVernement de cette chambre';!. Le chanoine Francois Jourdain deman­ dait à lespine, de la part de Monsieur PRE F ACE. Desfarges du Meynot, autre confrère, et du

N tirant ma Gl\néalogie, je n'ai cu d'autrc but quc ma chapitre entier, de voir Momieltr l'abbé de proprc fatisfaetion: l'objet que jc mc propofc n'intércITc Richemont notre grand archidiacre et cie 11li Eaucunement le public; s'il rcgarde èet ouvragc avec un œil demander de VOltS confier le mémoire q!le le chapitre de eritiquc, je regarde fa critiquc avec un œil d'indiffércnce; lui avait envoyé P01l1' com1Jllmiqlter à Momeignet/1' lc caractère de vanité ou d'inutilité qu'il peut lui attribuer notre évêqllC lors de l'assemblée dtt dergéi-i. nc Ille touche point : ma euriofité feulement m'a induit i. fouiller dans les monulllcnts de ma maifon pour rceueil­ Le chanoine Léonard de larouverade IiI' cc que la fureur des gucrrcs .:; l'injurc des tcmps n'ont est celui qui le sollicita le plus ; Lagrctve VOliS encore pu cffaccr, & pour réunir plufiellrs fragmens de remercie, dJer abbé, des soins qllC VOliS VOliS êtes titrcs épars, qu'une longuc fuitc d'années avaicnl difperfés: donné pOlfr la commission. Il trollve le prix des la diITiculté quc j'ai trouvée à en faire la réunion a failli livres trop { . .}. Il priera l'abbé de Bossu, acctclé­ Ille rebuter au eomlIIeneelllent de mes recherches; mais les déeouvertes que j'ai faitcs depuis ont rempli en partie mon micieJZ, de les ùIi acheter d'hctzard: si cependant pl'Ojct, & m'en ont fait défirer l'aeeornplilfement. VOliS les aviez déjà, il VOltS prie de les reteni1: Il ajoutait des commissions pour la marquise de Qlloique je n'aie pas de Mémoires certains pour fixer Saint-Astier et Madame de Bouillon. Puis : l'époqlLe de la /éparatùm des brarzdzes de LeY/Ollrcerie & de Lillfeul, cepclulaTll j' ai liet~ de conjecturer qu'elle le Tachez de repasser à l'hôtel de la 'Hémo/tille pottr la fit environ l'an 1450. petite rente du chapitre. Solt1lletes-VOIIS allX forma­ lités nécessaires mais n'allez pas sm' vos jambes pour cela, prenes lm bon sapin qtte le dJapitre payera cOJJZme de raison. Informez-volIS". qt/el est le ministre qui a dans son département la direction de III AD 24, A 1333. l'édition in-12 si VOliS la trottvez dJez les bOltqtti­ la loterie de piété dont ltJze partie du profit s'appli­ :î l Fonds Périgord, 3Y r. f. 317 Ct (. nistes • quait attx besoins des cathédrales. Informez VOltS de 105, 292: celle-ci du 21 avril 1789. R. Fronton Fayolle, ancien curé de Saint­ même qttels sont les meilleurs et plltS habiles avocats BOlier le donm: à Laborde; op. ci(. ; t. Pierre-de-Chignac, lui demandait aussi de dam les matières féodales et prenes let/r adresse. 2, norice nO 992. placer deux jeunes filles ait service d'une dame Taches de savoir d'et/x toutefois par consultation I{? Ponds Péri {Tord Olt at/près d'lm couvent';o. verbale". si le chapitre eJl aliénant la haute justi­ (.-104, f 74/j ;lcttr~ François lastorde, curé de , ce de ses terres et fiefs ne pourrait pas retenir toutes du 30 mai 17H9. ancien voisin de Montagnac et ami confiant : ·~3 Fonds Périgord. ses mOltVances féodales et tOItS ses droits de fiefs ainsi t. 101, 12 février Je vais VOltS donner tme commission qlti, autrefois, qu'il a fait dam la paroisse Saint-Front vis-à-vis 17H9. Personnage intéressant Ct bienfai­ 39 Fonds Périgord, n'aurait été rien mais qui, alqoltrd'htl)', VOltS don­ de la comJJZtmattté de ville. Et, plltS tard: Le cha­ sant du Périgueux t. 101, lettre du 30 d'alors. Scptcl11brc 1708 t. nera peut-être ltne peine illutile, c'est de m'envoyer pitre vous remercie". de la commission que VOltS 101, lettre du une once de graine d'artichauts qui sont entière­ avez bien voulu faire pottr ùti-i5. 44 - Fonds Périgord, avril 17H9 :t. 102, f. t. 101, 21 février 315. lettres des') jan­ ment perdlls dans le canton et il ne m'a pas été pos­ Le curé d'Agonac, Louis Desvaux - 1789. vier Ct 27 mars 1789. sible de m'en promrer à Bordeaux. Cette demande, nous l'avons déjà rencontré- lui rappelait: Je :1 5 - Fonds Périgord, :îO - Fonds Périgord, du moins, fut exaltcée : V!JIfS sentez bien, mon cher t. 105, f. 297 : t. 101, lettre du 1er n'ai point oublié qu'il)' a environ dettx mois VOltS lettres des mars et février 17H9. ami, que je veux vous remercier de la graine d'ar- voult/tes bien me promettre des remeignemeJlts sur 20 juillet 17 H9.

11 l'Ancien état d'Agonac, sur les faits les plus Quant au futur chanoine, il avait remarquables qui s'y étaient passé qui {.. ,J l'en­ vingt-cinq ans et venait d'être ordonné 6 droit considérablé , prêtre quelques mois auparavant. Etant l'aî• Son ancien maître et curé de Vallereuil né de neuf enfants, dont la plus jeune, le consultait sur la conduite que je dois tenir pour Catherine, avait six ans seulement, il lui le for intérieur vis-à-vis des personnes qui ont incomba de prendre les responsabilités d'un brûlé bancs et chaises sans ordre et pouvoir et de me chef de famille. Il les assuma pleinement. décider si je dois obliger par le refus des sacrements Son affection pour sa mère ne se démentit les coupables à desdomager ou à remettre les choses jamais. Il ne manquait pas, dans toutes ses dans leur premier état et s'il n'y a pas une esPèce lettres, d'en demander des nouvelles ; les 47 de sacrilège , lettres reçues par lui en retour en témoignent Pierre Laporte, curé de , solli­ abondamment. Son attention allait jusqu'au citait l'appui de Lespine auprès de quelque plus petit détail, comme la plantation de bonne maison pour y placer son frère en qua­ fleurs ou l'envoi d'un choix de confitures". lité de régisseur : Mon frère est praticien et Que ne dut-il pas ressentir lors de leur sépa­ arithméticien ayant étudié quatre ou cinq ans chez ration? On peut conjecturer que ce fut pour 48 les notaires ou avocats , lui une grande peine. En émigration, il reçut Le retour d'émigration de Lespine ne un billet qui, bien qu'il parût ne pas lui avoir fit point cesser les consultations, surtout été adressé directement, lui donnait des nou­ celles de ses confrères chanoines : Martin velles de la maisonnée'6. Et quelle douleur Ladoire de Chamizac le consultait au sujet pour lui de ne pouvoir assister sa mère dans d'une nomination éventuelle à un canonicat ses derniers instants puisqu'elle décéda le 8 qu'il souhaitait obtenir ainsi que la pension, mai 1799, à 65 ans, avant son retour en 49 pourvu qu'il ne soit pas assigné à résidence . France'7. Un des deux frères Dumaynot s'inquiétait de Sa sollicitude se manifesta de même la liquidation de sa pension en précisant que envers chacun de ses frères et soeurs. Vicaire 5o Ladoire de Chamizac avait reçu la sienne • à Montagnac-la-Crempse, il y avait marié, le Un autre confrère, Jacques Faure, curé de 14 avril 17 88, son cadet, François dit Pinier, Neuvic, s'inquiétait de la façon dont il pour­ avec une jeune fille de la paroisse. Il est diffi­ rait récupérer son mobilier saisi sous la cile de douter qu'il ne se soit entremis lui­ Révolution et qu'il évaluait fort cher'l. même pour réaliser cette union. est avec ce e 55 - Cela ressort des Et les demandes ne cessèrent d'affluer frère, qui gérait leur domaine, que Lespine lettres de son frère Lafon. L'édition de la même lorqu'il fit de Paris son séjour définitif: partagea le plus les soucis familiaux. Lorsque correspondance de celui-ci est cn prépa­ Representes-vous un pauvre diable comme moi la part du chanoine fut saisie comme bien ration; on ne donne­ 5s tiraillé dans tous les sens. L'un me demande un d'émigré, c'est Pinier qui la racheta • ra donc pas ici les références à chacune extrait, l'autre me charge d'une recherche, un e est aussi Lespine qui maria à de ses lettres. autre m'apporte un manuscrit, un titre qu'il ne Vallereuil une soeur cadette, Jeanne, avec 56 - Il s'agit d'une Note slIr la famille de 46 - Fonds Périgord, peut déchiffrer de sorte qu'il m'arrive souvent de ne Pierre Aujoy, maître chirurgien de Saint­ Lespine... que l'on r. 101, lettre du 18 savoir qui entendre ni à qui réPondre52, Léon-de-Grignols, le 29 janvier 1788. trouve dans le Fonds octobre 1790. Périgord t. 105, f. Et quelques années plus tard, par Mais le plus grand bénéficiaire de ses 252. Comme on y 47 - Fonds Périgord, donne des nouvelles r. 101, f. 48 ; vers exemple, encore :Je viens de recevoir. .. une lettre attentions fut, sans contredit, un autre cadet, de la santé des Pâques 1790. de Madame la marquise de Lostanges ... qui me prénommé également Pierre, dit Lafon. membres de la famil­ le cn insistant sur ce 48 - Fonds Périgord, charge d'aller réclamer de sa part ... ce ... rouleau Celui-ci désira suivre les traces de son aîné et point, ce nc peut être r. 102, f. 248 ; lettre qu'une façon de ras­ du 2 septembre que par une fatalité inconcevable vous n'avez pas entra au Petit Séminaire de Périgueux. Il surer Lespine. Cette 53 1790. • note doit se situer encore reçu signa, comme témoin, les actes de mariage vers 1797. 49 - Fonds Périgord, Arrêtons là ces exemples. Lespine eut de Pinier et de Jeanne en se qualifiant d'étu­ r. 100, lertre du 30 57 - Son décès eut janvier 1803. encore devant lui de nombreuses années diant en théologie. lieu le 18 floréal an VII, à Vallereuil. 50 - Fonds Périgord, pour confirmer cette disponibilité. Mais les A compter de 1789 nous conservons de Lespine en a noté, de r. 100, lettre du 20 témoignages ci-dessus évoqués suffisent à celui-ci une quarantaine de lettres adressées sa main, la mention mars 1804. dans sa généalogie montrer par leur nombre et par leur diversi­ à l'un ou l'autre de ses aînés. Elles nous font imprimée. 51 - Fonds Périgord, r. 101, lettre du 7 té combien il souhaitait faire plaisir à tous connaître le parcours d'un clerc périgourdin 58 - Pinier eut deux juiller 1806. filles : Catherine, née autour de lui. à travers les événements révolutionnaires et le 28 janvier 1789 et 52 - A. D. 24, 2 J nous font mieux sentir les liens étroits de sa Anne, née le 27 mai 778, 15 novembre 59 1790, toutes deux à 1811. Le parent affectueux famille • Leyfourcerie. Fonds Périgord, r. 105, f. 53 - A. 0 24, 2 J Durant le séjour de Lespine à Paris, 252 : Le frère aîné a 778, 20 seprembre Nous en arrivons au trait peut -être le c'est vers Pinier que Lafon se tourna et ses sOllmissionné et acheté les 1814. biens de l'abbé absent et plus mal connu mais sûrement le plus atta­ lettres contiennent, entre autres, des nou­ les a sOllstrait ainsi ail 54 - ]' ai feuilleré les pillctge général. Pinier, actes de décès de chant de la personnalité de Lespine. velles du chanoine ; c'est la preuve qu'il en veuf, survécut à son Vallereuil et constaté recevait lui-même directement. Pour une rai­ aîné et décéda à 79 que Jean-François Son père, Jean-François, fut inhumé ans, le Il février Lespine est le seul dans le cimetière de Vallereuil, le 19 juillet son peu claire, Lafon ne put rester à 1842. pour lequel un tel témoignage a été 1782, en présence de toute la paroisse; il avait Périgueux pour l'année scolaire 1789-1790. 59 - Voir note 55 ci­ relevé. environ soixante-six ans'4. Il fut admis, sur le conseil et, sans doute, la dessus.

