LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES Grand : un plan géant pour l’emploi DU VENDREDI 12 AVRIL AU JEUDI 18 AVRIL 2013 – NO 44 www.latribune.fr métropolitaine - 3 € Jean-Marc Ayrault « Le Nouveau Grand Paris, c’est une région plus compétitive. »

Dans notre supplément, le Premier ministre s’explique sur le soutien de l’État au grand réseau de transports francilien.

ÉLECTION AU MEDEF QUEL HOMME POUR REMPLACER CETTE FEMME"? Sept candidats se sont déclarés pour succéder »

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S V S à Laurence Parisot. Face IEUR S

PLU à une crise sans précédent

A et à un gouvernement OURNAL J

OTRE de gauche, le patronat , V TRI

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S. AV S. rassembler les entreprises. PAPIER S DE PAGES 4 à 6 RECYCLAGE

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ENGAGE S’ Laurence Parisot, sur

RIBUNE le départ après avoir T A L

vainement tenté de « conserver son fauteuil, s’est dite « garante » de la bonne tenue de l’élection. ! ENQUÊTE INNOVATION INTERVIEW 3,00

F: BOURSE ET PME, L’HOMME RÉPARÉ, LE CE QUE NICOLAS - 44 C’EST « JE T’AIME, MOI BUSINESS QUI VOUS DUFOURCQ SOUHAITE

L 15174 NON PLUS » PAGES 12-13 VEUT DU BIEN PAGES 14-15 FAIRE DE LA BPI PAGE 26 © ÉRIC PIERMONT - BERTRAND GUAY/AFP © ÉRIC PIERMONT - BERTRAND

COULISSES 3 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

En 2002, lorsqu’on lui demanda quelle avait été sa plus grande réussite, Margaret Thatcher répondit « le New Labour et Tony Blair ». Autre citation culte de l’ex-Premier ministre britannique, disparue lundi 8 avril : « Le problème du socialisme, c’est que vous finissez par manquer de l’argent des autres. » (Lire notre analyse page 23). © ADRIAN DENNIS/AFP ©

Hollande en Chine… LA CONFÉRENCE « Angela Merkel est déjà venue SOCIALE EN JUIN!?… deux fois en Chine en 2012 et trois Lagardère lassé d’Amaury La date n’est pas encore fois en 2011. Au total elle a amené o!cielle mais, selon nos 400 PME, s’est amusé à calculer rnaud Lagardère rendu compte que Marie- informations, la prochaine Pascal Perez, conseiller de est-il un bon ven- Odile Amaury était éga- grande conférence sociale l’équivalent de la Caisse des deur!? Pas si sûr, lement propriétaire des devrait se tenir les 13 et A 14 juin. Au menu, un bilan dépôts en Chine. Nicolas Sarkozy, si l’on prend le cas du terrains où est logé Le lui, n’est venu que deux fois en coup groupe Amaury. Il vient de Parisien. de la première conférence de vent, et pour François Hollande vendre ses 25!% à Marie- À moins qu’il ne se soit et la programmation des ce sera ce mois-ci une première!! Odile Amaury pour dit qu’il était urgent de prochaines négociations Notre retard est considérable 91 millions. On en déduit quitter le navire – la nou- sociales, avec pour plat de et les investisseurs chinois ne nous donc que le groupe a été velle chaîne de L’Équipe résistance la remise à plat comprennent pas. » valorisé à un peu plus de sur la TNT aurait en e"et du système des retraites. 360 millions. Or, si l’on atteint un très beau accepte l’idée qu’une Arnaud Lagardère 0,12 point d’Audimat, ce … FAIT GRINCER LES aurait-il vendu à perte"? entreprise se valorise en © ÉRIC PIERMONT/AFP qui veut dire qu’à certains DENTS AU MEDEF moyenne à sept fois le moments il n’y a personne Certains candidats à la résultat annuel, cela signi- Depuis que les pour la regarder!! –, et succession de Laurence fie que celui-ci serait Lagardère sont au qu’il ne gagnerait jamais Parisot ne sont pas très proche de 52 millions. un euro avec Amaury. heureux de cet Ce chi"re correspond capital d’Amaury, ils Depuis que les Lagar- avancement de calendrier précisément au résultat n’auraient jamais dère père et fils sont dans qui « va encore permettre d’ASO (Amaury Sport le capital, la famille à Laurence de jouer les Organisation, qui orga- perçu de dividendes. Amaury ne leur aurait incontournables », car en nise entre autres le Tour jamais versé un centime juin elle sera encore la Le président prépare son premier voyage en Chine. de France) : 52 millions de résultat pour un de dividende, alors que le groupe a toujours présidente en titre. Reste © MIGUEL MEDINA/AFP chi"re d’a"aires de 160 millions. dégagé de confortables bénéfices. Ça peut las- à savoir comment sera … et à Planète PME Par déduction, cela veut dire qu’Arnaud ser. Cela dit, Arnaud Lagardère aurait pu faire composée la délégation Passage obligé pour les ministres Lagardère a accepté que L’Équipe, Le Parisien monter un peu l’addition : des proches de du Medef, alors que l’un de Bercy, le salon Planète PME et les autres journaux sont valorisés à zéro. Ou Marie-Odile Amaury estiment que la trésore- des candidats, Patrick pourrait accueillir mardi 18 juin qu’Arnaud Lagardère a oublié que le seul Tour rie du groupe familial tournait aux alentours Bernasconi, négociateur un hôte de marque : François de France peut trouver acquéreur sans grand de 500 millions avant le rachat des 25!% de de l’ANI sur l’emploi Hollande, invité par la CGPME, problème à 400 millions. Ou qu’il ne s’est pas Lagardère. T du 11 janvier, est organisatrice de l’événement. en première ligne. Qu’est-ce qui pourrait empêcher le chef de l’État de se rendre au Palais des congrès!? Le sommet Le Qatar cherche à séduire Martine Aubry Quand les actionnaires du G8 à Londres, dont la date, de Heuliez investissent… mi-juin, est tenue secrète pour L’entourage de République, ordre a été donné aux États-Unis limiter les manifestations l’ambassadeur du de chercher à être dans les petits Le holding de tête de Heuliez, antimondialisation. qui vient de déposer le bilan, Qatar est certain papiers de la maire de Lille et se plaint de ne pas avoir les

CABANIS/AFP moyens de sauver sa filiale et

RIC que Martine Aubry d’investir sur des projets CARREFOUR AGACE a essayé, avec le soutien de la © É Les nouveaux spots télé sera la femme forte d’aménagement ou de rachat présidente de la région Poitou- de Carrefour, qui relèvent de la seconde partie du d’entreprises, notamment sur Charentes, Ségolène Royal, de la pub comparative, quinquennat. Après avoir racheté EuraTechnologies. À quelques d’obtenir de l’argent de l’État ont prodigieusement (FSI). Mais ses dirigeants et agacé ses concurrents, Le Tanneur en 2011, en Corrèze, mois des municipales, Martine actionnaires n’ont pourtant pas qui ont songé à l’attaquer pour mieux se rapprocher de Aubry reste très prudente, même de problème de cash. Ils ont en justice. Finalement, racheté aux États-Unis, à l’été Leclerc a décidé de l’ancien président du conseil si elle ne ferme pas la porte à 2012, Pedrena (équipements et riposter sur le terrain… général et actuel président de la une nouvelle candidature à Lille. communication mobile) pour publicitaire. 18 millions de dollars.

COULISSES L’ENQUÊTE VOS FINANCES E 3 Lagardère lassé d’Amaury. 12 Les PME et la Bourse : je t’aime, moi non plus. 20 Jouer les marchés émergents, une idée IR L’ÉVÉNEMENT pas si saugrenue. 4 Quel patronat pour surmonter la crise!? ENTREPRISES & INNOVATION LES ANALYSES 6 Le dialogue social, plus nécessaire que jamais. 14 « L’homme réparé », le nouveau business 21 Immobilier : comment remettre MMA Patronat des villes… patronat des champs. qui vous veut du bien. les maisons dans les villes!?

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S LE BUZZ 22 Automobile : les moteurs hybrides… explosent. 7 L’ŒIL DE PHILIPPE MABILLE TERRITOIRES / FRANCE 23 Et si l’Europe manquait d’une nouvelle Opération mini-pulite. 16 Comment la Côte d’Azur entend rester Margaret Thatcher!? Web TV de latribune.fr la vedette des tournages. LES IDÉES / LES CHRONIQUES « En finir avec les paradis fiscaux. » 17 À Nantes, l’insertion surfe sur la vague 24 Le chant funèbre du sauvetage de Chypre. 8 Évasion fiscale : Moscovici veut mettre des « métiers verts ». 25 Mario Draghi parle d’or. l’Europe sous surveillance. TERRITOIRES / INTERNATIONAL > L’assurance-vie est-elle condamnée!? > « Fatca » ou le rouleau compresseur américain. 18 Liverpool met le turbo grâce à Jaguar Land Rover. L’INTERVIEW 9 Fiscalité : le gouvernement va-t-il pigeonner 19 Le château de Berlin renaît doucement 26 Nicolas Dufourcq, DG de la Banque publique les PME traditionnelles!? de ses cendres. d’investissement : « La BPI investit dans le moral de la nation. » 10 L’iPhone, votre meilleur mouchard. > O N EN PARLE À BRUXELLES 11 Airbus a-t-il vraiment besoin PAR ROBERT JULES PRÉCISION – Le crédit de la photo « L’Automne », publiée page 19 de du made in America!? Europe, la tentation de Venise. La Tribune Hebdo du 5 avril, revient à la RMN (musée du Louvre) / Gérard Blot. 4 L’ÉVÉNEMENT LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

À une voix près… Peut-on prétendre parler au nom des chefs Le 11 janvier 2013, quelques heures après avoir signé un d’entreprise si on ne l’est plus soi-même depuis accord qualifié d’« historique » sur le marché du travail de nombreuses années et si l’on fait tout pour ne pas avec la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, Laurence Parisot « envoie un mail au conseil exécutif du Medef pour proposer le redevenir!? Présider le Medef est une mission, une réforme des statuts, étape préalable à un éventuel troi- pas une fonction!! » sième mandat. Le 28 mars, le conseil rejette cette réforme DENIS KESSLER, PRÉSIDENT DE SCOR, ANCIEN VICE-PRÉSIDENT DU MEDEF par 22 voix pour, 22 contre et… un vote blanc. © FABRICE COFFRINI/AFP © FABRICE QUEL PATRONAT POUR SURMONTER LA CRISE!? LE CONTEXTE Après l’échec de la tentative de Laurence Parisot de changer les statuts du Medef pour se représenter, la campagne pour l’élection QUI POUR PRÉSIDER du nouveau « patron des patrons » va opposer JEAN-CLAUDE VOLOT PIERRE GATTAZ 63 ans, chef d’entreprise, 53 ans, président du Groupe sept hommes aux profils di!érents et peu connus il en a créé plus d’une vingtaine. KLZMtKtYH[PVUZPUK\Z[YPLSSLZ.-0° Il compte dépersonnaliser la fonction Sa marque de fabrique : du grand public. de président du Medef pour favoriser la pédagogie économique auprès une logique d’équipe et défend des gouvernants, des entreprises LES ENJEUX Face à une crise sans précédent, une responsabilisation des entrepreneurs. et des citoyens. Il souhaite redonner le patronat est devenu très revendicatif sur les la parole aux chefs d’entreprise. questions fiscales et sociales. Confronté à un gouvernement de gauche, il doit se rassembler autour d’un projet et d’un homme, mais aussi redéfinir son rôle.

JEAN-CHRISTOPHE CHANUT patronal, ce n’est guère plus uni- voulu sa fusion avec le Medef. Les ET FABIEN PILIU taire. Certes, seules trois organisa- deux publient ensemble le code de tions patronales sont considérées gouvernance des entreprises cotées n juillet 2013, le Medef comme représentatives à l’échelle en Bourse, contrôlé par l’Autorité va changer de tête. nationale : le Medef, la CGPME et des marchés financiers. Après huit années de l’UPA (les artisans employeurs). D’autres associations patronales présidence, Laurence Elles sont donc les seules à pouvoir représentent des mouvements de Parisot se retire… non conclure des accords nationaux pensée extrêmement divers, comme Esans di!culté. Ce passage de flam- avec les syndicats. Mais selon le le Centre français du patronat chré- beau est l’occasion pour la galaxie champ de telle ou telle négociation, tien (CFPC), le Centre des jeunes patronale de se livrer à un travail on peut retrouver d’autres organi- dirigeants (CJD), CroissancePlus d’introspection. Quel doit être le sations représentatives dans leur (qui regroupe les entreprises à forte rôle des représentants de près de secteur, comme par exemple croissance), Ethic (Entreprises de 3 millions d’entreprises françaises l’UNAPL (professions libérales) ou taille humaine indépendantes et de en ce début de XXIe siècle face à une la FNSEA (monde agricole). Et croissance) de Sophie de Menthon, crise économique, sociale et même depuis des années, l’Usgeres (Union etc. Il y a aussi des think tanks politique historique"? Vaste question de syndicats et groupements d’em- patronaux, comme l’Institut Mon- tant les entreprises sont diverses. ployeurs représentatifs dans l’éco- taigne ou l’Institut de l’entreprise. Les organisations patronales nomie sociale) frappe à la porte Cet éclatement s’explique par la PATRICK BERNASCONI HERVÉ LAMBEL doivent-elles continuer de « cogé- pour demander une reconnaissance très grande diversité des entre- 57 ans, président de la Fédération nationale 47 ans, cofondateur de Créateurs d’emplois rer » les relations sociales avec les de sa représentativité. Après tout, prises. Il n’y a pas grand-chose de des travaux publics (FNTP). et de richesse en France (Cerf° syndicats et l’État"? Ou doivent- cette organisation a récolté 19,4"% commun entre une société du Homme de consensus apprécié Il désirerait rendre le syndicalisme elles, à l’instar de ce qui se passe des suffrages dans le collège CAC 40, une PME familiale de la par les syndicalistes, il a mené les négociations patronal accessible à tous les entrepreneurs

chez certains de nos voisins euro- employeurs lors du dernier scrutin Creuse et une start-up parisienne… E sur la sécurisation de l’emploi. Il peut faire et prône une réforme profonde YV péens, se recentrer sur un rôle de prud’homal de 2008. Mais cette atomisation est aussi liée la synthèse entre les PME et les grands groupes. de la représentativité patronale. OUTR

lobbying pour défendre les intérêts L’Association française des entre- au système de négociation sociale H AN LE CALENDRIER DE L’ÉLECTION

des entreprises, notamment dans le prises privées (Afep), qui regroupe historiquement adopté par la V S

domaine fiscal"? En cinq questions, les plus grandes entreprises, ne France. À la di#érence du Royaume- OMA La Tribune fait le tour des problé- cache pas vouloir jouer le rôle d’un Uni ou de l’Allemagne, les relations matiques qui préoccupent l’univers véritable groupe de pression, rédi- sociales restent encore très centra- patronal en cette période électorale. geant, à l’occasion, des projets de loi lisées dans l’Hexagone. D’où la « clés en main » ou exerçant un nécessité d’avoir une CGPME et un 147 15 avril 18 avril intense lobbying, notamment dans Medef, partenaires sociaux, qui MEDEF TERRITORIAUX Présentation du calendrier Audition des candidats 1/LE PATRONAT le domaine de la fiscalité des entre- « cogèrent » la création de normes RASSEMBLANT LES ENTREPRISES de l’élection (date limite déclarés par l’UIMM MULTIPLE : GALAXIE prises. Certes, l’Afep, fondée par sociales avec l’État et les syndicats, de dépôt des candidatures (Union des industries et AUX NIVEAUXET RÉGIONAL DÉPARTEMENTAL Ambroise Roux, l’ancien « parrain voire qui prennent des responsabi- au plus tard deux métiers de la métallurgie) OU NÉBULEUSE!? mois avant le vote qui choisira ensuite Il est de coutume de regretter des affaires », n’est pas un parte- lités directes dans la gestion des de l’assemblée générale). le candidat qu’elle l’éclatement du paysage syndical naire social, mais son influence est organismes sociaux (formation pro- soutiendra.

français. Pourtant, dans le camp grande. Au point que certains ont fessionnelle, assurance chômage, T TRIBOUILLARD/AFP _ © ERIC PIERMONT/AFP _ KENZO L’ÉVÉNEMENT 5 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

La démocratie La liberté de penser s’arrête là où sociale va bien commence le code du travail. » 780!000 La négociation sociale se porte mieux « La vie, la santé, l’amour sont C’est le nombre d’entreprises adhérentes revendi- « qué par le Medef (dont 90!% de PME), réunies en qu’on ne le pense. En 2011, 46 accords interprofessionnels ont été conclus (contre précaires, pourquoi le travail 75 fédérations regroupant, à travers 600 syndicats

25 en 2010), 1!195 accords de branche échapperait-il à cette loi!? » primaires, les entreprises par secteur d’activité MONT/AFP R E (1!035 en 2010) et près de… 34!000 accords LAURENCE PARISOT, PRÉSIDENTE DU MEDEF dans 147 Medef territoriaux qui rassemblent les I d’entreprise (33!826 en 2010). DE 2005 À 2013 entreprises aux niveaux départemental et régional. © ÉRIC P QUEL PATRONAT POUR SURMONTER LA CRISE!? 1!% logement). Cette coresponsabi- Un peu plus agressif dans le dis- entendre », explique Jean-François lité les empêche d’exercer une cours, Geo#roy Roux de Bézieux, Roubaud. C’est aussi parce qu’il a action franche de lobbying, rôle autre candidat et vice-président de réuni la totalité des organisations davantage dévolu à l’Afep, à Crois- la Fédération française des télé- patronales – à l’exception de la PRÉSIDER LE MEDEF ? sancePlus et autres think tanks. coms, souhaite un Medef plus CGPME, qui avait préféré le dia- Quand le Medef tente de mener « combatif » sur les questions fis- logue avec le gouvernement plutôt THIBAULT LANXADE ces deux actions de front, il pratique cales. Plus pragmatique, Jean- que la revendication pure et dure – 42 ans, président d'Aqoba. un très di"cile grand écart. On l’a Claude Volot, président du conseil que le mouvement des « Pigeons » vu avec l’a#aire des « Pigeons », où de l’APCE, également en course, a obligé le gouvernement à modifier Il compte redonner la parole LE MEDEF REPRÉSENTE aux Medef territoriaux PLUS DE il s’est fait déborder par sa « base ». estime que le patronat ne doit s’in- l’article 6 du budget sur la fiscalité et se concentrer sur les vraies Certes, depuis quelques années et terdire aucun registre. « Il faut être des plus-values de cessions. préoccupations des entreprises, 780 000 sous l’influence de Denis Kessler conciliant ou combattant en fonction Cette expérience peut-elle se réé- comme la fiscalité ENTREPRISES, (ancien vice-président délégué du des situations. Les entrepreneurs diter, voire devenir la norme, alors et la simplification administrative. DONT 90% DE PME Medef, avec Ernest-Antoine Seil- sont des combattants, ne l’oublions que le Medef et la CGPME s’entre- lière), un courant de pensée pas. Il faut parfois montrer les dents déchiraient il y a peu lorsque Lau- émerge, proposant d’en finir avec pour être écouté puis entendu », rap- rence Parisot voulait « digérer » la cette conception de cogestionnaire pelle-t-il. seconde!? « La hache de guerre est des relations sociales. Rôle qui enterrée. Nos relations sont désor- serait décentralisé dans les mais constructives », avoue Jean- branches, voire au niveau de l’entre- 3/L’UNION SACRÉE François Roubaud. Le successeur GEOFFROY ROUX DE BÉZIEUX prise. Il est certain que la nécessité FACE À LA CRISE!? de Laurence Parisot devrait pour- 49 ans, président de Virgin Mobile et ancien ou pas d’une redéfinition du rôle L’économie française est en suivre cette politique d’apaisement. WYtZPKLU[KL*YVPZZHUJL7S\ZL[KLS»

Le ministre de l’Économie propose la mise en place d’un « Fatca européen », à l’image du dispositif mis en place par les Américains. Objectif : que les banques du monde entier transmettent les informations concernant les résidents européens détenteurs de comptes hors UE. La proposition sera au menu de la réunion des ministres européens des Finances le week-end du 13 avril à Dublin. Évasion fiscale : Moscovici veut mettre l’Europe sous surveillance « IL FAUT METTRE EN PLACE En attendant, il faudrait étendre un “Fatca européen”. » L’affaire le champ de la directive épargne, OffshoreLeaks, à laquelle s’est qui impose depuis 2005 la trans- ajoutée en France la déflagration parence dans le cadre européen, des aveux de Jérôme Cahuzac, mais seulement sur les revenus pousse à faire des d’intérêt et avec un régime d’excep- propositions audacieuses tion au profit du Luxembourg et de en matière de lutte contre l’évasion l’Autriche. Outre l’existence de ces fiscale. Appliquer ce Fatca (Foreign résistances, les banques ont trouvé Account Tax Compliance Act), ce le moyen de proposer à leurs serait changer totalement la clients d’échapper à cette directive logique fiscale prévalant dans au moyen de divers montages. Il l’Union. Car le système Fatca, qui est donc nécessaire de mettre fin entrera en vigueur le 1er janvier au régime d’exception concernant 2014, prévoit d’imposer aux certains pays et d’étendre large- banques du monde entier de livrer ment le champ des revenus cou- à l’administration américaine des La mise en place d’un Fatca européen verts par cette directive épargne. ne sera possible que si le Vieux informations sur les comptes de Continent présente un front uni. C’est ce que prévoit une nouvelle tous les citoyens américains, même À Pierre Moscovici de convaincre mouture de cette ceux qui n’ont jamais mis les pieds ses homologues… [PATRICK HERTZOG/AFP] directive, censée aux États-Unis. LE TOUR DE VIS entrer en vigueur le Ce n’est tout de même pas ce qu’a équivalent à Fatca mais ne concer- quement à l’administration fiscale >> 1er janvier 2015 mais en tête Pierre Moscovici. La fisca- nant que les résidents européens. française les principales données à laquelle s’oppo- lité restera, en France et en Europe, Et non pas tous les Européens concernant des mouvements sur le devons être capables de le faire. » En saient encore le Luxembourg et fondée sur le principe de la territo- vivant hors UE, qui ne seraient pas compte de celui-ci. réalité, la mise en œuvre de Fatca l’Autriche jusqu’à ces derniers rialité (on paie des impôts là ou l’on visés puisque non résidents. ne va pas sans di"cultés – elle a été jours. Elle sera au menu de la réu- réside) et non de la citoyenneté, Concrètement, l’objectif est de MISE EN ŒUVRE DIFFICILE, repoussée au 1er janvier 2014 –, nion des ministres des Finances à comme c’est le cas pour les États- demander à toutes les banques à MÊME AUX ÉTATS-UNIS nombre de banques étant soumises Dublin. T Unis. Un citoyen américain rési- travers le monde qui abritent un Une exigence très lourde!? L’argu- à des législations nationales sur la IVAN BEST dant en Europe ou en Asie doit compte dont l’ayant droit réside ment de Pierre Moscovici est que protection des données, qui les payer un minimum d’impôt à son dans un pays l’Union de trans- les Américains ont déjà mis ce sys- empêchent de les fournir à des pays d’origine, des clauses existant mettre les informations le concer- tème en place… Si les banques asia- administrations étrangères. La LU SUR LE SITE dans certains cas pour permettre nant. Et ce de manière auto- tiques peuvent le faire pour l’admi- mise en place d’un tel système ne « C’est vrai que Moscovici est le mieux placé pour prendre le lead d’éviter une double imposition. matique entre banques et nistration américaine, pourquoi ne sera possible que si l’Europe pré- sur le sujet ! Pendant presque un an, Ce que va proposer le ministre administrations sans que la le feraient-elles pas au profit des sente un front uni. La France ne il a eu un ministre délégué qui français de l’Économie à ses collè- demande doive émaner d’une auto- fiscs européens!? C’est aussi l’opi- pourrait à elle seule imposer aux fraudait en toute tranquillité… Et il gues européens ce week-end à rité judiciaire. Ainsi, une banque de nion du ministre délégué au Bud- banques du monde entier de telles était incapable de poser une bonne question aux autorités suisses. » Dublin (lors d’un conseil Ecofin), Singapour ayant pour client un get, Bernard Cazeneuve : « Les procédures. Question de rapport ( Simplet c’est la mise en place d’un système riche Français enverrait automati- États-Unis ont réussi à le faire, nous de force…

Derrière l’acronyme Fatca se cache une réglementation que l’administration américaine a imposée à l’ensemble des banques à travers le monde pour lutter contre l’évasion fiscale. « Fatca » ou le rouleau compresseur américain SI LES BANQUIERS DU nistration améri- transmettre directement à tombera immédiatement. Elle MONDE entier connaissent caine a-t-elle pu Washington les informations peut aller jusqu’au retrait de la Fatca, ce n’était pas le cas du >> LE BRAS DE FER imposer cette concernant leurs clients améri- licence bancaire aux États-Unis. grand public. Les propositions législation à l’en- cains : cela passera par l’adminis- « Ce qui semble aujourd’hui cer- faites dimanche dernier par un compte détenu par un citoyen semble du monde!? Une banque tration française. Il n’empêche tain, c’est que nous ne pourrons pas Pierre Moscovici ont changé la américain. Peu importe que celui- peut évidemment refuser de se qu’il a fallu mettre en place toute simplement ignorer Fatca ou partir donne (lire ci-dessus). Fatca est ci, né en France, par exemple, n’ait soumettre à Fatca. Mais toutes ses une série de procédures, adapter du principe que nous ne serons pas l’acronyme de Foreign Account jamais mis les pieds outre-Atlan- activités aux États-Unis seront l’informatique, pour un coût glo- concernés, peut-on lire sur le site Tax Compliance Act. C’est une tique. C’est le critère de la natio- fortement surtaxées, à hauteur de bal qui aurait atteint en France les de la Société générale (Securities loi, adoptée en 2010, imposée par nalité qui importe. 30!%, via une retenue à la source. 500 millions d’euros. Services). Les derniers conseils les États-Unis à l’ensemble des Dès lors que le compte dépasse Ce qui est impensable pour la prodigués par l’IRS ont été très banques mondiales. les 50!000 dollars ou qu’un cer- quasi-totalité des banques. Avec DES SANCTIONS LOURDES clairs : les grands acteurs du sec- Le principe est simple : à compter tain nombre de mouvements ont plusieurs pays européens, les ET IMMÉDIATES teur de la finance internationale ne du 1er janvier 2014, les établisse- lieu avec le territoire américain, États-Unis ont signé des accords Car nul ne prend Fatca à la pourront absolument pas éviter ments financiers devront déclarer la banque doit donc établir un bilatéraux permettant d’adapter légère : en cas de manquement Fatca et doivent commencer à défi- aux autorités américaines tous les reporting précis des entrées et cette législation. Ainsi, les aux règles édictées par l’adminis- nir leur projet immédiatement. » T mouvements ou presque a#ectant sorties de fonds. Comment l’admi- banques françaises n’auront pas à tration américaine, la sanction I.B. LE BUZZ 9 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

Fleur Pellerin a recueilli les 44 propositions définitives des groupes de travail des Assises de l’entrepreneuriat. À la clé, une réforme de la taxation des plus-values de cession d’entreprise… qui fait déjà polémique. Fiscalité : le gouvernement va-t-il pigeonner les PME traditionnelles!? APRÈS TROIS MOIS de travaux, créant deux régimes de références : « Les régimes dérogatoires sup- Fleur Pellerin, la ministre des « Un régime de droit commun où la primés bénéficieraient également Fleur Pellerin, ministre des PME, devra trancher sur le futur cadre fiscal appliqué aux petites et PME, de l’Innovation et de l’Éco- logique d’abattement progressif en de ce régime incitatif. L’abattement moyennes entreprises. [BERTRAND GUAY/AFP] nomie numérique, a recueilli fonction de la durée de détention forfaitaire supplémentaire de 20!% mardi dernier les 44 propositions serait maintenue mais accentuée, et conduirait à un taux e"ectif d’im- formulées par les experts des un régime “incitatif” de plein droit position de 24!% au bout de huit neuf groupes de travail, soit unique où l’abattement serait systé- ans, soit un taux légèrement meil- 300 personnes, composant les matiquement majoré. » leur que la moyenne européenne Assises de l’entrepreneuriat. En Europe, le taux moyen d’im- dans les cas les plus risqués […] Ce Parmi ces propositions, celles position se situe aux alentours de taux permet aussi d’o"rir aux opé- transmises par le groupe de travail 26!%. « À titre d’exemple, la simu- rations qui étaient préalablement no 2 chargé d’asseoir « un cadre lation de l’application de la loi de soumises à un régime exonératoire fiscal durable » pour l’entrepre- finances 2013 à la fiscalité des fon- et bénéficiant d’une taxation de neur font déjà polémique. Certes, dateurs des 24 plus beaux succès 17!% une augmentation acceptable celles-ci n’ont pas encore été vali- Internet des dix dernières années de leur imposition de 7 points en dées par le gouvernement et [Dailymotion, Criteo, Deezer, moyenne », détaille le groupe de encore moins votées par le Parle- Inventel, Kelkoo, Exalead, etc., travail. ment. Néanmoins, une levée de ndlr] estime leur taux de taxation « Pour un entrepreneur qui pren- boucliers se prépare pour contrer moyen à 46!% », précise le docu- drait sa retraite après dix ans mini- le projet de refonte de l’article 6 de ment. mum de détention de ses actions et la loi de finances 2013 portant sur dont le montant des plus-values tou- les plus-values de cessions de LE COMPTE N’Y EST PAS chées lors de la revente de son entre- valeurs mobilières. Cet article POUR LA CGPME prise se situerait dans la moyenne avait déclenché la fronde des chefs Concrètement, le groupe de tra- des plus-values tou- d’entreprise rassemblés au sein du vail superpose à l’abattement de chées dans le cadre du mouvement des « Pigeons », avant droit commun pour durée de régime “retraites”, à d’être ensuite modifié par le minis- détention un abattement savoir 820!000 euros, >> LA FRONDE (SUITE) tère du Budget. « risque » forfaitaire de 20!% qui le surplus de taxation Selon le document que s’est pro- s’appliquerait de plein droit pour généré serait de 7!% du total, soit plus-values. » Pour la CGPME, le détriment de l’investissement à long curé La Tribune, le groupe de tra- tout titre souscrit ou acquis dans 57!400 euros supplémentaires, pour compte n’y est pas. « Dans les faits, terme », s’emporte la confédération vail no 2 propose de revoir intégra- les dix premières années de vie un total d’imposition de 24!%, soit une telle réforme favoriserait la ces- patronale dans un communiqué. T lement cet article. Comment!? En d’une PME non cotée. 196!400 euros sur 820!000 euros de sion de l’entreprise à court terme au  FABIEN PILIU

L’homme qui a ruiné la banque britannique Barings en 1995 rejoint le cabinet GDP Partnership, spécialisé dans la médiation du crédit. Vous êtes surendettés : Nick Leeson peut vous aider QUE JÉRÔME KERVIEL, Fabrice jours une solution à un Leeson avait caché à ses supé- Barings, elle, avait été cédée à Tourre, alias « Fabulous Fab », et problème, même s’il est rieurs les pertes latentes sur ses ING pour une livre symbolique. autre Bruno Iksil, dit « la baleine >> LA SOLUTION souvent di#cile de l’en- investissements en les portant Atteint à l’époque d’un cancer du de Londres », se rassurent. Il y a trevoir. Dans le passé, sur un compte fictif, le côlon, Nick Leeson avait vu sa un avenir pour ceux que la finance [il a] été confronté à un numéro 88888. Le tremblement peine de prison ramenée à quatre appelle les rogue traders (« traders semaine », écrit sans vergogne certain nombre de situations dif- de terre de Kobe, en janvier 1995, ans et demi. Une épopée qu’il voyous »). La preuve avec Nick GDP dans une newsletter publiée ficiles, mais cela s’est toujours avait mis fin aux dissimulations avait racontée dans son livre Leeson. Le trader, qui avait fait sur son site Internet. Et d’insis- bien fini ». L’ancien trader sait de de Nick Leeson, ses pertes Rogue Trader, par la suite adapté sauter la banque britannique ter : « L’expérience, les connais- quoi il parle, lui qui avait écopé latentes étant devenues trop au cinéma avec Ewan McGregor Barings en 1995, vient d’être sances de Nick apporteront une de six ans et demi de prison il y a énormes (1,5 milliard de dollars) dans le rôle-titre. Celui qui se recruté par GDP Partnership, un valeur significative à notre o"re. » dix-huit ans pour avoir ruiné la pour que la Barings continue à ne disait jusqu’alors conférencier, cabinet irlandais spécialisé dans Barings en prenant des positions se douter de rien. d’après son compte Twitter, vit la médiation entre banques et par- « CELA S’EST TOUJOURS non autorisées sur l’indice En fuite, le trader avait été rat- depuis une dizaine d’années en ticuliers surendettés. BIEN FINI » Nikkei, lorsqu’il était jeune tra- trapé par la police en Allemagne Irlande, où il a dirigé le club de « Nick Leeson, bien connu pour Dans la même publication, Nick der au sein de la filiale singapou- et extradé vers Singapour, où il foot Galway United. Le voilà de son rôle dans la faillite de la Leeson, aujourd’hui âgé de rienne de cette vénérable banque avait été jugé et emprisonné. En retour à ses premières amours : la Barings, nous rejoint cette 46 ans, assure qu’il « existe tou- créée en 1763. Durant des mois, mars de la même année, la finance. T I.B. 6 L’ÉVÉNEMENT LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

