« «ÊTRE ÊTRE HOMME, HOMME, C’EST C’EST (…) (…) FOCUSFOCUS SENTIR,SENTIR, EN EN POSANT POSANT SA SA PIERRE, PIERRE, LELE PAYS PAYS D’ART D’ART QUEQUE L’ON L’ON CONTRIBUE CONTRIBUE ÀÀ BÂTIR BÂTIR LE LE MONDE. MONDE. » » ETET D’HISTOIRE D’HISTOIRE AntoineAntoine de Saintde Saint Exupéry, Exupéry, Terre Terre des des hommes, hommes, 1939 1939 DUDU BEAUJOLAIS

Laissez-vousLaissez-vous conter conter le Beaujolais le Beaujolais, Pays, Pays Le PaysLe Pays d’art d’art et d’histoire et d’histoire du Beaujolais du Beaujolais d’artd’art et d’histoire, et d’histoire, en compagnie en compagnie d’un d’un appartient appartient au réseau au réseau national national des Villesdes Villes guideguide conférencier conférencier agréé agréé par lepar Ministère le Ministère et Payset Pays d’art d’art et d’histoire. et d’histoire. de lade Culture la Culture et de et la de Communication. la Communication. Le MinistèreLe Ministère de la de Culture, la Culture, direction direction géné géné- - Le guideLe guide vous vous accueille accueille et est et à est votre à votre écoute. écoute. rale desrale patrimoines, des patrimoines, attribue attribue l’appellation l’appellation N’hésitezN’hésitez pas àpas lui àposer lui poser vos questions. vos questions. VillesVilles et Pays et Pays d’art d’art et d’histoire et d’histoire aux collecaux collec- - tivitéstivités locales locales qui animent qui animent leur patrimoine.leur patrimoine. Le ServiceLe Service Animation Animation de l’architecture de l’architecture Il garantitIl garantit la compétence la compétence des guidesdes guides confé confé- - et duet patrimoine du patrimoine coordonne coordonne les initia les initia- -renciersrenciers et des et animateurs des animateurs du patrimoine du patrimoine et et tives,tives, propose propose toute toute l’année l’année des actions des actions de dela qualitéla qualité de leurs de leurs actions. actions. Aujourd’hui, Aujourd’hui, un un valorisationvalorisation et de et sensibilisation de sensibilisation autour autour de deréseau réseau de 198 de villes198 villes et pays et pays vous vous offre offre son son l’architecturel’architecture et du et patrimoine. du patrimoine. Il se tientIl se tient à àsavoir-faire savoir-faire dans dans toute toute la . la France. votrevotre disposition disposition pour pour tout toutprojet. projet.

ServiceService Animation Animation de l’architecture de l’architecture À proximitéÀ proximité et duet patrimoine du patrimoine Les PaysLes Pays d’art d’art et d’histoire et d’histoire MaisonMaison du patrimoine du patrimoine PaysPays voironnais, voironnais, pays pays du Forez, du Forez, Vivarais Vivarais TraverseTraverse de la de Manécanterie la Manécanterie méridional,méridional, Hautes Hautes vallées vallées de Savoie, de Savoie, 30, rue30, Roland rue Roland / 739, / 739,rue Nationale rue Nationale EvianEvian Vallée Vallée d’Abondance, d’Abondance, Trévoux Trévoux Dombes Dombes ET D’ART D’HISTOIRELE PAYS DU BEAUJOLAIS ET D’ART D’HISTOIRELE PAYS DU BEAUJOLAIS 6940069400 Villefranche-sur-Saône Villefranche-sur-Saône SaôneSaône Vallée, Vallée, Moulins Moulins Communauté, Communauté, Riom, Riom, 04 7404 60 74 39 60 53 39 53 BillomBillom Saint-Dier Saint-Dier d’Auvergne, d’Auvergne, Issoire, Issoire, Val Val [email protected]@villefranche.net d’Allierd’Allier Sud, Sud,Saint-Flour, Saint-Flour, Haut-Allier, Haut-Allier, Le Puy- Le Puy- FOCUS FOCUS EntréeEntrée libre libre en-Velay,en-Velay, Annecy, Annecy, Valence Valence Romans Romans Agglo. Agglo. HorairesHoraires d’ouverture d’ouverture Les VillesLes Villes d’art d’art et d’histoire et d’histoire MercrediMercredi au vendredi au vendredi de 14h de à14h 18h à 18h Albertville,Albertville, Chambéry, Chambéry, Aix-les-Bains, Aix-les-Bains, (17h (17hde novembre de novembre à mars) à mars) Grenoble,Grenoble, Vienne. Vienne. Sur rendez-vousSur rendez-vous pour pour les groupes les groupes FermetureFermeture les jours les jours fériés fériés www.vpah-auvergne-rhone-alpes.frwww.vpah-auvergne-rhone-alpes.fr

DestinationDestination Beaujolais Beaujolais CréditsCrédits photos photos sauf mention sauf mention contraire contraire 96, rue96, de rue la de sous-préfecture la sous-préfecture Ville deVille Villefranche-sur-Saône de Villefranche-sur-Saône 04 7404 07 74 27 07 40 27 40 ConceptionConception : Résonance : Résonance Publique, Publique, Lyon d’aprèsd’après DES SIGNES DES SIGNES studio studio Muchir Muchir Desclouds Desclouds 2015 2015 [email protected]@destination-beaujolais.com ImpressionImpression : imprimerie : imprimerie Multitude, Multitude, Trévoux, Trévoux, Imprim’vert Imprim’vert

ISBNISBN : 978-2-9526333-0-7 : 978-2-9526333-0-7 « Lorsque François Cheng propose à chacun de nous de s’inscrire par ses actes dans le camp de la beauté, je souscris. » Yves Dimier, peintre calligraphe

Crédit couverture Sainte-Paule © Claude Bréant Châtillon-d’Azergues

1 Ce focus est le fruit des expositions « Horizons – vers un Pays d’art et d’his- toire du Beaujolais » et « Empreintes – Portrait du Pays d’art et d’histoire du Beaujolais », présentées respectivement à la Maison du Patrimoine, à Villefranche-sur-Saône et au château de Rochebonne, à Theizé. Il croise les regards autour du Pays d’art et d’histoire du Beaujolais, créé en 2019. Ce label est un axe du projet culturel de territoire partagé par la Com- munauté d’agglomération Villefranche-Beaujolais-Saône et la Ville de Villefranche-sur-Saône. La Communauté de communes Beaujolais Pierres Dorées a quant à elle inscrit l’obtention du label dans ses statuts en 2014. Quatre enjeux fondent le Pays d’art et d’histoire, qui s’attache à proposer une approche sensible du territoire : - Faire de la conservation et de la valorisation du patrimoine des leviers de construction d’une culture commune à l’échelle des 50 communes. - Préserver un cadre de vie marqué par la qualité paysagère et valoriser les bonnes pratiques en matière d’urbanisme et d’architecture. - étudier et valoriser les singularités relativement méconnues du territoire. - Porter une attention particulière envers les enfants et les adolescents, fortement présents avec plus de 27 000 écoliers, collégiens, lycéens et apprentis.

SOMMAIRE HISTOIRE ET MÉMOIRES P.4 Carrières et tailleurs de pierres...... p.30 Nathalie Ferrand, Le rôle de la mémoire : entre Sophie Garrido, Regards sur le minéral avec Fabrice écriture du passé et construction d’une identité...... p.5 Molina, Fabienne Germain et Bertrand Jayr...... p.31 Chrystèle Orcel, La fabrique du territoire : Paysages et biodiversité...... p.33 esquisse d’une histoire du Beaujolais...... p.11 Patrimoine mobilier et bâti...... p.34 VIVRE DANS LE PAYS D’ART ET Restaurations et usages du patrimoine bâti...... p.38 Sophie Garrido, Regards sur le patrimoine bâti D’HISTOIRE DU BEAUJOLAIS P.18 avec Josiane Vicard...... p.41 De l’Azergues à la Saône...... p.19 Theizé et Oingt...... p.42 Habiter et travailler au cœur d’une des régions Les Amis du Vieux Village d’Oingt...... p.45 les plus dynamiques d’Europe...... p.20 Le château des Tours à Anse...... p.46 Un territoire façonné par la viticulture...... p.21 Vitalie Arcq, Anse, Un lieu de mémoire...... p.47 Comment accueillir de nouveaux habitants et Philippe Branche, Le patrimoine lié à l’eau...... p.50 préserver la biodiversité ?...... p.23 Sophie Garrido, Le bois et les charpentes...... p.54 Sophie Garrido, Regards sur le végétal avec Hélène Tizorin, Oumnia Boivin, Yves Dimier Adeline Coste, Le rôle des associations ...... p.56 et David Thomasset...... p.24 BIBLIOGRAPHIE P.58 PATRIMOINE ET CRÉATION P.28 SITOGRAPHIE P.59 Géologie et paysages...... p.29

2 HISTOIRE ET MÉMOIRES

Frontenas © M. Duperrier

3 1. Fenaison dans le Beaujolais, 2. Chemin de Riottier, s.d., fonds Berthier Geoffray s.d., fonds Berthier Geoffray

1. 2.

1. Jean-Luc PIVETEAU, LE RÔLE DE LA MÉMOIRE : teurs : d’une part, le regret pour un « Le territoire est-il un monde rural – et les activités qui lui lieu de mémoire ? », ENTRE ÉCRITURE DU PASSÉ ET L’Espace géographique, CONSTRUCTION D’UNE IDENTITÉ sont propres : artisanat, élevage, n°2, 1995, p. 122. agriculture – symbole de stabilité et Mémoire et histoire ont toujours d’harmonie face à une internationa- 2. Philippe JOUTARD, constitué une alliance nécessaire pour Histoire et mémoires, lisation croissante du marché après mettre en lumière l’écriture du passé conflits et alliance, 1945 ; d’autre part la crainte de l’oubli Paris, La Découverte, et rappeler les événements marquants des deux guerres mondiales qui s’ex- coll. « Écritures de qui ont jalonné chaque époque. Pour le l’Histoire », 2013, prime avec l’essor de thématiques Pays d’art et d’histoire du Beaujolais, 240 p. liées aux représentations, aux trau- se saisir de cette question et l’appré- 3. Il publie un livre matismes et à la douleur. complet sur le sujet : hender dans une unité plus large qui Maurice HALBWACHS, est celle de la nation est un enjeu Tandis que l’histoire est un « récit La mémoire collective, important pour comprendre com- du passé (qui) instaure d’entrée de Paris, Albin Michel, ment se forge l’identité d’un territoire jeu une distance » 2, la mémoire fait 1re édition, 1950, 295 p. à différents échelons spatiaux et la peser un lien tout à la fois subjectif, manière dont les habitants envisagent affectif et singulier sur le passé. C’est l’espace qui les entoure. « À les lire – une construction du passé élaborée à les relire – dans l’éclairage des lieux par le présent et propre à chaque de mémoire, les territoires acquièrent groupe d’individus qui partagent une un supplément de sens » 1. Cette valeur « mémoire collective ». Initiateur de ajoutée, si souvent mise en exergue à cette notion en 1925 dans Les cadres l’heure de la patrimonialisation, est au sociaux de la mémoire 3, le sociologue cœur des actions de valorisation et de Maurice Halbwachs affirme que celle-ci connaissance engagées dans le cadre a la singularité d’influencer l’identité du label en partenariat avec les collec- du groupe et représente un enjeu iden- tivités territoriales. titaire. Champ de recherche à part entière, Cette mémoire partagée, d’un passé apparenté à l’histoire des sensibilités vécu ensemble par une collectivité, et des représentations, l’histoire de la s’exprime à différentes échelles : mémoire se développe surtout à par- la nation, la commune ou la famille. tir de la seconde moitié du XXe siècle. Elle se cristallise, entre autres, autour Celle-ci est stimulée par deux fac- de « lieux de mémoire », un lieu

4 4. Pierre NORA (dir.), représentatif d’un évènement passé. Outil patrimonial, la mémoire orale Les lieux de mémoire : L’utilisation de ce concept historique est fondamentale dans nos sociétés symboles, monuments, archives, objets, mis en avant par l’historien Pierre Nora puisque la plupart d’entre-elles se personnages et lieux (1984) 4 – et entré depuis dans le lan- sont développées à partir de l’ora- emblématiques, gage courant – s’est substitué au terme lité. Source historique, elle complète, Paris, Gallimard, 3 tomes ; tome 1, « La « haut lieu du souvenir » utilisé pour remplace un document écrit absent République » (1984) ; indiquer un lieu incarné par un événe- ou comble les silences des archives tome 2, « La Nation » ment marquant. Selon lui, « l’histoire officielles et apporte un regard dans (1986) ; tome 3, « Les France » (1992). s’écrit désormais sous la pression des la manière dont les faits du quotidien mémoires collectives » qui tentent ont été vécus, ressentis et interprétés 5. Pierre NORA, « De l’archive à l’emblème », de « compenser le déracinement par des individus. Si la parole humaine Les lieux de mémoire, historique du social et l’angoisse de peut être contestée et impose tou- Paris, Gallimard, l’avenir par la valorisation d’un passé tefois un certain recul quant à la tome 3, « Les France », qui n’était pas jusque-là vécu comme pertinence de sa validité, elle établit 1992, 1040 p. tel » 5. la possibilité de mettre à jour la culture 6. Par exemple la loi du orale des classes populaires – paysans, 21 mai 2001 relative à Traces du passé constituées et conser- ouvriers, artisans – relayée, dans les la reconnaissance de la vées par une collectivité, le lieu de traite et de l’esclavage années 1930, par des travaux d’histo- mémoire renforce le sentiment d’iden- en tant que crime riens de l’école des Annales. Lucien contre l’humanité (dite tité collective et d’appartenance au Febvre, par exemple, rompt avec l’his- loi Taubira). Cf. René groupe. En se tournant vers le passé, REMOND, Quand l’État toire traditionnelle, principalement la société cherche des repères rassu- se mêle de l’histoire, centrée sur les guerres, les batailles et Paris, Stock, coll. « Les rants face à une mondialisation de plus les grands hommes, pour étudier l’his- essais », 2006, p. 16. en plus exacerbée. Enjeu de cohésion toire des sociétés et la manière dont sociale, le lieu de mémoire a donc pour 7. Alain PRÉVOST, les individus vivent et travaillent. Dans Grenadou, paysan finalité de créer du lien et de contri- français les décennies suivantes, cette parole , Paris, Éditions buer à une cohabitation harmonieuse du Seuil, 1966, 221 p. est encore mise en avant à travers entre individus au vivre ensemble. 8. Pierre-Jakez HÉLIAS, des ouvrages, tels Grenadou paysan Le Cheval d’orgueil, Cette mémoire collective prend français (1966) 7, un des premiers Paris, Plon, 1975, encore une autre dimension lorsque livres-entretiens dans lequel Ephraïm 624 p. celle-ci est prise en charge par l’État Grenadou (1897-1979) raconte à Alain 9. Pour ce faire, le qui impose de manière officielle son Prévost la vie des paysans au début du « Souvenir français », e 8 l’une des plus point de vue sur des événements his- XX siècle ; ou Le Cheval d’orgueil , récit anciennes associations toriques par la promulgation de « lois autobiographique au succès interna- de France, créée en mémorielles »6. De fait, en même tional qui décrit la vie d’une famille 1887 et reconnue d’utilité publique temps qu’une mémoire nationale, se pauvre de paysans bretons après la depuis 1906, est dessinent des mémoires spécifiques, Première Guerre mondiale. engagée dans une propres à des groupes distincts qui triple mission : Les « lieux de mémoire » se matéria- demandent la reconnaissance offi- pérenniser le souvenir lisent le plus souvent pour rappeler cielle par l’État de leur passé. Signe des soldats morts pour les conflits armés, surtout les deux la France, entretenir d’un ré-enracinement, le lieu de guerres mondiales, et faire le lien les monuments aux mémoire dans le pays d’accueil a morts et transmettre avec des événements traumatisants une fonction de transmission de la l’héritage de de notre histoire. Ils s’accompagnent mémoire aux jeunes mémoire pour des émigrés déracinés. de différentes pratiques sociales et générations. La mémoire collective devient ainsi surtout d’une fonction rituelle pour se une composante fondamentale de souvenir, comprendre et transmettre l’identité des communautés émigrées à la génération suivante 9. Ainsi, les qui revendiquent le droit au souvenir. commémorations organisées pour le centenaire de la Première Guerre mondiale en sont le parfait exemple.

5 1. Le tata sénégalais, Chasselay © Mairie de Chasselay

2. Convoi de prisonniers allemands se rendant à Lyon, 1944, Villefranche-sur-Saône

1. 2.

10. La mémoire collective prend aussi la À travers le travail pédagogique et les www.cheminsdememoire. gouv.fr forme d’un tourisme de mémoire qui actions éducatives – visites de lieux se ressent au moins autant qu’il se mémoriels, participation aux journées 11. Paul RICOEUR, pense, à l’image du Mémorial National de commémoration, etc. – l’école joue La mémoire, l’histoire, des Marins de la pointe Saint-Mathieu un rôle capital dans la transmission de l’oubli, Paris, Éditions (Finistère), du Mémorial et du village la mémoire au plus jeunes. du Seuil, 2000, 689 p. martyr d’Oradour-sur-Glane en Haute- Cette mémoire collective est largement Vienne et des camps de concentration. entretenue grâce aux équipements Cette forme de tourisme, gérée par le muséographiques, mémoriaux et, ministère de la Défense, a donné lieu en pour le réseau des Villes ou Pays d’art 2004 à la mise en ligne du site « Chemin et d’histoire, aux services animation de mémoire » qui permet la localisa- de l’architecture et du patrimoine qui tion des sites au cœur des conflits pilotent les centres d’interprétation territoriaux français (lignes fortifiées, et coordonnent les programmations forts, mémorial des batailles, etc.) de d’actions culturelles (visites guidées, l’époque moderne jusqu’à l’époque balades urbaines, expositions, ate- contemporaine et le rappel des évé- liers, etc.). Administration chargée nements qui y sont liés 10. de la gestion des archives produites à Régulièrement évoqué ces dernières l’échelle municipale, départementale années, le devoir de mémoire, expres- ou nationale, les services d’archives sion apparue en France au début des contribuent, par leur mission de col- années 1990 à propos de la Seconde lecte, de classement, de conservation Guerre mondiale et plus particu- et de communication, à enrichir le lièrement de la Shoah, manifeste patrimoine et la mémoire collective. l’obligation morale de se souvenir d’un moment tragique de l’histoire. Définie par le philosophe Paul Ricoeur comme une « mémoire obligée », une sorte d’« injonction à se souvenir » 11, cette notion a une portée morale et collective.

6 1. 2. Les usines Vermorel, s.d. 4. Les vendanges © Communauté d’agglomération 3. La voie du tacot, Jarnioux Villefranche-Beaujolais-Saône © Claude Bréant

1. 2.