12 III Lettre de Lespine au marquis de Saint­ Astier des Bories. AD 24, 2J 742.

recommandation du chanoine, au séminaire Vint pour le jeune Lafon l'époque des Saint-Charles de Poitiers. De ce seul séjour ordinations et donc de démarches à effectuer nous restent une douzaine de lettres allant en Périgord dont il s'inquiéta depuis Poitiers: du 4 février 1790 au 23 décembre 1791, y a t'on établi son titre clérical? Y a-t'il eu adressées à son cher et tendre frère. A côté de publication à l'église? L'évêque a-t'il envoyé formules affectueuses, dans le langage les lettres dimissoires ? sophistiqué et sensible du temps, reviennent Après avoir été retardé une première des demandes incessantes de monoye, tantôt fois, Lafon dut aller à Angers pour y recevoir pour les frais du voyage, tantôt pour une le sous-diaconat. Cela donna lieu à de nou­ soutane, pour les pactes de la pension, pour velles dépenses : pour les lettres de tonsure et des livres, etc. Il quémandait encore une des ordres mineurs, pour le voyage aller et paire de bas, de l'étamine de la maison, un retour, pour les ornements et le cierge, mais nouveau chapeau, une culotte, etc. encore pour la location du cheval ainsi que

13 : ,.,. j; •. ' . log·

III Manuscrit de Lespine sur l'his­ toire du Périgord, avec des note per­ sonnelles sur l'ab­ baye de Boschaud. AD 24, Mss 32.

14 pour un manteau, une culotte et des bottes et de plus graves, durant l'émigration de pour chevaucher. .. celui-ci. En définitive, son frère était, pour lui, Le chanoine avait à s'entendre avec le modèle, le conseiller et le recours, qui lui fit, Pinier pour régler les dépenses de leurs frères un temps, malheureusement défaut. mais il devait aussi prélever sur sa propre Le garçon né après Lafon fut aussi pré­ bourse. Et même si Lafon, pour s'excuser, pro­ nommé Pierre, dit Lagrave, afin d'éviter les mettait de leur en être reconnaissant dans confusions"!. Volontaire aux armées, il ne l'avenir, il est clair qu'ils le faisaient à fonds paraît point avoir eu autant recours à Lespine perdus. Par ailleurs, c'est toujours à l'aîné que que Lafon. revint le soin de faire toutes les démarches Le quatrième garçon, François, dit 6 utiles, notamment auprès de Mgr de Cluseau ', fut, en revanche, celui qui quéman~ Flamarens qui, vivant à Paris depuis son échec da le plus, après Lafon, la bienveillance du lors de l'assemblée du clergé, mettait quelque chanoine à son égard. Lui aussi volontaire, obstacle à l'entreprise de Lafon. puis revenu au pays, il se plaignait que la Celui-ci avait toujours difficilement sup­ guerre eût interrompu ses études et sa carriè­ porté l'éloignement du foyer natal. En outre, re. Il n'aurait reçu en partage avec Lagrave il tomba malade à Poitiers et préféra revenir que la mauvaise maison de Vrtllerel/il qlli tombe en pour se reposer à Leyfourcerie. Ce retour alar­ rl/ine. Il désirait que son aîné le recommandât ma son aîné qui s'enquérait toujours de sa comme homme d'affaires auprès de quelque santé dans ses lettres et lui conseilla le repos dame. Plus tard, il écrivait à nouveau: Toutes en plusieurs circonstances. Ce fut l'occasion mes VIleS se portaient à contin1ler la chirurgie ... ne d'une lettre touchante: faisant ici rien de bien pOlir moi; tout tOllrnellt rtU Je mis venu aldol/d'hui de cinq liems à Périgltel!x, contrrtire rtlt profit de Lrtfon qui ne marque pas d'en guidé par la seule impatience de recevoir de tes nOl/­ rtvoir gremde obligrttion. Il sollicita quelque aide velles, mon cher frère, JJlais j'ai el! la doltlelll' d'en matérielle pour s'établir dans une maison être privé comme il est arrivé tant d'atttres fois. Je proche de leurs biens familiaux de Grignols. Il suis très perslladé qm la maladie t'empêche d'écrire eut des vues sur la soeur d'un notaire, mais il et j'en sttis très C!jjligé 1Jletis il faudrait charger qIleI­ s'avouait mrtl vêtit ; n'allait -il pas en habit de qlt'lm de cette commission et .le serais rasséréné. Je dJasse faltte de miel/x? Il essaya bien de s'occu­ n'insiste pas davantage sur les reprodJes ; peut-être per de l'éducation de ses nièces, mais il se plai­ es-tl/ dam lm état à ne pas devoir en recevoi;: En gnait encore tantôt d'avoir peu de temps à tOItt cas, j'écris à Pinie/; .le le dJe/rge cie correspondre leur consacrer, tantôt de parler français settle­ avec toi et de t'envoyer l'argent nécessaire poItr la ment lorsqm .le lmr fais lrt drtsse. Entre temps, la roltte. Il pourrait même t'eJZvoyer dJercher à MrtreJIil demoiselle qu'il comptait épouser s'unissait à 01/ à Larochebeal/court. Ecris-lui directement Prtrce un autre et, même s'il n'en avait aucun regret qm .le vais m'absenter pOltr quelql!e temps et les car elle buvait, sa situation était toujours lettres éprollveraient du retardement. Ne t'expose pas instable. En 1807, il sollicitait encore le cha­ si tll n'es PrtS en état de voyager ; laisse rez1enir tes noine pour se faire recommander au sujet forces. Je tremble sur ton état. RaSSI/re-moi al/ pù/­ d'impôts qu'il avait à acquitter. Trois années tôt ... Ttl dois rtvoir refIl les 108 livres qm .le t'ai plus tard, il harcelait encore Lespine si l'on en 60 envoyé par la messrtgerie • juge par cette lettre à Wulgrin de Taillefer, De retour à la maison, Lafon, comme il datée du 8 décembre 1811 : l'avait fait chaque année durant les vacances Je reçois drtlzs l'instrtnt I/JZe lettre très pres­ pour ne pas être à charge, chercha en vain un srtJZte de mon frère le plllS jeune qui avait fait ltIze préceptorat. En désespoir de cause, il se mit prtrtie de ses études rtvrtnt lrt Révolution et qlli les à enseigner aux enfants du voisinage. Cela ne plrtJZtrt là pOlir rtller servir SOllS les drc/pertllx de la ralentit point ses demandes à Lespine : un Républiqm d'hettrellSe mémoire ,. il désirerait bonnet carré, une ceinture, un bréviaire, un aldol/rd'hl/i entrer dam les Droits-Réunis J1Zrtis chapeau (qui n'alla jamais bien et fit l'objet comme .le ne connais ni lVIonsieltr cie La Boissière de plusieurs lettres), un fer à friser et des ni al/Cltn de ses aboJttissants .le m'adresse rtvec épingles pour ses cheveux longs, des livres de confiance à VOl/S, mon cher ami, POlli' savoir si prtr classe, etc. VOltS Olt vos amis, VOltS pourries lui rendre quelqttes Là s'arrête la correspondance avec son service dam cette circonstrtlzce. Le sldet ne mallqtte aîné. Mais elle reprit avec Pinier lorsque Lafon pas de dispositions et j'ai honte de lui voir prtsser vint à Périgueux, en 1792, pour se faire sa vie dans la lZullité comme les êtres qui ne sont 6 61 Pierre Lespine, ordonner prêtre par Pontard, devenir vicaire bo7ZS à rim '. Il ne semble pas que Taillefer ait dit Lagrave, naquit le général et directeur du séminaire. Ayant prêté réussi dans sa démarche. Cluseau demeura 9 f~\'fier 17 7 L les divers serments et abdiqué la prêtrise, il propriétaire agriculteur à Leyfourcerie. 62 - François Lespine, revint à Leyfourcerie et, le temps passant, Lespine, qui avait quitté le Périgord en dit naquit le 60 Fonds P~rigürd, lettre du d~but de reçut le pardon de toute sa famille. De même novembre 1791 avec quelque regret y revint 63 - BII//. de /" SU/Il'. J 790. C'est la seule qu'il avait commis quelques erreurs durant le de temps à autre. Il passa l'été 1802 à t. 3, 1876, lettre connue de lettre du 1) Lespîne à cc frère. séjour parisien de Lespine, il en avait commis, Vallereuil à son retour d'émigration. En 1811 à Taillefer.

15 1818 il demeura quelque temps au château relèveraient plutôt d'un genre littéraire des Bories. En 1820 il remplit, chaque conventionnel. dimanche, à Vallereuil, les fonctions ecclé­ Et l'époque pré-révolutionnaire qui siastiques de la mi-août à la mi-octobre. Il permettait les plaisanteries sur la religion n'y vint pas toutefois aussi souvent qu'il l'eût n'admettait pas l'expression d'un attache­ souhaité : Sans la longueur et les frais du voya­ ment profond. Lespine n'est pas une excep­ ge j'aurais été tenté d'aller comme l'an dernier en tion. Sur les nombreuses lettres d'ecclésias­ Périgord mais le voyage est trop long et mon tems tiques qu'il m'a été donné de copier, je n'ai 64 trop court • Certaines années d'ailleurs, en relevé qu'une note de piété: encore s'agis­ 1814 par exemple, il ne put prendre de sait-il de la mort et de la préparation néces­ vacances, tenu qu'il était à remplacer des saire à celle-ci. 65 collègues • En 1822, il eut une sorte d'at­ Nous en savons davantage sur ses sen­ taque qu'il prit comme le premier signe de la timents politiques. Il est faux de répéter, vieillesse et qui, bien qu'il résolut d'en trai­ comme il a été dit, que Lespine usa de la par­ ter les effets comme des rhumatismes, dut ticule seulement au retour d'émigration. ralentir ses déplacements. Mais il ne faut pas voir là un signe suffisant. Il ne cessa, en tour cas, de solliciter et La fréquentation des nobles, qui lui fut de recevoir de ses correspondants des nou­ reprochée dès les premiers troubles, montre velles de sa famille et de ses nièces, filles de assez de quel côté il penchait. On relève ici Pinier. L'aînée, Catherine épousa à 18 ans, le ou là des phrases ironiques sur la Révolution. 11 août 1807, Pierre Courtois-Dumaine et Il restera en correspondance sous l'émigra­ la seconde, Anne, s'unit à 24 ans, le 26 avril tion avec l'évêque légitime de Périgueux et il 66 1815, à Gui Crabanat • avait connu aussi, le futur évêque Le curé de Vallereuil, Pouyadou, lui Monseigneur de Lostanges. Lespine était annonça lui-même le décès de sa belle-soeur, résolument conservateur et royaliste. Sa épouse de Pinier (et non celui de sa mère lettre du 12 juillet 1815 révèle son enthou­ comme il a été écrit), Catherine Mignot, sur­ siasme au retour du Roi après les Cent jours venu le 27 juin 1814, à l'âge de 56 ans. On et sa joie du départ de Bonaparte qui avait, 7 connait la réponse reconnaissante de Lespinë • écrit-il, fait un mal affreux. Les exemples évoqués suffisent à mon­ Il est évident que Lespine est trop mal trer l'intérêt et l'affection pour ses parents connu. Le Bulletin de la SHAP lui-même, dont Lespine multiplia les preuves. Il est après l'avoir fait connaître par ses notes et ses intéressant de souligner que ses cadets et lettres, s'est essouflé à son sujet après son cadettes en devinrent les bénéficiaires dès 51 ème numéro. Et ce ne sont pas ces quelques qu'il entendit assumer ses responsabilités notations qui suffiraient à compléter son d'aîné de la famille. portrait ni son oeuvre. Lespine a énormé­ ment écrit : J'ai la main extrêmement fatiguée Ma conclusion sera triple du grand nombre de lettre que jai ~crites pour pro­ 64 - A. D. 24, 2 J 742, lettre du 24 sep­ fiter du déPart du fils de Monsieur de Tessières tembte 1819. En premier lieu on m'objectera qu'il avouait-il le 8 octobre 1811. Non seulement 65 - A.D. 24, 2 J 778, 20 septembte eût d'être question dans cet article, s'agis­ les lettres qu'il reçut sont insuffisamment 1814. sant d'un ecclésiastique, de ses sentiments exploitées, mais de celles qu'il envoya, et qui 66 - Je n'ai pas religieux. Mais rien ne nous éclaire sur eux, nous sont parvenues, plusieurs, pleines d'in­ consulté les registres de catholicité de même si l'on dit qu'il resta toute sa vie fidè­ térêt, sont toujours inédites. Vallereuil pour savoir le à son sacerdoce. Seules quelques lignes sur si Lespine put assister au mariage de nièces les derniers instants de Prunis nous les font J aurais du moins essayé, à ma place, qu'il affectionnait particulièrement. entrevoir. Cela n'a rien d'étonnant. Les de porter le témoignage d'une admiration de

67 - BlIll. de la SHAp, cahiers de cours de Lespine et la collection de longue date à l'égard de Lespine. t. 9, 1882, p. 100, ses sermons ne peuvent constituer un témoi­ lettte du 10 juillet 1814. gnage : ceux-là sont impersonnels et ceux-ci Louis GRILLON

16 EXPOSITIONS/ANIMATIONS __----j

Les Archives départementales ont fêté 200 ans d'existence et 10 ans de décentralisation

DU5 Brumaire.