QUEL PATRONAT LE DIALOGUE SOCIAL, PLUS POUR SURMONTER LA CRISE!? NÉCESSAIRE QUE JAMAIS Olivier Duha insiste : « Les priorités du patronat doivent être la croissance Avec Laurence Parisot, le Medef a négocié comme jamais avec les syndicats. Pour son plus grand profit. et la compétitivité », martèle-t-il. Aujourd’hui, l’idée de supprimer toute référence à une durée légale du temps de travail fait son chemin. À la CGPME, on est un peu moins catégorique. « Comment voulez- mettre à mal les relations entre le vous que les entreprises et leurs JEAN-CHRISTOPHE CHANUT patronat et les syndicats, lesquels représentants restent les bras bal- viennent eux aussi de changer de lants sur certains sujets sociaux e mandat de Laurence Pari- tête (Laurent Berger à la CFDT et alors qu’elles sont directement sot ne doit pas être réduit Thierry Lepaon à la CGT). Parmi concernées!? Prenons l’exemple de la Laux péripéties de ces der- les dossiers cruciaux, la concerta- protection sociale. Ce sont les entre- nières semaines, quand la prési- tion sur la réforme des retraites, la prises qui la financent à hauteur de dente a tenté de faire modifier les formation professionnelle, mais 77!%. Parce que nous sommes statuts du Medef afin de garder surtout la convention d’assurance concernés au premier chef, nous sur- son fauteuil. La vice-présidente de chômage, qui doit être renégociée veillons ce sujet comme le lait sur le l’Ifop, élue en 2005 et réélue pour pour la fin de l’année. L’Unedic feu même s’il ne préoccupe pas les trois ans en 2010, a marqué son accusera fin 2013 une dette cumu- chefs d’entreprise au quotidien », époque tant sur des points de François Chérèque (CFDT) et Laurence Parisot, deux « sortants » lée de 18,6 milliards d’euros. Des [ ] déclare Jean-François Roubaud. détail – l’installation de parterres qui ont œuvré de concert pour le dialogue social. BERTRAND LANGLOIS/AFP coupes drastiques vont devoir être fleuris dans le hall d’entrée du décidées. Medef et l’interdiction de fumer – ruptures ont été conclues, du fait présidente apprécie particulière- À l’actif de la présidente du 5/RÉFORMER LA que, plus sérieusement, sur les de la souplesse du dispositif. ment. En revanche, avec Bernard Medef figure aussi l’incessante REPRÉSENTATIVITÉ a"aires sociales, où elle a su faire Thibault (CGT), il n’y a jamais eu lutte contre la référence aux PATRONALE!? avancer les idées de son organisa- L’ACCORD CLÉ SUR d’atomes crochus. Sans conteste, 35 heures légales de travail. Lau- Arlésienne des relations sociales, tion via de nombreux accords. LA FLEXISÉCURITÉ la présidente du Medef a joué le rence Parisot a repris le flambeau la représentativité patronale Dès 2008, un premier accord Mais l’apothéose pour la prési- jeu du dialogue social, largement de Denis Kessler, ancien vice-pré- revient sur la table. Laurence Pari- national interprofessionnel dente du Medef est survenue le au profit de l’organisation patro- sident délégué du Medef, qui avait sot avait tout fait pour retarder les (ANI) sur la modernisation du 11 janvier de cette année, lorsque nale, malgré quelques concessions le premier théorisé la fin de toute échéances, même lorsqu’en 2011 marché du travail était signé. Une son organisation a finalisé avec la comme la taxation de certains durée légale. Pour lui, chaque pro- son homologue de la CGPME grande victoire pour le patronat, CFDT, la CFTC et la CFE-CGC contrats précaires. Elle a même fession, voire chaque entreprise, émettait des propositions en ce qui a obtenu la création de la un accord interprofessionnel demandé que ce dialogue soit ins- devait pouvoir fixer par la négo- sens. Si les organisations patronales « rupture conventionnelle du posant les jalons d’une flexisécu- crit dans la Constitution, afin de ciation sa durée du travail, comme ne prennent pas leur destin en contrat de travail », ce troisième rité à la française. laisser aux partenaires sociaux au Royaume-Uni. main, l’État va s’en mêler au nom type de « séparation » (après la Ces avancées patronales s’ex- « une autonomie normative ». Le sujet qui revient avec la crise d’un parallélisme des formes : la démission et le licenciement) pliquent aussi par les bonnes rela- Le successeur de Laurence Pari- de l’emploi sera probablement de réforme de la représentativité syn- entre un salarié et une entreprise. tions entre Laurence Parisot, sot va néanmoins trouver sur son nouveau sur le dessus de la pile dicale étant, elle, quasi aboutie. La Son succès a été foudroyant, François Chérèque (CFDT) et bureau, en juillet, de sacrés dos- des priorités du prochain pré- CGPME propose de mesurer l’au- puisque plus de 1 million de ces Jean-Claude Mailly (FO) – que la siers à régler qui risquent de sident du Medef. T dience des syndicats patronaux par une élection organisée à l’échelle nationale. Seules les organisations obtenant au moins 8!% des voix seraient jugées représentatives au PATRONAT DES VILLES… niveau interprofessionnel. Le Medef passerait cette barre, mais, si le principe d’« une entreprise PATRONAT DES CHAMPS égale une voix » était respecté, il y a de fortes chances que la CGPME, L’élection au Medef se jouera aussi sur la reconquête des territoires qui ressentent plus que jamais voire l’UPA, passe devant!! la distance entre l’échelon national et la réalité du terrain. Témoignages. Même si elle est séduisante, cette idée ne résout pas tout : les chefs tissu économique plutôt que sur servir l’intérêt général », propose ment l’énergie nécessaire pour ser- d’entreprise adhèrent avant tout à FABIEN PILIU l’Avenue Bosquet. À Paris, cette le candidat Thibault Lanxade. vir l’intérêt général », observe Oli- une fédération professionnelle, déconnexion entre les sièges Selon ses calculs, entre 150 et vier Duha chez CroissancePlus. sans toujours savoir si celle-ci est e 55, avenue Bosquet, patronaux nationaux et les terri- 300 postes sont actuellement à Ce n’est pas le seul facteur de membre du Medef, de la CGPME, « c’est quoi!? » Interrogé toires ne passe pas inaperçue chez pourvoir dans les Medef territo- démotivation qu’il relève. « Un voire des deux. Autre piste, en 2011, Lsur l’action du siège les candidats à la présidence du riaux. « Il faut que le Medef soit chef d’entreprise vit à cent à dans une étude réalisée par des uni- national du Medef, cette réponse mouvement. Tous ou presque ont plus proche de sa base », insiste- l’heure ses journées. Quand il versitaires pour le ministère du d’un responsable local du mouve- entamé ou s’apprêtent à faire un t-il, proposant une présidence prend une décision, il est habitué Travail, il était suggéré de s’appuyer ment ne manque pas de piquant. tour de France des Medef territo- collégiale, avec un nouveau droit à ce qu’elle soit rapidement suivie sur le scrutin prud’homal pour « Nous ne connaissons pas ces riaux pour leur témoigner leur d’initiative pour permettre d’in- d’e"ets. La situation est radicale- mesurer l’audience de chaque orga- gens-là. Depuis trop longtemps, affection, assurant compter sur tervenir sur l’ordre du jour de ment di"érente lorsqu’il devient nisation patronale. Plusieurs col- Paris ne nous consulte plus. Les eux pour participer au redresse- l’assemblée permanente. responsable patronal. Certes, les lèges électoraux « employeurs » jeux de pouvoir les préoccupent ment de la France. « Certains Medef territoriaux portes des ministères s’ouvrent seraient institués, par taille d’entre- bien plus que le quotidien des chefs sont vides, les chefs d’entreprise ont facilement et il n’est pas compli- prise. Il serait ensuite fixé un seuil d’entreprise. C’était particulière- « IL FAUT UN MEDEF PLUS baissé les bras, las de ne pas être qué d’avoir l’oreille des parlemen- de 10 ou 15!% des voix à atteindre ment criant ces derniers mois : PROCHE DE SA BASE » entendus. Ce colbertisme patronal taires. Mais cela n’est pas su#- pour qu’une organisation représen- seule la prochaine campagne élec- « Il faut être davantage à l’écoute n’a que trop duré », complète Jean- sant. Le chef d’entreprise se rend tative puisse négocier des accords. T torale a occupé les esprits pari- des Medef territoriaux, les aider à Claude Volot, autre postulant à la vite compte de l’inertie de la puis- siens. Il n’y a aucune remontée de communiquer, les armer pour présidence du Medef. sance publique. C’est un choc pour EN SAVOIR PLUS terrain car les responsables natio- mieux servir les entreprises. En Peut-on en déduire que le patro- lui. À quoi sert-il de répéter les L’ÉLECTION SUR LATRIBUNE.FR naux, pour la plupart, ne savent contact permanent avec le terrain, nat subit une crise des vocations!? mêmes propositions, de faire des Retrouvez les temps forts et les petites pas vraiment qui nous sommes et ils donnent le pouls de l’économie « La crise ne facilite pas les choses, rapports qui ne sont pas suivis phrases de la campagne sur notre site : ce que nous faisons », regrette-t-il, française. Il faut donc les aider à c’est certain. Un chef d’entreprise d’e"ets!? On peut comprendre le « La bataille du Medef », agrégateur de contenus (articles, blogs, tweets) du Web. préférant compter sur les forces recruter des chefs d’entreprise qui qui travaille six jours sur sept pour découragement de certains diri- vives locales pour dynamiser le ont la volonté de s’engager pour 4!000 euros par mois n’a plus vrai- geants », poursuit-il. T LE BUZZ 7 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

>> IL A OSÉ LE DIRE Il faut « un grand coup de balai […] pour purifier cette atmosphère politique absolument insupportable ». JEAN-LUC MÉLENCHON, PRÉSIDENT DU PARTI DE GAUCHE, À PROPOS DE L’AFFAIRE CAHUZAC. DÉCLARATION IMPROPREMENT TRADUITE PAR LE NAUSÉABOND « PURIFICATION ÉTHIQUE » DANS LIBÉRATION.

L’ŒIL DE PHILIPPE MABILLE DIRECTEUR ADJOINT DE LA RÉDACTION Opération mini-pulite © DR

rançois Hollande avait promis de ne pas gou- enveloppes de liquide… Connaître le détail des plans passer à travers les mailles du filet. On le voit, il y a loin verner sous l’égide de l’émotion et du court d’épargne logement, des voitures de plus de dix ans ou de la coupe aux lèvres. Mais d’un mal peut sortir un bien. terme. Force est de constater que dans la des fauteuils design de tel ou tel flatte le voyeurisme de D’abord parce que la combinaison des affaires Cahuzac « panic room » qu’est devenu l’Élysée depuis l’opinion, mais ce déballage ne résout rien. Il ne faut pas en France et OffshoreLeaks dans le monde est en train l’aveu de Jérôme Cahuzac, cette promesse n’a oublier qu’à la base de l’affaire Cahuzac il y a une fraude de porter un coup très sévère aux paradis fiscaux. Fpas été tenue. Mais aurait-il pu en être autrement tant fiscale et une dissimulation. La transparence ne protège L’Europe passe enfin à la vitesse supérieure pour géné- le coup porté par le mensonge de l’ancien ministre du pas des menteurs… raliser l’échange automatisé d’informations fiscales. Budget en charge de la lutte contre la fraude fiscale est Ce n’est qu’une question de volonté politique. apparu mortel pour la « République irréprochable » van- POUR ÊTRE CONVAINCANT, FRANÇOIS HOLLANDE L’Autriche, le Luxembourg, la Suisse, le Liechtenstein tée par le candidat socialiste de 2012. devra mieux articuler le trio prévention, contrôle et sanc- comprennent que les temps changent. Parce que le seuil Déstabilisé par une impopularité tion. Prévention en réformant ce qui, de douleur fiscal est atteint dans tous les pays du fait de record qui traduit un rejet de sa poli- dans le système français, est propice à la crise, il est inacceptable que l’impôt de tous soit plus tique par son propre camp, François Le président mélanger les affaires publiques et pri- élevé parce que des individus ou des entreprises par- Hollande n’a pas le choix. Il doit réta- vées. Mais où arrêter le bras!? viennent à y échapper. blir d’urgence la confiance entre le devra mieux Faut-il étendre la transparence du peuple et ses représentants pour éviter «articuler patrimoine aux conjoints des L’AUTRE EFFET POSITIF QUE L’ON PEUT ESPÉRER, la paralysie de son action de réforme, le trio prévention, ministres!? Revoir les règles de pantou- c’est que la transparence de la vie politique entraînera sinon pire encore. Au départ un peu flage des hauts fonctionnaires en les celle de la politique tout court. Or celle de François dépassé, il a donc fait des annonces contrôle obligeant à démissionner de la fonc- Hollande est encore pleine de non-dits. Celui qui veut fortes sur la transparence du patri- et sanction. » tion publique s’ils rejoignent le privé!? réformer dans la justice peut-il encore, après ce qui vient moine du personnel politique au sens Anticiper dès les élections municipales de se passer, réformer les retraites du secteur privé sans très large (ministres, élus, hauts fonc- de 2014 l’application de l’interdiction faire de même pour le public!? tionnaires) et pour mieux prévenir les conflits d’intérêts. du cumul des mandats, principale source de corruption La perspective d’une réforme du maquis invraisemblable en France!? de la formation professionnelle rend aussi plus nécessaire LA TRANSPARENCE EXIGÉE SUR LE PATRIMOINE On est dans un clair-obscur qui masque l’essentiel : le que jamais une réforme du financement des syndicats et et les déclarations d’intérêt des ministres sont un sym- contrôle et les sanctions. Là aussi, les mesures prévues du patronat, alors que la justice piétine à propos des béné- bole nécessaire mais très insuffisant. Ce morceau de ne doivent pas faire illusion : une haute autorité indé- ficiaires du trésor secret de l’UIMM. viande lâché à l’opinion ne révèle pas grand-chose sinon pendante chargée de contrôler le patrimoine des élus, Pour nettoyer les couloirs de la corruption ordinaire que, dans la plupart des cas, la fonction politique n’enri- un renforcement du parquet financier, l’alourdissement en France, François Hollande ne peut pas se contenter chit pas vraiment les gens honnêtes. Surtout depuis la des peines en matière de fraude fiscale et des règles de publier le lundi les patrimoines des ministres et suppression par Lionel Jospin en 2002 des fonds secrets d’inéligibilité, c’est très bien. Mais ces instruments exis- ensuite ne plus rien faire. Sinon, cela s’appelle une qui permettaient à certains ministres de partir avec des taient avant et n’ont pas empêché Jérôme Cahuzac de « opération mini-pulite ». T

WEB TV / LA TRIBUNE DES DÉCIDEURS en partenariat avec Décideurs TV « En finir avec les paradis fiscaux » Interrogé lundi pour la première émission de la Web TV de latribune.fr, Geo!roy Roux de Bézieux, candidat à la présidence du Medef, répond aux questions de nos internautes. © ERIC PIERMONT/AFP

Quels enseignements tirez-vous Le choc de simplification annon- nellement, le Medef ne s’intéressait pas à la Vous êtes président de Virgin de l’a!aire Cahuzac"? cé par le gouvernement vous fiscalité des particuliers. Si je suis élu à sa Mobile. Croyez-vous à une Ne tombons pas dans le piège du « tous semble-t-il crédible"? présidence, cela fera partie de mes combats. concentration que certains jugent pourris ». Cette a"aire, c’est avant tout le On l’a annoncé plusieurs fois et il ne s’est inévitable dans le business du mensonge d’un homme, gravissime, d’au- rien passé ou presque. Il faut une volonté À la tête du Medef, comment ima- mobile français"? tant plus qu’il occupait des fonctions très de fer pour vaincre des résistances phéno- gineriez-vous réhabiliter l’image Le lancement de la 4G, dont il est inévi- importantes. Les hommes politiques sont ménales et passer outre les administrations des chefs d’entreprise"? table qu’elle perce en raison du saut tech- pour la plupart des gens qui s’engagent de qui, il faut bien le dire, vivent un peu de L’image du patron est d’abord négative nologique qu’elle représente, donne corps façon honnête et avec courage. Surtout, cette complexité. C’est la même chose sur parce qu’il n’y a plus de croissance ni de à une telle réflexion. Je trouverais cu- ce scandale a remis en lumière le système le plan fiscal. Une simplification est indis- création su#sante d’emplois en France. Le rieux que l’on construise quatre réseaux de paradis fiscaux, qui doit disparaître. Il pensable pour le particulier comme pour Medef, comme d’autres organisations, n’est 3G et quatre réseaux 4G, d’autant plus n’est pas acceptable qu’il demeure des l’entreprise. Ce sont des sujets à traiter en pas là pour se transformer en agence de que les installations techniques et leur territoires complètement exclus de l’im- même temps. Quand on est entrepreneur, communication, mais pour contribuer à mise en œuvre sont, de plus, complexes pôt. On doit aller vers une harmonie on a souvent son patrimoine dans l’entre- favoriser le développement économique. Si sinon coûteuses… fiscale européenne et, peut-être un jour, prise. Donc, quand on lève l’ISF, d’une cer- la situation s’améliore, les Français se re- Interview réalisée par mondiale. taine façon on taxe l’entreprise. Tradition- mettront à aimer les entrepreneurs. Thomas Blard et Éric Walther 10 LE BUZZ LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

La Commission informatique et libertés a étudié pendant trois mois, avec l’Inria, les données personnelles envoyées par les smartphones de six cobayes bénévoles du régulateur lors de l’utilisation d’applications. Les données de géolocalisation et celles de l’identifiant unique du téléphone sont très souvent envoyées à l’éditeur ou à des tiers comme Google. L’iPhone, votre meilleur mouchard « LE SMARTPHONE, ce petit Les outils d’identification et de traçage envahissent quotidien a accédé 1"989 fois à « acteurs tiers », autres que les outil du quotidien que tout le les smartphones actuels. [TAMER GUNAL/ISTOCKPHOTO] l’identifiant unique du téléphone et développeurs, sont destinataires monde a dans sa poche, est un peu l’a transmis 614 fois à l’éditeur de de ces données, à savoir Google, le une boîte noire », explique Isabelle l’application » relèvent les experts français Criteo, spécialisé dans le Falque-Pierrotin, la présidente de de la Cnil. « reciblage » publicitaire, et la la Cnil, qui présentait mardi der- Surprise, les données de géolo- société française de mesure d’au- nier les résultats d’une étude calisation sont moins souvent dience Internet Xiti (AT Internet), expérimentale baptisée Mobili- transmises (31"% des applica- mais aussi des acteurs émergents tics, réalisée avec l’Inria. tions), sans doute après la polé- comme l’américain Flurry, spécia- « Nous avons voulu soulever le mique autour des applis Path et lisé dans l’analyse d’audience capot et regarder dans la vie WhatsApp. Mais en volume, elles mobile et la monétisation. Ce qui réelle, et pas seulement en labo, restent « la reine des données » : conduit la Commission à dresser quelles données étaient envoyées l’étude a relevé la transmission de une liste de recommandations : lorsqu’on utilise des applica- 41"000 « événements » au total, aux développeurs elle demande tions », a précisé Geoffrey soit une moyenne de 76 données d’intégrer dès la conception les Delcroix, chargé d’études pros- de géolocalisation envoyées par problématiques de respect de la vie pectives à la Commission Infor- jour et par personne"! Ce sont en privée"; aux magasins d’applica- matique et Libertés. Une équipe premier lieu les applications tions elle invite à inventer de nou- de chercheurs de l’Inria a déve- comme Plans, Foursquare, velles façons innovantes de loppé pendant un an une applica- AroundMe et Twitter, mais aussi recueillir le consentement des uti- tion spécifique, pour l’instant l’appareil photo de l’iPhone. lisateurs"; aux éditeurs des sys- uniquement sous iOS, le système tèmes d’exploitation (Apple, d’exploitation de « NE COLLECTER QUE LES Google, etc.) de renforcer les pos- l’iPhone, « en ajou- DONNÉES NÉCESSAIRES » sibilités de paramétrer les règles tant du code que L’ESPION La Cnil a aussi remarqué que le de confidentialité en ajoutant par nous avons écrit >> et de tra- ment pour les jeux », observent les nom de l’appareil, celui que le pro- exemple l’identifiant, le nom du dans l’interface de çage enva- équipes de la Cnil. Plus étonnant, priétaire lui donne, intéresse 15"% téléphone, etc. programmation d’Apple, et qui hissent les smartphones et rien près de la moitié (46"%) des appli- des applications : l’usage de cette Enfin, la Cnil rappelle aux envoyait les données à la base de n’est aujourd’hui possible pour cations ont accédé à l’identifiant donnée semble « peu clair » à acteurs tiers qu’ils « ne doivent données du laboratoire quasiment e!acer les traqueurs à l’intérieur unique Apple de l’appareil (UDID, l’autorité, bien qu’il s’agisse sans collecter que les données néces- en temps réel » ont-ils expliqué. des applications mobiles », qui s’affiche en se connectant à doute de profiler les utilisateurs. saires », une notion un peu floue, Six bénévoles de la Cnil ont été conclut la Cnil. iTunes) et un tiers de celles-ci « Les résultats ne sont pas repré- et en toute transparence vis-à-vis équipés d’un iPhone embarquant Ainsi, plus de 90"% des 189 l’ont transmis « en clair » et à plu- sentatifs et le but n’est pas de poin- du développeur et de l’utilisateur. cette application et se sont fait applications utilisées par les six sieurs reprises, les plus actives ter du doigt qui que ce soit, déve- Une expérimentation similaire espionner pendant trois mois. « cobayes » ont demandé à accé- étant entre autres HootSuite, Les loppeur, éditeur, etc. » nuancent les sera menée cette année sur des Les résultats sont parfois édi- der au réseau. Or « cela n’est pas Échos, Canal+ ou RunKeeper. « À équipes de la Cnil. Toutefois, elles smartphones Android… T fiants : « les outils d’identification forcément indispensable, notam- titre d’exemple, l’application d’un relèvent aussi que de nombreux DELPHINE CUNY

Une start-up française en plein essor, AppGratis, vient de voir son application se faire évincer de l’App Store, la plate-forme de téléchargement d’applications d’Apple, pour avoir enfreint deux règles des « conditions générales » de la firme. Comment Apple menace une start-up française

VOILÀ UNE SOCIÉTÉ française Il faut dire que les éditeurs d’ap- la société a même levé 10 millions interdit l’utilisation « des notifica- Pourtant, il y a encore quelques à laquelle tout souriait. Fondée plications sont prêts à payer pour d’euros auprès d’investisseurs, tions pour envoyer de la publicité, mois, les dirigeants de la start-up en 2008 par Simon Dawlat, apparaître comme « l’application dont le fonds d’investissement des promotions ou du marketing ». française ne voyaient aucune iMediapp avait réussi à percer sur du jour ». Le bénéfice pour elles d’Orange et Publicis (Orange Du coup, Apple a décidé de sup- contradiction entre leur modèle le grand marché des applications est une fantastique exposition. Publicis Ventures), géré par Iris primer l’application AppGratis et les règles de fonctionnement de pour smartphone avec AppGratis. Certaines ont pu être téléchargées Capital. durant le week-end. Les diri- l’App Store. Son idée : proposer chaque jour plus de 600"000 fois grâce à Rien ne semblait donc pouvoir geants ont été avertis de la déci- « La relation entre AppGratis et une application à sa communauté AppGratis. Cela les fait monter arrêter AppGratis, sauf… Apple"! sion par courriel, vendredi 5 avril. Apple est très bonne, comme le de membres soit gratuitement, Le géant de l’informatique voit montre l’acceptation de la troi- soit à un prix réduit. d’un mauvais œil ce « marketing UNE ARRIVÉE FULGURANTE sième version de l’application Et quel succès"! En janvier, DURA LEX sur mobile » qui détourne la rai- SUR LE MARCHÉ AMÉRICAIN dans l’App Store » expliquait Simon Dawlat expliquait aux >> son d’être de l’App Store, à Mais pourquoi Apple a-t-il tardé Sophie Dingreville, chargée des Échos disposer d’un parc de 7 mil- savoir faire la promotion des à réagir"? D’après Pocketgamer, le investissements d’Iris Capital. lions d’utilisateurs dont seule- dans le moteur de recherche de applications. Le règlement Apple site américain qui a révélé cette « AppGratis ne va pas à l’encontre ment un tiers en France. Débar- l’App Store. Résultat, elles a d’ailleurs prévu plusieurs dispo- affaire, c’est la montée en puis- des catalogues d’applications quée outre-Atlantique en début figurent dans le classement des sitions dans ce sens. Ainsi, l’ar- sance de l’application, avec cette d’Apple et de Google, mais permet d’année, la société a déjà conquis applications les plus téléchargées, ticle 2.25 stipule que « les apps qui importante levée de fonds, mais au contraire de remettre de la vie près de 300"000 fidèles aux États- ce qui permet de booster leur affichent d’autres apps, pour les surtout son arrivée fulgurante sur dans les stores en faisant remonter Unis et caracole parmi les appli- audience. vendre ou en faire la promotion le marché américain, qui a poussé certaines applications », avait- cations les plus téléchargées. En Ce succès va donner des ailes à d’une manière comparable ou pou- la firme de Cupertino à couper elle ajouté. 2012, AppGratis a enregistré un iMediapp, qui prévoit de doubler vant être confondues avec l’App court au projet AppGratis. D’ail- AppGratis doit communiquer chiffre d’affaires de 9 millions les e#ectifs de ses bureaux pari- Store, seront rejetées ». leurs, d’autres applications prochainement sur cette a#aire. d’euros et visait il y a peu les siens cette année, pour atteindre Deuxième infraction aux « lois » concurrentes comme Appsfire Objectif : sauver sa peau… T 25 millions d’euros dès 2013. les 80 collaborateurs. En janvier, Apple en vigueur, l’article 5.6 n’ont pas été censurées par Apple. NABIL BOURASSI LE BUZZ 11 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

C’est dans l’espoir de vendre plus d’avions aux compagnies américaines en contournant leur réflexe « patriotique » qu’Airbus construit une usine d’assemblage aux États-Unis. Une décision dont la pertinence fait débat. Airbus a-t-il vraiment besoin du made in America!?

LUNDI DERNIER, À L’OCCA- nés à prendre livraison d’environ sol américain. » En outre, plusieurs SION du début de la construction 5!000 avions au cours des pro- compagnies yankees ont déjà acheté Tom Enders, PDG d’EADS, lors de la cérémonie de lancement d’une usine d’assemblage final chaines années, essentiellement des Airbus en grand nombre. « Si de la construction de l’usine d’assemblage Airbus de Mobile, aux États-Unis, le 8 avril. [MATTHEW HINTON/AFP] d’A320 à Mobile, dans l’Alabama pour le renouvellement des flottes cela ne servait à rien, on aurait fait (États-Unis), Airbus n’a cessé de le moyen-courriers. une campagne de publicité », se marteler : cette chaîne de produc- L’argument en laisse sceptique défend Airbus. Certes. Néanmoins, cadence et de répondre à la forte chez Airbus. Surtout, pour plusieurs tion, qui doit assurer ses premières plus d’un, y compris au sein si demain l’avionneur européen demande pour les A320 Neo. À par- observateurs, cette présence indus- livraisons d’avions en 2016, doit lui d’Airbus. Contrairement à la Chine, devait percer aux États-Unis, il le tir de fin 2017, elle sera en mesure trielle aux États-Unis est le bon permettre de passer pour une où les commandes d’Airbus étaient devrait certainement plus à la qua- de produire 48 avions par an. En moyen de lutter contre tout patrio- « entreprise américaine » et vaincre l’une des contreparties à l’installa- lité de ses avions qu’à son usine amé- outre, l’usine de Mobile permettra tisme économique si Airbus ou ainsi le (prétendu) patriotisme des tion d’une chaîne d’assemblage à ricaine. Et les chances de succès à Airbus de produire en zone dol- EADS devaient postuler à des compagnies aériennes américaines, Tianjin, les compagnies améri- sont réelles grâce aux performances lars, et de réduire ainsi son exposi- appels d’offres dans la défense- caines sont libres de la famille d’avions A320 remoto- tion nette face au billet vert, dont la sécurité américaine. dans leur choix de risés (Neo). Si l’A321 fait réfléchir les faiblesse par rapport à l’euro péna- En e"et, EADS a perdu le lucratif LA GREEN CARD flotte. Entreprises compagnies américaines, c’est parce lise une entreprise européenne marché des ravitailleurs de l’armée >> privées aux mains qu’il est aujourd’hui la meilleure dont une grande partie des coûts est de l’air américaine pour cause de d’actionnaires qui solution de remplacement des vieux en euro quand les recettes sont patriotisme économique des parle- plus enclines à se fournir chez ne regardent que la rentabilité et le Boeing 757, très présents dans leurs exclusivement libellées en dollars, mentaires américains, qui protes- Boeing. Une sorte de green card cours de Bourse, les compagnies flottes. Car les coûts d’exploitation comme c’est le cas dans l’aéronau- taient contre l’attribution d’un tel dont l’absence aujourd’hui expli- américaines achètent les avions qui de l’A321 sont de 30!% inférieurs. tique. Un paramètre à ne pas sures- marché à une entreprise euro- querait la faiblesse des parts de correspondent le mieux à leurs timer néanmoins, la valeur ajoutée péenne (même si EADS était par- marché d’Airbus outre-Atlantique besoins. RÉPONDRE AUX APPELS de l’assemblage final représentant tenaire de Northrop Grumman). (20!%) alors qu’il fait jeu égal, au Une usine Airbus ne devrait pas D’OFFRES DE DÉFENSE moins de 5!% d’un avion. « Tous les Pouvoir justifier d’un site de pro- global, avec son rival américain. Un changer la donne. « Cela ne sert à Pour autant, l’installation de cette sous-ensembles sont fabriqués en duction avec plus de 1!000 emplois investissement présenté comme rien, explique un analyste. J’imagine chaîne d’assemblage final à Mobile Europe. Un emploi à Mobile fournit indirects sur le sol américain crucial dans la mesure où les trans- mal Delta ou Southwest acheter des est stratégique à plus d’un titre. du travail à quatre personnes chez constitue en e"et un atout supplé- porteurs américains vont être ame- Airbus parce qu’il y a une usine sur le Déjà, elle permettra de monter en Airbus en Europe », explique-t-on mentaire. TFABRICE GLISZCZYNSKI Thalys,RCS Nanterre 382! B 163! 087!

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FINANCEMENT Face à une Bourse qui préfère les grands groupes, les diri geants français de PME-ETI hésitent à se lancer… LES PME ET LA BOURSE : JE T’AIME, MOI NON PLUS LE CONTEXTE Les relations entre les petites et moyennes valeurs et la Bourse n’ont jamais été aussi compliquées. Les dirigeants des entreprises cotées y voient toujours de grands bienfaits, mais s’inquiètent aujourd’hui de leur valorisation ainsi que des contraintes réglementaires disproportionnées par rapport à leur taille. L’ENJEU Ils appellent de leurs vœux l’arrivée imminente de la Bourse des PME. Travail de finition dans un atelier de l’usine de Marans (Charente-Maritime) du groupe Poncin Yachts. L’entreprise, réputée pour sa fabrication de catamarans, yachts et autres bateaux haut de gamme, se félicite de s’être tournée vers la Bourse. [DERRICK CEYRAC/AFP]

PASCALE BESSES-BOUMARD sociétés ne ménagent pas leurs efforts pour tenter de trouver la e sort des PME fran- parade. Une parade qui se trouve On change Il est possible IAN çaises n’a jamais été bien logiquement dans une de culture L d’intéresser aussi fragile. Surtout diversification des sources de ATA

entrepreneuriale, OUR des investisseurs « P « si l’on en juge par les financement. Celle-ci est toute- S résultats de la der- fois plus facile à dire qu’à faire, il va falloir faire Y de première ENT Lnière étude réalisée par les cabi- surtout lorsque l’on sait que, avec les marchés M qualité sans passer nets Deloitte et Altares : la fin de récemment encore, 92!% des financiers. » par la Bourse. » l’année 2012 a été marquée par financements des PME étaient une brutale accélération des assurés par leur banque. DAVID ETIEN, FRANCK JULIEN, DAF DE PONCIN YACHTS PRÉSIDENT D’ATALIAN RNAUD FÉVRIER - MO

défaillances d’entreprises liée à Dans ce contexte, le recours A une conjoncture générale défa- aux marchés financiers est évi- YACHTS © PONCIN © vorable, tant en France qu’en demment une solution à laquelle Europe. Car derrière la hausse toutes les entreprises ont « La cotation nous a permis de niveau réglementaire. Avec des cières, c’est grâce à la confiance somme toute modérée (+ 3!%) du réfléchi, qu’elles soient cotées ou réaliser de nombreuses augmen- contraintes qui ne sont pas adap- des investisseurs associée à notre nombre de procédures judi- non, pour y lever les fonds tations de capital. C’est surtout un tées à notre taille et des coûts stratégie de transparence que ciaires ouvertes de 2012 (envi- nécessaires à leur développe- vrai plus vis-à-vis de nos clients, disproportionnés », souligne le nous avons pu les surmonter. Le ron 59!800) se cache une aug- ment. Mais comment la Bourse nos fournisseurs, nos partenaires dirigeant, qui reconnaît d’ail- monde de demain sera clairement mentation de 13!% sur le dernier est-elle perçue aujourd’hui par financiers et nos salariés. On leurs réfléchir à une sortie de la celui du haut de bilan, et la trimestre de l’année par rapport les PME!? Y voient-elles une attire également les meilleurs CV. Bourse. Bourse est le meilleur des véhi- à la même période de 2011. véritable solution de finance- Lorsque l’on est coté, on n’est plus D’autres, comme Spineway, spé- cules pour aller dans cette direc- L’état d’urgence semble donc ment, d’accompagnement dans les mêmes et c’est tout bénéfice cialiste des implants pour le trai- tion. Avant, il fallait donner envie décrété pour l’ensemble des leur stratégie de croissance!? pour l’entreprise. » tement des pathologies de la aux banques pour qu’elles nous petites et moyennes entreprises Si l’on se fie au nombre d’intro- colonne vertébrale (4,7 millions financent. Maintenant, il faut confrontées à une évolution ductions réalisées ces derniers « SANS LA BOURSE, d’euros de chi#re d’a#aires), font qu’elles le puissent. On est en mois, force est de ON SERAIT DÉJÀ MORTS!! » fi de ces problèmes et voient dans train de changer de culture entre- constater que les can- Mais cet entrepreneur, comme les marchés boursiers un véri- preneuriale, il va falloir faire Trop contraignante didats n’ont jamais été beaucoup d’autres chefs d’entre- table relais de croissance. Son avec et les marchés financiers en pour les uns, école de aussi peu nombreux. prises cotées sur les comparti- président, Stéphane Leroux, feront largement partie. » vertu selon les autres : Et pour ceux qui ont ments B et C et sur Alternext, se vient ainsi de boucler un place- Le constat est plus nuancé chez fait le pari de braver pose quand même pas mal de ment privé sur Alternext pour Pierre-Franck Moley, directeur la Bourse reste un les éléments et de ten- questions. Depuis 2008, son 4,9 millions d’euros. Il mise sur général de la société de conseil sujet passionnel chez ter une inscription en cours de Bourse s’est effondré et la Bourse pour lancer des pro- en communication Le Public 2012, les perfor- le groupe est valorisé en deçà de duits innovants et partir à l’assaut Système : « La Bourse a ses ver- les dirigeants de PME. mances boursières ses fonds propres. Une aberra- de nouveaux marchés en Chine, tus dont celle de pousser les sont assez décevantes. tion qui le dessert pour envisa- aux États-Unis et au Brésil. entreprises cotées à élaborer des radicale des modes de consom- Pour autant, tous ne font pas un ger des acquisitions puisqu’il Le témoignage de David Etien, stratégies de croissance rentables mation et surtout, semble-t-il, à bilan négatif de la Bourse, vaut moins que les cibles qui directeur financier de Poncin et de long terme. En revanche, la frilosité de leurs banquiers comme Guy Chi"ot, président l’intéressent. Yachts, est tout aussi éloquent : elle a aussi ses pendants négatifs, pour financer les trésoreries, d’Orapi, spécialisé dans les pro- « Le problème aussi est que « Sans la Bourse, on serait déjà dont celui d’imposer trop de voire les projets. Face à ces dif- duits d’hygiène professionnelle nous sommes traités aujourd’hui morts et enterrés. Lorsque nous transparence. Prendre ainsi l’as- ficultés, les dirigeants de ces et la maintenance industrielle : comme des sociétés du CAC 40 au avons eu nos difficultés finan- censeur en interne avec quelqu’un L’ENQUÊTE 13 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

FINANCEMENT Face à une Bourse qui préfère les grands groupes, les diri geants français de PME-ETI hésitent à se lancer… LES PME ET LA BOURSE : JE T’AIME, MOI NON PLUS suscite beaucoup d’enthou- l’extérieur. Selon toute vraisem- siasme de la part de ses promo- blance, l’annonce officielle du teurs mais qui butte encore sur lancement devrait être faite d’ici la mobilisation financière des aux grandes vacances. Mais le grandes compagnies, les plus dirigeant de Nyse Euronext ne petites ayant pourtant déjà lar- s’en cache pas : « Si aucune gement répondu présent. mesure d’accompagnement n’est envisagée, ce projet risque d’être RETOUR À L’ÉCONOMIE un coup d’épée dans l’eau!! » De RÉELLE : LA BOURSE DES PME même, Roland Bellegarde Nyse Euronext, de son côté, est réclame-t-il une évolution de la sur le chantier de la réglementation Mifid Bourse des PME. Le (markets in financial projet est très attendu instruments directive, par toute la place, mais ou directive sur les il n’avance pas assez vite, 92!% marchés d’instru- des besoins au goût de certains, face de financement ments financiers), à aux lacunes actuelles de des PME étaient, l’origine de la frag- la place de Paris vis-à- naguère encore, mentation des mar- vis de ses valeurs assurés par chés et par voie de moyennes pour les- leur banque. c o n s é q u e n c e d u quelles une interface désintérêt des cour- exclusivement dédiée tiers pour les petites est un besoin crucial. Car il s’agit valeurs pas assez rémunéra- Chez Orapi, groupe leader français des produits ni plus ni moins de renouer le lien trices pour eux. d’hygiène professionnelle et de maintenance industrielle, on considère que la cotation représente entre ces entreprises et la Bourse Parmi les pistes susceptibles de « un vrai plus vis-à-vis des clients, des fournisseurs, et de réamorcer une relation nor- relancer l’intérêt : favoriser des des partenaires financiers et des salariés ». [SERGE CHAPUIS] male, de proximité, fondée sur le analyses sectorielles internatio- financement des projets. nales, dans lesquelles les petites « La place de Paris, normale- et moyennes valeurs pourraient Le projet Lorsque ment société de service public, est être incluses, leur redonnant ainsi de Bourse l’on est coté, devenue une société commerciale un peu de visibilité quand les de l’entreprise a on n’est plus privilégiant les grosses capitali- grands noms de la finance ne les « « sations. Il est donc urgent, en suivent plus du tout aujourd’hui. vocation à rallier les mêmes, et c’est effet, de se doter d’une Bourse De même, les initiatives de tout l’écosystème tout bénéfice consacrée aux petites et moyennes cotations par des plates-formes valeurs. Si l’on veut redonner une alternatives spécialisées sur les

EXT PME-ETI. » pour l’entreprise. » N dynamique à ce créneau, il faut très petites entreprises sont de

