Personnes visitées : Emmanuelle Fontanille, agent de développement de la Communauté de Communes du Pays de -Pradelles, Remy Brunel, maire de , Michel Fradet, maire de Ouïdes Visiteurs : Benjamin Chambelland & Stéphane Duprat Lieu : Rauret et Ouïdes Date de la visite : Mardi 24 janvier 2012 Durée de la visite : 5 heures Matériel utilisé : Appareil photo et enregistreur sonore 1984 2002- 2004-2005 Création du smat du haut allier les premiers pas On a profité en fait de plein d’opportunités très favorables au projet. La région a mis en place des contrats ‘‘Auvergne Les gorges de l’Allier sont situées en site Natura 2000. Le maire de Rauret a tout de suite été intéressé par la pro- plus’’, avec des modalités de financements assez impor- Site Natura 20001 qui comprend le Haut Val d’Allier et les blématique et il y avait également le maire de Saint Jean tantes et il y avait aussi des financements européens que gorges de l’Allier. Il y a une structure animatrice de ce Lachalm, une autre commune du territoire située à coté de l’on pouvait mobiliser sur des études un peu expérimenta- réseau, le SMAT du Haut Allier, c’est un Syndicat Mixte Ouïdes. les. d’Aménagement du Territoire qui a été créé en 1984 et qui a pour objectif de porter des projets à vocation touristique, Ces deux élus portaient les choses, surtout le maire de On n’arrivait pas vraiment à avancer sur la question de la environnementale et culturelle. C’est eux qui portent aussi Saint Jean Lachalm au départ, parce qu’il a certaines reconquête pastorale car on ne savait pas trop comment le SAGE, le Schéma d’Aménagement et de Gestion des connaissances en agriculture. Il est comptable pour le l’aborder et on était pas encore à se poser la question de 4 Eaux du Haut Allier, le pays d’art et d’histoire2, etc. Centre d’économie rurale donc la problématique de l’agri- la mise en place d’une Association Foncière Pastorale culture l’intéresse vraiment. Et ensuite, il se disait que sur (AFP). Du coup, on a proposé aux élus de Cayres-Pradel- On a une problématique sur les gorges de l’Allier : c’est sa commune, ce serait facile de mobiliser les gens parce les de porter une étude agro-touristique sur les gorges de l’existence de prairies sèches, des espaces qui néces- qu’il avait l’impression d’avoir un contact assez facile avec l’Allier. sitent d’être pris en considération, d’être protégés. On eux. avait certaines personnes très motivées par la reconquête Le terrain d’étude comportait 4 communes -Saint Jean La- pastorale sur des sites à pelouse sèche, et notamment un Un des stagiaires en formation de paysagiste est arrivé chalm, , Saint Haon et Rauret- puisque les maires agent qui bossait au CPIE du Velay3 et un technicien du au moment où la Communauté de Communes est très étaient motivés. L’objectif de cette étude était de voir si SMAT du Haut Allier. Le CPIE, c’est un Centre Permanent sensible à cette problématique, je m’investissais beaucoup l’on pouvait développer des projets agro-touristiques dans d’Initiatives pour l’Environnement : ils mènent des actions sur ce sujet-là. les gorges de l’Allier. de sensibilisation à l’environnement et accompagnent le montage de projets sur le territoire. Ces personnes-là ont régulièrement accueilli des stagiaires et porté des opéra- tions de sensibilisation des élus sur la problématique des pelouses sèches dans les gorges de l’Allier.

2001 2002 Création de la communauté de communes de Arrivée d’emmanuelle fontanille Cayres-Pradelles Moi, je suis arrivée en octobre 2002 et j’ai vu passer un La communauté de communes a été créée en début certain nombre de stagiaires sur cette problématique. Au d’année 2001. Dès sa création, elle a été associée à ces début, on travaillait sur l’ensemble des gorges de l’Allier, problématiques-là. ce qui était très vaste comme terrain d’étude ! Ensuite en fonction des volontés et des ressentis locaux, les études se sont resserrées sur le territoire de Cayres-Pradelles. C’est vrai que tous les stagiaires qui sont passés par là ont reçu un écho très favorable.

1. Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels européens, terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauva- ges, animales ou végétales, et de leurs habitats. Natura 2000 concilie préservation de la nature et préoccupations socio-économiques. En , le réseau Natura 2000 comprend 1753 sites.

2. Villes et pays d’art et d’histoire est un label officiel français attribué depuis 1985 par le Ministère de la Culture aux communes ou pays de France qui s’engagent dans une politique d’animation et de valorisation de leurs patrimoines bâti, naturel, et industriel, ainsi que de l’architecture. Ce label succède à l’appellation « Ville d’art », disparue en 2005.

3. Le label « Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement » a été fondé en 1972 par quatre Ministères : Agriculture, Jeunesse et Sports, Envi- ronnement, Éducation Nationale. Il est attribué aux associations qui agissent dans deux domaines d’activités en faveur du développement durable : la sensibilisation et l’éducation de tous à l’environnement, l’accompagnement des porteurs de projets de territoires.

4. L’Association foncière pastorale (AFP) est un regroupement de propriétaires de terrains (privés ou publics) constitué sur un périmètre agro-pastoral et accessoirement forestier, dans le but d’assurer ou de faire assurer la mise en valeur et la gestion des fonds inclus dans le périmètre constitué. Une Association foncière pastorale peut être de 2 types : - autorisée, c’est-à-dire créée par arrêté préfectoral et dans ce cas, c’est un établissement public ; - libre, c’est-à-dire non sous soumise à la tutelle de l’administration, et de droit privé

2 3 2006-2008 2009 Le perimètre de l’Association Foncière Pas- les statuts En 2010 On essayait de leur expliquer que l’Association Foncière le plan de gestion torale Pastorale, c’était un outil foncier, un outil pour gérer les On arrive enfin à définir les statuts, les périmètres et, le 16 terrains et en aucun cas une structure qui allait les spolier. On a confié à un nouveau prestataire la réalisation du plan On a travaillé avec un bureau d’étude qui s’appelait Tercia, novembre 2009, on organise l’assemblée constitutive de On ne transférait pas la propriété d’une personne à une de gestion, qui est d’ailleurs maintenant quelqu’un qui suit avec quelqu’un avec une personnalité intéressante, qui l’Association Foncière Pastorale. S’en suit une enquête autre. le projet, qui assure le suivi pastoral et l’assistance à la nous a vraiment aidés. C’est Gérard Mercier : il avait une publique de 15 jours et enfin le préfet crée par arrêté maîtrise d’ouvrage pour les travaux. Elle s’appelle Karine approche agro-pastorale. Il nous a aidés de 2006 à 2008 préfectoral l’ « Association Foncière Pastorale du Haut Martin. à repérer sur le cadastre, sur le terrain, les parcelles que Allier ». Elle voit le jour le 26 novembre 2009. l’on pouvait éventuellement regrouper pour tenter des Le plan de gestion a été financé entièrement par le SMAT expériences. On a fait plein, plein, plein de réunions dans du Haut Allier. Ça aussi, c’est important : on a vraiment tous les conseils municipaux pour convaincre les élus de été plusieurs structures à porter le projet. Il y a le SMAT et regrouper le foncier. Il y avait des propriétés privées, des la Communauté de Communes. Le plan de gestion nous biens de sections et communaux. Les biens de sections a permis de voir comment il fallait faire cette fameuse sont constitués de terrains appartenant collectivement aux reconquête pastorale, quels étaient les travaux nécessai- habitants. res, comment il fallait pâturer. On est quand même sur des sites à préserver, donc il faut faire du pâturage, mais pas Ça a été très long, on avançait difficilement mais l’idée sur-pâturer non plus. Dans le plan de gestion, elle a mis faisait son chemin dans la tête des gens. On a finalement aussi en évidence toute la végétation à préserver, les sites réussi à établir un périmètre. Pour la mise en place d’une sensibles. Association Foncière Pastorale se pose la question du périmètre mais aussi celle des statuts. Comment ça va fonctionner ? Qui va être impliqué ? Il y avait plein de pro- priétaires qui se posaient des questions sur la gestion des parcelles, l’accessibilité au quotidien.

