Le TBI, première étape vers la fin du tableau

noir dans nos écoles ?

Alexandre ROCCA

Mémoire présenté pour l’obtention du Master MALTT Master of Science in Learning and Teaching Technologies TECFA, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education Université de Genève

Août 2014

Un grand merci à ceux qui n’ont jamais douté de moi. A ceux qui m’ont soutenu et motivé dans la réalisation de ce travail. Merci à l’ensemble du corps enseignant de l’école Grand- Saconnex Place ainsi que de l’école Grand-Salève à Veyrier. A l’équipe du SEM dont deux anciens de leurs collaborateurs, André VIEKE et Corinne RAMILLON. Et un grand merci à ma directrice de mémoire pour la patience dont elle a su faire preuve avec moi.

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Résumé :

L’école prépare les futurs citoyens pour une société en constante évolution. Cette institution doit leur fournir le savoir et les compétences nécessaires, tel que la collaboration, l’innovation et l’adaptation au sein d’une vie fortement lié aux nouvelles technologies. L’élève dans sa classe, coupé du monde extérieur n’a plus de sens. L’école doit évoluer vers une pédagogie interactive et connectée, car le savoir ne se trouve plus uniquement dans leur établissement. Les enseignants doivent devancer ces outils afin de permettre aux générations futures d’utiliser correctement les outils numériques ainsi que le savoir qu’il produit. Responsabiliser dans la manière de prendre de l’information et être capable de devenir acteur de son savoir. Les réseaux sociaux sont déjà très importants dans la vie de ces « digital native ». Mais savent-ils les utiliser ? Si notre école fonde la culture et l’apprentissage des jeunes sans être lié avec la société alors nous risquons de les voir se détourner du plaisir et du besoin d’apprendre avec elle. Le tableau blanc interactif, premier outil fortement lié à la culture numérique de la société peut réaliser ce pont. Est-ce que l’école va laisser le tableau noir tirer sa révérence au profit d’un objet numérique, évolution technique d’un outil vieux de 200 ans ?

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Table des matières :

Table des matières Résumé : ...... 3 Table des matières : ...... 4 1. Introduction ...... 5 2. Définitions ...... 7 2.1 Les tableaux interactifs ...... 7 2.2 Les écrans tactiles ...... 7 2.3 Les vidéoprojecteurs tactiles ...... 8 2.4 Les DMI ...... 8 3. Du TN au TBI ...... 9 3.1 Historique ...... 9 3.2 En Classe, TN vs TBI ...... 13 4. Les études scientifiques ...... 17 4.1 Contexte global ...... 18 4.2 Trois axes : sociocognitif, métacognitif et conceptualisation ...... 19 4.3 La réussite scolaire avec le TBI ...... 21 4.4 Avantages et Inconvénients du TBI ...... 23 5. Contexte genevois ...... 26 5.1 Historique ...... 26 5.2 Système et matériel ...... 29 5.3 Acteurs ...... 30 5.4 Formation ...... 32 6. « I » pour interactif ? ...... 33 7. Microsoft et l’école de demain ...... 37 7.1 Le « digital native » ...... 37 7.2 De la craie à l’écran – la classe immersive ...... 39 8. Synthèse ...... 40 9. Limites et perspectives ...... 41 10. Conclusion ...... 43 Bibliographie ...... 45 Index des Figures et tableaux ...... 47

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1. Introduction Les nouvelles technologies ont toujours eu du mal à s’imposer dans le milieu éducatif. La majorité des utilisateurs de ces technologies sont les adolescents. Dans l’enseignement, nous devons revoir le triangle didactique pour repenser l’intégration des Nouvelles Technologies de l’Information, de la Communication, et de l’Enseignement (NTICE). En effet, elles doivent selon Duchâteau, C. (1996) « occuper dans le processus éducatif une place à part entière au même titre que la matière à enseigner ou l’enseignant lui-même. Les médias ne sont donc pas seulement un moyen de faire fonctionner plus efficacement ou plus harmonieusement le triangle didactique, ils doivent faire partie de l’entreprise éducative ». Cependant bien que le tableau blanc interactif ou tableau numérique interactif soit une porte ouverte pour les écoles sur le monde et la technologie de notre société (l’ordinateur n’ayant pas réussi à percer de ce côté-ci), la pratique de l’enseignant face aux objectifs pédagogiques doit également s’adapter et peut-être se rénover, dans tous les cas, faire preuve de créativité et d’innovation. Les objectifs ne sont pas du tout remis en cause mais les méthodes employées pour les atteindre devraient, peut-être, se différencier grâce à un nouvel outil, évolution du tableau noir intégrant d’autres outils déjà présents depuis longtemps. « Les rapports à l’information, à l’image, au texte... évoluent, modifiant les modes de raisonnement et d’apprentissage. L’École ne peut occulter ces évolutions. Elle doit répondre à une attente forte des élèves qui veulent vivre avec leur temps, rassurer des parents qui souhaitent que leur enfant soit préparer à s’insérer sur le marché du travail alors qu’eux-mêmes sont parfois dépassés par ce sursaut technologique » (Fourgous, 2012). Ainsi, la connexion sociale entre le monde extérieur, ère numérique au quotidien pour les élèves actuels, avec l’école, est rétablie de manière plus significative.

Ce travail fait suite à un stage directement lié avec le sujet. Il va permettre d’approfondir la situation de ces tableaux à Genève (pour deux classes en tout cas) tout en faisant un état de l’art concernant cette technologie utilisée depuis peu dans nos écoles primaires.

Notre travail se structure de la manière suivante : Tout d’abord, nous allons définir la technologie tactile qui nous intéresse ainsi que celles qui s’y rattachent (point 2). Ensuite, nous évoquerons l’histoire de cet outil qu’est le tableau. Attention à ne pas confondre l’objet technologique récent, mais de bien comprendre que le tableau est l’artefact le plus important qu’il ait été donné dans le domaine de l’éducation.

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Ainsi, sur un bref retour en arrière, le tableau noir ne sera pas oublié afin de ne pas prétendre que les tableaux numériques soient l’objet finalisé comme étant le remplaçant de notre vieil ami le tableau noir. Ensuite, après ce petit passage historique, nous présenteront le tableau blanc interactif pour enfin le comparer à son prédécesseur (point 3). Nous continuerons avec une partie importante englobant certaines études scientifiques. En effet, certains axes ne peuvent être ignorés, tout comme la réussite scolaire ainsi que les avantages et inconvénients à en tirer (point 4). Le contexte genevois mettra en avant une situation concrète de la mise en place de cette technologie. En aucun cas cet exemple reflète l’état de la situation complète à Genève (d’autres écoles primaires non-mentionnées sont actuellement équipées), ou de la situation mondiale (point 5).

L’un des points les plus important et faisant l’objet de toutes les critiques (positives comme négatives) de cette technologie, l’interactivité (point 6), sera discuté de manière plus détachée afin de rendre compte si un lien existe vraiment entre l’outil et la classe. En effet, ces nouveaux tableaux se disent « interactif ». Encore étant que le mot « interactif » peut avoir bien des usages ou des formes de compréhension différentes pour chacun. Enfin nous aborderons avec un sens plus large une certaine forme d’investissement de la part de Microsoft dans le domaine de l’éducation numérique (point 7). Nous terminerons par une synthèse (point 8) reprenant les points importants du travail afin d’en dégager des limites et des perspectives (point 9) pour une recherches futur pouvant donner un approfondissement de ce mémoire. Une conclusion discutera du titre de ce travail.

Dans l’idée de faciliter la lecture de ce mémoire, les termes désignant les tableaux seront simplifiés. Etant donné qu’aucune convention n’est prévue quant à l’appellation exacte entre le tableau numérique interactif (TNI) et le tableau blanc interactif (TBI) j’ai décidé d’utiliser l’abréviation « TBI ». En effet, le terme me paraît plus approprié vis de la traduction anglaise pour « » ainsi qu’une utilisation plus fréquente dans les textes scientifiques. Cependant, en ce qui concerne Genève, la ville s’est dotée de vidéoprojecteur interactif. Nous utiliserons alors l’abréviation « VPI ». Pour le tableau noir, nous l’abrègerons tout simplement « TN ».

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2. Définitions Ce travail fait référence à une technologie dite interactive. Nous verrons plus en détail ce qui fait référence au terme « interactif » (point 6). Nous allons définir différentes familles de technologies interactives :

2.1 Les tableaux interactifs

Le tableau blanc interactif (TBI), tableau numérique interactif (TNI) ou tableau pédagogique interactif (TPI) est un tableau composé d’une surface blanche sur laquelle est projetée grâce à un vidéoprojecteur, lié au tableau, l’image de l’ordinateur. Il est également possible d’écrire avec des feutres effaçables pour tableaux blancs. Il existe des modèles mobiles et des modèles fixes. Le contenue affiché peut être contrôlé directement du tableau à l'aide d'un stylet ou des doigts car la surface est tactile. Des fonctions supplémentaires permettent l’utilisation de plusieurs stylets. Le TBI est fait pour être utilisé de manière interactive. Ainsi, l’utiliser comme un tableau « velleda » va dépendre du matériel. En effet, il faut des panneaux latéraux dans une situation d’utilisation commune entre feutre et l’image interactive.

Figure 1: Fonctionnement du TBI (Baffico, P., 2009, p.67)

2.2 Les écrans tactiles

Voilà une technologie qui intègre l’ensemble des éléments du tableau interactif. Il ne pourra cependant pas être utilisé comme tableau « velleda » car l’image provient directement de l’écran ainsi que la fonction tactile. Il suffit d’imaginer un écran d’ordinateur tactile même si l’image provient bien évidemment du post de l’enseignant. Il n’y a donc pas de projecteur. Certaines personnes utilisent le terme ETI pour définir ces écrans tactiles « interactif » dès l’instant où l’usage est pédagogique et/ou participatif.

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2.3 Les vidéoprojecteurs tactiles

Les VPI sont la technologie utilisée dans les écoles primaire de Genève. Il s’agit d’un tableau blanc, pouvant accepter l’utilisation de type « velleda » suivant le matériel, équipé d’un vidéoprojecteur à très courte focale et qui va « transformer » la surface neutre en surface tactile. Celui-ci va réagir à la technologie utilisée dans les stylets (connexion Bluetooth ou infrarouge) pour établir sa position. Le tactile est transformé par la pression du stylet sur la surface donnant l’ordre du « clic » tel une souris d’ordinateur afin d’exécuter la commande souhaitée par l’utilisateur. A noter que cette technologie est la moins onéreuse pour une solution de tableau fixe largement mise en avant dans le domaine de la pédagogie.