Le Çons(;iI des' Cinq-cents, considérant que la conser­ vation destÎtres et papiers acquis à la République, exige leur réunÎon prompte dans des dépôts publics;

AR T •. I.cr Les admÎnÎstratÏons, centrales de département. feront rassembler dans le cnef-lieu' du cÎépartenl~nt, tous les titres et papiers dépendant des dépôts apflartenant ala III Extrait de la loi du République~ 5 brumaire an V. Les archives ? Une idée révolutionnaire ! papier ou sur bande magnétique, qu'il s'agis­ se d'enregistrement sonore ou audiovisuel, La loi du 5 brumaire an V (26 octobre les supports changent et font appel à des 1796), en ordonnant le rassemblement, au technologies en constante mutation. chef-lieu du département, de tous les titres et papiers provenant aussi bien des institutions Conserver, préventivement ou curative­ d'Anciens Régime et des établissements ment: pour garantir cette mémoire. ecclésiastiques supprimés que des confisca­ tions aux émigrés, fonde réellement les La conservation dans des bâtiments Archives départementales. adaptés préserve les documents de toute Depuis 200 ans, elles s'accroissent des dégradation. Parallèlement, les Archives versements réguliers (et obligatoires) des admi­ entreprennent des campagnes de restaura­ nistrations publiques établies dans le départe­ tion de certains fonds importants pour l'his­ ment et des fonds notariés. Elles incitent aussi toire locale (parchemins, papiers, sceaux). les familles, les associations et les entreprises à donner ou à déposer leurs archives. Communiquer : telle est la finalité de Suite aux lois de décentralisation de cette politique de conservation. 1986, les Archives sont sous la responsabili­ té des Conseils généraux. Le Conseil général s'est fixé comme ambition de restituer au public ce patrimoine Cette exposition, qui se déclinait selon grâce à des expositions, des actions pédago­ trois thèmes, se proposait de porter à la connais­ giques, des éditions (revue Mémoire en sance du public les principales acquisitions, Dordogne, publication Archives en Dordogne), des dons ou dépôts de ces dix dernières années. cartes postales, des moulages de sceaux, etc.

Collecter et classer: les archives constituent Service du Conseil général gratuit et la mémoire écrite et orale du département. ouvert à tous, les Archives restent dans le droit fil de la loi, toujours d'actualité, du 7 Ticket de tramways de 1895, charte de messidor an II, qui établit un principe fonda­ fondation d'un prieuré au XIIpnlC siècle, mental: les archives publiques appartiennent affiche de Sem pour l'appel à la souscription à la Nation et tout citoyen peut y avoir accès. en 1914, journal de 1856, vidéodisque consacré à Lascaux: les archives sont mul­ tiples. Qu'elles soient sur parchemin, sur Bernard REVIRIEGO

17 _-JARDINS ET PAYSAGES

Histoire de lieux en Périgord

A la recherche de jardins "disparus" Richemont (Saint -Crépin-de-Richemont), l'espace château et grand parc aux lignes Restent aujourd'hui, bien souvent, bien droites est nettement marqué. des murs qui s'effondrent sous le lierre, des La dénomination des parcelles donnée viviers sous les ronces, des vestiges d'allées par la matrice cadastrale, ou d'un ensemble qui s'enfoncent dans les bois, tout un patri­ de parcelles portées sur le cadastre, permet moine "jardin" qui s'en va doucement et qui, également de confirmer ou d'appréhender pourtant, présente autant d'importance que bien des choses : ''Au parc", "La Glassière", les bâtiments que ces jardins entouraient. toujours à Richemont, plus célèbre pour Il est très urgent de les mieux connaître son potager et ses melons précoces que pour, sinon les restituer, du moins les conser­ Pierre de Bourdeille, dit Brantôme, pouvait ver et ne pas totalement les faire disparaître offrir à son cousin l'abbé Pierre de Mareuil. par ignorance de leur existence ... l'histoire Ses cousins l'appelaient d'ailleurs "Monsieur au secours de la nature. du Verger" quoique le mot verger ait alors Différentes sources permettent de les un sens plus large: Comme le Pin est l'honneur mieux étudier: les sources iconographiques, des vergiers ... , écrit-il. Le pin est, au tout plans, cartes, cadastres, gravures, dessins, début du XVIPmc siècle, l'arbre à la mode cartes postales anciennes sont essentielles, dans les jardins. Brantôme léguera à sa nièce mais ne suffisent pas à comprendre un jar­ en 1614 chasteau et maison de Richemond avec din. Il faut aussi connaître ses propriétaires ses proclostttres de bassecour, parc, jardin et vignes. successifs, savoir si la demeure est habitée ou Les parcelles "Sous l'Allée" et "Sur non à telle ou telle époque, et rechercher l'Allée" montrent que le chemin qui les alors d'autres sources écrites, ou orales pour sépare, reliant encore le château de Marzac les périodes plus récentes. () à l'une des métairies, avait son importance esthétique dans la distribution Le cadastre napoléonien du parc. "Les Allées", "le Quinconze", "Le Bosquet", "le Parc", il Y a de grands jardins Le plus simple pour découvrir un à Tiregand (Creysse). "vieux" jardin est de partir du cadastre napo­ léonien et des matrices cadastrales corres­ pondantes. Ceci permet d'établir un état des lieux dans les années 1810-1840, de deviner le tracé existant avant les événements révo­ lutionnaires, et de connaître les mutations de propriété et la date d'éventuels travaux à compter de l'année d'établissement de la matrice. Le tracé des parcelles est très significa­ tif de l'occupation du terrain et de l'empla­ cement des différentes parties des jardins datant du XVIIIème siècle : grande avenue, Quant aux dénominations attestant la • Château de Marzac. Calque terrasse, parterre, allées, potager, grand présence de "garennes", qui semblent bien d'expert. parc. Les limites de parcelles suivent souvent typique du Sud-ouest, elles sont innom­ AD. 24, 52 P Tursac. le tracé d'anciennes allées disparues. Ainsi à brables. L'une des plus grandes est celle de

18 Biron, percée d'allées qui dessinaient le "A" nomme Porcher. Or, l'ensemble a ét~ large­ d'Armand de Gontaut-Biron, tracé encore ment aménagé dans la deuxième moitié du visible sur le cadastre napoléonien. XIX'l11t siècle par un passionné de jardin, Si le tracé parcellaire présente une grand pomologue, Julien de Cerval, juge à constante qui étonne toujours, il n'en va pas Sarlat. de même du contenu des parcelles qui per­ Le rapport cadastre/relevé de géomètre met de "voir" combien le paysage a changé. montre qu'en 1830 la longue salle verte Le contenu des parcelles donné par les existait déjà. Elle sert de délimitation de par­ matrices cadastrales permet de préciser ce celle; elle est en friche, ce qui correspond à que sont devenus les jardins et leur environ­ ce qui est connu de l'occupation de la nement : "jardin d'agrément", "bois d'agré­ demeure au tournant du XIX'l11t siècle. Ce ment", "parterre", mais, le plus souvent, "jar­ cadastre a permis aussi de retrouver, actuel­ din", ce qu'il faut entendre par potager. lement, dans une première salle, un axe cen­ Au château des Bories (Antonne-et­ tral empierré qui avait disparu sous l'herbe. Trigonant), deux parcelles du bosquet à gran­ En rapprochant les différents relevés cadas­ de étoile appelées "la Charmille", sont alors traux de 1830, les grandes allées sont égale­ occupées l'une en vigne, l'autre en terre. ment tracées. L'ensemble date donc au L'agriculture a mordu sur les jardins. Il moins du XVIIFnK siècle et, pourquoi pas, de est également important de relever tout ce son début? qui peut être pièces d'eau, fontaines, viviers, Et l'auteur, ne serait-il pas ce mysté­ qui sont des éléments essentiels aux jardins rieux inconnu, élève de Le Nôtre, qui aurait et qui, bien souvent, sont devenus aujour­ également travaillé pour l'évêque de Sarlat. d'hui des zones humides, méconnues. Comparer calques d'expert, cadastres La carte de Belleyme napoléoniens et cadastres rénovés, donne également des indications intéressantes pour Dressée à la fin du XVIII,nK siècle, cette dater les changements. carte est une mine d'informations pour la Les grandes avenues, souvent aban­ Guyenne, et pour ses jardins. Elle permet de données au cours du XIX'l11t siècle' sont vérifier les éléments les plus visibles des jardins cependant conservées par le tracé parcellaire qui sont le plus souvent la grande avenue, des cadastres rénovés : ainsi, à Tiregand, mais aussi les grandes allées du parc, parfois

II1II Château de Tiregand. Plan cadastral des terrasses. Coll. part. l'ancienne avenue d'arrivée au château a dis­ enclos de murs. De plus, elle permet de "voir" paru aujourd'hui, mais la parcelle cadastrale, l'environnement du jardin, le paysage: grand très allongée, est maintenue. bois, vignes, voies de communication, etc. Rapporter le cadastre napoléonien sur Certains très grands jardins sont bien un relevé de géomètre s'avère souvent inté­ marqués : ainsi ceux de La Force, à l'ouest ressant, comme c'est le cas pour les jardins de Bergerac et de Tiregand, à l'est. l-A\'cclamtxledujardin ct du «re(Our à de Marqueyssac (V ézac). Une tradition Des jardins de La Force disparus avec nature", on évitl' alors d'enrrer dans le orale attribue ses grandes allées, à un élève le château dans la tourmente révolutionnaire, domaine par les com­ muns. de Le Nôtre, que Jean-Jacques Escande il ne reste plus que des mouvements de ter-

19 rain ; ultime souvenir au XIXèmc siècle, une ment lui qui a tracé de beaux jardins avec mention d'un bosquet de chêne-liège, dans une serre chaude, dont le souvenir n'est un numéro du Bulletin de la Société d'agricul­ conservé que par un inventaire de l'an V ture de la Dordogne. Mais Belleyme est suffisamment précis dans Le duc de La Force écrivait à sa femme, son tracé des jardins de Tiregand pour en décembre 1610 : M. de Barraudière m'a qu'on puisse les comparer au cadastre napo­ promis aussi de s'en venir à Laforce avec moi, car léonien : la parcelle appelée "Le Bosquet", figurée par Belleyme par un bois régulière­ ment planté, est transformée, au XIXèmc siècle, en parc paysager par les comtes de La Panouze. Ces derniers conserveront "Le Parc" régulier, avec son étoile centrale, bien marquée également chez Belleyme. La carte de Belleyme montre égale­ ment de beaux jardins entièrement disparus, incitant au rêve, comme La Pécoulie (Saint­ Mayme-de-Péreyrol). En revanche, les jardins du château de Neuvic comme ceux des Bories, ne sont représentés que par un grand espace blanc. Ont-ils le "défaut", pour Belleyme, d'être situés en bord de rivière ? Pourtant, les grandes allées de () sont bien marquées.

Plans, gravures, clichés

Les documents les plus précieux sont les plans de jardins, mais ils sont rares. On peut citer celui de La Filolie, ou, plus modestement, la copie d'un dessin disparu du parterre en île sur la douve de Neuvic. Sur un petit panneau peint de la "Salle Dorée" de , voici la terrasse du château Renaissance, comme vue à vol d'oi­ III Château des je veux résoudre mon parterre et l'allée du pale­ seau; elle est plantée de vingt-quatre petits Bories. Calque d'ex­ pert. maiF. M. Boyceau de La Béraudière ou de la arbres. C'est le premier état connu de cette AD 24. 52 P Antonne­ Barauderie, intendant des jardins du roi, sera terrasse, qui en connaîtra bien d'autres : et-Trigonant. le créateur des jardins du Luxembourg et ainsi le dessin de Jules de Verneilh, de 1881, l'auteur d'un fameux Traité du jardinage; la représente ornée d'un rond de gazon et c'est le premier grand dessinateur de jardins bien reliée à la forteresse médiévale. que nous voyons intervenir en Périgord. D'autres plans, notamment si la Vint-il à La Force? En mai 1611, le duc tra­ demeure est en ville, ou en bord de routes ou vaille avec son fontainier, et nombre de de cours d'eau, peuvent également être manoeuvres s'affairent au parterre : il y a du utiles. Ainsi, toujours à Bourdeilles, un plaisir à les voir travailler. plan 3 de 1793 montre que Bertin a tracé et Tout proche, Saint-Martin (Lamonzie - planté une avenue menant à son château en Saint-Martin) conserve encore le tracé de son rasant quelques maisons. Les plans de cours grand parterre dans le goût de l'époque, d'eau ou de routes sont cependant à manier séparé du château par les douves, comme on avec prudence. Ainsi pour Neuvic, un plan peut encore le voir dans certains jardins qui pour l'aménagement du cours de l', n'ont pas été mis à la mode. montre le château en U alors qu'il n'a tou­ A Tiregand, le président au jours été qu'en L. Parlement de Bordeaux, d'Augeard de Les clichés, notamment aériens, les Virazel, s'est lancé dans la "bâtisse". Seuls cartes postales anciennes doivent également 2 - Les Jumeles de k, vitle de Berger(/{:, éd. G. Charrier, deux pavillons du château prévu seront bâtis être recherchés et, plus largement, toute 3 - Plan de la Grande pkue Bergerac, 1896, t. 6, p. de Bomrleilks, 1793. A.D. 260. et l'un d'eux sera rasé en 1794. C'est égale- illustration, aussi sommaire soit-elle. 24, 2J 1143.