12. Cf. Adeline Dans le Pays d’art et d’histoire du Beau- L’argumentaire patrimonial et les Coste, Le rôle des jolais, les structures qui valorisent lieux de mémoire sont aussi véhicu- associations, p.56. la vie culturelle illustrent parfaite- lés par les associations locales 12. Avec 13. Comme Patrimoine ment cette mission. Tournées vers les la multiplication des constructions des Pierres Dorées, Fédération des besoins des habitants et ceux du tou- et les aménagements souvent des- associations risme, elles répondent à des fonctions tructeurs, une prise de conscience beaujolaises fondée d’éducation et participent à la qualité de l’importance des « patrimoines en 2015. de vie et au lien social : de proximité » et de leur nécessaire préservation se fait depuis quelques - la géologie : Espace Pierres Folles années. Face aux menaces de dispari- (Saint-Jean-Des-Vignes), tion, de nombreuses associations ont - les beaux-arts et la création vu le jour pour sensibiliser, sauvegar- contemporaine : Musée Paul Dini der et faire connaître et reconnaître (Villefranche-sur-Saône), un pan de l’histoire locale souvent associée au patrimoine – industriel, - l’histoire et le patrimoine : Musée ferroviaire, rural, patrimoine architec- Prieuré (Salles-Arbuissonnas) ; tural, etc. À travers l’activité qu’elles Musée Claude-Bernard (Saint- déploient, elles luttent contre l’oubli, Julien) ; Musée Engrangeons la revendiquent le droit à la mémoire et Mémoire, Écobeauval (Anse) ; répondent à de véritables enjeux liés Musée du Souvenir (Villefranche- à la préservation du passé et à la sau- sur-Saône), Musée de Chazay vegarde du patrimoine. (Chazay- d’Azergues), etc., Par ailleurs, ces associations, qui - les traditions locales et populaires : tendent de plus en plus à travailler Musée des Conscrits (Villefranche- en réseaux 13, jouent un rôle essen- sur-Saône), Musée de la musique tiel pour sensibiliser les néo-ruraux mécanique (Oingt), et leur faire découvrir les richesses - les spécificités du terroir : Pôle patrimoniales et culturelles du ter- œnotouristique (Clochemerle à ritoire. Elles participent aussi à la Vaux-en-Beaujolais), transmission de légendes anciennes, comme, par exemple, celle du Baboin, - etc. dont l’histoire est perpétuée par l’as-

7 3. 4.

14. Par exemple, sociation Les Amis du Vieux Chazay. Fragile, ce patrimoine est un marqueur les travaux menés La rédaction de bulletins ou de de l’histoire et des spécificités propres par Les Amis de la Société populaire de journaux consacrés à la commune, à un territoire, à l’image de la culture Villefranche-sur-Saône l’organisation d’expositions et la parti- du chanvre 16, de l’activité de tailleurs sur l’histoire sociale et cipation aux événements du ministère de pierre 17 ou du savoir-faire viticole la mémoire ouvrière. de la Culture – Journées Européennes qui intègre de multiples compétences, 15. La mesure de du patrimoine, Journée du Patrimoine longtemps codifiées et transmises par sauvegarde du patrimoine culturel de Pays et des Moulins, Rendez-vous un apprentissage précoce, ritualisé et immatériel figure dans aux jardins, etc. – font partie des dispensé au sein de la famille au fil une convention adoptée actions concrètes qui ont pour mis- des générations. Au cœur des nou- par l’UNESCO en 2003. sion de sensibiliser un large public velles préoccupations culturelles, la 16. Cf. Exposition aux savoir-faire et aux traditions et de mémoire de ce patrimoine passe par la « Chanvre d’hier et de 14 demain », présentée préserver une mémoire commune . reproduction des gestes traditionnels par l’association Va À cela s’ajoutent aussi les activités des et des savoir-faire détenus par très peu Savoir, en partenariat sociétés savantes – comme l’Académie d’artisans. À ce titre, plusieurs actions avec les associations de Villefranche et du Beaujolais – qui ont été menées par le ministère de la du Patrimoine du Pays de L’Arbresle, mairie de jouent un rôle important de valorisa- Culture depuis 1994 pour pérenniser Saint-Laurent-d’Oingt, tion et de sauvegarde du patrimoine et un patrimoine de savoir-faire tech- les 29, 30 et 31 mars de la mémoire. nique à travers un enseignement par 2019. le travail. Celles-ci impliquent des Comme pour d’autres formes de 17. Cf. Regards sur le artisans d’excellence dans les métiers minéral. Entretien avec patrimoine culturel, l’industrialisa- d’art soucieux de transmettre leur Fabrice Molina, tailleur tion a impacté la survie des formes de pierre du territoire, savoir-faire à de nouveaux apprentis. traditionnelles d’artisanat. À mesure p.31. Par l’articulation entre l’observation que la société évolue et que les goûts 18. Denis CHEVALLIER, du geste et l’explication verbale se culturels se mondialisent, l’enjeu de « Quelle place pour construit une autre forme de mémoire : la mémoire orale l’héritage de pratiques artisanales, une mémoire technique 18. dans les politiques de savoir-faire enseignés à la descen- patrimoniales », dance et de traditions héritées de nos dans La Mémoire Orale : Rencontres ancêtres place le patrimoine culturel ethnologiques de immatériel au cœur des questions de Rouen , Mont-Saint- mémoire 15. Aignan, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2007, pp.21-27. 8 1. Les conscrits de 1939 2. La vague des conscrits, rue Nationale, Villefranche-sur-Saône, 2004 © Guy Claudey 3. Robert Moisy, Photographie pour Blédine

1.

19. Pour sauvegarder À un autre niveau, les pratiques col- la tradition liée à la lectives anciennes partagées par les fête des conscrits, un projet d’inscription au membres d’un même groupe expri- patrimoine culturel ment une volonté commune de faire immatériel est en perdurer des coutumes qui font appel cours avec le ministère de la Culture. aux souvenirs d’une communauté et marquent de façon symbolique l’ad- 20. Jean-Luc PIVETEAU, « Le territoire est-il un hésion au groupe par la spécificité de lieu de mémoire ? », certaines pratiques. Ainsi, la fête des dans L’Espace conscrits ne symbolise pas seulement géographique, 1995, n°2, pp. 113-123. le passage de l’enfance à l’âge adulte mais constitue aussi un marqueur de l’identité caladoise. Partie intégrante de la mémoire et du patrimoine de Villefranche-sur-Saône, cette tradition porteuse de valeurs culturelles s’ac- compagne de pratiques véhiculées de génération en génération et procure un sentiment de continuité avec l’his- toire du territoire 19. Ce ne sont là que quelques-unes des réflexions qui mettent en exergue les 2. liens entre mémoire et histoire. La mémoire fait appel à une multitude d’acteurs et de rythmes temporels 20. Elle trouve dans un territoire un espace singulier, une manière de s’incarner et joue un rôle majeur dans le façonne- Nathalie Ferrand ment identitaire d’un territoire et dans En charge de la politique la manière dont celui-ci apprivoise son des publics et de la médiation histoire et dessine son avenir. Docteure en histoire

9 3.

21. Sylvie CARLIER LA FABRIQUE DU TERRITOIRE : 1840, focalisée sur le passé antique et (dir.), Beaujolais Arts, médiéval de la nation, comprend sans hommes et territoires ESQUISSE D’UNE HISTOIRE de la Révolution à nos DU BEAUJOLAIS surprise la collégiale Notre-Dame- jours, Musée Paul-Dini, des-Marais à Villefranche-sur-Saône. Ébaucher l’histoire du Beaujolais sous Villefranche-sur‑Saone, Parmi les plus anciens classements 2019. le prisme d’une partie de son territoire figurent ceux du château et de la cha- labellisé « Pays d’art et d’histoire » 22. Jean-Michel pelle Notre-Dame-du-Bon-Secours à LENIAUD, Les archipels conduit à s’interroger en premier Châtillon-d’Azergues (1862). Durant du passé, Le patrimoine lieu sur la manière dont cette histoire et son histoire, 2002. les deux dernières décennies, des s’est constituée. Avant d’évoquer les édifices contemporains ont eux aussi acteurs de cette recherche, il faut sou- fait l’objet d’une protection, à l’image ligner que la période la plus récente des deux derniers ensembles inscrits, focalise largement l’attention. En effet, à Villefranche-sur-Saône : la maison de Blédine, la « seconde Maman », au Vermorel et son parc (2016) et l’éta- Beaujolais nouveau, l’histoire contem- blissement scolaire Notre-Dame de poraine du Beaujolais est jalonnée Mongré (2019). d’objets dotés d’une forte valeur ico- nique 21. Certains produits créés dans Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, le Beaujolais sont entrés dans la vie période de profonde mutation tant quotidienne de plusieurs générations, pour la France que pour le Beaujolais, bien au-delà de cette région. Tel est les recherches historiques à diffé- le cas du bleu de travail, conçu par rentes échelles se multiplient, dans le Joannès Sabot, qui fut d’abord teint en sillage de la création de l’École natio- noir. La Maison du Patrimoine à Ville- nale des chartes en 1821. Après les franche-sur-Saône, créée en 1999, s’est ruptures de la Révolution et du Premier attachée à rendre visible cette période Empire, la Monarchie de juillet puis par le biais d’expositions temporaires. Napoléon III s’attachent à enraciner le passé de la Nation autour de figures Autres repères de l’identité du Beaujo- tutélaires. En 1861, l’empereur fait lais, les monuments historiques livrent, fouiller la Saône au gué de Grelonges, avec la genèse de leur protection, un au nord de Villefranche-sur-Saône, récit qui fait écho à l’élargissement du afin de rechercher des traces du champ chronologique valable pour passage des Helvètes durant la Guerre toute la France 22. La première liste de

10 23. Claudius SAVOYE, des Gaules. Les travaux d’archi- Les Amis du Vieux Chazay, créée en « Le Beaujolais vistes en charge du département du 1935, musée Souvenirs et traditions à préhistorique », Bulletin de la société Rhône, à l’instar de Georges Guigue Chasselay (1987), Espace Pierres folles d’anthropologie de (1861-1926), donnent lieu à la publi- à Saint-Jean-des-Vignes (1991), musée Lyon, 1898, n°17- 2, cation de chartes capitulaires. Abel du Souvenir à Villefranche-sur-Saône 213 p. Besançon publie le Cartulaire munici- (1995), musée de la conscription dans 24. La fondation de pal de la Ville de Villefranche en 1907. la Maison du patrimoine à Villefranche- l’Académie intervient peu de temps après la Certains ouvrages, publiés alors, sur-Saône (1999), remplacée en 2008 publication de l’Histoire restent encore aujourd’hui des réfé- par le musée des conscrits. Depuis de Villefranche, capitale rences, à l’image de ceux de Claudius les années 2000, cinq musées ont vu du Beaujolais de Pierre 23 LOUVET (1672), qui Savoye . De nombreuses monogra- le jour : musée Gabriel Chevallier à travaille au service de la phies concernant des villages sont Vaux-en-Beaujolais (2004), archéo- Grande Mademoiselle, rédigées par des hommes d’Église ou thèque du château des Tours à Anse baronne du Beaujolais des instituteurs. placée sous l’égide de l’association et princesse de Dombes. Art, Civilisation et Patrimoine fondée L’Académie renaît sous L’Académie de Villefranche et du le nom de Société des en 2004, musée vivant de la musique Beaujolais, héritière de l’Académie de Sciences et Arts du mécanique au Val d’Oingt (2007), Beaujolais ; le retour belles lettres fondée en 1677, devenue musée Engrangeons la mémoire à du nom « Académie » académie royale en 1695 puis tombée est adopté en 1956. Les Anse (2011) et musée-prieuré à Salles- en sommeil à la Révolution, renaît conférences publiques Arbuissonnas (2012). À l’horizon 2023, mensuelles donnent en 1899 24. Des colloques sont organi- le Pays d’art et d’histoire du Beaujo- lieu à une publication sés régulièrement : 750e anniversaire annuelle et les travaux lais disposera, grâce au site pilote27 de la charte de 1260 (2010), Claude des sociétaires sont de son Centre d’Interprétation de évoqués dans une lettre Bernard (2013), Victor Vermorel (2016), l’Architecture et du Patrimoine, d’un trimestrielle. industries textiles (2019). D’autres équipement offrant une présentation associations publient régulièrement, à 25. Gilbert GARRIER, du territoire et de son évolution. Paysans du Beaujolais l’instar de La Vigneronne à Chessy-les- et du Lyonnais Mines, en leur nom ou dans le cadre de Deux des édifices abritant des musées 1800-1970, Presses universitaires de la fédération « Patrimoine des Pierres figurent parmi les chantiers archéolo- Grenoble, 2 volumes, Dorées » créée en 2015. Quant aux giques qui font avancer la recherche 1973 ; Marie-Thérèse travaux universitaires sur l’histoire du depuis les années 1980 : le château des LORCIN, Les 28 campagnes de la Beaujolais, ils épousent les évolutions Tours à Anse et le prieuré à Salles- région lyonnaise aux de l’historiographie depuis plusieurs Arbuissonnas-en-Beaujolais en 2004. e e XIV et XV siècles, 1974. décennies. Privilégiant la longue durée En plus des rapports de fouilles réa- 26. Un Espace Arts plutôt que l’« histoire événementielle » lisés dans le cadre d’aménagements, Plastiques est mis en dans le sillage de l’École des Annales, telle la campagne sur le tracé de la place dans les locaux de la rue Grenette. plusieurs thèses ont pour champ future autoroute A466 – liaison A6/A46 En 2001 le musée d’étude le monde rural.25 à Ambérieux et Les Chères menée par Paul-Dini est inauguré. l’Inrap –, des contributions publiques À Villefranche-sur-Saône, la volonté de 27. Le site pilote ou associatives couvrent partiellement sauvegarder des témoignages du passé sera positionné dans le territoire. De 1981 à 2005, le comité se traduit par la création d’un musée, l’ancien Hôtel-Dieu de du Pré-inventaire des monuments et Villefranche-sur-Saône, inauguré en 1863 rue Nationale, puis richesses artistiques du Rhône, aidé à l’emplacement de installé comme musée-bibliothèque l’actuel Office de correspondants locaux, publie neuf en 1893 dans l’ancienne grenette. Alors de Tourisme. monographies communales 29. L’Union que les collections du musée caladois 28. Cf. M.P. FEUILLET, des sociétés historiques du Rhône et de sont mises en réserve en 197826, de J.-O. GUILHOT, M.-O. Lyon Métropole a consacré plusieurs MANDY et C. ORSEL, nombreuses initiatives maillent le journées d’études au territoire : Anse Anse, château des Tours : territoire d’équipements publics origine et évolution (1986), Châtillon-d’Azergues (1991), ou privés : musée Claude Bernard à d’un point fort de la Salles-Arbuissonnas (1999), auxquelles seigneurie de l’Église de Saint-Julien (1947), musée de Cha- se sont ajoutées Jean-Marie et Manon Lyon, CNRS, 1985. zay-d’Azergues animé par l’association

11 Carte des sites et des voies de communication antiques (DAO : Robert Guichon). Source : Romain Guichon (dir.), « Châtillon (Rhône), éperon de Dorieux- Besancin », Rapport de fouille, 10-21 octobre 2016, figure 16

29. Anse, Charnay, Roland (1989) et Villefranche-sur- loppent le long des voies en direction Chasselay, Châtillon- Saône et son Académie (1995). des monts du Beaujolais et de La Loire. d’Azergues, Denicé, Cependant, l’axe principal en direction Marcilly d’Azergues, L’ensemble de ces travaux permet Oingt, Pommiers, de Roanne est situé plus au sud, le long d’esquisser une histoire du Beaujo- Saint-Cyr-le-Chatoux. de la Turdine. Les cultures vivrières, La commune de lais dont la période la plus ancienne dont la vigne, impactent peu les pay- Jassans-Riottier a remonte au Paléolithique. Pour cette bénéficié de 1987 à sages, largement boisés. 1992 de l’Inventaire période plusieurs découvertes sont du patrimoine réalisé localisées à Pommiers, Anse, Morancé Sous les Burgondes, la christianisation pour le canton de et . L’atelier de taille de laisse des témoignages, telles que les Trévoux. silex à Alix est daté d’il y a 20 000 ans. inscriptions de Vistregilde et de Proba 30. Jean-Claude BEAL, À l’époque protohistorique cette partie (morte en 498), à Anse (église Saint- C. COQUIDE et R. TENU, Ludna et Asa Paulini, orientale du territoire des Ségusiaves Pierre). Le territoire se structure avec Deux étapes antiques est connue notamment par Chessy, la fondation de paroisses. du Val de Saône sur la avec une occupation principale qui route de Lyon, DARA L’origine du mot « Beaujolais » vient s’étend de la seconde moitié du IIe 39, 2013. du nom « Beaujeu », première capitale siècle avant J.-C. au début du IIIe siècle du Beaujolais, située au Nord-Est de après J.-C. Plusieurs sites en hauteur Villefranche-sur-Saône. En 957, le siège (Ville-sur-Jarnioux, Salles-Arbuisson- de la famille de Beaujeu, le château de nas-en-Beaujolais) ont livré des indices Pierre Aigüe, domine la vallée de l’Ar- d’occupation. dières qui met en relation la Saône et À l’époque antique, le dévelop- la Loire. Des alliances matrimoniales pement des échanges sur l’axe assoient le pouvoir des Beaujeu, tel Nord-Sud le long de la Saône, entre Humbert II, qui épouse à la fin du XIe Mâcon et Lyon, favorise le dévelop- siècle la fille du comte de Châlon, puis pement d’Anse 30 (Asa Paulini) où la fille du comte de Savoie. Par sa mère plusieurs villae sont connues, dont Sybille, Humbert V (1198-1250) est le celle de la Grange du Bief. Les ves- neveu d’Isabelle de Hainaut, reine tiges de la forteresse d’Anse sont de France ; connétable, il commande encore visibles. Des villae sont aussi l’armée de saint Louis pendant la sep- attestées au Pont de Dorieux (Châtillon- tième Croisade. d’Azergues) et à Chessy-les-Mines. Des bourgs comme Châtillon se déve-

12 1. Chartes de franchises édictées sous la tutelle de l’Église de Lyon (Anse, 1182), l’abbaye d’Ainay (Chazay, 1197), Étienne d’Oingt (Châtillon, 1260), l’abbaye de Savigny (Chessy, 1272) et pour les autres villes par les Beaujeu (1260-1310) 2. Chessy-les-Mines

1. 2.