2.4 Les DMI

Près d’une dizaine d’année après l’arrivée des TBI dans le milieu de l’éducation, les dispositifs mobiles interactifs marquent une étape important dans le progrès de la technologie interactive. Pouvant se placer sur n’importe quelle surface permettant d’écrire, il transforme l’image projetée depuis votre ordinateur en tableau interactif. Mimio et eBeam sont les leaders dans ce marché. L’inconvénient relève du nombre de câble qui relie l’outil à l’ordinateur. De plus, la position du projecteur doit être pensée à l’avance afin d’éviter une projection d’ombre de l’utilisateur. Cependant, même sous son ombre, la tactile fonctionne.

Figure 2 : Fonctionnement d'un DMI (eBeam)

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3. Du TN au TBI Le tableau noir tel que nous le connaissons a eu un passé, il est encore présent, mais as-t-il encore un avenir ? Pourquoi persiste-t-il dans un monde électronique et ultra connecté ?

3.1 Historique

Dans l’histoire de l’enseignement, certain support n’étaient pas très éloignés de ce que l’on utilise de nos jours. Bien que, selon différentes cultures, les supports aient variés, nous retrouvons toujours un seul et même principe, la tablette. Dans un premier temps, elle était faite d’argile, puis de cire et enfin d’ardoise. Il est important de revenir aux sources afin de comprendre l’impact important que cette ardoise eu à cette époque. En effet, elle suscita la création du tableau, invention qui fut attribuée à l'écossais James Pillans, professeur du lycée d'Edimbourg. La couleur de l’ardoise lui donna l’appellation de « tableau noir ».

Ce nouvel outil pédagogique révolutionna l’enseignement dès sa première utilisation en 1801 aux Etats-Unis, dans une école militaire, puis se généralisa gentiment 50 ans plus tard, bien que l’outil ait été abordé en 1656 par Comenius, père de l’éducation moderne, dans son encyclopédie illustrée pour les enfants, Orbis Pictus (Le monde en image).

Leydet, J.-L. (2010) cite les propos de James Pillans reflétant l’impact du TN en classe : « (...) Il [le tableau noir] permettait la reproduction de cartes avec des craies de différentes couleurs. James Pillans souligne aussi comment il obtient « un degré d’attention et d’intérêt » qu’il avait « tenté en vain de faire naître » avant d’utiliser ce nouvel auxiliaire pédagogique ». Cette « nouvelle technologie » apporta une motivation importante dans l’évolution de l’histoire de l’enseignement.

Avec sa généralisation dans la deuxième partie du 19ème siècle dans l’ensemble de l’Europe selon Lagrange (2005), cet outil que l’on peut qualifier de « banal » aujourd’hui, a toujours gardé la même fonctionnalité et le même statut dans une classe depuis plus de 200 ans.

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Complétant les outils pédagogiques des élèves, le TN n’est pas resté longtemps l’outil phare de l’enseignement. En effet il s’est vu accompagné de différentes technologies tel que :

- L’épiscope : Permet la projection d’objets opaques. Il est utilisé dans le classes jusqu’en 1960 / 1970.

- L’ordinateur(s) : Début des années 70, véritable intégration multimédia années 90.

- Le projecteur de diapositive : En vogue dans les années 50, fut remplacé par le vidéoprojecteur.

- Le rétroprojecteur (over-head projector) : Première utilisation en 1945 par l’armée américaine. Cet outil fut rapidement introduit dans les écoles dans les années 50 / 60 et perdura jusqu’aux années 90. Son inconvénient majeur sur le plan éducatif est la difficulté de « naviguer » dans les séquences d’un cours sans interrompre une dynamique de classe. - Le vidéoprojecteur (beamer) : Début des années 90 avec l’arrivée des ordinateurs en classe.

Le tableau noir a subit des transformations technologiques quant à sa matière (de l’ardoise à la tôle d’acier émaillée (fin année 80)) mais n’a jamais changé quant à son usage. En effet, nous devons forcement avoir le souvenir du tableau noir, de la craie, des mains blanches de l’enseignant pour une correction rapide, de reproduction de carte, de la géométrie, etc.

Le tableau noir, c’est aussi l’outil de transmission du savoir, placé de sorte à ce que les élèves puissent visuellement accéder au contenu pédagogique pour tous. L’enseignant devra fixer alors « de manière éphémère mais suffisamment durable ces apports [ceux des élèves] ».1 Ce contenu est soit construit, soit établis. Il évolue tant par la gestion et le contrôle de l’enseignant qui en fait usage, que par la participation (plus tardive en fonction des méthodes d’apprentissages) des apprenants.

Il faudra attendre 2013 pour une mise en place officielle des premiers tableaux blancs interactifs dans les écoles primaire publiques genevoises, évolution numérique de l’outil pédagogique le plus symbolique de l’école qu’est le tableau noir.

3.1.1 L’arrivée du TBI

En 1988, le laboratoire Xerox Parc, basé à Palo Alto, créa le premier tableau numérique baptisé « LiveBoard ». L’idée de sa création est profondément liée au besoin d’entreprise lors de conférences afin de permettre une prise de note pour des séances de collaboration dynamique.

1 (Voz & Ste-Croix, 2008) 10

Il fallait combiner les avantages du TN avec la technologie informatique. Par la suite, ces tableaux ont commencé à intégrer les écoles. Cependant, Greiffenhagen C. (2002) soulève un élément important à retenir : « that these boards were developed as a result of identified requirements in office settings rather than schools. Consequently, their educational potential has yet to be demonstrated » (p.1). En effet, le potentiel en matière de pédagogie reste à prouver.

Mais la création de ces tableaux se repose sur différents besoin dont le TN ne pouvait pas fournir. Par exemple, le fait de pouvoir imprimer le travail effectué. Ceci implique également la possibilité de sauvegarder les informations inscrites au tableau. Et enfin la possibilité de partager le contenu. Rapidement, la concurrence s’installe. La société Smart Technologies commercialise le premier TBI, le « SmartBoard » en 1991. La société Intel fut grandement intéressée par la technologie et offrit un financement à Smart Technologies en 1992 pour développer les recherches dans ce domaine. Malheureusement, « these projects were mainly driven by the technology and there is a lack of empirical research » (Greiffenhagen, 2002).

Aujourd’hui, les leaders de classes scolaires équipées sont les anglais suite à une campagne gouvernementale dans les années 2000. On peut estimer aujourd’hui que le taux d’occupation des TBI dans les classes anglaises dépasse allégrement les 80% environ. Les Etats-Unis sont aussi l’un des plus grands leaders sur ce marché, dont la société Smart a largement augmenté ses parts de marché.

3.1.2 Les différents produits

Bien que ce travail souhaite cibler les TBI dans le milieu de l’éducation, il est important de relever les différentes marques et leurs logiciels. Toute l’importance d’un TBI ne s’attribue pas à la qualité de ce dernier, mais principalement à deux éléments. Tout d’abord le logiciel. Ce dernier est important dans l’animation et la gestion de la dynamique du cours. Mais le deuxième élément est fondamental car il concerne l’usage de cet outil effectué par l’enseignant. Comme dans tout ce que nous pouvons entreprendre, il n’est pas utile d’avoir le « top qualité » des TBI si nous ne savons pas l’utiliser pleinement.

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En revanche, la qualité du logiciel facilitera plus ou moins le travail effectué par l’enseignant. Par exemple, à une certaine époque, les enseignants devaient passer un examen d’écriture au TN. La démocratisation de l’écriture en classe domine les recommandations de l’institution scolaire. Ainsi, nous tendons vers une forme de liberté d’expression lorsqu’il s’agit d’écrire au tableau.

L’écriture numérique supprime le facteur de sensation et dématérialise l’outil ce qui transforme véritablement la qualité de notre écriture. C’est pour cela que certain logiciel peuvent inclure une reconnaissance d’écriture. Ceci permet de changer une partie manuscrite en élément formaté par l’ordinateur et l’utilisateur dans une typographie choisie.

Pour des questions techniques, dans le choix des VPI, le logiciel n’est pas inclut. Il s’agit alors d’un coût supplémentaire. Nous verrons plus en détail la situation de Genève quant au choix effectué des VPI, du système d’exploitation des ordinateurs ainsi que du logiciel interactif pour la dispense de cours dans les écoles primaires. Nous pouvons en conclure dans la différence de ces produits que la qualité choisie du logiciel et du matériel rendra plus ou moins facile l’intégration de cette TICE dans les classes d’école, notamment dans le degré primaire.

Figure 3 : Logiciels et constructeurs principaux

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3.2 En Classe, TN vs TBI

Le tableau noir est un symbole intemporel important dans les classes de nos écoles primaires. Stefik et al. (1987) cité par Greiffenhagen C. (2000) ont observé les problèmes suivants concernant les TN : « L’espace est limité et les éléments disparaissent quand il y a besoin d’espace pour autre chose, et réarrangé les éléments est un inconvénient lorsqu’ils doivent être redessiné et ensuite effacé manuellement. L’écriture à la main au tableau noir peut être illisible. Les tableaux noir ne sont pas fiable dans le stockage de l’information » (p. 3, traduction libre). Son évolution numérique, le TBI améliore certains aspects dans le domaine de la pédagogie. En effet, en faisant un petit comparatif entre les deux «technologies » nous allons appuyer l’idée que le tableau blanc interactif est une évolution (logique ?) et non une révolution.

3.2.1 L’apprentissage visuel

Le fer de lance du tableau noir que nous retrouvons souvent dans les textes historiques lors de sa création, était la géographie. En effet, le fait de pouvoir modéliser des cartes au tableau en couleur et ainsi travailler sur celle-ci, offrait aux élèves une source de motivation et de concentration lors des cours. Aujourd’hui, grâce au TBI et à la connexion avec Internet, nous pouvons briser les limites de la simple reproduction de carte en géographie. Par exemple, grâce à des logiciels tels que Google Maps, plus aucune limite d’échelle de grandeur ne force l’enseignant ou l’apprenant à se limiter aux connaissances qu’il possède en fonction de la carte disponible. Ce genre de logiciel mis en lien avec d’autres logiciels de notation tel que Uniboard, va permettre un travail en profondeur et de précision permettant d’assurer une compréhension accrue pour les élèves. Ainsi le travail existait déjà. Le TBI renforce et offre une forme évoluer de ce même travail sans passer par les quatre ou cinq carte de géographie en papier différent dont l’élève devait prendre soin durant toute sa scolarité primaire.

Dans le même registre, un autre logiciel permet d’évoluer en trois dimensions (Google Earth). Celui-ci, permet aux élèves de « voyager » à l’intérieur même de la carte. Le tableau noir permettait déjà la construction de connaissances visuelles. Cependant, le tableau numérique interactif repousse les limites du possible quant à la création par l’enseignant de ce genre de processus d’apprentissage pour les apprenants. Il s’agit donc d’une évolution technique qui révolutionne un procédé d’enseignent et d’apprentissage.