20 Arpentements, inventaires et comptes grote cie six toises qüatre pieds de longztettr s1lr deux toises de largeztr(. .. } Les parois des JJZtlYS Terriers et arpentements sont sou­ enduits en mortier et blanchis à la chct1tx dans vent de lecture difficile pour découvrir les laq1!elle grote sera aussi posé detlx sièges en pierre. jardins mais peuvent donner des indications De nombreux procès-verbaux, dressés à la précieuses. Pour Mayac, un arpentement de suite d'orages sur Biron, nous permettent de 1760 montre notamment des vestiges de connaître les espèces d'arbres, leur taille, murs d'enceinte. leur date de plantation; certains sont marqués pour la Marine Royalle. Une avenue d'ormes mène au château, etc. Tous les détails comp­ tent. Bourdeilles est un bon exemple des 5 différentes sources, très diverses , gui doivent être utilisées, et gui permettent de découvrir ce gu' était, par exemple, le grand parc. Il fut déboisé à l'extrême fin du 6 XVIFn1e siècle par le nouvel acguéreur • Les rôles du dixième de 1743 nous informent gue, cette année là, Jean de Bertin a replan­ Il Le château de té zme forêt de petits arbres chênes. Tiregand dans la carte de Belleyme. Un soir d'été de 1781 c'est une bagar­ AD 24. re gui éclate, dans le grand parc déjà appelé Rares sont les anciens jardins gue l'on "Les promenades", une enguête est menée. peut dater avec précision. Le beau jardin clos En 1785, encore un procès-verbal à l'occa­ de murs, avec ses grilles, du château de sion d'un vol de chênes. Coupés près de "la Marzac est de ceux-là. On sait, grâce à la grande allée de charmes", ils ont été enlevés correspondance de Mme de Marzac", gu'entre par dessus les murs du parc". 1764 et 1767, on trace l'avenue vers Tursac, En 1793, l'estimation des biens appar­ le jardin sera beau) des charretées de pierres tenant à Bertin, émigré, fournit de nom­ sont transportées, le pigeonnier est bâti. La breux détails : terrasses en emphitéatres garnies terre est d'ailleurs élevée au marguisat en ct arbres ormeaux et tilleuls en allées) allées de 17 67. Le tracé du jardin et des terrasses de charmes, potager, etc. Le cadastre napoléo­ Marzac laisse pourtant deviner un ordonnan­ nien montre, avec de jolis petits arbres verts, cement antérieur à 1764-1767. Des travaux ce gui reste du grand parc. sont menés au château en 1586 par le fils du Avec la Révolution, les inventaires et grand Christophe de Roffignac, président au diverses correspondances, lors des soumis­ Parlement de Bordeaux et ennemi juré de sions et achats des biens "entre les mains de Théodore de Bèze. Christophe de Roffignac la Nation", comme pour Bourdeilles, sont et son fils laissent des livres de comptes et des souvent une mine d'informations, au même inventaires de meubles, linges, etc., gui men­ titre gue les indemnisations de 1826, dans le tionnent, entre autres, l'existence d'une jardi­ cadre de la loi dite "sur le milliard des émi­ nière à la fin du XVFme siècle. grés". A défaur de documents précis ou de L'inventaire après décès dressé à livres de comptes, les inventaires, notamment Mayac, en 1777, détaille les outils de jardina­ après décès, sont à rechercher. Les jardins sont ge utilisés: pioches, bêches, fourches, serpes, commandés par la demeure : il importe donc rateaux, brouettes, arrosoirs, et, notamment, de lire avec soin ces inventaires (si l'on a la deux échelles qui se croisent poltr tailler les char­ chance d'en trouver dans une liasse de notaire !), milles (.. .) tm volant et cieux paires de ciseaux pour 5 - AD. 24, 2 E 130/7,4 même s'ils n'abordent gue de loin les jardins. tailler la charmille (. .. ) tm petit chan-iot de fer ser­ E 196, IJ863,2B49,2 Les ducs de Biron, gui ne résident gue vant à ratisser les allées pesant environ vingt livres. B48, Q 1691. 6 - NOliS l'apprenons par bien peu en Périgord, font dresser à diverses Dans le cuvier, on trouve encore deux échelles une source judiciaire, confirml'C par L'lgrangc­ reprises des inventaires, des procès-verbaux brisées pour tailler les arbres des allées. Le Chancel.

de travaux à réaliser ou réalisés, gui permet­ parc de Mayac devait être magnifigue. 7 - 01ênes "de la grosseur tent de deviner les jardins : grande terrasse, Plus modeste, l'inventaire après décès du bas de la jambe,) ou "Ju gras de la jmnbc", "Parc", 'Jardin grand" avec maison du jardi­ de dom Lathelize, en octobre 1791, montre c'est la mcsure utilisée que l'on retrouve dmlS bien -4 -AD. 24, 2.11004 ct 2 nier et vivier, "Verger" enclos, "Garenne", une belle orangerie sur la terrasse de l'ab­ des contentieux, très J l (X)S, archi\'{.'S n:tr

21 avons trouvé trente deux pieds d'orangers Ott gement des jardins Renaissance et son citronniers encaissé, la majeure partie chargée de influence perdurera jusqu'au XVIFmc siècle. 11 fruits et dix dans des pots Ott baricots petits, le tOttt A Mayac, dans la bibliothèque , se en très bon étatB . trouvent La théorie et la pratique dtt jardinage Le propriétaire fait-il partie de sociétés dont on a dit qu'elle était "La bible" du jar­ d'agriculture ou d'horticulture? Que lit -il? din classique, La maison rustique qui connut Dans les années 1785, à Neuvic, le comte tant d'éditions au cours des siècles, et que de Mellet se passionne pour l'agriculture ; l'on trouve aussi à Marzac, une Lettre sur le physiocrate, il lance des concours, mène des robinier (l'acacia, l'arbre à la mode au Grand innovations agricoles et transforme les jar­ siècle, avant qu'on en découvre les défauts),

8 - AD. 24, Q 474. !.es dins de Neuvic où le Chevalier La Grange­ une Géométrie de Legendre, un Cours d'agri­ moines de Gtdouin com­ Chancel remarquait en 1730 que les jardins, cttlture de l'abbé Lorier. mandaient leurs jeunes arbres dans une pépinière grottes, allées de charmille et cabinet y sont à . 9 charmants • De grands paysagistes 9 - Extrait du deuxième volume des {

Il Plan (couleur) du château de la Filolie à Saint-Amand-de­ Coly. Vers 1809. AD 24, Q385.

22 III Château des Bories. Plan de Duchêne. Coll. part.

toujours en Dordogne, entre 1855 et 1858, Maisons des champs, maisons des villes les parcs de Langlardie et Lage. En 1863, un compte-rendu de l'ouvrage de Choulot Boyceau au début du XVIF"" siècle sera donné dans les Annales de la Société pour La Force, un élève de Le Nôtre pour les d'Agrimlture de la Dordogne. jardins de l'évêgue de Sarlat, et peut-être Autres grands paysagistes gui inter­ pour Margueyssac, le comte Choulot, les viennent alors en Dordogne: les frères Denis frères Bülher, les Duchêne, père et fils: les Bühler (1811-1890) et Eugène Bülher périgordins manifestent un goût certain (1822-1907), gui reprennent les grands jar­ pour de "beaux dehors" et font appel aux dins de Lyon, Rennes et le jardin public de sommités parisiennes. Bordeaux en 1884. Ils transforment dans le Mais de grands jardiniers et dessina­ goût paysager le parterre du château de teurs de jardins périgordins mériteraient Saint-Martin (Lamonzie-Saint-Martin) et d'être mieux connus, comme les frères les jardins du château de Longua (Saint­ Perdoux, Desmartis, les différents membres Médard-de-). des sociétés d'agriculture et sociétés d'horti­ culture de la Dordogne, de Bergerac ou de Avec le renouveau du goût pour les jardins Périgueux, gui se passionnèrent au siècle réguliers, Henri Duchêne (1841-1902), puis précédent pour le jardinage. son fils Achille Duchêne (1866-1947), dessi­ De très nombreux parcs et jardins de nent de beaux plans pour Les Bories. Les "maisons aux champs" sont encore à décou­ Duchêne restituent également les grands vrir en Dordogne, mais aussi en milieu urbain jardins d'Ile-de-France, comme Vaux-Ie­ ou péri-urbain : ceux des couvents, les nom­ Vicomte ou Courances. breuses ormières ou ormerées des villes, "le Le plan d'Achille Duchêne pour Les trottoir" de Bergerac, les allées du XVIIFn" Bories, dont un dessin sera publié dans son siècle sous l'impulsion des intendants. Ces ouvrage Les jardins de l'Avenir (1935), avait études permettraient d'affiner la connaissance largement été réalisé en 1910-1914, pour de toute une société : les conflits de dîmes Henri de Nervaux-Loys. "La charmille", dont les jardins (potagers) étaient exonérés, grand bosguet en étoile hérité des siècles les jardins de curé sous la période révolution­ précédents, est maintenue mais réaxée par naire ... Le champ (jardin) d'études est vaste. rapport au château. Le grand espace gui le sépare de la route est transformé en parter­ re, avec l'encadrement de tilleuls et palis­ Chantal DAUCHEZ sades de charmille gui existent encore.

Chantal DAUCHEZ est maître de conférence en histoire du droit à l'Université de Tours. Elle a produit une thèse sur L'administration des jardins au Grand Siècle (1664 - 1715), ainsi gue Les jardins de Le Nôtre, édition de la Compagnie du Livre, 1993.

23 INEDIT/ ______---\

Un "Fort Chabrol" à la mairie de Périgueux en 1541

Si la très grande majorité des élec­ Pierre Adhémar. Chaque partie campant sur tions consulaires de Périgueux se déroulèrent ses positions, la crise éclate dans le consulat. dans le calme, celles de 1541 restent, à coup Dupuy et sa ligue, pour forcer la main des sûr, dans les annales de la cité comme les récalcitrants, nomment des officiers afin plus troublées de son histoire]. d'empêcher le nouveau maire d'entrer dans le Conseil: On ferma les portes) on enleva les clefs de Le protagoniste principal de cette la maison de ville, et, rajoute le texte, ne pot/­ affaire rocambolesque se nomme Hélie vant régner par la jttstice de leur cause) ils s'effor­ Dupuy. Cet avocat du roi, écuyer, seigneur cèrent den venir à bout par la tirannie, de Laforest et de Lamothe, avait été élu maire en 1540, et devait donc quitter sa charge en novembre de cette année 154 F. Mais cet homme fier et arrogant) accoutumé à dominer sur ses concitoyens) et qui se montre surtout avide de pouvoir, ne peut supporter l'idée de ne plus présider aux destinées de Périgueux. Il organise en conséquence une véritable opération de "noyautage" des insti­ tutions municipales. Il faut rappeler ici comment se dérou­ laient les élections à cette époque. Le corps de ville, qui se composait de trente pru­ d'hommes, choisissait en son sein quatre membres. Ceux-ci élisaient à leur tour huit prud'hommes chargés d'élire le maire et les consuls, qui, eux-mêmes, nommaient tous les officiers de la ville. Hélie Dupuy va donc intervenir à chaque étape de cette procédure. Dans un premier temps, il fait venir pour l'occasion à Périgueux son parent Forton de Saint-Astier, seigneur de Ligne, ainsi que son beau-frère Guillaume Dupuy, sieur de La Jarte, bien qu'ils ne soient pas habitants de Périgueux et qu'ils n'aient théori9uement aucune possibilité d'action. Hélie s arrange ensuite pour que le seigneur de Ligne figure l - Lc 'tivrc noir" de la ville de Périgucux, cou­ parmi les quatre prud'hommes électeurs, en vrant la période 1541- compagnie d'un autre de ses cousins, Louis 1618, ayant disparu Arnaud, seigneur de Laborie. Ainsi, grâce avant la Révolution, le récit de ces événemcnts a aux pressions exercées par ces deux person­ été reconstitué à partir nages, il fait élire Guillaume Dupuy parmi des notes de Lespine (Coll. Périgord, t. 50, fol. les huit prud'hommes chargés de choisir le 221 VO -222vo). maire, ainsi qu'un autre membre de sa fac­ 2 - Les élections se dérou­ laient en effct tradition­ tion, un certain Champvanel. C'est ce moment-là que choisit le pro­ III Plan (couleur) de nellement le dimanche l'Hôtel de Ville de Mais les six autres consuls déjouent ses cureur de la ville, Guillaume Besse, pour por­ Périgueux en 1646. après la Saint-Martin AD 24, BB 15. d'hiver (11 novcmbrc). plans, et, quoique forcés) quoique menacés et fer­ ter l'affaire devant le Parlement de Bordeaux. /J.o. 24, BB 14 (mir més toute une nuit dans la chambre dt! Conseil) Assigné à comparaître, Dupuy se laisse tout ii/lis/ration). élisent à la tête de la cité un autre avocat, d'abord condamner par défaut et continue sa

