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LA QUESTIONDES RELATIONSGERMANO- |SRAÉLTENNES(1949-1956) Réflexions,débats et au sujet d'une officialisation"onarouersesdifficile

Deuxièmevolume

Thèseen vue de I'obtentiondu doctorat"Nouveau régime" Présentéepar DominiqueTRIMBUR Directeurde recherche: M. le ProfesseurMichel GRUNEWALD

Octobre 1995 Universitéde Metz U.F.R.Lettres et SciencesHumaines

LA QUESTIONDES RELATIONS GERMANO- rsRAÉLTENNES(1e4e-1e56) Réflexions,débats et au sujet d'une officialisation "ontro.rersesd iff icile

Deuxièmevolume

Thèseen vue de I'obtentiondu doctorat"Nouveau régime" Présentéepar DominiqueTRIMBUR Directeurde recherche: M. le ProfesseurMichel GRUNEWALD

Octobre 1995 années 1940 au orintemps de I'année 1956

A. L'ATTITUDEALLEMANDE VIS-A-vIS DU PROBLÈMEDES RELATTONSDTPLOMATIQUES AVEC ISRAËL JUSQU'AU TRAITÉ DE RÉPARATIONS

La questiondes relationsdiplomatiques entre et Jérusalemest abordéen Républiquefédérale, comme en lsraë|,de façonprécoce. Mais en R.F.A.ce problèmene comportepas la chargeémotionnelle qui existedu côté israélien.Dans le cas de la Républiquefédérale, il est nécessairede faire la partdes chosesentre les aspectsmoraux de la questionet ceux plusréalistes qui sontimposés par la politiqueétrangère du pays.

208 l. Le cadre général de la politique extérieure ouest- allemande au début des années 1950

Au débutdes années1950, la R.F.A.n'est pas souveraineen matière de politiqueextérieure. ll existe,certes, des optionsadoptées dès le départ par le ChancelierKonrad Adenaueret partagéespar Ses proches collaborateurs,au sein d'un servicedes Affairesétrangères installé à la Chancellerie;r6"1r les choixdéfinitifs dépendent encore des puissances occupantesreprésentées par la Haute CommissionAlliée installéeà proximitédu centrede la vie politiqueouest-allemande, Bonn. Adenauer et ses collaborateursreÇoivent alors des directivesprécises de la part des Hauts-Commissaires.2

Les conceptionsde politiqueétrangère des dirigeantsouest-allemands de cette époquerésultent à la fois de constatationset de leçonstirées du passé ainsi que de considérationsissues de la situationpostérieure à la Deuxièmeguerre mondiale. Dansce domaine,quatre grandes leçons dirigent les réflexionset les actesdes responsablesde la R.F.A.3C'est d'abordla leçon négativede la politiquede puissancemondiale ("Weltmachtpolitik") d'Hitler qui s'étaitelle- mêmeplacée dans la continuitéde la politiquedu Reichallemand de 1871.+ll s'agitensuite de la leçon négatived'une politiqued'équilibre entre I'Est et I'Ouestset de celletirée de la démissiondes démocratiesoccidentales face à l'expansionnismede la puissancetotalitaire allemande.6 Enfin, la quatrième leçonrésulte de la Guerrefroide qui s'imposeprogressivement à partirde 1947et s'accentueau débutdes années1950- ffiebgenheiten'',créée|e1er|V1950,quin'estpasunministèredes Affairesétrangères au senspropre du terme. 2 v. à ce proposles comptes rendus des discussions entre Adenauer et les Hautscommissaires alliés, parus SoHWAFZ.H.p. (Hg), Adenauer und die HohenKommissare 1949-1951, op. cit., et autrestomes danscette série. - 3 d,aprèsSCHWARZ, H.P., "Die westdeutscheAuBenpolitik HistorischeLektionen und politische - - Geneiationen",in SiHfEL, W. 1Hg1,Nach dreiBiq Jahren Die BundesrepublikDeutschtand Verqanoenheit.Geoenwart. Zukunft, Stuttgart, 1979, 352 pages,p. 145et suiv' 4 Sousle nomde "Weltpolitik"est compriseici notiamrnentla politiqued'expansbn mise en ptaceà la fin du XlX"siècb par Guillaumell. 5 C'estle souvenirde Rapallooù I'Allenngnes'entendit secràernent avec I'U.R-S.S. en 1922,défiant les puissancesoccidentales de l'époque,France et Grande-Bretagne' 6 Cettepanne est symboliséepar les accordsde Munichde septembre1938, avec I'abandonde la Tchécosbvaquiepar I'Angleterreet la Francequi cèdentdevant la volontéd'annexion de Hitler- 209 _ Outreles leçonsnégatives, certains enseignements positifs influencent les prisesde positionfondamentales des nouveauxdirigeants allemands. C'esten premierlieu I'image historique du Reichallemand, base de réflexion pour la volontéde réunificationde l'Allemagne.Par ailleurs,les expériences historiquesfondent la politiquede la R.F.A.dans sa dimensioneuropéenne.

Ce sont ces expériences,cette dépendanceà l'égarddes puissances occidentales,mais aussi son propreréalisme en matièrede conduitede l'État et son soucipersonnel de redonnerrapidement à la Républiquefédérale une placedans le concertdes nations,qui inspirentAdenauer. Le Chanceliertient à mener une politiquequi favorisel'intégration de son pays au camp occidentalTet le rétablissementle plus rapidepossible de sa souveraineté.8 Et sur ce planil obtientassez rapidement quelques succès. Ainsi, dès 1949,la Républiquefédérale voit s'améliorersa situation,principalement sous le parrainagedes Etats-Unis: Ie 31 octobreelle entre à I'Organisation Européennede CoopérationÉconomique (O.E.C.E.) et le 22 novembreles accordsdu PetersbergI'autorisent à établirdes relationsconsulaires avec les Étatsoccidentaux et à adhérerà des organisationsinternationales. s A la suite de cetteamélioration rapide du statutde I'Allemagnede l'Ouest,Adenauer demande,dans un mémorandumdu 29 août 1950,une modification des relationsentre la R.F.A.et les puissancesoccupantes. Cette révision du statut d'occupationentré en vigueurle 21 septembre1949 est accordéeà petite échellele 6 mars1951.10

ll faut égalementsouligner que, dès le départ,la politiqued'Adenauer s'accompagnedu refusabsolu de ce qui pourraitentériner la situationissue de la créationde deux Étatssur le territoireallemand.ll De ce rejetdécoule pourle Chancelierle droitde la R.F.A.à l"'Alleinvertretung",12c'est-à-dire à I'exclusivitéde représentationpour toute I'Allemagne qui a pourcorollaire que

7 Adenauerapparaît immédiatenent comrne I'homrne de I'ancrageà I'Ouest,et il rnarqueson parti dans ce sens,v. HACKE,C., "Traditionenund Stationender AuRenpolitikder BundesrepublikDeutschland von 1949bis 1987",in "AusPolitik und Zeitgeschichte"' 83/1988, p. 3 et suiv 8 HtLOeenAND,op. cit.,et HANRIEDER,W.F., Die stabile Krise : Zieleund Entscheidunqender bundesreoublikanischenAuBenoolitik 1949-1969, DÛsseldorf, 1971, 219 pages. 9 le g août 1950elle devientrnembre associé du Conseilde I'Europe,le 21 juin 1951elle entreà I'U.N.E.S.C.O.,et le 1eroctobre de la mênpannée elle devient membre du G.A.T.T- 10U R.f.A. est alorsautorisée à créerun ministèredes Atfairesétrangères et à ouvrirdes ambassades- 11 La Repuotiquefédérate d'Altenngne cré'ée le 23 mai1949, et la Républiquedénncratique allernande le 7 octobrede la nÉme année. 12 Déclarationgouvernementale d'Adenauer devant le ,21 X 1949. 210 Bonndénie toute représentativitéà une R.D.A.qu'il n'acceptepas comme État. t-a revendicationdont Adenauerse fait le défenseurn'est pas propreau seul partichrétien-démocrate ou à la droiteallemande en général;elle est partagéepar les sociaux-démocrateset leur chef, .Et de cette conceptionrésulte naturellementla volonté de réunificationde I'Allemagne.

211 ll. L'attitude de la R.F.A. à l'égard des relations diplomatiques avec lsraël

1. Avant I'entrée en négociationsavec lsraël

Le problèmedes relationsavec lsraëlne semblepas être,au départ, une préoccupationessentielle des nouveauxdirigeants ouest-allemands : lsraëlet le génocidedes juifs ne sont pas mentionnésdans les premiers discoursdes responsablesallemands.l3 Et le silencede Bonn dans ce domaineest remarqué,vivement regretté et critiquépar lesjuifs.t+ Par ailleurs,il existeencore à ce momentun fort décalageentre les deux pays;entre une R.F.A.qui songesurtout à son propreavenir et peut profiterde I'aideoccidentale pour construire celui-ci plus rapidement,et un État hébreuqui doit construireson présentmais reste otaged'un passé tragique.tsSi cetteexplication du silenceallemand peut paraîtrefacile et a tendanceà trop facilementabsoudre la R.F.A.,il n'en restepas moins qu'effectivementI'Allemagne de I'Ouestest plongéedans l'atmosphèrede la guerrefroide immédiatement après avoir vu le jour.Elle doit alors songer à se stabiliser,ce qui impliqueI'adoption d'une idéologie qui est centréesur le tempsprésent et ne permetpas un retoursur le passé.16A I'inverse,lsraël, par fidélitéà I'idéologiequi le fondeet au passérécent, ne peut pas encore prendrele reculqui lui permettraitde trouverrapidement la voie du dialogue avec les Allemands.C'est ce qui le pousseà rejetertoute reconnaissance du nouvelÉtat allemand et à s'opposervivement au retourde I'Allemagnesur la scènemondiale.

Malgréce décalage,une réflexionest déià en coursen R.F.A.sur d'éventuellesrelations avec lsraël; et la discussionsur les réparationspourrait en constituerI'amorce. La R.F.A.est alorssoucieuse d'améliorer son image

13orutscnKRoN, t.,Bonn et Jérusalem,op. cit., p. 35. 14 Le CongrèsJuif Mondialaccuse la R.F.A.pour son silencesur une culpabilitéallemande le 18 mai 1950,ibid., p. 39. Aux yeuxdu C.J.M.ce silenceest d'autantmoins pardonnable que les juifsse sont pourtantfait entendredepuis quelques années en publiantdes mémorandumset des notesqui réclament le paiementpar I'Allemagnede réparationspour les biensdérobés et les vies perdues(détails de ces noteset mémorandumsin SHINNAR,op. cit.,chapitre "Die Vorgeschichte der Verhandlungen",et GOLDMANN,op. cit., chapitre "Voôereitungen fûr die Nachkriegsepoche"). 15cf. lathèse de WOLFFSOHN,M., in Deutsch-israelischeBeziehunqen - Umfraqen und Interoretationen - 1952-1983,Munich, 1986, 96 pages, p. 9. 16 Deutschkron(op. cit.) qualifie cette situation ouest-allemande de "piègedu réalisme". 212 de démocratieen deveniret le passagepar de meilleuresrelations avec lsraëlparaît obligatoire à cet effet.La portéed'un éventuelgeste allemand est ainsi régulièrementsoulignée dans les documentsrelatifs aux réparationsà accorderaux juifs et à lsraël; elle concerneen effet l'orientationque le ChancelierAdenauer donne à la politiqueextérieure de la R-F.4. et peut I'aiderdans son orientationfavorable à I'Ouest.Au mois de juin 1950 par exemple,le ministèreallemand des Financesinsiste sur I'impactpolitique de réparationsen déclarantqu' "En matièrede relationspolitiques, des exportationsallemandes vers lsraël pourraientlaisser dans I'opinionpublique mondiale une impression favorable(à I'Allemagne),un accordqui leurserait lié assainiraitnos relations avecl'État israélien et en fin de compteles normaliserait."lT

De même, le servicedes Affairesétrangères de la Chancellerie n'ignorepas, dans un textedu mêmemois, qu"'il faut prendre nOte du fait que, en parallèleà I'améliorationdes relationsentre I'Allemagne et lsraë1,le crédit politiqueet moralde la Républiquefédérale s'accroît sensiblement."ls On perçoitici nettementque les administrationsouest-allemandes songentavant tout à I'impactqu'un accord entre la R.F.A.et lsraëlaurait sur "l'opinionpublique mondiale", en particuliersur celledes Etats-Unis.Mais au sein de ces administrationsd'autres personnes s'intéressent davantage à un apuremenfdes relationsentre Bonn et Jérusalem.C'est pourquoi ces fonctionnairesne privilégientpas, quantà eux, le contexteinternational, le gain politqueque pourraitespérer Bonn, mais se préoccupentplutôt de sortir de la situationfigee qui dominedepuis la créationdes deux États.tg

Toutefois,les servicesde la Chancellerie,comme les autres administrationsouest-allemandes, butent toujours sur le mêmeproblème : si les revendicationsisraéliennes et juives de réparationsne sont pas satisfaites,à termetoute normalisation des relationsentre la R.F.A.et lsraël ÛrdenWedergutmachungsexportenachlsrae|inderÔffent|ichen Meinungder Welt einen gûnstigen Eindruck hinterlassen, ein hierÛberzu schlieRendesAbkommen wÙrde unsereBeziehungen zu dem isiaelischenStaate entgiften und schlieBlich normalisieren.", PA/AA, Abt lll' Ref206.0t35,Bd7t14g, Docunent de cabinet(R 1307a 15/50)du B.M.F.,Vl 195O,adressé au Secrétaire o'Étatà la chancellerie,Granow. 18 "... solltebeachtet werden, daB nebender Verbesserungder Verhâltnissezwischen Deutschland und lsraelder politischeund npralischeKredit der Bundesrepublikin erheblichemUnrfange wâchst.", PA/AA' Abt il|, Ref210.01/35, Bd 123/1,Vermerk betr. wiedergutmachungsansprÛche von BÛrgern des staates lsrael,Abt. ll, 20 Vl 1950,Kox. 19 Dansun docurnentde la lin 1950adressé au ministèredes Finances,Steg, de la sectiondes Affaires étrangèresde la Chancellerie,cléclare par exemple(PA/M, ibid.,Bundeskanzleramt, Dienststelle lur auswârtigeAngetegenheiten (210.01/35 ltl b),21 Xll 1950,Steg):"Es wird nichtlejcht sein, eine befriedigéndeCegeiung zur Bereinigungder Beziehungender Bundesrepublikmit dem Staatelsrael zu finden.Jede Anregung in dieserRichtung wâre mir sehr willkommen." 213 est exclue.zo

En réponseaux efforts ouest-allemandsqui laissententrevoir la perspectived'une négociationsur les réparations,21les ls;aélienssemblent plus disposésque les Allemandsà entamerun dialoguedirect.z Et cette modificationapparente de l'étatd'esprit israélien permet à I'A'A' de penser plusconcrètement à des relationsdiplomatiques. Ainsi, selon un documentdu 12 octobre1g51,23 des négociationsgermano-israéliennes devraient s'ouvrir ,,danspeu de temps";z+elles devraient permettre de surmonterles obstacles qui ,,bloquaientla voie d'un rétablissement(sic) de relationsnormales entre I'Allemagneet Israë1."25Très tôt dOnc,I'A.A. voit dans le règlementdu contentieuxentre Bonnet Jérusalemle moyend'arriver à une normalisation complètedes rapportsentre les deux pays dans un avenir relativement proche. La Directiondes atfairespolitiques de I'A.A.s'exprime également dans ce sens au mois de février 1952.26Pour elle, le choix deS membresde Ia délégationouest-allemande chargée de négocieravec lsraë1,en particulier du responsablede celle-ci,est vital pour atteindreles buts ultimesde la négociationet respecterles espoirsde la partieisraélienne : ..Comme|e but principa|des négociationsest |,étab|issementde relationsnormales avec'l'État d'lsraë|, ou âu moinsde créerles préalablesà de telles relations(...), ie crois qu'il faudraits'attacher absolument à la nominationprévue Ou professeur Bôhm de Francfortau postede responsable de la délégâtion,parie que cette nominationest déià connuepar la partie juive qui l'à approuvéede manièrespontanée. Je croisque toute modification

ffierédacteurd'unenoted'informationsurlesre|ationsentrelaR.F.A.et adresséeà lsraël(ibid., Info.du servicedes Affairesétrangères sur lsraëlet ses relationsavec la R.F.A. erfolgte Adenauer,Abt ill b,8 I 1951,stæ) conshté que "Einegegenseitige de-jure Anerkennung sind zwischender Bundesrepublikund lsiâelbisherniint. RucnVertrâge, insbesondere Handelsvertrâge, vôlkerrechtlicher bishernicht abgeschlossenworden." ll poursuiten expliquantque "Die Aufnahme Vertrages(z'B' Beziehungenzwischen lsrael und der Bundesrepublikkônnte nur durchAbschluB eines Handetsùertragoder Sozialabkommen)erreicht werden. Die ÙberhÔhtenisraelischen Wiedergutmachungsansprûchelassen iedoch z. Zt einensolchen Schritt nicht geraten erscheinen'' du 27 21 avec les ditférentesrencontres de 1g51et le discoursd'Adenauer devant le Bundestag septembre1951. I'Allemagne 22 nrênresi au seinde I'A.A.certains doutent encore de la volontéd'lsraël de négocieravec zur de I'ouest (PA/AA,Abt ilt, Bd 12911,Aufzeichnung betr. lsrael und seine Beziehungen wâre' Bundesrepubiit

hand|ungendieHerste||ungnormalerBeziehungenzumStaate|srae|, oder mindestensdie Schaffungder Voraussetzungenfûr derartigeBeziehungen in der spâterenZeit darstellt,glaube ich,

A partir du momentoù Jérusalemaccepte d'entrer en négociations avecla R.F.A.,le 9 janvier1952, la perspectivede véritablesrelations entre les deux pays devientplus réelle.Dans cette optique, Ies servicesde l'4.4. cherchentalors à obtenirle maximumd'informations sur la communautéjuive mondialeet sur lsraê1.30Aux renseignementsfournis de manièreofficieuse par le consulatisraélien de Munich,I'A.A. ajoute alors les renseignements tirésde la presse3lou de son réseaude représentationsà l'étranger.32Par ailleurs,le ministèreadapte son organisationà la nouvelledonne : dès le débutdes négociationsde Wassenaar,une sectionspécialement consacrée au problèmedes réparationsaux juifs et à lsraëlest créée avec pour responsableAbraham Frowein, membre de la délégationouest-allemande à Wassenaar.33 L'A.A.reste toutefois conscient de la différenceentre les négociations en cours et des discussionssur l'établissementde relationsdiplomatiques. c'est pourquoila Directiondes Affairespolitiques respecte les réticences israéliennessur la question;et, lors de I'interruptiondes négociations, Froweinadresse à Blankenhornet Hallsteinun rapportà ce suiet dans lequel il préciseson pointde vue . "ll n'estpas prévudu côtéallemand de lierdes aspects politiques (par exemplel'établissement de relationsdiplomatiques entre la République

30 Cesdomaines leur derneurenten effeten grandepartie inconnus depuis la fin de la Deuxièmeguerre mondialeet la créationde l'Étathébreu. Ainsi, à la fin de I'année1951, ta représentationallemande à Londresest sollicitéepour participerà une rencontreorganisée dans le cadrede I'Anglo-PalestineGlub par le C.J.M.sur le "Rétablissementde relationspacifiques entre la communautéjuive mondialeet i'Rttenngne",et pourcela dennnde à la centralede Bonndes informationssur les relationsentre la R.F.A. et tsraei(pA/AA,Abt 1t, 212.06,Bd 1, Lettrede Londres,s. réf.,4 X 1951,Holleben)- L'A.A- répond à cettedemande (ibid., Lettre A.A. (lll 5634/51)à Londres,12 X 1951,Velhagen) en indiquantque "Wir habenhier verhâltnismâBigwenig lsrael-Material, da diesesMaterial erst seit 1950archivmàBig erfaBt wordenist und das Archivbis vor kuzem nur sehr lûckenhafthat gefÛhrtwerden kÔnnen.", d'où la nécessitéd'aller plutôt chercher des renseignernentsauprès de l'"AktionFriede mit lsrael"à Hambourgou de la "Gesellschatt"à Brême. 31 pRlRR,Abt ilt, N 12gt1,Note écrite (210.01/35 lll 11 225152)à Frowein,I Vlll 1952,Melchers. Cette notefait suite à un entretiende Melchersavec MarcAaron Cotpn, de Cologne,personnage qui se proposede faireparvenir des informationstirées de la presseisraélienne à I'A.A.et de mettreen placeun bureaud'intormaiion (ibid., Abt ll, Bd 252,Lettre de MarcA. Cohen(Cologne) à Dr ilIeltchers(sic), 5 Vlll 1952).La propositionde Cohenest refuséepar Melchersqui annoncequ'avec la lecturerégulière de journauxde langueanglaise comrne le "JerusalemPost" (Jérusalem), le "JewishObserve/' (Londres) et le ;JewishCtrronicle" (Londres) I'A.A. obtient suffisamrnent d'infornntbns et ne peutpas se pennettre,au vu de sa compositionactuelle, de lireen plusdes ioumauxen hébreu. 32ioio.,Abt lt, Bd 1665,Lettrede Londres (212.0621011/51),21 Xl 1951, schlange-schÔningen, Bd 1666' et Lettrede Londres(210.01/35 3558/51), 1O X 1951,Schlange-SchÔningen. C'est la représentation allemandede Londresqui fait parvenirà la délégationde Wassenaarles journauxanglais cités dans la noteprécéJente. 33 iuio.,Abt lll, Bd 123/1,Note (35/52.100.06 I Org 4144),I lV 1952. 216 fédéraleet lsraël)à la conclusiond'un éventuel accord."34 Mais selonIe fonctionnairede I'A.A.,si la R.F.A.ne prévoitpas un prolongementpolitique à la discussionen cours, rien n'empêchedes implicationsà pluslong terme puisque \ "Nous pouvonssupposer évidemment qu'une conclusion réussie des négociationsavec lsraëlaura des effetsdans le domainepolitique."3s

Une fois de plus, la portéepolitique des négociationsmentionnée par Froweinn'est pas identiqueà celleque d'autresservices de I'A.A.envisagent. Ellese cantonneen etfet aux relationsentre les deuxpays, et elle ne serapas I'objetvéritable des conversationspuisque, selon Frowein, lier des problèmes politiquesaux négociationsdu momentirait "à I'encontre(du) caractère(de ces pourparlers)."36L'avis du fonctionnaireest partagépar la Direction géographique("Lânderabteilung") de I'A.A. qui, au moisde juin 1952,dans une étude sur les relationsavec les pays du Procheet du Moyen-Orient, préciseque "l'établissementde relationsdiplomatiques (avec lsraël)ne semblepas possiblepour le moment."37

DansI'ensemble, à ce Stade,les avisde l'A.A.paraissent unanimes sur la réserve à observerà l'égard d'éventuellesrelations avec lsraë1.38 Contrairementà ce qui est communémentadmis par les auteursqui ont travaillésur la question,cette opinion marque également sans nuancel'état d'espritdes négociateursallemands à Wassenaar.3eSelon les auteurs évoquésici, les négociateursouest-allemands, en particulierle responsable de la délégation,Franz Bôhm,auraient déjà proposél'établissement de relationsdiplomatiques au momentdes conversationssur les réparations.Les émissairesouest-allemands disposent certes d'une grande marge de manoeuvre,réclamée avant le début des pourparlerset obtenuede fait

34 pRleR,Abt lt, 210.01/35E, Bd 1, Noteécrite (244.13ll 6026/52) à Hallstein,7 V 1952,Frowein. "Von deutscherSeite ist nichtbeabsichtigt, politische Bindungen (also z. B. die Aufnahmediplomatischer Beziehungenzwischen der Bundesrepublikund lsrael)an den AbschluBeines etwaigen Abkommens zu knupfen." 35 "Selbstverstândlichwird man davon ausgehenkônnen, daB ein erfolgreicherAbschluB der Verhandlungenmit lsraelsichauch in der politischenSphâre auswirken wird." 36"...den Charakter der deutsch-israelischen Verhandlungen (...) widersprechen..." 37 iOiO.,Bd 1/15g/1,Deutsche diplomatische und konsularischeVertretungen im Ausland,Note écrite (21O.O21il8795/52), 25 VI 1952,lVlelchers. "Die Aufnahme diplonratischer Beziehungen erscheint z. Zt nichttunlich." 38 mêmesi pour certainsde ses fonctionnaires,en particulierpour Frorrræin,la solution la plusrapide pour un rétablissernentde la confiancereste la meilleure. 39 par exemplein WEVER,H., "Diedeutsch-israelischen Beziehungen : Endeoder Neubeginn?",in "FrankfurterHefte", 1963, H. 7, p.455 et suiv.ou WOLFFSOHN,Deutsch-israelische Beziehunqen...' introduction. 217 puisqueI'opération ne suit aucunmodèle et n'estpas une négociationde réparationclassique.4O Cependant, malgré cette liberté, il n'apparaîtnulle part - c'est-à-diredans aucun document - que le responsablede la délégation allemandede Wassenaarait outrepasséles quelquesindications reçues et proposédès ce momentà lsraëlune formalisation des relations.4l

Malgré I'impossibilitéd'établir immédiatementdes relations diplomatiques,comme cela a été signaléI'A.A. consent à accorderà lsraëlla possibilitéd'ouvrir en R.F.A.une mission commerciale.

2.1. Le rôle de dans la solution au problème des réparations

Le rôle joué par le Chancelieret ministredes Affairesétrangères Adenauerdans le processusdes réparationset l'ébauchedu rapprochement entre la Républiquefédérale et lsraëlest fondamental,car il permetde comprendrenon seulementles volontésallemandes mais aussi la réponse

40 et d'aprèsAdenauer lui-même (ADENAUER, op. cit,), la seuleinstruction que le Chancelierfédéral ait donnéà Bôhma été de respecterla noteisraélienne du 12 mars1951 et son proprediscours du 27 septembre.Au départBôhm est mêmetroublé par le peu de précisiondes indicationsqu'il reçoit(v. AôHM,F., "Das deutsch-israelische Abkommen 1952," in BLUMENWïZ,D., (Hg), Konrad Adenauer und seineZeit oo. cit., p. 437et suiv.).Cette liberté de manoeuvreexplique notamment la confrontationdu 14 mai1952 entre Bôhm et Abs(v. infra,et v. JELINEK,Y. ,"DieKrise der ShilumimMiedergutmachungs- Verhandlungenim Sommer1952", in "Vierteljahrsheftefûr Zeitgeschichte", 1/1990, p. 113et suiv.et JENA,op. cit.). 41 On peutprocéder par élimination à partirde la lecturedes documents de l'époque.Ainsi, un dossier rassemblantles différentséléments essentiels (PA/AA, Abt ll, Bd 1680,Note écrite Nr 8, s. réf.,dossier sur préparationdébat Bundestag)indique à proposde I'affairedu pavillonallemand : "Versuch,die israelischeDelegation zu einer Erklàrungzu veranlassen,daB Verbotaufgehoben wird bei der Ratifizierungdes Vertrages,erwies sich als undurchfûhrbar,weil Flaggenfrageâhnlich wie Frage Aufnahmediptomatischer Beziehungen (souligné par nous,D.T.) rein politische Fragen seien, die nicht Gegenstandder HaagerVerhandlungen waren." La délégationallenrande, en la personnede Trtitzschler, posecertes la questionde la réciprocitéet d'uneéventuelle délégation commerciale allemande en lsraël (ibid.,Abt V, Bd 78, 'Niederschrittûber die Sitzungdes Rechts-und Redaktionsausschussesim Oud Wassenaar",25 Vl 1952,Bùnger), mais la réciprocitén'est pas du toutentendue ici commel'éventualité de relationsdiplomatiques. De même,pour R. Pauls(interview du 1er Xll 1993),le suietdes relations diplomathuesn'est pas du tout abordéau coursdes négociationsde Wassenaar.L'unique élément qui mentionneune propositionde relationsdiplomatiques par la partieallemande dès la négociationde Wassenaarémane de Bôhmlui-même, mais il ne semblepas très fiable. llfait partiedu textemanuscrit d'uneconlérence tenue en 19ô5en lsraêl(KAS, Depot Franz Bôhm (l 200),Bd 006 V, Textenranuscrit de Bôhm,1965),n'apparaît ici que de manièresubreptice et surtoutsemble marqué par I'airdu temps,à une époqueoù la thèse officielleen R.F.A.attribue le retardde l'établissementde relationsentre les deux pays à l"'occasionratée' par lsraèlà la fin de 1952(v. ibid.,"Aktennotiz, 13. Xll 1963,Sitzung des Arbeitskreisesder C.D.U./C.S.U.fûr AuBenpolitikam Dienstag,den 10. Dezember1963", opinion du deputéC.D.U. , 'Jeder versteht, daB das lsraeldamals schwer gefallen wâre. Aber in der Politikdaf rnansich nichtvon der Erschutterungùber zugefûgtes Unrecht leiten lassen, sondern nur von weitschauendenpraktischen Ûberlegungen."1. 218 d'lsraëlet de Ben Gourion.4zOn peut dire que par ses initiativesAdenauer permetà I'Allemagnede sortirdu silencede I'après-guerre;c'est en effetlui qui ouvreofficiellement le débatsur les réparationset susciteune discussion directeentre les deuxpays; il intervientégalement lorsqu'il s'agit d'accélérer ou de sauverla négociationquand celle-ci se heurteà des ditficultés;et il permetenfin à I'accordsigné à Luxembourgd'entrer en vigueurgrâce à sa ratificationpar le Bundestag. Il ne s'agit pas de revenirici sur les proposdu Chancelierouest- allemandrelatifs aux réparations.,t3ll faut davantagesouligner le rôle des parolesetde I'actiond'Adenauer dans le processusde rapprochemententre les deuxpays, afin de mieuxen comprendrela teneuret les prolongements,et en particulierles effetssur les décideursisraéliens.

2.1.1. Avant le début des négociations : la déclaration devant le Bundestag et ses suites Depuisla fin de la Deuxièmeguerre mondiale, Konrad Adenauer Songeà une action en faveur des juifs,q4mais il n'exprimequ'assez tardivementses penséessur la question.Au départ,ses prisesde positionne répondentpas aux revendicationsjuives ou israélienneset ne représentent qu'une éventualitéimprécise.45 ll faut attendresa déclarationdevant le Bundestagen septembre1951 , puissa rencontreavec NahumGoldmann le 6 décembrede la mêmeannée pour que son offrese préciseet se concrétise.46 Au delà du débatsur I'originede I'initiativeouest-allemande,47 il faut souligneraussi qu'à partir du momentoù il se montrefavorable aux

42 v. GOLDMANN,"Adenauer und dasjûdische Volk", in BLUMENWTZ,op. cit., p. 427 et suiv-et SCHWARZ,H.P., Adenauer- Der Aufstieq 187&1952, Stuttgart, 1986, 1021 pages' 4il étémentsdéjà évoquésen débutde premièrepartie et accessibledans la bibliographiedisponible (v. VOGEL,Deutschlands Weq nach lsrael, op. cit., ou SCHWAM,op. cit.,entre autres). 44 ScHwRnz,op. cit. et ADENAUER,op. cit. 45 C'estle cas de I'interviewaccordée au journalisteKarl Max du 11 Xl 1949qui évoquele chiffrede 10 millionsde DM. 46 llest alorsà l'écoutede prochesconseillers, comme Herbert Blankenhorn, qui insistentsur I'intérêt politiqueet moralde répondrefavorablement aux exigencesisraéliennes (v. BLANKENHORN'H'' Verstàndnisund Verstândiquno- Btâtter eines oolitischen Taqebuchs 1949 bis 1979' FrancforUM.'1980' 624 pages). 47 Ce OéOata opposéà la fin des années1980 les historiensdes réparationsallenrandes et portesur la questionde la rnotivationd'Adenauer et de son gouvernement(initiative propre ou pressionoccidentale)' "Versôhnungmit lsrael? Die deutsch-israetischenVerhandlungen bis zum v. JENA, - Wiedergutmachungsabkomrnen",op. cit. et WOLFFSOHN,"Die Wiedergutrnachungund der Westen TatsachLnund Legenden", op. cit. Au débutdes années 1990, I'historien israélien Frank Stern est revenu à plusieursreprises sur le sujeten insistantsur les considérationsde politiqueextérieure qui I'emportent sur les raisonsmorales ou le sentimentde culpabilité(v. par exempleSTERN, F-, lm Anfanowar p. Auschwitz- Antisemitismusund Philosemitismusim deutschenNachkrieq, Gerlingen, 1991' 338 pages, 325).v. fualementles éclaircissementsapportés T., op' cit' Ëi|=U=u' réparations,Adenauer s'investit résolument de façon personnelledans les discussionset tient à réaliserles promessescontenues dans le discoursdu Bundestag.

l KonradAdenauer connaît la situationd'lsraël et l'état de ses relations avec la Républiquefédérale.,l8 ll peutde ce fait mesurerI'ampleur des efforts nécessairesà un rapprochementavec l'État hébreu. En outre,il sait que les puissancesoccidentales s'intéressent aux dispositionsque la R.F.A.va prendredans le domainedes réparations.+eEt il compte,de plus, ne pas décevoirles espoirséveillés par sa déclaration. Dès cette époqueIe but de K. Adenauersemble être de parvenirà transformerI'obligatton morale de I'Allemagneenvers lsraël et lesjuifs en une obligationjuridique.sfr Une telle opération contribueraiten effet à la stabilisationdans un sens positifde I'imaged'une R.F.A.encore en formation.slEt dans les moisqui séparentsa déclarationde la signaturede I'accord,Adenauer atfirme la volontéqui est la sienne;car s'il sait s'entourer et écouterles recommandationsde ses conseillers,il est égalementcapable de resterfidèle à une idée et de I'imposermalgré les multiplesoppositions auxquelleselle se heurte.s2

Dansun premiertemps, Adenauer se dégagedes limitesimposées par les considérationsde politiquepragmatique qui avaientempêché jusqu'alors I'Allemagnefédérale d'accéder aux demandesisraéliennes. C'est pourquoi, danssa déclarationdu 27 septembre1951 , il engagesa paroleen s'appuyant sur les termes de la note israéliennedu 12 mars. Car pour parvenirà surmonterle goutfrequi sépareles deuxpays, il ne s'agitplus de marchander ou d'imposerune révisionà la baissedes exigencesde Ben Gourion: une réponsepositive à I'ensemblede celles-cilui apparaîtcomme la condition sinequa nonpour esquisser un dialogue.

48 commel'indique le dossierd'informations qui luiest lournipar le servicedes Affaires étrangères de la Chancellerieau débutde I'année1951 (PA/AA, Abt lll, Ref210.01/35, Bd 123/1,Info. du servicedes Affairesétrangères sur lsraêletses relationsavec la R.F.A.,Abt lll b,8l 1951,Steg). 49 SCHWnRZ,Adenauer und die Hohen Kommissare, op. clt.,"Anlage Nr 18 : AufzeichnungHallsteins der BesprechungAdenauers mit den Alliierten Hohen Kommissaren vom 25. Oktober 1951,'p. 558. 5oaoeuRueR, op. cit., p. 158. 51 CttlfSSEN, G., "Die Bundesrepublikund lsrael- Wandlungeneiner besonderenBeziehung", in KRONECK,F.J., OPPERMANN, T. (HS),lm DiensteDeutschlands und des Rechts- Festschrift1Ûr WithetmG. Grewezum 70. Geburtstaqam 16. Oktober1981, Baden-Baden, 1981, 660 pages,p. 59 et sulv. 52 v. à proposde la conduitegouvernementale d'Adenauer I'article de MÙLLER-ROMMEL,F., PIEPER, G., "DasBundeskanzleramt als Regierungszentrale",in "Aus Politik und Zeitgeschichte",8.2l-2211991. 220 Adenauerrejette alors toutes les recommandationsde ceuxqui voient dans les seuls chiffresinvoqués par les lsraéliensla cause qui rend impossibleun dialoguegermano-israélien.s3 Et ce refusfait partied'une politiqueextérieure dynamique, et certescoûteuse, qui apparaÎtcomme indispensableaux yeux du Chancelier.5aEn prenant une telle option, Adenauerne choisitpas, à l'échelonallemand, la voie de la facilité.Car il s'opposeégalement à son ministredes Finances,Fritz Schâffer,qui réitère ses critiquesen raisondu coût démesuréde I'opérationpour l'économie allemande.

AprèsI'acceptation israélienne d'entrer en pourparlers,le 9 janvier 1952,Adenauer persiste et signe : il confirmequ'il ne tient pas à proposer autre choseque ce qui est déjà contenudans la note israélienneet son discoursdevant le Bundestag.Et il procède,sur les conseilsde Hallstein,à la nominationde FranzBôhm à la tête de la délégationallemande. Pour engagercette négociationd'un typeoriginal, Adenauer choisit une méthode peu classique: Bôhm,à qui il confiele soin de négocier,est un professeur d'économiede Francfort,étranger aux milieuxpolitiques et diplomatiques, sans expérienceen matièrede pourparlersinternationaux.55 Mais Bôhm est en fait le garantde la bonnevolonté qu'Adenauer veut afficher à I'adressedes juifs et d'lsraëlpuisqu'il s'est déjàexprimé à de multiplesreprises en faveur de réparations.soPar cette nomination,le Chancelierdésire également montrerque le rapprochementavec lsraël n'est pas qu'uneatfaire de chitfres réglée par des spécialistesde négociationscommerciales.sT Adenauer souhaiteen outre montrerque I'absencede relationsdiplomatiques entre Bonn et Jérusalemne constituepas un obstacleà une réponsefavorable aux revendicationsisraéliennes. L'engagement du Chanceliersignifie enfin I'acceptationde participernon seulementà l'édificationmais, en raisondes difficuftésque celui-cidoit alors affronter, au sauvetagede l'Étatjuif . Et pour

53 Cesrecomnnndations sont comprises par exemple dans le documentdu 8 | 1951,v. supra. 54 v. SCHWAM,H.P., Adenauer - Der Staatsmann 1952-1967, Stuttgart, 1991, 1081 pages, chapitre "Die atlantischeAllianz - 1952-1955,"p. 7 et suiv. 55 FranzBôhm, membre de l'"Écolede Francfort',école économique qui prônel"'Ordolibéralisme", se trouveêtre à I'originedes idéesadoptées par la C.D.U.en matièreéconomique et pratiquéessous I'appellationd"'organisation sociale du rnarché". 56 v. gôHtvt,F., Redenund Schriften,Karlsruhe, 1960, 340 pages.Bôhm fait égalementpartie de la directionde la "Gesellschaft"de Francfortdepuis ses origines. 57 ROeruRUeR,op. cit.,p. 132,"Unser guter Wille konnte vor allem durch materielle Hilfe bezeugt werden. Wir muBtendabei aber den Eindruckvermeiden, als kônneund solle allein durch die Hergabemateriellen Gutesdas Unrecht,das geschehenwar, gesûhntwerden. Sie konntenur âuBeresZeichen unseres Bestrebensnach Wiedergutmachung sein." 221 Adenauer,ce n'estbien que sur ces basesqu'il peutêtre possiblede rétablir le dialogueavec les juifs et le paysqui les représente.

2.1.2. Les négociationsde Wassenaar

a. La première phase Malgré les soucis et les difficultésauxquels il doit faire face,58 Adenauertient à suivrepersonnellement l'évolution des négociations,qui débutent aux Pays-Basle 20 mars 1952, et à s'impliquerdans leur progression.Son interventionest rendue plus nécessaire par la contemporanéitédes nombreuxrèglements d'après-guerre et la mise en place de nouveauxéléments dans la vie internationale.Ces facteurs ne laissenten effet pas beaucoupde margede manoeuvreaux négociateurs ouest-allemandsde Wassenaarqui n'ontmême pas les moyensde respecter les promessesd'Adenauer. Les difficultésviennent en particulierdu fait qu'en mêmetemps que la conférencede Wassenaara lieucelle de Londressur la detteallemande à Iaquelleparticipe, pour le comptede Bonn,le banquier HermannJosef Abs, un prochedu Chancelier.Abs tient à maintenirun lien étroitentre les deux négociationscar il n'estpas possibleselon lui d'accorder des concessionsfinanclères aux lsraélienset juifsà Wassenaarau moment où lui-mêmetente de limiterles frais à Londres.ssLe pointde vue défendupar Abs est évidemmentrejeté par les lsraéliens;60il I'est également par Bôhmet Kusterqui négocientpour la R.F.A.à Wassenaar.Et il suscite,de plus, I'inquiétudedes Américainsqui, d'ailleurs,ne demeurentpas longtemps silencieux.6l

Au débutdu moisd'avril 1952,les trois négociateursallemands, Abs, Bôhmet Kûster,se retrouventà Bonnet discutentde l'atfaireen présencede John Mccloy.ozAu cours de I'entretien,de sérieusesdivergences sur l'évaluationdes capacitésfinancières allemandes se confirmententre les

58 Conférencede Londressur la detteallennnde d'avantguerre, débuts de la constructioneuropéenne, effortspour un rétablissementrapide de la souverainetéallemande, enlisement dans la guerrefroide, absencede perspectivespour la réunification... 59vOCel, DeutschlandsWeq nach lsrael, op. cit.,p. 47. 60 qui assistent,en tant qu'observateurs,aux débatsde Londres' 61 SCF|WRRZ,Adenauer und die HohenKommissare, op. cit., Bd ll, Nr40, "Verlaufsprotokollder Sitzung vom4. April1952, p à+ et suiv. Pendantune conversation entre Adenauer et les HautsCommissaires, J. McCloy,le Haut-Commissaireaméricain, doit s'interromprepour un coupde téléphoned'Acheson, le Secrétaired'État américain,qui lui exprimesa crainte de voir les négociationsde Wassenaar interrompuesou mêmeéchouer du fait de cetteconcurrence entre les deux négociations- 62 AdenauerHaus, Dépôt K. Adenauer,Bd 10.20,Lettre de H.J.Abs à K. Adenauer,TlY 1952- 222 interlocuteurs,o3mais elles vont de pairavec leurvolonté de mettreà profit I'interruptionprochaine des débatsde Londreset de La Haye pouraccorder leurs pointsde vue. Au lendemainde cette discussionhouleuse, Adenauer écrità Abs:64 il affirmene pascomprendre la confrontationqui a eu lieuentre les deux délégationset insistepour qu'un compromissoit trouvé. Pour appuyerson exigence,le Chanceliermet en reliefun aspectque le banquier Abs est à mêmede saisir: seule une solutionaux malentendusactuels permettrad'obtenir la bienveillancedes dirigeantsde la communautéjuive américaineet ainside bénéficierd'une aide économiqueaccrue de la part des Etats-Unis.lci Adenauersoulève donc le problèmeconcret de I'influence d'unepartie de la communautéjuive, en particulierde celledes Etats-Unis, sur I'attributiondes aidesdont dépend la R.F.A.elle-même; et de fait,Bonn ne peut se permettrede décevoirou de heurtercette communautépar des manoeuvresà I'encontred'lsraëI.

Le 23 avril1952, devant la persistancedes ditficultés,Bôhm s'adresse à Adenauerpour exiger de lui une prisede positionfidèle à ses déclarations antérieures,c'est-à-dire une définitionexacte des sommesà accorderà Israë1.65Le responsablede la délégationouest-allemande insiste auprès du Chanceliersur les inquiétudesisraéliennes face à des tergiversationsqui risquentde réduireà néantles espoirsinitiaux. ll exige par ailleursune réponserapide pour montrerque la R.F.A.tient à respectersa parole.66Car selonlui, I'Allemagnede I'Ouestse doitdonc de se montrergénéreuse si elle tient à renforcersa crédibilitédans le monde;elle doit aller au bout de ses possibilitéspour démontrerson souci réel de réparer les fautes des Allemandset de satisfairedes exigencesjuives et israéliennesqui sont sans communemesure avec I'ampleur des crimescommis. Enfin, Bôhm souligne que si Ia R.F.A.veut assurerson avenir,elle doit surmontersa mauvaise réputationet prendreI'initiative, même s'il est nécessairequ'elle sollicite le concoursfinancier des alliés. Dansla conclusionde sa lettreau Chancelier,Bôhm souligne la portée de ce qui doit être réaliséà Wassenaar: il est clairselon lui que I'accorden 63 Absconsidère que la R.F.A.n'est pas en mesurede payerplus de 1 milliardde $, et surtoutqu'elle ne peutpas le laire aussirapidement que I'exigentles lsraéliens,alors que c'est le chiffrede 3 milliardsde $ quiestévoqué par Bôhm et Kûster.v. aussiBOHM,op. cit. &l AdenauerHaus, Bd 10.20,Lettre d'Adenauer à Abs,I lV 1952. 65 vOGeL DeutschlandsWeo nach lsrael, op. cit., p. 49. 66 Bôhm rappelledans ce cadre les difficultésrencontrées au momentde la premièrephase des nQ2ociations;il déclare que l'Étathébreu peut certes prendre en considérationles limitesfinancières allemandes,mais aussi soupçonner Bonn de nnuvaisevolonté. 223 coursde négociationconcerne non seulementles relationsavec les juifs et l'Étatd'lsraë1, mais aussi toute la communautéinternationale et la population allemande. \ Bôhm profiteen fait de I'interruptiondes négociationsde Wassenaar pour dresserun bilanalarmant des premièresséances de discussionet des perspectivesqui existent un moisaprès le débutdes pourparlers.Mais malgré le ton grave adoptépar le responsablede la délégationouest-allemande, Adenauersemble ne pas prendreimmédiatement la mesureexacte du péril qui menace.Car d'unepart il maintientapparemment sa confianceen des émissairesqui doiventtenir compted'impératifs contradictoiresioT et d'autre part il porte son attentionà ce momentsur d'autresdéveloppements de la politiqueextérieure ouest-allemande.68 C'est pourquoidans I'immédiat, Adenauerlaisse à ses collaborateursle soinde traiterl'affaire sans intervenir personnellement;cela a pour conséquenceque le chef de la délégation ouest-allemandeà Wassenaarse retrouveseul face à Schâfferet Abs qui laissentlibre cours à leur oppositionà l'égardde ce qu'ilsjugent être des excèsde la partde Bôhm.

b. Interruption des négociations,crise et aboutissement Au mois de mai 1952, les divergencesentre les négociateurs allemandsde Londreset de Wassenaars'accentuent. Au débutdu mois,Abs tentede retarderla décisionsur les réparationsafin d'éviter que la générosité allemandeà Wassenaarn'influence les discussionsde Londres.ll prendpar ailleursconseil, comme Schâffer,auprès de banquiersopposés à des réparationsaux juifs, ce qui le renforcedans ses convictions.oeAbs fait ensuitedes suggestionsà la baisseà I'adressedes observateursisraéliens de Londreset accroîtainsi leurs inquiétudes. Pour sa part, Bôhm soulignele 16 mai que des propositionsde réparationstrop faiblesauront immanquablement pour conséquenceune rupturedes pourparlersavec lsraêlet lesjuifs. Et le fait qu'Adenauerreprenne à son comptele projetde Abs pousseBôhm à proposer,comme KÛster, sa démission.

67 comrneI'indique sa lettreà Absdu débutdu mois. 68 avecla dernièremain mise à la CommunautéEuropéenne de Défense(C.E.D.) à Paris.Car la C.E-D' représentepour le Chancelierune étapeencore plus pressanteet concrètede la réhabilitationde son pays : elle est la possibilitéd'obtenir très rapidementI'embryon d'une armée, symbole du recouvrement progressilde la souveraineté. 69Bonm, in BLUMENWITZ,op. cit. 224 C'estfinalement face aux remousprovoqués en Allemagnefédérale et à l'étrangerpar I'annoncedu retrait de BÔhmqu'Adenauer décide de repousserle projetélaboré par Abs.Après avoir reçu, le 19 mai, une lettredu responsablede la "Conference",N. Goldmann,T0le Chancelierfait sienne I'opiniondu chef de Ia délégationallemande de La Haye.ll se replaceainsi dans la continuitéde sa déclarationde septembre1951 et dissipepar là les craintesrelatives à la persistanced'un fort antisémitismeen Allemagne.ll renoncealors définitivement à tout lien entre les discussionsde Londreset de Wassenaarpour respecterSon engagement de s'en tenir au point de vue moralet de ne pas laisserdes considérationséconomiques guider I'action ouest-allemande.

A partirde ce revirement,Adenauer ne cessede répéterqu'il est urgent de relancerles négociationset de trouverune solutionau problèmedes réparations.ll s'oppose alors à son ministrede la Justice,, qui considèreque Ies exigencesd'lsraël relèvent du domainede la moraleet n'ont donc pas de poids véritableen matièrepolitique. Le Chancelier,à I'inverse,insiste sur la nécessitéd'une reprise des contactsTlet souligneIa portée potitiquede la crise.72C'est pourquoi il décide d'accélérer immédiatementle processuset convoqueBôhm pour écouter ses doléances. celui-ciinsiste une nouvellefois sur la prioritéà accorderaux considérations moralesT3et emporteI'adhésion du chef du gouvernementqui I'envoieà Paris.74 L'actionde Bôhm,en accordcette fois avec Adenauer,et sa rencontre avec Goldmannà Paris, permettentde renouerle contactet de rassurer définitivementlsraël sur les intentionset le pouvoirréel du Chancelierouest-

z,op.cit.,p.52etsuiv.Go|dmann,aprèsavoirsou|ignéson inquiétudetace a ta situationde blocageet à l'oublides termes de la noteisraélienne du 12 mars1951, menaceAdenauer de rompredéfinitivement les discussions si I'opiniond'Abs continue à prirneret évoque destroubles anti-allemands dans le mondeentier. 71 compterendu d'une rencontre du 20 V 1952,in GOTTO,K., HOCKERTS,H.G., MORSEY' R'' SCHWARZ,H.P. (Hg), Forschunoen und Quellen zur Zeitoeschichte,Bd 11, GOTTO,K., KLEINMANN' H.O.,SCHREInfn, n. (Bearbeiteo,lm Zentrumder Macht- DasTaoebuch von StaatssekretârLenz 1951- 1953,Dûsseldorf, 1989, 757 pages, p. 340. '\Â/ir 72 AdenauerHaus, Bd 10.05,Lettre d'Adenauer à Abs,21V 1952, mÛssendie Verhandlungenmit lsraelsofort wierler in Gangbringen." 73eôHM, op. cit. 74 Adenauersait à ce momentétablir un lien entrele clinriatinternational favorable (perspectave des accordsde Bonnet de Paris(signés les 26 et 27 mairesp.) et la reprisedes nQlociationsavec lsraëlpour mettreun termeà la périodede ftotternentinaugurée au débutd'avril. 225 allemand.T5Ceque Bôhma pu direà Goldmannest confirmépar Adenauer lui-même.En effet,se trouvantà Parisle 28 mai,le Chanceliera l'occasionde s'entreteniravec le responsablede la "Conference":76 outre la volonté communede mener à terme les négociations,donc de les reprendre, Adenauerannonce une propositionconcrète dans le domaine des réparations.77Et le 31 mai,dans une lettreà son ami RobertPferdmenges, il réaffirmesa déterminationà "régler I'affaire iuive."za

Grâceà son interventionà la fin du moisde mai,Adenauer sauve donc un processusqui menaçaitde s'interrompresans solution.A cet instant crucial,le Chancelierfait preuved'une volonté inflexible et d'unecapacité de simplifierles aspectsles pluscomplexes du problème,que saluerontplus tard à la fois ShinnarTset Bôhm.8o La décisionfinale du Chancelierrespecte les engagementsmoraux énoncésdans le discoursdu 27 septembre1951 et participede la recherche obstinéed'une réhabilitationde la R.F.A.Mais il est aussicertain que cette décisionconstitue, en raisonde la situationfinancière et économiquedu moment,un véritablepari sur la stabilitéà venirde I'Allemagnefédérale. Et au total,en se montrantdisposé, par la promessede versementsconsidérables, à imposerune charge réelle à l'économieouest-allemande, Adenauer parvientà créerune confiancesolide en la bonnevolonté de son pays.stll confirmeaussi le bien-fondédes allégationsde Ben Gourionsur I'existence

75 Au cours d'une rencontreà Parisavec les différentesparties concernées, le 23 V 1952,BÔhm propose,d'abord à titrepersonnel dans le but de sonderle terrain,différentes idées en phaseavec les exigencesisraéliennes et juives: livraisonsen natureà hauteurde 200millions de DM paran, 3 milliards de versementtotal sur unedurée de 8 annéesau minimum,de 12 annéesau maximum.L'entretien du 23 maipermet de mettreen placeles principauxfondements du futur traité.C'est également au coursde cet entretienque Bôhmnégocie avec les reprrisentantsisraéliens, Giora Josephtal, Felix Shinnar et Gershom Avner,la questionde paiementsallemands pour partie en devises,dont lsraël a un besoinénorme, et cel6 d'uneaugrnentation des premièresannuités versées par I'Allemagnefédérale. Ces deuxquestions sontalors conlidérées par les déleguésisraéliens comme la conditionsine qua non de la reprisedes discussions. 76v. MORSEy,R., SCHWARz, H.P. (Hg), Adenauer - Rhôndorfer Ausoabe, KÛSTERS, H.J. (Bearbeiter), AdenauerTeeqesprâche 1950-19il, Berlin, 1984, 815 pages, Nr 28,28 V 1952,Tee-Empfang. 77 La propositionest effectuéele 10juin, lors d'une rencontre à Bonnentre Shinnar et Goldmannd'une part,ei Hallsteinet Abs de I'autre,avec précision chitfrée sur les prochainsversements à lsraël(3,5 milliardsde DM,livraisons en naturepour 400 millions de DMavant le 31 lll 1954,puis 10 annuités de 250 millionsde DMchacune après 1954). Elle est approuvéepar le gouvernernentallemand le 17juin 1952. 78 tvtoRSey,R., SCHWArlz, H.P (t-b),Adenauer - Rhôndorfer Ausqabe, MENSING, H.P. (Hg), Adenauer - Briefe1951 -1953, Berlin, 1987, 740 pages, Nr 211 , Lettred'Adenauer à Pferdrnenges,31 V 1952,p. 225 : "DieJudensache mibsen wir in Ordnungbringen." 79SntruruRR, op. cit., qui souligne I'action d'Adenauer pour débbquer le problème. S0 gôHfrl,op. cit.,qui insistesur le bienfaitdes interventionsd'Adenauer aux rnomentscléset sur ses capacitésd'inngination. 81 La R.f.e. ne s'engagepas à la l4)èrepuisque I'article 10 du traitécomporte une clause de sauvegarde qui s'appliqueen cas diaggravationde la situationâ:onomique et financièreallemande. 226 d'une"nouvelle Allemagne"

c. La deuxième phase des négociationset la conclusion du traité L'interventiond'Adenauer dans le cours des négociationspermet la reprisedes discussions et leuraboutissement. Le 28 juin 1952,au momentoù les deuxdélégations se retrouventà Wassenaar,il ne resteplus qu'à régler des problèmesrédactionnelss2 et à préciserle contenudes listes de marchandisesque la R.F.A.doit livrerà lsraë1.Et ce dernieraspect du traité institueentre les deuxpays une coopération qui permetà Bonnde contribuer à la constructionde l'économieisraélienne.83

Le textedu traitéest prêtle 28 août.

Au cours de cette deuxièmephase des négociations,Adenauer doit cependantencore faire face à des critiquesqui émanentde sa majorité, principalementdu ministredes FinancesFritz Schâfferet de Franz-Josef StrauB,tout deuxmembres de la C.S.U.Ceux-ci persistent alors dans leurs attaqueset contraignentIe Chancelierà leur répondreune nouvellefois.84 Ainsià StrauBqui souligneles etfetsnégatifs du traitésur les paysarabes, le Chancelierréplique en insistantsur I'importanceencore plus grandede la positiondes U.S.A.en la matière.8s Jusqu'audernier moment, Adenauer doit faire de son mieuxpour défendrece qui, depuisla fin du moisde mai,est devenupour lui unecause personnelle.Ainsi, les 586et 6 septembre1952,87 il lui faut souligner,en la regrettant,la persistanced'un certainantisémitisme en R.F.A.,en particulier

82 rédactiond'un préambule qui explique la nécessitéde I'opération. 83 Outreles listesde marchandises,la deuxièmepartie des négociationsporte aussi sur des livraisons de çÉtrolepar la Grande-Bretagneà lsraêlà réglerpar la R.F.A.Ces livraisonsreprésenteront 30% de la sommeglobale des réparations. 84 eorro, K., KLEINMANN,H.O., SCHREINER, R., op. cit., Réuniondu 18 Vlll 1952,p. 412,el SCHWAM,Adenauer - DerStaatsmann, op. cit., chapitre "Die atlantische Allianz - 1952-1955",p 30. 85 D'autrespartenaires du Chancelierpartagent les craintesde la C.S.U.et le thèmeest reprisle 29 aorlt parle vice.ChancelierFranz Blûcher, du PartiLibéral (F.D.P.). (ibid., Réunion du 29 Vlll 1952,p. a20). 86 au coursd'une réunion de la présidencede la C.D.U.(in GOTTO, K., HOCKERTS,H.G., MORSEY, R., SCHWAFZ,H.P. (Hg), Forschunoen und Quellen zur Zeitqeschichte,Bd 8, BUCHSTAB,G. (Bearbeiter), Adenauer:'Es muBte alles neu qemachtwerden' - Die Protokolledes C.D.U.-Bundesvorstandes1950- 1953,Stuttgart, 1986, 700 pages, Réunion du 5 lX 1952,p. 131et suiv.) 87cotto, K.,KLEINMANN, H.O., SCHREINER, R., op. cit., Réunion du 6lX 1952,p.429. 227 au seinde la C.D.U.88Et il répèteà cetteoccasion que s'il n'y a pasobligation juridiquede signerle traité,des impératifs"moraux très forts"lui dictentcette décision,seule conforme en fin de compteaux intérêtsallemands.

Le texte de I'accordgermano-israélien est approuvé,avec difficulté, par le gouvernementle 8 septembre1952, deux lours seulementavant sa signatureà Luxembourg.

2.2. La mise en avant de I'argument arabe avant la conclusion de I'accord

L'objectionsoulevée par F.J.StrauB et répétéepeu avantla signature de I'accord,révèle un problèmequ'il s'agit d'aborder à présent.Car I'attitude des paysarabes à l'égarddes discussionsgermano-israéliennes demeure un problèmeau coursde toutela périodeobservée.

Très tôt, les fonctionnairesdu servicedes Affairesétrangères de la Chancellerieou de I'A.A.prennent en effetconscience qu'un éventuel accord germano-israélienne pourraque susciterdes protestationsde la part des Arabes.Ainsi, au début de I'année1951, le rédacteurd'un dossier d'informationsur les relationsentre la R.F.A.et lsraëlindique qu' "il ne faut pasfermer les yeuxsur le fait quepar I'absencede relations avec lsraë1,la Républiquefédérale dispose dans le mondearabe d'une positionde départfavorable."se

ll apparaîtainsi que, dès le momentoù la R.F.A.constitue ses réseaux dans le monde et alors qu'elle n'entretientpas encore de relations diplomatiquesavec les pays arabes,le réalismeest de mise au sein des servicesdu gouvernementallemand . I'opinionexprimée dans le document mentionnéci-dessus traduit en effet le souci de ne pas voir les pays du Moyen-Orients'opposer à la R.F.A.du fait d'unepolitique trop favorableà l'Étathébreu.

88 Le a lX encore,au momentd'une réunion de la présidencedu groupeC.D.U./C.S.U. au Bundestag, "Bedenkenwurden lediglich gegen das Abkommenmit lsraelgeâuBert." (KAS, Conpte rendusde la présidencedu groupeau Bundestag,Vlll{01, Bd 15O1/3,"Aktennotiz zur Vorstandssitzungvom 4. September1952). 89 "Es darf ferner nicht ûbersehenwerden, daB durch die fehlendenBeziehungen zu lsrael der Bundesrepublikin der arabischenWeft eine grinstige Ausgangsstellung gegeben ist.", PA/M, Abt tll, Ref 210.01/35,Bd 12311,Info. du servicedes Affairesétrangères sur lsraëlet ses relationsavec la R.F.A., Abtlll b, 8 | 1951,Steg. 228 Les mises en garde du service des Affaires étrangèresde la Chancellerien'ont rien d'irréaliste. C'est ce que confirmentIes messages que les paysarabes adressent à la R.F.A.dès que la perspectivede négociations entreBonn et Jérusalemse précise,ainsi que tout au longdes discussionsde Wassenaar.Et, dès le débutdes discussionsde La Haye,I'Abteilung lll insiste sur le tait que la R.F.A.doit être attentivenon seulementà lsraëlet aux juifs, maiségalement aux paysarabes qui "sont nos amis."eO En outre,au momentoù il est encorequestion de versementsen espècesà lsraëlau titredes réparations,les Arabess'inquiètent des risques d'une utilisationmilitaire des fonds obtenus.Les États du Moyen-Orient envisagentpar ailleursde demanderaux Allemandsque soientcouplées les négociationsde Wassenaaret d'éventuellesdiscussions israélo-arabes sur des réparationsà accorderaux réfugiéspalestiniens.st

Lorsde la reprisedes pourparlersentre Bonn et Jérusalem,quand les deuxparties s'accordent sur le principede réparationsexclusivement sous la forme de livraisonsde marchandises,les Arabes expriment leur approbation.e2lls précisenten outre que le but des réparationsdoit être purement"humanitaire et caritatif."e3Dans la mêmeoptique, bs Étatsarabes n'ont rien à objecter à des négociationsou à des relationsd'ordre économiqueentre la R.F.A.et lsraë1. Dès cetteépoque toutefois, la Syrieet I'Egypteessaient de mettreun termeaux négociationsgermano-israéliennes, ou tout au moinsd'obtenir la garantied'une compensation pour eux-mêmes afin d'effacer le préjudicedû à I'installationmassive de réfugiéspalestiniens sur leurs territoires.e4Ne désirantpas s'adresserdirectement à lsraë|,les Étatsarabes lancent alors unecampagne en directionde la R.F.A.dans le butde fairepression sur son opinion publique, ses entrepriseset certains membres de son

90 "...dle unsereFreunde sind.", ibid., Ref 210.01/35 E, Bd 1, Écrit(020.17 lll 3506/52),sans date, lV 1952,Kordt. 91 tts'agitdes réfugiésquiont drlquitter en 1948leurshabitations situées sur le territoired'lsraê|. Cette demandeest déjàeffectuée dans une note de la Syrieet du Libanle 20 avril 1952,reprise dans une note verbaledu gouvernernentjordanien (ibid., Abt ll, Bd 1685).Elle est toutefoisrefusée par I'A.A. (ibid., Ref 210.01135E, Bd 1, Noteécrite (210.01/E 9306/52), 3 Vll 1952)qui ne tient pas à mêlerdeux problèmes de naturedifférente et à interférerdans des affairesqui ne concernentque les Arabeset lsraël. 92"Rhein-Neckar Zeitung", 18 Vl 1952. 93"... hunnnitâreund karitative..." 94Sebn BARNAV|,E., op. cit.,p.205, la Jordanie"accueille" plus de 250 000 réfugiés,I'Egypte (qui gère la bandede Gaza)180 O0O, le Libanenviron 100 000. Au total,le nombredes rélugiéspalestiniens se monteen 1949à quelque600 000 personnes. 229 gouvernement.esAinsi, au moisde juillet1952, dans une interviewtransmise à I'A.A. par un Allemandde Damas,e6le ministresyrien des Affaires étrangèresZafer Rifaï souligneque les versementsallemands à lsraèl ne pourrontque provoquerun choc dans I'espritdes Arabes et qu'il faut s'attendre"certainement"gT à ce qu'ils provoquentla rupturedes "bonnes relationsentre les deux nations."98 Rifaïest le premierhomme politique arabe qui se déclaredirectement opposéà un rapprochement,sinon à un arrangementfinancier entre la R.F.A. et lsraë|. Sa prise de position inaugureune série de protestationsee auxquellesles Allemandsne demeurentpas insensibles.l00Car les Arabes rappellentà Bonnses obligationsà leurégard et n'hésitentpas à envisager de réviserleurs bonnes relations avec la Républiquefédérale. En outre,ils attribuentaux Allemandsla responsabilitéd'une dégradation qu'ils disent regretteret dénoncentle renforcementdu potentielmilitaire israélien qui pourraitrésulter de I'aidede Bonn.A I'approchede la conclusionde I'accord germano-israélien,les Étatsarabes durcissent encore leur attitudeet rejettent alorsen blocle principede livraisonsallemandes de marchandisesà lsraë|.

Les prises de position des États arabes ne restent pas sans conséquenceà Bonn. C'est ce qui ressorten particulierd'un document destinéà Hallsteindans lequelI'Abteilung lll rassembletous les arguments arabeset insistesur les dommagesque peut causerpour la R.F.A.son rapprochementavec lsraë|.101Après avoir souligné les exigencesformulées par les fips[ss1o2et insistésur la manièredont celles-cisont justifiéespar

95 Au mêmemornent certains États arabes déplorent la lenteurouest-allemande à érigerdes consulats dans leurs capitales,alors que des accordscommerciaux ont déià été signés et que les relations commercialessont en pleindéveloppement (PA/AA, Abt lll, 210.01/35E, Bd 1, Lettrede Herbertvon VeKheim,Allemand de Beyrouth,à I'A.4.,Vl 1952). 96 pRlAe,Abt lll, 210.01/35E, Bd 1, Lettrede W. Krause(Damas) à Eckardt,22vll 1952. 97"... sicher..." 98"... guter Beziehungen zwischen den beiden Nationen...' 99 Un mémorandumsyrien est ainsiadressé au gouvemernentouest-allemand le 19 Vlll 1952,ibid., Abt il, Bd 1685. 100Lss informationssur l'état d'espritarabe sont reprisespar le servicede pressedu gouvernement ouest-allemand(Presse u. Informationsamt,22Vlll1952, dpa, 21 Vlll 1952,"Arabische Stimmen zu den deutsch-israelischenVerhandlungen") qui leurfait écho. 101 p4744, BûroSts, Bd 184,Arabische Proteste gegen lsrael-Vertrag, Note écrite (210.01 E lll 12 863/52),5 lX 1952,Etzdorf. 102 Lgs Arabesdemandent à la R.F.A.de ne pas reconnaîtreIes exigencesisraéliennes, de lier des réparationsà lsraêlauproblème des réfugiéspalestiniens, de bloquerles fonds accordés à lsraëlou de les confierà une commissioninternationale, et enfin,dans tous les cas, de ne pas accorderde fonds à lsraëltant qu'il ne se serapas prononcéen faveurde I'indemnisationdes réfugies. 230 leursauteurs,103 le rédacteurdu documenten tiredes conclusionsqui sont encoreplus intéressanteset révélatrices.De cetteanalyse il ressorten effet que les servicesde I'A.A.estiment que l'Allemagnene doitpas courirle risque de perdreI'amitié'des pays arabes.Et ils précisentensuite que ces États pourraientfort bien déciderun boycottde I'Allemagnefédérale semblable à celuidont est victimelsraël depuis 1948.

Quelleest, d'aprèsl'A.A., I'importance des risquesencourus par la R.F.A.? "Le sérieuxdes remontrancesarabes ne peutpas être méconnu."1o4Et pourappuyer sa thèse,Etzdorf, le rédacteurdu documenten question,précise que les Arabessont encouragés dans leur action par la Grande-Bretagne.10s Par ailleurs,les Etats-Unisont indiquéà plusieursreprises qu'ils n'exerçaient aucunepression sur la R.F.A.: ceci renforceles États arabesdans la convictionque les Allemandsde I'Ouestagissent de leur propregré et ne tiennentpas comptedes réservesqu'ils ont fait valoir.De plus,l'A.4. insiste sur le fait que les conséquenceséconomiques d'une tension avec les Arabes peuventêtre gravespuisque "Le commerceextérieur (de la R.F.A.)avec ces paysa prisun élantrès rapide dans la périodede I'après-guerre."106 La situationamène Etzdorf à déclarerque "(l')évolutionfavorable va connaître(...) une rupture sensible du fait de l'accordgermano-i513f1is1."107 Enfin, dans la conclusiondu document,I'Abteilung lll propose d'institueren Allemagneune centraleregroupant les firmesconcernées par les exportationsvers lsraë|.Car une telle disposition(qui ne corresponden rien aux clausesdu texte parachevéle 28 août)permettrait de mieuxcontrôler

103Pour les Arabes, lsraël n'est pas en droitde représenterles juifs qui ontsouffert du nazisme,les juifs ont déjàperçu des réparationsdans le cadrede la législationallemande, lsraël n'existait pas au moment desfaits et surtoutest responsabledu problèmedes réfugiéspalestiniens. 104;6;6.,"Der Ernst der arabischen Vorstellungen kann nicht verkannt werden." 105çslls-ci souhaite ricarter un rivalau momentoù sa propreposition politique et économiqueau Moyen- Orientest menacée.La Grande-Bretagnemène alors des négociationspluridirectionnelles pour essayer de limiterles dégâtsde la décolonisation,en tentantde sauvegarderdans cette régiondu monde,en accordavec la politiquedes U.S.A.,quelques implantations. Elle tente d'autre part de conserverdes contactséconomiques avec les pays nouveaux,anciens membres dc Sotl Empirecolonial (v. MARX,R., La Grande-Bretaqneet le mondeau XX"siècle, Paris, 1986, 243 pages,"Les déboires au Procheet au tVoyen-Orient,"p. 204 et suiv.). 106 "Der AuBenhandelmit diesen Staatenhat in der Nachkriegszeiteinen raschenAufschwung genomffen."Naturellement, la progressionla plusimportante, en comparaisonaux chiffresde I'avant- guerre,concerne les paysqui sont les plusnenaçants dans leurc revendications. C'est le cas de I'Egypte vers laquelleles exportationsallemandes se rnontentà 125millions de DMen 1951,contre 43 millionsde Marksen 1936,et de la Syrie,avec des chiffresde 32,5 millionsde DM et 5,5 millionsde Marks respectivement. 107 '91sss1gûnstigen Entwicklung wird (...) durch das deutsch-israelischeAbkommen erheblicher Abbruchgetan werden." 231 les livraisonsallemandes à lsraêl de manièreà éviter à I'avenirtoute récriminationde la partdes Étatss1s[s5.108

Les soucis de I'Abteilunglll sont partagéspar d'autresservices de I'A.A.Ainsi, la Directiondes AffaireséconomiqssslOe craint pour sa partque le traité provoquepour la R.F.A.elle-même des conséquencescommerciales désastreuses.Et cetteDirection fait alorssiennes les objectionsdu ministre des Financesquant aux etfetsfunestes de I'accordsur les prix allemandsà I'exportatisp.110En outre,elle mentionne, le 5 septembre,I'impact négatif que peutavoir I'arrangement germano-israélien sur le commerceavec les paysde la Ligue21s[s.111

108 1s bndemain,la "Lânderabteilung"se manifesteà nouveaupour apporter quelques compléments à cetteproposition (PA/AA, Bûro Sts, Bd 184,Note écrite (210.01 E lll 12 914)6 lX 1952,Etzdorf). L'idée de regrouperles firrnesd'exportation est abandonnéepour lui préférerI'envoi dans les pays arabesd'une missionde bons offices("good will Mission").Etzdorf cite le nom de I'ancienambassadeur Curt Prùfer, arabisteapprécié dans les paysarabes, comme tête de cettedélégation à mettreen place. 109"Handelspolitische Abteilung" (Abteilung lV). 110PA/AA, Abt ilt, 210.01/35E, Bd 1, Noteécrite (244.cf,135lV 15 994/52), 1er lX 1952. 111;5i6., Note écrite (244.cf,135lV 16 295/52),5 lX 1952. 232 3. Le problème de la ratification de I'accord de réparations

L'accordde réparationsconclu entre la R.F.A.et lsraëlest le premier acte de droitinternational signé par une Républiquefédérale qui jouit depuis peu d'une souverainetélimitée en matièrede relationsextérieures. Comme toutacte paraphéau nomde la Républiquefédérale par le gouvernement,en I'occurrencepar le Chancelieret ministredes Affairesétrangères Konrad Adenauer,il doitêtre soumisà I'approbationdu Parlement.

Entrele 10 septembre1952, date de sa signature,et le 18 mars 1953, date de sa ratificationpar le Bundestag,I'accord fait I'objeten République fédéraled'une discussion passionnée. La vivacitéde ces échangesest avant tout une conséquencedes controversesqui ont vu le jour lors des conversationsde Wassenaarainsi que de I'interventiondirecte des États arabesdans le processusde la négociation.

Pour toutes les partiesallemandes intéressées, les six mois qui séparentla signaturedu traitéde sa ratificationsont la dernièreoccasion de s'exprimer,avant que l'accordn'entre en vigueuret ne s'appliquepour une périodede douzeannées. C'est le choixpolitique induit par la démarchedu gouvernementqui va se trouverau centredes débats.Car il n'échappeà personneque le texte élaboréà Wassenaarreprésente véritablement "la pierrede touchede la démocratiealleman6ls"112 sur un planinterne et que de lui dépendaussi la confirmationou non de I'orientationde la R.F.A.vers le campoccidental.

Pour ces raisonsil faut insisterà présentsur un certainnombre d'élémentsqui constituentles préalablesà la discussionqui va s'instaurer ultérieurementau sein de I'A.A.et du gouvernementfédéral à proposde I'ouverturede relationsdiplomatiques entre Bonn et Jérusalem.

112"...der Prufsteinder deutschenDemokratie...", expression utilisée par John lvlcCloyen 1949pour qualifierI'attitude future de la nouvelleAllemagne à l'égarddes juifs (v. VOGEL,Deutschlands Weq nach fsrael,op. cit.,pp. 275-276). 233 3.1. Le problème de la ratificationau sein de l'4.4.

3,1.1. Confirmation et renforcement de I'argument arabe après la signature de I'accord Le processusobservé au momentdes négociationsde Wassenaar, avecl'intervention des Étatsarabes, se poursuit.Et cetteévolution, dont les autoritésouest-allemandes semblent à un momentperdre le contrôle, expliqueles difficultésauxquelles se heurtela ratificationde I'accordet le retardavec lequels'est effectuéecette procédure.

En premierlieu, les États arabesaccentuent la pressionsur les responsablesouest-allemands. lls sontd'ailleurs, en partie,encouragés par des échosreçus de R.F.A.qui insistentà la fois sur I'impossibilitépour les Allemandsd'échapper à l'influenceaméricains113 sl sur leur souci de réconciliationavec les pays312[s5.114 L'interventiondes Étatsarabes se fait, dans un premiertemps, au traversde la pressedes paysconcernés, par exemple en Arabie$3eu{i[s,115 en Egypte116es en Syrie.117lls'sgil alors d'appels au réveilde la solidaritéet de I'amitiéqui lie les Allemandset les Arabes;par cessollicitations les Arabes veulenten fait éviterde se trouvercontraints à un boycottde I'Allemagnequi auraitpour leurspropres économies des effetsdévastateg1s.l18 Pour exprimerleurs revendications,les États arabes se servent égalementdes courroiesde transmissionque constituentles diplomates

113 guy la pressionaméricaine au momentdes réparations,v. les articlesdéjà cité de JENAet WOLFFSOHN.Wageh Atek (in ATEK, W., "Der StandpunktÂgyptens zur westdeutschen Wiedergutmachungan lsrael", in "Orient",24 (3),septembre 1983, p.470 et suiv.)évoque une rencontre entreAdenauer et le SyrienMamum al Hamawi,le 8 lX 1952,pendant laquelle le Chancelierouest- allemandaurait déclaré que l'accordétait le fruitd'une pression américaine et que, dansun soucide compensation,la R.F.A.allait nrettre en oeuvreune campagne de soutbnéconomique aux paysarabes. 114'p;p166"tische Korrespondenz", 12lX 1952,citée par ABEDISEID,M., Diedeutsch-arabischen Beziehunqen- Probleme und Krisen, Stuttgart, 1976, 303 pages, p. 69. 115plss5s u. Informationsamt,1 X 1952,dpa, 29 lX 1952,"Saudisches Regierungsblatt fordert Boykott Westdeutschlands". 11 6 plssss u. Informationsamt,2 X 1952,"Arabisches Protest gegen das Adenauer-SharettAbkommen". 117"pis Tat",2 X 1952,"'Das deutsch-israelische Abkommen ist ein Novumin der Weltgeschichte'- Interviewmit demsyrischen AuBenminister Rifai". 118Atek (op. cit., p. aæ) cite unelettre de Fakoussa,secrétaire généralde la Liguearabe, au ministre egyptiendes Affairesétrangères du 28 lX 1952 : "Dieheutige internationale Lage fordert von uns, nicht bei dem Problemder westdeutschenWiedergutrnachung an lsraelstehenzubleiben, sondern an die Zukunftund unsereneigenen wirtschaftlichen Nutzen zu denken.Das Tor Âgyptenssollte fÙr das deutscheKapital und die deutscheIndustrie offenbleiben, wenn wir unserWohl fÔrdernwollen. Der Abbruchder wirtschaftlichenBeziehungen mit Westdeutschlandwùrde uns mehr Schaden als Vorteile bringen." 234 allemands.Par exemple,von der Esch,à Damas,est tenu informépar ses interlocuteurssur l'étatd'esprit qui règnedans son pays de résidence;la correspondanceque le diplomateéchange avec Bonn permet ainsi de constaterque, tout en désirantcontinuer à commerceravec la R.F.A.,la Syrie rejettela ratificationdu traitégermano-israélien parce que celle-ciaurait un impactnégatif sur son opinionpublique. En outre, Damascraint que le renforcementd'lsraël consécutif au traité ne contribueà I'accroissementde I'insécuritédans la région.tts

Mais la voie indirecte,pour laquelleles Arabesavaient d'abord opté, se révèleinfructueuse ær la R.F.A.ne fait aucungeste en faveurde la cause qu'ils défendent.C'est pourquoiils envoientà Bonn, à la fin du mois d'octobre,une délégationqui est investied'une triple mission: prendre contactavec de hautsresponsables allemands, faire pression sur les milieux parlementairespour reporter, ou annuler,la ratificationdu traité,et insister,à I'adressedes cercleséconomiques, sur les risquesd'un boycottarabe à l'égardde la R.F.A120 La délégationrencontre à trois reprisesWalter Hallstein,121ainsi que des parlementaireset des représentantsde la vie économique,mais ses démarcheséchouent. C'est pourquoi elle passealors à une critiqued'une autre dimension: au lieu de se contenter,comme jusqu'alors,de critiquerla partialitédes Allemandset I'injusticeque constituait le traité,c'est la naturemême de I'accordque les Arabesçl$nsnssnl.122 La premièrepreuve de ce changementde tactiqueest contenuedans le mémorandumadressé à Adenauerpar la délégationarabe '123su centre de celui-ciil y a en effet une attaquefrontale contre le statutde la mission israélienneen Allemagneen raisondes protectionsdiplomatiques dont elle disposeavant mêmela ratificationde I'accord.En outre,dans le cadrede cetteargumentation juridique, les Arabesdénoncent I'attitude qui permet "à un Étatd'apparaître comme I'ayant-droit de personnesqui n'étaient 11@d1685'TélégrammeDamas(7),15X1952,v.d.Esch,Té|égramme Damas(12),20 X 1952,v.d. Esch. 1206p11g délégation est dirigéepar I'ambassadeur du Libanà Paris,Ahmed el Daouk,choix significatif pourindiquer aux responsablesallemands que mêmeun palrsapparemment modéré comme le Libanest solidairedes autres États de la région. 121 bs 22.23 et28 octobre. 122N) nrêmemoment I'Egypte, en particulierle généralNeguib, fait preuvede plusen plusd'impatience, commeI'ambassadeur ouest-allemand en Egypteen lait part à Bonn,v. PA/AA,Abt ll, Bd 1685, TélégrammeCaire (11),30 X 1952,Pawelke, Télégramme Caire (12),31 X 1952,Pawelke, Télégramme Caire(16), 1 Xl 1952,Pawelke. 123p4744, Abt ilt,210.01/35E, Bd 1, "Memorandumder Delegationder arabischenStaaten Àgypten, lrak, Jemen,Jordanien, Libanon, Saudi Arabien und Syrienan die Regierungder Bundesrepublik Deutschland",envoyé à Adenauerle 31 X 1952. 235 pas ses citoyensmais étaientseulement de la mêmeconfession que le nouvelEtat, sans qu'aujourd'huitous les membresde la même confession soient(...) des ressortissants de ce nouveli121."t2+

A proposde la particularitéjuridique qu'ils relèvent, les membresde la délégationarabe n'excluentpas de soumettreI'accord à la commission d'arbitragedes Nations-Uniesafin que celle-cidécide I'annulatios'1 çlLl[gxfs.125

Aprèsl'échec des discussionsde Bonn,les Étatsarabes reconsidèrent égalementla questionde leursrelations diplomatiques, ou de la perspective de tellesrelations, avec I'Allemagnefédérale.126 Et ils n'hésitentpas à cette occasionà mettreen avantdes aspectsjuridiques formels plutôt que leurs intflSts.tzz

Par la suite,la menacearabe à l'égardde Bonnse concrétise.C'est ce donttémoignent les télégrammesde GûntherPawelkel2s sxpfdiés du Caire, une capitalequi confirmeson rôle centraldans la campagnemenée contre Bonn.Le représentantallemand évoque en effet des rencontresqui ont lieu entre membresdu comité politiquede la Ligue arabe pour déciderde mesuresde rétorsie1.12ell fait aussiétat de négociationsque réclameraient les Arabesafin de ne pas mettreà exécutionleur menacede boycott.13oEt dans chacunde ces messages,Pawelke insiste sur le caractèreferme et exceptionnelde I'unitédont font preuveles Arabesainsi que sur le risquede réactionsconcertées de leurpart.131 A la fin du moisde novembre,la pression s'amplifieencore avec I'exigenceformulée par les Arabesd'un contrôledu traitégermano-israélien par I'O.N.U.132

124en françaisdans le texte. 125plsporsition reprise in PA/AA,Abt ll, Bd 1685,Télegramme Caire (16), 1 Xl 1952,Pawelke. 126;616.,Télégramme Caire (11),30 X 1952,Pawelke, Télégramme Damas (19),3 Xl 1952,v.d. Esch et, Abt lll, Bd 1/191/1,Auslàndische diplomatische und konsularischeVertretungen in Deutschland- Àgypten,Lettre du Caire(210.08 35), 11 Xl 1952,Pawelke. 127çn outre,selon les Arabes, la politiqueallemande d'lsraëlest d'autant plus condamnable qu'elle ne représentequ'un élément d'un ensemblede grandeenvergure ( ibid.,Abt ll, Bd 1685, TélégrammeCaire (28\,7 Xl 1952,Pawelke);car selon eux, lsraêla égalementI'intention de conclureune série d'accords avecles pays socialistes,ce qui répondà la volontéde I'U.R.S.S.d'accentuer, à son profit,la crisedu Moyen-Orient. 128I'ambassadeurde R.F.A.en Egypte. 129p464, Abt ll, Bd 1685,Télegramme Caire (34), 11 Xl 1952,Pawelke. 130ioio., Télégramme Caire (39), 13 Xl 1952,Pavtelke. 131;5;6., Télégramme Caire (41), 15 Xl 1952,Parrvelke. 132plssss u. lnformationsamt,26 Xl 1952,"syrien erwâgt Abbruch". 236 3.1.2. L'attitude allemandeen réaction à la pression arabe : la recherche de la conciliation Après la signaturede I'accordgermano-israélien, les servicesdu ministèredes Affairesétrangères de Bonn ne restentpas insensiblesà la pressionarabe. Car le dangerleur paraîtréel, d'autant que les mesuresde boycottenvisagées se font maintenantplus précisesque cellesqui avaient été vaguementévoquées au momentdes négociationsde Wassenaar.

Au lendemainde la conclusionde l'accord,Adenauer lui-même semble,en apparence,réceptif à la pressionarabe. On peutvoir une preuve de cetteattitude dans la promessequ'il fait devantun hautfonctionnaire du ministère des Affaires étrangèresde Damas d'établir des relations diplomatiquesavec tous les pays arabes non encore reconnuspar la R.F.A.133La déclarationdu Chancelier,dont les principauxdestinataires sont la Syrieet le Liban,s'accompagne d'un engagement à réactiverle commerce de I'Allemagneavec les différentspays du Moyen-Orient.134 Le 16 septembre,l'établissement de relationsdiplomatiques entre Bonnet les Étatsarabes est décidé,en mêmetemps que I'organisationd'une campagnedans la pressede ces pays,"afin de fairecomprendre (le) point de vue (allemand)(...) au mondearabe."13s A cet effet I'A.A.se proposede "soulignerla vieilleamitié germano-arabe,les relationsculturelles et économiqgss"136entre I'Allemagneet les pays arabes en suscitantla publicationd'articles écrits par "despersonnes connues, dont le nom a une résonanceparticulière, spécialement dans I'Orient 3;s[s."137

Quellessont les fondementsde la "vieilleamitié germano-arabe" évoquéede part et d'autredès cetteépoque? Le thèmede la "vieilleamitié germano-arabe",t38 utilisé par intérêt

133pelRR, Abr il1, 210.01/35 E, Bd 1, Noreécrite (210.01/35lil 13 192/52),11 lX 1952,Etzdorl. 134 ft Adenauerfait cette promessemême si I'A.A.estime que "Angesichtsder nicht allzu hoch einzuschâtzendenSolidaritât der arabischenLânder wird die Gefahreines Boykotts deutscher Waren auf weitereSicht nicht als imminent angesehen." (ibid., Note écrite (210.01/E lll 13 455152\,12lX1952). 135ibid., Document du 16 lX 1952,sans référence., "... unserenStandpunkt (...) der arabischenWelt gegenuberverstândlich zu machen." 136"... auf die altedeutsch-arabische Freundschaft, auf die kulturellenund wirtschaftlichen Beziehungen hinzuweisen." 137"... namhaftePersonen, deren Narnen insbesondere im arabischenOrient einen Klang haben." 138 Ce thèmefait partiede la notionde ïriangletragique'adoptée par certainspour caractériser les relationsdifficiles Allemagne - lsraël- Étatsarabes qui se mettenten placedès le départ,v. GERLACH, F.H.,The traoic trianqle : lsrael.Divided Gerrnanv and the Arabs, 1956-1965, op. cit. 237 économiqueet politique,ou pour s'opposerà lsraëlet aux juifs,tss a pour sourceune certaineinterprétation de I'histoiredes relationsentre I'Allemagne et les Arabes.Cette théorie résulte d'une confusion opérée entre les Arabes et les Turcs;on connaiten effet I'histoiredu cheminde fer de Bagdad ("Bagdad-Bahn"),ainsi que celle des relationsentre l'Empireottoman et I'Allemagnede Guillaumell pendantla Premièreguerre mondiale. C'est en vertu de ce passé adaptéaux circonstancesl4Oque la "Diplomatische KorresponisnT"l4lpeut écrireque les Arabescomptent parmi "les plus ancienset plusconstants" amis de l'Allemagnedans le monde. Mais,pour être complet, il fautaussi noter que la théorieen questionse fondesur I'histoireplus récenteet qui se traduitpar I'absencedans les pays arabesd'une image de I'Allemagneaussi négative que dansd'autres parties du mondeia2ln etfet,à la différencede la Franceou de la Grande-Bretagne, I'Allemagnen'a pas de passé colonial.ll existeen outre une certaine communautéde destinentre les Allemandset les Arabescar les deuxconflits mondiauxles ont placésdans le campdes vaincg5.143 Pour d'autres enfin, les liens germano-arabessont forts depuisl'épisode de la légionSS arabe encouragéepar le GrandMufti de Jérusalem.

Si on s'appuiesur un documentde I'A.A.daté du 16 septembre1952, on constateque Bonn se trouveconfronté à un dilemmeparticulièrement délicat: il luifautrespecter à la fois lsraëlet les Étatssls[g5.1aa La difficultéapparaît clairement lorsque I'on observe l'évolution de la réflexionde I'A.A.sur les mesuresà prendreface à la menacedes États arabes. L'idée de I'envoid'une délégationde bons offices ("Good-Will Mission")au Moyen-Orientest écartéealors qu'elle avait été lancéedix jours auparavant,car il s'agitde ne décevoirni les juifsni lsraë|.Mais le retraitde cette propositionest aussidû à la nécessitéd'éviter de voir les Françaiset les Anglaiscritiquer la politiqueallemande au Moyen-Orient.A ces premiers

139v. DEUI-SCHKRON,op. cit., "Deutsch-arabisches Tauziehn". 140 v. BOHM,A., "Neutralitât-doppelbôdig- Ùber'Beziehungen besonderer Art'", in "Diepolitische Meinung",1973, H.151, p. 6 et suiv. 141"9;pl6ms1ische Korrespondenz", 12lX 1952 142 v. eÛTTNrR,r., nÙruSelER,P., "Diepolitischen Beziehungen zwischen der Bundesrepublik Deutschlandund den arabischenStaaten - Entwicklung,Stand und Perspektiven",in KAISER,K., STEINBACH,U. (HS),Deutsch-arabische Bestimmunqsfaktoren und Problenpeiner Neuorientierunq, Munich,Vienne, 1981, 370 pages, p. 111et suiv. 143çs qu'entretiennentsouvent les Allenrandsinstallés en Egyptedepuis la fin de la Deuxièmeguerre 'Berater' mondiale("Welt am Sonntag",23 Xl 1952,"Deutsche in Kairoschnûren gegen Bonn",et WOLFFSOHN,"Hakenkreuz unterm Bumus?", op. cit.). 1'14pnlRR, Bûro Sts, Bd 184,Texte recommandation, s. ref., 16 lX 1952,Etzdorf. 238 élémentss'ajoute le fait que I'absencede relationsdiplomatiques avec les Arabesempêche de préparercorrectement une tellemission. Par ailleurs, alorsque l'envoid'une délégationallemande pourrait être interprétécomme le signed'une soumission à la volontéarabe, à I'inverseBonn doit se montrer attentifà ses partenairesmoyen-orientaux. Quelleest alorsla conclusionde I'4.4.? Pour le ministèreouest-allemand des Affairesétrangères, il s'agitde concilierles diversespréoccupations évoquées ci-dessus : d'où la décision d'envoyerdes représentantsdans les pays arabes,tout en procédantà la ratificationde I'accordgermano-israélien, afin d'éviterdes pressionssur le vote au Bundestag.Si de leur côté les Arabesenvoient une délégationen Allemagne,il s'agira,toujours selon le documenten question,de la recevoir "de façonhonorable"14s gl "avec une amabilité appuy@9".146

Toujoursen fonctiondes impératifsdont il est fait état ici, I'A.4. est fortementtenté d'accepter la requêtearabe relative au reportde la ratification. ll s'agitlà de I'autreaspect de la politiqueimposée par le dilemmeconstaté à la mi-septembre.En etfet,le ministèredes Atfairesétrangères considère que si la fidélitéà I'accordgermano-israélien doit primer,il n'en restepas moins que les Étatsarabes ont aussidroit à des égardsde la partde la R.F.A. L'A.A.réfléchit alors aux différentsproblèmes posés147 et élaboreun programmed'envergure.

