JOSEPH DOVETTO

LASTOURS DE CABARET

EDITION DU CERCLE ARTISTIQUE ET LITTERAIRE OCCITAN 11600 LASTOURS Illustrations :

1 de couverture

Les 4 Châteaux de Lastours.

4 de couverture

Reconstitution « Artistique » du site de Lastours au XIII siècle par F. Cera.

page 65

Peinture sur toile du XVI siècle propriété de Mme Rives à Cuxac-Cabardès. avant-propos

« D'azur aux quatre castels d'argent posés sur quatre montagnes de sable. »

Lahondès, le premier, au début du siècle, étudia en détail les châteaux de Cabaret. Il édita une plaquette contenant des indications précieuses sur ces remar- quables forteresses. Ce travail de « défricheur », qui fut fatalement incomplet et entaché d'erreurs, eut le mérite de faire connaître ces prestigieux témoins du passé. Puis, il y a quelques années, notre excellent et érudit collègue de la Société d'Etudes Scientifiques de l', Claude Journet, dans les « Cabaret-Lau- ran », nous présenta les hommes qui, au Moyen-Age, ont vécu dans ces tours. Depuis, à plusieurs reprises, des ouvrages plus généraux ont consacré à Lastours quelques pages, voire un chapitre : c'est le cas, parmi les auteurs sérieux, de « Citadelles du Vertige » de Michel Roquebert et Christian Soula, de « Châteaux fantastiques » de Henri-Paul Eydoux et de « La Féodale » de Pierre Barbier. Mais, sans parler des erreurs historiques et archi- tecturales à redresser, dues, le plus souvent, au man- que de connaissance intime des lieux et des docu- ments, il restait à faire un travail précis de prospec- tion et une étude en « profondeur » à partir des rares textes de première main ou de ceux s'en rapprochant le plus. Pendant dix ans, nous avons collecté des renseigne- ments et multiplié les observations. Cette plaquette est le résultat de ce travail : elle est surtout un recueil où la synthèse n'est pas encore finie et où subsistent encore des erreurs et des points obscurs, mais nous voudrions qu'elle soit un « pas de plus » après Lahon- dès et Journet. Notre quête se poursuivant, des pages viendront s'ajouter qui compléteront ou préciseront notre connaissance de ces fantastiques et attachantes tours de Cabaret. indications étymologiques

cabaret-ca bardès

De nombreux auteurs ont tenté d'expliquer ces mots : Dom Vaissète : cap = tête; arêt = bélier; latin : caput arietis. Ce nom serait dû à la forme du rocher sur lequel sont bâtis les châteaux, qui rappellerait une tête de bélier. Docteur Cayla : remarque que ce mot, Cabaret, est employé au XVI siècle pour désigner les enclos ser- vant à parquer le bétail. Courrière : cab-ardès = montagne ardente, embra- sée. Cette partie de la Montagne Noire était embrasée par les feux allumés pour le traitement des minerais. Le cap, le chef, de cette industrie était le seigneur de Cabaret. Thiers : Caput aristoe : tête de l'arête du poisson. Jourdanne : Le nom de Cabardès pourrait provenir de « Minerva Cabardiaca », déesse protectrice d'une colonie italienne venue de Plaisance; le cadastre mo- derne de cette ville mentionne le mot « Cabardicho ». L'étymologie de Dom Vaissète nous paraît la mieux établie; mais la justification nous semble très difficile et nous ne voyons aucun rocher qui, par sa forme, fasse penser à une tête de bélier. Aussi, à notre tour, risquerons-nous une hypothèse. Les Romains auraient pu donner le nom de Caput Arietis, la Tête de Bélier, à cette région à cause de l'emblème à tête de bélier d'une tribu gauloise habitant cette partie de la Mon- tagne Noire, (on sait que le bélier était un animal sa- cré et qu'il était souvent pris pour « totem » chez les Celtes.) Et, plus prosaïquement, l'élevage du mouton aurait marqué la toponymie, déjà, avant les Romains (voir plus loin). orbiel

Certains auteurs, de façon simpliste, nous semble- t-il, donnent l'étymologie : Aurum Vetus = or-vieux; donc, l'Orbiel serait la rivière de l'or. Et de souligner la présence, à proximité, des mines d'or de ... Mais ces auteurs oublient : 1°) Qu'il était impossible, jusqu'à une époque récente, d'extraire l'or du minerai de Salsigne. 2°) Que les mines que nous connaissons, exploitées par les Gaulois et les Romains dans cette région, n'ont pu donner que du fer, du cuivre, du plomb et de l'argent. 3°) Qu'au Moyen Age, on ne cite que les minerais de ces quatre métaux, et surtout le fer. On pense aussi, bien sûr, au sable de la rivière, mais nous n'avons pu y vérifier la présence du pré- cieux métal. Enfin, nous n'avons trouvé, dans aucun document ancien, « Aurum Vétus » pour désigner l'Orbiel. Par contre, on trouve facilement, par les diverses men- tions au cours des siècles, l'évolution du mot et de son origine : — Au VIII siècle, la rivière s'appelle : Olibegium, Olibegio. — En 844, on a : Oliveti. — Au Moyen Age, on rencontre : Rivulum Olivetis et Ripparia Oliveti. — Au XVI siècle, on obtient : Olibeios, puis Orveilh; puis enfin, on se rapproche de la forme mo- derne : Orveil, Orbiel. Il ne fait donc pas de doute que, par son étymolo- gie latine, l'Orbiel soit la Rivière des Oliviers. Et ce nom est bien mérité : la vallée, ouverte au Midi, bien exposée au soleil, couvrait ses pentes d'oliveraies, jusqu'au Mas-Cabardès. Les eaux de la rivière fai- saient tourner, entre autres, des moulins à huile à Mas-Cabardès, et Lastours. (Le dernier mou- lin est arrêté, aux Ilhes, depuis moins de vingt ans seulement). Mais, pour en revenir à l'étymologie, il faut se rap- peler qu'en général, les noms des rivières et des mon- tagnes ne datent que rarement de l'occupation romaine et encore plus rarement du haut Moyen Age, et que ces noms, à ces époques-là, sont souvent des interpré- tations de noms beaucoup plus anciens; ainsi Olibe- gio pourrait être l'interprétation, ou une tentative de restitution en latin d'un mot préceltique, « Olvedo », qui pourrait signifier à peu près « la vallée qui coule », et dont, aux premiers siècles de notre ère, on ne connaissait plus le sens. ce matériau paraissant être, aux châteaux de LAS- TOURS, un critère de datation époque féodale). — enfin, la traduction exacte des mots « Turris No- vae » étant bien Tour de Nova, il faudrait admettre que cette tour a été baptisée en l'honneur de la fille de Pierre-Roger de CABARET et qu'elle est féodale. Il est intéressant de constater que la datation des tours du Château Comtal de la Cité de (si controversée) et celle de Tour Régine, peuvent être étroitement liées.

TEMPS MODERNES Nous avons introduit dans cette nouvelle édition, la photographie d'une toile peinte au temps de la ligue qui représente véritable carte d'Etat-major, les environs des Tours de Cabaret. Ce précieux document est la propriété de Madame RIVES, de CUXAC-CA- BARDES. En terminant ces additions, nous ne pouvons man- quer de formuler, à nouveau, le vœu de voir entrepris des travaux de sauvegarde sur Tour Régine et Fleur d'Espine. L'état de ce dernier château, surtout, s'est encore aggravé cet hiver ! Indignes héritiers des Hommes du passé, les Hom- mes d'Aujourd'hui seront-ils pris de vitesse par le temps ?

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