24 rébellion. A la suite d'une nouvelle assigna­ delle. DttPtti s'en établit gouvernmr, s'y fait porter tion, il se rend cependant devant ses juges et les vivres et y établit sa demet/re". L'épreuve de se voit alors définitivement condamné. Pierre force est commencée. Adhémar devient ainsi officiellement le véri­ Adhémar, quoique naturellement doux et table maire de la ville. pacifique nous disent les textes, se rend sur les Mais ce jugement n'arrête pas notre lieux et fait dresser un procès-verbal qu'il homme, qui se montre plus que jamais transmet au Parlement de Bordeaux. Ce der­ déterminé à continuer son action. La justice nier décrète alors d ajournement personneP tous se voit alors contrainte de lui signifier l'arrêt les révoltés, au premier rang desquels nous

III Procès-verbal de l'élection d'Hélie Dupuy comme maire en 1540. Uvre-mémorial de la Ville de Périgueux. AD. 24, BB 14.

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pris contre lui. On le publie même dans trouvons bien sûr Hélie Dupuy, mais égale­ toute la ville, et on fait prêter aux habitants ment le sieur de la J arte et le propre frère le serment de fidélité à l'égard de Pierre d'Hélie, Jean Dupuy4. Adhémar et de ses co-élus. Suite à l'absence des prévenus, la Cour Malheureusement, Dupuy, qui conser­ bordelaise les condamna par défaut, les força vait toujours par devers lui les clefs du de nouveau à comparaître, et le jugement consulat, refuse de les rendre. On décide définitif obligea Hélie Dupuy à garder prison

donc de procéder par élévation des serrttres, à dans sa maison. La crise se dénouait ainsi défi­ 3 - C'est-à-dire qu'il laquelle assisteraient six bourgeois, ce qui nitivement, et Pierre Adhémar pouvait enfin convoque en personne, ct semble déterminer le rebelle à rentrer dans le prendre possession de sa mairie en compa­ sans que J'on puisse se soustraire à cette convo­ rang et à les restituer. gnie de ses consuls, malgré quelques ultimes cation. Il profite cependant de cette opération troubles provoqués par les gens de la faction 4 - Cc dernier, chanoine pour porter l'affaire en appel et assigner son de Dupuy. de Périgueux, semble successeur, et surtout pour gravir un degré avoir joué un rôle obscur mais imporranr dans de plus dans l'escalade de la violence. Et le "Livre noir" (ou plutôt ccne affaire. Accompa{?ne ' de ""son premier. consu, l Lespine ... ) pouvait conclure : La morale, et Brugière, 'le 2imt jour de Carême, armés et embas­ surtOltt les prérogatives 1mmicipales de Périgueux, 5 - Pierre Adhémar fut d'ailleurs renouvelé dans 5 tonnés, ils s'emparent de la maison commune, enlè­ étaient sallves • sa charge, ct sans machi­ vent les clefs et en font lme espèce de fort et de cita- François BORDES nation, en novembre 1542.

25 EXCIDEUIL

Evolution territoriale au XIXème siècle de la réorganisation adminis­ trative à la stratégie urbaine

La loi du 14 décembre 1789, sanc­ rar délibération du 22 juin 1822. tionnée par la constitution du 22 frimaire an Le Conseil considère: 8, établit que les anciennes paroisses forme­ 10/ que depuis bien des années, la commune de raient des communes. En Dordogne, comme Saint-Martin-La-Roche a été administrée par le ailleurs, les plus puissantes et les plus actives Maire dExcidettil sans qu'il en soit résulté din­ d'entre elles ne tardèrent pas à présenter au convénient," législateur des projets modificatifs afin 2°/ que cette commune n'a jamais ett de bottrg et se détendre leurs étroites limites. L'autorité admi­ compose seztlement de villages éloignés de l'église qui nistrative fut elle-même à l'origine de modi­ tombe en ruine et est menacée dêtre écrasée par lm fications de circonscriptions communales. rocher qui se renverse dessus," Elles concernaient en particulier la réunion 30/ que la population de cette commune ne s'élève de communes et venaient régulariser des pas à plm de trois cents individttS dont plus de cent situations de fait. La commune d'Excideuil, habitent tm côté dune des principales rues de la en empruntant ces deux modèles, va doubler ville, le ruisseau de ladite rue servant de limite aux son territoire en un demi-siècle'. deux commtmes. 4°/ enfin, qtte le clocher isolé de cette commune n'est La réunion de Saint-Martin-La-Roche à éloigné que de 1460 m. et le village le plllS éloigné Excideuil. de 2450 m., distance peu considérable et qui peut être parcourue facilement dans toutes les saisons de La ville d'Excideuil, jusqu'à la l'année." Révolution, possédait deux paroisses: Saint­ L'absorption légale de la commune de Thomas et Saint-Martin-La-Roche. Cette Saint-Martin-La-Roche est ordonnée le 26 dernière, composée de 80 feux, est érigée en novembre 1823. commune. Le docteur Mathieu Rebeyre­ Lagrange, qui préside pendant quelques La modification de 1863 mois le corps municipal d'Excideuil (1790- 1792), est nommé quelques années plus tard La loi du 4 mars 1863 accroît de 88 maire de Saint -Martin et occupe cette fonc­ hectares la commune d'Excideuil aux dépens tion jusqu'à fin janvier 1811. Il ne lui est pas de Saint-Martial-d'Albarède, de Saint­ trouvé de remplaçant. A partir de cette date, Médard-d'Excideuil et de Clermont­ le maire d'Excideuil, Aubin Barbary de d'Excideuil. Langlade, exerce les fonctions d'officier d'état Le projet de redéfinition des limites civil pour les deux communes. d'Excideuil est porté devant son conseil En 1818, le préfet s'inquiète vivement municipal par Jean-Charles Bugeaud de la de cette situation. Barbary de Langlade, Piconnerie, maire depuis le 23 juillet 1861. consulté, lui répond en ces termes: Démissionnaire moins d'un an plus tard, le ''Je ne connais personne dans la commune de Saint­ duc d'Isly a le temps de nommer une com­ Martin qui puisse ocmper la Flace de maire," cette mission d'étude qui reconnait sans peine que commune n'a point de bourg, 1église est entièrement la délimitation actuelle est mauvaise et isolée, le Cttré a toujours habité Excideuil dont tme ViC1euse en ce sens qu'elle enlève des res­ des rms appartient à cette paroisse. Cette grande sources qui devraient habituellement lui proximité pourrait, je crois, autoriser à nommer reveil1r. pour cette commune lm maire pris à Excideuil. La position du conseil municipal, prési­ ,- La série NI (l M 45) Pour moi, je me verrais avec plaisir débarrassé de dé par André Piquet, sera développée dans contient des dossiers très complets sur les projets, l'administration de cette commune". un procès-verbal en date du 30 août 1862 : parfois finalisés, de modifi­ Le conseil municipal d'Excideuil, saisi à nou­ "La position dExcidettil se fonde en ce que sa cir­ cations de circonscriptions tcrrimrialcs des communes veau du problème par le préfet, se prononce conscription actuelle est telle que les éléments consti­ de Dordogne. en faveur de la réunion des deux communes tutifs de son chef lieu sont en partie fournies par les

26 II Plan des com­ munes de Saint­ Médard, Clermont et Saint-Martial réunies. Extrait d'un plan de 1861. AD 24, 1 M 45. s

communes de Clermont, Saint-Médard et Saint­ proximité soumis à des charges différentes. Martial (... ), Saint-iWédard est en o/Itre proprié­ Le second est d'ordre symbolique. taire cl/me partie de son dJamp de foire, de la moi­ L'offensive d'Excideuil vise aussi à recouvrer tié du boulevard de test (.. .), Le cimetière et le botl­ en son sol trois éléments clés de la ville : le levard du nord sont dans la commmze de Clermont château, le champ de foire et le cimetière. (.. .). Le château cl Excidettil, la place de la bas­ Même ruiné et abandonné, le château mIe et plt/siellfS maisoJZS qui longent la route est un édifice de prestige. Séparé de la ville départementale nO 6, à l'entrée de la ville, sont S1lr sous l'Ancien Régime, il peut y entrer après les limites de Saint-Martial (.. .). Soixante-dix la Révolution". Il vient affirmer la prédomi­ ménages, composés de cent soixante-deux ùzelivi­ nance d'Excideuil sur les communes voisines dm, habitent la ville cl Excideuil, sam)' apparte­ et renforcer son statut de chef-lieu. Le nir, et profitent des avantaff/s de la vie ltrbaùze champ de foire, lieu d'échanges, et le cime­ sam en supporter les charges '. tière, lieu sacré en relation avec l'église Saint­ Thomas, relèvent également d'une préoccu­ Excideuil utilise un double argumentaire. pation emblématique. Le premier est d'ordre économique. En définitive, Excideuil re~rend une 2 - Rappelons <-lue pour le L'enjeu est de récupérer des recettes fiscales sup­ initiative de développement qu elle avait spirituel, le château rdevait plémentaires et, notamment, d'apaiser la concur­ déjà eu dans son histoire quand, partant du de d<:lIx paroisses. Saint ~ ~lartjal d'Albarèdc.' ct Sainr- rence qui peut s'exercer entre commerçants de bourg primitif, axé sur Saint-Thomas et très 1Iartin-la-Rochc.

27 tôt ceint de remparts, elle avait élargi peu à constant qu'elle montra concernant les peu ce périmètre fortifié, puis avait projeté affaires de la place du château. Trente ans hors des murailles ses quartiers neufs. auparavant, elle laissa Excideuil intenter et Les résistances au projet, soumis à la pro­ gagner un procès contre la veuve Pichon cédure définie par la loi du 18 juillet 1837 et les pour empiètements sur la place. instructions du 30 avril 1838, seront inégales. Saint -Médard-d'Excideuil manifestera L'opposition la plus forte se manifeste à Saint­ une opposition compréhensive vis-à-vis des Martial-d'Albarède. Dans sa séance du 10 mai arguments d'Excideuil. Avec une contribu­ 1862, le conseil municipal de Saint-Martial, tion en surface de 1,15 % et une perte en présidé par Geoffroy Couvrat-Desvergnes et revenu de 6,97 %, Saint-Médard est la com­ assisté des plus imposés de la commune, se pro­ mune la moins sollicitée financièrement par nonce à l unanimité moins une voix (celle le projet. Le conseil municipal se prononce d'André Piquet, maire-adjoint d'Excideuil) contre, mais, parmi les sept propriétaires contre le projet. Le territoire convoité est de 46 consultés le 26 janvier 1862, quatre ne s'y hectares (4,2 % du territoire communal). Les opposent pas.