Dansun premiertemps, après avoir abandonné I'idée de I'envoid'une missionde bons efflçs5,1a8la R.F.A.agit par I'intermédiairede ses représentantsdans les paysarabes. Ainsi, Gûnther Pawelke,qui connaît bien ces pays, est mis à contributiondès son arrivéeau Caire.Alors même que son ambassaden'est pas encoreréellement implantée dans la capitaleégyptienne, sa première

145....ehrenvoll..." 146 "... mit betonterFreundlichkeit...' 14741n51, I'une des revendicationsarabes concerne le problèmedes réfugiéspalestiniens et I'A.A. esquisseune réflexionà ce propos.En effet, le 24 septembre(PA/AA, Abt lll, 210.01/35E, Bd 1, 210.01135E, Bd 2, Noteécrite, 24 lX 1952,Pauls), Rolf Pauls (collaborateur de Hallstein)propose que les entreprisesallemandes concernées par le firloyen-Orientconsacrent des fonds à cet aspectdu problème, en arguantdu fait que le gouvernenentouest-allernand ne disposepas de I'argentnécessaire pour aider bs Étatsarabes. 148Même si les servicesde I'A.A.continuent à envoyerdes papiersen ce sens à Hallsteinou à d'autres responsables(v. PA/AA,Bûro Sts, Bd 184,Lettre Etzdorf à Blankenhorn,2TlX 1952,Note écrite (210.01 E ff l 15 623t521àHallstein, 20 X 1952,Note sur I'envoide délégationsallemandes à Bagdadet Dieddahà Hallstein,21 X 1952). 239 tâcheconsiste en effetà mettrefin à la crisequi se noueentre la République fédéraleet I'Egypte.Sa missionprioritaire est alors de convaincreles Égyptiens,par une campagnede presse,des dommagesqui résulteraient d'un boycottde I'Allemagng.laepsvvelke obtient rapidement des résultatsqui vont dansle sensdes attentesde Bonn,même si le généralNéguib, qui est encoreI'homme fort du pays,reste à convaincrs.lsO Pawelken'agit pas seulementen faveur de son proprepays; car progressivementil se fait aussile relaisdes exigencesarabes, en particulierà l'époqueoù la perspectivede la visited'une délégation allemande au Caire est à nouveaud'actualité.151 Ç'ss[ pourquoiil reprendI'idée de reporterla ratificationdu traitégermano-israélien à une date postérieureau règlement du contentieuxentre Bonn et lesArabes.152 Vrl I'engagementqui est le sien,il ne fait naturellementpas de douteque Pawelkese trouvedans une situation très inconfortablequand, le 10 novembre,Ia Liguearabe, réunie au Caire, discute de I'avenirdes relationscommerciales avec I'Allemagne.Les échangesqui ont lieu à cette occasiontendant en effet à indiquerqu'on s'acheminevers un boycottde la R.F.A.par les pays arabs5.153 Pawelkeau Caire et l'A.A. à Bonn n'ont pas besoin d'attendre longtempspour mesurerI'aggravation de la situationde I'Allemagnefédérale dansle mondearabe. Le 11 novembre1952,1es États arabes réunis au Caire annoncentla rupturede leursrelations économiques avec la R.F.A.1saÇsfts rupture,programmée pour le lendemain,rend encoreplus nécessaireet urgenteune négociationgermano-arabe.155 C'est en ce sens que Pawelke plaidele 15 novembredans un télégrammeconsacré aux leçonsà tirerde la situationissue de la décisiondu 11.1s0Le diplomateremarque en etfetque pour la premièrefois les Étatsarabes ont fait preuved'une unanimitéqui

149PA/M, Abt ll, Bd 1685,Télégramrne Caire (20), 3 xl 1952,Pawelke. 150iOiO., Télégramme Caire (19), 3 Xl 1952,Pawelke. Et ce butsemble atteint deux jours plus tard (ibid., TélégrammeCaire (21),5 Xl 1952,Pawelke) lorsque Néguib tente de modérerses partenairesles plus favorablesà un bopott (ibid.,Télegramrne Caire (22),6 Xl 1952,Pawelke, etTélégramne Caire (24), 6 Xl 1952,Pawelke). 15115i1., Télégramme Caire (26), 7 Xl 1952,Pawelke. 152ibid., Té|fi;ramne Caire (32), I Xl 1952,Pawelke, et pourcela, il conseilleà Adenauerde faireune déclarationen ce sens ( idéesoutenue également à Damas(ibid., Télégramrne Damas (24), I Xl 1952, v.d. Esch). 153ioio., Télégramme C,aire (33), 10 Xl 1952,Pawelke. 154ioio., Télégramme Caire (34), 11 Xl 1952,Pawelke. 155;6;6.,Télégramme Caire (37), 12 Xl 1952,Paurelke. 156ibid., Télégramnre Caire (41), 15 Xl 1952,Pawelke. 240 trancheavec la désunionqui les caractérisegénéralement.1s7 Pour lui, le sens de cette démarcheest clair : en cas de ratificationde I'accordgermano- israélienune réactionconcertée des Arabesest inévitable.D'où le plaidoyer répétédu diplomateen faveur d'une négociation,afin que Bonn évite une situationdélicate.

Pendantcette périodele représentantallemand au Caire accentue donc la pressionet prône une négociationavec les Arabes,alors que le ChancelierAdenauer, pour sa part,multiplie les déclarationsfavorables à la ratificationde l'accordde réparations.158La positiondu gouvernementet de I'A.A.quant à elleest plus nuancéeque celledu Chancelier: elle consisteà rechercherla conciliationavec toutesles partiesplutôt que de ratifiersans conditionle traitégermano-israélien.

L'4.A.marque son accordavec I'idée d'une négociation dès novembre lorsqueles États arabes évoquentpuis relancentI'idée d'un contrôlede I'accordde réparationspar I'O.N.U.et établissentun parallèleentre cette affaireet le problèmedes réfugiés palestiniens.lseA une autre occasion encore,toujours en novembre,160I'A.A. se montremoins intransigeant qu'Adenauer: un documentdaté du 5 novembrepropose en effet une stratégiedestinée à faire baisser la tension et attribue aux différentes Directionsdes tâchesbien 6lffiniss't6t "1. Rappelde la délégationLupint0z (secrétaire général, Direction des Affaireséconomiques, ministère de I'Economie); 2. Réponseformelle à Daoukt63pour son mémorandum(section géographique);préparation de la réponseà ditfuserpar la voie diplomatique (Directiondes Affairespolitiques); 3. Analysedes problèmesen rapportavec la soumissionà |'O.N.U.et la ratification(Direction des Atfairespolitiques); 4. Contactsavec lsraël(Direction des Affairespolitiques); 5. Actionsur I'opinionpublique, avec éventualitéd'une interpellation au Bundestag(secrétaire général, Direction des Atfairespolitiques); 6. Préparationd'une notede protestationcontre le comportementde la 157 151s61devient alors le seul élémentsur lequeltes Étatsarabes peuvent encore s'entendre, v. 'lsraêlet BARNAVI,op. cit., Ch. V, lesArabes", p. 173et suiv. 158v. infra. 159gspni5 1948 I'O.N.U. dispose au MoyenOrientd'une administration destinée à gérerle problèmedes refuglespalestiniens, f U.N.R.W.A.(United Nations Relief and WorksAgency). 160te nremejour où est prepareela relponseferme au nÉmorandumde la délégationarabe. 161p46t, BùroSts, Bd 184,Note écrite, s. rét.,Besprechung ûber die arabischeFrage am 5. November 1952. 1626 délégationLupin est alorsen ArabieSaoudite pour maintenir en l'étatles contactscomnerciaux. 163Le chefde la délégationarabe. 241 délégationarabe en Allemagne(Direction des Affairespolitiques et section géographique); 7. Analysedes possibilitésde minerpar des voieséconomiques un éventuelboycott arabe et d'amoindrirson efficacité(Direction des Affaires 'économiques)."1ô4

Le texte cité ci-dessuslaisse nettementapparaître toutes les inquiétudesde I'A.A.,fait bien ressortir que la R.F.A.est alorsplacée au centre d'une multituded'intérêts divergents et doit répondreà des sollicitations certesfondées mais difficilesà concilier.La listedes mesuresévoquées traduitla volontédu ministèreallemand des Affairesétrangères de contenter toutesles parties,d'entamer un dialogueavec tous ses interlocuteursafin de ne blesserla susceptibilitéde personneet surtoutde trouverdes solutions propresà limiterles dégâts. Maisla politiquede conciliationprônée par I'A.A.représente aussi une séried'obstacles à la ratificationdu traité.Car il apparaîtde plus en plus évidentque le ministèrefreine le processusen 6ss1s.165

Si au débutdu moisde novembreI'hypothèse d'une consultation de I'O.N.U.n'est encorequ'au stadede la réflexion,elle est sérieusement envisagéevingt jours plus tard, le 25. Cette évolutions'explique par le fait que, dans l'intervalle,I'A.A. reçoitde ses représentantsdans les deux principalescapitales arabes, Le Caireet Damas,des nouvellesrelatives à un raidissementdes Étatsde la Ligue.La réflexionmenée par les servicesde I'4.A. progresserapidement : au cours d'une réunionqui a lieu le 25 novembre,166les fonctionnairesdu ministèreen sontà préparerun entretien avec le responsablede la "Conference",N. Goldm2pp,167afin de faire accepterpar celui-ciun contrôledu déroulementdu traité par les Nations-

1& "t. Rûckberufungder DelegationLupin (Sts, Abt lV, BWM); 2. FormaleAntwort an Daoukauf sein Memorandum (Abt lll); Vorbereitungder auf diplomatischem Wege zu erteilendenAntwort (Abt ll); 3. Prùfungder im Zusammenhangmit dem U.N.O.-Schritt und der Ratifizierung stehenden Probleme (Abt il); 4. Kontaktmit lsrael (Abt ll); 5. Einwirkungauf die ôffentlicheMeinung einschlieBlich etwaiger lnterpellation im Bundestag(Sts, Abt ll); 6. Vorbereitungeines Protests gegen das Verhalten der arabischen Delegation in Deutschland(Abt ll und Abrilr); 7. Prûfungder Môglichkeitenauf wirtschaftspolitischemWege einen môglichen Boykott der arabischen Staatenauszuhôhlen und in seiner\Â/irksamkeit zumindern (Abt lV)." 165Ainsi, I'un des collaborateursd'Adenauer à la Chancelleriedoit évoquer les difficultésqui émanent des Affairesétrangères au momentde la préparationde la loi de ratificationdu traité (BA, Archivesde la Chancellerie,Bd 1129,Note Dr Bachmann, 6 Xl 1952). 166 pRlRR,Bùro Sts, Bd 184, "Aufzeichnungùber eine Besprechungbetreffend die nâchsten MaBnahmender Bundesregierungin der Frageder arabischen Protesten", 25 Xl 1952. 167;5;6., l.lote écrite, préparation à rencontre avec Nahum Goldmann le 29 Xl 1952,28Xl 1952. 242 Unies.Et dansI'ensemble les comptes rendus des discussionssont tout à fait explicites. I'A.A.semble céder à la pressiondes Arabeset oublierla fermeté du ministre,lui-même aux prisesavec d'autres problèmes.168 Ainsi,à la fin du moisde novembre,I'A.A. paraît s'orienter vers une politiquequi se veut réaliste,pragmatique et soucieusede I'avantage immédiatde la R.F.A.Pour les diplomates,la tâchemorale qu'Adenauer a assignéeà la Républiquefédérale dans I'action de réparationest peu à peu passéeau secondplan.

Après une pause dans les réflexions,I'idée de la conciliationest repriseà partirde la mi-décembre.Alors que la missionisraélienne de Colognedément la réalitédes menacesarabes,l6e lss servicesdes Affaires étrangèresallemandes continuent néanmoins d'être préoccupéspar les avertissementsqui émanentdes capitalesdu Moyen-Orient. Pawelkereprend d'ailleurs sa cCIrrespondancesur le sujet170et peutse targuer,le 18 décembre,de voir son opinionsur le risqueréel d'un boycott arabepartagée par I'ambassadeuraméricain au Caire.171$slsn le diplomate allemandil existecertes des possibilitésde fairepression sur I'Egyptepar le biaisde la presseou des milieuxindustriels,lT2 6sis Néguibreste attaché à I'idéed'une négociation,d'autant plus qu'il vient lui-mêmed'essuyer un reversen politiqueextériesps.173 Et alors que le Raïs envisageun recul

168Ru rnêmemoment se préparele débatsur la ratificationdu traitéinstituant la C.E.D.Le ministère allemanddes Affairesétrangères prévoit ainsi un discourslénifiant à I'adressed'lsraël; car Bonnveut expliquerque cetteéventuelle saisine de I'O.N.U.ne signifiepas la remiseen causedes engagements allemands(puisque I'Organisation ne doitse prononcerque sur la réalitéd'un impactdu traitésur la sécuritédes pays arabes).Par ailleurs,I'A.A. atténue l'impact d'un refus éventueldu traitépar les Nations-Unies,puisque dans un tel cas,"... kônne hôchstens Schaden in Hôheeiner Jahreslieferung (...) denarabischen Staaten zugelûgrt werden." (ibid.) Le seuldangerd'une telle oçÉration reste la longueurdu processuset ses conséquences.De fait, "Wenndie Ratifikationdurch den U.N.O.-Schritt(...) aufgehaltenwird, gingendie psychologische\Mrkung des lsrael-Vertragsauf die Weltôffentlichkeitund der politischeKrcdit, den wir aus ihmgewinnen mûssen, verloren.' (idem). 169Shinnar expédie à I'A.A.le 17 Xl un némorandumsur d'autrestentatives arabes d'intimidation (cité in PA/AA,Abt ll, Bd 1685,Note écrite (2u14.13 E ll 17 220152),16Xll 1952,v. Trûtzschler).D'autre part la missionpublie une brochure intitulée "Arabische Boykott-Politik", op. cit. (dontun exemplairefigure dans le dépôt de Th. Dehler,Friedrich Naumann Stittung (par la suite = FNS), Archiv des deutschen Liberalismus,Gummersbach, N1, Bd 1196).De même,Shinnar effectue des déclarationsdestinées à dénnntrerque les Arabesne sont pas prêtsà un boycottet doiventréviser leurs prâentions à la baisse (PA/AA,Bûro Sts, Bd 184,TélQ;ramme A.A. (19) au Caire,20 | 1953,Hallstein, Secret). 170 PA/AA,Abt il, Bd 1685,Télégramrne Caire (64), 17 Xll 1952,Pawelke, et TélégramneCaire (65), 17 Xll 1952,Pawelke. 171;66., TéÉgramnre Caire (66), 18 Xll 1952,Pawelke. 172 i6i6.,Télégramme Caire (67), 19 Xll 1952,Pawelke, TélQ;ramme Caire (69), 22xll1952, Pawelkeet TéfQlramrneCaire (70), 2.XU 1952,Pauælke. 173Neguib doit en effetrenoncer à sontitre de "roidu Soudan",jannis reconnu. 243 arabe,174Pawelke évoque la venue prochained'une délégationouest- allemandedotée de compétencespurement économiqss5.175 L'idée d'une consultationde I'O.N.U.est délaisséeà son tour et les Arabeslui préfèrent désormaiscelle de la venue sur place d'une délégationallemande, déjà évoquéeau momentde la signaturedu traité.A la fin de I'année1952, Pawelkese fait de plusen plus I'avocatd'une telle visiteet se prononcepour le maintiendu contactavec les Arabesà ce sujet.176 Aux yeux de I'ambassadeurouest-allemand au Caire,l'évolution au cours des premiersjours de 1953 permetd'espérer un déblocagede la situation.lzlC'est pourquoi il prôneune nouvellefois I'envoirapide en Egypte d'une délégationallemande pour éviter de décevoirles Arabes.178Et finalement,le 4 janvis1,17ePawelke peut envisagerdes perspectives prometteusesnon seulementpour le problèmeen questionmais aussidans d'autresdomaines (relations culturelles, restitution des biensallemands... 180).

D'ultimestergiversations de la part des ÉtatsArabes181 ne remettront pas en causece que Pawelkepeut concevoir, car il se voit confirmerque les négociationsgermano-arabes à venir Se limiterontaux problèmes

174 tr12fin de 1952,Néguib dennnde à Pawelkeque le gouvernementfâléralfasse pressionsur la presseouest-allemande de manièreà éviterde parler,"...weder jetzt noch bei spâtererfriedlichen Regefungvon einem'Nachgeben'arabischerStaaten ..." (ibid., Télégramme Cate (72),23Xll 1952, Pawelke). 175PA/AA, Abt ll, Bd 1685,Télégramme Caire (721,23 xll 1952,Pawelke. 176ibid., Télégramnre Caire (73), 29 Xll 1952,Pawelke. 177ps$/slks peut voir se réaliserle souhaitexprimé encore à la fin de décembredans une lettreadressée au responsabledu Nah-und Mittelostverein de Hambourg,R. Hûber(Nah- und Mittelostverein,Hambourg (parta suite= N.U.M.O.V.),Dossier lsraë|, Lettre de Pawelkeà Hûber,29 Xll 1952).lci Pawelkeenvisage une solution(mais il souligneégalement les difficultésde sa tâche : "Das MiBlicheist, daB die Ratifizierungdes deutsch-israelischenAbkommens voraussichtlich schon Ende Januar stattfinden wird, undich daherso unterDruck aôeiten muB,Es fehlt mirdaher der stârksteVerbÛndete, den manim Orient haben kann, die Zeit.")Dans plusieurs télégrammes adressés à Bonn (PA/AA,Abt ll, Bd 1680, TétégrammeCaire (1), 2 | 1953et TélégrammeCaire (5), 3 | 1953)Pawelke évoque la perspectived'une solutionprochaine répondant aux souhaits de la R.F.A. 178"Hslts Entsendung Delegation bestehend aus maBgebendenVertretern Industrie, Handel und Banken fùr unumgânglich."et "Entsendungvon zunâchsteinem wirtschaftlichen Sachverstândigen wtirde wahrscheinlichhier als ein Rûckzieherunsererseits gedeutet werden." 179156.,Télégramme Caire (6), 4 | 1953,Pavtrelke. 180 A noter toutefoisque si les États arabess'annoncent prêts, selon Pawelke,à accepterle traité gernnno-israélienet à abandonnerun contrôlede I'O.N.U.,ils évoquentégalement la nominationd'un curateur(Treuhândei') quidevrait prendre en chargeI'exécution de I'accord. 181p4149, Abt il, Bd 1686,Télégramrne Caire (17), 15 | 1953,Pawelke, avec la rnentionde I'inquiétude arabede voir les Atlennndsse préoccuperseulement de mettreleur oppositionde côté de manièreà procéderensuite à la ratification;Télégramme Caire (18), 15 | 1953,Pawelke, avec l'annonced'un accord sur un curateursuâlois. 244 économiqueset ne concernerontpas le traité de Luxembourg.tazEt pour évitertout échecde dernièreminute, le diplomatefait tout pourque Bonnévite d'envoyersa délégationau Caireau momentdu débatau Bundesratsur la ratificationdu traitégermano-ls1aflisn.183

Aprèsque la médiationde Pawelkeau Caireeut porté ses fruits,le ministèreouest-allemand des Affaires étrangèresenvisage plusieurs solutionspour écarter définitivement tout dangerpour les relationsgermano- arabes.C'est pourquoises servicesenvisagent tout d'abordd'agir afin que soit reportéela ratificationdu traitégermano-israélien.184 MaisI'A.A. opte très vite pourune autreméthode et agit en directionde l'étranger: sur l'avisde ses représentants,une délégationéconomique ouest- allemande,placée sous la responsabilitéd'un haut-fonctionnairedu ministère de l'Économie,L. Westrick,est effectivementenvoyée au Caire au début février 1953.185Les discussionsengagées semblent au départ satisfaisanfsslsomais le climatse détérioretrès rapidemenl.lsTfp outre,les négociationssont renduesplus difficilespar I'arrivéeau Caire d'une délégationcommerciale de R.D.A.'188le fait entraîneune protestationde

182;5i6., Tél{lramme Caire (24), 17 | 1953,Pawelke. C'est pour cela qu'il insiste une fois de plussur la nécessitéd'une première réunion qui fera se rencontrerles négociateursallemands et tous les délégues arabes,avant des discussionsbilatérales entre la R.F.A.et I'Egypte,et sur la volontéde resserrerles lienséconomiques. 1836;6., Télégramme Caire (26), 21 I 1953,Pawelke. L'A.A., en cettepériode sensible, est très réceptif à ce qui pourraitembarrasser ou échaufferbs Étatsarabes. C'est ainsi que ses diversesDirections déconseillentde publierdans le "Bulletin",journal officiel du gouvernementfédéral, I'article de l'"Aktion Friertremit lsrael"(v. infra)sur la dispositionde 4 000entreprises allemandes à livrerdes marchandisesà lsraëldans le cadredu traité.Toute initiative de cettesorte ruinerait les négociationsfutures (ibid., BÛro Bd 245, NotePressereferat aux différentessections de I'A.A.sur "AktionFriede mit Sts, Pressereferat, '10 lsrael",10 | 1953,Note dactylographiée de I'AbtlV sur un autreexemplaire de la notePressereferat, | 1953,30| 1953,Note Abt lll, 1611953, Note manuscrite Frowein, 141 1953). De même, I'A.A. s'inquiète d'un articledéià paru dansle 'Bulletin"qui indiqueque les Étatsarabes n'ont en fait pas tes capacitésde mettreen placeun boycottde la R.F.A.(Lettre du BûroSts (61/53) citée in PA/AA,Abt lll, 210.01/35,Bd 6, Noteécrite (2214.13 ll el6/53) à Hallstein,16 | 1953,Frowein). 184p4744, Abt ilt, 210.01/35,Bd 6, Noteécrite (244.13 ll em/53)à Hallstein,16 | 1953,Frowein. Dans cettenote, Frowein donne à Hallsteinles informationsquant à la conduitedes premierséléments du traité (notamnrentles livraisonsde pétroleà lsraèl)en cas de ratificationaprès le 31 lll 1953(date d'échéance pourla fixationdu budgetdans lequel doit être placée la premièreannuité). L'avis de I'A.A.est suivipar le gouvernementqui réfléchitau débutde févriersur le problèmeet s'entendsur une position: "Die Zustellungan den Bundesratsoll nicht bekanntgegebenwerden, bevor nicht die Verhandlungenmit GeneralNagib dies zulassen."(in Die Kabinettsorotokolleder Bundesreqierunq,Herausgegeben fÛr das Bundesarchivvon BOOMS,H., Bd 6, 1953,bearbeitet von ENDERS,U., und REISER,K., Boppard/Rhein, 1989,634 pages, Réunion du Cabinetdu 3 ll 1953,Nr 273, p. 153). 185ete a pourmission de proposeraux Arabes un ctâlit de 3O0millions de dollars. 186ibid., Télégramne Caire (Del2), 3ll 1953,westrick. 187En etfet les Égyptienss'avouent deçus de la faiblessedes otfresallemandes et refusentun accord- cadre(ibid., Télégramme Caire (Del 6), 10 ll 1953,Westrick et "GeneralAnzeiçr", 12 ll 1953,"Unter fremderFlagge"). 188'GeneralAnzeiger", 11 ll 1953,"Bonn ist reichlicherstaunt". 245 Pawelkemalgré des excusesmaladroites des autoritéségyptienns5.18e

Le 19 févrierPawelke doit se rendreà l'évidence: la missionWestrick n'a pas permisde réglerle problème.1e0Le départeffectif du Caire de la délégationouest-allemande au débutdu moisde marsconfirme cet échec et celuide la conciliationtentée par les groupes"pro-arabes" de l'A.4. Dansle compterendu qu'il effectue à Bonnle 20 février1953,te1 ltvssflick revient sur les élémentsqui ont conduità l'échecet fait une nouvelleproposition, celle de I'envoid'une nouvelledélégation pour réfléchirà des alternativeset surtout écartertout risquede boycottarabe à I'approchede la ratificationde l'accord germano-israélien. Peu avantla ratificationet malgrél'échec de la délégationWestrick qui remeten causela conciliationrecherchée par I'A.A.,il paraîtencore possible de négocierpour arriverà une solution.C'est pourquoi,au début mars, Pawelkereprend I'idée de la nominationd'un médiateurqui permette d'apurerle contentieuxgermano-arabe et un accordsemble effectivement en ygs.1e2Mais les démarchesenvisagées par le diplomateprésentent à partir de ce momentun caractèremoins urgent; car il apparaîtde plusen plusque les Étatsarabes abandonnent I'idée d'un boycott de la R.F.A.,et avouenten quelquesorte leur échec dans la partiequ'ils ont engag$s.1e3

Au total,même si le mot est soigneusementévité dans les papiersde I'A.A.et dansla pressearabe, bs Étatsdu Moyen-Orientopèrent au débutde mars 1953un véritablerecul. Après quatre mois de protestationset d'agitation anti-allemandeet anti-israélienne,ils doivent en effet se résoudreà

189PA/AA, Abt ll, Bd 1686,Télégramrne caire (44), 15 ll 1953,Pawelke. 190Le 19février déjà (ibkl., Télégramme Caire (52), 19 ll 1953,Pawelke), I'ambassadeur ouest-allemand au C,airedoit parler d'un échecdes pourparlers et évoquela gênedes Etatsarabes les plusmodérés face à la radicalisationdes officiersegyptiens (Pawelke mentionne dans ce télégrammeI'opposition générale des Arabesà des nesures de boycottà I'encontrede I'Allemagnede I'Ouest,avec rejet des mesures annoncéesle 12 Xl). Et la compensationenvisagée dix joursplus tard, avec la perspectived'un protocole d'accordsur uneparticipation allemande aux travaux du banaged'Assouan (ibid., Télégramne Caire (58), 2 lll 1953,Pawelke) ne paraîtêtre qu'une vague consolation. 19169a|.g, K.,KLETNMANN, H.o., SCHREINER, R., op. cit. 192pg4a, BùroSts, Bdz4s,TélégrammeGaire (59), 3 lll 1953,Pawelke. Cet accordsemble possible à la conditiondu respect,par la presseouest-allennnde, de I'amour-proprearabe. Le gouvemement égyptiendemande à ce que I'accordentre les deux partiessur le principed'un médiateursoit publié encore avant la ratificationet que la presseallemande ne mentionneni les protestationsarabes antérieures,ni I'idéed'une concessionarabe en contrepartieà I'arrêtdes agitationsde la presse {lyptiennecontre la R.F.A. 193 PA/AA,Abt ilt, 210.01/35,Bd 6, TélégramrneCaire (56), 26 ll 1953,Pawelke. Dans une lettreau fonctionnairede I'A.A.Strohm datée du 26 ll 1953(ibid.), Parrvelke avait déjà annoncé que "lch habedie Hotfnurgnoch nicht aufgegeben, daB mir einegutliche Beilegung trotz Ratifizierung gelingen wird." 246 sauvegardersimplement leurs intérêtséconomiques et accepterle traité germano-israélien.La voie de la ratificationest désormaislibre. Par ailleurs, si les représentantsouest-allemands dans les paysarabes, et en premierlieu GûntherPawelke au Caire,multiplient les avertissementsà I'adressede Bonn, les courriersqu'ils envoientdénotent également une autre réalité : I'indécision,I'opinion changesnfsle4 des États arabeset I'absenced'unité entreeux. Mais les hésitationsmarquées par les Allemands,!a dispositionà négocierà tout prix manifestéepar leursdiplomates, I'apparition au grand jour d'un certainnombre de pointstrès sensiblespour la R.F.A.fournissent aux États arabesautant d'atouts pour exercerultérieurement une nouvelle pression 3LI1$9nn.195

3.1.3. La réactionallemande face à la pression arabe: la recherche de la fermeté La propensiondes autoritésallemandes à la conciliationn'est cependantqu'un aspect de I'attitudede Bonnface aux Arabes;et elle ne doit pas faire ignorerla fermetéque la R.F.A.sait égalementmontrer à I'adresse de ces interlocuteurs.En effet,il ne faut perdrede vue à aucunmoment que le gouvernementde la Républiquefédérale est aussidésireux de parvenirle plus rapidementpossible à la ratificationdu traité de réparationset de manifestergrâce à cettedémarche une certaineassurance face au monde arabe.

La fermetédes autoritésouest-allemandes fait d'abordl'objet d'une mise au point à usageinterne. Ainsi, dans un documentdu 29 septembre 1952 destinéà toutesles représentationsallemandes à l'étranger,I'4.4. exposeson attitudeet transmetles consignesvisant à défendreI'accord de réparationsface à d'éventuellesobjections.leo psns cette note le ministère précisepar exempleque le traité répondà une véritableobligation morale de I'Allemagne.En outre,I'A.A. insiste sur le fait que I'accorden questionn'a rien à voir avec les problèmeshabituels des réfugiéset qu'il ne peuten aucuncas être soumisau contrôledes Nations-Unies.Face aux argumentsarabes, I'4.4.

194Dans sa lettreà Strohm,Pawelke écrit : "lm Orientnrechselt die Stimmungoft schnellund unvermittelt undman muB die jeweilige Lage sofort ausnutzen." 195 A noterque l'échecde Ia délegationWestrick ne met pas un freinau développementdu commerce entre Bonnet bs Étatsarabes :dans la période1952-1953, les exportationsvers ces pays augmentent de 4U/",les importationsde 9 %. 196ioio.,Abr ilt,210.01/35 E, Bd 1, Noteécrite (210.01/E lll 13971/52),29lX 1952. 247 tientpar ailleursà démontrerque l'accordde réparationsreprésente pour la R.F.A.le moyend'accroître quelque peu son poidsdans le mondelibre et que les Étatsarabes ne peuventqu'y être sensibles.Enfin, le documentsouligne que le montantdes livraisonsannuelles accordées à lsraë1,de I'orclrede 40 à 50 millionsde dollars,est sanscommune mesure avec les revenusque les Arabestirent du pétrole;et que, de ce fait, la sécuritédu Moyen-Orientn'est pas menacéepar une Allemagnefédérale également soucieuse de préserver les traditionnellesbonnes relations entre Allemands et Arabes.

Le 17 octobre,c'est à I'occasiond'une déclarationde Hallsteinque Bonnmarque sa fermeté.1e7Le secrétairegénéral de I'A.A.démontre en effet que la protestationarabe n'a en réalitépour objectif que de semerle douteet I'inquiétudeen R.F.A.Hallstein reçoit alors le soutiendu ministrefédéral de l'Économie,, qui souligneque, malgrédiverses rumeurs, aucuncontrat avec des entreprisesallemandes n'a encoreété dénoncépar un Étatarabe.1e8 La fermetéouest-allemande est présenteégalement à I'occasiondu passagede la délégationarabe à Bonn,à la fin d'octobre,lorsque Hallstein rejetteles argumentshostiles à I'accorddéveloppés par les négociateurs arabes.Et poursa part,le Chancelierfédéral annonce : "J'aisigné I'accord germano-israélien. Je tiens ma parole."lee Le mémorandumque la délégationarabe adresseau gouvernement ouest-allemand,le 31 octobre1952, est à sontour fermement rejeté : la R.F.A. démentitnotamment toutes les allégationsarabes sur l'éventualitéde livraisonsd'armes à lsraë1,exclues par le traité.200En outre,Bonn persiste dansson refusde soumettrel'accord au contrôlede I'O.N.U.en soulignant notammentqu'il est légitimeque le contribuableallemand sache où va son argent;or ceci ne pourraitêtre le cas si c'étaitI'organisation internationale qui prenaiten chargela gestiondu traité. Après I'envoiaux pays arabes,le 9 novembre,d'une note précisantle

197"9;s NeueZeitung",17 X 1952,"\Medergutrnachungsabkomrnen sollunter allen Umstânden realisiert werden'et"Kôlner Rundschau", 17 X 1952.Déclaration reprise in PA/AA,Abt lll, 210.01/35E, Bd 1, Note ecrite(210.01/35lll 13 971152),18 X 1952. 198Hallstein répÈte son proposle 20 octobre,lors d'un conseil de cabinet(GOTTO, K., KLEINMANN, H.O.,SCHREINER, R., op. cit., Réunion du gouvernernentdu 20 X 1952,p.4421. 199 'tcn habe das deutsch-israelischeAbkommen unterzeichnet. lch halte mein Wort.",cité in DEUTSCHKRON,op. cit., pp. 8$90. 2CX)6smms I'indique la réponseformulée par I'A.A.le 5 novembreet expâtiéeaux Étatsarabes (PA/AA, Bûro Sts, Bd 184, "Entwurfeines deutschen Mernorandurns als Antwortauf das Memorandumder Delegationder arabischenStaaten vom 31. Oktober1952", 5 Xl 1952). 248 refusopposé à leursrevendications, le problèmeest discuté,le 11, au cours du conseildes ministres.L'atmosphère de la réunionest assezhouleuse du fait de I'atfrontemententre les tenantsdes différentesconceptions.2Ol Mais le 12, Adenauerfait à nouveauvaloir l'aspect moral de I'affairequand il déclare qu' "ll serait honteuxde faiblirdans notredécision seulement parce que I'on nous menacede préjudiceséconomiques. ll existedes chosesplus noblesque de bonnes3ffsi1s5..."202

Unesemaine plus tard, Adenauer s'exprime une nouvellefois dansce sensdevant des journalistes,en arguantde la dignitéde I'Allemagneet d'un réalismeen politiqueextérieure prêt à atfrontertoute objection.ll préciseen particulierque le tempsde la négociationavec les Arabesest fini, et qu'ilfaut passerà une autreétape.zos

Finalement,la fidélitéau traité expriméepar Adenauerinspire aussi une partiedes servicesde l'A.4. C'est le cas en particulier,au momentoù I'idéed'un contrôle de l'O.N.U.est débattueà la "KoblenzerstraBe",20+à la fin du moisde novembre. La Directiondes Affairespolitiques par exemplese souciede I'avenir d'un traitédans la négociationduquel elle a été pleinementimpliquée.zos D'où I'accentmis sur la nécessitéd'un accord complefavec lsraëlavant d'entreprendreune éventuelledémarche auprès des Nations-Uniss.206 L'Abteilungll ne se cachepas les risquesd'un tel pas : en premierlieu, la R.F.A.doit certainementenvisager une pertede soncrédit; mais il existeaussi la probabilitéd'un raidissementde la part des pays arabeset ainsi d'une prolongationà I'infinide débats,avec pour résultatd'empêcher d'appliquer à la lettre I'accordgermano-israélien.207 l-ss objectionsde la Directiondes

201cotro, K.,KLETNMANN, H.o., SCHRE|NER, R., op. cit., Réunion du gouvernement du 11xl 1952, p. 463,"Der Bundeskanzler rneint, man kônne nicht nachgeben, ohne das Gesichtzu verlieren." 202OEUTSCHKRON, op. cit., p. 91 : "Eswâre beschâmend, wenn wir in unseremEntschluB schwankend wûrden,nur uæil uns wirtschaftlicheNachteile angedroht werden. Es gibt Hôheresals gute Geschâfte..." 203in XÛSteRS, Adenauer Teeoesorâche 1950-1954. op. cit., Nr 36, 20 Xl 1952,Kanzler -Tee, p. 360. 204 lmplantationà Bonndu ministèredes Affairesétrangèræ, appellation reprise dès cette époqueen référenceà I'ancienA.A., sis \MlhelmstraReà Berlin. 205 L'un de ses fonctionnaires,dejà mentionnépar ailleurs,A. Frowein,a fait partie de ta délégation ouest-allemandede Wassenaaret a participéà la cérémonieconfidentielle de signaturedu traitéà Luxembourg. 206pRlRR, Abt lt, Bd 1685,l.lote écrite (e.o. 244.13 E ll 15 982152),25Xl 1952,Brûckner. Mais au début du mois,lsraêl s'est prononé contretoute modification au traitésous pressionarabe, Dépêche AFP de TelAvivdu 6 Xl 1952,reprise par le Presseu. Informationsamtle 7 Xl 1952. 207;56., Noteécrite (244.13 E ll 16 c/;5152),26Xl 1952,v. Triltzschler. 249 Affairespolitiques à un contrôlede l'accordgermano-israélien par I'O.N.U. portentégalement sur un autrepoint : ellesdémontrent en effetque I'U.R.S.S., membredu Conseilde Sécuritéet de I'Assembléegénérale des Nations- Unies,ne peutpas accepterun recoursde la R.F.A.Car l'admettrece serait reconnaîtrela Républiquefédérale en tant qu'État,ce que l'U.R.S.S.refuse encorepour mettre en avantla R.D.A. DansI'ensemble, TrûEschler, le rédacteurde I'analysede I'Abteilungll dont il est question,est tout à fait ferme sur I'impossibilitéde soumettre I'accordà I'O.N.U.car "Une telle procéduredevrait éveiller dans I'opinioninternationale I'impressionque le gouvernementfédéral cherche une alternativepour se soustraire,sous une forme présentable,aux obligationsde I'accordavec lsraë|,ou - pourI'exprimer ditféremment - comme si le gouvernementfédéral avaittotalement capitulé devant les menacesarabes et cherchaità présent unevoie pour sauvgl l3 f2ç9."208 C'est pourquoiTrùtzschler propose de continuerà agir commesi de rien n'étaitet de n'enappeler à I'O.N.U.qu'en cas de boycotteffectif des Arabes. Un moisplus tard, lorsque I'idée de I'envoid'une délégation allemande en Egyptese précise,I'Abteilung ll est toujoursdécidée à faire fi des revendicationsarabes. Frowein en appelleainsi à une ratificationimmédiate du traitési I'onveut sortir des ditficultés du moment.20eEt il préconiseavec les Étatsarabes une négociationultérieure à cette ratificationsi cela se révèle nécessaire.

Uneconclusion s'impose donc de la lecturedes textesmentionnés ci- dessus: malgréles apparences,malgré ce que peutsuggérer une tendance à la conciliationdont sontreprésentatifs certains diplomates, c'est bien I'idée de la nécessitéde respecterI'engagement du gouvernementde Bonn qui guide les démarchesde I'A.A.,en particuliercelles de sa Directiondes

208"|n der internationalenÔffentlichkeit mûBte ein solches Vorgehen den Eindruckerwecken, als habe die Bundesregierungeinen Weg gesucht, um sichin prâsentablerForm den Verpflichtungendes lsrael- Vertragszu entziehen,oder - um es andersauszudrûcken- als habedie Bundesregierungvor den arabischenDrohungen vôllig kapituliert und suche nun einen Weg, um ihr Gesicht zu wahren." 209iOiO., Abt il, Bd 1685,Note écnte (ZM.13E'l 17 g2gt12),19 Xlt 1952,Frowein. 250 Affairespolitiques zto Que constate-t-onen effet? Au débutde janvier1953, lorsque la négociationavec les Étatsarabes s'impose,I'A.A. délimite clairement le champde la discussion.2llQ,aç pour lui, un arrangemententre la R.F.A.et les États arabesne peut en effet être qu'économique;tout autre sujet de discussionest à exclure,en particulier I'idéed'accepter des conditionspolitiques imposées par les fi1s[ss.212

Le gouvernementde Bonn recherchedonc bien en son propresein I'assurancequi lui permettrade faire face aux revendicationsarabes. Mais dansle mêmetemps, il est aussien quêted'appuis extérieurs. La recherchede soutiensextérieurs est à mettreen rapportavec les préoccupationsdes Occidentaux,en particulierdes Américains,face à des tergiversationsallemandes qui ne paraissentpas fondées.213Ainsi, dans une fettrepersonnelle adressée à Hallsteinle 7 octobre1952,214le consul général de R.F.A.à NewYork, Heinz Krekeler, évoque les inquiétudessuscitées aux Etats-Unispar la demandede révisiondu traité émanantde 28 députésau Bundestag.ztsft pour Krekeler,une modification,ne serait-ceque du mode de paiement,ruinerait tout I'effetbénéfique obtenu lors de la signaturede l'accord.Dans sa réponsedu 16 octobre,216Hallstein souligne le dilemme face auquel se trouve $9nn217et demande à son correspondant

210 psns le débatsur la ratificationqui a lieu au sein de l'A.A.,la Directiondes Affairespolitiques conserveI'attitude plus favorable à lsraêlqu'elleavait ébauchê au coursde l'étéprécédent. Ainsi, sielle partageles doutesquant à I'utilitéde la publicationd'un texte de l"'AktionFriede mit lsrael"dans le "Bulletin"à I'approchedu départde la délégationvers le Caire(v. supra),elle prévoittout de mêmela possibifitéd'une telle parution un peuplus tard (PA/AA, Bûro Sts, Pressereferat, W 245,Note manuscrite Frowein,14 | 1953.Frowein propose de reporterla publicationd'une semaine et demi,jusqu'au 24 | 1953), Cetteprise de positionapparaît comme la volontéde ne pas éder totalementà la pressiondu contexte, alorsque les autresDirections seraient plus portées à uneannulation de I'oçÉrationprévue. 21116;6., Abt 111,210.01/35, Bd6, DocumentAbt lll,22 | 1953. 212 çl cette nuanceconcerne bien sûr le traitépuisque "Das deutsch-israelische Abkommen (...) und dessenparlamentarische Behandlung, die in Kûrzeeingeleitet wird, ist eine feststehende Tatsache." 213psu de tempsaprès qu'Adenauer se futadressé à Donelly,Haut-Commissaire américain, pour obtenir uneassistance en cas de mesuresarabes de rétorsionà I'encontrede la R.F.A.(GLENNON, J.P., NORING,N.J. (Ed.),Foreion Relationsof the UnitedStates, Washingfion, D.C., Vol lX/1 1952-1954,p. 999,Télégramrne de Donellyau StateDepartment, 16 lX 1952),le chargéd'atfaires anÉricain au Libanne se fait pas de soucipour la causeallemande dans les paysarabes (ibid., Télegramme de Lobenstineau StateDepartment, 30 lX 1952,p. 1014,cité in GOSCHLER,C., Wiederoutmachuno- Westdeutschland unddie Verfoloten des Nationalsozialismus 1945-1954, Munich, 1992,343 pages, p.282-28F1. 214pp,1;9, Bûro Sts, Bd 184,Lettre Krekeler à Hallstein,7 X 1952. 215'NsrrvYork Tinres', O X 1952. 216PA/AA, Bûro Sts, Bd 184,Lettre Hallstein à Krekeler,s. réf.,16 X 1952. 217"12191;çh sind wir bemuht,durch den lsrael-Vertrag,mit dem wir unsereFeinde nicht zu Freunden machenkônnen, nicht unsere Freunde in Feindezu wandeln.Dieses selbstverstândliche Bestreben berrihrtaber nichtdie Vertragstreue." 251 d'entreprendreune campagne pour obtenir I'appui des U.S.A. La demanded'Hallstein n'est pas la seulede ce genreet l'inquiétude du secrétaired'État s'accroît encore après le passagede la délégationarabe à Bonn,car il prévoità cette occasionun renforcement'desmenaces de boycott.Le secrétairegénéral de I'A.A. s'adressealors aux trois grandes représentationsdiplomatiques de la R.F.A.à Washington,Paris et Londres afin que ses agentsfassent paraître des articlesfavorables à la politique d'Adenaus1.218Une opération du mêmetype est envisagéeau débutde mars 1953pour répondre à une séried'articles du "NewYork Telegram" dénonçant la persistancede I'antisémitismeen Allemagne.zts

La fermetéde Bonnest doncbien aussile résultatde facteursexternes car la R.F.A.sait qu'elledépend de l'étrangeret doit toutfaire pour que son imagene soutfrepas. Ce souciest présentpeu de tempsaprès la signature du traité,mais il I'estencore plus lors de I'acceptationd'une négociation avec les Étatsarabes. Car Bonn,et en particulierI'A.A., vit avec l'idéeque le "lobby"juif américain est capabled'exercer des pressionsde toutesorte sur le gouvernementde Washington,et a fortiorisur la R.F.A.qui dépenddes subsidesnord-américains. C'est pourquoi, en particulierpeu avantle départ de la délégationallemande pour le Caire,I'A.A. demande à son ambassade de Washingtonde rassurerles milieuxjuifs américainsinquiets du reportde fa ratificationdu traité.22o

Quelssont en résuméles facteursqui expliquentIa persistanced'une fermetéallemande malgré les risquesqui existentpour Bonndu côté des Étatsarabes? L'explicationla plus plausibleici paraîtêtre cellede la raisonpolitique. En effet, la R.F.A.ne peut plus se permettrede reporterla ratificationde I'accordde réparationssi elletient à conserverla bonneimage acquise grâce à la signaturedu traitéavec lsraë1.Et elle peutd'autant moins se permettrede

218 p4744,Bûro Sts, Br 243,Télégramme A.A. (Sts 1657152)à Washington, Paris, Londres, 8 Xl 1952, Hallstein. 219 i5;6.,Notiz Presse u. Informationsamt(274180 lll 1416/53)pour Blankenhorn, 5 lll 1953,Schirmer. En contrepartiele servicede pressefédéral propose que les journalistesanÉricains en posteà Berlin aillentinterroger des réfugiésde R.D.A.et que N. Goldmannsoutienne la politiquedu gouvernement fédéral. 220;6i6.,B,d245, Télegramnre A.A. (253/3 Xl 444153)à Washington, 19 | 1953,Lilienfeld. Quelques jours plustard, I'A.A. transnet à I'ambassadede Washington,à la demandede celle-ci(Abt lll, 210.01/35,Bd 6, TélégramnreWashington (571,27 | 1953,Krekeler), la date du débutdu débatde ratificationau Bundesrat(ibid., RéponseA.A. (244.13ll1272153),28 | 1953)en demandanttoutefois de la garder secrète. 252 reculerle débatde ratificationqu'un voyage d'Adenauer aux Etats-Unisest prévu pour la fin du mois de mars : on ne peut pas s'imaginerque le Chancelierse présenteà Washingtonsans avoir acquis la sanctiondu parlementouest-allemand pour I'accord de réparations.221 En outre, lorsqu'audébut de février 1953 les perspectivesd'un arrangementavec les Étatsarabes s'éloignent, le gouvernementAdenauer doit faireface à une fortepression intérieure : celle-ciémane principalement du S.P.D.qui exigeI'accélération du processusde ratification.z2

Maisla fermetéde I'A.A.n'est pas seulementun choixa contrario.Elle découleaussi pour certainsde ses fonctionnaires,en particulierAbraham Froweinou HeinzTrûtzschler, d'une forte conviction;223 et dans ce cas,cette fermetéillustre la recherchesincère de ce qui pourraitaméliorer les relations entre la R.F.A.et lsraë|.Cet effortdoit alors être soustraitaux conditions particulièresdu Moyen-Orientet à la pressionarabe à laquelled'autres Directionsdu ministèreseraient tentées de céder.22a

La fermetéouest-allemande est enfin I'expressionde la volontéde KonradAdenauer lui-même.

221 9sn5 untélégramme au Cairedu 10 ll 1953(ibid., Télégramme A.A. (244.13ll 69/53) au Caire,10 ll 1953,Secret), I'A.A. annonce à Pawelke"... daB beabsichtigtist, das lsrael-Abkommenin der Plenarsitzungdes Bundesratsam 20. Februarzu behandeln.Lângeres Hinauszôgern ist politischnicht tragbar.Zustimmungsgesetz muB vom Parlamentverabschiedet sein, ehe Bundeskanzlerden fûr Ende Mârzvorgesehenen Amerika-Besuch durchfùhrt. Bundeskanzler hat amerikanischem AuBenminister unmittelbarparlamentarische Behandlung Vertrages angekûndigtt." Dans la sériede resures destinéesà faireface à la campagnedu journal"New York Telegram", le servicede pressefédéral insiste, lui aussi, sur la portéede la ratificationdu traité.Dans sa récentebiographie d'Adenauer (Adenauer, Berlin, 1994, 1324pages), H. Kôhlerva jusqu'àconsidérer que I'ensemble de I'accordétait "eine DM-Ùbereinkunft mit dem 'Weltjudentum',rechtzeitig vor seinertriumphalen Amerikareise 1953." (extrait de la recensionde f'ouvragepar R. Augstein,in "DerSpiegel", 4111994, p. 253). 222iOiA.,TélégrammeA.A.(244.13ll 69/53) auCaire, 10 ll 1953,Secret,"ÔffentlichesDrângender S.P.D.auf baldigeRatifizierung macht Einhaltung vorgesehenen Zeitplans unerlâBlich." 2237u coursd'une rencontre avec le députéSchmitt, C.D.U., quipose la questiondu traitéet de ses consâluences,le 6 ll 1953,Frowein précise son point de vue (ibid-,Abt ll, Bd 281,Note écrite (244.13 ll 1718/53),6 ll 1953,Frowein) : "lchhabe weiter darauf hingewiesen, daB eine Nicht-Ratifizierungdes lsrael-Abkomrnensdie individuelleWiedergutmachung nicht beschleunigenwûrde, daR vielnehr die Beziehungender Bundesrepubliknicht zu demStaate lsrael, sondern zum Judentum ûberhaupt dadurch so entscheidendverschlechtert wr.irden, daR der Gedankeder Wiedergutmachungnur Schadenleiden kônne."Un entretienavec le ProfesseurJochen Frowein, fils du fonctionnairede l'A.4. le 29 I 1995.a permisde confirmercet attachementpersonnel à unesolution rapide du problème. 24 lJn documentde I'Abteilungll (ibid.,"Entwurf einer Dispositionfûr Ausfûhrungendes Herrn Staatssekretârsvor dem auswârtigenAusschuB des Bundesrates'(244.132423153ll), 18 ll 1953),qui fait partiedes élémentsde préparationde la discussiondu traitéau Parlement,précise ainsi : "Es ist mit Sicherheitdamit zu rechnen,daB Ratifizierungund insbesondereBeginn der Durchfûhrungdes Abkommenseine grundlegende Ànderung der Beziehungenzwischen Bundesrepublik und lsrael bringen wird." 253 3.2. Adenauer et la ratificationdu traité

L'interventionpersonnelle du Chancelier,de mêmequ'elle avait été décisivepour la signaturedu traité,permet de parvenirà la ratificationde I'accordgermano-israélien malgré les multiplesoppositions que suscitece projet.

Le rôle d'Adenauerdans la périodequi suit immédiatementla signaturedu traité a déjà été évoqué.Non seulementil exprimeà de nombreusesreprises, notamment lors de la visitede la délégationarabe, sa volontéde voir I'accordrecevoir la sanctiondu parlementouest-allemand; maisen mêmetemps il encouragela recherched'une conciliation qui devrait mettrela R.F.A.à I'abriet rassurerses partenaires(et adversaires)politiques, ainsi que les milieuxéconomiques ouest-allemands. Pour atteindreces objectifs,c'est-à-dire en fin de compterenforcer sa propreposition en R.F.A., maisaussi celle de son paysdans le monde,Adenauer a besoinde parvenir à un véritablecompromis. C'est en grandepartie en raisonde I'importancede I'enjeuqu'il s'investitpersonnellement.

Adenauerest à la base de I'avancéeque constituela fixationd'une échéancepour la ratificationdu Bundestag;car la perspectivede son séjour aux Etats-Unisimpose une date limite.zzs Après une période de silence relatif justifié par d'autres préoccupalisns226et la recherchede solutionsaux récriminationsarabes, Adenauers'exprime à nouveausur le sujetau débutdu moisde mars.Le 2, le Chancelierconfirme ainsi devant la présidencedu groupe C.D.U.au Bundestagson souhaitde voir I'accordgermano-israélien ratifié sous peu, c'est-à-direavant son voyageaux Etats-Unis.227Et cette prise de position sembleannoncer une campagnede sa parten faveurdu vote.

225 Ss processusdéfinitif doit alorsêtre engagéet Adenauerfait préparerle texte du discoursde présentationdu traité au Bundestagdès la mi{évrier (PA/AA,Abt ll, Bd 281, Projetde discours d'Adenauerdevant le Bundestagpour le débatsur la ratification(zu 244.13ll228r'.1531,17ll 1953. Adenauersuit le conseildeHallstein quijuge, au coursd'un conseil de cabinet du 13 ll 1953(GOTTO, K., KLEINMANN,H.O., SCHREINER, R., op. cit., Réunion du 13 ll 1953),qu'ilest désorrnais temps de ratifier puisquela délégationallemande en Eglptea terminéson travail). 226poursuite de la constructioneuropéenne (C.E.C.A., C.E.D..-.), du processusde souverainetéde la R.F.4... 27 lr.e9,Comptes rendus de la présidencedu groupeC.D.U. au Bundestag,Vlll 001,Aktennotiz zur Vorstandssitzungvom 2. lll 1953,'Der Bundeskanzler miBt dem Abkommen hochste Bedeutung zu und wunscht,daB die Ratifizierungvor seiner Abreise nach den U.S.A. erfolge." 254 Dansun premiertemps, Adenauer s'exprime devant le Bundestaglors de la discussionen premièrelecture du projet de loi permettantla ratification.22sSa déclarationécarte d'emblée tous les argumentsavancés par les Étatsarabes depuis quatre mois contre le traité.Mais parallèlement à cetteprise de positionferme, le Chancelierpromet la poursuitede la politique allemandeen directiondes pays arabeset souligneainsi les limitesdu Tratté.22e Mais Adenauerne s'arrêtepas sur ces considérationspolitiques. ll poursuitson discourset rappellela dimensionmorale de ses déclarationssur Iesréparations et les relationsavec lsraël : "Nous avons(...) I'espoirlégitime que la conclusionde ces traités mènera(. .) à des relationsentièrement neuves entre le peupleallemand et le peuplejuif ainsiqu'à une normalisationdes relationsentre la République fédéraleet l'Étatd'lsraë|. Dans tout cela,après tout ce qui nous est arrivé, nous devronsfaire preuvede patienceet nous fier à I'impactde notre dispositionà réparer,et en définitiveà la puissancecurative du temps."2so

Dans sa déclaration,Adenauer ne cachepas que la ratification,si difficileà obtenir,n'est que le débutd'un longprocessus et qu'il resteencore des contentieuxque les deuxÉtats se sontengagé à régler.Et si I'actionde la R.F.A.peut conduireà une améliorationdes relationsentre les deuxpeuples et les deuxpays, le tempslui aussidoit exercerson etfetbénéfique.

Le discoursd'Adenauer devant le Bundestagest en fait la reprisede propostenus au momentde la signaturedu traité; mais au cours des quelquesmois qui séparentles deux déclarations,I'atmosphère de Luxembourgn'a pas pu êtresauvegardée. C'est pour cela que la R.F.A.,par la voixde son Chancelier,s'efforce à tout prixde profiterdes etfetsbénéfiques du traitéet de sa ratificationafin de poursuivrele processusd'intégration dans

228 ge, Archivesde la Chancellerie,Bd 1129,Deutscher Bundestag,252. Sitzung, 4 lll 1953,1ère discussionsur le projetde loisur le traité. 229Si ettene comportaitque ces éléments,I'intervention d'Adenauer pourrait être interprétt1e comme la continuationd'une politiqueallemande indécise et tentéede satisfairetout le monde.Toutefois, les premiersdétails de ce discourssont en rapportavec le publicdu Chancelier: il s'adresseen effet principalementaux députesde son campsoucieux de répondreaux attentesarabes et de contenterles milieuxéconomiques de R.F.A.Car Adenauerne peutpas ignorercette fraction importante du Bundestag et doit promettrede s'occuperdavantage des intérêtsouest-allernands dans les pays arabes. 230"yyil haben (...) die berechtigteHoffnung, daB der AbschluBdieser Vertrâge schlieBlich (...) zu einem ganz neuenVerhâltnis zwischen dem deutschenund dem jùdischenVolke wie auch zu einer Normalisierungder Beziehungenzwischen der Bundesrepublikund demStaate lsrael fuhren wird. Wir werdenhierbei nach allem, was vorgefallenist, Geduldzeigen und auf die Auswirkungunserer WiedergutmachungsbereitschaftundschlieBlich auf die heilendeKraft der Zeit vertrauenmûssen." (in VOGEL,Deutschlands Weq nach lsrael, op. cit., p. 81). 255 le concertinternational. Bonn doit agir en fonctiondes espoirs mis en la R.F.A. : qu'ils'agisse de la politiqueallemande des Etats-Unisou de cellede Ben Gourionqui a besoinde la "nouvelleAllemagne". Parailleurs le Chancelierfédéral peut, dans son discours,se permettre d'ignorerles exigencesarabes parce que la R.F.A.n'a pas d'aspirations politiquesau Moyen-Orient;et cetteabsence même permettra de faire rentrer rapidementles chosesdans l'91611s.231 Adenauerne perd pas de temps pour donnerdu relief à son interventionau Bundestag.Le 5 mars 1953 en effet, il insistesur son attachementà une politiquepro-occidentale devant des journalistes américains,auditoirs {s çfielx.232

Qu'elles'effectue pour des raisonsde politiqueintérieure ou des motifs extérieursà la R.F.A.,la repriseen mainpar Adenauerde la questionde la ratificationdu traitégermano-israélien est significativede sa manièrede gouverner.233En effet,malgré les hésitationsde I'A.A.,il décided'accélérer le processuset de négligerI'avis de nombreuxamis politiquescar il veut parvenirà la sanctiondu Bundestagavant la fin du mois de mars. Cette manièred'agir est en fait la seulepossibilité qui permettrade sortirla R.F.A. de I'impassedans laquelle elle s'est elle-même placée.234 Et elledoit aussi permettrede respecterla paroledonnée lors de la déclarationfaite devantle Bundestagle 27 septembre1951.

231 4pE111gER,Erinnerunqen 1953-1955, op. cit., p. 155,"Da aber die Bundesrepublikzu denStaaten gehôrte,die im VorderenOrient keinerlei politische Aspirationen hatten, glaubte ich, daB sich das Verhâltniswieder normalisieren rrrærde." Dès la fin du nnis de décembre1952, Adenauer écrivait à l-leinrich von Brentano,le présidentdu groupeC.D.U. au Bundestag(in MENSING,H.P. (Hg), Adenauer - Briefe 1951-1953,op. cit., Nr307, Lettre d'Adenauer à Brentianodu 23 Xll 1952): "Aufjedem Fall sehe ich nicht, wie wir den Arabernûber unserbereits gennchtes Angebot hinaus noch weiterentgegenkommen kônnten,ohne lsrael und dem Judentumgegenûber vertragsbrûchig zu werden.Ein. solcher Vertragsbruchwûrde mit Sicherheitunserer Stellung in der Weltunvergleichlich mehr Schaden zufûgen, als selbsteine vorûbergehende Spannung in demdeutsch-arabischen Verhâltnis." 232p7177,Bûro Sts, Pressereferat,Bd 245,compte rendu Presse u. Informationsamt,5lll 1953,"Betr : Deutschlandsreiseder arnerikanischenJournalistengruppe unter Leitung von Mr JamesL. \Mck". 233 y. SCHWAM, H.P.(Hg), Konrad Adenauers Reoierunqsstil, Rhôndorfer Gesprâche Bd 11, Bonn, 1991,2/ttl pages. 234 Dansune déclaration à Lenz,secrétaire général de la Chancellerie,du 2 lll 1953(in GOTTO,K., KLEINMANN,H.O., SCHREINER, R., op.cit., Fléunion du 2 lll 1953),Blankenhorn se reprochela légèreté allernandeau momentde I'accord: "Ergab seinerseits zu, daBsie die Auswirkungenauf die arabischen Staatenûberhaupt nicht bedacht hâtten." 2s6 3.3. Confirmationdes oppositions politiques

La périodequi séparela signaturede I'accordgermano-israélien de sa ratificationpermet le renforcementet la confirmationd'un certainnombre d'oppositionspolitiques à I'encontrede ce texte;on peut en effet parlerde renforcementde ces oppositionsdans la mesureoù la vivacitédu débat permet quelquesprises de positionbruyantes et catégoriques;23sles oppositionsse confirmentaussi en raisondu maintiende tendancesdéjà apparentesdans la périodeprécédant directement la signaturedu traité;et ellespréfigurent les déclarationsultérieures sur le problèmedes relations diplomatiques.

L'oppositionà la ratificationse manifestedans tout l'échiquierpolitique ouest-allemand.Quelques personnalités isolées du parti social-démocrate s'opposentà la ratification,et celafait dire à Hans-Joachimvon Merksl2,236 avecquelque exagération, que le groupeS.P.D. au Bundestagest rétifà toute sanctionprécipitée de I'accord.En revanche,à la différencede la social- démocratie,la majoritégouvernementale comporte un nombrede voix hostilesqui est loind'être modeste. La voix la plus remarquéeau sein du S.P.D.est cellede Wilhelm Kaisen,maire de Brême,qui soutientle plus les armateursallemands au momentde I'affairedu pavillonallemand. Kaisen n'a alors de cesse de réclamerdu gouvernementune modificationde la clause"discriminatoire" de I'accordconcernant les armateursouest-allemsn{s.237 Mais la prise de positionde Kaisenest à replacerdans son contexte : en tant que maired'une ville portuaireconcernée par le traitégermano-israélien, il est naturelqu'il réclameles meilleuresconditions d'exécution dans I'intérêt de sa yills.238

235 Les partispolitiques allemands peuvent s'appuyer sur un sondagede décembre1952 selon lequel '49% des Allemandsde I'Ouestse prononcentcontre la ratificationde I'accordavec lsraêlet 26% y sont favorables."(in LEMASSON,S., "L'évolutiondes relationsgermano-israéliennes : du Traitéde Luxembourgà I'unilicationallemande", in "Cosmopolitiques- Forum international de politique",septembre 1990,N" 17,p. 91et suiv.). 236president du groupe"D.P.'au Bundestaget ministrefédéral pour les relationsavec le Bundesrat (GOTTO,K., KLEINMANN, H.O., SCHREINER, R., op.cit., Réunion du 11 Xl 1952). 237 v. la correspondanceentre Kaisenet Hallsteincitée dans la deuxièmepartie et GOTTO,K., KLEINMANN,H.O., SCHREINER, R., op. cit., Réunion du 20 ll 1953. 238Le pointde vuede Kaisenne constitueen fait qu'uneexception et n'estpas représentatifde I'opinion du partisocialdémocrate allemand : danssa grandemajorité le S.P.D.est favorableau traitéet à sa ratification,ce qui pousseAdenauer à douterdes affirmationsde Merkatz(GOTTO, K., KLEINMANN, H.O.,SCHREINER, R., op. cit., Réunion du 11Xl 1952). 257 A I'inversedu s.P.D.,on peut direqu'au sein de la droiteouest- allemandeI'opposition à la ratificationfait figurede dénominateurcommun. Ainsi, dans les jours qui précèdentla signaturedu traité, vingt huit parlementairesde droitez3ese sontdéjà exprimés contre la formeque revêtle traitéen déclarant: "Nous ne protestonspas contre le bien-fondéde la réparationdes dommagessubis par la communautéjuive, mais (nous posons) la questionde savoirsi la procédurechoisie pour le règlementest la bonne et la seule Possible."2'!o

Le F.D.P.,partenaire de la C.D.U.dans la coalitiongouvernementale, maintientquant à lui ses distancesà l'égard du traité et exprime régulièrementses doutes et son opposition.24lC'est pourquoi,lors du passagede la délégationarabe à Bonn,il se prononceen faveurd'une sofutionnégociée du contentieuxgermano-s1sfis.2a2 Et lorsqueles États arabesdéploient de grandsefforts de propagandecontre la ratification,le partilibéral est surtoutattentif aux problèmesque celle-cicrée pour la R.F.A. au Moyen-Orient.Ainsi, le20 novembre1952,lors du congrèsdu F.D.p.,une résolutionde la Commissionde politiqueétrangère demande une modificationdes clausesdu traitéet le règlementdu problèmedes réfugiés palestiniens,dans le sensexigé par les Étatssls[ss.2a3 Lesdoutes émis par le F.D.P.suscitent par ailleursdes rumeurssur un soutiendirect du parti libéralà la campagnedes pays arabes. Et selon certainesde ces rumeurs,Franz Blûcher,vice-Chancelier, serait lié au propagandistede la causearabe dans la capitalefédérale, Joachim Georg

239 115'3git de députésdu F.D.P.,du Bayernpartei,du DeutschePartei, du Zentrumet du "Blockder Heimatvertriebenenund Entrechteten." 2'10"Wir wenden uns nichtgegen den Grundsatzder \Â/iedergutmachungder dem betrotfenenJudentum zugefûgtenSchâden, vielmehr gegen die Frage,ob dieseArt der Regelungdie richtigeund einzig moglicheist.", "Politik und Wirtschaft - Information", 13 lX 1952. 241 7v momentdes négociationsde Wassenaar,Dehler, le ministrede la Justiced'Adenauer, a déjà expriméses doutesà I'encontrede la justificationdes exigencesjuives et israéliennes(v. supra). 242N.U.M.O.V, Dossier lsraè|, Lettre de E. Engelhard,député F.D.P. de Hambourg,à R. Hùber,Nah- und Mittelostverein,4 Xl 1952,transmission à Hûberd'un télégramme de Engelhardet Rademacherà Blûcher. 243 FNS, Documentsdes congrèsdu parti,A 1, Bd 27, Congrèsde Bad Ems, 19-20Xl 1952, "AuBenpolitischerAusschuR - EntschlieRung zum lsraelabkomrnen, 20. Xl 1952".Cette déclaration est la prolongationnuancée d'une déclaration de la fédérationF.D.P. de BasseSaxe datée du 13 novembrequi met en cause le traité, sans remettreen doute la justificationd'une réparationaux juifs (ibid., "RundschreibenB 35/52- Antragdes LandesverbandsNiedersachsen, 13 Xl 1952.'). Ce documentexige une modificationde I'accord,puisque "Abgesehen von den vôlkerrechtlichenBedenken, die gegendie jetzigeForm des lsrael-Vertragesbestehen, die einemNeutralitâtsbruch gleichkommt, ist der Vertrag geeignet,die alte traditionelleFreundschaft zu den arabischenVôlkern zu zerstôren." 258 AdolfHertslet.244 Un autremembre important du parti,Thomas Dehler, s'exprime pour sa part une nouvellefois au momentde l'affairedu pavillonallemand qui engendre,à causede son aspectsymbolique, de nombreusesdiscussions err R.F.A.ll reprendalors la thèseselon laquelle le traitén'a pu aboutirque sous la pressionaméricaine et veut ainsiexcuser la R.F.A.auprès des Étatsarabes en insistantsur le fait que la politiqueadoptée par la Républiquefédérale dans cetteaffaire ne résultepas d'unchoix opéré en toute li[grtp.z+s

L'oppositionau traitéet à sa ratificationémane également des rangs de la C.D.U.et de la C.S.U.,aussi bien juste avant I'accord du gouvernement allemandsur le traitéque pendant le débatsur la ratification.

Le parti chrétien-démocrateexprime ses doutes directementà I'adressedu Chancelieret ses protestationssont particulièrementvives après le séjourde la délégationarabe en R.F.A.La C.D.U.reproche notamment au gouvernement,et en particulierà Adenauer,de n'avoirni écoutéla voixde la raison ni défendules intérêtsallemands; car le traitementaccordé aux visiteurs arabes ne répond pas selon elle aux attentes des milieux économiques;et certainsdétracteurs d'Adenauer au sein de son parti estimenttout simplementqu'il est impossiblede comprendreles raisonsqui motiventI'attitude du responsablechrétien-démocrate. D'autresdéputés de la C.D.U.s'expriment non pas à la Chambremais s'adressentdirectement aux fonctionnaires de I'A.A.;ils proposentainsi de ne pas ratifierle traité,de ne pas accorderde réparationsà l'Étatd'lsraël en tant que tel afinde favoriserles dédommagements individuels plus justifiés à leurs Yeux.246

Maisc'est incontestablement de la C.S.U.que provient I'hostilité la plus vive à l'égardde I'idéede ratificationdu traité. Dans la continuitéde déclarationsantérieures, Schâffer et StrauBpoursuivent en effet leur lutte 244 iOiO.,Dépôt Th. Dehler,Bd 2210,Lettre Blûcher à Hallstein(copie à Dehler),23 X 1952,avec un démentide Blûcher.Hertslet, exportateur, considère le traité comme une "bêtise politique" (DEUTSCHKRON,op. cit.). 245GOTI-O, K., KLETNMANN, H.O., SCHRETNER, R., op. cir., Réunion du 22 il 1953. 246 v. entretienentre Froweinet le députéSchmitt, PA/AA, Abt ll, Bd 281, Noteécrite (244.13ll 1718/53),6 ll 1953,Frowein. L'état d'esprit de la C.D.U.est décritpar Hans-Joachimvon Merkatzqui intervientauprè du Chancelierle 11novembre 1952 (v. supra.) : si pourlui ilest impossiblede revenirsur la décision("Von Merkatz neint auch,daB ein Nachgehennur zur Folgehabe, daB wir dann zwischen zvræi StûhlensâRen.") il n'en restepas moinsque le groupeparlementaire chrétien-démocrate est, à ce mon€nt,opposé à une ratification. 259 contrece qu'ilsconsidèrent être une foliesur le planfinancier. Ainsi, le 13 février1953, lors d'une séance de cabinet,2aT$ç[2ffer réitèreson opposition à I'aspectfinancier de I'accord,alors que le processusde ratificationsembte désormaisinéluctable.248 psgl'sa part, StrauB émet encore de vivesréserves au cours d'une réunionde la présidencedu groupeC.D.U./C.S.U. au Bundestag,le24 ffv1lsl.2aell insistealors pour que soit mentionnédans le compterendu de séancequ'il reconnaîtsans aucun doute I'obligation d'une "réparationindividuelle rapide";2so mais aussi que "Sonattitude à l'égardde cet accord n'a pas changéet (qu')ille refusecatégoriquement."2s1 D'autre part, il est d'avisque le gouvernementse trompelorsqu'il prétend que I'accordva permettreun rapprochementavec les Occidentaux.Par ailleurs, StrauBn'hésite pas à considérerque le traité,en raisondes défautsconstatés dans sa préparation,est un exemplede mauvaisediplomstis.zs2 ft à I'occasiond'une sorte de baroudd'honneur, à la veilledu vote de ratification, StrauBannonce que son partis'abstiendra pour exprimerson refusde la politiqueengagée sous sa formeactuelle et déclarevouloir demander une enquêtesur les conditionsde conclusionde I'sççspd.253

A la droitede l'échiquierpolitique ouest-allemand se trouvepour finir le "Blockder Heimatvertriebenenund Entrechteten".254Dans une déclaration tardivedu 19 février1953,25s Waldemar (1sfl2s6 prend position sur le traitéet les remousqu'il provoquepour dénoncerles déficiencesde la politique extérieurede la jeuneR.F.A., au nombredesquelles il faut compterselon lui

247i6i6. Réuniondu 19il 1959. 248 1116u1 remarquer que Schâffers'obstine alors qu'Adenauer le priepar écrit,le jour precédent(in MENSING,H.P. (Hg), Adenauer - Briefe 1951-1953, op. cit.,Nr 343),de ne pasfaire obstacle au bon déroulementde la discussion. 249KAS, Comptes rendus de la présidencedu groupeau Bundestag,Vlll 001,Bd 1501/3,Aktennotiz zur Vorstandssitzungvom 24. ll 1953. 250"... zu einerindividuellen und schnellen Wiedergutmachung..." 251"... sich seineHaltung gegenùber diesem Abkommen nicht geàndert habe und er es grundsâtzlich ablehne." 252'92sganze Abkomnen seiein Skandalhinsichtlich der Untâtigkeit in derdiplonntischen Vorbereitung der Unterhândlerund des settsamenVerhaltens hoher Bundesbeamter gegenûber gewissen mit diesem Abkommenzusammenhângenden Persônlichkeiten." Sans le nomrner,StrauB diriç ici sonattaque contre Bôhmqui s'est affrontéviolemment au ministredes FinancesSchâffer, C.S.U., lors de la crise des négociations. 253iOiO., Aktennotiz zur Vorstandssitzungvom 17. lll 1959. 2il'Btoc des expulséset privésde droits"(B.H.E.). 25534, DepotW. Kraft,Bd 25, "Fahrplanfûr die Besprechungam 19. 2. 1953'an der evangelischen Kirche"'. 2561s5pons6bledu partiqui représenteles intérêtsdes ré,fugiésdes territoiresorientaux expulsés à la fin de la Deuxièrneguere mondiale. 260 I'accordavec lsraëlet le conflitavec les paysarabes. Sa conclusionest sans appel: "l'4.A.n'est pas capable de travaille7."257

3.4. Renforcement des oppositions dans les milieux économiques

Au coursdu débatsur la ratificationde I'accordgermano-israélien les milieuxéconomiques allemands ne restentpas inactifset s'inscriventdans la continuitéde déclarationsantérieures.2s8 l-ss représentantsdes forces économiquesqui s'exprimentviennent principalementd'entreprises industriellessoucieuses de préserverleurs partsde marchédans les pays arabes.Et I'actiondans laquelle ils se lancentest d'autantplus résoluequ'ils cherchentà défendredes positionsacquises récemmepf,25e dans des secteursoù la concurrenceest trèsforte.z60

L'inquiétudeque les entreprisesouest-allemandes viennent à manifesterest directementliée à I'accroissementde la pressiondes États arabes.Ces sociétésvivent alors au rythmedes informationsalarmistes diffuséespar les médiasarabes et reprisespar le servicede pressedu

257 "...daB wir keinarbeitsfâhiges A.A. haben." llfaut noterque, de manièreétonnante, cette remarque de Kraftest I'unedes raresdéclarations émanant des cerclesde refugiésdes territoiresorientaux. Tout au long de l'"èreAdenauer', et jusqu'àune date récente,ces cerclesconstituent. au sein de la vie politiquede la Républiquefédérale, un grouæde pressiontrès important. ll e4crime souvent ses opinions pourrevendiquer de meilleursdroits pour ces "ærsonnesdéplacées" allemandes. Au vu de I'importance du traitéet dessommes accordées à lsraë|,on auraitpu s'attendrede sa partà des prisesde position plusfortes et régulières. 258 Dansune lettreau fonctionnairedu ministèrede l'ÉconomieH. Strackdu 30 Vlll 19s2, Hûber, responsabledu Nah-und Mittelostverein(N.U.M.O.V., Dossier lsraë|, Lettre de Hûberà H. Strack, B.W.M.,30 Vlll 1952),exprimait déjà son inquiétudeface au risqueréel d'un boycottarabe et à un gaspillagedes potentialitésouest-allemandes dans les pays du Moyen-Orient.Le même jour, le N.U.M.O.V.publie un communiqué(Express-lnformation des Nah-und Mittelostvereins,30 Vlll 1952) dénonçantle traité : "Es handeltsich bei dem beabsichtigtenVertrage keineswegs um eine nur zweiseitige(bilaterale), schon gar nichtum eineAngelegenheit allein der Humanitâtund Philanthropie, sondernum einenpolitischen Akt htuhsterBedeutung, der die arabischenNachbarn lsraels aufs stârkste bedroht." 259 t'6ppssBÙT|NER, F., et HÙNSCHER,P., op. cit., tes mitieuxéconomiques ouest-ailemands ont depuis1952 des perspectivesde contratsavec les pays arabesqui se montentà 3 milliardsde DM,soit 50% supérieuresà ce quedevrait leur rapporter l'accord germano-israélien. 26o La rivalitéqui s'exerceest principalementle fait des entreprisesbritanniques. 261 gouvernementff6lf12l.z6t Elles se sentent, à juste titre, directement concernéespar les annoncesrégulières de boycottarabe et s'efforcentde réfléchiraux moyensd'éliminer ce risque.Ainsi, dès le début du mois d'octobre1952, un entrepreneurmunichois s'adresse au "Nah- und Mittelostvslsil'1"262de Hambourg pour s'informerdes possibilitésd'agir dans le contextedifficile qui règnealors; et il proposede faire pressionsur le gouvernementpar I'intermédiairede membresdu Bundestag.2æCar il est indispensable,selon lui, de modifierle traitéafin que seules les organisations juives en soientbénéficiaires;264 cela nécessitenaturellement le reportdu débatde ratificationet I'organisationde négociationsavec les Arabes. L'étatd'esprit de cette lettreest régulièrementprésent dans les prises de position qui, à la même époque,émanent d'autres entreprises allemandes.265ll est égalementpartagé par le responsabledu N.u.M.o.v.,R. HÛber,qui, dans sa réponseà I'entrepreneurmunichois, souligne les espoirs qu'il fonde lui-mêmedans la venue prochained'une délégationarabe composée"aux deux tiersde vieuxs1'1is".266 Hûber indique en outreà son correspondantque la questionde la ratificationest toujoursouverte et que la pressiondes milieuxéconomiques sur les parlementairesne peut manquer d'efficacité.

Les entreprisesouest-allemandes et leurs représentantssont particulièrementpréoccupés par la situationnée de I'accordgermano- israélien.D'où leur grandeactivité au momentdu passagede la délégation arabe à Bonn. ll s'agit en effet pour eux de profiterde la présencede

261pq exempleen ce qui concernel'établissement par les Étatsarabes de listesnoires d'entreprises commerçantavec lsraël (Presse u. Informationsamt,25 X 1952,Radio libanaise, 24 X 1952,"Schwarze Listenûber deutsche Exportfirmen"). Au coursd'une conférence donnée à Dûssetdorfà la fin du moisde septembre,R. Kûstermeier,I'un des initiateursde l"'AktionFriede mit lsrael" (v. infra),dénonce I'instrumentalisationdes entreprisesallemandes par la propagandearabe (PA/AA, Abt ll, Bd 1679,Note êcrile(244.13 ll 12 574152),sans date (24 lX 1952?),Frowein). De même le D.I.H.T.('Deutscher Industrie-und Handelstag",Confédération allemande des Chambresde Commerceet d'lndustrie) transmetà I'A.A.le texted'une conférence de pressemenaçante du secretairegénéral adjoint de la Ligue arabe(ibid., Lettre du D.l.H.T.,13 X 1952). 262455eçistion recréée en 1950,dont le but est de conseillerles entreprisesdésirant s'implanter au Moyenou au Proche-Orient,de faciliterl'établissement de liensentre partenaires ouest-allemands et moyen-orientauxet accessoirementde représenterles intérâs de ces entreprisesen R.F.A. 263tt.U.lrl.O.V., Dossier lsraë|, Lettre de Haackeund Hinrichsen, Munich, à Hûber,g X 1952. 2fl supprimerlsraèl de la liste des bénéficiairesdu traitéest la seulepossibilité de mettrefin aux renaces arabes. 265 v. par exemplela lettrede la société"Felten und Guilleaume Carlswerk AG" à la Chancellerie.in PA/AA,Abt ll, Bd 1690,Lettre du Stsdu Bundeskanzleramtà l'A.A., 18 X 1952,Gumbel, ibid., Bûro Sts, Bd 184,Télégramme Dr Waldschmidt(ttlannheiner ÀIotorenwerke, Le Caire),14 Xl 1952. 266iOiO.,Lettrede Huberà Haacke und Hinrichsen, Munich, 14 X 1952."...zuzwei Drittelnaus atten Freunden..." 262 négociateursarabes pour faire pressionsur le gouvernementAdenauer et soulignerla gravitédu péril.Ainsi, dans une lettre du 30 octobreadressée à la Confédérationdes sociétésde commerceextérieur de Rhénaniedu nord- Westphalie,Hûber souligne qu'il faut impliquerdirectement les milieux, économiquesdans les discussisns.26TCar il n'est pas concevableselon lui d'accepterque l'A.A. place les discussionsavec la délégationarabe à un niveaupurement politique. Et pour renforcerson pointde vue il évoqueles risquesque fait couriraux AllemandsI'attitude ferme de I'Egypte. Au momentde la visitede la délégationarabe, I'interventiondes milieuxéconomiques se traduitpar une pressionexercée soit isolémentpar certainesfirmes, soit de manièrecollective par ditférentesconfédérations sur le gouvernementfédéral.268 Les argumentsdéveloppés à cetteoccasion sont toujoursles mêmes'26e on regrettele traitementaccordé par les autoritésde Bonnà la délégationil41s270 et on déploreI'impossibilité de rencontrerses msmhg5.271Mais les sociétésen questionvont encoreplus loin : elles s'affirmentprêtes à refuserdes contratsavec lsraëlpour ne pas renonceraux marchés217fiss272 et signalentleur intentionde constituerun "groupement d'intérêt"2zsqui sonderales pays intéresséspour relancerle dialogue.zz+A cettefin les diversesorganisations se consulten127sst décident d'établir une

267;5;6.,Lettre de Hûberà Treichel,Verband der AuBenhandelsfirmen, Nordrhein-Westfalen, 30 X 1952. 268 GOtro, K., KLETNMANN,H.O., SCHRETNER, R., op. cit.,Réunion du 31 X 1952,p. 453, "Nachmittagswurde nochmal die Fragedes Vertragsmit lsraelerôrtert. Die deutsche Telefonindustrie befùrchtet,daB bei einerweiteren Verschârfung der Situationihr groBeAuftràge entgingen." Dans le mêmecadre, le présidentdu B.D.l.("Bundesverband der Deutschenlndustrie", Confédération de I'lndustrieallemande), Fritz Berg, s'adresse directement à Adenauerpour souligner les risquesréels de boycottpour un comrnerceen expansion(N.U.M.O.V., Dossier lsraë|, Lettre de Bergà Adenauer,13 Xl 19s2). 269 X.g.y.g.V., Dossierlsraê|, Télégramme de l'HandelskamrnerHambourg à Dr Stephan,31 X 1952, PA/AA,Abt ll, Bd 1690,Télégramme de I'lndustrieund Handelskammerfûr Sûdhannoverà I'A.A.,5 Xl 1952,Télégramme D.l.H.T. à I'A.A.,11 Xl 1952,v. Meeteren,Degener, Hiezig. 270i5;6., Texte de Jehnich,"Handelsblatt", rédaction de Hambourg,"Verstândigung mit derarabischen Welt",3Xl 1952. 27116i6., Lettre du Verbandder AuBenhandelsfirmen, Nordrhein-Westfalen, à Huber, 4 Xl 1952. 'lnteressieren 27216i6., wirdSie jedoch, daB sich die GroBfirmenuntereinander darùber einig sind, daB man nicht zugunsteneines Reparationenauftragesfûr lsrael auf das Geschâftmit den arabischen Lândernverzichten darf. Das bedeutetpraktisch, daB selbst nach der Ratifizierungdes lsrael- Abkommenskaum ein nennenswerterAuftrag fûr Investitionsgùterim hiesigenBezirk untergebracht werdenkônnte." L'auteur de ce documentva mêmejusqu'à regretter que certainesentreprises se lancerontcertainenent dans le comrerce avec lsraê|. 273" ... Interessengemeinschaft..." 2741sxrs de Jehnich.Dans ce texte, il est préciséque les entreprisesveulent développer une réflexion sur le tÉrÉficiairedu traité,sur une éventuellemédiation de I'O.N.U.et surtoutdialoguer avec les Arabes pourassurer le bon déroulementde I'expositionindustrielle allemande du Caireprévue pour I'année suivante. 275 N.U.M.O.V.,Dossier lsraê|, compte rendu de "sitzungam 7. November1952 fûr Arabien- Interessenten". 263 liste de personnalitéscapables de recréerune bonneatmosphère dans les relationsentre Bonn et les Étatsarabes.276 Qsps le mêmebut, ellesoffrent leursservices à I'A.A.pour la constitutionde l'éventuelledélégation à envoyer en Egypte;z77dans certair)scas aussielles s'adressentdirectement aux responsablesarabes pour expliquer les motivationsde la R.F.A.dans I'atfaire des réPara[isns.278

Vu leurs inquiétudes,les entreprisesallemandes ne peuventque réagiravec soulagement à la baissede la tensionqu'on observe au coursdu mois de décembre1952.27s Pour ellescependant, cette détentene constitue qu'un élémentmineur d'amélioration du contexte;car le mal consécutifà I'annulationde I'expositionindustrielle allemande prévue au Caireest bien [email protected]'est pourquoielles poursuiventalors leur réflexionpour établirles causesde la criseet envisagerles possibilitésd'y lsrn$clisp.281 Lorsquele gouvernementde Bonn décided'envoyer une délégation en Egypte,les milieuxindustriels manifestent à nouveauleur intérêtet prodiguentleurs conseilsaux autoritfs.zszFritz Berg, président du B.D.l., s'adresseainsi une nouvellefois à Adenauerpour lui soumettreune listede représentantsdes milieuxéconomiques qu'il conviendraitd'intégrer à la délégationWestrick.zs3 De son côtéle N.U.M.O.V.renouvelle une tentative de

276 ibid.,Télégramme du D.|.H.T.à Hùber,18 Xl 1952,Lettre de Hûberau D.|.H.T.,20 Xl 1952, Confidentbl,Lettre du D.l.H.T.à Hùber,26 Xl 1952,Altenburg. 277 i6i6.,Lettre de Hùberà Allardt,A.A. HandelspolitischeAbteilung,26 Xl 1952,et Lettrede I'A.A. (30O.O1/66lV2254s.52) à Hûber,9 Xll 1952,Nôhring, qui remercie nnis décline l'offre du N.U.M.O.V. 278 i6i6.,Rapport de R. Ruperti,Nah- und MittelostVerein, sur unevisite à Mansour,ministre égyptien du C,ommerceet de l'Économie,27Xl 1952,et Lettredes Motoren-Werke-Mannheim auxAtfaires étrangères égyptiennes,19 lX 1952,Waldschmidt, citée par ATEK, W., op. cit. 279 ;5;6., Lettredes Motoren-Werke-Mannheim,Middle and Near-EastBranch. à Motoren-Werke- Mannheim,Mannheim, 20 Xll 1952. 280;66.,Lettre de WestdeutscheWirtschaft à Hùber,12 Xll 1952,de Bouché. 281 ;5;6.,"lr/lemorandum :Betr:konsutarische und diplomatische Vertretungen in Nahost",R. Hùber,11 Xll 1952.D'après cette analyse, le problèmeprincipalest I'absence de concertationavec les paysarabes due à la fois à I'absencede représentationsallemandes dans les pays arabeset au manque d'informations.Les sociétésallemandes peuvent être rassuréespar les nouvellecapaisantes reçues du ministèrede l'Économiequi annoncentcertes I'impossibilité momentanée d'investissernents en Arabie Saouditemais la poursuitedes contrats en cours(ibid., Lettre du B.W.M.(V B 7 84152152)au Nah-und MittelostVerein, 7 | 1953,Seeliger). 282 i6i6., "Berichtaus Bonn", Nr A 730, A. Harenberg,"Arbeitsgemeinschaft der Deutschen Exportvereine,lmportausschuR des Gesamtverbandesdes DeutschenGroB- und AuBenhandels e. V.", 17| 1953. 283iOiO., Lettre du B.D.l.à Hûber,29 | 1953,von C;arnap, avec lettre de Bergà Adenauer,21 I 1953.Le B.D.l.s'offusque de voir refuséela participationdu responsablede sa sectiondu commerceextérieur à la délégationet invoquela nécessitéd'être informé par unepersonne de sa compétence(PA/AA, Abt ll, Bd 1686,Télegramrne B.D.l. à Hallstein,2T| 1953). 264 pressionsur le Bundestag.2s+

On peut estimerpar ailleursqu'il existeà cetteépoque une certaine connivenceentre les milieuxindustriels allemands et les formations politiques,car les industrielstiennent régulièrement les partis informésde leursinquiétudes.28s fl les hommespolitiques qui mettenten doutela façon de procéderd'Adenauer ne manquentpas de se faire l'écho de telles inquiétudes.Le F.D.P.est en particulierle destinatairede doléancesde firmes qui exportentvers les paysarabes et demandentque des modificationssoient apportéesà I'accordgermano-israélien;286 et en conséquencele partilibéral insistedans ses prisesde positionsur les risquesque comporte le traitépour l'économie allsrnsnf,s.287 Dans le mêmeordre d'idées, le F.D.P.est égalementtrès actif au momentde I'affairedu pavillonallemand. Lorsqu'il presse le gouvernement Adenauerde renégocierla clause en question,il répond en fait aux injonctionsdes groupementsd'intérêts ouest-allemands (adminis11stiens288 ou confédérations2ss)qui se manifestentà intervalles réguliers. F. Rademacher,qui est à cette occasionle porte-paroledu parti li[$s21,2s0 s'exprimedevant la présidencedu F.D.P.à la fin de février1953'2e1 ssg exigencesconcernent alors la possibilitéd'utiliser le pavillonallemand, ainsi qu'unegarantie de sécuritépour les naviresallemands dans les ports israéliens.Et c'est avec une certainefierté qu'il annonceavoir obtenude

284 N.U.M.O.V.,Dossier lsraêI, Lettre de Hûberà Engelhard,15 11953.Dans cette lettre, Htiber transrnetdes informationssur le comrnerceentre la R.F.A.et bs Étatsarabes pour agir sur la commission de politiquecommerciale du Bundestag. 285V. à ce proposin VARAIN,H.J., lnteressenverbânde in Deutschland, Cologne, 1973, 398 pages, BRAUNTHAL,G., "\Mrtschaft und Politik : DerBundesverband der DeutschenIndustrie", p. 27l et suiv. 286FNS, Depôt Th. Dehler,Bd 1184,Lettre de Dehlerà Bôttcher,Fabriken fùr Holz-und Lederpappen,23 Xll 1952,qui reprendles termes d'un lettre de Rebentrost,F.D.P. Haut Palatinat, à Dehler,19 Xll 1952, qui I'informaitdes soucisde Bôttcherface au traitéavec les risquesqu'il comporte pour les exportations vers les pays arabes.Ce dossiercomporte également une lettrede Bôftcherà Dehler,23 | 1953,qui exprimeune nouvellefois ses inquiétudespour le commercetout neufavec les Arabeset condamne personnellementle traité. 287 pX5, Documentsdes congrèsdu parti,A 1, Bd 27, Congrèsde Bad Ems, 19-20Xl 1952, "RundschreibenB 35/52 - Antragdes Landesverbands Niedersachsen, 13 Xl 1952". 288v. interventiondu nnire de Brêmedéjà évoquee, avis exprimé égalenent au Bundestagle 20 ll 1953, inGOTTO, K., KLEINMANN, H.O., SCHREINER, R., op. cit. 289Ç's51 le cas de la Confédératbndes Armateurs allemands, déjà nrentionnee. 290lssponssble du F.D.P.à Hambourg,Radenncher est lui-mêmeentrepreneur d'importexport. 291 BRAOHER,K.D., MoRSEy, R., SCHWARZ,H.-p. (Hg.), eueilen zur Geschichtedes Parfamentarismusund der oolitischenParteien, Vierte Reihe, Deutschland seit 1945, Bd7ll, F.D.P.- Bundesvorstand- Die Liberalenunter dem Vorsitzvon TheodorHeuss und Franz Blûcher- Sitzunqsorotokolle194$1954, Zweiter Halbband 1953-1954, Dûsseldorf, 1990, 761 pages, p. 853et suiv. (numérotationen continu),29 ll 1953,Sitzung des Bundesvorstandes. 265 Hallsteinla promessed'une renégociation de la clauseçençs1nSs.2e2

Pour être completsur cet aspect,il faut encorementionner que les préoccupationsdes milieuxindustriels sont égalementprises en comptepar les députésde la C.D.U.,en particulierpar le présidentde la commissiondu commerceextérieur au BundestagChristian Kuhlemann. Le 15 décembre 1952, dans une lettre adresséeà Hallstein,celui-ci s'inquiète de la dégradationdes relationséconomiques avec les Étatsarabes et s'enquiert des mesuresprises pour assurer les partsde marchéouest-allemandes dans ces pays.2e3

La C.S.U.pour sa part est un intermédiairetout désignédes milieux économiques: dans ses commentairesdirigés contre I'accord de Luxembourg,2s4F.-J. Straug insisteen effet sur les risquesque celui-ci comportepour l'économieallemande du fait des menacesarabes.

3.5. La ratification

Grâce à I'actiondu ChancelierAdenauer qui reprenden mainsle problèmeà partirde la mi-février1953, I'accord de réparationsest finalement ratifiépar le Bundestagle 18 mars,après I'avoir été par le Bundesratle 20

292 ;5;6.,p. 869,"Diese Unzulânglichkeit muB in Ordnunggebracht werden. Wenn wir 3,5 Milliarden liefern,dann haben auch das Recht,daB unsere Schiffe gleichberechtigt anlaufen." Dansle cas du F.D.P.,il faut par ailleursnoter I'existencede liensentre sa fédérationde Rhénaniedu nord-Westphalb,les industrielsde cetterégion et le groupede Naumann(ancien membre du parti national-socialiste,qui tente, avec d'autrespersonnes, d'infiltrer la vie politiqueallemande en pratiquantI'entrisme dans les partis établis, et en particulierle F.D.P.Naumann est arrêté en 1953par les Britanniques).Ces contactspeuvent naturellement expliquer les prisesde positionhostiles au traitéet à sa ratification,et le sujetest biensûr exploitépar le "JerusalemPost" (30 V et 1erVl 1953)qui écrit : "Als Naumannvon den Britenverhaftet wurde, kam es an den Tag,sehr zur Bestùzungder Deutschen,daB er und seine Gesellendaran waren, die nordrhein-westfâlischeLandesgruppe des wichtigsten KoafitionspartnersDr Adenauers,der FDP, an sich zu reiBen,die Landesgruppe,die 70 "/o der Parteieinnahmenliefert und die fùhrende Industrieschicht in Dtisseborf hinter sich hat. Wares deshalb ein Zufall,daB in den letztenWochen vor den Verhaftungendieselben Geschâftskreise sehr eifrigdaran waren,das LuxemburgerAbkomnen zu torpedieren? Die bestenBeobachter glauben, daB der Hintergrundrein komrneziellerArt ist : (dieseKreise) scheinen der Ansichtzu sein,daB Deutschlandnichts unternehmen sollte, daB seine Beziehungen zum Nahen Ostentrûben kônnte." 293 PA/AA,Abt ll, Bd 1690,Lettre de ChristianKuhlemann, MclB, président de ta commissiondu commerceextérieur, à Hallstein,15 Xll 1952. 29a615, Comptesrendus de la présidencedu groupeau Bundestag,Vllt 001,Bd 15O1/3,Aktennotiz zur Vorstandssitzungvom 24. ll 1953. 266 ffv1is1.2e5Le voteest le refletdes débatsrelatés précédemment . "Au Bundestag,sur 400 députés,296239 seulementvotaient 'oui,' en dépitdu fait que la négociationeut été décidéepar le ChancelierAdenauer et que I'accordporta sa signature.106 seulementdes 214 députésde la coalitioncomprenant son parti- la C.D.U.- apportaientleur voix.Le fait que les députésdu S.P.D.aient voté en bloc pour I'accordavait seul permissa ratification."29T

Qui sont les participantsà çs yets?2e8 Parmiles 239 "oui"se retrouventtous les députésdu groupes.p.D., certainsreprésentants de la c.D.u./c.s.u., du F.D.p.et des députésdu DeutschePartei. Au nombredes 35 "non"figurent les quelquesdéputés communistes,des membresde I'extrême-droiteet certainsdéputés des partis de la coalition.Enfin 86 membresdu Bundestags'abstiennent, dont StrauB. Adenauerne rencontredonc pas I'unanimitéparmi les membresde son partiou des partisde la coalition,malgré sa participationpersonnelle aux derniersépisodes du débat sur la ratification.D'autre part, en dépit de I'importancedu texte en question,seuls 360 députéssur 402 sont présents lorsdu vote.

lci il importede soulignerque mêmesi la ratificationest difficilement obtenue,elle est finalementacquise. La sanctiondu Bundestagmarque la fin d'une longuepériode de réflexionet I'aboutissementd'un processusqui obligeI'Allemagne fédérale à assumerses responsabilitésface au passé. Maisla ratificationdu traitégermano-israélien n'est pas qu'unefin : bienau contraire,elle représenteaussi le débutdu rapprochementconcret entre la R.F.A. et lsraë|, avec pour couronnementprévisible, mais lointain, l'établissementde relationsdiplomatiques. Cette tendance au rapprochement existe effectivementdéjà à cette époque,et ce développementpeut même paraîtrenaturel, malgré les difficultésque la ratificationa rencontrées.Le traitéde Luxembourg,qui peutalors entrer en vigueur,pose les fondements d'un mouvementconvergent et d'un dialogue,comme le reconnaissentles

295 g ratificationa lieu le dernierjour de la sessiondu Bundestag: si elle n'avaitpu se fairealors, I'ensembledes paiementsaurait drl être reportéd'un an en raisonOu OOOut de I'annéebudgétaire fixé au 1eravril. 296ç6ffi1s approximatif,le nombretotal des députesau Bundestagest alorsde 4o2. 297ggp NATAN,op. ct., p. 28. 298ç5ffi1s5 in BRACHER,K.D. (Hg.), Geschichte der Bundesreoublik,Stuttgart, Wiesbaden, 1981, Bd 2, SCHWARZ,H.P.,DieÂraAdenauer-1949-195z,stuttgart,wresuaoen,1981,540pages. 267 différentsacteurs de l'époqus.zseÇs texteconstitue aussi pour la R.F.A.la possibilitéd'avancer un peu plus dans la voie de la souverainetéet d'améliorerson imagedans le monde.300 ' Mais,comme cela est apparuau fil de I'analyse,il faut égarement insistersur le fait que la périodequi séparela signaturede I'accordde sa ratificationpermet la mise en place d'un certainnombre d'éléments qui doiventultérieurement remettre en causela logiqueengagée le 10 septembre 1952et confirméele 18 mars1953.