2008 Elections municipales Fin 2008 un premier périmètre Juste avant les élections municipales, on a proposé à On arrive à avoir une carte avec un périmètre définitif, on chaque conseil municipal de se positionner sur le projet. travaille sur les statuts. Sur tout le projet, nous n’avons eu Des gens qui semblaient très motivés ont changé d’avis. aucune aide de la part de la Chambre d’Agriculture. Alors Le conseil de Saint Jean Lachalm a abandonné le projet, que les services de l’état financeurs du projet, eux, nous pour Saint Haon, ce sont certains propriétaires fonciers suivent de très près : DDT et DREAL Auvergne. qui bloquaient, à Alleyras, on s’est heurté aux chasseurs, à l’Association Communale de Chasse. Il ne restait plus qu’une commune !

Finalement après les élections, le maire de , nouvellement élu, nous a dit qu’il était très intéressé par le projet. On n’avait pas étudié le foncier de la commune, mais on le raccroche au projet.

4 5 2010 L’implication des éleveurs locaux Il a donc fallu trouver des éleveurs pour faire de la trans- humance. Il se trouve que l’on nous avait mis en contact On a essayé de travailler avec les éleveurs locaux. Durant avec un éleveur qui n’est pas du tout dans notre coin. Il toutes ces années, de 2006 à 2010, on a travaillé avec est près Sainte Sigolène à les Vilettes, de l’autre coté du tous les éleveurs de la commune de Rauret. A l’époque, il département. C’est quelqu’un qui fait de l’élevage ovin y avait encore quelques troupeaux de moutons mais il se avec des moutons de race « Noire du Velay », celle du trouve que c’est arrivé au moment de la crise ovine. Et du plateau justement, et en agriculture biologique. C’est un coup, il y a 2 ou 3 exploitations qui ont laissé les moutons gars qui manquait de foncier autour de son exploitation, en pour se concentrer sur l’élevage bovin. Aujourd’hui, sur la plus, c’est quelqu’un qui adhérait philosophiquement à la commune, on n’a plus qu’un élevage ovin et l’éleveur, lui, démarche du projet. Il s’appelle Emmanuel Coste. nous a dit clairement qu’aller garder les moutons dans les côtes, ça ne l’intéresse pas du tout. Il accepte de venir avec ses brebis et du coup Karine Martin écrit le plan de gestion en fonction de ses contrain- Il y avait un autre élément sur Rauret : le maire ne sou- tes à lui, celles du site, etc. Sur Rauret, on a une quaran- haitait pas que les côtes soient clôturées. Pour lui, il était taine d’hectares à pâturer par les moutons parce que sur indispensable que ce soit géré par un berger. Donc ici, il les 156 hectares de démarrage, il y en a qui sont inexploi- fallait que l’on trouve une solution pour du gardiennage et tables. les éleveurs locaux ont dit clairement qu’ils n’avaient plus le temps.

juin 2011 Arrivée des lamas deux temps forts

Les lamas sont arrivés sur le parc au mois de juin mais on On a eu deux temps forts à l’AFP. L’arrivée des brebis à les a acheté en novembre 2010. Rauret où France 3 Auvergne est venue faire un repor- tage. Ca a attiré l’attention ! Et puis aussi il y a eu l’inaugu- ration.

On n’a pas pu à Ouides car ça a débuté un petit peu après : on a fait les travaux au printemps, au début de l’été et même à l’automne, donc les éleveurs n’ont pas pu met- tre leurs bêtes tout de suite. Ils sont arrivés en juillet et du coup, on a fait l’inauguration de l’AFP et du contrat Natura 2000 le 15 juin.

Il n’y avait que le berger, son troupeau et les lamas que l’on pouvait montrer. Je voudrais aussi vraiment que l’on mette l’accent sur Ouides au niveau de la communication. Mais c’était sympa parce qu’il y avait tous les conseillers municipaux, les habitants de Rauret et Ouides qui étaient invités et ils se sont déplacés en grand nombre, surtout les habitants de Ouides. On était une centaine environ, avec un petit apéritif campagnard, un moment convivial.

