[Livret Pédagogique]

Générales ouvertes aux scolaires 1 octobre et 2 octobre 20h Ouverture des portes 19h30

Pour joindre le service jeune public Grand Théâtre de Reims 13 rue Chanzy 51100 Reims Service Jeune Public : Caroline Mora 03 26 50 31 06 - [email protected] Laure Bergougnan, professeur relais, est présente tous les mercredis après midi 03 26 61 91 94 - [email protected]

Retrouver tous les livrets pédagogiques du Grand Théâtre sur le site du CRDP de Champagne-Ardenne : http://crdp.ac-reims.fr/artsculture/dossiers_peda/dossiers_peda.htm

Sommaire LE SPECTACLE LA PRODUCTION ...... 5 Pourquoi Il Viaggio A Reims ? ...... 5 Le recrutement des protagonistes ...... 5 Les opéras coproducteurs ...... 6 Sous le haut patronage du Ministère de la Culture et de la Communication ...... 6 Extraits du Lever de Rideau ...... 6 ROSSINI 1792-1868 ...... 8 Elements biographiques ...... 8 Son œuvre...... 9 LE VOYAGE A REIMS : PERSPECTIVES...... 9 Résumé de l’action ...... 9 Synopsis ...... 10 Circonstances de composition de l’œuvre ...... 12 Le sort malheureux de l’œuvre ...... 12 LES PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES ET LE SACRE DES ROIS ...... 10 Charles X : elements biographiques ...... 10 LE SACRE DES ROIS ET LA VILLE DE REIMS ...... 11 La cathédrale de Reims ...... 11 Le palais des archevêques ...... 11 Le sacre de charles X par Victor Hugo et François Gerard ...... 12 LE VOYAGE A REIMS OU LE SACRE DE LA MUSIQUE ...... 12 La structure ...... 12 Le règne du bel canto ...... 13 Des conditions favorables à une virtuosité vocale et instrumentale ...... 13 LES PISTES D’ECOUTES ...... 14 Des voix et des personnages ...... 14 Des hymnes nationaux pour le sacre d’un roi...... 14 Une science consommée des ensembles ...... 14 POUR EN SAVOIR PLUS ...... 15 Bibliographie sélective ...... 15 Webographie ...... 15 Discographie ...... 18 ANNEXES ...... 19 Livret pédagogique réalisé par Laure Bergougnan, professeur relais au GTR

LE SPECTACLE

LA PRODUCTION

Direction musicale : Metteur en scène Décors et costumes : Luciano Acoccella Nicola Berloffa Guia Buzzi

Pourquoi Il Viaggio A Reims ? C’est avec le parrainage musical d’, Directeur de l’Accademia du Festival de , que le CFPL et ses associés ont porté leur choix sur cet ouvrage, composé par Rossini pour le couronnement du roi de Charles X, créé à Paris le 19 juin 1825. Avec dix-huit rôles, dont treize principaux, cette œuvre jubilatoire de Rossini, qui réunit toutes les tessitures ( coloratur, soprano lyrique léger, soprano lyrique, mezzo-soprano, ténor, baryton, basse, basse bouffe) est peu jouée dans les théâtres, compte tenu du nombre important de rôles qu’elle requiert et de la difficulté de ceux-ci. L’étendue de la distribution est un précieux atout puisqu’elle offre la possibilité de se produire sur scène à un nombre important de jeunes artistes.

Le recrutement des protagonistes

Un double concours a eu lieu, sans limitation de L’EQUIPE DE REALISATION nationalités, • pour sélectionner les chanteurs, pour Un appel à projet a été lancé pour recruter une équipe choisir l’équipe de mise en scène. complète (metteur en scène, scénographe, costumier, éclairagiste). Cinquante et un projets ont été soumis LA SELECTION DES INTERPRETES au jury, composé des Directeurs des maisons Quatre-cent cinquante-trois candidats ont répondu à d’opéras concernées, et placé sous la présidence de l’appel du CFPL, originaires de 20 pays différents et Nicolas Joel. venus des quatre continents, les nations comptant le plus de représentants étant la France, l’Italie, la LA DIRECTION MUSICALE Hongrie, la Russie, la Corée, l’Espagne et les Etats- Elle est confiée à deux chefs d’orchestre, l’Italien Unis. Les auditions ont eu lieu à Paris, au printemps Luciano Acoccella et le jeune Espagnol Roberto 2007, devant un jury composé des Directeurs des Fores Veses, choisis par l’ensemble des Opéras coproducteurs. Vingt-huit candidats ont coproducteurs en fonction de leur connaissance de la finalement été retenus, permettant la mise en place de musique rossinienne. deux distributions.