URO ROLAND BELLEGARDE, GUY CHIFFLOT, E s’en donner les moyens. Surtout au nature à fluidifier un micro- VP EXÉCUTIF DE NYSE EURONEXT API PRÉSIDENT D’ORAPI OR moment où les PME sont confron- marché en mal de reconnais- © © NYSE tées à des contraintes réglemen- sance et de moyens. Certaines taires toujours plus nombreuses sociétés comme Alternativa s’y qui connaît parfaitement votre aussi Atalian, entreprise non Pour susciter l’intérêt de ces qu’il est tout aussi urgent d’allé- attellent déjà. Tout comme les salaire n’est pas toujours aisé. De cotée spécialisée notamment fameux investisseurs, les émis- ger », soutient Philippe Santi, sites de crowdfunding, ces sites même, l’obligation de publier un dans le nettoyage industriel sions obligataires doivent cepen- directeur général délégué d’In- de finance participative où les rapport annuel RSE [responsa- (1 milliard d’euros de chiffre dant obligatoirement dépasser la terparfums, qui reconnaît toute- particuliers peuvent mettre de bilité sociétale des entreprises, d’affaires) avec une émission de barre des 50 millions d’euros… fois bien volontiers que la Bourse très petites sommes pour parti- ndlr], bien trop modélisé pour 250 millions d’euros dotée d’un d’où l’incapacité pour nombre de lui a été d’un grand secours en ciper à certaines aventures refléter réellement la politique de coupon de 7,25!%. PME d’y avoir recours. Sauf à termes de notoriété et d’appren- entrepreneuriales. Mais ici le l’entreprise en la matière et coû- Le raisonnement de son pré- passer par la plate-forme élabo- tissage de la rigueur dans la pré- meilleur peut côtoyer le pire, et teux, ne me paraît pas une bonne sident, Franck Julien, est sympto- rée par Nyse Euronext pour per- sentation de ses comptes et de certains investissements s’appa- chose. Le marché secondaire des matique des mentalités actuelles : mettre, justement, des opéra- son actualité. rentent plutôt à des dons. PME laisse également à désirer « Notre stratégie est de croître via tions de faible taille. Dispositif « Si cela prend du temps, c’est On le voit, les relations entre la et rend plus difficile les opéra- des acquisitions de petite et qui n’a pourtant pas eu beaucoup parce que ce projet de Bourse de Bourse et les PME n’ont sans tions primaires. » moyenne tailles. Le plus important de succès à ce jour compte tenu l’entreprise a vocation à rallier doute jamais été aussi compli- est de prendre son temps pour d’un certain nombre de l’ensemble des acteurs qui consti- quées. Pourtant, les entreprises ÉMISSIONS OBLIGATAIRES : sélectionner de bonnes cibles. La contraintes dont l’obligation tuent l’écosystème des PME-ETI. moyennes qui se sentent claire- À PARTIR DE 50 MILLIONS… notoriété d’une cotation ne me d’entamer un processus de nota- De plus, d’autres étapes incon- ment délaissées n’ont jamais eu Pour contourner le désamour serait pas d’une aide essentielle. En tion auprès d’une agence spécia- tournables ralentissent quelque autant besoin de cet outil de des Français vis-à-vis des revanche, être en Bourse suppose lisée, dispositif dont le coût en peu la finalisation de ce projet financement. actions, certaines PME ont de lourdes contraintes dont je veux rebute plus d’un. telles que le statut juridique, et Alors, je t’aime moi non plus!? parallèlement eu l’idée de lancer m’exempter aujourd’hui. Une cota- Les assureurs et la Caisse des nous sommes d’ailleurs en pour- Pour renouer les fils, il reste des émissions obligataires. Pour tion n’aurait de sens que dans dépôts, de leur côté, sont en parlers avec l’AMF pour le préci- donc un grand pas à faire. Mais cela, elles ont surfé sur le succès l’hypothèse d’une très grosse acqui- train de mettre la touche finale ser », souligne Roland Belle- celui-ci passe par la confiance : de ce type d’opérations auprès sition, et ce n’est pas le cas. En à une initiative assez ambitieuse garde, vice-président exécutif de confiance des entrepreneurs des investisseurs en mal de ren- outre, j’ai pu constater avec l’émis- et susceptible de participer acti- Nyse Euronext en charge des dans les bienfaits de la Bourse, dement mais aussi de sécurité. sion obligataire que le groupe vient vement au financement des activités actions et dérivés d’ac- confiance des investisseurs dans C’est ce que vient de faire, par de réaliser qu’il est possible d’inté- PME : un fonds obligataire de tions. Ce projet suppose aussi les entreprises, confiance des exemple, Cegedim dans une opé- resser des investisseurs de pre- 1 milliard d’euros, abondé à 90!% l’embauche de nouveaux respon- épargnants. En attendant la ration à 300 millions d’euros mière qualité à notre histoire sans par les compagnies d’assurance sables, dont le directeur général création d’un nouveau PEA- avec un coupon de 6,75!%, mais passer par la Bourse. » et à 10!% par la CDC. Projet qui de cette Bourse, qui viendra de PME!? T 14 ENTREPRISES & INNOVATION LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

« L’homme réparé », le nouveau business qui vous veut du bien ANTICIPATION Déjà opérationnelle pour certaines pathologies, la thérapie cellulaire produira demain de la peau, des muscles, des organes… Certes, cela prendra du temps avant que cela ne devienne monnaie courante. Mais les avancées déjà enregistrées ont de quoi Avec l’exosquelette de Wandercraft, les personnes soulever l’enthousiasme, tant des chercheurs que des investisseurs. myopathes retrouveront de l’autonomie. [WANDERCRAFT]

thèses de membres) ou encore ront également regarder la télévi- capteur « neuromorphique » qui cerveau. « Notre dispositif s’adresse ERICK HAEHNSEN Wandercraft (exosquelette)… sans sion. L’entreprise, qui participe au perçoit l’environnement à la aux personnes qui ont perdu la vue es progrès conjoints de oublier Pixium Vision, qui se foca- programme européen NeuroCare, manière d’une vraie rétine. La réso- à la suite d’une dégénérescence de l’électronique et de la lise sur la vision artificielle. Ce der- vise des essais cliniques dans les lution de l’image étant du coup plus leurs photorécepteurs », explique le science annoncent des nier marché, dominé jusqu’à pré- deux ans et une commercialisation fine, les patients qui participent à PDG de Pixium Vision. Son équipe avancées positives pour sent par l’américain Second Sight, dès 2016. l’heure actuelle aux essais cliniques d’une vingtaine de chercheurs et réparer les organes et se situe aussi dans la ligne de mire À cette date, le français Pixium pourront se déplacer dans la rue et d’ingénieurs a développé ces tech- Lles membres déficients de l’être de Nano Retina. Vision devrait déjà avoir mis en identifier des objets en mouvement. nologies avec le professeur José- humain. Sur ce terrain, la thérapie Cette start-up israélienne a déjà vente ses premières rétines artifi- Voire reconnaître des visages. Alain Sahel à l’Institut de la vision, cellulaire offre déjà de belles consacré 4 millions de dollars au cielles. Dirigée par Bernard Gilly Les images de cette caméra sont à Paris. « Si les essais cliniques se perspectives même si les fabricants financement d’une rétine artificielle (ancien PDG de Transgene), cette traitées par un petit ordinateur de révèlent positifs, nous lancerons la d’implants ou d’exosquelettes n’ont de 3 x 4 mm, caméra comprise. start-up créée en 2011 a levé 10 mil- poche doté d’une batterie, puis commercialisation de notre rétine pas encore trop de souci à se faire Comme avec le système américain, lions d’euros pour développer sa transmises par radiofréquence vers artificielle en 2015 », prévoit pour leur activité. Parmi eux, citons les patients pourront lire de gros prothèse qui, à l’instar du système la rétine naturelle, sur laquelle un Bernard Gilly. Medtronic (diabète), Neurelec caractères et voir des objets. Qui Argus II, mise sur une caméra exté- implant tapissé d’électrodes ache- À la di!érence de l’œil artificiel, (oreille bionique), Otto Bock (pro- plus est, avec Nano Retina, ils pour- rieure. Mais il s’en distingue par son minera les images vidéo jusqu’au l’oreille électronique a déjà massi-

SUR LES 4 MILLIONS DE FRANÇAIS PRÈS DE 380 MILLIONS DE MALENTENDANTS, 600!000 ne peuvent 5!023 gre"es d’organes ont PERSONNES SERONT DIABÉTIQUES entendre sans appareil auditif. À cette été e!ectuées en 2012, après 4"945 réalisées en 2011, D’ICI À 2025. Un gigantesque marché population s’ajoutent chaque année soit une augmentation de 1,57"% par rapport à 2011. pour Roche Diagnostics. Le laboratoire 700 enfants qui naissent ou sont dépistés Parmi les organes les plus gre!és, on trouve d’abord a dans ses cartons un modèle de mini- malentendants avant l’âge de 2 ans. le rein (3"044), loin devant le foie (1"161), le cœur (397), pompe qui, à l’instar d’un patch, infuse Par ailleurs, 1,7 million de Français sou!rent le poumon (322). Viennent ensuite le pancréas (72), de l’insuline sans nécessiter de tubulures, d’un handicap visuel, dont 65"000 sont la gre!e cœur-poumons (20) et l’intestin (7). l’opération se faisant par l’intermédiaire complètement aveugles. d’une télécommande extérieure.

L’israélien Nano Retina développe un implant intégrant une caméra. [NANO RETINA] ENTREPRISES & INNOVATION 15 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

vement fait ses preuves. En France, Prometteuse, la thérapie cellulaire plus de 1!000 personnes atteintes intéresse aussi les personnes insu- de surdité profonde se font poser lino-dépendantes atteintes du dia- chaque année un implant bète de type 1. C’est à leurs attentes cochléaire. Ce système comprend que répond justement le pancréas deux éléments. À l’extérieur un bioartificiel Mailpan, sur lequel microphone et une antenne accro- planche, à Strasbourg, le Centre chés derrière e u r o p é e n l’oreille, à l’inté- d’étude du dia- rieur un récep- Si les essais bète (CEED). teur et des élec- « Il s’agit d’une trodes situées sont positifs, poche implan- sur la cochlée. «nous commerciali- table conçue « D’un c ô t é serons notre rétine pour contenir nos recherches artificielle en 2015. » des cellules visent à miniatu- secrétant de riser la partie BERNARD GILLY, l’insuline », extérieure pour PDG DE PIXIUM VISION résume Séve- apporter plus de rine Sigrist, c o n f o r t a u PDG de Defy- patient, et de l’autre nous travaillons med, la spin-o! du CEED en charge sur un implant tout en un enfoui d’exploiter le brevet. Un collaborateur de Carmat testant un cœur dans l’oreille afin de rendre le handi- Dans cette perspective, Defymed artificiel constitué de matériaux biocompatibles et relié à une machine simulant la circulation cap invisible », rapporte Cédric participe au programme Biosid sanguine humaine. [FRANCK FIFE/AFP] Briand, PDG de Neurelec, société (2013-2015), financé à hauteur de qui consacre à la R&D 20!% de son 5,5 millions d’euros par la Commis- chi"re d’a"aires (17,7 millions d’eu- sion européenne. Le projet porte cialiser les premiers pancréas logiciel capable d’interpréter l’évo- ration de prothèses (bras, mains ou ros pour 2012). sur la validation clinique d’un pan- bioartificiels dès 2018 et adapter lution de la glycémie afin d’anticiper coudes) pilotée par la pensée, ou créas bioartificiel. Dix années de cette technologie à d’autres organes les besoins du patient en insuline. plus précisément par les nerfs du LES BELLES PROMESSES DE recherche financées par l’Europe comme le foie ou le rein. Son développement prendra au patient. Et non plus par la contrac- LA THÉRAPIE CELLULAIRE ont été auparavant menées pour L’évolution du pancréas bioartifi- moins cinq ans », estime Antoine tion des muscles. « Dès lors, il lui L’alliance de la science et des produire cette poche non biodégra- ciel est scrutée de près par les fabri- Audry, directeur des affaires su"ra de penser à ouvrir la main NTIC suscite beaucoup d’espoirs dable, immunoprotectrice et semi- cants de pompes à insuline. Un publiques chez Medtronic France. pour que celle-ci exécute le mouve- du côté des 16!000 patients en perméable. Sa surface active laisse secteur sur lequel se positionne, ment », rapporte Benoît Ponsan, attente d’une gre"e d’organe. D’où passer l’insuline, le glucose et les entre autres, l’américain Medtronic DES PROTHÈSES MUES responsable marketing chez Otto l’intérêt des organes artificiels. Car- autres nutriments. Tout en empê- (16,2 milliards de dollars de chi"re PAR LA SEULE PENSÉE Bock France. « Nous espérons que mat, une entreprise d’une trentaine chant l’intrusion des molécules d’a"aires), un fabricant de disposi- Les techniques réparatrices d’ici à 2020 ce dispositif sera acces- de personnes, a d’ailleurs levé susceptibles de détruire les cellules tifs médicaux qui investit 10!% de concernent non seulement les sible au plus grand nombre. Notam- 56 millions d’euros pour concevoir productrices d’insuline. son chiffre d’affaires en R&D. Sa organes, mais aussi les membres ment avec une prise en charge de la un cœur constitué de matériaux Exit du coup les traitements dernière innovation vise à faire définitivement altérés ou tout sim- sécurité sociale », précise-t-il. biocompatibles. Point fort, il antirejet. C’est d’autant plus inté- interagir en temps réel le lecteur de plement absents. Un domaine sur Des prothèses robotisées aux s’adapte automatiquement et en ressant que ce pancréas accueillera glucose et la pompe à insuline afin lequel intervient l’allemand Otto exosquelettes, il n’y a qu’un pas que temps quasi réel aux besoins du des cellules souches ou génétique- d’améliorer l’équilibre glycémique Bock (5!000 salariés). En collabo- franchit allègrement Wandercraft. patient. Ce projet, qui n’attend plus ment modifiées, ou encore d’origine et la sécurité du patient. D’autres ration avec des universités, le Cette start-up créée par trois ingé- que l’accord des autorités sanitaires, animale. Defymed espère commer- étapes sont en vue. « Notamment un groupe prépare une nouvelle géné- nieurs de l’École polytechnique intéresse les personnes sou"rant s’intéresse aux personnes myo- d’insu#sance cardiaque. FOCUS pathes qui sont totalement inca- Une population que vise aussi la pables de se mouvoir. Une fois appa- société CellProthera. Cette start-up reillées, elles pourront marcher sans basée à Mulhouse parie quant à elle béquille et de manière autonome à sur la thérapie cellulaire pour res- Des patchs de plus en plus intelligents la vitesse de 3,5 km/h. Pour avancer, taurer le muscle cardiaque abîmé Patchs di!useurs d’insuline pour les diabé- le logiciel de biosimulation également déve- il leur su#ra de se pencher en avant par un infarctus du myocarde. tiques ou d’allergènes pour mithridatiser les loppé par la start-up. « Notre programme per- comme sur un gyropode. Grâce à « Nous avons développé un auto- personnes sou!rant d’allergies à l’arachide, ces met de prédire l’action d’une molécule et d’anti- cette approche dynamique du mou- mate pour démultiplier les cellules pansements-médicaments ne cessent d’étendre ciper les effets secondaires », explique son vement, Wandercraft limite le souches du patient », explique le leur champ d’application : les patchs de demain président, Serge Bischo!. Pour l’heure, le dis- nombre de moteurs nécessaires professeur Philippe Hénon, égale- seront autant capables de contrôler la di!usion positif conçu par Michel Faupel, vice- pour soutenir la personne. « En ment président de l’entreprise. de médicaments que de sauver des vies. président de Rhenovia, a la taille d’une carte gagnant en poids, on gagne alors en « Au bout de neuf jours, le gre!on La start-up Rhenovia, spécialisée dans les de crédit et se trouve encore à l’étape du réactivité et en vitesse », fait valoir est de qualité su"sante pour être pathologies du système nerveux central, y tra- démonstrateur technologique. « Nous cher- Nicolas Simon, l’un des trois cofon- réinjecté dans le cœur du patient vaille avec un patch électronique et multi- chons à optimiser sa taille avec des partenaires dateurs de la start-up. Une première afin de régénérer le muscle car- médicamenteux destiné aux affections du industriels qui le produiront en grande série », levée de fonds est en cours pour diaque et le revasculariser », pour- cerveau. L’intérêt d’un tel dispositif est de souligne Serge Bischo!, qui a bénéficié d’un réaliser un prototype qui sera tes- suit le dirigeant, qui a levé 8,5 mil- programmer dans le temps la di!usion des financement européen de 500"000 euros pour table cliniquement d’ici deux ans. lions d’euros afin de réaliser cet molécules. Les praticiens seront assistés par développer ce patch. T E.H. Une fois lancé, l’exosquelette sera automate développé avec la société vendu au prix d’un bon fauteuil rou- Bertin Technologies. lant électrique. T 18 TERRITOIRES / INTERNATIONAL LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

Après des décennies de déclin, l’estuaire de la Mersey revit grâce au renouveau de dérable : 82!% de ses ventes y sont LA BONNE l’industrie automobile britannique, porté par le constructeur Jaguar Land Rover, réalisées. « C’est un peu le rêve STRATÉGIE racheté et relancé par l’indien Tata avec l’aide de Sa Très Gracieuse Majesté. pour un constructeur : 80!% des acheteurs européens sont des nou- veaux clients!! », s’enthousiasme Bernard Kuhnt, le responsable Europe du groupe. Mieux, Liverpool met le turbo l’Evoque semble tirer les ventes des autres modèles de Land Rover. En France, les ventes de la marque ont ainsi progressé en grâce à Jaguar Land Rover 2012 de 45,7!% sur un an, à 9!521 véhicules. Dans l’usine JLR de Halewood, les regards sont désormais tour-

TRISTAN DE BOURBON, À HALEWOOD nés vers la Chine. Absent du top (BANLIEUE DE LIVERPOOL) cinq des ventes du groupe en 2005, l’empire du Milieu réalise e nord de l’Angleterre aujourd’hui 19!% de l’ensemble reprend le goût à la vie. des ventes de JLR, contre 22!% à Meurtri par la dispari- l’Europe et 18!% au Royaume-Uni. tion brutale des indus- Une percée évidemment favorisée tries lourdes et de l’ex- par l’Evoque, mais à laquelle la Ltraction minière au cours des municipalité de Liverpool n’est années 1970 et 1980, il profite pas totalement étrangère. « Nous aujourd’hui de la renaissance de étions la seule ville britannique à l’industrie automobile britan- être présente à l’Exposition univer- nique. En héraut de ce surprenant selle de Shanghai, en 2010, et nous retournement, Jaguar Land Rover en avons profité pour faire la pro- (JLR) et son usine de Halewood, motion de nos industries et notam- située à quelques encablures de ment de JLR, ce qui a sans doute Liverpool. Lorsqu’en mars 2009 le profité à l’image de la marque », gouvernement britannique souligne Nick Small. Les deux accorde au groupe – qui vient alors villes sont par ailleurs jumelées d’être racheté par l’indien Tata – depuis 1999. une aide de 32 millions d’euros Même si JLR a"rme être l’un pour le déve- des meilleurs payeurs de la région, loppement Emblème de la marque, un jaguar domine le constructeur a quand même d’une voi- en majesté l’entrée de l’usine de Halewood, obtenu la mise en place de nou- près de Liverpool. [JAGUAR LAND ROVER] 32 ture moins veaux contrats bien moins avan- millions d’euros : polluante, il tageux pour les nouveaux montant de l’aide met comme Ford à Halewood et Vauxhall tisation du métier et la baisse des Beckham ne fait qu’accentuer employés de l’ensemble de ses accordée par c o n d i t i o n (Opel) à Ellesmere fournissaient commandes ont fait plonger le l’hystérie autour de l’Evoque : l’an- usines. Ainsi, lors des deux pre- le gouvernement que celle-ci des emplois à des dizaines de mil- nombre d’ouvriers à 1!300 au pire née dernière, 108!598 Evoque sont mières années, ces salariés sont britannique en 2009, soit fabri- liers d’ouvriers. Ford notamment, de la crise de 2008. écoulées, soit 30,3!% des ventes d’abord sous contrat avec une assortie de quée dans avec Jaguar Land Rover, revendu unitaires de l’ensemble du groupe. société de placement, puis ils l’obligation cette usine à Tata Motors, crise oblige, en VICTORIA BECKHAM ET LE Un incroyable succès. Le rythme passent sous contrat temporaire de produire de la ban- mars 2008. Les usines étaient ins- MEGA-SUCCÈS D’« EVOQUE » des commandes, qui sur place. l i e u e d e tallées sur les berges de la Mersey, « Aujourd’hui, JLR a réussi à oblige dans un premier Liverpool, le fleuve qui traverse Liverpool accroître la production et la produc- temps les clients à Les nouveaux jusqu’alors réservée à la produc- avant de s’infiltrer dans les terres tivité de l’usine grâce au succès de attendre six mois pour employés sont moins tion du Freelander. Le gouverne- et d’effleurer les communes de son modèle Evoque, une Range obtenir leur véhicule, bien payés pendant ment de Sa Très Gracieuse Majesté Halewood et de Speke. Rover 4x4 compact de luxe, et cela force la direction à n’imagine sans doute pas à ce « J’ai commencé à y travailler il y s’est directement répercuté en accélérer les cadences : trois ans. Un sacrifice moment-là l’étendue des boulever- a plus de trente-cinq ans et, à termes d’emplois sur tout le bassin en plus de fonctionner consenti pour sauver sements à venir pour toute cette l’époque, nous étions bien de la Mersey, se félicite Nick Small, vingt-quatre heures sur région. Jusqu’au début des 50!000 ouvriers », se souvient l’un le conseiller municipal de Liver- vingt-quatre pendant une usine, en 2010… années 2000, les constructeurs des anciens « fordistes ». La robo- pool en charge de l’emploi, des cinq jours, et quelques aptitudes et des entreprises. Il heures de plus pendant le week- avec le constructeur. Dans un pre- existe en e"et un important réseau end pour certaines activités de la mier temps, leur rémunération de sous-traitants automobiles, qui ligne de production, 1!000 ouvriers correspond à 70!% du salaire de ont bénéficié des 3 milliards de renforcent les 3!000 déjà en place base en vigueur dans l’usine. livres [3,5 milliards d’euros, ndlr] durant l’été 2012. Ensuite, ils pourront recevoir de commandes que leur a passées 92,5!% de ce salaire de base. JLR depuis trois ans. » 82!% DES VENTES DU MODÈLE « En 2010, ils ont parlé de fermer Pour le lancement de l’Evoque, RÉALISÉES À L’EXPORT!! l’une des trois usines du groupe », l’usine a même doublé le nombre « Preuve de l’intérêt autour de se souvient Ken Smith, le respon- de ses employés lors de la première l’entreprise, nous avons reçu sable du syndicat Unite au sein de moitié de 2011, avant sa commer- 35!000 candidatures, indique Halewood, où il travaille lui- cialisation en septembre. Il faut Richard Else, le responsable de même depuis trente-huit ans. dire que les critiques des maga- l’usine. Nous donnons une forma- « Accepter des salaires moindres zines automobiles britanniques se tion technique à nos ouvriers pen- pour les nouveaux employés n’a révèlent dithyrambiques, avant dant neuf mois, ce qui leur permet évidemment pas été approuvé de même le lancement de la voiture. d’obtenir un diplôme reconnu par bon cœur. Mais cela a permis d’em- Avec un effet immédiat : l’État. Au final, nous sommes pêcher la fermeture et de s’assurer 18!000 préventes enregistrées. aujourd’hui sans doute le plus gros le maintien des emplois ici. » Lors du dernier trimestre 2011, employeur privé de la région et… Le prix à payer, pour les ouvriers, Quasi à l’agonie en 2008, revendue en 2009, l’entreprise paraît 22!710 unités trouvent preneurs. l’un de ceux qui paient le mieux!! » de décennies de délocalisations tirée d’a!aire par l’exceptionnel succès du modèle Evoque, Le lancement en avril 2012 d’une À l’international, le succès de décidées par les industriels bri- qui a conduit au doublement des e!ectifs. [JAGUAR LAND ROVER] série limitée dessinée par Victoria l’Evoque s’avère tout aussi consi- tanniques… T TERRITOIRES / INTERNATIONAL 19 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

la relance de la construction. Cette reprise prématurée fait naître Repères cependant quelques interrogations Le château de Berlin renaît 80 MILLIARDS D’EUROS ( C’est le sur les intentions exactes de la montant des économies prévues chancelière en juin 2010. Avait-elle sur cinq ans par le plan de rigueur doucement de ses cendres voulu montrer l’exemple à ses voi- d’Angela Merkel de juin 2010. sins avec un plan dont les pro- 590 MILLIONS D’EUROS ( C’est LE GRAND À Berlin, la reconstruction du château historique a repris son messes ne seront en définitive pas le coût de la reconstruction du CHANTIER cours après avoir été la grande victime du plan d’économies tenues!? Le symbole du château de château, dont 478 millions Berlin en avait fait l’une des subventionnés par l’État fédéral, allemand en 2010. Un projet local qui continue par ailleurs de faire débat. mesures les plus citées par la 32 millions par la ville-État de Berlin, 80 millions par donations privées. presse, même si son poids dans le MARC MEILLASSOUX, À BERLIN plan d’économies était marginal. 38 MILLIONS ( de surcoûts liés aux trois ans de suspension des a vie politique n’est pas un 60!% DES BERLINOIS SONT travaux. Surcoûts liés à l’in!ation dans la construction, avec 28,5 millions de long fleuve tranquille et le OPPOSÉS AU PROJET surcoûts possibles pour la coupole. château de Berlin peut en « La décision du gouvernement en L 2018 ( Date prévue de la !n témoigner. Détruit pendant la juin 2010 interdisait tout nouveau Seconde Guerre mondiale, rebâti recours à des moyens financiers des travaux. sous la RDA, démoli après la chute pour 2011, 2012 et 2013. La pour- 40 000 m² ( La surface que se du mur de Berlin, l’édifice doit être suite de la planification et les tra- partageront la Bibliothèque reconstruit, mais le feu vert pour vaux préliminaires actuels ont pu nationale, l’université Humboldt sa reconstruction – donné en être financés à partir des fonds res- et la Fondation de la Prusse. 2002 et redonné en 2009 – a été tants des années précédentes », une nouvelle fois suspendu, en tente de se défendre Bernhard juin 2010, par le plan de rigueur Une fois reconstruite, la résidence de la dynastie des Hohenzollern Wolter, porte-parole de la Fonda- fédéral et à hauteur de seulement d’Angela Merkel. En pleine crise accueillera un hôtel de luxe et un centre commercial. [DAVID GANNON] tion du château de Berlin, maître 5!% par la capitale. de l’euro et alors que les yeux du d’ouvrage du projet. Les opposants dénoncent égale- monde sont rivés sur la Grèce, Le château de Berlin est-il le signal finances publiques. Il s’agit par ail- Quoi qu’il en soit, à l’approche de ment la volonté revendiquée de Angela Merkel n’a pas longtemps inespéré d’une reprise économique leurs d’un programme conjoncturel la pose de la première pierre, en créer la plus grande attraction hésité à sacrifier le château de la tant attendue en Allemagne!? Pour de relance, après que le secteur de mai prochain, le projet ne fait tou- touristique de la ville, un « vrai famille des Hohenzollern sur l’au- Wilhelm von Boddien, président la construction publique a particu- jours pas l’unanimité. Un sondage Disneyland », avec notamment son tel de sa rigueur, et à repousser à de l’association de soutien au châ- lièrement souffert de la crise », de l’institut Forza début mars 2013 centre commercial, son hôtel de 2014 le début des travaux. teau de Berlin, cela ne fait pas assure celui qui est en charge de révèle que 60!% des Berlinois sont luxe et son centre de congrès. Ceux- Pourtant, de discrets travaux pré- l’ombre d’un doute… récolter les donations privées. Les opposés au projet. L’ancien chan- ci devront être intégrés à l’ensemble liminaires ont repris dès juin, et il « La reprise de la construction est rentrées historiques d’impôts en celier Helmut Kohl s’est également dessiné par l’architecte Franco est prévu de commencer ceux en naturellement liée au redressement 2012 auraient ainsi poussé la com- o"usqué du fait qu’un projet local Stella. Il a prévu trois façades surface au début de l’été prochain. économique de l’Allemagne et des mission du Parlement à autoriser soit subventionné à 80!% par l’État baroques et une moderne. T

ON EN PARLE À BRUXELLES PAR ROBERT JULES Europe, la tentation de Venise… © DR

réoccupés que nous étions par la crise chy- Les nouveaux postulants en 2014 savent déjà ce qu’ils consensuel mais de négociateur, bien loin de l’image de priote et ses di"érents rebondissements doivent avoir sur leur CV. La France ne peut rien espé- « serpillière » que lui avait attribuée l’imprécateur puis par les aveux de l’ancien ministre du rer, de par son poids économique. Dommage, plusieurs député européen, mais violemment antieuropéen, le Budget Jérôme Cahuzac sur son compte vétérans ou futurs vétérans de la vie politique hexa- Britannique Nigel Farage. En e"et, dans la crise grave en Suisse, nous n’avons pas prêté attention gonale comme Villepin, Rocard, Ra"arin, auraient pu que traversent l’Union européenne et la zone euro, c’est Pà deux annonces récemment faites à Bruxelles. D’abord, se présenter. bien Herman Van Rompuy et son équipe qui œuvrent celle de Herman Van Rompuy. Le président belge du Sortis de ces quelques ressemblances, José Manuel infatigablement en coulisses pour que les Conseils Conseil européen a annoncé à la mi-mars que la fin de Barroso et Herman Van Rompuy n’ont rien en commun. européens soient le moins négatifs possible. C’est ce qui son mandat, prévue le 1er décembre 2014, marquerait Le premier est réputé pour la souplesse de son échine, a valu au président du Conseil de voir son mandat la fin de sa carrière de responsable politique. ce qui lui permet d’être le plus petit dénominateur com- renouvelé en 2012 comme une simple formalité. En IL Y A EU ENSUITE, DÉBUT AVRIL, les propos du mun face aux 27 membres de l’UE. Lors du renouvelle- 2014, il pourra donc s’adonner à sa passion pour les président de la Commission européenne. Le Portugais ment de son mandat, il avait ainsi reçu un soutien appuyé haïkus, ces brefs poèmes japonais à la structure inva- José Manuel Barroso a laissé entendre, lui, qu’il pour- de Nicolas Sarkozy, qui pourtant ne l’avait guère ménagé riable qui concentrent l’essentiel d’une pensée et dont rait solliciter un nouveau mandat – le troisième – en auparavant. José Manuel Barroso a su garder de son il est friand au point d’en rédiger lui-même. octobre 2014, au terme de celui qu’il exerce. Ces deux passé de leader maoïste de la période postrévolutionnaire POUR JOSÉ MANUEL BARROSO, un troisième man- personnalités représentent les instances européennes portugaise non pas la fougue enflammée des appels au dat pourrait être celui de trop. Ses détracteurs devraient avec, il est vrai, la baronne britannique Catherine changement, mais la dialectique patiente. faire valoir son manque d’imagination et d’audace dans Ashton, première vice-présidente de la Commission, LE SECOND A UNE RÉPUTATION d’excellent négo- la recherche d’une solution à la crise. Tout son second en charge de la diplomatie européenne. Mais en raison ciateur. Il l’avait déjà prouvé lorsque le roi de Belgique mandat aura consisté à accompagner la crise sans de sa discrétion médiatique, renforcée par quelques l’avait nommé Premier ministre en calmant une classe jamais pouvoir influer sur les événements. Ainsi, le ga"es, cette dernière est reléguée au second plan. politique hystérique, à deux doigts de se lancer dans commissaire finlandais sur les questions budgétaires, Di#cile de trouver deux personnalités aussi di"érentes une partition du pays. C’est ce profil que les chefs d’État Olli Rehn, brille davantage depuis quelque temps. Peut- que le Belge et le Portugais. Ils ont toutefois quelques européens, jaloux de leurs prérogatives, ont choisi pour être le moment est-il venu pour José Manuel Barroso points communs : avoir été Premier ministre, parler inaugurer ce nouveau poste de président du Conseil de quitter sa tour d’ivoire bruxelloise et de mettre son plusieurs langues, et venir d’un « petit » pays – à ne pas européen en 2009, en vertu d’une nouvelle disposition savoir-faire au service de son pays, qui subit une poli- prendre comme un jugement de valeur!! – de l’Union. contenue dans le traité de Lisbonne. Un profil non pas tique d’austérité des plus rudes… T 16 TERRITOIRES / FRANCE LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

Comment la Côte d’Azur entend rester la vedette des tournages

La CCI de Nice, la commission du film et le comité régional du tourisme financière en retour. Les retom- MARKETING de Côte d’Azur ont décidé de s’allier – une fois n’est pas coutume – pour attirer bées économiques et celles en TERRITORIAL les productions de films et a!ronter la concurrence des autres régions. termes d’image pour la ville s’en chargent. Depuis, Jean-Pierre Leleux a convaincu certaines communes qui demandaient à LAURENCE BOTTERO, À NICE être rémunérées d’abandonner uel est le point leurs exigences. « Un tournage commun entre doit être perçu comme un investis- Albert Spaggiari sement », estime-t-il. (incarné par Jean- Paul Rouve) sau- METTRE SES ATOUTS EN Qtant de la fenêtre du palais de jus- AVANT POUR LES TOURISTES tice de Nice et Grace de Monaco Dans le rôle du « technicien », (jouée par Nicole Kidman) mon- la CCI s’e"orce depuis un an de tant les marches de la basilique structurer la filière en rassem- Saint-Michel-Archange!? Celui blant les producteurs, les créa- d’avoir pour toile de fond la Côte teurs de contenu, les prestataires d’Azur. Tout comme les 305 films, techniques et les entreprises de documentaires, séries télé, publi- postproduction ou d’e"ets spé- cités et autres shootings photo mis ciaux. Le but : connaître leurs en boîte en 2012. Les palmiers, le besoins, identifier les manques, soleil, la Grande Bleue et les mon- relever les attentes. Parallèle- tagnes en arrière-plan ne sont pas ment, un consortium d’entre- étrangers à la chose. Logiquement prises de l’image et du son 3D identifiée « cinéma » – merci le s’est créé en février 2012 à Sophia Festival de Cannes!! –, la région Repères Antipolis. La technopole est un est aussi riche de quelque véritable vivier de jeunes pousses 420 entreprises spécialisées dans 2 321 ( C’est le nombre innovantes fortement orienté de tournages réalisés depuis 1999 l’image et l’audiovisuel, dont le sur la Côte d’Azur. vers les TIC. leader mondial de la numérisation Pour la mise en images, enfin, des salles de cinéma, Doremi 4 MILLIONS ( C’est le nombre les professionnels du tourisme Technologies, sans oublier le de touristes étrangers qui ont La série américaine Crossing Lines, qui sera bientôt di!usée multiplient les initiatives. « Les choisi la France comme sur NBC, a installé ses caméras sous le soleil niçois. [CROSSING LINES] centre de R&D de Dailymotion destination après avoir vu un !lm destinations qui utilisent le installé à Sophia Antipolis. « Le tourné sur place. cinéma pour renforcer leur attrac- cinéma est une industrie porteuse Belgique, du Luxembourg, du Dans le rôle de facilitateur, la tivité gagnent des places au box- pour notre territoire », martèle DE 210 À 230 MILLIONS Québec ou des pays de l’Est… commission du film conseille et office », observe Éric Doré, le D’EUROS ( C’est le chiffre Bernard Kleynho", le président d’affaires réalisé en 2012 par la Alors, pour ne pas se laisser accompagne les projets de tour- directeur général du CRT de de la chambre de commerce et !lière des industries de l’image et souffler la vedette, la chambre nage. Et son président depuis sa Côte d’Azur, qui a confié à deux d’industrie Nice Côte d’Azur. de l’audiovisuel de la Côte d’Azur. consulaire, la commission du film création en 1999, le sénateur et blogueurs – l’un écossais, l’autre et le comité régional du tourisme maire de Grasse Jean-Pierre anglais – la réalisation de filmtra- L’ART DE SÉDUIRE LES (CRT) de Côte d’Azur ont décidé Leleux, sait de quoi il retourne. vellercotedazur.com, un blog en DÉCIDEURS AUDIOVISUELS le soleil si d’autres territoires ne de faire équipe et d’écrire le scé- En 1995, il « rattrape » de jus- anglais qui met en valeur les lieux En 2012, ce sont 29,5 millions manifestaient pas leur désir de nario d’une stratégie de conquête tesse le tournage de la série Dans de tournage, les artistes, et d’euros qui y ont été dépensés, voir les projecteurs également multicanaux. « Notre objectif est un grand vent de fleurs, di"usée raconte moult anecdotes… Avant générant 68 millions d’euros de braqués sur eux. L’Île-de-France de développer une image lisible et l’année suivante sur France 2 qui l’été, un concours via Facebook, retombées économiques indi- et la région Rhône-Alpes sont attractive pour séduire les déci- avait opté pour le Maroc plutôt évidemment anglé cinéma, sera rectes et 29!391 nuitées hôtelières. parmi les concurrents sérieux. deurs de la filière audiovisuelle », que pour la cité des parfums. Il ne même lancé. Pas de doute : faut Tout irait donc pour le mieux sous Sans parler de l’Angleterre, de la explique Bernard Kleynho". demande aucune compensation que ça tourne!! T

FOCUS

À Cannes, marier cinéma et technologie En 2017, le technopôle Bastide-Rouge installé synergies peuvent être créées, l’émulation est à Cannes accueillera sur 4 hectares un centre favorable, on sent que le territoire bouge », de formation orienté cinéma et technologies assure Sébastien Aubert, le directeur d’Ad Astra. numériques, une pépinière d’entreprises de « Se regrouper, se parler, c’est indispensable », 800 m2, un hôtel d’entreprises de 2"000 m2, un renchérit Dominique Graziani. Le patron de « fab lab » pour la réalisation des prototypes Machina Films, société de postproduction des produits high-tech et un laboratoire d’ima- basée à Nice, note néanmoins qu’il « manque gerie numérique. Première entreprise à avoir des productions installées dans le département intégré la pépinière, pour l’heure hébergée et qui feraient travailler les autres entreprises dans des locaux municipaux, la société de pro- du secteur ». Pour Sébastien Aubert, le maillon duction Ad Astra Films le reconnaît : « Les faible, ce sont « les professionnels spécialisés compétences sont peu utilisées, il y a de vrais cinéma, comme les banquiers, experts-comp- talents cachés » sur la Côte d’Azur. Mais « des tables et avocats ». Avis aux intéressés… T Le parc du Mercantour, un site majestueux pour le tournage de Minuscule. [DR] TERRITOIRES / FRANCE 17 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

Alors que l’Union européenne fixera dans les prochains mois le budget de la politique de cohésion pour LE FOCUS la période 2014-2020, les chantiers et entreprises d’insertion revendiquent la paternité de nombreux métiers DE LA SEMAINE verts. Ils voudraient la constitution d’une vraie filière pour éviter que le privé marche sur leurs plates-bandes. À Nantes, l’insertion surfe sur la vague des « métiers verts »

FRÉDÉRIC THUAL, À NANTES Repères lue capitale verte de l’UE pour l’année 2013, 1 250 Nombre d’entreprises d’insertion, en France, pour un Nantes Métropole n’a chiffre d’affaires de 800 millions pas voulu laisser pas- d’euros. ser l’occasion de bra- quer les projecteurs sur les nom- 600 MILLIONS D’EUROS Masse É salariale redistribuée par les breuses initiatives qui, sur son entreprises d’insertion pour une territoire, tentent de conjuguer aide de l’État de 140 millions écologie et insertion. C’est ainsi d’euros. que vient d’être organisée dans la ÉCOFILIÈRE EN PAYS DE LA LOIRE capitale ligérienne une table 2 430 COOPÉRATIVES ET ronde sur les filières vertes et 2 702 ASSOCIATIONS dont 42 % l’insertion, à l’instar de celle qui dans l’agriculture, 23 % dans les s’est tenue à Paris en octobre der- déplacements, 18 % dans la gestion des déchets, 6 % dans le nier. Pour montrer les enjeux de bâtiment, 3 % dans les énergies l’insertion, le moment ne doit renouvelables et 8 % dans les rien au hasard : l’une de ses autres secteurs. sources de financement sera décidée dans les prochains mois à Bruxelles à l’occasion du vote du budget de la politique de cohé- sion 2014-2020 de l’UE.