6 7 L’association foncière pastorale (AFP) d’autres, qui grâce à l’AFP, ont pu conforter leur exploita- QUELLES RÉFÉRENCES ? L’extension du périmètre ? tion agricole et, ça, c’est très important. L’AFP, c’est 156 hectares sur deux communes, 46 proprié- Avant la création de l’association, on a essayé de rentrer C’est possible qu’une autre commune puisse rejoindre taires dont les deux communes. Plus de 50% des terrains Au début, l’idée, c’était de créer cette association : on a en contact avec des spécialistes des AFP, notamment l’AFP, elle est vouée, je pense, à étendre son périmètre. sont communaux ce qui nous a permis de faire une Asso- passé beaucoup d’années à sensibiliser les élus et ensuite dans les services de l’Etat, auprès d’un monsieur qui Là déjà, on a lancé une procédure d’extension : on a ciation Foncière Pastorale « autorisée ». C’est-à-dire que à établir ce périmètre. Une fois que l’on en était arrivé là, il s’appelle Pascal Grosjean, à la DREAL Rhône Alpes. Il est rajouté 3 hectares. l’on a quelque libertés dans la prise de décision. Les élus fallait que l’on monte vite les actions. Du coup après, ça a venu et nous a fait part d’une liste d’Associations Fonciè- font partie du bureau de l’association et pour prendre des été d’établir un plan de gestion pour voir comment on allait res Pastorales qui existaient en France. On est allé en On a mis beaucoup de temps à établir le périmètre. Sur décisions, c’est plus simple. pâturer sur ces côtes. voir certaines, dont une en Ardèche -L’AFP de la Dent de les 46 propriétaires, ils sont 6 à participer ; les autres on Rez- qui nous a beaucoup plus, qui est portée par le Parc. ne les voit jamais. Ils ne participent pas aux réunions, ils Dès que l’on rajoute des parcelles sur d’autre communes, L’intérêt était qu’ils avaient réussi à mobiliser des agricul- ne donnent pas leur avis. C’est dommage quand on voit cela veut dire que l’on mobilise d’autres conseils munici- teurs sur des espaces qui ressemblent un petit peu à ceux l’énergie qui est déployée. J’ai donc proposé que l’on paux. Il se trouve par exemple que n’est pas en de Côte Rousse et il y a eu un échange avec les élus très, invite tous les propriétaires à venir faire le tour de toutes site Natura 2000. Cette logique d’être en site Natura 2000 très positif. les unités pastorales au moment où il y aura le berger, les était très importante parce que ce qui tenait les élus aussi, animaux. Ceci dit, il y a des propriétaires qui ont 0,2 hec- c’est qu’être en site Natura 2000 nous offrait des aides, tares, ils sont à Paris, à Marseille ; ils ne s’en préoccupent des financements incroyables. En gros, ils vont nous finan- pas beaucoup. cer presque 100% des actions dans les gorges de l’Allier, Côte Rousse donc c’est épatant. Le petit mamelon qui est là-bas, c’est le site de Côte La communication Comme c’est expérimental, il faut que l’on fasse des Rousse sur la commune de Rauret et c’est le seul site choses sans que la collectivité ait trop d’investissement, hors zone de Natura 2000, donc qui a bénéficié de finan- C’est important que l’on communique sur ce projet-là. Plus de temps de travail. Un peu d’autofinancement, ça ce n’est cements différents des autres sites. il y aura d’étudiants, de scolaires, de gens comme vous, pas gênant, mais il faut que l’on démontre les choses. plus les gens comprendront l’importance de ce que l’on Maintenant, on a 5 ans pour pérenniser les choses, car un Cet espace permet de compléter ceux qui sont au fond fait là. contrat Natura 2000, c’est sur 5 ans. des gorges, ils sont en altitude ; les brebis peuvent venir au mois d’août. - Bts Gestion et Protection de la Nature ( la plupart) Les enjeux et les objectifs de l’association - ENSAP de Bordeaux Il n’est pas en Natura 2000 parce que là-haut il n’y a pas Pour les élus, il y avait aussi d’autre enjeux que ceux d’espèce à préserver à tout prix. Ceci dit, celui-ci a l’avan- environnementaux, notamment les risques d’incendies car tage d’être un terrain communal de près de 17 hectares il y a eu plusieurs départs dans les gorges. Avec tous les d’un seul tenant, ça commence à devenir intéressant. genêts, ça monte à une vitesse « grand V » et ça arrive Ensuite, il est en altitude donc ça veut dire que l’on peut sur le plateau qui est fertile : les terres à blé, lentilles, etc. pâturer ici quand, dans les côtes, c’est complètement Là tout de suite, ça fait paniquer tout le monde. grillé.

Ça c’était un des principaux arguments des élus. Après, il y a aussi la déprise agricole puisqu’autrefois toutes les cô- tes étaient pâturées. Il y avait même un berger communal, sur Rauret en tout cas, qui allait chercher les troupeaux dans toutes les exploitations. Il n’y avait pas de soucis sanitaires à l’époque, on mélangeait tout ça et il les faisait pâturer sur les communaux et sur les chemins.

Donc voilà, déprise agricole, risque incendies et puis la fermeture des paysages qui a un impact conséquent pour le tourisme, pour l’accès par les différents utilisateurs du site, comme les chasseurs par exemple, qui nous disent de rouvrir tous ces espaces pour permettre au gibier de passer.

C’est très flagrant sur certain chemin de randonnée, notamment à Alleyras, j’y suis allée récemment avec ma petite famille et il y a des endroits où, sur le topoguide, il y a marqué : « Regardez sur votre droite, le magnifique point de vue » et on ne voit plus rien, c’est tout enfriché. C’est bien une réalité.

L’idée était donc de réouvrir pour reprendre la main sur tous ces espaces et pouvoir pourquoi pas développer des projets agro-touristiques. C’était l’idée, au début, qui n’a pas vraiment fonctionné. Maintenant on est plutôt sur un projet agro-pastoral qui aujourd’hui n’a pas beaucoup de retombées économiques directes... Même si vous verrez que sur Ouides, on a un éleveur local qui s’est installé et Quelles références ? 8 9 A l’issue du contrat Natura 2000, après 2015, l’idée c’est Les échanges d’expériences que l’on puisse sur ces terrains-là, signer des mesures agri-environnementales. Ca veut dire que l’on aura plus On a été à Chadron qui dispose -je sais plus, si ça se de financements du Ministère de l’Environnement et de trouve je dirais une bêtise- mais il me semble que c’était l’Europe, mais on aura des financements du Ministère de 300 hectares au fond des gorges. Ils se posaient la l’Agriculture. Les mesures agri-environnementales, ce sont question de la gestion pastorale de ces espaces-là. Donc des agriculteurs qui signent ce type de dispositif. On dit les on a présenté l’AFP, comment on l’avait financé, etc. Ça, MAE. c’est un énorme enjeu, la question du financement de ces actions. Franchement, s’il n’y avait pas eu Natura 2000, Aujourd’hui, on est sur du foncier non agricole, non fores- je pense pas qu’on en soit là. Surtout à Rauret, où il n’y a tier. Demain, l’idée, c’est que l’on puisse remettre à l’agri- pas d’élevage local susceptible de pâturer les côtes. culture tous ces terrains-là, pour toujours faire du pastora- lisme bien sûr, mais si un agriculteur pouvait le déclarer à On a aussi été dans les gorges de l’Arzon, c’est du coté de la PAC ou quelque chose comme ça, ce serait très positif. la Loire, de l’autre coté du Puy. C’est un petit site Natura 2000 qui est animé par le CPIE du Velay et qui est inté- ressé par la démarche ici. Donc voilà, on échange. Après, Fonctionnement de l’AFP il y a aussi mon président à la Com Com, Guy Hilaire, qui est assez fier de cette action, il en parle assez souvent. Il En fait, il y a l’assemblée générale des propriétaires, c’est se trouve que c’est le maire d’une petite commune et il est tous les propriétaires, ils sont 46. En fonction de la surface content de voir que la Com Com mène une action impor- qu’ils apportent, ils ont un certain nombre de voix. Ça c’est tante sur des petites communes. Il aimerait bien un jour figé, c’est une loi du code rural. Ensuite, comme on ne que ça puisse s’étendre à d’autres communes des gorges peut pas fonctionner avec une assemblée générale -ce de l’Allier, voire même des gorges de la Loire. serait trop compliqué- il y a la mise en place d’un syndicat. C’est un petit peu comme le bureau des maires pour une La rémunération du Berger, les frais de vétérinaire, certai- Com Com. nes opérations de communication, ça représente une belle petite enveloppe. Mais demain est-ce que l’AFP pourra Au début, on avait imaginé qu’il y aurait 15 membres le gérer ? Ceci dit, on fait tout pour assurer nos arrières. titulaires du syndicat mais, au vu de la faible fréquenta- Comme déléguer la gestion de l’association à la Commu- tion à l’AFP, on a modifié les statuts et on a aujourd’hui 3 nauté de Communes. Du coup, la Com Com a du modifier membres titulaires : Remy Brunel qui est président, Michel ses statuts pour pouvoir assurer la gestion. C’est très Fradet, le maire de Ouïde, qui est vice-président et Noëlle formel, c’est des histoires administratives mais c’est très Chaumelin, qui est secrétaire. C’est donc le syndicat qui important ! assure les affaires courantes de l’AFP.

