Anthropologie et Pr éhistoire, 709, 1998,7 7 -90

Foyers, lieux de passage, et habitats au Chasséen

Llexemple de Saumeray <> Eure-et-Loir ()

Olivier AcocuÉ et Tony H,qvroNl

Résumé Dans cet article, les auteurs abordent l'étude d'un secteurdu gisement de Saumerayen cours de fouille. La répartition linéaire des fosses-foyersdécouvertes permet de proposer de nouvellesintelprétations sur l'organisationspatiale d'un habitat d'une phase ancienne du Chasséenseptentrional et constitue un exemple inédit dans un contexte de plaine. Le mobilier pose le problème de l'influence et de la persistancede ceftainséléments du Cemy en contextechasséen. Par ailleurs,l'étude comparative des aménagements et du mobilier qu'ils contiennent est largement abordée en vue d'assurer l'homogénéité et le cadre chronologiquede l'ensemble. Abstract Thewriters intend to presenta study of the open-airsite of Saumeray-Le Bas-des-Touches,still in "pits-Jire Jirst excaaation.The linear distributionof places"opens new prospectsabout spatialorganization in qn old periodof Chasséenseptentrional lt is an unpublishedexample in a plain position.The artefacts may inducesome influencesfrom the Cerny and continuation during theChasséen. The comparatiaestudy of structuration and artefactsis unfoldedin order to demonstratehomogeneity and chronologicalposition.

1. PnÉSENTATIoN menée par tranches successives en vue de l'étude diachronique des occupationsde basseet Le gisement du ,, Bas-des-Touchesrr, menacé moyenne terrassede cetteportion de la vallée du par l'exploitation d'une carrière de granulat de Loir. Le substrat est constifué de silex recouverts silex, est implanté à 50 km au nord-ouest de de limon brun sableux en partie érodé par les Paris (Ûig.la,b), dans la plaine alluviale du Loir, labours. sur les coûununes dAlluyes et de Saumeray (Eure-et-Loir). L'-intervention archéologique est Le site a été découvert dès 1982 lors de prospections aérienneseffectuées par A. Lelong (Lelong, 1991).Par la suite, H. Barbépuis A. Le- 1 Titulaire de l'autorisation de fouille. long y ont mené des interventions programmées,

- Fig. La Plan de situation du gisement dans son contexte national (à gauche) et départemental (à droite). 72 Olivier AcocuÉ et Tony HavroN

Fig. 1b - Plan de situation du gisementdans son contextelocal. La partie décapée en 1996 est représentéeen noir, l'emprise de la carrière, en grisé.

\ Menhir r Dolmen \ Dolmen A visible I disparu\

Fig.2-Plande situation des mégalithes dans Ia movenne vallée du Loir (selon A. Lelong, réactualisé). Foyers, lieux de passage,et habitats au Chasséen 73