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Après les années 90, le TN pouvait être utilisé avec un vidéo projecteur, lui-même relié à un ordinateur. En baissant le tableau noir, il était possible de projeter une vidéo. Si l’on souhaitait travailler sur la vidéo, Il suffisait de remonter le tableau afin que l’image projetée puisse être recopié où annotée à la craie (bien que le visuel ne soit pas agréable sur la couleur de TN).

En lien avec la sauvegarde des connaissances, le TBI permet la capture d’une image de cette vidéo, de l’importer dans un logiciel de notation afin de l’annoter et de la sauvegarder pour un autre cours par exemple. Dans le même registre, des animations de type flash peuvent être utilisées pour illustrer un cours notamment en sciences humaines ou de la nature.

« Although the stand-up oral lecture can transmit a lot of information, sometimes you just have to show a picture, an equation, or a model ». (O’Hare, M., 1993) Cet auteur relève bien l’importance du visuel dans le domaine de l’apprentissage. Chaque individu est différent. Le TBI utilise une diversité de moyen passant de l’image au son pour toucher tous les élèves dans leur processus cognitifs unique.

3.2.2 La manipulation de la connaissance

En lien avec le savoir visuel, l’enseignant ou l’élève, va pouvoir manipuler un exercice d’apprentissage. Cet élément est directement lié avec l’interactivité. Nous pouvons aussi évoquer le changement de degré d’apprentissage passant d’un enseignement mutuel, de groupe à un enseignement de type collaboratif avec une égalité entre tous les individus (enseignants et élèves). Le TBI relève le défi de regrouper ces manipulations que l’enseignant pouvait faire face à la classe pour y projeter en grand même pour le dernier rang de bureaux. Par exemple, en géométrie, expliquer le concept de la diagonal d’un cube pour un enseignant requiert une certaine dose de créativité. Suivant le matériel, le recours à l’aspect métacognitif de l’élève peut s’avérer difficile pour certain. La pâte à modeler facilite l’accès visuel pour la compréhension mais pas celui de l’élève au fond de la classe. Ainsi, avec le TBI, l’enseignant peut accéder en ligne à Geogebra2 et obtenir gratuitement un logiciel de géométrie avancé.

2 https://www.geogebra.org/webstart/geogebra.html 14

3.2.3 L’annotation du cours

Nul doute que l’importance d’un tel outil, pour un enseignant, est de voir si sa fonctionnalité et ses caractéristiques techniques soutiennent sa démarche pédagogique. Dans les premiers usages et à première vue, le TBI se révèle comme un proche « cousin » du vidéoprojecteur. En effet, il devient rapidement un outil de présentation pour tous les types de documents sur l’ordinateur de l’enseignant, qui lui permet de garder contact avec son groupe classe en ayant la possibilité d’accéder à l’ensemble des fichiers et logiciels de sa machine. Cet usage peut aller plus loin. En effet, un Powerpoint de cours, annoté et pouvant permettre de revenir en arrière ainsi que de sauvegarder la démarche démultiplie les avantages du TBI. Le logiciel UniBoard pour Genève offre cela gratuitement.

La fonctionnalité d’annotation est devenue double. Auparavant, les enseignants devaient recourir à des stratégies de sauvegarde de leur séquence pédagogique. Soit par une prise de note des élèves (une feuille de démarche de cours), soit une photo de leur tableau (rare), soit aucune sauvegarde mais une prise de note des concepts élaborés. Par exemple, lors de l’arrivée des élèves, l’enseignant a préparé à l’avance une séquence pédagogique au TN. Durant le déroulement des activités, l’ensemble des acteurs de la classe sont susceptible d’annoter le tableau, transformant ainsi le point d’origine et ceci à chaque annotation. Le retour en arrière est parfois possible mais la craie reste un matériel qui rend au bout d’un moment le tableau illisible. Si la démarche de réflexion effectuée entre deux modifications doit faire appel aux ressources cognitives en se faisant des schémas de représentations mentales, le TBI va faciliter ce travail en permettant de revenir en arrière comme pour une diapositive.

Nous pouvons alors parler d’un historique de démarche, sorte de « fil d’ariane » version tableau qui permet de montrer à l’élève la moindre étape effectuée dans une séquence pédagogique. Cette fonctionnalité permettant un « retour temporelle » dans la séquence va donner une marge de manœuvre à l’enseignant pour s’assurer de la compréhension des élèves. Etant connecté à l’ordinateur, l’enseignant peut aussi créer une vidéo du cours (enregistrement de l’activité de l’ordinateur).

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« Ce retour a deux avantages pédagogiques majeurs: il permet d’établir un lien visuel avec de la matière déjà traitée, ce qui aide la mise en contexte; mais surtout, un enregistrement des traces écrites (et souvent sonores) de l’interaction avec la matière permet de mettre en évidence le cheminement qui a mené à prendre certaines notes et encourage donc une réflexion sur cette démarche ». (Bricault, n.d.)

Dans l’aspect technique, en passant par un logiciel, l’enseignant va même pouvoir aller plus loin. Par exemple, Uniboard permet d’utiliser les outils de base comme que le crayon, la gomme ou le marqueur, tout en accédant aux fichiers de l’ordinateur. Ainsi, il peut devenir facile d’annoter un document, une image, une vidéo, voir même de capturer des zones souhaitées et tout ceci en y insérant dans le logiciel content un document de cours. La finalité peut être envisagée sur papier car l’enseignant peut créer un document imprimable pour la classe ou dans un futur proche, la transmission du cours par email aux élèves et/ou parents.

3.2.4 La sauvegarde des connaissances

Le tableau noir est une évolution de l’idée de pouvoir sauvegarder des idées, des connaissances, du savoir pour l’ensemble de la classe. Il permet à l’élève de revenir de manière individuelle sur un élément incompris. Il est cependant limité par la durée de vie de l’information. Avec le tableau numérique interactif, ce savoir peu perdurer de manière infinie dans le temps. Cette évolution technologique permet aux élèves de revenir sur leur démarche d’apprentissage afin de réguler leur savoir ainsi que les processus cognitifs.

Par exemple, lors d’une réflexion commune sous la forme d’un brainstorming, la juxtaposition des idées de chaque élève au tableau est illimitée. Ainsi, nous pouvons garder la trace du travail original, le dupliquer afin de travailler avec les élèves à la manipulation d’idées et concept en les catégorisant. Avec la possibilité d’enregistrer l’ensemble du processus au tableau, l’enseignant peut aussi se poser la question quant à la place qu’il donne à l’élève dans sa séquence pédagogique. Nous évoquerons plus tard l’importance de rendre l’élève acteur de son apprentissage dans la partie concernant l’interactivité (point 6).

En variant ses approches pédagogiques, il peut par exemple laisser place à un élève (ou un groupe) la possibilité de partager sa réflexion pour les autres. A cet instant, l’enseignant peut prendre le rôle de médiateur afin de faciliter les débats des élèves. Le TN était déjà un lien où l’élève pouvait venir apporter sa solution, notamment dans le domaine des mathématiques. 16

Le TBI va rendre plus interactif ce procédé. En effet, non seulement l’essai-erreur peut être réalisé à plusieurs reprise, mais il peut aussi offrir un feedback visuel et surtout immédiat. Que cela soit l’enseignant qui détermine l’aspect correctif d’un exercice ou un logiciel intégré, l’élève va pouvoir (re)mettre sa démarche en question afin de trouver la bonne solution. Souvent, lors de l’explication de la réponse à un exercice, l’enseignant devait faire appel à la capacité de réflexion visuelle d’un élève.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, cette capacité de se faire une représentation mentale est facilitée par le processus interactif du TBI sous divers angles. En effet, un feedback immédiat en fonction des agissements de l’utilisateur peut être visuel, auditif ou les deux. Serge Tisseron (2012), psychiatre et psychanalyste, appuie cette vision : « Il y a un autre aspect des technologies numériques qui est très important dans la relation que l’on a avec elles, c’est leur réactivité. Un enseignant qui fait son cours il passe une grande partie du temps à parler tout seul, il y a pas de feedback. Les technologies numérique elles sont réactivent tout de suite, je dirais qu’elles nous restituent à la mesure de ce qu’on leur apporte. Et dès qu’on est réactif avec les technologies numérique elles sont réactivent avec nous ».

En résumé, la fonctionnalité primaire du TBI est celle d’un vidéoprojecteur amélioré. Il offre la possibilité à l’enseignant ou tout autre utilisateur de rester « connecté » au groupe classe mais permet également la sauvegarde du travail effectué. L’annotation de l’ensemble des supports utilisés, le « voyage » dans le processus d’apprentissage effectué entre le début d’une activité et la fin de celle-ci et enfin l’appropriation de tous les supports externe à l’activité direct tel que la capture vidéo, de l’image, l’utilisation du son, de ressources web ou la projection d’éléments en direct via une webcam connectée.

4. Les études scientifiques Dans le domaine des études et recherches scientifiques, une question fondamentale se pose : Est-ce que le TBI révolutionne l’apprentissage ? Si pour certain il s’agit d’une innovation technologique, elle se doit néanmoins de répondre à un besoin pédagogique, surtout face à l’outil qu’il remplace (le TN ndlr) et qui a fait ses preuves pendant plus de 200 ans. Cependant, comme toutes les nouvelles technologies, l’aspect novateur de celles-ci dans le domaine pédagogique ne doit pas être l’outil en soi, mais par-dessus tout l’usage que nous en faisons. Mais n’est-ce pas l’équivalent du tableau noir la poussière en moins ?

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Son usage ne semble pas bouleverser les pratiques pédagogiques. Cependant, il en ressort dans certaines études que les élèves sont beaucoup plus attentifs et participatifs, rendant le cours beaucoup plus dynamique pour l’apprenant comme pour l’enseignant.

La mise en commun, la sauvegarde des traces, l'accès à de multiples ressources, l’interactivité, la navigation sur Internet, la consultation de logiciel de référence (encyclopédie, maths, dictionnaire), travail par petit ou grand groupe, naviguer dans l’historique des démarches des élèves et de leurs stratégies démontre tout le potentiel que le TBI peut offrir et/ou permet d’exploiter.

4.1 Contexte global

L’appropriation d'un nouvel outil technologique et son intégration en classe apporte beaucoup de question pour les utilisateurs. Nous sommes alors en droit de nous demander si le TBI change la manière dont les enseignants planifient leurs cours. Est-ce que cela demande plus de temps ? Doit-on exploiter le TBI pour la construction des apprentissages avec les élèves ?

Les différentes méthodes de démarrage d’une séquence pédagogique facilitent cette construction. Tel que le canevas ouvert, la collaboration, le partage ou tout simplement la page blanche. Les logiciels ne sont pas destinés à réaliser un cours dynamique ou interactif. Cela va dépendre de l’objectif pédagogique souhaité ainsi que de l’environnement qui est généré par l’utilisation du TBI. Ce n’est pas l’outil mais son utilisation qui aura un effet positif sur l’apprentissage des élèves.