Une Association Foncière Pastorale, ce n’est pas du tout Pour l’avenir une association loi 1901. Au contraire, c’est presque comme une collectivité, c’est pour ça que je disais tout à On est dans un futur parc, enfin j’espère que l’on sera un l’heure que la préfecture contrôlait toutes les délibérations, Parc Naturel Régional ici. C’est en préfiguration et globa- etc. On est soumis au code des marchés publics, on fonc- lement sur ma Communauté de Communes, ça a un écho tionne comme une collectivité locale. très favorable. La difficulté pour mes élus, c’est que mon territoire, c’est le sud du plateau du Velay, volcanique. En- tre les gorges de l’Allier et les Gorges de la Loire, il y a 19 communes : certaines sur les gorges de l’Allier, certaines sur les gorges de la Loire et toutes auraient envie de faire partie du Parc Naturel Régional du parc de l’Allier, sauf que ça n’a pas de sens.

Le projet de l’AFP, c’est un projet qui attire toute l’attention, il trouve sa place. Luc Blondel qui est le chef de projet de l’association de préfiguration du Parc, quand il a reçu le Conseil National de Protection de la Nature, l’organisme national qui juge de l’opportunité ou pas de faire un parc. Il les a emmenés ici, les a faits découvrir le site, les repré- sentants de l’association. Pour lui, c’était indispensable de parler du site dans le projet.

On se dit qu’il y aura peut-être une possibilité d’extension de l’AFP dans les communes plus au sud ou plus au nord. Il va falloir que je creuse cette piste-là, je pense que l’une des façons de pérenniser le projet ce sera de réfléchir avec le Parc. Parce qu’aujourd’hui, on a des financements pour 5 ans, jusqu’en 2015.

10 11 DIALOGUE // Deux hivers, on a mis deux équipes de bipèdes avec des machines. Ça nettoie un temps et puis à l’automne - Emmanuelle Fontanille, agent de développement de la ça repousse ; l’année suivante ça repousse d’autant. La communauté des communes du Pays Cayres-Pradelles nature reprend d’autant plus son droit et son espace. Alors - Remy Brunel, maire de Rauret l’histoire des lamas, c’est parce que j’ai des amis qui en ont, j’ai vu le travail que ça fait. J’ai des amis qui ont 12 hectares et d’autres 3 hectares en sous-bois. L’avantage Pourquoi un berger ? du lama, c’est que c’est pas un animal qui va marquer le terrain, à part des passages comme vous pouvez le voir, Remy Brunel mais pas comme les chevaux, comme les animaux lourds J’ai mes origines ici : j’habite la maison de mes grands- ou comme les brebis. Et surtout ,comme c’est un Cameli- parents, mes arrières grands-parents, etc. Donc depuis dae, ça s’attaque à tout ce qui est roncier, ça s’attaque pas tout petit, je parcours tous ces prés, tous ces espaces. On aux arbres comme les chèvres, etc. Donc ça maintient des les parcourait en culotte courte et on ne se rayait pas les sous-bois propres et très bien entretenus. Et puis comme jambes comme maintenant. Donc il y a eu un abandon par c’est un animal qui est assez haut, ça fait un sous-bois qui rapport à la mécanisation de l’agriculture, un abandon de est entretenu à peu près à 2 m de hauteur. toutes ces côtes, un abandon de la filière dite « ovine » parce qu’il y a des problématiques de cours du marché, Là ,vous allez pas vous en apercevoir tellement parce etc. À l’époque, les bergers allaient chez les gens à tour qu’on est en période hivernale mais par rapport au prin- de rôle, chacun avait une partie du troupeau commun et, temps où les animaux sont arrivés et aujourd’hui, je peux tous les matins ou tous les soirs, on entendait la corne et vous dire qu’il y a un sacré travail de fait. puis tout le monde rentrait chez soi. Surtout, il y avait des paysages très, très entretenus, tel que par exemple ce Ils sont arrivés sur le Parc au mois de juin mais on les a plateau-là. C’étaient pas des terrains de golf, comme je achetés en novembre 2010. dis, mais pas loin. Et puis, au fil des ans, on s’aperçoit que ça devient des friches, les paysages se ferment : on voit plus la vallée, on voit plus la rivière qui est au fond. Donc On en parle beaucoup... voilà : comment on fait ? Emmanuelle.F Et pourquoi avant ces troupeaux arrivaient à faire vivre L’avantage que je trouve à l’histoire des lamas, c’est que des familles, arrivaient à faire vivre un berger et plus les gens du coup parlent beaucoup de ça, ça draine du maintenant ? C’est pour ça que si Emmanuelle parle de public. l’insistance du maire, c’est par rapport à la réintroduction d’un berger avec un troupeau pour nettoyer toutes ces Rémy.B côtes. C’est de là qu’est partie mon insistance. Comme dit Emmanuelle, c’est un lieu de curiosité. C’est vrai qu’amener des lamas par ici, en Haute-Loire notam- Emmanuelle Fontanille ment. Il faut savoir quand même qu’il y en a plein. On ne Et puis aussi parce qu’on avait fait le calcul sur les 4 com- le sait pas mais il y a plein de propriétaires qui en on deux, munes qui étaient partie prenante. Elles avaient estimé à trois, quatre pour entretenir leurs espaces. Dans la région, 5 000 euros par an pour l’entretien des sentiers de ran- même en Lozère, il y en a plein. Quand j’ai réfléchi à com- donnée. 5 000 euros par an, ça fait 20 000 euros pour les ment entretenir, on m’a même proposé des yacks, parce 4 communes et ça permet de financer un poste. Du coup, que les yacks ça rentre dans les buissons, ça mange on s’était dit : « à terme, si ça fonctionne bien, le berger et tout ça et puis ça pouvait aussi être une filière à faire des son troupeau pourront aussi entretenir les sentiers ». Mais yaourts. Parce qu’avec le lait de yack, on fait des yaourts. maintenant, ce n’est plus que sur Rauret. Juste en face, pas très loin d’ici, il y a des Gallloway, des vaches Irlandaise, pareil pour entretenir des sous-bois. On Pourquoi des lamas ? peut montrer aussi que c’est pas forcément de la Holstein ou de la BMC qui peuvent être chez nous. Il y a d’autres Rémy.B animaux, on peut vivre autrement. Mais c’est vrai qu’ici, je Et puis l’histoire des lamas, c’est parce que face à nous, passe pour un extraterrestre avec toutes les idées que j’ai. il y a les fameuses ruines du château de Jonchères. C’est Par contre, ça amène beaucoup de monde, ça vient de un château du 12ème siècle qui a été remanié et puis tout le département. Il y a les scolaires aussi, c’est un outil surtout abandonné et tombé en ruine. Mais par contre, pédagogique ! ce sont des ruines classées Monument historique et on se doit de les maintenir debout. Vous le voyez peut-être, Emmanuelle.F on a plusieurs tranches de travaux déjà de faites depuis L’AFP est un énorme support, on accueille énormément de quelques années, c’est le renforcement et la mise en scolaires et d’étudiants, des jeunes de l’ISVT notamment, sécurité du site. Pour tout ce qui est au bord, on réinjecte l’Institut des Sciences de la Vie et de la Terre. du produit pour éviter que l’eau rentre dans les murs, on consolide, etc. On s’apercevait aussi que ça devenait une Rémy.B grande friche, parce qu’on n’avait pas de personnel pour On a eu un lycée de Saint Germain en Laye aussi... entretenir les abords. La mise en valeur, c’est aussi d’en- tretenir les abords, alors comment on fait et avec quoi ?