Les opéras coproducteurs Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse Opéra National de Bordeaux Centre Lyrique d’Auvergne/Clermont-Ferrand Duo Dijon Opéra de Marseille Opéra de Massy Opéra-Théâtre de Metz Opéra National de Montpellier Opéra National de Nancy et de Lorraine Opéra de Nice Grand Théâtre de Reims Opéra-Théâtre de Saint-Etienne Opéra de Toulon Provence-Méditerranée Théâtre du Capitole de Toulouse Opéra de Tours Opéra de Vichy Competition and Festival with Mezzo Television

Sous le haut patronage du Ministère de la Culture et de la Communication Je salue l’initiative du Centre français de promotion lyrique, qui permet à de jeunes artistes de participer à une aventure professionnelle passionnante, avec la collaboration exceptionnelle de dix-sept maisons d’opéra. Le Voyage à Reims de Rossini, œuvre singulière particulièrement adaptée à la mise en valeur de jeunes voix lyriques, connaîtra ainsi, au long de deux saisons, non loin de soixante représentations. Bravo à ceux qui ont imaginé ce très beau projet. Ils soutiennent ainsi, de façon convaincante et originale, l’insertion professionnelle de jeunes chanteurs en même temps que la diffusion de l’art lyrique. Christine Albanel Ministre de la Culture et de la Communication

Extraits du Lever de Rideau

ROSSINI 1792-1868

ELEMENTS BIOGRAPHIQUES

Rossini, qui fit carrière en Europe et particulièrement en France, est né en 1792 à Pesaro en Italie. Sa mère Anna Guidarini (1727-1827) a une jolie voix naturelle de soprano. Elle chante à l’oreille et apprend ses rôles de mémoire. Son père Guiseppe Antonio Rossini est « Depuis la mort de trompettiste. Ses amis lui ont donné le surnom de Vivazza à cause Napoléon, il s’est trouvé un d’un tempérament volcanique dont son fils unique héritera…. autre homme duquel on parle tous les jours à « Grâce à ses parents, Rossini découvrit très jeune l’univers Moscou comme à Naples, à .magique des coulisses. C’est probablement de là que lui vint sa passion pour le théâtre. Mais c’est aussi ce qui lui permit de se Londres comme à Vienne, à familiariser avec les convenienze teatrali, ensemble de règles et de Paris comme à Calcutta. La conventions qui régissaient les productions de l’époque. » gloire de cet homme ne (Damien Colas, Rossini, l’opéra de lumière) connaît d’autres bornes que celles de la civilisation, et il Enfant prodige, il sait jouer du violon, compose dès l’âge de douze ans, lit les quatuors de Mozart et Haydn et apprend à leur contact n’a pas trente-deux ans ! » le contrepoint ; outre le violon, il travaille le violoncelle, le piano et Stendhal le cor. A dix-huit ans, en 1810, il donne son premier opéra à Venise Vie de Rossini : La Cambile di matrimonio qui obtient immédiatement grand succès. Il est ensuite nommé directeur de l’opéra de Naples. Son Barbier de Séville (1816) conquiert bientôt toutes les salles

d’Europe. En 1824, il devient le premier compositeur de Charles X et prend la direction du Théâtre-Italien. Sa période de création française débute avec la cantate scénique : Le Voyage à Reims, écrite pour le couronnement de Charles X. Il mène à Paris une vie mondaine : on rencontre dans ses salons Liszt, Berlioz, Clara Schumann, Delacroix, Vigny et Victor Hugo, ainsi que les femmes du monde et les hommes politiques. Mais à trente-sept ans, le succès mitigé de Guillaume Tell face au triomphe de Robert le diable de Meyerbeer décide Rossini à mettre un point final à sa carrière. En 1836 il obtient une pension à vie du gouvernement français et retourne vivre en Italie avant de s’installer définitivement en France, en 1855, dans une demeure campagnarde près de Passy. Wagner lui rendit visite et fit la relation de leur rencontre dans son Souvenir de Rossini (Erinnerung an Rossini). Le compositeur meurt en 1868. Après Guillaume Tell, il composa un (1842) et quelques deux cents piécettes, dont la , piécettes qu’il nomma malicieusement « ses péchés de vieillesse ». Il fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise d’où ses restes furent transférés à S. Croce de Florence en 1897, selon ses volontés.