UN TICKET D’ENTRÉE DE PLUS EN PLUS ÉLEVÉ Le secteur de l’insertion reven- dique d’avoir fait émerger de nom- breux « métiers verts » et entend Que ce soit dans l’agriculture, le bâtiment, la gestion des déchets, les énergies renouvelables ou, comme ici, le nettoyage des algues vertes, la filière verte a un fort besoin de main-d’œuvre. [PIERRE TORSET] à présent changer d’échelle. « Très souvent, les filières vertes ont été pionnières dans le développement d’Union, qui ont adapté leur pro- Justine Jourdain, chargée de mis- « Nous manquons de visibilité », d’activités. À tel point que ça inté- jet de développement économique sion Europe et développement du reconnaît pour sa part Élise Bou- resse de plus en plus de monde et Nous avons aux contraintes sociales (net- Cnei, dont un tiers des 600 adhé- yer, déléguée régionale de l’Urei. que le ticket d’entrée devient de développé toyage des bureaux en journée, rents interviennent dans la filière Faute de moyens pour développer plus en plus élevé, reconnaît «et mutualisé de utilisation de produits écolo- verte. « Il y a de gros enjeux autour la R&D et attirer de nouvelles Michel Plaze, conseiller munici- véritables savoir- giques, mise en œuvre de VAE de l’économie verte. C’est compétences, le marché pal de la ville de Nantes et [validation des acquis de l’expé- pourquoi nous nous du « vert » est de plus en membre du conseil communau- faire [dans des rience] collectives, de formations e!orçons de préparer le 300!000 plus convoité par des taire de Nantes Métropole. À nous secteurs] laissés qualifiantes, ouverture aux public et les filières en heures de TPE, des PME et de d’être vigilants et attentifs aux à l’abandon. » femmes de métiers masculins, intervenant auprès des travail ont été grands groupes attirés solutions émergentes. De voir com- etc.). « Malgré la crise et le taux de branches profession- réalisées par par des marchés émer- ment on peut les aider par des FRANÇOIS PASTRE, DÉLÉGUÉ chômage, on a de plus en plus nelles et à travers la for- 773 personnes gents devenus porteurs. GÉNÉRAL DE CHANTIER ÉCOLE financements complémentaires besoin de main-d’œuvre dans le mation des demandeurs grâce à « Nous nous sommes ins- PAYS DE LA LOIRE l’introduction, lors de commandes publiques ou en maraîchage, dans le tri des déchets, d’emploi et de l’encadre- en 2012 tallés sur des niches, nous étant un facilitateur. Car les struc- chez les viticulteurs… où, par ment. L’enjeu porte aussi de clauses avons développé et tures d’insertion sont soumises à exemple, l’application de dans le changement d’insertion mutualisé de véritables des contraintes économiques et à Chantier école Pays de la démarches qualité ou l’élaboration d’échelle. Je n’ai pas dans les savoir-faire dans la for- fortes. Et à une inadéquation entre Loire – représentent aujourd’hui de vin pétillant imposent le recours envie de voir les métiers commandes mation, l’innovation, publiques leurs charges et leurs ressources. » 88 structures (environ 50!% de à des travaux manuels pour la verts et l’insertion comme de Nantes l’accompagnement social, Et en premier lieu à un numerus l’e#ectif régional), qui ont pris en taille, l’ébourgeonnage, la mise en une niche ou un panse- Métropole. aujourd’hui laissés à clausus qui limite à 14!500 le charge environ 3!550 personnes bouteille, etc. », explique André ment, renchérit Jean- l’abandon. Or cette minu- nombre d’emplois conventionnés éloignées de l’emploi. De 30!% à Talaszka, président de l’Urei. Philippe Magnen, vice- tie de travail n’aurait pas par l’État et Pôle emploi dans les 60!% d’entre elles, selon leur sta- président du conseil régional des été possible dans une grosse entre- entreprises d’insertion soutenues tut, œuvreraient dans les métiers 100!000 NOUVEAUX Pays de la Loire, en charge de prise », observe François Pastre, par des aides publiques à hauteur verts. Plus globalement, les éco- EMPLOIS EN QUATRE ANS l’apprentissage de la formation et délégué général de Chantier école de 10!% à 20!%. Pour les ateliers et filières (agriculture, bâtiment, Pour la fédération nationale (le de l’emploi, et porte-parole Pays de la Loire, qui réclame chantiers d’insertion, l’interven- déchets, énergies renouvelables, Comité national des entreprises d’Europe Écologie-Les Verts davantage de passerelles entre les tion de l’État s’élève elle à 80!%. déplacements) compteraient d’insertion, Cnei), l’objectif est de (EELV). Il y a encore un réel structures d’insertion et l’écono- Nées au début des années 1980 5!132 emplois, soit 3,4!% de l’em- passer de 48!000 à 150!000 per- manque de fonds pour développer mie classique. 20!% des e#ectifs dans les Pays de la Loire, les ploi de l’économie sociale et soli- sonnes en parcours d’insertion une vraie filière technologique. » passés par les structures d’inser- entreprises et chantiers d’inser- daire (ESS) dans la région. d’ici à 2017. « Et pour y parvenir, L’élu du conseil régional vient de tion retrouvent un emploi en CDI tion – a"liés à l’union régionale À l’instar des entreprises d’in- l’un des leviers de croissance, ce faire éditer un guide des forma- ou en CDD à l’issue de leurs des entreprises d’insertion (Urei) sertion ADC Propreté ou Trait sont les filières vertes », souligne tions à 50 métiers verts. missions. T 20 VOS FINANCES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

S’intéresser aux pays émergents trouve toute sa légitimité à l’heure où l’Europe sombre dans la récession. LE BON Une idée d’autant plus judicieuse que l’univers des émergents est large, diversifié, et que les outils pour investir PLAN sur cette zone sont très nombreux. Jouer les marchés émergents, une idée pas si saugrenue

PASCALE BESSES-BOUMARD très porteuses. En particulier au DES PERFORMANCES FLATTEUSES AUSSI BIEN POUR LES ACTIONS QUE POUR LES OBLIGATIONS regard des anticipations de crois- as confiance dans la sance, largement supérieures à capacité de rebond NOM DU FONDS PERFORMANCE SUR UN AN PERFORMANCE SUR TROIS ANS celles de l’Europe ou des États- des marchés finan- Unis. Selon les estimations de cette FONDS ACTIONS PAYS ÉMERGENTS ciers européens!? filiale du Crédit agricole, les pays L’avenir incertain de First State Global Emerging Markets + 23,5 % + 54,7 % émergents devraient globalement Pla zone euro est-il un sérieux han- EasyETF BNP Paribas Next 11 Emerging + 23,3 % + 32,2 % a#cher un PIB en hausse de 5,7!% dicap pour les sociétés du Vieux en 2013, celle de l’Asie (hors Continent!? La récession qui sévit Aberdeen Global Emerging Markets Smaller Companies + 22,6 % + 64,2 % Japon) devant atteindre 6,7!% et sur la région menace-t-elle l’ave- Reyl (Lux) Global Emerging Markets Equities + 21,7 % + 52,8 % celle de la Chine 8!%. Aux États- nir de toutes ses entreprises!? Unis, cette croissance ne devrait BL Emerging Markets + 19 % + 41,9 % Face à ces questions sans véritable pas dépasser 2,3!%. C’est mieux réponse aujourd’hui, il existe un FONDS ACTIONS INDE toutefois qu’en Europe, où le PIB autre moyen First State Investments Indian Subcontinent + 12,9 % + 28,9 % pourrait s’inscrire en recul de d’aller capter 0,2!% confirmant l’évolution globa- des rende- Aberdeen Global Indian Equity Fund + 9,8 % + 18,2 % lement déflationniste de la zone. 5,7!% ments inté- Schroder ISF Indian Equity + 9,3 % - 1,2 % c’est la hausse ressants pour CÔTÉ ACTIONS, UNE Amundi Funds Equity India + 9,2 % - 5,9 % globale du PIB ses place- PRÉFÉRENCE POUR LE BRÉSIL annoncée pour Goldman Sachs India Equity Portfolio USD Base + 9,1 % + 11,9 % les pays ments. Focali- « Miser sur les pays émergents émergents ser son atten- FONDS OBLIGATIONS PAYS ÉMERGENTS est donc intéressant et ne relève en 2013. tion sur les absolument pas d’un e!et de mode. Worldwide Investors Ptf Emerg. Markets Fixed Income Contre 2,3!% pays émer- + 16,3 % + 38,6 % Les chi!res sont là pour en témoi- aux États-Unis, gents en fait (Oppenheim Asset Management) gner. Même si cette zone a récem- et la récession notamment Pioneer Emerging Markets Bond + 16,3 % + 38,7 % ment connu une période de turbu- en Europe. partie. D’au- lences, elle est à la tête d’un Templeton Emerging Markets Bond Fund + 16,2 % + 31,9 % tant qu’il est formidable gisement d’opportuni- faux de croire que miser sur cette Edmond De Rothschild Emerging Bonds + 16,1 % + 28,8 % tés, et ce sur le long terme. Côté large zone géographique est une Dexia Bonds Emerging Markets Classic + 15,5 % + 43,5 % actions, je suis plus particulière- galère sans nom et coûteuse. Car ment favorable à celles du Brésil, pour jouer la croissance de ces Performances au 28 mars 2013 - Source : Europerformance A Six Company qui profite d’un environnement pays, on a un large choix. Tant positif, même si l’inflation demeure dans les outils disponibles que sont pas totalement dénuées de Reste à savoir quelle zone émer- « Le marché boursier indien a été élevée. Côté obligations, je préfère dans la stratégie d’investissement. risque. Pour ceux qui ont des gente est la plus pertinente en ce relativement volatil ces derniers celles à haut rendement en dollars, Les outils d’abord. Compte tenu convictions fortes sur l’avenir de moment, sachant que les perfor- mois. Le pays a besoin de clarifier de l’essor économique des pays dits certains pays, il existe également mances boursières des actions ou de toute urgence son système de émergents (la Chine et la Russie des ETF (fonds indiciels aussi des obligations de ces pays ne sont droits de propriété et sa fiscalité. L’une des relèvent notamment de cette ter- liquides que des actions et peu pas forcément étroitement corré- Des litiges trop nombreux ont miné priorités minologie, mais sont-ils toujours chargés en frais) répliquant les lées avec le rythme de croissance. la confiance des investisseurs. Pour vraiment émergents!?), les établis- indices de ces zones. « D’après notre équipe, certaines que l’Inde devienne plus prospère, «claires de l’Inde sements financiers ont développé des opportunités les plus intéres- il faut accroître l’emploi, la pro- est de favoriser de nombreux vecteurs, de manière SÉLECTIONNER LE BON santes dans l’univers des petites ductivité et l’innovation. La tâche l’investissement à permettre un investissement plus BINÔME PAYS-SECTEUR entreprises dynamiques, mais est rude, mais de nombreuses rai- rigoureux et moins coûteux que Côté stratégie d’investissement, délaissées par les investisseurs, se sons nous poussent à être opti- étranger. » l’achat et la vente en direct d’ac- il n’est pas obligatoire d’aller jouer situent actuellement en Chine, en mistes. Le gouvernement a initié CHETAN SEHGAL, DG INDE tions sur des marchés pas toujours en direct les marchés émergents. Asie du Sud-Est, notamment au des mesures pour stimuler la crois- CHEZ FRANKLIN TEMPLETON très transparents. Ainsi, il existe Il peut être tout aussi judicieux Vietnam, et au Brésil. D’une façon sance via des politiques plus e"- une très large palette de Sicav et d’aller chercher les entreprises générale, les secteurs de la caces. Le ministre indien des FCP dédiés soit globalement à nationales ou européennes les consommation, de la santé, de Finances a récemment a"rmé sa mais aussi celles de la Russie, de la cette zone, soit plus spécifique- plus exposées sur ces zones et réa- l’industrie et des infrastructures volonté d’endiguer le déficit cou- Turquie, de la Roumanie et de ment à certains pays (Inde, Asie lisant l’essentiel de leur chiffre légères o!rent à l’heure actuelle rant tout en augmentant parallèle- l’Afrique du Sud en monnaie hors Japon, Chine, etc.). d’a"aires avec les émergents. Avec des opportunités particulièrement ment les dépenses des programmes locale », affirme Marie-Aude Toujours via les OPCVM, on peut l’avantage, dans ce cas, de pouvoir attractives. Le Brésil privilégie de protection sociale. L’une des Laurent, gérante de portefeuille également s’intéresser aux pro- intégrer ces investissements dans nettement la construction de autres priorités claires est de favo- chez Amundi qui vient justement duits obligataires, pour ainsi jouer un PEA qui exonère les plus- routes et de liaisons de transports, riser l’investissement étranger », de créer un fonds diversifié sur les l’engouement des investisseurs values au-delà de cinq ans de tandis que l’Inde met l’accent sur a#rme de son côté Chetan Sehgal, marchés émergents. pour la dette des pays émergents détention. Soit une aubaine dans les secteurs de la santé et de la chef des investissements et direc- L’intérêt, il est vrai, du thème mais aussi celle des entreprises (y le paysage fiscal actuel. Certains pharmacie. Dans le même temps, teur général Inde chez Franklin des pays émergents réside dans compris en devises locales, ce que ETF construits à partir de en Indonésie, le nombre de Templeton. leur diversité, leur absence quasi recommandent d’ailleurs beau- contrats swaps (dérivés) peuvent consommateurs s’accroît rapide- Chez Amundi Asset Manage- totale de synchronisation des coup de spécialistes). Avec ici aussi permettre d’incorporer un ment », souligne Mark Mobius, le ment, les gérants privilégient clai- cycles économiques et la disparité l’assurance d’investir sur des pro- indice exotique dans son PEA. grand spécialiste des pays émer- rement le thème des pays émer- des supports d’investissement. duits plus sécurisés que les actions, Pour cela, il faut en parler préci- gents au sein de la société de ges- gents, en raison notamment des C’est là aussi d’ailleurs que même si les obligations d’État ne sément avec son intermédiaire. tion Franklin Templeton. données fondamentales toujours résident les risques. T LES ANALYSES 21 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE

IMMOBILIER : COMMENT REMETTRE DES MAISONS ÉVÉNEMENT DANS LES VILLES!? Au regard de la demande soutenue des Français pour habiter dans des maisons, les aménageurs-lotisseurs prônent la réintégration de leur construction dans les plans d’urbanisme. Une façon, aussi, de limiter l’étalement urbain.

aut-il remettre la construc- président du Syndicat national des aména- tion de maisons au centre geurs-lotisseurs (Snal). des documents d’urba- Du coup, les ménages se reportent vers les nisme!? C’est en tout cas ce logements individuels en secteur diffus, que demandent les aména- c’est-à-dire les maisons construites seules geurs-lotisseurs de France. et qui ne font pas partie d’un programme Pour limiter l’étalement de lotissement. Ils sont en revanche urbain, ils militent ainsi pour que de nou- contraints de construire leur maison loin Fvelles zones d’aménagement mixte, qui des zones urbaines, là où les documents contiennent des logements individuels et d’urbanisme sont plus souples. De ce point collectifs, se montent en périphérie des de vue, « on contribue à développer l’étale- grandes villes. Ce n’est pas le cas pour l’ins- ment urbain au lieu de le maîtriser », tant, car les élus concernés privilégient les déplore Roger Bélier. In fine, « nous assis-

© DR immeubles aux maisons, tons à une déprise de la MATHIAS par souci de densité maîtrise par les collectivi- Comprendre l’actualité pour THÉPOT notamment. Les ménages tés de la production de JOURNALISTE AU Les mises en chantier sont contraints maisons », ajoute-t-il. mieux gérer son patrimoine SERVICE FINANCE de maisons en lots amé- En plus de ramener les nagés, davantage maîtri- «de construire leur ménages à proximité des sées par les collectivités, maison loin des centres urbains, et donc « ont ainsi baissé de villes, là où les de leur lieu de travail, le 50!% depuis 2006 », soit développement de zones le plus fort recul parmi règles d’urbanisme d’aménagement mixte Conférence animée par tous les types de loge- sont plus souples. » permettrait de favoriser ments, indique Laurent l’économie d’espaces. Le Escobar, directeur asso- Snal et le cabinet Adé- Pascale Besses-Boumard cié du cabinet Adéquation, spécialisé dans quation estiment en e"et qu’aujourd’hui la Chroniqueuse à La Tribune les observatoires des marchés immobiliers densité dans les zones d’aménagement du neuf. Ce refus de construire des maisons mixte est de l’ordre de 32 à 38 logements en lots aménagés près des centres urbains par hectare, là où le chi"re idéal de 40 loge- « n’e"ace en revanche pas la demande. En ments par hectare est souvent avancé pour avec la participation de effet, 80!% des Français souhaitent vivre les zones périurbaines. dans une maison », indique Roger Bélier, le Aujourd’hui, le secteur des maisons en Frédéric Vernhes lots aménagés n’inclut que 18 logements par hectare. Il faut dire qu’il se situe à plus 1er Vice-président de la Chambre de commerce de 80!% dans les zones où la demande de et d’industrie de région Paris Ile-de-France logements est la moins forte (zones B2 et C). Pis encore, le secteur de l’individuel di"us, également très éloigné des centres urbains, comportait en 2012 environ huit Prochaine rencontre à Paris logements par hectare. Moins organisé, il est également quatre fois plus consomma- teur de surfaces que le secteur de l’indivi- Vendredi 26 avril 2013 duel aménagé, selon le Snal. à 8h30 LES MAISONS MOINS CHÈRES QUE LES LOGEMENTS DANS LES IMMEUBLES En matière de prix à l’achat pour les ménages, intégrer davantage de maisons Novotel Paris Tour Ei! el dans des zones plus tendues pourrait en outre avoir un impact positif. Laurent 61, quai de Grenelle - 75015 Paris Escobar indique que le coût de revient d’un logement dans un immeuble est Inscrivez-vous aujourd’hui une fois et demie plus élevé que celui d’une maison. Il l’explique par des honoraires de gestion plus importants facturés par les promo- teurs, des coûts supplémentaires liés par exemple aux parties communes des loge- ments collectifs ainsi que par le prix du foncier plus important dans les zones urbaines, là où sont construits les avant le 22 avril immeubles. Les aménageurs-lotisseurs devraient en revanche voir ce dernier poste Inscriptions et renseignements : de coût croître mécaniquement s’ils réus- La construction de maisons en lots aménagés sissent à investir les zones proches des [email protected] a baissé de 50!% depuis 2006. [PHILIPPE HUGUEN/AFP] centres urbains. T 22 LES ANALYSES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

AUTOMOBILE : LES MOTEURS HYBRIDES… EXPLOSENT

Après les Toyota, Honda et Peugeot, voici Volkswagen qui commercialise sa Jetta en d’autonomie, comme la fameuse Chevrolet Volt attendant la Golf, Volvo sa V60 Plug-in, Ford son C-Max, BMW sa gamme « i ». américaine. Il s’agit à la base d’un véhicule élec- Plusieurs technologies sont en jeu. Le marché s’annonce très prometteur. trique, mais avec l’appoint d’un moteur thermique permettant de rouler aussi à l’essence en cas de besoin. Et la Volt ne sera bientôt plus seule car, à la es hybrides!? Ces voitures « vertes » une fiscalité très favorable dans l’Hexagone, la di"é- fin de l’année, BMW va commercialiser une i3 élec- qui combinent moteurs thermique rence n’est plus que de 6!800 euros une fois les super- trique « high-tech » avec en option un… prolonga- et électrique sont en vogue. Elles bonus déduits, la Prius Plug-in étant teur d’autonomie. De quoi porter le permettent de réduire sensiblement a#chée alors à 32!000 euros. rayon d’action du véhicule à les émissions de gaz à e"et de serre, Le suédois Volvo commercialise Toyota 250 kilomètres. tout en préservant l’autonomie pour sa part sa V60 Plug-in Hybrid, a franchi Champion, et de loin, des ventes comme sur un véhicule classique. le premier hybride rechargeable au d’hybrides, Toyota a franchi début Contrairement à l’électrique pur, les modèles hybrides monde avec une motorisation diesel. «la barre des 2013 la barre des 5 millions de véhi- Lsont en e"et utilisables comme n’importe quelle voi- La firme de Göteborg – propriété du 5 millions de cules « full hybrid » vendus au cumul ture traditionnelle. Un avantage certain. Mais, évi- chinois Geely – prévoit 1!000 exem- véhicules “full en quinze années. Il en a écoulé demment, au prix d’une technologie coûteuse. Après plaires en 2013 (dont une centaine 1,22 million rien qu’en 2012, soit les deux pionniers nippons Toyota et Honda, rejoints pour la France) et de 4!000 à 6!000 hybrid” vendus 14!% de ses volumes totaux. 55!% de – dans de modestes proportions – par les américains en 2014. Le prix est il est vrai très en quinze ans. » ses hybrides ont été livrés au Japon,

© DR Ford et GM, les allemands se sont mêlés à la bataille, élevé : 61!150 euros l’unité. Mais la 27!% aux États-Unis. Cette année, ALAIN- sur le très haut de gamme, puis le groupe français PSA. batterie de ce break de gamme Toyota compte vendre 18!% de ses GABRIEL Aujourd’hui, l’o"re explose. Volkswagen lance ainsi moyenne supérieure o"re une autonomie en ali- véhicules en version hybride sur le Vieux Continent. VERDEVOYE (en France) une berline compacte Jetta hybride com- mentation électrique pure jusqu’à… 50 kilomètres. Honda, qui a passé à la fin septembre 2012 le cap du GRAND REPORTER binant une motorisation essence de 150 chevaux et un Pas mal. million écoulé en treize ans, a vendu l’année dernière AU SERVICE moteur électrique de 20, au même prix qu’un diesel de dans le monde près de 150!000 véhicules ther- ENTREPRISES 105 chevaux seulement (une fois le super-bonus PLUS DE 6!% DE LA PRODUCTION miques-électriques. Chevrolet a vendu de son côté déduit). Soit un tarif raisonnable de 27!500 euros. MONDIALE EN 2020 22!850 Volt dans le monde en 2012. Quant à PSA BMW redescend aussi en gamme, avec sa Série 3 L’an prochain, Volkswagen se mêlera également à Peugeot Citroën, il a atteint les 20!960 avec sa tech- ActiveHybrid de… 340 chevaux. La bavaroise est la bataille des hybrides rechargeables, puisqu’il pla- nologie diesel-électrique. Le français vise les quand même à 54!700 euros!! Après les hybrides, voici nifie une compacte Golf en version hybride (essence) 40!000 unités cette année. maintenant le temps des hybrides rechargeables, per- Plug-in. Ford doit également commercialiser en Le marché mondial des hybrides et hybrides

mettant de faire passer l’autonomie en mode élec- 2014 son monospace------compact C-Max en versions rechargeables s’annonce donc très prometteur. Il trique de 2… à 25 kilomètres pour la Toyota Prius hybride et hybride rechargeable, qui existent déjà devrait plus que doubler d’ici à 2017, passant de 1,8!% Plug-in, commercialisée en septembre dernier dans outre-Atlantique. de la production planétaire à près de 5!% en 2016 et l’Hexagone. Le tarif est certes supérieur de 9!000 euros Et ce n’est pas fini. Car il y a également au pro- à presque 6,3!% en 2020, selon les prévisions du à celui d’une Prius simplement hybride. Mais grâce à gramme les voitures électriques avec prolongateur consultant PWC. T

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ET SI L’EUROPE MANQUAIT D’UNE NOUVELLE MARGARET THATCHER!?

L’ancien Premier ministre britannique avait de nombreux défauts mais pouvait se prévaloir de deux qualités : le refus de céder à l’impuissance et la cohérence dans la conduite de son action. Ce qui manque aujourd’hui cruellement aux politiques européens.

e décès de Margaret Thatcher relancera sans doute la contro- verse sur les méfaits supposés ou les bienfaits espérés du « libéra- lisme. » À l’heure où l’Europe subit une vague d’austérité sans précé- dent et tente de réduire à tout prix la dette publique, ce débat est inévitable, mais il Lrisque d’être aussi vain que celui qui oppose depuis des décennies les sectateurs de John Maynard Keynes à ceux de Friedrich Hayek. Car si l’« ultra- libéralisme » avait triomphé avec Margaret That- cher au Royaume-Uni, avant de se répandre dans

© DR le monde entier, comme on l’entend souvent, il n’y ROMARIC aurait sans doute pas eu de crise de la dette GODIN publique. Et si l’on n’avait pas libéralisé les marchés RÉDACTEUR EN CHEF financiers à partir des années 1980 – en grande par- ADJOINT tie pour faciliter le financement des États –, on SERVICE FRANCE n’aurait pas connu dans les années 2000 cette financiarisation de l’économie dont on paie encore aujourd’hui les conséquences. La réalité est souvent plus complexe que les théories.

AU BORD DE LA RUPTURE, LE PAYS ÉTAIT Angela Merkel se présente volontiers comme « la Thatcher TÉTANISÉ, INCAPABLE DE CHANGEMENT allemande ». La « dame de fer » de la rigueur européenne manque pourtant souvent de cohérence idéologique… [RONNY HARTMANN/AFP] La vraie leçon de la carrière politique de la Dame de fer est peut-être ailleurs. Elle est dans sa vision de la politique. Une vision qui semble avoir entiè- position réelle : celle d’un pays ayant décliné depuis quotidien des a!aires courantes, dans l’intérêt de rement disparu en Europe aujourd’hui. Margaret la fin de la guerre et n’ayant plus les moyens de leur propre reconduite aux a!aires. Face à une crise Thatcher a pris les rênes d’un Royaume-Uni au l’État omniprésent des années 1940-1960. Peu de l’ampleur de celle que l’on vit en Europe, ils n’ont bord de l’e!ondrement politique, économique et importe finalement de savoir si son action a réelle- d’autres réponses que celle de l’ampleur de la crise moral. Aucune majorité ne s’était dégagée des deux ment été utile, si le Royaume-Uni en a finalement elle-même et « l’absence d’alternative » à des poli- élections de 1974 : le pays avait dû réclamer l’aide profité, si elle n’a pas surtout profité de la conjonc- tiques imposées par les intérêts électoraux. Angela du FMI, son industrie s’était délitée beaucoup plus ture mondiale à partir de 1982 : elle a prouvé qu’il Merkel, qui, lors de la campagne électorale alle- vite que celles des autres puissances européennes. y avait une alternative au wishful thinking, à la ges- mande de 2005, s’était volontiers présentée comme Et dans la foulée de la crise de 1974, l’hiver 1978- tion hasardeuse et au découragement des années « la Thatcher allemande », est l’incarnation de ce 1979, le fameux Winter of Discontent (« hiver du 1970. nouveau personnel politique. Aussi à l’aise en coa- mécontentement »), avait été marqué par des lition avec les sociaux-démocrates qu’avec les libé- grèves dures dans tout le pays. DEPUIS LA CHUTE DU MUR, LA COHÉRENCE raux, prête à défendre un retrait accéléré du Les gouvernements travaillistes qui s’étaient suc- POLITIQUE EST TOMBÉE EN DÉSUÉTUDE nucléaire après avoir défendu un allongement de cédé, ceux de Harold Wilson et de James Callaghan, L’autre leçon de Margaret Thatcher, c’est sa cohé- la durée de vie des centrales, la chancelière alle- avaient tenté de trouver un compromis entre les rence et sa capacité à agir en accord avec ce qu’elle mande utilise la puissance de son pays en fonction contingences d’un parti très lié aux syndicats et les promettait. Sa brutalité était sans doute le revers de de ses intérêts électoraux. impératifs économiques. Ils n’avaient fait que cette honnêteté. Elle n’a jamais promis une autre Elle peut tenir un discours fédéraliste pour com- mécontenter tout le monde. Autrement dit, le pays politique que celle qu’elle avait plaire à de futurs alliés sociaux- était en perte de confiance, incapable d’avancer, présentée aux électeurs. Et elle démocrates tout en prenant tétanisé à l’idée de tout changement. Les politiques, l’a menée dans toute sa cohé- Face à une crise garde de défendre avant tout les eux, semblaient incapables d’agir et se contentaient, rence, jusqu’à la cruauté même. de l’ampleur intérêts des contribuables alle- la plupart du temps, de gérer l’urgence par du wish- Mais cela tranchait avec les mands pour ne pas se couper ful thinking. C’est le fameux titre du Sun « Crisis!? allers-retours idéologiques que «de celle que l’on vit, des cercles conservateurs. On What Crisis!? » (« La crise"? Quelle crise"? ») pour l’on a connus à la même époque les politiques n’ont est loin de la cohérence de Mar- commenter une conférence de presse de James sur le continent, lorsque la d’autres réponses que garet Thatcher qui avait refusé Callaghan en plein chaos hivernal. gauche troquait en catastrophe l’euro parce qu’elle avait saisi La plus grande réussite de Margaret Thatcher est ses habits keynésiens contre un l’ampleur de la crise que cette monnaie menait au sans doute d’avoir redonné aux Britanniques de la costume d’orthodoxie budgétaire et “l’absence fédéralisme européen. Mais confiance en soi, parfois par des moyens plus que et qu’elle suivait, malgré ses dis- d’alternative”. » surtout, dans le reste de l’Eu- contestables sans doute, et sa mort ne doit pas faire cours, le flot de la libéralisation rope, le personnel politique oublier celle du républicain irlandais Bobby Sands, des marchés financiers. Margaret semble désormais aussi impuis- mort, lui, de faim dans une prison britannique, les Thatcher est peut-être la der- sant que James Callaghan face victimes de la guerre des Malouines, pas plus que nière politique européenne à avoir eu cette cohé- à la crise. Les dirigeants des pays se contentent les sou!rances des mineurs qu’elle a particulière- rence idéologique. C’est sans doute pour cette raison souvent de répéter le bréviaire de l’orthodoxie bud- ment maltraités. Mais il faut reconnaître à la Dame qu’elle a pu gagner la bataille des urnes à quatre gétaire imposée par Berlin, fût-ce au détriment de de fer cette capacité d’avoir redonné des lettres de reprises. la réalité – comme au Portugal. Ou bien ils n’hé- noblesse au politique, qui, avec elle, pouvait encore Avec la chute du mur de Berlin, les politiques ont sitent pas à chercher des compromis impossibles changer la réalité. jugé qu’il fallait en finir avec la cohérence idéolo- en faisant des annonces pour « la croissance » en En vérité, l’ancien Premier ministre de Sa Majesté gique, considérée comme une relique soviétique menant une politique d’austérité qu’ils ne peuvent ne s’est pas contenté de subir la crise, il a agi contre méprisable. Dès lors, les dirigeants politiques combattre au niveau européen, comme, par elle. Thatcher a adapté les structures du pays à sa n’avaient plus d’autre ambition que la gestion au exemple, les dirigeants français. T 24 LES IDÉES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

LE CHANT FUNÈBRE DU SAUVETAGE DE CHYPRE La crise chypriote a été absorbée, mais la multiplication des erreurs de communication des dirigeants européens et les dégâts collatéraux sur l’économie de l’île sont considérables. L’enjeu est aussi géopolitique : quelle place pour Chypre entre l’Europe et la Russie, celle-ci pouvant désormais espérer tirer son épingle du jeu à moindre coût!?