qui concernaient des enclos funéraires. Entre sont parallèles, ils forment deux alignements L99I et 1996, trois campagnes de fouilles ont séparésd'un peu plus de 4 m (fig. 3). été réalisées, libérant ainsi 15 des 32 ha de La morphologie des foyers est pratiquement l'exploitation. toujours la même; en surface,leur forme oscille Le gisement comprend des complexes funé- entre le cercle et le rectangle (fig. a); les parois raires protohistoriques et antiques ainsi qu'une sont sub-verticales et la jonction avec la base suite d'habitats de La Tène. Les installations de la structure faiblement arquée.Le fond de la successivess'étendent préférentiellement sur de fosse est plat ou légèrement arrondi, ne portant légèresbuttes de 1 à 2 m de hauteur sur la basse jamais de stigmates de chauffe, contrairement terrasse. Cepend.ant, la présente contribution aux parois. ne concerne que l'occupation du Néolithique moyen. Le remplissage primaire est constitué d'un sédiment très charbonneux, de cm Enfin, on notera que la région est assezriche 2 d'épaisseur maximum, mêlé à des esquilles de silex; les en mégalithes $ig. 2). Ainsi, sur la commune fragments de charbon de bois de Saumeray,une sépulture sous dalle, proba- y sont rarement conservés.Ce sédiment charbonneux blement collective, est implantée en bordure du est recou- vert d'esquilles de lit du Loir, à près de L km de l'extrémité nord silex chauffé surmontées de galetséclatés au feu. La du gisement. Sur la commune dAlluyes, dans densité des galetsintacts augmente I'emprise même de la carrière,un menhir signalé à mesure que l'on progressevers le sommet de la au XIXe siècle a depuis disparu. Un menhir et couche.Lorsqu'il est représenté,le niveau un dolmen sont encore visibles dans la plaine supérieur du remplissagepeut d'ailleurs alluviale de la même coûunune. être constitué de galets entiers peu ou pas chauffés dont le calibre varie entre 5 et 8 cm. I1 semble que l'éclatement des galets de silex sous l'effet de la chaleur ait pu être maîtrisé par le 2. DEScnTPTIoN DES STRUCTURES poids de l'ensemble: les plus haut placésn'ont guère été altérés. L occupation du Néolithique moyen est Pour les autres structures, le niveau concentréedans Ia partie ouest du décapage,à supé- rieur de la couche f intérieur d'un rectangled'un peu moins de t ha de pierres est matérialisé par des (fig. 3). C'est un habitat ouvert (aucun retranche- dalles de grès éclatées au feu, dont les fragments recouvrent ment n'ayant été remarqué), matérialisé par des une couche en place aménagementset des épandagesde mobilier. contenantdes galets de silex éclatés.La présence de grès dans le remplissage terminal des fosses- foyers pourrait correspondre à un mode culi- 2.1..Les fosses naire particulier, à moins que ce matériau ait été utilisé fortuitement; il n'a de toute manière pas Soixante-dix-neuf structures du Néolithique occasionnéde prospection systématique,auquel moyen ont été identifiées, parmi lesquelles on cas,il serait plus représentésur le gisement. en dénombre sept circulaires ou oblongues et soixante-douze autres ayant servi à la combus- Un seul foyer présente deux niveaux char- tion, avec galetsde comblement (F.C.G.C.).Ces bonneux séparés par une couche de galets et dernières sont essentiellementcreusées dans le d'esquilles de silex éclatésau feu (Ûig.4, no 3). gravier à silex de la terrasseet, le plus souvent, Ces niveaux charbonneux témoignent manifeste- leur remplissage terminal a été arasé par les ment d'une utilisation en deux temps. Aucune labours ou lors du décapage.En effet,le manque des structures n'avait été vidangée après utilisa- de contraste avec le substrat encaissantne per- tion. On peut d'ailleurs remarquer que les galets mettait pas de les repérer plus avant. Elles sont se sont transformés en milliers de fragments très essentiellement réparties linéairement, dans la coupants,ce qui rendait toute vidange manuelle moitié sud du décapage.La rangée la plus im- pour le moins délicate. portante est constituée de 15 structures suivant Lorsqu'il est conservé,Iehaut du remplissage un axe de 65 m de longueur orienté N.O-S.E. est constitué de limon qui ne présente pas de Dans la partie la mieux conservée, les fosses contrasteavec le sédiment encaissant.Quant au sont distantes de 1 à 2,5 rn les unes des autres, mobilier, il n'est présent que dans le remplissage écart qui se retrouve d'ailleurs dans chaque limoneux et est constitué d'éclats de silex éclatés groupe reconnu. Lorsque les groupes linéaires au feu, d'esquilles de débitage et, très rarement, 74 Olivier AcocuÉ et Tony Hevox

N

\

50m

2

Fig. 3 - 1. Répartition des aménagements du Néolithique moyen Il;2. détall du décapage de L996 (en noir : .. fosses de combustion à galets de comblement >>,en gris foncé : secteurs à épandages fouillés). Foyers,lieux de passage,et habitats au Chasséen 75

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Fig. 4 Différents types de fosses de combustion à galets de comblement découvertes sur le gise- ment de Saumeray (ovale, quadrangulaire et circulaire); la dernière présente deux temps d,utilisaiion. d'outils; quelques plat à pain ont égalementété du mobilier du Néolithique moyen II (st 9666) découverts. et la structure 3267 (FCGC) recoupe-t-elle la Différents recoupements stratigraphiques fosse 3543qui contient également du mobilier de permettent de sifuer chronologiquement les la même époque. alignements de foyers. Ainsi, la structurc 8667 Les fosses circulaires sont peu profondes et (FCGC) est-elle recoupée par un silo contenant n'atteignent que 5 à 10 cm de profondeur sous la 76 Olivier AcocuÉ et Tony HevroN surface de décapage.Seule la fosse 3666diffère jusqu'au niveau du gravier. Ailleurs, les arte- de l'ensemble: de forme cylindrique et les parois facts semblaient disparaître à environ L0 cm de brûlées, il pourrait s'agir d'un silo. profondeur. Les zones à limon ont été fouillées en prélevant le matériel archéologiquepar quart de m2. 2.2. Les épandages Les concentrationsde mobilier sont principa- 2.3. Un mégalithe lement conservéesdans le comblement terminal Un mégalithe, en grès quartzeux d'origine d'un thalweg qui barre la surface décapée.Cinq locale, a été découvert lors de f intervention. zones, qui représentent un total de près de n aurait été enterré lors de l'occupation do- 500 m2, ont été distinguées. Certaines concen- mestique de La Tène finale, après avoir été trations se sont avéréesêtre des structures que partiellement débité et basculé dans une fosse seul le mobilier permettait d'encore reconnaître, creusée à cet effet. Un silo de La Tène finale Dans les secteursoù le limon ne présentait pas le recoupe en un endroit, assurant ainsi un une réelle épaisseur,le mobilier a été rencontré terminus ante quem.La partie la plus haute du