299 gns semaineaprès la ratificationdu traité,le jour de l'échangedes documentsde ratificationaux Nations-Unies,Adenauer adresse ses remerciementsà N. Goldmannet écrit (MENSING,H.P. (Hg), Adenauer- Briefe 1951-1953, op. cit.,Nr 359,p. 353): "MeinDank (...) verbindet sich mit der Bitte,daB Sieweiterhin mit mirim Sinneeiner Wiedergutnnchung des Geschehenen und einer guten Entwicklung der Beziehungenzusammenarbeiten wollen." 3001s5 déclarationssur le sujet,effectuéæ soit immédiaternentaprès la sanctionparlementaire, soit ultérieurement,témoignent de ces possibilités.Adenauer déclare le 20 lll 1953devant des journalistes que "Diegute AuBenpolitiksetzt die innerlichanerkannte moralische Gleichberechtigung voraus und geradedeswegen ist der lsrael-Vertragso bedeutungsvollfûr uns." (KÙSTERS,H.J. (Bearbeiter), AdenauerTeeoesprâche1950-1954, op. cit.,p. 434). lldéclareégalement lors d'une séance de cabinet le mêmejour "... daBdie Ereignisseder beiden letzten Tage fûr dasdeutsche Ansehen in der Weltvon besondererWichtigkeit gewesen seien. Dem lsrael-Vertrag komme eine auBenpolitische uberragende Bedeutungzu." (in DieKabinettsprotokolle derBundesreoierunq, op. cit., p. ZZ9). 268 B. Évolurtoru DE L'ATTtruDEALLEMANDE apnÈs LA RAT|FlcATloN: vERS DEs RELATIONSDtPLoMATteUES AvEc ISRA ËL?

Après la sanctionparlementaire de I'accordde réparationspar le Bundestag,le 18 mars1953, et l'échangedes documentsde ratificationau secrétariatdes Nations-Uniesle 27 mars, le traité entre officiellementen vigueur.Une nouvelle étape commence alors dans le long processusqui doit amenerà un rapprochemententre la Républiquefédérale et lsraë|. ll existe désormaisen R.F.A.,même si elle n'est à cette date qu'embryonnaire,une représentationpermanente d'lsraël qui symbolisele nouveaulien et la possibilitéde progresserdans les nouvellesrelations. Cette représentationincarne I'esprit qui a permisla signaturedu traitéet sa ratificationcontre vents et marées.Par ailleurs,la présencede la mission commercialed'lsraël sur le sol allemandreprésente pour les autoritésde Bonn une preuve supplémentairede leurs efforts visant à implanter durablementla démocratieen Allemagne;car cette représentationest une cautionvalable pour les douze annéespendant lesquelles la R.F.A.va délivrerà lsraëldes marchandisesdans le cadrede l'accordde Luxembourg.

L'espritqui a permisle rétablissementdu dialogueet I'instaurationde relationsde factoentre la R.F.A.et lsraëlest présenten Allemagnefédérale tout au longde la périodequi suit la ratification.Comment se manifeste-t-ilà diversniveaux?

269 l. L'Auswàrtiges Amt favorable à un rapprochemententre la R.F.A.et lsraël

1. Les problèmes dus à I'absence d'une représentation ouest-allemandeen lsraël

En I'absencede relationsofficiel/es entre la R.F.A. et lsraë1,en particulierpar manqued'une représentationouest-allemande dans l'État hébreu,la R.F.A.est confrontée,tout au longde la périodeà une sériede problèmes.Ceux-ci entraînent la nécessitéde trouver,pour un tempslimité, des solutionsde remplacement.

1.1. Le problèmede I'informationsur lsraël au sein de I'4.4.

Par la signaturede I'accordde Luxembourg,la R.F.A.s'engage à verserà l'État hébreuune forte sommesous la forme de livraisonsde marchandises.lsraël devientainsi un partenairecommercial particulier : parcequ'au départ le commercene se faitque dans un seulsens, de la R.F.A. vers l'Étatjuif, et parceque les relationscommerciales ne s'accompagnent pas,comme c'est le cas généralement,de relationspolitiques. La R.F.A.livre des marchandiseset fournitdes usinescomplètes à un paysdont elle ne sait pas grand-chose,et cette situationpeut se prolongeren l'absenced'une représentationouest-allemande sur le territoireisraélien.

Pour remédierau problème,I'A.A. agit de plusieursmanières et, en apparence,il peutbénéficier de nombreusessources de renseignements.

En premierlieu, le ministèredes Affairesétrangères de Bonntient à se maintenirau fait de I'évolutionintérieure d'lsraël et du sort des marchandises quela R.F.A.vient de s'engagerà livrer.A cettefin, I'A.A. reçoit, au départ,un journalisraélien de langueanglaise, le "JerusalemPost", et des périodiques juifs anglais.llmmédiatement après la conclusionde I'accord,A. Frowein exprimele désir de prolongerI'abonnement aux périodiques"Jewish

1 PA/AA,Abt lll, 210.01/35,Note écrite (210.01/35 lll 11 225152)à Frowein,8 Vlll 1952,Melchers. Et à I'occasiond'un entretienavec MarcCohen (v. supra),Melchers indique que I'A.A.n'a pas les moyens d'ajouterà sa listede périodiquessur lsraëldesquotidiens en hébreu. 270 Observerand Middle-EastReview" et "JewishChronicle" obtenus par I'intermédiairede la représentationallemande de Londresau momentdes négociationsde Wassenaar.2 Par ailleurs,les informationssur l'Étathébreu proviennent aussi des représentationsisraéliennes à traversle monde;qu'il s'agissedu bulletinde la missionde Colognedéjà évoqué ou de fasciculesdiffusés par les ambassadesisraéliennes.3 Ces sourcesrestent toutefois difficilement exploitablesde façon objectivepuisqu'elles émanent directement du gouvernementisraélien.4 L'4.4. disposeen outredes servicesde I'Otficefédéral de pressequi lui fournitrégulièrement des traductionsd'articles de journauxisraéliens sur diversaspects des contactsentre les deuxpays.s De plus,I'agence de presse dpa dispose,dès 1953,d'un correspondantpermanent en lsraë|,Rudolf Kûstermeier,qui devient, à bien des égards, la source principale d'informationsde I'A.A.sur l'Étathébreu.6 L'4.4. profite encore occasionnellementdes comptesrendus de personnalitésqui ont pu fairele voyaged'lsraë|. C'est le cas,entre autres, du député,président de la commissiondes réparationsau Bundestaget ancien responsablede la délégationallemande à Wassenaar,F. Bôhm,en '195+;t des députésO.-H. Greve (S.P.O.1a et K. von Spreti(C.D.U.)g en 1955;du journalisteet responsabledu servicede pressede la villede Hambourg,

2 pana, Abtll, Bd 1513,London-Abkommen, Note écrite (249.18 E| 12715t521,29 tX 1952.L',intérêt de I'4.A.pour ces périodiquesdemeure sur I'ensemblede la période.Frowein lait preuvede la même insistanceaumoisd'août1954(ibid.,Bd1670,Note(206.244.10113O7154)auRef 116,20V111 1954, Frowein)lorsqu'il écrit : "Fûr Referat206 stelltder "JewishObserver and MiddleEast Review"eine unentbehrlicheInformationsquelle - besonders ûber politische Vorgânge in lsrael- dar. Referat308 (VordererOrient) benôtigt den "JewishObserver and MiddleEast Review"ebenfalls, weil er eine ausgezeichneteInformationsquelle ûber lsrael und die an lsraelangrenzenden Staaten des Vorderen Orientsdarstellt. Solche Informationsquellen sind umso notwendiger, als wir in lsraelbekanntlich noch keineVertretung haben." 3 obtenusparfois à grandpeine en I'absencede contactsofficiels et réguliersentre les représentations israélienneset ouest-allemandesà l'étranger (v. ibid., Abt Vll, Bd 1018,Presse u. Informationsamt(243 | lll 20 æ2152),27X 1952,Kayser). 4 L'ambassadeouest-allemande à Bagdad condamne ainsi vivement la propagandeofficielle répandue par le gouvernementisraélien (ibid., Abt lll, Bd 172,Lettre Bagdad (211 lsr 1370/55),30lV 1955, "Confidentiel"). 5 et s'estimesuffisamment pourvu en informationspour refuser un abonnementau magazine"Nouvelles juivesmondiales" (ibid., Abt Vll, Bd 1018,Presse u. Informationsamt(243 1 lll 1 806/53),14 lV 1953, Seydel)proposé par I'ambassadede R.F.A.à Paris(ibid., Lettre Paris (600.00 1221153),11 lll 1953, Hausenstein). 6 ainsique de I'Officefédéral de pressequi profite de cette"gut funktionierende dpa-Vertretung..." (ibid., Presseu. Informationsamt(243 1 lll 1 806/53),14 lV 1953,Seydel). 7 "DieNeue Zeitung", 14 V 1954,"Eindrûcke aus lsrael". S "Atlgemeine",20 V 1955,entretien avec O.H. Greve. 9 pnnl, ABTvll, Bd 1025,Lettre à Hailstein,29 il 1956,v. Spreti+ rapport. 271 cofondateurde I'action"Paix avec lsraë|" ("Frieden mit lsrael"),E. Luth.l0Mais les informationsfournies par ces personnalitésrestent difficiles à utilisertelles quelles.tt L'A.A.peut en outre bénéficierdes informationsfournies par des personnesqui s'adressentspontanément à lui. Ainsi,dès que des contacts sont établisentre la Républiquefédérale et lsraë|,des lsraéliensd'origine allemande,ou desjuifs demeurés en R.F.A.,se manifestentpour renseigner le ministèreouest-allemand des Affairesétrangères. Certains songent à mettreen place un réseauprivé d'informations,l2d'autres n'agissent qu'occasionnellement;et les motivationsde ces interventionsvont d'une certainephilanthropie à I'intérêtpersonnel, en particulierlorsque la perspectivede meilleuresrelations entre les deux pays se précise.te Soucieusesde procurerune informationdétaillée, ces personnesfournissent des extraitsde presseisraéliens ainsi que des comptesrendus sur différents problèmesde l'État hébreu.t+Avec le temps, ces exposésdeviennent indispensablesà l'Office fédéral de presseet à I'A.A.qui souhaitentmaintenir le contact.ls Enfin,dans le but de mieuxpouvoir travailler sur lsraël,en particulier au momentoù il se révèlepossible d'approfondir les relationsentre les deux pays,I'A.A. tient à êtreprésent sur place,au moinspour un temps.C'est ainsi que Froweinlance, dès mars1954, I'idée d'un voyaged'études en lsraëI.16 Car selon lui un séjourde ce type est le seul moyende mettrefin aux

10v. parexemple Reise ins GelobteLand, Hambourg, 1953, 70 pages. 11L'ambassade ouest-allemande de Bagdadécrit (ibid., Abt lll, Bd 172,Lettre Bagdad (211 lsr 1370/55), 30 lV 1955,"Confidentiel") à propos de l'article"Que vat-il advenird'lsraèl?" ("Was wird aus lsrael?")de Lûthdans la "DeutscheRundschau" de novembre1954 . "Esergibt sich heraus, daR es auBerordentlich schwierigist, ein zuverlâssigesBild zu gewinnen,weil die in lsraelreisenden Landsfremden nur das zu sehenbekomlTen. was sie sehenwollen und dÛrfen." 12pRlRR, Abt lt, Bd252, Lettre de MarcA. Cohen(Cologne) à Dr tvlettchers(sic), 5 Vlll 1952,quipropose la miseen placed"'... ein'Zentral.Bùro fûr Deutscheund lsraelischeAngelegenheiten'(AuskÛnfte, Nachrichten,Bezugsquellen, Nachweis, Beratungen), mit Sitz in Bonnund Jerusalem.-." 13 Donnésen généraldans le but de participerau rapprochemententre les deux pays, ces renseignementssont également le moyenpour les différentes personnes qui les fournissentde se laire connaîtreatin d'êtrecontactées dans l'éventualité d'une représentation allemande en lsraëI.Ainsi M. Cohenintervient à nouveauau moisde juillet1954 (ibid., Abt ll, Bd252, Lettrede M.Cohen à Frowein,2 Vll 1954)pour proposer ses services.L'offre de Cohenest rejetéepar I'A.A.(ibid., Lettre de Froweinà Cohen,29 Vll 1954). 14v. parexemple, Correspondance W. Hirsch,ll 1956,"Erdôl in lsrael"(ibid., Abt lV, Ref412, Bd 136). 15 ll en va ainsides comptes rendus de W. Hirschdont H. Voigtreconnaît la valeur(PA/AA, Abt Vll, Bd 1021,Note (30S.205.00 92.19 430/56), 23 ll 1956,Voigt, "Confidentiel") : "Die (...) Berichte Ûber lsrael zeichnensich durch eine ûbersichtlicheZusammensteltung und recht sorglàltigeAuswertung des Berichtsmaterialsaus. Auf Grund des bisherigenErfahrungen ist eine Fortsetzungder Berichtserstattung,die eine gute Ergânzungder hier vorhandenenArbeitsunterlagen darstellt, wûnschenswert." 16pRlRR, Abt u, Bd 252,Note (206.210,01/35 7Æ5154),12 lll 1954,Frowein. Le séjoura lieuà la fin du mo6d'octobre 1955 (ibid., Abt lll, Bd 172,Note ecrite (206.2ut4.13 12 813/55), I Xl 1955,Frowein. 272 problèmesengendrés par le systèmemême dont dépend I'A.A. : difficultéde vérifierla véracitéd'informations aux multiplesprovenanceslT et impossibilité de tirerdes conclusionsclaires de renseignementssubjectifs.re Ces difficultéssont encoreplus réelleslorsque I'on sait que les informationsdu ministèreouest-allemand des Affairesétrangères sur lsraël proviennentsouvent de ses représentationsdans les pays arabes. Les nouvellesfournies par celles-cipermettent certes à I'A.A.de se renseignersur des points précis;mais elles dépendenten grandepartie de la presse israélienneet n'apportentdonc pas beaucoupplus que les détailsreçus par d'autrescanaux.1e Par ailleurs,de mêmeque les informationspuisées à des sourcesprivées sont influencées par le conte)Ceisraélien, les jugements des diplomatesen postedans les paysarabes sont marqués par I'atmosphèrede ces États : souventfondées sur des rumeurs,les prisesde positiondes représentantsouest-allemands dépendent de renseignementsfiltrés par la censurearabe ou ne leur parvenantque de manièreoccasionnelle et incomplète.20 Les autresreprésentations ouest-allemandes sont égalementmises à contributionpour renseigner I'A.A. sur le développementde l'Étathébreu; et dansce cas également,les informationsfournies dépendent du contextedu paysde résidence.2t

Si I'A.A.ne paraîtpas toujoursse rendrecompte du déséquilibredû à la situationqui vient d'être décrite,celui-ci apparaît nettement lorsque les

17 L'ambassadede R.F.A.à Bagdadecrit (ibid., Abt lll, Bd 172,Leftre Bagdad (21't lsr 85S/S5),21 ill 1955,"Confidentiel") que'Es ist auRerordentlichschwierig, zuverlâssige Informationen ûber lsrael zu bekommen." 18La représentation à Bagdad (ibicl.) analyse avec justesse la difficulté: "Ein Urteil ûber die Lage in lsrael undÛber die von der lsraelRegierung verfolgte Politik muB sich von vornherein von allen pro-arabischen oderpro-jÛdischen Empfindungen freihalten. Die Tatsache,daB das deutscheVolk dem jùdischen gegeniibereine schwereSchuld auf sich geladenhat, die auch durchpeinlichste Durchftihrung der Wiedergutmachungsgesetzeund-abkommen nicht abgegolten werden kann, dad nichtdazu verleiten, die Verhâltnissein lsraeleiner befangenen Kritik zu unterziehenund im arabisch-jtldischenKonflikt eine durchSentiments beeinf luBte Stellung einzunehrnen. " 19La représentationd'Amman adresse à l'A.A.,par exemple, des renseignementssur un empruntd'État israélien(ibid., Abt lV, Ref 412, Bd 136,Lettre Amman (205.35 652/55), 30 lV 1955,Munzet, Lettre Amman(205.35 1038/55), 15 Vl 1955,Munzel, et LettreAmman (3O01215/55), 6 Vlt 1955,Munzet) ou sur des accordsentre lsraêlet d'autresÉtats 1ioio., Bd24g,lsrael Handelsvertrâgemit drittenstaaten - 1955-1957,Lettre Amman (304 769155),14 V 1955,Munzel, sur un accordpétrolier entre lsraèl et I'U.R.S.S.,ibid., Abt V, 512.03/35,Bd 107,Lettre Caire (2786t53),2 lX 1953,Pawelke, sur un accord frontalierentre lsraël et la Jordanie). 20 C'est le cas des informationssur les incidentsde frontièreentre I'Egypteet lsraëlfournies par I'ambassadede R.F.A.au Caire(ibid., Abt lll, Bd 3.198,Leftre Caire (2100/55), 16 Vt 1955,Becker, et LettreCaire (2261155),1er lX 1955,Becker). 21 iOiO.,Abt lV, Bd24g,Lettre Madrid (304.11 lsr 1955),27Vul1955, Preger, surunaccordbancaire entrelsraèl et I'Espagne. 273 relationsentre la R.F.A.et lsraëltardent à êtreofficialisées. C'est pourquoi, à la fin du moisde janvier1956,22 le servicede pressede I'A.A.manifeste de I'intérêtpour une propositiondu journalisteR. Vogelvisant à établir"une correspondanceen lsraë|".23On considèrealors que cette idée a "une significationactuelle supplémentaire"24 du fait que la perspectivede relations normaliséess'est éloignée.Et I'A.A.demande à I'Officefédéral de presse d'envisagerle financementde ce bureaud'information ouest-allemand qui paraît "soustous ses aspects digne d'être encouragé."2s

Le problèmede I'informationsur lsraëlconcerne également la ditfusion de renseignementsen directionde la populationouest-allemande. Remplie principalementpar la missionisraélienne de Cologne,cette tâche revient aussià I'administrationallemande.26 Ce soucide mieuxfaire connaître l'État hébreuen Allemagnede I'Ouestest partagépar le Chancelierfédéral. Ainsi, fors d'un entretienpublié par le journal"Die Welt"en septembre1954,27 Adenauerrevient sur la ditficultédu problème,sur les effortsdéjà réalisés et sur les perspectivesexistantes. Pour lui, "La 'Bundeszentralefûr Heimatdienst'a fourniici un travailde valeur. Pour la 'Bundeszentrale'il est importantd'approfondir la connaissancedes réalisationsdu peuplejuif et d'lsraêlet d'encouragerla bonneentente. De même,des comptesrendus de visiteursallemands en lsraëlsont parus plusieursfois dans la presseet ont rencontré(...) chez les lecteursun fort intérêt."28

22 tia., BùroSts, Presseref., Bd 258,Lettre Diehl (attaché de pressedu secrétairegénéral) (Presseref 168/56)à Dvorak,Bundespresseamt,3l I 1956. 23 "Enichtungeiner Korrespondenz fûr lsrael",proposé au rncisde novembre1955 (ibid., Minister Bûro, Bd 130,Beziehungen der BundesrepublikDeutschland zu den Lândernim NahenOsten, Lettre de Roff Vogelà v. Brentano,16 Xl 1955),après une suggestion de Brentano. 24"... eine zusâtzliche aktuelle Bedeutung..." 25 "... in jederWeise fôrderungswert..." Le problèmedu déséquilibredû à l'absenced'une information objectivesur lsraëlest, à I'inverse,parfaitement perçu par les autoritésisraéliennes, comme le remarque Spretilors de son séjouren lsraël(ibid., Abt Vll, Bd 1025,Lettre à Hallstein,29 ll 1956,v. Spreti+ rapport). 26Abraham Frowein tient par exemple à diffuseren R.F.A.le filmisraélien "Eine Zeltenstadt' afin de faire connaîtreau peupleouest-allemand les difficultésde I'immigration(PA/AA, Abt Vll, Bd 1687,Note écrite (zu 244.13ll 3799/56),14 lll 1953, Frowein.L'affaire est transmiseà la "Bundeszentralefûr Heimatdienst"(ancêtre de la "Bundeszentralefûr politischeBildung", équivalent de la "Docurnentation française")(ibid.,Lettre A.A. (244.13ll 3799/53 Ang l) à la "Bundeszentralefùr Heimatdienst",Frowein). 27 "DieWelt", 14 lX 1954, "Politik der Versôhnung - Der Bundeskanzler ûber das Verhâltnis zum jûdischen Volk". 28 "OieBundeszentrale fûr Heimatdiensthat hierwertvolle Arbeit geleistet. Fùr die Bundeszentraleist es ein wichtigesAnliegen, die Kenntnisvon den Leistungendes judischen Volkes und lsraelszu vertiefen unddas Verstândniszu fôrdern.Auch Berichte deutscher Besucher in lsraelsind wiederholt in der Presse erschienenund haben (...) bei den Lesern starkes Interesse gefunden." 274 1.2. L'absence de relations diplomatiquescomme obstacle pour le bon déroulementdes contacts juridiques et sociaux entre les deux pays \

Dansle cas des relationsentre la R.F.A.et l'Étathébreu, si I'accordde réparationsmet en placedes aménagements permettant de réglernombre de litiges,il restedes problèmesà analyserau cas par cas.

Les difficultésexistent par exemplepour la collaborationjuridique entre les deux paysou les opérationsconsulaires. Après la fermeturedu consulat israéliende Munich,la Grande-Bretagneprend en chargela représentation desintérêts ouest-allemands pour les formalités étrangères au traité: la R.F.A. passealors par I'intermédiairedu consulatbritannique de Haifapour effectuer lesopérations en directiond'lsraë|. Dans le sensinverse, c'est ce consulatqui joue le rôle d'intermédiaireentre le gouvernementisraélien et le consulatde R.F.A.à Nicosie.Si cettesolution permet de pallierprovisoirement I'absence d'une représentationouest-allemande en lsraê|,la situationcumule les désavantages;car les autoritésisraéliennes émettent régulièrement des objectionszeet n'acceptentpas torcémentles autorisationsémises par le consulatbritannique.30 Par ailleurs, la procédurechoisie se caractérisepar sa longueur;31sans compterque les autoritésbritanniques manifestent régulièrementleur désir de voir trouvéun autre arrangement,notamment à partirdu momentoù la R.F.A.bénéficie d'une complète souveraineté et de la

29 pRlRR,Abt il, Bd 1690,Lettre de FranzKloohs à Schâffer(B.M.F), 7 Vl 1952,transmise à I'4.4.le 19 vl 1952. 30ioio.,Bd 19218,Note (zu 514.01.35112347152\,11 ll 1952. 31elle est décritedans un document de I'Abtll de mai1954 (ibid., Bd 1684,Lettre (203.2214.13 589d9) à I'AbtV, 1er V 1954,Frowein) : les ressortissantsisraéliens s'adressent à la missionisraélienne, la missions'adresse à l'A.4. (Abt ll), I'Abtll s'adresseà I'AbtV (Directiondes Affairesiuridiques) pour accord,I'Abt V notifieson accordau consulatbritannique de Haifaqui délivreles visas (v. cas d'un représentantd'une société rnaritirne israélienne in ibid.,Abt ll, Bd 1692,Note Abt ll (206.244.157357154) à AbtV, 2 Vl 1954,Frowein). 275 possibilitéde développerses représentationsdiplomatiques.32 De leurcôté, les Allemands,s'ils ne considèrentpas nonplus la solutioncomme idéale,se sont malgrétout obligésde prolongertemporairement ce système34ou de trouverun nouveauPalliatif 3s

Lesdifficultés mentionnées ci-dessus sont également présentes quand il s'agitd'envisager la questiondes dédommagementsindividuels. Car tout recoursdéposé par un ressortissantisraélien auprès de la justice ouest- allemandedoit faireI'objet, outre I'examen médical en lsraë|,d'une contre- expertisevalidée par un tribunalde R.F.A.L'absence, sur te territoirede l'État hébreu,d'une représentationouest-allemande empêche de certifier directementles résultats;et le règlementde ce problèmefait l'objetde longueset difficilestractations qui voientintervenir le Ministèrefédéral de la Justice,des Finances,I'A.A. et, pour représenterl'État d'lsraë|, la mission

32 Lesautorités britanniques se manifestenttrès tôt à ce propos(ibid., Abt V, 500.512.03/35,Bd 107, LettreHaut Commissariat britannique (82/6/61/53)à I'A.A., 28 lX 1953,Gilligan et Noteécrite Abt V Ref2, sansdate (X 1953)à Blankenhornet Hallstein,Grewe). L'entrée en vigueurdes accordsde Pariset la cessationdes activitésde la H.C.A.,le 5 V 1955,entraînent un videjuridique. Dès le 3 mai,la H-C.A. adresseà l'A.A.un aide-nÉmoire(ibid., L1, Bd 178,Aide-mémoire H.C.A., 3 V 1955)qui décrit la situation : "Augerdemwird die Gûltigkeitder Abmachungen,denen zufolge gewisse Dienstgeschàfte auf dem Gebieteder Reise-Ausweispapiereim Namen der A.H.K. (Alliierte Hohe Kommission) in Moskau,Taipeh, Peking,Bukarest, Sofia und Haifa erledigtt vuerden, mit der Aufhebung der A.H.K. enden." La H.C.A.refuse parailleurs une proposition de Bonnvisant à nommerdes fonctionnaires allemands chargés d'effectuer les opérationscitées dans les différentsendroits mentionnés. La fermeturede la sectionallemande du consulatbritannique de Haifaest prévuepour le 1er | 1956("Sûddeutsche Zeitung", 19 X 1955,"Das Verhâltniszwischen lsrael und Deutschland"). 33 iOiO.,Abt Vil, Bd 1025,Note écrite (206.244.1313 929/55), 2 Xll 1955,Grewe. De plus,cette procâ1ureapparaît comme un reliquatdu statutd'occupation (ibid., Lettreà Hallstein,29 ll 1956,v. Spreti+ rapport). 34 iUiO.,L1, Bd 178,Document (502.524.00 21 588/55),24 V 1955,Hallstein. Ce documentcomprend le projetd'une note verbale adressée au gouvernementbritannique à proposdu consulatde Haifa: Bonnse déclareprêt à prendreen chargeles frais de fonctionnementde la sectionallemande de ce consulatet s'explique: "DieBundesregierung setzt das Einverstândnisder Regierungdes VereinigtenKÔnigreichs damitvoraus, daB die Auslandsvertretungendes VereinigûenKônigreichs die deutschenInteressen, insbesondereauf dem Gebietedes Reiseverkehrs,nur solangewahrnehmen werden, als es det BundesrepublikDeutschland nicht môglichist, mit den betreffendenLândern diplomatische oder konsularischeBeziehungen herzustellen.' 35 Lorsd'une réunion sur le problèrnedes relationsforrnelles avec lsraë|,à l'A.A.,Hallstein reprend I'idée de déléguerun fonctionnaire allemand dans un consulat d'une puissance amie (ibid.,Abt lV, Bd 137,note (206.700.01/35151/56) à Grewe,5 I 1956,Frowein, "Confidentiel"). 276 commercialede Cologne.36Ces discussionsne permettentcependant pas de mettreun termeau problème.

36 Le problèmese posetrès tôt, avant la ratificationde I'accordgermano-israélien : le Ministèrefédéral des Finances(ibid., Abt ll, Bd 1667,Lettre du BMF(Vl O 1472.214152)au Ministèrelédéral de la Justice (plusloin = B.M.J.),5 ll 1953,Schàffer) réagit à uneprise de positiondu B.M.J.(ibid., Lettre du B.M.J. (1100/1b43 815/52),13 X 1952,Dehler transmise à l'A.A.in Lettredu B.M.J.(1100/1b 40 539/53),I lll 1953,Roemer) et refused'accorder une dérogation à lsraëlen matièrede contre-expertise: "Wûrde hier eine Ausnahmezugelassen und somit dem Staate lsrael eine Sonderstellungin der Frage der Beweisfûhrungeingerâumt, so kônntedas Gleicheden Antragsstellernaus anderenLândern, z. B. jenseitsdes eisernenVorhanges, oder den Staaten,mit denen wir keine diplomatischeoder konsularischeBeziehungen unterhalten, nicht versagt werden, ohne daB der Bundesregierungder Vorwurfder Diskriminierunggemacht wilrde." L'A.A. et son Abteilungll (ibid.,Note Abt ll (244.10ll 3331/53)à Abt V,9lll 1953,Trûtzschler) excluent d'écarter les ressortissantsisraéliens et proposent qu'unetierce puissancedélègue des médecinsassernentés. L'affaire est discutéeavec la missionde Cologneet aboutità un accordde celle-cisur une listede nÉdecinsouest-allemands pouvant se rendre en lsraêlpour y menerles contre-expertisesnécessaires (ibid., Bd 1669,Note écrite (244.10ll 14 700/53),5 Xl 1953,Frowein). 277 2. L'A.A. favorable à un rapprochementéconomique

Parallèlementà la miseen placede relationsde factoentre la R.F.A.et l'État d'lsraëlgrâce à I'accorddu 10 septembre1952,37 se manifestent,au sein du ministèreouest-allemand des Affairesétrangères, des opinions favorablesau renforcementdes contactsentre les deux pays.Ces prisesde positionprennent divers aspects.

On trouveainsi des déclarationsfavorables au développementde véritablesrelations économiques entre la R.F.A.et l'Étathébreu qui iraientau delàdu cadredéfini par le traité.Pour certains fonctionnaires de I'4.4.,il s'agit en fait de respecterla logiquedu traitéde réparationset de mettreen place des contactsdont le prolongementpeut être politique.Ce souci est principalementprésent chez les membresde la Directiondes Affaires politiques3set partagépar Hallsteinlui-même.3e Le pointde vue de I'Abteilungll se retrouvedans I'interview,déjà signalée,accordée par Heinrichvon Brentanoau journaljuif américain d'expressionallemande "Aufbau-Reconstruction". La série de réponsesque la Directiondes Affairespolitiques propose au printemps1954 est ainsi émailléede remarquesfavorables à de meilleuresrelations :40 ici Frowein insisteen effet sur I'améliorationqui résultede la collaborationquotidienne des membresde la missionisraélienne et de fonctionnairesdes ministères allemands.De même, il exprimela convictionque la mise en place de relationscommerciales normales, en plusde cellesqui résultentdu tourisme, est la premièreétape possible d'un programmevisant à atténuerla tension qui existeencore entre les deuxpays. La Directiondes Affairespolitiques s'exprime également en faveurde facilitéséconomiques à accorderà lsraêlsi celles-cidemeurent dans le cadre du traitéde réparations.Ainsi, lorsqu'en1954 l'État hébreudemande des

37 Avec I'installationde la Commissionmixte et de la missioncommerciale braélienne de Cologne. 38 C'estfe cas de Frorlrein(PA/AA, Abt ll, Bd 1665,Note écrite (244.10 X 2262152)à Hallstein, 16 ll 1952, et Notice(244.10 U 2266152),sans date). 39 Au rnomentde I'aflairedu pavillonallemand, Hallstein exprime sa confianceen l'évolutionfavorable des contactséconomiques entre les deuxpays (ibid., Bd 1679,Lettre au VerbandDeutscher Reeder (2M.13ll 16607/52), 19 Xll 1952,Hallstein) : "Nur vorlâufio soll mit Rticksichtauf die ôffentliche Meinung lsraelsdas Einlaufendeutscher Schiffe in israelischenHâfen noch vermiedenwerden (...) lch bin vielmehrûbezeugt, daB die deutscheSeeschiffahrt in absehbarerZeit den ihr zukommendenAnteilan denTransporten nach lsrael ûbernehmen kann." 40 pRlRR,Abt il, Bd 252,Note écrite (206.210.01/35 3964/54), Frowein. 278 versementsen espèces,+tI'Abteilung ll défendce pointde vue face aux autresservices de I'A.A.qui sontplus réticents. Pour elle, il doitêtre possible de répondrefavorablement à la demandeisraélienne puisque celle-ci respecteles clausesdu traité;de plusil seraitvain de prétexterune pénurie de liquiditéspour refuserune telleopération car les lsraéliensattribueraient en fait un refusallemand à des motivationspolitiques et nontechniques.+z

La normalisationdes relationscommerciales germano-israéliennes passeen outrepar un règlementdéfinitif de I'affairedu pavillonallemand. Ce problèmeavait occupé les espritsau momentdes discussionssur la ratificationde I'accordgermano-israélien, et les pressionsdes armateurs allemandsavaient entraîné une modificationde I'unede ses clauses.Or, si, au coursde l'été 1953,il apparaîtque le règlementdéfinitif du problème pourraitadvenir dès le début de 1954,+3la base de cette réflexionest purementéconomique : car le souciouest-allemand d'un rapprochement entre les deux pays paraît surtoutguidé par la volonté de faire jouer à nouveaules règles normalesde la concurrence.44Mais les difficultés politiquesprovoquent un retarddans I'arrivéedes premiersnavires ouest- allemandsdans les ports israéliens.A I'automne1954, cette affaireest à nouveaudiscutée entre les administrationsconcernées, à la demande expressedes armateursouest-allemands.+5 Elle fait cette fois I'objetd'une discussionentre l'A.A. et la missionisraélienne de Cologneet, un peu plus tard,d'un discret arrangement.46

41v. supra. 42eetel- Abtil, Noteécrite (2o6.244.16117 152154),9 Xll 1954,Frowein, "Confidentiel". 43 gR, fédéraldel'économie (B 102),8d7017.H2, Lettre du Ministèrefédéraldes Archivesdu ministère 'Das Transports(See 6/506 57/53) à la missionisraélienne de Cologne,30Vll 1953,Neupert : erste Anlaufenvon Schiffen unter deutscher Flagge in lsrael-Hàfenerfolgt nach vorherigem Einvernehmen mit der lsrael-Mission.Als spâtesterZeitpunkt fûr das Anlaufenvon Schiffendeutscher Flagge wird der Beginndes Kalenderjahres 1954 in Aussichtgenommen." 44 iOiO.,Lettre du Ministèrefédéral des transports (See 6/506 57/53) au Ministèrefédéral de l'économie, 30 Vl 1953,Neupert : "lm Hinblickauf die beachtlicheAktivitât des Zim Cargo Linie (lsrael) im Vorderen Orientsowie in Griechenlandund der Tûrkeiund unter Wûrdigung der bekanntgewordenen Plâne der lsrael-Mission,eine grôllere Anzahlvon Frachtschiffenauf deutschenWerften im Rahmendes Abkommensvom 10. September 1952 bauen zu lassen,wird die Regelungder deutschenBeteiligung an den Verschiffungender Abkomnrensgtiterbesonders vordringlich.(...) Die Verwendung der fÛrdas lsrael- Abkomrnenvorgesehenen Mittel zur Entwicklungeiner israelischen Konkurrenz gegenÛber der deutschen Levanteschifffahrtdûrfte kaum im Sinne des Gesetzgebersgelegen haben." ll est intéressantde comparerle ton de cette lettreà celuides articles,émus du rapprochemententre les deux pays,qui paraissentà I'occasionde I'arrivéedu premiernavire ouest-allemand en lsraêl. 45 pelRe, Abt il, Bd 1684,Note écrite (206.244.13 13 705154),20lX 1954,v. Trutzschleret note (2o6.244i3'l 4 064.154'1,I X 1954, Frowein. 46 iOiO.,note (206.244.1914 0æ154l), 16 Xl 1954,v. Trûtzschler: "Es sei damit zu rechnen,daB Ende Dezember1954/Anlang Januar 1955 das erstedeutsche Schiff in lsraeleintreffen werde." 279 Le rapprochementéconomique entre Bonn et Jérusalemsignifie égalementla perspectivepour la R.F.A.de prendreune placeimportante dans la constructionde I'économieisraélienne. Car les livraisonseffectuées dans le cadredu traitévont créer,en lsraë1,des habitudesde contacts commerciauxet une dépendanceà l'égarddes produitsallemands.4T De plus,il faut rappelerque la R.F.A.dispose d'atouts dès le départ: la présence dans l'Étathébreu de nombreusespersonnes d'origine allemande habituées à I'estampille"Made in "constitue en effet un fonds relativement facileà exploiter.

Au fil du temps,I'appui que certainsfonctionnaires de l'A.A.accordent à I'idéed'un rapprochemententre Bonn et Jérusalemsuit de plusen plus la logiquecommerciale. La choseest par exempleévidente lorsqu'en août 1955,au coursd'une consultation sur un échangede marchandisesentre la R.F.A.et lsraë|,I'Abteilung lV, par ailleurssoucieuse de préserverde bonnes relationsavec les Étatsarabes, se prononceen faveurde lienséconomiques étroitsentre la Républiquefédérale et l'Étathébreu.+a Et le commerceentre fes deux pays, dans le cadredu traitéou en dehorsde celui-ci,suit une progressionqui lui permeteffectivement de rester,dans certainscas, indépendantdes aléaspolitiques.+s

47 Cettedépendance est en quelquesorte programmée dès le momentdes négociations entre les deux pays: dansune lettre à F. Bôhmdu représentantdu MinistèreÎâjéralde l'économieà Wassenaar,Wolff , datéedu 4 juillet1952 BA, B 102,Bd 7019.H2),celui-ci écrit:Les apportsallemands à l'économie israélienne"... wùrdenfernereinen normalen Handelsverkehr mit lsraelauch dadurch anbahnen, daB spâterbenôtigte Ersatzteile 1ûr solche Anlagen aus Deutschlandbezogen werden mûBten. Blieben dagegenLieferungen auf Warenbeschrânkt, die zum alsbaldigenVerbrauch bestimmt sind, so wÛrde schon nach kurzerZeit in der Bevôlkerungdes Staateslsrael jede Erinnerungan die groBzÛgige Versôhnungder Bundesrepublik geschwunden sein." 48 pelRR,Abt tV, Ref 412,Bd 136,Note écrite (412.244.001352479155),20 Vlll 1955,Sautter, "Das Geschàftfôrdert im ûbrigenden Handelsverkehrzwischen der Bundesrepublikund lsraelÛber den Rahmendes lsrael-Abkomrnensvom 10. September1952 hinaus." Même chose in ibid.,Lettre B.W.M. (VC4 65 447155),5Vtl 1955,Mahs et LettreA.A. (412.311.07/35 2191/55) au B.W.M.,19 Vll 1955, Seeliger. 49 En parallèleaux réflexionsde I'A.A.sur la réponseà donnerà la propositionisraélienne d'établir une représentationouest-allemande en R.F.A.(v. infra),le Ministèrede I'Economieadresse à I'A.A.(ibid., LettreB.W.M. (VC 4 51 833/56),6 lll 1956,lrlahs) des demandesde garantiesà longterme énnnant d'entreprisesallemandes pour des atfaireseffectuées dans le cadredu traité, demandesrésultant des risquesde changementspolitiques au ùbyen-Orient.Dans sa réponse(ibid., Lettre A.A. (412.304.06/35 7291561auB.W.M., 14 lll 1956,Junker), I'A.A. ne fait aucuneobjection à I'accordde tellesgaranties. Rienne permettoutefois de généralisercette attitude : au mêmemcrnent, à I'occasiondu séiourprochain à Jérusalemdu hautfonctionnaire à la ChancellerieF. Janz, H. Voigtprévient I'ambassadeur ouest- allemandau Caire(ibid., Abt Vll, Bd 1028,Lettre Voigrt à Becker,22lll 1956)que ce voyagen'est qu'un voyagedestiné à npntrer la bonnevolonté allemande ("Goodwill-Reise'). 280 3. L'A.A. f avorable à un rapprochement culturel et scientifique

Parallèlementà son souci d'un rapprochementéconomique, I'A.A. répondaux demandesisraéliennes visant à un approfondissementdes liens culturelsentre les deuxpays. L'aspect culturel paraît à cet égardsymbolique d'unlien qui existedéjà et peutencore se renforcerdu fait de la présence,sur le territoireisraélien, de nombreuxjuifs d'origine allemande. ll s'agitaussi du problèmele plusfacile à aborderdans la mesureoù il ne nécessitepas, de la part de la R.F.A.,un engagementtrop importantque les Étatsarabes ne manqueraientpas de taxerde prisede positionpro-israélienne.

Les contactsculturels germano-israéliens demeurent à cette époque encorelimités, si I'on en juge par les documentsconsultés; mais ils existent déjà. Les autoritésde Bonnsongent d'une part à conserveren lsraëlune présencequi puissecorrespondre à I'engagementimportant de I'Allemagne en Palestineavant la Deuxièmeguerre mondiale;d'autre part, elles s'efforcentde surmonterles réticencesisraéliennes qui font encoreobstacle à toutce qui pourraitcréer un lien,de quelquenature que ce soit,entre les deux pays.soC'est ce qui expliquepar exempleque I'A.A.accueille favorablement I'idéed'un don de livresdestiné à enrichirIes collectionsdu Spinazâumdu MontCarmel.sl

Les premierséchanges de jeunesentre lsraël et la R.F.A.,étudiés dès cette époque,entrent également dans le cadre du développementdes relationsculturelles. Proposés par la partieisraélienne,S2 ils sont envisagés favorablementpar les servicescompétents de I'A.A.qui les estimentpropres à

50 c'estainsi que le prixGoethe remis en 1951par l'universitéde Hambourgau théologienjuif Martin Buber,qui l'accepte,provoque une grande émotion en lsraèlnÉne si Buberrenonce à alleren Allemagne pourle recevoiret n'acceptepas I'argentqui y est joint("Der Tagesspiegel", I X 1952,"lsrael will nicht vergessen'). 51 pRnR, Abt il, Bd 252, LettreA.A. (206.210.011355447154)au ministère de l'lntérieur,11 V 1954, demandetransmise par HugoHertz de Hambourg(ibid., Lettre d'Hugo Hertz, Hambourg,lT lll 1954)et soutenuepar le ministèrefédéral de I'lntérieur(ibict., Lettre du ministèrede I'lntérieur(3327-17.3 Hertz), 15 lV 1954).De nÉme,I'A.A. analyse avec bienveillance la possibilitéd'utiliser des fonds compris dans I'accordgermano-israélien pour financer I'expâlition de livresallemiands en lsraêl( ibid.,Abt lV, Bd 138, note(206. 2u14 .15 82221Ur,1 I Vl 1954, Frowein). 52ioio., Bd 41, LettreBerlin (209.311 965/54), 4 Vl 1954,tVlessmann. 281 contribuerau maintiend'une présence intellectuelle allemande en lsraë1.53 Le rapprochementculturel germano-israélien emprunte encore d'autresvoies : I'A.A.est par exempletrès sollicitépar l'État hébreuen matièr,ede collaborationarchéologiques+ et lsraël s'ouvre de plusen plusaux produitsculturels allemands.Ss Par ailleurs, lorsque la missionde Cologneest chargéed'effectuer un sondageauprès de I'A.A.en vue d'une participation d'lsraëlà I'accordeuropéen sur la recherchenucléaire, I'Abteilung ll encouragevivement une telle initiative du faitde son importancepour la suite du rapprochementgermano-israélien.s6 Au total, le rapprochementculturel se révèlealors comme I'unedes principalespossibilités d'entente entre les deuxpays.

53 iuio.,Abt vll, Bd 1028,Document (206.244.1312534155),21 Xl 1955, Frowein. 54iOio., Bd 1025,Lettre à Hallstein,29 ll 1956,v. Spreti+ rapport. 55 W. Hirsch,S I l956, "Ostdeutschlandund lsraelin der hebrâischen iniO.,Bd 1021,Correspondance 'Die Presseund der ôffenttichenMeinung", et CorrespondanceW. Hirsch,1er ll 1956, Beziehungen zwischenDeutschtand und lsraelhaben im letztenMonat Fortschritte genncht'. 56iOiO.,Abt il, Bd 89, Documenl(2t20020.249549/54)à I'Abt V, 14 Vll 1954,v. TrÛtzschler.A cette occasionla Directiondes Affairespolltiques fait preuved'un empressement qui n'est pas partagépar les adres départementsdu ministère: I'AbteilungVl (Directiondes Affairesculturelles) précise dans sa réponse(ibid., DocumenT. (û414O7 21 c 23 428lill à I'Abtll, 7 Vlll 1954,v. Graevenitz)que l'accorden questionn'est pour le momentqu'europrlen, et quece n'estque dansle cas d'un élargissementque la R.F.A.pourra apporter son soutien à l'Etatjuif . 282 4. L'A.A. favorable à un rapprochement politique : vers l'établissementde relations diplomatiques?

4.1. Des mesures de bonne volonté à l'égard d'lsraël

Au sein de I'A.A.se manifestentégalement des voixfavorables à une améliorationdes relationspolitiques entre la R.F.A.et lsraë1.Cette volonté est une conséquencesupplémentaire de la logiqueinstituée par I'accordde réparations;car I'installationd'une représentationisraélienne en R.F.A. incarneun contactpermanent et durable,et le dialoguequi s'est engagé entre Bonnet Jérusalempeut prendredes aspectsplus politiquespour aller dans le sensd'une normalisation.

Maispour qu'ilpuisse y avoirnormalisafion des relations,il s'agitavant tout de passer par leur formalisation.Plusieurs moyens sont alors à la dispositionde I'4.4. Le ministèreouest-allemand des Atfairesétrangères paraît soucieux de formaliserles relationsentre les deuxpays en facilitanttout d'abordle travail de la missionisraélienne de Cologne.Deux éléments,déjà signaléspar ailleurs,illustrent ce souhait: d'unepart la missionest autoriséeà débuterses activitésavant même la ratificationdu traitéde réparations;d'autre part, elle disposerapidement de prérogativesplus étenduesque cellesfixées par I'accordde Luxembourg,en particuliergrâce aux compétencesconsulaires négociéeset accordéesaprès la fermeturedu consulatisraélien de Munich. A I'occasionde la discussionsur les prérogativesconsulaires, certains fonctionnairesappuient I'idée qu'elles soient attribuées à la missionde Colognesans autrecondition.ST D'autres désirent aller plus loin et franchir rapidementle cap d'unepremière formalisation des relationsentre les deux pays;mais leur souci essentiel est d'écartertout risque de déséquilibre.C'est ainsi que, tout en émettantdes objectionsà I'attributionde compétences consulairesunilatérales aux servicesde Shinnar,5sla Directiondes Affaires juridiquesde I'A.A.propose l'établissement immédiat de relationsconsulaires bitatérales;car agir de la sorte permettraitde respecterle principede la réciprocité.La Directiondes Atfairesjuridiques pense également à mettreen

57 C'estle casde Frovræin(ibid., Bd 168i!,Note écrite (244.13 ll 13781/53), 14 X 1953,Frowein). 58 ibio.,Bd 1680,Texte Abt V, s. réf.,20 X 1953. 283 placedès cetteépoque les basesd'une prochaine négociation portant sur la formalisationeffective des relations

La perspectivede relationsdiplomatiques est égalementdéjà évoqriss en 1953 dans le cadre des pourparlersrelatifs aux biens immobiliers possédéspar chacundes deux Étatssur le territoirede I'autre.La question des biensallemands en lsraëlconduit ainsi à un rapprochemententre les deuxpays du fait de négociationsprévues dès septembre 1952.5e

Par ailleurs,les diversproblèmes qui demeurenten suspenssont égalementgénérateurs d'un rapprochementindispensable à leur solution. ll en va ainsipour la questionde I'entretiendes cimetièresjuifs situéssur le territoireouest-allemand.60 Dans ce cas, Ie sujet est soumis,à la fin de I'année1953, à la réflexiondes servicesde I'A.A.,plus précisémentde sa Directiondes Affairesjuridiques :61 celle-ci propose que, dans un premier temps, I'entretiendes sépulturesrevienne au Conseilcentral des juifs en Allemagne,une éventuellenégociation sur le problèmedevant écarter d'une part la "Conference",qui n'a rienà vOiraveC le Sujet,et d'autrepart I'4.4.62 Celui-cipeut, par contre,intervenir ultérieurement, lorsqu'il faudra mettre au point une solutiondéfinitive. Et il est surtoutintéressant de remarquerque l'échéanceprévue par la Directiondes Affairesjuridiques pour cette interventiondu ministèredépend en fait de l'établissementdes relations diplomatiquesentre Bonn et Jérusalem;car ellesseules permettront des négociationset un traitéportant sur les sépulturesqui existentdans les deux PaYs.63

Dansson soucide formaliserles relationsentre Bonn et Jérusalem, I'A.A. essaie en outre de surmonterles obstaclesqui empêchenttoute

59v. supra. 60 auparavantassuré par les communautésjuives locales, celui+i n'estplus effectué dans biendes cas en raisonde la disparitionpartielle ou totalede ces communautés. 61 pRlRn,Abt V, 500.512.o235a,Bd 81, note(518.04/35 a V 8633/53),30 Xl 1953,Bûnger et Note écrite,s. ref.,3 Xll 1953,Grolmann. 62 note(518.04Æ5 a V 8633/53),30 Xl 1953,Bûnger. 63 UiO.,'M. E. (Bûnger)wûrde sich die Frageder Unterhaltungder Friedhôfefûr ein kûnftigesGesprâch zwischenden Vertreternder beidenRegierungen eignen, eventuell erst, wenn normale diplomatische Beziehungenzwischen der Bundesrepublikund lsraelhergestellt sind. Dennwir habenein gleiches Anliegengegen lsrael, nâmlich die Unterhaltungder Frialhôfeder frûherengroBen deutschen Gemeinden in lsrael.Diese Frage dûrfte voraussichtlich eines Tages auf unszukommen. Alsdann kônnte eine beiden Seitenzufriedenstellende Regelung vereinbart werden, etwa nach Grundsâtzen, wie sie in vielenFàllen ûberdie Grâberder Kriegstotengetroffen worden sind." 284 communicationentre ses agentset leurshomologues israéliens. Le cas de la missionisraélienne de Cologne,en contactquotidien avec le ministèreouest- allemanddes Affairesétrangères et dontles membrescherchent à améliorer les relationsavec leur environnement, n'est pas représentatifde I'atmosphère générale;trcar au départ, au moins, comme cela a été signalé, les représentantsisraéliens sont dans I'ensemble hostiles à des contactsdirects avec les diplomatesouest-allemands. Le premiergeste des représentantsde Bonn est alors de chercherà créer des relationspersonnelles qui pourraient servir de base à des contactsprofessionnels ultérieurs.65 Les diplomates ouest-allemandssont néanmoinsconscients de la difficultéde ce processus et des hypothèquesqui pèsentsur les relationsgermano-israéliennes;66 c'est pourquoi,lorsqu'ils s'adressent à leurshomologues israéliens, ils soulignent le caractèreprivé des contactsétablis ou souhaités.67Dans I'ensemble toutefois,les relationsqui se mettenten placeentre les diplomatesdes deux États prennentrapidement un tour favorableet répondentaux attentesde Bonn.68 Par ailleurs,certains représentants ouest-allemands désirent multiplier les gestesde bonnevolonté dans le but d'instaurerune meilleureatmosphère dans les relationsde facto entre leur pays et lsraë|,ainsi qu'entreleur ambassadeet cellede l'Étathébreu dans les capitalesoù ils se trouvent.lls songenten généralà des actionsprotocolaires simples mais efficacesqui permettraientd'instaurer des habitudesde bonneentente. Toutefois, du fait du contextespécifique des relationsgermano-israéliennes, les actions proposéesont une portéequi échappeà Ia routinediplomatique. C'estpar exemplele cas lorsqu'auprintemps 1955, I'ambassadeur de il pnlRR,Abr ilt, 210.01/95E, Bd 2, Noteécrite (244jt3ll17'175152),17 Xll 1952,et Abtll, Bd 1684, Lettre(206.244.1311 5O7154) à la mission,20 Vlll 1954,Frowein, sur le développementdes contacts personnelsentre les membres de la missionet l'4.4. 65 La correspondanceentre les diplomatesisraéliens et le ministèredes Affairesétrangères à Jérusalem témoignedes avancéesdes représentantsde Bonn (v. supra I'analysedes contactsentre les représentantsdes deux payspour I'action des représentantsouest-allemands). 66 tSR, 24oot1', Lettre d'Ottawa(21721123144) à Eytan, 3 | 1955,Comay. Dans cette lettre, le représentantisraélien au Canadaévoque les problèrnesde consciencede son homclogueallemand qui prévoitde faireune croisière en Méditerranéreau coursde laquelleune excursion doit avoirlieu à partirde Haifaà laquelleil prévoitde ne pasde participer.De mênrele consulouest-allennndà Montréal s'interroge sur Ia possibilitéde participer,en I'absencede relationsdiplomatiques, à un déieunerorganisé par la femrnedu consulisraélien(PA/AA, Abt Vll, M 1044,Lettre Montréal(210.02 37/56), 23 | 1956,Krauss). 67tSR,2539 a ll, Lettrede Londres,I Vll 1952,Elath, "Secret". 68 Au coursde l'été 1955,dans les réponsesà uneconsultation qui porte,entre autres, sur les relations entre les représentantsdes deux pays (v. infra),la grandemajorité des diplomatesallemands peuvent qualilierles contactsde très bons,voire d'excellents (v. par exemplePA/AA, Abt Vll, Bd 1025,Lettre Berne(1189.210.01 2306/55), 16 Vll 1955,Holzapfel, Lettre Copenhague (730.01 709/55), 14 Vll 1955, Duckwitz,Lettre Paris (210.01 | 3261/55),19 Vll 1955,Maltzan). 285 R.F.A.au Brésil,Oellers, évoque la possibilitéde pavoiserà I'occasionde la prochainefête nationaled'lsraë|.6e Cette proposition, qui reprendune idée avancéeen novembre1954, permettrait à la R.F.A.de montrerà peude frais ses bonnesdispositions à l'égardde l'Étathébreu. Car, selonOellers, un pavoisementest rendu plus simple par le fait que "le problèmede la réciprociténe peut pas être objectéen I'absenced'une fête nationale allemande."70Un pavoisementde la partd'lsraë1, difficilement imaginable en raisonde l'étatd'esprit de I'opinionpublique de l'Étathébreu, n'est donc pas obligatoire. La propositiond'Oellers provoque une longueréflexion dans les servicesdes Affairesétrangères de Bonn;mais cetteconsultation provoque à son tour Ie reportd'une décision.La Directiondu protocole,interrogée par I'Abteilunglll,71 s'exprime certes rapidement mais préfère s'abstenir de tout jugementsur l'initiativeelle-même du fait de la situationparticulière des refationsgermano-israéliennes.72 L'Abteilung lll intervientquant à elle plus tardivement,s'adresse directement à I'ambassadede Rio de Janeiroet semble plus disposéeà discuterune propositiondont elle mesure I'importanceexacte.73 En situantI'idée d'Oellers dans le cadreplus général d'une instructionqui permettraitde pavoiseren I'honneurd'un pays avec lequella R.F.A.n'entretient pas de relationsdiplomatiques, l'Abteilung lll s'interroge: selon elle, si le problèmene tenaitqu'aux relations avec lsraë|, la propositionde I'ambassadeurde R.F.A.au Brésilserait la bienvenue.Mais f'Abteilung lll estimequ'il n'est pas possibleque toutesles représentations ouest-allemandesse conformentà une propositionjustifiée par le contexte particulierdes paysd'Amérique latine.74 En outre, d'après I'Abteilung lll, il faut

69 pRlnR,Abt Vil, Bd 1018,Lettre Rio de Janeiro(700.00 1164/55),25 lV 1955,Oellers. Cette mesure iraitdans la logiquedes chosespuisque les autoritésouest-allemandes ont, par ailleurs,pris I'habitude d'envoyerchaque année un télégramme au gouvernement israélien à I'occasiondu jourde I'indépendance (v. par exemplele télégrammedu présidentTheodor Heuss à son homologueisraélien ltzhak Ben Zvi le 6 V 1954,BA, Archives de la Presidence(B 122),Bd 506). 70 "... nachdemdas Problemder Gegenseitigkeitmangels eines deutschen Nationalfeiertags nicht gegenstândigist." La date du 17juin, choisie en R.F.A.dès aoÛt 1953, n'est pas à proprementparler une fête nationalemais sert à comnémorerl'écrasement de l'insurrectionde Berlin-Est.On connaÎtle poids du principede la réciprocité,v. supra. 71 Document(308.205 02192.19 Zi4155),5 V 1955,Voigt, évoqué dans une note du Protocole(PA/AA, AbtVll, Bd 1018,Note Abt l, Ref110 (organisation) (110.81.12), 10 V 1955). 72 "... vermag110 sich nichtzu âuBern,da es sich um eine Fragehandelt, die unterrein politischen Gesichtspunktenzu entscheidensind." 73 iOiO.,Document Abt lll (205.0292.19 774155) à Rio de Janeiro,19 Vll 1955, Marchtaler,"Très confidentiel". 74 "Sicherliegen in Rio und wohl auch in anderensùdamerikanischen Stâdten wegen der starken jûdischenEmigrantengruppen besondere Verhâltnisse vor, die den Antragrechtfertigen. Die Anordnung kônnteaber natûrlich nur fûr alleMissionen einheitlich erfolgen." 286 - se garder de créer un précédentaux conséquencesdifficilement prévisibles;7set elle éludeen définitiveune réponseprécise à la proposition d'Oellersen déclarantqu' "on peut supposerque d'ici au prochainjour de la fête nationale israélienneles relationsdiplomatiques avec lsraëlauront été établieset que la questiondu pavoisementse seraainsi réglée d'elle-même."76

4.2. L'idée d'une représentationouest-allemande en lsraël

Un deuxièmeaspect de la recherched'une formalisation des relations germano-israéliennesconcerne la miseen placed'une représentation de la R.F.A.sur le territoirede l'Étathébreu. En etfet,au momentdes négociations de Wassenaar,puis après la signaturede I'accordgermano-israélien, nombreusesont été les critiquessuscitées par I'absencede réciprocité.Les discussionsqui ont lieu à partirde 1953concernent à nouveauce problème et sont une conséquencede l'exécutiondu traité : la nécessitéde créer un pendanten lsraëlà la missionde Colognes'impose alors, que ce soit pour mettrefin au déséquilibreou pour formaliserprogressivement les relations entreles deux pays. L'idéed'une représentationouest-allemande en lsraëlfait peu à peu son chemindès que I'améliorationdes relationsde factoest visibleet qu'il paraîtpossible de dépasserla situationde blocage.Cette idée entre dans le cadremême de I'exécutiondu traitéet devraitpermettre d'améliorer encore les conditionsd'accomplissement'de cet accord.77Elle fait I'objet de réflexionsde la partde I'A.A.et provoquesurtout de nombreusesrumeurs qui exacerbentles tensionsdéià réelles.

Au coursde I'année1954, I'idée de relationsdiplomatiques entre la R.F.A.et lsraëlest déjàdans I'air. Même si elleest encoredu domainede

75 "lndeswûrden wir dochwohl einen in seinenFolgen schwer ûbersehbaren Pràzedenzfall schatfen, wennwir am Nationalfeiertageines Landes flaggten, zu demwir nochkeine normalen vÔlkerrechtlichen Beziehungenunterhalten." 76 "lm ûbrigenkann angenommen werden, daB bis zumnâchstjâhrigen israelischen Nationalfeiertag die amtlichenBeziehungen zu lsrael hergestelttsein werden,womit die Beflaggungsfragevon selbstgeregelt wird."La lettrede I'Abteilungllt à Rioprecède d'une semaine l'échéance électorale israélienne quidoit amenerune proposition concràe de relationsdiplomatiques de la partdu gouvernementisraélien. 77 Dansune lettre sur I'affairedu pavillonallemand, un correspondantallemand de I'A.A.(ibid., Abt ll, Bd 281,Lettre de F. Neukamp,Bielefeld, transmise in Lettredu B.M.J.(1101/15.4.40.700/53) à I'A.A., 24 lll 1953)demande à ce qu'unereprésentation ouest-allennnde soit miseen placeen lsraëlafin d'assurerla protectiondes équipagesdes naviresallemands autorisés à transporterdans un futur procheles marchandisesà destination de l'Étathébreu. 287 I'improbable,il est de bon ton toutefoisde s'exprimeren faveurd'une telle opération.Et il paraîtainsi relativement facile aux fonctionnairesde I'4.4. de s'exprimersur ce sujet,même s'il s'agitpar ailleursde tenir comptede la sensibilitédes Étatsarabes en la matière.Et finalementpour les Allemandsil est d'autantplus simple d'aborder la questionqu'il savent alors que I'initiative proprementdite n'estpas de leurressort.Ts L'opiniondes fonctionnairesde I'A.A.se retrouvedans une sériede prisesde positionqui paraissentau coursdu deuxièmesemestre 1954. Les plus hauts responsablespolitiques du ministères'expriment en effet à I'occasionde déclarationsqui saluentl'évolution des relationsde factoentre les deuxpays. Walter Hallsteinintervient par exempleau mois d'août 1954 et I'interviewqu'il accordeau journal du Bundestag"DaS Parlament"est destinéeà recevoirun largeécho.7e Dans les réponsesqu'il apporteaux questionsdu journalisteR. Vogel,Hallstein établit tout d'abordle bilandes relationsentre les deux paysdeux ans après la conclusionde l'accordde Luxembourg.Après avoir constaté I'amélioration sensible de I'atmosphèreet déploréla persistanced'un certainantisémitisme en R.F.A.,le secrétaire généralde I'A.A.évoque les perspectivesqui s'offrentsur le plan bilatéral. Ainsi, à la questlonde savoirsi des relationsdiplomatiques germano- israéliennessont possiblesdans un délai prévisible,Hallstein répond en utilisantdes termesproches de ceux utiliséspar Adenauerdans son discours du 4 mars1953 devant le Bundestag.soll déclare en effetqu' "On doit laisserles chosesmûrir. ll nousrevient de créerune relation de confianceclaire. Cela passeavant tout par I'exécutionprécise de notre traitéavec lsraël.Mais nouscomprenons aussi que le temps doit faire son etfet."81 L'interventionde Hallsteinest d'unton mesuréet prudent,mais surtout

78 Ainsi,lorsque le ministèredes Affairesétrangères de Bonn produitune série de réponsesaux questionsdu journal"Aufbau-Reconstruction", il lui est possibled'écrire (ibid., Bd 252,Propl de réponse à "Aufbau"(206.210.01/35 3964/54), Frowein, sans date) : "lch glaube,daB die Bundesregierungzur Aufnahmediplomatischer Beziehungen zwischen der Bundesrepublikund lsraeldurchaus bereit ist. In dieserBeziehung ûberlâBt die Bundesregierungaber aus verstândlichenGrÛnden die Initiativeder Regierunglsraels." 79 reprisepar le "Bulletin',Nr 148,11 Vlll 1954,p. 1325,"Fûr ein klaresVerhâltnis des Vertrauens- Die Beziehungenzwischen der BundesrepublikDeutschland und lsrael- Sinnund Bedeutungdes lsrael- Vertrages". 8OLes réporsæ de Hallsteinsont en fait issuesd'une consultation entre le secrétairegénéral de I'A.4.et fe ministredes Affairesétrangères ouest-allenrand (PA/AA, Bûro Sts, Pressereferat,Bd 254,Note à Adenauer,27 Vll 1954,Hallstein). 81 "Man muB die Dinge reifen lassen.Es liegt uns daran,ein klaresVerhâltnis des Vertrauens herzustellen.Das wird nicht zuletzt durch die genaueErfûllung unseres Vertrages mit lsraelgeschehen. Wirvestehen aber, daR auch die Zeitihre Wirkung tun muB." 288 plutôtvague et n'avanceaucun élément qui permettede jaugervéritablement la volontéouest-allemande. Selon les proposdu Secrétairegénéral de I'A.A., le temps doit favoriserI'amélioration des relationsentre les deux pays et Hallsteinsait bienqu'il n'est pas possiblede précipiterles événements.Dans ces propos,on remarqueque la R.F.A.tient certes à créerle meilleurclimat possible.Mais en définitiveil sembleque cela soit la seulechose qu'elle puissefaire pourle moment;car I'initiativene lui revienttoujours pas, elle ne peut qu'adresserdes signauxà l'Étathébreu et lui indiquerpar là qu'elle entendaller plus loin. Au total,I'interview de Hallsteinmontre que I'Allemagne fédéraleest en situationd'attente.

C'est le même attentismequi caractériseun entretienavec le Chancelierparu un moisplus tard dans "Die Welt'.82 Dans cette interview, qui correspondà I'anniversairede I'accordde réparations,Adenauer tient en premierlieu à soulignerI'attachement de la R.F.A.à la poursuitedes efforts qui visentà réparerles horreurscommises sous le TroisièmeReich.83 ll s'exprimeensuite sur l'évolutioneffective de la questiondes réparationset sur les relationsentre le peupleallemand et le peuplejuif en général.Et cela I'amèneà insistersur les possibilitésde normaliserles relationsgermano- israéliennesgrâce à I'impactpositif des dédommagementsaccordés à lsraël et auxjuifs. Par ailleurs, Adenauer salue et encouragele travaild'information destinéà développeren Allemagnede I'Ouestla connaissancede l'Étatjuif. Enfin,après ces observations générales, vient la partiela plusintéressante de I'interview,celle qui concerned'éventuelles relations diplomatiques. A une questionsur ce sujet,Adenauer répond en soulignanttout d'abordque l'État d'lsraëln'est pas mal intentionnéà l'égardde la R.F.A.84puis en déclarant qu'il salueraittout ce qui pourraitcontribuer à la normalisationdes relations germano-israéliennes.Mais le Chancelierne va pas ici plus loin, ce qui attestetoute la prudencequi est la sienneà ce moment.

Les interventionsde Hallsteinet Adenauerillustrent plusieurs 82 'DieWelt', 14 lX 1954,"Politik der Versôhnung - Der Bundeskanzler ûber das Verhâttnis zum jûdischen Volk". 83 Uneintervention d'Adenauer est alorsd'autant plus nécessaire qu'au printemps 1954 certains articles de la presseallemande ont remisen causela bonnevolonté du gouvernenentde Bonnen nntière de 'Verschleppung dédommagement("Frankfurter Allgeneine Zeitung", 19 lll 1954,"Jûdische Proteste - der Entschâdigung'",et "Frankturter Rundschau", 13 V 1954,"Schwindender Wille zur Wiedergutmachung?"). Les articlessont dusen grandepartie au rabaissement,prévu dans le traité,de I'annuitéde 310 à 250 millionsde DM. 84 "OieWelt", 14 lX 1954: "Dieisraelische Regierung hat niemals erklârt, daR sie sichim Kriegszustand mitder Bundesrepublik befindet." 289 éléments.Elles indiquent tout d'abord que la R.F.A.est disposéeà allerplus avantsur la voie de relationsnormales avec lsraël. Elles prouvent ainsi que les prospectionsisraéliennes de l'époquerencontrent un certainécho en Allemagneet qu'ilest possibled'aborder officiellement le problème.Mais ces deux interviewstémoignent également d'une certaine retenue, car la R.F.A. n'est pas en mesured'offrir quoi que ce soit à lsraëlpuisqu'elle n'a pas I'initiative.Par ailleurs,on noteraque ces interventionsne dépassentpas un plantrès généralet qu'à aucunmoment elles n'abordent de front I'idéed'une concrétisationdes relations.s5

En 1954,I'A.A. considère également pour sa partque les chosesn'ont pas encoresuffisamment évolué et que I'installationd'une représentation ouest-allemandeen lsraëln'est pas encoreun problèmed'actualité.86 ll faut dire que les réflexionsde I'A.A.sur la questiontrouvent leur origine principalementdans des sollicitationsisraéliennes. Les fonctionnairesdu ministèreouest-allemand des Affairesétrangères sont ainsi régulièrement soumisaux interrogationsdes membresde la missionisraélienne de Cologne.De Ieur propre initiativepour les premierssondages, puis conformémentà la politiquede Sharett,ceux-ci évoquent en etfet à intervalle régulierla nécessitéde I'ouvertured'un bureaucommercial ouest-allemand en lsraê1.Mais lorsque Shinnar exprime clairementI'idée d'une représentationcommerciale ouest-allemande à la fin de 1954,il rencontrele scepticismedes fonctionnairesde I'A.A.87Si au ministèredes Affaires étrangèresde Bonnon juge I'offredigne d'intérêt, on considèretoutefois qu'il est trop tôt poursonger à accomplirun tel pas. En revancheles représentants de la "KoblenzerstraBe"estiment qu'au cours de l'été 1955le momentsera devenuplus opportun.

Quelquesmois plus tard, à I'approchedes électionsgénérales israéliennesde juillet1955, et conformémentaux prévisionsde la fin 1954, I'A.A.semble en effet prendretrès au sérieuxle projetd'installation d'une représentationen lsraë|.Car le ministèresait alors que les autoritésde l'État

85 Dansles deux cas, en effet, les journalistesutilisent, dans les questionsposées, le terme de "relationsdiplonratiques". Et dansles deuxcas I'expressionn'est reprise ni par Halbteinni par Adenauer. 86 LorsqueMarc Cohen revient, au moisde juiltet1954, avec I'idéed'otfrir ses servicespour un bureau ouest-allemanden lsraêl(ibid., Lettre de M. Cohenà Frowein,2 Vll 1954),I'A.A. lui réponden effetque rienn'a changédans les relationset qu'iln'est pas possibled'utiliser ses compétences(ibid., Lettre de Froweinà Cohen,29 Vll 1954). 87 pRlRR,Abt lll, Bd 172,note (30 652154\à Frowein, 16 Xl 1954,v. TrÛtzschler. 290 hébreu songent à accélérerle processusde rapprochementaprès le renouvellementde la Knesset.C'est ce qui le poussealors à lancerune consultationde grandeampleur. Placédésormais sous la conduitede Heinrichvon Brentano,ssI'4.4. se doit en outre de respecterune promessedu nouveauministre visant à prendreI'initiative sur le problème.8eC'est pourquoi, le 2 juillet1955, I'A.4. adresseà toutes les représentationsouest-allemandes une lettrecirculaire.eo Danscelle-ci il prie ses agentsde lui apporterles précisionsnécessaires à l'adoptiond'une ligne de conduiteclaire en prévisiond'une probable invitationisraélienne. Si les termesde ce courrierdemeurent plutôt vagues,el I'intentiondu ministreest au contrairetrès préciseet deux problèmesle préoccupent: savoir quellesrelations existent entre les agents ouest- allemandset leurs homologuesisraéliens, et prévoirles réactionsque susciteraitune formalisationdes relationsentre la R.F.A.et lsraëldans les paystiers.

Le sondageauquel I'A.A. procède auprès de ses représentantsà l'étrangersuscite, dans les semainesqui suiventI'envoi de la lettre,des réponsestrès intéressantespour Bonn. La majoritéd'entre elles insisteen effetsur le fait que les relationsentre diplomates allemands et israélienssont bonnes,voire excellentes;e2 et dansla maieurepartie des cas ellesrévèlent que les pays de résidencesalueraient la normalisationdes relationsentre la Républiquefédérale et l'Étathébreu.s3

La situationd'ensemble permet donc, à ce moment,d'imaginer concrètementI'ouverture d'une représentation de R.F.A.en lsraël.Et dèsle 19

88 ministredes Affaires étrangères depuis début juin 1955. 89 engagementdatant du moisde maiprécédent, alors que Brentanon'était encore que le présidentdu groupeC.D.U. au Bundestag,évoqué par Shinnar lors d'unentretien avec Frowein(PA/AA, Abt Vll, Bd 1025,Note écrite (206.244.13 5479155), I V 1955,Frowein). Le futurministre des Affairesétrangères s'exprimeégalernent dans ce sensdans une interview donnée à The Observer",le 15 V 1955("We shall also at oncetake the initiativeto arriveat diplomaticand -we hope-friendly relations with lsrael.'),et place les relationsdiplomatiques avec lsraêlparmi les pointsprincipaux de ta politiqueétrangère de la R.F.A.(avec la réunificationet la communautéeuropéenne). 90 pelRR,Abt ll, Bd 252, Document(308.210.0292.191149/55), 2 Vll 1955,v. Welck. 91 il n'y a pasde précbionde date ni de définitionprécise de la naturedes relationsenvisagées. 92 v. parexemple PA/AA, Abt lll, Bd 172,Lettre Rio de Janeiro(210.02 2O7Ol55l,31 Vll 1955,Leftre Chicago(210 564/55), 30 Vlll 1955,lettres qui insistenttoutes deux sur les discussionstrès poussées déjà menéesavec les homologuesisraéliens respectifs. 93 iOiO.,v. par exempteLettre Montréal (21O.O2 337/55), 5 Vlll 1955: "lch glaubedaher, daB sich die Aufnahmearntlicher Beziehungen der Bundesrepublikzu lsraelnur gûnstig auf unsereBeziehungen zur hiesigenLandesregierung auswirken dùrfte." Les seuls échos réellementnégatifs proviennent des capitalesarabes qui ne cessentde dénoncertout rapprochernententre les deuxpays (v. infra). 291 juillet,en fonctiondes premièresanalyses reçues,e4 I'A.A. peut envisager favorablementI'idée que l'Étathébreu devrait bientôt lui soumettre.II faut dire en plus qu'unereprésentation allemande en lsraëlparaît plus que jamais nécessairepour répondreaux besoinsnés du traité,et ce mêmeaux yeux des fonctionnairesde I'Abteilunglll traditionnellementplus fermes que ceux des autresservices à l'égardde l'Étathébreu.ss On noteratoutefois qu'après avoir montrésa bonnevolonté, la Directionen questionnuance son propos en soulignantque les conditionsrégnant en lsraël ne semblentpas les meilleurespour la mise en placed'une représentation.eGPar ailleurs, I'Abteilunglll tient à soulignerles précautionsà prendredans une telle éventualitéen raisondes menacesarabes. D'où la suggestionde parvenirà unesolution intermédiaire acceptable par tous : "On prendraiten comptede manièresatisfaisante les besoinsréels en établissantd'abord un bureaude passeportset de visas,et ce de préférence à Haifaoù les naviresallemands accostent presque tous."e7 La solutionproposée ici est à mi-cheminentre un simplebureau commercialet une représentationofficielle. Elle a I'avantagede répondreaux besoinsurgents en prenanten comptele développementdu commerce germano-israéliendans le cadreou en dehorsdu traité.Elle permet en outre d'éviterla situationdélicate qui devraitrésulter de la fermetureprochaine du bureaudes Affairesallemandes du consulatbritannique de Haifa. Par ailleurs,elle escamotela questionde l'établissementde relations diplomatiquesentre Bonn et Jérusalem,et évitede fairecourir à Bonn le risqued'une réactionbrutale des États arabes.Elle constitueenfin un véritablepremier pas qui doit servirà préparerle passageà un stade ultérieur.s8

Les idéesde I'A.A.au sujetd'une représentationallemande en lsraël

94 pRlnR,Abt Vll, Bd 1025,Lettre Berne (1189.210.01 2306/55), 16 Vll 1955,Holzapfel, Lettre Copenhague(730.01 709/55), 14 Vll 1955,Duckwitz. 95 iOiO.,Note écrite (308.210.02 92.19 1299/55), 19 Vll 1955,v. Welck: "Diesachliche ZweckmâBigkeit der Errichtungeiner amtlichen dedschen Vertretung in lsraeltrittdurch die deutschen Lieferungen gemâB dem lsrael-Abkommenimmer stârker hervor." Le ton modérégue cetteDirection adopte ici est à mettreen relationavec I'arrivée récente de Brentano: il s'estaffirmé en faveurd'une discussion sur le problème,il s'agitdonc de prendregarde et de parvenirà le convaincrepar unedémonstration nuancée. 96 La situationen lsraëlne paraîtpas correspondre à ce quiest considéré"als Voraussetzung fûr die Aufnahmenormaler vôlkerrechtlicher Beziehungen zwischen zwei Staaten." 97 "Dempraktischen Bediirfnis wùrde auch ausreichend durch Rechnurg getragen werden, daB zunâchst eine PaB-oder Sichtvermerksstelle eingerichtet wird, und zwar am bestenin Haifa,wo fast alle deutschen Schiffeanlaufen." 98 "Habenwir einmaleine amtliche Stelle in lsrael,so kônnenwir sie, einerlei wie ihr Namelautet, nach Bedarfausbauen und im ûbrigenden geeignetenZeitpunkt ftir ihre Umwandlungin eine normale diplomatischeMission abwarten. " 292 s'alimententégalement de nombreusesrumeurs. Celles-ci se multiplientà partirde 1954,avec la fréquencedes déclarationsportant sur la question. Dans I'ensembleI'A.A. et ses représentantss'empressent de démentirles informationsdiffusées à ce propos:ee ils sontainsi régulièrement obligés de fournirdes explicationspropres à atténuerla portéede prisesde position gênantes,tout en ne négligeantrien pour préparer le terrain.100 ll arrivepar ailleursque les rumeurssuscitent des idéesou soient I'occasionde lancerdes ballonsd'essai; et les diplomatesallemands émettentdes suggestionsqui répondraientaux attentesisraéliennes sans pour autant heurterles Arabes.C'est ainsi que I'ambassadeurouest- allemandà Beyrouthest à un momentpresque disposé à accepterI'idée d'un bureaucommercial en IsraëI,à conditionque celui-cine soit pas installéà Jérusalem.1o1ps même,dans la réponsequ'il apporte à la consultationdu 2 juillet1955, I'ambassadeur de R.F.A.au Cairerepousse I'idée de relations diplomatiques,mais acceptecelle d'une représentationcommerciale; car selonlui un tel bureaupermettrait à la fois de parvenirà un apaisementdans les relationsentre lsraël et I'Egypteet de développerles relations commerciales germano-israélignnss. 102

Une semaineavant les élections,c'est Shinnarqui reprendle thème d'une représentationouest-allemande;103 mais sa propositionn'est toutefois pas directementsuivie d'une proposition israélienne à I'adressede Bonn.En effet, malgréla victoiredu Mapai,les consultationsqui ont lieu au sein du gouvernementisraélien sur la questionnon seulementn'aboutissent pas

99 ioio.,Abt vll, Bd 1025,Télégramme Damas (21),9lv 1954,v.d. Esch,Télégramme A.A. (308.210.02/358267154) à Damas,13 lV 1954,Strohm, note (210.00 5121541à Damas, I lV 1954, Rirgelmann. 100 gqnssa réponseà unelettre inquiète du Caire(ibid., Abt lll, Bd 172,Télégramme A.A. (308.210.01 92.19275155) au Caire,7lll 1955,v. Welck),I'A.A. doit préciserla teneurd'une déclaration du responsablede I'Officefédéral de presse,Felix von Eckardt,et annoncerque "Die Errichtungeiner deutschenVertretung in lsraelwâre also nichts auBergewôhnliches. Sie wûrdeauch nicht viel mehrals eineformale Anderung des bestehenden Zustandes bedeuten." La réponsed'usage consiste à indiquer qu'unjour la R.F.A.disposera d'une représentation en lsraë|,mais que la questionn'est pas d'actualité (v. réponseà h Jordaniein ibid.,Lettre Amman (210E1914155), 19 lX 1955). 101i5;6., Abt lt, Bd 252,Lenre Beyrourh (210.02 339/54), 25 V 1954,Nôhring. 102i5;6., Abt lll, Bd 172,LellreC,aire (2538/55), 5 Vlll 1955.ll s'agitd'autre part de tenirles Égyptiensau courantd'une manoeuvre éventuelle pour ne pas les placerdevant le fait accompli.Une éventuelle représentationcommerciale devra avoir son siège à Tel Aviv.La probabilitéd'une invitationà établirune représentationen lsraë|,après les électionsà la Knesset,ainsi que la fermeturede la sectionallemande du consulatbritannique de Haifasont égalementà l'origined'articles de presse.Et ceux-ciprovoquent à leurtour des déclarationsde diplomatesfavorables à un rapprochementavec lsraël: ainsi,dans une dépêchede I'agencedpa du 29 Vlll 1955("Vermutungen um deutsches Konsulat in Haifa"),un diplomate allemandaffirme que "Bonndrângt nicht auf normalediplomatische Beziehungen, glaubt aber, daB konsularischeBeziehungen notwendig sind." 103PA/AA, Abt Vil, Bd 1025,Note écrite (206.244.13 8476/55), 20 Vll 1955,Brûckner. 293 rapidementà une solutionmais retardentau contraireI'invitation au gouvernementde Bonn.10ap2ns le mêmetemps, alors que l'A.A. commence à ne pluscroire à une initiativede Jérusalss1,105les réflexionsse poursuivent au seindu ministèreet sont nourriespar le séjourde Froweinen lsraël.106Le temps a pour résultatde permettreau doutede s'installerdans les esprits d'autantque les Directionsde I'A.A.sont loin d'êtretoutes d'accord sur la marche) suiy1s.107

Le séjourd'Abraham Frowein en lsraë|,au mois d'octobre1955, est I'occasionde développerla réflexionsur le problème.Les documents rédigés dansla perspectivede ce séjour,notamment I'un d'eux établi par Carstens,108 permettentde fairele bilande l'évolutiondes idéesau coursde cettepériode d'attente.En premierlieu, I'A.A. souligne que la R.F.A.est toujoursprête à établirdes relationsdiplomatiques, mais que I'initiativeen la matièrerevient à lsraë|, seul capable de juger du moment approprié.En outre, le gouvernementfédéral est disposéà l'établissementprogressif de relations entre Bonnet Jérusalemsur la based'une première représentation mise en placedans le cadrestrict du traité.Mais I'A.A.prend également en compte des problèmesissus de la situationdu momentdans les recommandations destinéesà Frowein: lors des discussionsqu'il sera amenéà avoiren lsraël sur le sujet,celui-ci doit en effets'abstenir d'évoquer deux éléments : le lieu d'implantationde la représen1slien1oeet le statutdes représentantsouest- allemandsau seinde ce bureaucommercisl.ll0

1M v. parailleurs pour le détaildes consultations israéliennes à I'automne 1955. 105 ibid.,Notice du Ref 708,I lX 1955,Voigt. Officiellement les lsraéliensdémentent encore toute rumeursur des relationsdiplomatiques (Dépêche dpa,26 lX 1955,"lsrael - Bundesrepublik Deutschland").Dans des entretiensavec des fonctionnairesde I'4.4., ils mentionnenttoujours une représentationallemande en lsraël(Livneh à I'adressede Froweinle 11 Xl 1955(ibid., Bd 1028,Note écrite(206.244.1313 057/55), 11 Xl 1955,Frowein), mais ne proposent rien de concret. 106;66.,Abt lll, Bd 172,Note écrite (206.244.1912 813/55), I Xl 1955,Frowein. 107 Lesdivergences entre les Directionsde I'A.A.apparaissent clairernent lors d'une réunion de leurs responsablesle 15 Xll 1955(ibid., Compte rendu discussion entre les différentessections de l'A.A.,15 Xll 1955): la Directiondes Affairespolitiques est favorableà I'attributionimm6liate d'un caractèreofficiel à la futurereprésentation allemande, tandis que l'Abteilunglll préfèrel'établissernent progressif de relationset préconisede s'abstenirtout d'abordde prérogativesconsulaires pour le bureaucommercial qu'elleappelle de ses voeux. 108p911, Abt lv, Bd 137,Docurnent (2t21.700.01t3510 905/55), 22lX 1955,Carstens. 109 sn raisondu problèmedu statutde Jérusalem(v. infra).De son côté (ibid.,note (æ6.244.1310 868/55)à Carstens,21 lX 1955,Frowein), Frowein évoque le lieud'implantation et propose'TelAvivou Haifa"et déclare: "Letzteresvielleicht vorzuziehen, wegen des immerstârker werdenden Verkehrs deutscherSchiffe." 110 6s statutdépend de ce que doit être la représentation.Dans sa notedu 21 septembre,Frowein proposeune appellation directement en rapportavec le traité. 294 Face aux nuancesd'appréciation qui s'imposentprogressivement au sein de I'A.A.,certains hauts-fonctionnaires rappellent la R.F.A.à ses obligationsvis-à-vis de l'Étathébreu. Ainsi, le responsablede la Directiondes Atfairespolitiques, Wilhelm Grewe, souligne pour sa part,dans un document datédu 2 décembre1955,111 lss risquesqui résulteraientd'une fin de non- recevoiropposée à lsraël;et pourappuyer son pointde vue,Grewe rappelle tout d'abordque I'Allemagnede I'Ouest,qui s'esttoujours targuée de rester neutredans le conflitdu Moyen-Orient,court le risquede ne pas respectercet engagement.En effet, refuserà lsraël l'établissementde relations diplomatiquesou reportercette décision, c'est clairementabandonner la politiquepratiquée jusqu'alors et établirun lienentre la politiquearabe et la politiqueisraélienne, alors que ces deuxdomaines n'ont rien en çss1s'1'lvp.112 Pourle responsablede I'Abteilungll, un tel actede la partde Bonnrisquerait en fait de rendrela situationdu Moyen-Orientencore plus difficile;sans compterqu'il faut s'attendreà ce que les lsraéliensreçoivent I'appui des U.S.A.et qu'unrefus par Bonnde relationsformalisées aurait pour résultat de détruireI'etfet moral du traitéde réparations. En fait, I'opinionde Greweest claire: I'Allemagnede I'Ouesta tout intérêtà disposerd'une représentation en lsraël;que ce soitpour assister les entreprisesallemandes travaillant dans le cadredu traitéou pour pallierles gênesdues à la médiationdu consulatbritannique de Haifa,une telle solution s'imposeselon lui.113

Dans le documentdu 2 décembre,Grewe apparaît donc résolument favorableà à ce qu'uneréponse positive soit donnée à lsraë|.11afi/lsis le te)Ge en questionest à usage interne.Et la teneurdes informationstransmises par le même Grewe une semaineplus tard au responsablede la mission israéliennede Cologneest tout à fait différenteet reflètesurtout les ditficultés du ministèreà définirune lignede conduiteunique : "En ce qui concernela (...)question (des relations diplomatiques), il y a accord(à I'A.A.)sur le fait que I'intensificationdes relationsofficielles (...) doit

111p1741, Abt Vtt, Bd 1025,Note écrire (206.2M.1313 929/55), 2 Xll 1955,Grewe. 112 "psnn an und fûr sich hat das Problemder Normalisierungder Beziehungenzwischen der Bundesrepublikund lsraelmit dem arabisch-israelischen Konflikt nichts zu tun." 1131e6 d'unentretien avec W. Grevtre,le 20 X 1994,celui-ci nous a indiquéque pour lui, à cetteépoque, I'installationd'une représentation commerciale en lsraêldevait bien être la premièreétape d'un processus menantaux relationsdiplomatiques : une telle représentation est à mettresur le mêmeplan que des délégationscommerciales à implanterdans les paysde I'Est,en particulieren Pologne. 114 61au coursd'un entretienavec Shinnar, le 7 décembre(mentionné in lSA,Foreign Office, 2516/8, Addendaà la lettrede F. Shinnarau ministrebraélien des Affairesétrangères, 29 ll 1956),Grewe exprirne encoreson enthousiasme à I'idéede I'envoid'une délégation comrnerciale ouest-allemande en lsraë|. 295 se fairepas à pas,en considérantla situationgénérale, mais aussi sur le fait qu'ilest tempsdésormais de se préparerà faireles premiers pas."115 DerrièreI'impression de consensusau sein de son ministèredont Grewe essaie de se faire l'interprètetransparaissent en fait toutes les divisionsde I'A.A.sur la question.Le caractèrevague des mesuresévoquées révèleque si, en cettefin 1955,il y a accordsur le but ultime,l'établissement de relationsentre Bonn et Jérusalem,sur les moyensà utiliserpour atteindre cet objectif,les servicesdes Affairesétrangères sont encore loin d'être parvenusà une positionnsf[s.116

Dansce contexteincertain, quelques fonctionnaires de I'4.4. restent attachésà titre personnelà de meilleuresrelations entre la R.F.A.et lsraël même s'ils sont contraintsà accepterla positionofficielle de leur administration.C'est le cas notammentde Froweinquand il opte pour un reportdes consultationssur une représentationouest-allemande en R.F.A.,à la fin de 1955.117A cetteoccasion, il nuanceses proposofficiels en se prononçantpour une attitudeclaire de la part de la Républiquefédérale; car selonlui, son pays doit à lsraëlla franchise,ce qui signifiene rien cacherà Shinnardes raisonsqui inspireraientles objectionsformulées à l'encontre d'uneoffre israélignns.1 18

AprèsI'invitation officielle d'lsraël à négocier,qui parvientfinalement à Bonn à la f in de janvier1956, l'implantation d'une représentationouest- allemandesur le territoirede l'Étathébreu est au centredes réflexionsde I'A.A.Et si désormaisla situationne paraîtplus favorable à I'installationd'un tel bureau,I'idée trouve néanmoins encore des partisansau ministèredes Affairesétrangères. Ainsi,au débutde février1956, dans la réponseà une lettrede N. Goldmann,lle$lsptano s'avoueconscient des risquespour la situation

115"|n der(...) Frage (der diplomatischen Beziehungen) bestand Ûbereinstimmung (beim A.A.) darûber, daB die Intensivierungder gegenseitigenamtlichen BeziehungenSchritt fùr Schritt unter Berûcksichtigungder allgeneinenLage erfolgen sollte, daB es aberan der Zeitsei, die erstenSchritte nunmehrin Aussichtzu nehmen." 116 p4744,Abt lll, Bd 172,note, 9 Xll 1955,Grewe. C'est ce quipoussel'Abteilung lll à réclamer,peu après,à Brentanodes mesuresprécises permettant I'unification des idées pour éviter que I'4.4. ne tienne un doublelangage (ibid., Document (308.210.O292.122532u.2533/55) à v. Brentano, 14 Xll 1955,v. Welck). 117p4141,Abt lV, Bd 137,Note écrite (206.700.01/3514 755/55),21 Xll 1955,Frowein. 118Ce pointde vue est d'autantplus remarquable qu'à la lectured'autres documents de l'époqueon peut constaterque l'État hébreuest par ailleursignoré ou rejetécomme quantité négligeable par des fonctionnairessoucieux de préserverles bonnesrelations avec les Etatsarabes (v. infra). 119PA/AA, Abt lv, Bd 137,Lettre Goldmann à Adenauer,7 ll 1956. _296 intérieured'lsraêl qui résidentdans un éventuelrefus allemand opposé à I'offrede Sharett.120Q'ss[ pour cela qu'il annonce travailler à unesolution qui permettede satisfairela partie israélienneef la partie arabe. La solution idéaleà ses yeux paraîtêtre celled'une représentationouest-allemande compétenteexclusivement pour des opérationsafférentes à I'accord germano-i51sflisn. 121

Parailleurs, dans le cadrede la réflexionengagée à I'A.A.à la suitede I'invitationisraélienne, les deux principauxresponsables du ministèredes Affairesétrangères, Brentano et Hallstein,reçoivent, au débutdu mois de mars,une lettredu représentantouest-allemand auprès de I'O.T.A.N.à Paris, HerbertBlankenhorn. Le diplomateoccupe une place spécifiqueparmi le corpsdiplomatique de R.F.A.ainsi que dans le cadreparticulier des relations avec lsraë|.Considéré dans les premièresannées de la R.F.A.comme le plus prochecollaborateur du ChancelierAdenaue(,122 Blankenhorn prend part intensémentà l'établissementdes premierscontacts entre Bonn et les responsablesjuifs puis israéliens.Après la conclusionet la ratificationde I'accordde Luxembourg,il se tient à l'écart des problèmesgermano- israéliens,mais il est conscientque l'établissementde véritablesrelations entre Bonn et Jérusalemest inéluctabls.123Sa présenceà Paris et ses contactsprivilégiés avec de nombreusespersonnes impliquées dans ces relationsen font un intermédiairetout désigné.Et il organiseaussi de fréquentesrencontres entre responsables allemands et juifstzaet s'entretient lui-mêmerégulièrement avec des personnalitésjuives ou israéliep1ss.125 Toutau longde la période,Blankenhorn reste en contactrégulier avec le Chancelispl2oet observel'évolution des relationsentre son pays et l'État hébreu.C'est pourcela que les tergiversationsaccrues de I'A.A.le poussentà

120iniO., Projet de réponseà la lettrede Goldnnnndu 7 ll 1956,v. Brentano. 121"1sfr denke hierbei an die Errichtungeiner amtlichen deutschen Stelle in lsrael,die nichtals Vorstufe fûr die Aufnahmediplomatischer Beziehungen aufgezogen ist, sondern sich auf die Durchfûhrungdes lsrael-Abkommensund die Erledigungder mitder individuellen Wedergutnnchung zusammenhângenden Aufgabenbeschrânkt." 12211 ss1 le conseillerdiplomatique d'Adenauer jusqu'à sa nominationà Paris. 123lnlsrvisrrv de R. Pauls,1er Xll 1993. 124 11elgn;se ainsiIa rencontreentre N. Goldmannet Brentanoà Parisau moisde décembre1955 (Projet@ réponseà la lettrede Goldmanndu 7 ll 1956). 125 p6n5 son journalpublié en 1980 (Verstàndnisund Verstândiqunq- Blâttereines oolitischen Taoebuchs1949 bis 1979, op. cit.),Blankenhorn évoque (p. 141)les contacts réguliers et appréciésqu'il a avecFélix Shinnar. 126 5s5 papierspersonnels, déposés aux Archivesfédérales de Coblence,attestent de très nombreux passagesà Bonn. 297 intervenirdirectemeri;12t car il s'agitpour lui de préserverles acquisdu traité, en particulierI'atmosphère de bonneentente suscitée par I'exécutionloyale par Bonndes clausesde I'accord. La lettreque Blankenhornenvoie aux responsablesde I'A.A.précède d'unjour l'entrevuequi doitavoir lieu le 6 marsentre Brentano et Shinnarafin de permettreau ministrede communiquerà son interlocuteurla réponse allemandeà la propositionisraélienne du 27 janvier.128Dans cette lettre, le diplomatesuggère brièvement une ligne de conduitequi permettede satisfairel'État hébreutout en respectantles desiderataallemands. En apparence,Blankenhorn ne fait que reprendredes argumentsclassiques : il insistetout d'abordsur le fait que Brentanodoit montrerque la R.F.A.est en plein accordavec lsraël sur le principede relationsformelles, tout en précisantque Bonnattend le momentle plus opportunpour concrétiserses intentions. Après avoir répété somme toute la positionofficielle de Bonn, Blankenhornen vientà proposerune solution originale qui fait tout I'intérêtde sa lettre.En effet,comme I'ouverture d'une représentationouest-allemande n'estpas possibledans I'immédiat, il suggère qu'un lien d'un autre type soit créé entre lsraëlet la R.F.A.par la mise en placed'une chambrede commercegermano-israélienne. Le bureauen question,dirigé par une personnalitééminente de la vie économiqueallemande, constituerait, à son niveau,une implantationallemande en lsraëldont les tâches"découlent du traitéavec lsraëlet des réparationsen géné1s1."12eLa proposition formulée par Blankenhorna un avantageimportant, celui de ne pas risquerde provoquerla colèredes Arabespuisqu'il existe un otficede ce typeau Caire. Et si elleétait suivie d'effet, elle permettrait à la R.F.A.de disposermalgré tout d'un bureauen lsraëlet d'agirdirectement, sans dépendre obligatoirement de la missionisraélienne de Cologne,sur le gouvernementisraélien pour I'inciterà la modération.Et par la même,Bonn pourrait exercer une influence pacificatrice au Moyen-Orient. La propositionde Blankenhornn'a pas d'effets tangiblesdans I'immédiat,et la rencontredu 6 marsentre Brentano et Shinnarne donneen effet lieu à aucunedécision de la partdu ministre.ll faut attendreune nouvelle

127 717mi-février, Blankenhorn s'est déjà exprimé en laveurd'une accélération de la réflexionde l'A.A. (CZA,Dépot N. Goldnnnn,1111, Lettrede N. Goldmannà M. Shareft, 13111956). 128BA, DépotH. Blankenhorn(NL351), Bd 61 b, et PA/AA,Abt Vll, Bd 1024,Lettre de Blankenhornà Hallsteinet v. Brentano,5 lll 1956. 129"..- die sichaus dem lsraeFVertragurd derallgemeinen \Medergutmachung ergeben." 298 entrevue,le 13,et un courrierdaté du lendemainpour que soitenfin confirmé que I'intentioneffective de l'A.A. est d'installerun bureauen lsraël et d'entamerles pourparlers nécessaires à cet sffst.130 Pourde multiplesraisons Brentano accepte donc finalement d'engager des négociationsavec ls1ssl.13tMais sa réponsesemble avant tout guidée par la volontéde gagnerdu tempsavant de fixer définitivementla position ouest-allemande;car le ministrea pris connaissance,avant sa première entrevueavec Shinnar,de nouveauxdéveloppements de la politique internationalequi commandentune attitudenuancée de Bonn.132C'est pour cetteraison qu'il s'agitpour lui de ne pas donnertout de suite une réponse négativeà Shinnar: une concession,temporaire, à lsraëldoit calmerles espritset donnerà Bonn le délai indispensableà une analyseplus approfondiede la situation.