Europe peut choisir sa propre réélire après les avoir mises en œuvre. De même, à la musique pour accompagner sa suite de sa récente et cuisante défaite électorale, le Pre- dernière crise. La première pro- mier ministre italien Mario Monti expliquait avec jection du film All Things Fall regret que les électeurs italiens étaient trop impatients ’Apart (« tout s’écroule »), avec le pour porter des réformes dont les bénéfices ne seraient rappeur-acteur américain Fifty seulement visibles qu’au-delà du cycle électoral. Cent (Curtis James Jackson), Les événements à Chypre ont mis en lumière deux vient juste d’avoir lieu à Berlin – un choix qui pour- autres dimensions des di"érends sur les crises ban- Lrait être approprié. Le continent peut aussi se tour- caires et de dettes souveraines de l’Europe. Tout Harold James rapporte que, selon l’ancien président ner vers le passé et choisir Giuseppe Verdi, né il y a d’abord, le débat sur une taxe sur les dépôts bancaires de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, « les

IRO dirigeants européens connaissent les bonnes P

A deux cents ans et dont l’avant-dernière œuvre, pro- et sur le bien-fondé ou non d’exempter les petits clients mesures à prendre, mais ne parviennent pas à se H

S faire réélire » quand ils les mettent en œuvre. D bablement le meilleur de ses opéras, débute sur la replace les conflits de classes au centre de l’arène. [ ] côte chypriote dans une tempête d’une fantastique Ensuite, la question des déposants étrangers, et parti- ALEXANDER KLEIN/AFP

© HAROL violence avec les premiers mots de son héros, culièrement des Russes – additionnée à la proximité HAROLD Othello : « Esultate!! » (« réjouissez-vous!! »), car à ce de la Syrie –, a converti le sauvetage du secteur bancaire tablement référence à saint François d’Assise et à la JAMES moment la guerre contre les Turcs chypriote en un problème de rela- mission de l’Église de protéger les pauvres. PROFESSEUR semble gagnée. Du moins le croit- tions internationales. Sur le front des relations internationales, après D’HISTOIRE il, mais sa jalousie anéantira plus La démocratie La proposition initiale d’imposer 2010, alors que les dépôts européens quittaient les ET D’AFFAIRES tard cet accomplissement. une taxe ponctuelle sur les comptes comptes bancaires chypriotes, on a assisté à l’aug- INTERNATIONALES est devenue À L’UNIVERSITÉ Aujourd’hui aussi, il semble que de moins de 100!000 euros n’est mentation des dépôts des entreprises et des parti- PRINCETON ET Chypre soit sauvée. Mais ce sau- «la principale cible venue ni de l’Union européenne ni culiers russes – et la Russie a de nombreuses raisons PROFESSEUR D’HISTOIRE vetage a nourri un désaccord des récriminations d’Allemagne mais du gouvernement d’utiliser l’argent comme moyen pour acquérir un À L’INSTITUT croissant qui compromet l’avenir des élites chypriote, qui devait pourtant contrôle politique. Chypre est un poste crucial pour DE L’UNIVERSITÉ de l’intégration européenne, en savoir que l’idée soulèverait proba- les opérations de sécurité américaines dans l’est de EUROPÉENNE européennes. » DE FLORENCE partie la conséquence d’une sorte blement l’indignation et que le Par- la Méditerranée, et les gisements de gaz au large de Dernier ouvrage de reconstitution des bouleverse- lement chypriote ne la voterait la côte chypriote pourraient être exploités comme paru : Making the ments du début du XXe siècle jamais. Le gouvernement pensait source énergétique – du moins après 2017 – suscep- European Monetary – particulièrement la Grande Dépression – dans les peut-être que les manifestations de masse – dont les tible de réduire la dépendance européenne sur les Union (« construire l’union monétaire débats qui ont entouré la débâcle financière post- pancartes dénonçaient le voile que posait l’UE sur le approvisionnements russes. européenne », éd. 2008 et la crise de l’euro qui s’en est suivie. renouveau de la domination allemande sur l’Europe – Dans une précédente phase de la crise, la Russie Harvard University L’effondrement économique de l’entre-deux- lui donneraient plus de poids. Car même les Chypriotes avait accordé à Chypre un crédit de 3 milliards de Press). guerres était devenu insoluble parce qu’il coïncidait les plus modérés se sont indignés de l’agressivité dollars. Maintenant, cependant, un nouveau crédit aussi avec une crise de la stabilité sociale, de la démontrée par l’Allemagne et l’Europe envers leur ne ferait que rendre ingérable le fardeau de la dette démocratie et de l’ordre politique international. Les petite île. publique!; il est nécessaire de racheter tout ou partie tensions sociales furent exacerbées par les faillites des banques chypriotes. Au lendemain d’une crise généralisées et le chômage, rendant à terme impos- UNE CRISE EXACERBÉE PAR LES DISCOURS exacerbée par les discours de conflits de classes, la sible une gestion politique démocratique normale. DE CONFLITS DE CLASSES Russie pourrait être en mesure d’étendre son En Allemagne, épicentre de l’éclatement démocra- L’autre camp dans les négociations a aussi joué sur la contrôle de manière plus significative, et à peu tique, les radicaux de droite comme de gauche ful- politique de classes. À l’occasion de l’un des moments de frais. minèrent contre l’accord de paix d’après guerre et le les plus tendus, alors que Chypre cherchait une solu- Une polarisation sociale accentuée, son utilisation traité de Versailles. tion alternative en Russie, la Bundesbank annonçait dans les négociations financières et l’intrusion de nou- Dans les dernières années d’une république de Wei- les résultats d’une nouvelle étude de la Banque centrale veaux éléments sécuritaires sont des preuves supplé- mar toujours plus instable au gré du délitement démo- européenne (BCE) indiquant que la richesse moyenne mentaires de ce que la plupart des économistes et des cratique, les gouvernements allemands ont progressi- en Allemagne était inférieure à celle des États méridio- commentateurs a#rment déjà depuis longtemps sur vement utilisé le radicalisme de leurs opposants pour naux européens, essentiellement parce que moins l’Europe : une union monétaire est impossible à main- tenter de retirer les concessions sécuritaires des mains d’Allemands sont propriétaires de leur maison. Le mes- tenir sans union politique. Un État, surtout dans la des puissances occidentales. Les pressions politiques sage semblait être d’influer clairement sur les négocia- forme actuelle de l’État providence européen, dépend intérieures contribuèrent à accentuer les tensions tions : pourquoi les Allemands, plus pauvres, devraient- de mécanismes e#caces pour arbitrer et résoudre les internationales. C’est encore le cas aujourd’hui en ils se sacrifier pour soutenir des millionnaires conflits sociaux – des mécanismes qui, ainsi que l’ont Europe. La démocratie est devenue la principale cible méditerranéens!? montré les événements à Chypre, font défaut à l’UE. des récriminations des élites européennes. Le Premier Dans le sillage de la crise financière, les revenus et la En attendant que cela soit le cas, l’intégration euro- ministre luxembourgeois, et ancien président de l’Eu- redistribution des richesses se sont retrouvés au centre péenne pourrait avoir disparu avant même que la rogroupe, Jean-Claude Juncker, a regretté le fait que du débat politique. Même l’Église catholique semble musique ne s’interrompe. T les dirigeants européens connaissent les bonnes se faire l’écho de cette nouvelle humeur : l’élection de mesures à prendre mais ne parviennent pas à se faire Jorge Mario Bergoglio en pape François fait incontes- Copyright Project Syndicate, 2013

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MARIO DRAGHI PARLE D’OR

Pour le président de la Banque centrale européenne, ne veulent ou ne peuvent assurer les risques de prêts AU CŒUR DE le renflouement des établissements bancaires sur le « modèle dans une zone en récession, ce qui ne va pas la rele- LA CRISE chypriote » n’est pas vraiment un problème. À condition qu’aient ver. En outre, la BCE constate que la réalisation de été prévues les conditions précises dans lesquelles les détenteurs de fonds propres, de l’Union bancaire piétine. Celle-ci, dans sa toute der- quasi-fonds propres ou de titres de dette participent au sauvetage et assument les pertes. nière et inaccessible phase, prévoit un mécanisme de résolution, c’est-à-dire de renflouement. Or recapi- taliser les banques est du ressort des actionnaires, ou ors de sa conférence de presse du culminer au troisième trimestre à 0,2!% de crois- à défaut des États… Mais alors que faire!? De ce point 4 avril dernier, le président de la sance… On arrive au bout du chemin. de vue, l’annonce du lancement d’une enquête de la Banque centrale européenne (BCE) Les préoccupations de la BCE ne s’arrêtent pas là, Bundesbank sur d’éventuelles manipulations comp- a dressé une longue liste d’interro- pas plus qu’au niveau du taux de l’inflation, tombé à tables qui auraient permis à la puissante Deutsche gations avant de conclure : « Nous 1,7!% en mars dernier, bien au-dessous de l’objectif Bank de dissimuler 12 milliards d’euros de pertes allons continuer à réfléchir à ces de 2!%. Elles portent sur la rupture du mécanisme n’est pas faite pour rassurer… questions selon une perspective à de transmission de la politique monétaire – les Les commentaires de Mario Draghi sur le « modèle 360 degrés. » Autant dire qu’il cherchait tous azimuts banques ne prêtent pas les liqui- chypriote » de renflouement des Ldes réponses aujourd’hui introuvables. Car c’est avec dités qui leur sont abondamment banques viennent donc fort à pro- une prudence remarquée que Mario Draghi a évoqué fournies – ainsi que sur la néces- pos pour éclairer son point de vue la situation économique, faisant état du déclin de la sité de poursuivre la mise en Le président et prévoir la suite. C’est là que l’on demande domestique (au sein de la zone euro) ainsi œuvre de l’union bancaire. de la BCE parle du « bail-in », ce dispositif que de la demande globale, avec comme conséquence Dans une Europe où le système qui prévoirait les conditions pré- © DR une baisse des exportations. S’il a évoqué un rétablis- bancaire réalise 80!% de l’intermé- «préconise de faire cises dans lesquelles les déten- FRANÇOIS sement de la situation, c’est pour aussitôt préciser diation, contrairement aux États- adopter le projet teurs de fonds propres, de quasi- LECLERC qu’il risquait de devoir être… reconsidéré. Benoît Unis où les entreprises se de directive sur le fonds propres ou de titres de dette ANCIEN CONSEILLER Coeuré, membre du conseil des gouverneurs, y est financent bien davantage directe- doivent participer aux pertes d’un AU DÉVELOPPEMENT “bail-in” dès 2015. » DE L’AGENCE d’ailleurs revenu par la suite en faisant état des « aléas ment sur le marché, le phénomène établissement bancaire en diffi- FRANCE-PRESSE négatifs » auxquels la reprise est soumise… a de quoi inquiéter : il accélère la culté. « Un bail-in n’est pas un pro- Il tient la chronique détérioration économique dans les blème, c’est l’absence de règles pré- « L’actualité de demain » sur le blog RIEN DE MIEUX À L’HORIZON QU’UN pays d’Europe du Sud et accentue la menace de dis- établies connues de toutes les parties et l’absence de de Paul Jorion. Il est « LENT ET TIMIDE REDÉMARRAGE » location de la zone euro. Or la BCE hésite à s’engager coussin de capital ou d’autres actifs pouvant être “baili- l’auteur de La crise L’IFO, l’Insee et l’Istat – les trois instituts allemand, sur le chemin emprunté par la Fed et la Banque sés” qui fait d’un bail-in un événement désordonné. » n’est pas une fatalité (éditions Osez la français et italien – ont ensemble averti que leur « scé- d’Angleterre : l’achat auprès des banques de prêts aux Ce qui conduit le président de la BCE à préconiser République sociale !, nario de prévision suppose que les tensions financières entreprises, voire le financement direct de ces der- que le projet de directive étudié par le Conseil euro- 2013, 280 p., en Europe ne s’aggraveront pas. Il est entouré de plu- nières, bien que son statut n’y fasse pas opposition. péen et le Parlement européen aux fins de spécifica- 13 euros). sieurs aléas, notamment liés à l’évolution de la situation De telles initiatives lui feraient endosser le risque de tion de la hiérarchie des mises à contribution dans un politique dans la zone euro ». Que prévoient ces insti- pertes qu’elle ne peut pas prendre, selon les tenants tel contexte soit adopté dès 2015, et non pas comme tuts!? Un lent et timide redémarrage qui devrait de l’orthodoxie monétaire. Ni les banques ni la BCE prévu en 2018 ou 2019. À toutes fins utiles… T

L’ASSURANCE-VIE EST-ELLE CONDAMNÉE!?

Support d’investissement favori des Français, l’assurance-vie suscite de nombreuses de famille » ne réside pas dans les placements à taux interrogations aujourd’hui : sa fiscalité privilégiée sera-t-elle remise en question fixes et si l’on veut bien se rappeler que sur longue à l’occasion d’une prochaine loi de finances rectificative!? La baisse des taux période il est probablement moins « risqué » de se pla- et la quasi-faillite des États entraîneront-elles les fonds en euros dans leur chute!? cer sur les supports immobiliers et actions. Le rapport Berger-Lefebvre remis récemment au ministre de l’Économie et des Finances précise les orce est de constater que l’assurance- oublier le problème financier que constitue la baisse orientations qui pourraient être prises par le gouver- vie jouit aujourd’hui d’un véritable des taux de rendement des obligations. Même avec une nement dans la préparation de la loi de finances pour privilège fiscal. Au-delà d’un délai de inflation contenue, un placement dont la rémunération 2014. L’alourdissement de la fiscalité toucherait peu détention de huit ans, les intérêts devrait tomber en dessous de 3!% par an ne permet pas les ménages dont les avoirs en assurance-vie sont infé- perçus à l’occasion des retraits ne à l’épargnant de maintenir son pouvoir d’achat sur une rieurs à 500!000 euros. La taxation renforcée des inves- sont imposés qu’à hauteur de 7,5!% longue période. Il y a là un vrai problème qui devrait tisseurs les plus fortunés constituera, à l’inverse, une (hors prélèvements sociaux de inciter l’investisseur à se détourner des fonds euros incitation nouvelle à rechercher des cieux plus hospi- 15,5!%). Ce taux doit être comparé au niveau de prélè- pour une part significative de ses placements. taliers pour réaliser leurs placements. Fvement supporté par tous les autres placements finan- Les investissements destinés au financement des ciers (tranche marginale d’imposition + prélèvements LA FORMATION DU PUBLIC AUX NOTIONS PME en croissance et du capital-risque seraient, une sociaux). Pour un contribuable se situant dans les der- DE RISQUE SERAIT EFFICACE fois encore, encouragés. Cela est nécessaire, mais il est nières tranches du barème de l’impôt sur le revenu, Où aller alors!? Vers un produit de capitalisation, assu- paradoxal que les mesures suggérées s’accompagnent l’assurance-vie, support traditionnel du placement à rément, pour échapper à la fiscalité quasi confiscatoire de la mise en place d’une garantie en capital plutôt que

© DR long terme, devient paradoxalement le meilleur pro- rappelée ci-dessus. On pense alors au PEA, mais celui- d’une exonération au moins partielle des gains réalisés HERVÉ duit sur le court terme. Il y a là une évidence que le ci n’est pas sûr sur courte période… S’orienter vers au terme de la période d’indisponibilité. Enfin la base DE LA TOUR législateur pourrait utiliser pour durcir la fiscalité. l’épargne réglementée (livret A, LDD…)!? Les montants de référence des durées d’investissement pour déter- D’ARTAISE Pourtant, ce risque tant redouté ne s’est pas produit sont limités et la protection du pouvoir d’achat n’est miner le délai des huit ans ne serait plus la date d’ouver- PRÉSIDENT DE CGPC à l’occasion des innombrables réformes de la taxa- pas assurée… Investir sur les supports « unités de ture des contrats mais la durée e#ective de chaque (ASSOCIATION tion que nous avons connues au fil des années… compte » d’un contrat d’assurance-vie multisupport!? versement. Le principe est aisément compréhensible, FRANÇAISE DES CONSEILS L’explication tient sans doute au fait que l’assurance- L’épargnant aura ainsi accès à une enveloppe qui lui mais la mise en pratique supposera des contraintes de EN GESTION vie, au travers des contrats en euros essentiellement, permet d’investir en actions (partiellement mais su"- back-o"ce pour les compagnies qui ne vont pas dans DE PATRIMOINE est le réceptacle naturel des emprunts émis par le samment pour préserver la valorisation de son porte- le sens d’un allégement des contraintes administratives. CERTIFIÉS) Trésor public pour financer ses déficits. Tant que feuille exprimée en euros constants), en immobilier Il n’est pas certain que le rapport précité trace le bon l’État aura besoin de placer des obligations, il devra (sans avoir à supporter les soucis de la gestion), en chemin pour aller aux objectifs recherchés : l’informa- favoriser l’assurance-vie. France comme à l’étranger. tion et la formation du public aux notions de risque, de Cette vision optimiste sur le support juridique que L’assurance-vie a donc encore de beaux jours devant facteurs de croissance et de vision long terme seraient constitue l’assurance-vie ne doit pas cependant faire elle si l’on veut bien considérer que la sécurité du « père plus e"caces fondamentalement. T 26 L’INTERVIEW LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

avons proposé de financer son holding de tête, qui est sain, mais ses actionnaires ont refusé. Nous sommes parfaitement NICOLAS DUFOURCQ en ligne avec la région à ce sujet. C’est une vision parisianiste que de penser que les régions exerceraient plus de prétendues DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA BANQUE PUBLIQUE D’INVESTISSEMENT pressions que Paris#! Quand un dossier ne permet pas d’agir, les pouvoirs publics le comprennent. Certes, nous aidons les banques commerciales à prendre plus de risques parce que c’est notre mission et que nous connaissons mieux le terrain. Mais nous ne prendrons ni « La BPI investit dans plus ni moins de risques qu’avant. Notre règle de gou- Notre vernance est simple : on nous ambition : a confié 18 milliards d’euros, la construction le moral de la nation!! » nous devons les rendre à « l’État, éventuellement avec de la France des Nommé directeur général de la BPI lors de sa création, en janvier, l’ancien directeur une légère plus-value. Le années 2030. » des finances de , proche de la gauche, se considère en mission. La BPI, premier débat sur le retournement acteur européen du capital-investissement, doit être davantage architecte que pompier. est tranché. Tout le monde est d’accord pour dire qu’une banque publique ne peut pas le faire en direct. En revanche, PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTINE LEJOUX, PHILIPPE MABILLE comme la « vallée de la mort », cette zone de tous les dangers pourquoi pas via des fonds spécialisés dans le retournement, ET FABIEN PILIU dans le financement d’entreprises devenues trop importantes dotés par des fonds publics spécifiques confiés à des profes- pour être financées par des business angels, mais pas encore sionnels qui agissent en investisseurs avisés. ( LA TRIBUNE – La BPI est l’un des piliers du pacte national assez pour intéresser des fonds de capital-développement. pour la croissance et la compétitivité. Comment convaincre les Le prêt pour l’innovation, que nous venons de lancer, traite ( Mais il peut y avoir une cristallisation autour de quelques entreprises de son utilité!? en partie le sujet, mais nous le faisons aussi en fonds propres. symboles politiques… NICOLAS DUFOURCQ – Beaucoup d’outils de financement Nous allons renforcer nos capacités d’intervention dans ce Notre mission consiste à regarder avec soin ces dossiers, et nécessaires aux entreprises existaient, avec Oséo, le Fonds domaine de plusieurs centaines de millions d’euros. nous l’avons fait. Quand ils ne sont pas viables, nous le disons. stratégique d’investissement (FSI), FSI Régions et CDC Pour Rio Tinto en Savoie, ce n’est pas un mauvais dossier, des Entreprises. Sans compter les dispositifs régionaux et euro- ( Quels sont vos objectifs de retour sur investissement!? Allemands sont intéressés, BPI France est prête à investir en péens. Mais les chefs d’entreprise n’ont pas de temps à Pas du tout ceux du secteur privé. Le taux de rendement minoritaire si les acquéreurs le demandent. Mais le plus perdre pour s’y retrouver dans ce maquis. La BPI regroupe interne (TRI) du FSI est de 6#% et celui de CDC Entreprises important, c’est la construction dans une même structure l’ensemble des dispositifs publics, de 2#%, contre 9#% à 46#% chez Axa Private Equity, par de l’avenir : la France des dans le domaine des fonds propres, des quasi-fonds propres, exemple. Quand on ajoute la banque Oséo, la rentabilité des années 2030, voilà l’ambi- du haut de bilan, du bas de bilan. L’État met de l’ordre dans fonds propres de la BPI s’élève à 4#%. Il est similaire à celui de tion de BPI France. son action en l’articulant avec celle des 22 régions. La Banque postale ou de BPCE. Ce sera aux actionnaires de Arnaud Montebourg et la BPI, l’État et la Caisse des dépôts, de se prononcer. Pierre Moscovici, ( Les marques Oséo, FSI et CDC Entreprises disparaîtront-elles!? Ségolène Royal et Alain C’est indispensable si l’on veut que BPI France, la marque ( Est-ce compliqué de construire la BPI!? Rousset, comme tous qui a été choisie par l’État, apporte de la clarté. Sous la Oui bien sûr, compliqué pour o"rir in fine un service simple les responsables poli- bannière BPI France, il y aura trois structures : BPI France aux entrepreneurs#! En ce moment, je vis au rythme d’un tiques de ce pays, nous Financement, qui intègre les activités de financement et entrepreneur. Dans la partie fonds propres, nous fusionnons demandent d’être de garantie d’Oséo, BPI France Investissement, qui trois sociétés, le FSI, CDC Entreprises et France Investis- davantage architectes regroupe le FSI, CDC Entreprises et FSI Régions, et enfin sement, afin de bâtir un très grand acteur de capital-inves- que pompiers. Ce pays BPI France Innovation, construit sur la base d’Oséo Inno- tissement, le premier d’Europe, avec 14 milliards d’euros sous est frappé d’une mélan- vation. Nous allons aussi créer avec Coface et Ubifrance gestion et 18 milliards demain. Nous fabriquons un acteur colie profonde et dange- une initiative commune, BPI France Export, qui se tra- comparable à Axa Private Equity, mais avec l’argent public et reuse. Il faut réussir, sans duira par l’accueil dans nos locaux en régions de 40 colla- au service de politiques publiques pour les entrepreneurs. quoi nous passerons du borateurs d’Ubifrance et d’une quinzaine de Coface. déclinisme au fatalisme. BPI ( Avec la présence de Ségolène Royal au conseil, vous préparez- France investit dans ( Y a-t-il vraiment un problème d’o"re de crédit aux PME!? vous à subir des pressions, à l’exemple de Heuliez!? le moral de la En trésorerie uniquement. Mais les entreprises sont en Heuliez est client d’Oséo depuis 2005, arrêtons les nation#! T attente, tout le monde est inquiet et il n’y a pas assez de projets amalgames#! Et contrairement à ce qui a été mûrs. Tout est lent. Beaucoup de projets d’augmentation de dit, ni Oséo, ni le FSI, ni CDC Entre- capital sont reportés. Mais il y a un flux plus important de prises n’ont conclu un financement demandes d’entreprises en di!culté. La BPI joue son rôle à avec Heuliez depuis des mois#! Nous plein : nous avons déjà garanti plus de 80 millions d’euros en trésorerie et disposons d’une enveloppe de 500 millions du gouvernement pour le faire. Nous préfinançons également Bio express le crédit d’impôt compétitivité emploi à hauteur de 400 mil- lions d’euros aujourd’hui, avec un objectif de 2 milliards. 18 JUILLET 1963 Naît à Paris. DIPLÔMÉ de HEC, de l’Institut ( La BPI doit-elle être un aiguillon pour susciter des rappro- d’études politiques de Paris, de l’ENA, chements d’entreprises!? promotion Michel de Montaigne C’est une mission centrale. Tout chargé d’a"aires de la BPI (1986-1988), dont il sort inspecteur des !nances. a cet objectif de consolidation du tissu industriel en tête. Ils sont des « hussards de l’énergie d’entreprendre » qui ANCIEN directeur adjoint veulent participer au redressement de ce pays. Les gens du cabinet de René Teulade, ne viennent pas spontanément à nous. C’est à nous d’aller ministre des Affaires sociales et de l’Intégration au sein du vers eux. Plus globalement, en jouant le rôle de catalyseur, gouvernement de Pierre Bérégovoy la BPI doit favoriser l’émergence d’entreprises de taille avant d’intégrer France Télécom, intermédiaire (ETI) capables de redresser l’économie fran- qu’il quitte en 2003 pour rejoindre çaise et de mieux a"ronter la concurrence mondiale. Capgemini. NOUVEAU directeur général ( Comment di"érencier la BPI d’un acteur privé comme Axa adjoint chargé des !nances Private Equity, qui a à peu près la même taille!? de Capgemini en 2004. Nous faisons ce que le privé ne fait pas, ou pas assez. Nous PASSIONNÉ d’alpinisme, sommes très présents dans le capital-risque, le financement collectionneur de violons et amateur Pour son directeur général, la règle de gouvernance d’amorçage, le petit capital-développement et le petit capital- de musique électronique. de la BPI est simple : « On nous a confié 18 milliards d’euros, nous devons les rendre à l’État. » [OLIVIER ROLLER] transmission. Nous voulons pallier des failles de marché,

EN ÎLE-DE-FRANCE, PUBLIREPORTAGE ERDF PREPARE AUJOURD’HUI LE RESEAU ÉLECTRIQUE DE DEMAIN

ERDF, au cœur de la transition ERDF EN ÎLE-DE-FRANCE : énergétique en région Île-de-France • 80 000 km de lignes moyenne et basse tension, dont plus de 80% en souterrain Témoignage • 61 milliards de kWh distribués à 6 millions de clients de Jean-Luc Aschard, Directeur Interrégional ERDF en Île-de-France Acteur de la soutenabilité énergétique du Grand Paris Un réseau facteur de compétitivité pour la région Au service du territoire francilien, ERDF doit répondre à un double enjeu de disponibilité et d’attractivi- té. D’une part, nous devons « livrer » partout et en permanence l’élec- tricité aux clients, alors que cette électricité ne se stocke pas. Avec en 2012 une disponibi- lité du courant de 99,998 %, l’Île-de-France offre un des meilleurs niveaux de qualité de fourniture d’électricité parmi les Faire de l’Île-de-France une métropole de taille mondiale En Île-de-France, la transition énergétique vise un important grandes métropoles mondiales. durablement compétitive : telle est l’ambition du Grand effort de maîtrise de la demande d’électricité et un développe- D’autre part, le coût d’achemi- Paris. Un projet qui entraînera un accroissement sensible ment majeur des énergies renouvelables (éolien, solaire) ainsi nement doit être compétitif pour des besoins en électricité : 70 000 nouveaux logements que des transports doux (véhicule électrique). favoriser l’attractivité économique à raccorder au réseau de distribution chaque année, 90 % des énergies renouvelables en France sont rac- du territoire. 2 7 millions de m de nouveaux bureaux sur les pôles cordées directement au réseau de distribution. En région Aujourd’hui, ce coût d’achemine- d’activités qui émergeront en Île-de-France, un réseau de Île-de-France, ERDF a d’ores et déjà raccordé près de ment – qui grâce à la péréquation transports en commun qui doit comporter 57 gares. 10 000 installations de production indépendante. L’Entreprise tarifaire est le même où que vous En concertation étroite avec tous les acteurs concernés en développe et modernise le réseau de distribution pour per- vous trouviez sur le territoire – est Île-de-France (entreprises, pouvoirs publics, collectivités mettre une gestion en temps réel et de plus en plus fi ne des 30 % moins cher en France qu’en locales, aménageurs…), ERDF prépare l’adaptation du ré- fl ux énergétiques. Le futur compteur communicant Linky s’ins- Allemagne. seau de distribution d’électricité pour être au rendez-vous crit résolument dans cette démarche, et donnera aux clients les du Grand Paris. En parallèle, l’Entreprise accompagne tous moyens de gérer au plus près leur consommation. les projets des territoires : extensions de lignes de trans- À Issy-les-Moulineaux, dans le cadre du projet IssyGrid, ERDF Anticiper ports publics ; rénovation urbaine avec 150 projets ins- teste avec dix autres entreprises (Alstom, Bouygues Immobilier, Pour répondre à ces deux enjeux truits actuellement en Île-de-France dont de nombreuses Bouygues Telecom, EDF, ETDE, Microsoft, Schneider, Steria, dans la durée, il faut savoir antici- ZAC ; ou encore développement de l’activité économique, Total) un démonstrateur smart grid (réseau intelligent), qui as- per les évolutions, économiques et comme par exemple le raccordement de data centers. socie panneaux solaires, stockage d’électricité, véhicules élec- sociales, du territoire, à 5, 10, Au total, d’ici 2025, ERDF va ainsi développer, au service triques et gestion intelligente des consommations. Objectif : 20 ans et plus. Ce que nous des clients d’Île-de-France, 3 600 MW de puissance de optimiser, d’un point de vue environnemental et économique, la faisons en Île-de-France, grâce transformation électrique supplémentaires – l’équivalent performance énergétique d’un quartier, et tester son intégration à une grande proximité avec des besoins en électricité de Paris intra-muros. dans le réseau national piloté par ERDF. tous les acteurs économiques et institutionnels. Prenons le Grand Paris : il va se Investisseur et employeur de premier plan traduire par de nouveaux loge- ments, de nouveaux transports, En Île-de-France, ERDF emploie 4 700 personnes sur 70 sites d’activités. Les de nouvelles activités consomma- investissements d’ERDF dans la région pour moderniser et renforcer le réseau trices d’électricité comme les data (360 millions d’euros en 2012) se traduisent par des prestations de travaux et centers... Sans oublier l’essor du de services, qui contribuent à environ un millier d’emplois dans les entreprises véhicule électrique. franciliennes. Autant de facteurs à intégrer dans En 2012, ERDF a réalisé 360 embauches en Île-de-France. L’Entreprise y accueille nos prévisions d’investissements. 255 apprentis qu’elle forme, en alternance, à toute la palette de ses métiers, tech- ERDF est donc bien une entreprise niques ou tertiaires. ERDF s’engage en faveur de l’insertion professionnelle, notam- au cœur du développement et ment par le biais de « régies de quartiers » ou encore en partenariat avec l’Académie de l’aménagement du territoire Christophe Tiozzo, qui accompagne les jeunes des quartiers défavorisés. francilien. Conception : Editoria - Crédits photos : Thinkstock - Photothèque ERDF - Photothèque : Thinkstock photos - Crédits : Editoria Conception VENDREDI 12 AVRIL 2013 www.latribune.frwww.latribune.fr Supplément au N° 44 - Ne peut être vendu séparément

HEBDOMADAIRE PARIS DES METROPOLES GRAND PARIS UN PLAN GÉANT POUR L’EMPLOI

INTERVIEW EXCLUSIVE Jean-Marc Ayrault R F ERTRAND / ERTRAND HEMIS. B L GARDE USIEURS VIES. » VIES. USIEURS L MAGEFORUM - I A P FP L A RE JOURNA T RI, VO RI, T ÉDITO

E DE Salutaire révolution culturelle T

JEAN-PIERRE GONGUET « Nouveau Grand Paris » que Jean-Marc Ayrault présente cale. Le point de croissance annuel en Île-de-France que cet RE GES T dans l’entretien qu’il nous a accordé, est une révolution investissement devrait assurer est en e!et conditionné à la VEC VO VEC

A dam Smith est le père du Grand Paris. Fernand culturelle pour la gauche française : en décidant 30 mil- fin des rivalités politiques et querelles d’ego des élus franci- Braudel en est le parrain. Le fondateur de la liards d’investissement dans une infrastructure de trans- liens. Ils n’arrivent à se mettre d’accord sur rien alors que science économique moderne constatait en ports autour et dans la métropole parisienne, elle espère leur territoire, poumon économique de la France, s’endort e!et il y a plus de deux cents ans que la densité un regain de croissance du territoire francilien dont les lentement. Ils n’ont pourtant qu’un impératif, résoudre la AGE DES PAPIERS. AGE DES PAPIERS. L desA populations était la condition pour tirer le maximum e!ets se feront sentir partout dans le pays. Jean-Marc question du logement, problème économique central de de bénéfices économiques de la division du travail. Il Ayrault accepte donc l’idée d’une inégalité positive en l’Île-de-France, avant même celui des transports. E RECYC

L constatait également que l’abaissement du coût des trans- matière de développement économique. Et il la défend : Un employé, un cadre moyen, un étudiant, un chercheur ou ports, grâce à l’amélioration des réseaux et au progrès tech- « Quand l’Ile-de-France va bien, c’est l’ensemble de la France un créateur de start-up n’a plus les moyens de plus vivre au IO POUR

L nique, a pour e!et d’augmenter les échanges et de favoriser qui se porte mieux », nous explique-t-il. cœur de cette métropole où il travaille. Du coup, il veut vite ainsi la spécialisation, la productivité, la croissance et Dans son propre camp, certains peuvent être tentés de s’échapper : 86#% des cadres franciliens rêvent de partir en l’emploi. L’historien a quant à lui longuement décrit com- réduire l’idée d’égalité des territoires à celle d’identité des province, selon une enquête de Cadre Emploi#! La métropole ment dans les « économies-monde », la ville centre, la territoires, et de souhaiter un traitement égalitariste en parisienne a donc un réel problème d’attractivité. Londres grande agglomération urbaine, sont le moteur du dévelop- matière de développement économique. Jean-Marc Ayrault et Francfort rivalisent d’ingéniosité pour attirer cadres et pement économique. Le Grand Paris, ou plutôt le impose une autre logique. Mais elle est encore un peu ban- créateurs d’entreprise, Paris les fait fuir. T LA TRIBUNE S’ENGAGE AVEC ECOFO AVEC TRIBUNE S’ENGAGE LA

« 2 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

JEAN-MARC AYRAULT, Premier ministre «!QUAND L’ÎLE-DE-FRANCE VA BIEN, LA FRANCE SE PORTE MIEUX!»

veaux secteurs et de construire des VISION D’AVENIR Pour le chef du gouvernement, le « Nouveau dizaines de milliers de logements Grand Paris » tel qu’il le conçoit est une région capitale « plus supplémentaires, dans des terri- toires denses et bien desservis. solidaire et plus compétitive », avec davantage de logements Nous permettrons donc à de nom- breux ménages d’habiter dans la construits, des transports et un cadre de vie améliorés. Afin que les zone centrale ou dans des polarités importantes de l’Île-de-France, et Franciliens aient envie de « rester dans leur région et d’y développer lutterons ainsi contre les forces leurs talents ». L’avenir de Paris « se joue à l’échelle métropolitaine, centrifuges qui poussent les mé- nages toujours plus loin sans que a!rme le Premier ministre. C’est cela l’enjeu de la ville-monde ». cela soit toujours un choix malheu- reusement. Les nouveaux quar- tiers seront aussi des opportunités nouvelles pour les entreprises : les PROPOS RECUEILLIS Ensuite j’ai adapté le projet à la Mais toute la croissance de la ré- tables et permettent aux terri- secteurs de Saclay, de la Plaine PAR JEAN-PIERRE GONGUET réalité de besoins très divers. Sur gion ne s’y résume pas. Au-delà, toires les plus enclavés d’avoir Saint-Denis, du Bourget ou de certains tronçons, il y a 35#000 existe le tissu économique de l’Île- accès aux zones d’emploi. C’est la Marne-la-Vallée, pour n’en citer ( LA TRIBUNE - La logique du voyageurs à l’heure de pointe, sur de-France, des grands groupes raison pour laquelle j’ai en parti- que quelques-uns, verront leur Grand Paris Express que vous d’autres, moins de 10#000. La comme des PME et des ETI, dont culier souhaité que la ligne 16 des- attractivité encore améliorée. avez présenté le 6 mars dernier réponse technique ne peut donc les salariés se logent et se dé- serve au plus vite les territoires de Nous œuvrons aussi activement, est-elle encore celle, initiale, de être la même. J’ai voulu que l’on placent en Île-de-France.Quand Clichy, de Montfermeil, de Go- de cette manière, pour un rééqui- Nicolas Sarkozy!? pense qualité de service en of- on améliore les conditions de nesse. En 2023, un habitant de librage est-ouest e!ectif, pour que JEAN-MARC AYRAULT - J’ai frant les meilleures perfor- transport et qu’on produit plus de Clichy pourra rejoindre le centre les logements et pour les bureaux e!ectivement donné de nouvelles mances de régularité et de fré- logements, c’est l’ensemble des de Paris avec une seule correspon- soient mieux répartis. bases au projet. Je l’ai donc appelé quence. Par conséquent, j’ai forces vives de l’économie franci- dance, ou, pourquoi pas, passer le Nouveau Grand Paris et c’est la abandonné le mythe d’un réseau lienne qui en bénéficie. Et, sans par Chelles pour aller prendre ( Comment les collectivités vont- vision que le Gouvernement porte du Grand Paris Express uni- méconnaître la Eole et re- elles devoir repenser leurs straté- pour l’avenir de la métropole fran- forme, qui aurait conduit à ré- richesse et la joindre la Dé- gies de développement et travailler cilienne. Ma conviction, c’est qu’il duire la fréquence de passage complexité de fense#! C’est en réseau pour favoriser le dévelop- faut œuvrer avec détermination dans les territoires où les trafics l’écosystème Vu de Tokyo l’e$cacité, pement des PME et ETI!? Le métro pour l’emploi et la croissance, sans sont les plus faibles, pour limiter régional, vu de ou de New mais aussi ne peut assurer la croissance si les jamais perdre de vue la solidarité. les coûts d’exploitation d’un mé- Tokyo ou de «York, il n’y a qu’un l’équité du collectivités ne s’organisent pas Avec cette ambition, nous tro grand gabarit. Dans ces terri- New York, il n’y marché du tra- pour aider les entreprises. construisons un projet cohérent : toires, un métro à gabarit adapté a qu’un seul seul cluster, celui vail qui en est C’est l’ambition des changements une ville durable, des transports sera construit, permettant des cluster, celui du du Grand Paris . » transformée, que nous portons avec la réforme maillés efficaces et une gouver- économies et un meilleur caden- Grand Paris. en permettant de la gouvernance : les compé- nance renouvelée. Pour les trans- cement de l’o!re. Pour résumer, aux popula- tences doivent être bien définies et ports, j’ai donné au Nouveau Grand Enfin j’ai donné de la visibilité le Nouveau Grand Paris, c’est le tions qui en sont les plus éloignées les collectivités compétentes Paris trois impulsions majeures. avec un calendrier de réalisation projet d’une Île-de-France plus d’en retrouver l’accès. doivent avoir les leviers néces- D’abord j’ai voulu la fin de la dis- du projet et fixé la programmation solidaire et plus compétitive. C’est saires à leur mise en œuvre. En tinction entre le Grand Paris des tronçons, qui seront lancés en construire plus de logements, ( Comment la localisation des particulier, nous réaffirmerons Express et la modernisation des parallèle et réalisés en continu d’ici créer plus de mixité sociale, amé- ménages et donc, à terme, des en- dans les textes en préparation, le réseaux existants. Il n’y a qu’un à 2030. Les échéances sont claires, liorer les transports du quotidien. treprises seront-elles modifiées!? rôle fondamental des régions dans seul réseau de transports publics la feuille de route est tracée. C’est améliorer le cadre de vie Nous avons à relever le défi du la stratégie de développement éco- en Île-de-France. Personne ne fera pour que l’Île-de-France soit plus déficit de logements. Cela fait plu- nomique. Pour l’Île-de-France, le tour de Paris en empruntant la ( Comment, sans oublier la lo- attractive. C’est donner envie aux sieurs décennies qu’on ne cela correspond d’ailleurs à la res- ligne « rouge » ou la ligne gique de clusters, le Nouveau Grand Franciliens de rester dans leur construit pas assez en Île-de- ponsabilité des transports, qui sont « orange ». Il faut penser corres- Paris pourra-t-il prendre plus en région et d’y développer leurs France et les conséquences so- de niveau régional à travers le pondance, maillage du territoire, compte le tissu des PME et des ETI talents. ciales du mal-logement sont par- STIF, le Syndicat des Transports mixité des itinéraires domicile-tra- de l’Île-de-France!? ticulièrement aiguës. Il ne faut pas d’Île-de-France. vail. C’est pourquoi j’ai souhaité Les clusters sont des regroupe- ( C’est donc la fluidité des tra- non plus oublier que le déficit de Mais les sujets liés au développe- rebaptiser les lignes du Grand Pa- ments localisés de compétences jets qui va améliorer l’e"cacité du logement a des conséquences éco- ment économique sont souvent ris Express : lignes 15, 16, 17, 18, 19, industrielles, de recherche et d’en- marché du travail!? nomiques regrettables : les di$- multiples et une collectivité ne comme les lignes de métro exis- seignement, sur des périmètres Au travers de la modernisation cultés de la mobilité résidentielle peut pas tout faire seule. L’e$ca- tantes, et les faire représenter sur bien identifiés. Ils peuvent être des des réseaux existants et la créa- empêchent de pourvoir des mil- cité passe de plus en plus par des des plans figurant également le foyers d’innovation et d’excellence tion de lignes nouvelles, je veux liers d’emplois. partenariats de tous les acteurs de réseau existant. C’est un change- technologiques et sont donc très que les trajets en Île-de-France La dynamique du Grand Paris l’action publique : État, di!érentes ment de paradigme majeur. précieux au dynamisme francilien. soient plus réguliers, plus confor- permettra de développer de nou- collectivités, organismes institu- GRAND PARIS 3 LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013 GUAY