Fig. 5 - Fragment du menhir sur lequel ont été réaliséesdes plages de polissage. Foyers,lieux de passage,et habitats au Chasséen 77

mégalithe affleurait à 0,3 m du sol; malgré sa Dég raissa nt/i nc I usi on faible profondeur, il n'a cependant jamais été B endommagé par les labours. Dans ce secteur,le 2% Iimon de couverfure atteint une épaisseurde 1 m. Avant son débitage en trois, ce menhir devait atteindre près de 5 m de longueur pour 0,6 m 3% d'épaisseur.Un polissoir a été aménagésur l'une EO/ de sesfaces : on y distingue nettement deux rai- nures et deux cuvettes polies. Il est possible que 4 d'autres secteursde la pierre aient été aménagés, 5"k malheureusementtoute la surfacedu monument n'a pu être examinéeet les parties travailléessont proches des zones détruites (fig. 5). Le polissoir constituerait un second stade d'utilisation du mégalithe qui, pour cet usage,aurait été basculé volontairement. Fig. 6 - Graphique de fréquence des différents dégrais- sants reconnus dans les pâtes des céramiques : 1) sable grossier; 2) sable fin; 3) gravier; 4) mica; 5) inclusions blanches; 6) chamotte; 7) esquilles; 8) inclusions végétales.

3. La cÉnaMreuE tandis que la soudure entre les deux parties est Le corpus s'élève à 43 vases, estimés sur assuréepar biseautagede la tranche. base de 583 tessons, dont 65 7o proviennent Les vases de grandes dimensions sont très des structures et près de 30 % des épandages. peu représentés,ce qui peut probablement être Le solde a été rencontré dans des contextes imputé à leur extrême fragmentation. La même plus récents. Ci.q types de récipients ont été remarque s'applique aux bouteilles : un seul identifiés : des formes à carènebasse, des vases exemplaire, très fragmentaire, est connu. Mais au profil bombé et à ouverture rétrécie,des vases- des récipientsde faible diamètre, à ouverture et à support, des bouteilles et, enfin, des récipients à bords droits, pourraient égalementrentrer dans paroi cylindrique. En outre, onnotera la présence cette catégorie. des vases trop fragmentés pour être identifiés Peu de vases ont été décorés. Un vase- (fig. 7 et 8), de plats à pain (surtout dans les support, qui était le seul récipient présentdans la épandages)dont un est impressionné au doigt strucfure 3864,est orné d'impressions réalisées (fig. 8, rP 96/25) et d'un fragment de cuillère au poinçon circulaire : à la base, elles sont dis- dont il ne reste que le manchon. poséesen amas triangulaires rehaussésd'angles Le dégraissantest essentiellementsiliceux et incisés; vers le haut, les ponctuations sont plus composé de produits sableux fins, parfois mêlés lâchement réparties en bandes horizontales. Ci- à des produits grossiers conune du gravier et tons encore u-n fragment de vase hémisphérique du silex pilé (fig. 6). Les pâtes micacées,très (St. 3902), décoré sous le bord d'une ligne de minoritaires, ne sont pas représentéesparmi pastilles réalisées au repoussé. Languettes et les formes identifiées. Les inclusions végétales boutons,perforés ou non, sont les seulsmodes de sont présentes dans cinq vases à paroi fine et préhension identifiés sur le gisement, ainsi, pàr dans un fragment de vase à languette pouvant exemple,lesdeux boutons à perforation verticale correspondreà une céramique de stockage. appliquéssur la carènedu vase96/L0 (fig.7). Les surfacesexternes sont essentiellementde tons clairs avec,pour certaines,des coups de feu. Les vases à parois fines présentent deux types de finition différents : un polissage très soigné 4. UrNpusrRrE LrrHreuE (cf vases 96/10 et 96/84; fr}. 7) et un lissage plus sommaire qui ne put empêcherune certaine Le matériel lithique est mieux représenté desquamation. dans les épandages que dans les structures Les formes restituables sont en majorité à néolithiques. Une partie est piégée dans les amé- carènebien marquée, à la jonction entre la panse nagements postérieurs au Néolithique. Aussi, et le fond. Les parois sont droites ou évasées, ne faut-il pas considérer l'assemblagerecueilli 78 Olivier AcocuÉ et Tony HavoN

Fig.7 - Mobilier céramique du Néolithique moyen de saumeray, phase 1996. Foyers,lieux de passage,et habitats au Chasséen 79