« La première étude scientifique sur le tableau blanc interactif (TBI) montre qu’enseignants et élèves sont très enthousiastes pour utiliser cet outil. Les cours sont plus dynamiques et les élèves plus participatifs et attentifs. Un seul bémol : le TBI n'améliore pas les résultats aux examens. Quelques recommandations pour optimiser l'usage du TBI : il doit répondre à un besoin pédagogique, il est nécessaire d’investir du temps dans la préparation des cours, de partager les ressources, d’en maîtriser la technologie »3.

3 (Macedo-Rouet, 2006) 18

• Comme tout autre outil technologique, il doit répondre à un besoin pédagogique. • Considérer les alternatives au TBI préalablement à l'achat de cette technologie. • Un haut niveau de fiabilité et de support technique doit être garanti pour minimiser les problèmes quand ils arrivent. • Les professeurs doivent investir du temps (surtout au début) pour préparer les cours. • Les idées et contenus doivent être partagés avec les collègues. • L'accès au TBI doit être suffisamment sûr pour que les professeurs puissent réellement s'approprier cet outil. • Les élèves doivent directement utiliser le tableau (surtout par petits groupes).

Macedo-Rouet (2006)

Son utilisation première se réduit souvent à en faire un vidéoprojecteur ayant comme seul avantage le maintien du lien visuel entre l’enseignant et sa classe. Certain enseignant, n’ayant pas forcement connu ce genre d’outil, ont su apprivoiser d’autres technologies (tablettes, logiciels gratuit et/ou de synchronisation en ligne, projection par câble, etc.). En revanche, le constat est sans appel pour cette enseignante ayant transformé ses procédures pédagogiques avec les TICE. « Il me semble évident qu'utiliser les TICE pour faire un cours magistral déguisé n'a aucun intérêt. Au contraire, elles sont l'occasion de permettre à chaque élève de s'approprier les connaissances et de les manipuler selon ses intérêts et ses besoins »4.

4.2 Trois axes : sociocognitif, métacognitif et conceptualisation

Nous pouvons placer l’utilisation du TBI pour les élèves sur trois axes importants : un axe sociocognitif, un métacognitif et un troisième qui concerne la conceptualisation. Le conflit sociocognitif est un domaine important dans les recherches ciblant le milieu éducatif. Pour un élève face au TBI, le fait de pouvoir observer une pensée différente en pleine construction sous ses yeux, ainsi que de pouvoir visualiser une nouvelle fois l’ensemble de sa démarche depuis son point de départ, va lui permettre de mieux comprendre le processus de pensée qu’il a eu, un avantage certain du TBI.

4 (Guerrieri, 2013) 19

L’aspect métacognitif cible la facilité quant à la création du dialogue et de la communication avec un TBI en comparaison à un TN, afin d’amener l’élève à revoir sa démarche pour comprendre ses erreurs. Le fait de pouvoir partager sa démarche avec une gestuelle active et des interactions différentes peut favoriser la communication chez l’élève. Par exemple, si il souhaite répondre à une question en venant au tableau, il peut dans le besoin expliquer sa réponse, sa démarche, en manipulant les objets crées pour celle-ci. Cependant, si l’enseignant fait venir l’élève au tableau pour une simple correction, nous ne constaterons pas de démarche productive sauf si le but est de perdre du temps pour l’ensemble de la séquence pédagogique qui concerne la classe. C’est pour cela que la « démystification » du passage au tableau doit être une source de production de savoir et de collaboration pour l’ensemble de la classe, ceci afin d’éviter une forme de passivité des autres élèves. L’utilisation d’un schéma de corps humain à compléter avec des légendes peut permettre à la classe d’aider et/ou de réfléchir non seulement avec leur camarade qui passe au tableau, mais aussi à leur propre passage qui va suivre durant l’exercice.

Enfin, l’axe de conceptualisation englobe la partie qui concerne la manipulation d’objets abstraits au TBI. Cette phase d’abstraction (la représentation mentale) va donner du sens à l’apprentissage. « Si cette élaboration des représentations mentales se produit rarement de manière spontanée, le TBI permet d’en susciter par l’observation des processus de ses pairs comme par l’action de l’enseignant avant, pendant et même après les activités »5.

Ceux-ci donnent un sens à l’apprentissage ainsi que l’organisation de nouveau savoirs. Par exemple, l’élève peut organiser ses idées et concepts par la réalisation d’une carte sémantique. L’enseignant peut faire de même, sous forme de brainstorming pour rendre actif (contrairement à passif au sens de l’élève qui écoute ou note les informations uniquement) en manipulant un canevas ouvert. Pour certain, dont les « élèves construisent un schéma ensemble (ils le faisaient déjà sur mon premier TBI à craie) » (Admin, 2010), le TBI est un outil inutile et non pas une évolution technologique de ce dernier (le TN ndlr.). En sommes, le TBI doit faciliter et dynamiser un cours sans basculer dans une banale présentation théorique de la séquence d’apprentissage. Il doit rendre l’élève acteur et non spectateur. L’activité cognitive ne doit pas être une forme de passivité. Il doit pouvoir être actif dans la création de son savoir.

5 (Deloménie, 2007) 20

4.3 La réussite scolaire avec le TBI

Dans certains pays, tel quel l’Angleterre, la quantité de TBI dans les écoles est supérieur à 70%. Pour les politiques, le débat se situe à plusieurs niveaux. Le cout élevé, la carte de visite des écoles mais surtout l’utilisation réelle pour les élèves (apprentissage et réussite scolaire). L’éducation suit-elle aussi l’avancement technologique de notre société ?

Comme toutes les nouveautés technologiques, nous pouvons rapidement se faire une idée sur l’avis des utilisateurs. Cependant lorsque cette technologie a une finalité souhaitée (les objectifs pédagogiques pour les écoles), ce n’est que bien plus tard que nous commençons à voir si oui ou non cet outil répond aux attentes souhaitées ou imaginées. Il s'agit alors de constater si la qualité de l’enseignement s’est améliorée ou ne serait-ce que renforcée en qualité afin d’améliorer les résultats des élèves (la mesure finale d’un enseignement).

Les premières recherches scientifiques étaient largement biaisées. En effet, selon Karsenti, T., Collin, S., & Dumouchel, G. (2012), des études tel que Glover et collab. (2005) étaient financées par des fabricants de TBI. De plus, il est également perçu comme un outil renforçant l’enseignement frontal selon Karsenti et Collin (2012). Si le TBI s’utilise comme un TN alors l’innovation restera uniquement technologique et non pédagogique, avec un paradoxe entre cette forme d’enseignement et l’interactivité recherchée avec cet outil.

Il est souvent mis en avant que la motivation des élèves augmente avec cet outil. Pourtant, selon Digregorio et Sobel-Lojeski (2010), la motivation va dépendre de la pédagogie de l’enseignant. Paradoxalement, si certains pensent que le TBI renforce l’enseignement frontal, Harlow, A., Cowie, B., & Heazlewood, M. (2010) démontrent que cet outil permet aux élèves de collaborer mais que son efficacité dépend fortement de l’utilisation faite par l’enseignant : « (…) however, the way that the teacher orchestrated the learning environment and the ways that she integrated the use of the IWB features into her student-centred pedagogy that was the key to the development of pupil competencies ».

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Selon Türel (2010), rien ne permet d’affirmer que le TBI améliore la réussite scolaire. Les problèmes techniques mineraient justement la motivation des utilisateurs (enseignants et élèves). Les bases empiriques sur l’impact de TBI en milieu éducatif reste encore dans les prémices de la recherche. Il est impossible d’affirmer avec certitude que le TBI soit néfaste ou au contraire bénéfique à l’éducation.

Pourtant, « une amélioration des performances des élèves utilisateurs du TBI a également été observée dans d’autres études, comme celles de Karen Swan et son équipe, et de Bruce Torff et Rose Tirotta, aux États-Unis. Les effets observés étaient cependant moins marqués que ceux de l’étude britannique ». (Macedo-Rouet, 2010b)

En revanche, certains éléments viennent renforcer la place du TBI dans les classes. En effet, l’impact motivationnel – qui peut s’ammoniure – dépend de la qualité de l’enseignement, mais aussi dans la qualité du contenu pédagogique offert aux élèves (vidéos, sons, images, manipulations d’objets, etc.). Rappelons que ce n’est pas la technologie mais son usage qui montre sa qualité (utilité, efficacité, efficience, ergonomie, etc.) dans un domaine aussi pointu que la pédagogie.

« Selon Balanskat et al. et le rapport de 2010 de la Commission européenne, l’impact des TIC dépend fortement de la façon dont elles sont utilisées : les performances des élèves sont améliorées lorsque les enseignants les exploitent [les outils numériques] à des fins pédagogiques et non comme simple support pour moderniser leur enseignement » (Fourgous, 2012).

Face au TN, le TBI apporte sur le plan cognitif (la manipulation d’objet), social (collaboration de la classe) et affectif (plaisir à apprendre) une plus-value en lien avec son époque. En effet, les élèves d’aujourd’hui (« digital native » voir point 7.1) naissent dans un monde où la technologie de pointe et les réseaux sociaux sont aussi naturels à utiliser que l’ouverture d’un dictionnaire à notre époque. Tout comme Serge Tisseron (2012)6 le dit, nous pouvons parler de « culture numérique, la culture de l’identité alternative ». Cette culture peut favoriser l’échange et la controverse.

6 (LUDOVIAMAGAZINE, 2012) 22

4.4 Avantages et Inconvénients du TBI

Le TBI facilite l'intégration des NTICE dans l'enseignement et permet de gagner un temps précieux réinvestit dans des séquences d'apprentissage riches et variées. Il semble important de résumer les différents apports qu'apporte le TBI en classe :

• L'apport pédagogique : notons l'authenticité que peut apporter cet outil en classe. Par exemple un élève aurait une question et nous pourrions valider à l'instant l'information sur une encyclopédie en ligne. Pour les stratégies métacognitives, de pouvoir revenir sur une démarche ou des traces laissées au TBI par l'élève. Ainsi, il va pouvoir revoir sa démarche pour mieux la comprendre. Egalement toutes les manipulations d'objets numériques et des objets technologiques à savoir une manipulation du réel à l'abstrait qui donne un sens à l'apprentissage.

• L'apport au développement professionnel : cet outil donne accès à une multitude de ressource rapidement. C’est un outil efficace pour l'enseignant et rend les cours plus dynamique et les élèves plus participatifs.

• L'apport didactique : l'accès à une multitude de ressources éducatives numériques et la manipulation de concepts abstrait au TBI facilite la compréhension chez les élèves ainsi que la construction de nouveaux savoirs. Le triangle didactique englobe dès lors une nouvelle dimension.