RAND T BER

Jean-Marc Ayrault considère ORUM / que désormais « les échéances F sont claires, la feuille de route MAGE I est tracée ». AFP tionnels, etc. Les projets impor- ( La polémique se poursuit sur les ris. J’ai fixé à la Société du Grand place au fur et à mesure des mises subvention de l’État et des collec- tants doivent rassembler. Cela conditions de financement du Nou- Paris l’objectif d’une optimisation en service, à partir de 2020. Donc, tivités locales, dont la capacité de peut notamment prendre la forme veau Grand Paris. Est-il bouclé!? des coûts du réseau de 3 milliards oui, le financement est sécurisé financement doit être entière- de contrats de développement ter- J’ai proposé un plan de finance- d’euros. C’est un objectif réaliste, pour une réalisation d’ici à 2030. ment mobilisée sur les projets de ritorial. ment clair, mutualisant les res- compte tenu des adaptations de transports publics sur les réseaux sources et les a!ectant de manière capacités qui sont à mobiliser. ( Avez-vous abandonné la desserte existants ou en développement. ( Ce qui est construit avec ce efficace à la modernisation du J’ai déplafonné les taxes a!ec- de l’aéroport Charles de Gaulle!? Grand Paris Express n’a été réalisé réseau comme au développement tées à la Société du Grand Paris L’aéroport de Roissy-Charles de ( Ces 30 milliards investis sur un nulle part ailleurs – ni Londres, ni de nouvelles lignes. J’ai décidé pour supprimer l’écrêtement qui Gaulle ne peut se satisfaire des seul territoire suscitent parfois un Shanghai ne sont même compa- d’a!ecter 2 milliards d’euros sup- avait été mis en place au profit du liaisons qui le relient au centre de sentiment anti-parisien. Com- rables. Cela sera-t-il su"sant pour plémentaires budget général. Paris, même en tenant compte de ment conciliez-vous la nécessité que Paris se maintienne au niveau aux opérations Cette mesure la réalisation de la branche du de créer de la richesse là où c’est des principales villes-monde!? de modernisa- Oui, le permet à elle réseau du Grand Paris Express qui possible, c’est-à-dire d’abord en L’image et la qualité de vie sont tion et de déve- seule de finan- desservira Roissy. Île-de-France, avec l’idée de l’éga- des éléments d’attractivité pour loppement de ce financement cer 80#% du ré- La plupart des grands aéroports lité des territoires!? Paris. Les transports en commun réseau. «est sécurisé pour seau du Grand (Heathrow, Oslo, Stockholm, Opposer Paris à la province n’a le sont également. Ces di!érents Cela portera une réalisation Paris Express. Hong Kong, ou encore Tokyo) aucun sens. Quand l’Île-de-France atouts doivent perdurer, en même les engagements Des contribu- disposent d’une liaison directe et va bien, c’est l’ensemble de la temps que nous démontrons notre p o s s i b l e s à d’ici à 2030. » tions de l’État dédiée avec le centre de la capi- France qui se porte mieux. Le pro- aptitude à changer d’échelle et à 7 milliards, et et des collecti- tale, véritable porte d’entrée vers jet du Nouveau Grand Paris est un dépasser les frontières symbo- les crédits e!ec- vités apporte- celle-ci. Je souhaite donc que la projet pour la France. Par ailleurs, liques existantes. L’avenir de Paris tivement mobilisés à 6 milliards ront un complément de plus de liaison directe entre la gare de je rappelle que les 30 milliards se joue à l’échelle métropolitaine d’euros, d’ici 2017. C’est plus du 2 milliards d’euros à répartir sur l’Est et Roissy Charles de Gaulle d’euros sont, pour la majeure par- et c’est cela l’enjeu de la ville- double de ce qui a été dépensé au plus de 15 ans. Enfin, une recette se réalise. Toutefois, elle possède tie, issus des taxes que paient les monde. Je crois que les élus, les cours des cinq dernières années. fiscale additionnelle sera à trou- son modèle économique propre, Franciliens eux-mêmes. Ils ne citoyens, les entreprises l’ont bien Cet e!ort est permis par la mobi- ver, d’un montant limité, pour et devra se financer par les re- pèsent donc pas sur les finance- compris. C’est l’ambition du Grand lisation des ressources de court rassembler les 2,5 milliards d’eu- cettes de ses utilisateurs et des ments disponibles pour les autres Paris tel que je le conçois. terme de la Société du Grand Pa- ros restants : elle sera mise en passagers aériens, sans apport de projets d’infrastructure. T 4 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013 ORUM F Paris n’est pas que la capitale de MAGE I 24,5milliards d’euros la France. Elle est aussi la rivale 2030 pour la réalisation des nouvelles lignes de trans- AFP Le Grand Paris Express achevé © de Londres, de New York, de ports. Ce financement est assuré notamment par « représentera 205 km de lignes et 75 les taxes locales, la réaffectation de taxes de Shanghai (…). Mais elle peut perdre gares nouvelles. 9 Franciliens sur 10 l’Agence nationale pour la rénovation urbaine à son rang si nous n’y prenons pas seront à moins de 2 km d’une gare et la Société du Grand Paris (21,8 milliards), et les voyageurs gagneront entre 30 mn garde. » NICOLAS SARKOZY, 29 AVRIL 2009 d’une contribution exceptionnelle de 2 milliards. et 1 heure sur leurs trajets quotidiens. GRAND PARIS : 30 MILLIA RDS POUR LE CONTEXTE Alors que le Premier ministre a donné le coup d’envoi aux infrastructures indispensables pour revitaliser l’activité et redynamiser la région capitale, tous les experts mettent en garde sur la question de la gouvernance économique du Grand Paris, qui seule peut amener les emplois. L’ENJEU L’investissement, évalué à 30 milliards d’euros, doit en rapporter 73 d’ici à quinze ans, créer 115"000 emplois, augmenter la productivité et accroître la croissance du PIB francilien de 0,2 point par an : c’est l’hypothèse raisonnable des premiers calculs des économistes.

JEAN-PIERRE GONGUET l’Université de Louvain, l’un des de fréquentation. Idem avec la ligne spécialistes mondiaux de l’écono- 14 du métro : beaucoup la voyaient ettez trois écono- mie des transports, le soutient. déserte, elle est déjà saturée ». mistes ensemble, il Jean-Claude Prager estime à « 73 Le Financial Times a ainsi publié en sortira quatre le nombre de milliards qui vont au il y a quelques semaines un dos- théories oppo- total revenir dans l’économie fran- sier montrant que si les critères sées ». Ce dicton cilienne. Pour un investissement de actuels du Trésor britannique en Mest bien évidemment faux : le fait 30 milliards, c’est très bien. C’est matière d’investissements d’in- que tous les économistes le un taux de rentabilité de 7!%!! » frastructure avaient été appliqués trouvent juste su$t pour le prou- au XIXe siècle, jamais les égouts ver. Mais il a un fond de vérité : sur LA DENSITÉ, UN FACTEUR DE de Londres n’auraient été le Grand Paris, il y a ainsi presque MEILLEURE PRODUCTIVITÉ construits#! Il est à parier que le autant de prévisions que d’écono- Jean-Claude Prager reconnaît baron Haussmann aurait eu les mistes. La question est pourtant que la prévision n’est quand même mêmes problèmes. Paul Delou- claire : la création d’un réseau de pas des plus aisées. « On a du mal vrier également, si le général de transports reliant les clusters à apprécier ce genre de gros projet. Gaulle ne lui avait pas demandé de franciliens et les aéroports au sein Lorsque nous avons construit la construire le RER et les villes nou- d’une métropole mondiale peut- Cité des Sciences à La Villette, j’ai velles qui allaient avec, sans s’em- elle remodeler l’urbanisation, entendu mille fois dire que cela ne barrasser de trop d’études écono- reconstruire les zones de travail, marcherait jamais. Bien sûr elle a miques prévisionnelles. favoriser la création de nouveaux été amortie sur plus longtemps que D’ailleurs, les Anglais qui inves- emplois et redonner à l’Île-de- prévu, mais c’est un immense succès tissent un peu plus de 16 milliards France la croissance perdue#? d’euros dans Crossrail, un projet Jean-Marc Ayrault le pense. Il a un peu semblable au Grand Paris donc mis 30 milliards d’euros sur À quoi cela Express, commencent seulement des emplois et des populations et entreprises est plus élevée dans la table pour les quinze pro- sert d’avoir à évaluer les retombées. « Les donc sur la densité des activités et une zone dense que dans une zone chaines années. Les économistes, Anglais, depuis 2006, savent du développement urbain. Et la diffuse. Et le phénomène est eux, ont pris leurs calculettes et «une ville-monde apprécier les gains de productivité densification du développement encore plus important pour les entamé une (saine#!) querelle. quand, de Roissy, liés à la facilité des transports et à urbain a, elle, un e"et sur les coûts emplois de haute qualification et Dans la première école de pensée, vous faites venir la spatialisation, continue Jean- d’investissement et de fonctionne- dans les grandes métropoles. on trouve ceux qui estiment que Claude Prager. Du coup, les études ment des services publics et sur la Dit autrement : si les emplois le rapport coût-bénéfices sera de les investisseurs sur l’impact socio-économique de consommation de carbone. C’est la actuels de l’Île-de-France étaient toute façon largement en faveur dans ce pathétique Crossrail à Londres nous ont ame- raison pour laquelle les options étalés sur l’ensemble de son aire du Grand Paris Express. Jean- RER B"? Ils ont nés à élargir les bénéfices clas- “post Kyoto” recommandent des géographique, la productivité Claude Prager, le directeur des siques des transports à l’ensemble villes moins étalées. Mais il y a éga- d’ensemble et le niveau de revenu études de la Société du Grand envie de fuir ! » des dimensions économiques lement un e"et significatif pour la par habitant seraient plus faibles, Paris, est leur chef de file. RÉMY PRUD’HOMME, ÉCONOMISTE concernées : une telle infrastruc- productivité des entreprises ». à cause de cet « e!et d’aggloméra- Jacques-François Thisse, de ture a un e"et sur la localisation En clair : la productivité des tion ». Ce phénomène de spatiali- GRAND PARIS 5 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE ORUM À Paris, le projet de figer la ville et de F La réalisation du Grand Paris bénéficiera à l’ensemble MAGE I la vider de ses entreprises (…) va bon du pays. Car la France a besoin du dynamisme de la région AFP «train. Il n’émeut pas plus que cela les © «capitale. Elle a besoin de ces investissements sur lesquels Parisiens (…) et satisfait les propriétaires mon gouvernement a décidé de s’engager et ils bénéficieront qui [y] voient un moyen d’augmenter leur directement ou indirectement à l’ensemble du territoire rente. » PR LAURENT DAVEZIES (« PARIS S’ENDORT », 2008) national. » JEAN-MARC AYRAULT, 6 MARS 2013 IA RDS POUR LA RELANCE

que cela joue sur 500 mètres, culer urbanisme et transports sans guère plus. C’est d’ailleurs pour contribuer à la réduction de l’usage cela que La Défense ne s’étendra excessif de l’automobile ». jamais vraiment loin de son espla- Pour eux la structuration de nade, la productivité chuterait l’espace par les modes de trans- dangereusement… port est une douce illusion#; la Sur ces bases-là, la direction des manière dont les autorités études du Grand Paris arrive à publiques se sont régulièrement plusieurs hypothèses, dont une, « plantées » depuis des années sur moyenne, est considérée comme les prévisions de trafic et le la plus réaliste : le Grand Paris recours à l’automobile pourraient Express (GPE) devrait entraîner les inciter à plus de sagesse. la création de 115#000 emplois stables. Lors de l’achèvement du LA COURSE-POURSUITE GPE aux alentours de 2035, ce LOGEMENT/TRANSPORTS seront 115#000 emplois qui se Aucun d’entre eux ne remet en seront ajoutés aux 700#000 que la cause la nécessité pour une ville- croissance du PIB francilien allait, monde d’aller concurrencer de toute façon, selon l’INSEE, Londres ou Francfort pour rame- créer pour la même date. ner entreprises et emplois en Île- Dans ce chiffre ne sont bien de-France. Mais Rémy entendu comptés ni les emplois Prud’homme, qui adore travailler sur le « mythe des investissements Certains économistes d’avenir » a remar- contestent la pertinence qué que les pays qui ont le plus investi des investissements depuis 2000 dans les d’avenir très centrés sur infrastructures de transports (par rap- les transports collectifs. port au PIB médian) sont dans l’ordre le directs et indirects induits par les Portugal, la Grèce, l’Espagne et chantiers de construction du l’Italie#! Quatre pays qui ont investi réseau (230#000 emplois d’ici la dans les infrastructures de trans- fin des travaux selon les prévi- ports pour retrouver de la crois- sions du Conseil régional d’Île de sance. De même, aucun de ces trois France), ni les projets spécifiques économistes n’arrive à comprendre d’implantation (voir l’exemple pourquoi, comme le note Rémy d’Auchan, page 6). Plus notable : Prud’homme, « le rail ce serait for- près de 50#000 de ces 115#000 cément bien et la voiture forcément emplois supplémentaires seront mal ». « Nous avons un énorme des emplois « étrangers », des avantage sur Londres ou Bombay, emplois liés à l’implantation d’en- c’est justement notre maillage treprises étrangères. C’est la deu- actuel de transports collectifs. La xième logique tout aussi essen- productivité de l’Île-de-France a tielle du GPE : Paris est une ville toujours été forte à cause de ce -monde et doit aller chercher des réseau. Il ne faut pas forcément tout emplois de ville-monde. chambouler mais l’améliorer l’exis- Il y a pourtant une autre école de tant, c’est la priorité. À quoi cela sation est donc essentiel avec ce Reste un dernier critère à prendre Anglais ont concentré tous leurs pensée, toute aussi pertinente sert d’avoir une ville-monde quand, Grand Paris et ses transports nou- en compte : le même travailleur investissements sur la City et le mais plus méfiante : on y trouve de Roissy, vous faites venir les inves- veaux qui vont concentrer l’habi- avec la même formation dans la quartier d’affaires de Canary des économistes comme Rémy tisseurs dans ce pathétique RER tat et l’emploi autour des gares et même entreprise est, au bout de Wharf. Certains appellent cela Prud’homme, Jean-Pierre Orfeuil B!?.. Ils ont envie de fuir ! » dans les clusters (voir carte) : les vingt ans, 20#%, 30#% ou 50#% plus l’« e!et sauna » ; Gérard Collomb ou l’urbaniste Marc Wiel. « Nous Jean-Pierre Orfeuil et Marc Anglais, encore eux, viennent productif à Paris que dans une ville à Lyon parle, lui, de l’« e!et café- pensons, estiment Jean-Pierre Wiel le montrent de manière un ainsi de montrer qu’une amélio- moyenne de province. téria ». C’est la même chose : un Orfeuil et Marc Wiel, que l’on fait peu plus iconoclaste dans une ration de 10#% de l’accessibilité chercheur, un banquier, un chef la part trop belle au rail. On pêche étude à paraître, où il apparaît que entraînait une augmentation de LA CONCENTRATION ET SON d’entreprise, s’il sort de son par optimisme sur la capacité du la saturation des lignes de métro 3#% du nombre des entreprises et PRÉCIEUX « EFFET SAUNA » bureau pour aller prendre un rail d’impulser du développement correspond, pour une très grande des emplois dans un rayon de Car les travailleurs sont comme sandwich, se retrouve dans la rue économique, on poursuit égale- partie, aux migrations des classes 30 km autour de la gare concer- les entreprises : plus ils sont avec ses pairs : l’information cir- ment la vieille chimère de l’unifica- moyennes. C’est le coût du mètre née. C’est toute la logique du concentrés, plus ils sont produc- cule, la productivité augmente. tion du bassin d’emploi liée aux Grand Paris Express. tifs. En vertu de ce principe, les Tous les chefs d’entreprise savent gares, et on persiste à ne pas arti- 6 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

GRAND PARIS : 30 MILLIARDS EUROPA CITY, POUR LA RELANCE carré de logement qui engorge les transports : les classes moyennes C’EST BIEN PARTI!! vont là où les prix leur sont accessibles et la saturation des DR ploi que va proposer Europa City, lignes qui en découle est plus liée les compétences qui seront à la crise immobilière qu’à la demandées seront en e!et assez structuration du marché du tra- innovantes. Il n’y a aucune for- vail. Ils en concluent que si la mation proche recensée. Peut- politique des transports publics être même sera-t-il question des veut absolument s’adapter à licenciés de PSA Aulnay, de l’évolution du mètre carré, elle ne l’autre côté de l’autoroute A1. sera jamais assez réactive et n’y Le projet sera choisi le 12 avril. Quatre L’horizon en tout cas se dégage. survivra pas. architectes sont en lice : le carré, « Agri+culture » de « Signe au ciel », de Valode et Pistre. l’équipe Snohetta. LE CHOIX DÉCISIF FAIRE ÉMERGER UNE DU PREMIER MINISTRE COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE Le coût de la gare n’est pas en lui- Il y a enfin l’école des pragma- même exorbitant (entre 320 et tiques. Ceux qui estiment que la 350 millions) mais avec l’opposi- non-réalisation du Grand Paris tion écologiste, au fil des mois puis serait une sorte de suicide écono- des années, la situation était deve- mique (voir l’entretien avec nue légèrement ka%aïenne. Tous Pierre-Antoine Gailly, en les élus du territoire, quel que soit page 10). Ceux qui ont compris leur bord politique, ont les uns que l’idée même du Grand Paris après les autres soutenu Auchan. était une révolution coperni- « Sillons et volutes », « Ville+paysage », Mais l’urbanisation votée par le cienne et que, quoique qu’on en de Manuelle Gautrand. de l’équipe BIG. Conseil régional (y compris les pense, il fallait suivre. Verts…) a été remise en cause et Frédéric Gilli serait plutôt de petit à petit d’autres investisseurs cette troisième école. Économiste, LE PROJET PHARE 11"500 emplois directs, ont commencé à freiner leurs spécialiste de géographie urbaine, ardeurs alors que cette partie de il estime que « le discours qui est 8"000 indirects : à peine les nouvelles lignes de l’Île-de-France, coincée entre tenu est peut-être plus important deux autoroutes et à côté d’un que les lignes de métro elles- transports en commun étaient-elles annoncées immense aéroport, n’a jamais été mêmes : il est dans la fluidification un site à l’attractivité évidente. du circuit régional, dans la mobi- que le groupe Auchan a confirmé son projet Trouver des privés prêts à lisation des PME, dans l’ingénio- d’immense centre de loisirs, culture, commerce, engloutir quelques milliards, cela sité des ETI qui vont nourrir l’at- ne devrait pas se refuser. D’autant tractivité du territoire. Faire venir un investissement de 2 milliards dans le triangle que le développement entre de grands groupes industriels c’est Roissy#-#Charles-de-Gaulle et Le bien, mais cela ne tire pas forcé- de Gonesse (Val d’Oise). D’autres devraient suivre. Bourget s’e!ectue essentiellement ment la croissance. L’important, avec des plates-formes logistiques, c’est le maillage du territoire et les donc du trafic et des camions, ce 70 nouvelles gares. Mais c’est sur- qui aurait dû davantage pousser tout la manière dont une commu- JEAN-PIERRE GONGUET desservir, c’est un joli succès. loin. Et puis, Auchan l’a telle- les associations écologistes à pro- nauté économique va se créer et les Certes, Auchan aurait préféré ment attendue, cette gare pour tester. Même Cécile Duflot, à entreprises se parler entre elles ». ean-Luc Névache, tout avoir « sa » gare à Gonesse, un monter cette Europa City (dont peine élue, avait émis quelques Les transports sont nécessaires, nouveau préfet du Val peu plus tôt. Elle était d’abord d’ailleurs ne veulent toujours pas réticences en lançant que le Grand vitaux même pour certaines villes d’Oise, commence prévue pour 2021, mais Chris- quelques associations de Paris n’était pas l’endroit pour des mais, dit Gilli, « le volet territorial bien : Christophe Dals- tophe Dalstein fera avec : « Nous Gonesse ni les leaders d’EELV au « Dubaï-sur-Seine ». qui va avec n’existe pas encore. Des tein, le directeur d’Eu- venons de calculer que la non des- conseil régional) qu’il faut y aller. Visiblement, Jean-Marc Ayrault leviers dont l’économie a besoin Jropa City, confirme vendredi serte de Gonesse à partir de D’autant que Jean-Marc a tranché en faveur des 11#500 manquent encore. La plupart des 12 avril que le groupe Auchan, via Roissy!-!Charles-de-Gaulle ne Ayrault a pris des engagements emplois directs du futur site et des maires d’Île-de-France ne sa filiale immobilière Immochan, nous fera perdre que 2!% de notre fermes qui « cadrent » mieux les 8#000 induits. Du coup Europa connaissent même pas les acteurs va bien lancer un projet de 2 mil- potentielle clientèle d’ici à 2030, enquêtes d’utilité publique qui City devient le projet phare de économiques de leurs villes, per- liards d’euros dans son départe- date à laquelle la jonction sera viennent juste de s’ouvrir sur Plaine de France qui s’étend sur sonne ne les fait exister : le patron ment. Dans le triangle de Gonesse faite. Donc nous lançons le projet l’urbanisation des terres dans le 300 kilomètres carrés entre Paris, d’une PME de 500 personnes en très précisément, que Jean-Marc quitte à le couper en deux : l’ou- triangle de Gonesse (Europa City les aéroports du Bourget et de Île-de-France, il n’existe pas!! En Ayrault a décidé de faire desservir verture d’une première tranche va occuper 80 des 250 ha de Roissy. Il aura même sa deuxième province, si. C’est un notable dès 2020 par des RER B et D terres à urbaniser). gare TGV (Saint-Denis Pleyel), important. Là, il faut que le terri- modernisés, et, en 2025, par une Europa City occupera C’est donc ce ven- après celle de Roissy. Plaine de toire francilien apprenne à se gare dédiée à Gonesse même. dredi 12 avril que France est l’exemple type d’un ter- mettre au service des entreprises, Le projet#? Un immense centre 80 des 250 hectares Christophe Dals- ritoire pauvre qui malgré toutes les ce qui n’est vraiment pas fait par- loisirs, culture, commerce qui de terres à urbaniser. tein devait annon- autoroutes qui le traversent (il y en tout : la région est extrêmement fournira des emplois à 11#500 per- cer lequel des a quatre#!) ne peut s’en sortir sans innovante, mais les entrepreneurs, sonnes (les services du ministère d’Europa City pourrait se faire quatre architectes en lice a rem- désenclavement. Restera un der- les chercheurs ne sont souvent pas du Travail ont validé le calcul), après que les RER soient terminés porté le projet Europa City, et nier investissement que Jean- en prise directe avec le marché, il y dont une grande partie pour les en 2022 et une deuxième tranche lancer l’élaboration du Plan Marc Ayrault a laissé pour l’instant a trop peu de relais locaux pour les habitants de Gonesse et des villes avec l’ouverture de la station de directeur. Dans le même temps, de côté puisqu’il n’appartient pas à aider. L’enjeu est de taille : le Grand avoisinantes. Un projet de 2 mil- métro en 2025. Ce sera très pro- avec le préfet et le service public la logique gouvernementale : le Paris, c’est potentiellement 0,2 liards entièrement privé (le seul bablement progressif ». de l’emploi, il va lancer les études Charles-de-Gaulle Express, ligne point de croissance par an en Île- d’ailleurs labellisé dans le cadre du Les investissements sont pour la mise au point des forma- de chemin de fer qui relierait direc- de-France ». Si l’effort d’infras- Grand Paris) déclenché par la lourds, il faut rentabiliser le plus tions pour les jeunes de Gonesse tement l’aéroport au centre de tructure est accompagné. & seule existence d’une gare pour le tôt possible et 2025 c’est un peu et du Val d’Oise. Les types d’em- Paris. Là, pas de date prévue.& EN PARTENARIAT AVEC

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EN PARTENARIAT AVEC 8 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LLAA TRIBUNE TRIBUNE VENDREDI VENDREDI 12 5 AVRIL 2013 LA PLACE FINANCIÈRE SE REDÉPLOIE

LE CONTEXTE Premier employeur de la région parisienne, la finance attend beaucoup de l’amélioration de la circulation que promettent les futures grandes infrastructures du Grand Paris. L’ENJEU Il s’agit de conforter le redéploiement des sites que les grands établissements sont en train de réaliser. Puis de mettre à profit les nouvelles opportunités pour continuer à adapter leur organisation à l’évolution des besoins de leurs clients.

PASCALE BESSES-BOUMARD cieux allié à plusieurs titres. sations au sein des grands groupes D’abord parce que le développe- bancaires. Le développement de la es métiers de finance ment du maillage des transports en banque en ligne devant inexorable- évoluent à vitesse grand commun va nécessairement amé- ment aboutir à une réduction des V. C’est bien la raison liorer la qualité de vie de tous ses réseaux physiques, même si la rela- pour laquelle les diri- salariés, en particulier ceux tribu- tion client sera toujours le maître geants des géants du taires de lignes de métro ou de mot de ces professionnels. Ces réor- Lsecteur se mobilisent pour tenter RER aujourd’hui déjà largement ganisations devraient donc toucher leurs implantations en Île-de- trouvé les financements de ce vaste de cerner les dernières attentes de saturées avec des problèmes d’ac- la banque de détail. Par ailleurs, la France, notamment dans les com- projet. Ce qui, compte tenu de la leur clientèle et de modeler de cès quasi quotidiens. « Lorsque l’on banque de financement et d’inves- munes de proche banlieue. Ainsi, conjoncture actuelle, laisse pas mal nouveaux axes stratégiques de emploie autant de personnes comme tissement connaît des perspectives LCL s’est installé à Villejuif, le Cré- de zones d’ombre. Du coup, il n’est développement, à la lumière des nous, on ne peut qu’être impatient bien sombres, des activités entières dit Agricole à Montrouge, la Socié- pas possible à l’heure actuelle d’en- progrès technologiques, mais aus- de voir le RER Eole prolongé devraient ainsi être transférées, et té Générale à La Défense et plus visager la moindre opération immo- si des contraintes réglementaires jusqu’à La Défense [et au-delà c’est surtout en Île-de-France que récemment à Val de Fontenay, bilière », estime Jean-Marc Castai- et des aléas macroéconomiques. Mantes-la-Jolie, ndlr], alors qu’il ces arbitrages devraient avoir lieu », alors que BNP Paribas s’installe à gnon. Face à ces défis, la perspective du s’arrête aujourd’hui à la gare Saint- prévoit Christophe Davies, senior Pantin, Nanterre et La Villette, La conjoncture actuelle pourrait- Grand Paris apparaît pour la place Lazare. De même, est-il urgent que manager chez Ailancy, cabinet de après avoir fait de Montreuil son elle convaincre certains groupes de financière parisienne – premier l’on puisse disposer d’un accès à conseil en organisation et manage- centre mondial de l’informatique. revenir sur Paris où certains im- employeur actuel de la région dÎle- l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle ment dans le domaine bancaire et Si certains arbitrages doivent meubles se sont libérés#? Même si de-France – comme un précieux depuis La Défense », lance Jean- financier. encore être faits, ils seront margi- les di$cultés de l’immobilier de allié. BNP Paribas, par exemple, Marc Castaignon, directeur immo- naux. La Société Gé- bureaux n’épargnent pas la capi- compte près de 40#000 salariés sur bilier du groupe Société Générale. nérale, quant à elle, tale, les établissements bancaires l’ensemble de la région, tandis que Ces professionnels de la finance Le projet du Grand regarde surtout du qui emploient de nombreux sala- la Société Générale est, à elle seule, vont-ils profiter de ce vaste chan- Paris est bien accueilli, côté de Val de Fonte- riés n’y voient aucun intérêt. le premier employeur de La Dé- tier de la région capitale pour réor- nay, où elle a déjà D’abord parce que les prix prati- fense avec 20#000 personnes. ganiser leurs implantations et ra- mais son horizon 2030 transféré 5#000 per- qués dans Paris intra-muros Selon une des dernières études tionaliser leurs e!ectifs#? En fait, apparaît lointain, on sonnes et où elle en- restent chers par rapport à la péri- publiées par la Chambre de com- la réflexion actuelle des établisse- visage d’y faire venir phérie, ensuite parce que même merce et d’industrie de Paris, l’acti- ments bancaires porte avant tout craint les éventuels 5#500 autres. « Cette restaurés aux normes actuelles, ils vité financière représentait, fin sur l’évolution de leur modèle pour revirements politiques. zone est particulière- n’o!rent pas les mêmes qualités 2008, 300 000 emplois directs en les mettre en adéquation avec les ment bien desservie que les bâtiments « verts » particu- Ile-de-France (soit l’équivalent à nouveaux modes de consomma- La construction du Grand Paris par les transports en commun [gare lièrement bien conçus, y compris Londres et deux fois moins à tion de leur clientèle. pourrait donc être l’occasion pour SNCF, RER A et E, ndlr]. Élément pour consommer moins d’eau, de Francfort), sans compter les em- les établissements financiers de primordial pour envisager tout papier ou d’énergie, enfin parce plois indirects (services juridiques LA PROCHE BANLIEUE DE remettre à plat leur politique im- transfert. D’une manière générale, qu’ils sont moins grands et ne et informatiques, immobiliers…). PLUS EN PLUS PLÉBISCITÉE mobilière et leurs e!ectifs sur cette le projet du Grand Paris est une peuvent pas satisfaire les besoins La place financière de Paris, au Le modèle classique de banque zone. Rationalisation qui ne de- excellente chose car il va répondre d’entreprises comme la Générale, sens strict, représente pour sa part universelle a vécu, aidé en cela par vrait toutefois pas remettre en à une nécessité absolue, celle de LCL ou Crédit Agricole. De fait, 140 000 emplois, soit un peu les dernières réformes réglemen- question leurs équilibres actuels désengorger une zone saturée à bien ces sociétés ne regardent rien à moins de la moitié des emplois taires qui vont indéniablement puisque, si l’on y regarde de plus des niveaux dont celui de la circula- moins de 10#000 m2. BNP Paribas franciliens du secteur. favoriser une fragmentation des près, on se rend compte que les tion. Sa réalisation semble toutefois toutefois vient de restaurer l’un de Pour les promoteurs du Grand métiers. « Dans ce contexte, on peut mastodontes du secteur ont déjà bien lointaine. On parle d’un hori- ses immeubles parisiens, rue Ber- Paris, la finance est donc un pré- s’attendre à de profondes réorgani- ou sont en train de réorganiser zon 2030. Et d’ici là, il faudra avoir gère dans le 9e arrondissement, GRANRANDD PPARISARIS 9 VENDREDI 512 AVRIL AVRIL 2013 2013 LA LA TRIBUNE TRIBUNE

W LCL s’est installé ICHER IBIKO R

B à Villejuif en 2012. ER LT XAVIER XAVIER WA

pour y loger toute sa gestion col- au gré des changements de majo- leurs pour les collectivités locales : lective. Un contre-exemple qui rité. Vu le calendrier des travaux, l’arrivée sur un site de plusieurs devrait rester cependant isolé. il ne faut pas compter sur de vraies milliers de personnes participe à la concrétisations avant une quin- revitalisation des quartiers, et re- COORDONNER L’ACTION zaine d’années. D’ici là, de nom- lance les commerces et l’activité. PUBLIQUE ET PRIVÉE breuses élections auront eu lieu et, Aujourd’hui, la volonté paraît Les regroupements de la finance avec elles, l’arrivée de nouveaux bien être là, mais le plus dur reste en Île-de-France ont donc déjà décideurs qui pourraient être ten- à faire. Et cela prendra du temps. bien commencé et devraient se tés de modifier (avec les retards Les grands établissements finan- poursuivre au rythme de l’exten- que cela suppose) ce vaste projet ciers l’ont bien compris, qui n’ont sion du maillage des transports en que les Franciliens appellent de pas attendu l’aboutissement du commun. Pour les grandes leurs vœux, à commencer par les projet pour rebâtir leurs implanta- banques françaises, l’enjeu est de banlieusards, très dépendants des tions. Reste à savoir, si la nouvelle taille puisque la mise en œuvre du transports en commun. donne les poussera à repenser plus Grand Paris coïncide avec de pro- C’est pourquoi le monde finan- en profondeur leur organisation et fondes réflexions stratégiques. De cier, premier employeur de la ré- à redéployer leurs forces. Les nou- quoi leur permettre d’aborder dans gion, est très attentif à l’évolution velles et encourageantes opportu- de très bonnes conditions cette du dossier. Il est impératif pour la nités immobilières et fonction- Parmi les projets, le prolongement du RER E mutation. Seul risque : les reports finance que ce chantier ne reste nelles du Grand Paris pourraient jusqu’à Mantes-la-Jolie, via La Défense. successifs des décisions politiques pas lettre morte. Tout comme d’ail- bien les y inciter. &

INTERVIEW

YVES MARTRENCHAR, DRH DU GROUPE BNP PARIBAS « Le Grand Paris sera une aubaine pour nos 40!000 salariés travaillant sur cette zone »

Le projet du Grand Paris les Grands Moulins"; 3"300 personnes à Nanterre qui véritable catastrophe pour la zone la plus riche de FERAS

U va-t-il insu#er une réorgani- regroupe nos activités assurance"; 2"500 personnes sur France. Et tous, en ont bien conscience aujourd’hui. sation de vos di$érents pôles la ZAC de La Villette, 1"800 autres personnes devant ERARD G en Île-de-France. De nou- bientôt les rejoindre. Autant de sites qui nous ont per- Quid des emplois!? Le Grand Paris est-il susceptible veaux regroupements sont-ils mis de rationaliser nos pôles de compétence et bien d’en créer!? prévus d’ici à l’aboutissement souvent de participer activement à la revitalisation de Tout dépendra, bien évidemment du dynamisme de de ce vaste chantier, soit une quartiers ou de zones qui ne demandaient qu’à l’être. l’activité. Permettez-moi de vous rappeler que BNP quinzaine d’années!? Les prochains mouvements seront motivés par l’obso- Paribas est l’une des entreprises qui a créé le plus grand YVES MARTRENCHAR - Notre lescence ou le coût de certains immeubles imposant un nombre d’emplois ces dix dernières années. L’évolution implantation en Île-de-France déménagement vers des centres plus fonctionnels, plus des e#ectifs sera donc fonction de la capacité des socié- est historiquement très importante. Nous comptons à respectueux de l’environnement, tout en étant parfai- tés à capter la croissance. Pour l’heure, on se focalise ce jour près de 40"000 salariés sur cette zone géogra- tement desservis par les transports en commun. surtout sur l’optimisation de nos di#érentes implanta- phique, avec notamment 650 agences. Nous n’avons tions en Île-de-France. Ce que nous faisons actuellement donc pas attendu la perspective de ce redéploiement Comment voyez-vous, en tant que premier à Pantin est assez révélateur. Sur un site, a priori pas régional pour réorganiser nos di#érents centres. Nous employeur en Île-de-France, ce projet quasi forcément très accueillant, nous avons réussi à revalo- avons déjà fait ce choix au cours des quinze dernières pharaonique. Ne craignez-vous pas qu’il soit voué à riser l’espace, le rendre très agréable pour nos salariés, années et nous en sommes d’ailleurs aujourd’hui très l’échec pour des raisons politiques!? et le revitaliser pour tout le voisinage. Un vrai plus pour satisfaits. Le projet du Grand Paris vient ainsi conforter Le Grand Paris tel qu’il a été conçu à ce jour est indénia- les autres sociétés venues également s’installer là, ces choix et devrait nous permettre de tirer parti des blement positif à plus d’un titre. Côté business, il devrait comme Hermès ou Chanel, mais aussi pour les riverains. améliorations attendues. À commencer par celle de la être un formidable aiguillon pour les entreprises concer- La création de deux nouvelles stations du tramway, dont circulation des personnes, véritable problème au- nées. Un accès facilité et une meilleure circulation des une qui dessert notre site, est un véritable atout. Vous jourd’hui pour des millions de Franciliens contraints individus vont obligatoirement dynamiser le tissu éco- comprenez pourquoi un retour vers Paris intra-muros de prendre quotidiennement des transports en com- nomique de la zone. Et je ne me fais pas trop de souci sur n’a plus de sens actuellement. Et pourquoi le poids de mun saturés. Nous avons ainsi déjà 4"000 salariés ins- son aboutissement. Car ce projet est vital pour la région nos installations au centre de la capitale est probable- tallés à Montreuil dans notre centre mondial informa- de l’Île-de-France. Si les querelles partisanes des poli- ment voué à s’alléger au fil des années. tique"; 3"200 personnes à Pantin où nous avons rénové tiques venaient à le remettre en question, ce serait une & PROPOS RECUEILLIS PAR PASCALE BESSES-BOUMARD 10 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

PIERRE-ANTOINE GAILLY, président de la CCI Paris Île-de-France « SANS LE GRAND PARIS, LE PIB FRANÇAIS SERAIT PRIVÉ DE 200 MILLIARDS D’EUROS » PROSPECTIVE Pierre-Antoine Gailly a fait réaliser des études sur l’impact de la mise en œuvre du plan de transports francilien. Le résutat est éloquent.