12 13 Emmanuelle.F Il nous sollicite à la Communauté de Communes et puis On a une réflexion écologique, c’est la base du projet : après on organise la rencontre. Il y a aussi Laurent Ber- moins on aura de machine et mieux ça sera. nard du SMAT du Haut-Allier, animateur des sites Natura 2000 des Gorges de l’Allier, qui vient pour la petite touche Emmanuelle.F naturaliste, parce que ça c’est pas du tout mon domaine et On a seulement terrassé pour installer la cabane. L’en- puis les élus pour expliquer le projet politique. semble du projet, ça représente sur les deux communes 719 000 Euros sur 5 ans. Dedans, il y a tous les investis- Les lamas, mais aussi le troupeau avec le berger sont une sements, les équipements pastoraux ; donc les clôtures, la curiosité. cabane, les abreuvoirs et le salaire du berger.

Rémy.B Rémy.B Plus on en parle et mieux ce sera... La place de l’homme, dans ces paysages-là, dans ces ter- rains-là, c’est en définitive d’être à la base de l’idée plutôt Faut savoir que le lama, c’est aussi un animal qui est que d’aller remodifier le paysage. Je pense que l’homme utilisé avec les personnes handicapées mentales. Comme a besoin d’être de nouveau inventif pour savoir comment c’est un animal qui est paisible, lorsqu’il est dressé, les nettoyer ces espaces et pas forcément copier et recopier handicapés ont un bon contact avec l’animal. Il y a une ce qui s’est fait avec les mêmes animaux. personne -parce que l’on a des gîtes à Joncherette- quand elle avait entendu parler des lamas, elle m’avait sollicité pour venir passer une semaine avec des handicapés. Mais Le suivi agropastoral comme ils ne sont pas dressés, ce n’est pas faisable. Rémy.B Le travail des lamas, on le voit beaucoup de là-haut parce D’ici 4,5 ans, on pourra vraiment voir le travail accompli ; que l’on voit vraiment la découpe par rapport à l’extérieur. d’ici on verra les ruines.

Emmanuelle.F Au niveau de la gestion, moi je prends des photos. Je Là, il faut vous imaginer que c’était des genêts partout, on viens souvent donc je vois où ils vont, je les retrouve, je devinait à peine le petit ruisseau. les repère, pour voir par où ils passent. Il y a un suivi aussi par Karine Martin. Rémy.B Pour s’occuper des lamas, je viens relativement souvent. Emmanuelle.F Je viens en visite, c’est moi qui m’en occupe. Une de ses missions, dans le suivi agro-pastoral, c’est de regarder des morceaux d’herbes pour repérer ce qui a Si vous voulez les lamas au Pérou, c’est comme les ânes été mangé et ce qui reste après le passage des animaux. ici. Donc ils s’en servent pour porter, c’est des gardiens C’est sa première expérience avec les lamas, alors elle de troupeau aussi, parce qu’ils sont hauts et ont une très aussi, elle y va à tâtons. bonne vue, donc tout ce qui est prédateur ils les voient très tôt et préviennent les autres. C’est des animaux qui vivent très bien avec d’autres animaux. Les travaux

Là, c’est un petit qui est né au mois d’avril, c’est un mâle. Rémy.B Vous voyez, ils mangent des chardons. C’est l’entreprise Isba, Jean-Louis Armand, qui est à Les Alpagas, ça se tond à peu près tous les deux, trois Rauret-Bas qui nous a fait la cabane. Le bois, il vient de ans. Les autres, tous les cinq ans à peu près. Haute-Loire. C’est quelqu’un qui se diversifie, qui habite la Sur ce terrain-là, vous voyez les trois femelles et le mâle : commune. c’est le troupeau maximum qu’il y aura. Emmanuelle.F Ils ont des doigts. Les pieds, c’est une paume avec deux L’entreprise qui a fait les clôtures, c’est la même qui a doigts onglet, donc ça n’abîme pas le terrain. Quand c’est travaillé sur Rauret et sur Ouides. C’est une entreprise qui apprivoisé, vous pouvez les toucher mais nous on ne veut a plutôt l’habitude de travailler sur de grosses clôtures en pas trop pour pas qu’on les vole. bord de route. Les gens ont été très surpris de leur aspect au départ. Elles font 2 m. Les gens ont trouvé qu’elles ne La place de l’homme sont pas très esthétiques.

Rémy.B Rémy.B Il y a environ 2,7 hectares avec à l’intérieur un ruisseau, Moi aussi, je vous le dis, au départ j’ai été très surpris donc il y a l’eau naturellement. Pour faire pénétrer les mais c’est comme tout, on s’habitue à toute modification animaux le plus rapidement possible, j’ai quand même fait de paysage. C’est comme chez soi, quand vous bougez des layons, je leur ai ouvert des passages pour qu’ils y un meuble. Peut-être que la présence des lamas contribue aillent. Et puis après, ils se débrouillent, ils avancent petit à comprendre pourquoi elles ont cet aspect-là ? à petit. Ils sont partie de la cabane et ils prennent posses- sion du terrain. Là-bas, on les a descendus parce que les gens ne pou- vaient plus prendre de photo de la ruine.