130SHINNAR, op. cit., p. 113,"Mit Beziehung auf unsere Besprechung am 6. d. Mts.teile ich lhnen mit, daBdie Bundesregierunggrundsâtzlich damit einverstanden ist, in lsraeleine Dienststellezu errichten, die - mutatismutandis etwa der lsrael-Mission(in Kôln)entsprechen wûrde. Der Zeitpunkt der Errichtung dieserStelle und ihre Aufgaben im einzelnen wûrden spâter in Verhandlungenmit lhnenfestzulegen sein." La décisionde Brentanoest interprétéede la mêmemanière par lesservices de I'A.A.qui s'expriment le mêmeiour : ainsila Directiondes Affaires économiques écrit (PA/AA, Abt lV, Bd 136,Document Dg 41, 13 lll 1956,Junker) : "Ausdem weiteren Gesprâch ergab sich, daB der HerrBundesminister Herrn Shinnar dochwohl nunmehr eine Stelle zur Durchfuhrungdes lsrael-Abkommens,wenn auch ohne konsularische Befugnisse,zugestanden hat." 131ys;5 la décisiondu ministrene correspondpas à unerevirement profond chez unepersonne forte de ses convictions(v. BARING,A. (Hg),Sehr verehrter Herr Bundeskanzler! Heinrich von Brentanoim Briefwechselmit Konrad Adenauer 1949-1964, Hambourg, 1974, 511 pages) : ilsembleque son choix n'ait pasété totalementlibre et qu'ilait subiune pression au coursde la semaineséparant les deux entrevues avec Shinnar.Cette pression vient directement ou indirectementdu ChancelierAdenauer. Brentano doit en outrerespecter son engagementantérieur. Dans le documentde I'AbteilunglV du 13 mars,il est préciséque "DerHerr Staatssekretàr (Hallstein) erklârte dies unteranderem mit dem Hinweisdarauf, daB der HerrBundesminister sich wohlauf Grundeiner von HerrnBotschafter Blankenhorn in Parisseinerzeit vermitteltenBesprechung mit HerrnGoldnrann im Obligogefûhtt habe." 13293ns un documentdu 6 lll 1956( PA/AA,Abt Vll, Bd 1024,Document pour v. Brentano,préparation d'un entretienavec Shinnar,6 lll 1956)les servicesde I'A.A.évoquent l'établissement de relations diplomatiquesentre lsraëlet I'Autriche,l'élévation de la représentationitalienne en lsraëlau rang d'ambassadeet I'annonced'une future reconnaissance de la R.D.A.par I'Egypte(qui figurerait dans une clausesecrtàte de I'accordd'armement entre la Tchécoslovaquieet I'Egypte). 299 5. Le travail de la R.F.A.pour améliorerson image dans le monde

En plus des raisonsqui viennentd'être évoquées et qui poussentla R.F.A.à fairemontre de bonnevolonté à l'égardd'lsraël, il ne fautpas sous- estimer les motifs de relationspubliques qui sous-tendentI'attitude allemande.Car la R.F.A.ressent, au débutdes années1950, le besoin impérieuxde montrerqu'elle fait définitivementpartie du campoccidental et des paysdémocratiques. De ce fait,travailler au rapprochemententre Bonn et Jérusalem,c'est servir I'intérêt de I'Allemagne,augmenter le nombrede ses alliés dans le monde, renforcerson intégrationet prouverI'orientation démocratiquedu régimede Bonn.Pour cela, il s'agittout d'abordde montrer que I'accordde Luxembourgn'est pas un épisodesans lendemain mais fait bienpartie d'une politique cohérente dont la continuationest la formalisation, sinonla normalisation,des relations entre la R.F.A.et l'Étathébreu. Et dès le départ,les autoritésde Bonn,en particulierle Chancelierfédéral, sont conscientesdu rôleque I'accordet ses suitespeuvent jouer pour I'imagede I'Allemagnedans ls rn6ndg.133

Le travailde relationspubliques en questionconcerne en premierlieu I'imagede I'Allemagnefédérale en lsraëlmême. Dans ce cadre,la R.F.A. disposed'alliés de poidsavec Ben Gourionet Sharettqui utilisentsouvent dans leursdéclarations I'image d'une "nouvelle Allemagne". Personnalisée par Adenauer,cette "nouvelleAllemagne", que les deux chefs de gouvernementisraéliens mentionnent, justifie et fondeleur propre politique. Danscette opération de relationspubliques, Bonn bénéficie également des conseilsd'lsraéliens disposés à travaillerà I'améliorationde I'imagede I'Allemagne.De véritablescampagnes sont alors organiséespour faire connaîtreune Allemagnede I'Ouestqui n'a rienà voiravec le régimenazi et se préoccuperéellement de I'avenirfl'ls1ssl.13a Par ailleursla R.F.A.se sert des échospositifs que rencontrentses effortsauprès des juifs américainspour accréditeraux yeux des lsraéliens

1334u coursd'une réunion du gouvernementouest-allemand, le 20 lll 1953,Adenauer exprime sa conviction"... daB die Ereignisseder beiden letzten Tage (i.e. la ratificationde I'accordet lesconférences de pressequi I'ontsuivie) fûr das deutscheAnsehen in der Welt vonbesonderer \Â/ichtigkeit gewesen seien."(Die Kabinettsorotokolle der Bundesreqierunq, op. cit., 283. Kabinettssitzung, p.229). 134ç'ss1 ainsi que dans une de ses correspondancesavec I'A.A., W. Hirschpréconise de donnerles rnoyensde diffuseren lsraëlle filmde RolfVogel "lsrael - Staatder Hoffnung"(ibid., Abt Vll, Bd 1018, CorrespondanceW. Hirsch,1er Xl 1955)en allemandd'abord, puis de le synchroniseren anglaiset en hébreuafin d'en assurer une meilleure diffusion. 300 I'idéeque I'Allemagnes'est profondémentmodifiée depuis la fin de la Deuxièmeguerre mondiale. Ainsi, lorsqu'en 1954 I'organisation juive "B'nai B'rith"publie un rapportfavorable sur la situationpolitique de I'Allemagne fédérale,13scelui-ci reçoit un accueiltrès positifde I'A.A.qui juge alors utile de le transmettreà la missionisraélienne de Cologneafin qu'elleen fassebon usage.136

Outreles alliés sur lesquelselle peut compter en lsraëlou aux U.S.A., la R.F.A.se fie aussià ses propresforces pour faire connaître la nouvelle Allemagne;mais I'absence d'une représentation en lsraëloblige à trouver une solutionalternative. C'est pourquoiI'agence d'informations, déjà mentionnée,dont le journalisteR. Vogelpropose la créationà Brentanoau tournant1955-1956 prend une dimension importante dans ce cadre'137slls n'estpas tant destinéeà informerla R.F.A.sur lsraëlqu'à accroître dans l'État juif la connaissancede la Républiquefédé1s1s.138 Le journaliste se fixe ici pour objectifde "démantelerles sentimentslégitimes et injustifiésqui nous sont hostiles",13eet à cettefin il dresseune listetrès étenduedes tâchesdu bureaud'informations en question.140 Le soucide Bonnde diffuseren lsraëlune imagefavorable de la R.F.A. se fait encoreplus pressant lorsque la perspectivede relationsdiplomatiques entre Bonn et Jérusalems'éloigne. Les personnesconcernées au sein de I'A.A.perçoivent alors parfaitementla nécessitéde compenserl'absence prolongéed'une représentationouest-allemande par des efforts accrusà l'adressede I'opinionpublique de l'Étathébreu. Les projetsde Vogel,que ce 135"6ssrn2ny - Nine Years late/', déjà cité. 136PA/AA, Abt tl,212.06, Antisemitismus - 1954-1955, Bd 312, Lettre A.A. (206.212.0616 139/54) à Uri Naor,20 Xl 1954,Frowein : "Wenn auch der Bericht durchaus nicht in allenPunkten ein positivesBild der Verhâltnisseder Bundesrepublikzeichnet, und man ûbermanche Stelle des Berichtsverschiedener Meinungsein kann,scheint es mirjedoch, daR die Herrenversucht haben, ein fairesBild des heutigen politischenZustandes der Bundesrepublikin Bezug auf die hierinteressierenden Fragen zu geben."Le rapportest accepté par la missionde Cologne(ibid., Lettre de Naorà Frowein,23 Xl 1954). 1371616.,Minister Bùro, Bd 130,Beziehungen der Bundesrepublik Deutschland zu denLândern im Nahen Osten,Lettre de RolfVogelà v. Brentano,16 Xl 1955. 138"... ein Pressebûrozu errichten,das nebender eigentlichenPressearbeit fùr die findendeGruppe gleichzeitigeine Public-Relations Arbeit ftir die BundesrepublikDeutschland aufbaut." 139"... berechtigte und unberechtigte Gefûhle gegen uns abzubauen..." 140 61661;1des contactsavec les journalistesisraéliens d'expression allemande et diffuserdes informationssur I'Allemagne;susciter des contactsprivés et diffuserdu matérielde propagande;établir des contactsen vue de liens entre les industriesouest-allemande et israélienne;transmettre des documentssur les cas de dédommagementen souffrance;entrer en relationavec des implantationsde juifsallemands "... die fûr die Zukunftvon groBen Nutzen sein kônnen...", et, enfin,encourager les dons allemandsà lsraê|.Et pourVogel, I'installation d'un bureau de ce typen'a plusbesoin que de I'accorddu ministèreisraélien des Affairesétrangères, ce qui devrait,à sa connaissance,être le cas.Vogelva jusqu'àconsidérer que le bureauqu'il propose peut être la based'une luture représentation officielle de R.F.A.en lsraê|. 301 soitson idéed'un bureau d'information ou plussimplement d'un voyageen lsraë|,prennent alors une importanceçpgi5ggn[s.1a1 C'est pourquoipar exempleI'A.A. étudie l'éventualité d'une participation financière au séjourdu journaliste.l42

Parmiles raisonsqui motiventIa campagnede relationspubliques orchestréepar la Républiquefédérale, il faut égalementévoquer le rôleque joue la communautéjuive de la diaspora,en particuliercelle des Etats- [Jnis.1a3Celle-ci occupe en effet une place particulièredu fait de son importance,ou de I'importanceque lui accordeI'A.A. dans sa recherche d'unevoie médianeentre la coopérationavec lsraël et les relationsavec les Étatsarabes. La quête de I'appuijuif est une préoccupationconstante de certains fonctionnairesde I'A.A.,et il faut la replacerdans le cadredes effortsqui ont pour but d'obtenirle plus rapidementpossible une souverainetécomplète pourla R.F.A.Car la communautéjuive apparaît, aux yeux des Allemandsde I'Ouest,comme I'intermédiaire obligé pour parvenir à uneassise plus stable dans le mondeoccidental.l44 Et le travailque les autoritésde Bonndoivent fournirest d'autantplus important que lesjuifs américains sont à l'égardde la R.F.A.,au moinsau départ,dans des dispositionsencore moins favorables queles juifs d'lsraë|.14s Ce sont en premierlieu les responsablesde I'A.A.,en particulier KonradAdenauer (qui, à l'époque,exerce aussi les responsabilitésde 1411;nsi le film queVogel réalise sur lsraëlest suivid'une invitation officielle du gouvernementde l'État juif(PA/AA, Bûro Sts, Pressereferat, Bd 258, Lettre de R.Vogelà Diehl, 19 | 1956). 142;5i6.,Lettre de Diehl(Presseref. 168/56) à Dvorak(Bundespresseamt),31 | 1956. Et dansses réflexionsle souci de relationspubliques est évident: dans la note envoyéeau responsabledes servicesadministratifs de I'A.A.(ibid., Lettre Diehl à Dr Lôns,1er ll 1956,"Confidentiel"), I'attaché de pressedu secrétairegénéral explique que "Herr Vogel hat sich sehr in die Pflegeder deutsch-israelischen Beziehungengemachl. Da in Anbetrachtder Schwierigkeitenmit den arabischenLândern mit einer Aufnahmediplomatischer Beziehungen zu lsraelin nâchsterZeit nichtzu rechnensein dÛrfte,ist die fflege derôffentlichen Meinung in lsraelin denkomrnenden Monaten besonders wichtig." C'est pour cela que,dans la perspectived'invitations lancées par Vogelau coursde son voyageà des iournalistes israéliens,Brentano soutient I'idée de luiaccorder la sommede 1 500DM.. 1435n outre,dans ses propositions(ibid., Minister Bùro, Bd 130,Lettre de RotfVogelà v. Brentano,16 Xl 1955),Vogel précise qu'avant d'aller plus loin dans les relations entre la R.F.A.et I'Etathébreu ilfaut songerà réglerles rapportsentre la Républiquefédérale et lesjuifs "du mondeentier". 144 Au cours d'un entretienavec R. Pauls,I'ancien collaborateur de W. Hallsteina insistésur I'interdépendancedes deuxproblèmes : se réconcilieravec les juitset avec lsraêI,c'est renforcerles liensavec les U.S.A.,et renforcerles liens avec les U.S.A.,c'est faciliter la discussionavec lsraë|. 145 Confidencede ManfredGeorge, rédacteur en chef du journal"Aufbau-Reconstruction", à un diplomateouest-allemand à Washington,Riesser (PA/AA, Abt lll, 212.06,Bd 1, Rasse-und Nationalitâtenfragen- Judenfrage und Antisemitismus,Lettre de Washington(24481736/51), 14 Xl 1951,Riesser). S. Shafir(Arnerican Jews and Germanv After 1945, op. cit.)insiste sur I'opinionnégative desjuifs anÉricains vis-à-vis de I'Allemagnequi ne pardonnentpas le silenceallemand sur les horreurs commiseset les réparationsà accorder aux juifs (p. 17) 302 ministredes Affairesétrangères), qui s'efforcentde gagnerles faveursde la communautéjuive des Etats-Unis.Le souci du Chancelieren la matière apparaîtclairement au momentdes négociationsde Wassenaar,ainsi que lors de la signaturede I'accordde Luxembourget du débat sur sa ratification.la6Lss contactsréguliers qu'il entretient avec N. Goldmannet les échosqu'il reçoit des Etats-Unisle convainquentencore plus de I'importance de la communautéjuive américaine. C'est pour cela qu'Adenauerpense que la R.F.A.doit mettreà profitI'impact de la signatureet de la ratificationde I'accordde réparationspour aboutir à sesfips.1a7

Plusieurséléments témoignent de I'intérêtmanifesté par I'Allemagne de I'Ouestpour le groupede pressionque constituentles juifs américains. Ainsi,quelques jours après la signaturede I'accordde Luxembourg,r'A.A. prévoit,sur les conseilsdu journalisteK. Marx,1a8ds suivreattentivement et de donnerun certainretentissement à la visitedu responsabledu "Zentralrat", H. van Dam,aux Etats-unis.14eQs; ce séjour,premier du genre,doit permettrede profiterde I'effetporteur de I'accordet de confirmerles bonnes impressionsqu'il a suscitées. C'estdans le mêmebut qu'aumoment où le processusde ratification du traité entre dans sa phasefinale, Bonn songe à faire intervenirN. Goldmanndont I'A.A. connaît les bonnes dispositionsà l'égard de I'Allemagnefédérale. Une prise de positionde Goldmannpermettrait en effet de rassurerI'opinion publique américaine, juive et non-juive,en particulier après la publicationdans la pressedes Etats-Unisd'une séried'articles très

146 H.P.Schwarz (Adenauer - Der Staatsmann, op. cit.)écrit qu'au moment de la discussionsur la ratification"Doch wichtiger als die Beschwerdender arabischenRegierungen ist fûr Adenauerdie Zustimmungder jûdischen Organisationen und Zeitungen in denU.S.A.' (p. 65). 147 Q6mmsl'écrit H. Blankenhorn(KAS, Dépôt E. Gerstenmaier(l 210), BdO67t2, Referat ùberden lsrael-Vertrag,s. d. (1953),Blankenhorn) : "Wenn man die Beziehungenzur Umweltauf neueGrundlagen stellenwollte, so ist hierbeiein entscheidenderBaustein des ganzenGebâudes eine Regelungdes deutschenVerhâltnisses zum Judentum.(...) Mit diesenVertrâgen ist ein wesentlicherSchritt zur Bereinigungdes Verhâltnissesmit der jûdischenWelt getan,ein Schritt,der das deutscheAnsehen wiederherstelltund der fûr den politischenaber auch ftlr den wirtschaftlichenKredit, den einespâtere Zukunftnoch zeigen wird, von ganz erheblicher Bedeutung ist." 148pRlRR, Bûro Sts, Pressereferat,Bd242, Note adressée à Dieht,19 tX 1952,Schern. 149 11s51 prévu de faireaccueillir van Damà l'aéroportde NewYork par l'attachéde pressedu consulatde R'F'A' - 303 critaquesà l'égard6s genn.15o L'attentionque les autoritésde Bonn portentà la communautéjuive américaineest particulièrementmanifeste lors du voyagequ'Adenauer fait aux Etats-Unis,immédiatement après la ratificationdu traité germano- israélien.Ce séjourest en effetpour le Chancelierl'occasion de souligner I'ampleurdes réparationsaccordées aux juifs du mondeentier et à lsraël;il représente aussi la possibilitéde dégager des perspectivesde rapprochemententre Bonn et Jérusalemen s'adressantà une communauté très liéeà l'Étathébreu et qui soutientde plusen plusnettement la politique de Ben Gourion.Une fois aux Etats-Unisle Chanceliermultiplie les interventionsdevant des auditoiresfavorables à sa causedans le but de faire passerun messageconvens '151 il sollicitela confiancepour une Allemagne dont I'accordavec lsraëlatteste mieux que touteautre démarche le désirde 191'199v92u.152

Le soucide parveniraux meilleuresrelations possibles avec les juifs est trèsvif égalementchez les représentantsde la Républiquefédérale. Cette constatationest valablepour d'autres pays que les Etats-Unis: c'est ainsi que les diplomatesallemands en poste en Amériquelatine font tout pour transmettreune imagefidèle de la "nouvelleAllemagne" et améliorerleurs relationsavec les communautésjuives.ls3 On noterapar ailleursque dans ces pays les diplomatesallemands font appelà des intervenantsextérieurs et neutrespour renforcer leur propre travail de relationspubliques, en particulier

150Le projetd'une lettre au responsablejuif (PA/AA,Btlro Sts, Pressereferat, Bd 245,Projet de lettreà NahumGoldmann, 5 lll 1953)mentionne ainsi la placequ'ilpourrait prendre dans l'opération comme la nécessitéd'insister sur I'impactde I'accordet sur ses vertusbénéfiques pour le processusde réconciliation: "lm Bemùhen,alles in unserenKràften Stehende zu tun,um solchen AuBerungen (i.e. les articlesparus contre la R.F.A.)entgegenzutreten, haben wir bereitsverschiedene publizistische MaBnahmenergriffen. Doch sind unsereMôglichkeiten leider beschrânkt und es wârevon groBer \Mchtigkeit,wenn wir auchhier mit lhrer Unterstùtzungrechnen dùrften. Wenn nach Ratifizierung des lsrael-Vertragesdurch den deutschen Bundestag die Bedeutung dieses Ereignisses durch eine Erklàrung lhrerseitsnochmals besonders unterstrichen wûrde, kônnte ohne Zweifel eine sehr nachhattige \Mrkung erzieltwerden." 15111 5'gxpv;me devant des clubs(comme le CommonwealthClub à San Francisco),des associations scientifiques(le Councilon ForeignRelations à New York),des membresde la presseaméricaine (NationafPress Club à Washington)(v. PA/AA,Abt lll, 752.01180,Reise des Bundeskanzlersnach u.s.A.-19s3). 152 15;6.,"lch darf hoffen,daB diese Tatsache(Adenauer parle ici de I'assentimentque I'accorda rencontréau Bundestaget parmila populationallemande) das ihredazu beitragen wird, das Vertrauender freienWelt in das deutscheVolk zu stârkenund einer echten Partnerschaft die Wegezu ebnen.Wir brauchendiese Partnerschaft - ein Verhâltnisvon Freunden mit gleichen Rechten und gleichen Pflichten - wennwir alle Vôlkerder freienWelt, in diesengefahrvollen Zeiten unsere Freiheit bewahren und die Dinge, die unsdas Leben lebenswert machen. erhalten wollen." 153C'est de la sortequ'ilfaut interpreter la multiplicationdes gestes de bonnevolonté à l'adressed'lsraêl car ceux-cisont en fait autantde signauxdestinés au judaîsmelocal. L'affaire du pavoisementproposé par I'ambassadeurde R.F.A.à Riode Janeiroest un bonexemple de cettepréoccupation. 304 auprèsdes juifs originaires d'Allemagps.154

C'estcependant aux Etats-Unisque les représentantsouest-allemands contribuentde la façonla plus intéressanteà améliorerI'image de leurpays, dans la logiquede ce qui avait été engagéau momentdu débat sur la ratificationdu traitéde Luxembourg;leur vigilance et leursinterventions sont en effettout aussiréelles dans la périodequi suit la sanctionde I'accordpar le Bundestag.tss Dansce cadre,les représentationsde la R.F.A.entretiennent d'étroits contactsavec les émigrésjuifs allemands, en particulierà NewYork où ceux- ci sont nombreuxet disposentd'organes de presse.156Les diplomatesouest- allemandsse préoccupentalors de développerles contactsdéjà anciens dansle but de défendreles acquisdu traitéet de renforcerle soutienqu'une communautéd'exilés bien disposée à l'égardde Bonnaccorde à la politique allemande.L'action des diplomatesen posteaux U.S.A.passe par exemple par la reprisede déclarationsfaisant écho à I'actiond'Adenauer, qu'elles émanentdes milieuxjuifs américains157eu sllsrnsncls.lssElle utilise égalementles journaux des émigrés allemands pour expliquer la politiquede Bonn : c'est le cas de l'interviewaccordée par Heinrichvon Brentanoà "figf[ss",1selorsque la recherchedu soutien des juifs américainsest

154ç's51 ainsi que l'Office de presseet d'informationdu gouvernernentfédéral se déclareprêt à financer un séjouren Argentinedu journalisteKarl Marx pour qu'il aille à la rencontredes juifs allemands installés dansce pays.Cet accord (ibid., Abt lll, 212.06,Judenfrage und Antisemitismus, Bd 4, Lettredu Presse u. Informationsamt(264 lV 223155)à K. Marx,31 | 1955)répond à la demandedu journalargentin juif d'expressionallemande "Argentinisches Tageblatt" et de I'ambassadede R.F.A.à BuenosAires. 155v. s ce propos,SHAFIR, S., "PostwarGerman Diplomats and Their Efforts to NeutralizeAmerican JewishHostility:The First Decade", in "Y.l.V.O.Annual", Vol. 22, 1993. 156eutps "Aufbau-Reconstruction", déjàcité, le "NewYork Staatszeitung und Herold". 157 En 1953,Kurt R. Grossmannrédige une brochureintitulée "La dette moralede l'Allemagne" (GROSSMANN,K.R., Germanv's moral debt, op, cit.).L'ambassadeur à Washingtoncontacté par Grossmanns'empare immédiatement de I'affaire(PA/AA, Abt ll, Bd 1684,Lettre Washington (210.01/35 2627153),3Xll 1953,Krekeler), souligne I'intérâ qu'a I'Allemagne de I'Ouestde voirson action louée par un juif américainet écrit : .lch haltees (...)fùr sehrwûnschenswert, fûr eine Verbreitungvon Herrn Grossmannin demvon ihm angeregten Sinne zu sorgen.Die Verteilung des Buches, in demder deutsche \Mllezur Wiedergutmachungund Versôhnung eindeutig zum Ausdruck kommt und das eine angesehene jûdischePersônlichkeit zum Verfasserhat, wirdder deutschenPolitik in den VereinigtenStaaten und anderswomoralischen und politischen Nutzen bringen." 158C'est ainsi que le consulatde R.F.A.à la NouvelleOrléans demande à obtenirplusieurs exemplaires de l'.Allgemeine""... um auf dieseWeise einen unverdâchtigen Kronzeugen fùr gegebenenfalls notwendigeDarlegungen zu besitzen."(ibid., Bûro Sts, Pressereferat, Bd 248, LettreNouvelle Orléans (600.01171531,20 | 1953, Bôx). Le 29 Vl 1953,l'A.A. annonce à K. Max (ibid.,Lettre Pressereferat (Sts 1021/53lll) à K. Max, 29 Vl 1953,Diehl) la souscriptionde neufnouveaux abonnements à son journal : parmiles représentationsconcernées figurent de manièreéloquente Washington, Chicago, Atlanta, San Francisco,Detroit, Seattle, Los Angeles et la NouvelleOrléans (en plusde La Haye,New York, Londres, Stockholmet Zurich). 159y.syp1s. 305 encouragéepar I'ambassade de R.F.A.à Washington.l60

Outreles contactsdirects avec les juifs américains, les représentations ouest-allemandesaux Etats-Unisopèrent par I'intermédiaired'agences de relationspubliques.161 Q'ssl à la demandedes diplomatesde la R.F.A.que ces agencesse font les interprètesde la causeallemande auprès des cercles les plus sensiblesde la communautéjuive, en particulierceux d'origine américaine;162le travail de ces bureauxconsiste alors à publierdes articles favorablesà la R.F.A.dans la pressede tous les Etats-Unis,et ces actions sontsouvent couronnée de succès.163

Par ailleurs,les diplomatesen posteaux Etats-Unisencouragent les visitesde délégationsjuives américaines en Allemagnefédérale. Car non seulementde tels séjourspermettent aux responsabtesjuifs de se rendre personnellementcompte de la situationpolitique de la R.F.A.,mais ils peuvent aussicontribuer à améliorerl'image de I'Allemagneen Amériquedu Nord;et alors que N. Goldmannparaît depuis longtemps acquis à la causede la "nouvelleAllemagne", d'autres personnalités juives ont encore besoin d'élémentsqui leur prouventla réalitéde l'évolutiondémocratique de la Républiquefédérale. C'est ce qui expliqueque certainsreprésentants ouest- allemandssollicitent une participationdirecte du Chancelierfédéral qui doit, seloneux, prendrele tempsde recevoirles dirigeantsjuifs et démontrer I'ampleurdes changementsintervenus depuis 1949.164

160iOiO., Abt ll, Bd 252,Lettre Washington (600 514/54), 2 lll 1954,Krekeler : "DieGewâhrung des Interviewsfûr dieeinfluBreiche New Yorker jûdische Wochenzeitung wird von hier aus befùrwortet." Cette quêteest partagéepar des fonctionnairesde la Centraleà Bonn : dansla lettrequ'il adresseà tvlaltzan (PA/AA,Abt ll, Bd 252, Lettred'accompagnement de v. Trùtzschler(206.210.01/35 3964/54) à v. Maltzan,23 Vll 1954),Trùtzschler insiste sur I'impactbénéfique que pourrait obtenir une interview de ce typesur I'opinionpublique juive américaine, ou américaineen général. 161 1ss représentationsde la R.F.A.sont principalementen contactavec deux bureauxde relations publiquesdirigés par des juifs américains: JuliusKlein Public Relations à Chicagoqui se chargede I'ensembledu MiddleWest et RoyBernard (Blurnenthal) pour la côteEst et en particulierNew York. 162 I |';nyslsedes juifs d'origineallemande, les juifsd'origine américaine semblent en effet persister généralementdans leur attitude nQ;ative à I'egardde I'Allemagne(la persistance de I'hostilitédes juifs américainsse manifesteainsi dans I'action entreorise contre la visiteaux Etats-Unisdu chefd'orchestre Herbertvon Karajanen 1955). 163entretien avec R. Pauls,1er Xll 1993.C'est ainsique le bureaude RoyBernard obtient par exemple du'Reader'sDigest" qu'ilpublie un numérospécialsur les réparations (BA, B 102,Bd 6419H1, Lettre d'lnter-Nationesau Ministèrefédéralde l'Économie, 8 lX 1954,Dahmen). 1& v. parexemple PA/AA, Abt lll, 752.05180,Besuche Staatsmânner oder Prominente Persônlichkeiten ausden U.S.A.,Bd 4, Noteecrite (305.752.05 91.36 473155), sans date (10 lll 1955?).Ce texteémanant de la section"Etats-Unis/Canada" (Ret. 305) encourage la propositionde I'ambassadeurouest-allemand à Washington(ibid., Télégramme Washington (172), 7 lll 1955,Krekeler) de fairerecevoir P.M. Klutznik, du 'B'nai B'rith",par le Chancelierpour faciliter la réconciliationentre I'Allemagne lédérale et les iuifsdes U.S.A. 306 Mais par delà la communautéjuive des Etats-Unis,c'est également I'administrationet I'opinion publique américaines qui sontvisées dans cette campagnede relationspubliqugs.165 Car les autoritésde Bonnconservent à l'espritle soucid'accélérer I'intégration occidentale de I'Allemagnefédérale et de renforcerl"'alliance atlantique" auxquelles elles aspirent; et il apparaît qu'uneamélioration des relationsentre la R.F.A.et les juifs nord-américains, elle-mêmeobtenue grâce à des gagesde bonnevolonté à I'adressed'lsraë|, ne pourraque renforcerla crédibilitéde la "nouvelleAllemagne" aux Etats- Unis. Et à son tour ce créditest pour Bonn le moyen de conserverla participationdes U.S.A.à la sécuritéde la R.F.A.et d'assurerson évolution vers la souveraineté.

La R.F.A. n'est cependantpas seulementguidée par des considérationsde relationspubliques lorsqu'elle se préoccupede son image aux U.S.A. Les dirigeantsde Bonn savent en effet que leur pays doit constituerune pièce maîtresse dans la stratégieaméricaine au Moyen-Orient. L'accordde réparationsjoue ainsi un rôlefondamental, mais il n'estpas une fin en soi; sa conclusionn'est qu'une étape de la progressionde la Républiquefédérale vers sa souverainetéet son adhésiondéfinitive au bloc occidental.Avec le temps,le traité de Luxembourgapparaît certes comme unecaution morale acquise et durable,mais surtout comme un élémentd'une politiquemoyen-orientale globale plus pragmatique. C'est ainsi que la R.F.A. devienttrès rapidementau Moyen-Orientun véritableintermédiaire du monde occidentaldont I'actionpermet à ses partenairesd'agir dans plusieurs directions.Car si I'accordde réparationscrée une relationparticulière entre Bonnet Jérusals6,166les liensspécifiques de I'Allemagneavec les États arabesne sont pas non plus à négliger.Dans cette mesure,la politique d'Adenauerpermet à la R.F.A.de participerindirectement aux manoeuvres

165Snatir écrit à ce propos(American Jerivs and Germanv After 1945, op. cit., p.21) : "... Adenauer correctlyassumed that his effortsto improverelations with Americanand World Jewry would be conductiveto a smootherdeveloprnent of the crucialAmerican-German relationship, especially because of theJewish impact on the pluralisticAmerican society." 1666[15 que les liensentre l'État nébreu et les Etats-Unisne sont pastoujours les meilleurs,Washington étantpréoccupÉ par une améliorationde ses relationsavec les Étatsarabes, et lsraelse méfiede la Grande-Bretagnedepuis la fin du mandatbritannique sur la Palestineet en particulieren raisondes discussionsangloégyptiennes sur l'évacuationdes troupes britanniques de la zonedu Canalde Suez. Les relationsparticulières qui se mettenten placeentre Bonnet Jérusalemsont elles-mêmesà double sens : elles peuventêtre utiliséesde manièrepositive, avec des mesuresd'encouragement, elles peuventpermettre également des mesuresde rétorsionà I'encontrede l'État hébreuen faisantpression par le biais d'une menacede cessationdes paiementsdes réparations(les Etats-Unisutiliseront cette armeau momentde I'attaqueisraélienne contre I'Egypte, en novembre1956). 307 militairesaméricaines au Moyen-Orient,notamment au moment de I'aggravationde la situationde cette région.t0zEt I'importanceaccordée par Washingtonà la R.F.A.permet naturellement à Bonn de renforcerson propre rôleau seinde I'O.T.A.l.l.

167 psl soucide rétablirl'équilibre militaire au Moyen-Orient,après I'annonce des livraisonsd'armes tchécoslovaquesà I'Egypte,les Etats-Unissongent à stockeren Turquieou sur Chypredes avions destinésà lsraë|.En ce qui concerneI'entraînement des pilotesisraéliens, les basesaméricaines installéessur le territoirede la R.F.A.semblent alors à mêmede faireI'affaire (GLENNON, J.P., NORING, N.J.(Ed.), Foreiqn Relations of the UnitedStates, Washington, D.C., Vol XV,Arab-lsraeli Dispute 1956, 1989,943 pages,"Memorandum lrom the Counselorof the Departmentof State(Mac Arthur) to the Secretaryof State,Washington," 14 lV 1956,avec "Proposalfor stockpiling weapons for benefitof victim of aggressionin Middle-East",p.532). 308 ll. Les voix allemandeslavorables à un rapprochemententre la R.F.A.et lsraël

1. Du côté des partis politiques

En raisondu caractèresensible du problèmedes relationsgermano- israéliennes,on auraitpu s'attendreà ce que la questionfasse rapidement I'objetd'un débatpolitique vigoureux en R.F.A.ll apparaîttoutefois, à la lumièredes documentsconsultés, qu'après I'intense discussion sur la ratificationde I'accordde réparations,la questiondes relationspolitiques entrela R.F.A.et lsraëlest momentanémentécartée pour céder la placeà des considérationsplus immédiates.

1.1. La C.D.U.

Dans le camp du Chancelier,des voix se font certesentendre pour favoriserun rapprochemententre la R.F.A.et lsraë|.Elles s'alignent alors sur des prisesde positionantérieures favorables aux réparationsà accorderà l'Étathébreu et auxjuifs. Cependant de tellesdéclarations restent somme touteassez rares et se démarquentdu pointde vue de la majoritédu parti, plusfavorable à unepolitique d'équilibre au Moyen-Orient.168

Des prises de positionfavorables à la poursuitedu rapprochement entre l'Étathébreu et la Républiquefédérale émanent en premierlieu du Chancelierlui-même, par exemple,lors du débatsur la ratificationde I'accord germano-israélien.t6eMais les interventionsd'Adenauer sont d'une portée avanttout symboliqueet lui permettentsurtout d'exprimer sa foi en I'avenir des relationsentre les deux pays,car il sait que le tempsconstitue un facteur de toute premièreimportance pour l'évolutiondes relationsentre Bonn et

168L'opinion générale des chrétiens-démocrates se traduit par les réservesexprimées par lesdéputés de la C.D.U.au Bundestaglors de la ratificationde I'accordde réparations;et la politiquemoyen-orientale de la C.D.U.demeure sous bien des aspectsune politique portant seulernent sur les pays arabes. 169v. 3u55iles prisesde positionmentionnées dans le cadrede I'A.A. 309 .1fpLlg3lgrn.170 Le bon déroulementdes livraisonsouest-allemandes à lsraêl ainsi que I'améliorationde I'atmosphèreentre Bonn et Jérusalempermettent à Adenauerde s'exprimerà nouveausur les relationsgermano-israéliennes en 1954.171Toutefois le Chancelierparaît désormaisdavantage compter sur l'inertieengendrée par I'accordde réparationsque sur une relancerégulière de sa part;et chez lui les préoccupationsd'ordre généraltzz I'emportent sur les relationsgermano-israéliennes de factogérées par I'administration.Dans tous les cas, Adenauera la fermeconviction qu'en matière de normalisation des relationsavec l'État hébreu,I'initiative ne peut que revenirau gouvernementde Jérusalem.

D'autresdéclarations qui émanentdes rangsde la C.D.U.permettent à Shinnarde voir que les sondagesqu'il effectuedepuis le deuxièmesemestre 1954reçoivent des échosfavorables. Et certainesde ces prisesde position revêtentpour le chef de la missionisraélienne une importanceplus grande que d'autres.C'est le cas de celle de Heinrichvon Brentano,président du groupeC.D.U. au Bundestag,qui, quelquesjours avant sa nominationau postede ministredes Atfairesétrangères classe les relationsdiplomatiques aveclsraël parmi les prioritésde la politiquede Bonnet proposede "prendre immédiatementI'initiative"173 à cet égard.

Au seinde la C.D.U.,une autre voix mériteencore d'être mentionnée : celled'. lmpliqué dans I'attentat du 20 juillet1944 contre f'li[lsv,17ace théologien,député depuis 1949 et présidentdu Bundestagà

170c'est le cas de sa déclarationau Bundestagdu 4 lll 1953exprimant sa foi en "lapuissance curative du temps"et des différentesprises de positioneffectuées lors de son séjouraux Etats-Unis,au débutdu mois d'avrilde la mêmeannée. Dansses mémoires,Adenauer confirme cette idée lorsqu'ilécrit (ADENAUER,Erinnerunqen 1953-1955, op. cit.,p. 158): "lchhatte die Hotfnung,daB der AbschluBdes LuxemburgerAbkommens auch zu einemVerhâltnis zwischen dem jûdischen und dem deutschenVolk undauch zu einerNormalisierung der Beziehungenzwischen dem Staate lsrael und der Bundesrepublik fûhrenwerde. Nach allem, was vorgefallen war, muBten wir behutsam vorgehen. Bei der Entwicklungder israelisch-deutschenBeziehungen muBten wir Hoffnungund Geduldhaben. Man muBteauf die Auswirkungunserer Bereitschaft zum \Medergutmachenund schlieBlich auf die heilendeKraft der Zeit vertrauen." 17146snqusr poursuit (ibid.) : "Schonbald, infolge des Abschlussesdes Abkommens,machte sich eine deutlicheEntspannung im Verhâltniszwischen dem Staate lsrael und der Bundesrepublikbemerkbar." Le nouvelétat d'esprit d'Adenauer apparaît par exemple dans I'interview, déjà citee, accordée au journal"Die Welt'le14lX 1954. 172sn particulierla constructioneuropéenne et l'édificationde la souverainetéde la R.F.A. 173T5s Observer,"15 V 1955,interview de H. von Brentanopar H. LieRmann,"take at once the initiative". 174 v. 65351ENMAIER,B. et E., Zweikônnen widerstehen - Briefe und Berichte 1939-1 969 , Bonn,1992, 2o'l Pages' - 31 o partirde 1954,se sentdirectement concerné par la dimensionmorale d'une réconciliationentre les peuplesallemand et juif et figure parmi les plus chaudspartisans d'un rapprochementavec lsraë|.ll voit dans le traité de Luxembourg"non pas un règlementdéfinitif des réparationsaux juifs (...) mais un début"'175pour lsi,176le texteparaphé à Luxembourgdoit permettreà I'Allemagnede sortirde I'isolementdans lequelHitler l'a placée;et pour échapperà ce cloisonnement,Gerstenmaier préconise alors d'emprunter un chemin qui "mène des juifs pourchasséset assassinésau nom de l'Allemagnenon pas vers les Arabesmais ysls ls7ssl."177

1.2. Le S.P.D.et le "Deutscher Gewerkschaftsbund"

1.2.1.Le S.P.D. Les rapportscomplexes entre la gaucheallemande et l'Étatd'lsraël ont déjà fait I'objetde nombreusesétudes;178 ceci s'expliquepar le fait que le S.P.D.,principal parti d'opposition au gouvernementAdenauer, occupe très tôt une place particulièredans le processusde rapprochemententre la Républiquefédérale et l'Étathébreu et pratiqueune politiquede la "main tendue"à l'égardde l'Étatjuif.tzg

D'abordsous la conduitede KurtSchumacher, survivant des campsde concentrationet responsablecharismatique, le partisocial-démocrate joue en

175 "... keineabschlieBende Regelung der WiedergutmachunS( ..) (sondern)ein Anfang.", GERSTENMAIER,E., Streit und Friede hat seine Zeit, Francfort/M., 1981, 628 pages, p. 487. '176 Tsxtsdu discoursprononcé lors du votede ratificationde I'accordde Luxembourg,in VOGEL,op. cit.,p. 87 et suiv. 177"... fûhrtvon den im NamenDeutschlands verjagten und ermordeten Juden nichtzudenArabern, sondernzu lsrael.",ibid., p. 88. Aprèsles premièresannées d'exécution de I'accordgermano-israélien, Gerstenmaiersalue les effortsde la partieisraélienne, en particulier"... die unermûdlicheArbeit Felix Shinnars..."(GERSTENMAIER, E.,Streit und Friede hat seine Zeit, op. cit.,p. a88)et I'actionde Ben Gourion,qui ont permisde dépasserrapidement le stadede relations.... kûhlund distanziert..." (ibid.). Cependant,si des prisesde positionde sa partsont fréquentes ultérieurement (Gerstenmaier s'exprime sur le sujetde relationsdiplonntiques entre la R.F.A.et lsraêlnotamment à partirde son séjourdans l'Étathébreu, en 1960),il semble,d'après les documentsconsultés (en particulierdans le dépotde E. Gerstenmaier(l 210) à la KAS),que Gerstenmaierne s'exprimepas directernentsur le problèmedes relationsentre Bonn et Jérusalemavant le printemps1956. 178portant en particuliersur le revirementdes sympathiessocialesdémocrates au Moyen-Orientdans la deuxièmemoitié des années 1960 lorsque le S.P.D.passe, après 1967, d'une attitude franchement pro- israélienneà un soutienà la causepalestinienne (citons icien particulierles étudesde KLOKE,M.W., lsraelund die deutscheLinke - Zur Geschichteeines schwieriqen Verhâltnisses, FrancforUM., 1990, 225 pages,ou I'oeuvrecollective parue récemment RENGER, R. (Hg),Die deutsche'Linke' und der Staat lsrael,Leipzig, 1994, 213 pages). 179i plqpe5de ces rapports, v. I'ouvragede SHAFIR,S., Unemain tendue : Lessociaux-dérnocrates allemands.les iuifs et lsraël- 1945-1967,Tel Aviv, 1986 (en hébreu). 311 effet un rôledans l'éveilen Allemagnede la conscienced'une responsabilité spécifiqueà l'égarddes juifs et du nouvelÉtat d'lsraë|.Cet engagement précoceest le refletde I'héritagecommun aux socialisteset aux juifs né des persécutionssubles du tempsdu TroisièmeReich; et le sionismeappliqué en lsraël apparaît,aux yeux des sociaux-démocrates,comme la solutiondu problèmejuif. Aprèsla Deuxièmeguerre mondiale, le S.P.D.rejette définitivement I'antisémitismetraditionnel présent dans la sociétéallemande même, et peut- êtresurtout, pendant la Républiquede Weimar.Son attitude vis-à-vis de l'État juif est conditionnéepar troiséléments fondamentaux '180 le passéantinazi des responsablessociaux-démocrates; les racinessocialistes communes avec le parti israélienmajoritaire (le Mapai de Ben Gourion);181et I'enthousiasmedes jeunesdirigeants sociaux-démocrates pour I'expérience socialisteoriginale menée sn lsysë1.182

Si, dansun premiertemps, le S.P.D.fait preuvede méfianceà l'égard de l'Étathébreu en raisonde la difficultéqu'il y a à le situerdans l'échiquier politiquemondial, son attitudes'assouplit très rapidementpour évoluervers celle alorsadoptée par I'ensembledes partissocialistes. Car la formation dirigéepar Schumacherpeut voir avecsatisfaction que l'Étatqui se stabilise aprèsle premierconflit israélo-arabe donne des garantiesdémocratiques et participeà I'endiguementdu mondesoviétique.183 Par ailleurs,le S.P.D. réaliseprogressivement que l'ensembledu judaïsmemondial développe un très fort sentimentde solidaritéà l'égarddu nouvelÉtat juif. Ces différents élémentsamènent alors les sociaux-démocratesà comprendre que "les effortsde I'Allemagnevisant à apaiserles juifs de par Ie mondedépendaient en premierlieu d'lsraë|, le nouveaupôle de la vie juiveaprès I'holocaus[s."184

180v. SHAFIR,S., "S.P.D.and lsrael: Expectationsand Disappointments",texte en anglaisde I'article paruen hébreuin ZIMMERMANN,M., HEILBRONNER,O., NormalRelations - lsraeli-GermanRelations, Jérusalem,1993, 167 pages, communiqué par I'auteur. 181|es deux partis sont membres de l'lnternationalesocialiste et le S.P.D.y occupeune place centrale. 182 peul Kloke("Und (k)ein biBchen weiser...? Westdeutschlands Linke im Konfliktum lsrael',in GIORDANO,R. (HS),Deutschland und lsrael : Solidaritâtin der Bewâhrunq- Bilanz und Persoektiven der deutsch-israelischenBeziehunqen, Gerlingen, '1992,278 pages, p. 127et. suiv.), I'expérience israélienne exercesur les Allemandsprogressistes un attraitproportionnel à leurrefus d'une Allemagne fédérale conservatrice. 183 L'un des fondementsde la politiquede Schumacherest en etfetune oppositionfarouche à tout renforcementdu communismede type soviétique(v. portraitpolitique de K. Schumacherin SONTHEIMER,K., DieAdenauer-Àra - Grundlequnq der Bundesreoublik,Munich, 1991, 250 pages,pp. 1O-13). 1U "...that German attempts to tryand appease all over the worlddepended first of all on lsrael,the new focusof Jewishlife after the Holocaust.",SHAFIR, "S.P.D. and lsrael...",op. cit.,p. 5. 312 Expressiond'une attitude pragmatique destinée à calmerles espritsde juifs, notammentaméricains, totalement intransigeants à l'égard de l'Allemagnedans les premièresannées de I'après-guerre,mais aussi d'un véritablesouci de dédommagerpour les crimescommis, la politiqueque le S.P.D. engagealors soutientactivement les exigencesisraéliennes de réparations.Elle participeégalement du rôle d'oppositionque les sociaux- démocratesremplissent face à un gouvernementchrétien-démocrate jugé par eux trop timoré.18sSchumacher se fait I'avocat d'importants dédomma$ements;186et son opinion,répétée à l'occasiondes congrèsdu $.p.p.,187ssl un élémentfondamental du débat sur le problèmedes réparationsinauguré à ce momsnt.188 L'unedes conséquencesde I'attitudevolontariste du S.P.D.est de permettre,en particulierà des diplomatesisraéliens, de se faire une autre imagede I'Allemagneet d'envisagerun rapprochementavec celle-ci. C'est le cas du consulisraélien à Munich,E. Livneh,lui-même socialiste actif, qui "jugeaitle S.P.D.de manièrepositive (et) distinguait la politiquenationale de Schumacherde la tendancenationaliste et antidémocratiquede la droite (allemande)".t8e

Kurt Schumachern'est cependantpas le seul responsabledu parti social-démocrateà s'impliquer dans la demandede réparationsà accorder auxjuifs et à lsraë|.En effet,par les contactsétablis du tempsde I'exilet grâce à ses relationsavec le consulisraélien de Munich,le députéJakob Altmaier occupelui aussiune placeimportante dans le processusengagé.teO Du fait de son appartenanceà la confessionjuive, Altmaierest d'une part un

185çsque Kloke (op. cit.) appelle "... oppositioneller Proisraelismus..." 186 v. SHAFIR,S., "Das VerhâltnisKurt Schumacherszu den Juden und zur Frageder Wiedergutmachung",in FRIEDRICH EBERT STIFTUNG (Hg.), Kurt Schumacherals deutscherund eurooâischerSozialist. Bonn, 1988, 255 pages. 187FEST, Protokollder Verhandlungen des Parteitagesder SozialdemokratischenPartei Deutschlands, 9.-11.5-1946, Hannover, pp. 6-8,29.6.-2.7.1947, Nûrnberg, pp.50-51, 11.-14.9. 19,48, Dûssetdorf, p. 33. En 1947 Schumacherdéclare par exemple: "Das deutscheVolk hat eine Verpflichtungauf \Medergutmachungund Entschâdigung.";et en 1948ilcritique te désintérêtallemand pour le problème des réparations. 1886p1ep65 de la participationdu S.P.D.au processusdes réparations, v. SHAF|R,S., "DieS.P.D. und die \Medergutmachunggegenûber lsrael", in HERBST,L., GOSCHLER,c. (Hg.),\Mederqutmachunq in derBundesreoublik Deutschland, op. cit., p. 191et suiv. 189"... beurteiltedie S.P.D.positiv, unterschied zwischen Schumachers nationaler Politik und der nationalistischenantidenokratischen Tendenz auf der Rechten...",ibid., p. 197. 190v. ALBRECHT,W., "EinWegbereiter : Jakob Attmaier", in HERBST,L., GOSCHLER,C. (Hg.),ibid. Pourcertains (RÔDER, W, STRAUSS,H.A. (Hg.),Bioqraohisches Handbuch der deutschsorachiqen Emiqrationnach 1933, Bd 1, Politik,\Mrtschaft, Ôffentliches Leben, Munich, New York, Londres, Paris, 1980,875 pages, p. 13),"Altmaier gift als Initiator des Deutsch-israelischen Abkommens von 1952." 313 interlocuteurprivilégié pour Adenauer qui voit en lui I'un des porte-parolede la petitecommunauté juive de R.F.A.;d'autre part, sa judaïtéfait de lui un intermédiairetout désignépour les autoritésisraéliennes, à partirdu moment où celles-ciacceptent de dialoguerdirectement avec Bonn.1s1 Et c'estgrâce à Altmaier(comme cela a été signalépar ailleurs)que s'établitun contactentre le gouvernementAdenauer et des représentantsdu gouvernement ispsflisn.le2

Les initiativesdu S.P.D.sont reprises,encouragées et amplifiéespar des journalistesproches du parti, notammentceux de l'équipedes "FrankfurterHefte",1e3 sous la directiond'Eugen Kogon et de walter Dirks. On trouveen effet très tôt dans les pagesdes "F.H."des articles appelantà une prompteréparation des dommagesinfligés aux juifs.Ainsi, lorsqu'enseptembre 1949 Kogon évoque les rapportsentre "juifs et nonjuifs en Allemagne",leail msntionne expressément la nécessitéde réparations.Et au delàde cetteallusion son articleI'amène à penserdès cette époqueaux futuresrelations entre la Républiquefédérale et l'Étatd'tsraë1. Car pour lui, I'attitudetrès négativeque l'Étatjuif observeà ce momentà l'égardde Bonn rend une déclarationdu gouvernementallemand plus nécessaireque

1916s615 I'incompréhensionet l'antipathie des lsraéliensà l'égarddes juifs qui ont choiside deneurer sur le solallemand.Altmaier s'entretient en particulieravec Livneh dès 1950 (SHAFIR, 'Die S.P.D.und die \I/iedergutmachunggegenûber lsrael", op. cit., p. 197). 192psul le premierdéputé juif au Bundestag,les contacts auxquels il contribueont immédiatementune importancequi dépassede loin la politiqueétrangère habituelle; c'est pour cela qu'il se tient à la dispositiondu ChancelierAdenauer et en I'occurrence,déclare{-il, son interventionest dépourvuede toute actionpartisane. Dans une lettreadressée à Livneh(FEST, Dépôt J. Altmaier,Bd 7, Lettre d'Altmaierà Livneh,8 lV 1951),Altmaier rapporte ses proprespropos tenus à Adenauer: il nese présente pascomme homme de parti"... sondernrein privat, als Jude,denn irgendeine Verstândigung zwischen Deutschenund Juden dûrfe keine Partei-Angelegenheitsein, sonderndie Sache des gesamten deutschenVolkes." Pour Altmaier, I'action du S.P.D.doit en fait contribuer à atteindrele butque lui-même s'étaitfixé en rentranten Allenngneet en devenantdéputé au Bundestag: "Erezlsrael mit Hilfeder Deutschenaufzubauen." (ibid.). ll est intéressantde soulignerque, malgré les etfortsqu'il fournit pour établiret maintenirle contactentre Allemands,juifs et lsraéliens,Attmaier n'est pas pleinementaccepté par les organisationsjuives qui désirentnégocier avec la R.F.A.Ainsi, au coursdes discussionssur la lormationde la délégationouest-allemande, I'A.A. precise (PA/AA, Abt ll, Bd 1665,Note ecrite (2u14.10 ll 226A54 à Hallstein,16 ll 1952)qu'une participation d'Altmaier est refuséepar la partiejuive quisoulève à son encontred"'importantes objections". Dans une lettre adresséeà N. Goldrnann(CZA, DepotN. Goldmann,595, Lettred'Altmaier à N. Goldmann,20 ll 1952),le députéS.P.D. affirme être plutôt défavorableà une participationaux négociationset, d'aprèslui, lsraêl imaginepour tui plutôtune place d'observateur. 193par la suite = "F.H.". 194696911, E., "Judenund Nichtjudenin Deutschland',in "FrankfurterHefte", 9/1949, p.726et suiv., articlerédigé à la suited'une rencontre intemationale tenue à Heidelbergle 31 Vll 1949. 314 jamais.lssPar la suite, Kogon appelleà un combat sans pitié contre l'antisémitisme;et la luttequ'il envisage passe par le développementde la connaissancede l'État hébreuen Allemagneet l'encouragementaux meilleuresrelations possibles entre les deuxi1s1s.rso

Commeparti politique, le S.P.D.occupe à l'égardd'lsraël une position particulièredu fait de son appartenance,comme le Mapai,à l'lnternationale Socialiste.Cela lui permetd'intensifier très vite les contactsavec le partide Ben Gourionet lui offre, parallèlementà l'établissementde ces liens, I'occasiond'encourager les préalablesaux pourparlerspuis de soutenir directementles négociationsmenées à Wassenzlç.1e7La conclusiondu traité de répara1iens1e8amène le S.P.D.à espérerune formalisationet une améliorationdes relationsentre la R.F.A.et lsraël.teeMais le 10 septembre 1952 ne marquepas la fin de I'actiondu parti social-démocrate.Après la signaturede I'accordgermano-israélien, le S.p.D. poursuiten effet son engagementen prônantinlassablement la ratificationdu texte.Les prisesde positiondes responsablessociaux-démocrates traduisent alors toutes I'exigenced'une attitude ferme de la part du gouvernementfédéral; c'est en particulierle cas au momentdu passagede la délégationdes Étatsarabes à 195 ;6;6.,p. T26, "Mittlerweilehat die Regierungdes Staateslsrael erklârt, daR sie politischeund wirtschaftlicheBeziehungen nicht aufzunehmen wùnsche." Carlo Schmid, vice-président S.p.D. du Bundestag,a eu égalementI'occasion de se rendrecompte de I'oppositionabsolue, à cetteépoque, de la part des lsraéliensde tout contactavec les Allemands(v. SCHMID,C., Erinnerunqen,Berne, Munich, Vienne,1979, 868 pages,chap. "lsrael", p. æ7 et suiv.): lorsd'un congrès de I'UnionInterparlementaire à lstanbulen1950, les députésisraéliens présents provoquent un incidenten refusantde siégerdans uneassemblée qui accepteaussi des Allemands. 196 1'sppslqu'il lance ne restepas sans écho en lsraël: au moisde janvier1950, les "F.H." publient par exempleune lettre de MartinBuber qui s'avoue ému par la prisede positionde Kogonet salueI'annonce d'unevérité si peuévoquée par ailleurs ('F.H.', |i1950, p. 29, M. Buber,"Brief aus Patâstina"). L'esprit de I'interventionde EugenKogon dans la discussionsur les réparationsn'est pas isolé puisqu'ilse rapprochedes prisesde positioncontemporaines ou ultérieuresde ErichLûth (v. infra). L'équipedes "F.H.' est très liée aux associationsqui encouragentle dialoguegermano-israélien. W. Dirksest par exemplesollicité par GertrudLuckner qui luidemandeun soutienà l'actionde celle-ci(FEST, Dépôt W. Dirks,Aflgemeine und persônliche Korrespondenz - 1952 Lo-N, Lettre Luckner à Dirks,7 | 1gisz,ouLettre Lucknerà Dirks,3 Vlll 1952)ou cellede Lûth(ibid., Lettre Luckner à Dirks,1er tt 1952).Et Dirkss'engage effectivementà soutenir ces différentesinitiatives (ibid., Lettre Dirks à Luckner,5 ll 1952,ou Allgemeine undpersÔnliche Korrespondenz - 1951 La-Muh, Lettre Dirks à Lûth,11 Xll 1951).Et pourtes "F.H." te débutdes négociationsentre la R.F.A.et lsraèlconstitue une occasion d'étendre le débat,de proclamer la foi en uneAllemagne dénuée de tous lesaspects agressifs qui la caractérbenthabituellement et propre à participerà la paixet à la stabilitédu monde(DIRKS, W., "lsraelund die Deutschen",in "Frankfurter Hefte",1952, H. 3, p. 157et suiv.). 197 4;n5i,au mornentde la déclarationd'Adenarrer devant le Bundestag,le 27 lX 1951, PaulLôbe exprinre sa satisfactiontout en regrettantque rienn'ait été entreprisplus tôt. Dansson exposé,déjà cité, du 5 mai 1959,Altmaier déclare à proposde I'interventionde Lôbe(à la râlaction de laquetteil participe): "(das) war ein wahrhaftesSchuldbekenntnis des deutschenVolkes, ein Ruf zur \Medergutmachungdes begangenenUnrechts an dendeutschen Juden und dem jûdischen Volk." 198 que Schumacherne vit pas puisqu'ilmeurt le 20 Vlll 1952.Altmaier est invitépar Adenauerà participerà la brèvecérérnonie qui a lieule 10 lX 1952à I'Hôtelde Villede Luxembourg. 199"Nsgs1Vorwiârts', 12 lX 1952,article de O.H.Greve. 315 Bonn,à la fin d'octobre1952, et lorsquela R.F.A.continue à tergiverseret retardela sanctionpar le Bundestag.Le S.p.D.,qui agitalors de son propre gré, est égalementsollicité à de nombreusesreprises par des personnalités juives qui désirentle voir exercerune pressionencore plus forte sur Adenauer,même si celane lui est pastoujours possible.zoo

L'actiondu partisocial-démocrate ne restepas sans effet;et le poids qu'il fait pesersur le gouvernementdevient au débutde 1953un élément aveclequel I'A.A. doit compter dans sa tentativede conciliationavec les pays 4rs[ss.201Le s.P.D. multiplieen effet des communiquésde pressequi dénoncentles hésitationsdu gouvernement,réclament une présentation prochainedu texteau Bundestaget s'émeuventde I'impactde toute I'affaire sur l'imagede I'Allemagnedans le monde.2o2peul le s.p.D. le jeu du gouvernement,sous I'influence directe des milieuxéconomiques, n'est pas seulementdangereux pour la crédibilitéde la R.F.A.;il constitueégalement un instrumentd'un intérêtindéniable pour I'U.R.S.S. qui peuts'en servir et semer le troubleau sein du mondeoccidental.203 Çss différentesraisons, ajoutées au risquede ne pas respecterI'engagement ouest-allemand, rendent donc une ratificationurgente indispensable. Et le parti social-démocratesalue l'engagementdu processusà partirde la fin de février1959.

La séancedu Bundestagconsacrée à la discussionsur I'accord germano-israélienest I'occasiond'un discoursprononcé par CarloSchmid qui permetde fairele pointsur I'attitudedu S.P.D.204p'sp[1ée de jeu, celui-ci,

200 Le S.P.D.fait ainsi l'objet de relancesrégulières de la partde KurtR. Grossmannqui lui adresseles écritsrencontrés par ailleurs (v. supra). Le nouveausecrâaire général du S.P.D.est aussi contacté dans ce sens par I'lnternationalesocialiste (FEST, Dépôt E. Ollenhauer,Bd 321, Lettrede l'lnternationale Socialiste(Londres) à Ollenhauer,2.l1953, J. Braunthal,"Privé et Confidentiet")qui demande à ce quete partisocial-démocrate s'exprime clairement afin d'éviter des problèmes à l'intérieurde I'organisationetde prornouvoirune bonne image de I'Allemagneen lsraë|.Concrètement, Braunthal demande à Ollenhauer d'envoyerune lettre à Adenauerréclamant la ratification,lettre à diffuserégalement dans la presse.Dans sa réponse(ibid., Lettre d'Ollenhauer à InternationaleSocialiste, 29 | 1953),Ollenhauer insiste sur les difficultésdu moment: si Adenauerreste favorable au traité,son gouvernementest plus réservé,plus sensibleaux avantages à allerchercher du côtédes pays arabes, et le S.P.D.ne pourraagir directement qu'àpartir du nnmentoù I'accordpassera au Bundesratpour le débutdu processusde ratification.Dans ce contexte;Ollenhauer dennnde à Braunthalde transmeftreces considérationsau Mapaiet de susciter une actionde la partdes juifs. 201 92n5un télégramme envoyé au Cairele 10 ll 1953(PA/AA, Abt ilt, 210.01/g5E, Bd 6, Télégramme A.A. (244.13ll 69/53)au Caire,10 ll 1953),I'A.A. indique par exempleque "ôtfentlichesDrângen der S.P.D.auf baldigeRatifizierung macht Einhaltungvorgesehenen Zeitplans (pour la ratification) unerlâBlich." 2O2v. parexemple "S.P.D.-Præsedienst", 12 t 1953,"Das Ansehen der Bundesrepubliksteht auf dem Spiel",pp. 6-7. 203"S.P.D.-Pressedienst",l0 tt 195g, "Die Bundesrepubtik in arabischer Sicht", pp. 3-4. 204y9661, op.cit., p. 89. 316 aprèsavoir rappelé l'ampleur de la catastropheet soulignéI'engagement de son partien faveurdes réparations,évoque la nécessitéde ne pasoublier les autresvictimes du nazisme.En ce qui concernele traitésigné avec lsraël lui- même,le vice-présidentdu Bundestagregrette les différentesmaladresses commisespar le gouvernement,en particulierle troublené d'uneinformation insuffisantedes États arabes;mais il dénonceégalement ceux qui, en Allemagne,ont vouluempêcher la ratificationprécisément à causedes pays arabes.Dans sa conclusion,Schmid exprime tout d'abord I'espoirque I'accorden question,grâce à une exécutionloyale de ses clauses, contribueraà rétablirune bonneimage de I'Allemagne;puis il met en garde contreI'illusion qui consisteraità croireque I'accordest suffisantpour oublier le passé.Car pour lui, cet acte de droitinternational n'est qu'undébut, et le présidentdu groupeS.P.D. exige que "le peupleallemand fasse tout pour servirla réparationde I'injusticenazie et attende(...) patiemment qu'un jour la mainde la réconciliationlui soit tenduepar les descendantset les proches desvictimes de ls [s1[s1is."205

La concrétisationde I'exigenceexprimée par c. schmid suit immédiatementson discours;et c'estlà la participationprincipale du S.p.D. au rapprochemententre Bonn et Jérusalem.Fait rarepour un partipolitique dansI'histoire de la R.F.A.,en particulierpour un partid'opposition :le 1g mars 1953les sociaux-démocratesse prononcenten effet unanimementpour I'entréeen vigueurdu traitéde réparations.Et c'estce vote en blocqui permet au traité de passerle cap de la sanctiondu Bundestag2ooet au S.p.D. de considérerque I'irrésolutiondes partisde la coalitionmarque une page peu glorieusede I'histoireallemanQs.2oT

Après la ratification,le S.P.D. maintientune certainevigilance à I'intérieurmême de la Républiquefédérale, en particulieren ce qui concerne l'évolutionde la législationsur les réparations.Celle-ci devrait amener, conformémentaux promessesd'Adenauer lors du débatdu 18 mars,208à une

205"ry;1 fordern das deutscheVolk auf , alles zu tun, was der Wiedergutmachungnationalsozialistischen Unrechtszu dienenvermag, und in Geduld(...) abzuwarten, ob ihmeines Tages von den Nachfahren und Gefâhrtender Opfer der Barbarei (...) die Versôhnungshand gereicht werden wird.", ibid., p. 90. 206pour les chiffresdu vote,v. supra.A ce titrele soutiendu S.P.D.à I'accordgermano-israélien est 'Jewish saluépar lesorganisations juives ("S.P.D.-Pressedienst", 7 V 1953, "Dank des LaborCommittee' an dieS.P.D.", p. 5) comnrepar les acteurs de l'époque(GOLDMANN, N., MeinLeben als deutscher Jude, op. cit.). 207"5.p.p.-pressedienst",1Iilt 1953, "Anmutszeugnisse der Koatition",pp. 1-2. 208VOGEL, op. ctt. p. 78. 317 uniformisationde la loi pourpermettre un dédommagementau niveaufédéral. Si le Chancelierenvisage une solutionrapide à ce probllms,2osle processus prendtoutefois immédiatement du retardet le S.P.D.exige de voir les choses aboutirrâpidement.21o Deux ans plus tard, I'ajournementpersistant de la loi fédéralesur le dédommagementpousse le parti social-démocrateà soulignerle décalage profondentre cette lenteuret le bon déroulementde l'accordgermano- islsflisn.2t1Le s.P.D. exprimealors son étonnement,partagé par la communautéinternationale, face à unetelle contradiction; et il se demandesi le gouvernementde Bonn n'attacheautant d'importanceau traité de réparationsqu'en raisonde son effet de propagande.C'est pourquoiil appelleAdenauer à prendrepersonnellement I'affaire en mainscomme il I'avaitfait pourI'accord de Luxembourg.

Par ailleurs,le S.P.D.s'intéresse régulièrement à la situationde l'État hébreu.La vie politique,les performancesde la constructionde l'économie israélienneet les projetsde grandeampleur lancés par les gouvernements de Ben Gourion et Sharett forcent son respect et rencontrentson admiration.2l2Et le caractèreapologétique des commentairessociaux- démocratesse retrouvedans les comptesrendus de personnesproches du S.P.D.de passagssn 1s1291.213

MalgréI'attention portée par les sociaux-démocratesà des questions prochesdu problèmedes rapportsgermano-israéliens, il faut toutefoisnoter que I'entréeen vigueurde I'accordde réparationset la mise en place progressivede relationsde facto entre Bonn et Jérusalematténuent I'activismedu S.P.D.dans le domainedu rapprochemententre les deuxpays.

20946smusr parled'un débat sur la questionpendant la sessionen cours. 210"5.p.p.-pressedienst",21 V 1953,"Gebrochenes Versprechen", p. 5. '5.p.9.-pressedienst", 211 19 | 1955,"Vergessene Opfe/', pp.1-2. 212E1c'est justementla lutteperpétuelle oe l'Étatd'lsraêl pour sa survie,contre la natureou contreses ennemisarabes, qui provoquealors un certainaveuglement des sociaux-démocratesallemands (et des admirateursallemands de l'Étatjuif en général)quant aux probtènes intérieurs israéliens (v. 'Palàstinenserbild' KLOKE,M. "Ressentimentund Heldenmythos- Das in 'Linke' der deutschenLinkspresse", in RENGER, Diedeutsche undder Staatlsrael, op. cit., p. 47 et suiv.)Les communiqués de pressedu S.p.D. concernentpar exemplel'irrigation du Néguev("S.P.D.-Pressedienst', 8 Vll 1955,"Die Wûste Negew - Hoffnunglsraels", pp. 3-4), le retourde Ben Gourionsur Ia scènepolitique israélienne 1"S.e.O.- Pressedienst", 3 Vlll 1955,"Hoffnung auf BenGurion", pp. 3-4),ou la situationdélicate d'un État iuit Oe plusen plus isoléface à des paysarabes qui bénéficientdes largessesmilitaires soviétiques ('S.p.D.- Pressedienst", 8 Xl 1955,"lsrael vertraut auf seineeigene Stârke", pp. 3-4)ou britanniquesfS.p.D.- Pressedienst",11 xl 1955,"Britisch-sowjetische Rivatitât im Mittetost",pp. 34). 213ç'gstle cas de ErichLûth (v. infra),W.A. Berendsohn, A. Freudenbergou H. Gollwitzer. 318 Si, ultérieurement,certains auteurs ont tenuà mettreen valeurune action ininterrompueen faveurde relationsplus étroites,21+ il semble que la réalité desfaits soit plus nuancée.215 Les recherches effectuées dans les archivesdu S.P.D.n'ont en effetapporté que peu d'élémentsqui puissentconforter le portraitflatteur de I'actiondes sociaux-démocratesproposé à I'occ2sisn.216

Commeils entretiennent des contactsréguliers avec les membresde la missionisraélienne de CologneztTou d'autresreprésentants israéliens à l'étranger,218s[ comme ils disposenten plus des comptes rendus de personnalitésdu S.P.D.qui ontfait le voyaged'lsraë|,21s les responsablesdu partisocial-démocrate connaissent l'évolution positive qui se produitdans l'État hébreuau sujet d'éventuellesrelations avec I'Allemagnede I'Ouest. Maisces informationsne poussentpas plusle S.P.D.que la C.D.U.à prendre I'initiatived'une proposition concrète de rapprochement.C'est dire que les sociaux-démocrateseux aussiont la convictionqu'il est encorebeaucoup trop tôt pour prendreune quelconqueinitiative; et commeI'affirme en mai 1955le députéGreve : "Nous devons attendreavec patienceque I'opinionpublique israéliennepuisse supporterd'entretenir des relationsnormales avec I'Aflemagng."22o Justifiéepar le décalagequi existeencore entre Bonn et Jérusalemet par la proximitéd'élections législatives en lsraël, I'affirmationde Greve sembletoutefois ignorer l'évolution effective de la mentalitéisraélienne observéepar ailleurs.Et la conclusionque le députétire de son observation est évidente: plutôtque d'accélérerle processusde rapprochement,il faut encoreattendre un signede la partdes lsraéliens.

2146emmg Johannes Rau dans son avanl-propos à I'ouvrage dirigé par R. Renger(Die deutsche 'Linke' undder Staat lsrael, op. cit.). 215ç's51 la thèse défendue par S. Shafir(Une main tendue..., op. cit. et "S.P.D.and lsrael...", op. cit.). 216 gn peut constaterque le partid'Ollenhauer respecte la patiencevoulue par Schmiddans son discoursdu 18 mars1953; et c'estcertainement ce qui expliqueque des déclarationsconcernant une nouvelleétape dans le rapprochemententre Bonn et Jérusalem,telles qu'on aurait pu lesdéduire de la logiqueantérieure, n'ont pas lieu ou sonttrès rares. 217v.pat exempleSCHMID, C., Erinnerunqen,op. cit.ou SHINNAR,F., Bericht eines Beauftraqten, op. cit. 2184u coursd'un séjour aux Etats-Unis fin 1953,Altmaier est ainsi reçu par le consulisraélien à Chicago, Astar(FEST, Dépôt J. Altnaier,Bd 9). 219ç'sst le cas desdéputtés O. H. Greve('Allgemeine Wochenzeitung der Juden in Deutschland",20 V 1955,entretien avec O.H. Greve (MdB/S.P.D.)) ou L. Metzger("S.P.D.-Pressedienst", 28 Vl 1956,"lsrael - Landdes Aufbaues", L. Metzger(MdB, S.P.D.), pp. 3-5). 22O"yt1i1mûssen in Geduld abwarten, bis es die ôlfentlicheMeinung in lsraelertrâgt, mit Deutschland normaleBeziehungen zu unterhatten." 319 On soulignerapour finir que le parti social-démocrateouest-allemand s'efforcede consoliderles liensde travailqui existentdéjà avec le Mapai;car c'est à ce niveauqu'il entrevoit des perspectiveslointaines de relationsplus étroitesentre les deux pays.En effet,si le S.P.D.porte son attentionavec autant de constancesur lsraël c'est naturellementaussi parce que l'État hébreureprésente la seuledémocratie qui fonctionneau Moyen-Orient.Par ailleurs,la politiqued'aide au développementque le gouvernementde l'État juif met alorsen place,notamment en directionde paysd'Afrique ou d'Asie, intéresseégalement les sociaux-démocrates;car elleentre dans le cadrede leurs propresidées et ils pensentque par ce biais lsraël pourrajouer ultérieurementle rôled'un pont entre I'Allemagne et les paysdu Tiers-Monde.

Par la suite,et plusspécialement à la fin de la période,les prisesde positiondu S.P.D.ne constituentplus que des réactionsà des impulsions extérieures,qu'il s'agisse de consultations,de rumeursou de faitsvérifiés : le S.P.D.n'intervient en effetqu'en fonction du contextequi avivele débatsur un rapprochemententre Bonn et Jérusalem.C'est ainsi qu'au début février 1956 son service de presse annoncel'établissement prochain de relations dipfomatiquesentre les deux pays;zztmais à ce momentle parti social- démocratene fait que suivrele mouvementinitié par I'invitationisraélienne à négocierI'installation d'une représentation commerciale de R.F.A.en lsraë|. Un peu plustard, le S.P.D.fait partiedes forcespolitiques consultées par Shinnardans le but de mettreles autoritésde Bonnau pied du mur et les amenerà répondreà I'invitationdu 27 lanvier.A cettefin le responsablede la mission israéliennerencontre ,le 27 tévrier;222s1 le secrétairegénéral du partisocial-démocrate promet à Shinnarde s'entretenir avec Brentanopour lui faire part de son accordavec I'idée d'envoyer en lsraël d'une délégationcommerciale ouest-allemande, sans conditionpréalable. Mais la rencontreentre le responsablesocial-démocrate et le ministredes Affairesétrangères n'a pas le résultatescompté par Shinnaret Ollenhauer; I'interventiondu S.P.D.a lieutrop tard ou ne permetpas de venirà boutdes raisonsimpérieuses qui amènerontprogressivement au refusde Bonn.

221 Annoncedu 3 tl 1956reprise in lSA, ForeignOffice, 2516t8, Addenda à la lettrede F. Shinnarau ministreisraélien des Affairesétrangères, 29ll 1956. 222i6i6. 320 1.2.2.Le "Deutscher Gewerkschaftsbun!"223 De la mêmemanière qu'il existe des liens naturels entre le S.P.D.et le Mapai,la centralesyndicale ouest-allemande est liée à son équivalent israélien,l'Histadrouth.2z4 De plus,les syndicalistesallemands, comme les sociaux-démocratesauxquels ils sontpolitiquement apparentés, sont passés pourla plupartpar l'écolede la résistanceau nazismeet ressententainsi une forte proximitéavec les ancienspersécutés du régimede Hitler.Et les options de politiqueétrangère du puissantsyndicat allemand s'alignent en général clairementsur cellesdu partisocial-démocrate, en particulierdans le cas d'lsraë|. Commecelles du S.P.D.,les prises de positiondu D.G.B.en ce qui concerneun rapprochemententre Bonn et Jérusalemsont raresau coursde la périodeen question.Mais tout commele S.P.D.,la centralesyndicale soutientles réparationsaux juifs et I'accordsigné à Luxembourg;c'est pour cela qu'elles'exprime au momentdu débatsur la ratificationdu texte en signalantque les menacesarabes, qu'elle condamne, n'ont pas la gravité que fes autoritésde Bonnveulent bien leur donner.225Etcomme le S.P.D. encore,le D.G.B.considère que I'accordgermano-israélien ne doit pas être considérécomme un but mais commele débutd'un long processusqui engagel'Allemagne pour les années) vsnip.226

Dansles mois et les annéesqui suiventla ratificationde I'accordde réparations,la questiondes relationsentre la R.F.A.et lsraëln'est abordée qu'incidemmentpar le D.G.B.Alors qu'il n'apparaît pas dansles documents d'archivesconsultés,227 ls sujet est évoquéà l'occasiondans les colonnesde I'hebdomadairede la centralesyndicale, "Welt der Arbeit",le plus souvent sousla plumedu journalistejuif AlfredJoachim Fischer. PourFischer, I'arrivée de MosheSharett au postede Premierministre, annoncéeà la fin de 1953, est ainsi I'occasionde mentionnerles perspectivesqui se sont ouvertesdepuis les négociationsde Wassenaar;et 223parla suite= D.G.B. 224 qu'elleadmire, v. FRISTER,E., "Nachdem Holocaust- DeutscheGewerkschaften und lsrael",in GIORDANO,R., Deutschland und lsrael : Solidaritàtin derBewâhruno..., op. cit., p. 167et suiv- 225 "Wettder Arbeit",20 ll 1953,"Nicht nur in Agyptengibt es Baumwolle- Dasdeutsch-israelische Wiedergutmachungsabkommenvor der Ratifikation". 226"Weltder Arbeit", 12lll 1953,"schluBpunkt?". 227en particulierdans les papiersdu directoiredu D.G.B.ou le dépôtde LudwigRosenberg à la Hans- Bôckler-Stiftung,Dûsseldorl, ainsi que dans le dépôt de Willy Richteraux ArchivesÎédérales de Coblence.Dans ces papiersle sujetn'apparaît qu'à partir de la visiteen lsraêld'une délégation syndicale allemandeen 1957(pour sa part,la visitede Rosenbergen lsraëlen1955 ("Jûdische Rundschau", 3 Vl 1955,"Gâste aus Deutschland in lsrael")ne fait I'objetd'aucune mention dans ces documents). 321 d'aprèsle journalisteune normalisation,lente certes, des relationsest à I'ordredu jour.2za Les relationsgermano-israéliennes sont évoquéeségalement dans I'entretienavec Th. Heussque "Welt der Arbeit"publie à I'occasiondu 7Oème anniversairedu président.22sLe D.G.B.dresse alors un rapideportrait de I'hommequi représenteun pays désireuxde se conformerà nouveauaux traditionshumanistes de l"'Aufklârung"et souligneque I'accordde réparations,que Heuss a contresigné"non sans une satisfaction llls;ies1s",230n'est pas le moindresymbole de ce nouvelétat de fait.Reprise par la pressesyndicaliste, cette déclaration laconique mais forte du président ouest-allemandconstitue à I'adressed'lsraël un signalsupplémentaire qui démontrela bonnevolonté de la "nouvelleAllemagne". D'autresévénements fournissent à "Welt der Arbeit"I'occasion d'aborderplus amplement le problèmedes relations entre Bonn et Jérusalem. c'est le cas de I'exposition"Alt-Neuland lsrael", déjà mentionnée, qui inspire au journalun articledestiné à établirle bilandes relationsentre Allemands et juifsainsi qu'entre Allemands et lsraélieps.231L'auteur, à nouveauFischer, peut ainsi évoquerle travailefficace fourni par la missionisraélienne de Cologneet la portéede réalisationsqui améliorentla connaissancede l'État hébreuen Allemagne.232Un autreévénement relaté par "Weltder Arbeit"est l'arrivéeen lsraëldu premiernavire ouest-allemand dans le cadrede I'accord de réparations: à cetteoccasion le D.G.B.insiste sur la qualitéà laquellesont parvenuesles relationsgermano-israéliennes au début de 1955ainsi que sur

228 "1rysltder Arbeit",24Xll 1953,"Moshe Sharett - lsraelszweiter Ministerprâsident", A.J. Fischer: "UnterSharett dûrften sich die Beziehungenzur DeutschenBundesrepublik, wenn auch mit Rùcksicht auf dieôffentliche Meinung des eigenen Landes, langsam, so dochschrittweise normalisieren." 229"Wett der Arbeit",29 | 1954,"Begegnungen mit Prof. Th. Heuss- Zu seinem70. Geburtstagam 31. Januar1954". A.J. Fischer. 23O"...nicht ohne innere Genugtuung..." 'Deutsche 231"Vtlslt der Arbeit", 14 V 1954, undJuden - Wiees zur WanderausstellungAlt-Neuland lsrael kam",A.J. Fischer. 232 puisquepar cetteexposition, idée de la "Gesellschaft",mais pour laquellela missionfournit le matérielde présentation,"... geht die israelischeVertretung noch einen Schritt zur Herstellungnormaler Beziehungenweiter. Langsam, aber sicher, wird aus einerEinkaufs-Kommission eine Gesandschaft, wennsie auch noch nicht diesen Namen fûhrt." 322 les perspectivesqui découlentde cet état flg fsi[s.233

Outrecet etfortd'information, la centralesyndicale allemande travaille à développerses contactsavec son homologueisraélienns.234 Le D.G.B.s'adresse à I'Histadrouthdirectement ou par I'intermédiaire des liens qui existententre les deux centralessyndicales au sein de la FédérationInternationale des Syndicatslibres.23s Et grâceà I'impactpositif du soutiendu D.G.B.au processusde réparations,le syndicatallemand trouve rapidementsa placedans cetteorganisation et s'attirela bienveillancede ses homologuesjuifs ou israélieps.236

La collaborationentre le D.G.B.et I'Histadrouthse poursuitau fil des années.Mais la centralesyndicale allemande ne se distinguepas du S.P.D. quantà son absenced'initiative pour un rapprochemententre la R.F.A.et lsraë|. C'estseulement au moisde janvier1956 que le D.G.B.s'exprime à nouveauà ce propos,lorsqu'un collaborateur de LudwigRosenberg annonce à AbrahamFrowein que I'Histadrouthcompte sur l'établissementprochain de relationsdiplomatiques entre les deux pays.237Mais si à ce moment I'organisationsyndicale manifeste son intérêtpour la chose,ce n'est en fait que pourdes raisonspratiques, car I'interlocuteurde Froweindemande à ce

233'Wettder Arlceit", 18 ll 1955,"Das erste deutsche Schiff in lsrael- KeineSensation um die 'Pergamon' - KapitânSchleiff brach das Eis" (article tiré de l"'AllgemeineWochenzeitung der Juden in Deutschland"): "Als Fazitblieb : Nichtsgeschah, was Bedenkenrechtfertigte, und (...)andere deutsche Schiffe werden kommen.Den Schiffen dûrften deutsche Sachverstàndige und Techniker folgen, die bei der Aufstellung von Fabrikanlagenund Maschinenbei der lnstruktionisraelischen Personals dringend benôtigt werden. Was nachhergeschehen wird, lâBt sich im Augenblickschwer sagen. Der Atmosphâre nach zu urteilen, die sich im Laufeder Zeit entwickelthat, wird sich das aus den jeweiligenBedûrfnissen der Praxis ergeben,der einesTages ganz automatisch die Normalisierungder politischenBeziehungen zwischen den beidenLândern folgen wird." Maisen parallèleà desarticles saluant les pronesses que contiennent les relationsentre Bonn et Jérusalem,"Welt der Arbeit" doit aussi mentionner les aspects moins positifs qui subsistentencore, et c'estpour lui l'occasionde critiquerle gouvernementAdenauer (à ce propos "Weltder Arbeit" reprend un articlede K. Grossmannparu dans "Aufbau" concernant la législationsur les dédommagementsencore déficiente ("Welt der Arbeit",8Vll 1955,"Wiedergutmachungspraxis ist skandalôs"). 234 çBçiconcerne en particulierdes investissementsfinanciers ouest-allemands en lsraëlpour participer à l'oeuvre,notamment industrielle, de I'Histadrouthqui est à la têtedu pluspuissant groupe industriel israélien,le SolelBoneh. 235par ta suite = F.|.S.L. 236 Citonsà ce proposla rencontrequi a lieuen juillet1953 à Stockholm,à I'occasiondu Troisiènre congrèsde la F.l.S.L.,à I'invitationdu Comitéjuif des ouvriers(rassemblement de tous les syndicalistes juifs américainsqui a une grandeinfluence sur le mouvementsyndical américain (à proposde cette réunionv. PA/AA,Bùro Sts, Presseref., Bd 250, Télégramrne Stockholm (157), 8 Vll 1953,Sieveking). Le D.G.B.peut alors entendre les louangesqui lui sontadressées par les syndicalistesjuifs anÉricains et israélienspour son actionpassée et à venir;et selonces syndicalistes,I'action engagée par le D.G.B. est à mêmed'aplanir les différends quisubsistent alors. 237 i6i6.,Abt vll, Bd 1025,Note écrite (206.700.01/35 984/56), 24 | 1956,Frowein. 323 qu'unattaché social fasse partie de la futurereprésentation allemande.

1 .3. Le F.D.P.

Au printemps1953, après s'être exprimé à de multiplesreprises dans le débatsur la ratificationde I'accordde réparations,le F.D.P.entre dans une périodede silencerelatif en ce qui concerneles relationsentre Bonnet Jérusalem.Ayant obtenu satisfaction dans I'affairedu pavillonallemand, le partilibéral peut désormais observer I'exécution des clauses du traitésigné à Luxembourget l'évolutiondes relationsde facto entre les deux pays. Quelquesprises de positiondu F.D.P.méritent cependant d'être mentionnées ici.