Figure 4 : Triangle didactique (Duchâteau, C., 1996)

Pertinent et efficace lorsqu’il est adapté au contenu, le TBI favorise aussi les échanges entre les enseignants afin de diversifier les exemples d’utilisation. En effet, chaque individu explorera l’outil avec une formation de base sur l’usage de l’ensemble des outils du TBI, mais le reste viendra de l’expérience de l’enseignant et de la créativité dont il fera preuve pour ses séquences pédagogiques.

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Selon Cohen Y. (2007), cité par Médialog, revue des technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement, il faudrait que des réunions sur les échanges de pratiques du TBI s’effectue de manière régulière. « Faute de quoi on risque de retrouver les tableaux dans des placards à balais : ce serait vraiment dommage ! ».

Il appuie la complémentarité de cet outil dans la classe en évoquant divers points :

• Enrichit le travail de groupe • Accroit l’interaction entre les élèves. • Une capacité d’écoute démultipliée. • Les situations pédagogiques sont dynamiques et surprenantes. • Il permet d’écrire en surimpression. • Conservation des traves d’activité pédagogique en mémoire. • Permet de revenir en arrière dans une séquence d’apprentissage. • Demande de participation des élèves plus élevée qu’avec un TN.

L’appropriation est rapide car « c’est un outil de leur temps »7.

• Permet de déplacer, modifier, transformer des objets. • Apport différents niveau de précision en utilisant des fichiers différents. • Les élèves ont moins peur de passer au tableau car c’est un outil technologique proche des technologies utilisées en dehors de l’école. • Il permet une meilleure articulation des cours en naviguant de manière « temporelle » dans une séquence grâce à la mémorisation du travail effectué.

En 2010, un enseignant genevois d’une école pilote au projet de l’intégration des TBI dans les classes primaires relevait également certains avantages :

• Motivation des élèves accrue. • Gain de temps.

7 (Cohen, 2007) 24

• Assurance de savoir que chaque élève suit exactement le déroulement d’une séquence. • L’enfant peut agir sans rendre le tableau illisible (craie). • Exploitation de l’erreur sans garder de trace de celle-ci.

Mais aussi certains inconvénients :

• Aspect techniques que l’enseignant n’a pas forcement anticipé. • Allongement du temps prévu pour une activité causant une baisse d’attention. • L’enseignant se focalise sur des problèmes techniques au détriment des objectifs pédagogiques.

Lors de formation au sein du Service Ecole et Médias (SEM), les enseignants ont pu débattre de leur vision de l’outil qu’est le TBI. Voici les éléments pris en note de leurs remarques :

• Un support qui rassemble et intègre l’exploitation de plusieurs médias en variant des interactions pédagogiques. • Permet de revenir à un état initial voir même de poursuivre un cours déjà commencé. • Diversifier les moyens d’enseignement en valorisant les productions d’élèves grâce à la projection en temps réelle (les classes genevoises possèdent une lampe de bureau avec une webcam accrochée). • L’impression d’un travail annoté et de pouvoir donner aux élèves l’activité effectuée au tableau.

Mais certains inconvénients sont tout de même importants tel que :

• La luminosité de l’écran (l’affichage) fatigue visuellement les élèves. • Risque de perte de temps quant à l’utilisation lors de l’apprentissage des outils ou avec le risque d’un souci technique requérant aussi des compétences plus techniques. • Une consommation énergétique importante si nous souhaitons le laisser allumer. L’éteindre consomme moins, le rallumer fait perdre du temps.

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Voyons à présent quel est donc ce contexte genevois pour l’insertion des TBI dans les écoles primaires.

5. Contexte genevois

5.1 Historique

Pour l’école genevoise, apprendre et enseigner à l’ère du numérique représente un défi important. Si comme toutes les écoles du monde le souhait principal est de fournir un enseignement de qualité, l’ambition est encore plus grande lorsque le département de l’instruction publique (DIP) s’engage à créer une école qui évolue avec son temps. D’après l’étude internationale The Global Information Technology, « Les dix pays arrivant en tête (Suède, Singapour, Finlande) se caractérisent par une attention continue sur l’éducation et la formation des enseignants, un enseignement de ces outils numériques. Leurs populations détiennent une forte culture numérique et de l’innovation » (Fourgous, 2012).

La Suisse fait partie des mieux classés. Voici le classement de 2011 à 2014 en ce qui concerne la qualité du système éducatif en lien avec la technologie. Celle-ci ne représente qu’une seule variable dans un ensemble de variable qui constitue le NRI (Global Network Readiness Index). Cet indicateur « analyse à quel point les pays sont préparés à l’utilisation effective des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) selon trois critères: les affaires au sens large, le cadre réglementaire et infrastructurel des TIC ; le niveau de préparation des trois principaux acteurs – les individus, le secteur privé et le secteur public – à recourir et à tirer parti des TIC ; ainsi que leur utilisation effective des toutes récentes technologies de l’information et de la communication disponibles »8.

Codes Variable Note (1 à 7) Rang mondiale Année 4.02 6.0 2ème 2011 Quality of 5.01 5.9 1er 2012 educational 5.01 6.0 1er 2013 system 5.01 6.0 1er 2014

Tableau 1 : The Global Information Technology Report (2011 - 2014)

8 (Centrale & Associates, 2009) 26

L’idée est évidente, les élèves d’aujourd’hui sont les travailleurs de demain. Ainsi, leur formation doit être en adéquation avec la société actuelle. Dans le cadre des MITIC (médias, images, technologies de l'information et de la communication), Genève souhaite équiper les établissements scolaires en créant un réseau informatique facilitant l’échange, la collaboration entre enseignant. De plus, la philosophie de choisir des logiciels libre va permettre la création d’un pont entre le travail à l’école de l’élève et le travail à domicile. Ainsi, aucune différence de matériel ne pourra contrarier le travail de l’élève. C’est une des manières qui permet d’effacer en quelque sorte les inégalités.

Dans le cadre de ce travail, nous nous centrons sur le projet qui a introduit les VPI dans les écoles. L’ensemble du projet a démarré avec un logiciel, Uniboard, à l’université de Lausanne en 2003 dans l’unité multimédia où un groupe d’individu avait imaginé un système de projection sur grand écran pour les grands amphithéâtres universitaires. C’est un groupe de concepteurs, utilisateurs et enseignants qui ont démarré le projet sur un système de prise de notes qui soit extrêmement facile à utiliser, que nous puissions donner dans toutes les mains avec une brève explication.

Dans la conception, afin d’éliminer un problème fondamental, la sauvegarde automatique a été instaurée. Ainsi, le départ de ce projet visait à remplacer tout simplement un rétroprojecteur avec un système de type « acétate ». Puis, rapidement, nous avons ajouté des photos, des fichiers « pdf »9, l’annotation d’images et des fichiers au format « pdf », la vidéo et le son.

Les premiers débuts de ce logiciel à Genève ont eu lieu en 2006 dans le Cycle d’Orientation de Cayla dont le bâtiment avait justement été reconstruit à neuf et dont le directeur d’établissement était vivement intéressé par une démonstration du logiciel dans le canton de Vaud. Cela n’a pas été facile de se lancer dans le projet car les doutes politiques pointaient du doigt le risque de voir trop de demandes auxquelles l’Etat ne pourrait pas répondre. Parallèlement à cela, une équipe de développeurs formidables s’est consolidée à Lausanne pour le développement du logiciel Uniboard.

9 Portable Document Format : langage de format de page crée par la société Adobe. 27

Quelques années plus tard, la France avait un projet d’alphabétisation en Afrique appelé Sankoré. Ce projet vise à leur apporter le numérique. Les français avaient créé ce projet pour accompagner les TBI en Afrique. Ils ont découvert que le logiciel Uniboard était vraiment bien.

Financièrement, le gouvernement français a immédiatement préféré acheter le logiciel et l’ensemble des droits d’utilisation afin de le rendre open-source (voir point 5.2). En effet, le 23 novembre 2010, le logiciel "Uniboard" est racheté par le GIP ENA à l'Université de Lausanne et ses codes sources sont libérés et mis en open source. Il devient le logiciel « Open Sankoré ». De cette manière, le logiciel fait donc partie intégrante du projet Sankoré.

Bien que les français aient acheté le logiciel, mais pas pour nous, leurs idées étaient particulières sur ce qu’il allait devenir. Actuellement, c’est toujours l’équipe de Lausanne qui le développe. Uniboard est devenu une sorte de « monstre » avec une complexité dont l’interface reste assez facile ; il devient alors Open-Sankoré. Mais les français ont instauré des exigences fortes de diverses fonctionnalités qui se sont éloignées du terrain de l’usage direct en classe, ce qui a provoqué un rythme de travail important pour des fonctionnalités au détriment de la qualité du logiciel et de sa stabilité. Le groupe de développeurs de Lausanne décida d’en reprendre le développement en raison des problèmes occasionnés.

Sur le plan politique, il y avait trop de risque de perdre le logiciel. Ils décidèrent alors de le développer à un niveau local, au niveau de la Romandie. « La fondation Open-Education10 qui a vu le jour ces dernier mois, vise à développer le logiciel avec nos besoins, surtout avec Genève, seul canton membre fondateur » (Oïhénart C, SEM-Logistique, 2013).

10 http://oe-f.org/ 28

5.2 Système et matériel

Tout d’abord, voici le matériel « inerte »11 qui constitue les VPI et qui équipe les écoles primaires genevoises. Il est constitué d’un tableau blanc du fournisseur Legamaster, ainsi que d’un support pour projecteur. Celui-ci est un EPSON EB-485Wi avec deux stylets de la même marque. Nous pouvons voir sur cette illustration que le tableau est positionné de manière fixe réglable en hauteur. Toute la surface est similaire à un « velleda » afin d’utiliser des feutres pour tableau blanc. Les panneaux latéraux vont offrir à l’enseignant la possibilité de laisser des informations de type « permanentes » tel que les devoirs de la semaine.

Figure 5 : VPI Ecole Grand-Salève Veyrier

Depuis 2013, tous les ordinateurs de l’enseignement primaire genevois fonctionnent sous le système d’exploitation / Ubuntu (12.04). Notons d’ors et déjà que ce système fait partie des logiciels libres, ce qui signifie qu’il est gratuit et totalement au service de l’utilisateur, contrairement aux logiciels propriétaires, payant, gérés par le fournisseur.

Le logiciel interactif utilisé dans les écoles primaires de Genève, Openboard, est aussi un logiciel libre et open-source 12 . Il s’agit d’un fork 13 du logiciel Open-Sankoré (cité précédemment). Ce changement réalisé fin 2013 par Open-Education Foundation a recentré l’idée que nous avions quant à l’usage de ce programme. Son nom est la fusion entre le logiciel d’origine « UniBoard » et « Open-Sankoré ». Le plus grand avantage de ce logiciel c’est son côté transversal. En effet, il est compatible avec tous les systèmes de TBI. Le manuel de la version 1.0 est actuellement disponible et est particulièrement complet14.