31. Bruno GALLAND, Un peu avant 1140, Villefranche est la Saône et l’Azergues. Du château des « Les fortifications créée par Humbert III, sur le chemin Tours à Anse au donjon de , de Renaud de Forez, archevêque de de Bourgogne. La charte de 1260 Renaud de Forez, archevêque de 1193 Lyon », Actes du 135e (Archives municipales de Villefranche) à 1226, contrôle une grande partie de congrès national des prévoit pour les habitants l’accession la vallée de l’Azergues 31. S’appuyant sociétés historiques et scientifiques, au statut de bourgeois au bout d’un an sur de puissants vassaux comme Gui- Neuchâtel, 2010, pp et un jour de résidence. La franchise chard III d’Oingt (voir page 42), il doit 121-127. des péages assure le succès des foires partager son aire d’influence avec le et des marchés. Suivent, jusqu’en chapitre primatial de Saint-Jean de 1310, les chartes de Belleville, Thizy, Lyon. Beaujeu, et sur la rive gauche de la Plusieurs abbayes (Cluny, Savigny, Saône, Miribel, Lent et Thoissey. Au Île-Barbe, Ainay) concourent au XIIIe siècle Pouilly-le-Châtel (Denicé) développement des bourgs tels que devient la principale résidence des Chasselay et Chazay. Les seigneurs de seigneurs de Beaujeu. La présence de Beaujeu font des donations à l’Église, l’enceinte est avérée à Villefranche au à l’exemple de Guichard III qui donne début du XIIIe siècle. La ville devient le domaine de Joug, à Arnas, à l’ab- une place importante pour le com- baye voisine, dont il est le fondateur. merce de toile au XIVe siècle. Les À la complexité des relations entre sei- parcelles s’étirent entre la route royale gneurs laïcs et religieux s’ajoutent des (actuelle rue Nationale) et les rues « de frontières sans cesse mouvantes. Ainsi, derrière ». Les bourgeois obtiennent le au XIIIe siècle, appartient au droit d’échevinage en 1360. comte de Forez, puis aux chanoines Édifiés sur des hauteurs, de nombreux de Lyon, avant de revenir aux Beau- donjons et des fragments d’enceintes jeu vers 1245. Au XIIIe siècle, le conflit témoignent encore de l’intérêt stra- entre les comtes de Forez et les sei- tégique du territoire au Moyen-Âge, gneurs de Beaujeu se déroule avec des à l’exemple des tours d’Oingt et de alliés positionnés, pour chacune des Châtillon-d’Azergues. En 1173, le sud deux parties, sur les deux rives de la du territoire est partagé entre le comte Loire. Ainsi figurent parmi les châteaux de Forez et les archevêques de Lyon, alliés aux Beaujeu : Perreux, Thizy, Lay qui tiennent à Anse la confluence entre et Néronde, ainsi que, plus à l’ouest,

13 3. Vantaux du portail occidental de l’église Notre-Dame-des-Marais, Villefranche-sur-Saône. Les chiffres de Pierre de Beaujeu, de son épouse Anne et de leur fille Suzanne figurent à côté de la devise « Espérance » et des symboles du duc de Bourbon : le chardon et le cerf ailé

4. Cour de la Maison des Fleurons, Villefranche- sur-Saône

3. 4.

32. Chrystèle Châteaumorand, Saint-Haon-le- château d’Oingt et le prieuré d’Alix. IMBERT, « La charte Châtel, Ouches, Saint-Maurice-sur- En 1562, le baron des Adrets prend de franchises de 32 e e Thizy et la politique Loire, Urfé et Couzan . Anse et Villefranche. Aux XVII et XVIII castrale des sires de siècles, le développement urbain Les archevêques deviennent vassaux Beaujeu », in Académie s’affirme, comme l’illustrent de nom- de Villefranche du roi de France en 1307. Quant aux sei- breuses demeures de Villefranche ou la et du Beaujolais, gneurs de Beaujeu, ils sont les vassaux Villefranche-sur-Saône Mansarde (actuelle mairie) à Charnay. des comtes de Savoie pour les terres et sa charte de 1260 : L’économie caladoise est renforcée à la recherche des qu’ils possèdent en Bresse. L’année par l’installation d’activités textiles, libertés communales, 1400 est marquée par l’entrée de la Actes du colloque des blanchisseries, teintureries, que four- seigneurie de Beaujeu dans les pos- 3 et 4 décembre 2010 nissent les tisserands des quartiers organisé pour le 750e sessions des Bourbons. anniversaire de la populaires et du Beaujolais. L’intro- charte, 2010, 149-174. Malgré les guerres du début du duction des indienneries vers 1770 e complète cette dynamique 33. 33. Joseph BALLOFFET, XV siècle, l’essor du territoire s’ap- puie sur des figures telles que les frères Historique de L’indienne À la fin du XVIIe siècle, les vignobles à Béligny, Chervinges Baronnat, associés à Jacques Cœur sont plantés en masse dans le sud du et Villefranche-en- dans les mines de cuivre de Chessy. Beaujolais, 1912. territoire pour fournir Lyon. La com- En 1473, Pierre de Bourbon se marie mercialisation des vins est facilitée avec Anne, fille du roi Louis XI. Leur fille au XVIIIe siècle par l’amélioration des Suzanne épouse Charles de Bourbon routes en direction de Paris et de la Montpensier, connétable de France. Loire. Deux villages, Salles et Alix, pos- En 1522, le Beaujolais est confisqué sèdent un chapitre de chanoinesses aux Bourbons et donné à Louise de comtesses dont plusieurs maisons Savoie, mère de François Ier. En 1531, existent encore. Au XVIIIe siècle, ces le Beaujolais entre dans le domaine chapitres sont renommés jusqu’à la royal. Villefranche, promue capitale cour du roi. du Beaujolais en 1514, devient bail- liage royal. Le XIXe siècle est marqué par la crois- sance économique et démographique, Le rayonnement de Lyon au XVIe qui métamorphose villes et villages : le siècle profite au territoire, malgré les territoire compte 29 571 habitants en Guerres de Religion durant lesquelles 1800, 44 984 en 1851 et 52 375 en 1901, plusieurs sites sont détruits, dont le soit une hausse de 77 % en un siècle.

14 1.

34. Les recherches de Le Beaujolais est alors une terre de Villefranche, 1866 pour ) avec Guy Claudey montrent migrations, à l’image des maçons et les lignes du Paris-Lyon-Méditerranée que 266 maçons 34 de la Creuse ou tuiliers du Limousin . et de Givors à Paray-le-Monial, mais de la Corrèze sont aussi celles du Tacot (1902-1934), Les portes des remparts de Ville- dénombrés de 1851 reliant Villefranche à Monsols au à 1906 en Beaujolais. franche commencent à être abattues Nord-Ouest et au Sud-Ouest. Ce La trace des migrants, en 1803. Les industries (métallurgie, les maçons creusois train est utilisé à la fois pour le trans- teinturerie, confection et alimentation en Beaujolais. Cf. Guy port de voyageurs et de marchandises CLAUDEY, « La trace infantile) laissent leur empreinte dans (principalement du vin, du bois et des des migrants, les la ville. Ces activités sont encore de nos maçons creusois pierres). en Beaujolais », jours, pour les Caladois, synonymes Revue d’Onte ses ?, de grandes familles industrielles : Le transport ferroviaire facilite la vente Centre généalogique, Vermorel, Bonnet, Marduel, Mulsant, des vins à Lyon. Les vignerons sont historique, héraldique de la Marche et du Gallice, Jacquemaire… En 1898, la largement polyvalents : ils sont agri- Limousin, n° 1, mars S.A.B.T.I (Société Anonyme de Blanchi- culteurs, tisseurs, carriers… À la suite 2010. ment Teinture et Impression) emploie de la crise du phylloxera (1876), les 1 400 personnes. De nombreux vignobles sont replantés de manière domaines se transforment, à l’instar de massive. Dans la plaine des Chères, celui de Lachassagne (château de 1830 les vergers se développent à partir de remplaçant un château médiéval). 1880. Le développement des industries Un élan supplémentaire est apporté (Anse, Villefranche), des mines aux vignobles avec la création du (Chessy) et des carrières est facilité par marché des vins primeurs (Beaujolais l’arrivée du chemin de fer (1854 pour nouveau) dans les années 1950.

15 1. Ouvriers de l’entreprise de confection Gallice, Villefranche-sur-Saône 2. Hervé Billaut, Schumann-Mania, Les Rendez-vous de Rochebonne 2018 © S. Barral-Baron

2.

Depuis la deuxième moitié du mouvoir les pratiques vitivinicoles XXe siècle, les communes situées le qualitatives et valoriser les filières long de la Route Nationale 6, puis de agricoles et sylvicoles. Il s’agit de l’un l’A6, se développent fortement, avec des enjeux majeurs du territoire, avec la construction de nombreux lotisse- la maîtrise du développement urbain, ments ainsi que de zones économiques la qualité de l’habitat contemporain, la et commerciales. La population, qui préservation de la biodiversité et des était de 53 626 habitants en 1951, ressources naturelles, le rayonnement dépasse les 122 000 habitants en 2017. des activités culturelles et le dévelop- De grands ensembles sont construits à pement des activités touristiques à Villefranche-sur-Saône. proximité de la métropole lyonnaise. Dans les années 2000, le vignoble entre Chrystèle Orcel, responsable en crise ; la déprise viticole participe du service Animation de à la transformation des paysages. l’architecture et du patrimoine, Les acteurs se mobilisent pour pro- docteure en histoire

16 VIVRE DANS LE PAYS D’ART ET D’HISTOIRE DU BEAUJOLAIS

Marché couvert de Villefranche-sur-Saône

17 1. Affluents de l’Azergues 2. Pêcheurs au carrelet et lavandières près du d’amont en aval port de Beauregard, fonds Berthier-Geoffray

Ruisseau 3. La Saône au Bordelan de Saint-Cyr © Communauté d’agglomération Villefranche-Beaujolais- Ruisseau de Saône 2. Rebaisselet

Ruisseau de Vervuix

Soanan Ruisseau de Nizy Goutte Molinant

Ruisseau 3. d’Alix

Brévenne

Maligneux DE L’AZERGUES À LA SAÔNE espèces faunistiques, floristiques et fon- gistiques, et un corridor écologique. La Sémanet Le Pays d’art et d’histoire comporte trois Galoche fait partie des espaces à préser- types de paysages d’ouest en Est. Dans

L’Azergues ver dans le Site Patrimonial Remarquable les monts du Beaujolais, le point culmi- de Pommiers. En plus de ces rivières et nant du territoire labellisé est situé à ruisseaux, le territoire comporte aussi , à 866 m. Les crêts, vallons et des zones humides. Certaines d’entre plateaux occupent la partie centrale du elles sont protégées, comme à Bagnols territoire. La plaine bordée par la Saône (voir page 35). Le Schéma de Cohérence s’élargit au sud, face aux monts d’Or. Territoriale du Beaujolais, qui se projette Quel point commun trouver entre ces de 1999 à 2030, possède une trame espaces ? L’eau y est omniprésente. Du verte et bleue notamment dédiée à la nord au sud, les affluents dela Saône préservation de la faune et la flore grâce sont la Vauxonne, le Marverand, le Nize- aux ressources en eau. rand, le Morgon (largement canalisé Plusieurs projets structurants pour le à Villefranche) et l’Azergues. Au sud, territoire sont relatifs à la Saône : Chasselay est irrigué par les ruisseaux qui s’écoulent depuis les coteaux des - La Zone d’Aménagement Concerté monts d’Or. (ZAC) du Bordelan à Anse s’articulera autour d’un port de plaisance d’une De nombreux cours d’eau, à l’instar de capacité d’accueil de 350 bateaux. l’Azergues (longue de 62 km) sont issus - L’aménagement d’une halte fluviale du rebord oriental du Massif Cen- à Villefranche-sur-Saône pour accueil- tral. De multiples sources naissent en lir les bateaux de croisière. contrebas des sommets des monts du - Le secteur de l’Île Porte à Arnas Beaujolais, à la faveur des ruptures de comporte un périmètre de ZAC de pente. Les deux plus longs affluents de 59 hectares, avec des espaces publics, l’Azergues sont le Soanan (20 km) et la 23 hectares commercialisables et des Brévenne (39 km), alimentée à l’amont de logements. Lozanne et de L’Arbresle par la Turdine. À - Les deux intercommunalités participent Pommiers, la Galoche (affluent du Mer- à la démarche visant au développement loux qui se jette dans le Morgon) offre des d’un itinéraire fluvestre interrégional lieux d’habitat et de reproduction des du sud de Mâcon à Lyon.

18 1. Population du Pays d'art et d'histoire du Beaujolais Le Perréon 2. Le Perréon Saint - Etienne - les - Oullières

Vaux - en - Salles - Beaujolais Arbuissonnas - en - Beaujolais Saint - Cyr - le - Châtoux Blacé Montmelas - Saint - Julien Arnas Saint - Sorlin

Rivolet Denicé

Villefranche - Gleizé sur - Saône Cogny Chamelet Jassans - Riottier Létra Sainte Ville - sur - Limas Paule Jarnioux Porte - des - Pierres - Dorées Pommiers

Ternand Theizé Anse Val - d’Oingt Ambérieux - Lachassagne Saint - Moiré d’Azergues Vérand Alix Marcy - sur - Anse Légny Bagnols

37 000 habitants Morancé Les Chères Le Breuil Chessy - Charnay Entre 5000 et 10 000 habitants les - Mines Chazay - Saint - Jean - d’Azergues Entre 3000 et 5000 habitants Châtillon - Chasselay d’Azergues des - Vignes Marcilly- Belmont - Entre 1000 et 3000 habitants d’Azergues d’Azergues

Moins de 1000 habitants Civrieux - Lozanne d’Azergues

1.

HABITER ET TRAVAILLER AU CŒUR l’arrivée de nouveaux habitants, D’UNE DES RÉGIONS LES PLUS le profil démographique rajeunit. DYNAMIQUES D’EUROPE Durant l’année scolaire 2017-2018, plus de 27 000 enfants, adolescents Situées au Nord-Ouest de la métro- et étudiants ont été accueillis dans pole de Lyon, les 50 communes des établissements scolaires, deux comptent plus de 122 000 habitants. Maisons Familiales Rurales, un Institut Elles abritent plus de 1 400 rési- médico-éducatif et sur le Campus du dences secondaires. La population Martelet à Limas. se concentre à 46 % dans les pôles urbains situés à proximité des axes Dans de nombreuses communes de circulation majeurs (autoroute A6, les habitants ont un sobriquet : les chemin de fer sur l’axe Dijon-Lyon). Mouches à Saint-Cyr-le-Châtoux, Villefranche-sur-Saône, Jassans- les Grenouillards à Saint-Julien, les Riottier, Gleizé et Anse regroupent à Longues chemises à Cogny, les Fèves elles seules plus de 57 000 habitants. à Ville-sur-Jarnioux, les Gnocs à Pommiers, les Gaillards à Limas, les Depuis la deuxième moitié du Arlequins à Lachassagne ou encore XXe siècle, la croissance démogra- les Livenots à Frontenas. « L’histoire » phique globale est forte, avec une de ces sobriquets est transmise orale- hausse de près de 130 % entre 1951 et ment. Ainsi, les « Ocques rouges » de 2017 (53 626 habitants en 1951). Avec

19 2.

35. Source : Agence Saint-Jean-des-Vignes font référence Les activités économiques sont diver- d’urbanisme pour aux guêtres teintées de rouge par sifiées, à l’exemple de . le développement l’agriculture de l’agglomération la terre et portées autrefois par les Dans la plaine à l’Est, cultures céré- lyonnaise, vignerons. alières, arboricoles et maraîchères, Observatoire des ainsi que pâturages et pépinières, Espaces agricoles et Bien implantées dans le territoire, les coexistent avec des usines et le port de naturels, janvier 2014. fêtes de classe se déroulent durant le commerce de Villefranche-sur-Saône. premier semestre de chaque année, Les zones d’activités économiques à de rares exceptions près (en sep- et commerciales occupaient plus de tembre à Lozanne). Elles désignent les 900 hectares en 2014. Dans les monts fêtes regroupant toutes les personnes du Beaujolais, la culture de résineux est nées la même année. L’année des complétée par l’élevage. L’exploita- 20 ans est le moyen d’identification tion de carrières sert à la fabrication d’un ensemble de conscrits des deux de matériaux de concassage et de voi- sexes. Certaines communes se réu- rie, de ciment et de béton. nissent pour l’occasion, comme par exemple Anse, Ambérieux d’Azergues UN TERRITOIRE FAÇONNÉ et Lachassagne. En été, d’autres fêtes PAR LA VITICULTURE sont enracinées, comme les Feux de la En 2010 35, les espaces agricoles cou- saint Jean, à Saint-Jean-des-Vignes, vraient plus de 56 % du Pays d’art et qui ont célébré leur cinquantième d’histoire du Beaujolais, avec une anniversaire en 2017. À Villefranche- Surface Agricole Utile de plus de sur-Saône, la fête des conscrits se 16 000 hectares. Les exploitations déroule sur cinq jours en hiver. Sa dont la production dominante est la charte garantit la conformité de la viticulture sont les plus nombreuses ; fête à la tradition. La Vague, qui a lieu elles s’étendaient approximativement le dimanche matin, est réservée aux sur 11 000 hectares en 2010. hommes, qui offrent des bouquets aux conscrites le samedi. Par-delà l’aspect Les pratiques vitivinicoles actuelles festif de l’évènement, être conscrit, s’attachent à diminuer les entrants c’est être lié par ce que l’on nomme chimiques, les sols faisant l’objet « la classe », dont les membres sont d’études très approfondies. La côte unis et solidaires. viticole s’élève jusqu’à 500 mètres

20 1. Occupation du sol en 2010 dans le Pays d’art et d’histoire du Beaujolais 2. Affiche de l’entreprise de Victor Vermorel (pulvérisateur Éclair et torpille) Espaces agricoles : 56,4 % 3. Chazay- Espaces naturels : 26,4 % d’Azergues Zones urbaines : 14 % Les espaces artificialisés on progressé de 4,5 % de 2000 à 2015. Plus de 12 000 nouveaux logements ont vu le jour de 1999 à 2013. ZAEC : 1,8% (Zones d’activités Économiques et Commerciales) Espaces en mutation : 0,8 % (Carrières de pierres, chantiers, décharges, friches) Infrastructures de transport : 0,6 % Source : Agence d’urbanisme pour le développemnt de l’agglomération Lyonnaise, Observatoire des Espaces agricoles et naturels, janvier 2014. 1. 2.

d’altitude environ, avec deux situa- Le Breuil et Pommiers. Plusieurs tions géologiques distinctes et deux confréries, dont les Compagnons du Appellations d’Origine Contrôlée Beaujolais, assurent la promotion du (AOC). Au nord (9 communes pour vignoble et du pays beaujolais dans le l’AOC Beaujolais-Village), les forma- monde entier. tions sont similaires à celles des Monts Le patrimoine bâti lié à la viticulture du Beaujolais, comme les granites est très riche, à l’image des multiples à Saint-Julien, dont la dégradation cadoles (cabanes de vignerons) et produit des sols siliceux constitués murs en pierres sèches. Il existe, par de sables grossiers très drainants. La exemple, pas moins de 60 cadoles à volcanite noire de Rivolet forme des Ville-sur-Jarnioux. Parmi les cuvages sols caillouteux plus argileux, notam- remarquables figure celui de Lacenas ment dans des secteurs viticoles élevés (1786), qui se distingue par ses propor- au nord du massif de Montmelas. tions (plus de 900 m2) et par sa cave, Au sud (35 communes pour l’AOC Beau- dont les voûtes en pierre reposent sur jolais), l’érosion par le ruissellement des piliers centraux massifs. D’autres sur les terrains du Secondaire suit la cuvages ont été reconvertis en valori- géologie des couches, des fractures sant leur fonction originelle, comme et des failles du Tertiaire (Nord-Sud). celui d’Anse, qui abrite la médiathèque Les pentes à l’ouest sont raides, de par Albert-Gardoni. À Villefranche-sur- la présence de séries sédimentaires Saône, la Station viticole et le Temple relativement tendres. Les pentes sont du Vin conçus par Victor Vermorel douces à l’Est et suivent l’inclinaison (1848-1927) gardent la trace de son des bancs calcaires et des marnes qui action, tout comme l’Ampélographie leur sont associées, avec des sols à publiée avec Pierre Viala. Propriété dominante argilo-calcaire. de Vermorel, le Domaine de l’Éclair La Saint Vincent, dédiée au patron s’étendait sur 60 hectares répartis des vignerons, donne lieu le 22 jan- entre Liergues, Jarnioux et Gleizé. vier, et dans les jours qui suivent, Il comprenait, en plus du château, à des fêtes et des concours viti- des bâtiments d’exploitation et des coles dans plusieurs communes maisons de vignerons. Aujourd’hui il telles que Vaux-en-Beaujolais, accueille la SICAREX Beaujolais, centre Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais, de recherche vitivinicole, et l’école de Saint-Laurent-d’Oingt, Saint-Vérand, cuisine japonaise Tsuji. 21 3.