Modification territoriale d'Excideuil en 1863. (D'après le dossier 1 M 45) Communes Etendue Population Revenus Dépenses Avant 400,04 2011 10974,5 7396,5 EXCIDEUIL Après 488,10 2278 8246,5 Solde 88,06 267 850,00 850,00 Avant 1 803,89 1210 3586,5 3539,5 ST-MEDARD Après 1 783,13 1 035 3336,5 3287,5 Solde -20,76 -175 -250,00 -252,00 Avant 1 050,12 635 1963,5 1952,5 CLERMONT Après 1029,12 626 1813,5 1802,5 Solde -21,00 -9 -150,00 -150,00 Avant 1 099,98 844 2392 2394 ST-MARTIAL Après 1053,68 761 1942 1924 Solde -4630 -83 -45000 -47000

revenus sont amputés de 19 %. La colère des propriétaires de Clermont­ Le conseil dénonce la remise en cause des d'Excideuil dissuadera le commissaire-enquê­ droits acquis et l'absence de motifs sérieux: teur de se présenter. Les 21 hectares concer­ "La commune d Excideuil, qui se trouve étouffée nés par l'annexion sont en grande partie des dans les limites soi-disant étroites de son riche ter­ terres agricoles. Mais, finalement, la commu­ ritoire (délibération d Excideuil), désire augmenter ne préfère jouer la négociation de contrepar­ ses ressources en demandant à Saint-Martial (qui ties : ne lui doit rien) une portion annuelle de ses revenus "Si toutefois cette annexion a lieu malgré notre élevés à 450 francs (.. .). Excideuil possède les res­ opposition, il est de toute nécessité d annexer à la sources de son octroi pour réaliser un projet d agré­ commune de Clermont-d Excideuil, les villages de ment tandis que Saint-Martial n'espère qu'en la Gravetie, Lichante, le restant du village seule économie pour subvenir à des dépenses néces­ dAutrevialle, et le lieu des Trois-Cailloux. Ces saires (... ). L'amélioration des campagnes est enco­ villages sont détachés de la sttccttrsale de Saint­ re plus utile que l'amélioration des villes (... ). Ses Germain-des-Prés pour avoir été annexés à la suc­ ressources présentes sont déjà faibles et une dimintt­ cttrsale de Clermont par décret du 28 août 1808." tian des revenm, tOttt en rendant l'impôt très lourd serait désastreme (... ). L'opinion publique est Le législateur ne retiendra aucune des contre ce qu'Excideuil appelle l'utilité de l'an­ protestations émises et imprimera, sous le nO nexion, les heureux résultats que promet la mesure". 10922, la loi, suivant le schéma initial.

La posltlOn de Saint-Martial devait néanmoins être affaiblie par le désintérêt Francis A. BODDART

Sources: - Archives départementales de la Dordogne (lM 45). - Archives municipales d'Excideuil et de Saint-Martial-d'Albarède. - Bulletin des Lois de 1823.

28 \ --BIBLIOTHEQUE ------i

Cette rubrique a pour objet d'établir la liste des travaux universitaires déposés en 1996

DUTREUILH (Christophe) : MORETTI (Anne Sylvie) : Périgueux ville rouge? (1919-1925). Un savant en Périgord. L'enquête agricole de T.E.R réalisé sous la direction de Sylvie Cyprien Brard. 1835-1838. Guillaume et Bernard Lachaise, Université D.E.A. sous la direction de M. Drouin, de Bordeaux III, 1994-1995. - 102 p. + sources Université Michel-de-Montaigne, Bordeaux et bibliographie: 4 p. + annexes: 24 p. - III, 1992.- 100 p. + table des annexes et [A 1975} annexes: 43 p. + sources: 23 p. [commu­ nication réservée}. - HELLOUIN de CENIVAL (Fabienne) : [A 1951} Alexis-Honoré Roché. 1757 - 1828. Mémoire de maîtrise sous la direction de PECQUERON-DUZAC (Nathalie) : Christian Taillard, Institut d'Art et Périgueux 1920 : les cheminots dans la grève. d'Archéologie, Université de Bordeaux III, Mémoire de maîtrise sous la direction de 1993. - Tome 1 : 193 p. ; Tome 2, annexes + Annie Lacroix-Riz, Université de Toulouse­ sources et bibliographie: 135 p. ; Tome 3, Le-Mirail, 1995. - 140 p. + bibliographie: table des illustrations: 142 p. - 5 p. + annexes: Il p. - [A 1949} [B 1274/1 à 3} VERNAUZOU (Laurent) : MALESKI (Nathalie) : L'émigration espagnole à Périgueux (1872-1876). Les métiers dtt textile et de thabillement à Périgueux T.E.R. sous la direction de Vincent dans la deuxième moitié dt! XVIII!"" siècle. - Garmendia, U.F.R. des pays ibériques et Voir, ci-après, le compte-rendu de M. Jean­ ibéro-américains, Université de Bordeaux Emmanuel Bonnichon. III, 1995. - 99 p. + annexes : 24 p. + sources et bibliographie: 4 p. - [A 1952}

Dominique GRANDCOIN

Compte-rendu

MALESKI (Nathalie) : Les métiers dt! textile Dès l'introduction, l'auteur situe son et de l'habillement à Périgueux dans la dettxième travail dans le grand cot/rant de recherche sur moitié dt! XVIIlillI( siècle. Travail d'étude et de l'histoire des moeurs et des comportements ... Il recherche en histoire moderne sous la direc­ s'agit détttdier (dans le cadre chronologique arbi­ tion de J. Pontet, Université Michel de trairement choisi, allant du milieu dtt XVIIIill1f Montaigne, Bordeaux III, 1994-1995. - 129 siècle à 1789) le comportement social, économique p. + annexes et table des matières: 24 p. d tm groztpe professionnel al! sein dune cité. [A 1990} La présentation du cadre de l'étude

29 laisse pressentir le goût de l'auteur pour l'ex­ soie (sans référence aux tentatives locales haustivité. Deux pages inutiles rappellent les d'implantation du ver à soie), pour enchaîner grands traits de l'histoire de la ville jusqu'au sur le cordage et le peignage, le filage, le tis­ XVIIFmc siècle. Suit l'annonce du plan en sage (avec, p. 25, un exemple de métier pri­ trois parties: les métiers du textile et de l'ha­ mitif : celui utilisé par les Navajos, indiens billement ; les artisans du textile et de l'ha­ d'Amérique du Nord !), la teinture, l'élabo­ billement et les mariages ; aspects du mode ration des vêtements, la lingerie et la chapel­ lerie. Les références à Daniel Roche et les allusions à quelques inventaires après décès périgourdins n'enlèvent rien au caractère général et comme faussement plaqué de ces considérations, non dénuées d'intérêt en elles-mêmes. Elles eussent été les bienvenues en notes pour éclairer tel ou tel aspect de la réalité périgourdine. Mais le souci didactique l'emporte chez cette étudiante qui croit devoir préciser plus loin que le carême corres­ pond dans la religion chrétienne à une Période d abstinence et de jeûne de 40 jours en mémoire aux jours que jésm-Christ passa dans le désert sans boire ni manger. Il débute le mercredi des cendres et se termine le dimanche de Pâques.

Apres," ces amuse-gueu 1"e un peu m. d' 1- gestes peut commencer le festin. Le deuxiè­ me volet de la première partie étudie la répartition et l'organisation des métiers du textile et de l'habillement à Périgueux. L'étude est conduite à partir d'une popula­ tion de 366 artisans émergeant des actes notariés et de l'état civil ancien, ainsi que des lettres d'habitation et de bourgeoisie et des rôles de capitation pour 1787 et 1781. Les actifs sont répartis par professions (tableau p. 42) : en tête les gros bataillons des tailleurs et, accessoirement, des tailleuses constituent plus de 42 % du total, suivis des sergiers (17,21 %), des teinturiers (12,30 %), tisse­ rands, chapeliers, marchands drapiers, cou­ turières, peigneurs et cardeurs, bonnetiers, • Extrait d'une de vie des professionnels du textile et de l'ha­ marchandes modistes, raccommodeuses de planche de l'ency­ clopédie Diderot billement périgourdins de 1750 à 1789. Une bas, fabricants de coton, fabricants de fou­ concernant le travail de la couturière. courte note méthodologique présente les lon. Cette répartition numérique ne préjuge XVIII'm, siècle. sources utilisées: l'état civil ancien (5 E) et les en rien de l'importance économique de chaque actes notariés (3 E), pas moins de vingt métier. Comme l'écrit l'auteur (p. 66) : Les tra­ notaires mobilisés dont les minutes sont pas­ vaillettrS dt! textile et du vêtement Périgourdins sées au peigne fin (testaments, contrats de forment tin groupe d artisans important (.. .) mariage, inventaires après décès, contrats Cependant la production de Périgueux dans ce d'apprentissage, quittances, obligations, etc.). domaine n'est guère dévelopPée (.. .) La cité ne pettt Voilà de quoi mettre en appétit. parvenir à établir une activité manufacturière Pourquoi faut-il que, dans le premier volet durable et profitable pottr son économie. de sa première partie, l'auteur consacre 28 N. Maleski confirme l'absence de cadre pages (sur les 149 pages utiles que compor­ corporatif même si vers la fin du XVIIP"" siècle, te son travail) aux plantes textiles, à com­ on s'efforce de réglementer les productions avec la mencer par le coton, qui nous transporte création dun "bureau de visite et de marques". vers les colonies anglaises d'Amérique, puis L'auteur, à l'encontre des économistes libé­ aux fibres textiles d'origine animale, laine et raux et des auteurs futurs de la loi Le

30 Chapelier, fait de cette absence d'encadre­ représentent le tiers des contractants. La pro­ ment lm lourd handicap pour la production qui portion varie selon les métiers. Elle est supé­ n'est ni stimulée, ni encouragée. rieure à 50 % chez les chapeliers, 40 % chez les Les minutes notariales ont livré 99 marchands drapiers. Elle est insignifiante chez contrats d'apprentissage. Les maîtres réper­ les teinturiers. Le bassin de recrutement se situe toriés sont au nombre de 64, dont 20 dans un rayon de 30 km autour de Périgueux, femmes. Catherine Coulaud forme au moins ce qui est conforme au rayonnement de la ville. sept apprentis de 1752 à 1784. Peu d'infor­ L'intégration se réalise facilement. mations sur le milieu social d'origine des L'analyse de la situation des parents au apprentis, faute d'indication, dans 66 moment du mariage permet de constater la contrats sur 99. Près de deux tiers des fréquence de la situation d'orphelin de père. apprentis sont issus des paroisses de Elle représente 77, 6 % des contractants. Périgueux et des paroisses limitrophes. Faut-il y voir une autre signification que la Un tableau éclairant met en lumière le faiblesse de l'espérance de vie? Quoiqu'il en prix payé par la famille de l'apprenti et les soit, pour 150 actes de mariage, on trouve prestations fournies par le maître. Dans cer­ 64 contrats inégalement répartis selon les tains métiers, la formation professionnelle professions et qui sont plus éclairants sur les est assortie d'une formation scolaire généra­ dots des épouses que sur les apports des le. Mais, au rotaI, la formation professionnel­ époux. Le classement en trois groupes le semble limitée à Périgueux, comme en montre que la valeur des apports est la plus II Extrait d'une planche de l'ency­ témoigne le faible nombre de contrats mis à élevée chez les teinturiers et dans une clopédie Diderot concernant le travail jour: 2,47 par an. moindre mesure chez les chapeliers. Les ser­ du tailleur d'habits. La localisation de l'activité artisanale giers et les taillwrs viennent ensuite tandis que les XVIIi"'" siècle. du textile se fait massivement sur la paroisse dominante de la ville: Saint-Front (233). Les autres travailleurs se répartissent inégale­ ment dans les autres paroisses: Les métiers de la fabrication textile sont bim représentés dam la paroisse de St-Georges tcmdis qm ce?tx de la confection vestimmtaire sont plm présmts à la Cité et à St-Silain (p. 63).