Parmiles déclarationsémanant du parti libéralallemand, celles de TheodorHeuss occupent une placeparticulière. Le présidentde la R.F.A., commecela a déjàété soulignépar ailleurs,s'intéresse en effettrès tôt à ce qui permettraità I'Allemagnede réparersa fauteenvers les juifs, au moinsen partie.Et après la ratificationde I'accordde réparations,qu'il contresignele mêmejour, Heussobserve attentivement l'évolution des relationsentre son payset l'Étathébreu. Son rôle,restreint par la Loifondamentale de 1949,ne I'empêchepas d'exprimerson avis et de se manifesterà intervalleplus ou moinsrégulier sur la guestion.23a Les interventionsde TheodorHeuss, dont la bonnevolonté envers les juifs est connue,23eprennent rapidement pour les contactsentre Bonn et Jérusalemune réelledimension morale. Ceci est attestépar exemplepar les messagesqu'il adresserégulièrement à la communautéisraélite de R.F.A.à I'occasiondu Nouvelan juif : on y trouvesurtout I'espoir de voir se concrétiser un futurcommun aux Allemandset aux juifs d'Allemagne;2'mainsi que la

238 Danssa biographiede Heuss,H. Môller(tvtÔLlen, H., TheodorHeuss - Staatsmannund Schriftsteller - Hommed'État et hommede lettres,publié par I'lnstitut historique allemand de Paris,Bonn, 1990, 155 pages)écrit que si Heussse sentaitparfois gêné par le caractèrehonorifique et purementreprésentatif de sa fonction"ll ne savaitque trop bienquelles possibilités s'offraient au-delà de I'influencepolitique directe."(p 86) C'estainsi qu'ilsoutient pleinement l'action de Luth(v. infra)et exprimedes opinions anafoguesà celledu responsabledu servicede pressede Hambourg(BA, B 122,U 2080,Lettre Heuss à Luth,10 lX 1951). 239 v. b recueilde textesde la plumede l'ancienprésident consacnis aux juifs,LAMM, H. (HS),op. cit. 24Oqui apparaît par exempledans le mssage de 1951(LAMM, op. cit., p. 115: "BeidePartner sind in ihrer Wirtschafts-und Sozialgeschichte,zumal aber auch in ihrer Geistesgeschichteviel zu eng miteinanderverbunden, als das, was Gewalttatwurde und Verbrechenwar, ein Endesein dûrfeund kônne.")ou dans celuide 1955 (ibid.). 324 satisfactionà l'égardde ce qui a été accomplià Luxembourg2+1et se renforce avec le temps.zazls discoursdu présidenten décembre1952, lors de I'inaugurationdu monumentérigé à la mémoiredes morts du camp de concentrationde Bergen-Belssnza3ainsi que le messagequ'il prononceen 1952à f'occasion de la "Semainede la Fraternité"2Mrentorcent I'impression laisséepar les déclarationsprécédentes. Et finalement,grâce à de tellesinterventions, le présidentde la R.F.A. devient un intermédiaireinfluent auquel les personnesdésireuses d'améliorerles relationsentre Bonn et Jérusalems'adressent pour donner du reliefà leurspropositiops.245

Mais Heussse préoccupeégalement de politiqueau sens propredu termeet sait lier la dimensionmorale des événementsà leur impactdans la réalité.C'est ainsi que, interrogéen septembre1953 par A. J. Fischer,le Présidentsouligne le lien étroitentre I'acte moral que constitueI'accord de réparationset ses implicationsdans les faits.2+6Et il déclareapprécier à sa justevaleur l'évolution favorable de l'opinionpublique israélienne vis-à-vis de l'Allemagne,même s'il connaîtles tensionsqui règnentdans l'État juif. Heuss développeet amplifieles mêmespoints de vue dansun entretienaccordé à la revue américaine"Commentary" en décembrede la même année '.247 interrogésur le refus persistantde la missionisraélienne de Cologne d'accepterun statutpleinement diplomatique, il répondque "tout dépend d'lsraë|"2'Eet que la R.F.A.est "prêteà établirdes relations formelles dès que (les lsraéliens)le souhai[g1e;11."24eLes hésitations israéliennes obligent néanmoinsle présidentà préciser,immédiatement après, que Bonn comprendles sentimentsqui se manifestentà Jérusalemet "ne (veut)rien

241message de 1952(ibid.). 242msss2ges de 1953et 1954(ibid.). 243"4;1gemsine", 5 Xll 1952,Texte Th. Heuss, "...um Deinetwillen, um unserer aller \Mllen". 244gql/rl/',op. cit., p. 129et suiv. 245 E161Lûth s'adresse ainsi à lui unenouvelle fois au moisd'avril 1952 (BA, B 122,Bd 2080)pour lui transmettreun projetd'acquisition du châteaude Leopoldskronprès de Salzbourgafin d'en faire don à I'universitéhébraïque de Jérusalem.Heuss soumet à sontour cette idée à I'A.A.en la soutenant(PA/AA, Abtll, Bd 1666,Lettre Bundesprâsidialamt (l/16 12 E 3) à Frowein,19 lV 1952,Wez, avecLettre de LûÎh à Heuss,13 lV 1952.)Heuss reçoit également des offres de personnesisraéliennes, comme celle de AsherAviry (BA, B 122,Bd 506,Lettre Asher Aviry, responsable technique de I'Agencejuive pour le Néguev,à Heuss,3 Vlll 1954)lui demandant un soutien pour l'édification d'auberges de jeunessedans la Néguev. 246"AisNeue Zeitung", 1Z1g lX 1953,' vier Jahre Bundesprâsident", A.J. Fischer. 'The 247"ç6mmsntart'', New York, Xll 1953, newGerrnany and herremaining Jews". 248"lt dependson lsrael" 249"...ready to establishformal relations as soonas theywish..." 325 fgpç91".250

Par la suite,Heuss tient avant tout à se tenirau courantde la situation d'lsraël;2s1et l'intérêtavec lequelil suit l'évolutionde l'Étathébreu ainsi que l'étenduede sa connaissancede la situationde ce pays étonnentses interlocutegps.252 En ce qui concernele rôlede TheodorHeuss, il faut aussimentionner qu'en raisonde ses obligationsprotocolaires, le Présidentest à l'originede contactsofficiels entre les deux pays.253ll est par exempleamené à rencontrerFelix Shinnar à plusieursreprises;254 mais, en raisondu caractère particulierde la missionde Cologne,ces rencontresn'ont pas I'aspect habitueldes rencontresentre un Présidentet les diplomatesétrangêrs;2ss ellesne se limitentpas au soucide respecterles usages,256et la participation de Shinnarà certainescérémonies protocolaires prend rapidement un aspect Politique.zsz

Heussparvient donc en très peu de tempsà incarnerI'image de la "nouvelleAllemagne" que le monderecherche à cette époque.Ses efforts ininterrompusen faveurd'un rapprochement,2Sssonétat d'esprit et la forcede sa personnalitérencontrent ainsi un échotrès favorablejusqu'en lsraël où le présidentreprésente, pour tous les juifsallemands qui s'y sont rétugiés,une

25o"...we arenot pressing." 251 94, B 122,Bd 506, Procès-verbald'une rencontre Heuss/Robert Welsch (ancien éditeur "Jûdische Rundschau"),30lV1952, à proposde la siluationen lsraë|. 252"1rysn der Arbeit",29 | 1954,"Begegnungen mit Prol.Th. Heuss- Zu seinem70. Geburtstagam 31. Januar1954', A.J. Fischer. 293.'"tt ainsique la présidencepublie un communiquéà l'occasionde la rnortdu premierprésident de f'Etathébreu, Haïm Weizmann (BA, B 122,8d506, communiqué du 10 Xl 1952.)Et à partirde 1954la présidenceadresse chaque année un télégrammeau gouvernementisraélien à I'occasionde la fête nationaledu pays(ces télégrammes figurent dans le mêmedossier des Archives Îédérales). 254 parexemple à l'occasiondu premieranniversaire de la ratificationde I'accordgermano-israélien, le 22 lll 1954,comrne l'indique une notice téléphonique du 26 ll 1954(ibid.). 2556;6., Lettre de l'A.A.(OO1/009.01.142 933/54) au Bundesprâsidialamt,5 lll 1954,v. Herwarth. 256ssluiai adresseen effetdes documentsde travailau présidentqui en réponsefait partde son intérêt (ibid.,Rapport de Shinnarà Heusssur la situationd'lsraë|, 10 lX 1954,et LettreHeuss à Shinnar,16 lX 19s). 257 ç's51le cas lorsqueShinnar participe à la réceptionorganisée pour I'anniversairedu président, participationquidéclenche la colèredes députés de I'oppositionen lsraèlet obligeSharett à expliquerce geste(v. supra). 258 Dansune lettre adressée au mairedu kibbouEShave Zion (quiregroupe de nombreuxjuifs originaires de Souabe,région où le presidenta égalenrentses racines)Heuss écrit (BA, B 122,W 506,Lettre Heuss à Scheuer,Shave Zion, 14lV 1956): "DaBich selber darin eine wesentliche Aufgabe sah und sehe,zur Linderungder deutsch-jûdischenTragik, die niemandauswischen kann, beizutragen, ist lhnenvielleicht bekannt." 326 raisonde croireen I'Allemagne.2se Mais il ne faut pas oublierqu'en raisonde la faible marge de manoeuvreque lui donnesa fonction,le Présidentest obligéde se conformer à la politiqueextérieure conduite par Adenaueret Brentanoet pratiquéepar I'A.A.De ce fait, mêmesi I'attitudedes autoritésouest-allemandes à l'égard des relationsdiplomatiques avec lsraËilne va pas dans le sens qu'il espérait, il ne lui est pas possiblede manifestersa désapprobation.260

Au seindu F.D.P.proprement dit, on ne relèvepour ainsidire pas de prisesde positionconsacrées au rapprochementéventuel entre la R.F.A.et lsraë|.En effet, le parti libéralsemble alors surtoutpréoccupé par les problèmesintérieurs allemands, les relationsinterallemandes et par les contactsavec I'U.R.S.S. et lespays de l'Est;c'est pour ces raisonsque le nom d'lsraëlou le devenirdes juifs ne sont mentionnésqu'incidemment dans les archivesdu F.D.P. Le 18 mars1953, I'attitude du F.D.P.est assezéloquente et reprendles élémentsdéjà signalésà son propos.A I'occasionde la ratificationde I'accordgermano-israélien, par la voix du députéWalther Hasemanp,261 lgg libérauxs'attachent en effet principalementà soulignerles défautsqui caractérisentles clausesdu traitésur lequelle Bundestagdoit se prononcer; et Hasemannénumère également les reprochesqu'on peut faire au gouvernementpour les négligencescommises tout au longdes négociations. Cependant,par la suite, il exprimesa satisfactionde voir enfin aboutirles etfortsouest-allemands consacrés à réparerIa fautecommise envers les juifs. Pour le parlementaire,la ratificationconstitue bien I'achèvementd'une périodenoire de I'histoireallemande. Mais cette constatationn'amène pas Hasemannà dessinerdes perspectivespour l'avenir des relationsgermano- israéliennes.

Dansles archivesdu F.D.P.,le problèmede meilleuresrelations avec les juifs, et indirectementavec lsraë|,n'apparaît ensuite que dans un seul 259Les allemandsqui ont pu fairele voyageconfirment cette réalité :ainsi, dans unelettre qu'il envoieà Heussà son retourd'lsraël (ibid., Lettre MD Janz,Bundeskanzleramt, à Heuss, 11 M956) le fonctionnairede la ChancellerieJanz transrnet au présidentde nombreuxtémoignages d'amitié, en particulierdu kibbouEde ShaveZion. 260C'est ainsi que le presidents'aligne sur I'opinionde l'A.A.lorsqu'en été 1956il reçoitune nouvellefois le responsablede la missionde Cologne;et il lui confirmealors, à I'aided'une version édulcorée de I'argumentationofficielle, que I'installationd'une représentationouest-allemande en lsraël n'est rnornentanémentpas possible (ibid., Procès-veôal d'une rencontre Heuss/Shinnar, 16 Vll 1956). 261p15, DépotT. Dehler,Bd 1196,Informationsbrief der Bundestragsfraktion, Nr 1461147118/149, 23 lll 1953. 327 document.C'est en effetseulement en 1955,au retourd'un voyage d'études aux Etats-Unis,que le députéHubertus Prinz zu Lôwensteinévoque la questiondans un documentdestiné à ThomasDehler, alors président du parti lifi$al.zàzSur la basede son expériencepersonnelle,2ô3 Lôwenstein précise alorsque la R.F.A.doit améliorer son travail de relationspubliques aux U.S.A. pour améliorersa propreimage; et selonle parlementaire,ce travailpasse aussi par des réparationsaux émigrésallemands installés outre-Atlantique. Mais sa propositionparticipe d'une réflexionpragmatique : Lôwenstein expliqueen effet qu'uneaccélération du processusde dédommagement constitueraitle seul moyend'activer en parallèlela restitutiondes biens allemandsencore saisis aux U.S.A.

262i6i6.,Bd 1437,Lettre Hubertus Prinz zu Lôwensteinà Dehler,5lll 1955. 263 Lôwensteinconnaît I'importance d'une image favorable de I'Allemagneaux U.S.A.pour y avoirvécu en tantqu'émigré. 328 2. La société civile de R.F.A.

Commele remarqueFrank Stern,26a après la Deuxièmeguerre mondialela lutte contre I'antisémitismeen Allemagnen'est pas très vigoureuse: raressont en effet les remisesen questionou les déclarations opposéesà I'antisémitisme,265qu'elles émanent des administrationsou des Églises.zo6C'est ce que constatentégalement les autoritésaméricaines d'occupationqui font de cettelutte leur cheval de batailleet mènentà I'Ouest, avec leurshomologues britanniques et françaises,une politiqueactive de dénazification.26T

L'Allemagnede I'après-guerreest malgrétout aussimarquée par la naissancede mouvementsfavorables à un rapprochemententre chrétiens et juifs. Prolongationsd'initiatives nées au cours de la périodenazie ou nouveauxgroupes issus d'une réflexionsur I'ampleurde la Shoah,ces mouvements,à recrutementsouvent élitaire, sont le refletdu philosémitisme qui caractériseune partiedes classesdirigeantes allemandes après 1945.268 Ces cercless'efforcent principalement de lutter contre la persistancede I'antisémitismeen R.F.A.26eou I'indifférencegénéralisée à l'égarddu sort des

2æ STERN,F., "Wider Antisemitismus- Fûr christlich-jûdischeZusammenarbeit - Aus der Entstehungszeitder Gesellschaftenund des Koordinierungsrats",in SCHOEPS, J.H., Menora- Jahrbuch fur deutsch-iùdischeGeschichte - 1992, op. cit., p. 182et suiv. 265 Stern(op. cit.) évoque par exemple la déclarationde TheodorHeuss, alors ministre des Cultesde Wurtemberg-Bade,en novenùre1945 à Stuttgart. 266 çsrnmele remarqueaussi Inge Deutschkron in KOLNEDER,W. (Hg),Daffke...l Die vier lrebender lnqe Deutschkron- 70 Jahreerlebte Politik, Berlin, 1994,237 pages. Pour les textesdes Eglises,v. RENDTORFF,R., HENRIX, H.H., (Hg), Die Kirchenund das Judentum- Dokumentevon 1945-1985, Paderborn,Munich, 1987,746 pages, ainsi que HERMLE,S., EvanoelischeKirche und Judentum- Stationennach 1945,Gôttingen, 1990, 422 pages.Dans les documentsecclésiastiques datant de I'immédiataprès-guerre ou du débutdes années 1950, le thèmede I'appelàla missionde conversiondes juifsestencored'actualité(cequeStern@...,op.cit.,p.278)appel|e..... organisierterchristlicher Antisemitismus..."). 267y. y4111qNT,J. (Dir.),La dénazification oar les vainoueurs - La oolitioueculturelle des occuoants en Allemaqne1945-1949, Lille, 1981,300 pages. 268 v. BRENNER,"Wider den Mythosder 'stundeNull'...", op. cit. V. le débatsur la validitéde ce philosémitismein STERN,F., 'Entstehung,Bedeutung und Funktiondes Philosemitismusin Westdeutschlandnach 1945" (in BERGMANN, W., ERB, R., Antisemitismusin der oolitischen Kultur nach 1945,Opladen, 1990, 3z18 pages, p. 180et suiv.)ainsi que in STERN,F., lm Antanqwar Auschwitz..., op. cit.,p. 265. 269 6;66 notammentcontre des "juifsvisibles" (Brenner), c'est-àdire des juifsoriginaires d'Europe de I'Estprésents après 1945 sur le territoireallemand. 329 juifs.zzoAu traversde discussionssur les moyensd'améliorer les relations entre chrétienset juifs, ils sont amenésà réfléchirsur ce qui pourrait rapprocherla R.F.A.de l'Étathébreu. Parmi les groupesqui se manifestentici et qui sont représentatifsd'une partie de la sociétécivile ouest-allemande, il s'agit d'évoquerprincipalement le cercle catholiquedu "Freiburger Rundbrief",le groupeoecuménique de la "Gesellschaftfûr christlich-jùdische Zusammenarbeit",et enfinles membresde l"'AktionFriede 6i[ ]91991",271 implantésprincipalement à Hambourg.

2.1. Le groupe du "FreiburgerRundbrief"

Parmiles associationsles plusfavorables à un rapprochemententre l'Étathébreu et la Républiquefédérale, il faut tout d'abordciter le groupedu "FreiburgerRundbrief". Ce cerclecatholique, réuni autour de GertrudLuckner, est né de I'oppositionau nazisme.272Et I'aideaux victimesdes persécutions nazies,exercée notamment par la responsabledu groupe,trouve son prolongementnaturel dans la recherchede la réconciliationentre Allemands et juifs aprèsla Deuxièmeguerre mondiale. La continuitéde I'actionde G. Luckners'illustre par exempledans I'exigencede réparationsà accorderà toutesles victimesdu nazisme,en particulierà cellesde confessioniuive. Pour donnerplus de poids au travailde réflexiond'un groupequi rassembled'éminentes figures de I'oppositionau nazisms,273ls cerclede Fribourgse dote rapidementd'une revue très denss.274Le "Freiburger Rundbrief",275à vocation théologique, devient vite le moyend'expression le plus efficaced'un cercledont les revendicationssont préciseset répétées sans cesse;et certainsarticles abandonnent I'aspect théologique dominant

270 ç'sstcette situation quifait direà N. Wollheim,président de I'uniondes communautésjuives de la zoned'occupation britannique, avant son départdéfinitif vers les Etats-Unis: "\Mr stehenam Vorabend einer nazistischenRestauration in Deutschland.Die guten Demokratenkônnen sich hier nicht durchsetzen."(cité in BRENNER,op. cit., p. 173). 271 parla suite = "Aktion". 272ç. Luckners'est notamment illustrée pendant la çÉriodenazie en aidantdes juifs à fuiren Suisse,ce pour quoi elle a été déportéeà Ravensbrûck.Après la Deuxièmeguerre mondiale elle continuede s'occuperdu "DeutscherC;aritas Verband" à Fribourg. 273 çemms HermannMaas, EugenKogon ou Karl Thieme.En I'absenced'études publiées sur le "FreiburgerRundbrief" et parsuite à I'impossibilitéde rencontrerG. Luckner,il n'a malheureusementpas été possibled'établir précisément I'importance, la constitutionet I'impactréel de ce groupe. 274 "3un661iefzur Fôrderungder Freundschaftzwischen dem altenund dem neuenGottesvolk - im Geisteder beidenTestamente", titre qui devientplus tard "FreiburgerRundbrief - Beitrâgezur Fôrderung der Freundschaftzwischen dem Altenund dem NeuenGottesvolk im Geistebeider Testamente". 275par la suite = "F.R." 330 pourexprimer des doléances plus concrètes.

Le thèmede réparationsà accorderaux juifs apparaîttrès tôt dans les pages du "F.R."et fait I'cbjetd'un engagementunanime de l'équipe rédactionnslls.2T6Par ailleurs,le "F.R."est très lié aux autres groupes favorablesau rapprochemententre Bonn et Jérusalemdont il reprendà l'occasionles initiatives.2TT\ la fin de 1951,le cerclede Fribourgencourage vivementdes pourparlersentre la R.F.A.et lsraël;zz8et il saluenaturellement à la fois les négociationsde Wassenaaret les perspectivesqu'elles gLlylgn[.279

Au coursdes pourparlersgermano-israéliens, précisément lorsque le processusde négociationparaît menacé, Luckner et son groupemanifestent leurpréoccupation à I'adressedes responsablespolitiques ouest-allemands. C'estce qui expliquequ'en juin 1952,dans une lettreau secrétairegénéral de l'4.4., Lucknerne peut qu'exprimersa satisfactiondevant la reprisedes négociationsaprès leur interruptiondramatique d'sypil-6si.280 Cette préoccupationse retrouveau momentdu débatsur la ratificationde I'accord de réparations;car les vivesdiscussions auxquelles est soumisle texte du traitéentraînent Luckner et ses amisà redoublerd'attention et à approfondir leurengagement en faveurdu processusde dédommagement.Le cerclede Fribourgagit alors de plusieursmanières : d'unepart Luckner prend l'initiative de s'adresserdirectement au Chancelier;2atd'autre part le'F.R." publie, dans son numérode janvier 1953,toutes les prisesde positionfavorables à la

276ls mars 1949,la revuede Lucknerpublie ainsi la résolutiondu congrèscatholique de Bochum concernantles juifs (2. Folge1949/1950 Nr 2/3, lll 1949,p. 1, "Entschliessungdes Deutschen Katholikentageszur Judenfrage")et demandantdes réparationsdans la mesuredu possible.De même, dèsla lin de 1949,en parallèleà I'interviewd'Adenauer dans l"'Allgemeine", le "F.R." se montrefavorable auxréparations à accorder aux juifs ("F.R.," 2. Folge1949/1950, Xll 1949,Nr 5/6). 277 commele montrentpar exemplela correspondanceavec I'animateurdes "FrankfurterHefte", Walter Dirks(FEST, Dépôt W. Dirks,Allgemeine und persônlicheKorrespondenz, 1949, Li-Mer, Lettredes "FrankfurterHefte" à GertrudLuckner, Caritas Verband,Freiburg, 27 | 1949,et Allgemeineund persônlicheKorrespondenz,1952, Lo-N, avec les lettresde Lucknerà Dirks,des 7 | 1952,1er ll 1952,3 Vlll 1952et 21 Xl 1952et la reprisepar les "F.H." d'articles du "F.R.".Le'F.R." reprend ainsi I'initiative d'E. Ltlth "Ôlbaumspende"destinée à financerla plantationd'oliviers en lsraêl(v. infra),"F.R.", 4. Folge 1951/1952,lV 1952,Nr 16, p. 21, "Aufruf zur Ôlbaunspende". 278"ç.7!,3.4. Folge1951/1952, Xll 1951,Nr 12/15,Sonderaufgabe:Friede mitlsrael. 279 psul H. Maas(Exposé devant la "DeutscheParlamentarische Gesellschaft" sur "Problemedes Staateslsrael", s.d., 1952),'Das ersteZiel (de ces négociations)ist einfacheine formaleGrundlage, formalgeordnete Beziehung zu diesemseltsamen Staat lsrael. Das ist die erste Chancebei dieser \Medergdmachung." 280 PA/AA,Abt ll, Bd 1687,Lettre du DeutscherCaritas Verband, Fribourg, à Hallstein,11 Vl 1952, Luckner. 2816i6., Bd 1688,Lettre "F.R." à Adenauer,29 Xl 1952,Luckner. 331 ratificationdu traitégermano-israélien.282 El au moisde mars,I'approbation de I'accordde réparationspar le Bundestagrencontre bien sûr I'assentiment 6lg"f.P1.".283

Maisle'F.R.' ne s'engagepas seulement sur le terraindes réparations. ll prendégalement une part activeà une campagnede renforcementde la "nouvelleAllemagne" qui se dessineà cette époque;à cette fin il participe directementà la luttecontre la persistancede l'antisémitismeen République l(Qûals.28+ Parailleurs, le 'F.R."voit dans le développementde la connaissance de l'Étathébreu en R.F.A.un moyende créeret de renforcerle dialogue israélo-allemand.C'est pour cela qu'il diffusedes informationssur lsraëlet l'étatd'esprit qui y règneà l'égardde I'Allemagne2ssen utilisantdes journaux israéliensou des publicationsjuives d'expressionsllsrnsnfls286 ou anglaise.287Et dansla mêmeoptique G. Lucknerfait partiedes premières personnalitésallemandes autorisées à se rendreen 1s1291.288 Les informationssur lsraëlpubliées dans les colonnesdu "F.R."sont accompagnéesd'articles portant sur le développementdes relationsde facto entre Bonn et Jérusalem.La revue s'intéresseainsi particulièrementà l'évolutiondes relationsissues de I'accordde réparations2seainsi qu'à la mise en placede contactsen dehorsde ce cadre.2eOCeci expliqueque le

282"ç.9.",5.Folge 1952/1953, I 1953, Nr 19/20. 283"f R.",6. Folge1953-1954, ll 1954, Nr 21t24,p. 33,"Das Deutschland-lsrael Abkommen". 28412 correspondanceentre Luckner et Dirkscitée concerne par exemplela campagneengagée contre la sortieen Allemagned'un nouveau film du réalisateurVeit Harlan, très apprécié sous le TroisièmeReich ("JudSûss'). Dans ce casprécis, le "F.R."soutient les manifestations étudiantes organisées à Fribourg. 285 z. Folge1949/1950, Vlll 1950,Nr 8/9, p. 29, "lsraelund die deutscheSprache" , "lsraelitisches Wochenblattfûr die Schweiz",24 ll 1950,et "lsraelParlament lehnt Kollektivschuld ab", "DerWeg', 11 vilt 1950. 286 "411gsrneine","lsraelitisches Wochenblatt fûr die Schweiz","Mûnchener Jûdische Nachrichten", "Aufbau- Reconstruction"... 287"4...1.p. Info."... 288 et I'animatricedu "F.R."multiplie à partirde là les séjoursd'étude dans l'État juil (3.-4. Folge 1951/1952,Xil 1951,Nr 12115, p.56). 289 'f.R.', 6. Folge 1953-1954,ll 1954, Nr 21124,p. 49, "Einigungûber Transportvon Wedergutmachungslieferungen',"Allgemeine", 15 | 1954,"Der deutsche Handel mit lsrael","Mûnchener JûdischeNachrichten", 12 | 1954, ou 7. Folge 1954-1955,lX 1954, Nr 25128,p.52, "Wiedergutmachungssendungenauf dem Luftwege nach lsrael," "lsraeFlnformationsdienst',26lll 1954). 290 L'intérêtdu "F.R.' se porteen particuliersur le développementdes contactsentre jeunesdes deux pays(6.Folge 1953-1954, ll 1954, Nr21124, p.47, "Studentenhelfen lsrael", "Die NeueZeitung",20 lX 1953)et des rapportsculturels (5. Folge19521953, I 1953,Nr 19/20,p. 32, "DeutscheBuchspende fûr die hebrâischeUniversitât", "Jewish Agency's Digest", 31 X 1952,6. Folge1953-1954, ll 1954,Nr 21124, p. 50, "DeutscheBûcher in lsraelgefragt", "Allgemeine",12 Vl 1953,"Deutsche bei dem in lsrael stattfindendenMusikfest", "lnformation of Associationof JewishRefugees in GreatBritain", | 1954,ou 7. Folge1954-1955, lX 1954,Nr 25128,p.52, "DeutscheBûcherspende fûr die HebrâischeUniversitât", "Allgeneine",11 Vl 1954). 332 cerclede Fribourgsalue la logiquepragmatique qui s'installeet I'essordes échangescommerciaux réalisés au cours des premièresannées de l'applicationde l'accordgermane-ls1sflisn.2e1

Le "F.R."joue également un rôle importantpar la publicationd'articles favorablesà une normalisationdes relationsentre la Républiquefédérale et l'Étatjuif. ll sert ainside caissede résonanceaux indicesqui peuventfaire croireà une formalisationde ces relations;2e2il prend également note des avancéesque constituentles déclarationsdes membresde la mission israéliennede Cologne,en particulierà partirde la fin 1953;ze3et dans ce domaineil se fait enfin l'échodes prisesde positionsymboliques des autoritésfls Elsnn.2ea

2.2. Les membres de la "Gesellschaftfûr christlich-jûdische Zusammenarbeit"

Fondéesur le modèledes groupesjudéo-chrétiens américains, la "Gesellschaft"est, aux yeux de I'administrationaméricaine d'occupation, partieprenante du processusde démocratisationde I'Allemagne;mais elle répond également à l'exigenced'une entente entre les diverses confessions.zssflfpartis sur tout le territoireallemand, les comitéslocaux de la "Gesellschatt"sont tous organisésselon le mêmem96l$ls2e6 et fournissent un énormetravail d'éducation par I'intermédiairede publicatiops2eTet de conférences.Ces comitésparticipent enfin à des campagnesétendues à

'p.q.",8. 291 Folge1955:1956, X 1955, Nr29/32, p.37,'Diedeutsch-israelischen Beziehungen und die individuelleEntschâdigungsfrage", K.R. Grossmann, "Aufbau-Sonderdruck," 17 Vll 1955. 292nslammsnt au momentde la fermeturedu consulatisraélien de Munich(6. Folge1953-1954, ll 1954, Nr 21124,p. 49, "DiplomatischeBeziehungen lsraels mit Deutschland?","lsrael-lnformationsdienst", 11/9, 10vil 1953). 293ç'ss1 le "F.R."qui pubtieen effetI'article déjà cité de Uri Naorparu dans le journal"Aufbau" le 20 Xl 1953(6. Folge 1953-1954, ll 1954,Nt 21124,pp. 10-11,"lsrael und Deutschtand," U. Naor). 294 avec,par exempleI'interview de W. Hallsteindans le "Bulletin"(7. Folge1954-1955, lX 1954,Nr 25128,p.52, "Verhâltnisdes Veftrauens herstellen", "Stuttgarter Zeitung,' 12 Vlll 1954). 'Gesellschaft" 2956 fait partiedes groupementsauxquels Stern ("Entstehung, Bedeutung und Funktion des Philosemitismusin Westdeutschland nach 1945", op. cit.,p. 186)attribue un anti-antisémitismeréel et non opportuniste.M. Stôhr ("Kircheund lsrael - Ein LernprozeBhat geradeerst begonnen",in GIORDANO,R., Deutschlandund lsrael - Solidaritâtin derBewâhruno, op. cit.,p.212 et suiv.)y voitdes "Btlrgerinitiativengegen lntoleranz und Unkenntnis,Bûrgerinitiativen, die solidarischfûr lsraelarbeiten und mitden deutschen jûdischen Gerneinden engen Kontakte pflegen." (p.227). 296 un directoireà trois (catholique,protestant et juif), des commissionsde travail (jeunesse, confessions,éducation...). 297 6vecprincipalement la revue"Zusammenarbeit". 333 toutela Républiquefédérale.

Après I'organisationd'un "Congrèspour de meilleuresrelations humaines",2g8en mai 1949,un Comitéest mis en placeà Francfortle 10 novembrede la même année afin de combinerIe travail des différentes "Gesellschgffsp".2eefl parallèlement à cettestructuration, c'est à I'initiative des Etats-Unisqu'est organisée à Stuttgart,en 1950,la première"Semaine de la Fraternité",idée repriseen 1952 par le Comitéde coordination:300 visant à lutter contrela persistancede I'antisémitismeen R.F.A.,cette manifestationannuelle est menéeconjointement avec d'autresmouvements de mêmeobédience; et la "Gesellschaft"contribue également aux actionsde ces autresgroupes.3ol

Avec I'apparitiondu conceptde "Wiedergutmachung"et I'adoption de cette idéepar les responsablespolitiques ouest-allemands, la "Gesellschaft" perd quelquepeu son rôle d'intervenantdirect dans le débatpolitique et devientprogressivement surtout un forummoral.302 Mais ce cercle,comme le "F.R.",soutient toujours activement le processusde réparationsaux juifs et en particulierle bon déroulementdes négociationsde Wassenaar.3o3 Par ailleurs,dans le but d'éliminerles préjugésantisémites et anti- israéliensfréquents en Allemagne,la "Gesellschaft"contribue, comme le "F.R.",à une meilleureconnaissance de l'Étathébreu en R.F.A.Dans cette optiqueelle conjuguepar momentses effortsavec ceux de la mission israéliennede Cologne: c'est ainsi qu'elleest à I'originede I'exposition itinérante"Alt-Neuland-lsrael" destinée à présenter les réalisations

298"KsnglgB ûber bessere menschliche Beziehungen". 299 6sis des différencessubsistent : certainesGesellschaften se limitentà la connaissancereligieuse de I'autrereligion, d'autres sont plus engagées sur le planpolitique. 300 "1ryes6sder Brùderlichkeit"(que Stern ("Entstehung...")qualifie d"'lnstitutionnalisierung philosemitischerRituellen", p. 186).Cette "Semaine de la fraternité"est appeléeà devenirune institution qui otfreaux hommespolitiques ouest-allemands la possibilitéde s'exprimersur les sujetsconcernés et d'atteindrepar là un plusgrand public. 301 6 "Gesellschaff'deFrancfort participe aussi à la campagneorganisée par ErichLùth contrele cinéastenazi Veit Harlan (FEST, Dépôt W. Dirks,Allgemeine und persônliche Korrespondenz, 1952, Fr- Gl, Lettrede la Gesellschaftfûr christlich-jûdischeZusamrnenarbeit in Frankfurt e. V. à W. Dirks,6 ll 1952,Bohm). 302 c'estce qui fait dire à Sternque "lm Ergebniswar das noralischeGewicht, das derenGesellschaften zugemessenwurde, entschieden grôRer als ihr wirklicher EinfluB.'(STERN, "Wider Antisemitismus...", op. cit.,p. 205). 303 t-a "Gesellschaft"se nnnifesterégulièrement à cettefin, en particulierlorsque la ratificationdu traité signéà Luxembourgest remiseen question(v. "F.R.", 5. Folge1952y1953, | 1953, Nr 19/20,p. 10,"Brief des DeutschenKoordinierungsrates der Gesellschaftenfûr christlich-jûdischeZusammenarbeit", Cahn, Freudenberg,Nielen). 334 israéliennesdepuis la fondationde l'Étatjuif en 1948.Et cettemanifestation, plus à même de faire découvrirles réalitésd'lsraël aux citoyensde la Républiquefédérale que de longsdiscours, est saluéepar la presseouest- sllemandeet rencontreun francsuccès.304

C'estaussi grâce aux personnalitésqui participentà son actionque la "Gesellschaft"remplit un rôlede premierplan dans l'évolution des idéesdes dirigeantset citoyensouest-allemands au sujet des relationsgermano- israéliennss.3OsEn l'occurrenceil faut particulièrementmentionner le cas de FranzBôhm car la placequ'il occupe est intéressanteà plus d'un titre. Par ses prisesde positionprécoces en faveurde réparationsaux juifs et de meilleuresrelations entre Bonn et Jérusalsq,306par sa nominationà la tête de la délégationouest-allemande à Wassenaar, par la manièretrès personnaliséedont il exercecette fonction et par sa participationaux activités du comité de coordinationde la "Gesellschaft",Bôhm prend en effet une dimensionquasiment sans égale dans le rapprochemententre Bonn et Jérusalem.

lmmédiatementaprès la conclusionde I'accordde réparations,Franz Bôhm déclarevouloir aller de I'avanten prolongeantce qui vient d'être accomplià Wassenaar.Car pour lui "L'Allemagneveut plus que les réparations"3o7s1 le traité signé à Luxembourgn'est que le début d'un processusprometteur. Le débatsur la ratificationde l'accordde réparationset I'intervention des Étatsarabes poussent Bôhm à prendreune nouvelle fois la parole.Ainsi, dans une déclarationdu 12 novembre1952, il tient à défendreI'oeuvre à

304 "9;s Weltder Arbeit', 14 V 1954,"Deutsche und Juden - We es zur WanderausstellungAlt-Neuland lsraelkam", A.J. Fischer. 305 La "Gesellschaft"devient ainsi un interlocuteurincontournable en ce qui concerneles relationsde facto entreBonn et Jérusalem.Elle est par exemplecontactée par la Présidenceau mois d'août 1954 (BA,Archives de la Présidence,Bd 506,Lettre Bundesprâsidialamt à "Deutscher Koordinierungsrat der Gesellschaftenfûr christlich-jûdischeZusammenarbeit", 13 Vlll 1954,v. Heyden)après que celle-cieut reçudu responsabletechnique de l'Agencejuive pour le Néguev(ibid., Lettre Asher Aviry à Heuss,3 Vlll 1954)une demande d'échanges de jeunesei d'aideà la constructiond'auberges de jeunesse.Dans sa réponse(ibid., Lettre Gesellschaft fûr christlich-jûdischeZusammenarbeit à Bundesprâsidialanrt, 18 Vlll 1954,Goldschmitt) la "Gesellschaft"se montreintéressée, même s'il sembleà F. Bôhm(ibid., Lettre Gesellschaftfùr christlich-jûdischeZusamrnenarbeit à Bundesprâsidialanrt, 25 X 1954,Goldschmitt) qu'il soit un peutôt pourune telle o@ration. 'trllgsrnsine" 'Erkenntnis 306 , ?2ll 1952, - EinWeg der Versôhnung".Au coursd'une rencontre organisée du 11 au 13 ll 1952 par la "Gesellschaft"de Francfort,Bôhm se prononceainsi en faveurde l'établissementde bonnesrelations humaines entre Allemands et lsraéliens,préalable nécessaire à une normalisationdes relationsinterétatiques, 307 "DeutscheKorrespondenz", Nr 1952, 13 lX 1952, F. Bôhm, "Deutschlandwitl mehr als Wiedergutmachung". 335 laquelleil a travailléà Wassenaar;308et si d'unepart il avouecomprendre la réactiondes Étatsarabes, il s'attached'autre part à rappelerque la signature du Chancelierau basde I'accordde réparationsconstitue un engagementde la R.F.A.qu'il s'agitd'honorer. De plus, Bôhmrejette I'argument que les Arabes utilisentpour dénoncerles réparationsallemandes accordées à lsraël;soscar d'unepart cet argumenta pourconséquence d'impliquer Bonn dans le conflit israélo-arabe,ce que le gouvernementAdenauer doit absolumenfrefuser; et d'autre part il renforceles récriminationsdes antisémitesallemands tout en comptantsur I'adhésiondes contribuables sensibiliséspar les pertes éventuellesde l'économieallemande dans I'affaire.Selon I'ancienresponsable de la délégationouest-allemande à Wassenaarles protestationsen questionsont en fait une illustration supplémentairedu conflit israélo-arabequi n'a rien à voir avec les dédommagementsaccordés aux victimes du nazisme.

L'engagementde Bôhmen faveurde la ratificationdu traitégermano- israélienest durable.ll intervientpar exempleune autre fois au momentoù le gouvernementde Bonn décided'envoyer une délégationcommerciale en Egypte;stoil exigealors qu"'en aucun cas le jeune État d'lsraëlne (soit) sacrifiésur l'autelde I'amitiégermano-arabe."311 Bôhmse manifesteencore au courantdu moisde mars1953 dans une déclarationqui est un vibrant plaidoyeren faveur du traité germano- israélien.312Dans un premiertemps il s'inscritdans la lignéedes objectifsde la "Gesellschaft"quand il soulignela portéepolitique d'un accord qui contribueraà la constructionde l'État hébreu. Et ensuiteil souligneque, commepar la signaturedu traité,Bonn reconnaît de factol'État juif , cela ne peut de toute façon que provoquerla colèredes autres pays du Moyen- Qpisn[.313 Bôhmpoursuit alors son plaidoyeren précisantses idéessur I'attitude

308PA/AA, Abt lt, Bd 1690,"Rede des Herrn prof . Dr.F. Bôhm",Francfort/M., 12 Xt 1952. 309qui consiste à direque les réparations sont une violation de la nedralitéallemande dans le conflitdu Moyen-Orientet renforcent militai rernent ls raë|. 310 "H6m5urgerEcho", 16 | 1953,"Nicht nachtrâglich zu Hitlerbekennen - Prol.Bôhm zum deutsch- israelischenAbkommen'. '... 311 derjunge Staat lsrael dûrfe auf keinenFall auf demAltar der deutsch-arabischen Freundschaft geopfertwerden." 312 p464, Abt ll, Bd 1681, Exposéde Bôhm devantla "Gesellschaftfûr christtich-jûdische Zusamrnenarbeit"de Francfort/M.,lll 1953. 313 61il est clair pour Bôhmque Bonns'est très nettementengagé de ce pointde vue. ll indiqueen effet que "Wohlaber kam eine de factoAnerkennung in Frage,die wirdadurch erklârt haben, daB ûr mitder Regierunglsraels in DenHaag verhandelt und O"ïTâ**inbarten Vertraguntezeichnet haben." de la R.F.A.à l'égardd'lsraë|. ll dénonceà cetteoccasion ceux qui prônentla prétenduepolitique de neutralitéqui consisteà conserverde multiplesatouts au Moyen-Orienten s'abstenantnotamment de prendreposition contre les États arabes.Car pour lui, refuser"les négociations,avec lsraël pour cette raison,ce n'estpas une politiquede neutralité,mais une décisionpolitique (dirigée)contre lsraë1."314 Et il condamneaussi ceux qui songeaientutiliser la positionprivilégiée de Bonn,sans relationsdiplomatiques avec Jérusalem, pour minerles initiativesdes paysoccidentaux qui ont déjà reconnul'État luif. Une telle politique,préconisée notamment par les hommesd'atfaires ouest- allemands,aurait pu avoir,selon lui, des conséquencesdésastreuses pour I'imagede I'Allemagnedans le monde. Aprèsavoir affirmé ce pointde vue, Bôhmpeut se féliciterde ce que le gouvernementAdenauer n'ait pas appliquéles règlesde la Realpolitiket ait reconnul'État d'lsraë|. Si selon lui, I'engagementpris à l'égardde l'État hébreureprésente certes un pari risqué,il ne faut pas oublierque beaucoup d'autrespays I'onttenté avant la Républiquefédérale. Et cette constatationle pousseensuite à démontrerque les Cassandrede R.F.A.ont nonseulement encouragéune politiqueindigne de I'Allemagne,mais qu'en plus leurs avertissementssont en eux-mêmesl'expression d'erreurs politiques. Dansla suite de son exposé,après avoir exigé franchise et clartédans le discourspolitique allemand, I'ancien négociateur à Wassenaarmet égalementen gardecontre toute manoeuvre qui feraitle jeu de I'U.R.S.S.et de la R.D.A.,c'est-à-dire des forces qui encouragentselon lui la tensionau Moyen-Orient.Et c'est justementcette volonté de s'opposeraux fermentsde guerreet de parvenirà une concordeentre les ditférentesparties qui I'amène à demanderla ratificationdu traitéde réparations.Car, "En restantindéfectiblement attachée aux réparationset en particulier au traité (qu'ellea signé)avec lsraë1,la Républiquefédérale apporte à long terme le meilleurpour une pacificationmultilatérale. (Elle participeainsi à) une amitiésérieusement fondée entre I'Allemagne et les Étatsarabes, à une amitiéfuture entre les Étatsarabes et l'Étatd'lsraël et - surtout- à une amitié entre lsraëlet le peupleallemand (qui est) I'amitiédécisive dont toutesles autresdépendent."31s Bôhmpeut alors conclure en insistantsur les risquesque la R.F.A.doit

314 "... daB eine Ablehnungder Verhandlungenmit lsrael aus diesem Grunde nicht eine l,leutralitâtspolitik,sondern eine politische Entscheidung oeqen lsraelgewesen sein wurde.' 315"tnclem die Bundesrepublikunbeirrt an der \Medergutnnchungund insbesondere an ihremVeftrag mit lsraelfesthâlt, trâgt sie auf langeSicht das Bestezu einerallseitigen Befriedung bei. Zu einerseriôs begrûndetenFreundschaft zwischen Deutschland und den arabischenStaaten, zu einerkommenden Freundschaftzwischen den arabischenStaaten und dem Staat lsrael und -vor allem- zu einer Freundschaftzwischen lsrael und dem deutschen Volk als der entscheidendenFreundschaft. von der alle ûbrigenabhângen." 337 assumerdans I'honneuret sur la déterminationque Bonndoit afficherpour éviterà présentet à I'avenirune dépendance à l'égarddes paysarabss.316

Le texte rédigé par Bôhm en mars 1953 reflète parfaitementson engagementdéjà ancienen faveurdes réparationsaux juifs. Cettevolonté s'accompagnetoutefois très clairementdu souhaitde développerla réflexion et de dégagerquelques perspectives de I'accordgermano-israélien; car celui-cine portepas que sur I'apurementnécessaire du passé,il otfreaussi la possibilitéd'entamer le processusde rapprochement,sur la base de la reconnaissancede factode l'Étatd'lsraë|. Selon Bôhm, c'est donc là un engagementdirect de la partde Bonnqui a établiun contactavec Jérusalem et peutle prolonger. Par ailleurs,I'ancien responsable de la délégationallemande à Wassenaarconsidère que le traiténe concernepas que la R.F.A.et lsraël: à sesyeux il constitueen fait un véritableferment de paixpour le Moyen-Orient et il estclair, aux yeux de Bôhm,qui s'exprimeici au nomde la "Gesellschaft", que I'amitiéqui pourraits'instaurer entre les peuplesallemand et israélien constitueraitun facteurdont dépendraient beaucoup d'autres éléments. Et le ton que Bôhmutilise pour énoncer ces quelquesidées traduit toute la foi qui fondeson appréciation.317

DéputéC.D.U. au Bundestagà partirde septembre1953, F. Bôhmest élu en toutelogique à la têtede la commissiondes réparationsdu parlement. Sa nouvellefonction, essentiellement destinée à tracer la voie qui doit conduireà I'adoptionde la loi fédéralesur les dédommagements,ne I'empêchenullement de se tenirau fait de l'évolutiondes relationsentre la Républiquefédérale et l'Étathébreu. L'actionde Bôhm, en particulierau momentde la crise des

316 ".1sentschiedener, je offener,je klarerder Bundestagam lsrael-Vertragfesthâlt, desto mehr verringertsich die Gefahr,daB die arabischenStaaten ihre Boykottdrohungen venruirklichen. Urngekehrt : Je mehreine deutscheNervositât gegenûber diesen Drohungen zutage tritt, je mehr der Eindruck entsteht,daB breiteund einfluBreiche Kreise bei unsdie \Medergutmachungspolitikder Bundesregierung mindestensinsgeheim nicht billigen, je heimlicherund verstohlener wir die Ratifizierungim Bundestag ûberdie Bûhnegehen lassen, desto mehr verstârkt sich die Gefahr,daB Boykott-MaBnahmen versucht werden." 317 6 prisede positionde Bôhmde mars1953 trouve son prolongernentnaturel dans une déclaration réjouieconsécutive à I'approbationde I'accordde réparationspar le Bundestag("Die Neue Zeitung", 23 lV 1953, "Bôhm verweistauf Erfolg des Wiedergutmachung-Vertragesmit lsrael'). Cette nouvelle interventionest uneoccasion supplémentaire pour lui de dénoncerla persistancede I'antisémitismeen Allemagne,illustrée par le succèsdes thèsesarabes au coursdu débatsur la ratification("ln dieser Stimmung(...) habe sich nur schlecht die Antipathie gegen die Juden und lsrael verhûllt."). 338 négociations,lui a permisd'obtenir une véritable aura aussi bien en R.F.A.318 qu'en lsraëloù I'onsait reconnaîtreles méritesde ceux qui contribuentà la constructionde l'Étatjuif.stg C'est à ce titre qu'il est I'unedes premières personnalitésallemandes autorisées à se rendreen lsraë|,à I'invitationde la missionisraélienne de Cologne.Vivement discuté en lsraë1,320le séjour de Bôhmest un événementqui permet,du seulfait qu'il a lieu,de rendrecrédible I'imagede la "nouvelleAllemagne". ll est aussi I'occasiond'évoquer à plusieursreprises le sujetde relationsofficielles entre les deuxpays. Mais le problèmen'est pas tant évoqué lors du voyagedu présidentde la commission des réparationsqu'à son retour,321au coursdes nombreusesconférences sur lsraëlqu'il donne dans des villesallemandes. On noteracependant qu'à cette occasionBôhm adoptela positionofficielle, demeure prudent et penseque I'initiativerevient en fait aux autoritésisraéliennes;322 car selon lui, seules celles-cisont capablesde juger du momenfoù l'établissementde relations officiellessera possibleet elles "saventque plus de mal que de bien résulteraitde mesuresprises trop rapidep1s1l."323

Lesactivités de Bôhmsont multiples. Car, par ailleurs,pour se tenirau fait de l'évolutiondes relationsde factoentre Bonnet Jérusalem,il suit les travauxde la commissionmixte instituée par le traitéde réparations.Et il est égalementun interlocuteurprivilégié de F. Shinnar,notamment lorsque le chef de la missionisraélienne consulte des personnalitésde la République fédéraleafin de connaîtreleurs idées sur l'établissementd'une représentation

318 qui est marquéeà cetteépoque par le passageà un certainenthousiasme envers les juifs en général et l'Étatjuif en particulier. 319v. sn11sautres l'éloge de Bôhmpar Shinnar in SHINNAR, Bericht eines Beauftraoten, op. cit. 32O"9b NeueZeitung",24lll1954, "'AktionFranz' oder deutscherBesuch in lsrael".Cet articlecite notammentI'opinion tres négativedu Mapamà proposde cettevisite censée préparer le "rétablissement" (sic)des relationsentre la R.F.A.et lsraë|.R. Vogel(op. cit., p. 151)évoque les mesuresde sécurité exceptionnellesprise à cetteoccasion et indiqueque Bôhmdoit voyager sous un autrenom. 321 1p15sune interrogationde l'ambassadede R.F.A.à Damas(PA/AA, Abt Vll, Bd 1025,Lettre de Damas(211541,9 lV 1954,v. d. Esch)qui mentionneI'inquiétude des autorités syriennes quant au séjour de Elôhmen lsraëI,I'A.A. précise que le sujetn'a apparemrentpas du tout été abordéau coursde cette visiteprivée (ibid., Télegramme de I'A.A.(308.210.0235 I26715/),13 lV 1954,Strohm). 322v. DépechelNA, 12 lV 1954et "DieNeue Zeiturg", 14 V 1954,"Eindrùcke aus lsrael". 323 "... whoknew that moreharm than good would resutt if r€asures weretaken too quickty.",Propos de Bôhmrapportés par "A.J.R. Info.", June 1954, "Professor Boehm lectures on lsrael",p. 4. 339 de la R.F.A.en lsraë|.32a$[[p est consultépar Shinnaren particulieraprès que celui-cieut officiellementproposé la mise en placed'un pendantà la missionisraélienne de Cologne.Des rencontresont alors lieu au cours desquellesShinnar prie son interlocuteurd'intervenir pour infléchirla décisiondu ministreouest-allemand des Affairesétrangères, Brentano, dont la réponsese fait attendre.s2sBôhm agit effectivementdans le sens suggéré par le responsablede la missionisraélienne, surtout par le biaisd'articles dans lesquelsil solliciteune solidaritéoccidentale en généralet ouest- allemandeenvers un État hébreumenacé de toute part.326Et il appelle notammentles personnesqui oeuvrentà la réconciliationentre juifs et chrétiensà se prononcer. Par ailleurs,au cours de cette périodedélicate, Bôhm s'adresse directementà Brentano,le 19 février1956, dans une lettrepar laquelleil insistepour que la R.F.A.soit particulièrementattentive au traitementqu'elle accordeà lsraël;327toujours dans cette lettreil proposeégalement qu'une solutionaux relationsentre Bonn et Jérusalemsoit soumiseà une réflexion qui impliqueraaussi les puissancesoccidentales. De plus,comme l'invitation lancée par shinnar à I'adressedu gouvernementouest-allemand a certainementfait I'objetd'une large consultationen lsraë|,Bôhm affirme qu"'Uneréponse négative du gouvernementfédéral ne peut doncpas du tout feSter ggç1!19."328 Pour appuyerson opinion,Bôhm multipliealors les arguments: il précised'une part qu'il ne serapas possibleque le responsablede la mission

324 154,Foreign Office, 2516/8, Addenda à la lettrede F. Shinnarau ministreisraélien des Affaires étrangères,29 ll 1956.Dans cette liste des prisesde positionbilatérales favorables à un rapprochement entreles deux pays,Shinnar mentionne des entretiensavec Bôhmau coursdes moisde juin et juillet 1955"à I'occasiondesquels I'idée d'une délégation (allemande en lsraël)et de sa configurationest évoquée."(en hébreu).Au coursde ces entretiensil est mêmeprévu que Bôhmse rendeen lsraëlà I'automne,"certes en tant que personneprivée mais au su du gouvernementfédéral" (idem), afin d'y entendreles propositionsdu gouvernementde l'Étathébreu et d'en rendrecompte ensuite à Bonn.Cette visiten'a en définitivepas lieu. 325;5;6.,évocation d'une rencontre entre Shinnar et Bôhmle Z ll 1956. 326SQHlul, F., "EineWeltverpflichtung - lsraels Recht auf Existenz",in "DieGegenwart", 1956, Nr 11,p. 496 et suiv., p. 499 : "Beklagenswerterals die bedauerliche,undurchsichtige und unentschlossenen politischeHaltung der freien Staaten in dieserFrage ist es aber,daB sich in der gesamtenOffentlichkeit dieserStaaten kaum eine einzige Stimme von Gewichtund Autoritât erhebt, um die Regierungenan ihre unabdingbarenpralische und politischePflicht zu erinnernund fûr ein bedrohtesVolk einzutreten, das erst vor wenigenJahren unter Verlustevon Millionenunschuldiger Angehôriger einem Ausrottungsversuchvon grauenhaftemUmfang entronnen ist. Wennirgendein Volk AnlaBhat, diese Stimmeheute zu erheben,dann ist es das Deutsche."Bôhm ajoute (p. 500) : "OhneOpfer ist nichtGutes auf dieserWelt zu erreichen,auch der Friedenicht. Sie mûssenim Falledes arabisch-israelischen Konfliktsvon uns in Kaufgenommen werden, rrtrenn auch nur ein Funkevon \Mllein uns lebendigist, einer schwerenSchuld niedrigen Hasses und verbrecherischer Erbarmungslosigkeit gegenûber den Juden (...) eineTat entscheidenderHilfe folgen zu lassen." 327 p9177,Minister Bûro, Lettre F. Bôhmà v. Brentano,19 ll 1956,avec lettre de Bôhmà Hallstein). 328"E;ns ablehnende Antwort der Bundesregierung kann also gar nichtgeheim bleiben." 340 de Colognedéclare dans son paysavoir reportéI'invitation à négociersans perdrela face;d'autre part, il fait remarquerà Brentanoque I'opinionnégative de I'A.A.est connue, car elle a faitI'objet d'un communiqué du S.P.D.32ealnsi que d'informationsdiffusées par la presseet la radio.En fait, en raisonde la publicitéaccordée aux discussionsen cours,il est sûr, selon Bôhm,que Shinnar va être violemmentattaqué dans son pays; et avec lui son gouvernement,ainsi que tous les lsraéliensqui depuisplusieurs années ont travailléà I'améliorationdes relationsentre la R.F.A.et lsraë|,le plussouvent à contre-courantde I'opinionpublique. Bôhm poursuit alors son plaidoyeren indiquantqu'une réponse négative du gouvernementallemand risquerait de remettreen cause la logiquemême de I'accordgermano-israélien; car elle renforceraitI'idée d'une négociationde Wassenaarimposée à l'époquepar les U.S.A.et la thèseselon laquelle Bonn ne songeraitni à réparerles crimes commis,ni à rechercherle pardondes juifs. Dansla suitede sa lettre,Bôhm argumente de façonplus pressante encoreen directionde son proprepays : il ajouteen effet qu'une réponse négativede Bonnà I'invitationde Jérusalem,en plusde la gêneoccasionnée aux autoritésisraéliennes, mettra dans I'embarras le gouvernementAdenauer lui-même.Car, dans le cas d'un "non" allemand,Sharett ne pourraque rappelerà ses détracteursque dès le débutla R.F.A.connaissait le désir israéliende normaliserprogressivement les relationsentre les deux pays;et Bôhm ne manquepas de rappelerà ce sujet que Bonn a toujoursagi en fonctionde cette dispositiop,33Osp laissantI'initiative à Jérusalem.Cette impressiona encoreété renforcéepar les multiplesvisites de personnalités allemandesen lsraël qui ont concouruà créer une habitudeet à justifier I'optiond'un rapprochementavec la R.F.A.Cela signifie pour lui que, du fait des bonnesdispositions apparentes de la Républiquefédérale, Ben Gourion ou Sharettn'auraient jamais pu s'attendreà une réponsenégative de la part d'Adenauer.D'où la crainteexprimée par Bôhm : I'Allemagnede I'Ouest risquede passerpour un paysqui, aprèsavoir laissé entrevoir à lsraëldes perspectives,le déçoità présent"d'une manière offensante",331 avec toutes les conséquencesque cela supposepour I'imagede Bonn auprèsdes lsraélienset de la communautéjuive mondiale. Bôhm continue encore son plaidoyeren se plaçant au niveau

329çemmuniqué de pressernentionné également par Shinnar,in lSA,Foreign Office, 2516/8, Addenda à la lettrede F. Shinnarau ministreisraélien des Affairesétrangères,29 ll 1956. 330par exemple en donnantun statutdiplomatique à Shinnar. 331"... eine (...) verletzende Form..." 341 géopolitique: c'est pour lui I'occasionde soulignerqu'rT n'existe pas de raison qui justifieun refusallemand, sauf à I'allerchercher dans des domainesqui n'ontrien à voir avec les relationsbilatérales. C'est pour cela qu'il souligne qu'enagissant de la sorte,Bonn refuse tout simplementde considérerlsraël commeun Étatà part entière,digne d'attention et capablede jouer un rôle au Moyen-Orient. De toutesces réflexions,Franz Bôhm déduitun impératif: il est indispensabled'engager des relationsdiplomatiques avec l'Étathébreu; car une reconnaissancedu régimede Berlin-Estpar les Étatsarabes332 aurait des conséquencesbien moinsgraves que le refusd'un rapprochementde jure entre la R.F.A.et l'Étatjuif.sss Pour lui, refuserle rapprochement germano-israélien,ce seraitfinalement mettre lsraël sur le mêmeplan que la R.D.A.334et soumettreintégralement la politiqueextérieure de Bonn à I'arbitrairedes Étatsarabes et à la logiquede la guerrefroide.33s Bôhmse doitdonc de conclurequ' "on ne peut en aucuncas en venirà un refus pur et simplede la @."336

Tentativetardive de battreen brèchetoute la théoriequi s'est miseen placeà Bonndepuis quelques années, le textede Bôhmne peutcependant rien contre Ia détermination,et surtout les craintesdes autoritésouest- allemandesface aux menacesarabes. Toutefois, par son actioncontinue, F. Bôhmjustifie et confirmeson attachement au rapprochemententre la R.F.A.et lsraëlet le rôle qu'il joue dans ce processus.Ses contemporainset les spécialistesdes relationsentre Bonn et Jérusalemsoulignent en etfet la place importantequ'il a occupéepour susciter non seulementen lsraëlmais aussi dans les milieuxde la diasporala confianceen la "nouvelleAllemagne".337 Mais ses interventionsidéalistes, en particulierà la fin de la période, s'affrontentà une logiqued'État contre laquelle il ne peut rien.

332qui résutteraitde relationsdiplomatiques entre Bonn et Jérusalem,thèse en vigueurà Elonn,v. infra. 333 "ry1vhaben ja geradevor kurzemin illoskaugelernt, daR setbst die Aufnahmevoller diplomatischen Beziehungeneine bloBeFormalitât ohne jede materiell-politischeBedeutung, die Ablehnungsolcher Beziehungendagegen eine Krânkungdes sie anregendenStaates ist..." 334ssbn le principe: I'Egyptene reconnaftpas et ignorela R.D.A.,la R.F.A.fait de nÉrneavec lsraë|. 335analyse reprise in BÔHM,F., "Die deutsch-israelischen Beziehungen", in "Frankfurter Hefte", 1965, H. 9, p. 601et suiv. 336"... es darf unterkeinen Umstânden zu einemolatùen Refus des israelischenVorschlaqs komrnen." 337noter à ce titrequ'en 1956 F. Bôhmobtient le prixStephen S. Wisedécerné par la communautéjuive de NewYork (in "Friede mit lsrael",Nr 27129,llA/ 1956, "Stephen S. \Mse-Preisfrir F. Elôhm",p. 1 et suiv.). 342 2.3. Erich Lûth et l"'Aktion Friede mit lsrael"

ErichLuth est un acteurfondamental du rapprochemententre la R.F.A. et lsraë1.ll joue en effet un rôle de premierplan dans la mise en routedu proc€ssusde réparationset concourtpar la suiteà la connaissancede l'État hébreuen Allemagnefédérale.

ErichLùth est en premierlieu I'initiateur de l"'AktionFriede mit lsrael". Fortementimpliqué dans la vie politiquede Hambourgaprès la Deuxième guerre mondiale,338Luth exprimetrès tôt sa solidaritéenvers les juifs qui souhaitentpartir pour la Palestine.s3ell propose également une action de repentirafin que la communautéjuive mondialeveuille bien pardonnerà I'Allemagneses fautes.Et au coursd'un séjour aux Etats-Unis,en hiver1949, Lûth prend consciencede I'importanceaccordée par les autorités américainesau processusallemand de démocratisationet de dénazification. ll doitalors réaliser que seulel'éradication des valeursnazies, qui imprègnent encorela sociétéallemande, permettra de normaliserdéfinitivement les relationsentre la R.F.A.et lesU.S.A.340

Dansle mêmeordre d'idées, lorsqu'en 1951 Ben Gourionref use de suivre les puissancesoccidentales et décidede maintenirl'état de guerre avec I'Allemagne,Lûth réagit vivement et s'émeutface au gouffrequi sépare encoreles peuplesallemand et juif ainsi que les États ouest-allemandet israélien.341L'ampleur du décalage,ses convictionsreligieuses et surtoutle fait que les autoritésouest-allemandes "oublient" les réparationsà accorder aux juifs3+2I'entraînent à prendreIes devants.C'est ainsi qu'au cours d'une

33811ss1rnembre du S.P.D.et travailledans I'administration du maire lrihx Brauer. 339 1s dépotde E. Lûth,conservé aux archivesmunicipales de Hambourg(Staatsarchiv, Hamburg (par la suite= HHSta)622.1'), comporte par exempleune interventionde Lûthdatee du 6 lX 1947(10, Bd 1, Presseartikel)qui exprimesa sympathieavec les juifs bloquéssur le cargo"Exodus', de retourà Hambourg,après le refusdes autoritésbritanniques de les laisserdébarquer sur le territoiremandataire palestinien. 340 ttHsta,Dépot E. Luth,5, Anerika-Reisemit dem Bûrgernreister M. Brauerin den U.S.A.Lûth publie ses impressionspar exenplein "WestdeutscheAllgemeine', 7 | 1950,"U.S.A. erwarten mehr MtÎ von den deutschenDemokraten - Vertrauenin der Bundesrepublikdurch jûngste Entwicklung erschûftert". A son retour il expliquela situationà I'occasionde conférencesdonnées à Hambourg("Norddeutsche Nachrichten",2 lll 1950, "Amerikaner antieuropâisch?"). 341 v. aussiles ménroires(LÙTH, E., 1966,352 pages)et I'historiquede I'actionde Lûth(L HamburoerInitiative, Hambourg, 1976, 160 pages). 342 Lutn (VieleSteine laoen am Weo, op. cit.) s'avouechoqué par le silenced'Adenauer face aux exigencesisraéliennes. 343 réunionorganisée à Hambourgle 31 août 1951à son initiative,le principe d'unedemande de paixadressée à lsraëlest acquis.343

Quelest le conterrude cetteotfre de paixoriginale? Le premieraspect de l'appeldes responsablesde ce qui va devenir l"'Aktion"consiste en une requêteadressée au Premierministre israélien afin que celui-ciaccepte de faire la paix avec I'Allemagne;car pour le responsabledu service de presse de Hambourg,un tel geste a une importancefondamentale puisque seule cette paix devrait permettreà I'Allemagnede surmonterle dramede son passé.Mais pour parvenir à cette fin, il s'agit de dépasserI'inaction qui caractérisela R.F.A.,de clarifier entièrementle passé et d'entameren définitivele dialogue.344L'action qu'exigentLûth et ses amis concerneI'ensemble de la sociétéouest- 4llsrnsncls.3a5 Dansleur appel, et c'estle deuxièmeaspect de l'initiative,les chefsde file de l"'Aktion"s'adressent également au gouvernementde Bonn. lls soulignentque la continuationde l'état de guerreentre la République fédéraleet l'Étatjuif a uneportée fondamentale du fait de la naturemême de l'Étatd'lsraël et de cellede la guerreque Hitlera faite au peuplejuif.3+o Et Lùthet ses amisregrettent aussi que le gouvernementde Bonnne se soit pas exprimésur les ditférentesnotes israéliennes exigeant des réparations;d'où leurconclusion : c'estdésormais à Bonnde fairele premierpas afin que soit trouvéle cheminde la réconciliation.34T

3'K}Cette requêteest publiéele mêmejour dans le journaldes forcesaméricaines en Allemagne("Die NeueZeit", 31 Vlll 1951,"Wr suchenFrieden mit lsrael") et le lendemainsous une forme différente dans lescolonres de "DieWeft" ("Die Welt", 1er lX 1951,"Friede mit lsrael", R. Kûstermeier)grâce au râlacteur en chefde ce quotidien,Rudolf Kûstermeier. L'article paraît aussidans le quotidienberlinois "Telegraf" sousle titre 'Wir bittenlsrael um Frieden". 344iOio., "Was wir aber tun solltenund womit jeder einzelne von unseinen Anfang machen kann, das ist, zu den Judenin Deutschlandund in lsraelzu sprechen.Nicht lsrael, das so grauenvollheimgesucht wordenist, nichtder einzelne Jude, der auf seinerFlucht vor den Folterkellernder Nazistausend Tode der Furchterlitten hat, kann das erste Wort sprechen. \Mr sind es, die anfangenmûssen! \Mr mûssen sagen : 'Wr bittenlsrael um Frieden!'." 345 iOiO.,"Von allen Kanzeln, Kathedern und RegierungsbânkenDeutschlands sollte diese Bifte als Anruf an lsraelund an die kleinsteund verlorenste jùdische Restgeneinde in Deutschlandherausgehen, so laut wie ein Schrei!lm Namender Menschlichkeit,des Rechtes,zu demwir zurûckkehrenwollen, und im Nanreneiner glûcklicheren Zukunft." 346 iOiO.,"Dieser Krieg gegen das Judentumwar niemalsein offenerKrieg. Er war niemalsein Kriegmit dengleichen Waffen. Er wurdemit brutalsterGewalt gegen Wehrlose gefûhrt. Seine wesentlichsten Mittel warenHinterlist, feiger Raub und sadistische Gemeinheit. Es wurdenicht gekâmpft, sondern gennrdet.' 347 Dansla conclusionde I'articleles tâches du gouvernernentouest-allemand sont préciséæ : ils'agit en particulierde prendreen chargele destindes survivantsde I'Holocausteréfugiés en lsraëlqui vivent dansdes conditionsprécaires du fait de la situationéconomique difficile du pays. 344 Afin de donnerle maximumde reliefà son appel,3,tsLùth ne se contentepas de le publierdans la presse.ll le transmetégalement aux principalespersonnes concernfss3ae et meten placeau mêmemoment, afin d'assurerle suivide I'opérationqu'il lance, I'organisation "Aktion Friede mit lsrael". Très rapidement,I'appel évoqué ci-dessus reçoit de nombreuxéchos favorables,notamment de la part des autoritésallemandes.350 Quant aux milieuxgouvernementaux israéliens, ils accueillentl'appel de façon positive, maisavec retenue.351 Lûth peut alors s'engager pleinement dans I'action qu'il appellede ses voeux.352 L'initiativede Lûthet Kûstermeierne demeurepas sans résultat. on la considèreen effetcomme la principaledémarche qui ait pousséAdenauer à prononcerle discourspar lequel,le 27 septembre1951, il appelleà des négociationssur les réparationsà accorderaux juifs.

Les négociationsgermano-israéliennes consacrent I'activité déployée par LÛth.Les pourparlersreposent cependant sur des basesfragiles, et ces difficultésentraînent le responsabledu servicede pressede Hambourgà s'engagerun peu plus et à manifesterson attachementà un résultat satisfaisant.C'est pourquoiLùth multiplieles interventionset déploiede nombreuxefforts afin de raviverI'intérêt des Allemandsde I'Ouestpour son action: il inaugureà cettefin, dès le22janvier1952,353 une collecte de fonds

3486en1 Feldman (The soecial relationshio between West Germanv and lsrael,op. cit., p. 37) dit que c'est la premièreinitiative qui permetde surmonter"... the psychologicalbarrier separating German from Jews that hadmaintained the silence"sur le passédramatique. 349 ll I'envoiepar exempleau présidentHeuss (BA, Archivesde la Présidence,Bd 2080,Jûdische Dachorganisationen,Lettre Lûth, Direktorder staatlichenPressestelle der HansestadtHamburg, à Heuss,1er lX 1951)et il passepar I'intermédiaire du consulatisraélien de Munichpour le faireparvenir à DavidBen Gourion et à HaïmWeizmann ( HHSta, 38, Bd 1/1,Lettre de Lûthà Livneh,5 lX 1951,et Lettre de Lrithà Weizmann,10 lX 1951). 35031, Archivesde la Présidence,Bd 2080,Lettre Heuss à Lûth,1O lX 1951. 3519p1516,38, Bd 1/1,Lettre de Avnerà Lûth,24lX 1951,Personal, notfor publication.Dans cette lettre,Avner accuse réception de la lettrede Lûthet le remerciepour son action.Mais il préciseque le gouvernementd'lsraël veut savoir si I'opinionde Lûthreflète un tant soit peu l'étatd'esprit ouest-allemand ("Onlyif the Germanpeople as a wholeadopts your call, does it havethe rightto the rehabilitationin the comrnunityof nations.")et qu'il est toujoursen attented'une déclarationde la part des autorités allemandes("lf therebe silenceto yourcall, there will be no peacebetween lsrael and Germany."). Lûth reçoitégalement le soutiendes autresassociations mentionnées précédemment. ll reçoitaussi le soutiende WalterDirks qui, avec la revuesociale-démocrate "Frankfurter Hefte", constitue un relais solideà I'actionde Luth(FEST, Depot W Dirks,Allgeneine und persônliche Korrespondenz, 1951, La- Muh,Lettre Dirks à Lti,th,11 Xll 1951.V. aussiMARTINI, W., "\Mr und lsrael - Ûberdie Grundlagen einer 'AuBenpolitik", echtenVersôhnung", in 1951,H. 9, p. 589et suiv.). 352 p3n5 une lettreadressée au responsabledes archivesde Hambourgjointe au dossiersur l"Aktion", LÛthecriten eflet (HHSta,11, Bd 2, LettredeLuth à Bolland,1er X 1973):"Zeitweiligidentifizierte ich michganz mit der Sachelsraels...". 353iUio., Lettre de Lûthà Livneh,11 I 1952. 345 baptisée"Olbaumspende" destinée à la fois à financerla plantationd'oliviers en lsraë13s4et à améliorerI'opinion des lsraéliensenvers la R.F.A.3ss L"'Ôlbaumspende"3s6reçoit le soutiende nombreuxhommes politiques,3sT des Eglises,358des syndicats,d'universitsilsssse ou de journalistes.s6o Parallèlementà cettenouvelle opération, Luth participe à la création,le 12 mai 1952, de I'antennede la "Gesellschaftfûr christlich-judische Zusammenarbeit"de Hambourg;et selonlui les activitésreligieuses de ce comiténe doiventpas exclurele débatsur les problèmespolitiques, "car pour moi la questionjuive n'étaitet n'estpas à séparerd'lsraë|."361 Luth combine alorsles diversmoyens d'action qui sontà sa disposition: il agit par le biais de la 'Gesellschaft'qui publiele bulletind'informations "Friede mit lsrael"pour promouvoirses multiplescampagnes, refléter "le travailsur place de la "Gesellschaft"et (rendrecompte) minutieusement de I'activitévisant au rapprochementavec l'Étatd'lsraë|."362

L'actiond'Erich Lûth ne s'arrêtepas avec la conclusionde I'accordde réparations.Celle-ci suscite évidemmentsa satisfactionparce qu'elle

354v. p4744,Abt lll, 210.01/35,Document Abt lll (210.01/35lll 1775t52),9ll 1952,sur I'appréciation par I'A.A.de l"'Ôlbaumspende"et "F.R.",4. Folge 1951/1952, lV 1952,Nr 16, p.21, "Aufrufzur Ôlbaunrspende": "Der Ôlbaum ist das Symboldes Friedens.er kannauch zum Symboleines neuen Friedenszwischen dem deutschen und dem jûdischen Volk werden. So kannein Waldder Versôhnung wachsenund aus unseremlÂ/illen zur Wiedergutmachungheraus zu seinemTeil helfen,an die Stellebôser Tatender Vergangenheitdie gûe Tatder Nâchstenliebeund der gegenseitigenHilfe zu setzen."Dans une lettreà J. Levyfl-el Aviv, HHSta, 38, Bd 1, Lettrede Lr.Ithà J. Levy,Tel Aviv, 1er Vlll 1952),Luth explique que"Vor allem aber ist unsereAktion gedacht als ein Appellandas deutsche Volk zur Selbstbesinnung undeigenen Gewissensbefragung. (...) lch hoffesehr, daB dieser Gesinnungswandel eines Tages auch demAusland sichtbar sein wird." 355156.,Lettre de Luthà Livneh,29 lll 1952. 356quiconcerned'abord Hambourg pour s'étendre par la suiteà toutela R.F.A. 357comme \Mlly Brandt ou CarloSchmid du S.P.D. 358s1 6es associationsapparentées, avec par exemplele "F.R."et G. Luckner. 3596vsç en particulierF. Bôhm. 3@ c'est le cas de EugenKogon, éditeur des "FrankfurterHefte'. 361"... denn fûr michwar undist die jûdische Frage von lsrael nicht zu trennen.", LÙfH, Oie Friedensbitte anlsrael1951. op. cit., p.45. 362 '... die Aufbauarbeitder Gesellschaftan Ort undberichteten eingehend ûber die gezietteTâtigkeit fûr die Annâherungan den Staatlsrael.", ibid., p. 86. En 1976,Lûth résune ainsi son travail: "Unsere Gesellschaftenhatten sich lângstals Stàtteder ôrtlichfundierten Begegnung und des persônlichen Gesprâchsbewâhrt. Sie pllegtendas gemeinsameGeistesgut, die historischenund traditionellen Werte, sie suchtenund fôrdertenmenschliche, nachbarliche, freundschaftliche Kontakte und sollten (...) nachwirkendenGefahren der lsolierungentgegenwirken, wobei die Moglichkeitendes ErfolgesgewiB begrenztwaren. (...) Politischeund publizistischeMilitanz im Ringenum ein neues und gerechtes Verhâttniszwischen einem 'Anderen Deutschland', lsrael und der Judenheitin allerWett." (p. 68). 346 constitueà ses yeux la based'une entente durable entre les deux pays.363 Maisles hésitationsallemandes consécutives à la signaturede t'arrangement germano-israélienpoussent Luth à se prononcerouvertement pour une ratificationdu traité par le Bundestag:36aSon interventionconsiste tout d'abord en de simples exhortationsà la ratificationadressées au gouvernementAdenauer et aux partis politiquesallemands pour qu'ils respectentleurs obligations.365 peup appuyer son engagement,Luth donne à traversI'Allemagne une sériede conférsp6ss366et organise une pétitionde grandeampleur.367 Par la suite, en réactionà la persistancedes tergiversations gouvernementales,Lùth annonce,par provocation,que "4 000 firmes (allemandes)veulent livrer (des marchandises)à lsraëI".368Son actionune fois reconnuepar les plus hautesinstances de la Républiquefédérale,36e LÛthn'a alorsde cessede dénoncerles hésitationsde Bonnet la pression des États2ys[ss.370

Lûth accueillenaturellement avec soulagementla ratificationde

3ffi Lejour de la signaturede I'accordde Luxembourg,le journalde Kûstermeierannonce ('Die Welt", 10 lX 1952): "\Mr môchtenFrieden mit lsraellDieser Wunsch bleibt. Wenn die Agentur,die jetztfûr die Bearbeitungder vereinbartenSachlieferungen eingesetzt werden muB, eines Tages zur offiziellen diplonatischenVertretung wird, dann wird das den eigentlichen AbschluB und die Krônungdes \Mrkens allerbedeuten, db sichjetzt um eine Einigung in der Reparationsfragebemûht haben." 3&l HHSta,38, Bd 1, Lettrede Luthà Livneh,20 x 1952,dans laquelle Lûth decrit à son correspondant son actionet celle de Kûstermeiervisant à acélérer la ratificationet à éviterla dramatisationde la pressionarabe dans la presseallemande, et Lettrede Lûthà Livneh,14 Xl 1952,dans laquelle Lûth écrit queses principaux soucis sont dirigés sur le soutiendes "Gesellschaften" à la ratification. 365LUtn envoie ainsi, le 10Xl 1952,un télégramme à Adenauer et auxprésidents des Bundestag (Ehters) et Bundesrat(Maier), v. aussi"Frankfurter Allgemeine Zeitung", 11 Xl 1952,"Deutsche dringen auf Ratifizierung". 366'NsusZÛrcher Zeitung", 24 X 1952,"Ein Vortrag Erich Luths ûber Deutschland" et "Allgemeine",10 X 1952,"Erich Lûth sprach in Offenbach". 367"9.9.', 5. Folge1952/1953, I 1953, Nr 19/20,p. 9, "AppellderAktion'Friede mit lsrael'', "Hamburger Echo", 22 | 1953,"Appell an Bonn"et "HamburgerAnzeiger", 2 il 1953. 368 Texte"Aktion", 3 | 1953," 4 000 deutscheFirmen wollen nach lsrael liefern". Par ce texte,Lûth souhaitedénoncer et démonterles menacesde boycottdes États arabesen démontrantque, par le passé,nombre de manoeuvresanalogues se sont soldéespar le néant.Le responsablede l"'Akiion" désiremême que I'article,publié par la "FrankfurterRundschau" le 6 | 1953,paraisse 'Bulletin' égalementdans le de I'officegouvernemental de presse,ce que rejetteévidemment I'A.A. (PA/AA, Bûro Sts, Presseref.,Bd 245, Note Presserefaux différentessections de I'A.A.sur "Aktion",10 | 1953,Note dactylographiéede I'AbtlV sur un autreexemplaire de la mêmenote, 30 | 1953,Note Abt lll, 16 | 1953et Notemanuscrite Frourein, 14 | 1953). 369 "$uttg6rterZeitung',9ll 1953,"S.P.D. fûr schnelleRatifizierung des Vertragesmit tsraet",avec félicitationsd'Adenauer à I'egardde I'actionde Ltithet de son impactsur la populationallennnde. 370 gn jour avant le débutdu débatde ratificationau Bundestrag,Lûth réçÈteses convictionsdevant la Lessing-Gesellschaftà Munich ("Die Neue Zeitung", 3 lll 1953,"Lûth zu Fragendes deutsch-jùdischen Verhâltnisses"). 347 I'accordgermano-israélien;371 mais il n'y voit pas la fin de Sonengagement en faveurde relationsplus étroites entre la R.F.A.et lsraë|,au contrails.B72 A partir de cette époque en effet, Luth approfonditsa propre connaissancede l'Étathébreu et chercheà en faireprofiter ses compatriotes afin de promouvoirla paixdont il s'estfait le chantre.C'est dans ce but que, concrétisantun voeu déjàanciep,373 il se renden lsraëlimmédiatement après lata raililcauon.ratification. Ceue voyage, rendurenou possibleposstDtepar lete traitétratte deoe Luxembourg,sz+Luxembourg,ez+ conserve un caractère exceptionnelà une époque où I'opinionpublique israéliennereste généralement très hostileaux Allemands;et Lùthconnaît la difficultéde sa tâche ainsique I'ampleurde I'abîmequi sépareencore les deux peuples.3Ts Cependant,son voyageconstitue aussi un révélateurdes réelles possibilitésde rapprochementqui existentdéjà à cetteépoque; et Lûth profite de la bonne volonté des représentationsisraéliennes sur le territoire allemand3T6comme des bonnesdispositions de certainscercles officieux israélienset juifsallemands pour menerà bienson entreprise.gzzll est certes obligéde se déplacerincognito en lsraëlmais son séjourreprésente un véritablevoyage d'étudeet lui offre I'occasionde rencontrerquelques responsablesisraélisps378 ainsi que des émigrés allemands.

37169512, 38, Bd 1/1,Lettre de Lûthà N. \Ârbllheim,New York, 31 lil 195g.Lûth aura du malà pardonner à la C.D.U.le retardde la ratificationet sa participationsans enthousiasme au votedu 18 mars1953. Dansune lettreà F. Bôhmdu 12 Vlll 1954ilécrit :"Wo wâredie Ratifizierungdes lsrael-Abkommens geblieben,wenn nicht zahlreiche freireligiôse Sozialdemokraten fûr sie votierthâtten, wâhrend eiliche biedereChristen aus der BonnerKoalition sich den arabischen Einflûsterungen geneigter zeigten als der deutschenGewissensverpflichtung zur \Â/iedergutmachung." 372 Tnjuin 1953il declareen effetà un correspondantisraélien (ibid., Lettre de Luthà M. Rieder,Hai|a, 16 Vl 1953): "DieRatifizierung (...) ist nur einerster Schritt. Niernand weiB das besserats ich."Et ptus tard il écrit :"...die LuxemburgerVertrâge waren ein neuerAnfang, vielleicht schon ein Zwischenglied, aberkeineswegs Ziel und Endeder Entwicklung.Noch gab es keinediplomatischen Beziehungen, von den menschlichenBeziehungen, die sichzu entfaltenbegannen und die des Kontaktes,des Gesprâchs undder fflegebedurften, ganz zu schweigen.'(LÛTH, Die Friedensbitte an lsrael1951, op. cit.,p. 40). 3731u16 avait déjà évoqué un séjouren lsraèlau moisde mars1952 (HHSta, 38, Bd 1/1, Lettrede Luthà Livneh,29 lll 1952). 374 15;6.,Lettre de Livnehà Lûth,18 lX 1952.Dans cette lettre le consutisraélien de Munichremercie LÛthpour son activismeet lui annonceque désormaisplus rien ne s'opposeà son séjourdans l'État hébreu. 3756i6., Lettrede Lûthà N. Woilheim,New york, 91 ilt 1953. 376 |e consulatde Munich,encore, et la missionde Colognedéjà en place(assistance mentionnée in ibid.,Lettre de Lûthà L. Y. Oppenheimer,Rehovot, 29 I 1954). 37719ç11,E., VieleSteine laqen am Weq, op. cit., chapitre "Unter dem Nanen Julius Bernann in lsrael", p.279 et suiv.,et en particulierpp.279-280 pour la préparationdu voyageavec E. Livneh,K. Marx,H. vanDamet N. Wollheim. 3786qn1 S. ttlbses,contrôleur général de l'État(et lui-nemeauteur en 1g44d'un opuscule précisant les exigencesjuives de réparations,MOSES, S., Dieiûdischen Nachkrieosforderunqen, Tel Aviv,19214) et p. Naphtali,ministre de la construction. 348 Aprèsson séjourdans l'État juif, Lûthinaugure un travailpar lequelil confirmesa placeéminente dans le processusd'amélioration des relations entreBonn et Jérusalem.ll se fixe en effetpour missionde présenterl'État hébreuà ses concitoyens.A cettefin, en plusdes conférencesqu'il est amené à tenirdans toutel'Allemagne fédérale, il publieplusieurs brochures dans le cadredes activitésde la "Gesellsçftsft".37eCes livretsprennent certes souvent le caractèrehagiographique des écritsde l'époqueconsacrés à lsraë1,380s[ de ce fait ils ne véhiculentpas une image vraiment objective de la situationde l'Étathébreu;3s1 mais its n'enrestent pas moinsintéressants pour leur valeur de témoignage,ainsi que poursouligner I'intensité de I'activitéde Lûth et repérerla directionque prennentses effortsde conciliation. ll en est ainsi du Voyageen Terre Promise.lci Lûth s'attachetout d'abordà brosserun portraitgénéral de l'État hébreu,ce qui I'amèneà montrerqu'au delà des énormesdifficultés auxquelles est alors confronté lsraë|,il existepour lui de réellespossibilités de développement;et la R.F.A., par les marchandisesqu'elle s'est engagéeà livrer dans le cadre des réparations,a, selonLûth, un rôleà jouerdans cette évolution favorable. La questiondes relationsentre Bonnet Jérusalemn'apparaît que tardivement dans I'ouvrageet fait I'objetd'un bref développementen conclusion.Lûth décrit alors les perspectivesenvisageables sur la base des observations menéessur place.Et aprèsavoir constaté que "la ratificationdu traité(conclu) avec lsraël(a jeté) un premierpont entreJérusalem et Bonn",38zil évoquesa convictiond'une normalisationfuture des relations.Mais il nuance immédiatementcette professionde foi en raisond'un contextequi n'évolue pas aussirapidement que les Allemandsle souhaiteraient;car le décalagedû au passé resteénorme et ceux-cidoivent encore apprendre à dialogueravec les survivantset les descendantsdes victimesde I'Holocauste;et les relations

379Lstravail d'information auquel Erich Lûth se livreà I'intérieurde la R.F.A.est fortementappuyé par le serviced'information de la missionde Cologneavec lequel les contactssont régulierset intenses(Die Friedensbittean lsrael1951, chap. "Die Arbeit der lsraet-Missionin Kôtn"). 380çs51lecas de lÛrH, e., Reiseins Gelobte Land, op. cit., pour l'époque en question,comparable à la brochurede WalterA. Berendsohn,Aufbauarbeit in lsrael, Berlin, 1953, 67 pages. Ce caractère dithyrambiqueest aussiprésent dans un ouvrageultérieur de Lùth(lsrael-Heimat fûr Judehund Araber, Hambourg,1958, 72 paSes). 381C'est ce quifait direà I'ambassadeurde R.F.A.en lrakà proposd'un article de Lûthparu dans la "DeutscheRundschau" (Xl 1gil, "Waswird aus lsrael?",PA/AA, Abt lll, Ref316, Bd 172,Lettre Bagdad (211tsr 1370/55),30lV 1955):"Es ergibtsich heraus,daB es auBerordentlichschwierig ist, ein zuverlâssigesBild zu gewinnen,weil die in lsraelreisenden Landsfremden nur das zu sehenbekomrnen, was sie sehen wollenund dûrfen.(...) JedenfallsmuB davon gewarnt werden, von verstândlichen Sympathie-Gefûhlengeleitete, gutglâubige Berichte lsraelreisenden zur Grundlageeiner politischen Meinungsbildungûber die Problenredieses Landes zu nnchen." 382'Durchdie Ratifizierungdes lsrael-Vertragesisteine erste Brûcke zwischen Jerusalem und Bonn (...) wiederhergestelltworden.", Reise ins GelobteLand. op. cit., p. 70. 349 qui s'instaurentrisquent d'être dans une premièrephase à sensunique. C'est pourquoiLuth donne en conclusionquelques indications sur la manièrede se conduireà l'égardde ceuxqu'il appelle "nos amis israélisps".383 \ En 1955Luth se rendune nouvellefois en lsraë|.Ce secondséjour lui offre une occasionsupplémentaire de perfectionnersa connaissancedu pays, de confirmerson admirationpour I'oeuvreentreprise par les lsraéliens384et de contribuerun peu plusau rapprochementqui, de soncôté, s'etfectuealors à grandspas et permetdéjà d'intensescontacts. Retrouvant sa vocationde journaliste,3ssLuth met à profitson passagedans l'Étatjuif pour rencontreret interrogerde nombreusespersonnalités avec lesquellesil s'entretientde la "nouvelleAllemagne".386 Si Lùths'étonne alors du niveau atteintpar les relationsde factoentre Bonn et Jérusalem,avec une mission israéliennede Colognedésormais très étoffée,il doittout de mêmeconstater qu"'ilmanque encore la réciprocité".ss7Et il exprimela certitudeque, ne serait-cedéjà que pour pallier les problèmesposés par la procédure d'obtentiondes visas allemands,388"l'établissement de relations diplomatiques,d'abord au niveauconsulaire, est prochs."38eMais Lûth ajoute immédiatementque seul lsraëlest à mêmede déterminerà quel momentil sera possiblede passereffectivement au stadede relationsotficielles, "parce qu'enlsraël d'autres problèmes que ceuxdu droitinternational interfèrent."3e0 C'est pourquoi,toujours selon Lûth, malgré une opinionpublique israélienne "étonnammentpositivs"ssl à l'égardde Bonn,en particuliergrâce au bon déroulementdu traitéde réparations,la Républiquefédérale doit encorese garder de toute impatience;car il n'y aurait pas encore une majorité

383 Fbiseins Gelobte Land, op. cit., p. 70.C'estseulement dans le respectdû aux victimesque nous pouvonstrouver la voie qui mèneaux survivants." 384 HHSta,38, Bd 1/1,Lettre de Lûthà M. StraBmann,Petah Tikvah, 1er Vil 1955:'Meine Frauund ich hattenin lsraelsehr starke Eindrûcke.Wir sind voller Bewunderungfûr das Land lsrael und seine Menschen,die mit so vielenSchwierigkeiten zu kâmpfenhaben." 385 iOiO.,11, Bd 1, "ProtokollderVorstandssitzung der HamburgerGeseilschaft fûr chrisilich-jûdische Zusammenarbeitam 4. April 1955."Au coursde cette réunionde préparationà son séjour,Lûth se proposed'interviewer Ben Gourion et Sharett. 'Zweite 386 "Friedemit lsrael",Nr 22t23,VIA/ll 1955, Reisenach lsrael", E. Lûth,p. 5 et suiv. Lùth rencontrealors J. Burg,ministre des postes,P. Rosen,ministre de la justice,W. Eytan,F. Shinnar,H. YahiletM. Buber. 387 "trtoch(...) fehlt die Gegenseitigkeit.",ibid. 388 avecI'obligation de passerpar le corsulatbritrannique de Haifa. 389 "OnneFrage steht die Aufnahmediplomatischer Beziehungen, zunâchst auf konsularischerEbene, bevor.',ibid., p. 7. 39o'Rberin lsraelsprechen andere als die Problemedes internationalenRechtes mit..." 391"... erstaunlich positiv..." 350 d'lsraéliensqui se prononcentnettement en faveur de relations diplomatiques;de plus le sujet ne doit surtoutpas être abordé en cette périodede campagnepour les élections à la Knesset. , Toutefois,selon Lûth,I'accord tacite qui règneen lsraëlquant au silenceà respectersur le sujetdes relationsavec la R.F.A.ne supprimepas touteperspective de discussionsur le problème,et il est prévude I'aborderen toutequiétude dès qu'unnouveau gouvernement aura été formé.Mais le responsablede l"'Aktion"met en gardecontre toute tentation de crier victoire dansle cas d'unrèglement définitif du problèmede la réciprocité;car pourlui, la formalisationdes relationsne signifiepas leur normalisafion;d'où, pour finir, son appelà la poursuitedes réparations,notamment morales, des dommagessubis.

Dans la logiquedes prisesde positionqui viennentd'être relatées, ErichLÛth multiplie encore les initiativesvisant à traduiredans les faits les idéesénoncées précédemment. C'est ainsi qu'il voit dans une médiation ouest-allemandeau Moyen-Orientune possibilitéde poursuivrele travailde réparationengagé par la R.F.A.,avec pour objectif d'améliorer encore I'image de l'Allemagnede I'Ouestdans l'État hébreu. Ainsi, la participationde Bonn au processusde paix au Moyen-orientest inscriteau programmed'un entretienentre le responsablede l"'Aktion"et HermannVoigt, fonctionnaire de I'A.A.,au débutde juillet1955.3e2 Et pourappuyer sa proposition,Lûth insiste sur la placeprivilégiée que la Républiquefédérale occupe au Moyen-Orient où elle possèdeà nouveaula pleinesympathie des Étatsarabes. Mais I'idée du journalistede Hambourgn'est pas suivied'effet car elle se heurteà des considérationsde Realpolitikinvoquées par le fonctionnairedes Affaires étrangères.3ss

Après la victoire du Mapai aux électionsde juillet 1955, les perspectivesdégagées par Lûth après son deuxièmeséjour en lsraël semblentenfin pouvoirse réaliser;c'est pourquoi,à la fin de I'année,le responsablede l"'Aktion"peut déclarer que "Les relationsdiplomatiques vont

392194,Foreign Otfice, 25gB/21 b, Compterenctu d'E. Lùth, 15 Vil 1955. 393ye;g1déclare en effetque I'idéede Lùthn'est pas réalisable: pourqu'elle le fût, ilfaudraittout d,abord que Bonnsoit sollicitépar tes deuxparties; de plus,selon Voigrt, I'Allemagne de I'Ouestn'a pasintérêt à "zwischenalle Stûhle zu setzen." 351 êtreétablies dans un tempspeu éloigné".3e4

LÛthn'est toutefoispas tenu au courantdes débatsqui ont lieu fin 1955-début1956 sur I'implantationd'une représentationouest-allemande en lsraë1.Et ce n'est que I'annéesuivante, au coursd'un nouveauséjour aux Etats-Unis,qu'il mentionneà nouveaules relationsentre Bonn et Jérusalem en soulignantalors que d'aprèslui Bonnassume une certaineresponsabilité à l'égardde l'Étathébreu, Dans le compterendu qu'il rédigeplus tard à I'adressedes juifsd'Allemagne, il précise que la déclarationen questiona été faiteen présencede "hautsreprésentants diplomatiques de notreRépublique fédérale".3esCette précision,destinée à rappeleraux dirigeantsouest- allemandsleurs propres responsabilités, s'explique par la volontéferme du responsablede l"'Aktion"de travaillerconcrètement au renforcementde la "nouvelleAllemagne" et de I'imagede celle-ciaux U.S.A.se6Et pourlui, ce renforcementpasse naturellementpar la relance d'un processusde rapprochementdont il sait, malgréle secretque les autoritésallemandes et israéliennesont désirépréserver, qu'il vient de connaîtreun coupd'arrêt. Son souhaitde parvenirà une stabilisationde la situationau Moyen-Orient,seul véritablemoyen d'assurer la paix de l'État hébreu,pousse Erich Lûth à demanderensuite aux Étatsoccidentaux de concerterteurs efforts; car seute une actioncommune pourra faire accepteraux Étatsarabes qu'ils prennent en mainla questiondes réfugiéspalestiniens. Au-delàde la volontéde paixexprimée par Lùth,les proposqu'ir tient aux Etats-Unisont égalementune valeurde leçonadressée non seulement au paysdans lequelil se trouve,mais aussiaux autoritésde la République fédérale.Car la concertationqu'il préconise devra mettre un termeà un état de faitqui se confirmealors : lesÉtats occidentaux, et en particulierles U.S.A. et la R.F.A.,sont de plusen plussoumis à la bonnevolonté des paysarabes qui jouentde leursfaiblesses au Moyen-Orient.Et Lûthne connaîtque trop I'impactqu'une telle influencepeut avoir sur la politiqued'un pays indécis,

'sicherlich 394 werdenin absehbarerZeit diplomatischen Beziehungen aufgenomnen werden.", HHSta, 23, Bd 12,Lettre de Lûthà F. Haas,Freudenstadt, 30 Xll 1955.Dans cette lettreLuth dément par ailleurs les runeursqui font de lui I'undes membresde la futurereprésentation ouest-allemande en lsraê|. 395'Absnrcine",25 V 1956,"Bilanz einer Amerika - Reise- Pilgerfahrtdurch Kirchen, Synagogen und Universitâten",E. Luth.,"... in Anwesenheithoher diplomatischen Vertreter unserer Bundesrepublik..." LÛthcite les nomsde Krekeler(ambassadeur de R.F.A.à Washington),von Eckardt(observateur de la R.F.A.à I'O.N.U.),Reifferscheidt (consulgénéralde R.F.A. à NewYork), Almsick (consut à Detroit)et Knappstein(consul à Chicago). 396 st (mppstein insistesur I'aideque lui a apportéI'action de Lûthdans son travailde promotionde la "nouvelleAllemagne". Mais au coursde son exposéle responsablede l'"Aktion"insiste sur la persistance de la défhnceaméricaine à I'egardde son pa]rsen raisondes reliquatsde nazisnequi s'y maintiennent. 352 commecela avait été le cas au momentdu débatsur la ratificationde I'accord germano-israélien.