11 Inerte pour évoquer un objet matériel (fait de matière) que l’on distingue de l’objet virtuel qu’est un logiciel. 12 Le logiciel peut être redistribué et modifié. 13 Un fork est un logiciel créé à partir du code source d'un logiciel existant. 14 Le logiciel et le manuel sont disponibles ici : http://icp.ge.ch/sem/logistique/spip.php?article116 29

5.3 Acteurs

Différents acteurs signifie souvent différents intérêts personnels. Dans une politique choisie par l’Etat, même si le logiciel et ces tableaux n’ont pas « le style » des TBI fonctionnant sous logiciels propriétaires (sous Windows notamment), Genève pourrait réussir un pari énorme : viser un enseignement interactif, motivant et polyvalent sans y mettre d’énormes ressources financières (l’école publique est gratuite ne l’oublions pas). Encore faut-il donner les ressources économisées sur des licences, au potentiel d’être humain travaillant avec passion pour le projet. Ceci reflète le climat tendu en ce qui concerne l’intégration des VPI dans les écoles primaires genevoises. La complexité de ce projet rassemble divers acteurs ayant divers intérêts :

5.3.1 L’Etat

Pour la carte de visite qu’offre Genève. Déjà sous pression, les écoles privées et internationales sont toutes équipées. L’image d’un enseignement de qualité est clairement recherchée. Malheureusement, les ressources financières ne sont pas les mêmes dans le secteur public. Le risque étant une inégalité de traitement lorsque l’on se retrouve avec une partie des écoles équipées et les autres non.

5.3.2 Les enseignants et communes

Ils demandent ces technologies. Pour les communes il s’agit de la même raison que l’Etat en ce qui concerne l’image que la ou les école(s) de la commune vont refléter sur sa population. Pour les enseignants, il s’agit de ces personnes ayant du plaisir dans l’usage des nouvelles technologies et qui voient la plus-value de l’outil pour leur enseignement. Même si pour eux il s’agit parfois d’une obligation, l’enthousiasme gagne largement sur le scepticisme que l’outil provoque. Son appropriation est assez rapide et l’entraide est quasi naturelle.

5.3.3 L’institution de formation (SEM)

Le service école et média vie une période difficile du point de vue du personnel pouvant suivre et offrir une formation pour les enseignants des écoles. Le vécu de la passation d’Ubuntu est prioritaire au projet TBI. Dès lors, avec des ressources en diminution, la formation concernant ces outils n’est pas garantie pour les prochains établissements.

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Pourtant les ambitions sont grandes car l’idée lointaine de réduire la fracture numérique au sein de notre société vise principalement le besoin d’investir dans l’éducation de demain. Ainsi, le SEM fourni les efforts nécessaires et frappe fort en tenant le cap de l’intégration de cette nouvelle technologie dans nos écoles, tout en maintenant un niveau de formation et d’aide adéquat pour les enseignants en besoin.

5.3.4 Formateurs

Les formateurs vont par mission présenter et aider les enseignants. L’idée d’une philosophie d’un enseignement mutuel pour l’enseignant et les élèves doit contribuer à changer la donne. Ces formateurs sont aussi des techniciens dans le logiciel. Ils assurent l’aide adéquate que chaque enseignant à besoin tant sur le plan matériel que technique au niveau du logiciel.

5.3.5 Elèves

Ne commettons pas l’erreur d’ignorer cet acteur important. En effet, si l’idée de collaboration et d’interactivité se place comme un facteur essentiel dans l’usage des VPI dans nos écoles, nous devons considérer l’élève comme un participant dans la création de savoir. Bien des élèves affirment être captivé et motivé par la technologie. Cependant, c’est à l’enseignant de réaliser un travail de médiation entre le savoir, l’utilisation de la technologie permettant la création et diffusion d’un enseignement dynamique et la collaboration et l’interaction créé avec les élèves. Ils sont donc le facteur qui permettra dans des études futures d’affirmer si ces nouvelles technologies améliorent l’enseignement dans nos écoles.

5.3.6 Parents

Ayant eu l’occasion de discuter avec certain parent de ces outils, une bonne partie évoque toujours qu’ils souhaitent un enseignement de qualité pour leurs enfants. En revanche, les connaisseurs dans le milieu des nouvelles technologies savent qu’il va falloir du temps pour affirmer que le TBI puisse être un outil plus efficace que le TN. Un père d’une élève de 8P disait « encore faut-il voir si les enseignants savent enseigner avec ces tableaux électroniques » (TBI ndlr.). Le débat dévie facilement sur le lien facile entre le coût du matériel et les résultats de leurs enfants. Il s’agit d’un lien infondé et beaucoup plus complexe qui n’est pas traité ici. En effet, un matériel coûteux ne signifie pas un enseignant excellent. Ceci dépendra de la qualité de l’enseignant à fournir un enseignement de haut niveau.

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5.4 Formation

La qualité de la formation est d’une importance capitale si nous souhaitons que l’enseignant de demain soit aussi le médiateur d’une pédagogie de demain. Mônica Macedo-Rouet (2010) à fait la synthèse des études de David Miller, de Brigitte Somekh, de Cathy Lewin et leurs équipes. Elle en sort les principaux éléments :

• « La durée et le caractère « informel » de la formation : on constate que les meilleurs résultats sont obtenus quand la formation est permanente et les enseignants ont la possibilité de faire appel à des conseillers, de manière informelle, aussi souvent que nécessaire, pour poser des questions et discuter d’idées d’usage du TBI ;

• La manipulation du matériel : l’opportunité d’essayer le TBI, avant de l’utiliser devant les élèves, est essentielle pour donner de l’assurance aux enseignants ; pour les débutants, une bonne idée serait de pratiquer avec un collègue plus expérimenté avant la mise en place des cours ;

• Les théories et méthodes sur l’apprentissage : au-delà des aspects techniques, c’est la compréhension de la façon dont les élèves apprennent et des théories cognitives qui aide les enseignants à améliorer leur pédagogie ; un point jugé important par les enseignants interrogés dans l’une des études est la compréhension des notions de styles d’apprentissages et de différences individuelles, parce que ces notions permettent de réfléchir aux moyens d’adapter la pédagogie en fonction des différents besoins des élèves ;

• Les consignes pour l’utilisation des ressources pédagogiques : le simple accès à des ressources de qualité n'est pas suffisant pour savoir les utiliser ; les enseignants devraient disposer de consignes claires sur la manière de les utiliser. » (Macedo-Rouet, 2010a)

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Cette formation doit relever l’importance de la qualité de l’enseignement et de ce dont les enseignants ont besoin pour former les enfants pour le monde qui les attend. Figel Jàn (2006) cité par Fourgous (2012) indique que « devant l’internationalisation croissante, le rythme soutenu du changement et l’introduction continue de nouvelles technologies, les Européens doivent certes tenir à jour leurs aptitudes professionnelles spécifiques, mais aussi posséder les compétences génériques qui leur permettront de s’adapter au changement. ».

De plus, les enseignants doivent pouvoir être formé pour les mêmes compétences clés qu’ils doivent transmettre aux enfants. Le succès de ces ensembles relève du leadership des directeurs d’établissements, de la collaboration entre enseignants (pas forcement d’une même école) afin de motiver chaque individu à l’utilisation de ces outils technologiques. Les enseignants deviendront alors les garants formateurs des élèves de la culture numérique.

6. « I » pour interactif ? Voici deux définitions intéressantes pour le développement de cette partie délicate pour les TBI quant à son terme « interactif » :

• Larousse.fr : « Se dit d'un support de communication favorisant un échange avec le public ». Notons dans cette première définition l’importance du terme « échange » qui s’oppose à un enseignement frontal unilatéral.

• Wikipédia : « L'interactivité est une activité nécessitant la coopération de plusieurs êtres ou systèmes, naturels ou artificiels, qui agissent en ajustant leur comportement. Elle est souvent associée aux technologies permettant des échanges homme-machine. Toutefois, l'interactivité est présente dans toutes les formes de communication et d'échange où la conduite et le déroulement de la situation sont liées à des processus de rétroaction, de collaboration, de coopération entre les acteurs qui produisent ainsi un contenu, réalisent un objectif, ou plus simplement modifient et adaptent leur comportement. Une communication interactive s'oppose à une communication à sens unique, sans réaction du destinataire, sans rétroaction ». Cette définition plus complète prend en compte la dimension humain – humain.

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Une partie des enseignants étant déjà confrontés à l’utilisation des TBI dans les écoles primaires genevoises se posaient différentes questions les premiers jours. Par exemple, comment allaient-ils enrichir leur pratique pédagogique ? Comment intégrer ce tableau et quels seront les logiciels pour favoriser l’interactivité ?

Mais qu’est-ce que l’interactivité ? Est-ce finalement un élève qui vient au tableau pour manipuler des concepts abstraits ? Est-ce que les autres élèves sont actifs sur le plan cognitif lorsque l’un d’entre eux est au tableau ? L’interactivité est-elle la construction d’un document grâce aux idées et représentations de tous les élèves de la classe ? Quelles sont donc les formes d’interactivité que celle-ci peut prendre dans les pratiques en classe ?

Toutes ces questions peuvent être misent en avant dès l’instant où l’enseignant va se confronter à l’utilisation qu’il va faire de cet outil afin de répondre aux exigences et besoins pédagogiques liés au degré de sa classe. Cette interactivité s’installe alors dès le moment où la vision pédagogique est adaptée avec une maitrise de la technique du tableau. En effet, le cours sur papier a été créé et pensé pour une utilisation sur papier. Le TBI doit être utilisé de sorte à produire des cours prévu pour ce support et qui ne nie pas l’utilisation complémentaire de travaux sur papier ou autre. Ainsi, si nous souhaitons obtenir de la créativité de la part des enseignants avec ce support, ceux-ci devront passer par trois étapes importantes : La découverte (lors d’une utilisation personnelle), l’adoption (l’utilisation devient professionnelle et la pédagogique reste inchangée) et l’appropriation (la pédagogie devient de plus en plus interactive). La dernière étape deviendra alors une partie de création mettant l’élève acteur et créateur de son savoir.

Dans cette dernière étape, même en intégrant cette technologie, l’enseignant va continuer dans l’utilisation de diverses ressources et pratiques pédagogiques afin d’offrir aux élèves la possibilité de construire leur savoir. De plus, en fonction de l’intention pédagogique, le TBI va fournir différentes phases de transmission du savoir. Par exemple, chaque élève reçoit une consigne différente permettant la construction d’une carte d’exploration. Nous pouvons supposer qu’il y aura une phase de réalisation importante qui se basera sur la manipulation de l’objet numérique. Ensuite, une deuxième phase s’effectuera lors du feedback de l’enseignant à chaque passage ou au point final de la réalisation. Cette phase d’intégration va permettre aux élèves de revenir sur les stratégies et les démarches misent en place.