 "Rossini était connu comme gourmet : le « tournedos Rossini » fait encore partie aujourd’hui de la fine cuisine.

 Pourquoi en pleine gloire Rossini a-t-il brusquement cessé d’écrire après Guillaume Tell ? Pour certains, la chute de Charles X en 1830 a mis naturellement fin au contrat qui liait le compositeur au roi. D’autres pensent que le succès de Meyerbeer auquel il ne souhaitait pas se mesurer est à l’origine de sa décision. A moins que dix mois passés à composer Guillaume Tell, alors qu’il lui avait fallu à peine treize jours pour composer le Barbier, n’aient inquiété le compositeur. Contraintes politiques ? Paresse ? Neurasthénie ? A ces suppositions peut s’ajouter l’élément superstitieux du musicien qui prétendait que les astres lui étaient désormais défavorables.

SON ŒUVRE Essentiellement tournée vers le théâtre, son œuvre comprend trente-huit Le crescendo musical signature opéras qu’il a composés en dix-neuf ans (soit deux par de Rossini an !)entre autres : L’Italienne à Alger, Le Barbier de Séville, Cendrillon, Guillaume Tell ou encore , Le Voyage à Reims…. Il répète plusieurs fois une ou deux phrases musicales en ajoutant à Il établit les bases de l’opéra italien tel qu’il se présente au XIXème siècle chacune de ces répétitions de jusqu’à Verdi en manifestant une attention constante au bel canto « beau nouveaux instruments ce qui apporte chant » dans lequel le texte est simple serviteur. Rossini avait une conception de puissantes gradations notamment si nette du chant qu’il ne laissa plus à l’interprète la liberté d’improviser dans les ouvertures ou les grands comme cela se faisait jusque-là. Avec Elisabeth (1815), il fixe tous les ensembles. ornements et établit ainsi la ligne mélodique dans ses moindres détails. LE VOYAGE A REIMS : PERSPECTIVES

RESUME DE L’ACTION

Le livret de Luigi Balocchi, inspiré du roman de Madame de Staël : Corinne ou l’Italie (1807), dénonce avec humour tous les excès et les travers du romantisme : états d’âme, emphase, lourdeur…

Portrait de Mme de Staël par Gérard

 L’opéra se déroule sous la Restauration, à la veille du couronnement de Charles X qui eut lieu le 29 mai 1825.

Des aristocrates venus de toute l’Europe sont réunis à l’auberge du Lys d’Or de Plombières, la ville d’eau vosgienne. Tous ont pour projet de venir à Reims pour assister au sacre. Mais le manque de chevaux les oblige à rester sur place : le voyage à Reims n’aura pas lieu. Tout ce petit monde ne se décourage pas pour autant et décide fêter entre eux l’avènement du nouveau roi.

Portrait de Charles X en habits de sacre par François GERARD (1757-1836)

SYNOPSIS

L’hôtel thermal de Plombières, appelé le « Lys d’Or » pour symboliser la royauté française, est en proie à une agitation singulière : sa joyeuse clientèle, microcosme des plus illustres nations européennes, s’affaire aux derniers préparatifs d’un voyage dans la sainte ville de Reims pour assister à la cérémonie du couronnement. Soucieuse de la réputation de son hôtel, Madame Cortèse multiplie les injonctions au personnel…

Scène 1 Maddalena, gouvernante de l’hôtel, s’empresse de vérifier les derniers détails sous le regard insolent des domestiques.

Scène 2 C’est au tour de Don Prudenzio, bouffon docteur de la maison, de vérifier si les repas sont conformes à ses ordres.

Scène 3 Madame Cortèse déplore avec regret et mélancolie de ne pouvoir être du voyage et de voir partir ces clients attachants.

Scène 4 Surgit la coquette Comtesse de Folleville, parisienne frivole passionnée de la mode nouvelle, piaffant à la recherche de sa camériste Modestine à qui elle a fait porter un certain courrier dont elle attend impatiemment une réponse.

Scène 5 Son cousin Don Luigino apparaît soudain pour lui annoncer une bien grave nouvelle : toilettes et chapeaux ont été réduits lors du transport vers l’auberge. Elle s’évanouit.