353 c. Évolurtoru DE L'ATTtruDEALLEMANDE apnÈs LA RATIFTCATION: LA VICTOIREOU NÉAIISME

L'espritdu traitéde Luxembourgn'est en faitqu'un aspect des relations germano-israéliennes.ll représente,certes, une part importante, principalementsymbolique, de la politiqueextérieure de la nouvelle démocratieallemande. Mais au delàdes déclarationsde bonnevolonté et du soucide poursuivrele rapprochemententre la R.F.A.et l'Étathébreu, les relationsextérieures de Bonnsont avant tout teintées de réalisme.En outre,si la R.F.A.dépend encore des puissancesoccidentales pour sa politique étrangèrejusqu'en mai 1955,elle développeen parallèleson proprechamp d'activitéet se sent de plus en plus concernéepar son environnement.Et cetteconstatation vaut aussi bien pour le cadrerestreint de I'Europeque pour l'échelleplanétaire, ensembles qui ne sont évidemmentpas statiquesau débutdes années1950; les évolutionsqu'on constate à ces deuxniveaux exercenten effet une influencedirecte sur les gouvernantsde Bonn, notammenten fonctiondu renforcementde la séparationdu mondeen deux camps,situation dont la divisionde I'Allemagneest le symbole.

ll s'agitici d'analyserl'évolution de I'attitudede la R.F.A.vis-à-vis du problème des relations diplomatiquesavec lsraël en fonction du développementde I'environnementmondial. Car le problèmeen questionest à mettreen rapportavec un certainnombre d'éléments qui dépendentde cettetransformation du contexteplanétaire. En ce sens,on peut dire que la questiondes relationsdiplomatiques entre la R.F.A.et lsraëlsuit une évolutionimprévue et devientprogressivement "l'enfant de la guerrefroide".

354 l. Évolution de la politique extérieure ouest-allemande: les données de 1953

L'évolutionde I'attitudede la R.F.A.sur la questiondes relations diplomatiquesavec Jérusalem s'insère tout d'aborddans celle de la politique extérieureouest-allemande en général;elle ne peutse concevoirqu'au sein de cet ensembleplus vaste dont elle dépend étroitement.t

Au début de 1953,Adenauer suit résolumentI'option de l'alliance atlantique.2D'une part Bonn repoussealors avec déterminationle "Sonderweg"que la Républiquede Weimaravait emprunté en recherchant uneplace entre le mondeoccidental et I'U.R.S.S.3D'autre part le Chancelier confirmeles choixadoptés au départet fait siennesles directivesimposées par les puissancesoccupantes. Car la R.F.A.juge qu'elle a sa placedans le monde occidentalet tient à la préserver;elle s'efforcede conserverles bonnesgrâces des pays occidentauxpour assurerdéfinitivement et sa reconstructionqui s'achèveet sa sécuritéqui reste une préoccupation majeureen l'absenced'une armée digne de ce nom.4L'Allemagne fédérale participeen outre aux effortsde constructioneuropéenne engagés depuis troisans et désireêtre considérée par les autrespays européens comme un partenaireà part entière. Le lien privilégiéde la R.F.A.avec les puissancesoccidentales est l'oeuvredu ChancelierAdenauer qui définitet conduitla politiqueétrangère de son pays.Son soucid'un rapprochementavec I'Ouest I'entraîne à écarter à tout prix les obstaclesqui font échecà la réalisationde I'objectifqui pour lui est solidairede cettedémarche : I'accessionde la R.F.A.à la souveraineté.5

1 Cetteremarque ne concernetoutefois pas I'exécutiondu traitéqui répondà un engagementque la R.F.A.ne peutpas dénonceret qui doitse poursuivreindépendamment de tout autreproblène (dans ses '10 clauses,le traité de Luxembourgcomporte un article- l'article - qui assurela continuationdes livraisonsde marchandisesouest-allemandes dans tous les cas, principalementdans le cas d'une dégradationde la situationéconomique de la R.F.A.,VOGEL, Deutschlands Weo nach lsrael, op. cit.,p. 68). 2 v. SCHWARZ,Adenauer - DerStaatsmann, op. cit.,Chap. "Die atlantische Allianz - 1952-1955",p. 7 et suiv. 3 v. wRerueR,H., 'The FederalRepublic of Germany'sforeign policy objectives', in "Millenium",(17) 1 Spring1988, p. 4i] et suiv. 4 "C'està I'Allianceatlantique que la Républiquefédérale doit sécurité et souveraineté.",LE GLOANNEC, A.-M.,"L'Allemagne et I'Allianceatlantique," in MENUDIER,op. cit., p. 119et suiv.,p. 1'19, 5 Le 3 lX 1952,il déclareà proposdes traités("Deutschlandsvertrag" et traité de Paris instituantla C.E.D.)qui représententcette souveraineté en coursd'acquisition et quidoiventencore être ratifiéspar le Bundestag: "DieVertrâge dûrfen nicht an uns,sondern allenfalls an Frankreichscheitern." (cité par SCHWAM,Adenauer - DerStaatsmann, op. cit., p. 38). 355 C'est pour cela que I'actiond'Adenauer est marquéepar un engagement personnelconstant. Aprèsla ratificationdes traitésde Parispar le Bundestag,6Adenauer peut aborder avec confianceI'année 1953 qui devrait confirmerle renforcementet la stabilisationde la R.F.A. La ratificationdu traité de Luxembourgillustre la foi en I'avenirque le Chancelieréprouve en cette périodede redressementpolitique et économique.

La réalitéde 1953est toutefoisdifférente des prévisionscar elle est marquéepar une aggravationde la divisiondu monde.Et malgréles espoirs consécutifsau décèsde Staline,le 5 mars,c'est, à de nombreuxégards, une périoded'incertitude qui s'ouvre.Les problèmesen souffrancesont encore nombreux,et pour le gouvernementde Bonn celui de la réunification I'emportesur tous les autres: il est présentdans tous les grandsdébats de la périodeet restele principalrévélateur du climatmondial après la guerrede Corée.L'écrasement des émeutesde Berlin-Est,le 17juin 1953,témoigne de I'ambiguïtéde la situation;car d'une part des perspectivesde "dégel"se dessinentdans les relationsentre les deux Grands,mais d'autrepart la tensionreste vive, comme la concurrenceentre les deux camps. Et le 17 juin 1953provoque un raidissementdes autoritésde Bonnqui exigentdésormais la réuniond'une conférenceà quatre vouée au seul problèmede la réunification.z

Par ailleurs,la fin de la guerrede Coréeet la mortde Stalinemarquent le début d'une modificationdans la configurationde la guerre froide. Jusqu'alorssituée principalement sur le terraineuropéen, celle-ci confirme désormaisson extensionà des zonesextérieures au continent.Et I'expansion géographiquede la tensionrenforce la nécessitéd'alliances de grande ampleuret I'importanceaccordée aux armementsstratégiques. Dans le camp occidental,la nouvellesituation voit se développeren conséquencele rôle des Etats-Unis,seule puissance capable d'assurer la sécuritéde ses alliéset

6teoxtt rgsz. 7 L'exigenceouest-allemande suppose une réunificationdans la libertéet confirmela politique d'Adenauerqui refuseune réunificationavec neutralisationtelle qu'elleest proposéedepuis 1952 par les Soviétiques.A ce propos,v. KITTEL,M., "Genesis einer Legende-Die Diskussion um die StalinNoten in der BundesrepublikDeutschtand 1952-1958", in "Vierteljahrsheftefûr Zeitgeschichte",Vll 1993,3. Heft, P' 355et sttiv' 356 de garantirleurs zones d'influencetraditionnelles.s Dans ce nouveau contexte,le Moyen-Orient,en particulier,devient un enjeude la guerrefroide.

L'aggravationde la divisiondu mondeet de la concurrenceentre les deux Grandsfournit à AdenauerI'occasion de renforcersa propreposition à I'intérieurde son pays.Car le Chancelier,en cetteannée électorale, incarne I'adhésionà I'Occidentde la R.F.A.;et il est considéré,notamment par les Américains,à la fois commele pilierde la démocratieouest-allemande et commele meilleursoutien de la politiqueeuropéenne des Etats-Unis.e Lesappuis extérieurs dont il disposerenforcent la foi d'Adenaueren la justessedes principauxbuts de sa politiqueétrangère. Ceci concerneen particulierla réunificationl0qui demeureI'une des revendicationsessentielles du Chancelier.llL'orientation de sa politiqueest confirméepar I'attitudede la R.F.A.vis-à-vis de I'autreAllemagne dont on retiendratrois aspects: la revendicationd'un monopolede représentationde I'Allemagnede I'Ouest pourtoute I'Allemagne,la volontéde réunificationet la politiquede non- reconnaissanceà l'égardde Berlin-Est.Pour Adenauer,le soutienqu'il obtientdes U.S.A.vaut confirmationde ses vues;et cet appuicontribue au raidissementde I'attitudedu chancelierenvers ce qui pourraitaggraver la divisionde I'Allemagne.En outreil considèresa proprepolitique comme le résultatd'un Iibrechoix, alors qu'il estimeque la R.D.A.est totalement soumiseà I'U.R.S.S.;de ce fait,il estconvaincu que le rôledévolu à Ia R.F.A. est de libérerI'Allemagne de I'Estde ce joug,c'est-à-dire de promouvoirune réunificationlibrement consentie. Par ailleurs,la politiquede non-reconnaissanced'Adenauer constitue, à plusieurstitres, un messageadressé aux puissancesoccidentales. Car elle représented'une part la participationouest-allemande à la politique d'endiguementdu communismeet d'autrepart elle est le symboled'une forte volontéd'intégration à I'Ouestainsi que I'expressiondu soucide démontrer

8 SC|-|WRRZ,Adenauer - Der Staatsmann,op. cit., p. 47, "Unterdiesen Umstânden dûrften weder Frankreichnoch GroBbritannienin der Lagesein, die geostrategischenEinfluBgebieten in Europa,in Afrikaund im NahenOsten ohne amerikanische Unterstûtzung zu sichern." 9 Peuavant les électionsau Bundestagde septembre1953, John FosterDulles, le secrétaired'État anéricain,s'exprirne en cestermes (in SCHWAM,ibid., p. 102): unedéfaite de la coalitiondu Chancelier fédéral"... wûrdekatastrophale Folgen fûr die AussichtenDeutschlands auf eine Wiedervereinigungund die Wiederherstellungvoller Souverânitât." 10 SelonHacke (HACKE,C., "Traditionenund Stationender AuBenpolitikder Bundesrepublik Deutschland',op. cit.), les appuisextérieurs sont une aide fondamentaleà la conduitedes affaires étrangères,en effet : 'An der ideologischenNahtstelle des Ost-West Konfliktes bedarf die Bundesrepublikder auBenpolitischenUnterstûtzung der westlichenPartnern und VebÛndeten."(p. 3). 11eRntNG, A., "Diewestdeutsche AuBenpolitik in der ÂraAdenauer", in "PolitischeVierteljahresschrift", 9 (1)mars 1968, p. 45 et suiv. 357 que I'Allemagneexiste toujours. Elle est enfinet surtoutI'affirmation d'une Allemagnede I'Ouestdémocratique face à une R.D.A.totalitaire ainsi qu'à un passédont la démocratieétait totalement absente.

Au total, par la politiquede non-reconnaissanceet la volonté d'intégrationà I'Ouest,le but du Chancelierest d'atteindrele plus rapidement possibleune positionde force qui lui permettede négocierla réunification aux conditionsvoulues par lui. Et cettestratégie reçoit I'assentiment de la populationouest-allemande comme l'atteste la victoirede la c.D.u. aux électionsde septembre1953.12

12La C.O.U.lC.S.U.obtient 2zt3 si{]es contre151 au S.p.D. 358 ll. L'attitude de Bonn vis-à-vis du problème des relations diplomatiques avec lsraël et son évolution dans le contexte mondial

L'évolutiondes idées de Bonn relativesaux relationsdiplomatiques avec lsraëls'inscrit non seulementdans le cadreglobal esquissé ci-dessus. Elleest égalementle refletde la placeplus grande prise par les élémentsde réflexionapparus lors de la discussionsur la ratificationde I'accordde réparations.

1. Le problème arabe

En mars-avril1953, les États arabesacceptent bon gré mal gré la ratificationdu traitégermano-israélien.13 Et les observateurspeuvent alors prévoirque la positionde la R.F.A.au Moyen-Orientva se rétablirtrès rapidement.t+Cependant, I'activité des paysarabes et leur influencesur les autoritésallemandes ainsi que sur les fonctionnairesde I'A.4. ne faiblissent pas pour autant.La persistancede "l'élémentarabe" dans les annéesqui suiventla sanctionde I'accordpar le Bundestagprend différents aspects.

1.1. Du point de vue commercial

Le débatsur la ratificationdu traitéde Luxembourga vu l'émergence d'un certain nombre d'élémentsopposés au principede réparations accordéesà lsraë|.Parmi ceux-ci, I'argument commercial est certainement

13 Plusieursélénents en témoignent: I'ambassadeouest-allemande au Caireindique le 20 lll 1953 (PA/AA,Abt lll, 210.01/35,Bd 6, Télegrammedu Caire(81) du 20lll 1953)que la répercussiondu traité dansla presseégyptienne est trèsfaible, tandis qu'à Damas (ibid., Télégramme de Damas(16) du 20 lll 1953)on ne sait pas quelleposition adopter. D'après une dépêche (VWD Ausland",22 lll 1953,"Die ArabischeLiga verschârftden Wirtschattsboykottgegenûber lsrael"), les États arabes,après la ratification,ne mettentpas en placeun boycottà I'encontrede la R.F.A.mais renforcent celui dirigé contrelsraêl (v. aussi,PA/AA, Abt ll, Bd 1686,Télegramme Caire (92), 31 lll 1953,Pawelke). Dans le communiquéfinal d'une réunion de la Liguearabe au début du moisd'avril (ibid., Lettre Caire (1144/53), 10 lV 1953,Pawelke), bs Étatsarabes ne mentionnentpas le traitéet ne reprennentpas I'idéed'un boycott contrela R.F.A. 14pruRR, Abt lt, Bd 1686,Télegramme Washington (179), 20 lll 1953,Krekeler. Selon un responsabledu Départementd'État, ta ratificationva casserla solidaritéarabe et I'Egypteva se dépêcherde renoncer aux r€naces de boycott.Ainsi, "Beamte State Departments ist der Ansicht,daB Bundesrepublik seine (sic)frûhere gute Positbn in arabischerWelt schnellwieder çwinnen wird." 359 celui qui a le plus de poids;car, en utilisantdes donnéeschiffrées, qu'il s'agissedes pertesenvisagées ou de perspectivesde contrats,il est possible aux détracteursde I'accordgermano-israélien de soulignerI'ampleur de I'enjeu.Ceci expliqueque Bonnait pu céderà un momentà la pression arabe,reprise et amplifiéepar les milieuxindustriels ouest-allemands, et engagerdes discussionsavec les États du Moyen-Orient.L'absence de résultatsde cette négociationet le départdu Cairede la délégationWestrick ne marquentcependant pas I'arrêt de la campagnearabe contre le rapprochementgermano-israélien ni le terme des préoccupationsouest- allemandesà ce sujet.

A cet égard,il faut remarquerque le jour même de la ratificationdu traité, I'A.A. publieun communiquérévélateur de la constancede ses inquiétudeséconomiques et de sa volontéde relancerles discussionsavec les partenairesarabes.1s Ainsi, au momentoù le traitégermano-israélien voit s'abattrele dernierobstacle à sa mise en oeuvre,les Affairesétrangères ouest-allemandesdésirent tempérer I'enthousiasme auquel certains seraient portéset démontrerque la "traditionnelleamitié germano-arabe" n'est pas oubliée.Le communiquéde l'A.A.traduit aussi la réactionde fonctionnaires qui n'ont toujourspas véritablementassimilé le poids de I'engagement d'Adenaueren faveurdu traitéet d'lsraë1.Le but de la manoeuvreest alorsde montrer que les faveurs accordéesà lsraël ne constitueraientqu'un arrangementIimité qui ne doit en aucuncas entraverle cours des relations germano-arabes.

Par ailleurs,sur le plan des relationscommerciales germano-arabes, les représentantsouest-allemands dans les principalescapitales du Moyen- Orientpoursuivent le rôle qui avait été le leur au momentdu débat sur la ratification.C'est pourquoi,dans leurs prises de positionécrites, ils insistent sur I'accalmiequi règnedésormais dans ces payset soulignentle souhaitdes Arabesde développerles contactséconomiques avec Bonn.16

15 pRlRe,Abt il, Bd 1686,A.A., "Mitteilungenan die Presse',18 lll 1953.Les servicesde la "KoblenzertraBe"soulignent alors l'état favorablede négociationsavec I'Egypte en vue d'une participationouest-allemande aux travauxdu barraged'Assouan (c'est la concrétisationd'une annonce de Pawelkedatant du débutde mars(ibid., Télegramme Caire (58), 2 lll 1953,Pawelke) et la possibilitéde fairecontrôler le dâoulementdu traitéde réparationspar un curateur.D'autre part, la R.F.A.annonce sa dispositionà menerdes négociationsavec les Arabespour améliorer les lienséconomiques avec eux. 16v. PA/AA,Abt lll, 210.01/35,Bd 6. 360 Mais avec le temps,on assisteà un raidissementdes Arabesqui essaientde resserrerl'étau placé autour du commercedes paystiers avec lsraë|.Dans ce but, le comitéarabe de boycottse réuniten septembre1953 pour instituerun systèmede contrôleplus efficaceet opposerune paradeaux problèmesapparus avec les livraisonsallemandes à lsraë1.12Les Arabes s'intéressentalors tout particulièrement aux entreprisesqui commercentavec l'État hébreuet à cellesqui ont fermé leurssuccursales dans le pays;ta91 I'idéede listesnoires et d'unepression, sinon d'un chantage, sur les sociétés allemandesest désormaisà l'étude.1e Les représentantsde Bonn ne restent pas insensiblesà I'accroissementde la pressiondes autoritésarabes sur les entreprisesouest- allemandesqui commercentavec lsraë|.C'est ce qui expliquequ'ils songent à des mesuresde préventionou à des dispositionssusceptibles d'accroître le commerceavec les pays arabes.On retrouvedans les courriersde ces représentationsle ton qui était le leur pendantle débat sur la ratification. Ainsi, I'ambassadeurà Beyrouth,Nôhring, multiplie les sollicitations: il reprendpar exempleau mois d'aoÛt1953 la propositiond'un banquier libanaisvisant à créerun comitéd'experts qui devraitétudier les possibilités de développerles relationscommerciales germano-libanaises;20 mais, ajoute le diplomate,I'objectif d'une telle manoeuvreserait avant tout de mettreun terme à la mésententeissue de I'accordgermano-israélien. Pour lui une action est d'autantplus nécessaireque certainesentreprises étrangères utilisentla menacede boycottà des fins de concurrence.2lEn novembre Nôhringrédige un nouveaudocument dans lequelil insisteen revanchesur

17 ll en va parexemple de I'arrivéede marchandisesallemandes sur les marchésarabes, alors qu'elles font partiedes réparations(ibid., Bd 22, LettreBeyrouth (304.09 197/53), 3 lX 1953,NÔhring). Parmiles mesuresde rétorsionprévues, les États arabesveulent faire pressionsur les entreprisesouest- allemandesqui se livrentà untrafic illicite. 18 ioio.,Abt ll, Bd 1686,Leftre caire (2859/53), 10lX 19S, Pawelke. 19 A I'issuede cette réunion,des nesuressont prisesà I'encontredes entreprisesqui comnercentavec lsraëlet de cellesqui desserventaussi bien l'État hébreu que les paysarabes. De nÉme,il y a réflexion sur les royens d'empêcherI'approvisionnement d'lsraëlen pétrole (ibid., Abt lV, Ref416, Bd 22, Lettre Eleyrouth(304.09 272153),7 X 1953,Mhring). 20 iUiO.,Bd 23,Lettre Eleyrouth (31 1.17 139/53), 5 Vll 1953,NÔhring, "Confidentiel". 21 iOiO.,Lettre Beyrouth (315.01 128/53), 4 Vlll 1953,Nôhring. Nôhring précise que certaines entreprises étrangères,ou mêmede R.F.A.,agissent à I'encontredes sociétéslivrant des marchandisesà lsraèl dans le cadredu traitéen prévenantles clientsarabes afin de s'assurerde meilleuresparts de marché. 361 les atoutsdont les Ailemandscontinuent à disposermalgré le traité.zzEt pour lui il est clair,au vu des quelquesespoirs que laissela situation,qu'il faut absolumentéviter toute manoeuvrepropre à compromettreles chances ouest-allemandesau Moyen-Orient.23

Dans Ie contexte de 1953, qui reste délicat, les représentants allemandsne se contententpas de brosserdes tableauxencourageants ou de signalerles risquesencourus par les entreprisesouest-allemandes au Moyen-Orient.lls sollicitentégalement une interventiondirecte des industriels de leur pays. C'est ainsi que Nôhringest en contactavec la Fédération Allemandedes Chambresde Commerceet d'lndustrie24et requiertla participationde celle-ci,en collaborationavec le B.D.l.,au travailde réflexion prônépar le banquierlibanais lbrahim Saab.2s De même,au Caire,Pawelke tient à aider les entreprisesallemandes impliquées à la fois dans les pays

22tbid.,Bd 22, LettreBeyrouth (300.05 359/53), 3 Xl 1953,Nôhring. "Fûr den Handelin Libanonund Ûber diesenin anderenarabischen Staaten bringt die Bundesrepublik(...) gûnstigeVoraussetzungen mit : wennauch - vor allemauBerhalb des Libanon - das\Medergutmachungsabkommen mit lsrael eine gewisse Hypothekauf den deutsch-arabischenBeziehungen bildet, so trâgtdie Tatsache,daB Amerika seine Kreditpolitikan lsraelfortsetzt, daB Frankreich durch Marokko und England durch Suez recht unpopulâr ist (sic),und da.B die Sowjetunion ingroBem Umfang in lsraelkauft, dazu bei, die Bundesrepubliknicht nur als 'kleineresÛbel'anzusehen, sondern die gutenBeziehungen zur Bundesrepublikaufrechtzuerhalten und,bei entsprechendenNutzen fûr die eigeneWirtschaft, zu vertiefen." 23 L'ambassadeurouest-allemand à Damasémet les nÉmes inquiétudesque son collègueen poste à Beyrouth.Ainsi, au moisd'octobre 1953 (ibid., Abt ll, Bd 1686,Télégramme Damas (46),12 X 1953,v.d. Esch),il redouteune reprisedes attaquessyriennes contre la R.F.A.à proposdu traitéde réparationset proposed'utiliser la méthodeappliquée en son tempsau Caire(il écriten effet : "HalteZeitpunkt fÙr geeignetzur Entsendungdeutscher \Mrtschaftsdelegation nach Syrien."). Une préoccupation identique persisteau Caire.A la fin de 1953,les servicesde I'ambassadeallemande répertorient les élénents qui laissentprésager de meilleuresperspectives (ibid., Abt lll, Bd 2-198,211.00/1,Lettre Caire (4035/53), 23 Xll 1953,v. MiÈach);ils remarquentainsi qu'au cours de I'annéequi vientde s'écoulerl'Egypte s'est tenueà l'écartde la Liguearabe (pour s'occuper pleinenent du problèmede l'évacuationde la zone du canalde Suezpar les troupesanglaises) et a prisses distancesvis-à-vis du problèneisraélien. De plus, les diplomatesnotent que, alorsque le débutde I'annéeavait été délicatpour les relationsentre le Caire et Bonn, les négociationssur une participationouest-allemande aux travauxdu barraged'Assouan ont aplaniles différends.Enfin, ils rappellentque la R.F.A.a pu enregistreren Egyptede bons résultats comrnerciauxet que l'avenirest pronetteur. 24 iOiO.,Abt tV, Ref416, Nn,Tétqramrne de Beyrouth(221,24 X 19S, Nôhring,"Fùr den Deutschen Industrie-und Handelstag". 25iOiO., Bd 23,Lettre Beyrouth (311.17 139/53), 5 Vll 1953,Nôhring, "Confidentiel". 362 arabeset en lsraë1.26

Poursa partI'A.A. entreprend depuis Bonn des opérationsde relations publiquesqui devraientpermettre de détendreI'atmosphère et d'ouvrirla voie à une collaborationéconomique plus intenseavec les Arabes.Et à cettefin le ministèreouest-allemand des Affairesétrangères déploie des moyens semblablesà ceuxengagés lors de la discussionsur la ratificationde I'accord germano-israélien.z7 En parallèleà cetteattitude, I'A.A. demeure le plusgrand avocat de la prudenceen ce qui concernele commerceavec les paysdu Moyen-Orient,et cette prudenceva croissantsi I'on en croit les documentsrelatifs à cette question.Ceux-ci révèlent en effet de la façon la plus nette que les fonctionnairesdes Atfairesétrangères ouest-allemandes déploient, où qu'ilse trouvent,de nombreuxetforts pour éviter d'accroître la tensionet de provoquer I'iredes Étatsarabes.28 Si Bonns'intéresse aussi vivement à la région,c'est en raison des nombreuxatouts dont I'Allemagnede I'Ouestdispose à l'époquepour renforceret développerses marchés.2sCeci conduitmême à ce que ce soit la Directiondes Atfaireséconomiques de I'A.A.qui, au début 1955,dicte à la Directiondes Atfairespolitiques la conduiteà tenir.30ll faut

26 Au moisde juillet1953 (ibid., Abt ll, Bd 1686,Lettre Caire (2373153),29 Vll 1953,Pawelke), l'ambassadeurallemand au Caireévoque te tait que la propagandeégyptienne utilise, à I'encontredes intérêtsallemands, des lettresd'entreprises allemandes à leursreprésentations en Egypteles tenant informéesde discussionsavec la missionisraélienne de Cologne.Pawelke propose alors une solution destinéeà préserverles participationsallemandes sur le marchéégyptien : "Wenndie Firmenschon ihre hiesigenVertretungen ûber ihre Verhandlungenmit der israelischenEinkaufskommission unterrichten mùssen,kônnte ihnen eventuell auch die BenuEungunseres Kuriervrreges angeraten werden." Au début de février1954 (ibid.,Lettre Caire (549/54), 25 ll 1954,Pawelke), il transmetà I'A.A.une note du secrétiariatgénéral de la Liguearabe quifalt le pointsur les mesuresde boycottà I'egardd'lsraè|, et en particuliersur lesconditions de travailavec les entreprises. ll prie de faireparvenir ces éléments"... den Spitzenverbàndender gewerblichenWirtschaft." Même chose in, ibid.,Abt lll, Bd 3-198,Lettre Caire (37271541, 22 X!! 1954,v. Miôach. 27c'est par exempleI'utilisation de la pressearabe à des fins de propagande(ibid., Abt lV, Bd 22, Lettre A.A. (4156.54A 303.04/214lV 33 819/53)à la Messen-u. Ausstellungs-GmbH(Francfort), I I 1954, Allardt.Dans cette lettre à une sociétéprivée qui a pourtâche d'organiser des foires-expositions, I'4.4. apporteson soutienà I'invitationlaniee à desjournalistes arabes : "lm Interesseder Intensivierungder handelspolitischenEleziehungen der Bundesrepublikzu den arabischenStaaten erscheint es abergerade z. Zt wûnschenswert,daR in der arabischenPresse auf die sichin der Bundesrepublikfûr die arabischen Lânderbietenden M@lichkeiten wirtschaftlicher Art verstârkthingewiesen wird."). 28 C'estainsique le 7 Xll 1954(ibid., Abt lll, 210.00,Deutsche AuBenpolitik, Bd 6, Documentdu 7 Xll 1954,Voigt), I'Abteilung lll proposequ'un passage sur les relationsamicales et favorablesdu pointde vue économiqueentre la R.F.A.et les pays arabesfasse partiedu discoursde politiquegénérale d'Adenauerdu 15 décembre.Mais il s'agitde n'évoquerces relationsque de manièrelimitée, "... weil sonstauch die lsraelfrageangeschnitten werden mùBte." 29 fn t953, ta R.F.A.est parexemple le 2èmefournisseur de I'Egypteaprès les U.S.A.(avec 10,4% des importationsegyptiennes) et son 2èmeclient après la Grande-Bretagne(avec 6,3% des exportations égyptiennes).(chiffres in WSSA-WASSEF,C., "Lesrelations entre I'Egypte et les deux Etatsallemands depuisla deuxièmeguerre mondiale", in "Potitiqueétrangère", 37 (511972,p. 609et suiv.). 30 iuic.,Abt lv, Rer412, Bd 136,lsraë|, Note Ref 416 au Ref206, ll 1955,Weber. 363 cependantnoter avant de se prononcersur la politiquede Bonn qu'à l'époquela concurrenceentre les pays,souvent occidentaux, intéressés par la régionétait des plus âpres;et il est clair alorsque ce sont les intérêts économiquesqui doiventavant tout guider,les responsablespolitiques de Bonn.31

La volontédes administrationsouest-allemandes de mettreà profit toute possibilitéd'établir, ou de rétablir,des contactscommerciaux solides avec les Étatsarabes est égalementmanifeste en 1955dans le projetd'une expositionindustrielle allemande au Caire.L'idée n'est certes pas neuve,et I'on se souvientque, au momentdu débat sur la ratificationdu traité de Luxembourg,une initiativesemblable avait été abandonnéeen raisonde I'agitationanti-allemande menée par les Étatsarabes.32 Après I'annulationde cette premièrerencontre, les entreprisesouest-allemandes en relancent I'idéeavec le soutiendes administrationsconcernées.33

Le souciouest-allemand est égalementmanifeste dans d'autres cas. ll en va par exempleainsi à I'occasionde I'accroissementdes relations

31 iUiO.,Abt ilt, Ref 316, Bd 173 a, TélégrammeCaire (224),24 Xl 1955,Becker, sur la concurrence anglaisequi tient à évincerla R.F.A.de toute participationallemande au financementdu barrage d'Assouan. 32v. supra. 33 Le g février1955, un documentportant sur le sujetémane ainsidu ministèrefédéral de l'Économie (PA/AA,Abt lV, Ref403, Bd 18,Deutsche Industrie-Ausstellung Kairo, Lettre B.W.M. (VA 5 2185/55),8 ll 1955,Stolpe) et lance un appelpressant à la réalisationdu projet.Une consultationdes services concernésest alorsentreprise, et I'ambassadeurau Caire,Becker, refuse pour sa part la précipitationen prônantla prudenceafin d'éviter de susciterles suspicionsarabes. Dans sa leftredu 22 ll 1955(ibid., LettreCaire (507/55), 22 ll 1955),Becker insiste sur la nécessitéd'éviter une action malhabile : il n'est matériellementpas possiblede prévoirquelque chose avant I'hiver1956-1957 du fait du manque d'infrastructure;et il refuseune exposition ouest-allemande quiferait double-emploi avec l'exposition internationaleprévue de toutemanière : "Bedenkenbestehen auch, weil die Abhaltungeiner deutschen Sondermesseund die Teilnahmean der InternationalenMesse, die in einemverhâltnismâBigen kurzen Zeitraumeinander folgen wûrden, den Eindruckeines allzu massierten VorstoBes der deutschen Industrie im arabischenRaum erwecken wùrde, ein Eindruck,der aus politischen Grûnden vermieden werden muB." Maisle 25avril, une lettre de la centralede Bonn(ibid', Lettre A'A' ('m3'307'oz1 Æ69155)au caire,25 lv 1955, Graeff)informe Becker des conditionsnouvelles devant I'amener à changerd'opinion (les entreprisesouest-allemandes s'intéressent vivernent à uneexposition industrielle et I'autreEtat allemand fait preuved'activisrne au Moyen-Orient),ce qui le conduità adopterune positionplus concilianteet à env'rsagerréellement une telle foire-exposition ( ibid., Lettre Caire (692 ll/55), 29 lV 1955,Becker. A cette occasion,Becker n'hésite pas à se contredirepour répondrefavorablement aux pressionsexercées sur lui. Ceciconcerne par exemplela questionde I'emplacementoù pourraitavoir lieu I'expositionindustrielle allemande:dans cettenouvelle lettre, il indique: "Aufdem Ausstellungsgelânde auf der NilinselinKairo kônnteeine sehr reprâsentativededsche Industrieschaugenûgend Platz finden." Dans son courrierdu 22 ll 1955,il écrivaitpourtant : "Feststeht, daB das bisherf0r Ausstellungenbenutzte Gelânde auf der Nilinselin Kairowegen seiner geringen Ausdehnung fûr die Abhaltungder Ausstellungnicht in Frage kommt."D'autre part, Beckerréduit les délaiset évoqueI'automne-hiver 1956 comme date possiblepour la manifestation.)Le changementd'opinion du diplomateapparaît notamment dans une lettredu 30, lorsqu'ilreprend à son comptel'idée de travaillerà I'organisationde la manifestationenvisagée (ibid., LettreBecker à Graeff,30 lV 1955). 364 économiquesentre la R.F.A.et l'Étathébreu. Les représentations allemandes jouentalors un grandrôle dansles consultationsmenées avant toute étape supplémentairedans le rapprochementgermano-israélien. C'est par exemple le cas lorsque,durant l'été 1955,le ministèrefédéralde I'Agriculturepropose un échangede marchandisesentre la R.F.A.et lsraë|.3+Alors que la Direction des Affaireséconomiques approuve une telle opération,3sles représentations dansles capitalesarabes réagissent rapidement pour exprimer leurs craintes face à tout geste inconsidéréqui mettrait à mal le fragile équilibre économiqueet militairedu Moyen-Orient.36Des effets néfastessur le commerceentre la R.F.A.et lespays de la régionsont redoutés, ce quijustifie une demande de report de l'opération.Mais les préventionsdes représentantsallemands vont encoreplus loin;car seloneux, s'il est prouvé que le commerceentre la R.F.A.et lsraëlest parfaitementpacifique, rien n'empêchel'État hébreude revendreultérieurement les marchandises obtenues et d'obtenir ainsi les fonds nécessairesà I'acquisition d'armement.37

L'étatd'esprit des membresde I'A.A.gagne peu à peu les services d'autresministères; car I'A.A.n'est naturellement pas la seuleadministration allemandeà se préoccuperdes implicationspolitiques ou économiquesd'un accroissementdes échangesentre la R.F.A.et lsraë1.Le ministèrefédéral de l'Économie,et en particuliersa section du commerceextérieur sont naturellementconcernés au premierchef;3e et la prudencedont font preuve les collaborateursde Erhardtrouve sa sourcedans les interventionsdes

34 iOiO.,Abr lV, Ref412, Bd 136,lsraè|, Note écrite (412.2M.oo1352479155), æ Vlll 1955,Sautter. 35 ioio. 36 Ainsi,pour Ringelmann à Damas(ibid., Télégramme Damas (40), 29 Vlll 1955,Ringelmann), il faut s'assureravant tout du caractèrepacifique de touteexportation à destinationd'lsraè|. L'inquiétude est la 'Très mêmeà Amman(ibid., Télégramme Amman (11), 30 Vlll 1955,Munzel, Confidentiel"),Bagdad (ibid., TélégrammeBagdad (53), 30 Vlll 1955,v. Fôrster,"Très Confidentiel'), au Caire(ibid., Télégramme Caire (1214),1er lX 1955,Holzhausen) ou à Beyrouth(l'ambassade de Beyrouthavait déjà souligné un peuplus tôt les risquesâ:onomiques d'un rapprochement entre la R.F.A.et lsraêl(ibid. Abt Vll, Bd 1025,Lettre Beyrouth(310.02 1629/55), 19 Vll 1955,Breuer). 37 in tétégrammede Bagdad.Après cette consultation prâalable, l'affaire est discutéeà I'4.A.le 5 lX 1955(ibid., Note écrite Ref 412,61X1955, Sautter). Après l'évocation des crainteshabituelles, reprises par le responsablede la Directiondes Atfaireséconomiques, van Scherpenberg,I'affaire est tout de nÉnp acceptéeavec des conditions: interdictionde réexportationde la part d'lsraël et préservation d'unecertaine discrâion autour de cet arrangement. 38 mêrnesi I'ona dû constatéla faiblessedes archives du B.W.M.à proposdes relationséconomiques et comrnercialesgermano-israéliennes (Bundesarchiv, Coblence). 365 milieuxéconomiques ouest-allemands.3e

1.2. Du point de vue politique

Le caractèrepolitique des protestationsarabes est déjà manifesteau coursdu débatsur la ratificationdu traitégermano-israélien, mais il est alors vivementrejeté par la R.F.A.Dès le départtoutefois, les Allemandssont conscientsde I'importancede cet aspectde la revendicationarabe dont la solutiondépend d'un règlementdu conflitmoyen-oriental.'10 C'est pourquoi lesfonctionnaires de I'A.A.tiennent à éviterce qui pourraitservir d'argument aux Étatsarabes contre I'Allemagne et renforcerleur animositéà I'encontre du traitéde réParations.41

Les précautionsdont s'entoureI'A.A. valent même pour des cas qui n'impliquentles relationsentre la R.F.A.et les États arabesque très

39 Le g.O.t.s'adresse ainsi au B.W.M.au moisde juillet1955 pour lui fairepart de ses inquiétudes concernantun réanÉnagement du traité visant à livrerà lsraèlplus de biensd'investissement (BA, B 102, Bd 56 885.Lettre du B.D.l.au Ministèrefédéral de l'Économie,15 Vll 1955,Hipp, v. Carnap): non seulementcette mesure risque d'effrayer un peu plus bs Étatsarabes, mais en plusce serait"... fÛr gewisseauslândische Kreise eine willkommene Gelegenheit, in demlabilen arabischen Raum gegen die Bundesrepublikund die deutsche\Mrtschaft erneut zu agitieren."Et ces différentsfacteurs les poussent à exprimerrégulièrement leur inquiétude lorsque sont prises des décisionstouchant au déroulernentdu traité(ibid., Bd 6419H3, Docunrent, 15 Xll 1954,Westrick, qui insistesur lesrisques inhérents à uneaide financièreà lsraëlétudieeau mêmemoment) ou sortantde ce cadre(PA/AA, Abt Vll, Bd 1025,Lettre B.W.M.(VC 4 65 447t55),5Vll 1955,Mahs. cette lettrepose la questionde risquespolitiques à une extensiondes liensc,ommerciaux R.F.A./lsraë|. Dans sa réponse(Lettre A.A. (412.311.OT1352191/55) au B.W.M.,19 Vll 1955,Seeliger), I'A.A. tient à rassurerle B.W.M.). 40 Dansun articleisraélien repris par le servicede pressefâJéral (Presse u. Informationsamt,22 X 1952, Tef Aviv, 20 X 1952,"Bemùhungen um jùdisch-arabischeVerstândigung'), la résolutiondu problème politiquearabo-allemand est décritecomme dépendant d'une solution au conflitisraélo-arabe : "Nach einerStabilisierung des arabisch-israelischenVerhâltnisses wird auch die deutschePolitik im Nahen Ostenvor neuen und grôBerenAufgaben stehen. (...) Das augenblicklicheDilemma, in dem sich Westdeutschlandauf Grundseiner Reparationsabmachungen mit lsrael gegenÛber den Arabernbefindet, dûrftenur einebegrenzte Zeit und nur solange dauern, bis es denBemÛhungen Washington's gelungen ist, Araberund Juden zu Konzessionenzu bringen,die einendauernden Frieden rnoglich machen. Die Begrùndung,deren sich die arabischenStaaten bei ihrem Propagandafeldzuggegen Deutschland bedienen,ist nichtnur psychologisch auBerordentlich interessant. Sie spielt und wirdauch kÛnftig in der Politikctes Nahen Ostens eine wichtige Rolle spielen, weil von der Fortdaueroder der Uberwindungdes gegenwàrtigenarabischen Standpunkts auch das Verhâltnisvon Juden und Arabernzueinander entscheidendbeeinfluBt wird." 41 Cet avis est partagépar les plus modérésdu ministèredes Affairesétrangères. Ainsi, déjà avant la ratification,au mornentoù F. Bôhmrédige un exposédestiné à la "Gesellschaft"(v. infra)portant sur le traitéet les protestationsarabes, et où il est questionde le diffuserparmi les députésdu Bundestag' Froweinecrit(PA/AA, Abt ll,8d281, Noteécrite (zu 244.13113796/53), 14lll 1953):"DrvonTrÛtzschler, der die Fahnendes Vortragsgelesen hat, ist der Auffassung,daB einzelne Punkte, insbesondere soweit die arabischenStiaaten angesprochen werden, der Politikder Bundesregierungnicht voll entsprechen, und daB wegender frûherenStellung von ProfessorBôhm als Leiterder deutschenDelegation es nicht empfehlenswertsei, diese Ausfùhrungen vor der Abstimmung im Bundestag den Bundestagsabgeordnetenzuzuleiten..." Frowein pense lui-même qu'une telle opération ne pourraitque raviverle problèmeentre la R.F.A.et les Arabes. 366 indirectement.Ainsi, lorsqu'au début 1954 le journal"Aufbau-Reconstruction" désireinterroger Heinrich von Brentanoet pose à celui-cides questionsqui portentprincipalement sur les relationsgermano-israéliennes,42 les services de I'A.A.entrent en action.Car contrairementà la'représentationouest- allemandeà Washingtonqui soutientsans réserve I'initiative du iournal,43ils craignent que I'interviewsouhaitée ne provoque des frictions entre I'Allemagnede l'Ouestet lespays arabes.'+4 Dans cette optique la Directiondes Affairespolitiques rédige à I'attentiond"'Aufbau" une sériede réponsesqui illustreles préoccupations ouest-allemandes.Ainsi, à la questionsur l'ouvertured'éventuelles relations diplomatiquesavec lsraë1,on répondque l'initiativedoit venir de l'État hébreu;de mêmeI'A.A. précise une nouvellefois que les réparationsne concernentque les crimescommis pendant le TroisièmeReich, ce qui sous- entendque le gouvernementallemand n'a rien entreprisqui soit susceptible d'être dirigé contre les États arabes et leurs bonnes relationsavec t'Allemagne.On peut ici constatersans peine que les réponsesne sont en fait adresséesqu'accessoirement aux juifs américainslecteurs d"'Aufbau"; elles sontégalement, et peut-êtreavant tout, destinées aux Arabes. La propositionde réponsede la Directiondes Affaires politiques représentevisiblement une nouvelletentative d'expliquer aux Étatsarabes la positionde la R.F.A.qui désireeffectivement gagner leur compréhension, ou tout au moinsatténuer leur animosité. La réponseen questionest en outre significativedes etfortsfournis par I'A.A.pour surmonter une fois pourtoutes le troublené de I'accordde réparationset poursuivre,si possible,des relations"traditionnellement amicales" avec les capitalesdu Moyen-Orient. Elle traduit enfin la réactionà la pressionpolitique exercée par les États arabessur le gouvernementde Bonn.45 DanS le CaS de I'interviewde BrentanOpar "Aufbau", les préoccupationspolitiques des Directionsde I'A.A.n'apparaissent cependant

42 iOiO.,BdZS2, Lettre de ManfredGeorge à H. v. Brentano,18 | 1954,transmise par I'intermédiaire de la représentationallemande de Washington(ibid., Lettre Washington (600 514154),2lll 1954, Krekele0 (v. égalernentpar ailleurs). 4i!ce qu'elleindique dans sa lettredu 2 lll 1954. '14iOio., Projet de réponse(206.210.01/35 3964/g), Frowein. 45 A I'occasionde cet épisodepurernent politique, Ia Directiondes Affaireséconomiques tient également à énettreson opinion(ibid., Prise de positionde I'AbtlV, 13 lV 1954).Celle-ci s'aligne sur la prisede le contelftedu 'frrtoyen-Orientpositionde l'Abteilung ll en accentuanttoutefois le caractèresensible de I'affairedans et en ùsistant sur les relationsdifficiles entre Bonnet les pays arabes.Pour cela elle demandeI'utilisation des expressions"unsere arabischen Freunde' et "die engen traditionnellen Freundschaftsbeziehungenzwischen Deutschland und den arabischenStaaten" dans I'unede ses réponses. 367 pas uniquementau traversde formuleslénifiantes destinées aux paysarabes. Ces préoccupationssont égalementà I'originede la durée importantedu processusde réponseaux questionsd"'Aufbau", une lenteurqui, au premier abord, s'expliquepar la longueurde la réflexionet I'inertiede la bureaucratie.4oMais cette lenteur semble surtout à mettreau comptede la volontéaffirmée de reporterla publicationde I'interviewen question.4TEt I'affairereflète parfaitement les préoccupationsde la Centralede Bonnqui sont elles-mêmesà la fois la conséquencedes informationsreçues du Moyen-Orientet I'expressionde la sensibilitéouest-allemande à la pression politiquedes Étatsarabes.48

1.3. Le problèmede Jérusalem

Parmiles argumentsque les Étatsarabes avancent pour faire pression sur la R.F.A.figure, en plusde ceuxqui ont déjàété évoqués,la questionde Jérusalem. La VilleSainte, partagée depuis la fin du premiercontlit israélo-arabe entrelsraël et la Jordanie,est le symbolede I'affrontemententre l'État juif et ses voisins.Ville arabe pour les Étatsarabes, elle est proclaméecapitale de l'Étathébreu qui y installeses principalesadministrations.4e Dès le départ,la modificationunilatérale du statutde Jérusalemest rejetéepar les Arabesqui

46 Les questionsd"'Aufbau" et les réponsesproposées par I'A.A.ne sont en etfet envoyéesà Brentano quele2Tiuillet, soit un peuplus de six moisaprès que M. Georgeles eut adresséesà la représentationde Washingtonet quatremois après leur réceptionpar I'A.A.Brentano s'adresse à I'A.A.le 20 Vlll 1954 (ibid.)pour exprimer son mécontentementdevant les agissenentsdes Affairesétrangères qui ne lui perrnettentpas de répondreà George,"... denn ich mûBteihm ja darûberinformieren, warum die Ubermlttlungseiner Anfrage nehr als 6 Monatein Anspruchgenommen hat." 47 Froweinpropose, le 10 Vl 1954,d'attendre la datedu 10septembre, occasion fournie par le deuxième anniversairede I'accordgermano-israélien, pour la publication.La volontéde reporterI'opération est notammentmanifeste lors de la transmissionen haut lieu du projetde réponse(ibid., Noteécrite (206.210.01/353964/54), 10 Vl 1954, Froweinet Lettred'accompagnement de v. TrÛtzschler (206.210.01/353964/54) à v. Maltzan,23 Vll 1954). 48 On peutnoter à cet Qlardque c'est l'ambassade ouest-allemande au Cairequi est au centredu réseau d'infornntionde I'A.A.L'Egypte est alorsle pays qui apparaîtle plus sujet aux changementsd'état d'espritrapportés par Pawelkeau momentdu débatsur la ratification;car la révolutionégyptienne, comrnencéeen 1952par l'évictio,rde Farouk,est encoremarquée de rebondissernentsqui ne permettent pas ta stabilisationde la potitiquedu régimedes otficiers.L'arrivée de Nasserau pouvoir,qui chasse Néguib,est un nouveaufacteur de troubleau Moyen-Orientpuisque le nouveauRais favoriseun durcissernentà l'égardd'lsraë|. D'où I'accroissernent des préventionsde la partde I'ambassadede R.F.A. en Egypte,comme Pawelke I'indique à I'A.A.(ibid., Abt lll, Bd 2-198,Lettre Caire (624154),25 ll 1gil, Pawelke). 49 Par une déclarationsolennelle de la Knesset,Jérusalem est proclanÉecapitale officielle de t'État d'tsra6 le 23 | 1950.L'État nébreu y établitson parlernent(la Knessets'installe à Jérusalemdès te 13 Xll 1949),la résidenceet le bureaudu présidentde l'État, du Premierministre (les instances gouvernetnentaless'implantent dans la villele 1erjanvier 1950) et ultérieurementle ministèredes Affaires étrangères. 368 refusentégalement tout ce qui peutpérenniser la nouvellesituation.

La R.F.A.est tout d'abordconcernée par le problèmede Jérusalem dans la mesureoù ses représentations,interrogées par les autoritésarabes, entendentà intervallesréguliers leurs protestationsà ce sujet et les transmettentà Bonn. Par la suite,la questiondevient particulièrement sensible à partirdu momentoù se multiplientles rumeurssur I'implantationd'une représentation ouest-allemandeen lsraë|.Ainsi, dès 1953,au momentdu transfertdu ministèredes Affairesétrangères israélien à Jérusalem,50I'ambassadeur ouest-allemandà Bagdad,Melchers, doit répondreaux interrogationsde ses homologueseuropéens :51 il insistealors sur la neutralitéde I'Allemagneface au problèmede Jérusalemet sur l'absenced'intérêts allemands directs qui nécessiteraientI'installation d'un consulatpour foutela ville. Au delà de la justificationjuridique de la prise de position du représentantouest-allemand en lrak, cette déclarationest motivéepar le soucid'éviter de heurterles paysarabes, en particulierla Jordanie.De plus, pourMelchers, la questiond'une représentation ouest-allemande en lsraë|,à Jérusalemou ailleurs,n'est pas encoreà I'ordredu jour. Et, d'aprèslui, il serait maladroitd'en établirune immédiatementaprès I'installationdes Affairesétrangères israéliennes dans la VilleSainte; car une telle décisionde la part de la R.F.A.apparaîtrait comme une cautionapportée à I'actionde l'Étathébreu. Enfin Melchers rappelle que, pour leur part, les autoritésarabes multiplientles misesen gardeface à I'hypothèsed'un choixde Jérusalem commesiège d'une éventuelle représentation ouest-allemande en lsraë|.s2

Le représentantallemand à Bagdadaborde le problèmede Jérusalem une secondefois dans la lettre qu'il fait parvenirà I'A.A. le 20 novembre

5oLe to vn 195s. 51 pRleR,Abt ll, Bd 1684,Lettre Bagdad (205 Jeru 1166/53), 28 Xll 1953,Melchers. 52 L'inquiétudearabe est évoquéeégalement après la visitede Bôhmen lsraël,lorsque le ministère syrien des Atfairesétrangères dénonce le choix de Jérusalemcomme siège d'une éventuelle représentationallemande (PA/AA, Abt Vll, Bd 1025,note (210.00512154) à Damas,I lV 1954, Ringelmannet TélégrammeDamas (21), 9 lV 1954,v.d. Esch).Pour sa part,lorsque le gouvernement libanaisexprime son inquiétudeà proposde runeurssur l'établissementde relationsdiplomatiques entre la R.F.A.et lsraë|,au npis de mai 1954,il insistesur le fait que,si de telles relationsdevaient être engagées,il ne faudraiten aucuncas que la représentationouest-allemande soit installéeà Jérusalem (PA/AA,Abt ll, Bd 252, LettreBeyrouth (21O.O2 339/54),25 V 1954,Nôhring). Dans son analysedu printemps1954 de la réactionarabe à ces rumeurs(ibid., note (308.210.02/35 16 307/il), 8 Vll 1954, Voigtet Note (308.21O.O213515774154)à Hallstein, 3 Vll 1954,v. Welck),I'A.A. note que |es États arabessemblent avoir été moinssoucieux du problèmede relationsdiplomatiques que d'évitertoute implantationà Jérusalem. 369 1954.s3Le prétextede cettenote est fournià Melcherspar la présentationdes lettresde créancedes nouveauxambassadeurs américain et britanniquequi a eu tieudans la VilleSainte, malgré les protestationsdes Étatsarabes. Pour I'ambassadeuren lrak, si les Etats-Uniset la Grande.Bretagneont pu procéderainsi c'est grâce à leurstatut de grandespuissances qui leur permet de respecterles règles normalesde la diplomatie.S4Mais, rappelle-t-il,la R.F.A.n'a pasle mêmepoids que ces deux pays, et leshésitations des U.S.A. et du RoyaumeUni avantde prendrela décisionen questiondoivent donner à réfléchir;car "Celui qui prend en considérationI'extraordinaire attention avec laquelleles grandespuissances ont traitéle problèmede Jérusalemjusqu'à présentdoit pouvoircomprendre que les Arabesressentent cet événement 'commeun coupde poingau visage'."ss Melcherspeut alors conclureen écrivantque, étant donné que les grandespuissances elles-mêmes ont hésitéavant de passerà I'acte,la R.F.A. ne peut certainementpas se permettreune telle actionsans envisagerles conséquencesles plusgraves pour elle-même.

L'attitudeplus que prudentede Bonn sur la questionde Jérusalem s'expliqueaussi par les messagesd'admonestation très clairslancés par les autoritésdes pays du Moyen-Orienten directiondes ambassadeurs allemandsainsi que de I'A.A.C'est ce qui expliquepar exempleque I'ambassadeurouest-allemand à Amman insiste sur I'impossibilitéd'implanter une représentationdans la partieisraélienne de Jérusalem.56Et le diplomate constateen outrequ'en I'absencede relationsdiplomatiques avec lsraë|,la R.F.A.ne peut pas avoir,comme les autrespuissances occidentales, un consulcompétent pour les deuxparties de la ville. C'estce qui le conduità proposerque ce soit lui qui prenneen chargeles intérêtsouest-allemands à Jérusalem-Est.s7

53 pRlRR,Abt ilt, Bd 173,Lettre Bagdad (211/35 2980/54), 20 Xl 1954. 54 Avecprésentation des lettresde créancedans le lieude résidencedu chefde l'État. 55 "Werdie auRerordentlicheVorsicht in Rechnungzieht, mit der dasJerusalemproblem bisher von den 'Schlag GroBmâchtenbehandelt wurde, muB Verstândnis dafur haben, daB die Araberdiesen Vorgang als insGesicht' empfinden." 56ioio., N 172,Letrre Amman (7141342155), 18 Vll 1955. 57 "Die lnteressender Bundesrepublikin Jerusalembeschrânken sich im wesentlichenauf die Tâtigkeit der deutschenreligiôsen Organisationen und auf die Fûhlungnahmemit dortigenWirtschafts- und Handelskreisen.Diese Interessen kônnen vorlâufig, ohne eine de-jure Anerkennung des gegenwârtig in Jerusalembestehenden Zustandes damit zu verbinden,von der hiesigenGesandschaft wahrgenommen werden."Pour sa part,lorsqu'au mois d'août 1955 il est questiond'une représentation ouest-allemande en lsraê|,I'ambassadeur de R.F.A.au Cairepréconise une implantationà Tel Aviv pour éviter toute protestationsupplémentaire des paysarabes quidécoulerait du choixde Jérusalemcomme siège de la représentationen question(ibid., Lettre Caire (2538/55), 5 Vlll 1955). 370 Jérusalemreste donc un point sensiblepour les lsraélienset les Arabes,ainsi que pourla R.F.A.,et celaexplique l'immobilisme de Bonnà l'égardd'lsraë|. Car l'Allemagnede I'Ouestse doit d'évitertoute prisede positionqui favoriserait I'un ou I'autrecamp. Et c'estcet impératifqui justifie la positionallemande lorsqu'au mois de septembre1955 le représentantsyrien auprèsdu SaintSiège demande à la R.F.A.d'intervenir dans la questionde la protectiondes LieuxSaints.ss La réponsede I'A.A.en la circonstanceest catégorique:se la R.F.A.doit absolument rester fidèle à sa neutralitédans le conflitisraélo-arabe; et comme,de plus,elle n'est pas membrede I'O.N.U., elle ne peut pas intervenirpour susciter un débatsur le sujet aux Nations- Unies.

1.4. Les protestationsarabes contre un rapprochemententre la R.F.A.et lsraël sur la base et au delà du traité de réparations

En plusdes pressionsproprement dites des Arabesdans les domaines économiqueet politique,les représentantsouest-allemands dans les capitalesarabes servent également de relaisaux préoccupationsqui sont cellesdes pays dans lesquelsils sont accrédités.En effet,si les Étatsarabes ont en définitivedû se résignerà accepterI'accord de réparations,ils demeurentvigilants et contrôlentl'exécution scrupuleuse du texte en soulignanttoute infractioncommise selon eux à celui-ci.Et en la matièreles Arabesne manquentpas de marquerleur mécontentement,ce qui avive naturellementles inquiétudesdes Allemands.

Par quels moyensles Arabesmanifestent-ils leur mécontentement? lls utilisentprincipalement la voie diplomatiquepour exprimerleurs critiques: convocationde diplomatesallemands aux ministèresdes Atfaires étrangèresde ces pays,60visite de diplomatesarabes au ministèreouest- allemanddes Affairesétrangères,61 envoi de notes au gouvernementde

58 iUiO.,Bd 173,Lettre de la représentationaupres du SaintSiège (211 .10 3146/55), 21 lX 1955. 59iOiO., Lettre A.A. (308.211.00 92.19 1903/55) à la représentationauprès du SaintSiège, 1er Xl 1955. 60 ioio.,Abt ll, Bd 252,Lettre Beyrouth (210.02339/54), 25 V 1gil, NÔhring. 61ioio., Note (308.210.o2tss 16907tsp),8 Vl 1954,Voigt. 371 Bonn.62Les Etatsarabes se serventégalement de moyensindirects qui n'en ont pas moinsun fort retentissement: ils font ainsiparaître des articlesdans les journauxarabes officiels ou semi-officiels,63ou, bien dans des revues allemandesde politiqueétrangère.o+ Et ces articlesfont toujoursappel à la vieillesolidarité arabo-allemande.

Lorsqu'ilsse manifestent,les États arabes s'inquiètentde tout rapprochemententre la Républiquefédérale et l'État hébreuet attirent I'attentionsur toute manoeuvresuspecte : I'implicationd'autres pays que la R.F.A.et lsraëldans le déroulementdu traitéde réparationsleur semble, par exemple,fortement critiquable; et elle provoquesystématiquement une demanded'information, voire une protestation de leurpart.6s

Les Arabes signalenttrès tôt leur oppositioncatégorique à un rapprochemententre la R.F.A. et lsraël afin d'éviterque l'État hébreu n'obtiennede Bonndes facilitésauxquelles ils n'onteux-mêmes pas droit. Leursprotestations concernent en premierlieu toute modificationapportée au traité : contestationsdirigées contre de prétendusamendements du texte,66 contre le remaniementdes listesde marchandisesoTou critiquesvisant la nature des produitslivrés à lsraëI. Dans ce dernier cas, les Arabes s'inquiètenten particulierde l'éventuellemodification de l'équilibredes forces

62 iOiO.,Lettre Caire (2538/55), 5 Vlll 1955(ibid., Lettre A.A. (308.211 .00/31 14 359/54) à Bagdad,19 Vll 1954,v. Welck)ou de la Liguearabe (ibid., Note de la Liguearabe (60/13/6/1749),6 V 1954). 63 ioio.,Bd 1686,Lettre caire (142154),14 | 199, Pawelke. & v. parexemple MEGID-AMIN, A., "DeutscheOrienpolitik heute", in "AuBenpolitik',5 (l) 1954,p. 27 et suiv. 65 C'estpar exemplele cas de I'implicationdu RoyaumeUni dans le coursdu traité.V. PA/AA,Abt lV, Ref 416, Bd 10, Diskriminierungund Boykott deutscher Erzeugnisse, Lettre Caire (2871153),11 lX 1953, Pawelke.Dans cette lettre Pawelke signale les rumeursquifont état de livraisonsde produitsanglais à lsraëldansle cadredu traité,avec paiement par la R.F.A.L'A.A., dans sa réponse(ibid., Note écrite (244.13E ll 12 708/53),29lX 1953,Frowein, et LeftreA.A. (24 /tO0/35lV 23 911/53)au Caire,12 Xll 1953,Allardt), indique que les livraisonsen questionne constituenten aucuncas des infractionsau traité,donc ne justifientpas uneprotestation arabe. 66 commedes réévaluationsdes annuités. ibid., Ref 416, Bd 29, Syrie,Télégramne de Damas(60), 29 Xll 1953,v. d. Esch.Dans ce télégramne,v. d. Eschfait partdes préoccupations du ministèresyrien des Atfairesétrangères à l'égardd'une discussion entre la R.F.A.et lsraëlqui auraitpour but d'augnenterles annuitésdu traité. La Syrie souhaitequ'lsraèl échoue dans son opération,"..- da andernfalls freundschaftlicheBeziehungen zur Bundesrepublikbeeintrâchtigrt wûrden." L'4.4. indiquepour sa part que la rumeurest infondée(Télégramme A.A. (304.05/721V 33 6,10/53)à Damas,14 | 1954).Un autre pays arabe,l'lrak, se manifesteplus tard et à plusieursreprises sur le mêrnesujet directement auprès de l'A.A.( ibid.,Abt ll, Bd 1686,Note écrite (206.244.13 7065/g),28 V 1954,Frowein, Note écrite Ref 308, 7 Vll 1954,Voigrt, Note écrite Ref 308, 24 lX 1954,Voigt, et Noteécrite (308.210.01 E 25 550/54),9 X 1954,Voigt). V. aussiAbt Vll, Bd 1029,Télégramme du C;aire(211,25 | 1956,Becker et Télégramrnede Damas(4),2ll 1956,v. d. Esch. 67 Les listesdes produitslivrés à lsraëlsontsoumises à une négociationannuelle destinée à répondre aux besoinsde I'Etat hébreu.Cette discussion régulière, qui apparaîtpour les Arabescomme une renégociationde I'accordde réparations,n'est souvent pas comprisepar eux. 372 au Moyen-Orientpuisque, selon eux, les apportsouest-allemands à l'État hébreuprofitent à I'appareilmilitaire israélien sous couvertde livraisons civiles.6s La critiquedes Étatsarabes contre le déroulementdtr traitégermano- israélienconcerne également le rapprochemententre Bonnet Jérusalemà I'occasiondu règlementdu problèmedes biensallemands en lsraël;car celui-ciapparaît comme une violationde la neutralitéouest-allemande dans le conflitdu Moyen-Orientet commeun soutiendirect à l'Étathébreu.6e

Par ailleurs,les protestationsarabes visent le développementdes contactsentre la R.F.A.et lsraëlen dehorsdu cadredu traitéde réparations. Sur ce plan, les représentantsouest-allemands sont une fois de plus les premiersinformés et attirentI'attention de I'A.A sur I'accroissementde I'hostilitédes Étatsarabes envers lsraë1.20 Le rapprochemententre la Républiquefédérale et l'Étatjuif consiste par exempleen I'extensionde leursrelations financières. Dans un premier temps, celle-cine fait que I'objetde rumeurs,qui inquiètentles milieux économiquesouest-allemands ainsi que les servicesde l'A.A.,ztpour êtrê ensuiteproposée concrètement par l'État hébreu au moisd'octobre 1954.72Et si la demandeisraélienne entre certesencore dans le cadredu traité,elle constituenéanmoins une modificationdu coursnormal de I'accordet permet à l'Étatjuif d'augmenterses disponibilitésfinancières.73 Par craintede protestationsde la partdes Arabes,I'A.4. se sentdans I'obligationde réfléchirà tous les aspectsde la propositionde Jérusalem 68 Les Étatsarabes condamnent ainsi la livraisonà lsraëlde 12 bateauxcivils pouvant, selon eux, facilementêtre transfornÉs en naviresmilitaires (ibid., Abt ll, Bd 1686,Télégramne Caire (89), 24 lX 1954,v. Mirbach). 69 La perspectived'un accordsur la questionest, aux yeux des Arabes,une manoeuvrefavorable à lsraë|,dans la rnesureoù t'Étathébreu pourra, après avoir versé une indemnité à ta R.F.A.,acquérir des immeublesde Jérusalemstratégiquement importants (ibid., Abt lll, Ref 316, Bd 173a, Deutsches Vermôgenin lsrael,Note du gouvernementjordanien, 19 Vll 1954.Dans cette note, la Jordanieprécise les droitsdes Palestinienssur les immeublesen questionet insistesur le fait que le problèmede la Palestinen'a toujourspas été reglé.) 70 Cette+iest surtoutle faitde I'administrationégyptienne qui s'estraidie depuis I'arrivée au pouvoirde Nasser.La politiqueextérieure egyptienne se durciten général(ibid.,Abtlll, 211.00/1,Bd 2.198,Lettre Cc,ire(624154), 25 ll 1954,Pawelke), et en particulierà l'encontred'lsraël (ibid., Lettre Caire (625/54), 25 ll 1954,Pawelke : "Wâhrendnoch vor einemJahre eine Annâherung an lsraelalsschwierig bezeichnet wurde,wird sie heuteals unnoglicha@elehnt.') et de toutce qui le renforce(ibkJ.) : "Ûberhauptist die mit deutscherHilfe fortschreitende Industrialisierung lsraels ein Alpdruckfûr die âgyptischeRegierung : sie ist davonûbezeugt, daB lsraelsich auf einenneuen Krieg vorbereitet." 71 ioio.,Abt llt, Bd 3.198,Note écrite Ref 416, 23 vll 199, Weber. 72inn., Abt ilt, 210.01/35E, DocurnentAbt ll (22f4.16160741y'1,20 Xl 1954. 73 Le gouvernernentisraélien demande alors à son homologueouest-allemand la sommede 40Omillions de DM (à raisonde 80 par an)sur 5 ans pourconstituer une réserve rnonétaire, conformérnent à I'artble 4, alinéae, du traitéde Luxenbourg. 373 avantde donnerson accord.C'est pourquoiI'Abteilung lll procèdeà une analysequi soulignela portéeet les risquesd'une telle opération.74 Dans le documenten question,I'Abteilung lll insisteen premierlieu sur la nécessité de garderprésente à I'espritla gravitéde la situationdu Moyen-Orient.ll s'ensuit,selon ce service,que touteaide apportée à lsraëlpeut "apparaître comme une assistance(concédée) à I'adversaire(...) et conduireà des réactionsproportionnées...".7s L'Abteilung lll poursuiten soulignantque les Arabesconsidèrent la cessionde devisesà lsraëlcomme une possibilité supplémentairepour Jérusalemd'acheter des armes.Ce problèmene peut donc que venir s'ajouterà celui lié à I'interdictionde la réexportationdes marchandisesobtenues dans le cadredu traitéde réparations,interdiction en principeappliquée mais inefficaceaux yeux des Arabes.De plus, selon l'Abteilunglll, la situationde la fin de 1954n'est plus la mêmeque celle de 1952-1953:à cette époque,les Étatsarabes avaient finalement accepté I'accordde Luxembourgparce qu'ils croyaient que les Allemandssubissaient une pressionextérieure; à I'inverse,si à présentla R.F.A.devait aider l'État hébreu,elle le feraitde son proprechef. Pour justifier sa méfianceà l'égard de la propositionisraélienne discutée ici, le départementde I'A.A.en question précisepar ailleursque le risquede perdrele marchéégyptien vient s'ajouter à celui de voir les Arabesdésormais plus à même de réagirgrâce à I'assistanceaméricaine. Mais le pointprincipal qui doit justitierune réflexion approfondiede Bonndans I'affairec'est, selon l'Abteilung lll, le risquede gênerles ettortsde paixaméricains.76 Le rédacteurdu documentpeut alors tirer de cettesérie d'argumentsla conclusionselon laquelle "Le lienétroit entre le conflitisraélo-arabe et la sécuritéet la défense de I'Occidentdevrait en définitiveêtre décisif pour que nousne puissionspas

74iOiO., Document A.A. (210.01 E 30 395/54),1er Xll 1954,Strohm. 75"... als gewollteFôrderung des Gegners (...) und zu entsprechendenReaktionen fûhren." 76 Les Etats-Unissont alorsen pleinenégociation pour mettre en placeun pactede sécuritéau Moyen- Orient. 374 répondrefavorablement aux souhaitsisraéliens."77

Lesinquiétudes de I'A.A.face au rapprochemententre la R.F.A.et l'État hébreuconcernent enfin des domainesplus étrangersencore au traité de réparationsque ceux qui viennentd'être mentionnés.C'est le cas lorsqu'lsraëldemande le soutiende la R.F.A.dans le débatsur la libertéde navigationdans le golfe d'Eilat.78Le problèmefait alors I'objetd'une consultationau sein du ministèredes Affairesétrangères et d'un avis de I'ambassadedu Caire; et dans les deux cas une réponsenégative à la demandeisraélienne est suggérée.zs

Les exemplescités démontrent I'impossibilité, aux yeux des Arabes maissurtout de certainsfonctionnaires de l'A.A.,de développerles relations germano-israéliennesen dehors du cadredu traitéde Luxembourg.En effet, si I'exécutionde I'accordest acceptéebon gré mal gré par les Étatsarabes, touteextension des relationsentre Bonn et Jérusalemrencontre de leur part uneopposition ferme, et celle-ciest à I'originede vivesinquiétudes de la part des représentantsouest-allemands dans ces pays. On peut toutefoisse demanderdans quelle mesure ces inquiétudessont pleinement justifiées. Car les mises en garde que les diplomatestransmettent à Bonn montrentque

77 "Derenge Zusammenhang des arabisch-israelischen Konflikts mit der Sicherungund Verteidigung des Westensdûrfte letzten Endes entscheidend dafùr sein. daB wir den israelischenWûnschen nicht entsprechenkônnen." L'auteur du documentprécise toutefois que "Nichtum eineAblehnung handelt es sichalso, sondern um ein Abwartendes geeigneten Zeitpunkts." Cet avis est partagépar la Directiondes Affaireséconomiques qui s'exprimele 1er Xll 1954(ibid., Document HaPo (244.00135 44711U). Le prêt demandépar lsraëlfait I'objetd'une protestation tardive de la partdu gouvernementirakien (ibid., Bd 9, Notedu gouvernementirakien,23 X 1955).En septembre1955 (ibid., Abt lll, Ref316, Bd 173, TélegrammeCaire (12t4), 1er lX 1955,Holzhausen), l'ambassade ouest-allemande au Cairesouligne à son tourles risqueslies à toutaccord commercial conclu par la R.F.A.et lsraêlen dehorsdu cadredu traité. L'ambassadedu Caireutilise les mêmesarguments que I'Abteilunglll en déclarantque des livraisons supplémentairesà lsraêl ne sontconsidérées par lesArabes que comme le moyend'accroître le potentiel militaireisraélien. ou danstous les cas de mainteniren vie l'Étathébreu. Un accordentre la R.F.A.et lsraêlest effectivementen discussionà ce momentet portesur environ 25 millionsde DM,à la demande du ministèrefédéral de I'Alimentationet I'Agricutture(ibid., Note écrite (412.244.00135 2479155), 20 Vlll 1gss). Les préventionsdes servicesde I'A.A.ne restentpas sans effet et le commercegermano-israélien en dehorsdu cadredu traitéen subitles conséquences.Dans le casen discussion,le montantdu contrat accordépar la R.F.A.à lsraêlest limitéà 7€ millionsde DM(ibid., Note écrite Ref 308, 11 X 1955),alors que I'annéeprécédente un accorddu mêmetype avait été approuvépar l'4.4., sansprotestation de la partdes Étatsarabes. 78 niO.,Bd 173a, Noteécrite (211.00 3844/55), 6 X 1955.La demandeisraélienne fait I'objetd'un mémorandumremb par I'anbassadeisraélienne à Romeà son homologueouest-allemande. 79 iUiO.,Lettre Caire (3813/55), 10 Xl 1955,Becker : "lnsoweitdurch die Formulierungdes israelischen Gesandtenunterstellt wird, daB die Bundesregierungden Standpunktlsraels teile, scheint m. E. eine Klarstellungerforderlich. Da die Bundesregierungan den israelisch-âgyptischenKonflikt ûber die Schitfahrtim RotenMeer nichtunmittelbar beteiligt ist, solltegewâhrleistet sein, daBdie âgyptische Regierungnicht eines Tages behaupten kann, die Bundesregierunghabe in dieserFrage zugunsten lsraelsPartei ergriffen oder den israelischenStandpunkt unwidersprochen akzeptiert." V. aussi ibid., LettreA.A. (308.211.00 92.19 2303/55) au Caire,24 Xl 1955,v. lvbrchtal. 375 ceux-ci redoutentavant tout des réactionsviolentes et désirentéviter à l'Allemagnede fourniraux États Arabesdes argumentsdirigés contre le rapprochementgermano-israélien. En réalité,si on y regardede près, l'inquiétudedes diplomatesallemands semble s'autoalimenter car, dans les dossiersconsultés, les protestationsarabes effectivessont rares. Et on est plus que fondéà se demanderdans quellemesure les opinionsémises par les représentantsouest-allemands ne seraientpas plutôtI'expression d'une indifférence,voire d'une certaine hostilité, à l'égardde l'Étathébreu lui-même et le reflet de conceptionsqui s'expliquenten partiepar le passéde ces fonctionnaires.so

1.5. La question de relations diplomatiquesentre la R.F.A. et lsraël

1.5.1. Les protestations arabes Outre les pointsdéjà évoqués,les récriminationsarabes contre tout rapprochemententre la R.F.A.et lsraëlconcernent naturellement les rumeurs relativesà l'établissementde relationsde jure entre l'État hébreu et la Républiquefédérale. C'est pour cela que les Étatsarabes suivent de près la progressiondes relationsde facto entre Bonn et Jérusalem.Leurs réactions en la matièresont faites de soubresautsconsécutifs à toute initiativede la part de I'unou l'autrepartenaire du dialoguegermano-israélien. Pour les Arabes,des protestationsparaissent d'autant plus justifiées qu'à leursyeux la réalitédépasse souvent leurs craintes. Ainsi, la visiteen lsraëlde F. Bôhm,au moisd'avril 1954,fait I'objetd'une note de la Ligue arabequi reprendle thèmedes longuestraditions d'amitié qui lientles pays

80 Rappelonsici les explicationsde R. Pauls(interview accordée le 1er Xll 1993).A la difficulté d'accepterI'existence de l'Étathébreu au Moyen-Orients'ajoute certainement l'élénrent d'explication que constituele passédes fonctionnairesde I'A.A.,même s'il est difficiled'éviter un raccourciexcessif. \MlhelmMelchers, par exernple,à l'époqueen poste à Bagdad,avait été, avant la Deuxièmeguerre mondiale,en fonctionau consulatallemand de Haifa.Pour sa part HermannVoigt, né dansune c.olonie allemandeen Palestine,est le Iruit" de la collaborationentre le Reichallemand et I'Empireottoman. Dans ses différentsécrits (en particulier"'Das Verhaltender bundesdeutschenPolitiker ist eine Schweinerei gegenûberden NS-Opfern'", in BEDNAM,O., t-UOeRS, M. (HS), Blick zurûck ohne HaB - Judenaus lsrael erinnernsich an Deutschland,Cologne, 1981, 175 pages, p. 58 et suiv.),l. Deutschkronutilise le passé de ces fonctionnairescomme principale explication aux réticencesouest-allemandes à se rapprocher d'lsraël: pourelle ces personnesincarnent les diplomatesallemands de I'ancienneécole réutilisés au seinde l'A.A.pour leurs compÉtences nnis qui conserventleurs anciennes dispositions d'esprit. 376 arabesà I'Allemagne.81Si la Ligueutilise cet argument,c'est pour mieux rappelerla R.F.A.à ses obligationsenvers les Arabes; et selonelle la visitede Bôhmen lsraêlreprésente une trahison caractérisée car elle sembleavoir eu pour' objectif de préparerconcrètement l'établissement des relations diplomatiquesentre Bonn et Jérusalem.82

Dansun premiertemps, les reprochesarabes visant la perspectivede relationsdiplomatiques entre la R.F.A.et lsraëlsont dirigés contre l'éventuelle implantationde la représentationouest-allemande à Jérusalem, comme on I'a déjà signalé.Mais rapidement,les critiquesprennent une autredimension : ellesdeviennent plus virulentes et apparaissentpeu à peu commele résultat d'unevéritable concertation. On I'observeaprès le séjourde Bôhmen lsraë1, quandla protestationjordanienne, qui voit dans l'établissementde relations diplomatiquesentre Bonn et Jérusalemun facteurde troublepour les rapports germano-arabes,devient le dénominateurcommun des réclamationsarabes.

Au fil du temps,les ÉtatsArabes deviennent encore plus intransigeants à l'égardde I'idéede relationsdiplomatiques germano-israéliennes : les argumentshostiles à une implantationà Jérusalemde la représentation allemande,puis ceux qui évoquentle risquede voir I'opinionpublique arabe réagirviolemment contre un tel gestede la partde Bonnsont écartésau profit d'une méthodeplus directe.Car désormaisles gouvernementsarabes atfirmentune oppositionsans détourau principede relationsdiplomatiques entre Bonn et Jérusalemet manifestentdirectement leur désaccordà I'adressedes autoritésouest-allemandes. Plusieurs notes qui vont dans ce SenSsont renduespubliques en 1955.Ainsi au début de I'année,le gouvernementjordanien met en gardecontre une initiativequi ne pourrait que nuire aux relationSgermano-arabes, par ailleurs en constante amélioration.83ll est suivi en cela par la Liguearabe qui, au vu de la multiplicationdes déclarationsà ce sujet,émet Ie soupçonqu'il existedéjà

81 ibid.,Abt il, Bd 252, Notede la Liguearabe (60/131611749),6 V 1954. Cette noteest reprisepar I'ambassadedu Caire(ibid., Télégramme Caire (35), 10 V 1954,v. Mirbach)et plustard par cellede Beyrouth(ibid., Lettre Beyrouth (210.02339/54), 25 V 1954,Nôhring). L'un des diplomatesallemands est alorsconvoqué au ministèredes Aflairesétrangères libanais). 82 Et BOnm,dont on connaîtdans les paysarabes les options pro-israéliennes, est, selonla Liguearabe, le représentantallennnd designé pour occuper la placed'ambassadeur. 83 iOiO.,Abt lil, Ref916, B,d172, Lettre Bagdad (210 Amman 142155),24 | 1955, qui reprendune note jordaniennedu 11 | 1955: "(Legouvernernent jordanien) ne voitpas d'un oeil satisfait une telle mesure à prendre,et dont pourraitrésulter une brèchedans les relationsarabo-allemandes que le Royaume JordanienHachémite s'efforce de raffermiret de renforcer...'(enfrançais dans le texte). 377 réellementdes pourparlersgermano-israéliens.84 Enfin, dans une notede la fin de I'année,le gouvernementirakien ne cachepas ses objectionscontre des relationsdiplomatiques :85 il se déclarescandalisé de ce que l'Allemagne de I'Ouesty soit favorableet que certainespersonnalités ouest-allemandes envisagentces relationscomme une perspectiveprochaine.sG

1.5.2. Les réactions ouest-allemandes CommentI'A.A. réagit-il à ces protestationsarabes? Le plus souvent,la réponseouest-allemande aux différentesnotes est destinéeà calmerleurs auteurs : lesfonctionnaires de I'A.A.,en particulierles diplomatesen poste dans les capitalesdu Moyen-Orient,savent que les dirigeantsde ces pays sontd'humer.ir cirâr rgêârrte; et coirure ies protestatioi-rs arabessont habituellement fondées sur des rumeursnon vérifiées ou sur cies extrapolationsà partirde faits réels,87I'A.A. dément toute informatioit sur urr rapprochementformel entre Bonn et Jérusalemssou démontrele caractèr'e fallacieuxde ces accusations.seDe plus,afin de ramenerles réclamations arabesà leurjuste mesure,l'A.A. conseille à ses représentantsde ne pas répondreaux notesou de ne le faire qu'oralement.s0En outre,comme il apparaîIque ies protestationsarabes ne sont pas le fruit d'une véritable réflexioncommune, le ministères'attache à ne pas leur accorderune trop grandeune attention.slOn noterapar ailleursqu'en ce qui concerneles

84iOiO., Abt lll, Ref316, Bd 172,TétegrammeCaire (7), 11 il 195s,Becker. 85iOiO., 210.01/35 E, Bd9, Notedu gouvernernentirakien, 23 X 19s5. 86iOiO., Oompte rendu du fonctionnairede I'A.A.Murmayer au sujetde la notedu gouvernementirakien, 8 Xl 1955.La critiqueirakienne concerne principalement le président de la commissiondes réparationsau Bundestag,qui n'estautre que F. Bôhm.ll restetoutefois à noterque, si l'on en juge par I'ordredes points comprisdans la noteirakienne, le problèmedes relationsdiplomatiques n'est pas encorela principale prârccupationde Bagdadpuisqu'il n'arrive qu'en 4ème position dans la listedes pointssoulevés ici. BTcomrnedans le cas de la visitede Bôhmen lsraë|. 88 pRnR, Abtlll, 210.01/35E, Bd9, LenreA.A. (308.210.01 E 92.19 2298t55) à Bagdad,14 Xt 1955. 89 Dans le cas de la visite de Bôhmen lsraë|,I'A.A. (ibid., Abt ll, Bd 252,Télégramme A.A. (206.210.01/35&111/54) au Caire,14 V 1954,v. Trùtzschler)conseille à son représentantde nrentionner le fait que I'ancienresponsable de la délegationallemande s'est rendu là sans mandatofficiel, "... insbesonderenicht wegen Aufnahme diplomatischer Beziehungen." Les conversationsqu'il a nenées avecles représentantsdu gouvernernentne portaientpas nonplus sur ce sujet.C'est aussi le contenude la réponsede I'A.A.au Caire(ibid., Lettre A.A. (308.210.021351254915/.)à Beyrouth, S Vl 1954,v. Welck). 90 iOiC.,Lettre A.A. (308.211.00/31 14 359/54)à Bagdad,19 Vll 1954,v. Welck.La protestationarabe visantla visitede Bôhmen lsraèlnÉrite d'autant moins d'être prise en considérationqu'elle passe par le biaisde la Liguearabe, avec hquellela R.F.A.n'entretient pas de relations(ibid., Note (308.210.02135 15 77415r'.)à Hallstein, S Vll 1954,v. Welck). 91 Dans sa note à Hallstein,v. Welckremarque que la Syrie et le Liban se soucientd'éviter une représentationallemande à Jérusalem,alors que la Jordanieva plus loin en envisageantde toute manière,dans le cas de relationsdiplomatiques R.F.A./lsraé|, des troublesdans les relationsgerm€lno- arabes.ll ajouteque l'lraket I'Egyptene se sont pas encoreprononcés, et que rien n'està attendrede la partde I'ArabieSaoudite, du Yérnenou de la t,Ot"r^ interventionsarabes à l'égarddu déroulementdu traitéde réparations,I'A.A. ne se montrepas disposé à accepterune quelconque ingérence.e2 Au bout de quelquetemps toutefois, I'A.A. ne fait plus preuvede la mêmefermeté que dans ses premiersdémentis, et ses hésitationssont considéréespar les Étatsarabes cûmme la confirmationde leurscraintes.sg

A I'originede ces hésitationsse trouventles représentantsouest- allemandsau Moyen-Orientqui sont les premiersà attirerI'attention sur les risquesinhérents à un trop grandrapprochement entre la R.F.A.et lsraë|. Leursinterventions entraînent des inquiétudesplus intenses,aussi bien à l'étrangerqu'à Bonn, vis-à-visde tout ce qui pourraitprovoquer de vives réactionsde la part des Arabes.Et les avertissementsde ces diplomatesvont peu à peu influerde façondominante sur la lignede conduitede I'A.A.en matièrede politiquemoyen-orientale. C'est par exemplece qui se passedès le séjourde F. Bôhmen lsraë|,lorsque I'ambassadeur de R.F.A.à Beyrouth signaleles risques qui résulteraientde l'établissementde relations diplomatiquesentre I'Allemagne de I'Ouestet l'Étathébreu : selonNôhring, si, pour le moment,les Affairesétrangères libanaises tiennent à minimiser I'affaire,il s'agittout de mêmede prêterattention à I'opinionpublique du pays qui ne comprendraitpas un tel gestede la partde Ia Républiquefédérale.e4 Au fil du temps, les représentantsouest-allemands ont tendanceà amplifierencore Ie danger,notamment lorsque les protestationsarabes se multiplient.Cette inquiétudecroissante se manifesteen particulierdans le

92 Ainsi,lorsque I'Arabie Saoudite souhaite qu'une liste détaillée des rnarchandiseslivrées à lsraëllui soit présentée,I'A.A. refuse catégoriquement (ibid., Abt lll, 210.01/35E, Bd 9, Projetde réponseà I'Arabie Saouditein LettreA.A. (308.210.01 E 1309/55)au Caire,22 Vll 1955). 93 La bnteurdes réponsesde I'A.A.peut aussi s'expliquer par la campagneélectorale en lsraëlau cours de laquellele problènedes relationsentre la RépubliquelâJérale et l'Étathébreu ne doit pas faireI'objet de débatspoliticiens. C'est ainsi que le ministèredes Atfairesétrangères de Bonnmet quatremois à répondreà la lettrede Bagdadqui l'infornede la notedu gouvernementjordanien, et demandeà son représentantde déclareroralementque des pourparlersgermano-israéliens ne sont pas en cours (ibid., Ref316, N 172,Lettre A.A. (308.210.01 92.19 153/55), 10 V 1955).De mêne, I'ambassaded'Amman transmetàI'A.A. une nouvelle note jordanienne le 22lll 1955(ibid., Lettre Amman (210128/55),22lll 1955),counier qui n'asa réponseque le 19juillet (ibid., Lettre A.A. (308.210.01 92.19 541/55) à Amman, i9 Vll i955,Voigt). 94 ioio.,Abt ll, Bd 252,Lettre Beyrouth (21O.O2 339/54),25 V 1954,Nôhring. Dans cette lettre, il est intéressantde remarquerque, comrneà I'accoutumée,I'ambassade de R.F.A.se fait le relaisdes opinionsarabes, voire d'une certaine désinformation de leurpart. En etfet,le rédacteurde ce courrier insistesur les risquesde voir la critiqueémaner, dans le cas de relationsdiplomatiques R.F.A./lsraê1, de l'opinionpublique libanaise. Si celle-cipeut apparaître cûmre plusinforrnée que les opinionspubliques syrienneou égtptienne,ilsemble difficilement imaginable que I'argurnent"opinion publlque" ditfusé par les gouvernementsarabes dès cefte époquesoit valable: ne seft-ilpas plutôtà camouflerl'état d'esprit réel des autoritésarabes, dans le but de sauvegarderI'amitié économique de la R.F.A.?A I'appuide cette constiatationvient s'ajouterle fait que la confusionentre les deux Allemagne,sinon la nÉconnaissance de la divisionde I'Allemagne,est un fait communmême parmi les cerclesdirigeants arabes à cette époque,ce qui laissesupposel les connaissancespolitiques de la populationde ces pays. 379 poidsgrandissant qu'ils accordent aux critiquesqui émanentde la Ligue arabe.esLes positionsde la Ligue prennentpour eux d'autant plus d'importanceque les Étatsarabes semblent oublier leur propredésunion et fairede cetteorganisation leur principal moyen d'expression.eo Autre illustrationde cette préoccupationgrandissante : les représentantsouest-allemands au Moyen-Orientinsistent de plus en plus pourque Bonnfasse tout pourménager la susceptibilitéde dirigeantsarabes pourlesquels la simpleévocation des faveursaccordées à l'Étathébreu est une occasionde manifesterleur mécontentement.C'est pourquoiles diplomatesouest-allemands sont particulièrementsoucieux d'éviter que I'Allemagnese lancedans quelque démarche qui pourraitapparaître comme faisantpartie d'une campagne pro-israélienne.eT

L'accumulationde facteurs de risque en 1955 pousse les représentantsouest-allemands à présenterencore plus clairementles menacesqui pèsentsur la R.F.A.dans le cas d'une officialisationdes relationsavec lsraël.En effet,avec le regainde tensionau Moyen-Orienteset la radicalisationde I'attitudedes non-alignésà l'égardde l'État hébreu consécutiveà la conférencede Bandoung,eeles ambassadeursconsidèrent ne pluspouvoir rester inactifs. C'est ce qui expliqueque I'idéemême qu'il y ait des représentationsallemandes à la fois dans les paysarabes et en lsraël leurparaît désormais devoir être totalement exclue. Au moisd'août 1955, un courrierde l'ambassadeurde R.F.A.à Bagdadillustre parfaitement cette

95 iOiO.,Abt lll, Ref316, Bd 172,Télégramme Caire (7), 11 ll 1955,Etecker. L'ambassadeur allemand écrit : "Obwohlpolitische Bedeutung der ArabischenLiga z. Zt abgesunken,erscheint mûndliches Dementi erforderlich.'Dans sa réponse(ibid., Télégramme A.A. (308.210.01 92.19 275155) au Caire,7 lll 1955,v. Welck),I'A.A. précise une nouvelle fois que la Liguen'a droitqu'à une réponse orale puisque toute autre forne de réponselui accorderaitune valeur clipiomatique. Becker esi à nouveauinterrogé sur ie probiènx: parle secrétaire généralde la Liguearabe le 2i lll 1955(ibid., Lettre Gaire (878/55),22lll1955, Becker). 96 iOiO.,Lettre Amman (210 E 1€/;21551,20Vlll 1955,avec évocation par le journal"Falistin" d'une note arabecommune en projetqui doitdénoncer les perspectives@ relationsR.F.A./lsraë|. 97 C'estainsi qu'ilsprotestent contre des articleslaudatifs à l'égardde la constructionéconomique israélienneou du déroulemenide i'accorcicie réparations. Les diplomaiesaiiemands expriment leurs réservesou leurscritiques soit directenrentà i'acjresse de i'A.A.(ibiri., Ref 316, Bd i72, LeitreBagdad (211/352366r'54), 15 iX 19*i), soii inciireciemeni.Ainsi, cians son rapportsur un voyaged'étucle dans les paysarabes (ibid., 211.00/1, Bd 3.198,Compte renciu ciu Presse u. iniornniionsami(24i3 iV 4200i55),2f iV i955), Riiier),le réiérendairepour le Moyerr-Orieniciu service cie presse du gouvernementfédérai insistesur les remarquesfaites par ies représentantsouest-aiierniands cjans ces pays : touteévæaiion d'israël("Aucli eiir kurzerBericht ûbel eirtedeuiscire Lie[erurrg oder ûber eine deutsch-israeliscire Veranstaltung...")clans I'organe gouvememental "Buiieiin", et notammenidans son éditionen iangue arabe,luifait perdretoute sa valeur. 98 De graves incidentsde frontièresentre lsraél et I'Egyptesont provoquéspar I'aftitudevolontiers agressivede l'État hébreudepuis que Ben Gourionest à nouveauministre de la Défense(ibid., TélegrammeCaire (26),5 lll 1955,BeckeQ et le gowernementégyptien sembie de plus en plus rejeter lsraêl(ibicl., Lettre Caire (22611551,1er lX 1955, Becker). 99 visiblenotamrnent chez Nasser(ibid., Lettre Caire (2100/55), 16 Vl 1955,Becker). 380 évolution'100 Fôrster y indiqueen substancequ'il n'est plus possiblede tromperdes Étatsarabes parfaitement conscients de la situation.ll explicite son proposen soulignantque, si les lrakiensont acceptétant bien que mal I'accordde réparations,I'Allemagne fédérale doit demeurerplus que jamais vigilante: "Le comportementultérieur de la Républiquefédérale vis-à-vis d'lsraël va être perçucomme la pierrede touchequi permettrade savoirsi (Bonn), malgréI'accord avec lsraë1,peut être considérécomme un ami des pays arabesou doit êtrejugé comme un ennemi.On ne peutpas comptersur des distinctionssupplémentaires (de la partdes Arabes)."tot De plus, selon Fôrster,la R.F.A.ne peut plus comptersur la bienveillancedes autoritésde son pays de résidence;car le nombrede responsablesirakiens favorables à I'Allemagnediminue et dans le cas d'une reconnaissancemutuelle entre la Républiquefédérale et lsraë|, ces responsablesseraient contraints de quitterIe pouvoir,ce qui se ferait naturellementaux dépensde Bonn. Lesditférents éléments mentionnés par lui amènentFôrster à conclure en soulignantque ses constatationsvalent pour fous les pays les plus importantsdu mondearabe. D'où sa propositiond'une réunionurgente de tous les ambassadeursde R.F.A.en postedans cette partiedu globe qui devrait être organiséeavant de prendrela moindredécision. Mais le documentsigné par Fôrstermérite encore qu'on s'y arrête pour d'autres raisons.On y lit en effetaussi les phrasessuivantes : "ll y avait jusqu'àprésent un argumentde poidsen faveur de la Républiquefédérale : le fait que I'Allemagne,au contraired'autres démocratiesoccidentales, n'entretient pas de relationsdiplomatiques avec l'Étatd'lsraë1. Si à I'avenircet argumentvenait à disparaître,la seulearme de défensedont nousdisposions nous sera ôtéedes psil'1s."102

La remarquede Fôrsterest très importantedans le contexte,car elle met en lumièreune tendancetrès forte parmiles fonctionnairesde I'A.4. spécialistesdu mondearabe : une réelleinaptitude à admettreI'existence de

100 Fôrster,I'ambassadeur ouest-allemand à Bagdad,rédige une analysepoussée des effetsd'une décisiond'établissement de relationsdiplomatiques entre la R.F.A.et lsraël(ibid., Ref 316, Bd 172,Lettre Bagdad(210 2051/55), 2 Vlll 1955,v. Fôrster)lorsque l'A.A. lance une consultiationà ce propos(ibid., Abt Vll, Bd 1025,Lettre circulaire (308.210.0292.191149/55), 2 Vll 1955). 101 "p6s weitereVerhalten der Bundesrepublikgegenûber lsrael wird jedoch als Prûfsteindafûr angesehenwerden, ob die Bundesrepubliktrotz des lsrael-Abkomrnensals Freundder arabischenLânder betrachtetwerden kann oder als ein Feindangasehen werden muB. Mit weiterenDifferenzierungen kann hier nichtgerechnet werden." 102;66., "Esgab bisherein zugkrâftigesArgument zugunsten der Bundesrepublik: Die Tatsache, daB Deutschlandim Gegensatzzu den anderenwestlichen Demokratien keine diplomatischen Beziehungen zum Staatelsrael unterhâlt. Entfâllt dieses Argunent in Zukunft,so wirduns die einzigeAbwehrwatfe, die wir besitzten,aus der Handgeschlagen." 381 l'Étatd'lsraë|, incapacité dissimulée ici sous l'apparencedu rappeld'une nécessitéde tactiquediplomatique. Pour ces diplomates,I'absence d'une reconnaissancede jure de l'Étathébreu, loin d'être une lacunedans le dispositifdiplomatique allemand, constitue au contraireune armequi sertles intérêtsf,s l2 Fl.f.fi.to3

Le sérieuxde la situationqui règne en 1955ne peutqu'obliger I'A.A. à prendreen compteI'avis de ses représentantsavant d'avancer plus loin dans la réflexionsur la formalisationdes relationsgermano-israéliennes. Et le ministèreest d'autantplus réceptifà I'argumentationde ses représentations qu'il fait lui-mêmerégulièrement I'objet d'interpellations de la part des diplomatesarabes à Bonn.t0+ Quelles sont, en fonctionde ce contexte,les réactionsde I'A.A.?