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« Ainsi, alors qu’on a pu craindre, par la nature même du TBI, un enfant spectateur passif, on trouve en fait des enfants médiateurs, acteurs de leurs apprentissages, curieux et jamais rassasiés des activités proposées. C’est ce trajet qui replace l’élève au centre du dispositif médiatique à l’école et lui permet de mieux se construire en tant qu’être social donc communicant »15. Dès lors, l’enseignant va prendre un nouveau statut, celui de médiateur face au TBI. Il peut intervenir sur chacune des stratégies d’apprentissage misent en place par son groupe classe ou tout simplement de manière individuelle. Ceci va permettre à l’élève de garder une bonne orientation pour un développement correct, motivant et valorisant de ses propres compétences.

Le TBI est donc « un outil de réflexion collective » (Bricault, n.d.), et peut devenir important lorsqu’il accroche l’attention des élèves qui réfléchissent sur leurs idées ainsi que de leurs représentations.

Figure 6 : L'interactivité produite par le TBI

« Certains fabricants proposent en options différents dispositifs qui sont censés renforcer l'interactivité comme les tablettes graphiques et les boitiers de vote. Le TBI permet de prendre le contrôle d'un ordinateur sur le tableau d'une salle de classe. L'enseignant se trouve donc face aux élèves et conserve une mobilité qu'il est difficile d'avoir lorsqu'on est derrière un ordinateur »16.

15 (Deloménie, 2007) 16 (Chamayou, 2010) 35

Cette interactivité est pourtant mise en doute par les plus sceptiques des biens faits de cette technologie. Ces personnes font malheureusement partie de ceux qui utilisent les outils numériques simplement pour moderniser des pratiques traditionnelles sans se poser la question quant au potentiel de changement qui peut s’opérer. Le TBI prend un rôle important dans la modification éventuelle et possible des pratiques pédagogique, transformant l’interactivité de la classe traditionnelle (oui il y avait de l’interactivité avant les années 2000), en une forme d’interactivité fortement lié avec l’image de la société. Cette participation pour les élèves existe déjà sur les réseaux sociaux qu’ils connaissent déjà (trop) bien, car ils vivent tous les jours dans un monde en réseau.

Ainsi, l’élève doit être le moins passif possible pour rendre le cours dynamique et interactif. Comme nous l’avons évoqué avec nos définitions précédemment, l’interactivité n’est pas exclusivement entre l’homme et la machine, mais aussi dans la construction de savoir – avec l’outil numérique ou non – entre les élèves et/ou avec l’enseignant. Bien entendu, un cours peu aussi rester selon les séquences et buts pédagogiques fixé très magistral. Le TBI sera un vidéoprojecteur. Mais alors, l’autre forme d’interactivité devra être utilisée par l’enseignant pour faire un cours dynamique et attrayant pour les élèves. Il ne faut pas rendre l’élève passif et le dégouter du savoir. Grâce au diverses ressources et moyens (l’utilisation de la vidéo, du son, d’animations flash, etc.), l’enseignant peut captiver l’élève. Ensuite, dans une deuxième phase, il peut rendre l’élève acteur dans la suite de la séquence pédagogique avec de la collaboration entre les pairs. « Le rôle du prof dans tout cela ? Laisser les élèves travailler !!! Les guider, leur faire prendre conscience de leurs avancées, de leurs difficultés, de leurs forces, de leurs défis. Auparavant, il était important que l'enseignant sache ce que l'élève apprend. Aujourd'hui, il est plus important que ce soit l'élève qui sache ce qu'il apprend et ce qu'il lui reste à apprendre !!! 17»

Natacha Duroisin, Gaëtan Temperma, Bruno De Lièvre (2011) ont effectués une étude qui compare les deux formes de pédagogie. Les auteurs arrivent à la conclusion suivante : « Au terme de cette expérimentation et en regard aux résultats qui ont été présentés, nous croyons qu’une utilisation réfléchie et partagée du tableau interactif, sollicitant la participation active des apprenants, par un enseignant capable de mobiliser le potentiel interactif du support doit être privilégiée ».

17 (Jobin, 2009) 36

7. Microsoft et l’école de demain

Cette partie sort du cadre du travail pour « déborder » dans une classe immersive avec l’utilisation des nouvelles technologies. Si l’idée de la disparition du TN face aux TBI marque le début d’une nouvelle ère dans le milieu de l’éducation de nos enfants, celle-ci n’est que le début d’un lien puissant entre l’école et la société, le pont d’une formation pour le travailleur de demain. Car peu importe le métier, la passion ou même nos « hobby », le numérique fait partie intégrante de notre vie, ce qui pour un « digital native » semble évident.

7.1 Le « digital native »

Le natif numérique (digital native en anglais) est un individu qui est né dans l’ère du numérique. Il n’a pas connu la création de certaines technologie car elles étaient déjà présentent à sa naissance et sont devenues ainsi des outils communs à son existence dans la société. On distingue un autre type de natif numérique que l’on qualifie d’immigrant. Celui-ci a connu une réelle évolution de la technologie voir même assisté à sa création.

« L'existence de ce fossé entre les générations est cependant mis en question par d'autres chercheurs qui préfèrent insister sur la fracture croissante qui sépare les individus qui maîtrisent et utilisent de façon responsable les technologies (quel que soit leur âge) de ceux qui ne les utilisent que sommairement, avec difficulté ou sans conscience des enjeux. Cette fracture numérique croissante dans la population, indépendamment de la classe d'âge, apparaît comme bien plus déterminante et en relation avec la mission d'égalité de l'école. Elle constitue un réel enjeu de cyber-inclusion »18.

Si nous évoquons que les élèves d’aujourd’hui sont des digitales natives c’est pour faire un lien direct entre le lien social qu’ils ont avec les technologies d’aujourd’hui et l’avancement de cette technologie. Cette évolution est flagrante car les générations intermédiaires (ceux né par exemple dans les années 60 à 80 et intermédiaire au sens qu’ils sont entre les « digital native » et les individus étant né dans les premières générations d’ordinateur 1936 à 1950) sont tous insérés dans la société à leur échelle de vécu (sauf pour les personnes âgées actuelles, faute de temps ou d’intérêt selon les mentalités de leur époque. Des cas rares existent).

18 (Mitic & Beer, 2014) 37

Les nouveaux nés des années 90 font leur apparition dans le monde du travail avec leur vision de la société et leur lien avec les technologies. « C’est une génération hyper-connectée, ouverte, communicante, dont les modes de fonctionnement changent radicalement de ceux des générations précédentes. Ils ont besoin d’échanger pour apprendre » (Fourgous, 2012).

L’auteur de ce terme, Marc Prensky19 évoque lors d’une conférence chez Microsoft France20 l’importance des outils numérique les plus à jour pour les jeunes d’aujourd’hui. Plus que jamais, le monde d’aujourd’hui est en symbiose avec le numérique, et pour une maitrise intellectuelle, les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de ces outils technologiques. Cependant, dans nos écoles, ce n’est pas la technologie qui doit prendre le rôle principal mais l’apprentissage. Ainsi, la technologie doit rester un outil familier pour l’élève, un « moyen d’instruction » pour l’enseignant.

Le but final de l’enseignant va au-delà de sa réussite scolaire. Il doit pouvoir le préparer pour l’avenir, sa future insertion dans la société. Pour cela, Prensky M. (2012) évoque la nécessité de changer le contexte de l’éducation. Il dit que « notre instruction a été conçue pour un temps où le monde était relativement stable, certain, ordonné et non ambigu. Maintenant le monde est rempli de volatilité, d’incertitude, de chaos et d’ambiguïté ».

La prise de conscience des jeunes d’aujourd’hui doit permettre aux méthodes pédagogiques actuelles de ne plus se focaliser sur le passé. Selon Prensky (2012), « il existe une meilleur pédagogie que de « parler », celle du partenariat ». Si cette vision rejoint la pédagogie de Freinet et les théories constructivistes piagétiennes, elle prend en compte la dimension numé- rique actuelle. Car l’idée est de trouver un équilibre entre ce qui émane de l’enseignant vers l’élève (top-down) et ce que l’élève construit pour l’enseignant (bottom-up). Cet équilibre doit placer l’élève dans une construction et compréhension de savoir personnelle. Les enseignants sont un excellent outil, mais ils doivent devenir un outil du 21ème siècle. Ainsi, Prensky (2012) affirme la nuance suivante : « Avant j’enseignais mon sujet, maintenant j’enseigne à mes élèves ».

19 Terme employé dès 2001 et qui le rendit célèbre pour ses théories. 20 (Pouilly, 2012) 38

7.2 De la craie à l’écran – la classe immersive

Chez Microsoft France, le campus permet d’accueillir des classes d’élèves pour la découverte d’une classe immersive21. Ce projet permet de faire valoir la pertinence du tactile chez les élèves dans leur instruction et quels sont les outils adéquats dont ils ont besoin pour enfin les rendre acteurs de leur propre apprentissage. L’élève doit pouvoir se retrouver dans son travail de manière parfaitement autonome. L’aspect collaboratif est facilité par les outils en effaçant cette image de l’apprentissage à l’école en le rendant ludique et attrayant.

Dans l’usage des outils, les élèves font ce qu’ils souhaitent et comme ils le veulent. L’utilisation de l’outil n’est pas un problème pour eux. Ainsi, dans une situation maitrisée, avec l’utilisation du son et de l’image en plus, l’élève va être d’avantage participatif à l’apprentissage de la matière préparée par l’enseignant.

Avec l’association de « jeux sérieux », l’activité peut être un apprentissage tout en jouant pour les enfants. Ces ressources en ligne offrent une nouvelle dimension pour apprendre, tout comme les animations au format flash. L’erreur disparaît car soit la fonction tactile l’efface, soit l’animation offre un feedback direct de l’erreur pour recommencer. Suivant les outils, la collaboration peut se multiplier, tel que sur une table tactile où les élèves peuvent travailler en groupe et de manière autonome. L’enseignant va changer de rôle pour passer, tout comme nous l’avons évoqué précédemment, d’un maître à un médiateur de la connaissance. Il ne va plus donner cours à sa classe mais avec la classe. Avec l’autonomie des élèves, l’enseignant va aussi pouvoir observer son groupe classe afin de mieux cibler les élèves en difficulté.