Scène 6 Le Baron de Trombonok, commandant allemand, passionné de musique, vient à son secours : sortant un flacon de sa poche, il lui asperge le visage. Revenant à elle malgré le sombre diagnostic de Don Prudenzio, la Comtesse se lamente et appelle la compassion des femmes présentes.

Scène 7 Le désespoir fait place à une explosion de joie lorsque Modestine présente à la Comtesse un joli chapeau sauvé du désastre.

Scène 8 Elu caissier général de la noble assemblée, Trombonock donne ses dernières recommandations à Antoine, le maître d’Hôtel, avant le départ pour Reims et se laisse aller à une méditation sur le « grain de folie » qui touche le monde.

Scène 9 Trombonok reçoit tour à tour les participants de la délégation. Don Profondo règle ses frais de voyage tout en exprimant sa passion pour les antiquités, puis vient ensuite Don Alvaro, amiral espagnol qui escorte la charmante Marquise Mélibée, veuve polonaise d’un général italien.

Scène 10 Témoin de cette scène, l’impétueux Comte de Libenskof, farouche prétendant de la Marquise ne peut masquer sa fureur envers son rival espagnol.

Scène 11 Apparaît Madame Cortèse, soucieuse et inquiète du retard de l’expédition qui trouve les deux rivaux sur le point de se battre en duel. Le désastre est évité de justesse grâce à l’intervention de Corinne, célèbre poétesse romaine, qui improvise une ode à la paix et l’amour fraternel conduisant enfin l’assemblée à célébrer un chœur de réconciliation.

Scène 12 Demeuré en retrait, Lord Sidney, officier anglais est torturé par son amour non déclaré pour Corinne. Comme chaque matin, il vient déposer près de sa porte des bouquets de fleurs et se laisse aller à des vœux d’un amour éternel.

Scène 13 Accaparé par sa passion, Don Profondo assaille Lord Sidney de questions sur les lieux où peuvent se trouver certaines reliques britanniques : excédé, l’anglais le renvoie à un musée et s’en va.

Scène 14 Survient Corinne accompagnée de Delia, sa jeune protégée grecque que Profondo rassure sur le sort de son pays natal.

Scène 15 Restée seule, Corinne doit supporter les avances impertinentes du Chevalier Belfiore, ce jeune officier français qui se vante de faire la cour à toutes les dames, et plus particulièrement à la Comtesse de Folleville ! Son insolence reste vaine et la poétesse ne cache pas son dédain pour ce séducteur trompeur.

Scène 16 Don Profondo, qui vient d’être témoin à distance de cette scène qui l’a bien amusé, revient sur scène pour établir la liste des objets de valeur appartenant aux voyageurs, transformant cette épreuve en une suite de caricatures qu’il brosse avec virtuosité dans un « air catalogue ». Il conclut en annonçant que tout est en ordre et que le départ est imminent.

Scène 17 L’excitation est à son comble, la Comtesse s’inquiète de ne pas trouver le Chevalier. Don Profondo l’informe avec une satisfaction non dissimulée qu’il l’a vu en compagnie de Corinne, ce qui plonge la Comtesse dans une grande fureur.

Scène 18 On s’interroge à nouveau quant au départ, lorsque survient Trombonok complètement anéanti, annonçant un horrible malheur. Hors d’haleine, il ne peut en dire davantage.

Scène 19 Zéphirin, le coursier de l’hôtel, va s’expliquer à sa place : il faut tout annuler faute de chevaux disponibles ! Toute la compagnie chancelle d’horreur devant ce coup du sort.

Scène 20 Après un bref instant de désarroi, toutes les convives sont invitées chez la Comtesse de Folleville à Paris.

Scène 21 Pour fêter ce joyeux coup de théâtre, un banquet financé par l’argent du voyage, sera donné le soir même. C’est à Antoine et Jasmin que madame Cortèse en confie les préparatifs.

Scène 22 Seule ombre au tableau, la querelle entre Mélibée et le Comte de Libenskof. Soucieux de l’harmonie générale, le Baron de Trombonok provoque une explication.

Scène 23 Libenskof plaide son excès d’amour, puis, repentant, implore le mariage. Mélibée cède à sa tendresse et le couple est enfin réconcilié.

Scène 24 Tout est prêt dans le jardin du Lys d’Or illuminé pour l’ouverture du banquet pendant lequel, grâce à l’initiative de Trombonok, une troupe de musiciens et danseurs distrairont les convives.