36. Source : Agence COMMENT ACCUEILLIR DE communes en dehors de ces zones, d’urbanisme de l’aire les extensions urbaines doivent être métropolitaine lyonnaise, NOUVEAUX HABITANTS ET L’artificialisation des sols PRÉSERVER LA BIODIVERSITÉ ? localisées au plus proche des bourgs 3. entre 2000 et 2015 – chiffres en évitant le mitage. La démarche de La proximité de la métropole lyonnaise clefs Aire métropolitaine densification se pense non seulement lyonnaise et Beaujolais et la qualité des paysages (voir pages à l’échelle du logement collectif, mais (Données Spot Thema) 29 à 37) renforcent l’attractivité du aussi à d’autres échelles : maisons Sud-Est du Beaujolais. De 2000 à individuelles, maisons mitoyennes, 201536 , 1 254 hectares ont été artifi- lotissements mixtes. Chaque projet cialisés (300 m2 par nouvel habitant). (construction ou réhabilitation) est Plusieurs échelles sont mises en œuvre à concevoir selon le paysage et la en matière d’urbanisme, en intégrant forme urbaine auxquels il s’intègre. la qualité architecturale et les enjeux La préparation d’un nouveau Plan environnementaux : énergie, climat, Local d’Urbanisme intercommu- déplacements, bruits, déchets, eau, nal à l’échelle de la Communauté assainissement. Une modification du d’agglomération Villefranche-Beau- Schéma de Cohérence Territoriale du jolais-Saône est en cours. Beaujolais (SCoT) a été actée en 2018 au sujet du paysage et du maintien des corridors écologiques. Le SCoT, qui se projette de 1999 à 2030, est appliqué pour encadrer le développement urbain. L’objec- tif est de construire en 3 décennies plus de 34 000 logements dans 4 zones groupées autour de pôles. Villefranche-sur-Saône est en polarité 1, Anse en polarité 2, Saint- Étienne-des-Oullières, Le Val d’Oingt, Chazay-d’Azergues et Lozanne en polarité 3. Ces pôles sont définis en tenant compte des infrastructures de transport, dont les gares. Pour les

22 1. Hélène Tizorin © Hélène Tizorin 3. Yves Dimier, Arbre du chemin des loups © Catalogue d’exposition d’Yves Dimier 2. Oumnia Boivin © Louis Peyron

1. 2.

REGARDS SUR LE VÉGÉTAL La démarche pour moi est la même, seuls les supports changent. La crise de la biodiversité enfle et Quelques plantes, choisies pour chacun souligne ses causes anthro- donner de la magie au lieu, ou un piques. Les scientifiques ont alerté dessin au stylo sur un morceau de sur les dégâts, les enjeux écolo- bois : il n’y a là aucune sophistica- giques, économiques et sociaux. tion, la lecture est immédiate pour Le milieu artistique s’est mobilisé tout le monde. à leur suite. Une conscience collec- tive œuvre chaque jour à offrir les • Quel est votre regard sur la moyens à chaque citoyen de pré- biodiversité ? Comment server son environnement et de se la retrouve- t-on dans vos œuvres ? réconcilier avec la nature. Toute plante, tout arbre, toute HÉLÈNE TIZORIN pierre présente un intérêt. La biodi- versité apporte des modèles infinis, • Doit-on être engagé lorsqu’on c’est une source d’inspiration per- évoque la nature dans ses créa- manente. Dans l’exposition « Em- tions ? preintes », mon travail est directe- Mon engagement passe par l’incita- ment lié au territoire beaujolais. J’ai tion à remarquer les détails, la fragi- dessiné des arbres de la région, j’ai lité et la beauté de la nature afin de recueilli des fruits et des graines au- mieux la respecter. Mes travaux sont tour de Theizé pour la mise en place variés. Les fils conducteurs restent la de mon jardin éphémère. couleur blanche, le relief et ma fas- OUMNIA BOIVIN cination pour la nature, acquise dès mon enfance. « Amasser, isoler, ordonner a dit Patrick Mauriès. C’est tout ce que • Autant le Land Art est un hymne j’aime. Objets simples ou fantas- à cette nature offerte, autant une magoriques, hétérogènes ou d’une réflexion artistique impliquant même espèce. J’ai participé à l’ex- un support est peut-être moins position Empreintes en proposant évidente ? deux cabinets de curiosités, l’un minéral dédié aux fossiles et pierres

23 3.

trouvés dans notre village et l’autre vironnement dans une démarche ré- végétal, avec des spécimens glanés solument engagée. Investir les tours dans notre campagne et nos forêts du château de Rochebonne m’a alentours. J’ai proposé un herbier permis d’apporter une petite pierre réalisé en 1943 par un petit gar- en créant un univers spécifique pour çon de 10 ans, enfant du pays, au- chacune des thématiques, permet- jourd’hui disparu, mais dont le tra- tant ainsi aux visiteurs d’entrer dans vail de recherche perdure, ou encore un cocon comme pour mieux illus- des ammonites et autres trilobites trer le pourquoi du label Pays d’art de Theizé. et d’histoire et la raison de cette ex- position. » Ma démarche se situe à mi-chemin entre Land Art et création artistique. YVES DIMIER La véritable raison d’être des cabi- Installé à Oingt, Yves Dimier est un nets de curiosités : faire ou refaire peintre calligraphe. De naissance et vivre des objets inaltérables et bien de formation occidentale (Beaux- vivants, témoins du passé et d’au- Arts à Paris), il adopte les techniques jourd’hui. Objets simples reflétant de la calligraphie japonaise du Sho la biodiversité, dont l’accumulation de manière très personnelle. Ses en apparence semble désordonnée, encres créent le lien entre imagi- mais cependant orchestrée. C’est la naire et figuratif, en s’inscrivant recherche de la continuité entre art délibérément dans l’épure, à la re- et nature comme un « travail de mé- cherche du geste parfait. moire » et un hommage à notre en-

24 • Le lieu d’exposition et la thématique du label ont-ils suggéré une autre dimension à votre travail ? Le château de Rochebonne, sa lu- mière, ce lieu chargé d’histoire, ses espaces intérieurs, m’ont per- mis d’installer toute une forêt imaginaire créée avec des kaké- monos suspendus au plafond à plus de quatre mètres de hauteur. Avoir l’opportunité d’installer une œuvre à grande échelle dans cet espace est une grande chance. 1. Ensuite, exposer dans le cadre du label attaché aux terroirs, aux tradi- tions, à toutes les étendues du pa- • Comment s’inscrire dans cette trimoine d’une région de caractère démarche en tant qu’artiste entre comme le Beaujolais ne peut que Anthropocène* et développement résonner très fort en écho de mon durable ? travail qui, par ailleurs, présente * Anthropocène : Tel un guerrier pacifique je consi- des arbres de nos collines, et aussi époque de l’histoire de la Terre qui a dère mon pinceau comme un outil beaucoup d’autres venus du monde débuté lorsque les engagé pour servir la beauté. J’ai entier. activités humaines découvert François Cheng par la ont eu une incidence • Œuvre éphémère ou pérenne, calligraphie. Il fait partie de mes globale significative l’artiste laisse sa marque. guides. Marc Halévy dit « l’univers sur l’écosystème de la Finalement, qu’avez-vous envie planète. est un arbre qui pousse et nous, de laisser comme « Empreinte » ? * Cambium : les hommes, sommes chargés du « tissu » de l’arbre passage de la fleur vivante au fruit Dans le travail de la calligraphie il y situé entre l’écorce et pensant. » Nous, les artistes, avons a d’abord l’intention. Le dessein du le pourtour extérieur de l’aubier. Son aussi cette capacité à percevoir calligraphe n’est pas tant de pro- activité présente une assez tôt les signaux faibles de la duire l’image. Le calligraphe, ou du certaine plasticité : conscience collective. Nous avons moins celui que j’entends, produit le cambium permet un devoir d’alerte. Nous sommes une intention. L’image qui apparaît à l’arbre de s’adapter à sa croissance et désignés initiateurs d’office... Même sur le papier est l’expression visible de supporter les si les choses nous viennent de de cette intention. Pour y parvenir contraintes de son l’inconscient. Je me sens pleine- on « fait corps » avec ce qu’on veut environnement immédiat. ment investi de mon rôle quand je représenter. La finalité est ici : sen- cherche, jour après jour, par le geste, tir la beauté, la vigueur, la sérénité, le mouvement, et toutes les subti- la douceur, la vie… du sujet pour lités profondes de cette discipline amener tout cela ensemble dans le qu’est la calligraphie orientale, à geste. La trace qui apparaît sur le insuffler l’élan vital. Les œuvres qui papier n’est qu’une conséquence émergent appartiennent à la der- visible. Ce n’est peut-être pas la nière couche du présent qui, comme plus importante. Celles que j’espère le bois mort d’Halévy, « soutient la laisser comme « Empreinte » à cette vie du cambium* d’où sourdent tous exposition sont justement celles qui les bourgeons de la vie. » demeurent invisibles. »

25 1. Yves Dimier, Sequoia de Champrenard © Catalogue d’exposition d’Yves Dimier

2. Montmelas-Saint-Sorlin

2.

DAVID THOMASSET, • Comment les enfants DIRECTEUR DE L’ÉCOLE DE MONT- sont-ils acteurs ? MELAS-SAINT-SORLIN En classe, ils recherchent, mani- • Comment sont nés ces projets, pulent, expérimentent sur le thème le sentier nature mis en place de l’année. Puis ils présentent des avec la botaniste Marie-Claire exposés. Avec la commission sen- Buffière, avec cinq parcours tier, ils finalisent les réalisations (arbres et faune, oiseaux, insectes, (panneaux, livrets, installations lu- contes, plantes sauvages), et les diques) ! Les élèves sont associés trois tables d’orientation réalisés à l’entretien du sentier. Ils rédigent avec l’UNESCO Global Geopark des articles sur le blog. Ils ont à cœur Beaujolais ? d’interroger la place de l’Homme pour préserver le monde végétal et Pour la Foire à la Courge 2013, animal. l’équipe enseignante souhaitait in- nover en proposant aux visiteurs • Comment le projet est-il perçu une animation utilisant l’environ- par les parents ? nement naturel de l’école. C’est une Des réunions d’organisation, d’en- aventure humaine : on travaille en tretien et de bricolage sont organi- partenariat et en coopération avec sées régulièrement. Ce projet a per- les élèves, parents, intervenants, mis de rejoindre parfois des parents la mairie, le Geopark, la presse… qui n’étaient pas à l’aise avec l’ins- Le projet a pour ambition que les titution scolaire. Il y a globalement élèves développent une conscience une bonne participation et une belle écologique. Passer du temps dans énergie ! un environnement naturel, l’obser- ver, l’admirer, le voir évoluer au fil Propos recueillis des saisons, comprendre les liens par Sophie Garrido, entre la faune et la flore, aiguiser son historienne de l’art regard, percevoir la richesse et la fra- gilité d’un milieu, prendre soin d’un espace commun, partager ses dé- couvertes… Ce sont ces expériences positives que nous proposons aux élèves.

26 PATRIMOINE ET CRÉATION

Mâcon

Sornin

Monsols

Mont Saint-Rigaud

Beaujeu

Ardières

Mont Brouilly Belleville

Cours-la-Ville

Lamure-sur-Azergues

Thizy-les-Bourgs

Azergues

Villefranche-sur-Saône Reins

Amplepuis

Saône Anse

Le Bois d’Oingt

Tarare

Carte géologique simplifiée du Beaujolais Lozanne Tour Matagrin © Geopark Beaujolais – L’Arbresle Syndicat mixte du Beaujolais Sources : Lyon Brévenne

Données BRGM – CAUE – IGN - IGN données BRGM - CAUE / Sources: du Beaujolais Mixte Syndicat Réalisation:

27 1. Cadole à Pommiers © Robert Braymand 2. Alix © Francis d’Hénin

1. 2.

Mâcon GÉOLOGIE ET PAYSAGES du Secondaire. Celle-ci, diversement colorée par l’oxyde de fer, a produit les La géologie du territoire est l’une pierres suivantes, de la plus ancienne des plus diversifiées de France. Elle à la plus récente : calcaire à gryphées concourt à un marqueur fort de Sornin de Pommiers, calcaire à entroques l’identité du Beaujolais : la vigne jaune (« Pierres dorées »), pierres Monsols (voir pages 21-22). L’UNESCO Global grises, pierre blanche de Lucenay. Mont Saint-Rigaud Geopark Beaujolais, dont le référent Cette dernière est présente aussi à scientifique est le conservateur de Anse, Morancé et Chazay-d’Azergues. l’Espace Pierres folles à Saint-Jean- Les morguières de Bagnols sont des des-Vignes, a été labellisé en 2018. Beaujeu souterrains creusés pour aller chercher

Ardières Les monts du Beaujolais, en bordure les grès sous les couches calcaires. Le Formations superficielles orientale du Massif Central, culminent grand nombre et la qualité des car- Mont Brouilly Belleville du Tertiaire et du Quaternaire (65 - 0 Ma) pour le Pays d’art et d’histoire à Rivolet rières de pierres ont constitué un Cours-la-Ville Terrains alluviaux (866 m). Ils possèdent une dominante atout majeur pour le développement Terrains argilo-siliceux de roches d’origine magmatique for- urbain. Des maisons de carriers et Lamure-sur-Azergues continentaux mées à l’ère Primaire : volcanites de tailleurs de pierre subsistent dans Terrains sédimentaires comme la roche noire autour de plusieurs villages. Des maisons avec Thizy-les-Bourgs du Secondaire (250 - 160 Ma) Chamelet ou la pierre de Rivolet, gra- soubassement en pierre et étages en Azergues Grès - Calcaires - Marnes nites et schistes. La dégradation de pisé se trouvent en plaine, comme à Villefranche-sur-Saône ces roches a produit des sols favori- Ambérieux d’Azergues. Reins Terrains magmatiques sant la formation de landes (bruyère et métamorphiques Le texte fondateur pour la protec- du Primaire (500 - 290 Ma) et genêts) et convenant à la culture tion du patrimoine géologique est Saône Microgranites - 330 à 290 Ma de sapin Douglas. Des forêts plus Anse la loi de 1976 relative à la protection Granites - 330 à 290 Ma anciennes existent, comme la forêt Le Bois d’Oingt de la nature, qui prévoyait la création Sédiments détritiques de la Flachère autour de Saint-Vérand. terrigènes - 345 à 325 Ma de réserves naturelles. En 1986, une Tarare Roches volcaniques Le reste du Pays d’art et d’histoire commission du patrimoine géolo- 350 à 325 Ma du Beaujolais est composé d’une gique est créée au sein de l’association Lozanne Roches métamorphiques - part de crêts, vallons et plateaux et « Réserves Naturelles de France ». Elle Tour Matagrin 430 à 360 Ma d’autre part de la plaine orientale devient l’interlocuteur du ministère de L’Arbresle Gneiss - 500 à 450 Ma bordant la Saône. Il garde la marque l’environnement. En 2002, la loi sur la Lyon Ma : Millions d’années démocratie de proximité prévoit la réa- Brévenne de la couverture sédimentaire marine Réalisation: Syndicat Mixte du Beaujolais / Sources: données BRGM - CAUE - IGN données BRGM - CAUE / Sources: du Beaujolais Mixte Syndicat Réalisation:

28 1. Maison à Chazay-d’Azergues 3. Fabrice Molina © Louis Peyron 2. Carrière Vapillon à Theizé

1. 2.

