LES COMMUNES DECOREES De L'oise Croix De Guerre 39/45
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LES COMMUNES DECOREES de l'Oise Croix de Guerre 39/45 Les sentiers de l’Histoire Les communes décorées de la Croix de Guerre 39/45 Il n'est pas possible d'évoquer la Croix de Guerre 1939-1945 sans se référer au processus de création de cette décoration, née sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Lorsque s'engagèrent les premiers combats d'août 1914, les actions d'éclat firent l'objet de citations aux ordres des différents éche- lons (régiment, brigade, division, corps d'armée, armée). Cependant, seules les citations à l'ordre de l'Armée, acquises le plus souvent au prix d'une vie ou d'une blessure grave, étaient publiées au Journal Officiel des Armées et au Bulletin Officiel des Armées. La Légion d'Honneur ou la Médaille Militaire, créée en 1852 par Louis Napoléon Bonaparte, étaient attribuées avec parcimonie afin de préserver leur caractère de récompense exceptionnelle et la France ne disposait pas de médaille permettant de récompenser et de matérialiser les actes de bravoure individuelle. Dès novembre 1914, Maurice Barrès demande la création d'une nouvelle récompense militaire, d'une médaille de bronze pour que le chef puisse décorer ses plus braves soldats après chaque bataille. Après d'intenses combats parle- mentaires, la Chambre des Députés adopte le 4 février 1915 un article unique : il est créé une croix, dite Croix de Guerre, destinée à commémorer, depuis le début de la guerre, les citations individuelles des officiers, sous-officiers, capo- raux et soldats des armées de Terre et de Mer à l'ordre de l'armée, des corps d'ar- mée, des divisions, des brigades, des régiments. Le Sénat à son tour est saisi du texte, en discute quelques amendements puis en adopte à l'unanimité les grandes lignes. Revenu devant la Chambre des Députés qui crée des agrafes différentes selon le niveau des citations, le décret est promulgué le 8 avril 1915, créant la Croix de Guerre qui cesse d'être attri- buée dès la fin de la Première Guerre mondiale. C'est donc dès les premiers jours de la Seconde Guerre mondiale, le 26 sep- tembre 1939 qu'Albert Lebrun, alors président de la République, signe le dé- cret-loi créant la Croix de Guerre destinée à commémorer les citations indivi- duelles qui seront décernées aux combattants de cette nouvelle guerre, comme témoignage authentique de leur participation au combat, des risques réellement encourus et des périls indiscutablement affrontés. Le diable se cachant dans les détails, un décret du maréchal Pétain du 28 mars 1941 soumet à homologation les citations et les croix précédemment attri- buées alors que la France Libre continue d'accorder des citations et des Croix de Guerre aux troupes combattant sous son drapeau. Enfin, une ordonnance du 7 janvier 1944 du Comité Français de Libération rétablit la croix d'origine au millésime de 1939. Des citations collectives ayant pu être accordées à des formations militaires, leur drapeau s'orne d'une fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre 1939- 1945. C'est le cas pour cent soixante et une d'entre-elles. Mille cinq cent soixan- te seize villes et villages de France ont reçu une citation, attribuée à tous les ordres, contrairement aux communes qui, à l'occasion de la Première Guerre mondiale, ont toutes reçu une citation à l'ordre de l'Armée. Seules deux cent neuf communes ont reçu les deux croix de guerre. Dans l’Oise, trente-neuf communes ont reçu la Croix de Guerre 39/45 pour des motifs que nous vous proposons de découvrir. Philippe Dumont directeur de l’ONACVG de l’Oise 1 Une initiative d’Etat Le 1er janvier 1946, un décret ministériel accorda à l'Île de Sein la Croix de Guerre 1939-1945, la Croix de la Libération et la médaille de la Résistance, en hommage au 124 Sénans ayant répondu à l'appel du général De Gaulle en juin 1940. Ce dernier vint en personne remettre ces distinctions aux Iliens le 30 août 1946. L'année suivante, le 15 octo- bre, la commune de Marsoulas, martyrisée par la Division Remise des Croix de Guerre 1939-1945 Das Reich le 10 juin 1944, fut distinguée et de la Libération à l’Ile de Sein par le Général De Gaulle le 30 août 1946. à son tour par la Croix de Guerre. Plusieurs élus locaux proposèrent alors l'attribution de la Croix de Guerre 1939- guerre et de leur belle attitude vis-à-vis de 1945 à leur commune en reconnaissance l'ennemi. Ces demandes firent l'objet du rôle qu'elles avaient joué pendant la d'une réflexion plus globale. La procédure d’attribution Le 26 avril 1948, une circulaire intermi- tériels subis soit en raison de la proximité nistérielle signée de Pierre-Henri Teitgen, de la ligne de feu, soit en raison des bom- ministre des Forces Armées, de Pierre bardements aériens”. Tissier, pour le ministre de l'intérieur, et Les spécificités de