(Pensez-vous que le plan transports du par rapport au reste du pays et l’entraîne. Grand Paris annoncé par Jean-Marc Ayrault Avec l’Île-de-France, cela a été vrai jusqu’à est déterminant pour relancer l’attractivité il y a six ou sept ans. Depuis, nous nous de la métropole!? sommes fait passer devant. Nous avons Le point vraiment intéressant de l’annonce aussi tous remarqué que depuis cinq ou six est que, pour la première fois, on a réuni ans, les déclarations d’envie de s’implanter toutes les problématiques transports de en Île-de-France de la part des entreprises l’Île-de-France dans un seul plan. Non seu- étrangères fléchissaient régulièrement. Et, lement la grande boucle express, mais aussi depuis l’année dernière, la baisse du nombre la modernisation du RER B ou l’extension d’implantations étrangères nous fait reculer

d’Eole jusqu’à Mantes-la-Jolie, ce qui per- dans les classements internationaux. Nous CCIP E/ met le désenclavement d’une région qui en avons donc un réel problème d’attractivité T APOR a vraiment besoin. Il y a une vision complète et dans toutes les enquêtes, il est lié à deux L E du dossier, un seul et même plan pour tout, raisons : le logement et les transports#! D AVID AVID c’est une très belle idée. D ( Est-ce pour cela que vous avez cherché à ( Beaucoup d’économistes pensent que le savoir ce que cela coûterait à la collctivité de proches, au mieux, de 2#%. Nous avons égale- c’est 18#% de la population qui génère 29#% du rapport coût-bénéfices du plan est très dif- ne pas réaliser le Grand Paris!? ment estimé que le Grand Paris, avec 1 à PIB de la France et 42#% des recettes fiscales ficilement appréciable car ce type de projet Exactement. Sur la base d’hypothèses raison- 2 milliards d’investissement par an au cours de l’État. Il ne faut pas être complexé, notre est totalement nouveau. nables et raisonnées, on peut estimer que la des vingt prochaines années, se traduit par Région tire le pays. Mais si, cela s’est déjà fait#! On l’oublie tou- non-réalisation du projet du Grand Paris pri- une augmentation de 0,3#% du PIB francilien jours. Il y a 150 ans, lorsque le baron Hauss- verait le PIB français d’environ 144 à 208 mil- chaque année. Ensuite, nous avons fait tour- ( Vous êtes donc plutôt un chaud partisan man et le percement du métro ont fait décol- liards d’euros à l’horizon 2030. On peut ner les modèles avec un scénario sans le de ce plan!? ler économiquement Paris. Dans les années même extrapoler encore plus et aller jusqu’en Grand Paris et un autre avec. Cela nous a Je vais émettre deux réserves. La première 1960 et 1970, lorsqu’on a construit le RER 2040 et montrer que le manque serait entre donné le di!érentiel. tient au foncier. Si, comme le laisse en- et implanté les villes nouvelles. Mais tou- 444 et 596 milliards. Si l’on se base sur un tendre le projet de loi sur la décentralisa- jours il y a eu le lien entre les transports et taux de prélèvements obligatoires de 42,5#%, ( Les effets seront-ils immédiats sur la tion, une autorité sur le foncier est donnée l’urbanisme. On n’a rien inventé. Pour le cela implique un manque à gagner de 61 à croissance et l’emploi!? à une structure métropolitaine, ce sera reste, j’ai été e!ectivement surpris que, de- 88 milliards pour les finances publiques en À partir de 2020, on va réellement voir les parfait. Il est insupportable d’entendre des puis que le temps que l’on parle de ce dos- 2030 et de 189 à 253 milliards en 2040. effets sur la croissance francilienne et un maires de la petite couronne de Paris dire sier, en février il n’y avait toujours aucune début de di!usion dans le reste du pays. On qu’ils ont les hectares pour construire, mais étude sur ses retombées économiques éven- ( Sur quelles hypothèses avez-vous fondé ne peut guère faire d’hypothèses fortes, mais qu’ils ne font pas de logement social parce tuelles. Comme si les économistes étaient vos calculs!? il est quand même possible qu’entre 2020 et ce que cela ne correspond pas à leur élec- un peu pétrifiés. Pourtant les sommes ne Nous avons fait deux jeux d’hypothèses quant 2030 la croissance de l’économie française torat. Ils ne font d’ailleurs pas plus de loge- sont pas monstrueuses, comme on l’entend aux e!ets du Grand Paris. Le premier corres- atteigne 2,2#% avec l’effet de diffusion du ments intermédiaires. Et les entreprises trop souvent. Elles sont importantes, mais pond au scénario que la Chambre de com- Grand Paris. Et il faut souligner qu’un point n’arrivent pas à en trouver pour loger leurs 30 milliards sur quinze ans, par rapport à merce et d’industrie régionale a retenu, avec de croissance en plus ce sont 250#000 em- employés et leurs cadres#! Et j’aurais un l’enjeu économique de la région capitale, ce un passage à 3,5#% de la croissance franci- plois en plus pour l’économie française. D’ail- regret, c’est que l’on termine par là où l’on n’est pas un sujet susceptible de polémique : lienne à partir de 2030#; le second retient une leurs, il faut que l’on arrête avec ce serpent de devrait commencer : Roissy, c’est prévu dans tous les pays développés, lorsque la croissance plus faible aux alentours de 3#%. mer de la province qui paierait pour Paris. pour 2030, Orly et Villepinte pour 2027. Ce région capitale va bien, le reste du pays va Ce sont des hypothèses cohérentes avec Même les élus franciliens avec lesquels je sont les poumons de l’Île-de-France, les bien. Très souvent cette région connaît un celles de l’INSEE sur la croissance de long discute très souvent sont trop réservés sur arrivées d’air frais. Et on finit par cela ! & demi-point de croissance supplémentaire terme de l’économie française qui sont cette question. Il faut dire que région capitale, PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PIERRE GONGUET

La Tribune, 18, rue Pasquier, Président, directeur de la publication Sandrine Cassini, Marie-Caroline Lopez, Dominique Pialot, Dossier réalisé par Jean-Pierre Gonguet MANAGEMENT 75008 Paris Jean-Christophe Tortora. Alain-Gabriel Verdevoye. et Pascale Besses-Boumard. Vice-président en charge des métropoles RÉDACTION Finance Rédactrice en chef : Pascale Besses-Boumard. et des régions Jean-Claude Gallo. Téléphone : 01 78 41 40 93. Directeur de la rédaction Éric Walther. Rédactrice en chef adjointe : Séverine Sollier. Laura Fort, RÉALISATION RELAXNEWS Conseiller éditorial François Roche. Pour joindre votre http://www.latribune.fr Directeurs adjoints de la rédaction Philippe Mabille. Christine Lejoux, Sophie Rolland, Mathias Thepot. Maquette : Mathieu Momiron Directrice stratégie et développement Aziliz de Veyrinas correspondant, composer le 01 78 41 suivi des 4 chiffres Économie Rédacteur en chef : Robert Jules. Édition Jean-Pierre Alesi. Correspondante Édition : Alfred Mignot, Pierre Sommé. (40 78). Directrice de publicité Clarisse Nicot (40 79). entre parenthèses. Rédacteur en chef adjoint : Romaric Godin. Florence Autret (Bruxelles). Rédacteur en chef Hebdo Iconographie : Caroline Pfrimmer. Directeur nouveaux médias Thomas Loignon. SOCIÉTÉ ÉDITRICE LA TRIBUNE NOUVELLE. S.A.S. Ivan Best, Jean-Christophe Chanut, Fabien Piliu, Jean-Louis Alcaïde. Jean-Pierre Gonguet. ACTIONNAIRES Abonnements Dorothée Rourre (44 22). au capital de 3 200 000 euros. Établissement principal : Sophie Peters. Groupe Hima, Hi-media/Cyril Zimmerman, Imprimeries IPS, ZA du Chant des Oiseaux, 80800 Fouilloy. 18, rue Pasquier, 75008 Paris. Siège social : Entreprise Rédacteur en chef : Michel Cabirol. Rédacteurs LATRIBUNE.FR JCG Medias, SARL Communication No de commission paritaire : 0514 C 85607. 10, rue des Arts, 31000 Toulouse. SIREN : 749 814 604. en chef adjoints : Delphine Cuny, Fabrice Glieszczynski. Rédactrice en chef : Perrine Créquy. Alain Ribet/SARL, RH Éditions/Denis Lafay. ISSN : 1277-2380.

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HEBDOMADAIRE PARIS DES METROPOLES GRAND PARIS UN PLAN GÉANT POUR L’EMPLOI

INTERVIEW EXCLUSIVE Jean-Marc Ayrault R F ERTRAND / ERTRAND HEMIS. B L GARDE USIEURS VIES. » VIES. USIEURS L MAGEFORUM - I A P FP L A RE JOURNA T RI, VO RI, T ÉDITO

E DE Salutaire révolution culturelle T

JEAN-PIERRE GONGUET « Nouveau Grand Paris » que Jean-Marc Ayrault présente cale. Le point de croissance annuel en Île-de-France que cet RE GES T dans l’entretien qu’il nous a accordé, est une révolution investissement devrait assurer est en e!et conditionné à la VEC VO VEC

A dam Smith est le père du Grand Paris. Fernand culturelle pour la gauche française : en décidant 30 mil- fin des rivalités politiques et querelles d’ego des élus franci- Braudel en est le parrain. Le fondateur de la liards d’investissement dans une infrastructure de trans- liens. Ils n’arrivent à se mettre d’accord sur rien alors que science économique moderne constatait en ports autour et dans la métropole parisienne, elle espère leur territoire, poumon économique de la France, s’endort e!et il y a plus de deux cents ans que la densité un regain de croissance du territoire francilien dont les lentement. Ils n’ont pourtant qu’un impératif, résoudre la AGE DES PAPIERS. AGE DES PAPIERS. L desA populations était la condition pour tirer le maximum e!ets se feront sentir partout dans le pays. Jean-Marc question du logement, problème économique central de de bénéfices économiques de la division du travail. Il Ayrault accepte donc l’idée d’une inégalité positive en l’Île-de-France, avant même celui des transports. E RECYC

L constatait également que l’abaissement du coût des trans- matière de développement économique. Et il la défend : Un employé, un cadre moyen, un étudiant, un chercheur ou ports, grâce à l’amélioration des réseaux et au progrès tech- « Quand l’Ile-de-France va bien, c’est l’ensemble de la France un créateur de start-up n’a plus les moyens de plus vivre au IO POUR

L nique, a pour e!et d’augmenter les échanges et de favoriser qui se porte mieux », nous explique-t-il. cœur de cette métropole où il travaille. Du coup, il veut vite ainsi la spécialisation, la productivité, la croissance et Dans son propre camp, certains peuvent être tentés de s’échapper : 86#% des cadres franciliens rêvent de partir en l’emploi. L’historien a quant à lui longuement décrit com- réduire l’idée d’égalité des territoires à celle d’identité des province, selon une enquête de Cadre Emploi#! La métropole ment dans les « économies-monde », la ville centre, la territoires, et de souhaiter un traitement égalitariste en parisienne a donc un réel problème d’attractivité. Londres grande agglomération urbaine, sont le moteur du dévelop- matière de développement économique. Jean-Marc Ayrault et Francfort rivalisent d’ingéniosité pour attirer cadres et pement économique. Le Grand Paris, ou plutôt le impose une autre logique. Mais elle est encore un peu ban- créateurs d’entreprise, Paris les fait fuir. T LA TRIBUNE S’ENGAGE AVEC ECOFO AVEC TRIBUNE S’ENGAGE LA

« 2 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

JEAN-MARC AYRAULT, Premier ministre «!QUAND L’ÎLE-DE-FRANCE VA BIEN, LA FRANCE SE PORTE MIEUX!»

veaux secteurs et de construire des VISION D’AVENIR Pour le chef du gouvernement, le « Nouveau dizaines de milliers de logements Grand Paris » tel qu’il le conçoit est une région capitale « plus supplémentaires, dans des terri- toires denses et bien desservis. solidaire et plus compétitive », avec davantage de logements Nous permettrons donc à de nom- breux ménages d’habiter dans la construits, des transports et un cadre de vie améliorés. Afin que les zone centrale ou dans des polarités importantes de l’Île-de-France, et Franciliens aient envie de « rester dans leur région et d’y développer lutterons ainsi contre les forces leurs talents ». L’avenir de Paris « se joue à l’échelle métropolitaine, centrifuges qui poussent les mé- nages toujours plus loin sans que a!rme le Premier ministre. C’est cela l’enjeu de la ville-monde ». cela soit toujours un choix malheu- reusement. Les nouveaux quar- tiers seront aussi des opportunités nouvelles pour les entreprises : les PROPOS RECUEILLIS Ensuite j’ai adapté le projet à la Mais toute la croissance de la ré- tables et permettent aux terri- secteurs de Saclay, de la Plaine PAR JEAN-PIERRE GONGUET réalité de besoins très divers. Sur gion ne s’y résume pas. Au-delà, toires les plus enclavés d’avoir Saint-Denis, du Bourget ou de certains tronçons, il y a 35#000 existe le tissu économique de l’Île- accès aux zones d’emploi. C’est la Marne-la-Vallée, pour n’en citer ( LA TRIBUNE - La logique du voyageurs à l’heure de pointe, sur de-France, des grands groupes raison pour laquelle j’ai en parti- que quelques-uns, verront leur Grand Paris Express que vous d’autres, moins de 10#000. La comme des PME et des ETI, dont culier souhaité que la ligne 16 des- attractivité encore améliorée. avez présenté le 6 mars dernier réponse technique ne peut donc les salariés se logent et se dé- serve au plus vite les territoires de Nous œuvrons aussi activement, est-elle encore celle, initiale, de être la même. J’ai voulu que l’on placent en Île-de-France.Quand Clichy, de Montfermeil, de Go- de cette manière, pour un rééqui- Nicolas Sarkozy!? pense qualité de service en of- on améliore les conditions de nesse. En 2023, un habitant de librage est-ouest e!ectif, pour que JEAN-MARC AYRAULT - J’ai frant les meilleures perfor- transport et qu’on produit plus de Clichy pourra rejoindre le centre les logements et pour les bureaux e!ectivement donné de nouvelles mances de régularité et de fré- logements, c’est l’ensemble des de Paris avec une seule correspon- soient mieux répartis. bases au projet. Je l’ai donc appelé quence. Par conséquent, j’ai forces vives de l’économie franci- dance, ou, pourquoi pas, passer le Nouveau Grand Paris et c’est la abandonné le mythe d’un réseau lienne qui en bénéficie. Et, sans par Chelles pour aller prendre ( Comment les collectivités vont- vision que le Gouvernement porte du Grand Paris Express uni- méconnaître la Eole et re- elles devoir repenser leurs straté- pour l’avenir de la métropole fran- forme, qui aurait conduit à ré- richesse et la joindre la Dé- gies de développement et travailler cilienne. Ma conviction, c’est qu’il duire la fréquence de passage complexité de fense#! C’est en réseau pour favoriser le dévelop- faut œuvrer avec détermination dans les territoires où les trafics l’écosystème Vu de Tokyo l’e$cacité, pement des PME et ETI!? Le métro pour l’emploi et la croissance, sans sont les plus faibles, pour limiter régional, vu de ou de New mais aussi ne peut assurer la croissance si les jamais perdre de vue la solidarité. les coûts d’exploitation d’un mé- Tokyo ou de «York, il n’y a qu’un l’équité du collectivités ne s’organisent pas Avec cette ambition, nous tro grand gabarit. Dans ces terri- New York, il n’y marché du tra- pour aider les entreprises. construisons un projet cohérent : toires, un métro à gabarit adapté a qu’un seul seul cluster, celui vail qui en est C’est l’ambition des changements une ville durable, des transports sera construit, permettant des cluster, celui du du Grand Paris . » transformée, que nous portons avec la réforme maillés efficaces et une gouver- économies et un meilleur caden- Grand Paris. en permettant de la gouvernance : les compé- nance renouvelée. Pour les trans- cement de l’o!re. Pour résumer, aux popula- tences doivent être bien définies et ports, j’ai donné au Nouveau Grand Enfin j’ai donné de la visibilité le Nouveau Grand Paris, c’est le tions qui en sont les plus éloignées les collectivités compétentes Paris trois impulsions majeures. avec un calendrier de réalisation projet d’une Île-de-France plus d’en retrouver l’accès. doivent avoir les leviers néces- D’abord j’ai voulu la fin de la dis- du projet et fixé la programmation solidaire et plus compétitive. C’est saires à leur mise en œuvre. En tinction entre le Grand Paris des tronçons, qui seront lancés en construire plus de logements, ( Comment la localisation des particulier, nous réaffirmerons Express et la modernisation des parallèle et réalisés en continu d’ici créer plus de mixité sociale, amé- ménages et donc, à terme, des en- dans les textes en préparation, le réseaux existants. Il n’y a qu’un à 2030. Les échéances sont claires, liorer les transports du quotidien. treprises seront-elles modifiées!? rôle fondamental des régions dans seul réseau de transports publics la feuille de route est tracée. C’est améliorer le cadre de vie Nous avons à relever le défi du la stratégie de développement éco- en Île-de-France. Personne ne fera pour que l’Île-de-France soit plus déficit de logements. Cela fait plu- nomique. Pour l’Île-de-France, le tour de Paris en empruntant la ( Comment, sans oublier la lo- attractive. C’est donner envie aux sieurs décennies qu’on ne cela correspond d’ailleurs à la res- ligne « rouge » ou la ligne gique de clusters, le Nouveau Grand Franciliens de rester dans leur construit pas assez en Île-de- ponsabilité des transports, qui sont « orange ». Il faut penser corres- Paris pourra-t-il prendre plus en région et d’y développer leurs France et les conséquences so- de niveau régional à travers le pondance, maillage du territoire, compte le tissu des PME et des ETI talents. ciales du mal-logement sont par- STIF, le Syndicat des Transports mixité des itinéraires domicile-tra- de l’Île-de-France!? ticulièrement aiguës. Il ne faut pas d’Île-de-France. vail. C’est pourquoi j’ai souhaité Les clusters sont des regroupe- ( C’est donc la fluidité des tra- non plus oublier que le déficit de Mais les sujets liés au développe- rebaptiser les lignes du Grand Pa- ments localisés de compétences jets qui va améliorer l’e"cacité du logement a des conséquences éco- ment économique sont souvent ris Express : lignes 15, 16, 17, 18, 19, industrielles, de recherche et d’en- marché du travail!? nomiques regrettables : les di$- multiples et une collectivité ne comme les lignes de métro exis- seignement, sur des périmètres Au travers de la modernisation cultés de la mobilité résidentielle peut pas tout faire seule. L’e$ca- tantes, et les faire représenter sur bien identifiés. Ils peuvent être des des réseaux existants et la créa- empêchent de pourvoir des mil- cité passe de plus en plus par des des plans figurant également le foyers d’innovation et d’excellence tion de lignes nouvelles, je veux liers d’emplois. partenariats de tous les acteurs de réseau existant. C’est un change- technologiques et sont donc très que les trajets en Île-de-France La dynamique du Grand Paris l’action publique : État, di!érentes ment de paradigme majeur. précieux au dynamisme francilien. soient plus réguliers, plus confor- permettra de développer de nou- collectivités, organismes institu- GRAND PARIS 3 LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013 GUAY

RAND T BER

Jean-Marc Ayrault considère ORUM / que désormais « les échéances F sont claires, la feuille de route MAGE I est tracée ». AFP tionnels, etc. Les projets impor- ( La polémique se poursuit sur les ris. J’ai fixé à la Société du Grand place au fur et à mesure des mises subvention de l’État et des collec- tants doivent rassembler. Cela conditions de financement du Nou- Paris l’objectif d’une optimisation en service, à partir de 2020. Donc, tivités locales, dont la capacité de peut notamment prendre la forme veau Grand Paris. Est-il bouclé"? des coûts du réseau de 3 milliards oui, le financement est sécurisé financement doit être entière- de contrats de développement ter- J’ai proposé un plan de finance- d’euros. C’est un objectif réaliste, pour une réalisation d’ici à 2030. ment mobilisée sur les projets de ritorial. ment clair, mutualisant les res- compte tenu des adaptations de transports publics sur les réseaux sources et les a!ectant de manière capacités qui sont à mobiliser. ( Avez-vous abandonné la desserte existants ou en développement. ( Ce qui est construit avec ce efficace à la modernisation du J’ai déplafonné les taxes a!ec- de l’aéroport Charles de Gaulle"? Grand Paris Express n’a été réalisé réseau comme au développement tées à la Société du Grand Paris L’aéroport de Roissy-Charles de ( Ces 30 milliards investis sur un nulle part ailleurs – ni Londres, ni de nouvelles lignes. J’ai décidé pour supprimer l’écrêtement qui Gaulle ne peut se satisfaire des seul territoire suscitent parfois un Shanghai ne sont même compa- d’a!ecter 2 milliards d’euros sup- avait été mis en place au profit du liaisons qui le relient au centre de sentiment anti-parisien. Com- rables. Cela sera-t-il su!sant pour plémentaires budget général. Paris, même en tenant compte de ment conciliez-vous la nécessité que Paris se maintienne au niveau aux opérations Cette mesure la réalisation de la branche du de créer de la richesse là où c’est des principales villes-monde"? de modernisa- Oui, le permet à elle réseau du Grand Paris Express qui possible, c’est-à-dire d’abord en L’image et la qualité de vie sont tion et de déve- seule de finan- desservira Roissy. Île-de-France, avec l’idée de l’éga- des éléments d’attractivité pour loppement de ce financement cer 80"% du ré- La plupart des grands aéroports lité des territoires"? Paris. Les transports en commun réseau. «est sécurisé pour seau du Grand (Heathrow, Oslo, Stockholm, Opposer Paris à la province n’a le sont également. Ces di!érents Cela portera une réalisation Paris Express. Hong Kong, ou encore Tokyo) aucun sens. Quand l’Île-de-France atouts doivent perdurer, en même les engagements Des contribu- disposent d’une liaison directe et va bien, c’est l’ensemble de la temps que nous démontrons notre p o s s i b l e s à d’ici à 2030. » tions de l’État dédiée avec le centre de la capi- France qui se porte mieux. Le pro- aptitude à changer d’échelle et à 7 milliards, et et des collecti- tale, véritable porte d’entrée vers jet du Nouveau Grand Paris est un dépasser les frontières symbo- les crédits e!ec- vités apporte- celle-ci. Je souhaite donc que la projet pour la France. Par ailleurs, liques existantes. L’avenir de Paris tivement mobilisés à 6 milliards ront un complément de plus de liaison directe entre la gare de je rappelle que les 30 milliards se joue à l’échelle métropolitaine d’euros, d’ici 2017. C’est plus du 2 milliards d’euros à répartir sur l’Est et Roissy Charles de Gaulle d’euros sont, pour la majeure par- et c’est cela l’enjeu de la ville- double de ce qui a été dépensé au plus de 15 ans. Enfin, une recette se réalise. Toutefois, elle possède tie, issus des taxes que paient les monde. Je crois que les élus, les cours des cinq dernières années. fiscale additionnelle sera à trou- son modèle économique propre, Franciliens eux-mêmes. Ils ne citoyens, les entreprises l’ont bien Cet e!ort est permis par la mobi- ver, d’un montant limité, pour et devra se financer par les re- pèsent donc pas sur les finance- compris. C’est l’ambition du Grand lisation des ressources de court rassembler les 2,5 milliards d’eu- cettes de ses utilisateurs et des ments disponibles pour les autres Paris tel que je le conçois. terme de la Société du Grand Pa- ros restants : elle sera mise en passagers aériens, sans apport de projets d’infrastructure. T 4 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013 ORUM F Paris n’est pas que la capitale de MAGE I 24,5milliards d’euros la France. Elle est aussi la rivale 2030 pour la réalisation des nouvelles lignes de trans- AFP Le Grand Paris Express achevé © de Londres, de New York, de ports. Ce financement est assuré notamment par « représentera 205 km de lignes et 75 les taxes locales, la réaffectation de taxes de Shanghai (…). Mais elle peut perdre gares nouvelles. 9 Franciliens sur 10 l’Agence nationale pour la rénovation urbaine à son rang si nous n’y prenons pas seront à moins de 2 km d’une gare et la Société du Grand Paris (21,8 milliards), et les voyageurs gagneront entre 30 mn garde. » NICOLAS SARKOZY, 29 AVRIL 2009 d’une contribution exceptionnelle de 2 milliards. et 1 heure sur leurs trajets quotidiens. GRAND PARIS : 30 MILLIA RDS POUR LE CONTEXTE Alors que le Premier ministre a donné le coup d’envoi aux infrastructures indispensables pour revitaliser l’activité et redynamiser la région capitale, tous les experts mettent en garde sur la question de la gouvernance économique du Grand Paris, qui seule peut amener les emplois. L’ENJEU L’investissement, évalué à 30 milliards d’euros, doit en rapporter 73 d’ici à quinze ans, créer 115!000 emplois, augmenter la productivité et accroître la croissance du PIB francilien de 0,2 point par an : c’est l’hypothèse raisonnable des premiers calculs des économistes.

JEAN-PIERRE GONGUET l’Université de Louvain, l’un des de fréquentation. Idem avec la ligne spécialistes mondiaux de l’écono- 14 du métro : beaucoup la voyaient ettez trois écono- mie des transports, le soutient. déserte, elle est déjà saturée ». mistes ensemble, il Jean-Claude Prager estime à « 73 Le Financial Times a ainsi publié en sortira quatre le nombre de milliards qui vont au il y a quelques semaines un dos- théories oppo- total revenir dans l’économie fran- sier montrant que si les critères sées ». Ce dicton cilienne. Pour un investissement de actuels du Trésor britannique en Mest bien évidemment faux : le fait 30 milliards, c’est très bien. C’est matière d’investissements d’in- que tous les économistes le un taux de rentabilité de 7!%!! » frastructure avaient été appliqués trouvent juste su!t pour le prou- au XIXe siècle, jamais les égouts ver. Mais il a un fond de vérité : sur LA DENSITÉ, UN FACTEUR DE de Londres n’auraient été le Grand Paris, il y a ainsi presque MEILLEURE PRODUCTIVITÉ construits"! Il est à parier que le autant de prévisions que d’écono- Jean-Claude Prager reconnaît baron Haussmann aurait eu les mistes. La question est pourtant que la prévision n’est quand même mêmes problèmes. Paul Delou- claire : la création d’un réseau de pas des plus aisées. « On a du mal vrier également, si le général de transports reliant les clusters à apprécier ce genre de gros projet. Gaulle ne lui avait pas demandé de franciliens et les aéroports au sein Lorsque nous avons construit la construire le RER et les villes nou- d’une métropole mondiale peut- Cité des Sciences à La Villette, j’ai velles qui allaient avec, sans s’em- elle remodeler l’urbanisation, entendu mille fois dire que cela ne barrasser de trop d’études écono- reconstruire les zones de travail, marcherait jamais. Bien sûr elle a miques prévisionnelles. favoriser la création de nouveaux été amortie sur plus longtemps que D’ailleurs, les Anglais qui inves- emplois et redonner à l’Île-de- prévu, mais c’est un immense succès tissent un peu plus de 16 milliards France la croissance perdue"? d’euros dans Crossrail, un projet Jean-Marc Ayrault le pense. Il a un peu semblable au Grand Paris donc mis 30 milliards d’euros sur À quoi cela Express, commencent seulement des emplois et des populations et entreprises est plus élevée dans la table pour les quinze pro- sert d’avoir à évaluer les retombées. « Les donc sur la densité des activités et une zone dense que dans une zone chaines années. Les économistes, Anglais, depuis 2006, savent du développement urbain. Et la diffuse. Et le phénomène est eux, ont pris leurs calculettes et «une ville-monde apprécier les gains de productivité densification du développement encore plus important pour les entamé une (saine"!) querelle. quand, de Roissy, liés à la facilité des transports et à urbain a, elle, un e"et sur les coûts emplois de haute qualification et Dans la première école de pensée, vous faites venir la spatialisation, continue Jean- d’investissement et de fonctionne- dans les grandes métropoles. on trouve ceux qui estiment que Claude Prager. Du coup, les études ment des services publics et sur la Dit autrement : si les emplois le rapport coût-bénéfices sera de les investisseurs sur l’impact socio-économique de consommation de carbone. C’est la actuels de l’Île-de-France étaient toute façon largement en faveur dans ce pathétique Crossrail à Londres nous ont ame- raison pour laquelle les options étalés sur l’ensemble de son aire du Grand Paris Express. Jean- RER B"? Ils ont nés à élargir les bénéfices clas- “post Kyoto” recommandent des géographique, la productivité Claude Prager, le directeur des siques des transports à l’ensemble villes moins étalées. Mais il y a éga- d’ensemble et le niveau de revenu études de la Société du Grand envie de fuir ! » des dimensions économiques lement un e"et significatif pour la par habitant seraient plus faibles, Paris, est leur chef de file. RÉMY PRUD’HOMME, ÉCONOMISTE concernées : une telle infrastruc- productivité des entreprises ». à cause de cet « e#et d’aggloméra- Jacques-François Thisse, de ture a un e"et sur la localisation En clair : la productivité des tion ». Ce phénomène de spatiali- GRAND PARIS 5 VENDREDI 12 AVRIL 2013 LA TRIBUNE ORUM À Paris, le projet de figer la ville et de F La réalisation du Grand Paris bénéficiera à l’ensemble MAGE I la vider de ses entreprises (…) va bon du pays. Car la France a besoin du dynamisme de la région AFP «train. Il n’émeut pas plus que cela les © «capitale. Elle a besoin de ces investissements sur lesquels Parisiens (…) et satisfait les propriétaires mon gouvernement a décidé de s’engager et ils bénéficieront qui [y] voient un moyen d’augmenter leur directement ou indirectement à l’ensemble du territoire rente. » PR LAURENT DAVEZIES (« PARIS S’ENDORT », 2008) national. » JEAN-MARC AYRAULT, 6 MARS 2013 IA RDS POUR LA RELANCE

que cela joue sur 500 mètres, culer urbanisme et transports sans guère plus. C’est d’ailleurs pour contribuer à la réduction de l’usage cela que La Défense ne s’étendra excessif de l’automobile ». jamais vraiment loin de son espla- Pour eux la structuration de nade, la productivité chuterait l’espace par les modes de trans- dangereusement… port est une douce illusion!; la Sur ces bases-là, la direction des manière dont les autorités études du Grand Paris arrive à publiques se sont régulièrement plusieurs hypothèses, dont une, « plantées » depuis des années sur moyenne, est considérée comme les prévisions de trafic et le la plus réaliste : le Grand Paris recours à l’automobile pourraient Express (GPE) devrait entraîner les inciter à plus de sagesse. la création de 115!000 emplois stables. Lors de l’achèvement du LA COURSE-POURSUITE GPE aux alentours de 2035, ce LOGEMENT/TRANSPORTS seront 115!000 emplois qui se Aucun d’entre eux ne remet en seront ajoutés aux 700!000 que la cause la nécessité pour une ville- croissance du PIB francilien allait, monde d’aller concurrencer de toute façon, selon l’INSEE, Londres ou Francfort pour rame- créer pour la même date. ner entreprises et emplois en Île- Dans ce chiffre ne sont bien de-France. Mais Rémy entendu comptés ni les emplois Prud’homme, qui adore travailler sur le « mythe des investissements Certains économistes d’avenir » a remar- contestent la pertinence qué que les pays qui ont le plus investi des investissements depuis 2000 dans les d’avenir très centrés sur infrastructures de transports (par rap- les transports collectifs. port au PIB médian) sont dans l’ordre le directs et indirects induits par les Portugal, la Grèce, l’Espagne et chantiers de construction du l’Italie!! Quatre pays qui ont investi réseau (230!000 emplois d’ici la dans les infrastructures de trans- fin des travaux selon les prévi- ports pour retrouver de la crois- sions du Conseil régional d’Île de sance. De même, aucun de ces trois France), ni les projets spécifiques économistes n’arrive à comprendre d’implantation (voir l’exemple pourquoi, comme le note Rémy d’Auchan, page 6). Plus notable : Prud’homme, « le rail ce serait for- près de 50!000 de ces 115!000 cément bien et la voiture forcément emplois supplémentaires seront mal ». « Nous avons un énorme des emplois « étrangers », des avantage sur Londres ou Bombay, emplois liés à l’implantation d’en- c’est justement notre maillage treprises étrangères. C’est la deu- actuel de transports collectifs. La xième logique tout aussi essen- productivité de l’Île-de-France a tielle du GPE : Paris est une ville toujours été forte à cause de ce -monde et doit aller chercher des réseau. Il ne faut pas forcément tout emplois de ville-monde. chambouler mais l’améliorer l’exis- Il y a pourtant une autre école de tant, c’est la priorité. À quoi cela sation est donc essentiel avec ce Reste un dernier critère à prendre Anglais ont concentré tous leurs pensée, toute aussi pertinente sert d’avoir une ville-monde quand, Grand Paris et ses transports nou- en compte : le même travailleur investissements sur la City et le mais plus méfiante : on y trouve de Roissy, vous faites venir les inves- veaux qui vont concentrer l’habi- avec la même formation dans la quartier d’affaires de Canary des économistes comme Rémy tisseurs dans ce pathétique RER tat et l’emploi autour des gares et même entreprise est, au bout de Wharf. Certains appellent cela Prud’homme, Jean-Pierre Orfeuil B!?.. Ils ont envie de fuir ! » dans les clusters (voir carte) : les vingt ans, 20!%, 30!% ou 50!% plus l’« e"et sauna » ; Gérard Collomb ou l’urbaniste Marc Wiel. « Nous Jean-Pierre Orfeuil et Marc Anglais, encore eux, viennent productif à Paris que dans une ville à Lyon parle, lui, de l’« e"et café- pensons, estiment Jean-Pierre Wiel le montrent de manière un ainsi de montrer qu’une amélio- moyenne de province. téria ». C’est la même chose : un Orfeuil et Marc Wiel, que l’on fait peu plus iconoclaste dans une ration de 10!% de l’accessibilité chercheur, un banquier, un chef la part trop belle au rail. On pêche étude à paraître, où il apparaît que entraînait une augmentation de LA CONCENTRATION ET SON d’entreprise, s’il sort de son par optimisme sur la capacité du la saturation des lignes de métro 3!% du nombre des entreprises et PRÉCIEUX « EFFET SAUNA » bureau pour aller prendre un rail d’impulser du développement correspond, pour une très grande des emplois dans un rayon de Car les travailleurs sont comme sandwich, se retrouve dans la rue économique, on poursuit égale- partie, aux migrations des classes 30 km autour de la gare concer- les entreprises : plus ils sont avec ses pairs : l’information cir- ment la vieille chimère de l’unifica- moyennes. C’est le coût du mètre née. C’est toute la logique du concentrés, plus ils sont produc- cule, la productivité augmente. tion du bassin d’emploi liée aux Grand Paris Express. tifs. En vertu de ce principe, les Tous les chefs d’entreprise savent gares, et on persiste à ne pas arti- 6 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