37. Mémoires pour lisation d’un inventaire du patrimoine Au XIXe siècle, la pluriactivité domine : servir à l’histoire naturel, dont les richesses géolo- carriers et tailleurs de pierre sont aussi naturelle des Provinces de Lyonnais, Forez et giques. La déclaration internationale agriculteurs et viticulteurs. Ils four- Beaujolais des droits de la mémoire de la Terre nissent les pierres nécessaires pour des est adoptée en 2011. édifices entiers ou des commandes plus restreintes : encadrement de fenêtres CARRIÈRES ET TAILLEURS et portes, chaînes d’angle, bouteroues, DE PIERRES marches, colonnes de galerie, chemi- nées, éviers, cales de pressoirs, croix, Dans Histoire naturelle 37 (1765), Jean- lavoirs… Le développement des lignes Louis Alléon Dulac décrit les carrières de chemin de fer Givors/Paray-le-Mo- à Lucenay, Pommiers, Jarnioux, nial et Villefranche-sur-Saône/Tarare Cogny, Theizé, Bagnols, Chessy et, participe à cet essor. au sud de l’Azergues, Oncin. De nom- breuses études viennent compléter À Lucenay, la pierre emploie 20 per- cette source : mémoires universitaires sonnes en 1819, 65 en 1861, 7 en 1911 ; la de Bénédicte Duchamp (Lucenay) dernière carrière ferme en 1930. À cette et d’Aude Bérillon (Charnay), mono- date le travail de la pierre a déjà cessé graphies de Claude Vial (Pommiers), dans plusieurs villages. Aujourd’hui, Pierre Forissier (Oncin et Chessy), Pierre Theizé est la commune où exerce le seul Guerrier et Joseph Barrel (Bagnols)… tailleur extrayant encore des pierres Les associations patrimoniales dorées. La carrière Bourdelin à Ville- (voir p.56) jouent un rôle majeur dans la sur-Jarnioux, dont le front de taille est sauvegarde d’éléments tels que cadoles tourné sur Theizé, existe au XVIIe siècle. et murets ; elles veillent à la transmis- Du début des années 1960 à 1972, sion des savoir-faire. elle est louée à l’entreprise iséroise Guinet-Derriaz. Manuel Molina reprend Parmi les premiers documents d’ar- ensuite l’activité. Aujourd’hui, son fils chives attestant de cette activité figure Fabrice Molina possède un atelier à un prisfaict de 1635 réalisé par un Pouilly-le-Monial. À Theizé, il extrait les maître tailleur de Bagnols, Pierre Poc- blocs de la carrière qui porte le nom de quillon, pour la fourniture des pierres Claude Vapillon (1819-1893). d’une maison lyonnaise. Bagnols compte dix-neuf noms de tailleurs au XVIIe siècle et quatorze au XVIIIe siècle. 29 3.

REGARDS SUR LE MINÉRAL • Vous exploitez la dernière carrière de Theizé ayant appartenue FABRICE MOLINA à la famille Vapillon. Avez-vous • Installé Porte des Pierres Dorées conscience de faire perdurer depuis 2003, vous avez repris un savoir-faire ancestral ? l’activité de votre père. Tailleur Oui, j’ai ce regard sur le passé, un ré- de pierre, un métier en voie de flexe d’observer comment cela a été disparition ? fait, la facture de l’artisan. C’est fou Non, plutôt un métier qui s’est trans- de penser que tout se faisait avant à formé et a évolué. La pierre a moins la main, avec si peu de moyens tech- d’impact sur l’environnement que niques. Cela apprend l’humilité et la le béton et revient aujourd’hui dans fierté d’essayer de continuer. les constructions en recherche de • Existe-t-il une tradition ou un matériaux plus sains. Le métier de savoir-faire propre à notre région ? tailleur de pierre a subi une muta- tion grâce aux logiciels de dessins, La difficulté première est d’avoir de aux outils modernes au service de la grandes épaisseurs dans la pierre pierre… jaune. J’ai en général beaucoup de déchets pour peu de belles pièces. • Combien de carrières sont encore Il faut être patient, espérer le bon exploitées dans le Beaujolais ? filon. Beaucoup de tri se fait en car- Deux carrières de pierre jaune : celle rière pour trouver le bon bloc. Le du ciment Lafarge et la mienne, ici, reste sert pour les remblais, l’en- à Theizé. J’ai une autorisation d’ex- rochement et la pierre de bâti. Je traction à Theizé jusqu’en 2024, re- taille aussi des pierres jaunes de nouvelable pour 15 ans par arrêté Bourgogne et de Moselle. La pierre préfectoral. jaune est une pierre calcaire clas- sée comme demi-ferme ou médium. J’aime tailler à la main, être au plus près de la matière.

30 1. Fabienne Germain et Bertrand du château de Rochebonne Jayr, Stone balancing à l’intérieur à Theizé © Amélie Viale du château de Rochebonne Meriops à Theizé © Amélie Viale 3. Guêpiers d’Europe, Apiaster (taille : entre 25 et 2. Fabienne Germain et Bertrand 29 cm) ©UNESCO Geopark Jayr, Rock stacking sur le parvis Beaujolais

1. 2.

FABIENNE GERMAIN • Votre choix d’intervenir sur la et BERTRAND JAYR structure même du château de Rochebonne en lui offrant de • Quel regard avez-vous sur la nouveaux balustres n’est pas pierre, matériau omniprésent sur anodin. Qu’avez-vous envie de notre territoire ? laisser comme « Empreinte » Étant tous deux originaires du Beau- en ce lieu ? jolais, la pierre dorée représente Dès le repérage des lieux, nous à nos yeux un matériau familier. avons observé des balustres man- Sensibles à sa propriété indéniable quants en parvis du château. Com- de réfraction, cette lumière chaude bler alors les vides nous est apparu donne à notre paysage une tonalité comme une évidence dans le cadre intense et spectaculaire. de cette thématique d’exposition. • D’où vous vient cette envie d’en Ainsi, nous opérons tels deux chirur- « jouer » et de le valoriser par le giens « plastiques » avec autodéri- stone balancing et le rock stacking ? sion dans une proposition formelle et non fonctionnelle, allant à l’en- C’est un matériau inspirant, à portée contre d’une logique de restauration de main en quantité dans nos com- traditionnelle. munes (carrières, chirats, sentiers, cadoles...). Son accumulation et ses Propos recueillis par potentialités de construction offrent Sophie Garrido, une diversité scénographique. Une historienne de l’art occasion pour nous de manipuler ce patrimoine en conscience. • Quelle réflexion avez-vous sur l’importance du minéral dans la préservation des écosystèmes ? Nous sommes soucieux de ne pas altérer l’écosystème des sites sur lesquels nous intervenons réguliè- rement. Le Land Art, par définition, s’inscrit dans la valorisation des pay-

31 sages. 3.

PAYSAGES ET BIODIVERSITÉ Le ministère de la Transition écolo- gique et solidaire a des sites placés Dans le Pays d’art et d’histoire du Beau- sous son égide. Dans les 50 communes, jolais, espaces naturels (26,4 % de la il existe deux Sites classés : Saint-Hip- surface) et espaces agricoles (56,4 %) polyte à Theizé et Vieux village de font l’objet de plusieurs protections Ternand, et six Sites inscrits : Châ- juridiques au titre de l’environnement teau et parc de Jarnioux ; Château et de dispositifs de préservation. En et son parc à Lacenas (château de Prairies plus d’un Site Natura 2000 ( Bionnay) ; Vieux village de Chamelet ; humides et forêts alluviales du Val Vieux village d’Oingt ; Place publique, de Saône aval à Arnas), il existe des château et église de Charnay et Ter- Espaces Naturels Sensibles : Landes rains en contrebas des fortifications du Beaujolais, Massif de la Pyramide, à Chazay-d’Azergues. Massif de la Cantinière, Massif de Brou, Crêts de Remont, Bourdelan, Douze communes situées au Sud-Est Val de Saône et Bois Baron à Arnas. du territoire ont défini avec le Dépar- Un arrêté de biotope existe pour tement du Rhône un Périmètre de Le Perréon (Landes du Beaujolais – Protection et de mise en valeur des Croix Rozier Croix de Saburin). Espace Naturels et Agricoles Périur- bains intitulé Plaine des Chères et coteaux.

32 1. Salles-Arbuissonnas- en-Beaujolais © Service communication Communauté d’agglomération Villefranche-Beaujolais- Saône

LES 15 ZONES NATURELLES PROTEGÉES Mines du Bout du Monde

Le Perréon Landes du Haut Beaujolais Saint - Etienne - les - Oullières Salles - 1. Vaux - en - Bois Baron Beaujolais Arbuissonnas - en - Beaujolais Saint - Cyr - le - Châtoux Blacé Montmelas - Arnas Les 15 Zones Naturelles d’Intérêt PATRIMOINE MOBILIER ET BÂTI Saint - Julien Saint - Sorlin LM Écologique, Faunistique et Floris- En complément des monuments histo- tique (ZNIEFF) continentales de type Rivolet Denicé riques, 16 sites sont protégés au titre 1 ont un rôle majeur dans la connais- du zonage archéologique : 12 à Ville- Villefranche - sance des espèces. Associant, pour Gleizé sur - Saône franche-sur-Saône et 4 à Anse. Cogny Lacenas certaines, d’autres communes que Chamelet Jassans - Riottier celles du Pays d’art et d’histoire, elles Les objets protégés au titre des Létra Sainte Ville - sur - Limas couvrent en tout 1 577,53 hectares. monuments historiques forment un Paule Jarnioux Porte - des - PA Pierres - Dorées La Moyenne vallée de l’Azergues et val- riche ensemble de 502 notices (203 Pommiers lée du Soanan concerne le plus grand pour les objets classés et 299 pour les Grotte et aqueduc nombre de communes (13). Les trois Ternand de Saint -Try objets inscrits). Une notice peut s’ap- Theizé Anse ZNIEFF continentales de type 2 sont le pliquer à plusieurs objets, à l’exemple Val - d’Oingt N PA PA Massif des Monts d’Or, pour Chasselay, de sept statues de l’église Saint-Blaise N Ambérieux - Frontenas Lachassagne le Haut Bassin de l’Azergues et du Sao- à Bagnols. Les éléments antiques Saint - Moiré d’Azergues Vérand N Alix Marcy - nan, et le Val de Saône méridional. conservés au château des Tours à Anse Lucenay Pelouses et boisements sur - Anse sont les plus anciens objets protégés. Légny Bagnols de Chasselay Le Val de Saône méridional est une Ces objets sont de nature variée : Carrières de Legny ZH Zone Naturelle protégée, de Pont-de- Morancé buste de Marianne daté de la Première Chessy - Charnay Les Chères Vaux (sud de Tournus) à Lyon. Il s’agit Le Breuil République (mairie de Létra), pressoir LM Lit majeur de la Saône les - Mines Chazay - de la zone humide la plus étendue du d’Azergues de Lacenas, bannière de la société Châtillon - Saint - Jean - Chasselay bassin hydraulique Rhône-Méditer- PA Prairies alluviales de Bourdelan des - Vignes chorale de Marcilly d’Azergues… d’Azergues Marcilly- ranée-Corse (17 134 hectares) et de Grotte et caborne Belmont - d’Azergues d’Azergues Le domaine religieux est fortement N Ruisseau de Nizy des carrières l’une des plaines alluviales les mieux Civrieux - représenté : maîtres-autels, pein- de Chessy Lozanne conservées de France. Cet espace ZH Zone humide d’Azergues tures, vitraux, stalles, orgues, objets constitue un axe migratoire majeur liturgiques, cloches, crèche de Noël… Moyenne vallée de l’Azergues et vallée du Soanan pour les oiseaux, avec 54 espèces Bois Châtelard, Bois des Roches, Mont Narcel recensées. Le guêpier d’Europe (fig. 3 Les immeubles classés sont au Crêts de Remont et Bancillon et leurs environs page 33) creuse un terrier pour nicher nombre de 33 et les immeubles ins- Pelouses de l’aérodrome Villefranche - Tarare dans des falaises de sable ou de terre crits au nombre de 76. La protection meuble, naturelles ou artificielles au titre des monuments historiques (anciennes carrières), ainsi que dans définit un périmètre des abords d’un des prairies sablonneuses pâturées. rayon de 500 mètres autour de l’édi- fice classé ou inscrit. Ce périmètre

33 LES 15 ZONES NATURELLES PROTEGÉES Mines du Bout du Monde

LES 15 ZONES NATURELLES Le Perréon Landes du Haut Beaujolais PROTEGÉESSaint - Etienne - Mines du Bout du Monde les - Oullières Salles - Vaux - en - Bois Baron BeaujolaisLe Perréon Arbuissonnas - Landes du Haut Beaujolais Saint - Etienne - en - lesBeaujolais - Oullières Salles - Saint - Cyr - Vaux - en - Bois Baron Beaujolais ArbuissonnasBlacé - le - Châtoux en - Beaujolais Saint - Cyr - Montmelas - Saint - Julien Arnas Blacé le - Châtoux Saint - Sorlin LM Montmelas - Saint - Julien Arnas Saint - Sorlin Rivolet Denicé LM Rivolet Denicé

Villefranche - Villefranche - Gleizé Gleizésur - Saône Cogny Lacenas sur - Saône Chamelet Cogny Lacenas Jassans - Chamelet Riottier Jassans - Létra Sainte Ville - sur - Limas Paule Porte - des - Riottier Létra Sainte VilleJarnioux - sur - PA Limas Pierres - Dorées Pommiers Paule Jarnioux Porte - des - PA Pierres - Dorées PommiersGrotte et aqueduc Ternand de Saint -Try Theizé Anse Val - d’Oingt N PA Grotte et aqueduc N PA Lachassagne Ambérieux - Ternand Moiré Frontenas de Saint -Try Saint - Theizé d’AzerguesAnse Vérand N Alix Marcy - Val - d’Oingt Lucenay Pelouses et boisements N sur - Anse PA Légny Bagnols de ChasselayPA Carrières de Legny N ZH Ambérieux - Frontenas Lachassagne Moiré Morancé Les Chères d’Azergues Saint - Le Breuil Chessy - Charnay LM VérandLit majeur de la Saône lesN - Mines Alix MarcyChazay - - d’Azergues Lucenay Pelouses et boisements Châtillon - Saint - Jeansur - - Anse Chasselay des - Vignes PA Prairies alluviales de BourdelanLégny Bagnolsd’Azergues Marcilly- de Chasselay Grotte et caborne Belmont - d’Azergues Carrières de Legny ZH d’Azergues N Ruisseau de Nizy des carrières Civrieux - de Chessy Lozanne Morancé Les Chères ZH Zone humide Le Breuil Chessy - Charnay d’Azergues les - Mines LM Lit majeur deMoyenne la Saône vallée de l’Azergues et vallée du Soanan ChazayBois Châtelard, - d’Azergues Châtillon - Saint - JeanBois - des Roches, Mont Narcel Chasselay Crêts de Remont et Bancillon et leurs environs PA Prairies alluviales de Bourdelan d’Azergues des - Vignes Marcilly- Pelouses de l’aérodrome Villefranche - Tarare Grotte et caborne Belmont - d’Azergues d’Azergues N Ruisseau de Nizy des carrières Civrieux - de Chessy Lozanne ZH Zone humide d’Azergues

Moyenne vallée de l’Azergues et vallée du Soanan Bois Châtelard, Bois des 34Roches, Mont Narcel Crêts de Remont et Bancillon et leurs environs Pelouses de l’aérodrome Villefranche - Tarare 1. La Mansarde, mairie de Charnay 2. Musée-prieuré, Salles-Arbuissonnas-en- Beaujolais © Communauté d’agglomération Villefranche-Beaujolais- Saône

3. Marché couvert de Villefranche-sur-Saône

1.

peut impacter certaines communes alors douches Bointon (reconvertie en salle de que le monument historique concerné est sports en 1985), l’école Ferdinand-Buisson situé sur une commune voisine. Il existe et l’horloge à Béligny (1933), l’école Jean- 4 Sites Patrimoniaux Remarquables : Macé (1936). Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais, Ville- Parmi les éléments saillants du patrimoine franche-sur-Saône, Anse et Pommiers. religieux figurent de nombreuses cha- La typologie de cet héritage bâti comporte pelles érigées sur les hauteurs (comme la de nombreux domaines. Les patrimoines chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours de liés à l’eau (voir pages 50-53), mais aussi Châtillon-d’Azergues qui possède deux au commerce, à l’agriculture et à la viti- sanctuaires superposés), les chapitres de culture sont bien représentés, avec pour chanoinesses de Salles-Arbuissonnas et certains édifices une protection au titre d’Alix, les croix sculptées sur leurs deux des monuments historiques. Tel est le faces (Pouilly-le-Monial, Le Bois-d’Oingt et cas des cabanes en pierre Voyle et Béril- Légny), l’ancien Hôtel-Dieu de Villefranche- lon à Theizé, de forme pyramidale, ou sur-Saône et sa chapelle octogonale. de la ferme Saint-Victor à Ternand. Le L’habitat offre une large palette, des patrimoine militaire, relié à la période maisons médiévales à pans de bois ins- antique à Anse, et au Moyen-Âge dans de crites dans un parcellaire très dense aux nombreuses communes (voir pages 13-14), vastes demeures contemporaines qui s’incarne aussi dans plusieurs lieux de se déploient tant à la campagne qu’en mémoire du XXe siècle. Les deux derniers ville. Certaines sont au cœur de grands siècles ont laissé une marque forte, tant domaines, comme le château de La Fla- par le patrimoine institutionnel (mairies, chère à Saint-Vérand, dont les plans ont écoles, hôpitaux…) que par d’anciennes été dessinés par Eugène Viollet-le-Duc. usines caladoises. Sous les mandats Certains parcs ont été sauvegardés au d’Armand Chouffet, plusieurs édifices moment du changement de destina- publics caladois adoptent une esthé- tion des édifices auxquels ils servaient tique moderniste : marché couvert (1933), d’écrin. C’est le cas du parc de la mairie de chambre de commerce (1934), stade muni- Chazay-d’Azergues, installée depuis 1974 cipal. Ce dernier fait partie des réalisations (ancienne villa du Pressin) ; la maison et le de Léon Weber (1892-1972) dans les années parc évoquent la villa Gillet et le parc de la 1920-1930, avec la piscine d’hiver-bains Cerisaie à Lyon. En plus des liens avec Lyon,

35 2. 3.

le territoire s’est enrichi de la proxi- monial a été intégré aux documents mité avec Trévoux, siège des activités d’urbanisme. Il peut s’agir d’ensembles de François Treyve (1818-1911), pay- végétaux ou bâtis (hameaux, aligne- sagiste, horticulteur et obtenteur. ment d’arbres remarquables, haies Treyve est l’auteur des plans du jardin bocagères…) ou d’éléments isolés du château de Cillery (1861) à Jas- (arbres, lavoirs, puits, cabanes de sans-Riottier. vignes, bornes, portails, croix…). Trois labels du ministère de la Culture L’artisanat d’art est bien représenté à interviennent pour 5 sites : une Maison Villefranche-sur-Saône, notamment des illustres (musée Claude-Bernard à travers les ferronneries de mai- à Saint-Julien), un Jardin remar- sons modernes et contemporaines, quable (jardin de Bionnay à Lacenas) mais aussi les vitraux, de la « partie et trois édifices labellisés « Architec- d’Échecs » située à l’origine dans l’hô- ture contemporaine remarquable » tel de la Bessée - à présent conservée à Villefranche-sur-Saône : marché cou- au musée du Moyen Age de Cluny vert d’Albin Decœur (1933), chambre de à Paris – aux vitraux de l’ancienne commerce de Pierre Verrier et Antonin piscine Bointon (cf. fig. 2 page 39), Chomel (1934) et église Notre-Dame de reconvertie en salles de sports. La ville Béligny de Maurice Novarina (1962). possède aussi des vitraux de Lucien Bégule, comme dans les églises de Pour la majorité des communes Salles, Anse, Liergues, Saint-Vérand, (34 sur 50), un repérage des éléments et dans deux villas à Cogny et Chazay non protégés ayant un intérêt patri- d’Azergues (actuelle mairie).