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- Fig. 8 Mobilier céramique du Néolithique moyen de Saumeray, phase 1996 (le premier numéro correspond à la strucfure ou à l'épandage, le deuxième à la couche et le iroisième au no à'ordre du vase). 80 Olivier AcocuÉ et Tony HauloN comme exhaustif : l'occupation est très arasée Typ" Nombre et les secteursd'épandage n'ont pu être fouillés entièrement. Mais, il est considéré comme re- Armature tranchante 2 présentatif, les secteurs les plus denses ayant Burin 10 été fouillés. À défaut de pouvoir prouver qu'il Ciseau 6 Couteau à dos 12 appartient à coup sûr à un seul stade d'occupa- Éclat retouché/ utilisé 46 tion, ce matériel lithique peut néanmoins servir Denticulé 27 à une éfude de caractèresgénéraux, l'ensemble Encoche 7 étant associéà un corpus céramique qui paraît Grattoir 42 homogène. Lame retouchée/ utilisée 79 L approvisionnement en matière première Perçoir z semble quasi exclusivement local, partagé entre Percuteur 8 Rabot les galetsde la basseterrasse du Loir, sur laquelle 3 Racloir 4 se localisele site, et les rognons de l'argile à silex Retouchoir a (Sparnacien) qui affleure à 500 m du site. Tranchet JZ Le silex de la terrassese présente sous la Total forme de galets, dont le diamètre varie de 10 à 217 40 cm, et, plus rarement, sous la forme de petits rognons branchus. Outre leur petite taille, ces Tabl. 1 - Récapitulatif de l'ensemblede l'outillage. galets sont fréquemment gélifs et leur aptitude à la taille est assez médiocre. Les rognons (79,3"/"),ce qui n'est guère surprenant pour le de l'argile à silex présentent des caractères Néolithique moyen. En revanche, l'abondance morphologiques comparables. Le cortex est des tranchets est remarquable puisqu'ils at- cependant plus grenu, ne présentant pas de teignent 14,7"/" de l'ensemble (fig. 9). fluviatile. La morphologie poli interne de ce Les grattoirs sont tous façonnéssur éclats,à matériau est aussi variée que celle des galets de l'exception d'un, sur lame épaisse,qui provient la mais basse terrasse, la texture est plus fine. de l'enclos circulaire dont l'attribution chronolo- Les mécaniques qualités sont également assez gique poseproblème. Des 37 exemplairesentiers, moins moyenne, altérée cependant par l'action 2 sont sur éclat cortical d'entame, 8 possèdent du gel. une plage corticale et 27 en sont totalement En ce qui concerneles hachespolies, une est dépourvus. Signalons un exemplaire sur petite en grès de Fontainebleau,deux sont en dolérite tablette de ravivage, ce qui traduit bien un " >>, et les trois dernières sont en dendésite certain opportunisme dans la sélectiondes sup- < roche éruptive de formation récente> pouvant ports. provenir du Massif Central2. La longueur des grattoirs est essentiellement Le tour d'horizon de toutes les composantes comprise entre 40 et 55 mm (fig. 10). On peut de l'assemblagelithique provenant des fouilles considérer que ceci correspond à l'intervalle de 1996 a montré une homogénéité certaine : dans lequel l'outil était jngé le plus performant, l'ensemble,mis à part peut-être quelquespièces mais la sélectionn'était pas trop rigoureuse et le retrouvées dans un enclos circulaire, semble façonnage d'un grattoir étalt, dans une certaine la appartenir à même phase chronologique. En mesure,indépendant du support. Une sérieplus il n'est tous cas, pas possible d'y reconnaître importante permettrait peut-être de distinguer une quelconque évolution interne, secteur par des sous-types liés à d'autres modules : la secteur. présencede trois pièces de longueur supérieure à 80 fiun va dans ce sens. Mais, on ne peut que tempérer ces propos, car le corpus reste 4|1.. Iioutillage réduit et la longueur des supports est soumise à Loutillage (tableau 1) représente28,8'/. dé des variations (réductions)du fait des ravivages. l'ensemble des supports débités enregistrés.La Néanmoins, une majorité de fronts est circulaire gaûune des outils est dominée par les grattoirs avecune retoucheplutôt courte et semi-abrupte: les réaffûtages ne furent par très nombreux. La variation des largeurs (fig. 10) indique 2 Les identifications des roches métamorphiques et érup- tives ont été effectuéespar Ch.-T. Le Roux que nous remer- nettement le choix de pièces assezlarges, entre cions vivement. 30 et 55 mm/ avec un ,. pic, (relatif vu le Foyers,lieux de passage,et habitats au Chasséen 81

tr éclat retouché/utilisé

E grattoir Etranchet

Edenticulé E lame retouchée/utilisée @ couteau à dos Eburin Elpercuteur

F encoche

H ciseau ln racloir Z rabot il retouchoir

ffi perçoir E armature tranchante

15%

Fig.9 - Proportions des types d'outils.

Ë Longueur ffi Largeur ! Epaisseur

S- O)^ o)^ $- o)- it_ it^ L $^ o)_ O) S- O)- n o)- T. O)- O)- $- o)- OOTTNNcr)Cr)+ $ LOIO@(oF-F-@@O)O) rrtttltll I tttttttttl Oto-F|'o-C{lO-Cf)tO^<. to- LO to- (o to- f- r.O^ cO rr)- O) rO^ OrC!CV) s l0(oF-@O) Classes (en cm)