Scène 25 C’est encore lui qui propose de porter une série de toasts musicaux où chacun des invités, dans son style national, formulera ses vœux à la famille royale. A Corinne, enfin, d’improviser sur le Roi de France, Charles X, qu’elle glorifie, recommandant sa vie à Dieu. Emue, l’assistance se joint à elle pour acclamer la gloire du roi et du pays.

CIRCONSTANCES DE COMPOSITION DE L’ŒUVRE

Le Voyage à Reims répond à une commande pour le sacre d’un nouveau Roi : Charles X (1757-1836), roi des français entre 1824 et 1830.

« La concomitance de deux évènements fut à l’origine de la composition du Voyage à Reims. Le 16 Les réjouissances musicales pour le sacre septembre 1824, le roi Louis XVIII s’éteignait, et son frère Charles X lui succédait. Deux mois plus tard, par Du 28 au 30 mai furent exécutées des œuvres des contrat signé le 26 novembre, Rossini était nommé « directeur de la musique et de la scène » au théâtre trois grands compositeurs de musique religieuse du er temps : royal italien à partir du 1 décembre. Son contrat lui faisait obligation d’écrire un opéra pour les fêtes du Cherubini : La Messe du sacre François Lesueur : un Motet et trois Oratorios sacre du nouveau roi, opéra dont le caractère s’accorderait à l’événement : ainsi naquit Le Voyage à Charles-Henri Plantade : Te Deum et Salve Regina Le 10 juin fut donné l’opéra Pharamond de Berton, Reims, qui fut créé le 19 juin 1825 au Théâtre Italien. » Boildieu, Kreutzer. Pour clôturer ces festivités Le Voyage à Reims fut  Lire en annexe l’article de Jean-Michel Brèque : « Sacre royal ou sacre de l’opéra ? », tiré de L’avant- joué le 19 juin à la salle Louvois, siège du Théâtre-Italien, en présence de la cour. Scène Opéra n°40 Le Voyage à Reims.

Le sacre eut lieu le 29 mai 1825 à Reims en présence de nombreuses personnalités imminentes de l’Europe et de tout ce que la France comptait d’artistes, de personnes célèbres et d’écrivains : Chateaubriand, Charles Nodier, Lamartine ou Victor Hugo…

LE SORT MALHEUREUX DE L’ŒUVRE

L’essentiel de la partition fut égaré par manque de soin, l’ouvrage n’étant plus connu que par son livret. En 1977, une partie de l’autographe fut retrouvée et identifiée par la Fondation Rossini de Pesaro. La reconstitution de ce chef- d’œuvre fut entreprise par Janet Johnson pour aboutir à sa recréation au Festival de Pesaro en 1984, sous la direction de Cl. Abbado. Il Viaggio a Reims retrouvait la scène après un siècle et demi d’absence.

 Pour en savoir plus : lire en annexe « la renaissance rossinienne » de Stefano Castevecchi, article tiré de l’ouvrage de Damien Colas « Rossini, l’opéra de lumière ».

LES PISTES D’EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES

CHARLES X ET LE SACRE DES ROIS

CHARLES X : ELEMENTS BIOGRAPHIQUES

Né à Versailles le 9 octobre 1757, Charles X était le quatrième fils du dauphin Louis fils de Louis XV et de Marie Josèphe de Saxe. Il porta d’abord le titre de « comte d’Artois ». Après avoir épousé Marie-Thérèse de Savoie en 1773, il donna à la dynastie deux fils : le duc d’Angoulême en 1775 et le duc de Berry en 1778. Il se distingua d’abord par la légèreté de ses mœurs, son goût de la dépense, ses idées absolutistes. En 1789, il émigra dès le 17 juillet pour organiser la contre-révolution avec l’aide des cours étrangères.

Il contribua, par le manifeste de Brunswick, qu’il inspira, à précipiter la perte de Louis XVI. En 1795, appelé par les vendéens, il débarqua sur l’île d’Yeu, mais n’osa aller plus avant. Puis il se réfugia en Angleterre, y vivant à côté de sa maîtresse Mme de Polastron, loin des querelles politiques, laissant ainsi la direction du mouvement à son frère aîné.

Au printemps de 1814, il rentra en France et pris le pouvoir sous le titre de « lieutenant général du Royaume », et fut, dès lors, le chef des ultras qui réclamaient le retour de l’ancien régime.