36 1. Manoir d’Epeisses, Cogny ©Service communication Communauté d’agglomération Villefranche-Beaujolais- Saône

2. Vitrail de l’ancienne piscine Bointon, Villefranche-sur-Saône 3. Lavoir du Radix, Theizé

1.

RESTAURATIONS ET USAGES plaquette « Lumineuses façades du DU PATRIMOINE BÂTI pays des Pierres Dorées – Petit précis de recommandations architecturales » De nombreuses communes du terri- avec l’aide du Service Départemental toire connaissent depuis les dernières de l’Architecture et du Patrimoine et du décennies du XXe siècle un accroisse- CAUE. Ce dépliant traite de la nature et ment de leur population, sans oublier de l’implantation des bâtiments, ainsi le nombre important de résidences que de la remise en état des façades secondaires (1 417 en 2016). Dans ce et des ouvertures. contexte, les propriétaires privés sont des acteurs majeurs de la pré- Les communes s’engagent, avec servation du patrimoine bâti et de la l’aide de l’État, du Conseil Régional, qualité paysagère et architecturale. du Département du Rhône et de la Depuis les années 1990 plusieurs Fondation du patrimoine, dans la d’entre eux se sont vu décerner le prix restauration du patrimoine. Parmi du Patrimoine du Département du les chantiers menés depuis le début Rhône pour la restauration totale ou du XXIe siècle, figurent le château des partielle d’anciennes maisons fortes, Tours à Anse (2008), Prix national des à l’exemple du manoir de Pravins à rubans du patrimoine, la flèche de la Blacé, du pigeonnier du château de collégiale Notre-Dame-des-Marais à la Forest à Saint-Laurent-d’Oingt, du Villefranche-sur-Saône (2016), la cha- manoir d’Epeisses à Cogny et du châ- pelle Notre-Dame-du-Bon-Secours teau de Rapetour à Theizé. à Châtillon-d’Azergues (2017) et la porte gothique de Salles-Arbuisson- En 1998, une étude a été confiée à nas-en-Beaujolais (2019). Philippe Allard, architecte du patri- moine, sous la tutelle du Ministère de la Les associations participent au même Culture. Elle s’intitulait « Étude pour la élan de restauration du patrimoine. valorisation des techniques de restau- Ainsi, depuis 2000, l’association ration du bâti ancien dans le Pays des « Patrimoine et Traditions » de Ville- Pierres Dorées. Analyse et recomman- sur-Jarnioux anime régulièrement dations ». En 2002, trois communautés des stages d’initiation à la technique de communes, qui ont intégré en 2014 de construction en pierres sèches la Communauté de communes Beau- et mène un travail de restauration, jolais Pierres Dorées, ont publié la notamment des cadoles. 37 2.

3.

La Fondation du patrimoine a créé un de dons). En 2015, la Fondation avait club de mécènes du Rhône en 2017 décerné à la commune son Prix dépar- avec l’aide de la ville de Villefranche- temental « Sauvegarde et entretien » sur-Saône. La chapelle Notre-Dame pour la restauration des deux pavillons de l’Immaculée Conception à Saint- d’entrée du chapitre. L’église Saint- Laurent-d’Oingt figure parmi les Barthélemy à Chamelet fait l’objet bénéficiaires du soutien du club en depuis 2015 d’une convention entre 2017. Avant la création de ce club, les la commune et la Fondation. Cette liens entre la Fondation du patrimoine dernière a apporté son aide à la com- et plusieurs communes étaient déjà mune de Theizé pour la restauration forts. Ainsi, la restauration extérieure du lavoir de Radix (2018), édifié sur un de l’église Saint-Laurent à Salles- cours d’eau, le Merloux. Elle apporte Arbuissonnas-en-Beaujolais a été son aide à la restauration du château effectuée de 2009 à 2016 avec l’aide des Tours à Anse en 2019-2020 (voir de la Fondation et la générosité de pages 46-47). nombreux souscripteurs (120 000 €

38 1. Concerto pour flûte et harpe de Mozart dans l’ancienne église de Theizé durant Les Rendez-vous de Rochebonne © S. Barral-Baron

2. Chapelle de Saint-Bonnet, Montmelas-Saint-Sorlin

1.

2.

Le château de Rochebonne à Theizé Vermorel a vu sa restauration, pour fait partie des châteaux qui accueillent une transformation en tiers-lieu, musiciens, acteurs, peintres et sculp- débuter en 2018 (combles). teurs, à l’instar du château de Machy Des opérateurs privés participent à la à Chasselay et de son festival de sauvegarde du patrimoine en transfor- théâtre. La Mansarde à Charnay offre mant les usages, à l’image de la Bastide son imposante façade aux Vendanges des hirondelles à Saint-Laurent-d’Oingt, musicales. Elle est mise en valeur, ancienne propriété viticole reconvertie tous les quatre ans, dans le cadre du en salles pour des mariages, et du châ- spectacle de l’association Les gens teau de Bagnols, transformé en hôtel de Charnay. Le festival Beaujolais en avec verrière recouvrant la cour (2014). scène, qui fête ses 15 ans en 2019, investit les châteaux Champ-Renard D’autres édifices sont en attente d’une et L’Hestrange, à Blacé, et Lacarelle, restauration, tels que les chapelles à Saint-Étienne-des-Oullières. Saint-Bonnet à Montmelas-Saint- Sorlin et Sainte-Catherine à Jar- Parmi les restaurations de bâti- nioux, ainsi que les viaducs de la Voie ments patrimoniaux pour des usages du Tacot, à Salles-Arbuissonnas et à contemporains publics figurent, aux Jarnioux notamment. Chères, la restructuration de l’hôtel du Soleil d’Or en mairie, centre cultu- rel et bureau de poste, complété par 4 logements locatifs. La Médiathèque Albert-Gardoni d’Anse a pris place dans un ancien cuvage adossé aux remparts. Le siège de la Communauté de communes Beaujolais Pierres Dorées à Anse, situé dans d’anciens bâtiments agricoles, a été agrandi en 2017. L’ancienne mairie-école de Morancé, construite en 1882, a été transformée en médiathèque en 2017. À Villefranche-sur-Saône, la maison

39 3. 4. 5. Ateliers révélés dans l’ancienne église de Theizé, octobre 2019 © Fabienne Chemin et Christophe Renoux

3. 4. 5.

REGARDS Il est tout naturel que les sites patri- SUR LE PATRIMOINE BÂTI moniaux, richesses de nos villages et qui sont le fruit du savoir-faire des Les sites patrimoniaux servent hommes, entrent en résonnance royalement les artistes. Le château avec l’artisanat d’art, les œuvres des de Rochebonne à Theizé et son artistes contemporains. C’est ce qui ancienne église font partie de ces nous anime. places prisées. Ainsi, durant l’ex- position Empreintes, nous avons L’ancienne église de Theizé et le convié les Ateliers Révélés, collec- château de Rochebonne s’inscrivent tif d’artistes de six communes des dans notre idée du partage d’uni- Pierres Dorées qui fêtait ses 10 ans vers, aussi bien temporel que géo- cette année. graphique, nous reliant à l’histoire de nos villages. L’ancienne église de JOSIANE VICARD, Theizé, ce lieu magnifique, enrichit présidente des Ateliers révélés notre regard, donne vie aux œuvres exposées et crée pour nous tous un « Notre association Ateliers Révélés, élan créatif. Le lien social que nous suivez le fil a pour objet de mettre souhaitons tisser par le biais de la en lien des artistes et artisans d’art culture se voit ainsi réalisé et magni- de la région des Pierres Dorées au- fié. » tour d’un projet commun : l’ouver- ture ponctuelle d’ateliers afin de Propos recueillis faire découvrir des univers créatifs par Sophie Garrido, originaux. Notre évènement annuel historienne de l’art invite le public à cheminer dans les villages. Nous avons eu la chance d’investir le château de Courbeville de Chessy. C’est un écrin qui regroupe pendant le week-end une œuvre de chacun des participants, avec un concert.

40 1. Theizé © Alain Fabisch 3. Château de Rochebonne à Theizé © Destination Beaujolais 2. Oingt © Claude Bréant

1. 2.

38. Fonds conservé THEIZÉ ET OINGT du Bansillon, est manifeste, avec une aux Archives vue large sur la partie méridionale du Départementales du De nombreuses communes gardent Beaujolais tournée vers la Saône et sur Rhône et inventorié : dans leur parcellaire la trace du Moyen- Chapitre primatial la Dombes. Saint-Jean de Lyon Âge, à l’instar d’Oingt. L’association (sous-série 1G à 10 G). des Amis du Vieux Village d’Oingt Entre 1217 et 1224, Guichard III d’Oingt joue un rôle majeur dans la sauvegarde engage auprès de Renaud de Forez, du village (voir page 45), tandis que le archevêque de Lyon, ses possessions groupe Mémoire et Histoire promeut à Theizé, Pouilly-le-Monial, Moiré, le patrimoine de Theizé. Reflet de Le-Bois-d’Oingt, Légny et Ternand. l’intérêt stratégique du territoire au Coseigneur de Châtillon-d’Azergues, Moyen-Âge (voir page 14), de multiples Guichard III d’Oingt construit le maisons fortes jalonnent le Pays d’art château de Bagnols et fortifie Le-Bois- et d’histoire du Beaujolais, comme d’Oingt. Tanay au Val d’Oingt et L’Isérable En 1307, le Lyonnais entre dans le à Morancé. royaume de France. Durant la Guerre Au Moyen-Âge, de nombreux seigneurs de Cent Ans, des mercenaires, les laïcs opèrent des transactions entre Tard Venus, attaquent les châteaux eux. Ainsi, en 1220, les Marzé, posi- et terres du chapitre de Saint-Jean. En tionnés notamment à Alix, achètent 1360-1363, la maison forte de Theizé Lachassagne aux seigneurs d’Oingt. où mourut Guichard IV, baron et Quant à la maison forte d’Epeisses vicomte d’Oingt en 1297, est déman- située à Cogny, elle dépend de la telée devant l’arrivée des pilleurs sur seigneurie de Montmelas. Les droits ordre des chanoines. Le compte-rendu et revenus du chapitre primatial de de la visite de l’archevêque Jean de Saint-Jean de Lyon dans plusieurs Talaru à la paroisse de Theizé en 1378 communes du Beaujolais sont attes- atteste de ces troubles, qui s’ajoutent tés38 à Anse, mais aussi à Theizé, aux ravages de la Peste noire de 1349. Charnay, Lucenay, Morancé, Ternand... Au XVe siècle, les seigneurs d’Oingt Les chanoines lyonnais auraient érigé s’installent à Theizé. L’église et la leur maison forte à Theizé aux XIIe et maison forte sont agrandies aux XVe XIIIe siècles. L’intérêt stratégique du et XVIe siècles, alors que l’importance site, à l’extrémité Sud-Est de la colline

41 3.

de Theizé s’accroît. La famille de En 1984, l’inscription partielle au titre Fougères prend une part majeure des monuments historiques concerne dans cet essor, notamment Jean notamment les façades et le grand de Fougères, seigneur d’Oingt, qui escalier. De 1984 à 1996, la commune acquiert le château et le fief de Sarrou de Theizé acquiert progressivement à Theizé en 1496 et établit un châtelain l’édifice qui avait été démembré entre à Oingt. Claude de Fougères, seigneur plusieurs propriétaires. de Theizé et vicomte d’Oingt, fait L’association « Renaissance à construire le chœur de l’église. Par tes- Rochebonne » se constitue en 1987. tament d’Huguette de Fougères (1577) Le rez-de-chaussée de l’édifice est au profit de son époux, la seigneurie restauré après 1998 en lien avec la revient à Pierre de Châteauneuf. création d’un pôle œnologique et tou- Ce dernier prend le titre de baron de ristique. Après la fermeture du pôle, Rochebonne. la commune reprend le site. En 2005 En 1650-1660, François de Châ- a lieu la première édition du festival teauneuf de Rochebonne s’installe à Rendez-vous de Rochebonne avec Theizé et métamorphose le château. l’association Musique Envol, suivi en Le corps de logis, qui comprend deux 2008 de l’exposition inaugurale du étages et des combles, est organisé galeriste d’art lyonnais Jean-Louis en U autour de la cour. La famille de Mandon. En 2012, le festival Les ren- Rochebonne reste présente à Theizé contres de Theizé est organisé à son jusqu’en 1740. À la Révolution, le châ- tour. Il est mené par le Théâtre en teau de Rochebonne est pillé. Son pierres dorées, qui comprend des histoire au XIXe siècle est méconnue. comédiens jouant régulièrement au La « salle d’armes » est endommagée Théâtre National Populaire de Villeur- par la présence d’un pressoir, dont la banne. structure a percé l’un des murs peints.

42 2E ÉTAGE

COUR AU SUD-OUEST

C L’ESCALIER

VIDE SALLES DES PEINTURES

FENÊTRES GRENIER VIEILLE ÉGLISE À COUSSIÈGES COMBLES FENÊTRES À COUSSIÈGES

A B

1.

L’étude patrimoniale de 2011 du - Au XVIIe siècle, des ailes s’accolent au château comprend plusieurs volets : Sud-Ouest de la maison-forte autour relevés des façades avec des tech- d’une cour. L’escalier en pierre sur niques laser et analyse, relevés en plan carré (C) est situé dans l’angle plan et en coupe, analyse des éléments Sud-Est. remarquables, étude sanitaire pièce - Au XVIIIe siècle une partie située au par pièce. La structure complexe du Sud-Est est ajoutée avec un escalier château témoigne de la transforma- desservant les 3 étages. tion d’une maison forte médiévale en un château des XVIIe et XVIIIe siècles, En 1905, l’église désaffectée entre dans remanié de nouveau à l’époque les biens de la commune alors qu’a lieu contemporaine. L’étude de 2011 per- la consécration de l’église Saint-An- met d’esquisser ces hypothèses : toine, sur la place principale du bourg. - Une maison forte comprend la tour L’ancienne église est restaurée à partir Nord-Est (A) et la salle attenante. de 1974. Elle accueille expositions et concerts. - La maison forte est agrandie avec un corps de logis peu profond (8 m) et la tour Nord-Ouest (B).

43 1. Plan au 1/200e du deuxième étage du château de Rochebonne à Theizé, avec l’ancienne église à droite (Bruno Morel D.L.P.G. Ingénieur 2. T.P.E. Architecte du patrimoine / Art graphique & patrimoine / Detry&Levy Sarl d’architecture)

2. Vue depuis la tour d’Oingt © Sophie Garrido

3. Oingt

3.

LES AMIS DU VIEUX (de 35 à 96 000 € HT), des solutions VILLAGE D’OINGT sont cherchées dans les textes en vi- gueur qui permettraient d’effectuer L’association, fondée en 1964, des joints de maçonnerie intérieure. œuvre pour la « sauvegarde et la La chaux, associée à un « sable » lo- mise en valeur sous tous ses aspects cal, donne une couleur rouge-rosée du patrimoine historique, archéolo- particulière aux joints de la tour gique et touristique de la commune d’Oingt. Début 2019, six bénévoles d’Oingt ». L’argent récolté par les ac- de l’AVVO grattent, nettoient les par- tivités est essentiellement réinvesti ties vétustes et rebâtissent les par- dans la vie locale. ties détruites. Les joints des étages Les premiers travaux sont réalisés 2 et 3 sont repiqués et rejointoyés par des bénévoles : percement d’un avec une couleur proche de l’origi- mur, planchers, mise en sécurité de nale. L’éclairage est renouvelé, la la tour pour recevoir des visiteurs. rambarde scellée plus fortement, les Des moyens financiers plus larges pierres retouchées... Les contribu- permettent : panneaux explicatifs, tions financières des visiteurs sont empierrement et sécurisation des encourageantes. chemins. D’autres travaux impor- Le haut et le bas de la tour seront tants sont engagés : marches de terminés prochainement et d’autres l’église, toit de la sacristie et d’une travaux sont prévus avec, dans ce chapelle, murs de remparts, refonte Donjon, des expositions en lien avec du musée, décoration arbustive, le Geopark et le Pays d’art et d’his- pressoir, etc. En 2017, devant l’aug- toire. Ces travaux ont conduit Oingt mentation du nombre de touristes à ce qu’il est aujourd’hui mais il participant aux visites, les toilettes reste encore beaucoup à faire. publiques sont remises aux normes grâce à un cofinancement mairie/ Les Amis du Vieux Village d’Oingt AVVO. En 2018, des pierres de la tour se descellent et engagent la sécurité des personnes. Devant les sommes prévues par les devis d’entreprises

44 Azergues

Saône 1. Les constructions de Renaud de Forez Ternand Anse Extrait de Bruno Galland, Deux archevêchés Le-Bois entre la France et l’Empire : les archevêques -d’Oingt Chasselay de Lyon et les archevêques de Vienne du milieu du 12e siècle au milieu du 14e siècle, Saint-Romain Rome / Paris, École française de Rome / De Boccard, 1994 Dardilly Brévenne Pierre-Scize Construction d’un château Pollionay Réfection d’un château Yseron Francheville Élévation d’une « motte » Irigny Rochefort Construction de fortifications Saint-André  Construction d’une aula

Givors

Gier Rive-de-Gier

Rhône 0 5 10 Km 1.