L’élève dans son propre rôle d’acteur d’apprentissage va construire lui-même son savoir. L’avantage de manipuler ces outils permet au plus jeunes d’être motivé et captivé par la technologie. Il y a une phase d’appropriation de l’outil qui ensuite va permettre à l’élève de se plonger dans le travail. Avec des élèves plus âgé, cette étape d’appropriation étant terminée, la tâche a effectué est prise en compte plus rapidement permettant ainsi une véritable association entre l’apprentissage voulu par la séquence pédagogique mise en place par l’enseignant et le plaisir de le faire sur des outils faisant partie du quotidien des élèves et surtout qu’ils maitrisent (déjà).

21 http://www.microsoft.com/france/education/classe-immersive/ 39

8. Synthèse Rappelons le titre de ce mémoire. « Le TBI, première étape vers la fin du tableau noir dans nos écoles ? » Il semble que cela soit le cas mais que ce n’est pas pour demain. Nous avons pu définir la technologie représentée par le TBI et/ou VPI et utilisée dans les écoles. Cette famille d’objets tactiles débute dans un milieu dont l’histoire a fait ses preuves. Si le TN n’a plus aucunes preuves à fournir quant à son bienfondé, le TBI a de forts arguments car il représente un outil en adéquation avec son temps et la société de laquelle il provient. Dans la classe, le TBI est à tous points de vues supérieur à son ancêtre. Cette supériorité n’est que l’amélioration et l’évolution de ce qui a révolutionné l’enseignement lors de la création du tableau noir. En résumé, il fait mieux et plus que son prédécesseur. Mais n’oublions pas que cela dépend aussi de l’utilisateur, tant élève que professeur.

Mais le TN n’a pas encore dit son dernier mot. En effet, les études scientifiques sont tout de même prudentes sur le sujet. Bien que les perspectives d’avenir soient prometteuses, nous n’avons pas encore les années d’étude et d’analyse aussi solides que celles pour le TN. Cet aspect a particulièrement été relevé pour ce qui concerne la réussite scolaire, sujet suffisamment délicat avec les notes à l’école.

Le contexte genevois a permis de démontrer une volonté forte pour offrir une qualité d’enseignement de très haut niveau. Si le changement implique un temps d’adaptation et de perfection pour le corps enseignant, les valeurs et souhaits des organismes, tel que l’Etat, les établissements ou autre centre de formation, vont permettre à la ville d’être capable d’offrir un enseignement de qualité, peu coûteux, effaçant les inégalités tout en s’associant à la vision de la société et de ses habitants. Les différents acteurs jouent tous un rôle d’indicateur pour la suite des événements dans l’implantation des TBI dans nos écoles primaires. La carte du succès pour cette transition s’effectuera principalement dans la formation de ceux qui forme les enfants représentant l’avenir de la société actuelle.

Nous avons également évoqué la difficulté que rencontre l’interactivité de ces tableaux. Nous pouvons supposer que cette difficulté provient avant tout de l’étymologie du mot. Car en effet, l’interactivité définie et souhaité pour cet outil évoque principalement la participation et la création d’un élève acteur de son apprentissage.

40

Enfin, nous avons constaté que l’un des grands leaders du monde de l’informatique investit beaucoup de l’éducation de demain. Cette dimension est importante car elle prend en compte une population bien définie, les « digital native ».

9. Limites et perspectives Le but de ce mémoire de master peut être comparable à certain site web englobant une mine d’informations pour préparer et aider toutes les personnes souhaitant s’équiper, se former, et ne serait-ce que s’informer sur les TBI22. Mais il évoque également la transformation de nos écoles vers une culture et une pédagogique plus adaptée aux générations des « digital natives ». Si le TBI est le premier outil formel et hautement symbolique face au TN dans nos écoles, d’autres outils suivront pour prendre place face au papier-crayon. La limite de ce travail réside dans un état de l’art évoqué par rapport à son titre d’une disparition encore incertaine du TN. La perspective pouvant être donnée pour un futur document faisant suite à ce travail réside dans une recherche empirique de l’impact des TBI dans les écoles primaire.

De plus, le point de vue est particulièrement favorable au TBI. Cette vision optimiste relève d’une croyance dans le progrès des technologies humaines. Peut-être que les Hommes faces à la nouveauté se divisent et argumentent. Cependant, ne pouvons-nous pas affirmer que le progrès effraie ceux qui se sentent en situation de confiance face à des actions et habitudes familières et maitrisées ? Certain affirme que l’ « on revient à ce qu’on combattu longtemps, c'est-à-dire la pédagogie où l’enseignant « fait un cours » et les élèves écoutent. De temps en temps, on demandera à un élève de toucher à la chose mais sans réelle efficacité pédagogique. On marche à reculons ! En plus, les TBI quand ils sont installés depuis quelques années sont sous-employés : quand les enseignants voient le temps que prend une préparation de cours, ils rechignent d’autant que beaucoup ont vu les limites de l’outil »23. Cet auteur n’a pas forcement tort, mais lorsque nous revenons au chapitre des avantages et inconvénients (point 4.4) concernant les TBI, nous sommes relativement convaincus sur l’apport indéniable que la technologie permet de réaliser dans le milieu de l’éducation.

22 Voir par exemple www.tableauxinteractifs.fr 23 (Vieilleforge, 2010) 41

En revanche, l’idée de voir cet outil comme néfaste ou comme un retour en arrière dans les fondements de l’apprentissage à l’école (éducation traditionnelle) n’est pas si erronée selon celui qui a inspiré cet auteur. En effet, « pour qu'il y ait apprentissage, il faut que l'élève soit actif dans la construction de son savoir. C'est pure illusion que de croire qu'un élève apprend en restant assis 50 minutes à écouter un prof (avec TBI ou non) déblatérer sa matière. Cette technique n'est utile que si on veut gaver les élèves de connaissances qu'ils régurgiteront quelques jours plus tard dans un examen »24.

Ainsi, ce sont les opposants « freinetiens » d’une méthodologie nouvelles qui souhaitent un élève actif dans les apprentissages. Piaget, selon la théorie du constructivisme, évoquait l’importance de devoir agir sur un objet pour le comprendre. « Depuis l’arrivée d’Internet et surtout des outils numériques dans les écoles, ces pédagogies deviennent envisageables et réalisables » (Fourgous, 2012). Dès lors, nous pouvons étendre les perspectives de ce travail après une analyse empirique des effets du TBI en classe à Genève (l’installation à l’école Grand-Saconnex a été réalisée en 2013. Ils ont donc effectué une rentrée avec ces tableaux. Il serait peut être intéressant d’analyser les notes des élèves entre les deux années. L’école de Grand-Salève débutera sa deuxième année avec les VPI). Pour ce faire, il peut être intéressant de lier le projet des tablettes en classe (projet prospective du SEM en 2013) pour une participation active et direct de chaque élève afin d’obtenir une interaction direct entre l’outil qu’est le TBI et l’usage pour la classe.

24 (Jobin, 2009) 42

10. Conclusion

Le tableau numérique interactif est une évolution du tableau noir. Il ne va pas rénover ni changer les méthodes d’enseignement mais il va très certainement en repousser les limites. Nous avons insisté sur le fait que cette évolution n’est pas l’outil en soi mais ce qu’on en fait. Il appartient donc aux enseignants de repousser leurs propres limites, de laisser leur imagination libre à la création améliorée de leurs propres méthodes pédagogiques. « De même que la révolution de l’imprimerie a bousculé les modes de transmission et d’enseignement, Internet doit faire évoluer les pratiques pédagogiques. Intégrer les TICE à l’École pour les outils eux-mêmes, permettra sûrement une modernisation du système éducatif, mais elles ne seront pas la solution miracle à tous les problèmes d’échec scolaire et de démotivation. Les TICE sont importantes dans le sens où elles représentent le déclencheur permettant d’initier un changement pédagogique. Ce sont les « catalyseurs du changement », un tremplin vers de nouvelles pratiques pédagogiques elles-mêmes solutions à de nombreux problèmes et de nouveaux défis. Mais sans l’évolution des pratiques, les outils numériques n’auront quasiment aucun impact sur la réussite scolaire des élèves » (Fourgous, 2012). Dans tous les cas, l’école de demain doit continuer à former les enfants d’après-demain, pour une société en constante évolution tant sur le plan numérique sur que les mentalités des utilisateurs (les « digital native »).

Cette société, hyper-connectée doit être responsabilisée et formée à une utilisation adéquate de ces outils numériques afin de devenir des citoyens pleinement intégrés. Le TBI remet en question toute la génération précédente sur les méthodes d’enseignement. Ce changement semble s’être manifesté aux yeux de tous car il prend sa place dans les classes avec autant de droit que les livres. Le TN va forcément tirer sa révérence pour faire partie des outils pédagogiques « de l’époque ». Selon Fourgous (2012), « l’École n’a plus le monopole du savoir et dans une société où l’information est disponible de manière continue pour tout le monde et où la connaissance s’accroit de manière exponentielle à grande vitesse, on peut s’interroger sur les rôles de l’École et de l’enseignant aujourd’hui. Y-a-t-il encore un intérêt à transmettre un savoir formaté ? ».

43

En revanche, l’utilisation du TN a été marquée par une pratique de deux siècles de succès. Pour le TBI nous pouvons uniquement parler d’une décennie dans les milieux éducatifs. Il reste encore énormément de travail pour donner à cet outil numérique l’importance statutaire du TN face aux élèves et à leurs parents dont leur histoire éducative a été marqué par cette ardoise.

O’Hare (1993) faisait l’apologie du tableau noir pour appuyer son importance et qu’il est impossible de remettre en question. « Since there is one of it, that everyone can see, it focuses attention on the task. Since everyone contributes to it, it is collaborative. Since it is constructed in real time, it has a history and sequence. Since it is extensive in two dimensions, it allows a more complicated structure than linear logical evolution or chronological or causal sequence. Since it is a random-access device, it does not have to be merely a temporally congruent record of remarks; it can speak to different people in different voices privately, and can "listen" on its own schedule, as later contributions can be inserted easily at the left, and pregnant early insights can be placed in empty space far to the right, as though the discussion hadn't "gotten there" yet. Since it is easily erasable, it strikes a nice balance between commitment and experimentation. It's safe and robust; there's no electric cord to trip over; it doesn't need spare bulbs; and, so far, there's no evidence that chalk dust or markers cause cancer! ». Mais le TBI n’est que l’évolution numérique du TN, il est peut-être temps qu’il laisse sa place.

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Index des Figures et tableaux

Figure 1: Fonctionnement du TBI (Baffico, P., 2009, p.67) ...... 7 Figure 2 : Fonctionnement d'un DMI (eBeam) ...... 8 Figure 3 : Logiciels et constructeurs principaux ...... 12 Figure 4 : Triangle didactique (Duchâteau, C., 1996) ...... 23 Figure 5 : VPI Ecole Grand-Salève Veyrier ...... 29 Figure 6 : L'interactivité produite par le TBI ...... 35

Tableau 1 : The Global Information Technology Report (2011 - 2014) ...... 26

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