Devenu roi à la mort de Louis XVIII en 1824, il encouragea le ministère Villèle à une politique imprudente sur les plans religieux et social. Il dut, après la chute de Villèle, temporiser et Portrait de Charles X par Ingres accepter la politique libérale de Martignac. Dès 1829, il chargea son ami le prince de Polignac de former un cabinet de combat. La chambre des députés, hostile à une telle combinaison fut dissoute mais la majorité libérale fut réélue. Le 25 juillet 1830, Charles X signa les ordonnances dissolvant la nouvelle chambre, modifiant la loi électorale, suspendant la liberté de la presse. Au même moment, on apprenait la prise d’Alger par les troupes royales. Cette nouvelle ne sauva pas la monarchie. Cette tentative de coup d’État du 25 juillet 1830 provoqua le soulèvement de la population parisienne. Après trois jours de combats les 27, 28 et 29 juillet 1830, Charles X fut contraint d’abdiquer en faveur de son petit-fils, le jeune duc Henri de Bordeaux ; il se résigna à quitter une troisième fois la France.

Après un séjour en Ecosse, il trouva un asile à Prague, où il passa le reste de ses jours. Il mourut à Gorizia, le 6 novembre 1836 lors d’une épidémie de choléra.

LE SACRE DES ROIS ET LA VILLE DE REIMS

LA CATHEDRALE DE REIMS

Le sacre est à la fois un acte religieux et un acte politique où l’église venait confirmer le pouvoir d’un homme choisi par ses pairs ou par le peuple. Dans l’optique religieuse et symbolique du Moyen Age où Dieu est l’ordonnateur du monde, le roi est son lieutenant au temporel, comme le sont au spirituel le pape et les évêques. Il devient ainsi un personnage religieux. Il reçoit une investiture de Dieu qui lui confie le service de ses frères : « conduire le peuple qui est confié dans la justice et la miséricorde, source de la vraie paix et de la tranquillité ». Le premier sacre rémois fut celui de Louis le Pieux en 816 en l’église Saint-Remi. C’est à partir de Philippe 1er en 1129, que tous les rois de France furent sacrés à Reims sauf trois : Henri IV sacré à Chartres (car l’archevêque de Reims était un Guise), Louis XVIII (dont l’état de santé ne permit pas le sacre pourtant envisagé) et Louis Philippe qui se contenta de prêter serment devant la nouvelle couronne.

La sainte ampoule

La sainte ampoule conservée à Reims contient une huile « miraculeuse » apportée par une colombe le jour du baptême de Clovis par Saint Rémi. C'est l'abbé de l'abbaye Saint-Rémi de Reims qui a la charge de veiller sur cette ampoule considérée comme une grande relique. L'onction, faite au cours de la cérémonie avec cette huile miraculeuse, donne un très grand prestige au roi de France.

C'est l'évêque de Laon, duc et pair du royaume, qui a le privilège de porter la sainte ampoule au cours de la cérémonie. Le roi en est oint en sept endroits différents du corps, avec un mélange de chrême et d'huile de la sainte ampoule. Par cette onction, le roi est roi « par la grâce de Dieu » : Dieu l'a choisi.

LE PALAIS DES ARCHEVEQUES

Le palais des archevêques de Reims, « palais du Tau », a été fondé en 1138. Dès le Moyen Age, il fut aménagé pour accueillir le Roi et sa suite à l’occasion du sacre. Deux phases de cette cérémonie s’y déroulaient : le lever du roi et le festin qui suivait le sacre.

A voir : la salle Charles X où sont rassemblés des vêtements et des ornements que portait ce Roi pour son sacre, notamment son manteau bleu orné de fleurs de lys, ainsi qu’un tableau de Charles X en habits royal par Gérard.

LE SACRE DE CHARLES X Par VICTOR HUGO ET François GERARD

« Le voilà prêtre et roi ! – De ce titre sublime Puisque le double éclat sur sa couronne a lui, Il faut qu'il sacrifie. Où donc est la victime ? - La victime, c'est encor lui ! Ah ! Pour les rois français qu'un sceptre est formidable ! Ils guident ce peuple indomptable, Qui des peuples règle l'essor ; Le monde entier gravite et penche sur leur trône ; Mais aussi l'indigent, que cherche leur aumône, Compte leurs jours comme un trésor ! »

Victor Hugo, Le Sacre de Charles X, extrait du Sacre de Charles X.