14 15 Emmanuelle.F Rémy.B En 2012, on va faire poser des panneaux qui expliquent Ces chemins étaient déjà existants, ils se fermaient au fil la démarche, qui expliquent aussi ce que c’est que Natura des ans. Il y a une chose que l’on peut reconnaître aux uti- 2000 et qui établissent un certain nombre de recomman- lisateurs de moto ou de quad, c’est qu’en définitive ce sont dations pour les utilisateurs du site. Genre ne pas jeter sa les seuls qui entretiennent les chemins. Faut reconnaître cigarette dans les côtes, respecter les clôtures. Ici, à part que c’est eux qui entretiennent les chemins ouverts. l’enclos pour les lamas, il n’y a aucune clôture. Le pâturage gardé

Les ‘’unités pastorales’’ Emmanuelle.F Le berger qui est venu l’année dernière, à chaque fois, il Emmanuelle.F choisissait le coin le plus isolé possible. Il ne souhaitait C’est ce que l’on a pu identifier dans le plan de gestion pas voir du monde, rester seul. pour pouvoir fonctionner. Donc on a l’unité pastorale de Pey Blanc / Les Fourches qui démarre de l’autre coté, en- Rémy.B suite sur l’unité pastorale de Jonchère et enfin sur l’unité Celle qui vient peut-être cette année, c’est le contraire : pastorale de Côte Rousse. En fait, l’idée, c’est que l’on elle veut se re-sociabiliser par rapport à ces transhuman- crée un chaînage au niveau du pâturage ; par exemple, on ces qu’elle fait où elle me dit qu’elle ne voit personne sait que Pey Blanc / Les Fourches, il faut y aller plutôt au pendant des mois. mois de mai. C’est en fonction des altitudes, en fonction de la végétation. Donc on y va pendant 6 semaines, de Emmanuelle.F début mai à mi-juin, après en juin, il faut être plutôt par ici, Ici on a 150, 180 brebis parce qu’il y a peu à pâturer, c’est ensuite on remonte. C’est des micro-sites où on sait que un minuscule troupeau. En ce moment, il y a un appel l’on a de quoi manger pendant une telle période et on a à à candidature et les bergers, lorsqu’ils appellent, ils me chaque fois un système d’abreuvement particulier. C’est disent que c’est rien du tout. Mais cette fille-là recherche des unités plus ou moins autonomes les unes des autres. plus de technicité.

Sur Rauret, on a cette unité pastorale, c’est le Château de Rémy.B Jonchère, 2,5 hectares environ, et on a trois autres unités C’est assez pointu comme travail, c’est très technique pastorales : on a Côte Rousse que je vous ai montré tout à parce qu’étant donné que c’est gardé, ce n’est pas clos. l’heure, et là ce que l’on appelle Pey Blanc / Les Fourches Il faut pas laisser le troupeau partir sur les cultures, faut et les côtes de Jonchères. avoir des chiens performants ; c’est des terrains très acci- dentés.

Les limites Emmanuelle.F Il faut accepter aussi d’avoir affaire à l’éleveur qui veut Rémy.B bien sûr que ses brebis soient bien soignées, au président Vous voyez ça fait un plateau agricole, puis après ça fait de l’AFP qui vient surveiller ce qui ce passe et à Karine des côtes. Vous voyez la clôture là-bas en haut, ? Ca, Martin qui est rémunérée par l’AFP pour faire le suivi pas- c’est la limite de l’AFP. C’est la limite entre la culture et toral, c’est elle qui donne les consignes. l’abandon, après ça va jusqu’à la rivière Allier. Rémy.B Avant dans le pays, il y avait du lait mais c’était petit. Main- C’est pas un projet d’éleveur, c’est un projet de collectivité. tenant, c’est devenu globalement en production de lait de vache. Avant il y avait des troupeaux de brebis assez Au début l’idée, c’était de travailler avec les locaux, avec importants. Les agriculteurs, ils ne mettaient pas à l’épo- des agriculteurs notamment de Rauret, car il y a encore que tous leurs oeufs dans le même panier : ils avaient un des brebis, mais ça n’a pas marché. Chacun observe, j’en- peu de brebis, un peu de vaches, un peu de chèvres et un tends dire : « De toute façon, ils vont se casser la figure ». peu de terres cultivées. Par contre ici, il y a la lentille verte Et puis, ils se rendent compte que ça peut fonctionner, qui a enrichi les gens du pays. Donc avant, il n’y avait pas alors le dernier éleveur qui a des brebis, là déjà, il est dans forcément de clôture en haut. la réflexion de les garder. Michel, il voulait vendre ses brebis car c’était son père qui s’en occupait et aujourd’hui Emmanuelle.F il ne peut plus, il a pas le temps. Maintenant, je vois la Dans l’AFP, il y a aussi toutes ces côtes, mais comme femme de Michel ou Michel qui promène le troupeau. Tac, il y a des chevaux et que les terrains sont engagés à la c’est déjà ça de gagné ! PAC jusqu’en fin 2013, on ne les sort pas. Par contre, les chevaux ne vont pas dans les épineux et la végétation Emmanuelle.F reprend le dessus. Pour l’appréhension du projet par les habitants, avec le berger c’est beaucoup plus positif, les gens le voient pas- Ici, c’est un chemin de petite randonnée. Le balisage et ser dans le village. l’entretien sont à la charge de la Communauté de Commu- nes car ça fait partie de ses compétences. On n’a qu’une Rémy.B année d’expérience de mise en pastoralisme donc pour On fait des fêtes de village tous les étés. Le berger est l’instant on a peu de recul. invité systématiquement aux fêtes de village et il mangeait 16 17 avec la population du village.

Un berger avant, c’était le dernier des derniers ! Mainte- nant il passe par une école de berger, ils ont un salaire plus respectueux, ils ont une situation sociale reconnue. C’est bien !

En phase avec la végétation

Emmanuelle.F Ça dépend des années mais c’est courant avril que le ber- ger et le troupeau devraient arriver dans l’idéal. Il faut que l’on soit en phase avec la végétation : le genêt, on arrive à le tenir, comme dit Karine : « Si on le tabasse au moment de la floraison ». En plus, les brebis l’aiment, après elles le mangent plus.

Ici, comme sur quasiment toutes les unités pastorales, on a fait certains investissements. Il y a eu des endroits où on a fait des opérations de broyage, d’élagage, abreuvement, clôture, etc. On a confié tout ça à des entreprises avec aussi le broyage en « layon ». En gros, on prend la côte et on fait des grands passages pour que les animaux puis- sent accéder et élargir. Et des broyages en « plein », où on broie sur des grandes surfaces. Ça dépend du niveau de fermeture de l’espace.

La problématique aussi, c’est l’accès à l’eau : il y a des endroits où ce n’est pas possible. Ici sur les côtes de Jon- chère, c’est trop dangereux, on ne peut pas emmener les brebis au bord de l’Allier. Du coup, on a installé une citerne souple tout là-haut. Ça s’est fait en décembre dernier.

Ici on avait beaucoup de genêts. Il y a une grosse diffé- rence entre le pâturage gardé et le pâturage clôturé. Car vraiment le berger, il les a amenées sur le bord du bord, il les a concentrées, il les guide vraiment. Il a quand même quelques outils, on l’a pas laissé tout seul : il a 2 kilomè- tres de filets mobiles.