La deuxième partie entre dans le vif de la réalité sociale avec l'étude du comporte­ ment matrimonial et l'installation des ménages des artisans. Fondée sur l'étude des registres paroissiaux et des contrats de mariage, elle passe au crible 150 mariages dont 12 remariages. L'auteur résume elle­ même les lignes de force de ce chapitre (p. 77 à 78) : Il existe ltIze homogamie sociale très importante dam les classes populaires Périgour­ dines : les éPoux sont issltS ct lm même groupe social (artisan le plltS SOltVent). La filiation des métiers n'est pas systématiqtte mais elle existe, notamment chez les teinturiers. On ne trouve pas de réelle simi­ litttde entre la profession des travailleurs dtt texti­ le et du vêtement et celle de leur beau-père. Il n'y a Ji,} j pas à Périgueux de stratégie matrimoniale entre ,~. les gem de même 1J2étiel~ Si l'on considère l'ensemble des contrac­ tants (hommes et femmes), on constate que 92,52 % sont domiciliés à Périgueux au moment du mariage, signe d'une forte endoga­ mie géographique. Toutefois, tous les époux dont la paroisse d'origine n'est pas Périgueux sont considérés comme "immigrants" et ils

31 tisserands sont vraisemblablement les artisans les diés dont ceux de quatre teinturiers, deux cha­ plus modestes de la catégorie étudiée. Ce déve­ peliers et un tailleur d'habits. De l'étude des loppement s'appuie sur force tableaux et domiciles, du mobilier et des effets invento­ pourcentages. Aurait-il été indigne à partir riés, il apparaît que les artisans du textile et de des contrats, de donner, pour des cas repré­ l'habillement vivent dans un confort modeste sentatifs, un nom et un prénom, un âge, ou y compris les plus aisés, comme le teinturier un métier à un époux, à l'épouse, aux parents Charles Pont-Lapèze. L'étude des testaments réunis et aux témoins cités? N'avait-on pas ne vient pas contredire la stratification établie rappelé en introduction les exigences d'une par les autres moyens d'approche. "histoire sensible" ? La conclusion soignée (p. 127 à 129), La troisième partie réunit l'étude des résume les principaux apports de l'étude. comportements culturels et économiques et Peut-être sa publication aurait-elle consti­ les possessions personnelles. L'étude de l'al­ tuée le meilleur compte-rendu? phabétisation s'appuie de manière classique sur les signatures des actes et contrats de Jean-Emmanuel BONNICHON mariage. Sur 138 individus, 42 % savent signer avec des disparités très grandes: 100 % chez les drapiers, 59 % chez les teinturiers, mais Il % chez les tisserands. En portant le nombre de cas observés à 361 par élargisse­ • Eugène Roux, ment de l'assiette, le pourcentage global rédacteur en chef du Journal de la tombe à 36, 29 %. Ainsi, les artisans alpha­ Dordogne. Photo Dorsène. 1897. bétisés représentent à peine plus du tiers du A.D 24. Fi n.e. total. Alphabétisé ne veut pas dire lettré. Quant à la lecture, les inventaires après décès ne four­ nissent que très rarement la trace de livres, à l'exception d'une Vie des saints chez le teintu­ rier Charles Gadaud. L'attachement à la religion est étudiée à partir du calendrier des mariages. Massivement, les artisans du textile respec­ tent les temps clos de l'Avent et du Carême. Testaments et inventaires après décès n'ap­ portent pas de lumière complémentaire sur la piété du groupe observé. Revenant du ciel à des réalités éminem­ ment terrestres, l'auteur étudie, dans le deuxième développement de cette troisième partie les transactions économiques effectuées par le groupe observé et ce d'après les minutes notariales. Sont abordés successivement les obligations, les contrats de vente et les baux. D'une manière générale} les transactions des diffé­ rents groupes permettent davoir tm aperçu de let/rs patrimoines respectifs. On ne peut pas généraliser en affirmant que tous les membres dune même profes­ sion disposent de la même condition sociale. On peut seulement constater que certains individus ont une activité économique que laisse présumer un niveau de vie plutôt confortable (ainsi) les marchands dra­ piers} quelques teinturiers et chapeliers, un certain nombre de tailleurs omniprésents dans tous les types de transactions (... ). A topposé, les couturières, les peigneurs, les cardeurs et les tisserands. Les inventaires après décès donnent la synthèse d'une vie d'activité. Sept ont été étu-

32 1------DERNIÈRES ENTRÉES ---

les collections des Archives départementales s'accroissent aussi grâce aux dons de documents que font des particuliers ou par des achats de manuscrits, d'imprimés ou de documents iconographiques choisis pour leur importance ou leur rareté

Sireuil (1940-1954). [Don de M. Bitard}. J 2269 - Etat des services militaires de André Grand, - Imprimerie-librairie Langaret à Ribérac. de Bourdeilles (1862). J 2237 Factures, courriers, livres de comptes (1914- - Dispense par l'Evêque à Francis Poumeyrol 1965).69 J et Marie Leyraud, de Bourdeilles, pour cause de consanguinité (1858). J 2238 - Livrets d'allocation (guerre de 1914-1918), livrets de famille, livret de Caisse d'Epargne - Fonds de Madaillan de Gageac-Rouillac. (1919-1930). J 2239 Papiers familiaux (XVII ème - XXèmc siècles). - Carnet de reçus fiscaux effectués par le [dépôt de M. de Madaillan}. 62 J notaire Rousseau (1935-1936).]. 2240 - Archives du château de la Pouyade à Sceau­ - Rentes dues à l'hospice d'Hautefort. Trois Saint-Angel (XVIFl1lC - XVIIpl11C siècles). lettres autographes d'Eugène Le Roy. (1860- [dépôt de M. Pierre Garelli}. 68 J 1909). J 2241 - Comptes et fournitures de Jean-François Arnaud de Lagrosse, propriétaire du domaine de la Francherie à (1858-1886). J - Papiers concernant des familles de 2251 - Affiche de vente sur saisie immobilière du Rouffignac, Ladouze, , Périgueux, Montignac (XVIIFmc - XIXime siècles). J 2265 château de Bourdeilles (1872).]. 2253 - Echantillons de papiers fantaisie de la - Affiche concernant la vente sur licitation de fabrique Elvette-Germain et Cie, à Paris, divers immeubles sur les communes de , (s.d). 2267 Bourdeilles, Valeuil et Sencenac-Puy-de­ J Fourches (1919). J 2255 - Affiche des statuts du Cercle de Brantôme Fi: (1882). J 2258 - Arbre généalogique de la famille Courtey, - Un album de photos de famille concernant de Vélines (XXème siècle.).[ Don de M. Eugène Roux, rédacteur en chef duJol!rnal de Courtey}. J 2259 la Dordogne, et sa famille (1897). - Minutes des études de Maître Prévost et - Une photographie de groupe au parc Maître Danède, notaires à Nontron (1866- Gamenson de Périgueux (s.d.). 1873). [Don de Mme Hériard}. J 2260 - Une photographie des employés de la gare - Dossier de Joseph Montepin, de Charrieras, de Périgueux (1904). résistant de la guerre 1939-1945. [Don de M. Alain Bernard}. J 2262 4°/ VERSEMENT DE NOTAIRES - Coupures de presse, chronique occitane. [Don de M. Eloi}. J 2263 - Maître Maupain, notaire à Montpon. - Poèmes dédiés à Maurice Albe par un poète Minutes des études de Montpon et de Saint­ périgourdin. J 2264 Barthélémy-de-Bellegarde (XIXime _ XXème - Plusieurs faire-parts de mariage et de décès siècles). 3 E 21247-21290 (1924-1936). [Don A.D. Seine Maritime}. J - Maître Altermatt, Maître Baubau, Maître 2266 Rabat, Maîtres Monteil, Maître Régeon­ - Correspondance de la famille Lafont, de Vergnoux, notaires associés à Bergerac.

33 Minutes des Etudes de Bergerac et Sigoulès - Extrait du registre des délibérations du (XIXèmc siècle). En cours de classement. Conseil municipal de Valeuil (1889). Réintégration dans la série 12 O. 5°/ REINTEGRATION/RECLASSEMENT

- Copies d'actes notariés de Me Chustre, Josette FARGEOT notaire royal à Sarlat (1567-1573).3 E 21246

Nous faisons appel à nos lecteurs pour qu'ils nous commzmiquent les renseignements en leur possession concernant l'identité des partici­ pants ainsi que les circonstances dans lesquelles a été prise cette photo (Par Numa).

34 __ LA FONDATION SAINTE-MARTHE DE SAINTE-ALVÈRE __

La Fondation Sainte-Marthe de Sainte-Alvère

L'abbé Eugène de la Chapelle était plantée de vignes. Il y fit construire un solide et spacieux bâtiment destiné à héber­ Comme bien d'autres bourgs de ger et soigner les pensionnaires, recevoir les Dordogne, Sainte-Alvère connut, vers le enfants à instruire, et faciliter les offices reli­ milieu du XIXèm, siècle, une période difficile gieux avec l'édification d'une petite chapelle. liée à l'exode rural et à son cortège de désé­ La maison principale, appelée couvent, était quilibres économiques et sociaux. La création composée d'un sous-sol, d'un rez-de-chaus­ de la fondation Sainte-Marthe fut une des sée et d'un premier étage. Elle était complé­ réponses à cette crise. tée par des dépendances et deux autres bâti• Jean-Baptiste-Magloire-Eugène de la ments plus petits désignés comme maisons. Chapelle est né en 1804 à Lamonzie-Saint­ Mais encore fallait-il que quelqu'un Martin. Il était fils de Xavier de la Chapelle s'occupât de la gestion, de l'administration et et d'Antoinette de Sudre des Ardoins. Entré de l'intendance de cette fondation. dans les ordres, il fut nommé curé desservant L'abbé de la Chapelle choisit alors d'en de la paroisse de Sainte-Alvère en 1845. Il faire donation à la Congrégation de Sainte­ avait donc 41 ans quand il arriva dans ce vil­ Marthe. Le 25 juillet 1868, par acte public lage où il devait exercer un très long pasto­ passé devant Me Pierre-Justin Larobertie, rat de près de quarante ans. Il y mourut le 24 notaire à Sainte-Alvère, l'abbé de la Chapelle février 1884 et y fut inhumé. remit à soeur Anne-Marie Gonthier du Lors de ses obsèques, suivies par une Soulas, supérieure générale de la congréga­ très grande partie de la population, c est l'ab­ tion, l'ensemble de la propriété. En voici le bé Soulet, alors curé de Montignac, qui pro­ texte et les clauses : nonça l'oraison funèbre de celui qui lui avait succédé quatre décennies plus tôt. 1° - M. de la Chapelle, vOlt/ant fonder dam le Le pastorat de l'abbé de la Chapelle fut dJeflielt de la paroisse de Sainte-Alvère, lm éta­ marqué par trois actions importantes pour la blissement de bienfaisance en faveJtr des pauvres, paroisse ainsi que pour la commune : la des malades et des petites filles de la classe indi­ construction de la fondation Sainte-Marthe, gente, a fait, dam ce bltt, t acquisition ctun ter­ que, de tradition, tout le monde appelle "le rain sltr leqttel il a fait comtmire lm Mifice bien couvent", la restauration de l'église et la créa­ approprié à sa destination. tion d'une école libre de garçons. 2° - Voltlant donner à cet établissement ltm exis­ C'est l'historique de cette fondation qui va tence légale, pOlir en assurer l'avenù; M. de la être développée dans les pages suivantes. Chapelle se propose ct en faire donation à la congré­ gation de SaÎ1zte- jvIarthe, et de soltmettre cette La fondation Sainte-Marthe donation à l'approbation dit gOl/vememeJZt. 3° - En attendallt, M. de la Chapelle désirant Dans les années 1865, l'abbé de la commencer son oeJtvre sam retard, Madame du Chapelle recueillit un important héritage et Soltlas lui a promis de llti envoyer altx vacances décida d'en consacrer une bonne partie aux prochaines trois religieuses de son ordre, p01lr la besoins des pauvres de sa paroisse. Dans ce classe et les soim des malades. but, il résolut de fonder un établissement 4° - Madame du Soltlas s'est engagée, en olttre, à hospitalier destiné aux indigents et qui, en augmenter le nombre des religiemes, lorsqm les même temps, pourrait donner une instruc­ besoins de l'établissement l'exigeront. tion convenable aux petites filles pauvres qui 5° - M. de la Chapelle s'engage de son côté à don­ ne pouvaient accéder à aucun savoir. Iler ammelle7JleJZt Jt7ze somme de quatre cents Il acheta un vaste terrain à M. Archez, francs, pottr frais cie JZOltrritllre, de vestiaire et dit Biran, au lieu dit "le Sabatier", constitué alltres besoim pOlir chaame des soeurs qui seroJZt de plusieurs parcelles, dont une, de Il ares, envoyées dam !établissement de Sainte-Alvère.