Fig. L0 - Histogrammedes longueurs, largeurs et épaisseursdes grattoirs. 82 Olivier AcocuÉ et Tonv HavoN nombre de pièces) entre 35 et 45 mm, lié, selon ,, burin de Siret " (Tixier, 1982) est fréquent et toute vraisemblanceà l'emmanchement.Ce trait qu'unepièce de ce genrea pu être utilisée comme pourrait être un indice chrono-culturel. Mais, vrai burin. Les percuteurs en silex (3,6%) sont si des dimensions préférentiellesse distinguent, d'assezpetite taille et sur d'anciens nucléus. De elles n'évoquent pourtant pas la production de rnême, les encoches (3,2%) sont peu soignées supports particuliers : la sélectionfut peu stricte. et réaliséessur des supports variables.Enfin, les Les tranchets sont essentiellementfaçonnés ciseaux (6 pièces, soit 2.,7o/o du total) sont peu sur éclats.Quatorze exemplaires au moins sont typiques et de petite taille. Trois exemplaires, façonnés transversalement à l'axe de débitage. dont la retouche des bords est assez courte Ce choix technique est donc dominant mais pas et abrupte, pourraient être des ébauches de exclusif : il n'y a pas à proprement parler de tranchets. standardisation stricte et, à l'instar des grattoirs, une certaine souplessedans le choix du support est de mise. Le fait que les tranchets soient 4.2. Le débitage plutôt de petit calibre est évidemment lié au module des produits débités,mais procède aussi Les schémasopératoires mis en évidence ne d'un choix technologique. En effet, l'absencede concernent que la matière première d'origine gros tranchets et d'un module standard pose la locale : les très rares matériaux exogènes ne question de la valeur de ce type qui rassemble semblent pas avoir été débités sur le site. Le éventuellement une ganune d'outils aux utilisa- débitage laminaire est important : 20 % des tions différentes. Seule une étude tracéologique produits en sont issus,soit un total de 152lames permettrait de le confirmer. D'une manière géné- et lamelles. Leur module est variable (longueur rale, la rapidité d'exécution paraît privilégiée, au moyenne 54,8 mm, s = 16; Iargeur moyenne dépens de la qualité du façonnage. 23 mrn, s - 7,5; épaisseur moyenne 6,6 mm, - Parmi les haches en roche verte, il est s 3,6) mais les produits les plus gros sont intéressant de noter que trois exemplaires sont corticaux et se rattachent à des phases de mise d'un très petit module (2 en dolérite et 1 en en forme. Le rapport longueur /largeur reste dendésite),proche de celui des tranchets.On ne généralement faible (à peine supérieur à Z). peut, 1à encorezeu€ s'interroger sur la fonction La percussion dure se retrouve sur les plus de tellespièces. gros produits, c'est-à-dire ceux des premières La très faible proportion d'armatures est éton- phasesde la chaîneopératoire. Pour les produits nante pour un site présumé chasséen(BaillouC, de plein débitage, la percussion directe tendre 1964) et les deux armatures tranchantes recen- (bois végétal ou animal) semble de mise. Les séesne sont pas d'un type caractéristique.Leur talons sont majoritairement lisses(55 cas,dont 7 forme est triangulaire et la retouche des bords abrasés);viennent ensuite les linéaires (L3), les non abrupte. La rapidité de la fouille ne saurait dièdres (10),les facettés(5), les punctiformes (5) justifier cette quasi-absence : il en va d'une et les corticaux (5). La préparation du débitage particularité du site. ne fait donc pas l'objet d'un soin particulier. Grattoirs et tranchets sont les seuls outils La fragmentation des lames est importante, " typologiquement élaborés" bien représentés mais n'est pas recherchéeintentionnellement : sur le site. Le reste n'est qu'outils occasionnels la part de cassure au débitage est importante. ou sanscontraintes morphologiques préétablies: La plupart d'entre elles sont restées brutes éclats retouchés (21.1"/,), denticulés plus ou (76,3o/o),ce qui pose le problème de l'objectif moins grossiers (9,6%) et lames retouchées de ce débitage. Elles ont probablement été (8,7%). Les couteaux à dos (S,S%) ont des produites pour leur tranchant (lamesretouchées caractères morphologiques variables et sont et couteaux à dos) ? Cependant, leur important fabriqués indifféremment sur lames ou sur éclats taux de fragmentation a dû sérieusement en longs. La régularité de leur support ne semble limiter l'utilisation. Par ailleurs, la quasi-absence pas constituer un élément discriminant. Les de nucleus à lame est étonnante.Mais quelques burins sont assez rares (4,6'/o).Leur seul point lames à crête attestent un débitage sur place. corunun est leur faible élaboration et la quasi- Sans doute les nucléus à lames ont-ils été absencede réaffûtages.Ce sont de simplesburins réorientésvers un débitage d'éclats.Les nucléus d'angle ou des burins transversaux. À noter multipolaires exhaustifs marqueraient le stade que l'accident de débitageconununément appelé final de ce schéma.Plusieurs indices font penser Foyers, lieux de passage,et habitats au Chasséen 83