Construction d’un château * Mansionnaire : LE CHÂTEAU DES TOURS À ANSE Au XVe siècle, les représentants du chanoineRéfection ayant d’un château comte de Lyon enrichissent le châ- en chargeÉlévation une d’une « motte » Depuis 2004, l’association Art Civili- teau de nombreux aménagements : mansion,Construction seigneurie de fortificationsation et Patrimoine (ACP) protège banale avec droits tandis que Claude Gaste (1466-1486) Construction d’une aula le patrimoine ansois et transmet de juridiction fait aménager la cour intérieure nord l’histoire de la commune grâce à des (chasse, pêche) et avec un escalier à vis, son successeur visites guidées, régulières et gratuites, commandement. Guy Bourgeois (1486-1511) s’attache à Il est responsable du château et du vieil Anse (cf. photo édifier un escalier à vis à l’angle Sud- de l’entretien du page 57). château dont il Ouest de la courtine sud. Aussi, bien a la garde. Patrimoine emblématique de la com- que le château des Tours soit conçu mune, le château des Tours est le seul comme une forteresse – dont le rôle des châteaux implantés par l’arche- défensif est attesté, entre autres, au vêque lyonnais Renaud de Forez à cours de la guerre bourguignonne subsister. Construit de 1213 à 1218, (1408-1412) – sa fonction militaire au nord de l’Azergues, le château décline à partir du XVe siècle, en des Tours présente une innovation faveur d’une fonction résidentielle majeure : le plan circulaire du donjon (cf. Anse, château des Tours, Rapports (tour sud). L’édifice comprend un hourd archéologiques préliminaires de la du XIIIe siècle (tour nord). Sa construc- Région Rhône-Alpes, 1985). tion répond à une volonté stratégique Au XVIIe siècle, le mansionnaire* aban- de Renaud de Forez de développer une donne l’usage du château et attribue politique de fortification (voir page 14) sa jouissance au notaire d’Anse, et de renforcer le contrôle des axes Convers, bourgeois de Lyon. D’autres de circulation, notamment à partir baux sont attestés aux siècles sui- d’Anse, ville frontière, limite entre le vants et seul le bâtiment central du Lyonnais et les terres dépendant des château est habité. Comme le sti- Beaujeu. pulent les procès-verbaux de visite, En 1307, le traité de Vienne prévoit l’état du château se dégrade forte- le rattachement du Lyonnais au ment et, en 1754, le donjon est défait royaume de France et l’abandon de de la charge du mansionnaire. Après l’archevêque de Lyon, Pierre de Savoie, la Révolution, l’édifice est acquis par au roi Philippe le Bel de la souveraineté la municipalité : la gendarmerie, la de la ville et du comté de Lyon. Caisse d’Épargne et la justice de paix

45 2. Monument aux morts © De Scherrer, photo-édit. Carte postale 14 x 9 cm. Source : Bibliothèque municipale de Lyon / B01CP69480 001018

3. Détail d’un panneau de mosaïque réalisé par J. Mora © DRAC AURA

2. 3.

39. ROSETTA Daniel, y sont alors installées. Dès lors, occupé ANSE, UN LIEU DE MÉMOIRE 2000 ans d’Histoire en permanence, il demeure en état et en Beaujolais, ed. Le Beaujolais, territoire agricole et bénéficie, aux XIXe et XXe siècles, de Du Cosmogone, 2007, viticole, a souffert, comme beau- p. 206. travaux et d’aménagements. En 1979, coup d’autres, de la mort de ses en- un projet de restauration du rez-de- 40. Inscription au fants lors des conflits qui ont émaillé titre des monuments chaussée du bâtiment central donne le XXe siècle, les agriculteurs ayant historiques par arrêté lieu à des fouilles archéologiques. du 13 mars 2019. été une population particulièrement Au premier étage sont exposés dans touchée39. La commune d’Anse pos- l’archéothèque des objets issus sède plusieurs lieux de mémoire rat- des fouilles d’Anse antique, dont tachés à ces conflits. On peut citer la mosaïque de la Grange du Bief entre autres le monument aux morts (16 x 11 m), transférée en 1911, pour de la Première Guerre mondiale partie (7 x 3 m), à l’intérieur du château. inauguré en 1921, le château de Mes- simieux et la plaque apposée à côté Depuis 1987, le château fait l’objet d’un du château des Tours perpétuant le classement au titre des monuments souvenir des disparus de la Seconde historiques. Après la restauration du Guerre mondiale. La ville accueille rez-de-chaussée et du premier étage également un musée consacré aux en 2008, une restauration des combles conflits porté par l’association Eco- et de la toiture est initiée en 2018. Afin beauval. Cette dernière s’est en- de poursuivre sa réhabilitation, un gagée à perpétuer la mémoire des appel au mécénat a été lancé via la familles beaujolaises ayant vécu Fondation du patrimoine ; le club des ces guerres. Ces lieux font de cette mécènes du Rhône apporte aussi son commune une ville particulièrement soutien. représentative des conséquences de la guerre dans le Beaujolais et active dans la transmission de sa mémoire sur ce territoire. Le monument aux morts de la Grande Guerre, récemment proté- gé au titre des monuments histo- riques40, est une trace particulière-

46 41. GUILLOT Catherine ment émouvante de l’attachement fut acheté par le département du (coord.), La protection de la ville et des familles ansoises Rhône et transformé en maison de des monuments aux morts de la Première à ses disparus. Présentant une ri- repos et de retraite à destination Guerre mondiale en chesse artistique importante au des anciens poilus du département. Auvergne-Rhône-Alpes, regard de la taille de la commune, Une plaque située dans le hall d’en- 2019, DRAC Auvergne- Rhône-Alpes, p. 20-21. il est le seul monument aux morts trée rappelle son inauguration en protégé du Beaujolais41. La ville fit 1935 par Édouard Herriot et le maire 42. Au travers en effet appel au mosaïste J. Mora d’Anse d’alors, Jean Vacher. Les der- de nombreuses expositions et pour réaliser des délicats panneaux niers témoins de cette époque sont publications survenues de mosaïques ornant les pans du désormais décédés mais le châ- un peu partout en tempietto conçu par l’architecte de teau continue aujourd’hui encore France dont on peut par exemple citer la ville. La famille Mora est connue sa mission d’accueil des personnes « Souvenir de la Grande dans la région pour la réalisation âgées. Ces disparitions ont entrainé Guerre » aux archives – entre autres – de décors de mo- la volonté de transmettre leurs mé- départementales du saïques remarquables comme le moires par de nouveaux moyens. Le Rhône (du 13/09/2018 au 15/03/2019) et théâtre des Célestins et la crypte de musée « Engrangeons la mémoire », l’ouvrage qui en a l’église Saint-Nizier à Lyon. porté par l’association Ecobeauval, résulté (CADIEU- a vu le jour à Anse à cette fin. DUMONT (dir.), Aux Sur le monument, l’artiste illustre la morts pour la patrie : paix, la défaite de l’armée allemande L’association est créée dans les an- les monuments aux morts de la Première ainsi que le renouveau et la prospé- nées 2000 à l’initiative de Jean Reby Guerre mondiale dans rité de la commune grâce à un riche Fayard, héritier d’une maison de les communes du Rhône vocabulaire symbolique. La pré- famille à Anse. Ce dernier a décou- et de la Métropole de sence, notamment, des grappes de vert dans le grenier de la maison Lyon, Lyon : Archives départementales raisins est particulièrement repré- d’habitation la correspondance de du Rhône et de la sentative de la région. Ces dernières la famille qui formait un échange métropole de Lyon, viennent rappeler l’importance du épistolaire complet. Les premières 2018.) domaine viticole sur le territoire activités de l’association se sont tra- 43. Expositions en plus d’être synonyme de vie re- duites par la collecte de nombreuses réalisées (entre autres) naissante. Inscrit à l’initiative de données rassemblées lors d’exposi- à Lucenay, Morancé, Bagnols, Létra, la Direction Régionale des Affaires tions dans la totalité du Beaujolais Charnay, Ternand, Culturelles de la région Auvergne- des Pierres Dorées, voire même Theizé, Lacenas, Rhône-Alpes, le monument a fait au-delà. Presque vingt ans plus tard, Chazay-d’Azergues, Anse, Châtillon, partie d’un vaste chantier de pro- trente expositions ont vu le jour sur Chessy, ... Pour tection des monuments aux morts de multiples communes du Beaujo- plus de détails sur les de France, décidé à l’occasion du lais43. Une réelle émulation s’est for- expositions réalisées, Centenaire de la Première Guerre mée autour de cette démarche mé- consulter : www. 42 ecobeauval.com/index. mondiale . Cet élan fut entre autres morielle et les habitants intéressés php/l-association/les- permis par l’engouement autour de ont peu à peu décidé de rechercher expositions-realisees l’anniversaire du conflit et par l’inté- des souvenirs familiaux de cette 44. REBY FAYARD Jean, rêt croissant porté à ce patrimoine. époque. Transmises à l’association, Pierrette, des vignes C’est dire l’importance de cette com- des archives se sont ainsi consti- aux tranchées, ed. du Poutan, 2009. mémoration qui a non seulement tuées. Cette manne documentaire a apporté un regard renouvelé au conduit Jean Reby Fayard à rédiger 45. Exposition tenue grand public sur les événements de en 2009 un ouvrage : Pierrette, des entre le 28/08/2019 44 et le 22/10/2019. la Grande Guerre mais a également Vignes aux Tranchées , qui inspirera permis la prise de conscience des la création du musée et de ses trois 46. Parmi ces 22 personnes décédées pouvoirs publics sur la nécessité de salles en 2010. Le musée a été instal- le jour de l’évènement, protéger ces monuments. lé dans les anciennes granges de la 8 étaient des enfants. ferme, une fois débarrassé du foin, Lieu de mémoire plus discret, le de la paille et de la luzerne qu’elles château de Messimieux, situé à contenaient. proximité du château des Tours,

47 1. Joannès Fayard, Poilu ansois tué à Verdun, Collection particulière

1.

47. Monique FRAISSE, Le musée présente dans son exposi- notre proche territoire. Cette expo- Puits sarrazins au tion permanente les métiers des ha- sition a été l’occasion de retracer la pays de la Pierre Dorée, dans la Revue bitants du Beaujolais, en particulier douloureuse libération de la ville qui Résurgences, La la vie des femmes, sous la Première coûta la vie à 51 ansois dont 2246 lors Verchère du Lyonnais, Guerre mondiale. Ainsi, au-delà de du bombardement du 28 août qui N°29, 2005. l’histoire officielle apprise par tous détruisit une partie du centre-ville et dans nos écoles, le musée permet du pont de l’Azergues. L’événement d’appréhender cette période dou- reste ancré dans la toponymie de la loureuse au travers du regard intime ville : la rue dans laquelle se trouve de ses habitants. Cette proximité le musée s’appelle aujourd’hui est permise entre autres, par l’ac- « rue du 3 septembre 1944 ». En ef- cent mis sur la correspondance de fet, cette rue fut particulièrement la famille Fayard et par l’inscription meurtrie ce jour-là par la présence du musée dans le lieu où a vécu de 4 half-tracks qui y brûlèrent toute Joannès Fayard, poilu du pays tué une journée. à Verdun. Une plaque a été apposée Une difficulté s’impose cependant à l’entrée de la maison à l’occasion désormais : perpétuer l’intérêt pour du centenaire de sa mort en 2016 ce patrimoine en dehors du cadre afin de matérialiser aux yeux des des commémorations. L’appropria- passants ce lieu de mémoire. Une tion de cette mémoire collective par troisième salle plus généraliste et les habitants semble aujourd’hui es- pédagogique évoque la vie des sol- sentielle pour y parvenir. dats dans les tranchées. Vitalie Arcq, historienne de l’art et La dernière exposition en date, chargée de mission patrimoine à « Anse et Villefranche à l’heure al- Ecobeauval lemande » 45, placée dans l’ancien cuvier (maintenant salle d’accueil Avec le soutien de J. Reby Fayard du musée) se prolonge dans la cave où treize personnes ont passé la journée du 3 septembre 1944 et une partie de la nuit. Elle propose de mettre en lumière les événements survenus lors de l’Occupation sur

48 1. Le puits du Boitier à Theizé © P. Branche 2. Le puits sarrazin et le lavoir à Châtillon-d’Azergues © P. Branche 3. Voûte sarrazine d’une cabane en pierres sèches, Theizé 4. Le puits de Saint-Roch, Ville-sur-Jarnioux © P. Branche

1. 2.

LE PATRIMOINE LIÉ À L’EAU concerne notamment les sources, les citernes, les canalisations et les aque- Le Pays d’art et histoire du Beaujolais ducs, dont l’étude reste à faire, mais est doté d’un réseau hydrographique aussi les puits et les fontaines. dense, dominé par la Saône qui reçoit les eaux de nombreux affluents, dont PUITS les plus importants sont, du nord au En sillonnant la campagne beaujolaise, sud, la Vauxonne, le Marverand, le on rencontre de nombreux puits dissé- Nizerand, le Morgon et l’Azergues. minés au milieu des vignes, des prés, Les changements du mode de vie et à l’intérieur des cours des maisons ou l’exode rural ont, depuis le début du placés le long des routes et des che- XXe siècle, souvent conduit à l’aban- mins, parfois solidaires d’un mur de don de structures et de monuments clôture ou même d’une habitation. qui caractérisaient la vie collective Ils sont construits en pierres maçon- des villages. Dans les années 1980-90, nées ; certains sont couverts d’une la prise de conscience et l’intérêt gran- dalle, d’autres d’une calotte pro- dissant pour le « petit patrimoine » a longeant le parement, ou bien d’un entrainé la création d’associations toit conique maçonné. Ces derniers, afin de le mettre en valeur et de le res- particulièrement caractéristiques de taurer. Depuis les premières années l’Est du Beaujolais, sont appelés puits du XXIe siècle, un certain nombre des sarrazins47. communes du Pays d’art et histoire ont fait procéder à un repérage et un inven- Ils n’ont bien sûr aucun rapport avec taire de ce « petit patrimoine » par des une éventuelle inspiration mauresque bureaux d’étude ou les associations mais dans l’esprit populaire, ils étaient locales afin de les intégrer aux docu- considérés comme très anciens et ments d’urbanisme. d’une période difficile à dater. On peut rapprocher leur appellation du terme Le patrimoine lié à l’eau peut être d’architecture « voûte sarrazine », classé en deux catégories, auxquelles construite sans emploi de cintre, avec s’ajoutent les aménagements réalisés encorbellement. Les pierres sont pla- contre les inondations (digues, bassins cées en porte-à-faux par rapport au de rétentions, dalots) et pour traver- corps principal de l’ouvrage et sont ser les cours d’eau (ponts). L’eau vitale

49 3. 4.

48. Monique FRAISSE, soutenues au moyen d’assises super- FONTAINES “Fontaines sous posées. Le sommet de ces puits est voûtes en Beaujolais”, Avant la Révolution, seuls les grands Résurgences, souvent couronné d’une pierre de faî- domaines et les châteaux possèdent La Verchère du tage simple, sculptée, ou même parfois leurs propres fontaines alimentées Lyonnais, N°30, 2006. d’une croix. par des canaux ou des canalisations FONTAINES SOUS VOÛTES allant chercher l’eau aux sources environnantes. On peut encore voir En Beaujolais, on trouve de nom- des exemples au château de Cruix à breuses fontaines alimentées par une Theizé et à la Flachère à Saint-Vérand. source ou des citernes recueillant l’eau À partir de la Renaissance, ces grands de pluie, en bordure des routes, cou- domaines se parent également de vertes par une voûte en berceau. Elles grottes artificielles décorées de sta- servaient pour un usage domestique tues de nymphes, de bassins et de jets commun à la population du village ou d’eau. Les aménagements du château d’un hameau, mais aussi pour abreu- de la Fontaine à Anse sont remar- ver les animaux. Elles sont souvent quables. Au XIXe siècle se développent orientées au sud ou à l’Est, à l’abri des également la mode des fontaines vents dominants48. On peut encore publiques dans les villages, parfois en voir à Vaux-en-Beaujolais (sortie richement décorées. ouest du village et au hameau le Maty), Montmelas (sous le château et dans MOULINS le bourg), Charnay (Bayères), Ville- Le moulin faisait autrefois partie inté- sur-Jarnioux (dans le bourg), Theizé grante du paysage de nos campagnes (chemin de la Calle et route de Fronte- car jusqu’à l’arrivée de l’électricité à la nas), Le-Bois-d’Oingt (au hameau le fin du XIXe siècle, l’eau courante était, Pérou), Chamelet (au bas du bourg) et avec le vent, la seule source d’énergie Létra (dans le bourg). mécanique disponible. Le moulin était aussi le pivot de la vie économique et sociale, produisant la farine pour la confection du pain.

50 1. En-tête du Moulin de Fongraine, Villefranche-sur-Saône 2. Lavandières au bord de l’Azergues, Anse, coll. P. Branche 3. Lavoir du bourg, Alix © S. Garrido

1. 2.

49. M. GROS, Etudes Dans nos régions, c’est entre le Xe et le teries industrielles, comme celles de sur l’Azergues, dans XIIIe siècle que le nombre de moulins à Gleizé ou Lozanne, les petits moulins les Annales des Sciences Physiques eau connaît une formidable extension disparaissent peu à peu, faute de et Naturelles, liée à l’augmentation de la popula- pouvoir soutenir la concurrence. Ils d’Agriculture et tion, de la production et en lien avec ont, depuis la deuxième moitié du d’Industrie de Lyon, e 1853, p.343 les défrichements. Avant la Révolution XX siècle, tous arrêté leur activité. et suivantes. de 1789, ils appartiennent exclusive- Les bâtiments ont, pour une bonne ment aux établissements religieux ou part d’entre eux, été conservés puis aux seigneurs locaux, qui disposent transformés en habitations comme juridiquement des cours d’eau et qui ceux de Cogny, Légny ou Fongraine à sont les seuls à pouvoir faire face aux Villefranche, en restaurant comme à frais de construction et d’entretien. Alix ou en chambres d’hôtes comme celui de Saint-Fonds à Gleizé. Ils sont très nombreux tout au long des cours d’eau. Ils pouvaient broyer SCIERIES les céréales pour la farine ainsi que On les trouvait dans la région sous les noix ou noisettes pour l’huile. Des le nom ancien de serroir. Ils étaient canaux artificiels permettaient à la très nombreux particulièrement dans roue de recevoir une quantité d’eau le Haut-Beaujolais. La rotation de la suffisante et nécessaire à son bon roue à eau est transformée en mou- fonctionnement. Sur les plus petits vement alternatif grâce à une bielle, ruisseaux, qui n’avaient pas un débit actionnant une scie qui coupait longi- suffisant pour entraîner la roue en tudinalement la grume (tronc d’arbre). continu, le moulin avait en amont un barrage et un réservoir. Le meunier LAVOIRS utilisait cette réserve d’eau pour faire Autrefois, le linge n’était lavé que tourner son moulin durant 3 à 4 heures deux fois par an. La lessive, ou Buye et mettait 12 heures ensuite pour la en patois beaujolais, se faisait alors remplir. dans une sorte de bac en bois avant d’être rincée dans un cours d’eau ou En 1853, on ne compte pas moins une source puis étendue dans l’herbe de 19 moulins en activité sur pour le séchage. l’Azergues entre Chamelet et Anse49. Avec la création des grandes mino-

51 3.