Le Sacre de Charles X par François GERARD, Reims, Palais du Tau

 Histoire du sacre de Charles X : voir Webographie

LE VOYAGE A REIMS OU LE SACRE DE LA MUSIQUE

La légèreté de l’argument, plus que concis, témoigne de la volonté du compositeur de mettre aux premières loges la musique, au dépend du texte semblant plus que jamais être un prétexte. « Un opéra sur rien » nous dit Jean-Michel Brèque « ou sur presque rien, une œuvre où les formes chères au genre lyrique jouent et se déploient en toute liberté, avec autant de poétique fantaisie que de science. »  Lire en annexe l’article de Jean-Michel Brèque : « Sacre royal ou sacre de l’opéra ? », tiré de L’avant-Scène Opéra n°40 Le Voyage à Reims.

Le Voyage à Reims est un opéra très différent des opéras traditionnels : c’est un opéra de fête, de gala, offrant avant tout un spectacle.

LA STRUCTURE

Il Viaggio a Reims est un en un acte. Rossini utilise le principe de l’opéra à numéros (9 ici) : l’histoire est divisée en séquences qui offrent à chaque personnage l’occasion de briller à travers un ou plusieurs airs, duos, mais aussi des ensembles. Rossini emploie encore à cette époque le recitativo secco soutenu par le clavecin, mais le combine aussi avec le récitatif accompagné.

LE REGNE DU BEL CANTO L’ère du « beau chant » est celui des castrats et se situe à l’époque baroque dans des opéras d’Haendel ou de Vivaldi, par exemple. Cependant, son emploi perdure à l’époque romantique.

« Le terme est employé à l’époque romantique pour désigner un style de chant à vocalisation (canto fiorito), où triomphe la virtuosité. Berlioz y est violemment opposé, le traitant d’ « école du petit chien » et dénonçant « ces fa aigus aussi agréables que le cri d’un petit chien à qui on écrase la patte » (A travers chants, p. 109). Rossini représente le nouvel âge d’or du bel canto entre 1815 et 1940. Sémiramis (1823) en constitue l’un des sommets, avec l’ampleur de son ornementation et de ses arabesques vocales, mais également un cantabile suave et fluide. Cet art est en plein déclin et Rossini pourra dire avec nostalgie, en 1858 : « nous avons perdu notre bel canto ».

Christian Goubault Vocabulaire de la musique romantique

 Pour en savoir plus consulter en annexe le chapitre consacré à Rossini et sa conception de la mélodie tiré de l’ouvrage de Rodolphe Celletti Histoire du Bel Canto.

DES CONDITIONS FAVORABLES A UNE VIRTUOSITE VOCALE ET INSTRUMENTALE

Le compositeur peut se permettre une grande virtuosité car il est parvenu à réunir les meilleurs chanteurs du Théâtre-Italien pour l’exécution de l’œuvre. La première parisienne du Viaggo, au théâtre-Italien, le 19 juin 1825 fait entendre notamment , une des plus célèbres cantatrices de l’époque, dans le rôle de Corinne. Il en va de même pour l’orchestre : renforcé pour l’occasion par des musiciens de l’Opéra, il donne à Rossini l’occasion d’écrire des lignes mélodiques particulièrement difficiles.

La mise en présence d’une dizaine de chanteurs de premier ordre oblige Rossini à prévoir pour chacun un air qui ne le dévalorise point face à ses condisciples. L’utilisation fréquente de l’aria double avec une première partie lente, cantabile, suivie d’une cabaletta, brillante, composée de strophes entrecoupées d’interventions de l’orchestre ou du chœur permet à Rossini de déployer la rhétorique belcantiste tout en exploitant cette structure en deux parties contrastées sous l’angle théâtral.

Giuditta PASTA, figure légendaire de l’histoire du chant

LES PISTES D’ECOUTES

DES VOIX ET DES PERSONNAGES

Aria da capo de Madame Cortese : Di vaghi raggi adorno CD, plage 1

Sur un Allegretto tranquille, Madame Cortese exprime son regret de ne pouvoir se joindre au voyage. Puis, dans une Cabaletta vivace : elle fait, dans un babil irrépressible, ses recommandations à son personnel accompagnant les hôtes prestigieux.  Dans cette seconde partie, le style syllabique « sotto voce » est très virtuose avec son rythme frénétique ponctué des bois aigus et du chœur. Ce syllabé vertigineux, à la limite des possibilités humaines, rappelle celui du docteur Bartolo dans le Barbier de Séville au premier acte : « Un dottor della mia sorte ».