à des modes de débitage simplifiés, sansmise en donc d'un choix (Pelegrin,IggS)qui témoigne de forme élaborée. l'identité des tailleurs du Bas-deJ-Touches-. Le débitage d'éclats, largement dominant, permet l'obtention de la majorité des supports. Ces produits sont globalement courts (en ma- jorité entre 30 et 60 mm) et larges (entre 25 et 5. INTEnpRÉTanIoN ET SITUATIoN 60 mm). Soixante-dix nucléus à éclats ont été CHRONO.CULTURELLE analyséset se répartissentcomme suit : - 2 sont illisibles car chauffés de manière 5.L. Les foyers importante; Les fossesde combustion à pierres de chauffe 1 présenteun rythme bipolaire; sont bien représentées dans le Bassin de la * 9 sont de vrais multipolaires sur lesquels Seinepour pratiquement toutes les périodes du toutes les surfaces ont fait l'objet d'une Néolithique. Citons, par exemple, Noyen-sur- exploitation ou du moins d'une tentative Seine et Balloy (Seine-et-Marne),en contexte d'exploitation, souvent assez limitée. I1 est ,, Cerny de type B ". Mais sur ces gisements,les plausible qu'ils aient connu, lors d'une phase pierres de chauffes sont constituéesde dalles de primaire, un débitage laminaire; grès (Mordant & Simonin,1997). En revanche,ce - 20 peuvent être définis conune <(somrnaires >> : type de foyer ne semble,pas attestédans le centre seuls quelques éclats ont été prélevés, sans et le sud du Bassinparisien avant le Néolithique organisation; moyen II, pour lequel une fosse de combustion - 38 ont une table unique ou préférentielle à blocs de comblement est attestéeà l'extérieur (fig. 11). La plupart montrent une mise en de l'enceinte de Bruère-Allichamps < Le Champ forme minimum. La table est immédiatement de la Grange r. Ce type de foyer est également installée sur la largeur du galet ou rognon. présent dans la vallée de la Vienne,notamment à Plusieurs galets choisis sont plats; l'entretien Civaux-Valvidienne en contextechasséen. Là, les de la table (convexité)se fait alors directement fosses quadrangulaires de grandes dimensions à partir du dos naturel. Pour les autresnucleus s'apparenteraient à celles du sud de la France à éclats,les ,, flancs" (côtés)sont, soit naturels [Villeneuve-Tolosanenotamment] (Pautreau & car la morphologie est propice (le cas le plus Fontugne,1996). fréquent, ce qui indique une sélection des blocs),soit abattuspar enlèvementsde grands 5.2. Le décor céramique éclats. Peu d'exemples montrent l'utilisation de crêtes latérales pour gérer la carène de Trois gisements d'habitat du Néolithique la table, mais cette technique est connue et moyen II ont été fouillés en Eure-et-Loir : Saint- avait peut-être une importance que l'on ne Denis-Les-Ponts< Montgasteau> (Haricot, IgB0), perçoit plus à l'abandon du nucléus. La base Sorel-Moussel < Fort-Harrouard, (Bailloud, est très rarement mise en forme et ne constitue 7964)et Auneau < Le Parcdu Châtens" (Rialland pratiquement jamais un plan de frappe pour et aI., 1989).Les deux derniers gisements cités intervenir sur la table, sauf de manière très ont livré un mobilier et forment limitée en fin d'exploitation. Cette dernière un ensemble homogène d'un point de vue apparaît souvent de courte durée,même si des céramique. L"occupation Néolithique Moyen II < ravivages de plan de frappe sont attestés: on du gisement du Fort-Harrouard > est rattachée peut lier ce fait à la facilité d'accèsà la matière à la période II de la chronologie fine du Chasséen première et à la petite taille des éléments septentrional (Blanchet& Martittez, 1986: 335). disponibles. Quant au gisement de Saumeray qui nous occupe/il a livré des céramiquesplutôt typiques Ce dernier type de nucléus est bien adapté de la première phase du Néolithique Moyen II. à la morphologie des supports recherchés,courts Mais Ie décor du seul vase-support restituable et larges, pour le façonnage de la majorité a des équivalents à Auneau ., Le Parc du des outils. Même si les modalités de débitage Château>, site qui appartiendrait à la phase 2 sont extrêmement simples, elles répondent à du Néolithique Moyen II septentrional. On une intention (Perlès, I99I). En effet, d'autres pourrait également le rapprocher des décors méthodes auraient pu fournir des supports dits de ,, Bougon >, présents,entre autres, à " La similaires. Le schéma opératoire retenu résulte Groutte " (Cher). 84 Olivier AcocuÉ et Tony Havrors

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Fig. 11 - 1' et 4. tranchets;2. et 3. débitage laminaire; 5. grattoir sur lame; 6. nucléus à table unipolaire préférentielle (dessins d'Ève Boitard, à l'exception àu no 6 qui est d'Olivier Aguogué). Foyers,lieux de passage,et habitats au Chasséen 85