Dans un premiertemps, le ministèredes Affairesétrangères dément formellementtoute rumeur relative à l'établissementde relations diplomatiquesavec ls1aël.1os Ensuite,au momentoù la perspectived'une représentationouest- allemandeen lsraëlse précise,I'A.A. tente de minimiserla portéed'une éventuelledécision dans ce domaine.Et en I'occurrenceil agit essentiellementde deuxmanières. Tout d'abordle ministères'efforce de démontrerqu'il est possiblede

103 Le te)ftede Fôrsterest accompagnéd'une étude d'un membrede I'ambassadeintitulée "WirtschaftlicheFolgen einer etwaigen Aufnahme der diplomatischenBeziehungen" qui vientétayer les hypothèsespolitiques de I'ambassadeur: il existeune responsabilité à l'égard de I'industrieallemande qui ne pardonneraitpas au gouvernementd'avoir détruit tous les liensavec l'lrak, cette responsabilité existe aussivis-à-vis d'internÉdiaires irakiens qui perdraientleur source de revenuaprès avoir déjà perdu la représentationd'entreprises américaines. Le ton de la lettrede Fôrstern'est pas uneexception. ll est aussiprésent, à la mêmeépoque et dansles rnênrescirconstances, dans les courriers des ambassades ouest-allemandes du Caire(ibid., Abt lll, Ref 316,Bd 172,Lettre Caire (2538/55), 5 Vlll 1955,"Die Existenz des Staates lsrael ist das auBenpolitische Problemschlechthin. Eine amtliche deutsche Vertretung in lsraelerrichten bedeutet deshalb, an eine offeneWunde zu rûhren.(...) Vor allem aber lâBt die Haltungder Âgyptischen Regierung bei undnach der Unterzeichnungdes deutsch-israelischenAbkommens erwarten, daB die Aufnahmeamtlicher Beziehungenzu lsraelden Sturm aufs neue entfachen und das gute Verhâltnis zwischen Bonn und Kairo beeintrâchtigenwùrde."), d'Amman (ibid., Abt Vll, Bd 1025,Lettre Amman (210 E 1287155),14Vll 1955, Munzel),de Damas(ibid., Lettre Damas (Geh 52/55), 20 Vll 1955,Ringelmann), de Tripoli(ibid., Abt lll, Ref316, Bid172, Lettre Tripoli (210.03 323), 28 X 1955),de Karachi(ibid., Abt Vll, Bd 1025,Lettre Karachi (21O.O217481551,22Vll 1955, Podeyn) ou de Djeddah(ibid., Abt lll, ReÎ316,N 172,Lettre Djeddah (81/55409/55),29 Xl 1955,v. Richthofen).Les conclusions sont convergentes, les dangerssoulignés semblables. 1o4 ;5;6.,Abt Vll, Bd 1025, noteAbt lll, 8 Vll 1954,Voigt, qui rendcompte de la visiteà I'A.A.de I'ambassadeurégyptien. 105$ss réactionsau nxcmentdu séjourde FranzBôhm en lsraêl(ibid., note (210.00 5121541à Damas, 8 lV 1954,Ringelmann et TélégrammeA.A. (308.210.02135 82671il) à Damas,13 lV 1954,Strohm) et face à la multiplicationdes notesarabes notamrnent à partir de la fin 1954{ébut1955 (ibid., Abt lll, Ref316, W172, LettreA.A. (308.210.01 92.19 153/55) à Bagdad,10 V 1955)dénotent cette attitude. 382 cumulerdes relationset avec lsraëlet avec les pays arabes.ll tente naturellementpar là de sortir la R.F.A.d'un engrenagequi la paralyse progressivementet de prouverque Bonnest fondéà prétendreà une place normaledans le contextemoyen-oriental et à se conformer,comme de nombreuxautres pays, à la coutumediplomatique en reconnaissantles deux campset en étantreconnu par eux.106L'A.A. cherche donc, on le voit ici très nettement,à dépasserune situationparticulière imposée à la R.F.A.par I'Histoireet aggravéepar le conflitisraélo-arabe et la guerrefroide; en outre son objectifconsiste à harmoniserentre eux les divers impératifsde la politiqueouest-allepsnfls. 1o7 Le secondaspect de I'actiondu ministèredes Affairesétrangères a pourbut de forcerles paysarabes à admettrel'état de fait. Pourcela il élabore une argumentationdestinée à faire accepterl'éventuel établissement de relationsdiplomatiques entre la R.F.A.et lsraël: un tel gestene seraiten fait qu'unenouvelle étape dans un processusqui a débutéavec la signaturede I'accord de Luxembourg;et cet accord représentelui-même une reconnaissancede fait de I'existencede l'Étatd'lsraël;108 il résulte de cette situationque I'installationd'une représentationouest-allemande dans l'État hébreune seraitque la continuationde la logiqueengagée le 10 septembre 1952 et donc en aucuncas le signe d'une orientationrésolument pro- israéliennede la politiqueextérieure sllsrnsncls.loe

Cependant,parallèlement à cette volontéde minimiserla gravité d'éventuellesrelations officielles avec lsraë|,I'A.A. est égalementtenté d'obéir aux injonctionsdes États arabes.Cette tendanceapparaît en 106gsns sa réponseau télégrammeinquiet du Cairesur la notede la Liguearabe (ibid., Té|fl;ramme A.A. (308.210.0192.1927515$, Tlll 1955,v- Welck),I'A.A. indiqueainsiquepour I'instantla R.F.A. n'apas I'intentiond'établir des relationsdiplomatiques, mais que cela se feraun jour,comme pour de nombreux autrespays. 107 1sçhs1çhede la souverainetéet d'une certainenormalité (donc d'un pragmatisme),mais aussi respectdes responsabilitéshistoriques, d'où le poidsde la moralesur toutes les décisions. 108 ibid., Note(308.210.01 92.19 12'14t55),i6 vt 1955,Voigt. Au coursd'un entretienavec te représentantirakien à Bonn,Volgt precise qu'il a attirél'attention de soninterlocuteur sur le fait "...daBwir unseresErachtens lsrael bereitsanerkannt hâtten, teils durchdas bekannteAbkommen, teils durchdie Beziehungen,die sich infolgeder Durchfùhrungdes .\bkommensergeben hâtten." ll est intéressantde comparercette déclarationavec une noteexpediee trois ans plustôt par I'A.A.au consulatégyptien de Francfort(ibid., 210.01/35 E, Noteverbale (210.01/E ll 14 561/52),A.A. au consulategptien Francfort, débutnovembre 1952) en réponseà uneinterrogation de celuicidu28 X 1952,dans laquelle ilétait écrit : "EineAnerkennung des Staateslsrael durch die Bundesrepublikist bishernicht erfolgt. Auch hat der Straatlsrael die Bundesrepubliknicht anerkannt." 109Dans le télégramme expedié au Cairele 7 lll 1955,Welck indique que'Die Errichtung einer deutschen Vertretungin lsraelwâre also nichtsauBergewôhnliches. Sie wûrdeauch nicht viel rnehrals eine formale Ânderungdes bestehendenZustandes bedeuten.' Dans sa notedu 16juin, Voigtindique également que "Wennes alsozur Errichtungvon Vertretungen kommen sollte, so wâredies nur die Anerkennungeines bereitsbestehenden Zustandes." 383 particulierà la fin de la période,au momentde la relancedes discussions germano-israéliennessur I'installationd'une représentation allemande dans l'État juif; elle traduitI'exacerbation de I'inquiétudedes fonctionnaires"pro- arabes"des Affairesétrangères auxquels échappe de plus en plus le contrôle d'une situationdéjà difficileà maîtriser.L'accroissement de leur inquiétude est lui-mêmeà I'origined'une radicalisationqui ne permetplus aucune concessionen faveurd'lsraë|. La relancedes discussionsentre les Atfairesétrangères de Bonn et la missionisraélienne de Colognedoit avoir lieu au momentmême où parviennentà Bonnles réponsesà la consultationdu 2 juillet1955.110 Les fonctionnairesde I'A.A.peuvent alors utiliser ces réponsespour juger s'il est possibleou non de s'engagerdans une nouvelleétape des relationsentre la R.F.A.et l'État hébreu.Plusieurs documents de I'A.A.attestent alors l'existenced'une tendance dure qui exprimeune critiqueà peinevoilée de la politiqueextérieure menée par les dirigeantsouest-allemands depuis mai 1955 et le recouvrementde la souveraineté.Ces prises de positionsont rédigéesà I'attentiondes responsablesdu ministèredes Atfairesétrangères et prennentposition, pour certaines d'entre elles, avant même que toutesles réponsesà la consultationdu 2 juilletne soientparvenues à Bonn. Parmices prisesde position,celle de W. Melchersmérite surtout qu'on s'y arrête.L'ancien représentant de la R.F.A.à Bagdadrédige en effet le 29 juillet 1955un documentparticulièrement dur et alarmistedont il ressortque fouts'oppose à un rapprochementavec l'État d'lsraë|.111 Le textede Melchers se présenteconnme une compilation de tousles argumentsévoqués depuis la ratificationdu traité par les opposantsà cjesrelations plus pousséesentre les deux États.Avant tout, pour Melchers,des relationsdiplomatiques avec lsraël seraientsynonymes de gravesdommages portés aux intérêtsallemands dans les pays arabes. De plus, elles provoqueraientdes interrogationsnon seulementsur les motivationsouest-allemandes du moment,mais également sur les raisonsqui ont conduiten son tempsau traitéde réparations.Car les Arabes,encouragés par diversesprises de positionouest-allemandes, considèrentencore que seu/esles pressionsextérieures ont pousséla R.F.A. à accorderdes dédommagementsà l'État hébreu. C'est pourquoi la souverainetéretrouvée devrait au contrairepermettre à Bonn de mener une politiqueindépendante qui, selonMelchers, ne pourraitqu'être favorable aux

11Oy.sgp16. 11 1 p4144,Abt m, Ref31 6, Bd 'r72, Note (308.210.02 92.19 1 s25l55), 29 vr 1955, Merchers. 384 Étatsarabes. De ce fait,pour lui : "Si la Républiquefédérale, peu de mois après avoir recouvrésa souveraineté,engage des relationsdiplomatiques avec lsraë|,les Arabes verrontce gestenon pas commeune réparation mais bien comme une option favorableà lsraëlet le considérerontcomme un acteip3s1iç31."112 Par la suite Melcherssitue expressément son analysedans le cadre plus généralde la politiqueétrangère ouest-allemande car d'après lui I'impactnégatif d'un rapprochementgermano-israélien sera renforcépar le dialoguequi s'esquissealors entre Bonn et I'U.R.S.S.: en effet,si la Républiquefédérale peut s'entendre en mêmetemps avec les "communistes" et avecles "sionistes", l'écoeurement des Étatsarabes sera maximgl.113 Dans son argumentaire,Melchers songe en outre à I'avenirde la position ouest-allemandeau Moyen-Orientet aux conséquences internationalespour I'Allemagnede touteinflexion de sa position.Car pourlui il est évidentqu'engager des relationsdiplomatiques avec l'État hébreu, c'est faire le jeu d'lsraë|,se placeren porte-à-fauxvis-à-vis des Arabeset à terme percireieur soutiendans les organisationsinternationales. En plus de tout cela, soulignele diplomate,le risque est égalementéconomiqss114 s[ culturel.Car le dangerest de voir les Arabespasser de I'amitiéà la haine enversI'Allemagne. La conclusionde Melchersest alorsnette et sansappel : "...|'instantprésent apparaît comme particulièrement précaire pour un établissementde relationsaysç ls;sp1."115

Le documentrédigé par Melcherstraduit donc un raidissementdes servicesdu ministèredes Affairesétrangères, en réponseaux velléités gouvernementalesvisant à réglerle problèmedes relationsavec lsraë|.Alors que, dans les analysesmentionnées précédemment, des solutions

112 "111'lgnnalso die Bundesrepublikwenige Monate nach Wiedererlangungihrer Souverânitàt diplomatischeBeziehungen aufnimmt, so werdendie Araberdarin keine Wedergutmachung, wohl aber eineOption fûr lsraelsehen und sie als unfreurdlicheHandlung betrachten." 113 @11sconstatation est encorevalable dans la mesureoù le rapprochementdélinitif entre I'Egypteet I'U.R.S.S.,via la Tchécoslovaquieet les liwaisonsd'arrnes, n'est pas encore c,onnu à cetteéprxiue (ia nouvellen'en est publiéequ'au mois d'octobre)et que I'on croit encoreà I'optionpro-occidentale maintenuepar la plupartdes États arabes(c'est le cas avec le Pactede Bagctadde février 1955 qui regroupela Turquie,le Pakistan,l'lran et !'lrak). 114'y;1611gsrneinemBovkott dedscher Waren und Firnren mûBte wenigsters auf Zeitgerechnet werden." 115 "So erscheintder derzeitigeAugenblick fùr eineAufnahme der Beziehungenzu lsraelbesonders prekâr-"Et cette remarquene permetpas de concession,puisque "Die Aufnahmekonsularischer tsezieirungenocier die Erriciiiui-rgeiner Handelsvertretungoder stândiçr Handelsdelegationkann nicht aiirlers eingeschâtztwerden als die Aufnahmediplomatischer Beziehungen." Four Melclrersdonc, foute iiiaiioèuvrequi traduiraiîla volontéd'une normalisation des relationsavec lsraëlest dangereuse1ruur ia R.F.A.Et le risquene résidepas seulement dans une formalisation diplomatique, il clncerne bien toute forne de rapprochementen raisonde la probablegénéralisation de la partdes Étatsarabes. 385 alternativesavaient été envisagées,celles-ci ne sont plus maintenantà I'ordredu jour.Dans I'immédiat, I'Abteilung lll semblevouloir faire obstacle à la réflexionqui doit s'engageraprès les électionsisraéliennss116 puisque pour elle aucunesolution ne' peut permettred'écarter les remontrances arabes: fous les projetsévoqués pour atténuer le choc doiventêtre évitéset la seuleissue consiste à ne rienfaire pour I'instant.

A partirde ce moment,I'Abteilung lll sembledéfinitivement donner le "la"au seindes Affairesétrangères de Bonn.s'il lui est possibre,un peu plus tard, de nuancerles positionsaffichées à la fin du moisde juillet,elle prend néanmoinstoujours pour argumentla quasi-unanimitéqui règneau sein de I'4.A.pour étayer ses opinionset envisagerune consultationà longterme sur le sujet.ttz Elle combat enfin de plus belle toutes les rumeursde rapprochementgermano-israélient18 et multiplie les démentisau momentoù l'Étathébreu s'apprête à prendreI'initistiys.lls La propositionisraélienne d'une négociation sur la miseen placed'un bureaucommercial allemand en lsraëlne permetpas d'infléchirI'attitude de I'Abteilunglll, au contraire.Et entrela fin de janvieret le débutmars 1956, au cours du répit qui lui est accordépar la réflexionde Brentanosur I'offre israélienne,ce servicereçoit des indicationsqui renforcentson opinion.12o Ses responsablespeuvent alors croireen la victoirede ses vues, d'autant

116 ss documentsuit de troisjours ces électionsqui confirmentBen Gourionau pouvoiret doivent permettrela poursuitede la politiqueengagée, donc une consuttation avec la R.F.A. 117;5;6.,Note écrite, 23 Xl 1955,v. Welck.Dans ce document,elle montre que le risqueest très présent puisquela Directiondes Atfairespolitiques pense qu'lsraêl va bientôtproposer quelque chose et que la Directiondes Atfaireséconomiques songe à un élablissementprogressif de relationsnormales pour évitertoute action brutale : miseen placeultérieure d'un bureau comrnercial limité au traité(quiserait "... die verhâltnismàRigam wenigstenriskante Lôsung...") dirigé non par un fonctionnairede I'A.A.(pour ne pas lui donnerun statutquasidiplomatique) mais par un expertéconomique, bureau sans prérogatives consulairesqu'il faut installerà Haifa(et pas à Tel Aviv, siègedes missionsdiplomatiques). Welck proposeque la solutionde la Directiondes Affaireséconomiques ne soit analyaéequ'au rnomentde la conférencedes ambassadeursdu Àloyen-Orientimaginée par Fôrsterau débutd'aor]t et qui pourraitavoir lieuau npis de mars1956. En outre,le problèmede la sécuritéd'un représentantouest-allennnd en lsraêl est à nouveaurnentionné, comme il I'avaitété plustôt, pourjustifier les objections à une représentation. 118pqis la réponseà une interrogationde I'ambassadede Londres(ibid., Lettre Londres (211.00 Pol 47641551,29Xl 1955,v. Braun,et LettreA.A. à Londres,5Xll 1955,Voigt), Voigtdénonce les rumeurs quise multiplientet essaied'en circonscrire les origines : "Genaueswissen wir nicht.Wahrscheinlich aber gehendie ttleldungenaus von gewissen,jetzt in lsrael,frûher in Deutschlandansâssigen Juden, die sich fÙrdas Amt einesdeutschen Konsuls in lsraelfûrbesonders qualifiziert halten. (...) Selbstuerstândtich denkenwir nichtdaran, uns mit sobtrenLeuten einzulassen." 11 9 C'est le cas d'undocument du 14 | 1956, soit deux jours avantla décisiondu gouvernementisraélien d'envoyerune élégation en R.F.A.(ibid., Docunrent A.A. (308.210.02 92.19 2494t55), 14 | 1956). 120par exempledu Caire(ibid., Abt Vll, Ref708, Bd 1021,Lettre Caire (358/56), I ll 1956,Becker). La Directiongéographique adresse ce rapportdu Caireaux responsablesde I'A.A.(ibid., Commentaire (308.210.0192.19406/56),23ll 1956, v. Wetck),en indiquantqu'it'... bestâtigrt die Richtigkeit unserer Haltungin der Fraç der Aufnahrneanrflicher Beziehungen." 386 plusque la politiqued'Adenauer leur offre, avec la "doctrineHallstein", un atoutsupplémentaire.

387 2. Le problème est-allemand

Parmi les élémentsqui expliquentl'évolution de I'attitudeouest- allemandesur la questiondes relationsdiplomatiques avec lsraë|,il faut mentionnerle problèmede I'Allemagnede I'Est.Ce problèmeest inhérentà la situationde divisionde I'Allemagneet se trouveaggravé par la guerre froide ainsi que par le renforcementde la volontéouest-allemande de promouvoirla réunification.Si la questionest-allemande prend de plus en plus d'importanceau fil du tempsc'est en fait à la fois en raisonde I'action des Étatsarabes et de I'importanceque Bonnlui accorde. Le "problèmeest-allemand" est un facteur qui expliqueen grande partiele comportementde la R.F.A.non seulementvis-à-vis d'lsraël mais aussides Étatsarabes. Et ce "problème"sert à la foisà la R.F.A.et auxArabes pourfaire pressionsur I'autrecamp : en raisonde la divisionde I'Allemagne, la simplemention de I'autreÉtat allemandest le moyende provoquerde vives réactionsde la part de I'un ou I'autrepartenaire du contextemoyen- oriental.Mais le "problèmeest-allemand" a encoreune autredimension, car le régimede Berlin-Estjoue un rôle actifau Moyen-Orient,y intervientde manièreaccrue et prendpeu à peuconscience de sa force.

2.1. Apparition du problème est-allemandau moment du débat sur la ratificationde I'accord de Luxembourg

La R.D.A.commence à jouerun rôleau Moyen-orientau momentdu débat sur la ratificationdu traitéde réparationset du refroidissementqu'il provoquedans les relationsentre les Étatsarabes et la Républiquefédérale. Au départ,Berlin-Est désire se présentercomme un partenairede substitutiondans le cas de la ruptureprobable des relationséconomiques arabo-ouest-allemanç1ss.121La R.D.A. effectue donc tout d'abord une

1211.anouvelle est reprisepar l'Otficefédéralde presse (in PA/AA,Bûro Sts, Pressereferat,Bd242, Bundespresseamt,15 Xl 1952,"Sowjetzonales Angebot" (AP, Caire,Elerlin, Paris) et par le journal "HannoverscheAllgeneine Zeitung", 11 Xl 1952).Dans un articlede WillyBrandt dans le journalnorvQ;ien "Arbeiderbladet'(transmisà I'A.A., in PA/AA,Abt ll, Bd 1680,Lettre Oslo (24410 2372t521,6 Xil 1952) publiéle 20 novembre,le rôle de la R.D.A.est souligné: "Dochspielten die sowjetdeutschenBehôrden eine nochbedenklichere Rolle, da sie denarabischen Làndern Handelsverhandlungen angeboten hâften fur den Fall,daR diese Staaten die \Mrtschaftsveôindungenzur Bundesrepublikabbrechen.' A cettefin la délégationarabe en Allemagneaurait rencontrédes représentantsdu ministèreest-allemand du commerceextérieur ("Hannoversche Allgemeine Zeitung', 28X 1952,"Deutsche Spattung - Handelspolitik - Pankowsucht Spannung zwischen Bonn und Araberstaaten auszunuDen"). 388 approcheéconomique sans portéeréelle, à laquellela R.F.A.n'attache pas d'importancecar le second État allemandn'est pas en positionde concurrencersérieusement Bonn. 122

La situation devient cependant plus préoccupantelorsque I'ambassadeuroueSt-allemand au Caire, Pawelke,tente de trouverune solutionà la crise qui se noue entre Bonn et les États arabes,comme I'attestentles nombreuxtélégrammes qu'il expédieà Bonn.Les effortsdu diplomatesont en effet ralentisen raisonde la présencedu facteurest- allemanddans le débat. La concurrencede Berlin-Estparaît tout d'abord fsiilg,123mais elle prendau fil des jours plus d'importanceet suscitealors I'inquiétuderéelle du ministèreouest-allemand des Affairesétrangères. Cette inquiétudeaugmente en fonctiondes rumeursrelatives au renforcementdes liens entre la R.D.A.et les Étatsarabes. Et alorsqu'au départles démarchesde Berlin-Estpour établirun réseaude consulatsau Moyen-Orientn'avaient pas provoquéde troubleau sein de I'administration de fiss'11,124la persistanced'informations sur l'établissementde liens consulairesentre la R.D.A.et les Arabesprend progressivement un caractère plus préoccupant: on évoquedésormais en effet l'établissementde liens politiquest2set de prolongementsmilitaires aux discussionséconomiques entreprisesau moisde janvier1953.126 Pawelkesuit avec attentionles discussionsentre I'Egypte et la R.D.A. ainsi que les problèmesrencontrés par cette dernièrepour envoyerune défégationcommerciale et organiserune expositionindustrielle a) Ç4içs.127 Si, à la fin de janvier,le diplomatepeut constateravec satisfactionque la visitede représentantsest-allemands prend du retard,il n'est,tout comme I'A.A.,que d'autantplus stupéfait en raisonde I'arrivéede ceux-ciau Caireen

122 ys R.D.A.paraît surtout à la recherched'avantages économiques pour mettrefin à d'énormes problènesd'approvisionnement et sembleintéressée par les ressourcesen cotonde I'Egypte,principale nnnnaied'échange du pays. 123 PA/AA,Abt lt, Bd 1685,Télégramme Caire (76),30 Xll 1952,Pawelke. L'ambassadeur ouest- allemandannonce des discussions entre I'Egypte et la R.D.A.qui ne doiventporter que sur un accordde paiements. 124gy monent de I'annoncede I'offreest-allemande d'une substitution à la R.F.A.,de tels bruitsavaient déjà couru, mais les servicesouest-allemands ne s'en étaientpas soucié (v. PA/AA,BÛro Sts, Pressereferat,Bd 242, Lettre du BundeshausBerlin (3897), 15 Xl 1952, Wrasman,au Bundespresseamt). 125;56.,Abt il, 211.00t1,Bd2sz,TélégrammeA.A. (211.00/1 lll 1708/53)au Caire,27 | 1953,Strohm, avecdemande de précisionsur unedéæche d'Associated Press évoquant la perspectivede I'installation d'uneambassade egyptienne à Berlin-Est. 126ibid., Tétégramnre A.A. (3M.05/1 lll 4461/532'l1.Wl1 X32281531au Caire, 4 ll 1953,Brâutigam. 127i56., Abt ll, Bd 1686,Télegramme Caire (311,27 | 1953,Pawelke. 389 mêmetemps que la délégationWestrick.128 l4 viveréaction exprimée à cette occasionpar Pawelksl2epermet aux autoritéségyptiennes de se rendre comptede la sensibilitéde Bonnà l'égardde toutce qui contribueà renforcer le régimeest-allemand. L'Egypte n'est pas insensibleau demeurantà la situationprovoquée par la présencesur son sol des deuxdélégations; c'est pourquoidans un premiertemps elle sembleregretter cette coïncidence;et commepour satisfairela R.F.A.,Le Caire n'accordepas une grande importanceaux déclarationsenthousiastes du chef de la délégationest- allemande.l3oToutefois, malgré cette relative modération, I'Egypte continue à soufflerle chaudet le froidet à soulignersa volontéde choisirlibrement ses fOurniSSeulg.i Sl

Malgrél'échec des négociationsmenées par Westrick,les Étatsarabes se soucientencore de ménagerquelques perspectives de collaborationavec laR.F.A.132ps plus,afin de restaurerla confianceentre Bonn et le Caire,les Affairesétrangères égyptiennes limitent la portéedes contactsétablis avec Berlin-Est'133elles annoncentainsi qu'il n'y a pas eu de conversations relativesà des ventesd'armes ou à I'envoide conseillersmilitaires et que "La délégation(est-allemande) n'a évoqué l'établissementde relations diplomatiqueset l'échangede missions à aucun moment des négociatio;'19."134C'est pour cela que Pawelkepeut se montrerrassurant lorsqu'ilécrit que le choixdes Égyptiensest clair : "A ce propos,le ministredes Affairesétrangères m'a déclaréle g de ce

128 "6sngvslAnzeiger", 11 ll 1953,"Bonn ist reichlicherstaunt". Hallstein demande à Pawelkede transmettreune protestationà Néguibcontre la présencede la délegationest-allemande (PA/AA, Bûro Sts,Bd 184,Télégramme AA, s. réf.,au Caire,Hallstein). V. aussiPA/AA, Abt lll, 210.01/35E, Bd 6, TétégramneCaire (39),I ll 1953,Pawelke. 129PA/AA, Abt ll, Eld1686, Télégramme Caire (,t4), 15 il 1953,pawetke. 130;6;6., Abt lll, 210.01/35E, Bd 6, LettreCaire (561/53), 19 ll 1953,Pawelke. L'ambassadeur ouest- allemandpeut d'ores et déjàdédramatiser et déclarer(ibid., Télegramnre Caire (51), 19 ll 1953,Pawelke) : "fvleinerMeinung nach bestehttrotz augenblicklicher\Mrtschaftsverhandlungen mit Sowjetzoneund U.d.S.S.R.keine Gefahr einer politischen Annâherung zwischen arabischen Staaten und Ostblock." 131 ;516.,Abt lv, Ref 416, Bd 10, DépêcheUP, 20 ll 1953: "Der Staatssekretârim âgyptischen Handelsministerium(...) erklârte, die Sowjetzonekônne Àgypten mit allen Waren versorgen, die Âgypten bisheraus der Bundesrepublikbezogen habe." De son côté,la Syrieadopte dans cette situation une attitudeferme vis-à-vis de la Républiquefédérale et lui attribuela responsabilitéde I'embarrasgénéral (ibid.,Abt lll, Informationdpa, 14 ll 1953: "Dasdeutsch-israelische \Medergutmachungsabkommen treibe die Araber nolensvolens dem Ostblockin die Arme,erklârte ein Beamterder syrischen Gesandtschaftin der Bundesrepublik...J.La Syrieest toutefoistrès isoléedans son attitudeferme (ibid., TélégramneCaire (51), 19ll 1953,Pawelke). 132115'qg11en particulier de travaux sur le barraged'Assouan qui pourraient être confiés à I'Allemagnede I'Ouest. 133;5i6.,Abt ll, Bd 1686,Leftre Caire (822153), 12 lll 1953,Pawelke. 134 ibid., 'Die Delegationhat in keinemStadium der Verhandlungendie Aufnahmediplomatischer Beziehungenund den Austauschvon Missionenangeregt." 390 mois que son gouvernementref userait une demande éventuelle d'engagementdes relationsdiplomatiques de la part de la Zone soviétique."tss En définitive,si une conclusionpeut être tirée des déclarationsde l'Egypteaprès la venuesur son territoirede deux délégationsallemandes, c'est la suivante: le séjourdes fonctionnairesest-allemands au Caire ne correspondpas à une arrivéeen forcedu secondÉtat allemand sur le marché moyen-oriental.Cette impression est d'ailleursrenforcée par le fait que les résultatspolitiques de la manoeuvreparaissent très réduits, sinon inexistants. Tout cela n'empêchecependant pas la R.F.A.de réagirtrès rapidementet avec résolutionafin d'évitertoute reconnaissancede la R.D.A.par un État tiers.Présente très tôt parmiles fonctionnairesde I'A.A.,cette préoccupation contientdéjà en germetoute I'attitude ultérieure de la R.F.A.136

2.2. Persistance et aggravation du problème est-allemand après la ratification de I'accord de réparations

2.2.1. Renforcementde la présenceest-allemande dans le contexte moyen-oriental Aprèsla ratificationde I'accordde réparations,une accalmies'installe dans les relationsentre la R.F.A.et les Étatsarabes, mais elle se révèle précaire.Le problèmeest-allemand réapparaît en effet parallèlementà la reprisedes critiquesarabes contre le développementdes relationsde facto entre la Républiquefédérale et l'État hébreu. ll devient ators une préoccupationconstante des représentationsouest-allemandes dans les pays arabes. C'est ce qui expliqueque les diplomatesde Bonn fournissentde grands efforts pour contrerune présenceest-allemande croissante, qu'ils multiplientles initiativesvisant à renforcerles contactscommerciaux de leur pays avec les États arabeset qu'ils désirentcompenser I'impression d'un

135 "Der AuBenministerhat mir darûberhinaus am g. d. Mts gesagt,daB seine Regierungeinen eventuellenAntrag der Sowjetzoneauf Aufnahmediplonntischer Eleziehungen ablehnen wûrde.' Le seul résultattangible de la visitede la délegationest-allernande au Cairesemble en fait être la prévisiond'une expositionindustrielle, mais ce projetreste encore très vague.La visitede la délegationcommerciale est- allemandeaboutit à la signatured'un traité de comnrerce,le 7 lll 1953,sur le principedu troc (produits finis est-allemandscontre matières premières egyptiennes). 136 11ssrnds possiblede dourter,sur la basede cefte constatation,des analysesultérieures présentes dansdes documents de l'A.A.ou dansdes articlespublies sur le problème: en rQllegénérale, ilest admis que le facteurest-allemand n'apparaît dans le contextenoyen-oriental, et dans le contextedécisionnel de la R.F.A.,qu'à partir de 1955,en parallèleà uneinfiltration soviétique poussée. Les réactions ouest- allemandesrelevées sont bien les signesd'une attitude déjà reelle au débutde 1953. 391 intérêtouest-allemand trop marquépour lsraë|. On retrouveici les personnes mentionnéesprécédemment, notamment I'ambassadeur ouest-allemand à Beyrouth,Nôhring, qui solliciteune actionvigoureuse de la part des milieux économiquesde R.F.A.et s'adressedirectement à eux à cet effet.137pour lui, seule une contre-offensivedynamique peut mettreun terme aux velléitésdes pays arabesfavorables à la R.D.A.et montrerà ceux-ciquel est leur partenaireéconomique le plusfiable.lss

Quelssont les élémentsqui justifientles craintesdes représentants ouest-allemands? Au premierabord, l'Allemagne de I'Estcherche simplement à devenir un partenaireéconomique des États du Moyen-Orient.Très rapidement, toutefois,son action revêtaussi des aspectspolitiques. En conséquence,les ambassadesde R.F.A.dans les capitalesarabes émettent des protestations contretoute visite de délégationsest-allemandes; leur but est évidemment d'amenerles autoritéslocales à limiterles domainesde coopérationavec la R.D.A.: Berlin-Estpeut être éventuellement un interlocuteurcommercial, mais en aucuncas une entitépolitique pssgnnys.l3e La frontièreentre les domainescommercial et politiqueest cependant difficile à marquer avec netteté. Ainsi, dans le cadre de contacts économiques,la R.D.A.se voit accorderune représentationcommerciale en Egypte"sans statut diplomatiqueni relationavec le ministèredes Affaires étrangère5".140Pour les autoritéségyptiennes, I'existence de ce bureaune constitueen rien une quelconquereconnaissance de la R.D.A. ou

137;5;6., Abtlv, Ref416, Bcl22, Télegramme Beyrouth(22),24x 1953, Nôhring, pour te D.t.H.T. Dans ce télégramnedestiné à la Confedérationdes Chambresde Commerceet d'lndusirie,Nôhring insiste sur le fait que "ln Anbetrachtbaldigen Eintreffens der z. Zt in Kairo befindlichenôstdeutschen Handelsdelegationwâre Presseverôffentlichungûber Grûndungdeutscher Handelskammern in arabischenLânder sehr opportun." 138 Et selonNÔhring, une action de la R.F.A.est d'autantplus nécessaire que jusque là l'attitudeouest- allennnden'a pas réponduaux attenteslibanaises et qu'ils'agit de refaireun reiard'quipourrait avoir des consâluencesdramatiques pour Bonn (ibid., Bd 23, LeftreBeyrouth (g04.OO Szttssy, zà X 195g,Nôhring : "Es is bedauerlich,daB nunrnehrdie Ostzoneuns durch die Entsendungeiner ùVirtschaftsdelegation zuvorkommt,nachdem die hiesigenRegierungskreise seit t\ilonatenauf das Eintreffeneiner Delegation aus der Bundesrepublikgewartet haben."). 139 ibid.,Abt ll, Bd 281, TélégrammeCaire (208), 19 Xt 1953,pawetke. il existetoutefois des dissonancesau sein des administrationsarabes. Au mornentde la visited'une délégationcomnerciale est-allernandeau Caire,I'inquiétude ouest-allemande est justifiéepar des ditférencesà'appreciation entre le ministredes Atfairesétrangères egyptien et d'autresfonctionnaires de cette administration: le ministre semblevouloir aller loin dansles contacts avec la R.D.A.,ce que désavouepar exemplele secrétaire généraladjoint du ministère. 140 ;56.,"... ohne diplonntischen Status und ohne Verkehr mit AuBenministerium..." 392 l'établissementde relationsdiplomatiques avec slls.1a1Pour les représentantsouest-allemands au contraire,il est clair que les visitesà répétitionde délégationscommerciales est-allemandes ne sont pas innocentes;car ellesillustrent la volontéde Berlin-Estde profiterun peu plus de I'affaiblissementmomentané de la R.F.A.au Moyen-Orient;et selonles diplomatesde Bonn, il suffit de remarquerles conditionscommerciales avantageusesoffertes par Berlin-Està I'Egyptepour se rendrecompte de I'intérêtpolitique de I'opérafien.1a2 Cette constatationjustifie alors les interventionsréitérées des diplomatesouest-allemands en réponseaux rumeursde rapprochement entreles Étatsarabes et Berlin-Est.14i]Et à traversces interventions,la R.F.A. préciseses griefscontre ce qui pourraitamener à une implantationdurable de la R.D.A.au Moyen-Orient.ll faut égalementnoter ici que si les préoccupationsouest-allemandes sont au départ économiques,elles prennentpeu à peu un tour purementpolitique : il ne s'agitplus alorsde dénoncer des accords commerciauxmais bien une éventuelle reconnaissanceaccompagnée de I'installationde bureauxd'intérêt est- allemandsdans les pays arabes.Ainsi, face aux dénégationsparfois imprécisesde leursinterlocuteurs, les diplomatesouest-allemands adoptent progressivementune attitudeplus ferme qui correspondau durcissement généraldu gouvernementAdenauer à l'égardde Berlin-Est.1,t4

On peutremarquer ici que les représentantsouest-allemands semblent être conscientsdès cetteépoque de la logiquequi se met en place.lls se rendent en effet compte que la multiplicationdes protestationsou des demandesde précisionsqu'ils sont amenés à etfectuerconstitue une arme à doubletranchant : s'il est d'une part possible,en utilisantcette arme,

141 ;616.,"Sowjetrone sei aber Baumwollabnehrner,Àgypten mûsse daher rein wirtschaftlicheKontakte halten."La distinctiondifficile entre entente comrnerciale et ententepolltique est aussià I'ordredu lour entreMirbach et f'ambassadeurlibanais au Caire(ibid., Abt lV, Ref416, Bd 23,Lettre àite (3724153),25 Xl 1953,v. Mirbach). 142 i6i6.,Lettre Beyrouth (304.00 ,t135/53), 2 Xll 1953,Nôhring, 'Très Confidentiel".A proposd'un projet d'accordcommercialentre la R.D.A.et le Liban,ilfaut souligner la rapiditéavec laquelle ila été concluet le fait que "DemLibanon sind noch niemals-von dem tschechoslowakischenAbkommen vielleicht abgesehen-derartige gûnstige Bedingungenwirtschaftspolitischer Art eingerâumtworden. Dem Abkommenkann daher ein gewisserpolitischer Charakter nicht abgesprochen werden." 1'ti| iUiO.,Lettre Beyrouth (304.00 30/54), 14 | 1954,Breuer, et Bd ,til, LettreBagdad (21O 2e}zl:./.), gO X1954,Melchers, Télégramne Bagdad (19), I lV 1954,Melchers, Leftre Bagdad (300 2195154),24Vlll 1954,tvlelchers. 144Dans un entretienavec le Premierministre et le ministredes Atfairesétrangères irakien félégramme Bagdad(19), 8 lV 1954,tvlelchers), Melchers insiste sur la déterminationdu gouvernementallemand, en particulieraprès la répressionsanglante du 17 juin 1953et l'échecde la Conférencedes ministresdes Affairesétrangères sur I'Allemagne(25 janvier au 18février 1954). 393 d'intimiderles Etatsarabes et de leur imposerI'arrêt de pourparlersavec la R.D.A.,14scette méthodepermet d'autre part au régimede Berlin-Estde s'insérerencore plus dans le contextedu Moyen-Orient,et ce au détriment d'lsrael.146La R.D.A. voit en effet son rôle fortement accru par les interventionsdes diplomatesouest-allemands et elle acquiertpar là un statut qui ne correspondpas forcémentà son importanceréelle. Bien plus, elle prendainsi une placeprivilégiée dans l'argumentationd'États arabes chaque jour un peu plusconscients de la sensibilitéde la R.F.A.au problèmeest- allemand.De ce fait, la marge de manoeuvredes diplomatesouest- allemandss'amenuise à leurcorps défendant.l+z Cette situationpousse les représentantsde Bonn à chercherune échappatoire. ils attribuentalors I'initiativedes contactsqui suscitentleur inquiétudeaux seulesautorités est-allemandes, de manièreà disculperles Étatsarabes, à réintégrerceux-ci dans le campde la R.F.A.et à maintenirle COntaCtaVeC ggx.148

L'actiondes représentantsouest-allemands au Moyen-Orienttrouve son pendantdans des prisesde positionde mêmenature à Bonnpuisque I'administrationcentrale soutient sans réservetoute possibilité de contrecarrer

145 ç's51cette techniquequi avait permisI'acceptation de I'accordgermano-israélien par bs États arabes. 146 y6ms si, indépendammentde cela,la R.D.A.ne fait que suivrel'offensive idéologique menée au Moyen-Orientpar I'U.R.S.S.dès cetteépoque (v. BIALER,Between East and West, op. cit.).A partirde 1952-1953,la R.D.A.participe effectivement à la campagneantisémite organisée par I'UnionSoviétique (v. parexemple HERF, J., 'Antisemitismusin der S.E.D.- GeheineDokurnente zum FallPaul Merker aus S.E.D.-und M.f.S.-Archiven",in'Vierteljahrshefte fûr Zeitgeschichte",42.Jg, 1994,4. Heft,Oktober, p. 335 et suiv.) et abandonnetoute neutralitébienveillante à l'égardde l'Étathébreu (à ce propos,v. DITïMAR,P., 'D.D.R.und lsrael- Ambivalenzeiner Nicht-Beziehung',in "Deutschland-Archiv", Nr 7, 192/.TIMM,A.,"Zur AufarbeitungderGeschichte-DieD.D.R.undlsrael",textedelaconférencetenuele 7 novembre1990 à la Ludwig-Maximilian-Universitâtde Munich. V. égalementTIMM, 4., "D.D.R.-lsrael: Anatomieeines gestôrtenVerhâltnisses", in "Aus Politikund Zeitgeschichte",84193,22 janvier 1993, p. 46 et suiv.). Cette intransigeanceest-allemande se retrouveen particulierdans la questiondes réparationsà accorderaux juifs (v. TRIMBUR,D., "L'attitudede la R.D.A.face au problèmede la réparationaux juifs", in "Revued'Allemagne", XXVI (4), octobredécembre 1994, p. 591et suiv.). 147psns son compterendu du 24 Vlll1954,Melchers décrit ainsi la difficultéde sa tâcheà proposdu séjourprésumé à Berlin-Estd'un diplomateirakien en poste à Bonn : "lch habe vermiedenhier Erkundigungeneinzuziehen, ob die fubldungùber die Reisedes lrakischenGesandten nach Ostberlin den Tatsachenenspricht, da ich befûrchte,daB die lrakerdann auf den Gedankenkommen werden, ihre Versuchemit der Sowietzoneins Gesprâchzu komnen,zu intensivieren,um auf dieseWeise einen Druck auf unsauszuûben." 1'18iOiO. Melchers demande alors à son interlocuteurde le tenir informé'...falls die sog. D.D.R.den Versuch machen sollte, offizielle Beziehungenirgendwelcher Art mit der lrakischen Regierung aufzunehmen."Cette solutionaboutit dans I'immédiatà des résultatspositifs puisque, malgré les apparences(ibid., Lettre Melchers(304 1380/54ll) à Weber, 17 lX 1954),certains événements perrnettentaux diplomatesouest-allemands de reprendreconfiance et de croireen la justessede leurs initiativespréventives ou curatives(ibid., Leftre Bagdad(304 W 1803/54),20 X 1954, Melchers,avec l'évocationdes difficultésd'une délegationcommerciale est-allennnde de retourd'Extrême-Orient pour obtenirun visapour l'lrak.). 394 ce qui apparaîtcomme une offensive de Berlin-Est.Si la réactionde Bonnse placeà un niveauéconomique, en réponseà des manoeuvreséconomiques de laR.D.A.,14s la dimension politique du problèmeest évidente.ll s'agitalors pour Bonn de mettreen place une campagnequi répondeà I'actionest- allemandepar les mêmesmoyens que ceuxque Berlin-Estutilise et montre aux Arabes que la R.F.A. est bien la seule représentantede toute I'Allemagne.lso

2.2.2. Le lien entre la reconnaissanced'lsraël par la R.F.A. et la reconnaissance de la R.D.A. par les États arabes Après une périodede mise en place, les élémentsmentionnés précédemmentconvergent et créentun problèmemajeur pour les autoritésde Bonn.

Malgréles etfortsdéployés pour contrerI'offensive est-allemande sur le terrainmoyen-oriental et se convaincreque le problèmeest dû à la seule R.D.A.,I'A.A. est rapidementobligé de se rendreà l'évidence.En etfet,si le plus souventles Étatsarabes ne répondentpas volontiersaux appelsdu pied de Berlin-Estet si la R.F.A.dans I'ensemble reste maîtresse de la situation, d'autresconstatations ternissent ce tableau.Car avec le temps, plus I'Allemagnede I'Ouestrenouvelle à I'adressede ses interlocuteursarabes son oppositionà tout rapprochementavec la R.D.A.,plus elle leur otfre et renforceun moyende pressiondirigé contre elle-même. Et au mois de juin 1954,I'A.A. doit admettrecet étatde fait: les Étatsdu Moyen-Orientplacent désormaissur un mêmepied la reconnaissancepar eux de la R.D.A.et une éventuellereconnaissance d'lsraël par la R.F.A.En clair : si Bonnreconnaît l'Étathébreu, les Étatsarabes se sententen droitd'agir de mêmevis-à-vis de

14996ns son analysedes effets d'un prêt allemand à lsraëldu 1erXll 1954(v. supra), Strohm insiste sur le fait que si la R.F.A.doit se retirerdu rnarchéegyptien, ce seraau profitd'autres pays, et en particulier dela R.D.A. 150C'est ainsi que le Servicede pressedu gouvernenentfédéral soutient I'idée d'une invitationlanée à des journalistesarabes pour participerà la foire de Francfortafin de contrebalancerles tendances observéesdepuis quelques temps (ibid., Bd 22, LettrePresse u. lnformationsamt(283 Abt lV 10 2471531, I Xll 1953, Seydel : "ln der arabischenPresse lâRt sich seit den letztenMonaten ein steigendes lnteressean den Dingenôstlich der Elbliniewahrnehrnen. Wâhrend noch bis vor einigerZeit die Pressein den verschiedenenarabischen Lândern recht ott ûberdie Bundesrepublikbrachte, hat dies seitdemstark nachgelassen.").L'A.A. apporte aussi son appuià cetteinitiative des milieuxéconomiques de R.F.A. (ibid.,Lettre A.A. (4156.54 Aæ3.UA4lV 33 819/53)à la fvlessen-u. Ausstellungs-GmbH(Francfoil), 9 | 1954,Allardt). 395 I'Allemagnsfls I'f5[.151 La constatationfaite en juin 1954est partagéepar la Centralede Bonn et par les représentantsouest-allemands. Elle conforteles avis les plus pessimistesinspirés par les pressionséconomiques ou politiquesdes États arabes;elle renforceégalement certaines convictions opposées dès le départ à la poursuitedu rapprochementavec l'État hébreu;elle devient,en outre, I'explicationet la motivationprincipales d'analyses qui soulignent régulièrementle dangerque constitueraientdes relationsdiplomatiques avec lsraël;et enfin elle prend d'autantplus d'importancequ'elle correspond étroitementà l'évolutionde la politiqueextérieure ouest-allemande en général.

Le schéma esquisséci-dessus est très rapidementvérifié avec la multiplicationdes confrontationsentre diplomates arabes et ouest-allemands. Aprèsavoir dû accepterI'installation d'un bureaucommercial est-allemand au Caire, la R.F.A. doit en effet faire face à des rumeursrelatives à l'établissementde relationsdiplomatiques entre les États arabeset Berlin- fst.1s2Et de mêmeque le gouvernementde Bonnrejette tout compromis sur une reconnaissancede la R.D.A.par les Arabes,153ceux-ci renforcent leur oppositionà ce que les lsraéliensvont proposer,selon toute vraisemblance, aprèsles électionsde juillet1955. Les États arabes semblent donc désormais prêtsà agirà I'encontrede la R.F.A.en utilisantles mêmes moyens que celle- ci lorsqu'ils'agit pour elle de contrerla R.D.A. L'attitudedes Arabesentraîne les diplomatesouest-allemands à renouvelerleurs misesen gardecontre les risquesencourus par Bonn.Car poureux, le dangerest désormaisomniprésent : il est réelde la partde pays traditionnellementradicaux, comme la Syriet54ou I'Egypte,155mais il émane même de pays qui pouvaientjusque là paraîtreplus indécis,comme le

1516 théorieest préciséepour la premièrefois au débutdu nois de juin 1954par le fonctionnairede I'Abteilunglll HermannVoigt (PA/AA, Abt Vll, Ref708, Bd 1025,lsrael, note Abt lll (zu308.210.0235 12 549t54'),1erVl 1954,Voigt). A ce monent il ne s'agitencore que de velléitésarabes, mais tous les élénrentssont présents: "Allerdingsbesteht eine gewissePrâdisposition, zwischen unsereni Interesse an der Nichtanerkennungder D.D.R.und den arabischenWûnschen bezûglich der Beziehungen BundesrepubliUlsraelirgendein Junctim zu schaffen.Bisher hat nochkein arabischer Staat ein solches Junctimausdrûcklich aufzustellen versucht." 152;56., Abt ilt, 211.OOt1,Politische Beziehungen Âgyptens zu drittenStaaten, Bd 3.198,Lettre Caire (45/55),7 | 1955,v. Mirbachet LettreCaire (45 ll/55),17 | 1955,v. Mirbach. 153Ce rejetne concernepas que tes Étatsarabes, il est valablepour l'ensemble des pays (v., ibid.,Abt lll, Bd 173a, Comnxentaire(308 2141155),25 X 1955,v. \ÂIelck,à proposdes paysde I'Asiedu Sud Est). 154iuio., Abt vll, Ref708, Bd 1025,Lettre Darnas (Geh 52155), 20 Vll 1955,Ringelmann. 155ioic., Abt ilt, Ref316, Bd 172,Lettre Caire (2538/55), 5 Vlll 1955. 396 l-i[sn.156Les avertissementsdes représentantsouest-allemands sont alors reprispar lesfonctionnaires de Bonnqui signalentà leursresponsables, peu aprèsla consultationélectorale israélienne, la gravitéde la si[uslien.157 Au débutdu deuxièmesemestre 1955, la Républiquefédérale est ainsi placéeau pied du mur au momentoù le schémale plus pessimisteest en passede devenirune réalité.Cette situation, difficilement tenable à terme, oblige à choisirI'un ou l'autredes partenairesafin d'éviterune faillite complètede sa politiquemoyen-orientale.

A la fin de 1955, lorsque la perspectivede pourparlerssur l'établissementd'une représentation ouest-allemande en lsraëlse concrétise, le problèmeest-allemand a ainsi définitivementrejoint la réflexionsur les relationsdiplomatiques entre la Républiquefédérale et l'État hébreu.ll ne paraîtalors plus possiblede sortirdu "triangletragique"tse qui s'est mis en placeau coursdes troisdernières années; et l'ensemblede I'4.4.15eest conscientde la gravitéde la situation.Une relativeuniformisation du langage de I'A.A.dans le sensd'un raidissement résulte de cet état de fait : I'inconfort de la positionouest-allemande est alors soulignépar toutesles personnes concernéesqui multiplientles appelsà la plus grandeprudence. Car il est alors parfaitementclair que les États arabesétablissent un lien entre les relationsR.F.A./lsraël et leurspropres relations avec la R.D.A.16oet que "La guerreEst-Ouest se poursuitau Caire...avec la concurrencedes deux Allemagne'.161Et pour cette raison,selon certains,il est inutilede feindre

156 Dansune lettre du 19 Vll 1955.soit unesemaine avant les électionsisraéliennes, I'ambassade de R.F.A.à Beyrouth(ibid., Abt Vll, LettreBeyrouth (310.02 1629/55), 19 Vll 1955,Breuer, Confidentiel) précisequ'en dernier ressort la décisionlibanaise dépend de la Liguearabe rnais que "lch haltees ferner fûr nichtausgeschlossen, daB die libanesischeRegierung nach einer Aufnahme amtlicher Beziehungen der Bundesrepublikzu lsraelfûr die wiederholtvorgebrachten Wûnsche der Ostzonenach Erôffnung einerotfiziellen Handelsvertretung in Beirut, môglichst mit diplomatischemStatus, zugânglicher sein wird." 157166.,Abt ut, Ref316, Bd 172,Note (30s.210.02 92.19 1525/55), 29 vn 1955,Metchers : Les Arabes, en cas de relationsdiplomatiques R.F.A./lsraêl "werden sich wahrscheinlichauch nicht mehran ihre Zusagegebunden fûhlen, mit der D.D.R. keine Beziehungen irgendwelcher Art aufzurrehnen." 158GenUCH, op. cit. 159bs lonctionnairestraCitionnellenent attachés à de bonnesrelations avec les paysarabes (ibid., Note écrite,Abteilung lll, Ref Voigt,23 Xl 1955,v. Welck)comme les personnesles plus favorablesà un rapprochementavec lsraél(ibid., Abt lV, Bd 137,Note écrite (206.700.01/35 14 755/55),21 Xll 1955, Frowein). 'Seit 160webf écrit,en s'appuyantsur les réponsesà la consultationdu 2 Vll 1955: einigerZeit spiett in unseremVerhâltnis zu den Araberndas Auftretender sog. D.D.R.in einigenarabischen Lândern eine immergrôBere Rolle. Vom arabischen StandpunK aus liegtes nahe,uns gegenûber mit der Anerkennung der D.D.R.zu drohen,falls wir lsraeldiplomatisch anerkennen. (...) Je mehrwir unsereBeziehungen zu lsraelausbauen,dqsto grôBer wird die Wahrscheinlichkeit,daB die Arabersich dafûrmit der Anerkennung dersog. D.D.R. revanchieren." 161t'911sn1" (Beyrouth), 26 Xl 1955. 397 d'ignorerla résolutiondes Etatssls[ss.162 SelonI'A.A., la R.F.A.doit donc agir avecdiscernement dans un contextequi ne lui laisseplus beaucoupde margede manoeuvre.Elle doit notammentchoisir avec le plus grand soin la forme que prendraune éventuellereprésentation ouest-allemande en lsraë|.163Selon certains,une sofutionaux problèmesdu momentréside dans l'établissementprogressif de relationsavec l'État hébreu,afin de ne pas mettreles Arabesbrusquement devant le fait accompli.le Pour la Directiondes Affairespolitiques en revanche,le statuquo restepeut-être /a réponseadéquate; car éviter toute discussionest déjà dans I'immédiatle meilleurmoyen de ne pas gêner les négociationssur une participationouest-allemande au financementet aux travauxdu barraged'Assouan que Beckermène au même momentau Caire.16s

Si la fin de 1955 est marquéepar une déclarationrassurante de Nasser,166I'inquiétude de I'A.A.ne diminuepas pourautant; car I'Egypten'en est pas à un revirementprès et ses responsablesont déjà montré leur capacitéà fairedes déclarationsrapidement démenties dans les faits.167 psrll sa part, le ministèreouest-allemand des Atfairesétrangères exclut toujours

162 1s lien est clairementétabli par I'ambassadeurégyptien à Bonnau coursd'un entretienavec un fonctionnairede I'A.A.,à la fin du moisde septembre(ibid., Abt lll, Ref316, Bd 172,Note ecrite (308 1864/55),28 lX 1955).Frowein écrit en effetà proposdu Caire: "Es nûtzedurchaus nichts, daB die Bundesregierungein derartigesJunktim nicht anerkenne, fûr die Âgypterbestehe es, und sie wûrden danachhandeln." 163Sebn l'Abteilunglll, il s'agitde distinguerentre une reconnaissancediplomatique et des relations commercialespoussées. Pour Frowein, I'attribution de prérogativesconsulaires à une représentation ouest-allemandeen lsraël est à évitercar il est sur que de tellescompétences seraient en retour consentiesà un bureauest-allemand en Egypte. 1tr ll est intéressantde noterqu'à ce proposles personnesles plusopposées à des relationsavec lsraë|, en particulierpour des raisonscommerciales, font écho à I'argumentarabe selon lequel reconnaîtrediplomatiquenent l'État hébreu, c'est prendrepartie dans le conflitdu Moyen-Orient.Selon ces personnes(Note écrite, Abteilung lll, Ref Voigt,23 Xl 1955),"sollte die Aufnahmediolomatischer Beziehungenzu lsrael solangeunterbleiben, als der internationaleStatus lsraels nicht allgemein anerkanntund insbesondereder herrschendeWaffenstillstand durch eine endgûftigeRegelung abgelôst wird." 165Dans un télégrammede la fin du moisde novembre(ibid., Abt lll, Ref316, Bd 173a, Télégramme àire (2271,26Xl 1955),Becker s'attache à décrirele contextedans lequel ildoit négocier: offensivedu blocsoviétique, en particulierde la R.D.A.,principalenent dirigée contre la R.F.A.,et concurrencedes paysoccidentaux qui affaiblitles positionséconomiques de la Républiquefâlérale en Egypte. 166ibio., Abt 111,210.01,Bd 1.109,Grundsâtzliche Fragen derpolitischen Beziehungen zu Âgypten, TéffurammeCarire (244),15 Xll 1955.Nasser déclare à la "FrankfurterAllgerneine Zeitung", après la visite d'unedélegation commerciale est-allemande : "lch ermâchtigeSie ausdrûcklich,dem deutschenVolk zu sagen, ctaRÂgypten mit Ostdeutschlandlectigtich Handelsbeziehungen unterhalten will. Eine AnerkennungOstdeutschlands ist'out of studyand out of question'.' 167psu de joursavant la révétationdes livraisonsd'armes tchécostovaques au régimede Nasser,le vice-ministredes Atfairesétrangères avait déclaré à Becker(ibid., Abt lll, 211.00/1,Bd 3.198,Lettre Caire(32130/55), 6 X 1955,Becker) que "Keineswegsbeabsichtige Âgypten, sich demsowjetischen Lager zu nâhern..-" 398 tout lien entreles deux reconnaissances,mais il est biencontraint d'accepter la positiondes Arabes.t6s

Confrontéà une conjoncturedangereuse, I'4.4. doit fournirde nombreuxefforts pour essayerde maîtriserà nouveauune situationqui lui échappe.C'est pourquoi,en vue d'uneproposition imminente de la part d'lsraëlet en raisonde la menacearabe, le ministèreétablit une ligne de conduiteunique. Et c'est la nécessitépolitique du momentainsi que la traditiondiplomatique allemande qui justifientI'offensive des élémentsde I'4.A.favorables aux États21s[ss.16s Dans ces circonstances,le problèmespécifique d'lsraël perd progressivementsa teneurparticulière pour être intégréaux catégoriesde pensée habituellesdu ministèredes Affairesétrangères. La période qui s'achèvedénote donc une certaine normalisationdu problèmeisraélien au seinde I'A.A.Et sur ce pointon peutobserver une analogieavec l'évolution de l'étatd'esprit israélien : à la fin de 1955et dansles premièressemaines de 1956,sous la pressiondes événements,l'État juif se déclareprêt à admettre un rapprochementavec la Républiquefédérale; si le terme de normalisation peutencore paraître inadapté dans ce cas précis,t70il semblebien que, selon Jérusalem,le caractèresensible des relationsentre les deux pays se soit suffisammentestompé pour permettre,à tout le moins,la formalisationde celles-ci.Toute proportiongardée, l'évolution est similairedu côté ouest- allemand: lsraëldevient peu à peu aux yeuxdes fonctionnairesde I'4.4. un partenairecomme un autre;il est doncpossible de refuserà ce partenairedes 168iOiO., Abt lll, Ref31ô, W 172,Document (308.210.02 92.122532 u. 2533/55)à v. Brentano,14 Xll 1955,v. Welck. 1696 volontéd'un langage unique émane principalement de I'Abteilunglll dars le but de rnettreun terme auxagissernents de fonctionnairesqui ont à coeurde voiravancer le problèmeisraélien dans le sens d'un rapprochement(i.e. Frowein).Dans le documentdu 14 Xll 1955,Welck propose ainsi que les problèmesatférents à lsraël soientpris en comptepar une Directionspéciale pour mettrefin aux imprécisionsdu mornent.ll rappelbqu'en ce qui concernel'établissement de relationsdiplomatiques avec des paystiers, c'est sa Directionquiest comfÉtente(ibid., Abt lll, 210.02,Deutsche diplomatische und 'Die konsufarischeVertretungen im Ausland,Bd 153/1,Circulaire A.A. lll, 2128152,18ll 1952: VerfÛgung des Herrn Staatssekretârssieht vor, daB fûr die Bearbeitungaller Fragen,die die Aufnahme diolornatischerBeziehungen mit anderenLândern betreffen, Abt lll zustândigist. (...)Die Zustândigkeit von Abt lll ist auch dann gegeben,wenn bei der Errichtungkonsularischer Behôrden politische 'Eine Gesichtspunkteeine Rollespielen.'), et qu'elles'occupe d'lsraël depuis le début : gegenteilige Anordnunggibt es meinesWissens nicht. Tatsâchlich werden aber die politischenAngelegenheiten bezûglichlsrael bald bei Abt lll baldbei Abt ll behandett.'Le lendernainde son intervention,une réunion des responsablesdes différentesDirections de I'A.A.donne lieu à de nouvellesdivergences, I'Abteilung ff rejetantune attitude"... ganznegativ...'face à uneéventuelle proposition de Shinnar,et les autres Directionsrefusant tout ce qui pounaitrendre encore plus difficiles les relationsavec les paysarabes. 170 Nom[çgusessont les personnesqui considèrentque les relationsentre les deux pap ne sont toujourspas normaliséesen 1995(v. parexemple la remarquede I'ancienanùassadeur ouest-allemand à Paris,Jûrgen Sudhoff : "Je suis convaincuque nous n'auronsiamais avec lsraël des telations 'nornrales'-..",in "L'Arche - Le rnensueldujudaïsnre français", N" 452,Juin 1995, p. il-55 ). 399 faveurset d'agirà son égarden donnantla prioritéà des raisonspolitiques, c'est-à-direen faisantpasser à I'arrière-plandes considérationsde nature morale.Et lsraë1,quant à lui, doit pouvoirrespecter une attitudeouest- allemandeguidée par le soucide préserverla neutralitépolitique de Bonnau Moyen-Orient. La normalisationdésirée par I'A.A.est en fait le refletd'une attitude qui concerneI'ensemble du Moyen-Orient: elle consisteà appliquerà cette région du monde des critèresqui découlentde la politiqueallemande ("Deutschlandspolitik")de la R.F.A.,aux dépensd'une politiquemoyen- orientalespécifique.171 psns I'immédiat,le résultatde cette normalisafionest que la perspectived'une conciliation entre toutes les partiess'éloigne un peu plus,ce qui aboutità favoriserexclusivement I'un des partenairesde Bonn,en I'occurrencela partiearabe.

171gùTTxsR, F., et nùruscnen,e., op cit., "DeutscheAuBenpolitik zwischen Westintegration und Deutschland-Politik". 400 3. La doctrine Hallsteinet le cas d'lsraël

3.1. La doctrine Hallstein

Le raidissementqui conduitles pays arabesà établirun lien entre la reconnaissancede l'Étathébreu par la R.F.A.et celuide la R.D.A.par eux- mêmesaurait pu être surmontécomme l'avaient été en leur temps les critiquesarabes contre la ratificationde l'accordde réparations.Mais à t'intransigeancedes Étatsarabes correspond cette fois un raidissementde la positionfédérale. Et le rejetd'une reconnaissance de la R.D.A.par les Arabes n'est en fait que I'illustrationd'une tendancegénérale qui s'affirmeet s'imposeen R.F.A.

Dèssa création,on I'avu, la R.F.A.se considèrecomme la seuleentité allemandehabilitée à représenterI'intégralité de I'Allemagneet dénietoute réalité juridiqueà I'autre État allemand.L'éloignement progressif des perspectivesde réunificationaprès l'échec des conférencesinternationales sur I'Allemagneet l'élargissementdu fossé entreles deux Étatsallemands renforcentBonn dans sa détermination.A I'intérieurde la R.F.A.cette évolutionest confortéepar le fait que I'attitudeferme du gouvernement Adenauerà l'égardde la R.D.A.est partagéepar la quasitotalité des partis ouest-allemsnclg.172 Danssa politiquede réunification,le but principalde la R.F.A.est de trouver une parade efficacecontre les velléitésde reconnaissancede la R.D.A.par des pays tiers.Un tel dangerest en etfet de plus en plus réel, d'autantplus qu'à la marchede Bonnvers sa souverainetécorrespond un processussemblable pour Berlin-Est.t73L'évolution de la situationentraîne les servicesde I'A.A.à songerà des mesuresde rétorsion;et la montée diplomatiquede I'Allemagnede I'Esttrouve rapidement une esquissede

1726'ss1 par exemple le cas du S.P.D.qui vit encoreavec la rnrque fortementanticommuniste que lui a donné Kurt Schumacher.Assez rapidement, toutefois, I'opposition S.P.D. et le F.D.P.critiquent la politiquede rapprochenrentavec I'Occidentque nÈne Adenauer,une politiquequi, seloneux, repousse un peu plusla R.D.A.dans le campcommuniste, sans proposer eux-nÉrnes une réeltealtemative. 1731'9.p.5.S., depuis le printemps1954, lorsqu'elle accorde la souverainetéà la R.D.A.(25 lll 1954), développela théorie des deux États allemandset agit pour que Berlin-Estsoit reconnu internationalement. 401 réponse,au moinssur le planjuridique.174

L'Allemagnede I'Ouestest encouragéedans sa fermetéà l'égardde Berlin-Estpar ses partenairesoccidentaux. car ceux-ci,,en dépit de I'accessionprogressive de la Républiquefédérale à la pleinesouveraineté, tiennentencore à contrôlerl'évolution globale de I'Allemagne;et dans ce cadreils souhaitentnotamment éviter de voirles deuxAllemagnes s'entendre sous le patronagede I'UnionSoviétique. L'attitude occidentale est netteà cet 'lgg{,175 égard lors de la conférencede Berlinen su momentoù les discussionssur la réunificationéchouent et où uneréflexion est lancéesur les possibilitésd'instituer de meilleuresrelations interallemandes. Molotov, pour I'U.R.S.S.,propose alors de créerdes commissionsde travailcommunes aux deuxAllemagnes. Mais les puissancesoccidentales refusent cette solution et préfèrentconfier la tâche envisagéeaux HautsCommissaires, ce que les Soviétiquesrejettent à leur[eu1.176 La tendanceoccidentale se renforceau momentde la signaturedes accordsde Parislorsque, par I'inclusiond'une déclarationsur I'Allemagnedans le texterégissant I'adhésion de la R.F.A.à I'O.T.A.N.,la non-reconnaissancede la R.D.A.est rendueobligatoire pour tousles Étatsmembres de t'OrganisationAtlantique.tzz

A partirde 1955,le problèmede la réunificationde I'Allemagnen'est plus le principalsujet de préoccupationdes conférencesinternationales désormaiscentrées sur celuide la çl(tsnfsjts Cette nouvelledonne aboutit à un durcissementde I'attitudede la Républiquefédérale : le gouvernement Adenaueret tous les partisouest-allemands désirent dorénavant coupler la

174gsns un documentdu conseillerjuridique cle l'A.A., E. Kaufmann,daté du 5 V 1954et adresséà Hallstein(cité par END,op. cit.,Chap. "Die Bundesregierung und die àuBere Souverânitât der D.D.R."), l"'Alleinvertretungsanspruch"est une fois de plusrépété (la R.D.A.n'est en effetpas un État,elle n'est qu'uneentité comnandée par le pafticommunisteest-allemand, le S.E.D.,lui-nÉme directement aux ordresde n/bscou,la R.F.A.est le seulÉtat allemand institué librenrent et ne peutdonc pas reconnaîtrele non-État,elle a été reconnuepar tous les paysquiont misfin à l'étatde guerreavec elle),et des mesures de rétorsionsont évoquées: "Wennder eine oderder andereStaat trotzdem diplomatische Beziehungen zur D.D.R.anknûpfen sollte, so kônntewohldie Bundesregierungein solchesVorgehen als 'actepeu amical'ansehenund davon die Regierung,die diesbeabsichtigen sollte, vorher informieren." 1756u 25janvier au 18février 1954. 176v. 6SR1ER,K., "Diealliierten Deutschlandskonferenzen', in SCHWARZ, H.P., (Hg), Handbuch der deutschenAuBenoolitik. Munich, 1975, 849 pages, p. 555et suivantes. 177v. 6$ggER, K.,"Die Wiedervereinigungspolitik", in ibid., p. 587et suivantes. 17812dernièreproposition soviétique de réunificationdate du 15 I 1955et est rejetéepar Adenauer. 402 réunificationavec la détenteinternationsls.lTe Mais ils rejettenten même temps les solutionsqui permettraientd'atténuer la tensionmondiale au détrimentde I'Allemagne,par la reconnaissanceofficielle de la divisiondu pays.' Le souciouest-allemand d'éviter une pérennisationde la divisionde I'Allemagneapparaît en particulierau travers du problèmedes relations diplomatiquesavec I'u.R.s.s. ces relations,souhaitées par les deux parties,180supposent en effet le maintiendu statuguo puisqu'ellessont intrinsèquementune violationde la règle que le gouvernementouest- allemands'est fixée depuis le départ;car établirdes relationsavec I'U.R.S.S., c'est entretenirdes rapportsde droitinternational avec un paysqui lui-même reconnaÎtet soutientla R.D.A.;c'est donc accepter indirectement I'existence de I'autreÉtat allemand et partantla divisionde I'Allemagne.ll revientalors à Adenauerde signifierexpressément à Moscouque I'officialisationdes relationsgermano-soviétiques ne changerien à la situationpréalafls.r8r I cettefin, dans un discourspréparé dès son retourde Moscouet prononcé devantle Bundestagle 22 septembre1955,1s2 le Chancelierénonce la règle de conduitequi s'appliquedésormais à r'égarddu problèmede la reconnaissancede la R.D.A.: c'estla "doctrins;1gllslsi6".183

Le raisonnementqui sert de fondementà laditedoctrine est simple puisquepour Adenauerle cas des relationsdiplomatiques avec I'u.R.s.s. doit demeurerune exception.Tous les autrespays sont donc prévenus: "Je dois affirmerde façontout à fait claireque (...) le gouvernement 179 Adenauerdéclare en réponseà la propositionsoviétique du 15janvier (cité par l<ônrufn, K., "Die innerdeutschenBeziehungen", in SCHWAM, H.P., (Hg), Handbuch der deutschen AuBenoolitik, op. cit., p. 587 et suivantes,p. 625) : "Wirwollen nicht das Nebeneinanderzweier selbstândiger deutscher Staaten,wir wollendie WiedervereinigungDeutschlands im Friedenund Freiheit."Heinrich von 'lch Brentano annoncequant à lui (ibid.,p. 626): kannmir eigentlich nicht denken, daB irgendjennnd gtaubt, er kônneauf dem Wegeûber Kontaktemit der Regierungvon Pankowdas deutscheProblem lôsen oder auchnur dieseLôsung erleichtern. lm Gegenteil,Kontakte mit Pankowaufnehrnen, bedeutet in der Tat die Anerkennungder SowjeEonenregierung zum mindesten als ein Faktum.(...) Sie bedeutet darûber hinaus, solche Kontaktnahmein technischenFragen auch ein politischesGesprâch. Denn es gibt doch schlechthinkein technisches Probtem, das nichtpotitischen charakter hâgt." 1s en particulierpar le Chancelierfédéral quisouhaite le retourdes prisonniersde guerreallemands encorenombreux sur le territoiresoviétique et saitque des relationsordonnées avec I'U.R.S.S. sont le seul moyend'arriver à progtesserdans la questionallemande (v. KAISER,K., "Les relationsavec l'U.R.S.S.',in MENUDIER,op. cit., 175-176). 181ce qu'il réptètelors du voyagequ'il effectue en U.R.S.S.au rnoisde septembre1955 (du I au 14 septembre).Dans une lettreadressée à Boulganine,Premier ministre soviétique, à I'occasionde l'établissementdes relationsdiplomatiques, le 13 septembre,deux restrictionssont précisées: ces relationsne signifientpas une reconnaissancedu découpageterritorial et elles ne rendentpas caduc l'"Alleinvertretungsanspruch". 182Ls gouvernementfédéral envoie le mêne jour unenote dans ce sensaux puissancesoccidentales. 183par la suite= toctrine". 403 fédéralconsidérera comme un acte inamicall'établissement de relations diplomatiques(avec la R.D.A.)de la part de paystiers aveclesquels (Bonn) entretientdes relationsofficielles, parce qu'il serait à mêmed'accroître la divisionde I'Allemagne."184

La conséquenceque la Républiquefédérale doit tirer de l"'acte inamical"n'est pas encore préciséeici. Mais très rapidementBonn a I'occasionde montrersa déterminationlsset sa réponseest peaufinéedans les semainesqui suivent.Et c'estau moisde décembreque les modalitésde la répliquesont définitivementfixées lors d'une réunion qui rassembleautour de Brentano,Hallstein et Greweles ambassadeursPfleiderer (Belgrade), Becker(Le Caire)et Meyer(New Delhi).186 Au coursde la discussion,la positionla plus ferme,soutenue par Brentanodepuis novembre,187 I'emporte sur I'attitudeplus nuancéede Greweou Hallsteip'188 le ministredécide alors que la seule mesureappropriée pour faire face aux tentationsde certains pays est de les menacerd'une rupture des relationsdiplomatiques.lse Pour Brentanoen effet,le risqueest trop grandde voir une reconnaissancede la R.D.A.,par un paysnon-aligné par exemple,tsodéclencher une avalanche d'autresofficialisations de ce type. Le gouvernementAdenauer paraît donc

184 çemplssrendus du Bundestag,2ème législature (2. Wahlperiode),pp. 5646-5647: "lch muB unzweideutigfeststellen, daR die Bundesregierungauch kûnftigdie Aufnahmediplomatischer Beziehungendurch dritte Staaten,mit denen sie offizielleBeziehungen unterhâlt, als einen unfreundlichenAkt ansehen wûrde, da er geeignetwâre, die Spaltung Deutschlands zu vertiefen." 185En novembre1955, lors d'un entretien avec I'ambassadeur yougoslave à Bonn,Brentano souligne la gravitéd'un éventuel soutien de la Yougoslavieà la demanded'adhésion de la R.D.A.à I'U.N.E.S.C.O.,ce quiéquivaudraità une reconnaissancede Berlin-Est(PA/AA, Minister Buro (Bureau du ministre),Bd 155, DiplomatischeGesprâche, Compte rendu de I'entretienHallstein/lvekovic (YU), I Xl 1955). 1866;6.,8ùroSts,Bd340,Document(Sts80/56), l6ll956,Hallstein,"Confidentiel'.Compterendude la conférencetenue à I'A.A.du 8 au 10 Xll 1955,et Textedactylographié de la conférenceà partir d'enregistrements,non communiqué dans le document(Sts 80/56) du 16 | 1956. 1871 plspesde I'attitudeyougoslave, Brentano écrit en effetle 11 novembre(ibid., Ref L 1, Document (412.243.181393271155),11 Xl 1955,v. Brentano,"Jugoslawische Vorkriegs- und Kriegsforderungen") : "lm Falleder Anerkennung der 'D.D.R.'durch Jugoslawien bliebe der Bundesregierungnicht anderes ûbrig,als die Beziehungenzu Jugoslawienabzubrechen..." 188 Q's51de cetteconférence que découlentla "doctrineHallstein" proprement dite, son extensionà I'ensembledu globeet I'acceptationde ses conséquences,même gênantes. Brentano souligne alors les sacrificeséconomiques éventuels que supposecette nouvellepolitique, mais pour lui il en va de la crédibilitédu conceptOe t'État unique opposé à lathéorie des deux États promue par I'U.R.S.S. 189Qlsvvs évoque cette décision de l'A.A.dans une interview publié dans le "Bulletin"du 13 Xll 1955.Peu après, la doctrineest encoreaffinée avec l'énumérationdes accordsqui peuventêtre acceptéspar la R.F.A.: accordsmonétaires et commerciaux,mission commerciale sans caractèreotficiel, contacts techniquessans implications politiques... La renonciationde I'lndeà reconnaîtrela R.D.A.conforte alors la justessedu choixdu gouvernementallemand qui a envoyéà NewDelhi le vice-ChancelierBlûcher pour promouvoirses idées("Stuttgarter Zeitung", 13 | 1956,"Blûcher gegen Anerkennung zweier deutscher Staaten- EineFlede vor demindischen 'Rat fûr Wettpolitik'- Gesprâche ûber die Wedervereinigung"). 190sn I'occurrenceoar la Youlgoslavieou '''n0". OOO plusque jamais résolu à rejeterla théoriedes deux États sllsrnsnfls.lsl

3.2. L'application de la doctrine Hallstein au problème des relations diplomatiques germano-israéliennes

3.2.1.Avant I'invitationà négocierde Shinnar L'élaborationprogressive des idées qui mènent à la "doctrine Hallstein"a une influencedirecte sur I'attitudede la R.F.A.envers les pays arabes,donc envers lsraê|. Et l'étudedu "problèmeest-allemand" a permisde soulignerI'extrême sensibilité de Bonnà ce qui mèneau renforcementde la positionde Berlin-Estau Moyen-Orient.Dans le contextede cette période,tsz la logiquede la non-reconnaissancede la R.D.A.s'impose donc commela seulesolution, sauf à vouloirabandonner les buts suprêmes que s'estfixés la R.F.A.,et enfermeBonn dans le mécanismede la "doctrine".

ll convientd'ajouter qu'au moment où le Chancelierfédéral énonce la "doctrine",l'A.A. lui-mêmesemble en fait déjà être dans une disposition d'espritqui exclutdéfinitivement toute formalisation des relationsavec l'État hébreu: pour la majeurepartie des fonctionnairesde I'A.A.,en vertu de la logiquedéveloppée à Bonn et dans les capitalesarabes au fil des derniers mois,une telle procédureest impossiblepuisqu'elle ne peut que favoriserla R.D.A.au Moyen-Orient. Les principesédictés par Adenauer)e 22 septembre1955 constituent un élémentsupplémentaire sur lequels'appuient les fonctionnairesdes Atfairesétrangères opposés au rapprochementavec lsraë1.Plus encore,ils consacrentla thèseselon laquelle une politiquefavorable à l'Étathébreu ne peut être que nuisibleaux intérêtsde la R.F.A.Cette confirmation autorise donc les servicesde la "KoblenzerstraBe"à franchir le pas et à dénoncer franchementles tentationspro-israéliennes qui existenten Allemagnede I'Ouest.

191 gqns une déclarationprononcée lors de la créationde I'association"L'Allemagne indivisible" ("KuratoriumUnteilbares Deutschland") le 3 Xll 1955,, le ministrefédéraldes questions allemandes,annonce que "Esgilt zu beweisen,daR die Bundesregierungsich wederdurch Verfûhrung noch durch Drohungzur Anerkennungder zwei Deutschlandbewegen lâBt. Das Nein zu den zwei Deurtschlandwerden Bundesregierung und Bundestagstets mit der gleichenKlarheit sprechen.' (KAS, DépotH.J. v. Merkatz,| 1zE,Bd 15612,J. Kaiser: Ansprachebei der Grùndungdes Kuratoriurm UnteilbaresDeutschland in Wûzburgam 3. Dezember1955). 192qu'il s'agisse de I'environnementmondial, où s'ancredéfinitivement la logiquebipohire, de la situation du Moyen-Orientoù, malgréla montéedu mouvementdes pays non-alignés,les pays communistes renforcentleur présence, ou de la sêne politiqueouest-allemande, où Adenauerreste tout-puissant. 405 Le souci d'éviterà tout prix une reconnaissancede la R.D.A.par ies Etatsarabes est présentau plushaut niveau, par exemplechez W. Hallstein. c'est ainsiqu'au coursd'une réunion de l'o.T.A.N.à paris,en décembre 1955,celui-ci souligne devant Dulles la gravitédu sujet pour justifierla raideurde la nouvellepolitique.le3 Dans le même état d'esprit,Hallstein consulteles fonctionnairesde I'A.A.au débutde janvier19561e4 et songeà des palliatifsqui permettraientd'éviter d'appliquer au détrimentd'lsraêl la doctrinequi portesen ps;p.1e5 La "doctrine"est surtoutd'actualité à I'occasiond'entretiens qui ont lieu entre Brentanoet les ambassadeurségyptisnleo et irakienle7à Bonn à la suited'un nouveau rapprochement entre le Caireet la R.D.A.198Si, au cours de ces rencontres,les représentantsarabes optent pour la modératios'1,199i I'inverse,le partisande la manièreforte qu'est Brentanofait preuve d'intransigeance.c'est ainsiqu'il annonce au représentantégyptien que "Pourle gouvernementfédéral, cette situationexclut toute actionqui renforceraitla thèse de I'Unionsoviétique qui veut que la divisionde I'Allemagnesoit une réalitédont il faut s'accommoder.Plus encore,cela exclutque la représentationlégitime du peupleallemand tout entier et la seule représentationdu peupleallemand libre200 accepte qu'un Étatou un gouvernement,avec lequelle gouvernementfédéral entretient de bonneset étroitesrelations amicales, fasse preuved'une quelconqueattitude par

193 61E1X9N,J.P., NORING, N.J. (Ed.), Foreiqn Retations of the unitedstates, op. cit.,vol XXV|, Centraland Southeastern Europe 1955-1957, 1992, 838 pages,p. 60 , Telegramfrom the Delegationat the NorthAtlantic Council Ministerial Meeting to the Departmentof State,Paris, 17 Xlt 1955,Dules: "(Hallstein)also rnentionedgranting of consularfunctions to EastGerman trade mission by Egypt.He said that FederalRepublic had threatenedto breakrelations (...), would be adamantin refusingto have relationswith any governments which recognized G.D.R., remarking there was no roomfor compromiseon this issue.(...) Secretary agreedthat only by takingstrong and clear positionon this mattercould recognitionof G.D.R.be prevented.He pointedout that FederalRepublic is strongerand that if other countrieshave to choosebetween two, they will choose Federal Republic." 194p4744, Abt lV, Bd 137,ncte (206.700.01/35 151/56) à Greute,5 | 1956,Frowein, "Confidentiet". 195 11g)çlique en effet qu'lsraëldoit comprendreles objectionsallemandes comme la R.F.A.avait respectécelles de t'Étatnébreu. ll doitavouer qu'il n'y a pasde raisonim@rieuse pour aller de I'avant dans les relationsR.F.A./lsraël à ce momentet qu'unecrise ne pourraitque rendreplus ditficileun règlernentultérieur du conflitisraélo-arabe. S'il ne s'agitque de proiégerles intérêtsou les ressortissants allemandsen lsraë|, il devraitêtre possibleselon lui de placerun fonctionnaireouest-allemand auprès d'unconsulat occidental en lsraël. 196 ibid.,Minister Bùro, Bd 155,Compte rendu entrevue v. Brentano/ambassadeurEgypte, 17 | 1956. 197;6;6., Compte rendu entrevue v. Brentano/ambassadeur lrak, 1T | 1956. 198 115'6gi1 alors de I'instaltationd'un bureaucommercial égyptien en R.D.A.(ibid., Aide-mémoire ambassadeEgypte remis à v. Brentanopar ambassadeur Egypte le 1Z| 1956). 199 its expliquenten etfet qu'un rapprochernententre leurspays et la R.D.A.n'est que le résultatdes incompréhensionset des agissementspro-israéliens de la R.F.A. 2O0;.s.ta R.F.A. 406 faquellelaZone soviétiquepourrait parvenir à être reconnuecomme État."zor

En raisonde la réponsevague que lui donnealors son interlocuteur, Brentanoinsiste, et il va mêmejusqu'à préciser qu' "En tant que membredu gouvernementfédéral, il se verraitplacé devant un problèmegrave si un pays devait non pas accorder une reconnaissancede jure (à la R.D.A.) par l'établissementde relations dipfomatiquesmais garantirà des représentantsde la Zone soviétiquedes compétences consulaires. "2o2 cependant, derrièrecette fermeté apparente,la R.F.A. semble égalementprête à nuancerson comportementà l'égarddes Étatsarabes. En effet, la déclarationde Brentanomontre en mêmetemps la faiblessede la "doctrine".Ainsi, lorsquele ministreaffirme par la suite qu"'il attache beaucoupd'importance à ce que des relationsavec un pays ne soit pas perturbéespar les relationsavec d'autrespays",203 il confirmed'une part I'impossibilitépour la Républiquefédérale d'être souple dans I'applicationde la logiquequ'elle a adoptée;et d'autrepart il montrepar ses proposque l'élémentperturbateur pour de bonnesrelations entre Bonn et les capitales arabesn'est pas tant /a R.D.A.que t'Étathébreu. La R.F.A.expose ainsi son flanc le plusfaible et offredéfinitivement cet argumentaux Arabes.

Le raisonnementcompris dans la "doctrine"est bienévidemment repris par les servicesde I'A.A.,en particulierpar l'Abteilunglll qui y voit la confirmationde ses propresvues. Ainsi, alors que l'État hébreudoit bientôt proposerI'ouverture d'une représentationouest-allemande en lsraë|,cette Directionsouligne la ditficultéde la conjoncturequi n'a plusrien à voiravec le contelte antérieurdans lequelil était possibled'attendre de façon positive uneoffre israélienns.2oa $slon I'A.A.il n'estplus possible désormais d'ignorer I'ensembledes dangersqui existent,ce qui rend nécessairela recherche

201 "gisss SituationschlieBe fûr die Bundesregierungjede Aktionaus, durch die die These der Sowjetuniongestârkt werde, daB die TeilungDeutschlands eine Realitâtsei, von der manausgehen musse.Dies schlieBe ferner aus, daR die legitimeVertretung des gesamtendeutschen Volkes und die einzigeVertretung des freien deutschenVolkes es zulassenkônne, daR ein Staatoder eine Regierung, mit der die Bundesregierunggute, enge und freundschaftlicheBeziehungen unterhalte, in irgendeiner Weiseeine Haltungzeige, durch die die Sowjetzonezur Anerkennungals Staatgelange." 202"Rts Mitglied der Bundesregierungwûrde er sichvor eineremsten Frage gestellt sehen, wenn ein Land zwarnicht eine de-jure Anerkennung durch die Aufnahmediplonatischer Beziehungen aussprechen, aber Vertreternder Sowjetzonekonsularische Bef ugnisse gewâhren wûrde. " 203"... daBdie Beziehungenzu einemLand nicht durch die Eleziehungenzu anderenLàndern getrûbt werden." 2O4ioio., Abt vil, Bd 1025,Note écrite (308.210.02 92.19 21156), 5 I 1956,v. Wetck. 407 d'un apaisement.20sEt pour I'Abteilunglll cette recherchen'est pas que du ressortde la R.F.A.;car l'Étatjuif de son côté devraitcomprendre que le momentn'est peut-être pas appropriépour aller de I'avantdans les relations germano-israéliennes. \

3.2.2. Après le 27 janvier 1956

a. La réponse de Brentano La "doctrine"conforte également dans leur opinionles représentants ouest-allemandsdans les paysarabes. C'est le cas lorsqu'enfévrier 1956, à la suite de la propositionisraélienne, les diplomatessont consultéspar la Centrale : les indicationsqu'ils envoientalors à Bonn correspondent exactementà leurs prisesde positionantérleures, avec désormaisla caution apportéepar le ChancelieTlui-rnQms.2o6

Poursa part, à la suitede la propositionde Shinnar,I'Abteilung lll participeencore plus activementaux réflexionsde I'A.A.Elle multiplieainsi les réservesenvers I'invitationà négocierde la part de t'État hébreuqui semblaitencore impossible il y a peu de tempsdu fait mêmedes lsraéliens. Elles'attache en outreà démontrerque I'acceptationpar Bonnde I'initiative de Ben Gourionconstituerait irne rupture avec la politiquemenée depuis des années.zozEt elle souligneà I'inverseque le maintiendu sfafuquo permettrait

205 Plusieursanalyses de diplomatesallemands constatent l'aggravation du conflitisraélo-arabe qui devientde plusen plusun conflitentre I'U.R.S.S. et les puissanceoccidentales (ibid., Abt Vll, Bd 1044, LettreWashington (752.06 E 361/56),15 ll 1956,Krekeler, et Note(zu 308 415/56), 21 lt 1956,VorSt). 'doctrine" 206 51dans un courrierdu Caireen particulier,la est expressémentinvoquée comme motif principalpour s'abstenir de répondrefavorablement à I'offreisraélienne (ibid., Abt Vlt, Ref ZOB,Bd 1021, LettreCaire (358/59), I ll 1956,Becker). Dans sa conclusion, Beckerécrit : "Ausdem Gesprâch ging ktar hervor,daB jede Ânderungdes gegenwârtigenStatus quo im VerhâltnisBundesrepublik-lsrael die weittragendstenAuswirkungen hinsichtlich der âgyptischenHaftung haben wûrde. lch sehe mich daher veranlaBt,auf Grundder Ausfuhrungendes Unterstaatssekretârs(Hassan lsmail, Atfaires étrangères egyptiennes)auch neinerseits nochmals zu betonen,daB vor allem im lnteræseder von unsvertretenen Politikder Nichtanerkennungder D.D.R.(souligné par nous,D.T.) alles vermieden werden muB, was am gegenwârt(]enStatus quo der Beziehungender Bundærepublikmit lsraeletwasândern kônnte." fr7 ioid.,Bd 1025,l,lote écrite (308.210.02 92.19 291/56), 4 il 1956,v. Wetck.Les fortesréticences de I'Abteilunglll semblentimprégner d'autres ministères, comme le B.W.M.qui adopte,dès te débutde février1956, une aftitude "... auBerordentlich zurûckhaltend..." à l'égard de la propositionisraélienne (BA, B 102,Bd 58 957,Note sur lsraêl(VC), 10 ll 1956,v. tvhhs). 408 de sauvegarderla neutralitéouest-allemande dans le conflitisraélo-ara[s.208

Le 14 mars 1956, la réponsepositive de Brentanoà I'invitation israéliennemarque un deuxièmepoint de convergenceentre la R.F.A.et lsraë|,après la signaturedu traitéde réparationsle 10 septembre1952. La lettrede Brentanoà Shinnarest certespositive, mais, fait important,elle ne constitueque l'évocationd'une possibilité. par cette annonce,la R.F.A. s'affirmeen effet prêteà engagerdes négociationsqui devraientpermettre I'ouvertured'une représentationouest-allemande en lsraë|.Toutefois il n'y a pas encoreaccord ni sur la naturede la représentafiqp,2oeni sur l'échéance. La réponseouest-allemande est en fait évasiveet semblen'être destinée qu'à satisfaireI'impatience d'un interlocuteurpleinement engagé dans la concrétisationd'un voeu déjà ancien.La réponsede Brentanorésulte aussi de la pressiond'Adenauer qui souhaitequant à lui resterdans la logiquedu traitégermano-israélien. Mais le caractèredilatoire de cette réponsene fait que soumettreun peuplus la R.F.A.aux pressionsdes nombreuxéléments opposésau rapprochementavec lsraël; et le soucide Brentanode procéderà des négociationssecrètes traduit en fait que son attitudeest encoresujette, potentiellement,à toutes les variations.