18 19 DIALOGUE // Emmanuelle.F Les chasseurs étaient intéressés. Ce qui est étonnant, - Emmanuelle Fontanille, agent de développement de la c’est que Philippe Forestier habite à Alleyras, son siège communauté des communes du Pays Cayres-Pradelles d’exploitation est à Alleyras et il est président de chasse - Michel Fradet, maire de Ouides de Ouides, c’est deux villages qui sont contigus. Et en tant que président de la chasse, il était super favorable à l’AFP sur Ouides mais il a pas réussi à motiver les gens de sa À la différence de Rauret commune.

Michel Fradet Agrandir l’AFP J’ai rejoint le projet en 2008, après avoir été élu. À la de- mande principale des éleveurs locaux, ils ne voulaient pas Michel.F de gardiennage avec berger, donc eux ils ont demandé à Il y a des possibilités, je pense encore d’agrandir. Ce que avoir des parcs clos pour différentes raisons. je souhaite, c’est que certaines communes autour de Oui- des puissent intégrer l’ AFP. Emmanuelle Fontanille Parce qu’à la différence de Rauret, on travaille avec des Emmanuelle.F éleveurs locaux qui étaient en recherche de foncier, dont Ouides et Alleyras c’est super logique, il y a un ruisseau un pour s’installer, c’est le cas de Philippe Forestier. qui les lie, le Malaval.

Michel.F C’était pour s’installer et développer son foncier, qui ne lui L’évolution suffisait pas pour faire pâturer ses 6 génisses et 1 taureau. C’était vraiment de la recherche de terrain. M. Forestier, Michel.F il s’est installé au départ un peu en bovin, il a fait un peu Moi, je suis arrivé en 1972, donc en 40 ans j’ai vu l’em- d’élevage de porc sur la commune d’Alleyras avec l’am- broussaillement. Il y a des endroits du ruisseau où je bition de créer un atelier de découpe où sa production descendais à la pêche, mais maintenant il y a des endroits porcine et bovine peut être revendue à la ferme. où on ne peut même plus approcher. Il y a aussi pas mal de randonneurs. C’est un tout qui m’a motivé : le risque Emmanuelle.F d’incendies aussi et puis la demande des agriculteurs. Du coup lui, c’est le seul à aller sur les terrains de l’AFP avec des vaches, des Aubrac. Il est en cours de consti- À l’époque, il devait y avoir 25 agriculteurs, ils sont plus tution de son troupeau en fait, parce que cette année il que 4. Ou par des baux de fermage ou par l’héritage. n’avait que 6 vaches suitée, c’est-à-dire qu’elles ont les Ils ont des terrains très facilement mécanisables où on veau avec elles, et un taureau. Il a fait un pied de nez aux ne veut plus s’embêter, alors toutes ces parties-là sont gens en disant : « Vous voyez les vaches, ça débroussaille restées à l’abandon. À Ouides, sur tous les « biens de aussi bien qu’un mouton ! ». Il est en totale adhésion avec section », avant il y avait des pâturages dessus. le projet. C’est vraiment quelqu’un qui s’investit. Emmanuelle.F Michel.F Déjà en un an, c’est énorme la différence. C’est un jeune éleveur. Il est un peu regardé comme un farfelu mais il a déjà trouvé des créneaux, apparemment Michel.F sa production part. Il n’y a pas de raison que ça ne marche Il y a de bons retours : le fil Meunier qui travailel à la pas. Moi j’y crois dur à son projet. commune de , qui vient souvent faire du quad, il m’a dit que c’était très bien. Ça suscite l’adhésion, c’est L’autre éleveur, ils sont deux fils et le père; ils sont en progressif. GAEC, Groupement Agricole d’Exploitation en Commun. La famille Gory, Ludovic, Fabien et Yves le père, ancien Natura 2000 maire de Ouides. Le père s’occupe de la production lai- tière, Fabien de l’élevage de veaux et Ludovic de l’élevage Emmanuelle.F de brebis. C’est le plus gros contrat Natura 2000 de France, donc ça fait parler de lui. Il y a eu un article qui a fait connaître ce Je suis pas natif de la région, je me suis marié avec une projet sur l’Auvergne et même à l’échelle de la France. fille qui habitait Ouïdes et moi j’ai connu toutes ces zones à l’époque avec des bergers. Tous ces endroits-là, il y Il y a 156 hectares sur l’ensemble, près de 95 hectares sur avait de l’herbe, c’était embroussaillé ni par les ronces, ni Rauret et le reste pour Ouïdes. Sur 65 hectares à Ouïdes, par les prunelliers et ainsi de suite. Je me suis dit : « Là il il doit y avoir près de 49 hectares de terrains communaux. faut faire quelque chose ». Les chemins qui se fermaient, d’autres chemins qui n’étaient plus d’ailleurs. Et à partir du Laurent Bernard, le naturaliste, l’animateur du site Natura moment où j’ai eu l’accord de principe de deux agriculteurs 2000, a fait partie intégrante de la genèse. Le SMAT a et du président de chasse qui n’a vu aucun inconvénient, apporté un certain nombre d’études, dont celles réalisées on a foncé. par les stagiaires qu’ils ont accueillis. Ensuite, il nous a accompagnés dans la rédaction du cahier des charges de l’étude agrotouristique. C’est le SMAT du Haut-Allier qui a porté l’investissement pour l’élaboration du plan de ges- 20 21 tion. Après 2011, on se gère tout seul. Le SMAT reste là BRTP, l’entreprise qui a posé toutes les clôtures. Ils ont car c’est l’animateur du site Natura 2000. Techniquement, fait un travail monstrueux. Sur le Fieu de Saint Pierre, les on a beaucoup travaillé en binôme avec Laurent, sur les côtes sont presque verticales ;les gars en plein mois de aspects cartographiques notamment, ce qui n’a pas été juillet, ils allaient poser les clôtures. Avant faut tracer au facile car cela changeait tout le temps. milieu des genêts, il n’y avait pas du tout de place. C’est des nids à vipères, c’est horrible ! Le SMAT du Haut-Allier, c’est un syndicat mixte qui est sur 112 communes de tout l’ouest de la Haute-Loire. C’est le Ils ont l’habitude de mener plutôt des travaux sur des rou- SMAT qui est à l’origine du projet de Parc Naturel Régio- tes donc c’était complètement atypique pour eux. nal. L’association de préfiguration est logée dans leurs locaux. Un groupement des entreprises