GRAND PARIS : 30 MILLIARDS EUROPA CITY, POUR LA RELANCE carré de logement qui engorge les transports : les classes moyennes C’EST BIEN PARTI!! vont là où les prix leur sont accessibles et la saturation des DR ploi que va proposer Europa City, lignes qui en découle est plus liée les compétences qui seront à la crise immobilière qu’à la demandées seront en e"et assez structuration du marché du tra- innovantes. Il n’y a aucune for- vail. Ils en concluent que si la mation proche recensée. Peut- politique des transports publics être même sera-t-il question des veut absolument s’adapter à licenciés de PSA Aulnay, de l’évolution du mètre carré, elle ne l’autre côté de l’autoroute A1. sera jamais assez réactive et n’y Le projet sera choisi le 12 avril. Quatre L’horizon en tout cas se dégage. survivra pas. architectes sont en lice : le carré, « Agri+culture » de « Signe au ciel », de Valode et Pistre. l’équipe Snohetta. LE CHOIX DÉCISIF FAIRE ÉMERGER UNE DU PREMIER MINISTRE COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE Le coût de la gare n’est pas en lui- Il y a enfin l’école des pragma- même exorbitant (entre 320 et tiques. Ceux qui estiment que la 350 millions) mais avec l’opposi- non-réalisation du Grand Paris tion écologiste, au fil des mois puis serait une sorte de suicide écono- des années, la situation était deve- mique (voir l’entretien avec nue légèrement ka#aïenne. Tous Pierre-Antoine Gailly, en les élus du territoire, quel que soit page 10). Ceux qui ont compris leur bord politique, ont les uns que l’idée même du Grand Paris après les autres soutenu Auchan. était une révolution coperni- « Sillons et volutes », « Ville+paysage », Mais l’urbanisation votée par le cienne et que, quoique qu’on en de Manuelle Gautrand. de l’équipe BIG. Conseil régional (y compris les pense, il fallait suivre. Verts…) a été remise en cause et Frédéric Gilli serait plutôt de petit à petit d’autres investisseurs cette troisième école. Économiste, LE PROJET PHARE 11!500 emplois directs, ont commencé à freiner leurs spécialiste de géographie urbaine, ardeurs alors que cette partie de il estime que « le discours qui est 8!000 indirects : à peine les nouvelles lignes de l’Île-de-France, coincée entre tenu est peut-être plus important deux autoroutes et à côté d’un que les lignes de métro elles- transports en commun étaient-elles annoncées immense aéroport, n’a jamais été mêmes : il est dans la fluidification un site à l’attractivité évidente. du circuit régional, dans la mobi- que le groupe Auchan a confirmé son projet Trouver des privés prêts à lisation des PME, dans l’ingénio- d’immense centre de loisirs, culture, commerce, engloutir quelques milliards, cela sité des ETI qui vont nourrir l’at- ne devrait pas se refuser. D’autant tractivité du territoire. Faire venir un investissement de 2 milliards dans le triangle que le développement entre de grands groupes industriels c’est Roissy!-!Charles-de-Gaulle et Le bien, mais cela ne tire pas forcé- de Gonesse (Val d’Oise). D’autres devraient suivre. Bourget s’e"ectue essentiellement ment la croissance. L’important, avec des plates-formes logistiques, c’est le maillage du territoire et les donc du trafic et des camions, ce 70 nouvelles gares. Mais c’est sur- qui aurait dû davantage pousser tout la manière dont une commu- JEAN-PIERRE GONGUET desservir, c’est un joli succès. loin. Et puis, Auchan l’a telle- les associations écologistes à pro- nauté économique va se créer et les Certes, Auchan aurait préféré ment attendue, cette gare pour tester. Même Cécile Duflot, à entreprises se parler entre elles ». ean-Luc Névache, tout avoir « sa » gare à Gonesse, un monter cette Europa City (dont peine élue, avait émis quelques Les transports sont nécessaires, nouveau préfet du Val peu plus tôt. Elle était d’abord d’ailleurs ne veulent toujours pas réticences en lançant que le Grand vitaux même pour certaines villes d’Oise, commence prévue pour 2021, mais Chris- quelques associations de Paris n’était pas l’endroit pour des mais, dit Gilli, « le volet territorial bien : Christophe Dals- tophe Dalstein fera avec : « Nous Gonesse ni les leaders d’EELV au « Dubaï-sur-Seine ». qui va avec n’existe pas encore. Des tein, le directeur d’Eu- venons de calculer que la non des- conseil régional) qu’il faut y aller. Visiblement, Jean-Marc Ayrault leviers dont l’économie a besoin Jropa City, confirme vendredi serte de Gonesse à partir de D’autant que Jean-Marc a tranché en faveur des 11!500 manquent encore. La plupart des 12 avril que le groupe Auchan, via Roissy!-!Charles-de-Gaulle ne Ayrault a pris des engagements emplois directs du futur site et des maires d’Île-de-France ne sa filiale immobilière Immochan, nous fera perdre que 2!% de notre fermes qui « cadrent » mieux les 8!000 induits. Du coup Europa connaissent même pas les acteurs va bien lancer un projet de 2 mil- potentielle clientèle d’ici à 2030, enquêtes d’utilité publique qui City devient le projet phare de économiques de leurs villes, per- liards d’euros dans son départe- date à laquelle la jonction sera viennent juste de s’ouvrir sur Plaine de France qui s’étend sur sonne ne les fait exister : le patron ment. Dans le triangle de Gonesse faite. Donc nous lançons le projet l’urbanisation des terres dans le 300 kilomètres carrés entre Paris, d’une PME de 500 personnes en très précisément, que Jean-Marc quitte à le couper en deux : l’ou- triangle de Gonesse (Europa City les aéroports du Bourget et de Île-de-France, il n’existe pas!! En Ayrault a décidé de faire desservir verture d’une première tranche va occuper 80 des 250 ha de Roissy. Il aura même sa deuxième province, si. C’est un notable dès 2020 par des RER B et D terres à urbaniser). gare TGV (Saint-Denis Pleyel), important. Là, il faut que le terri- modernisés, et, en 2025, par une Europa City occupera C’est donc ce ven- après celle de Roissy. Plaine de toire francilien apprenne à se gare dédiée à Gonesse même. dredi 12 avril que France est l’exemple type d’un ter- mettre au service des entreprises, Le projet!? Un immense centre 80 des 250 hectares Christophe Dals- ritoire pauvre qui malgré toutes les ce qui n’est vraiment pas fait par- loisirs, culture, commerce qui de terres à urbaniser. tein devait annon- autoroutes qui le traversent (il y en tout : la région est extrêmement fournira des emplois à 11!500 per- cer lequel des a quatre!!) ne peut s’en sortir sans innovante, mais les entrepreneurs, sonnes (les services du ministère d’Europa City pourrait se faire quatre architectes en lice a rem- désenclavement. Restera un der- les chercheurs ne sont souvent pas du Travail ont validé le calcul), après que les RER soient terminés porté le projet Europa City, et nier investissement que Jean- en prise directe avec le marché, il y dont une grande partie pour les en 2022 et une deuxième tranche lancer l’élaboration du Plan Marc Ayrault a laissé pour l’instant a trop peu de relais locaux pour les habitants de Gonesse et des villes avec l’ouverture de la station de directeur. Dans le même temps, de côté puisqu’il n’appartient pas à aider. L’enjeu est de taille : le Grand avoisinantes. Un projet de 2 mil- métro en 2025. Ce sera très pro- avec le préfet et le service public la logique gouvernementale : le Paris, c’est potentiellement 0,2 liards entièrement privé (le seul bablement progressif ». de l’emploi, il va lancer les études Charles-de-Gaulle Express, ligne point de croissance par an en Île- d’ailleurs labellisé dans le cadre du Les investissements sont pour la mise au point des forma- de chemin de fer qui relierait direc- de-France ». Si l’effort d’infras- Grand Paris) déclenché par la lourds, il faut rentabiliser le plus tions pour les jeunes de Gonesse tement l’aéroport au centre de tructure est accompagné. & seule existence d’une gare pour le tôt possible et 2025 c’est un peu et du Val d’Oise. Les types d’em- Paris. Là, pas de date prévue.& EN PARTENARIAT AVEC

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EN PARTENARIAT AVEC 8 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LLAA TRIBUNE TRIBUNE VENDREDI VENDREDI 12 5 AVRIL 2013 LA PLACE FINANCIÈRE SE REDÉPLOIE

LE CONTEXTE Premier employeur de la région parisienne, la finance attend beaucoup de l’amélioration de la circulation que promettent les futures grandes infrastructures du Grand Paris. L’ENJEU Il s’agit de conforter le redéploiement des sites que les grands établissements sont en train de réaliser. Puis de mettre à profit les nouvelles opportunités pour continuer à adapter leur organisation à l’évolution des besoins de leurs clients.

PASCALE BESSES-BOUMARD cieux allié à plusieurs titres. sations au sein des grands groupes D’abord parce que le développe- bancaires. Le développement de la es métiers de finance ment du maillage des transports en banque en ligne devant inexorable- évoluent à vitesse grand commun va nécessairement amé- ment aboutir à une réduction des V. C’est bien la raison liorer la qualité de vie de tous ses réseaux physiques, même si la rela- pour laquelle les diri- salariés, en particulier ceux tribu- tion client sera toujours le maître geants des géants du taires de lignes de métro ou de mot de ces professionnels. Ces réor- Lsecteur se mobilisent pour tenter RER aujourd’hui déjà largement ganisations devraient donc toucher leurs implantations en Île-de- trouvé les financements de ce vaste de cerner les dernières attentes de saturées avec des problèmes d’ac- la banque de détail. Par ailleurs, la France, notamment dans les com- projet. Ce qui, compte tenu de la leur clientèle et de modeler de cès quasi quotidiens. « Lorsque l’on banque de financement et d’inves- munes de proche banlieue. Ainsi, conjoncture actuelle, laisse pas mal nouveaux axes stratégiques de emploie autant de personnes comme tissement connaît des perspectives LCL s’est installé à Villejuif, le Cré- de zones d’ombre. Du coup, il n’est développement, à la lumière des nous, on ne peut qu’être impatient bien sombres, des activités entières dit Agricole à Montrouge, la Socié- pas possible à l’heure actuelle d’en- progrès technologiques, mais aus- de voir le RER Eole prolongé devraient ainsi être transférées, et té Générale à La Défense et plus visager la moindre opération immo- si des contraintes réglementaires jusqu’à La Défense [et au-delà c’est surtout en Île-de-France que récemment à Val de Fontenay, bilière », estime Jean-Marc Castai- et des aléas macroéconomiques. Mantes-la-Jolie, ndlr], alors qu’il ces arbitrages devraient avoir lieu », alors que BNP Paribas s’installe à gnon. Face à ces défis, la perspective du s’arrête aujourd’hui à la gare Saint- prévoit Christophe Davies, senior Pantin, Nanterre et La Villette, La conjoncture actuelle pourrait- Grand Paris apparaît pour la place Lazare. De même, est-il urgent que manager chez Ailancy, cabinet de après avoir fait de Montreuil son elle convaincre certains groupes de financière parisienne – premier l’on puisse disposer d’un accès à conseil en organisation et manage- centre mondial de l’informatique. revenir sur Paris où certains im- employeur actuel de la région dÎle- l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle ment dans le domaine bancaire et Si certains arbitrages doivent meubles se sont libérés"? Même si de-France – comme un précieux depuis La Défense », lance Jean- financier. encore être faits, ils seront margi- les di#cultés de l’immobilier de allié. BNP Paribas, par exemple, Marc Castaignon, directeur immo- naux. La Société Gé- bureaux n’épargnent pas la capi- compte près de 40"000 salariés sur bilier du groupe Société Générale. nérale, quant à elle, tale, les établissements bancaires l’ensemble de la région, tandis que Ces professionnels de la finance Le projet du Grand regarde surtout du qui emploient de nombreux sala- la Société Générale est, à elle seule, vont-ils profiter de ce vaste chan- Paris est bien accueilli, côté de Val de Fonte- riés n’y voient aucun intérêt. le premier employeur de La Dé- tier de la région capitale pour réor- nay, où elle a déjà D’abord parce que les prix prati- fense avec 20"000 personnes. ganiser leurs implantations et ra- mais son horizon 2030 transféré 5"000 per- qués dans Paris intra-muros Selon une des dernières études tionaliser leurs e!ectifs"? En fait, apparaît lointain, on sonnes et où elle en- restent chers par rapport à la péri- publiées par la Chambre de com- la réflexion actuelle des établisse- visage d’y faire venir phérie, ensuite parce que même merce et d’industrie de Paris, l’acti- ments bancaires porte avant tout craint les éventuels 5"500 autres. « Cette restaurés aux normes actuelles, ils vité financière représentait, fin sur l’évolution de leur modèle pour revirements politiques. zone est particulière- n’o!rent pas les mêmes qualités 2008, 300 000 emplois directs en les mettre en adéquation avec les ment bien desservie que les bâtiments « verts » particu- Ile-de-France (soit l’équivalent à nouveaux modes de consomma- La construction du Grand Paris par les transports en commun [gare lièrement bien conçus, y compris Londres et deux fois moins à tion de leur clientèle. pourrait donc être l’occasion pour SNCF, RER A et E, ndlr]. Élément pour consommer moins d’eau, de Francfort), sans compter les em- les établissements financiers de primordial pour envisager tout papier ou d’énergie, enfin parce plois indirects (services juridiques LA PROCHE BANLIEUE DE remettre à plat leur politique im- transfert. D’une manière générale, qu’ils sont moins grands et ne et informatiques, immobiliers…). PLUS EN PLUS PLÉBISCITÉE mobilière et leurs e!ectifs sur cette le projet du Grand Paris est une peuvent pas satisfaire les besoins La place financière de Paris, au Le modèle classique de banque zone. Rationalisation qui ne de- excellente chose car il va répondre d’entreprises comme la Générale, sens strict, représente pour sa part universelle a vécu, aidé en cela par vrait toutefois pas remettre en à une nécessité absolue, celle de LCL ou Crédit Agricole. De fait, 140 000 emplois, soit un peu les dernières réformes réglemen- question leurs équilibres actuels désengorger une zone saturée à bien ces sociétés ne regardent rien à moins de la moitié des emplois taires qui vont indéniablement puisque, si l’on y regarde de plus des niveaux dont celui de la circula- moins de 10"000 m2. BNP Paribas franciliens du secteur. favoriser une fragmentation des près, on se rend compte que les tion. Sa réalisation semble toutefois toutefois vient de restaurer l’un de Pour les promoteurs du Grand métiers. « Dans ce contexte, on peut mastodontes du secteur ont déjà bien lointaine. On parle d’un hori- ses immeubles parisiens, rue Ber- Paris, la finance est donc un pré- s’attendre à de profondes réorgani- ou sont en train de réorganiser zon 2030. Et d’ici là, il faudra avoir gère dans le 9e arrondissement, GRANRANDD PPARISARIS 9 VENDREDI 512 AVRIL AVRIL 2013 2013 LA LA TRIBUNE TRIBUNE

W LCL s’est installé ICHER IBIKO R

B à Villejuif en 2012. ER LT XAVIER XAVIER WA

pour y loger toute sa gestion col- au gré des changements de majo- leurs pour les collectivités locales : lective. Un contre-exemple qui rité. Vu le calendrier des travaux, l’arrivée sur un site de plusieurs devrait rester cependant isolé. il ne faut pas compter sur de vraies milliers de personnes participe à la concrétisations avant une quin- revitalisation des quartiers, et re- COORDONNER L’ACTION zaine d’années. D’ici là, de nom- lance les commerces et l’activité. PUBLIQUE ET PRIVÉE breuses élections auront eu lieu et, Aujourd’hui, la volonté paraît Les regroupements de la finance avec elles, l’arrivée de nouveaux bien être là, mais le plus dur reste en Île-de-France ont donc déjà décideurs qui pourraient être ten- à faire. Et cela prendra du temps. bien commencé et devraient se tés de modifier (avec les retards Les grands établissements finan- poursuivre au rythme de l’exten- que cela suppose) ce vaste projet ciers l’ont bien compris, qui n’ont sion du maillage des transports en que les Franciliens appellent de pas attendu l’aboutissement du commun. Pour les grandes leurs vœux, à commencer par les projet pour rebâtir leurs implanta- banques françaises, l’enjeu est de banlieusards, très dépendants des tions. Reste à savoir, si la nouvelle taille puisque la mise en œuvre du transports en commun. donne les poussera à repenser plus Grand Paris coïncide avec de pro- C’est pourquoi le monde finan- en profondeur leur organisation et fondes réflexions stratégiques. De cier, premier employeur de la ré- à redéployer leurs forces. Les nou- quoi leur permettre d’aborder dans gion, est très attentif à l’évolution velles et encourageantes opportu- de très bonnes conditions cette du dossier. Il est impératif pour la nités immobilières et fonction- Parmi les projets, le prolongement du RER E mutation. Seul risque : les reports finance que ce chantier ne reste nelles du Grand Paris pourraient jusqu’à Mantes-la-Jolie, via La Défense. successifs des décisions politiques pas lettre morte. Tout comme d’ail- bien les y inciter. &

INTERVIEW

YVES MARTRENCHAR, DRH DU GROUPE BNP PARIBAS « Le Grand Paris sera une aubaine pour nos 40!000 salariés travaillant sur cette zone »

Le projet du Grand Paris les Grands Moulins!; 3!300 personnes à Nanterre qui véritable catastrophe pour la zone la plus riche de FERAS

U va-t-il insu!er une réorgani- regroupe nos activités assurance!; 2!500 personnes sur France. Et tous, en ont bien conscience aujourd’hui. sation de vos di"érents pôles la ZAC de La Villette, 1!800 autres personnes devant ERARD G en Île-de-France. De nou- bientôt les rejoindre. Autant de sites qui nous ont per- Quid des emplois#? Le Grand Paris est-il susceptible veaux regroupements sont-ils mis de rationaliser nos pôles de compétence et bien d’en créer#? prévus d’ici à l’aboutissement souvent de participer activement à la revitalisation de Tout dépendra, bien évidemment du dynamisme de de ce vaste chantier, soit une quartiers ou de zones qui ne demandaient qu’à l’être. l’activité. Permettez-moi de vous rappeler que BNP quinzaine d’années#? Les prochains mouvements seront motivés par l’obso- Paribas est l’une des entreprises qui a créé le plus grand YVES MARTRENCHAR - Notre lescence ou le coût de certains immeubles imposant un nombre d’emplois ces dix dernières années. L’évolution implantation en Île-de-France déménagement vers des centres plus fonctionnels, plus des e"ectifs sera donc fonction de la capacité des socié- est historiquement très importante. Nous comptons à respectueux de l’environnement, tout en étant parfai- tés à capter la croissance. Pour l’heure, on se focalise ce jour près de 40!000 salariés sur cette zone géogra- tement desservis par les transports en commun. surtout sur l’optimisation de nos di"érentes implanta- phique, avec notamment 650 agences. Nous n’avons tions en Île-de-France. Ce que nous faisons actuellement donc pas attendu la perspective de ce redéploiement Comment voyez-vous, en tant que premier à Pantin est assez révélateur. Sur un site, a priori pas régional pour réorganiser nos di"érents centres. Nous employeur en Île-de-France, ce projet quasi forcément très accueillant, nous avons réussi à revalo- avons déjà fait ce choix au cours des quinze dernières pharaonique. Ne craignez-vous pas qu’il soit voué à riser l’espace, le rendre très agréable pour nos salariés, années et nous en sommes d’ailleurs aujourd’hui très l’échec pour des raisons politiques#? et le revitaliser pour tout le voisinage. Un vrai plus pour satisfaits. Le projet du Grand Paris vient ainsi conforter Le Grand Paris tel qu’il a été conçu à ce jour est indénia- les autres sociétés venues également s’installer là, ces choix et devrait nous permettre de tirer parti des blement positif à plus d’un titre. Côté business, il devrait comme Hermès ou Chanel, mais aussi pour les riverains. améliorations attendues. À commencer par celle de la être un formidable aiguillon pour les entreprises concer- La création de deux nouvelles stations du tramway, dont circulation des personnes, véritable problème au- nées. Un accès facilité et une meilleure circulation des une qui dessert notre site, est un véritable atout. Vous jourd’hui pour des millions de Franciliens contraints individus vont obligatoirement dynamiser le tissu éco- comprenez pourquoi un retour vers Paris intra-muros de prendre quotidiennement des transports en com- nomique de la zone. Et je ne me fais pas trop de souci sur n’a plus de sens actuellement. Et pourquoi le poids de mun saturés. Nous avons ainsi déjà 4!000 salariés ins- son aboutissement. Car ce projet est vital pour la région nos installations au centre de la capitale est probable- tallés à Montreuil dans notre centre mondial informa- de l’Île-de-France. Si les querelles partisanes des poli- ment voué à s’alléger au fil des années. tique!; 3!200 personnes à Pantin où nous avons rénové tiques venaient à le remettre en question, ce serait une & PROPOS RECUEILLIS PAR PASCALE BESSES-BOUMARD 10 LA TRIBUNE DES MÉTROPOLES LA TRIBUNE VENDREDI 12 AVRIL 2013

PIERRE-ANTOINE GAILLY, président de la CCI Paris Île-de-France « SANS LE GRAND PARIS, LE PIB FRANÇAIS SERAIT PRIVÉ DE 200 MILLIARDS D’EUROS » PROSPECTIVE Pierre-Antoine Gailly a fait réaliser des études sur l’impact de la mise en œuvre du plan de transports francilien. Le résutat est éloquent.

(Pensez-vous que le plan transports du par rapport au reste du pays et l’entraîne. Grand Paris annoncé par Jean-Marc Ayrault Avec l’Île-de-France, cela a été vrai jusqu’à est déterminant pour relancer l’attractivité il y a six ou sept ans. Depuis, nous nous de la métropole!? sommes fait passer devant. Nous avons Le point vraiment intéressant de l’annonce aussi tous remarqué que depuis cinq ou six est que, pour la première fois, on a réuni ans, les déclarations d’envie de s’implanter toutes les problématiques transports de en Île-de-France de la part des entreprises l’Île-de-France dans un seul plan. Non seu- étrangères fléchissaient régulièrement. Et, lement la grande boucle express, mais aussi depuis l’année dernière, la baisse du nombre la modernisation du RER B ou l’extension d’implantations étrangères nous fait reculer

d’Eole jusqu’à Mantes-la-Jolie, ce qui per- dans les classements internationaux. Nous CCIP E/ met le désenclavement d’une région qui en avons donc un réel problème d’attractivité T APOR a vraiment besoin. Il y a une vision complète et dans toutes les enquêtes, il est lié à deux L E du dossier, un seul et même plan pour tout, raisons : le logement et les transports!! D AVID AVID c’est une très belle idée. D ( Est-ce pour cela que vous avez cherché à ( Beaucoup d’économistes pensent que le savoir ce que cela coûterait à la collctivité de proches, au mieux, de 2!%. Nous avons égale- c’est 18!% de la population qui génère 29!% du rapport coût-bénéfices du plan est très dif- ne pas réaliser le Grand Paris!? ment estimé que le Grand Paris, avec 1 à PIB de la France et 42!% des recettes fiscales ficilement appréciable car ce type de projet Exactement. Sur la base d’hypothèses raison- 2 milliards d’investissement par an au cours de l’État. Il ne faut pas être complexé, notre est totalement nouveau. nables et raisonnées, on peut estimer que la des vingt prochaines années, se traduit par Région tire le pays. Mais si, cela s’est déjà fait!! On l’oublie tou- non-réalisation du projet du Grand Paris pri- une augmentation de 0,3!% du PIB francilien jours. Il y a 150 ans, lorsque le baron Hauss- verait le PIB français d’environ 144 à 208 mil- chaque année. Ensuite, nous avons fait tour- ( Vous êtes donc plutôt un chaud partisan man et le percement du métro ont fait décol- liards d’euros à l’horizon 2030. On peut ner les modèles avec un scénario sans le de ce plan!? ler économiquement Paris. Dans les années même extrapoler encore plus et aller jusqu’en Grand Paris et un autre avec. Cela nous a Je vais émettre deux réserves. La première 1960 et 1970, lorsqu’on a construit le RER 2040 et montrer que le manque serait entre donné le di"érentiel. tient au foncier. Si, comme le laisse en- et implanté les villes nouvelles. Mais tou- 444 et 596 milliards. Si l’on se base sur un tendre le projet de loi sur la décentralisa- jours il y a eu le lien entre les transports et taux de prélèvements obligatoires de 42,5!%, ( Les effets seront-ils immédiats sur la tion, une autorité sur le foncier est donnée l’urbanisme. On n’a rien inventé. Pour le cela implique un manque à gagner de 61 à croissance et l’emploi!? à une structure métropolitaine, ce sera reste, j’ai été e"ectivement surpris que, de- 88 milliards pour les finances publiques en À partir de 2020, on va réellement voir les parfait. Il est insupportable d’entendre des puis que le temps que l’on parle de ce dos- 2030 et de 189 à 253 milliards en 2040. effets sur la croissance francilienne et un maires de la petite couronne de Paris dire sier, en février il n’y avait toujours aucune début de di"usion dans le reste du pays. On qu’ils ont les hectares pour construire, mais étude sur ses retombées économiques éven- ( Sur quelles hypothèses avez-vous fondé ne peut guère faire d’hypothèses fortes, mais qu’ils ne font pas de logement social parce tuelles. Comme si les économistes étaient vos calculs!? il est quand même possible qu’entre 2020 et ce que cela ne correspond pas à leur élec- un peu pétrifiés. Pourtant les sommes ne Nous avons fait deux jeux d’hypothèses quant 2030 la croissance de l’économie française torat. Ils ne font d’ailleurs pas plus de loge- sont pas monstrueuses, comme on l’entend aux e"ets du Grand Paris. Le premier corres- atteigne 2,2!% avec l’effet de diffusion du ments intermédiaires. Et les entreprises trop souvent. Elles sont importantes, mais pond au scénario que la Chambre de com- Grand Paris. Et il faut souligner qu’un point n’arrivent pas à en trouver pour loger leurs 30 milliards sur quinze ans, par rapport à merce et d’industrie régionale a retenu, avec de croissance en plus ce sont 250!000 em- employés et leurs cadres!! Et j’aurais un l’enjeu économique de la région capitale, ce un passage à 3,5!% de la croissance franci- plois en plus pour l’économie française. D’ail- regret, c’est que l’on termine par là où l’on n’est pas un sujet susceptible de polémique : lienne à partir de 2030!; le second retient une leurs, il faut que l’on arrête avec ce serpent de devrait commencer : Roissy, c’est prévu dans tous les pays développés, lorsque la croissance plus faible aux alentours de 3!%. mer de la province qui paierait pour Paris. pour 2030, Orly et Villepinte pour 2027. Ce région capitale va bien, le reste du pays va Ce sont des hypothèses cohérentes avec Même les élus franciliens avec lesquels je sont les poumons de l’Île-de-France, les bien. Très souvent cette région connaît un celles de l’INSEE sur la croissance de long discute très souvent sont trop réservés sur arrivées d’air frais. Et on finit par cela ! & demi-point de croissance supplémentaire terme de l’économie française qui sont cette question. Il faut dire que région capitale, PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PIERRE GONGUET

La Tribune, 18, rue Pasquier, Président, directeur de la publication Sandrine Cassini, Marie-Caroline Lopez, Dominique Pialot, Dossier réalisé par Jean-Pierre Gonguet MANAGEMENT 75008 Paris Jean-Christophe Tortora. Alain-Gabriel Verdevoye. et Pascale Besses-Boumard. Vice-président en charge des métropoles RÉDACTION Finance Rédactrice en chef : Pascale Besses-Boumard. et des régions Jean-Claude Gallo. Téléphone : 01 78 41 40 93. Directeur de la rédaction Éric Walther. Rédactrice en chef adjointe : Séverine Sollier. Laura Fort, RÉALISATION RELAXNEWS Conseiller éditorial François Roche. Pour joindre votre http://www.latribune.fr Directeurs adjoints de la rédaction Philippe Mabille. Christine Lejoux, Sophie Rolland, Mathias Thepot. Maquette : Mathieu Momiron Directrice stratégie et développement Aziliz de Veyrinas correspondant, composer le 01 78 41 suivi des 4 chiffres Économie Rédacteur en chef : Robert Jules. Édition Jean-Pierre Alesi. Correspondante Édition : Alfred Mignot, Pierre Sommé. (40 78). Directrice de publicité Clarisse Nicot (40 79). entre parenthèses. Rédacteur en chef adjoint : Romaric Godin. Florence Autret (Bruxelles). Rédacteur en chef Hebdo Iconographie : Caroline Pfrimmer. Directeur nouveaux médias Thomas Loignon. SOCIÉTÉ ÉDITRICE LA TRIBUNE NOUVELLE. S.A.S. Ivan Best, Jean-Christophe Chanut, Fabien Piliu, Jean-Louis Alcaïde. Jean-Pierre Gonguet. ACTIONNAIRES Abonnements Dorothée Rourre (44 22). au capital de 3 200 000 euros. Établissement principal : Sophie Peters. Groupe Hima, Hi-media/Cyril Zimmerman, Imprimeries IPS, ZA du Chant des Oiseaux, 80800 Fouilloy. 18, rue Pasquier, 75008 Paris. Siège social : Entreprise Rédacteur en chef : Michel Cabirol. Rédacteurs LATRIBUNE.FR JCG Medias, SARL Communication No de commission paritaire : 0514 C 85607. 10, rue des Arts, 31000 Toulouse. SIREN : 749 814 604. en chef adjoints : Delphine Cuny, Fabrice Glieszczynski. Rédactrice en chef : Perrine Créquy. Alain Ribet/SARL, RH Éditions/Denis Lafay. ISSN : 1277-2380.

EN ÎLE-DE-FRANCE, PUBLIREPORTAGE ERDF PREPARE AUJOURD’HUI LE RESEAU ÉLECTRIQUE DE DEMAIN

ERDF, au cœur de la transition ERDF EN ÎLE-DE-FRANCE : énergétique en région Île-de-France • 80 000 km de lignes moyenne et basse tension, dont plus de 80% en souterrain Témoignage • 61 milliards de kWh distribués à 6 millions de clients de Jean-Luc Aschard, Directeur Interrégional ERDF en Île-de-France Acteur de la soutenabilité énergétique du Grand Paris Un réseau facteur de compétitivité pour la région Au service du territoire francilien, ERDF doit répondre à un double enjeu de disponibilité et d’attractivi- té. D’une part, nous devons « livrer » partout et en permanence l’élec- tricité aux clients, alors que cette électricité ne se stocke pas. Avec en 2012 une disponibi- lité du courant de 99,998 %, l’Île-de-France offre un des meilleurs niveaux de qualité de fourniture d’électricité parmi les Faire de l’Île-de-France une métropole de taille mondiale En Île-de-France, la transition énergétique vise un important grandes métropoles mondiales. durablement compétitive : telle est l’ambition du Grand effort de maîtrise de la demande d’électricité et un développe- D’autre part, le coût d’achemi- Paris. Un projet qui entraînera un accroissement sensible ment majeur des énergies renouvelables (éolien, solaire) ainsi nement doit être compétitif pour des besoins en électricité : 70 000 nouveaux logements que des transports doux (véhicule électrique). favoriser l’attractivité économique à raccorder au réseau de distribution chaque année, 90 % des énergies renouvelables en France sont rac- du territoire. 2 7 millions de m de nouveaux bureaux sur les pôles cordées directement au réseau de distribution. En région Aujourd’hui, ce coût d’achemine- d’activités qui émergeront en Île-de-France, un réseau de Île-de-France, ERDF a d’ores et déjà raccordé près de ment – qui grâce à la péréquation transports en commun qui doit comporter 57 gares. 10 000 installations de production indépendante. L’Entreprise tarifaire est le même où que vous En concertation étroite avec tous les acteurs concernés en développe et modernise le réseau de distribution pour per- vous trouviez sur le territoire – est Île-de-France (entreprises, pouvoirs publics, collectivités mettre une gestion en temps réel et de plus en plus fi ne des 30 % moins cher en France qu’en locales, aménageurs…), ERDF prépare l’adaptation du ré- fl ux énergétiques. Le futur compteur communicant Linky s’ins- Allemagne. seau de distribution d’électricité pour être au rendez-vous crit résolument dans cette démarche, et donnera aux clients les du Grand Paris. En parallèle, l’Entreprise accompagne tous moyens de gérer au plus près leur consommation. les projets des territoires : extensions de lignes de trans- À Issy-les-Moulineaux, dans le cadre du projet IssyGrid, ERDF Anticiper ports publics ; rénovation urbaine avec 150 projets ins- teste avec dix autres entreprises (Alstom, Bouygues Immobilier, Pour répondre à ces deux enjeux truits actuellement en Île-de-France dont de nombreuses Bouygues Telecom, EDF, ETDE, Microsoft, Schneider, Steria, dans la durée, il faut savoir antici- ZAC ; ou encore développement de l’activité économique, Total) un démonstrateur smart grid (réseau intelligent), qui as- per les évolutions, économiques et comme par exemple le raccordement de data centers. socie panneaux solaires, stockage d’électricité, véhicules élec- sociales, du territoire, à 5, 10, Au total, d’ici 2025, ERDF va ainsi développer, au service triques et gestion intelligente des consommations. Objectif : 20 ans et plus. Ce que nous des clients d’Île-de-France, 3 600 MW de puissance de optimiser, d’un point de vue environnemental et économique, la faisons en Île-de-France, grâce transformation électrique supplémentaires – l’équivalent performance énergétique d’un quartier, et tester son intégration à une grande proximité avec des besoins en électricité de Paris intra-muros. dans le réseau national piloté par ERDF. tous les acteurs économiques et institutionnels. Prenons le Grand Paris : il va se Investisseur et employeur de premier plan traduire par de nouveaux loge- ments, de nouveaux transports, En Île-de-France, ERDF emploie 4 700 personnes sur 70 sites d’activités. Les de nouvelles activités consomma- investissements d’ERDF dans la région pour moderniser et renforcer le réseau trices d’électricité comme les data (360 millions d’euros en 2012) se traduisent par des prestations de travaux et centers... Sans oublier l’essor du de services, qui contribuent à environ un millier d’emplois dans les entreprises véhicule électrique. franciliennes. Autant de facteurs à intégrer dans En 2012, ERDF a réalisé 360 embauches en Île-de-France. L’Entreprise y accueille nos prévisions d’investissements. 255 apprentis qu’elle forme, en alternance, à toute la palette de ses métiers, tech- ERDF est donc bien une entreprise niques ou tertiaires. ERDF s’engage en faveur de l’insertion professionnelle, notam- au cœur du développement et ment par le biais de « régies de quartiers » ou encore en partenariat avec l’Académie de l’aménagement du territoire Christophe Tiozzo, qui accompagne les jeunes des quartiers défavorisés. francilien. Conception : Editoria - Crédits photos : Thinkstock - Photothèque ERDF - Photothèque : Thinkstock photos - Crédits : Editoria Conception