5.3. Influences Cerny ? de deux boutons à perforation verticale. En L érection du menhir de Saumerayn'est sans revanche, une forme proche est signaléeparmi doute pas contemporaine de l'occupation du le mobilier du gisement de Chassey(Thévenot, Néolithique moyen II. Cependant, l'utilisation L969:pl. 5, no 2). de ce mégalithe comme polissoir pourrait ap- Rappelons que Ia composition de l'outillage partenir à cette époque, pour laquelle on relève de Saumeray est assez représentative de la d'ailleurs un certain opportunisme dans le choix panoplie classique du Chasséen septentrional des polissoirs fixes. Si pareille situation devait (Bailloud, 7964; Blanchet & Martinez, 1986; se vérifieq, le menhir de Saumeray aurait été Augereau & Hamard, I99I). L abondance des érigéavant le Néolithique moyen II. À ce propos, tranchets est généralement considérée comme on se rappellera gue, dans le bassin de la typique d'une phase ancienne du Chasséen Seine, les " sépultures sous dalle du groupe (Lombardoet aL,7984;Martinez &David,199I; Essonne-Juine>, attribuées au Cerny éponyme, Augereau, 1994) et interprétée comme relevant ont pour caractéristiqued'être signaléespar.un d'un substrat Cerny. Anne Augereau a d'ailleurs menhir (Simonin,I99I; Simonin et aI.,1997).On mis en évidencel'existence de tranchetsfaçonnés peut cependant écarter l'hypothèse d'une dalle transversalement dès le Néolithique Moyen I au pied du mégalithe de Saumeray et ceci bien (Augereau,1994).Le fait de retrouver ici le même que l'environnement du monument ait été très mode de façonnage est un argument de plus remanié. En effet, une grande dalle aurait suffit pour Ia filiation avec le Cerny. à l'aménagement d'un polissoir, cofiune à " La Le même auteur place au Néolithique Chaise" à Malhesherbe[45] (Vintrou et a1.,199!), Moyen II l'aboutissement du processusde sim- travail moins onéreux que de coucher un menhir. plification des méthodes de débitage et la di- Différents caractères très présents dans le minution progressive de l'importance du débi- Cerny sont également rencontrés à Saumeray. tage laminaire (pouvant aller jusqu'à un quasi- Ainsi, les pastilles au repoussé et les encoches abandon dans le groupe de Noyen), processus sousou sur lesbords de deux vases(trouvés dans amorcé dès la fin du Villeneuve-Saint-Germain une même structure perturbée) sont-elles au- (Augereau, 1994, 7996). La présence de lames tant d'éléments caractéristiquesdu Néolithique à Saumeray n'est pas pour autant aberrante. Moyen I et notamment du Cerny découvert Dans la vallée de lAisne, Anne Augereau et sur un autre gisement de la coûunune de Danièle Hamard considèrent ce type de produc- Saumeray (Ranger, L996).Mais les pastilles au tion comme lié à des influences du Michelsberg repoussé sont également signalées en contexte (Augereau & Hamard,7997). Néolithique Moyen II en Normandie (Chancerel Mais, une telle hy- pothèse est difficilement défendable et aL, 1996). D'autres analogies existent entre dans Ie cas présent : le site de Saumeray le Chasséen septentrional de Saumeray et le est beaucoup plus méridional et Ie corpus Cerny. Ainsi, si les formes carénéesde la céra- céramique ne présente aucune interférence mique sont bien caractéristiquesdu Néolithique avec le Michelsberg. Les éléments laminaires Moyen II, la qualité des pâtes et les techniques sont, soit le résultant d'une tradition Cerny, de montages ne diffèrent pas d'un taxon à groupe dans lequel le débitage de lames n'est l'autre. Nous pourrions, en conséquence,être en pas abandonné,même si les mo- présenced'une phase ancienne de l'implantation dalités d'obtention se simplifient énormément rapport du Néolithique Moyen II dans la vallée du par au Néolithique ancien (Augereau, Loir, phase au cours de laquelle certains décors 1994, 1996; Irribarria & Agogué, 1996),soit le apparentésau Cerny n'ont pas encore disparu. témoin d'une influence occidentale (mais les Dans le même ordre d'idée, le récipient de la données sur les technologies lithiques de ces structure 70660(hg. 7), le seul de son type sur régions restent mal connues ou, du moins, mal le gisement,est d'unfaçonnage rapide qui diffère diffusées), ou encore une particularité locale. du reste de la production. Son profil pourrait Au demeurant, le site du ., Bas-des-Touches, relever d'influences Rôssen final, par ailleurs s'inscrit assezbien dans le contexted'une phase bien représentées dans le Bassin de la Seine ancienne du Chasséenseptentrional. (Mordant, 1986; Dubouloz 8x Lanchon, I99T). Signalonsen-fin que le site de Saumeray,,Les Enfin, on ne dispose d'aucune comparaison dans Pâfures>, situé à 2 km du ,, Bas-des-Touches,sur le Chasséen septentrional pour le vase de la l'autre rive du Loir, a livré une petite série at- structure 12078(fr9.6), agrémenté, sur la carène, tribuée à une phase ancienne du Cerny (Ranger, 86 Olivier AcocuÉ et Tony HavoN