la Seconde Guerre de J. Chauve, pour le ministre des Affaires mondiale imposèrent cependant un élar- Etrangères, lança l'élaboration d'un travail gissement des titres : “Ces éléments d'ap- d'ensemble tendant à attribuer la Croix de préciation demeurent valables pour la Guerre 1939-1945 aux villes et villages guerre 1939-1945 ; ils doivent être com- qui le méritaient. plétés par l'examen des titres plus parti- En absence de règles d'attribution, il fut culièrement inhérents aux dernières hosti- convenu de s'inspirer de l'expérience liée lités tels que : activité dans le cadre de la au premier conflit mondial par une enquê- Résistance (otages, destructions, repré- te du commandement militaire, de la pré- sailles, bombardements alliés), services fecture et de ses services afin d'établir à rendus aux prisonniers, aux évadés, aux quels titres serait citée telle ou telle com- parachutistes.” mune : “ par titres, on entendait notam- La procédure établie, les autorités locales ment le nombre d'habitants tués, blessés devaient faire retour de leur propositions ou déportés, l'importance des dégâts ma- pour le 1er juin 1948. 2 Propositions et réclamations A la suite de cette circulaire interministé- Thiverny, Tillé, Trie-Château, Troisse- rielle, le colonel commandant la reux, Troussencourt et Verneuil. Subdivision Militaire d'Amiens rédigea La publication de la liste définitive provo- une liste de localités susceptibles d'être qua des réactions auprès des communes honorées. Sollicités par le préfet de l'Oise non retenues et pourtant éprouvées par la le 22 mars 1948, les sous-préfets donnè- guerre. Des réclamations des maires rent leur avis. C'est ainsi que, deux jours furent transmises au préfet de l'Oise qui, plus tard, le 24 mars 1948, le sous-préfet insistant auprès du colonel commandant de Compiègne, M. Lobut, donna un avis la Subdivision Militaire d'Amiens, obtint favorable pour Compiègne, Margny-lès- leur inscription sur une seconde liste. Au Compiègne, Noyon, Caisnes, Rémy, final, neuf autres communes absentes de Salency et Ribécourt. Il proposa cepen- la première liste firent l'objet d'une attri- dant d'ajouter à cette liste “ Amy et bution ultérieure : Amy, Attichy, Cra- Crapeaumesnil dont la population a dû peaumesnil, Croutoy, Erquinvillers, être évacuée par les Allemands ainsi que Formerie, Lagny, Rémy et Ribécourt Lagny, Croutoy et Attichy dont l'importan- furent ainsi distinguées le 21 juin 1950 par ce de destruction m'apparait justifier une décision du Ministre de la Défense récompense collective, étant donné les Nationale René Pléven. graves répercussions que ces démolitions La publication de la deuxième liste susci- ont eues sur la vie de ces localités ”. ta de nouvelles réclamations. Dans l'Oise, La liste fut de nouveau discutée et malgré le maire de Gury se fit l'avocat de sa com- les justifications apportées par les services mune en adressant le 18 août 1950 une de la sous-préfecture, seules les commu- liste des destructions qu’elle avait subies. nes de Caisnes, Compiègne Margny-lès- Gury obtint réparation par décret en date Compiègne, Noyon, Salency furent rete- du 27 mai 1952. nues pour l'arrondissement de Compiègne. Quelques communes de l'Oise marquées A l'appui de ces listes, le Secrétaire d'Etat par la guerre sont absentes de la liste fina- aux Forces Armées (à la Guerre), Max le, par méconnaissance, volonté d'oubli, Lejeune, signa le 11 novembre 1948 le retenue de leurs élus ou désintérêt… décret d'attribution de la Croix de Guerre Celles qui ont été distinguées ont connu, 1939-1945. Pas moins de 1441 communes pour les unes, d'importantes destructions françaises seront retenues à cette date, lors des bombardements allemands de dont vingt-huit du département de l'Oise : 1940 ou alliés de 1943 et 1944, pour les Agnetz, Andeville, Beauvais, Breteuil, autres des arrestations en nombre, des Caisnes, Cauvigny, Chamant, Clermont, rafles ou des massacres d'une partie de Compiègne, Creil, Crépy-en-Valois, leur population en représailles à des Crèvecœur-le-Grand, Grandvilliers, actions de résistance. Chaque citation Margny-lès-Compiègne, Nanteuil-le-Hau- comporte le motif de la distinction qu'il douin, Nogent-sur-Oise, Noyon, Précy- convient cependant, plusieurs décennies sur-Oise, Saint-Just-en-Chaussée, Saint- après les événements, d'expliquer au cas Leu-d'Esserent, Saint-Maximin, Salency, par cas. 3 Agnetz Citation à l'ordre du Régiment Une résistance active “ Petite commune qui a été bombardée à Placé sous l'autorité de Georges Fleury, le plusieurs reprises, provoquant 16 tués et groupe de résistants d'Agnetz était com- 20 blessés. Pendant l'occupation, a appor- posé de seize hommes commandés par té une aide particulièrement efficace à la l'industriel Charley Roguet, dit “ le châte- Résistance, ce qui lui a valu la déportation lain d'Agnetz ” (futur chef FFI d'Agnetz).