Emmanuelle.F Les unités pastorales à Ouides Je pense que les entreprises vont le valoriser après, au niveau de leur références. Ce qui a été positif avec l’AFP, Emmanuelle.F c’est qu’ils se sont regroupés, ils ont fait un groupement A Ouides, on a trois unités pastorales différentes : les solidaire quand ils ont répondu au marché public. Chauffages et la Ribeyre, utilisée par les frères Gory, et en bas le Fieu de Saint Pierre, c’est Philippe Forestier. En 2010, quand il fallait que l’on négocie le contrat Natura 2000 -parce que ça se négocie longtemps à l’avance- il a Les Chauffages, c’est une unité pastorale que l’on divise fallu faire estimer les investissements. Je me souviens que en deux zones. L’idée, c’est que les éleveurs puissent c’était en septembre 2010, on avait organisé une journée mettre les brebis pour pouvoir insister sur telle ou telle ou j’avais sélectionné une liste d’entreprise. On leur a zone. Et du coup on a de chaque coté des points d’abreu- envoyé un courrier en leur disant : « Voilà sur une journée, vement possibles : en bas, c’est la rivière ; ici, c’est la on vous demande de venir faire le tour des parcelles de citerne souple. Rauret et de Ouides pour voir les travaux qu’il y a à faire et que vous puissiez nous faire un devis ». Et en fait, on a Michel.F 4 entreprises qui ont répondu à cet appel, qui se connais- Là, on a le passage canadien où théoriquement les brebis sent mais qui n’ont jamais travaillé ensemble. Sur ces 4 ne peuvent pas passer. Il y a le petit portillon pour qu’elles entreprises, il y en a 3 qui ont décidé de travailler ensem- passent. ble et de nous faire une proposition commune. Depuis, ils répondent souvent ensemble au marché public. Là, c’est ce que l’on appelle la clôture de refend pour par- tager le parc en deux pour qu’il y ait une pression animale Les entreprises qui sont intervenues sont BRTP, avec M. en haut ou en bas. Le système est très simple. On laisse Reynier qui venait sur le terrain pour les clôtures, les gens passer même s’il y a une clôture. Jardins et Paysages avec M. Ajasse Jean-François, pour la pose des équipements pastoraux, broyage en plein et Il y a entre 150 et 200 brebis ici, à peu près. Des Brebis en layon sur Rauret, et enfin M. Chacornac Norbert, pour Massif Central. Comme l’éleveur est sur place, c’est plus tous les travaux d’élagage, broyage, etc sur Ouides car il facile : s’il y a vraiment trop de végétation, s’il en manque est basé à Cayres. une cinquantaine, il les amène. En étant sur place, il peut accroître la pression facilement. Karine est venue pour indiquer et noter chaque arbre à couper, parce qu’elle avait le suivi pastoral et l’assistance Du gros boulot à maîtrise d’ouvrage pour les travaux.

Emmanuelle.F Michel.F Vous voyez qu’il y a eu du gros boulot par ce que ça Ceux à qui j’ai pu montrer les travaux d’élagage, au mois ressemblait à ça. Là, l’ancien chemin était complètement de novembre, ils n’en sont pas revenus. Ils comprenaient bouché. On ne passait pas du tout. Ici c’est mécanique, mieux l’investissement. c’est évidemment pas les brebis qui ont débroussaillé comme ça. Mais ça veut dire qu’il y a un réel enjeu : il faut Le suivi vraiment que les brebis soient à la première heure pour que ça ne recolonise pas. Emmanuelle.F Là, il y a eu des erreurs de faites : la MFR a fait les layons Les entreprises ont bossé avec un sous-traitant qui était en descendant alors qu’il aurait fallu les faire longitudi- la Maison Familiale et Rurale. Ils sont basés dans l’Ain naux. C’est surtout que dans le sens de la pente, c’est pas et donc c’est des jeunes étudiants qui apprennent les bon du tout pour l’érosion. Donc ça été fait et on les a fait travaux d’élagage, de bûcheronnage qui sont venus ici ; reprendre avec des layons transversaux. des jeunes en formation de forestier. On avait 30 étudiants pendant 15 jours, hébergés dans un des gîtes de Landos. Michel.F Ça fait une expérience positive pour eux. Ils ont vu ce que C’est vrai qu’il a fallu aller sur le terrain, comprendre, c’était de débroussailler des coins enfrichés comme ça. assimiler. C’est Karine Martin qui en avait le suivi avec l’aide des maires parce qu’elle habite en Ardèche. Alors on Les entreprises qui sont intervenues sont des entrepri- surveillait, on lui disait quand quelque chose n’allait pas et ses de paysage et de travaux public. Travaux public pour elle venait tel ou tel jour. 22 23 Michel.F Pourquoi pas un jour en été de prévoir de partir avec un Le Fieu de Saint Pierre pique-nique ? C’est une idée.

Michel.F On pourrait demander aux éleveurs de nous fournir pour Pour Philippe Forestier, c’est une tranquillité : il sait qu’il cet été un mouton pour faire un méchoui, pour faire plaisir peut laisser ces bêtes dans le Parc. C’est une surface non aux gens et faire parler du projet. Se balader pour voir négligeable où ces vaches peuvent trouver à manger. ce qui a été fait, rencontrer les éleveurs et manger tous ensemble. Un moment convivial. Pour laisser l’accès à l’eau aux vaches, on a demandé l’accord du maire d’Alleyras pour mettre les clôtures de l’autre coté sur la berge.

Il a une formation de menuisier-ébéniste à l’origine, après il a été prof dans un CFA en menuiserie, après il bossait chez Michelin en production et puis il a fait une formation minimale d’agriculture pour pouvoir se lancer.

En 2012-2013

Emmanuelle.F On a encore des travaux en 2012 et 2013, on ouvre un peu puis on va s’occuper d’un autre espace au Chauffa- ges. Il y a beaucoup de broyage et d’élagage à faire. Le but de programmer sur 3 ans, c’est que ça permet de voir ce que peuvent faire les brebis, les animaux. Ca soulage aussi le budget de l’AFP. On essaie toujours de faire avec les contraintes de chacun, tout en respectant le cahier des charges de Natura 2000.

Ce que je pensait faire

Michel.F On a coupé des arbres pour faire de la place car ils étaient trop serrés. Pour le bois, on va regarder comment on peut faire. Les habitants sont invités à venir le chercher mais il faut que l’on voit car il y a du bois de bonne et de moins bonne qualité. Faut pas que l’on vienne chercher que le bois dur, laisser tout le moins bon. Donc on va venir, on va estimer que ça fait tant de mètres cube, on va mettre un coup de couleur et le répartir à peu près équitablement. C’est quelque chose que l’on fera au printemps.

Valérie Bertéhas voulait organiser des promenades dans le parc avec des chevaux. Elle est prof d’art plastique au collège de Landos et son mari est maréchal-ferrant. Ils habitent à Ouides et ils adhèrent au projet clairement bien qu’ils n’aient pas de terrain, ils nous ont suivi partout. Son mari, en tant que maréchal-ferrant, en hiver, il n’a presque plus d’activité, donc ils pourront peut-être faire quelques balades équestres.

Emmanuelle.F Les travaux ont été réalisés pendant l’été dernier, donc tous les habitants en résidence secondaire n’ont pas vu l’avancée des travaux. Ce que je pensais faire aussi pour la saison prochaine, c’est préparer des panneaux d’expo- sition pour leur montrer, faire un petit suivi du chantier, très simplement avec quelques photos des travaux et des diffé- rents espaces où l’on a pu intervenir.

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