35 6° - De plus, sans en prendre l'engagement, il pauvres de la paroisse et de soigner les malades qui manifeste son intention, acceptée par Madame du leurs seront confiés, et ceux qui réclameront leurs Soulas, de déposer entre les mains de la congréga­ soins à leurs domiciles respectifs. tion de Sainte-Marthe, le capital nécessaire pour 3° - La direction de cette maison ne pourra, som créer un revenu suffisant et qui puisse remplacer le aucun prétexte, être ôtée aux dames religiemes de traitement qu'il assure aux soeurs, dam ce Sainte-Marthe; toutefois, si cette Congrégation, moment. par des circomtances dépendantes ou indépen­ 7° - En attendant que M. de la Chapelle puisse dantes de sa volonté, ne pouvait ou ne voulait plm doter l'établissement de Sainte-Marthe de quelques conserver la direction de cet établissement, revenus, il prend l'engagement de payer toutes les Monseigneur l'évêque de Périgueux et de Sarlat dépemes que pourront occasionner les pauvres ou les attrait seul le droit dy établir un autre ordre de malades qu'il y fera entrer pottr y être soignés: les religieuses hospitalières et enseignantes dam le soettrs tiendront tm compte exact de ces dépemes, et plus bref délai ... ce compte sera acquitté tOtiS les trois mois. 8° - Le soeurs seront libres d avoir une classe Conformément à ces actes, il fallait l'agré­ payante, sam être obligées de rendre compte des ment du gouvernement. Le ministère de la produits de cette classe, non pltiS que celui de l'en­ Justice et des Cultes fit savoir, en date du 14 clos. janvier 1870, qu'avant de statuer et d'obte-

II1II La communauté de Sainte-Marthe. Vers 1970. Carte postale "Solaire photos". AD. 24, Fi n.e. 9° - La maison sera livrée aux soeurs pourvue de nir l'approbation du Conseil d'Etat, la tout le mobilier nécessaire, des ttStemiles de ména­ congrégation de Sainte-Marthe devait accep­ ge et de tout le gros linge. Un inventaire de ce ter deux conditions : admettre gratuitement mobilier sera dressé à leur prise de possession, et les jeunes filles pauvres de la commune et une coPie sera déPosée entre les mains de M. de la leur donner un enseignement conforme aux Chapelle. directives du ministère de l'Instruction publique. Le 8 septembre 1868, M. l'abbé de la Chapelle L'approbation fût accordée par un fait donation de la maison et de ses dépendances décret impérial du 16 mai 1870. par un acte public passé devant Me Pierre-Justin L'abbé de la Chapelle n'avait pas atten­ Larobertie : du l'approbation officielle pour créer le capi­ tal dont le revenu subviendrait aux besoins Cette donation est faite aux conditions suivantes: des trois religieuses et se substituerait au 1° - Ladite Congrégation de Sainte-Marthe devra traitement provisoire qu'il leur assurait. comacrer les immeubles qui font l'objet des présentes Le 25 mai 1869, il avait versé à Mère à l'établissement dune maison de son ordre et diri­ Anne-Marie du Soulas une première somme gée d après ses statMs et réglements. de vingt mille francs et, le 12 août suivant, 2° - Elle devra entretenir constamment dans cette la somme de dix mille francs, constituant maison un nombre suffisant de soeurs, qui seront ainsi un capital de trente mille francs dont le chargées d imtruire gratuitement les petites filles revenu devait suffire à l'entretien permanent

36 des trois soeurs chargées de la direction de Sainte-Alvère. Le climat politique était fié­ l'Hospice de Sainte-Alvère. Dès ce moment, vreux, les oppositions virulentes et les élec­ l'abbé de la Chapelle avait rempli son chari­ tions houleuses et incertaines. table contrat. De plus, l'action des soeurs, leur utilité et leur dévouement étaient fort appréciés de Inauguration de la fondation et consé­ la population, et les personnalités politiques cration de la chapelle redoutaient d'autant le mauvais effet que ne manquerait pas de produire la fermeture de L'inauguration se déroula dans la lies­ l'établissement. se, le 8 octobre 1868, et fut l'occasion d'une Le préfet fut alors, à plusieurs reprises, grande fête. fermement prié de laisser les somrs de Sainte­ L'évêque de Périgueux, Mgr Dabert, Alvère tranquilles. Mais, très réticent, il argu­ entouré de nombreux prêtres et de fidèles de menta que l'établissement de Sainte-Alvère tous les villages environnants était venu en n!. avaIt pas ete/ / autonse,. / nI. n1/' etaIt en 111stance. personne pour l'inauguration et la bénédic­ d'autorisation en matière d'enseignement. Or, tion des bâtiments ainsi que la consécration à cette époque, il semble que les soeurs de la chapelle. Les habitants de Sainte-Alvère avaient développé ce dernier aux dépens de avaient secondé leur curé et n'avaient rien l'hospitalisation. Leur école était fréquentée négligé pour donner à cet événement mémo­ en 1906 par 56 jeunes filles. D'après leurs sta­ rable toute l'importance et l'éclat qui lui tuts, il leur était permis d'admettre, outre les étaient dùs. élèves indigentes, des jeunes filles dont les Ce jour-là également, l'abbé de la parents plus aisés pouvaient payer les études: Chapelle fut à l'honneur puisque Mgr peut-être avaient-elles trouvé là une source Dabert, lors de son sermon, le nomma du complémentaire de revenus? haut de la chaire, chanoine honoraire de la MM. Clament et Luzié s'obstinèrent cathédrale de Périgueux. Témoin de la joie dans leur démarche, faisant remarquer que la publique, et faisant allusion à la ~énérosité congrégation de Sainte-Marthe disposait, du fondateur, il aprela cette fête 'la fête de avec la fondation de Sainte-Alvère, d'un la charité pastorale . immeuble pouvant parfaitement se transfor­ La commune de Sainte-Alvère, elle, mer en établissement hospitalier et d'une venait de recevoir un inestimable cadeau par rente de 1200 francs, l'un et l'autre n'étant cette fondation hospitalière et enseignante qui pas négligeables pour le canton tout entier. la dispensait de consacrer une partie de son Par ailleurs, les soeurs pourraient ainsi budget à des oeuvres sociales et de secours. renoncer à leur vocation enseignante. Quelques jours avant cette cérémonie, Finalement, le préfet voulut bien se trois religieuses de Saint-Marthe de rendre aux bonnes raisons exposées par les Périgueux avaient pris possession de l'éta­ différents responsables politiques, et les blissement et en assuraient le fonctionne­ soeurs de Sainte-Alvère purent continuer ment et la gestion. L'avenir de ce que la leur activité, enseignante jusqu'au premier population avait spontanément nommé "le conflit mondial, et hospitalière par la suite. couvent" et des pensionnaires qui y séjour­ naient semblait ainsi assuré. Le premier conflit mondial

La séparation de l'Eglise et de l'Etat Ce fut, en 1914, la déclaration de guerre, suivi de l'affreuse boucherie qui coùta En 1905, Emile Combes, alors la vie à quarante-et-un jeunes hommes du Président du Conseil, fit voter la loi qui porte village. Ce désastre eùt pour conséquence de son nom et qui officialisait la séparation des calmer les passions anticléricales, et l'on Eglises et de l'Etat, et, en même temps, fit s, aperçut que ce ""couvent que l' on vou lait . expulser les congrégations religieuses. supprimer avait son utilité comme lieu Les soeurs de Sainte-Marthe ne furent d'hospitalisation pour les soldats blessés qui pas chassées de leur établissement de Sainte­ parachevaient ici leur convalescence. Alvère, mais une lettre de la préfecture de la Dès le mois de décembre 1914, la fon­ Dordogne, en date du 6 aoùt 1907, fut remi­ dation Sainte-Marthe accueillit à Sainte­ se à la directrice de l"école congrégationniste Alvère un contingent, toujours renouvelé, de de Sainte-Alvère" par l'entremise de la 25 blessés qui retrouvaient la santé grâce aux Gendarmerie nationale. Elle lui enjoignait soins dévoués des soeurs, et oubliaient les d'avoir à fermer son établissement pour le horreurs des tranchés dans le calme de leur 1er septembre suivant. établissement . Cela ne faisait pas les affaires des élus A la fin de la guerre, ce sont des de l'époque : M. Clament, député, et M. fillettes de familles en détresse qui furent les Luzié, Conseiller général du canton de hôtes de Sainte-Marthe. On comptait dans

37 les années 1918-1920 une quarantaine de enfants dans leurs familles, vers 1945-1946, ces enfants, venant en majorité des quartiers que la fondation ouvre quelques chambres à pauvres de Paris. des pensionnaires, dont l'état de santé défi­ C'est à cette époque que s'ajoute le cient nécessite un séjour revigorant. Leur bâtiment des "Clairette": nombre s'accroissant, la fondation devient La Présidente-fondatrice, Yvonne Sarcey, officiellement " la Maison de Retraite Sainte­ avait fondé l'oeuvre des "Maisons Claires" Marthe". pour venir en aide aux familles pauvres et faire bénéficier les enfants de soins et grand En cette fin du XXèmc siècle, la fonda­ air en dehors de la capitale. La fondation tion de l'abbé de la Chapelle, comme à ses Sainte-Marthe devînt ainsi une "Maison débuts, est toujours entre les mains de la Claire", toujours confiée à la diligence et à la congrégation de Sainte-Marthe de Périgueux, direction des soeurs de cette congrégation. qui assure et maintient des religieuses dans Jusqu'au deuxième conflit mondial, il y un établissement qui n'a pas failli à sa mission eût jusqu'à 70 petites filles qui ont passé des première: l'accueil des personnes âgées, et mois, et, pour certaines, des années, dans dont la renommée et la considération s'éten­ cette communauté où elles ont été soignées, dent dans toute la région. instruites, éduquées et habituées aux tâches ménagères qui seraient, plus tard, leur quoti­ Christiane CHEVALLIER dien. Pendant les quatre années de guerre et d'occupation, les difficultés furent immenses mais, à force de volonté, d'ingéniosité et de Références d'archives: diplomatie, les soeurs réussirent à habiller, A.D. - Série Z 153 - Matrice 63 P 608. nourrir et chauffer tout ce petit monde, avec, Archives paroissiales de Sainte-Alvère - bien souvent, l'aide de la population. registres et documents divers. C'est probablement après le décès S.H.A.P. tome XXVI. d'Yvonne Sarcey et le retour progressif des Archives de la Fondation.

38 ---SONOTHÈQUE ------1

le bal à l'école

II1II Les élèves de l'Harmonie de Mussidan. Vers 1930. Coll. Esrot Oemaison.

Les Archives départementales de la une évolution transposable à d'autres régions Dordogne, le C.D.D.P. (Centre Départemental de France. de DOCLunemation Pédagogique) et l'A.D.A.M. Composée de quinze panneaux plasti­ 24 (Association pour la Diffusion et fiés, l'exposition fera découvrir aux enfants et l'Animation Musicale) produisent une exposi­ aux adultes les différents instruments utilisés tion à caractère pédagogique sur l'histoire du pendant ce siècle de bal. Une cassette audio bal et de la musique populaire de 1860 à 1960. permettra d'entendre ces mêmes instru­ Suite aux recherches menées par la ments. Sonothèque des Archives départementales de Un deuxième volet audio-visuel est la Dordogne, en collaboration avec consacré au répertoire sous la forme de parti­ l'A.D.A.M. 24, sur l'histoire de l'édition de tions présentant les divers rythmes de danse, musique de bal entre 1870 et 1930 en ces mêmes partitions étant enregistrées sur Ribéracois et sur l'évolution des bals de 1925 cassette audio par un accordéoniste. Là enco­ à 1955 (exposition "parfums de Bal"), le re, l'élève pourra faire le lien entre le docu­ C.D.D.P., grâce au travail remarquable de ment écrit et le témoignage sonore. A l'heu- Max Gaillard, propose une réflexion visant à re ou, la "h ouse musIC,. T' l a Il tec l1110 Il et autre re-situer dans un contexte plus général (his­ Il rap Il d'I:eler lent sur nos on des, cette expos1-. torique, social, économique, etc.) une activi­ tion aidera à comprendre comment les diffé­ té qui n'a pas cessé d'évoluer depuis un siècle. rentes modes musicales se sont succédées Il est intéressant de remarquer qu'au pendant un siècle, pourquoi certains instru­ Cettt exposition, intitulée f/~!fJ d,lI1sc:, llhtdemüiJe/ù ? moment où Elie Dupeyrat (compositeur ribé­ ments ont disparu de la scène, où et quand est gratuite cr itinérante. racois) gravait, vers 1900, des quadrilles, pol­ les gens allaient danser, etc. EUe existc, pour !'iostant, kas et autres scottishs, Stravinsky préparait en Jeux exemplaires. Pour plus amples renseigne­ ilLe Sacre du Printemps Il , Schoenberg réflé­ On en retiendra la vitalité et la riches­ ments, vous pouvez contac­ chissait au dodécaphonisme et Blériot traver­ se de la musique populaire, son implication ter Max Gaillard (CD.D.P. : 05 53.2"L56Aô), Sylvain sait la Manche en avion. dans les mouvements sociaux et son irrésis­ Roux (Archi\'{;,s départe­ Bien que s'appuyant sur un fonds d'ar­ tible évolution. mentales de la Dordogne: 05.53.03.33.35) ou Jcan­ chives départemental (photos, témoignages, Luc Dclord (A.D.A ..M. l·i : etc.), cette exposition a le mérite de présenter Sylvain ROUX 0553.09.H5.151.

39 Un service du Conseil Général gratuit et ouvert à tous

Photo Daniel Pinet

Renseignements utiles La salle de lecture est ouverte du lundi au vendred i, de 9 h à 17 h ::- Les inscriptions s'effectuent du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 14 h à 16 h

Fermeture annuelle: 1'" quinzaine de juillet

Archives départementales 9, rue Littré 24000 PERIGUEUX Tél. 05.53.03.33.33

Rue Wilson !~ ~ 1Q,~\Jx l @JGa ...... Routière. Eglise - de la Cité "• ritî" r---... ArcfilYeS Ar En quarri~me de couverture: Calendrier. 1885. A. D. 24, Fi nc.