208tt tautici remarquerque, si I'Abteilunglll démontreavec insistance que la réservede Bonnn'est pas due à sa volontéde renforcerses liensavec les Étatsarabes (c'est ainsi qu'elleconsidère comme lantaisiste(PA/AA, Abt Vll, Bd 1025,Lettre A.A. (308.210.02 92.19 361/56) à Bagdad,21 il 1956,Voigt) f'annoncepar la presseirakienne (ibid., Lettre Bagdad (210 E 467t561,8ll 1956)d'unrefus de relations aveclsraë|"... mit Rûcksicht auf die Festigungihrer Beziehungen zu denarabischen Lândern...") ilest évidentqu'elle fait intégralementle jeu de ces pays.Ainsi, au lendemainde la nouvellerencontre entre ShinnaretBrentano, le 7lll 1956,I'Abteilung lll (ibid., Abt Vll, Bd 1024,Noteécrite (908.210.01 92.19 554/56),7 lll 1956,MarchtaleQ tient à répondreà la propositionde Blankenhorndu 5 mars(BA, Dépôt Blankenhorn,Bd 61 b, Documentde Blankenhornà Hallstein et Brentano,5 lll 1956)de mettreen place unechambre de commercegermano-israélienne. D'après elle, cette chambre de comrnercene pourrait que provoquerles Arabes,puisque son but paraîtraitévident. Elle place au mêmeniveau une administrationde ce type et un bureaucommercial est-allemand en Egypte: "... eineVerschlechterung (wâre)sehr wahrscheinlich,weil die deutsch-israelischeHandelskammer natûrlich vorwiegend konsularischeFunktionen ausùben wûrde (...), wâhrend wir unsbei den arabischen Lândern nach Krâften bemÛhenzu verhindern,daB die Handelsbûrosder sog. D.D.R. in arabischenLândern konsularische Befugnisseerhalten." Plutôt que d'installer une quelconque représentation ouest-allemande, I'Abteilung lll préconisealors l'affectation d'un fonctionnaire ouest-allemand au consulatbritannique de Haifa.Et lorsqueBrentano donne une réponse positive à Shinnar,le 14mars 1956, I'Abteilung lll persistedans ses effortsen s'ingéniantalors à dénoncerles indiscrétionscommises par ia missionisraélienne de Cologne qui désireprécipiter les choseset exposeainsi la R.F.A.à desrepresailles arabes (l'Abteilung lll indique à proposd'informations parues dans la presseà ce propos(ibid., Abt Vll, Bd 1025,note (308.210.02 92.19626/56), 14 lll 1956,Marchtaler) : "Die Araber werden daraus die Folgerungableiten, daB sie ihrerseitsnun keinenGrund nehr hâtten,den Handelsbûrosder D.D.R.konsularische Befugnisse nicht zugestehen."). 209L'État hébreu est encoreopposé à des relationsdiplomatiques normales. Le choixporte donc sur un simplebureau comnercialdestiné à menerà biendes tâches imposées par le déroulementdu traitéou sur un consulatqui devraitpermettre de cumulerces attributionsavec des prérogativesadministratives destinéesà pallierles lenteursdu systèmealors en place(representation des intérêtsconsulaires ouest- allemandspar la Grande-Bretagne). 409 Vouéesà être confidentielles,les négociationsqui doivents'engager entre Bonn et Jérusalemfont I'objetde nombreusesrumeurs dont le but apparentest de saboterle processusà venir. Les informationsqui confirment ou infirmenf210ls perspectiveprochaine de relationsentre la R.F.A.et lsraël poussentles autoritésdes paysarabss211 et leursreprésentants à $snn212i multiplierleurs interventions;et le raidissementde ceux-cirenforce les craintesdes Atfairesétrangères allemandes.213 L'A.A. saisit bien la distinction désormaisétablie par tes Étatsarabes entre des relationsdiplomatiques et la présenced'une simple mission commerciale ouest-allemande en lsraël;mais le ministèretient tout de mêmeà préciserqu'aucune option n'a encorefait I'objetd'une approbation de la partde la R.F.A.214C'est dans le mêmeétat d'espritque I'A.A.repousse fermement les exigencesde F. Bôhmqui réclame une réponsepositive à la propositionis1sflisnns.215

b. La conférence d'lstanbul La réponse définitivede Bonn à I'offre israéliennedu 27 janvier dépenden faitd'une consultation organisée au moisd'avril 1956: la réunion organiséeà lstanbul,à I'initiativede I'ambassadeurà Bagdad, von Fôrster,de tousles ambassadeurs de R.F.A.au Moyen-Qpisnt.216 Cetteréunion de caractèreexceptionnel a pourbut principalde dresser le bilande I'actionallemande au Moyen-Orient.Elle est aussidestinée à constaterl'évolution politique des pays concernés,notamment face à l'offensive,idéologique et économique,ainsi que de I'aidemilitaire des pays de I'Est.21zElle doit enfin permettreune meilleureconcertation par le biais d'undébat entre l"'état-majod' et lg "fJgpl".218

210"p13nçlurter Rundschau", 23 lll 1956,"Botschafteraustausch mitlsrael noch nicht aktuell". 211p444, AbtVtt, Bd 1025,Tétégramne Caire (100), 26 ilt 1956,Becker. 212i6i6.,note (308.210.02 92.19 709/56), 22 ilt 1956,Voigt. 213;5;6., Télégramme Caire (109), 27 lll 1956,Becker. La pressesyrienne demande "... daB Syrien eine Anerkennunglsraels durch die Bundesrepublikmit einer Anerkennungder D.D.R.durch Syrien beantwortensolle." 214 ;616.,note (308.21 O.02 92.1977 6t56), 29 I| | 1956, Voigt. 21515;6.,Minister Bùro, Bd 130,Beziehungen der Bundesrepublik Deutschland zu denLândern im Nahen Osten,Lettre F. Bôhmà v. Brentano,19 ll 1956,v. aussisupra. 216 ;5;6.,Abt lll, Ref 316, Bd 172,Lettre Bagdad (210 2051/55), 2 Vilt 1955,v. Fôrster.Sont présents, entreautres : Richthofen(Djeddah), v. d. Esch(Damas), Bidder (Addis Abeba), de Haas(Khaftoum), Becker(Le Caire),v. Schubert(Amman), Nôhring (Beyrouth), Quiring (Kaboul), Podeyn (Karachi), Gielhammerf[éhéran), Hallstein, v. Welck,Voigt, Melchers, Grewe, Trùtzschler, Weber et Harkortde I'4.4. 217ppr17g, Bùro Sts, Eld 339, Programm der Nahost-Konferenz in lstanbul vom 3.-7. lV 1956(303.210.02 Konf545/56). 'Front'und'Stab"' 218"'hgsbesprechung'zwischen (ibid.,Rapport sur la "Nahost-Konferenzin lstanbul (3-7lV 1956)"(Sts 627ts61. 410 Pourleur part, les problèmesd'lsraël et de ses relationsavec la R.F.A. ne figurentpas à I'ordredu jour des débats.Mais ces questionsn'en constituentpas moinsdes préoccupationsessentielles pour les personnes présentesà lstanbuldont la réunionest elle-mêmela prolongationde la premièreconférence de Bonnde décembre1955.21s

Dès le départ,les débatsde la conférenced'lstanbul sont orientés : les documentspréliminaires insistent sur le fait que les comptesrendus des ambassadeursdoivent présenter la situationdes différentspays sous I'angle particulierd'une réplique à I'offensiveidéologique et commercialedu bloc soviétiqueau Moyen-Orient.ll s'agit donc d'appliquerla "doctrine"à cette régiondu mondeet de mettreau pointune politique qui puissey sauvegarder et développerles intérêtsouest-allemands. Au débutdes discussions,après avoir souligné les caractéristiquesde la situationgénérale,22O les ambassadeursprésents à lstanbulexaminent les attitudess6çiçlsn[slg221 et soviétique.zzzEt selon eux, le contexte du printemps1956 est principalementmarqué par le développementde la présencecommerciale du blocsoviétique au Moyen-Orient.Mais d'après les différentstémoignages, cette évolutiondébute à peine et constituele préalableà une présenceidéologique plus forte. Et dans ce domaine,le dangerest d'autantplus grand que le ressentimentanticolonialiste est savammentexploité par I'U.R.S.S.et lesdémocraties populaires. Les diplomatesouest-allemands décortiquent ensuite le schémade la politiquesuivie par les pays de l'Est : en règlegénérale, ceux-ci établissent d'aborddes contactscommerciaux pour arriver par la suite à des relations diplomatiques.ce système,au départpeu efficace,a fait ses preuves;car la conclusiond'accords commerciaux n'a pourbut que de lier un peu plus le partenaire,en le convainquantde la bonnefoi des pays socialistes.Dans I'actioncommune des paysde I'Esttelle que la décriventles représentantsde

2191ssÉtats atabes sont également conscients de la portéede cetteréunion (PA/AA, Abt Vll, Bd 1025, TélégramrneCaire (108), 4 lV 1956,Schirmer, pour Becker à lstanbuletAbt Vll, Bd 1044,Télégramme Damas(12), 5 lV 1956,Ringelmann) et tententde pesersur la decisionfinale à I'aidede nouvelles rumeursreprises par la presselocale ( ibid.,Abt Vll, Bd 1025,Lettre Amman (210 E 1056/56),4 lV 1956et LettreDjeddah (335 1806/56), 9 lV 1956,Stetfen)ou ouest-allemande ("Die Welt", 4 lV 1956,"Nasser warntdie Bundesrepublik.Gegen Beziehungen zu lsrael"). 220Rapport sur la "Nahost-Konferenzin lstanbul...": une zonede tensionavec le problèmedes champs pétroliers,bouleversements continuels depuis l'effondrement de l'Empireottoman, des pays sous- dévelopçÉsaux besoinsénorrnes, passion nationaliste et complexede su@riorité,nnis absenced'unité. 221 lsnhtivs de replacerle Moyen-Orientdans le systèmeglobal d"'endiguement" (Middle East Defense Organization,pacte de Bagdad...). 22mise en placede relationscomnerciales et de contactsmilitaires. 411 Bonn,la R.D.A.possède à leuravis des atoutsou profitede présupposés favorables.Ceci renforcenaturellement le dangerque Berlin-Estreprésente pourla R.F.A.puisque "La prétendue,'R.D.A.'est miseà contributionau Moyen-Orientavec un succès particulier,avec I'utilisationdes sympathiestraditionnelles et présentesde manièrepeu différenciéedans les couchespopulaires (...) pour tout ce qui est allemand,un problèmeauquel le gouvernementfédéral et les représentationsà l'étranger doivent porter la plusgrande sfts;11is1."223

Les participantsà la réuniond'lstanbul poursuivent leur constaten remarquantque le dangercommuniste est loind'être le seul,car s'y ajoute celui qui émane des pays arabeseux-mêmes; ceux-ci répondent en effet souventfavorablement aux propositionsdes pays de I'Esten vertu d'un raisonnementtrès simpliste: quiconqueest I'ennemid'lsraël est par là même leur ami.224En outre,leur connaissancedes problèmesspécifiques de I'Allemagnereste souvent limitée,225 d'où une grandelégèreté de leur part dans le traitementde la questionallemande. Les diplomatesconstatent toutefoisque, dans l'ensemble, les pays arabes ne raidissentpas leurattitude de leurpropre initiative mais que cetteévolution est souventle résultatd'une pressiondes pays de I'Estou biendu rapprochemententre la R.F.A.et lsraë1.

Sur Ia base de ces constatations,et pour faire face à I'offensive communiste,en particulierà cellede I'Allemagnede I'Est,les diplomates préconisentune politiqueadaptée à I'ampleurd'une tâche qui, d'après eux, est d'autantplus importanteque, tel est leur avis,c'est désormaisBonn qui

223 "y;1 besonderemErfolg wird in Ausnutzungder traditionellen,zumindest in den breiten 'D.D.R.' Volksschichtenwenig ditferenzierten Sympathien fûr allesDeutsche, die sog. im NahenOsten eingesetzt,ein Problem,dem seitensder Bundesregierungund der AuslandsvertretungengrôBte Aufrnerksamkeitzu widmenist." 224Document (454/56gehll),28 Vl 1956,Schnippenkôtter, transcription des interventionstorsde ta conférencedes ambassadeurs.V. interventionde v. d. Eschà proposde la Syrieet cellede Beckersur I'Egypte. 225 Beckerécrit à proposde l'Egypte: "lchmochte beinahe sagen, daB auBer im AuBenministerium,bei einigenJoumalisten und Ministern das Problem kaum verstanden wird.', 412 représenteles intérêtsoccidentaux au Moyen-Orisnt.226Selon I'analyse faite par les participantsà la réuniond'lstanbul, en effet, les puissances occidentalesautres que la R.F.A.sont très nettementhandicapées dans leur pofitique moyen-orientale,227 alcirs que la R.F.A.jouit pour sa partauprès des paysde la régiond'une bonne réputation due pourune largepart à I'absence d'un passé colonialisteou impérialiste.2nAprès avoir procédéà cette analyse,les diplomatesévoquent alors les moyensqui permettraientà I'Allemagnede faire face efficacementà I'urgencede la situation22eet proposentdes mesuresconcrè[9s.230 ll ne faudraittoutefois pas se méprendre ici sur les intentionsdes diplomatesréunis à lstanbul: ils ne préconisentà aucunmoment que l'Allemagnefasse cavalier seul; au contraire,dans leur désirde voircouronnée de succèsla campagnequ'ils envisagent, ils insistent avanttout sur la nécessitépour I'Occident de fairepreuve d'unité, seul moyen de lutterefficacement contre I'offensive soviétique.

226 11ss1 intéressant de remarquerque lesdébats, en particulierles déclarationsde Hallstein,sont de constantesprises de positionen faveurd'une action qui montreque la R.F.A.sert etfectivementles intérêtsoccidentaux, qu'elle fait bienpartie du mondeoccidental et n'estpas tentéepar une politique aventureuse.Hallstein déclare par exemple(Document (454156 geh ll), 28 Vl 1956,Schnippenkôtter) : "Der Gedanke,wir wolltenuns die Môglichkeiteines verhâltnismâBigfreien Spielsmit dem Osten vorbehalten,liegt (bei den westlichenAlliierten) (...); wir mûssenihm daher immer wieder aufklârend entgegentreten."Dans le contextemoyen-oriental, les Etats-Unisvoient depuis quelque temps en la R.F.A.non seulement une représentante du rnondeoccidental mais aussi un paysqui doit contribuerà instaurerla paixau Nloyen-Orient.C'est ainsi que le 17 X 1955,après la révélationdes livraisons militaires tchécoslovaquesà I'Egypte, le ConseilNational de Sécuritédes Etats-Unisréfléchit sur les mesuresà prendrepour éviter toute attaque préventive, en particulierde la partd'lsraél ("Memorandum from the ExecutiveSecretary of the NationalSecurity Council (Lay) to Membersof the Council,Washington", in GLENNON,J.P., NORING, N.J. (Ed.), Foreiqn Relations of the UnitedStates, op. cit., Vol XlV,Arab- lsraeliDispute 1955, 1989, 929 pages, p. 592et suiv.)et prévoitde proposeraux paysoccidentaux un blocagede I'aideéconomique aux différentspays. Parmices mesures figurent un arrêtdes livraisons ouest-allemandesà lsraêl (p. 597: "... an embargoby the Westernpowers would in timereduce lsrael or any of the contiguousArab states to surrender(...) an embargoof US blockingof lsraelwould be reinforcedif the FederalRepublic of Germanyceased its reparationspayments..."). 227 1s Grande-Bretagne,depuis qu'elle s'est retirée de la zonedu CanaldeSuez, a perduencore plus d'influence;les Etats-Unisne peuventpas menerune politiquetrès précisedu fait de leursintérêts divergents(intérêts sionistes à respecterau monent des élections,respect des politiquesbritannique et française...). 228qqppel sur la "Nahost-Konferenzin lstanbul..." : "Deutschland hat (...)indirekt die nationalistischen Bestrebungenin diesenLândern gefôrdert.", référence aux relations entre I'Allemagne nazie et certains mouvementsindépendantistes arabes dirigés contre les Britanniquesdu tempsde la Deuxièmeguerre mondiale. 229 115'sgit de pratiquerune politiqueéconomique libérale et de ne pas essayerde copierles méthodes du bfocsoviétique. D'autre part, la R.F.A.se doitd'agiret nonsinplenenlde réagir,elle doit s'etforcerde pratiquerune politique flexible et pragmatiqueet respecterla neutralitédans les différentsconflits. Un effort particulierdoit être fournidans la connaissancede la mentalitépropre de chaquepays et il s'agit avanttout d'éviterde couplerla politiquecommerciale et la politiquepure : le'Trade not aid" pratiquéen principepar les pays de l'Estdoit l'êtreaussi par les Occidentaux. 230 Ssnlcités : I'aideéconomique (la politiquene vientqu'en second lieu) pour faire de ces paysdes partenaires,une aide accordéeen fonctionde critèrespolitiques (comme dans le cas du barrage d'Assouan)devant rester limitée;I'aide technique dont les conséquencespolitiques ne sont pas négligeables;les contactspersonnels, auxquels est rattachéela politiqueculturelle. 413 Après la présentationglobale des problèmeset perspectivesqui s'ouvrentà I'Allemagneau Moyen-orient,la suite des débatsde la conférenced'lstanbul est influencéedirectement par la doctrineHallstein. Car en parallèleà une politiquequi doit servir les intérêtsoccidentaux,.les représentantsde la R.F.A.ont le soucid'éviter ce qui pourraitaggraver la divisionde I'Allemagne;231et ce souciconduit naturellement les diplomatesà aborderle problèmedes relationsavec lsraëltel qu'ilse poseen fonctionde la situationspécifique de I'Allemagned'après-guerre. Avant toute chose, les diplomatesouest-allemands dénoncent naturellementune nouvellefois très fermementle lien établi par les États arabesentre les reconnaissancesde la R.D.A.et de l'Étathébreu. Mais au coursde l'échanged'idées qui suit,il leurfaut reconnaîtrequ'au regard de la situationpréoccupante qui règnepour I'Allemagne au Moyen-Orientdans son ensemblele problèmeisraélien paraît d'une importancedérisoire : car son aspectmoral -quelle que soitson importance-n'a que peu de poidsface aux intérêtspolitiques de la R.F.A.232 Dansla suitede la discussion,Hallstein souligne que le 14 mars,par la réponsede Brentano,la R.F.A. ne s'est pas engagéetotalement. car I'Allemagnede I'Ouesta apportéà son consentementà des relations diplomatiquesavec Jérusalemdeux restrictionsde taille qui concernentla date d'ouverturede sa représentationen lsraëlet les tâchesqui doiventlui incomber.Par ailleursau cours des conversations,alors que Melchers (Abteilunglll) insistesur I'incompréhensiondont feraient preuve les Arabessi les Allemandsouvraient une représentationdiplomatique en lsraël,Becker (Le Caire)met pour sa partI'accent sur le dilemmeauquel est confrontéela R.F.4.233Nôhring (Beyrouth) remarque de son côté que, dans cetteaffaire, c'est un pointde vue politiqueet non juridiquequi doit I'emporter,argument qui renforceRichthofen (Djeddah) dans sa remiseen cause du principe, pourtantacquis par I'A.A.,d'une solution intermédiai1s.23a Aprèsque Gielhammer(Téhéran) eut remarquéque "rien ne pourrait

231 y. interventionde Hallstein(bilan intermédiaire) in Document(454/56 geh ll),2g Vt 1956, Schnippenkôtter,transcription des interventionslors de la conférencedes ambassadeurs. 232peul DEUTSCHKRON(op. cit.), les Allemandssavent à partirde ce momentqu'lsraèt a besoinde I'Europeoccidentale et ne peutpas_se détourner de la R.F.A.,et il ne leurparaît pas indispensabled'avoir des relationsdiplomatiques avec l'État nébreu. 23f| Becker: "Die neue lsraelpolitikmit der Politikder Nichtanerkennungder D.D.R.zu vereinigen, bedeutetdie Quadraturdæ Kreises." 234Ricntnoten : "Es erhebt sich (...) die Frage,ob nichtdie Verknùpfung der Aufnahme von Beziehungen mitdem Reparationsvertrag,an demsich die Araberendlich gewôhnt haben, besonders ungùnstig ist, ob es nichtpsychologisch geschickter wâre, anstatt jetzt diesezwitterhafte Dienststelle zu errichten,zu gegebenerspâterer Zeit in klarerForm nonrale Vertretungen auszutauschen.' 414 compenserles dégâtsde la reconnais5sl'1çs"235de la R.D.A.,la discussion s'orientevers le choixqu'il convientde faire.Si les ambassadeursréunis à lstanbulpenchent pour un reportmomentané de la décision,il leur apparaît cependantnécessaire que Bonnévite de donnerl'impression de faire une concessionaux Arabes;car celarisquerait de nuireà I'imagede la R.F.A.tant auprèsdes Arabesque des lsraéliens.C'est pour cela que I'argumentchoisi pour justifierI'objection de Bonnà la propositionisraélienne d'ouvrir une ambassadereste alors celui de I'infiltrationsoviétique au Moyen-Orient. Malgré la tournure des discussionsd'lstanbur, r'idée d'un rapprochementavec lsraëln'est pas encoredéfinitivement abandonnée. Les fonctionnairesréunis sur le Bosphoredécident en etfetde sonderles Arabes afin de savoirquelle pourrait être la solutionacceptable à leursyeux. C'est à cettefin que plusieursparticipants précisent que la R.F.A.devrait établir une distinctionentre "la reconnaissanced'un État, la reconnaissanced'un gouvernementet l'établissementde relationsdiplomâtiques";2s6 ainsi on espèresusciter une réflexiondes Arabessans courirpour autantle risque d'uneréaction brutale de leurpart.

La conférenced'lstanbul est pour les responsablespolitiques et les hautsfonctionnaires de I'A.A.surtout le moyende fixerpour le Moyen-Orient une lignede conduitequi correspondeau contextedu printemps1956. C'est aussidans cette optique qu'à son retourde TurquieHallstein convoque une nouvellefois les fonctionnairescompétents afin d'insisterdevant eux sur les nombreuxintérêts économiques, culturels et militairesde la R.F.A.dans la région.2szselon lui, commela margede manoeuvrede Bonnest étroite,la Républiquefédérale doit assumer les risqueséconomiques que supposeune aide,justifiée par des préoccupationspolitiques, aux pays de la,région.La conclusionde sa démonstrationest claire : la Républiquefédérale s'avoue prêteà des sacrificesmotivés par I'importancepolitique du Moyen-Orient;et elle est disposéeà s'intéressermoins à ce qui ne relèvepas de "raisons impérieuses",c'est-à-dire au rapprochementavec lsraë|.

Le souci de s'engagerdavantage du côté des États arabes et la logiquede retraità l'égardd'lsraël que cette optionsous-entend apparaissent

235"Es gibt keinenNufzen, der demSchaden der Anerkennungaufwiegen kann." 236 "p26s;kann man unterscheidenzwischen der Anerkennung eines Staates, der Anerkennungeiner Regierung,und der Aufnahmediplomatischer Beziehungen." 237i56., Informationsgesprâchmitsts ProfDr Hallsteinam Freitag,13. April 1956. 415 plus nettementencore dans un texte de Voigtqui tire les conclusionsde la réflexionmenée à lstanbul.238Le fonctionnaire de I'Abteilunglll reprendalors la descriptiondu contextedu Moyen-Orientpour remettre en causela lettrede Brentanoà Shinnar,tout en faisantécho aux interrogationsdes diplomates ouest-allemands.ll paraît même désormais acquis que, si I'hypothèsed'un simplebureau commercial ouest-allemand pouvait encore être acceptéeà la fin de I'annéeprécédents,23e sslls-ci est à présentégalement exclue.2,to Pour justifierson point de vue, Voigtcommence par mentionnerles argumentstraditionnels pour se dire désoléde I'amalgameétabli par les Arabesentre les deux reconnaissances.Et il ajouteque si la décisionne dépendaitque de la R.F.A.,celle-ci refuserait avec détermination la pression arabeet reconnaîtraitl'État hé[1su.2a1 Mais, souligne-t-il, la R.F.A.ne peutpas se conduirecomme si elle étaitseule. Elle ne peut pas agir égoïstementet pousserles paysarabes dans les brasde I'U.R.S.S.,car cela reviendraità anéantirles dernièreschances occidentales au Moyen-Qyisnl.2az La conclusionque tire Voigtdes constatationsauxquelles il procède est évidenteet suit parfaitementla "doctrine": si la Républiquefédérale se rapproched'lsraë|, sous quetqueforme que ce soif, les Étatsarabes mettront leursmenaces à exécutionet reconnaîtrontla R.D.A.Dans ce cas, Bonndevra rompreavec eux, ce qui signifierala fin de toute présence,occidentale en généralou allemandeen particulier,au Moyen-orient.or la R.F.A.ne peutse permettrede prendreune si lourderesponsabilité, d'où la remarquedu fonctionnaire: "ll apparaît( . ) nécessairede se demandersi le momentest le bienvenude mettreà exécutionla promessefaite dans la lettredu 14 mars,

238;56.,Note écrite de Voigt"Lage im NahenOsten : lsraelfrage",lV 1956,"Secret". 239ioic., Abt ilt, Ref316, Bd 172,Note écrite, 23 Xt 1955,v. Wetck. 240"4ngssiçhts dieser Gesamtsituation haben unsere Missionschefs im NahenOsten einmritig und mit eindrucksvollenArgumenten darauf hingewiesen, daB sie ernsteZweifel hâtten, ob sie dazu raten kÔnnten,jetzt in lsraeleine Art Pendantzur lsrael-Missionin Kôlnzu errichten,wie dies in dem mit Zustimmungdes Herrn Bundeskanzlersan Herrn Shinnar gerichtetenBrief des Herrn BundesauRenministersvonBrentano vom 14. Màrz in Aussichtgestellt worden ist." 241 "... wir kônnenkeinesfalls unsere Entschlûsse von Entscheidungender Kabinettein Kairo, Damaskusoder Riad abhângig machen. Das wâre unserer nicht wûrdig." 2A2 g'eru116éléments permettent de soulignerla préoccupationde Bonnà cette époquede représenter les intérêtsoccidentaux au Moyen-Orientet de participerau processusde paix. AinsiAdenauer évoque dansses mémoires(ADENAUER, K., Erinnerunqen- 1955-1959, Stuttgart, 1967, 551 pages,p. 136) l'éventualitéd'une visite de Nasserà Elonnau printemps1956 à I'occasionde laquellela R.F.A.aurait pu intervenirdirectenrent : "Nasser hatte im Frûhjahr1956 zu verstehengegeben, daB er gerneinmal nach Bonnkâme. Das AuswârtigeAmt setztesich mit Englandin Verbindung.Die britischeRegierung riet dringenddavon ab, Nassereinzuladen. Es wurdenichts unternomrr€n. Mir wurdezu spât hiervon Mitteilunggemacht. Dulles, dem ich von der Angelegenheitberichtete, bedauerte gleichfalls diesen Verlauf.Die Bundesrepublik war nichtdurch die Vergangenheitin ihrenBeziehungen zu denarabischen Staatenbelastet, und ich erblicktegute Chancenfûr uns, mit Nasserauf den verschiedenstenGebieten zu einerZusammenarbeit zu komrnen." , 416 non pas en raisonde la pressionarabe mais uniquement ( . ) à causede notreresponsabilité qui découlede la situationgénérale."z+s

La questionposée par Voigtobéit à la logiquede toutesles prisesde positionantérieures. Mais la conclusiondu documentcomporte une maladresseou un aveu de faiblesseque le fonctionnairene consentpas à exprimerclairement et qui découledes discussionsd'lstanbul. En effet,écrit-il, la modificationde la positionouest-allemande par rapportà la réponse positivede marsn'est pas la preuved'un reculdevant la pressionarabe; elle corresponden fait à une prisede consciencede sa tâchepar une R.F.A.qui est souveraineet qui, de surcroît,représente de façon quasi-exclusiveles intérêtsoccidentaux au Moyen-Orient.Mais le fait de préciserici qu'ilne s'agit pas d'un reculn'est-il pas I'aveumême d'une concession? Et Bonnest-it en mesurede releverle défi évoquépat Voigl?244

La réponsedéfinitive de Bonn à la propositionfaite par Jérusalem d'établirdes relationsdiplomatiques est transmiseaux lsraélienstors d'un entretienentre Shinnar et Brentano,le 14 mai 1956'2a5 ls ministreannonce à cetteoccasion à son interlocuteurque la R.F.A.ajourne sa décisiond'installer en lsraëlune représentation,et que cet ajournementvaut égalementpour I'ouvertured'un bureaucommercial aux compétenceslimitées au cadredu traité.Brentano précise cependant à son interlocuteurque Bonnne renonce pasau projetd'installer une représentationsur le territoirede l'Étatjuif, mais il souligneaussi que la consultationqui a eu lieuà lstanbula révéléque pour la R.F.A.comme pour lsraël il étaitpréférable d'attendre un momentplus propice

243"es erscheint(...) nôtig, sich zu fragen,ob jetztder richtige Zeitpunkt wâre, die Zusagendes Briefes vom14. l,Itarzzu realisieren,nicht wegen arabischen Druckes, sondern einzig und allein wegen unserer ausder Gesamtlage sich ergebenden Verantwortung." 2'14 S'it est vrai que l'Occidentest en pertede vitessedans cette partie du monde,il paraîta priori illusoirede voir la R.F.A.prendre le relaisdes autrespuissances, d'autant plus que Bonnsouligne dès cetteépoque qu'il n'a pas là d'intérâpolitique direct. En outre, la R.F.A.se placeimpliciternent en position de subordonnéeà l'égarddes Étatsarabes et leuroffre ainsi la possibilitéd'utiliser i'argument par la suite (lorsde la conférenced'lstanbul, un tel dangeravait été soulignépar v. d. Esch,et Hallsteiny avait réponduainsi : "Dasist richtig,aber diesen Nachteil mûssen wir in Kaufnehmen." in Document(454156 geh ll),28 Vl 1956,Schnippenkôtter, transcription des interventionslors de la conférencedes ambassadeurs). Lefonctionnaire de I'Abteilunglll expliqueenfin que le seulproblème en suspensest de convaincrel'État hébreude bienvouloir admettre que le nnnent n'estpas favorable à l'établissenentd'une représentation comrnercialeouest-allemande. Et si I'Allemagnede I'Ouestrespecte la paroledonnée, ilest bienclair à ses yeuxque l'échéancedoit être reportéejusqu'à ce que la situationpermette la reprisesans risque du projet.Mais en fait, d'aprèsI'Abteilung lll, il ne devraitpas être trop difficilede faire comprendrela situationaux lsraéliens,le gouvemenentde BenGourion étant plus en mesuredésormais de comprendre les argumentsde la raison: il en va en effetde la paix du Moyen-Orient,ce qui devraitégalement intéresserl'État hébreu. 245;5;6., AbtVll, Bd 1024,Note écrite (zu 308.210.01 92.191100/56), 11 v 1956,v. Wetck,document de préparationà la rencontredu 14 nni. 417 pourformaliser définitivement les relationsgxi51snlss.246 Quelquesoit I'interprétationque I'on puisseen donner,ra réponse définitivede Brentanoest bien une fin de non-recevoiropposée à la propositionisraélienns247 et elle prouveque Bonnse place désormaisen retraitpar rapportà la lettredu 14 marsqui avaitconsacré le rapprochement entrela R.F.A.et lsraë|.Les considérations sur le passénazi de I'Allemagne, qui avaientinspiré le courrierde Brentanoà Shinnar,conservent certes toute leur validité;mais désormaisles impératifsliés au présentet aux intérêts particuliersde la Républiquefédérale sont prioritairespour le gouvernement fls E!6nn.2a8

Épilogue : La réaction israétienne aux réflexions ouest- allemandes

A I'automne1955, après I'entréeen vigueurde la "doctrine",les autoritésisraéliennes ne semblentpas considérerla nouvellepolitique de Bonnà leurégard comme un dangerpour le rapprochementavec la R.F.A.24e Pourelles, dans tous les cas, il est indispensablequ'lsraël se rapprochede Bonnafin de faireface à un isolementlocal et mondialde plusen plusgrand.

246Ls principalargument invoqué est la conjoncturesensible : pousséesoviétique au Moyen-Orient, effortsde DagHammarskjôld, secrétaire généralde l'O.N.U., pour aniver à un règlenrentde paix. A proposde ce refus, l. Deutschkroncherche à nouveauune explicationdans le passédes fonctionnairesde I'A.A.,et en particulierdans celuide Voigt; elle écrit en effet:"(Der)eigenfliche(...) Verfasser(...) war der Chefder Nahostabteilungim AuswàrtigenAmt von 1953bis 1962,Voigt. Voigts Neigungengalten ohne Zweifel mehr den Arabern."(DEUTSCHKRON, 1., lsraelund die Deutschen,op. cit.,p. 110).Si le jugementde Deutschkronest valablejusque là, ses informationssont plus imprécises par la suite,lorsqu'elle explique les sympathies arabes de Voigten écrivantà son propos: "... von 1936 bis 1938,also wâhren der ÀraRibbentrop, Konsul in Jerusalem(...) und sprach flieBend arabisch." En fait, si I'onen croitla biographiede Voigtdisponible à l'A.A.,celui-ci ne fut pas en posteau Moyen-Orientà ce moment.Par ailleurs ("'Das Verhatten der bundesdeutschenPolitiker...", op. cit.)Deutschkron attribue à "Vogt"(sic) la fonctionde consuld'Allemagne à Haifaà la mêmeépoque ainsi que l'organisationd'une sectiondu partinazi dans cette ville;or le postede consuld'Allemagne à Haifaest alorsoccupé par W. Mefchers(PA/AA, Abt lll, Bd 172,Lettre de Bagdact(211 lsr 855/55),21 lll 1955,Melchers et biographie de Melchersqui indiqueque c'est celuiciqui meten placele consulatde Haifaà partirdu 14 ll 1938)et Voigtn'entre au N.S.D.A.P.que le 1erXt 1939. 247 rrr6r;lssi, dans I'espritdes gouvernantsouest-allemands, le reportn'est que provisoire. 248 La pratiqueconfirme rapidement la décisionouest-allemande: peu de jours après la réponse définitivede Brentanoà Shinnar,la R.F.A.a I'occasionde mettreen pratiqueI'aftitude définie au cours des réflexionsd'lstanbul. Lors de la rencontre,vivement soutenue par I'A.A. (BA, Archivesde la Chancellerie,Bd 2068,Notice de I'A.A.(Ref 11)à Adenauer,14Y 1956),entreAdenauer et AnouarEl Sadate,le plus prochecollaborateur de Nasser,le ministèredes Affairesétrangères dicte au Chancelier la conduiteà tenir (ibid.,Lettre de I'A.A.(1153/56) à la Chancellerie,17 V 1956).Et torsqueSadate expliqueet insistesur le fait que la reconnaissancediplomatique d'lsraël par la R.F.A.serait très difficilementacceptable par I'Egypte,Adenauer répond en déclarantque, en cette périodede tension,la R.F.A. s'abstiendrade tout ce qui pourraitaggraver les antagonismes,c'est-à-dire de toute reconnaissanced'lsraèl (ibid., Rapport visite Sadate (11.04.001 1g0g/56 il), 24 v 1956). 249 h 6srnsndeisraélienne est elle-rnêmepostérbure au discoursd'Adenauer du 22 lX 1955. 418 De plus,comme cela a été signalépar ailleurs,le momentparaît favorable : les échos aux consultationsisraéliennes de 1955 sont plutôt positifset répondentaux attentesde Jérusalem.Cette situation amène l'État hébreu à effectuersa demandele 27 janvier 1g56,avec en apparencede réelles chancesde réussite.

Quelles sont les réactionsisraéliennes face aux hésitations allemandes? Dansualrs un premlerpremrerremps,temps, vu llmponanceI'importance pour tsonnBonndecle la décisionà prendre,lsraèl ne s'inquiètepas du retardde la réponseouest-atlemande. De plus,l'État juif comprendque la R.F.A.se méfied'une opinion publique israéliennedont elle ne connaîtpas grand-chose.De ce fait les hésitations allemandessont considérées comme normales en lsraë|. La lenteurdu processusde réflexionqui a lieu ensuiteen Allemagne devientplus alarmanteaux yeux de Jérusalemà partirdu momentoù il apparaîtque I'atmosphèreà Bonn n'est plus la même qu'en 1955.c,est pourquoiles informationstransmises à Jérusalempar la missionisraélienne ou par N. Goldmann25osont accueillies avec inquiétude en raisondu délaide plusieursmois prévupar les observateursavant une éventuelledécision allemande.Très rapidementen outre,la missionisraélienne de Cologne prendconscience des raisonsréelles qui poussentla R.F.A.à ne pas se décider et à opposer des démentis aux nombreusesrumeurs de rapprochementgermano-israélien.2s1 Face à cettesituation nouvelle, Shinnar rechercheI'appui d'un maximumde personnespour parvenirà une issue satisfaisanls.212Et il agit en accordavec N. Goldmsnp253qui tente de son côté d'obtenirle soutiend'Adenauer,2s4 mais doit constater,lui aussi, I'oppositionçls l'fi.fi .2ss

250 v. télégramnedéjà cité de Goldmannà Sharettdu 13ll 1956sur tereport désiré par I'A.A. 251 154,Foreign Office, 251618, Addenda à la lettrede Shinnarau Ministèreisraélien des Affaires étrangèresdu 29 ll 1956. 252;5;6. ll rencontreà cettefin Hallsteinle 6 février,Brentano et Bôhmle z, Blankenhornà parisles 22 et 23.Bergmann (le représentant de la missionà Berlin)s'entretient dans le mêmebut avec Ollenhauer é,27, et Shinnardiscute une nouvellefois avecBrentano le 6 nnrs. 2S Shinnaret Goldrnannrenepntrent ensemble un haut{onctionnairedu Ministèrefédéral de l'Économie (BA,B 1û2,Bd 58 957,Note sur tsraêt(VC), 10 il 1956,v. tvlahs). 254 154,Foreign Office, 3099/25 b, Lettrede N. Gotdmannà Adenauer,7 il 1956. 255 çv4, DépotGoldmann, 1111, Télégramne de N.Goldmann à M. Sharett,13 il 19s6."Le ministère des Affairesétrangères de Bonnveut retarderl'établissenent de la Commissionéconomique de quelques mois.J'ai parlé (à Adenauer)et il va donnerI'ordre d'accélérer tes choses.J'attends dans les prochains ioursune lettre de Blankenhornavec les détails." (en hébreu) V. aussi,ibid., Lettre de N. Goldmannà M. Sharett,13ll 1956. 419 L'attenteprolongée d'une réponseallemande provoque la colèrede MosheSharett qui écrit à Shinnarà ce proposle 22 fSy1is1256pour lui indiquernotamment que les tergiversationsde Bonntraduisent clairement un reculpar rapportaux réparationset suscitentde "profondsregrets en lsraë;". Et danssa lettrele ministrecondamne en particulierI'action de Brentanoqu'il juge incohérenteet propreà bloquerle rapprochemententre les deux pays.2szPour lui à I'inverse,il seraittout à fait possibled'écarter les obstacles invoquéspar la Républiquefédérale en déclarantque la propositionest israélienneet qu'elle consiste en une opération de rapprochement progressif.zss Pour Sharett,I'attitude de Bonn est en fait significatived'une discriminationà I'encontrede l'Étathébreu. Car, tel est son raisonnement,la R.F.A.désire avoir des relationsnormales avec bs Étatsarabes danstous les cas; alors qu'elle n'envisageles relationséquivalentes avec lsraël que lorsquela paixrégnera au Moyen-Orient.D'après le ministre,ce déséquilibre constitueune véritableoffense à I'honneurd'lsraël et peut avoir de graves conséquencessur le conflitisraélo-ara[s.2ss C'est pourquoi Sharett estime mêmequ'il faut dénoncerdevant les instancesinternationales I'attitude ouest- allemande.260ll adopte ensuite dans sa lettre un ton plus grave encore lorsqu'ilinsiste sur la portéede la décisionallemande; car selonlui, une réponsepositive de la R.F.A.à I'offreisraélienne signifierait une rupture définitiveavec le passé,alors qu'un refus ne peutque renforcerla mentalité

256;56.,Lettre de M.Sharett à F.Shinnar, 22 il 1956(en hébreu). 257 5slenSharett, d'une part Brentano ignore les détails et veutavancer, d'autre part il ne veutpas aller troploin. 258 5621sttdénonce par ailleursles diversesprises de positionouest-allemandes opposées aux refationsdiplomatiquæ en expliquantqu'il est torl simplementprématuré de parlerde tellesielations. 259 "Cetteattitude n'est pas seulernenthostile à lsraë|,à son honneur,à son statut et à ses intérêts vitaux,mais elle rejetteaussi absolunent la moralitéinternationale et la paix npndiale,encourage les ennemisde la paixau Moyen-Orientet empêchetoute chance d'un accord entre lsraëlet ses voisins.Le gouvernementde Bonnne peuten aucuncas êtrefier de cettepolitique qui ne peutaccroître la staturede la nouvelleAllenngne dans le nrcndeeclairé. (...) (L'attitude allemande) diminue sa gloireet otfenseson honneur." qui ,,Lier -260 s'alignesur le passé et constitueune "insulteà l'intelligence".Sharett ajoute : l'établissementdes relationsdiplonntiques avec lsraëlau consentementarabe signifie retarder ces relationsjusqu'à la venuedu Messie(du Christ!)(parenthèse de Sharett,D.T.)." ll se demandepar ailleurspourquoi les Allemandsn'ont pas fait dépendreles relationsavec les Arabesde cellesavec lsraê1. 420 d'assiégéqui primeen lsraèldepuis 194g.261

Au regarddes perspectivespessimistes qui s'ouvrentaux relations entre les deux pays, Sharetttermine sa lettreen demandantensuite à Shinnar d'intervenirauprès des autoritésallemandes pour qu'elles reconsidèrentleur position.ll s'agit notammentpour lui de pousserles Allemandsà conserverquelques égards pour lsraëlmalgré le caractèrevital poureux de l'isolementde la R.D.A.Sharett précise toutefois au responsable de la missionisraélienne qu'il doitse garderd'user d'un ton agressifmais plutôtmettre en reliefles difficultés rencontrées par le gouvernementisraélien face à sa propreopinion publique. Ainsi Bonn pourrait comprendre qu'une réponsenégative de sa part ne pourraitque renforcerles sentimentsanti- allemandsen lsraë|.Sharett explique enfin que le processusen courset I'améliorationdes relationsde factê62risquent d'être stoppés dans le cas d'un refusallemand, ce qui iraità I'encontrede l'évolutionglobale du statut d'lsraë|.263 L'exigenceque Sharettexprime au traversde sa lettreà Shinnarest simple.Pour lui, le chefde la missiondoit placer Bonn devant un choixtout à fait clair : soit la R.F.A.installe une délégationcommerciale en lsraë|,soit lsraëlretire sa propositionet c'estI'Allemagne qui devrareprendre I'initiative plustard. Et selonle ministre,l'État hébreu est certesdans une positiontrès délicate(puisqu'il dépend bien plus de la R.F.A.que I'inverse), mais il ne doit en aucuncas faire preuvede faiblesseou de manqued'assurance s'il tientà assurerla poursuitede I'accordde réparations.2ilL'attitude préconisée par Sharettest en fait d'un pointde vue israélienla seulequi puisse"accroître la

261 Ls ministrepoursuit encore en déclarantque des relationsofficielles entre la R.F.A.et lsraëlne lgu.rraientavoir qu'un effet modérateursur les Étatsarabes; et à I'inverse,aftendre l'approbation de ces Etatspour entreprendre quelque chose signifie qu'il n'y aurapas de relationsentre la R.F.A.et lsraë|. Sharettdénonce alors I'aftitude de la R.F.A.parce qu'elle encourage à sonavis les tendances du mornent (rapprochementÉtats arabes/R.D.A., poussée soviétique au-tvtoyen-Orient...), et souligne que te comportementde Bonnaura des conséquencesnéfastes à longterne. Enfinil indiqueque, pôur sa part, l'Étathébreu va se sentirdégagé de ses obligationsenvers h Rlépubliquefédérale si Bonnse dédità son {;ard. 262ghlgtt citeI'arrêt prochain du boycottde la R.F.A.par lsraèldans les instancesinternationates et ie développenentdes contacts personnels (congrès scientifiques, échanges...). 263 Plusieursexemples contemporains vont dans le sens d'une normalisationde la situation internationaled'lsraêl (un accordvient en effet d'être signé avec I'Autriche,et l'ltalie a élevé sa représentationen lsraêlau rangd'ambassade, malgré la menacearabe et ses intérêtsméditerranéens), ce que la R.F.A.semble refuser (Sharett cite unedépeche récente de I'agenceUnited press dans laquelle la R.F.A.rnentionne Tel Avivcomme capitale israélienne, et nonpas Jérusalem). 2M "t-acontinuation de I'accordde réparationsest vitalepour nous.Cependant, avec les tendancæqui existentactuellement en Allemagne,nous n'avons aucune garantie que I'accord sera respecté. (...) Nous devons apparaîtretotalement confiants en I'accomplissementdes clausesde I'accordet faire la distinctionentre I'accord de réparationset le problèmedes relations." 421 fiertéisraélienne et augmenterles chancesde réussitediplomatique" de l'État juif.

La lettrede Sharettqui vient d'êtreévoquée est intéressanteà plus d'untitre. Elleest tout d'abordsignificative du décalageprofond qui existeentre deux politiquesextérieures. En effet, à cette époque, les Allemands réfléchissentfroidement, en termes de Realpolitik,et ce comportement apparaîtjustifié au vu du contexteinternational. Pour leur part,les lsraéliens font intervenirdes élémentshistoriques et religieuxpour expliquer et justifier leur proprepragmatisme. D'après Sharett, il s'agitalors d'assurerle ,,salut" des deux Étatset celui-cidépend de la réponseallemande à la proposition israélienne: pour lsraël,ce salutest doublecar il est à la fois matflist26sst spirituel;206pour la Républiquefédérale, ce salutne peutêtre atteintque si la ruptureavec le passé est totale, et seule une réponsepositive à l'égard d'lsraëlpeut marquercette rupture.La remarquede Sharettcorrespond égalementà la foi qu'a lsraëldans sa missionde "lumièreparmi les nations": car c'est par lsraëlque I'Allemagneen général,et la Républiquefédérale en particulier,peut atteindre ssn sshlt.267 Maisla lettrede Sharettrévèle également un Étatd'lsraël qui est aux abois et rechercheobstinément une confirmationpar la communauté internationalede sa propreexistence. Car l'Étathébreu veut être respectépar tous les autresÉtats et traitépar eux commeun partenaireégal aux autres paysdu Moyen-Orient.C'est pourquoi il se senttrahi par la politiquequi s'imposechaque jour un peuplus à Bonn. Au-delàde ces considérations,la lettre de Sharettdénote enfin un réalismetout à fait caractéristiquede la part de l'Étathébreu. lsraël sait en effet jusqu'oùil peut aller dans la recherched'une véritableaudience internationaleet où il doits'arrêter pour éviter d'être en positionde faiblesse. Danscette mesure, il lui est possiblede distinguerentre les élémentsqui lui accordent,les uns, I'honneurd'une reconnaissanceinternationale accrue et, les autres,la garantied'une survie pour les prochainesannées. c,est ce qui nfirmationabso|uedesfutures|ivraisonsouest-a|lemandes. 266puisque par là lsraëlpourra atteindre la normalitédesiree et sortirde ta "rnentalitéd,assiégé,,qui est la sienne. 267 v. supra.Brecher (op. cit.) ou NoTHDURFT,R.c. (DavidBen Gurion - seine qeseilschafttichen, relioiÔsenund oolitischen Anschauunoen und ihr EinfluBauf seine Haltnrn oeoenùbéiGiBGG.r"oubtik Deutsch|and,Munich,1983,208pages)quiinsistentsurtaten@é|iens,et particulier en des Premiersministres de cetteépoque, à érigert'État nébreu en unesoie oe rédempteur des nations. 422 permet à Sharettde donnerses instructionsà Shinnaret de dégagerla responsabilité de son pays dans le cas d'uneissue malheureuse pour la discussionen cours.

Au débutdu moisde mars 1956,lsraël peut être satisfaitde la réponse positive de Brentano.Mais très rapidementil apparaîtque ra réponse définitive de Bonn ne dépendpas que du ministredes Affairesétrangères puisqu'elle doit encoreêtre soumiseà I'examende I'A.A.et de la conférence des ambassadeurs à lstanbul.La tendancequi s'imposeprogressivement à Bonn aprèsla mi-marsconfirme les inquiétudesde Jérusalemet nécessite une interventionisraélienne supplémentaire pour limiter les dégâts.268 c'est dans ce but que, quelquesjours avantI'annonce de la décision définitive de la R.F.A.,Sharett s'exprime sur le sujet devantun auditoire soigneusement choisi: lorsd'un discours devant le Congrèssioniste mondial réuni à J@1rrs2lsrn,26eil redit être prêt à envisagerdes ,,relations diplomatiques norm3lg5"27oqui sontpour lui "unenécessité politique,,.271 Le message de Sharett,adressé en principeaux représentantssionistes, est clairement destinéà la R.F.A.Car il constitueun véritableappel du piedaux autorités de Bonn,dont le but est d'indiquer,d,une part, que Jérusalemest toujours favorableau rapprochement2z}el, d'autre part, que cetteoption reçoit I'assentiment de nombreusesfractions de la classepolitique israélienne ainsi que des représentantsdes organisationssionisfss.273

Le résultat de la consultationd'lstanbul et la réponsedéfinitive de Bonn,le 14 mai 1956,met fin auxespoirs de l'Étatjuif.

@rtebiaisdesonreprésentantàBerne,To|kowsky(PA/AA,AbtV|l,Bd 1025,Lettre Berne (700.01 lsr 915/56),24 lll 1956,Hotzapfet). Cetui-ci demande à ta R.F.A.de ne pas éder à la pressionarabe : y céderune fois, c'est accroftË b'risque d'y cédertoujours, et celane peut avoirque des conséquences fâcheusessur les relationsentre la hrR et lsrael.ll exiged,autre part avancéeminimale dans une les rapportsentre les deux pays : "MinisterTolkowsky betonte abschlieBend, es dochanzustreben daB wâre, in absehbarerZeit, wenn auch noch nichtzur nutnanÀe Beziehungen, Jiplomatischer so dochvon Handelsbeziehungenund zur Enichtungvon konsularischen schreiten." veriretungenzu 269 PA/AA,Abt Vil, Bd 1018,Correspondance W. Hirsch,11 V 1956. 27O "...Herstellung normaler diplomatischer Beziehungen... " 271 "...eine potitische Notwendigkeit..." 272.sharett déclare parler en son nompropre, mais les dispositionsfavorables de tout le gouvernernent sont connues. 2731'6v;5de Sharettest partagépar unegrande partie du congrès,dont son président,N. Goldmann, qui expliquele rejet(175 ce voixcontre 88) d'unemotion du Héioutrefusant des relationsplus poussées avecla R.F.A. - 423 La réactionisraélienne au reculouest-allemand est vive, mais elle restecontenue; Ben Gourionvoit ses effortspour un rapprochementofficiel entreles deux pays battusen brèchepar une Realpolitikqui s'opposeà ta sienne.L'échec de la manoeuvrequi devait permettrede formafiserles refationsafin de les normalt'serconstitue pour le fondateurde l'Étathébreu une déceptionqui ne I'empêchetoutefois pas de rester favorableà un véritablerapprochement avec Bonn.27a[/sis désormais,à Jérusalem,on est d'avis que toute initiativeen vue de formaliserles relationsgermano- israéliennesdoit venir de Bonn.2z5 On noteraencore que certainespersonnalités israéliennes pensent à ce momentrendre I'atfaire publique pour exercer une pressionsur la R.F.A. Mais I'idéed'une réactionvive est finalementécartée dans le souci de sauvegarderle climatdans lequela été exécutéjusqu'alors le traité de réparations: rendrepublique I'affaire aurait provoqué une gravecrise entre les deux pays et démontréque les lsraéliensétaient irrités et déçusde la réponseallemande; cette attitudeles auraitdonc immanquablementplacés en positiond'infériorité par rapportà l'Allemagne,alors que des perspectives prometteusespour la collaborationde factoentre les deux pays se dessinent de façonassez nette à cetteépoque.

zz+t-'"ffianttoutdueaunon-accomp|issementd,UneprorneSse,quoiqu,en disentles Allemands, deceptionà laquelles'ajoute un échecdu côté espagnot(il est intéèssantoe comparerl'échec du rapprochementavec la R.F.A.avec l'écheccontemporain d'une nÉme manoeuvreen direction de I'Espagne: le 8 | 1956,le gouvernementde BenGourion décide de demanderles retations diplomatiques à Franco,soit 19 jours avant la demandeadressée à la Républiquefédérate. Mais I'Espagnerefuse de franchirce pas pourne pas compliquerses relationsavec r"r et.jr.Ë aprèsla fin du mandatespagnol sur le Maroc(v. woLFFSoHN,M., soanien.Deutschlandund"ràoo, dielJûdische Weltmachf-Ùber trroral.Realoolitik und VeroanqenheitsbewâttiqudÏ'unich, 1991, 190 pages, pp. 139- 140). 275 ys réactionisraélienne apparaît in SHINNAR,op. cit., p. 115 : "sharetttrug mir auf, unserer Auffassungzu dieserEntwicklung eindeutig und nachd'rticklictrAusdruck zu gebenund klarzumachen, daBdamit die Verantwortungfûr die weitereEntwicklung der deutsch-israelisôhen Beziehungen bei der Bundesrepublik liege."Cette phrase peut être interprétéede deuxmanières : I'initiativerevient désormais à Bonn,mais, aussi, c'est Bonn qui porten *r*ïâIité du ctimatcréé par son refus. coNcLUStoNcÉruÉnALE

L'étude des idées relatives à l'établissementde relations diplomatiquesentre la R.F.A.et lsraëlpermet plusieurs remarques.

En premierlieu il apparaîtde manièreévidente que l'idéede relations diplomatiquesentre Bonn et Jérusalem,sujet tabou au départ, prend rapidement,plus rapidementpeut-être que nous ne I'aurionssupposé, un caractèreinéluctable; car la formalisationdes retationsgermano-israéliennes sur la basedu traitéde Luxembourgs'impose très vite comme la suitetogique de ce premieracte de droitinternational signé entre les deuxpays; envisagée trèstôt, cetteformalisation fait immédiatementpartie des idéescommunes aux deuxÉtats, en dépitdes réservesexprimées de part et d'autre.C'est pourquoi il apparaîtà présenttout à fait évidentque les ouvragesdéjà publiéssur la questionrejettent injustement dans I'oubliles années fondatricesque représentela période1953-1956.

Conséquenceinévitable de I'amorcede rapprochementconstituée par I'accordde réparations,l'éventualité de relationsdiplomatiques entre la R.F.A. et lsraëlreflète en outre l'évolutiondu contexteinternational au débutdes années1950. Pour l'Étatjuif, cette époqueest marquéepar deux phénomènes: I'exacerbationde I'oppositionmarquée à son encontrepar tes Arabes soutenuspar le blocsoviétique, et le renforcementde I'isolementd'lsraël au Moyen-Orient,aggravé par une prise de distancecroissante de la part de I'alliéprincipal de Jérusalem,les Etats-Unis.Ces facteursentraînent une radicalisationde I'attituded'lsraël à l'égardde ses voisins,mais également la rechercheà tout prix par le jeune État de nouveauxsoutiens, en particulierdu côtéde l'Europeoccidentale au sein de laquelleBonn, qui incarne,aux yeux de BenGourion, une "nouvelle Allemagne", joue, ou est amenéà jouer,un rôlede plusen plusimportant. Pour I'Allemagnefédérale, le débutdes années1950 correspond à une période de stabilisation;le souvenirde l"'année zéro" s'éloigne rapidement;Bonn s'installe dans la prospéritééconomique; mais il lui reste 425 encoreà prouverson attachementà la démocratieet à réaliserles objectifs du ChancelierAdenauer qui sont I'accessionà la souverainetéde l'Allemagnede I'ouest,I'intégration du pays à I'O.T.A.N., la construction européenneet la réunificationde I'Allemagne.

Dansle cadrequi est le nôtre,il faut tenircompte naturellement aussi de la multiplicitédes intervenants.Celle-ci, supposée dès le départsur la foi des débatspréalables au traitéde Luxembourg,se voit confirméeavec le temps.Elle apparaîten particulierau momentde la discussionrelative à la ratificationde cet accord,pendant laquelle se met en placeune grande partie des élémentsappelés à intervenirau coursde la périodeultérieure. La multiplicitédes facteursqui interviennentdans le contextegermano- israéliense vérifiedavantage encore après la ratificationdu texte signé à Luxembourg,lorsque I'Allemagne fédérale et lsraëlsortent du contexte particulierdes négociationsde Wassenaaret se trouventconfrontés à la réalitéde la guerrefroide. En effet, à partir de cette date, les multiples implicationsdu rapprochementgermano-israélien reviennent à I'espritdes décideursisraéliens et allemands;et elles agissenten sens opposéselon que c'est Bonnou Jérusalemqui est concerné.Ainsi, pour les lsraéliens,il s'avèreindispensable de poursuivreet d'approfondirla collaborationavec la Républiquefédérale, malgré des premièresprises de positionhostiles à cette logique;à I'inverse,pour les Allemands,il apparaîtque les déclarationsde bonne volonté et les perspectivesprometteuses entrevues lors de la conclusionde I'accordde réparationsdoivent être temporairement mises de côté et céderla placeà des considérationsplus en rapportavec la gravitéde la guerrefroide. Le processusde "normalisation"auquel nous assistons alors provoque un effetambivalent : d'une part lsraël "normalise" sa perceptionde la R.F.A.et décidede se rapprocherde Bonn;d'autre part I'Allemagnefédérale normalise son imagede l'Étathébreu, ce qui la pousseà prendreses distancesavec Jérusalem.La R.F.A.devient pour lsraël un partenaireà peu prèsidentique à un autreet même,à biendes égards, mieux disposé envers l'État hébreu que les autrespays; en parallèlela R.F.A.voit progressivementen lsraêlun interlocuteursemblable à beaucoupd'autres, qui a certestoujours droit à des égardsparticuliers, mais dont le traitementspécifique ne doit pas mettreen danger la position de Bonn envers les autres pays concernéspar

426 d'éventuellesrelations diplomatiques germano-israéliennes.r Dans cette mesure,il est possiblede délimiterdans les deuxcas la portéede la morale et cellede la Realpolitik.z

Par ailleurs,il convientde soulignerI'entremêlement extrême des différentsfacteurs dans le problèmedes relationsR.F.A./lsraël (que ce soitdu fait de la très grandediversité des intervenantsétatiques ou des multiples opinionsexprimées par des groupesconcernés plus ou moinsdirectement par le sujet)qui aboutità la miseen placede ce que F. Gerlachappelle le "triangletragique". De cette situationdécoule une interdépendancequi se développeet se manifesteà I'excèsau fil des années: mécanismehabituel en matièrede réflexionet de décisionpolitique, I'existence d'un lien étroit entreles multiplespréoccupations gouvernementales aboutit en définitive,au printemps1956, à un blocagedes relationsgermano-israéliennes, après que le traitéde Luxembourgeut produitune dynamique puissante.

Nousavons également pu préciserle rôledes ditférentsintervenants et en particuliermettre en valeurle rôledes personnesqui se sontinvesties très tôt dansla causedu rapprochementgermano-israélien, que ce soit pourdes raisonspragmatiques (ce qui est par exemplele cas des dirigeants-D. Ben Gourion,M. Sharett-et hauts-fonctionnaires-comme F. Shinnar-israéliens et, dans une certainemesure, des responsablesouest-allemands -en particulier K. Adenauer-,de hauts responsablesjuifs -N. Goldmann-ou des juifs allemandsprésents à New york -K. Grossmannet le journal,,Aufbau"), pour des motifsplus prochesd'un certainintérêt personnel (on pense ici en particulierà K. Marxet à son journal)ou en fonctiond'un certainidéalisme (clestle cas des personnalitésallemandes impliquées dans le rapprochement judéo-chrétien-G. Luckner,E. Lûth).A I'inverse,il a égalementété possible de constaterla présenced'intervenants bien moinsdisposés à la poursuite d'un rapprochemententre Bonn et Jérusalem,qu'il s'agisseici des

1 ,,Einige A. BenNatan résurne ce doublemouvernent de la manièresuivante (BEN NATAN, A., Gedanken zu dendeutsch-jÙdischen und deutsch-israelischen Beziehungen", in GTORDANO (Hg), Deutschtand und lsrael,op. cit., p. 231et suiv.): "Aufdeutscher Seite waren es nichtnur moralische ErnuriSung"n, die datu (au rapprochementavec lsraêl)fùhrten, sondern auch politischeZweckmâBigkeiten, warrreno auf Seiten lsraelsdie Notwendigkeitexistentieller Interessen die Richiliniender politikin den Beziehungenzur Bundesrepublikbestimmten..." (p. 232). 2 Cesdeux domaines sont bien distincts, en particulieraprès 1953 :jusque là il est encorepossible de dire, avec R. Pauls(interview du 1er Xll 1993),que les débutsdés retationsgermano-iiraétiennes constituentune occasionunique de cumulerles impératifsde la politiqueet ceuxde la morale.Après cettedate, il sembleque la politiqueprenne le dessus,que ce soit pour lsraëlou pour la République fédérale' 427 représentantsde la droiteouest-allemande -F. Schâffer,F.J. StrauB-,de la droite-M. Begin-ou de la gaucheisraélienne -avec les personnesdu parti Mapam-,ou de I'actionponctuelle, au momentdu débatsur la ratificationde I'accordde réparations,des industrielsouest-allemands soucieux avant tout de préserverleurs parts de marchéau Moyen-Orient.En évoquantI'action de ces multiplesintervenants, auxquels s'ajoute bien évidemmentI'influence prépondérantedu contextemondial du débutdes années1950, I'analyse a contribuéà fairela partdes chosesparmi les facteurs qui concourentà créer la situationdu printemps1956, qu'il s'agissedes élémentsqui ont poussé l'Étathébreu à franchirle paset à demanderà I'Allemagneune officialisation des relationsgermano-israéliennes, ou de ceuxqui s'imposentà la R.F.A.et I'amènentà refuserla propositionisraélienne.g

Danstous les cas toutefois,la formalisationdes relationsentre Bonn et Jérusalem,qui auraitpu être réaliséeau printemps1g56, ne doit pas être confondueavec une normalisationde celles-ci,tout à fait improbablesi peu de tempsaprès la fin de la Deuxièmeguerre mondiale et la découvertede I'ampleurde la Shoah.De fait,même si la notionest discutéepar certains auteurs,il semblebien que les rapportsgermano-israéliens conservent encoreaujourd'hui leur caractère de "relationsspéciales" tel qu'ila été défini en particulierpar L. Gardner-Feldman.4 Dans I'ensemble,il est certainqu'à partirde 1955 la questiondes relationsdiplomatiques entre Bonn et Jérusalemdevient pour la R.F.A.un véritableproblème.s Bien plus, dans une certainemesure il est même possiblede dire qu'à partirde ce momentce sujetconstitue, de manière

3 De ce fail ces élénents ont pu être circonscritsde façonprécise, même s'il paraîtencore possible de développerI'analyse des motivationsprofondes des acteursde cetteépoque, en particulieren ce qui concernele passéde certainspersonnages. C,ette remarque, sujette à des débatsdélicats, concerne plus spécialementla validitéde la "doctrineHallstein" comme seule motivation du refusallemand du printemps1956. AinsiA. Ben Natan s'inscrit dans la lignéedes analyses de F. Sternlorsqu'ilécrit que la "doctrine"est unefausse explication et que les Allemandsn'étaient fondamentalement pas disposés à s'ouvrirplus aux lsraéliens(BEN NATAN, A., art.in ZTMMERMANN,M., HE|LBRoNNER,o., Nornnl Relations,op. cit.). A proposdu poidsdu passé,v. égalementLE COMTE,P. Das Gewichtder Geschichtein den deutsch-israelischenBeziehunoen 1949-1965, Mémoire lEP, sectionservice public, Strasbourglll, 1990. 4 GRnOrufn-FELDMAN,The specialrelationshio between West Germanv and lsrael, pour y. 'The 'Locarno op. cit. Jelinek(Y., Concept',the Hallstein-Doctrineand the Ostpolitik: lsraelbetween Two Germanies",in Mitarbeiterder Hochschulefùr judischeStudien (Hg), Studien zur iûdischenGeschichte undSozioloqie - FestschriftJulius Carlebach, Heidelberg, 1992, 219 pages, p. 185et suiv.),tes relations germano-israéliennes,anormales au départ,ne purentêtre renduesque plus anormalesencore par les développementsdu contextemondial. Pour Ben Natan("Einige Gedanken...", op. cit., ibid.),le rapprochementde lacto ne signifiaiteffectivement pas "eineAkzeptanz 'Normalisierung' des Vergessensoder einer derBeziehungen". 5 SeemnCu, J., DieAufnahme der diolomatischen Eleziehunqen zu lsraelalsein Problemder deutschen Politikseit 1955,op. cit 428 définitive,un réel instrumentde la politiqueextérieure ouest-allemande, en particulierau détrimentd'lsraë|.6

6 C'estainsi que Y. Jelinekécrit (op. cit., p. 193): "BothGermanies exploited lsrael for advancingtheir ownparticular airns, the first (la R.D.A.)to achievean internationalstatus, the second(la R.F.A.)to deny sucha statusfrom the rival.The Stateof lsraelgained no advantagefrom this contest;moreover she was madea victimof politicaldisinformationby both sides.' Table des abréviations

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442 Indexdes nomsde personnes

N.B. Les chiffresen caractèreshabituels renvoient au corpsdu texte; les chiffresen caractèresgras renvoientaux notesde bas de page.

Abs, H.J.,29, 218, 222-226. Acheson, D., 222. Adenauer,K., 4,8-9, 18,23-26,29,30-99,35,38-39,45,51,80,84,84,96,86,99, 89,93, 100, 104-105, 11&118,125,137,144,149,152,158_159, 161_162, 165,.t67_ 169,175-176,177,179,179,183,189, 194-196,199- 201,209_211.219_214.218- 227,233-235, 237, 237, 240-243,249, 251, 253-268, 288-290,296_297,29 9_30 0, 302-305,307,309-311,3.14--318,323,327,331,33G337,341,343, 345,947,947, 355-357,360, 387, 393, 401-405, 409, 41 6, 41 8-419.426.427. Allardt, 264,363, 372, 395. Almsick, 352. Altenburg, 264. Aftmaier, J.,24-26,1I 1,313-31 5, 31 9. Arendt, H., 169. Argov, M., 78. Astar, 181,319. Aviry, A., 325,33 5. Avner, G., 15,1 5, 43, 43, 79, 117,148-149,226,345. Bachmann,54,54,242. Bach-Zelewski,v. der,38. Baeck, L., 171,190-191 Bar On, H.,27. Barou, N., 26. Bausch,P., 218. Becker, W., 273,280,364, 372, 375,328, 380, 386, 398, 39g, 404, 408, 410, 41 1-412, 414,41 4. Begin, M., 17,35, 81, 142-144, 147,1 47, 429. Ben Ari, 1., 100. Ben Gourior, D., 4,8,12,17,19, 20,26,33-35,74-tT,BO-81,86,88, 9T-102,104, 105,107-109,128-129,135-136,140-144,147,147,161,167,169,188,193,204,219_ 220,226,256,300,304,311-312,315,318, 318,341,343, 345,350,380, 408,417, 424-425,427. Ben Natan, A., 20,427428. Ben Zvi, 1.,286. Berendsohn,W.A., 318,349. Berg, F., 174,263-264,. Berghold, 106. Bergmann,419. 443 Bernard (Blumenthal),R., 306. Bidder.410. Biermann,9 1. j Bfankenhorf,, H., 3, 2 6, 37, 97,54-56,66-6 7, I4-97, 1g2, 136, 16 2, 174, 216. 219,239, 252,256, 27 6, 297-299,303, 409, 41 9. Blaustein, J., 157. Blomeyer, 48,50, 5 0. Blûcher, F., 227,2æ, 258,259,404. Bôhm, F-, 114,132, 1gT, 144,161, 1 6 B,1T 2, 20O,214-215, 217_21g, 221_226, 260,271, 33+ 342, 346,348, 366, 369, 376_379,982, 410,410, 41 9. Bôttcher, 265. Bôx, 95,1 98,305. Bolland, 345. Bott, 23. Bouché, de, 264. Boulganine,N., 403. Brandt, W., 346,388. Brandts, 9. Brâutigam, 389. Brauer, M., 168,343. Braun, F.,38-3 9. Braun, v., 386. Braunthal, J., 316. Brentano,C. v.,27,27. Brentano, H. v., 137-138,167-1 68, 175-1t6,256, 27 4, 278,2g1, 291,296_299, 301,301, 302,305, 310, 31 0, 320,327,340_341, 367_368, 386, 399, 404,404,406_ 409, 414,416-420.423. Breuer,365,393,397. Brûckner,79, 1 33, 214,249,299. Brusztyn, A., 12,78. Bubenheim,174. Buber,M., 155,173,2O4-2OT,291,315, gS0. Bûnger, 46,49-50, 66, 21 g.ZB4. Burg, J., 140,350. Cahn, 334. Carlebach,A., 200. Carnap,v., 264,366. Carstens, C., 294,294. Clay, L. D.,11. Cohen,M. 4., 216,27O,272.29O. Comay, 152,285. Dahmen, 306. Dam, H. v.,191-194, 199, 303, 303, 349. Dan, H.,125,125,152, 1BS-186. Daouk, A. el, 235,241-242. Dayan, M., 102. Degener,A., 263.

444 Dehfer, T., 173-175, 225,249, 259-259,265, 27T, 329.g2B. Diehl, 193,1 98, 27 4,3O2-9O3, 305. Dirks, W., 173,314-315,331-332, 334,945. Donelly, 251. Duckwitz, 46,2a5,292. Dulles, J.F.,129-130, 357, 406, 406. Du Mont,83. Dvorak, 274,3O2. Eastermann,165. Eban, A., 19,7 5,121-123,149,197. Eckardt,F., V., 230,293,352. Ehlers, H., 347. Eisenhower,D-, 77. Elath,E., 76,149,149, 152-153,285. Engelhard,E., 258,265. Erhard, L., 39,86,163, 248, 365. Esch,v. d., 235-236,24O,293,339,362, 369, gZ2, 41O, 41 2, 417. Eshkol, L., 164. Etzdorf, v., 64,23O,231-232,297,298. Eytan, W., 42,44,61,61, 69-70, 92-93, 100, 105, 112-114, 119, 124-125.134- 136, 1 40, 1 48, 150-1 53, 1 84-186,285,350. Fakoussa, 234. Farouk, 368. Federer,121. Feuchtwanger,L., 169. Fischer, A.J.,27,11 1, 1 89,321-322, 32S, 925-326, 935. Fischer,M., 15,1 5, 26, 78-7 9,116-119, 149, 152,152. Flesch, G., 145. Fôrster,v., 365, 381-382,386,410,410. Franco, F., 424. Freeden, H., 188-189. Freudenberg,A., 318,334. Friedlànder,E., 196. Frowein,A., 56, ô3,63, 66-69,7 1, 104,108-109, I 1 1-1 1 2, 114, 126,131-133, 135-136, 140, 1 43-144, 1 47, 182, 200, 216-217, 245, 249-251,253, 259, 259, 2 6 2, 2æ, 270-272, 27 4-275, 27 7-27 9, 28 1-28 3, 2I 5, 28 8, 29 0_291, 294,29 4, 2s6, 29 6,30 1,323, 323, 325,3 47, 36 6-36 8, 372, 39 7-39 9. 40 6. Gaffin, R., 183. George,M., 169-17O, 176,302, 367-368. Gerstenmaier,E., 310-311. Gielhammer,410,414. Giffigan,64,67,276. Globke, H., 184. Gofdmann,N.,19,31-33,35,62, A4,94,109, 120, 132, 1SB-169, 171 ,171,1T9, 179,180, 1 80, 183-184, 199, 219,225-226,242,242,252, 268,296_299,303_304, 306,31 4, 419, 41 9, 423,427. Goldschmitt. 335.

445 Goldstein,22- Gollwitzer, H., 318. Gonichovski,109. Graeff, F., 364. Graevenitz, v., 282. Granow,21,213. Grell. 110. Greve, O.H.,132, 2OO,271,27 1,315, 319, 31 9. Grewe,W., 67,68, 136, 276,295-296,404,404,406,410. Grolmann, 284. Gronemann.22. Grossmann, K.R., 141,169, 171-1 80, 187, 189, 2O2, 305,3 1 6, 32 3, 333,427. Guillaumell, 209,238. Gumbel, 262. Haas,F., 13,352. Haas, W.,117-1 18, 151-152. de Haas,410. Hacohen,D.,141 . Haertel, 106. Haflstein, W., 61,6 7, 68-71, 8 6-87, 92,103, 105, 11 4, 1 25, 132,1 37, 144, 165, 2 0 0, 2 1 4, 216-2 1 7, 22 0-221,2 2 6, 230, 235,2 3 9, 2 4 3, 2 4 5, 2Æ, 2 4 8, 251- 2 5 2, 2 5 7 . 259, 264, 266,27 1, 274, 276, 278,27 8, 282,288-29 0, 297-299,302, 3 14, 33 1, 333,340, 369, 37 8, 387, 39 0, 401, 403-406, 409-41 0, 41 3-41 5,417,419,428. Hamawi,M. al, 234. Hammarskjôld,D., 418. Hansemann,v., 112. Harenberg, A., 264. Harkort, 410. Harlan,V., 332,334. Hasemann,W., 327. Hausensteiî, W., 271. Hertslet, J.G.A., 258-259. Hertz, H., 281. Herwarth,J. v.,61,152, 152,326. Herzl, Th.,98, 9 8. Heuss, Th., 20-22,109, 109, 114, 198, 2OO,207, 2O7,286,322, 322,324-327, 329,335,345. Heuss, W., 150. Heyden, v., 335. Hiezig, 263. Hipp, 366. Hirsch, W., 272,282,300,423. Hitler, 4., 20,209, 209, 310-311,321,344. Holleben,216. Hofzapfel, 285,292, 423. Holzhausen,365,375. Horowitz, D.,26,26, 29,1 6 4.

446 Hûber, R., 244,258,261-265. llzar, 135 lsmail, H., 408. fvekovic, 4O4. Jacobsohn, 47,58,62,1 50,1 54. Jacobson, M.,180. Janz, F., 65,104-1 05,280,327. Jaspers, K., 169,205. Jehnich, 263. Josephthal,G., 46,53, 226. Junker, 28O,299. Kaisen, W., 86,86,257, 257. Kaiser, J., 405. Karajan, H. v., 306. Kastner, R., 147. Kaufmann, E., 4O2. Kayser,271. Kempner,R.W.,20, 2O,17O. Klein,J., 180-181,306. Kfoohs, F., 275. Klutznik, P.M., 182,306. Knappstein,181,352. Knoke, K.H.,150. Kogon,E., 314-315, 330, 346. Kopf,141,141,165. Kordt, 70,229. Kox, 21,213. Kraft, W., 260. Krause, W., 230. Krauss, 285. Krekeler,H., 178,182,251-252, 305-306, 352, 359, 367, 408. Kreutzberger, 62. Kûster, O.,222,224. Kûstermeier,R., 170,17 2, 262,271,344-345,347. Kuhlemann,C., 266,266. Landauer,G., 158,175. Lay,413. Lehr, R., 196. Lenz, O., 256. Levin, Y.H.,95. Levy, J., 346. LieBmann,H., 310. Lilienfeld, 252. Livneh,E-, 11-12,14,14,16, 23, 25-26,31,36, 36,41-44,56-57, 59,62, 80, 135- 136, 139,294, 313-3 1 4,345-348, Lobenstine,251. Lôbe, P., 315.

447 Lôns, 302. Lôwenstein,H. Prinz 2u,328,328. Loewenthal, 163. Loewy, K., 126-127. Lourie,A., 90,90,135, 153. Luckner, G., 172,315, 330-332, 346, 427. Lùth, E., 114,17 2, 174, 188,1 98, 272, 315, 31 8, 324-325,331, 334,343-352, 427. Lukaschek,H., 195. Lupin,241-242. Maas, H., 330-331. Mac Arthur, 308. Mahs,v., 168,280,366,408,419. Maier, R., 347. Maltzan,V. v., 285,306,368. Mansour, 264. Marchtaler,v., 93,286,409. Marshall,G., 19. Marx, K., 9,23,114,155, 190, 193-202,219,303, 305,348,427. Maydell, v., 39- McCfoy, J., 196,222-233. Meeteren,v., 263. Meir, G., 26,75,169,187. Mefchers, W., 216-217,27O,272,369-370, 376, 384-385, 393-394, 397, 410, 414.41 8. Mendefsohn,K.,21 . Merchtal, v., 375. Merkatz,H.J. v., 257,257,259. Merker, P., 394. Meroz, Y.,92-9 3. Messmann,111,281. Metzger, L., 319. Meyer,404. Mirbach,v., 362-363,37 3, 377,393, 396. Moissis,150,150. Mofotov, V., 4O2. Moses, S., 348. Mosler, 47. Mûller-Hermann,E., 86. Munzel,273,365,382. Murmayer, 378. Naor,U., 115,1 20, 1 41, 1 79, 1 82,301,333. Naphtali, P., 348. Nasser, G.A.,95, 121, 130, 368, 380, 398, 398, 41 1,416, 41 8. Nathan, 4., 43. Naumann,W., 266. Néguib, 143,23 5, 240,24O, 243-245.

448 Neukamp,F., 60, 6 O,287. Neupert, 279. Nielen, 334. Nôhring,H., 264,293,361-362, 369, 371,377,379, 379, 392-393, 41O,414. Nostitz, v., 63. Nurock,M., 150-151,154, 184. Oberlânder,Th., 179. Oellers, 132,1 52, 286-287. Off enhauer, E., 137,316, 31 9-320, 41 L Oppenheimer,L.Y., 348,. Ostermann, 18. Pauls, R.F.,20, 28, 181, 218,239,297,302, 306, 376, 428. Pawefke, G., 235-236,239-240,243-247, 253, 273, 359-363,368, 372-373, 389-390,392. Pe16n,J., 178. Pferdmenges, R., 226. Pfleiderer, K. G., 404. Podeyn, 382,410. Preger, 273. PrûÎer, C., 232. Quiring, 410. Rademacher, F., 258,265. Rau, J., 319. Rebentrost, 265. Reifferscheidt, 352 Rengstorf, K.H., 205-206. Reves,35, 3 5. Ribbentrop,J. v., 418. Rich, J.M., 164,184. Richter, W., 321. Richthofen v., 382,410, 414, 41 4. Rieder, M., 348. Riesser,H., 27,27,33,90, 1 35, 1 70, 302. Rifai, 2.,230,234. Ringelmann,293, 365, 369, 382, 396, 41 1. RiRmann,62. Ritter, 380. Robinson,J.,46. Roemer, 277. Rosen, P., 100,350. Rosenberg,E., 157. Rosenberg,J., 157. Rosenberg, L., 321,323. Ruperti, R., 264. Ruppin, 69. Saab, 1., 362. Sadate,A. El, 418.

449 Sânger, F., 166. Sautter, 280,365 Schàffer, F.,29, 33, 1 7 9,22 0-221,224, 227, 259-26 O, 27 5, 27 7, 428. Schâffer,H., 86,86,132. Schenkar, A.,'145. Schern,193,198,303. Scherpenberg,H. van, 365. Scheuer, 326. Schindler,M., 195. Schirmer, 162,252, 41 1. Schfange-Schôningen, H. v.,30,33,81,83, 149,152,216. Schmid,C., 173-174,315-317, 346. Schmitt,253,259. Schnippenkôtter, 412-413,417. Schône,106. Schott, W.,11-1 2,1 4,16, 4 1,5 9. Schubert,v.,410. Schuberth, 174. Schumacher,K., 194,196, 211, 311-31 3, 31 5, 401. Schwarz, K., 183. Seebohm, H.C., 179. Seeliger,264, 280, 366. Seyde|,271,395. Shaltiel,D., 132,152. Sharett, M.,11,17,26,35, 35, 41-42,51,53,73-74,76-77,79,81,83-85,93,96, 98-99,102, 108-109, 115, 117,117,122-124,127,127,129-130, 134-137,140-142, 144,147, 164,1 68-1 69, 178-179,193,202,290,297-298, 300, 318, 321 -322, 326, 341,350,419-424,427, Shinnar, F.,30-3 1, 4 4, 53,59- 6 1, 63,65, 69-7 1, 80, I 0, 87,92, 94,97, 105-106, 109,112-114,117-118, 123, 125-126,131-138, 140, 140,144,146,152-153, 161- 162,164, 167-169, 185-186,202,226,226,243,283,290-291,293, 295-299,310- 311,320,320,326-327,339-341,341,350,399,2105,408-409,416-421,423,427. Sieveking, 323. Slansky, R., 199. Slater, 37. Soltmann, 59. Spreti,K. Graf v., 138,271,271,274,276,282. Staline (J. V. Djougachvili),356,356. Stedtfeld, 107. Steeck, 13,13. Steffen, 411. Steg, 24,21 3-214, 220, 228. Stephan, 263. Stôdter, 86. Stolpe, 364. Strack, H., 261. StraRmann,M., 350.

450 StrauR, F.J., 40, 179,227-228,259-260, 266-267,428. Stroh, H., 23-24,11O. Strohm,37,21 4,247,293,339, 374, 382, 389, 395. Sudhoff, J., 399. Terdenge, 93,1 41, 1 45. Thieme, K., 330. Tolkowsky, S.,18, 148-149,423. Treichel, 263. Trûtzschlervon Falkenstein,H., 38,46, 69-71,87,104-105, 107, 111, 113, 126, 132, 1 39, 16 2, 200,21 8, 243,249-250, 253, 27 7, 279, 282, 290,306, 366, 368,378,410. Truman, H., 157. Vektheim,H. v., 230. Velhagen,216. Vogel,R., 110,2O1,274,27 4,288,300-302. Voigt, H., 45,120,1 34, 145, 272,280, 286,294,351,351,363, 369,371-372, 376,37 9, 38 2-38 3, 386, 396, 398, 408-4 1 0, 41G41 8. Wafdschmidt,262,264. Wallenstein,112. Walther, 105. Weber, 363,373, 394, 41 0. Weitzmann,116. Weizmann,H., 98,326, 345. Wefck,K.H.W. Freiherr v., 132,136,291-293,369, 378,380, 383,386, 396, 397,399, 407-408, 41 0, 41 6-417. Welsch, R., 326. llVerz, 23,325. westrick, L., 245-247,264,360,366, 390. Wick, J.L., 256. Wise, S., 342. Wolff, 280. Wollheim,N., 23,330, 348. Wrasman, 389. Yahif(Hoffman), H., 11,63,63,66-67,69,70,72,91,94, 108-109,111,113, 113, 116,1 20, 1 35, 1 40, 1 64, 1 89, 200, 350.

451 TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION

PremièrePartie : Les relations avant les relations - Le consulat israélien de Munich et les oremiers pas de la mission israélienne de Colosne

l. Au temps du consulat israéliende Munich 8

1. Le consulat israéliende Munich 8 1.1 . Le contelitede lalin desannées 1940 I 1.2.La miseen placedu consulatisraélien de Munich 10 1.3.L'évolution du statutdu consulatisraélien de Munich 12 1.4.L'évolution de I'attitudeisraélienne en fonctionde I'attitude ouest-allemande 17 1.5.Évolution de l'attitudeallemande à l'égard du problèmedes réparations: Passage du silenceà la réflexion 20

2. Les premiers contacts directs entre les deux pays sous le signe des réparations 26 2.1.Premières rencontres entre représentants des deux États 26 2.2.L'attitude de I'AuswârtigesAmt à l'égarddes revendicattons israéliennes 28 2.3.Ladéclaration de KonradAdenauer (27 septembre 1951) 39 2.4.La rencontreAdenauer/Goldmann du 6 décembre1951 31 2.5.L'acceptation israélienne d'entrer en pourparlers,9 janvier 1952 34

3. Le travail du consulat israéliende Munich et ses contacts avec les autorités allemandes 36 3.1.Coopération juridique entre les deux États 37 3.2.Coopération commerciale entre les deux États 38 3.3.Une antennepolitique israélienne et un centred'informations israélienen R.F.A. 39

ll. Du consulat de Munich à la mission israéliennede Cologne 41

452 1. La discussion sur la fermeturedu consulat israélien de Munich 41

2. La mission commerciale 45 2.1.L'idée d'une mission commerciale israélienne en R.F.A.et sa discussionàWassenaar 45 2.2.Lamission commerciale israélienne dans le traité 51

3. La fermeture du consulat de Munich et la mise en place de la mission 56 3.1.La fermeture du consulat 56 3.2.Lamise en placede la missionde Cologne 59 3.3.L'attribution de prérogativesconsulaires à la missionde Cologne 62 3.4.Instauration de contactsavec la missionisraélienne de Cologne 70

Deuxième partie : L'évolution des idées israélienneset iuives concernant des relations diplomatiques entre la R.F.A. et lsraël - De la fin des années 1940au printempsde l'année1956 73

ÉvolunoN DE L'ATTtruDEtsRAÉLtENNE 73

l. Le contexte de l'évolution de I'attitude israélienne 73

ll. Évolutionde I'attitudeisraélienne vis-à-vis du problèmedes relationsdiplomatiques avec la R.F.A. 78

1. Avant le traité de réparations 78 1.1.Avant I'entrée en négociations 78 1.2.Au momentdes négociations de Wassenaar 83 1.3.Au momentde la signaturedu traitéde réparations 84 1.4.La ratificationde l'accordde réparationset sesetfets sur I'attitudeisraélienne 89

2. La mise en place de la mission commercialeet l'évolution de I'attitude israélienne 92 2.1.La mise en place de lamission 92 2.2.Les raisons de l'évolutionde I'attitudeisraélienne 94 2.3.David Ben Gourion et l'évolutionde la politiqueallemande d'lsrael 97

lll. De la mise en place de la mission à l'échec du printemps 1956 1ol

453 1. Évotution positive des idées gouvernementales israéliennes 101 1.1.Le travail du gouvernement israélien 101 1.1 .1 . Le gouvernementisraélien 101 1.1.2.Nf;ociations sur le problèmedes biens allemands en lsraël 103 1.1.3.Mise en placede relationséconomiques et financières en dehorsdu cadredu traité 105 1.1.4.Développement de la politiqueisraélienne de rapprochement avecBonn 107 1.1.5.L'amorce de relationsculturelles 110 1.2.Le travail de la missionet I'oeuvredes représentants israéliens à l'étranger 112 1.2.1.La missionde Cologne 112 1.2.2.Le rôledes représentants israéliens à l'étranger: le cas de MauriceFischer à Ankara 116

2. Accélêrationdu processus : de la fin 1954 au printemps 1956 120 2.1.Le deuxièmesemestre 1954 120 2.1.1 . Lesraisons de I'accélérationdu processus 120 2.1.2.Les lormes de I'accélérationdu processus 123 2.2.L'idêe d'un bureau commercial ouest-allemand en lsraël 127 2.2.1.te contexteinternational et les motivations israéliennes 127 2.2.2.Propositions directes d'lsraël à l'adressede Bonn 131

3. Persistance des réticences israéliennes 139 3.1. Persistancedes réticences israéliennes pour des raisons fondamentales 139 3.1.1.Au seindu gouvernement 139 3.1.2.Au seindes partis d'opposition 142 3.1.3. Au seindes milieux économiques 145 3-2.Persistance des réticences israéliennes pour des raisons pragmatiques 146 3.2.1.Au seindu gouvernement 146 3.2.2.Au seindes partis politiques 'l47

4. Les hésitations israéliennesface aux contacts entre représentantsallemands et israéliens à l'étranger 148 4.1.La situation de départ 148 4.2.Tentative d'adaptation à l'évolutiondu contelte 149 4.3.Le rapprochemententre diplomates comme symbole du rapprochemententre les deux pays 151

454 B. LA COMMUNAUTÉJUIVE ET LE PROBLEMEDES RELATIONSGERMANO-ISRAÉLIENNES 155

l. Les communautésjuives anglo-saxonnes 155

1. La communautéjuive américaine 155 1.1.Le cas de Nahum Goldmann 158 1.2.Les juifs allemands aux Etats-Unis : le casde KurtR. Grossmann 169 1.3.D'autres intervenants juifs aux Etats-Unis : Julius Klein et le B'naiB'rith 180 1.3.1 . JuliusKlein 180 1.3.2.Le B'nai B'rith 181

2. La communautéjuive de Grande-Bretagne 183 2.1.Le "JewishObserver and Middle-East Review" 183 2.2." A.J.R. lnformation" 187

ll. La communautéjuive allemande: le "Zentralrat der Juden in Deutschland",Karl Marx et l"'Allgemeine Wochenzeitungder Juden in Deutschland" 190

1. Le "Zentralratder Juden in Deutschland" 190

2. Karl Marx et l"'Allgemeine Wochenzeitungder Juden in Deutschland" 194

lll. Une voix juive en lsraël : Martin Buber 204

Troisième oartie : L'évolution des idées allemandesconcernant des relations diplomatiouesentre la RFA et lsraël - De la fin des années 1940 au orintemps de I'année 1956 208

A. L'ATTITUDEALLEMANDE VIS.A.VIS DU PROBLÈME DES RELATIONSDIPLOMATIQUES AVEC ISRAËL JUSQU'AUTRAffÉ DE RÉPARATIONS 208

l. Le cadre général de la politique extérieureouest- allemande au début des années 1950 209

ll. L'attitude de la R.F.A.à l'égard des relations diplomatiques avec lsraël 212

455 1. Avant I'entrée en négociations avec lsraël 212

2. Au moment des négociations de Wassenaar 21 6 2.1.Le rôlede KonradAdenauer dans la solutionau problème desréparations 218 2.1.1 . Avantle débutdes négociations. la déclaration devantle Bundestaget sessuites 219 2.1.2.Les négociations de Wassenaar 222 a. Lapremière phase 222 b. Interruptiondes négociations,crise et aboutissement 224 c. La deuxièmephase des négociations et la conclusiondu traité 227 2.2.La miseen placede l'argumentarabe avant la conclusionde l'accord 228

3. Le problèmede la ratification de I'accord de réparations 233 3.1.Le problèmede la ratificationau seinde I'A.A. 23 4 3.1.1. Confirmation et renforcementde I'argument arabeaprès la signaturede l'accord 23 4 3.1.2. L'attitudeallemande en réactionà la pression arabe: la recherchede laconciliation 237 3.1.3.La réaction allemande face à la pressionarabe . la recherchede lafermeté 247 3.2.Adenauer et la ratificationdu traité 25 4 3.3.Confirmation des oppositions politiques 257 3.4.Rentorcement des oppositions dans les milieux économiques 2 6 1 3.5.La ratification 2 6 6

B. ÉvOIUTION DE L'ATTITUDEALLEMANDE APRÈS LA RATIFICATION: VERS DES RELATIONSDIPLOMATIOUES AVEC ISRAËL? 269

l. L'Auswârtiges Anrt favorable à un rapprochemententre fa R.F.A.et lsraël 27 0

1. Les problèmes dus à l'absence d'une représentation ouest-allemandeen lsraël 27 O 1.1. Le problèmede I'informationsur lsraël au seinde I'A.A. 27 O 1.2.L'absence de relationsdiplomatiques comme obstacle pour le bon déroulementdes contactsjuridiques et sociauxentre les deux pays 27 5

2. L'A.A. favorable à un rapprochementéconomique 27 8 456 3. L'A.A. favorable à un rapprochementculturel et scientifique 281

4. L'A.A. favorable à un rapprochementpolitique vers l'établissement de relations diplomatiques? 283 4.1.Des mesures de bonnevolonté à l'égardd'lsraël 283 4.2. L'idéed'une représentation ouest-allemande en lsraël 287

5. Le travail de la R.F.A.pour améliorerson image dans le monde 300

ll. Les voix allemandesfavorables à un rapprochement entre la R.F.A. et lsraël 309

1. Du côté des partis politiques 309 1.1.LaC.D.U. 309 1.2.Le S.P.D.et le "DeutscherGewerkschaftsbund" 311 1.2.1.Le S.P.D. 311 1.2.2. Le "DeutscherGewerkschattsbund" 321 1.3.Le F.D.P. 324

2. La société civile de R.F.A. 329 2.1.Le groupedu "FreiburgerRundbrief" 330 2.2.Les membres de la "Gesellschaft1ùr christlich-jÙdische Zusammenarbeit" 333 2.3.Erich Lûth et l"'AktionFriede mit lsrael" 343

C. ÉVOIUTIONDE L'ATTITUDEALLEMANDE APRÈS LA RATIFICATION: LA VICTOIREDU RÉALISME 354

l. Évolution de la politique extérieure ouest-allemande: les données de 1953 355

ll. L'attitude de Bonn vis-à-vis du problème des relations diplomatiques avec lsraël et son évolution dans le contexte mondial 359

1. Le problèmearabe 359 1.1.Du pointde vuecommercial 359 1.2.Du pointde vue politique 366 1.3.Le problèmede Jérusalem 368 457 1.4.Les protestations arabes contre un rapprochemententre la R.F.A. et lsraëlsur la base et audelà du traité de réparations 371 1.5.La question de relationsdiplomatiques entre la R.F.A.et lsraêl 376 1.5.1.Les protestations arabes 376 1.5.2. Les réactions ouest-allemandes 378

2. Le problème est-allemand 388 2.1.Apparition du problèmeest-allemand au momentdu débatsur la ratificationde I'accordde Luxembourg 388 2.2.Persistance et aggravationdu problèmeest-allemand après la ratificationde l'accordde réparations 391 2.2.1.Rentorcement de la présenceest-allemande dansle conteltemoyen-oriental 391 2.2.2.Le lienentre la reconnaissanced'lsraël par la R.F.A.et la reconnaissancede la R.D.A.par les États arabes 395

3. La doctrine Hallsteanet le cas d'lsraël 401 3.1.La doctrineHallstein 401 3.2.L'application de la doctrineHallstein au problèmedes relations diplomatiquesgermano-israéliennes 405 3.2.1. AvantI'invitation à négocier de Shinnar 405 3.2.2.Après le 27 janvier1956 408 a. La réponsede Brentano 408 b. Laconférence d'lstanbul 410

Epilogue: La réaction israélienneaux réflexionsouest- allemandes 418 coNclusroNcÉnÉnnle 425

Table des abréviations 430

Index des sources 432

Bibliographie 433

Index des noms de personnes 443

458