50. Service municipal Au XIXe siècle les épidémies de choléra, étaient orientées de façon à déverser Arts et Traditions de variole et de typhoïde vont placer l’eau de pluie dans le bassin, comme à populaires de 51 Villefranche, Lessives au cœur des préoccupations les pro- Alix ou au Vivier à Ville-sur-Jarnioux . d’autrefois, vers 1987. blèmes d’hygiène. Mais il faut attendre Certains possèdent également des Maisons Paysannes du la dernière décennie du XIXe siècle et niches pour poser les effets person- Rhône, Sauvegarder e les lavoirs du Rhône, la première du XX siècle pour voir nels ou les savons. Dans un angle Lyon, 1980. fleurir les lavoirs publics dans les vil- est parfois aménagée une cheminée 51. Association de lages. Ils sont généralement implantés pour produire la cendre nécessaire au Sauvegarde des lavoirs dans le bourg mais également dans blanchiment mais également pour se et du petit patrimoine les hameaux pour les communes dont réchauffer les mains en hiver. Certaines (Limonest), Inventaire des lavoirs du Rhône, l’habitat est dispersé. On n’en compte femmes s’y rendaient à titre personnel http://lavoirsrhone. ainsi pas moins de sept à Ville-sur- tandis que d’autres en avaient fait leur free.fr/texte/ Jarnioux ou à Sainte-Paule50. Le lieu métier, lavant le linge pour les familles invbeujolais.htm d’implantation, choisi en fonction de les plus aisées. Inventaire des lavoirs l’abondance et de la pureté de l’eau, se du Beaujolais, par Après la Première Guerre Mondiale, trouve à proximité d’une source, d’une Robert BRAYMAND et l’accès progressif à l’eau courante puis M. LEROND, https:// fontaine ou d’un ruisseau. www.lavoirs.org/view- la généralisation des machines à laver, lavoirs-pub Ces lavoirs sont principalement com- à partir des années 1950, vont entraî- posés d’un bassin essentiellement ner le déclin des lavoirs. utilisé pour le rinçage, qui pouvait Philippe Branche être rond, carré, rectangulaire ou même hexagonal. Plus rares sont les lavoirs à deux bassins juxtaposés, le premier servant au savonnage, l’autre au rinçage. Ces bassins seront peu à peu maçon- nés, ceints de murs afin d’être abrités du vent et couverts d’une toiture plus ou moins élaborée, d’une à quatre pentes, parfois soutenue par des piliers de bois ou de pierres. Certaines de ces toitures, dites à impluvium,

52 1. Manoir de la Garde, Jarnioux © Sophie Garrido 2. et 3. Cuvage des compagnons du Beaujolais, Lacenas © Sophie Garrido

1.

52. Épure : dessin LE BOIS ET LES CHARPENTES sont l’œuvre d’artisans confirmés. au trait qui donne Quelques chefs-d’œuvre sont vi- l’élévation, le plan et Le Haut-Beaujolais est largement sibles au musée du compagnonnage le profil d’une figure pourvu en forêt et son bois est un (projetée avec les à Romanèche-Thorins ainsi que des des piliers de son économie. Il est cotes précisant ses exemples d’épures52. L’intérêt de dimensions). de qualité, composé en majorité de l’étude des charpentes est de com- résineux et notamment utilisé pour 53. « Charpentes prendre l’architecture d’un édifice les charpentes. Le bois a toujours et Couvertures » par rapport à un territoire. Une iden- dans Monumental, été considéré comme un matériau tité régionale souvent très particu- revue scientifique noble et il est de plus en plus plébis- et technique lière se dessine : « L’inclinaison du cité pour ses qualités énergétiques des monuments toit donne à l’ensemble du bâtiment historiques, et isolantes (onze fois plus que le bé- une forme bien typique, propre aux semestriel 1, Éditions ton). Renouvelable, léger, neutre en du Patrimoine, Centre contextes géographiques et cultu- émission de CO2, il est aujourd’hui des Monuments rels. (…) C’est aussi le résultat d’un un atout dans les constructions éco- Nationaux, 2016. parti esthétique qui obligea les char- logiques et s’annonce comme le ma- pentiers à imaginer des structures tériau du XXIe siècle ! avec des assemblages élaborés. » 53 Certaines constructions en bois Le manoir de la Garde, à Jarnioux, datant du Moyen-Âge sont des té- domaine de 1643, dispose d’une moins essentiels du passé. Ce sont charpente d’un seul tenant en par exemple des portes (château du chêne, sans poteau de soutien. Il Sou à Lacenas, portail de l’église de s’agit d’une réalisation unique dans Frontenas, porte cloutée et pont- le Beaujolais, dans un cuvage de levis du château de Bagnols) ou plain-pied de 320 m2. La taille des des maisons à pans de bois ou pressoirs à écureuil oblige les cu- galeries remarquables comme à vages à avoir une hauteur assez éle- Villefranche-sur-Saône (maison du vée pour les accueillir. Faucon, Roland, etc.). Le cuvage des compagnons du D’autres exemples de construc- Beaujolais (XVIIIe siècle), à Lacenas, tions en bois ayant survécu aux possède, lui aussi, une charpente siècles sont les charpentes. Réa- d’une longueur considérable, pro- lisations extraordinaires et gages portionnée à ses dimensions de plus d’un savoir-faire unique, elles

53 2.

3.

54. Hourd : défense de 560 m2. Il accueille deux pres- Il est considéré comme l’un des plus sommitale en bois soirs dont un de la fin du XVIIIe siècle anciens de France. Il présente à ce d’une tour pour lâcher divers matériaux sur classé au titre des monuments his- titre, et par sa réalisation, un inté- l’ennemi. toriques en 1979. À l’extérieur, des rêt remarquable55. Le château a été 55. FEUILLET M.P. marques différentes décorent les classé dans son ensemble en 1987 et GUILLOT J.O., chevrons d’arêtiers (cœur, étoile, aux monuments historiques. « Le château des carré barré) ; ces ornements sur les Je remercie Monsieur Yves Brondel, Tours à Anse », dans charpentes sont assez rares. Pour Bulletin Monumental, qui m’a accompagnée en 2017 pour d’autres bâtiments, les marques tome 141, n°4, 1983, m’éclairer sur le travail remarquable p. 410-411. d’assemblage de nombreuses réalisé par des charpentiers, sou- pièces de charpente sont souvent vent Compagnons du Devoir, ainsi des griffes et des barres. que les propriétaires des lieux cités Le hourd54 du château des Tours qui nous ont accueillis. d’Anse se situe dans la tour nord Sophie Garrido, semi-circulaire. Sa charpente en historienne de l’art chêne a été datée par dendrochro- nologie du début du XIIIe siècle.

54 1. Façade d’une maison de médecins, rue du 11 novembre, Le-Bois-d’Oingt © Marie-France Rochard

2. Anse © Destination Beaujolais

LE RÔLE DES ASSOCIATIONS En collaboration avec les collectivités, les professionnels, les scolaires, ils Le Pays d’art et d’histoire du Beaujo- réfléchissent à la manière dont le pa- lais compte plus d’une trentaine d’as- trimoine peut favoriser le lien social sociations patrimoniales et artistiques et être facteur d’attractivité. Ils s’en- conscientes de l’importance de pré- gagent sur plusieurs fronts, pour di- server et de mettre en valeur le patri- verses échelles territoriales, montrant moine qui les entoure. Aussi, la plupart ainsi à quel point les frontières sont d’entre elles se sont réunies au sein ténues et que la définition de patri- d’une fédération pour y parvenir, et ce, moine recouvre des réalités diverses. 1. bien avant la labellisation du territoire. Ils agissent notamment auprès du Leur unité, leur dynamisme et leur Geopark du Beaujolais dont le rôle est investissement en font des alliés ma- de valoriser un patrimoine géologique jeurs du Pays d’art et d’histoire. Les remarquable. Ils ont appris à penser le membres de ces associations ont ac- développement d’un territoire rural, quis une connaissance importante telle que la Communauté de com- des communes et de leurs dévelop- munes des Pierres Dorées, avec un pements. Ils étudient et mettent en patrimoine diffus et homogène aussi lumière les liens qui existent entre bien que celui d’une agglomération, plusieurs villages, les personnages his- avec des monuments phares. Ils s’in- toriques, les légendes, les savoir-faire téressent également aux richesses du Beaujolais, et nous aident ainsi à patrimoniales et aux politiques mises comprendre le développement de ce en place dans d’autres Pays d’art et territoire. En transmettant leurs dé- d’histoire afin d’établir des parallèles couvertes lors d’événements – confé- ou, au contraire, de comprendre les rences, manifestations nationales –, ils spécificités de leur région. nous invitent à nous questionner sur Enfin, ils transmettent avant tout une les spécificités et le devenir de notre passion, ainsi que leur attachement environnement. à un territoire qu’il convient de proté- Ils interviennent en appui des collec- ger dans le but d’offrir un cadre de vie tivités et de l’État et s’investissent bé- agréable aux autochtones, aux nou- névolement, sur leur temps libre. Aux veaux arrivants et aux touristes. plus près des habitants, ils recueillent Le Pays d’art et d’histoire du Beaujolais des témoignages, animent des visites, doit beaucoup aux associations qui se collectionnent des objets anciens, sont investies dès les prémices de la sensibilisent au respect de la nature candidature au label. Elles ont accepté et s’intéressent à l’aménagement du de communiquer leurs connaissances, territoire. Ils proposent des actions partager leurs savoirs et échanger avec concrètes, participatives : nettoyage le service Animation de l’architecture de printemps, réparation du petit pa- et du patrimoine afin de construire trimoine, protection des batraciens, un projet commun, dont l’exposition « découverte de savoir-faire… Qui Empreintes » est l’une des résultantes, mieux que les habitants d’un territoire et qui sera suivie de nombreuses sont les plus à même d’agir pour ce autres. Un « patrimoine en partage », dernier ? En impliquant leurs compa- n’est-ce pas le premier pas vers l’inclu- triotes dans leurs réflexions et leurs sion sociale et la possibilité de s’ouvrir actions sur le terrain, ils œuvrent en à d’autres cultures ? faveur de la mise en place d’une dé- mocratie locale. Adeline Coste

55 2.

56 BIBLIOGRAPHIE

Les références bibliographiques et de la Communication, Maison des mentionnées dans les articles Sciences de l’Homme, 2006, 611 p. ne sont pas reprises ici. ▶ GUICHON Romain, CLÉMENT En complément de ces références Benjamin, COLOMBIER-GOUGOUZIAN générales, les 50 communes Aline, DUBREU Nicolas et ÉVRARD du Pays d’art et d’histoire ont fait Maximilien, « L’établissement l’objet de fiches disponibles protohistorique et gallo-romain de à la Maison du patrimoine. Chessy-les-Mines (Rhône) », Revue ▶ Académie de Villefranche et du archéologique de l’Est, tome 64, 2015, Beaujolais, Victor Vermorel connu et 223-273. méconnu, Actes du colloque des 14 et ▶ LANDRY Christophe et PASTY 15 octobre 2016, Editions du Poutan, Jean-François, avec la collaboration 2016, 189 p. de Philippe ALIX, Stéphane ▶ Archipat, Aire de Valorisation de BROUILLAUD, Odile FRANC et l’Architecture et du patrimoine de Christine VERMEULEN, « Nouveaux Villefranche-sur-Saône – Diagnostic indices de fréquentation de la patrimonial et environnemental, 2014, vallée inférieure de la Saône au 126 p. Paléolithique moyen et supérieur », Bulletin de la société préhistorique ▶ Atelier Anne Gardoni, Arbor&sens française, tome 112, numéro 4, et Atelier de la grande côte, Aire de Valorisation de l’Architecture et octobre-décembre 2015, 791-795. du patrimoine d’Anse, Rapport de ▶ LEDUC Guy, Voyage au pays des présentation, 2015, 53 p. ; Aire de Pierres Dorées au cœur du Rhône, Valorisation de l’Architecture et du 2012, 285 p. patrimoine de Pommiers, Rapport de présentation, 2016. ▶ MERAS Mathieu et alii, Des territoires qui racontent l’histoire - ▶ AURAY Samuel, avec la Beaujolais en dates et en cartes, participation de Marion COURDOISY, Lyon, EMCC, 2003. Marie LEMOUZY et Camille COLLIOT, Carnet de territoire – Le Beaujolais, ▶ Syndicat mixte du Beaujolais, CAUE Rhône Métropole, 2016, 160 p. Candidat Geopark Beaujolais, Dossier de candidature UNESCO ▶ CADIEU DUMONT Céline, Territoires Global Geopark, 2016, 50 p. en histoires, Au cœur du Beaujolais, Département du Rhône, Lyon, 2011. ▶ FAURE-BRAC Odile, Le Rhône, Carte archéologique de la Gaule, 69/1, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Ministère de la Culture

57 SITOGRAPHIE

ACADÉMIE DE VILLEFRANCHE ESPACE PIERRES-FOLLES, ET DU BEAUJOLAIS SAINT-JEAN DES VIGNES www.academie-villefranche.fr/ www.espace-pierres-folles.com topic1/index.html FÉDÉRATION PATRIMOINE AGENCE D’URBANISME DE L’AIRE DES PIERRES DORÉES MÉTROPOLITAINE LYONNAISE patrimoine-pierres-dorees. www.urbalyon.org/site/Accueil e-monsite.com

ARCHIVES DU DÉPARTEMENT FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT DU RHÔNE ET DE LA MÉTROPOLE www.fne.asso.fr DE LYON LPO DELEGATION RHONE archives.rhone.fr www.lpo-rhone.fr CAUE RHÔNE MÉTROPOLE MINISTÈRE DE LA CULTURE www.caue69.fr www.culture.gouv.fr DIRECTION RÉGIONALE MUSEUM D’HISTOIRE NATURELLE DE L’ENVIRONNEMENT, inpn.mnhn.fr DE L’AMÉNAGEMENT ET DU LOGEMENT UNESCO GLOBAL GEOPARK www.auvergne-rhone-alpes. BEAUJOLAIS developpement-durable.gouv.fr. www.geopark-beaujolais.com « Aménagement Paysage » / « Foncier et maîtrise de la consommation d’espace » : vidéos par commune de 1900 à 2012. Des films existent aussi par intercommunalité.

58 « «ÊTRE ÊTRE HOMME, HOMME, C’EST C’EST (…) (…) FOCUSFOCUS SENTIR,SENTIR, EN EN POSANT POSANT SA SA PIERRE, PIERRE, LELE PAYS PAYS D’ART D’ART QUEQUE L’ON L’ON CONTRIBUE CONTRIBUE ÀÀ BÂTIR BÂTIR LE LE MONDE. MONDE. » » ETET D’HISTOIRE D’HISTOIRE AntoineAntoine de Saintde Saint Exupéry, Exupéry, Terre Terre des des hommes, hommes, 1939 1939 DUDU BEAUJOLAIS BEAUJOLAIS

Laissez-vousLaissez-vous conter conter le Beaujolais le Beaujolais, Pays, Pays Le PaysLe Pays d’art d’art et d’histoire et d’histoire du Beaujolais du Beaujolais d’artd’art et d’histoire, et d’histoire, en compagnie en compagnie d’un d’un appartient appartient au réseau au réseau national national des Villesdes Villes guideguide conférencier conférencier agréé agréé par lepar Ministère le Ministère et Payset Pays d’art d’art et d’histoire. et d’histoire. de lade Culture la Culture et de et la de Communication. la Communication. Le MinistèreLe Ministère de la de Culture, la Culture, direction direction géné géné- - Le guideLe guide vous vous accueille accueille et est et à est votre à votre écoute. écoute. rale desrale patrimoines, des patrimoines, attribue attribue l’appellation l’appellation N’hésitezN’hésitez pas àpas lui àposer lui poser vos questions. vos questions. VillesVilles et Pays et Pays d’art d’art et d’histoire et d’histoire aux collecaux collec- - tivitéstivités locales locales qui animent qui animent leur patrimoine.leur patrimoine. Le ServiceLe Service Animation Animation de l’architecture de l’architecture Il garantitIl garantit la compétence la compétence des guidesdes guides confé confé- - et duet patrimoine du patrimoine coordonne coordonne les initia les initia- -renciersrenciers et des et animateurs des animateurs du patrimoine du patrimoine et et tives,tives, propose propose toute toute l’année l’année des actions des actions de dela qualitéla qualité de leurs de leurs actions. actions. Aujourd’hui, Aujourd’hui, un un valorisationvalorisation et de et sensibilisation de sensibilisation autour autour de deréseau réseau de 198 de villes198 villes et pays et pays vous vous offre offre son son l’architecturel’architecture et du et patrimoine. du patrimoine. Il se tientIl se tient à àsavoir-faire savoir-faire dans dans toute toute la France. la France. votrevotre disposition disposition pour pour tout toutprojet. projet.

ServiceService Animation Animation de l’architecture de l’architecture À proximitéÀ proximité et duet patrimoine du patrimoine Les PaysLes Pays d’art d’art et d’histoire et d’histoire MaisonMaison du patrimoine du patrimoine PaysPays voironnais, voironnais, pays pays du Forez, du Forez, Vivarais Vivarais TraverseTraverse de la de Manécanterie la Manécanterie méridional,méridional, Hautes Hautes vallées vallées de Savoie, de Savoie, 30, rue30, Roland rue Roland / 739, / 739,rue Nationale rue Nationale EvianEvian Vallée Vallée d’Abondance, d’Abondance, Trévoux Trévoux Dombes Dombes ET D’ART D’HISTOIRELE PAYS DU BEAUJOLAIS ET D’ART D’HISTOIRELE PAYS DU BEAUJOLAIS 6940069400 Villefranche-sur-Saône Villefranche-sur-Saône SaôneSaône Vallée, Vallée, Moulins Moulins Communauté, Communauté, Riom, Riom, 04 7404 60 74 39 60 53 39 53 BillomBillom Saint-Dier Saint-Dier d’Auvergne, d’Auvergne, Issoire, Issoire, Val Val [email protected]@villefranche.net d’Allierd’Allier Sud, Sud,Saint-Flour, Saint-Flour, Haut-Allier, Haut-Allier, Le Puy- Le Puy- FOCUS FOCUS EntréeEntrée libre libre en-Velay,en-Velay, Annecy, Annecy, Valence Valence Romans Romans Agglo. Agglo. HorairesHoraires d’ouverture d’ouverture Les VillesLes Villes d’art d’art et d’histoire et d’histoire MercrediMercredi au vendredi au vendredi de 14h de à14h 18h à 18h Albertville,Albertville, Chambéry, Chambéry, Aix-les-Bains, Aix-les-Bains, (17h (17hde novembre de novembre à mars) à mars) Grenoble,Grenoble, Vienne. Vienne. Sur rendez-vousSur rendez-vous pour pour les groupes les groupes FermetureFermeture les jours les jours fériés fériés www.vpah-auvergne-rhone-alpes.frwww.vpah-auvergne-rhone-alpes.fr

DestinationDestination Beaujolais Beaujolais CréditsCrédits photos photos sauf mention sauf mention contraire contraire 96, rue96, de rue la de sous-préfecture la sous-préfecture Ville deVille Villefranche-sur-Saône de Villefranche-sur-Saône 04 7404 07 74 27 07 40 27 40 ConceptionConception : Résonance : Résonance Publique, Publique, Lyon Lyon d’aprèsd’après DES SIGNES DES SIGNES studio studio Muchir Muchir Desclouds Desclouds 2015 2015 [email protected]@destination-beaujolais.com ImpressionImpression : imprimerie : imprimerie Multitude, Multitude, Trévoux, Trévoux, Imprim’vert Imprim’vert

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