Air de Don Profondo : Medaglie incomparabili CD, plage 2

Dans cet air bouffe, Don profondo répertorie les différents acteurs du drame en soulignant leurs petites manies, atavismes, traits de caractère. Le ton frise parfois le caricatural, le débit est là encore rapide et impitoyable.

DES HYMNES NATIONAUX POUR LE SACRE D’UN ROI Le finale, une grande fête joyeuse, consiste en la présentation par chaque invité d’un hymne national. Dans une harmonisation et une magnifique orchestration, Rossini utilise les célèbres mélodies, telle le God Save The King anglais, l’hymne de Joseph Haydn pour l’empereur d’Autriche, Gott erhalte Franz den Kaiser, la Charmante Gabrielle, écrite selon la tradition par Henri IV pour sa maîtresse Gabrielle d’Estrée. Il exploite également des style nationaux : une polonaise pour Mélibéa, un hymne russe pour Libenskof, un chant espagnol pour Alvar.

La polonaise de la marquise de Mélibéa, CD plage 3

De rythmes francs et bien marqués, cette polonaise témoigne aussi de l’art du bel canto avec ses nombreuses vocalises.

Hymne anglais « God save the King » de Lord Sidney, CD plage 4

La chanson « Charmante Gabrielle » par la comtesse de Folleville et le chevalier Belfiore, CD plage 5 Dans ce charmant duo, souvent d’écriture imitative, on peut entendre retentir à la trompette, un motif musical qui ressemble étrangement au début de la Marseillaise « allons enfants de la patrie »….

Tutti « Viva il diletto Augusto Regnator », CD plage 6

Pour terminer, toute la compagnie se joint à Corinne dans une apothéose de Charles X sur l’air de la célèbre chanson française « Vive Henri-Quatre » exécuté tout d’abord de façon majestueuse avec la rigueur monodique d’un cantus firmus grégorien, puis harmonisé dans le style d’un choral luthérien et traité pour finir sous forme de variations savamment orchestrées.

UNE SCIENCE CONSOMMEE DES ENSEMBLES

Sextuor, CD plage 7

Il intervient dans un climat de tension entre Le Comte de Libenskof et Don Alvaro qui se jalousent la marquise Mélibée. Sur cet Andante, au rythme de valse légère (un 2/4 traité sur le mode ternaire) confié aux cordes, vont s’exprimer les sentiments les plus divers allant de la fureur des adversaires à la peur des deux femmes et la sagesse feinte de Trombonok et Profondo. Sur une écriture savante en contrepoint, Rossini fait entrer les personnages à tour de rôle tandis que l’accompagnement se densifie par addition de bois et de cuivres.

POUR EN SAVOIR PLUS

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

BARBIER, Patrick, A L’opéra au temps de Balzac et Rossini, Paris, Hachette Littératures, 2003. CELETTI, Rodolpho, Histoire du Bel Canto, Paris, Fayard, 1987. COLAS, Damien, Rossini, L’opéra de lumière, Paris, Découvertes Gallimard, 1992. MONGREDIEN, Jean, Le Théâtre-Italien de Paris, 1801-1031, 8 volumes, coll. « Perpetuum mobile », éditions Symétrie, Paris, 2008. SOUBIES, Albert, Le Théâtre-Italien de 1801 à 1913, Librairie Fischbacher. STENDHAL, Alfred, Vie de Rossini, Paris, Editions d’aujourd’hui, 1977.

L’Avant-Scène Opéra, Le Voyage à Reims, n°40, 1991.

WEBOGRAPHIE

Le sacre de Charles X http://www.latil.org/

L’histoire du sacre des rois avec chacune de ses étapes http://www.palais-du-tau.com//fr/palais/sacre/sacre13.php

L’intégralité du poème de Victor Hugo : Le Sacre de Charles X http://www.19e.org/documents/charles10sacre

La cathédrale de Reims, cathédrale des sacres http://cathedrale.maisons-champagne.com

DISCOGRAPHIE

Il Viaggio a Reims chez Deutsche Grammophon avec le Chœur Philharmonique de Prague, The chamber Orchestra of Europe, le tout sous la direction de .

ANNEXES

1/ JOHNSON, Janet, article « L’histoire d’une découverte » tiré de L’Avant-scène opéra Le Voyage à Reims n°40, 1995.

2/ BREQUE, Jean-Michel, article “Sacre royal ou sacre de l’opéra” tire de L’Avant-scène opera Le Voyage à Reims n°40, 1995.