I99q3. Les méthodesde débitagedéployées sur Cependant, si l'arasement du gisementn'au- les deux gisementsne sont pas identiques, alors torise pas une étude précise de l'organisation de même que toutes deux procèdent de conceptions l'habitat, l'importante surfacedécapée permet de simplifiées du débitage et visent la fabrication souligner des éléments susceptiblesd'alimenter des mêmes types d'outils. Nous touchons ici au les réflexions sur l'organisation d'un habitat. domaine des ..,préférences >) < et du schémaopé- Ainsi, l'alignement des fosses de combus- ratoire conceptuel" définis par ]acques Pelegrin tions à galets de comblement, sifuation rare- (1985, 1995), qui peuvent prendre une valeur ment rencontrée dans le Néolithique Moyen, ,. culturelle > puisque liés aux conceptsmentaux ne manque-t-il pas d'intérêt. À Baloy (Seine-et- des tailleurs. Marne), les fouilleurs ont relevé que les fosses On peut s'interroger sur les raisons de ces de combustion étaient groupéessur une surface modifications technologiques. Il est pourtant de 700 m2 : s'agissait-il d'en restreindre la nui- admis que le lithique, surtout au niveau des sance en les concentrant dans un espacedéfini schémas opératoires, est le moins perméable (Augereau & Mordant, 1993)? À Saumeray,les aux innovations venuesde l'extérieur (Lichardus groupes linéaires de strucfures semblent être & Lichardus-Itten, 1985; Martinez & David, adossés à un couloir vide de structure. Cette L99t). Par ailleurs, des ,, Pâtures, au ., Bas- bande vierge mesure environ 4 m de large et a des-Touches,r,il n'y a guère d'amélioration été suivie sur une longueur de près de 90 m, technique, dans Ie sens où les procédés mis en mais elle pourrait atteindre 215m si on y rattache æuvre sont plutôt simples et rapides et que, l'alignement situé le plus à l'ouest. Il pourrait d'un site à l'autre, de nouvelles connaissances s'agir d'un lieu de passageou d'un chemin qui techniques n'intervierrrent pas. En réallté, le partageait le site en deux parties. Dans d'autres se fait en amont de la chaîne ,changement secteurs, les vides pourraient correspondre à opératoire (autre orientation des blocs débités, l'emplacement de bâtiments, malheureusement recherchede supports plus longs dans la série arasés. des "Pâtures"). Il s'ag7t,en tout cas d'une évolution ou une transformation, plutôt qu'une Des lieux de passagesont rarement été mis rupture. en évidencepour le Néolithique, à l'exception de Le schéma opératoire préférentiel mis en contexteshumides où des chemins de planches æuvre durant l'occupation chasséennedu ,, Bas- sont conservés.Bien sûr, l'alignement des mai- des-Touches, combinerait au mieux simplicité, sons du Rubané et du Villeneuve-Saint-Germain rapidité et choix du module des produits, ceci permet de concevoir une circulation devant les étant autorisé par l'abondance et la facilité constructions,mais rien ne permet d'établir avec d'acquisition de la matière première. précision le tracé d'un chemin. Aucune chaussée aménagée par rechappe- ment n'a été remarquée au décapage. Cette absencen'est peut-être pas étonnante. Si pour 6. UoncaNISATIoN SPATIALE DU des périodes plus récentes, les chemins sont GISEMENT généralementconstruits, il s'avèrequ'il en existe d'autres tout juste décaissés Les témoins du Néolithique moyen sont es- sur le substrat. Ex- cepté un exemple le sentiellementdisposés dans le comblement d'un dans Néolithique Moyen, en contexte Pfynn, Zurich (Yoruz, paléochenal,soit dans un secteurplus à l'abri des à 1997),aucune roue n'est dégradations. Ailleurs, les structures sont plus attestéedans un horizon aussi ancien. arasées. L alignement des foyers s'interrompt Le chemin a probablement été utilisé pour sur près de 34 m, justement à hauteur de la desservir le gisement mais peut-être se poursui- partie la plus élevée du site. Le gisement est vait-il à l'extérieur de l'habitat pour le relier à donc probablement tronqué mais témoigne d'un d'autres. Cette hypothèse est cependantdifficile habitat ouvert, non délimité par une enceinte, à vérifier, à moins de découvrir une organisation À l'intérieur du paléochenal,la répartition des similaire dans son prolongement. épandagesdorure quelque indice de l'extension L'absence de mobilier dans la plupart des du site (hg. 12). foyers doit s'expliquer par le grand arasement des structures, fait déjà souligné plus haut. 3 Nous remercions Olivier Ranger qui nous a permis Le remplissage terminal n'était conservé dans d'observer le matériel des

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qu'au décapage il n'était pas différentiable du certainséléments céramiques. Autant d'éléments sédiment encaissant,ou encore parce qu'arasé qu'il conviendra de conforter ou d'infirmer par depuis longtemps. Les fosses ayant livré du d'autres fouilles dans cetterégion situéeà l'ouest mobilier néolithique sont rares et leur aire de du Bassinde la Seine. répartition ne couvre pas totalement celle des fosses-foyers.Elles ne devraient cependant pas être éloignées des lieux d'activités et donc des bâtiments; il en est de même pour les secteurs Bibliographie à épandage, dont certains pourraient être des AucpRpAU A., 1994.Éaolution lambeaux de sols d'occupation plus ou moins de I'industriedu bien conservés. silexdu V' au IVe millénaireaaant J.-C. dans le sud-estdu Bassin Enfin, même enterré à La Têne finale, le Parisien.Paris, Université de Paris I, Thèse menhir n'a probablement pas bougé de son lieu de Doctorat, 3 vol. d'érection. Il n'est pas disposé dans l'alignement AucpRsau A., 1996. Première approche de des fossesde combustion mais plutôt décalé au l'industrie du silex du V' au IV" millé- nord. naire avant J.-C. dans Ie sud-est du Bassin Parisien. Bulletin de Ia SociétéPréhistorique Française,93(2) : 225-234.

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